Villain

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Jean-Paul Villain La bête noire

L’enfant du pays

Jean-Paul Villain né en 1946 au Pollet, à Dieppe, se destine d’abord à une carrière de marin-pêcheur. Sa vie change en 1962 lorsqu’il découvre la course à pied tandis qu’il étudiait la mécanique pour travailler sur les bateaux de pêche. Envoyé par hasard au stade du Lycée Ango, sans entraînement ni vêtements de sport, il remporte sa première course. Il se prend alors de passion pour la course. Souvent, pour s’entraîner, JeanPaul Villain court jusqu’à Berneval et revient avant que la marée n’ait fini d’engloutir la plage. Il est entraîné par son professeur de sport qui le suit jusqu’en 1968. Lorsqu’il termine ses études, il est déjà détenteur de plusieurs titres nationaux et de records régionaux. Fort de son maillot tricolore de l’équipe de France, il reste fier du Stade Dieppois dont il a été la locomotive à sa création en 1965. Il court d’ailleurs avec le short du club aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968.

Jean-Paul Villain en 1969 © Pierre Juillet (Paris-Jour)

Un grand coureur

L’individuel

En juin 1964, il remporte son premier championnat de France sur 3.000 mètres. À cette époque, il n’est pas encore un athlète discipliné mais il a la fureur de la course. En 1965, Jean-Paul Villain remporte un 1.500 mètres steeple en 4 minutes 9 secondes, un temps qui le classe instantanément parmi les trois meilleurs temps européens de l’année. C’est à partir de ce moment-là qu’il va se concentrer sur le steeple. Les années suivantes sont difficiles pour lui car il enchaine performances et contre-performances, se battant toujours contre lui-même.

Après ses exploits mexicains, il enchaîne trois titres de champion de France en 1969, 1970 et 1971 et en décroche un quatrième en 1976. 1971 est enfin la grande année de Jean-Paul Villain qui apprend à doser ses efforts et à ne pas enchainer les courses comme il avait l’habitude de le faire. Il court six fois en 1971 contre quatorze fois en 1970. Cette discipline lui permet de décrocher les étoiles. Mi-juillet, il accroche enfin le record de France qu’il battra trois fois puis mi-août, il devient champion d’Europe et enfin mi-octobre, champion de Méditerranée.

Son premier entraîneur dieppois savait le tempérer mais Jean-Paul Villain est un indomptable et son caractère finit par lui donner une réputation de « tête de bois » auprès des entraîneurs de l’équipe de France. L’athlète refuse notamment les consignes de l’équipe qui lui demande de « faire le lièvre » ou de « suivre ». C’est cette fougue qui lui donne des ailes et lui offre la meilleure performance mondiale de l’année 1969 contre son partenaire Jean-Pierre Ouine. Si certains entraîneurs nationaux, tout aussi « gueulards » que lui, arrivent à le canaliser, il rompt avec le club dieppois en 1971. Un conflit éclate entre Jean-Paul Villain et d’autres coureurs du club, un conflit bénin mais qui entraîne le départ de l’international qui décide de quitter son club et de courir en individuel. L’enfant du Pollet, celui qui s’est construit seul, court désormais en noir, comme un symbole de sa singularité.

Jean-Paul Villain s’entraînant dans la casse automobile où il travaillait en 1968 © Emmanuel Pagnoud

Jean-Paul Villain en 1969 © AFP

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