C'est moi

« Madame Bovary c’est moi ! » (Ou pas ?)

La cause semble entendue, toutes les mises au point n’y changeront rien : Flaubert a dit : « Madame Bovary, c’est moi ! » Il a peut-être dit cette formule, mais elle n’a pas laissé de trace écrite de sa main.

Elle est rapportée par René Descharmes, dans sa thèse publiée en 1909 : « Une personne qui a connu très intimement Mlle Amélie Bosquet, la correspondante de Flaubert, me racontait dernièrement que Mlle Bosquet ayant demandé au romancier d’où il avait tiré le personnage de Mme Bovary, il aurait répondu très nettement, et plusieurs fois répété : ‘‘Mme Bovary, c’est moi ! – D’après moi’’. » Une telle transmission par voie orale à quarante années de distance est peu fiable. À défaut de savoir si l’énoncé est vrai, est-il vraisemblable ? Certes, Flaubert a beaucoup bovarysé, mais quand il parle de son héroïne dans ses lettres, c’est le plus souvent pour la mettre à distance, par exemple en la jugeant « une femme de fausse poésie et de faux sentiments ».