1822-1855 De Louviers à Rome Gustave Bertinot est né à Louviers le 23 juin 1822 dans une famille de fabricants de draps. Très tôt, sa santé donne de vives inquiétudes à ses parents. Il est atteint de la poliomyélite dont les séquelles motrices sont irrémédiables. Soigné, il doit vivre avec un handicap qui lui interdit toute dépense physique et limite ses déplacements. Il suit néanmoins une scolarité normale. Très vite se pose la question de son avenir et donc d’une profession compatible avec son infirmité. Ayant pris goût au dessin, ses parents n’hésitent pas à encourager sa vocation artistique. C’est ainsi qu’il entre dans l’atelier du graveur Hippolyte Pauquet, puis dans celui d’Alexis-François Girard. C’est chez eux, chez ce dernier surtout, qu’il s’initie à la gravure en taille douce, un art difficile et minutieux exigeant une longue patience. En septembre 1845, il entre à l’École des beaux-arts de Paris. Il travaille le dessin dans l’atelier privé de Michel Martin Drölling, académicien et professeur à l’École des beaux-arts, et poursuit l’étude de la gravure dans celui d’Achille Martinet. C’est ce dernier qui encourage le jeune graveur à concourir pour le prix de Rome en 1848. Le Grand Prix de Rome, décerné par l’Académie des beaux-arts, était une distinction enviée offrant au lauréat, outre la notoriété apportée par la réussite au concours, un séjour de cinq ans à la Villa Médicis, siège de l’Académie de France à Rome. Gustave Bertinot doit s’y reprendre à deux fois avant que l’Académie des beaux-arts ne lui décerne en 1850 le premier prix dans la section gravure. Lauréat, il se prépare à partir pour Rome en décembre avec pour compagnon de route les peintres Paul Baudry et William Bouguereau, le sculpteur Charles Gumery, l’architecte Louis-Victor Louvet et le compositeur Joseph Charlot. Ce sont cinq années studieuses que G.°Bertinot passe dans la ville éternelle. En effet, en tant que pensionnaire de la Villa Médicis, il a l’obligation de réaliser une série de travaux. Chaque année, il doit envoyer à l’Académie des beaux-arts, deux dessins d’après nature et deux autres d’après l’antique. Durant la première année, il doit exécuter le dessin d’un portrait peint par un maître célèbre dont l’original se trouve en Italie, avant d’en faire une gravure. Gustave Bertinot choisit le Portrait du pape Clément IX attribué alors à Vélasquez. Au cours de la troisième année, il doit envoyer à Paris un dessin comportant au moins deux figures, d’après un tableau ou une fresque, qu’il gravera ensuite. G. Bertinot interprète le tableau d’un peintre italien du XVIIe siècle, Il Sassoferrato, La Vierge du rosaire, qu’il a découvert dans la basilique SainteSabine.