Philippe De Gobert
Philippe De Gobert
Du merveilleux en architecture au conte photographique
From the marvellous in architecture to the photographic tale
29 mai - 7 novembre 2021
29 May - 7 November 2021
Depuis le classement en 2005 par l’Unesco du centre-ville du Havre reconstruit par Auguste Perret, le MuMa accueille régulièrement des artistes attirés par cette grande ville moderne aux multiples facettes.
Since the central district of Le Havre rebuilt by Auguste Perret during the post-war Reconstruction became a UNESCO World Heritage Site in 2005, MuMa has regularly given space to artists attracted by this many-faceted city.
Philippe De Gobert a découvert Le Havre en 2018. L’exposition “Du merveilleux en architecture au conte photographique” est le résultat d’un travail commencé dès son retour dans son atelier à Bruxelles. C’est en effet dans l’intimité de son studio que cet artiste, passionné d’architecture moderne, explore et interroge le réel. Photographe de formation, ami de première date de Marcel Broodthaers, Philippe De Gobert a poursuivi toute sa vie une voie discrète et singulière aux marges de l’architecture, de la photographie, de la sculpture et de l’artisanat du constructeur de maquettes. Son intérêt pour les lieux de la création - d’abord des ateliers d’artistes, puis des bâtiments symboliques de l’histoire de l’architecture du XXe siècle - l’a amené très tôt à les “revisiter” selon un mode opératoire particulier. S’appuyant sur une documentation, il conçoit et confectionne avec un soin infini des modèles et des maquettes qu’il photographie. Les très grands tirages de ces objets miniatures donnent à celui qui les regarde l’impression d’être immergé dans un espace qui a l’apparence troublante de la réalité. Le charme opère immédiatement.
Philippe De Gobert discovered Le Havre in 2018. The exhibition "From the marvellous in architecture to the photographic tale" has grown out of a body of work that he began once he was back in his studio in Brussels, where he can explore and question reality in privacy. A photographer by training, Philippe De Gobert became friends with Marcel Broodthaers at a very early stage and is fascinated with modern architecture. He has spent his whole life following a singular, discreet path on the margins of architecture, photography, sculpture and the craft of model-making. From very early on, his interest in places where things are created - first artists' studios, then buildings that are emblematic of the history of twentieth-century architecture – led him to revisit (or rather, reinvent) them using a specific modus operandi. On the basis of documents, he painstakingly designs and makes scale models, which he then photographs. His outsize prints of these miniature objects give the viewer the impression of being immersed in a space that looks disturbingly like reality. In an instant, we are under their spell.
“Du merveilleux en architecture” introduit le parcours de l’exposition. L’artiste y évoque son univers, sa passion pour l’architecture, sa tendresse ou son admiration pour des bâtiments, œuvres de grands architectes ou de bricoleurs de génie. Hétéroclite, comme l’est souvent un musée imaginaire, ce panthéon personnel d’une vingtaine de références place le Désert de Retz aux côtés du curieux Hôtel Normandie bâti dans les dunes d’Oostduinkerque en Belgique, la Cité Radieuse de Le Corbusier aux côtés du Palais idéal du Facteur Cheval…Philippe De Gobert se dévoile dans cette grande installation mêlant des panneaux illustrés (qui empruntent leur forme aux posters pédagogiques et aux bleus d’architectes), des maquettes et des photographies.
The exhibition itinerary begins with "The marvellous in architecture", in which the artist describes his world, his fascination with architecture, his admiration or fondness for buildings designed by great architects or handymen of genius. A hotchpotch, as imaginary museums often are, his personal pantheon of some 20 items sets the Désert de Retz folly garden alongside the curious De Normandie hotel in the dunes of Oostduinkerke (Belgium) and juxtaposes Le Corbusier's Cité Radieuse with the Postman Cheval's Palais idéal. In this large installation combining photographs and scale models with illustrated information sheets whose form owes something to classroom posters and something to architects' plans, the artist tells us who he is.
Dès lors, “Le merveilleux en architecture” prend l’aspect d’une introduction qui, embrassant les jalons très personnels d’une histoire de l’architecture racontée par Philippe De Gobert, désigne Le Havre de Perret comme partie de ce panthéon. Cette ville détruite qui renaît de ses cendres, au terme d’un chantier titanesque mené en une vingtaine d’années par une équipe d’architectes conduite par Perret, pour devenir elle-même une icône de l’architecture moderne, ne pouvait que l’inspirer.
"The marvellous in architecture" now becomes a long introduction. Embracing these highly subjective milestones in a history of architecture told by Philippe De Gobert, it identifies Perret's Le Havre as belonging to the artist's imaginary museum. And no wonder. The city reduced to rubble then risen from its ashes, following a mammoth 20 year reconstruction by Auguste Perret's team of architects, to become an icon of modern architecture was bound to fire De Gobert's imagination.
La seconde partie de l’exposition, intitulée “Le conte photographique”, est entièrement consacrée au Havre. Elle se développe comme une histoire qui commencerait à l’automne 1944, après les bombardements qui ont détruit le centre de la cité portuaire. La ville est alors en ruines et le chantier de la reconstruction se met progressivement en place. Philippe De Gobert imagine l’histoire et les étapes de cette renaissance. Introduisant librement des détails anachroniques, l’artiste réinvente une possible histoire sous la forme d’un conte photographique. Les maquettes au 1/100e d’immeubles inspirés de ceux du centre reconstruit, sont placées sur le plateau de prise de vues, devant un ciel imprimé. Une lumière crépusculaire baigne ces scènes recomposées aux couleurs assourdies, comme surgies d’un passé lointain.
The second part of the exhibition, entitled "The photographic tale", is entirely devoted to Le Havre. It tells a story that purports to begin in the autumn of 1944, after the bombings have destroyed central Le Havre. The city is in ruins and work is about to begin on its reconstruction. Philippe De Gobert invents the story and phases of this rebirth. Without feeling bound by the constraints of truth, he reinvents a possible history in the form of a "photographic tale", introducing anachronistic details whenever he feels like it. Scale models of buildings inspired by the reconstruction blocks in the city centre at a scale of 1:100 are placed on the photographer's stand in front of a print of a sky. Twilight bathes these reconstituted scenes in muted colours, as if they had resurfaced from a distant past.
La narration se poursuit avec des photographies en noir et blanc, images d’une ville tout juste reconstruite. Les paysages urbains ou les scènes intérieures des premiers appartements (faites dans ce cas à partir de maquettes au 1/12e) évoquent une ville déserte, que les habitants commencent tout juste à investir. Tel un metteur en scène, Philippe De Gobert règle les moindres détails, ajuste la lumière - diurne ou artificielle -, crée à l’occasion de subtils effets de brume. “Mes photographies, dit Philippe De Gobert, ne cherchent pas à être une simulation de la réalité, mais plutôt une évocation poétique du Havre, du moins l’impression que j’en ai gardée et qui se mélange à mon imaginaire”.
The narrative continues with black and white photographs - images of a city that has just been rebuilt. The urban landscapes and interior photographs of the first flats to be built (this time at a scale of 1:12) conjure up a deserted city whose inhabitants are only just beginning to return. Like a director, Philippe De Gobert adjusts the smallest details and the light (daylight or artificial), occasionally creating subtle mist effects. "My photographs," he says, "are not an attempt to imitate reality, but a poetic evocation of Le Havre, or at least my lasting impression of it, mingled with my imaginary world."
Cet ensemble d’une trentaine de grands tirages s’articule autour d’un pivot réunissant trois maquettes havraises de l’artiste mises en perspective avec des maquettes d’époque ainsi que quelques dessins de l’atelier d’Auguste Perret choisis par l’artiste.
This series of around 30 large prints revolves around three of the artist's Le Havre models, set in context by period scale models and several drawings from Auguste Perret's studios, chosen by the artist.
Le parcours de l’exposition s’achève par une évocation en clin d’œil de l’épopée transatlantique dont Le Havre a été le théâtre, avec trois œuvres plus anciennes de la série new-yorkaise N.Y.
The exhibition itinerary ends with a sideways nod at the saga of transatlantic shipping that played itself out in Le Havre, with three older works from the New York series N.Y.
“Une image qui rêve, il faut la prendre comme une invitation à continuer la rêverie qui l’a créée” écrit Gaston Bachelard dans son livre La poétique de l’espace (1957). C’est peut-être pourquoi l’œuvre de Philippe De Gobert touche, parce que, par sa grâce, elle embarque dans un univers poétique, laissant chacun libre d’y vagabonder à sa guise, l’esprit ouvert et accueillant à d’autres prolongements.
"A dream image should be taken as an invitation to continue the reverie from which it was created" wrote Gaston Bachelard in his book La poétique de l’espace (1957), which has been translated as The Poetics of Space. Perhaps that is why Philippe De Gobert's oeuvre touches us - because, by its grace, it transports us to a poetic universe where each of us is left free to wander wherever we will, open to the possibility of further extrapolations.