Contrairement à Du Camp qui publia rapidement un album qui deviendra un « incunable de la photographie » (Égypte, Nubie, Palestine et Syrie : dessins photographiques recueillis pendant les années 1849, 1850 et 1851, Paris, 1852) et un récit Le Nil : Égypte et Nubie, 1ère édition, 1851, de nombreuses fois réédités, Flaubert n’a jamais envisagé de publié son voyage en Orient, même s’il rédigea un manuscrit Voyage en Égypte entre juin et septembre 1851. La Cange est l’unique manuscrit rédigé par Flaubert lors de son voyage. Ce passage intercalé au début du texte, dans l’édition posthume, souligne bien l’opposition entre l’écriture/ les notes du Voyage en Orient et l’écriture d’un récit de voyage littéraire destiné à la publication. Le texte est soigneusement construit et rédigé, le récit est divisé en petits chapitres numérotés, le style est chargé d’émotions.
Manuscrit : La Cange G. Flaubert (1821-1880) 6 février 1850, Égypte. Papier, encre Département de la Seine-Maritime, Archives départementales, n° inv. J1676
« II Il y a dix ans de cela – aujourd’hui, je suis sur le Nil Et nous venons de dépasser Memphis. Nous sommes partis du Vieux Caire où nous avons passé la nuit amarré sous le Conat de Soliman Pacha par un bon vent de nord. Nos deux voiles entrecroisant leurs angles se gonflaient dans toute leur largeur. La cange allait penchée. Sa carène fendait l’eau. (je l’entends maintenant qui coule plus doucement) (…) L’eau du Nil est toute jaune. Elle roule beaucoup de choses. Elle semble comme fatiguée de tous les pays qu’ellea traversés, et murmure toujours la plainte monotone de je ne sais quelle lassitude de voyage. »