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Daan

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Villa Empain

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DAAN, LE RETOUR ENFIN !

Daan, crooner flamand solitaire et un brin philosophe, plante le décor d’une nouvelle aventure musicale. Rock indé, électro dance, beats entrainants, facture vintage, « Ride » séduit par son énergie décuplée et son optimisme exaltant.

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M O T S : S E R VA N E C A L M A N T P H O T O : J I M M Y K E T S

6 ans après « Nada » et 10 ans après « Le franc belge », vous revoilà enfin. Il a été long ce silence… « Disparaître, c’est un luxe que je me suis offert, pour pouvoir revenir quand le besoin se ferait sentir. Et il s’est pointé ce besoin il y a deux ans, mais la Covid en a décidé autrement … J’aime l’idée du retour pour surprendre à nouveau, c’est excitant. Et ce temps, je ne l’ai pas gaspillé, je l’ai mis à profit pour questionner l’écriture, la musique, le sens de la vie.

Et vous avez trouvé des réponses ? Non, et heureusement ! Je n’ai que 53 ans, j’espère trouver des réponses à mon questionnement à 80 ans. Plus sérieusement, j’ai découvert à quel point j’avais besoin de composer de la musique et de la partager avec un public.

Vous me parlez de thérapie là ! Exactement. Comme tous les grands timides, je m’extériorise sur scène. Quand je reçois des amis chez moi, je suis calme, je parle bas. Daan Stuyven ne pousse jamais la voix, sauf en live quand il est Daan. Jeune, j’ai constaté que j’étais le contraire de l’image que j’envoyais sur scène. Composer à la maison, j’adore ; mais monter sur scène pour le timide que je suis, c’est un tour de force. Alors, soit j’arrêtais soit j’allais à la recherche de ce que je n’étais pas. J’ai continué l’aventure, parce que c’était la décision la plus excitante à prendre. Aujourd’hui, avec « Ride », je me suis offert un disque entrainant, positif, qui va me faire du bien en live, qui m’incite à me lâcher physiquement. Il me fallait un disque bourré d’énergie, je l’ai fait.

« Western », le 1er single tiré de votre nouvel album, est un fabuleux instrumental. C’est quand même audacieux pour un chanteur de délivrer un… instrumental ! (Rire). J’aime (me) surprendre et jouer avec l’attente du public, l’intriguer. « Western » est une première plage que j’aime beaucoup et qui est censée préparer mon public au reste de l’album, car il renferme en lui, la mélancolie et l’excitation dont j’ai imprégné les autres titres.

Deuxième single, « High ». Pensez-vous qu’il y a quelque chose pour nous là-haut ? « High », c’est une invitation à s’assumer, à oser être soi. Dans la vie, on est souvent confronté à faire un choix entre deux directions, soit on descend soit on monte, soit on s’apitoie sur son sort soit on reste constructif et optimiste. Mais je ne juge pas les autres, « whatever gets you whatever gets you high » est assez nuancé…

« Ride » est un mixe remarquable de rock indé, d’électro dance, de country, ponctué de banjo, de vieux synthés, d’une boite à rythmes Casio… Qu’écoute Daan, quand il se lève le matin ? Le chant des oiseaux. (silence) J’écoute également « The Ink Spots », un groupe vocal des années 30 qui n’a strictement rien à voir avec ce que je fais, alors il ne m’intimide pas (héhé). « Randy Newman », le matin, me convient bien également. Et des groupes des années 70, pourvu que le son soit chaud. Et souvent, je l’avoue : j’aime la voix des hommes matures.

Daan, ce crooner… Oui, j’ai beaucoup de respect pour l’âg e qui permet à certaines personnes d’être plus savantes et poétiques. Je suis content d’avoir pu assister à un concert d’Aznavour, avant qu’il ne s’éteigne.

Etes-vous passéiste ? Quel joli mot. Je suis un brin nostalgique probablement. J’habite une ferme bicentenaire qui me survivra. Mais, à la réflexion, j’aime davantage l’intemporalité des choses que je ne suis nostalgique.

On vous sait spectateur du monde, que voit Daanphilosophe quand il regarde l’époque actuelle ? Tout qui interroge ce monde m’intéresse et m’intrigue. Mais je ne suis pas un philosophe, je suis un simpliste, quelqu’un qui simplifie le message, je fais du « pop art » revendiqué, avec le risque évidemment d’écorner la vérité, mais toujours avec la volonté d’éviter d’être prétentieux et arrogant.

S’il vous fallait résumer « Ride » en une phrase ? J’ai utilisé la tension dramatique qui nourrit mon écriture musicale dans un contexte positif. Transposer le mal de vivre en optimisme. C’est plus facile à 23 ans qu’à 53, mais j’y suis arrivé. La preuve que vieillir n’est pas un naufrage, pour peu que l’on conserve l’appétit, le désir, dans le regard.

Album « Ride », sorti le 11 novembre dernier, chez PIAS www.daan.be

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