Écrire et raturer Quand tous les éléments du récit sont en place, Flaubert peut se « mettre aux phrases », selon son expression. Sur le premier brouillon conservé de Madame Bovary, on voit comment s’organise le travail de rédaction : un premier jet ; de nombreuses ratures pendant l’écriture ou à la relecture, matérialisées par des traits, des encadrés, des croix ; des ajouts entre les lignes ou en marge. L’incipit a connu de nombreuses variations :
(premier scénario)
Commencer par son entrée au collège
(deuxième scénario)
Charles Bovary entre en cinquième à l’étude de 1h. Une heure trois et demie venaient de sonner [à l’horloge du collège ajout] Une heure trois et demie venaient de sonner / et le maître
à l’horloge
du collège
d’études attendait le petit coup d’avant le quart se préparant déjà à faire réciter les leçons / quand le proviseur entra […]
(premier brouillon)
Une heure et demie venait de sonner à l’horloge du collège quand le Proviseur entra […]
(deuxième brouillon et mise au net)
Une heure et demie venaient de sonner à l’horloge du collège, quand le Proviseur entra [corrigé en marge :] Nous étions à l’étude, quand le Proviseur entra […]
(manuscrit du copiste corrigé de la main de Flaubert)
La phase définitive apparaît donc très tard, sur le dernier état du manuscrit. Les grandes marges (en général un tiers de la feuille) servent à la reformulation ou à l’invention d’éléments nouveaux. Dans le blanc en haut de la page, apparaît la description de la casquette de Charles.