Rahan in the cavecave Rahan in media the media Tama Art Library, Toyo Ito
Tama Art Library, Toyo Ito
Bérénice Curt l Louis Léger
Curt Bérénice- Léger Louis
Séminaire sous la direction de Jacques Lucan, janvier 2012
Tarzans in the Media Forest « Liquid Space » Nouvelle tentative d’un milieu
Dispositif Vibration Singularité Continuum
Disparition des Limites Homogénéité Contingences
Volumes et Variations Dynamiques Phénomène
ÂŤ Perhaps what distinguishes our process is that rather than transforming these (spaces required by functions) into articulated spaces, that is to say, into rooms, we turn them places with more ambiguous boundaries.Âť Extrait de : Beyond the Virtual Body, interview avec Toyo Ito par Thomas Daniell le 24 janvier 2008.
Tarzans in the Media Forest
Dans son texte « Tarzans in the media forest », Toyo Ito nous parle de sa
vision de notre société moderne, pour lui cette société produit un monde virtuel qui se base sur les nouvelles technologies de l’information. Internet, les téléphones portables, les ordinateurs, les gps définissent une nouvelle condition humaine dans laquelle nos sens primitifs sont altérés, d’après Toyo Ito « le corps a désormais besoin du flux d’électrons autant que d’eau et d’air ». Le développement de ces nouveaux outils viennent donc mêler ce monde virtuel au monde physique, une « nouvelle réalité » aux limites floues et changeantes. Il pose alors cette question : dans quels types d’environnements les individus entourés de cette technologie vont évoluer ?
Liquid Space
La Médiathèque de Sendaï, livrée en 2001, marque le début d’une série
de bâtiments qui s’attacheront à donner corps à ces questions. Des tubes ajourés viennent traverser des plateaux en oscillant comme des algues marines de telle sorte que les rapports à cette structure sont changeants à chaque étage. La spatialité est « flottante » : les espaces ne sont plus clairement définis, la déambulation est libre entre ces colonnes qui viennent accueillir les circulations verticales. On ne parle plus d’espace au sens traditionnel du terme, les plateaux deviennent des « milieux » dans lesquels les usagers viennent « nager » comme des poisson dans l’eau. Le bâtiment est le continuum de la ville et la fluidité des espaces de l’extérieur à l’intérieur tend à éliminer cette distinction. Il désigne cette fluidité d’ensemble comme le « fluid space ».
«If the building was below ground it could be thought of as a cave with no If the building was space belowofground it could be thought of asproject.» exterior. «The image of the soft caves was the beginning of this
a cave with no exterior. The image of the soft space of caves was the beginning(JA of 67 thisSpatial project. » Phantoms, automne 2007) JA 67 Spatial Phantoms, automne 2007
Nouvelle Tentative de « Milieu »
La médiathèque de Sendaï constitue donc le point de départ d’une
problématique que Toyo Ito a essayer de développer à travers ses bâtiments postérieurs. Dans la Tama Art Library, il ne se réfere pas à un milieu aquatique mais souhaite dessiner un bâtiment comme une grotte sans extérieur. Cette bibliothèque est une nouvelle tentative de création d’un milieu. Quel dispositif met-il alors en place pour répondre à cette même problématique : créer un édifice dont la spatialité fait écho aux usages changeants de notre société des médias ?
Dispositif
Dispositif
«The architecture i now seekpushes euclidian geometry in the direction of non-linear geometries based on nature, because i feel that people are loosing «their The sensitivity architecture I now within seekpushes geometryurban in the direction and vitality such euclidian pervasive grid-form environand architectural spaces.» ofment non-linear geometries based on nature, because I feel that people are
loosing their sensitivity and vitality within such pervasive grid-form urban and, tarzans architectural spaces. » toyo ito extraitenvironment de «the new real» in the media forest, Extrait de “The New Real”, Tarzans in the media forest, Toyo Ito
Vibration À la Tama Art Library, Toyo Ito explore les qualités d’une grille irrégulière, il essaye ici de se détacher de la grille rigide moderniste miesienne. Pour lui une telle déformation du plan induit l’idée de fluidité . De la même façon qu’à Sendaï où les tubes oscillent et impactent chaque étage de différentes façons, la trame structurelle de la Tama se déforme pour offrir ces rapport changeants. Chaque « cellule » a sa taille et géométie propre. Cette géométrie fait « vibrer » l’espace comme les tubes peuvent le faire à Sendaï.
Singularité
La Tama Art Library se ditingue par l’expression des arches qui se développent
à l’intérieur du bâtiment. L’apparent archaïsme de ce geste, qui ne manque pas de nous faire penser aux arcs romans, se détache en fait de toute nécessité structurelle. Les arches ont une envergure allant de 1,6 à 16 mètres et ont pourtant toutes une épaisseur de 20 centimètres, ce sont en fait des plaques d’acier recouvertes de béton. Toyo Ito utilise donc ces arches pour leur qualité spatiale plutôt que structurelles. Elles enjambent l’espace pour le laisser l’espace se développer librement à travers le bâtiment. Le « fluid space » devient littéral, il s’étale et vient « creuser » ces vides à la façon d’une rivière sous terraine, libérant quasiment complètement l’espace au sol.
Plan Plan dudu solsol et des et des plafonds plafonds
Plans du sol et des plafonds
Continuum
Le développement de ces arches sur la grille déformée, vient créer cette
spatialité homogène propre à l’architecture des « milieux ». Lorsque l’on compare l’impact des arches sur les plafonds et sur les sols on comprend que ce dispositif se répète tout autour du bâtiment. Comme à Sendaï l’espace continu résultant de cette disposition structurelle nous englobe, ses limites disparaissent et le bâtiment semble s’étaler de la même façon de tous les cotés.
ÂŤ Moreover, the membrane needs to be soft and flexible. Not rigid and dense like a wall, architecture as the epidermis must be pliant and supple like our skin and be able to exchange informations with the outside world. Architecture (...) is a transparent suit meant for the digitalized and transparent body. Âť Extrait de Toyo Ito : Tarzans in the media Forest, 2G Nexus, 1997
Disparition des Limites
Cette sensation d’« étalement » de l’espace va même au delà des limites
propres du bâtiment. Sa membrane extérieure bénéficie du même traitement que l’intérieur, la paroi est poreuse. Le dispositif s’arrête, mais le traitement reste le même d’un coté à l’autre de la bibliothèque. De l’extérieur ces limite sont perceptibles, mais de l’intérieur elles disparaissent.
Homogénéité
Le dispositif développé dans la Tama Art Library est fait de plusieurs
contradictions, les arches toutes différentes qui s’étalent sur cette trame irrégulière dessinent ces cellules qui ont elles aussi leurs géométries propres. L’espace qui découlent de la juxtaposition de ces éléments très différents est lui complètement homogène. Comme dans une forêt et une grotte, ou chaque arbre et chaque stalactite est unique, c’est la somme de toutes le irrégularités et différences qui créer l’homogénéité de l’ensemble.
Contingences
La bibliothèque de la Tama Art University se perçoit comme un vide
excavé. L’introduction du plein, le programme, dans ce dispositif homogène exprime la viabilité de ce corps et son fonctionnement. Il permet de discerner le parti pris de Toyo Ito dans son bâtiment quant à cette contingence. La contrainte programmatique vient alors nourrir la lisibilité de l’espace recherché par l’architecte et lui offrir une nouvelle lecture.
Parois Parois vitrées vitrées et blocs et blocs pleins pleins , rdc, et rdc étage et étage
Parois vitrées et blocs pleins, rdc et étage
Volumes et Variations
La réponse volumétrique est double, soit le volume s’affranchit de la grille
induite par les points porteurs soit il suit les tracés courbes des arcs. Ainsi des formes cylindriques ou rectangulaires viennent se détacher du dispositif et des formes arbitraires viennent s’adapter à l’emprise de la grille déformée. Cependant, dans cette volonté de dissocier le plein du vide, Toyo Ito utilise un matériau unique, le béton, tant pour la structure que pour le programme. Cette ambiguïté renforce l’homogénéité de l’espace, et le rend monochrome. La superposition du même dispositif sur deux niveaux expose cette logique volumétrique. Au deuxième niveau, l’espace ouvert de la salle de lecture favorise l’autonomie des éléments et réduit leur nombre. Au premier niveau, l’impact est plus important face à la nécessité du programme (les entrées, les bureaux…). L’escalier principal reliant les deux niveaux s’intègre dans une emprise de la grille. Bien que les éléments cherchent à se détacher, ils restent contenus dans la trame irrégulière de la grille déformée et bornés à une emprise. Cependant, une singularité dans la trame s’opère au deuxième niveau : au nord, la suppression de poteaux produit un arc de deux fois la portée de celui du premier, venant accueillir le volume des bureaux. Induite par le programme, cette irrégularité met en évidence que l’acte de penser le programme ne s’est pas fait comme du « remplissage » ; mais que l’élaboration du dispositif s’est réfléchi en résonance avec celui-ci.
Plans du rez-de-chaussée etrdc étage avec Plan Plandu durdc etetdel’ del’émobilier étage tageavec aveclelemobilier mobilier
Dynamiques
L’agencement du mobilier souligne la partition et la continuité spatiale
du dispositif, produites par la grille déformée et de l’entrecroisement des arches. En effet, la conception d’un mobilier sur mesure permet à la fois de délimiter plus clairement les espaces en fonction des diverses aires d’activités mais aussi de parcourir l’espace fluide ponctué de points porteurs. Les formes et lignes ondulantes des tables et bibliothèques construisent des dynamiques di#érentes à chaque niveau et accompagne la fluidité de l’espace. Le premier niveau suit une orientation nord/ sud tandis que le second s’oriente est/ouest. Le programme et le mobilier procurent alors, dans la répétition du dispositif unique, des variations spatiales et enrichissent ses perceptions. Ainsi, la contingence issue du programme révèle la force du dispositif et l’encre dans la réalité du projet.
Plans d’étage de la Médiathèque de Sendaï
Plan d’étages de la médiathèque de Sendaï
La Médiathèque de Sendaï
La réponse donnée à la Médiathèque de Sendaï diffère de celle présentée
à la bibliothèque de la Tama Art University. Le programme vient s’enrouler autour de la structure ou se juxtaposer dans des formes rectangulaires ou mouvantes. Il se dispose à chaque étage (7 niveaux) de manière différente. Les nombreuses circulations verticales sont contenues dans la structure tubulaire. La logique semble celle d’un plan libre suivant une structure domino où le programme serait moins contraint et s’étalerait en fonction des besoins en lui donnant une forme adaptée.
Phénomène
Le dispositif développé dans la Tama Art Library s’inscrit dans cette lignée
de batiments « milieux » initiée par la médiathèque de Sendaï. Ito nous offre, une nouvelle fois, la démonstration de son « Fluid Space ». Le dispositif du bâtiment s’impose à l’homme comme un système naturel. Toyo Ito parle du retour à une société du nomadisme de l’information où l’homme ne cesse de se déplacer dans un univers en évolution permanente. Les bâtiments doivent alors devenir, pour lui, un de ces nombreux « milieux » dans lequel il évolue. D’autres architectes japonais fortement influencés par Toyo Ito, s’attachent aussi à cette problématique dans leur pratique de l’architecture. Junya Ishigami dit vouloir dessiner des bâtiments comme on pourrait dessiner une forêt, Sou Foujimoto parle lui d’habiter un nuage, Ryue Nishizawa dessine un musée comme une goutte d’eau. Ces analogies ne sont -elles pas un moyen de replacer l’homme dans sa condition d’être primitif, par sa soumission aux phénomènes naturels ?
Rahan in the media cave, Tama Art Library, Toyo Ito Master Théorie & Projet École Nationale Supérieure d’Architecture de la Ville et des Territoires de Marne-la-Vallée