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Brasserie surréaliste

C ET E N D R O I T N ’ E S T PA S Q U ’ U N E B R A S S E R I E

On dirait un palais vénitien, on n’est pourtant pas en Italie. Au fond de la deuxième salle qui ressemble à un ancien entrepôt, on a repéré un espace dédié aux soirées festives, serait-on à Berlin ? C’est un resto tendance mais l’espace - 1500m2 quand même - a bien plus à offrir. Dans la cave, on y brasse de la bière locale et artisanale. Bruxelles ? Oui, en plein centre-ville ! La Brasserie Surréaliste intrigue. Un jeudi soir, on est allée s’accouder au bar de cet endroit atypique, onirique, qui vante les blondes houblonnées dont cette Surréaliste et sa belle robe dorée …

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M O T S : S E R VA N E C A L M A N T P H O T O S : S E R G E A N T O N

« Salut, on visite ? », c’est Charles Grison (Art Director dans le milieu de la déco), l’un des deux co-fondateurs avec son frère Edouard (qui a débuté sa carrière comme sales chez InBev), qui nous accueille. Le trentenaire affiche une dégaine rock et un large sourire, pas peu fier de nous présenter sa Brasserie Surréaliste, et on le comprend. Nous sommes au cœur de Bruxelles, dans le quartier Dansaert, Place du Nouveau Marché aux Grains, dans un bâtiment de style Art déco dessiné en ‘32 par l’architecte belge Emile De Boelpaepe pour accueillir des bananes. Il servira ensuite de fabrique à chapeaux du modéliste Christophe Coppens, avant d’être laissé à l’abandon … Les deux frangins ont investi dans ce bâtiment pour y réaliser un projet fou : brasser leur propre bière dans un endroit à l’univers « si particulier qu’il permet d’échapper à la réalité ».

2020, grâce aux banques qui leur font confiance et une campagne de crowdfunding qui va remporter un énorme succès, les frères Grison vont commander la salle de brassage qu’ils installent au sous-sol. « Au rez-dechaussée, on nettoie et démonte les centaines de mètres carrés de cloisons de plâtre qui venaient maquiller la splendeur de ce bâtiment industriel. On découvre des pépites comme des châssis d’époque ou des fenêtres dont on ne soupçonnait même pas l’existence. Rien que le sol montre trois générations, un parquet des années 80, un dallage des années 50, avant de laisser apparaitre un sol fait de dalles de verres qui parcourait le bâtiment dans toute sa longueur. »

L’histoire du bâtiment participe évidemment au charme que déploie la Brasserie Surréaliste, mais pas uniquement. L’association micro-brasserie locale, food sharing, beer shop et art space séduit a plus d’un titre, d’abord parce qu’elle est le fruit d’un bel esprit entrepreneurial à une époque où le mot crise est sur toutes les lèvres, ensuite parce que la Brasserie Surréaliste est véritablement un endroit hors du commun. Dès l’entrée, avec ses miroirs anciens, ses lustres grandioses et ses canapés de velours rose, on se demande si on n’a pas été victime d’un gap spatio-temporel ! On pousse ensuite la porte d’une verrière de type indus pour découvrir un vaste espace bar-restaurant à la déco hétéroclite qui associe architecture industrielle et mobilier chiné aux quatre coins de la Belgique… Au bar, honneur aux blondes houblonnées, la Surréaliste (« de type Pale Ale à l’américaine », précise Charles qui fait venir les houblons des States), la Double Trouble ou encore la collection « Dream », des IPA qui mettent chacune un houblon différent à l’honneur ; dans l’assiette, des plats canailles à partager, boudin chaud pomme, choux de Bruxelles grillés ou encore un pulled pork burger mariné à la Surréaliste. Au fond du bâtiment, une galerie dédiée à l’art vidéo lors d’expositions immersives ou aux soirées ambiant-dark-techno. Soit un endroit pas banal du tout, à l’identité forte mais à l’ambiance cool, festif mais pas trop bruyant, bon mais pas trop cher, qui fait bouger Bruxelles du jeudi au samedi soir. Joli défi !

www.brasseriesurrealiste.com

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