Loisirs et classes sociales
En France, la diffusion du sport se fait d’abord au sein des élites, très souvent anglophiles. Dès les années 1820, l’aristocratie et la grande bourgeoisie ont en commun un style de vie qui accorde une place grandissante au loisir.
Sous le Second Empire, grâce à l’essor des transports, les classes privilégiées prennent l’habitude de passer l’été en villégiature, souvent pour des raisons de santé en bord de mer ou en montagne. La pratique entraine l’essor des premières villes balnéaires et stations thermales au sein desquelles les activités de loisir et les lieux de plaisirs sont des atouts, donnant lieu à des installations spécifiques : casinos, hippodromes, terrains de tennis…
La fréquentation de ces lieux de plaisirs devient ainsi un moment incontournable du calendrier mondain, la bonne société prenant l’habitude de se retrouver « entre soi », comme spectatrice ou participante. Le sport est souvent un spectacle, un moment de convivialité, surtout pour les femmes pour lesquelles l’activité est d’abord réduite aux jeux de croquet, de raquettes ou au tir à l’arc.
Ainsi le « sportman » (qui pratique plusieurs activités), imite largement le modèle anglais, dans ses valeurs et ses codes. Le sport est alors synonyme de loisir et d’un mode de vie encore largement réservé à une élite. L’apparence et le maintien jouent un rôle primordial dans ce milieu, les joueurs devant prendre soin de ne pas laisser paraitre les effets de l’effort sur le corps.
Dans un second temps, l’activité physique est encouragée par l’Etat français. En effet, à partir des années 1860 et de la diffusion des idées hygiénistes, l’idée prévaut que l’activité physique permet de lutter contre la « dégénérescence de la population », un thème d’autant plus présent après la défaite de 1870 et le contexte de revanche qui marquent les débuts de la IIIe République. C’est dans l’optique d’améliorer la santé des jeunes gens que la réforme scolaire des années 1881-82 accorde une place à la gymnastique.
Dans le reste de la société, les loisirs et l’activité physique se diffusent lentement. Près des guinguettes situées en bord de fleuve, aux alentours des villes, la petite bourgeoisie et la classe ouvrière pratiquent le canotage et la natation. Des clubs de gymnastique et de tir, qui promeuvent des valeurs collectives au sein des classes populaires, sont créés sur l’ensemble du territoire, tandis que dans le monde rural les jeux traditionnels sont encore pratiqués (boules cauchoises, pelote basque, lutte bretonne…) au début du 20e siècle.