Mythes et symboles Le saint plus fort que la bête
Durant le haut Moyen Âge, le loup n’est plus une image mais il devient un être de chair et de sang. Il attaque et dévore les humains et apparaît comme le pire animal de la Création. Dès le Ve siècle, le loup devient le mal absolu, le symbole de Satan, le fléau biblique. À partir de cette période, les conceptions de la chrétienté s’étendent en Europe ; les attitudes de l’homme envers la nature se modifient. Auparavant au premier rang du bestiaire païen, il devient « la bête noire » du bestiaire chrétien et additionne tous les vices. Sans oublier que sa capacité à voir dans la nuit ne peut qu’induire une relation avec le diable. Plusieurs récits tendent à montrer que les hommes de Dieu sont plus forts que la bête. Certains saints et saintes ont pu « apprivoiser » l’animal ; que ce soit l’histoire de sainte Austreberthe et du loup vert en Normandie ou encore celle du loup de Gubbio et de saint François d’Assise en Italie. De nombreux autres récits s’efforçant d’apaiser les fidèles de Dieu face au fléau divin racontent comment certains saints ont réussi à vaincre, à transformer la bête en compagnon, à se faire obéir ou même à en faire de fidèles serviteurs. Si les premières intentions du clergé sont de diaboliser le loup et le tuer, d’autres stratégies voient le jour à l’époque féodale. Il faut le rendre moins cruel, moins vorace, moins effroyable. Les fables et les contes ont joué ce rôle.