Pentamorphose

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Pentamorphose 3 2005, 200x200 cm, acrylique sur toile

Cette œuvre polychrome où résonnent le rouge, le bleu, le jaune, le blanc et le noir, palette chère à Mondrian, fait partie d’une série de tableaux entamée au début des années 2000. Elle est constituée d’imposants formats carrés (200x200 cm) traitée en aplat de couleur à la peinture acrylique sur toile et châssis. Le format divisé en une espèce de damier de 4x4=16 carrés égaux, orchestre un jeu d’imbrications possibles entre le Pentagone et le Cercle. A noter que le pentagone est devenu une des formes de prédilection de Mitsouko Mori à partir de 1992. Très symbolique*, cette forme est composée de cinq côtés et est la forme géométrique la plus proche du cercle (*le ministère de la défense à Washington ainsi rebaptisé en raison de sa forme ; les cinq extrémités du corps humain, voir L’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci vers 1490 ; Les cinq sens ; Les cinq doigts ; Les cinq éléments dans le Bouddhisme…) Ici, le pentagone ne sort pas du cercle. Il est contenu. Rien ne sort du cercle, rien ne sort du cadre. Par deux fois le cercle apparait seul. Une première fois, il est noir sur fond jaune ; la deuxième fois on le repère dans un exercice quasi monochrome, cercle noir sur fond noir dont on distingue à peine le fin contour blanc, nous rappelant ainsi l’iconique « Carré blanc sur fond blanc » (1918, K.Malevitch). De même le pentagone apparait deux fois dans sa forme pure. Une fois en noir sur fond blanc et la deuxième en rouge sur fond noir. Ainsi, le cercle et le pentagone se font écho à part égale dans le respect de leur intégrité.


Les couleurs de fond sont alternées pour ne créer aucune répétition, ni dans l’horizontalité ni dans la verticalité. L’ensemble est rythmé, équilibré par le jeu des contrastes mené habilement. La surface de l’œuvre est animée, vivante, vibrante, lumineuse. Sous nos yeux se joue l’histoire d’une rencontre entre deux formes, de leurs imbrications possibles, de leurs absorptions partielles ou totales. Qui mange qui ?… M. Mori semble nous relater le parcours parfois agité, parfois serein de la cohabitation de deux entités plus ou moins compatibles, suivant les cases… L’harmonie est dans l’orchestration du tout de l’œuvre, le cheminement pour l’atteindre est lui plus chaotique, sans doute. Face à cette composition, le spectateur se prend au jeu : cherche, retrouve, compte, analyse tour à tour les rythmes, la fréquence de formes et de couleurs, les redondances… Si le pentagone symbolise entre autre d’une certaine manière la figure humaine, le travail plastique récurrent de M.Mori autour de cette forme géométrique complexe, ne peut-il pas faire écho aux séries d’autoportraits rencontrées chez bon nombre de peintres, comme chez Rembrandt (17è siècle) ou Francis Bacon (20è), pour n’en citer que deux ! Ces toiles seraientelles comme les miroirs de notre condition humaine comico-tragique ? Et cette artiste ne nous met-elle pas de façon douce et ludique, face à nous-mêmes, face à nos existences dont il faudrait accepter les différentes facettes et combinaisons, les lumières et les ombres, pour au final faire acte de résilience et peindre un hymne à la vie, tout simplement. Isabelle Aubert, 2021


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