ENTRE URBAIN ET AGRICOLE, IMAGINER DES OSMOSES FERTILES L Ecole Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage
Guillaume Besnier // mémoire de fin d’étude// 2012-2013 Directrice de mémoire // Anne-Sophie Verriest Fenneteaux
Guillaume Besnier Année Universitaire 2012-2013 _Président de jury: Marc Claramunt, Paysagiste DPLG et enseignant à l’ENSNP _Directeur de TFE: Anne-Sophie Verriest Fenneteaux, Ingénieure paysagiste et enseignante à l’ENSNP _Professeur associé: Christophe Le Toquin, photographe et enseignant à l’ENSNP Intervenants extérieurs: _Alain De Framond, Responsable des espaces naturels et agricoles de la CUB1 _Stéphane Duprat, Paysagiste dplg 1.CUB: Communauté Urbaine de Bordeaux
Osmose:
n.f 1. Phénomène caractérisé par le passage de la solution la moins concentrée vers la solution la plus concentrée, lorsque deux liquides de concentration différente sont séparés par une membrane semi-perméable (c’est-à-dire laissant passer le solvant mais non la substance dissoute). 2.Influence d’un phénomène matériel ou moral sur une personne, sur un milieu qui s’en trouve pénétré, imprégné. 3. Mélange intime, fusion de deux éléments; interpénétration de deux phénomènes. Source: Centre National des Ressources Textuelles et lexicales
Lisière:
n.f. 1.Bordure limitant de chaque côté une pièce d’étoffe, parfois d’une armure différente (bande). 2. Bande ou cordon attaché aux vêtements d’un enfant pour le soutenir quand il commence à marcher. 3. Partie extrême d’un terrain, d’une région (Bord, bordure, limite). Source: Le petit Robert
Préambule Pourquoi la zone maraîchère des Jalles à Bordeaux comme sujet de TFE? L’écriture d’un mémoire de fin d’étude résulte d’une multitude de facteurs et de circonstances. Elle est une alchimie entre une réflexion personnelle et un processus de recherche. Mon inclination pour les espaces agricoles, suit une ligne directrice qui fût tracée et appuyée régulièrement tout au long de mon parcours d’étudiant. Elle cherche à répondre aux questions que soulèvent ces lieux et plus particulièrement lorsqu’ils sont au contact de l’espace urbain. Ce qui m’intéresse plus particulièrement peut se résumer à cette problématique: Comment l’espace agricole peut-il participer à la fabrique de la ville? Intimement convaincu que ces motifs cultivés sont une source d’évasion pour chacun d’entre nous, je pense que l’intervention du paysagiste se situe à l’interface de ces deux «mondes». Là où les articulations, les conflits, les seuils, les barrières, les hybridations se réunissent, il se doit d’inviter les habitants à traverser la frontière qu’ils ont collectivement érigée entre eux, dans un espace donné. La lisière m’apparaît comme une piste de réflexion à suivre pour tenter de réconcilier des lieux que tout oppose. Laissez moi vous guider vers cette réflexion pour comprendre comment imaginer des osmoses fertiles qui puissent faire naitre un dialogue.
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SOMMAIRE Préambule Introduction: remettre en question l’opposition «ville//campagne»
Vers une osmose des espaces A la découverte des Jalles Une vidéo pour aiguiller ma réflexion
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1_La lente alchimie des acteurs et du territoire
1.1_ 1.2_ 1.3_ 1.4_ 1.5_
Une vision pour la métropole Bordelaise La singularité des Jalles dans le paysage Bordelais Du Parc des Jalles au millefeuille juridique Des individualités à convaincre Les citadins, une ressource?
28 30 36 39 42
2_Espace urbain versus espace agricole, quelles réalités spatiales? 2.1_ L’espace urbain 2.2_ Le coeur agricole 2.2.1_ Un passé mis à l’écart 2.2.2_ L’eau source de paradoxes 2.2.3_ Patchwork des situations agricoles 2.2.4_ Le dédale des chemins
46 52 56 60 66
3_La lisière: interfaces et dynamiques 3.0_La lisière 3.1_Les interfaces 3.1.1_Majolan 3.1.2_Les grands domaines 3.1.3_Le coteau de Blanquefort 3.1.4_La digue de Campilleau 3.15_La façade d’Eysines 3.1.6_La «zone» de Cantinolle 3.2_Les synergies 3.3_Synthèse des objectifs de la lisière 3.4_Schéma directeur
Conclusion Bibliographie Remerciements
73 80 83 90 96 100 104 112 116 118
INTRODUCTION REMETTRE EN QUESTION L’OPPOSITION «VILLE CAMPAGNE»
INTRODUCTION
Le sauvage
Le sauvage Le rural L’urbain
Le rural «la clairière»
Ouverture du monde Écoumène: notion géographique pour désigner les terres anthropisées
Apparition du monde urbain
Traduction graphique de l’écoumène décrit par Augustin Berque
Vers une osmose des espaces D’où venez-vous? De la ville ou de la campagne? Connaitre ses origines pour se définir soi même est une nécessité. Mais y a-til une réelle différence aujourd’hui entre un habitant de la ville et un habitant de la campagne? La plupart des personnes interrogées répondront que non, démontrant, arguments à l’appui que cela importe peu dans notre monde globalisé. L’accroissement des mobilités, l’utilisation des nouvelles technologies, la construction d’habitats à la campagne participent à cet effacement des contours entre l’entité rurale et l’entité urbaine. Alors à quoi bon emprunter cette dualité qui au premier abord n’a plus lieu d’être? Est-ce encore une réalité concrète ou simplement une vision idéalisée?
1.Augustin Berque est géographe, orientaliste et philosophe français
Il y a 10.000ans l’agriculture faisait son apparition et devenait par la même, l’emblème de cette ouverture, de cette clairière dans un monde sauvage. Suite au besoin de rester sur place pour surveiller la culture, la sédentarisation a engagé des concrétions, des conglomérats, des agglomérations… Cette dualité ville/ campagne qui apparait aujourd’hui si tranchée, ne s’est réalisée qu’au fil d’un temps étiré. Dans son texte, «le sauvage, le rural et l’urbain», Augustin Berque1 explique l’évolution de cette relation. Partant d’une vision antagoniste forte qui opposait le rural au sauvage, les espaces se sont progressivement entremêlés pour finir par se confondre. Cette fuite en avant peut se résumer suivant quatre étapes qui se succèdent et se superposent: _Ouverture du monde (Néolithique) _Apparition du monde urbain (Antiquité) _Idéalisation de la «nature» (Antiquité à nos jours) _Diffusion de la ville (Epoque moderne)
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«la nature»` sauvage et rural
«la nature»
«la ville»
«la ville» urbain diffus
Idéalisation de la nature
Diffusion de la ville
Paraphraser A.Berque ne serait pas très intéressant, c’est pourquoi je préfère mettre l’accent sur quelques exemples concrets qui démontrent combien la frontière entre l’urbain et le rural fût tantôt franche, tantôt floue. Premier exemple, la ville médiévale était largement pénétrée par la campagne: la basse-cour n’était-elle pas au pied du donjon? Animaux de la ferme et ferme elle même faisaient partie du quotidien des habitants. De son côté le rempart qui protégeait la cité de l’extérieur, est rapidement devenue une délimitation concrète entre le marchand et l’agriculteur, entre le monde civilisé d’un côté et le monde «barbare» de l’autre. Cette vision manichéenne pèsera longuement sur l’image agricole. Pourtant au 17ème siècle l’intérêt pour la «nature» émerge de nouveau, inspiré par les philosophes et poètes de l’Antiquité. L’homme urbain projete sur les motifs ruraux, ses fantasmes qui le conduisent à une confusion entre le rural et le sauvage. Les jardins à la française tout comme ceux dit à l’anglaise tentent de renouer, avec leur propres codes, ce lien évanoui. Cette pensée a grandement influencé la forme des villes, qui, esquissées selon de grands axes, ont été imaginées avec le même esprit des parcs et jardins. Les interstices dans le tissu urbain s’embellissent d’allées, de promenades et squares, tandis que l’espace agricole est repoussé aux portes de la ville… Plus tard l’intensification des moyens de production va pousser certains urbanistes à proposer des solutions alternatives à la vision terne des villes industrielles. Olmsted2 propose de créer des parcs mimant les figures des espaces naturels américains tandis que Howard3 évoque la cité-jardin comme une opportunité de créer une coexistence symbiotique entre la ville et la campagne. Le Corbusier4 fustige cette vision à laquelle il reproche un étalement urbain inconsidéré conduisant à l’isolement social. Les logements doivent être réunis au plus proche (concept de ville radieuse) pour laisser à la ville le soin d’être un vaste parc avec
2. Frederick Law Olmstead (1822-1903) est considéré comme le père de l’architecture du paysage au Etats-Unis. Il a notamment dessiné le central Park et le prospect Park à New York. 3. Ebenezer Howard (1850-1928) est urbaniste connu pour avoir développé le concept des citéjardins en Angleterre et aux Etats-Unis. 4. Charles Edouard Jeanneret dit Le Corbusier (1887-1965), est un architecte et urbaniste français. Il est un des principaux acteur du mouvement moderne, ayant eu une activité extrêmement prolifique.
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INTRODUCTION
A Tokyo, des petites fermes maraîchères s’associent au tissu urbain dense.
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une identité quelque peu vague...
Ci dessous: Le diagramme des trois aimants dessiné par Ebenezer Howard pour les citésjardins (1891).Publié dans son manuscrit «Tomorrow», il présente tour à tour les avantages et inconvénients de la ville, de la campagne pour mieux défendre la cité-jardin.
De son côté le monde agricole se mécanise dès la fin de la première guerre mondiale. Le monde rural est rationalisé pour atteindre un rendement productif acceptable. Et puis comme un cycle de réactions chimiques sans fin qui s’accélère, ces théories font face dans les années 60-70 à une pensée contestataire qui revendique de nouveau une part de «nature». En même temps que sont mis en place les programmes de protection de la nature (parc nationaux et régionaux) la maison individuelle gagne du terrain alimentant un rêve éphémère et insaisissable de «campagne». Bien que peu médiatisés au regard des réserves naturelles et parc naturels, les premiers parcs agricoles font leur entrée à la même époque. Ainsi en 1977, les agriculteurs barcelonais lancent un appel à la protection des terres agricoles («Salvem el pla!» sauvons la plaine!) alors que le plan général métropolitain est en train d’être écrit. Cette lutte qui durera plusieurs années aboutira en 2007 à un plan de gestion de la vallée du Baix de Llobregat et la définition claire d’un parc agricole: «protéger, gérer dynamiser...» En Italie, l’exemple le plus connu en la matière se situe à Milan. Le parc Nord qui était à l’origine une opération de boisement urbain en périphérie de ville a, petit à petit, associé les espaces agricoles tout en permettant leur traversée par les habitants. Il est à double titre remarquable; la réussite de son existence vient de la réunion des différentes communes qui le composent, ainsi que de la vision multifonctionnelle qui lui est appliquée. Les aspects économiques, agronomiques, culturels et sociaux sont intimement liés pour former un ensemble cohérent profitable à tous. Pourtant cette relation ville/campagne, qui pour les européens apparait de manière plus ou moins nette, ne s’applique pas de la même manière, ailleurs dans le monde. Le cas du Japon et en particulier de Tokyo nous offre un autre horizon des interactions possibles. Nelly Niwa5 explique dans son texte «La nature
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A Lausanne, espace agricole et espace urbain sont face à face
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en Ville peut-elle être agricole? De la Suisse au Japon», les fondements de cette différence: «Il faut dire que la ville de Tokyo a de tout temps été fondamentalement agricole. En 1850, alors que Tokyo s’appelait encore Edo, 40% du sol de la ville était réservé à des activités agricoles (…) Aujourd’hui les 600km2 de la ville centre accueillent encore plus de 900ha d’exploitations agricoles (soit 1,5% de la surface de Tokyo)». Cette association est rendue possible depuis 1992, lorsque la ville a choisi de mettre en place un système d’affectation du sol pour l’agriculture, avec des avantages fiscaux pour les agriculteurs qui s’engagent à poursuivre leur activités au sein de la ville et pour une durée fixée à 30ans. N. Niwa s’étonne que cette agriculture intra-urbaine soit aussi vulnérable en Suisse (perçue comme un espace vide potentiellement constructible). Au Japon, la pression urbaine est immense et les terres agricoles perdurent. Au regard des autres formes de «nature en ville» (parcs, espaces naturels, espaces jardinés, friches), l’agriculture intra-urbaine fourni les même types de bénéfices à la ville: qualité de vie, engagement pour la biodiversité, services écosystémiques, risques naturels, avec en plus une raison d’être, lié à la sécurité alimentaire. Toutefois il ne faut pas idéaliser ce rapport qui pose des problèmes de cohabitation (pollution, trafic, nuisances sonores…). La conclusion de N. Niwa quant à l’agriculture intra-urbaine, rejoint le point de vue de Bertrand Folléa6 qui considère que cette proximité est l’occasion idéale pour interroger de nouveau cette vision du plein et du vide. Paysagiste en charge du Scot de Rennes, il développe l’idée de ville-archipel pour repenser les espaces périurbains. Selon lui la ville ne doit plus être une tâche continue qui s’étale sans fin mais plutôt un ensemble de centralités entre lesquelles s’immisce l’espace agricole. Un autre point de vue consiste à analyser les relations entre ces entités. En écologie, l’interaction entre la forêt et la clairière suppose une épaisseur. Cet
5. Nelly Niwa est architecte et urbaniste et travaille en tant que chercher sur le lien entre l’agriculture et l’aménagement du territoire
6. Bertrand Folléa est paysagiste dplg urbaniste, et co-fondateur de l’agence de paysage FolléaGautier
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INTRODUCTION Membrane semi-perméable
Osmose
Pression
Echanges
Equilibre
Pression
Osmose inversée
Description schématique de l’osmose chimique
espace d’interfaces garantit une transition douce entre deux écosystèmes mais également une activité extrêmement prolifique. La lisière est à la fois l’espace de toutes les rencontres et de toutes les batailles. Le nombre d’espèces y est très élevé, chacune essayant de tirer son épingle du jeu pour se faire une place. C’est ce que l’on appelle un écotone, un espace de relation entre deux écosystèmes.
7. «Le paysage comme relation» Bertrand Folléa Les carnets du paysages n°21
«La ville archipel suppose de qualifier l’espace d’articulation entre le bâti et le non-bâti. Une simple délimitation de zonage sur un document d’urbanisme est insuffisante. Le contact doit se matérialiser par un espace et non pas rester une simple ligne sur un plan. (…) La lisière urbaine ou agro-urbaine est l’espace d’interface entre «ville» et «nature» en charge de gérer la relation entre les deux, relation fondatrice de paysage»7. Si la lisière est alors cet espacement qui fait lien, l’analogie peut être poussée encore plus loin. Je propose ainsi d’utiliser le terme d’osmose pour définir les relations que j’imagine entre l’urbain et l’agricole. Ce phénomène naturel que l’on voit apparaitre entre deux solutions de concentrations différentes, résume bien cette opposition de densités et de matières. La membrane semi-perméable que l’on introduit en chimie s’apparente à cette lisière exprimée plus haut dans le texte. Poreuse, elle assure le transfert entre les milieux de différente composition pour assurer un équilibre. La lisière parait intéressante conceptuellement mais qu’en est-il en réalité? COMMENT RÉCONCILIER CONCRÈTEMENT L’ESPACE URBAIN ET L’ESPACE AGRICOLE?
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L’équipe Nouvel-Arep a proposé pour la consultation du Grand Paris, la requalification de plusieurs kilomètres de lisières entre le monde des lotissements et celui des champs.
Principe général de composition d’une lisière urbaine. Extrait du Plan-Guide pour la valorisation agricole et paysagère de la Plaine de France, secteur sud, 1997-1998
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INTRODUCTION
Maraichers à la récolte: Textures et nuances animent le paysage des jalles, depuis le premier plan jusqu’au lointain.
A la découverte des Jalles 1_«Mais peut-être aurait-il évité bien des mécomptes s’il avait pris le temps de s’ouvrir lentement aux exigences des lieux dont il a la charge, s’il avait accepté d’être humblement un flâneur éclairé de sa ville» Du bon usage de la lenteur_Pierre Sansot
INTÉRIEUR/EXTÉRIEUR La première fois que je me suis déplacé pour découvrir la zone maraîchère des Jalles, j’ai utilisé ma voiture. C’est erreur que je reconnais, car celui qui prend son véhicule pour aller à la découverte d’un lieu ne fait que survoler son identité. J’ai ralenti ma course1 et pris un chemin de traverse. Ce «morceau de campagne» reste aux yeux du passant un espace hermétique difficile à appréhender. Face au tissu urbain continu et étalé de la ville de Bordeaux, les Jalles apparaissent comme une étrangeté de verdure, une bulle préservée de l’urbanisation croissante. Les rapports entre l’espace urbain et l’espace agricole sont francs. Derrière la maison: c’est la prairie, sur le bas côté de la route: c’est la parcelle cultivée qui s’annonce. Au fur et à mesure que je m’imprègne des lieux, je mesure les contours de ce territoire. Suivant ma position, je suis à l’intérieur ou à l’extérieur d’une entité aux limites plus ou moins marquées. FRANGES RAPIDES ET COEUR LENT Plusieurs routes sont apposées avec force sur ce motif agricole. Elles sont parfois violentes comme au Sud, sinueuses au Nord, traversantes, ou formant une limite concrète à l’ouest ou à l’est. C’est une irrigation de la métropole à laquelle s’oppose une capillarité locale appuyée sur des tracés internes discrets. Entre survol ou imprégnation le fossé est large et renforce cet antagonisme «villecampagne» que tout le monde approuve. RUGOSITÉ ET RICHESSE BRICOLÉE Je parcours en vélo ces routes cabossées. Entouré d’un fond sonore alimenté par les moteurs des véhicules. je m’extirpe pour retrouver une respiration apaisée. D’aucun diront que le silence est roi, je ne suis pas d’accord. C’est une question d’attention. Les sensations ne sont pas plus intenses, elles sont multiples. Elles
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Une omniprésence de l’eau qui ne s’observe qu’a son approche. Face à l’horizontalité toute puissante elle disparait dans la succesion subtile des plans
s’éveillent comme une chaîne ininterrompue qui s’inscrit dans le répertoire de la découverte. Ma curiosité s’anime et me pousse à poursuivre ce chemin dont je ne connais pas l’issue. Mes sens éveillés s’accrochent aux surfaces rugueuses, aux associations impromptues et situations bricolées. Par une alchimie délicate, les couleurs se nuancent à mesure que mon regard s’aiguise et s’attarde. Les contrastes se renforcent et m’invitent à m’arrêter. Tandis que la Parc de Majolan se fait de plus en plus lisse, la vallée maraîchère se distingue par son aspect touchant et bigarré. MATRICE AQUATIQUE Parler de cette vallée maraîchère, c’est aussi parler des Jalles et donc de l’eau. Une eau omniprésente qui suit le chemin que les hommes lui ont indiqué. Appelée par son exutoire, elle s’écoule avec une lenteur déconcertante. Est-elle éteinte? Claire, elle laisse entrevoir un fond marbré de sables et d’argiles dont j’imagine les strates raconter ce lent processus de sédimentation et de pratiques humaines. Face à la chaleur étouffante de l’été, la terre, l’eau et les végétaux apportent leur fraicheur. En hiver, l’eau tente de reprendre ses droits, elle gonfle le sol, émerge par touches entre les rangées cultivées. HORIZONTALITÉ TOUTE PUISSANTE Quelque soit la direction de mon regard, l’horizon reste une frange boisée de laquelle émergent des figures urbaines. Lointain ou proche, cet interstice entre le ciel et la terre suit les replis d’une ripisylve ou d’un bois de frênes. Parfois une percée dans la prairie m’offre un couloir de vue rebondissant sur les arbres isolés. Les serres blanches s’animent dans l’air chaud, ondulent et me rappellent un oasis perdu dans le désert. Les pylônes électriques émergent en nombre et semblent se multiplier à l’infini. Mr et Mme Lambert en train de récolter leur culture de haricots
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INTRODUCTION
2_«La campagne est un pays étranger. Cela ne devrait pas être, mais pourtant il en est ainsi; cela aurait pu ne pas être, mais il en a été ainsi et il en sera ainsi désormais. Il est bien trop tard pour y changer quoi que ce soit». Goerge Perec-Espèces d’espaces
Ci dessous L’horizon urbain semble faire partie intégrante d’une lisière boisée alors que la réalité est tout autre.
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COMME UN ÉTRANGER2 Allant par delà les sentiers et sentes discrets, une question reste sans cesse en suspend: suis-je chez quelqu’un? Ai-je le droit d’être là? Si les barrières ou clôtures sont absentes il n’en reste pas moins que les propriétés privées existent bel et bien, en témoigne une signalétique dissuasive. «Chien méchant», «Entrée interdite», «Propriété privée», sont des pancartes récurrentes. Une silhouette au fond d’un champs s’arrête de travailler et m’observe, je suis dévisagé. Cette «propriété» invisible émerge de ce territoire aux codes complexes et parfois hostiles aux étrangers. J’arrive de la ville, je suis d’ailleurs, ils sont d’ici, ils sont de la campagne... Inverser son regard, prononcer une parole, un salut: les esprits s’apaisent.
CARTE SENSIBLE DE LA BASSE VALLÉE MARAÎCHÈRE 1_ la métropole englobante 2_les côteau de Blanquefort, entre lisière boisée et urbanisée 3_prairies ouvertes , respirations pour l’oeil 4_accumulations de parcelles maraîchères 5_la jalle d’Eysine,ondulatn entre les parcelles 6_franges en attente, les friches de la spéculation 7_Axes routiers , marqueurs violent entre ville et campagne urbaine 8_le parc de majolan, une étrangeté parmi le paysage agricole 9_la forteresse oubliée
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INTRODUCTION
Une vidéo pour aiguiller ma réflexion Plusieurs façades de maisons Bordelaises. Maisons mitoyennes, maisons individuelles, maisons perdues dans la végétation. Sur cette succession d’images animées au cadrage fixe, une voix off viens exprimer le lien ténu qui existe entre le paysage, la maison et l’habitant. Faire une vidéo pour alimenter ma réflexion était pour moi une évidence, une nécessité pour faire surgir les sensations, l’essentiel des lieux, mais également ma perception. Je n’ai pas tout de suite cerné le propos idéal. Il faut du temps pour choisir et donner un sens à son travail, une direction à prendre. Je voulais montrer au début et j’ai compris qu’il fallait être parcimonieux. La suggestion est une force. Filmer ces maisons était pour moi une manière de regarder le paysage, un détournement, un prisme singulier propre à l’habitant occupant les lieux. Ce qu’a «vu» une maison et ses habitants pendant un temps, n’est plus la même chose après quelques années. Cette disparition, ce changement pose alors la question du lien invisible et passé entre le bâti et le paysage. Comme un livre aux écritures secrètes, chacune d’entre elles est un fil tendu dans le temps, chacune restant liée à cette campagne qu’elle a habité dans le passé. Ce qui était agricole derrière celle-ci, s’est enfriché et urbanisé ensuite. Elle nous parle. Une autre dimension intervient dans cet éclairage indirect du paysage. Mises à la suite les unes des autres ces façades semblent se regarder entre elles et posent la question des relations entre habitants.Si certains sont devenus clairement citadins, d’autres restent attachés à la campagne, à une pratique agricole.
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Cette photo et celles qui suivent sont extraites de la vidéo que j’ai réalisé pour ce mémoire.
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INTRODUCTION
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INTRODUCTION
«
Je me souviens enfant, regardant à travers la fenêtre de ma cuisine: une friche. Je me souviens au-delà de la clôture grillagée: un terrain vague autrefois agricole. Aujourd’hui d’autres maisons sont venues combler le vide. Mais il reste sur cette façade le souvenir imperceptible des champs, des cultures, des pâturages, le souvenir que cette terre a nourri.
»
Comme l’a écrit George Perec: la campagne n’existe pas, c’est une illusion1.
Texte personnel prononcé en voix off sur la vidéo 1. Espèce d’espaces_George Perec
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LA LENTE ALCHIMIE DES ACTEURS ET DU TERRITOIRE
1.1_UNE VISION POUR LA MÉTROPOLE BORDELAISE
1_Estuaire de la Gironde 2_La Garonne 3_La Dordogne 4_Bordeaux
5_Périmètre de la CUB 6_Le Parc des Jalles 7_Coeur maraicher des Jalles
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Les villes d’aujourd’hui se font les porte-paroles d’une «Nature en Ville». Les villes de demain tendent vers un système urbain plus «vert» ou «écologique». Est-ce une nature sauvage dont on parle ou bien d’une nature jardinée? Et qu’en est-il de l’agriculture en ville? Si les décideurs ont bien cerné les enjeux d’une rente paysagère pour attirer plus d’habitants, est-ce que l’agriculture peut participer à cette attractivité? Comment concilier développement urbain et préservation des terres fertiles? Au Nord-Ouest de Bordeaux, se situe une enclave maraîchère: les Jalles. Historiquement implantée à cet endroit pour des raisons géomorphologiques favorables, elle connait depuis plusieurs années un déclin. Aujourd’hui la situation est partagée par tous les acteurs mais la concertation reste difficile entre les intérêts globaux (institutions politiques) et les intérêts locaux (individualités).
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Une vision pour la Métropole Bordelaise 4
«Nous voulons nettement améliorer l’autosuffisance alimentaire de la CUB, qui est devenue quasi nulle. Si on devait ne consommer que des aliments produits sur le territoire de la CUB, on ne mangerait qu’un jour par an!».
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32km
Vincent Feltesse_La décennie Bordelaise
Discours réactionnaire? Ou discours réaliste? Ces paroles engagées expriment un projet politique clair et innovant pour une ville qui doit s’assumer, selon le président de la CUB, comme une véritable métropole. L’étalement urbain, l’artificialisation des terres agricoles, mais aussi le développement des transports en commun, des nouvelles technologies sont les thèmes favoris d’un programme qui vise à faire de cette métropole, «la métropole des cinq sens» (concept développée par l’équipe de V. Feltesse). L’intercommunalité devient alors l’échelle administrative idéale pour apporter des
réponses aux questions de développement qui dépassent souvent l’entendement des communes seules. A cet impératif, s’ajoute le mouvement de décentralisation opéré par l’Etat depuis plusieurs années, donnant plus de responsabilités aux collectivités territoriales.
«Une chose est sûre, ou du moins fait consensus, c’est que nous assistons en ce moment à une intensification du phénomène de métropolisation, qui se caractérise à la fois par la concentration de la population dans les aires d’influence des principaux pôles urbains et par l’extension de ces aires d’influence bien audelà des limites de l’agglomération, jusque dans des espaces parfois d’apparence rurale mais qui en réalité dépendent totalement des villes et font donc partie intégrante de l’espace métropolitain.» id. cit. Derrière le slogan politique «métropole des cinq sens» se cache une réelle démarche, une vision prospective pour l’avenir de la CUB: «C’est par l’aménagement d’un cadre de vie métropolitain de qualité qu’on créera de l’activité, et donc de l’emploi». id. cit. La ville de Bordeaux est très fertile (+ 5.000 logements chaque année), mais comme le dit V. Feltesse, la quantité importe peu, c’est la qualité des constructions et de son organisation qui prime. C’est ainsi qu’a pu émerger l’appel d’offre «50.000 logements» engageant plusieurs équipes d’urbanisme et d’architecture de stature internationale pour répondre à la question de l’habitat liée au transport urbain. A cette volonté de densification fine et intelligente, a été mise en place son miroir, disons «environnemental», au travers des «55.000 hectares pour la nature». C’est un levier de développement pour contrecarrer le phénomène d’étalement urbain suppose que les espaces à caractères naturels sont obligatoirement du foncier constructible. Protéger les espaces de «Nature» et désirer l’autosuffisance alimentaire reste louable, mais qu’en est-il de la réalité du territoire?
Equipes mobilisées par l’appel d’offre 50000 logements: _AUC-Djamel Klouche _Alexandre Chemetoff & associés _51N4E _ Lacaton & Vassal _OMA - Rem Koolhaas Ci-dessous: carte éditée par la Cub et situant les zones d’études (rose) et les premières opérations (bleu) de la consultation 50.000
«Bordeaux c’est l’Aquitaine et l’Aquitaine c’est Bordeaux». Ce leitmotiv lançé par Chaban Delmas pour décrire cette «ville-territoire», participera activement à la constitution de la CUB en 1968. Bordeaux les 26 autres communes forment ainsi la première Communauté Urbaine en France, rejoint rapidement par Lille, Lyon et Strasbourg. Aujourd’hui la CUB possèdent plusieurs compétences dont, le développement économique, l’urbanisme, l’habitat, l’environnement, l’assainissement, les transports en commun...
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1.2_LA SINGULARITÉ DES JALLES DANS LE PAYSAGE BORDELAIS
Massif central Dépôts marin dans le bassin
Mer
CHRONOLOGIE DE LA FORMATION DU BASSIN AQUITAIN
ÉPOQUE TRIASIQUE=250/200MA Le massif central se fracture à cause des pressions tectoniques. Des creux se mettent en place, comblés petit à petit par des lacs sursalés.
ÉPOQUE JURASSIQUE=150/130MA C’est l’heure de la première invasion marine venue de l’est, qui va recouvrir toute l’Aquitaine et déposer petit à petit des marnes noires à ammonites.
Des sols propices au maraîchage Pour comprendre les fondements de cette installation maraîchère, il faut s’intéresser à l’élément fondamental qui fait l’objet de cette implantation: le sol Ce dernier résulte d’une lente sédimentation au cours des millions d’années dans ce qui est communément appelé la cuvette d’Aquitaine (voir schémas ci dessus). Ce qui est aujourd’hui apparent est le résultat du travail de la Garonne et de la Dordogne. Depuis le Quaternaire (1,8MA) les fluctuations du niveau de la mer (régressions et transgressions) ont ainsi généré des moments de forte érosion et d’autres de sédimentation. On peut distinguer six types de sols que l’on rencontre dans la basse vallée:
La teinte noire est une réminiscence du passé tourbeux, tandisque les grains de sable correspondent aux alluvions des Jalles et de la Garonne
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-> au coeur, ce sont des argiles grisâtres à bleuâtres plus ou moins calcaires. Elles constituent des fluviosols à forte hydromorphie, propice à la culture. -> sur le pourtour de la vallée, des calcosols argileux, révélés par l’érosion des Jalles. Peu sensibles à la sécheresse ils possèdent un bon potentiel agronomique. -> sur le coteau, des colluvions d’origine mixte (fluviatiles et éoliens), sables argileux à graviers plutôt pauvres. -> à l’Ouest des Peyrosols, acides, dépôts fluviatiles attribués à la Garonne. Mélange de sable peu argileux à graviers et galets, ils forment le substrat sur lequel pousse le massif forestier des Landes. -> à l’Est de Blanquefort des sols tourbeux résultant de la lente sédimentation accompagnée de la décomposition des végétaux dû à la présence de l’eau -> au Nord des brunisols graveleux, pauvres, qui permettent d’accueillir une culture viticole de bonne qualité.
Massif Central érodé
Apparition des Pyrénées
- Qualité agronomique +
Emergence du bassin Aquitain
Fluviosols Calcosols argileux ÉPOQUE DU CRÉTACÉ=130/65MA La mer se retire et entraine l’érosion des terres émergées. Deux bassins marins ( parentis et adour mirante) accueillent pendant plusieurs millions d’années les dépôts sédimentaires_(3km d’épaisseur). L’océan Atlantique s’ouvre et préfigure la formation des Pyrénées.
ÉPOQUE ÉOCÈNE ET MIOCÈNE=45/18MA La mer recule tandisque les Pyrénnées apparaissent. Le massif central se réhausse et s’érode pour déposer dans le bassin Aquitain de nombreux dépôts. Le comblement sédimentaire du bassin se termine vers -18MA, mettant en place la «continentalisation».
Colluviosols Brunisols graveleux Histosols sableux Peyrosols
LE COEUR MARAICHER, INSTALLÉ SUR DES FLUVIOSOLS AGRONOMIQUEMENT RICHES
Blanquefort
aron
La G
A
Le Taillan
ne
Saint-Médard en Jalles
Zone maraîchère des Jalles A’
Eysines
Bruges
Le Haillan Bordeaux
N
800
1.6
3.2km
COUPE AA’ DE LA BASSE VALLÉE DES JALLES Echelle: 1/10.000 Côteau de Blanquefort 25m A
Jalle de Canteret
Jalle du sable 5m
Bruges 30m A’
31
1.2_LA SINGULARITÉ DES JALLES DANS LE PAYSAGE BORDELAIS 42,
5m
30m
45m
1_Réseau complexe de fossés et ruisseaux parcourant le plateau landais
500m
40m
500m
2_Encaissement des cours d’eau en amont de l’agglomération Bordelaise
Un réseau hydrique majeur pour Bordeaux Le bassin versant des Jalles, situé au sein même de la CUB, est le plus important réseau hydrique alimentant la Garonne. D’autres cours d’eau_ex: l’eau blanche_ situés plus au sud de l’agglomération, s’écoulent perpendiculairement au fleuve, mais à une échelle plus réduite. Composées de 250km de cours d’eau permanents, les jalles sont constituées de quatre entités majeures: _En amont, des crastes, c’est à dire des petits ruisseaux circulant dans la forêt landaise, eux-mêmes alimentés par des fossés drainants et temporaires. La singularité des Jalles est marquée par le fait qu’il n’y a pas de sources, mais une association entre une nappe aquifère proche et des fossés faisant apparaitre l’eau en surface. _Des pentes très douces, les ruisseaux cherchent leur chemin sur le plateau et s’encaissent. Les vitesses d’écoulement sont un petit peu plus élevées, la vallée commence à s’ouvrir. _Lorsqu’elles s’immiscent dans l’agglomération, les Jalles se divisent pour mieux drainer les terres et notamment celles qui sont vouées au maraîchage. De nombreux canaux et fossés adjacents viennent complexifier le système hydrique élaboré au 16ème siècle par des Hollandais (voir chapitre coeur) _En aval, c’est la combinaison entre la plaine alluviale de la Garonne et celle des Jalles qui donne des vitesses d’écoulement très faibles. Des écluses, des casiers inondables et portes à flots, jalonnent les cours d’eaux pour éviter l’effet «bouchon» qui peut obstruer l’exutoire lorsque la Garonne est haute.
32
25m
5m
2,5m
lle
la Ja
ne aron
La G
500m 3_Multiplicité des Jalles et des canaux à hauteur de la zone maraîchère
500m 4_La Jalle se faufilant au coeur de la basse vallée, vers la Garonne LE BASSIN VERSANT DES JALLES La configutation singulière du relief a favorisé l’implantation d’un large bassin versant créé par les Jalles
Blanquefort
4 2
3 Zone maraîchère des Jalles Eysines
Bruges
1 Bordeaux
Cenon
Mérignac
N
800
1.6
3.2km
33
Crédits: Atlas de Gironde
1.2_LA SINGULARITÉ DES JALLES DANS LE PAYSAGE BORDELAIS
Les bois de Saint-Médard-en-Jalles, préfiguration des landes de l’Ouest
Bordeaux, la nappe minérale qui s’étale indéfiniment
A la confluence des Paysages 1. L’Altas des Paysages de la Gironde à été commandé par le Conseil Général et réalisé par l’Agence Folléa-Gautier.
La vallée maraîchère des Jalles est liée aux différents paysages d’Aquitaine. Sa géographie singulière en fait un carrefour des grandes unités définies par l’Atlas des paysages1. Ainsi convergent quatre ensembles au sein même cette sous-unité: L’AGGLOMÉRATION BORDELAISE, c’est 23 siècles d’occupation du territoire. Burdigala, signifie «crique ou abris dans les marais», référence explicite au fleuve et ses marais. Bordeaux, c’est une somme de paysages qui constituent une multitude de motifs urbains, influencés par l’histoire et les lieux. Au Nord et Sud: les vignes du Médoc et des Graves; à l’Ouest: les landes; à l’Est la campagne de l’Entre-deux-Mer. LES PALUS DE PAREMPUYRE constituent une longue plaine marécageuse gagnée sur le lit majeur de la Garonne et l’Estuaire de la Gironde. Situé au Nord de l’agglomération bordelaise, cet ensemble majoritairement agricole comporte très peu d’espaces urbanisés, si ce n’est quelques installations industrielles entre la ville et le fleuve. LE MÉDOC DE MARGAUX, situé face au bec d’Ambès, c’est le premier des paysages viticoles que l’on rencontre en allant vers l’Estuaire. Prestigieux, il se caractérise par son côteau planté et sa frange marécageuse cultivée proche de la Garonne. LES LANDES GIRONDINES, c’est le plus grand massif forestier d’Europe qui court sur 140km du Nord au Sud, et 90km d’Ouest en Est. Le parc Naturel des Landes permet de valoriser et protéger les milieux naturel qui le composent. La forêt n’est pas seulement un ensemble uniforme, mais comporte des subtilités: les vallées habitées, les landes rases, les clairières de cultures et les lisières.
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Crédits: Atlas de Gironde Les palus de Parempuyre, marais domestiqués, empruntés à la Garonne
vallée maraîchère aglomération bordelaise lande girondines palus de parempuyre
Sur les hauteur de Blanquefort, les vignes introduisent les grands crus du Nord
prefiguration du médoc de margaux autre unité de paysage LA VALÉE MARAÎCHÈRE, UNE SOUS-UNITÉ RÉUNISSANT LES GRANDES UNITÉS DU PAYSAGE BORDELAIS
Blanquefort
Eysines
Saint Médard en Jalles
Cenon BORDEAUX Mérignac
Talence
2
4
8km
N 35
1.3_DU PARC DES JALLES AU MILLEFEUILLE JURIDIQUE le Taillan-Médoc
Blanquefort LA G ARO NNE
Bordeaux
Eysines Le Haillan
Bruges 1
2
4km
N
Périphérie agricole pour chacune des communes, la zone maraîchère à du mal à trouver sa propre identité
Le 1er février 2001, a été signé la charte du Parc Intercommunal des Jalles, préfiguration administrative des engagements pris par les pouvoirs publics actuels. Cet accord passé entre les différentes acteurs (la CUB et les communes concernées) a défini un objectif commun concernant les espaces qui jouxtent les Jalles. Celui-ci vise à «Protéger et valoriser les espaces naturels dans un projet de développement territorial durable».
1. cf. Chapitre 2.2 expliquant les raisons de ce déclin
2. Le PPEANP est un dispositif juridique créée par la loi sur le Développement des Territoires Ruraux (DTR du 23 Février 2005). Il se différencie d’une ZAP car il attribue au département plusieurs compétences ( définition du périmètre, définition d’un programme d’action, la mise en place d’une action foncière ) alors que la ZAP se focalise uniquement sur le périmètre. Les actions foncières sont orchestrées par la SAFER suivant trois possibilités: transaction amiable, expropriation, préemption.
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Il s’étend depuis Saint-Médard en Jalles jusqu’à Parempuyre et comprend des espaces forestiers, du maraîchage, des grandes cultures, des vignes, des zones marécageuses. En 2001, les signes du déclin agricole sont déjà présents1. La fragilité apparente des exploitations pousse les pouvoirs publics à agir et «soutenir l’activité agricole». Plusieurs études sur la vallée des Jalles (études paysagères, tentative de charte) furent menées pour conduire le débat vers une gestion appropriée du foncier agricole. Le rapport Quévremont de 2010 mis l’accent sur la protection de l’espace agricole ainsi que sur les aides à apporter à l’installation des maraichers. Mais soutenir une activité n’est pas si simple surtout quand les intéressés se méfient des ambitions et intérêts des élus. Est-ce une aide ou bien une appropriation douce des citadins sur l’espace agricole? Stéphane Duprat, étudiant en Paysage en 2006, propose au travers de son mémoire une concertation et une meilleure compréhension du territoire au travers des personnes qui vivent ici. La réussite ou l’échec de ce «Parc» tient à cette corde sensible tirée par les différents acteurs et dont il faut trouver l’équilibre pour éviter la rupture... Après plusieurs années de concertation et de sensibilisation, le Conseil Général met en place avec le concours de la CUB, un Périmètre de Protection des Espaces Agricoles Naturels Périurbains (PPEANP)2. Cette servitude qui s’impose aux documents d’urbanisme à partir de 2012, vient apposer une limite entre la ville et ce qui doit rester agricole. Elle s’accompagne d’un plan d’action, visant à valoriser économiquement l’espace agricole, et d’un programme foncier dirigé
La G
aron
ne
Parempuyre
Le Taillan-MĂŠdoc
Blanquefort
la Jalle
Saint-MĂŠdard en Jalles les Jalles
Eysines
N
1.6
Bruges
3.2km
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1.3_DU PARC DES JALLES AU MILLEFEUILLE JURIDIQUE
Ouvriers maraichers à la récolte des salades, exploitation de Pierre Gratadour
par la SAFER. Si l’initiative a rencontré des difficultés d’acceptation de la part du monde agricole c’est parce que les pouvoirs publics ont clairement affiché leur volonté de mettre fin à une urbanisation délirante qui s’étirait et s’étalait toujours plus. C’est aussi un signal évident que ce morceau de territoire fait partie de l’espace urbain et n’est plus une «campagne» isolée appartenant seulement aux locaux... A cela s’ajoute le Plan de Prévention des Risques et Inondations qui réglemente les possibilités de construction. Pour les maraichers, les difficultés d’installation du lieu de vie sur l’exploitation expliquent, selon eux, le peu d’initiatives de la part de la jeune génération. En effet les maraichers qui viennent s’installer sur une parcelle, habitent généralement dans une autre commune que leur lieu de production. Les projets urbains situés en périphérie de la vallée pourraient peutêtre résoudre le problème. Il suffirait que les communes concernées prennent en compte la demande des agriculteurs, en leur proposant des parcelles à bâtir sur des espaces proches de la vallée. (cf chapitre 3.1.5) Le millefeuille s’enrichit avec la présence de la réserve naturelle de Bruges, les périmètres Natura 2000 et Znieff qui en découlent. Les Jalles qui parcourent ce territoire constituent des habitats propices pour plusieurs espèces rares tel: la Cistude, la Vison, la Loutre... Créée en 1983, la Réserve Naturelle de Bruges constitue un refuge d’exception en plein coeur de la métropole, où l’Homme ne peut entrer que sous certaines conditions.
3. Les MAET, Mesures Agro- nvironnementales Territorialisées sont des crédits d’entretien financés par l’Europe, l’Etat via les DIREN, et les collectivités territoriales et les agences de l’eau.
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Grâce aux directives «oiseaux et habitats» qui s’étendent au-delà de la réserve, les agriculteurs vont pouvoir bénéficier à partir de 2013 (programme en cours) d’indemnisations3 pour entretenir le réseau des fossés, et s’orienter progressivement vers le Bio pour ceux qui le souhaitent. Ces dispositions arrivent à point nommé. Combinées au plan d’action du PPEANP, elles vont permettre une valorisation des espaces agricoles au travers d’un cadre et des pratiques adaptées aux milieux.
1.4_DES INDIVIDUALITÉS À CONVAINCRE
Exploitation de la famille Oliveira près du Parc de Majolan
Une sphère agricole qui s’étiole L’entité maraîchère des Jalles est de première importance dans le débat des espaces agricoles périurbains sur Bordeaux. Elle constitue d’un seul tenant, environ 150ha de maraîchage soit un des plus large bassin de production à l’échelle de la CUB. Elle fait vivre une trentaine de maraichers à travers différentes formes d’exploitations et de commercialisations. (voir schémas page suivante) Malgré les intentions politiques qu’ils connaissent bien, les maraichers ont une toute autre vision de cet espace. Les mutations de la sphère agricole et de la société ont eu un impact défavorable et ont conduit au déclin que l’on connait aujourd’hui. La baisse des prix d’achats combinée à l’augmentation des charges ont progressivement poussé les exploitants à quitter leur profession et à vendre leurs terres pour assurer une retraite plus confortable. Cette décision, que certains critiquent, reste légitime quant on sait que le statut de ces maraichers, durant la pratique de leur activité, se résume à un revenu très faible au regard de l’énergie déployée. Comparée aux grands céréaliers ou aux éleveurs, la voix des maraichers est dérisoire dans le débat. Ils restent dépendants d’un marché économique national et européen qui cherche à baisser les prix d’achats pour obtenir une marge de rentabilité maximale. Alors comment s’étonner que ces hommes cherchent à vendre leurs terres? Comment s’étonner qu’ils abandonnent une pratique qui se résume à une «exploitation» plus qu’à une culture? Les marchés dictent leur lois, les maraichers subissent, le paysage en pâtit.
Le foncier, un problème de fond Cette situation complexe entraîne les prises de positions tranchées et conflictuelles entre les agriculteurs d’un côté et les pouvoirs publics de l’autre. Elle n’encourage pas les porteurs de projets qui souhaitent s’installer sur la vallée. Entre 1998 et
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1.4_DES INDIVIDUALITÉS À CONVAINCRE
Maraîchers
* * La SICA maraîchère Bordelaise, Société d’Intérêt Collectif Agricole est une coopérative de producteurs de légumes. Elle a été fondée en 1963 par des producteurs de la région bordelaise souhaitant la mise en commun d’un outil de vente de leurs productions. Après une présence sur le Marché d’Intérêt National de BordeauxBrienne, elle s’est installée en 1997 à proximité de la zone maraîchère.
Vente en directe
32%
45%
40%
8%
15%
RÉPARTITION DES CIRCUITS DE COMMERCIALISATION source: id. p39
1. Source: APIETA, étude économique des exploitations agricoles de la zone maraîchère des communes de Banquefort, Bruges, Eysines, le Haillan et la Taillan, 2009.
2. «Les propriétaires rencontrés ne croient pas (en tous cas pas encore) à la capacité des pouvoirs publics à maintenir à long terme une interdiction de construire dans ces zones, citant de nombreux exemples contraires. Ajouté à l’attentisme traditionnel des détenteurs de terrains périurbains, une telle attitude explique pourquoi, par exemple, les très bonnes terres maraîchères de la zone de la Jalle ne sont plus que très partiellement exploitées». p3 source: Rapport Quevremont 2010
2008 seuls trois jeunes maraichers se sont installés1. Ce n’est pas un manque d’espace puisque seulement la moitié de la surface actuelle est exploitée en maraîchage. De plus l’analyse des tranches d’âges qui composent la vallée révèle ceci: 45% d’entre eux ont plus de 55ans, annonçant de fait des terrains libres d’ici 5 à 10 ans. Mais entre potentiels et réalité le fossé est large. Louer ou acheter des terres est une affaire complexe. Certains propriétaires croient encore pouvoir vendre leurs biens pour une urbanisation futur. Le rapport Quévremont insistait d’ailleurs sur ce point2. Ne désirant pas s’engager dans un bail agricole, c’est ainsi que l’on voit de plus en plus de chevaux occuper l’espace. En effet cet usage des sols ne relève pas des statuts ruraux et permet donc de congédier le locataire à tout moment. Les intentions restent aujourd’hui individuelles et ne permettent pas d’avoir un élan commun partagé par tous. L’action foncière menée par le Conseil Général décloisonnera sans doute cette situation.
Entreprendre
3. Les AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) ont été mises en place par des mères de familles au Japon. Elles développent ensemble les «Tekei» pour s’assurer de la fraicheur et de la provenance des produits qu’elles fournissen à leur famille. Le mouvement prends ses racines dans les années 70 et pouruis son chemin aux Etats-Unis puis en Grande Bretagne. Les Amaps prennent de l’infleunce en France à partir des année 2000. Chaque AMAP respecte une charte dans laquelle s’engage un ou plusieurs producteur avec des consom’acteurs. Ceux-là se chargent de l’organisation du contrat, de la réception, de la distribution et parfois de la récolte avec le producteur.
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En attendant, la CUB s’engage pour soutenir l’agriculture à travers plusieurs actions et notamment la formation. La couveuse agricole de Blanquefort à fait sortir un seul couvé du nid depuis sa création (2011) mais pas pour s’installer sur les Jalles... Cette même année, Nicolas Capeyron s’est lancé dans l’agriculture biologique. Par conviction et grâce aux subventions du Conseil Régional, il s’est installé à proximité du Parc de Majolan pour profiter de la visibilité de cet espace renommé. Il écoule sa production au travers des AMAP3 et un peu de vente à la ferme. Quant à Pierre Gratadour il a choisi le 100% vente à la ferme. Estimant que le marché d’intérêt national de Brienne avait exploité son père, et que les grandes surfaces fixaient un prix d’achat sans considération réelle du statut de maraicher, il a préféré prendre cette décision. Il concentre ainsi son énergie à diversifier sa production, pour offrir une qualité et fraicheur des légumes tout en s’adaptant aux souhaits des clients.
Qu’est-ce que la SAS GR.A.I.N.E.S. ?
COUVÉ Finances
SAS GRAINES
CIVAM+ RÉGION
Accompagnement Moyens de production
Terres
La SAS GRaines d’Agriculteurs Innovants, Nourriciers, Entreprenants et Soutenus par les consommateurs a pour vocation d’installer des porteurs de projets sans ferme familiale. Les Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural (CIVAM) souhaitent démontrer que l’installation progressive est possible dans le cadre du Système Alimentaire Local (vente de proximité, AMAP®,…). La couveuse propose des « espaces-tests » pour de futurs entrepreneurs : les couvés. C’est l’apprentissage du métier d’agriculteur et la confrontation à la réalité qui valideront les projets des couvés. La couveuse met à disposition des moyens de production, un accompagnement humain, technique, financier et administratif. extrait du site internet: http://graines.acacs.org/
PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DE LA COUVEUSE AGRICOLE DE BLANQUEFORT
Comme il le dit, la vallée maraîchère des Jalles laisse de la place à beaucoup d’agriculteurs. Et le bureau Apieta de confirmer cette intuition en expliquant que cette zone porte en elle un potentiel économique de développement qui pourrait multiplier par deux son chiffre d’affaire global par an (soit 7ME au lieu des 3,5ME actuels).
Vers la concertation Face à ce contexte sclérosé, le potentiel agricole prometteur est un argument fort pour attirer de nouvelles initiatives. Les éléments sont présents, il suffit de peu de choses pour qu’une parole commune puisse émerger. Les différences sont aussi là, c’est pourquoi la concertation entre tous agriculteurs est nécessaire pour retrouver un sentiment d’unité et une force pour l’avenir de ce territoire. Les collectivités sont trop engagées, trop politisées pour encadrer un dynamisme et une valorisation qui puisse être acceptée par tous. Le succès du Parc des Jalles et la pérennité de la zone maraîchère ne peuvent exister uniquement si un médiateur organise l’échange entre les parties. Dans le cadre d’une charte paysagère, l’équipe mandataire constituée pourrait très bien endossée ce rôle de passeur. Son action devra s’inscire sur le long terme et sur une connaissance approfondie du territoire et des Hommes qui y vivent. La zone maraîchère des Jalles n’est pas ordinaire. C’est une exception dont il faut prendre toute la mesure pour éviter de la banaliser. Son avenir agricole n’est pas perdu, il nécessite seulement de l’engouement et des échanges entre tous les acteurs.
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Crédits: Ville d’Eysines
1.5_LES CITADINS, UNE RESSOURCE?
Festival Nature organisé par la ville de Blanquefort près du Parc de Majolan. Malgré la volonté de nouer des liens entre habitants et «Nature», je m’étonne qu’il n’y ai pas de maraichers alors même qu’ils sont à quelques pas...
Le raid des maraichers est devenu une institution pour la ville d’Eysines. Les habitants sont invités à parcourir le territoire des Jalles, et à rencontrer ceux qui y travaillent.
Longtemps les citadins et les agriculteurs sont restés distants les uns des autres. Fascinés mais hésitants ils se sont observés en se disant qu’ils n’appartenaient pas au même monde. Aujourd’hui les rapprochements s’intensifient et se raccourcissent. Les citadins sont de plus en plus nombreux à se soucier de leur alimentation mais aussi de la provenance des produits qu’ils achètent. Dans un monde où les marchandises transitent rapidement, la population est de plus en plus consciente qu’acheter des produits locaux n’est pas un fait passéiste. Ce ne sont pas des peurs qui dictent ces choix mais bien la recherche d’une économie de moyens, d’énergies et de santé. Une valorisation locale? Sans doute, mais c’est une assurance que les produits vendus sont de meilleure qualité. Les AMAP et la vente à la ferme ne touchent qu’une petite partie des Bordelais et même des personnes éloignées du lieu de production. Entrer dans le cercle de ces associations n’est pas si simple. Entre le désir d’acheter local et l’engagement que cela implique, il y a une différence. Les AMAP sont nées à l’origine de l’initiative des consommateurs pour s’approvisionner en produits frais et de proximité. La forte mobilisation de 2009/2010 sur l’agglomération bordelaise s’est essoufflée aujourd’hui. Malgré les listes d’attente qui s’allongent, les Amap limitent le nombre d’adhérents et refusent des personnes. Elles considèrent qu’elles ne sont pas des relais de distribution mais bien des structures engagées ou chaque personne tient une place active. En cumulant le nombre d’AMAP qui se fournissent aux producteurs de la basse vallée des Jalles, j’ai comptabilisé environ 400 familles, soit 1500 à 2000 personnes engagées dans ce modèle. Au regard de la population actuelle de la CUB (env 700.000hab), le mouvement reste marginal. Mais la question n’est pas de savoir si oui ou non la zone maraîchère des Jalles rempli son rôle de garde manger de la CUB, elle ne le sera jamais. Au-delà de la production primaire, elle remplit d’autres services. C’est un
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Le raid des maraichers Festival Nature Fréquence actuelle de découverte de la vallée, ponctuée par deux événements annuels
Amplifier et favoriser les découvertes imprévues et quotidiennes
Hiver
Printemps
Été
Automne
espacement dans la ville qui recèle une force d’évasion insoupçonnée pour les citadins. Les randonneurs, sportifs, flâneurs et curieux sont de plus en plus présents à venir se détendre, rechercher cette fraicheur, cette lumière qu’ils n’ont pas dans leur quotidien urbain. Des évènements, créés à l’initiative d’associations, permettent aux habitants de nouer ou renouer contact avec l’espace agricole. Le «raid des maraichers»1 sur Eysines et la «Fête de la Nature» à Blanquefort animent l’été. Randonnées, visites guidées, soirées festives attirent les habitants tout en restant des événements ponctuels durant l’année. Mais combien sont-ils à venir instinctivement se promener dans le marais cultivé? Au delà des «rendez-vous» ont-ils envie de découvrir au quotidien cet espace agricole? Leur donne-t-on réellement les moyens?
1. Pour la cinquième année consécutive, le raid des maraichers à réuni 800 personnes sur une journée.
Tandis que les tentatives de rapprochement émergent, spatialement on ne peut dire la même chose. La zone maraîchère des Jalles reste une «zone» comme toutes les «zones» périphériques. Elle accumule depuis plusieurs années tout ce que la ville a repoussé, pour devenir aujourd’hui un au-delà pour chacune des communes alentours. Pour comprendre cette situation je propose de décrypter dans une deuxième partie cet espace urbain et ce coeur agricole qui se font face.
43
2
ESPACE URBAIN VERSUS ESPACE AGRICOLE: QUELLES RÉALITÉS SPATIALES?
2.1_L’ESPACE URBAIN
Le coeur historique, ancrage de la ville commerçante Tissu urbain dense, emprise minérale forte _ci dessus: Place de la Bourse
Le quartier aux échoppes est un tissu urbain caractérisé par des maisons individuelles et mitoyennes. Il représente la ville commerçante et industrielle. _ci-dessus Boulevard du Président Wilson
La ville tripartite Résumer Bordeaux en quelques lignes, son passé et son présent est bien prétentieux. La présence humaine est attestée sur les bords de la Garonne depuis le néolithique... 1. Ouvrage collectif dirigé par Emile Victoire, ed. La Découverte, 2007
Pour exprimer son Histoire, je m’appuierai sur le livre «Sociologie de Bordeaux»1, monographie qui dresse un portrait succinct mais juste de la ville. Comme les cernes d’un tronc d’arbre, les développements successifs et semicirculaires de Bordeaux, témoignent de plusieurs époques: _ la ville commerçante (époque romaine -> XVIIIème siècle) _ la ville industrielle (XIXème siècle -> seconde guerre mondiale) _ la ville des services (1950 -> aujourd’hui) La première prend ses racines au néolithique et se confirme avec les celtes puis les romains. Ces hommes s’installent sur les rives de la Garonne pour une raison économique. Le fleuve, élément stratégique du territoire, permets de développer les échanges avec les autres pays en Europe. En Angleterre on y vend du vin pour de l’étain, en Grèce on l’échange pour de la céramique. Son emplacement géographique sera pendant plusieurs siècles convoité par les puissances guérrières (Vikings, Wisigoths....) pour se retrouver tiraillée au Moyen-âge: l’Aquitaine ou plutôt la Guyenne est anglaise, dans un pays Français. Cette identité commerçante va devenir de plus en plus florissante pour atteindre son apogée au 18ème siècle. Les plantations Antillaises de canne à sucre et le commerce triangulaire vont faire la renommée et la richesse de la ville. Bordeaux est une ville de négociants qui viennent s’enrichir et rejoindre les rangs de la bourgeoisie. Celle-ci tire notamment ses origines d’Allemagne, d’Angleterre, et de Hollande, expliquant ainsi la petite histoire des Jalles. (cf. histoire du coeur maraicher page 52)
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La ville de services s’exprime dans les quartiers périphériques. Les anciens villages ont été atomisé par l’étalement urbain _ci-dessus: centre de Mérignac
Dans les périphéries éloignées les villages sont peu à peu phagocytés par l’agglomération. C’est l’éveil de la métropole _ci-dessus: tissu pavillonaire lâche d’Eysines
La ville industrielle émerge timidement comparée aux villes du Nord, à Paris ou Lyon plus prolifiques. Plus qu’une explosion, ce sont des sursauts qui prennent place principalement sur la rive droite (métallurgie, raffineries, chantiers navals, automobile puis aéronautique). L’accroissement de la ville entraine de grands travaux urbains (construction de ponts, éclairage public) en même temps qu’un embellissement influencé par une vie culturelle plus intense. Les deux guerres mondiales viennent confirmer cette orientation industrielle, asseyant par une position de «relais», les entreprises et le pouvoir politique nécessaires au bon déroulement des opérations.
LES CERNES DE L’AGLOMÉRATION BORDELAISE salves de croissances liées aux époques passées, présentes et à venir
La fin de la deuxième guerre mondiale fait naître la ville des services. Le secteur aéronautique se spécialise et se diversifie (défense, aérospatiale, santé). Les technologies de pointes sont en marche, attirant de plus en plus d’entreprises qui poussent la ville au devant de la compétitivité. Le pouvoir politique s’organise autour de figures marquantes (Marquet, Chaban-Delamas, Juppé) qui imposent leur vision de la ville. En même temps que l’étalement urbain explose vers l’Ouest, des grands projets sont lancés pour répondre aux demandes de logements et d’équipements (création du Lac et de la rocad_1966, construction du Pont d’Aquitaine_1967, construction des quartiers HLM tel le Grand Parc et les Aubiers _1975). La rénovation des quartiers historiques s’accompagne de la destruction du quartier Mériadeck pour attirer plus de services en ville_1960-70. L’arrivée d’Alain Juppé en 1995 va rétablir une certaine rigueur vis à vis du projet urbain. L’idée est alors «d’éviter la dilatation et souder la ville autour de son fleuve». C’est ainsi qu’émergent le projet des quais, du réseau de tramway, de la rénovation de la rive droite, et du pont Bacalan. Les dés sont jetés pour tenter de reconstruire la ville sur elle-même, mais les problématiques inhérentes à l’agglomération (croissance de la population, étalement urbain, migrations pendulaires, saturations des infrastructures, perte de mixité sociale, fragmentation de la ville) restent en suspens. Elles demandent une prise de recul plus large, à
Périphéries lointaines Quartiers périphériques Quartiers des échoppes Le coeur historique
N
1 2
4km
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2.1_L’ESPACE URBAIN
EVOLUTION DU TISSU URBAIN D’EYSINES DEPUIS 1875 À 2000
Eysines 1875 C’est une bourgade lointaine de Bordeaux, entourée par les cultures.
Eysines 1950 Malgré l’effervescence qui règne sur Bordeaux, le village possède encore une identité liée à la campagne
l’échelle du territoire, un engagement qui relève de la CUB. Aujourd’hui Bordeaux n’est plus seulement un coeur historique et minéral, c’est une agglomération qui prend toute son ampleur sur le territoire girondin. C’est une métropole en train de naître.
La nébuleuse périphérie La vallée des Jalles est une exception, une complexité pour l’urbanisation qui s’étend comme une tâche d’huile. C’est à cause de cette singularité que les hommes se sont installés sur son pourtour. A proximité mais en retrait, les villages sont équidistants les uns des autres, implantés suivant des échelles de temps et d’espace que l’on a oublié. La carte de Bordeaux de 1875 montre bien ces organisations villageoises séparées de la ville par une matrice agricole très présente. Si l’on s’attarde sur Eysines, on peut constater qu’en 1950 la forme du village est similaire à celle de 1875. Cela s’explique sans doute par la distance qui la sépare de Bordeaux; l’effervescence urbaine n’a pas encore eu d’impact sur la périphérie. En revanche la photo de 1972, montre un net changement. Les champs s’urbanisent peu à peu, les maisons individuelles s’accrochent aux routes fraichement bitumées. La nébuleuse périphérie est en marche. Ses effets peuvent être constatés sur la photo suivante. En 2000, soit 28 ans plus tard, les champs cultivés sont recouvert par une nappe pavillonnaire qui englobe Eysines sans créer d’interactions véritables avec l’ancien coeur de village. Cet urbanisme d’appositions successives forme aujourd’hui un tissu lâche et majoritairement résidentiel. Le regroupement des usages par secteurs engendre un morcellement entre l’habitat, les loisirs, le travail. L’espace public, pensé pour la voiture, conçu uniquement du point de vue des déplacements, ne fait plus «corps». Il n’est plus que le lien qui réuni des pôles entre eux.
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Eysines 1972 Les alentours du «village» se sont métamorphosés, peu à peu urbanisés par la croissance de Bordeaux.
Eysines 2000 Le village est phagocyté par une mer de pavillons, c’est l’avènement de la nébuleuse périphérie
Coeur de village Tissu mixte habitat pavillonaire et collectif Zone d’activité Equipements Tissu pavillonaire Pavillonaire diffus Habitat collectif OCCUPATION URBAINE AUTOUR DES JALLES
N
400
800
1.6km
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2.1_L’ESPACE URBAIN
Principer d’organisation du futur relai de stationnement pour Cantinolles
Plan guide produite par Chemetoff pour le futur quartier Carès-Cantinolles
La ville à l’oeuvre Aujourd’hui la vallée est un lieu de passage très fréquenté pour ceux qui habitent au Nord de l’agglomération et plus particulièrement dans le Médoc. La proximité de la rocade constitue un axe attractif de déplacements qui engendre d’importantes migrations pendulaires. Le flux actuel des véhicules traversant les Jalles impose un caractère routier violent pour les communes traversées. Pour remédier à cela, la CUB prévoit d’étendre son réseau de transports en commun pour offrir plus largement les services de déplacements déjà présents au coeur de Bordeaux. Ainsi la ligne D du réseau de tram viendra s’accrocher à Cantinolle (Eysines) pour partir en direction des Quinconces soit 9,7km plus loin. A cela s’ajoute le projet du tram train Médoc visant à desservir encore mieux le quadrant Nord Ouest de l’agglomération. Le projet consiste à réutiliser la ligne ferroviaire existante pour y installer un tramway qui partira de la place Ravezie jusqu’à la gare de Blanquefort. Conserver les rails sur ballast c’est la possibilité de voir une extension se mettre en place et laisser plus tard le TER du Médoc entrer dans la métropole. Ces extensions, ces tracés lancés vers la périphérie sont des occasions de renouvellement pour elle. Ce n’est pas un hasard si parmi les secteurs étudiés pour l’appel à projet «50.000 logements autour des axes de transports collectifs» il y en a un à Cantinolle et l’autre sur la Gare de Blanquefort.
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Le plan guide de Chemetoff prends appui sur une méthode qui cherche l’adaptation au site et ses singularités. Les «situations construites» proposées cherchent à tirer partie des contraintes pour en faire des éléments fondateurs de projets. «Les règles en matière d’urbanisme ont le plus souvent un carctère absolu. Nous privilégions les règles relatives, pensées en rapport avec un environnement singulier. On tient compte de la pente du terrain, de la proximité d’un édifice ou d’un arbre remarquable pour déterminer la hauteur d’un bâtiment. Définissant ainsi, non pas une hauteur absolue mais une valeur relative.» _extrait de la note d’intention Zoom rapproché sur l’axonométrie générale de la zone d’intervention. Le tram (en bleu) devient l’artère qui irrigue le futur quartier et viens ancrer son termineus dans la zone d’activité
LA ZONE MARAÎCHÈRE DES JALLES, AU COEUR DES FUTURS GRANDS PROJETS DE TRANSPORT vers Macau
vers Castelnau-Médoc
Future ligne TramTrain Médoc
ver
sL
aca
nau
Zone maraîchère des Jalles
Zone de projet 50.000 logements étudié par A.Chemetoff
Place Ravezie Future ligne D du Tramway Place des Quiconces
Rocade
N
2
4
8km
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2.2.1_UN PASSÉ MIS A L’ÉCART
Récolte de la vigne à Cantinolles. Cette culture fait partie intégrante du système polyculture élevage développé par les maraichers de l’époque
Une origine floue
1. D’après «La banlieue maraîchère Bordelaise» écrit par Pierre Barrère, géographe
Le marché des Capucins, place forte du commerce Bordelais au 20ème siècle.
Malgré son implantation historique, on connait finalement peu le déroulé précis de son histoire. Quelques points forts émergent et permettent d’expliquer en partie l’identité du marais cultivé. Les traces des premiers hommes dans la vallée des Jalles, remontent à l’âge de bronze. Elles ont été observées à l’emplacement actuel des ruines du Château de Blanquefort. Aussi étrange que cela puisse paraitre, parmi l’étendue plate et humide de la vallée, un monticule rocheux à attiré à lui les hommes. Cet emplacement stratégique a permit de lever des taxes de passage sur la voie qui reliait Bordeaux au Médoc, puis à Blaye pour les pèlerins de Compostelle. L’utilisation des terres aux alentours du château avaient une vocation agricole, mais à une échelle réduite. Il faut attendre le XVIIème siècle et la prise de décision d’Henri IV pour voir les terres être littéralement transformées. Ce dernier va en effet faire appel à des Flamands pour assécher les marais: Humhrey Bradley et Conrad Gaussen. Possédant le savoir-faire depuis longtemps employés dans leur pays, ils vont mettre en place des systèmes de drainage et de retenues d’eaux pour rendre les terres saines et disponibles à l’élevage. Les agronomes de la Révolution de 1789 inciteront les paysans à cultiver la pomme de terre, influencés eux-même par la pensée hygiéniste de Parmentier. La culture s’installe si durablement qu’elle reste encore aujourd’hui une figure de l’identité d’Eysines. Le coeur maraicher devient véritablement actif au 19ème siècle alors que Bordeaux est en pleine expansion et développement industriel. Au milieu du siècle, la banlieue Bordelaise (l’ensemble des pôles de production: Eysines, Blanquefort, Bruges, Bègles, Villenave…) réussi à satisfaire seule, en pleine saison, les besoins alimentaires de la ville1. Les maraichers forment une entité cohérente et solidaire qui réussi à s’imposer sur le marché des Capucins. C’est en réalité des familles entières où chacun à son rôle à jouer. L’homme est
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LA FORTERESSE DE BLANQUEFORT Ici est représentée la vallée des Jalles avec au premier plan la forteresse et en toile de fond Bordeaux. Même si cette vue magnifie le paysage, on peut distinguer la trame orthogonale mise en oeuvre par les Hollandais. _Gravure d’Herman Van Der Hem 17ème siècle
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2.2.1_UN PASSÉ MIS A L’ÉCART
LES JARDINAGE DE BRUGES petites parcelles maraîchères cultivées autour d’une habitation
2. id. p53
3. cf. p39
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LE MARAÎCHAGE D’EYSINES longues parcelles cultivées en pomme de terre, cabane ou abri comme point d’attache
responsable de la culture, la femme de la vente et de la préparation. Ceux qui sont installés sur les Jalles accompagnent leur activité agricole du lavage du linge des plus fortunés de Bordeaux. Ce mode de fonctionnement perdurera jusqu’au milieu du 20ème siècle. L’espace agricole encore disponible permet une installation en polyculture élevage. Sur les 5ha en moyenne appartenant aux maraichers: 2ha sont destinées aux prairies de fauche pour les animaux de travail, 1ha planté de vigne uniquement consommé par la famille, 1ha en terres labourées, et 1ha en culture maraîchère. En 1950 on dénombre sur la basse vallée des Jalles, 180 ha de terres maraîchères2. Si cette agriculture possède des caractéristiques fortes comme le souligne Paul Barrère, il faut toutefois distinguer les jardins de Bruges du maraîchage d’Eysines. Les échelles de cultures sont différentes tout comme le mode d’occupation. Sur Bruges, les maraichers habitent dans des échoppes et cultivent leur jardin. Ce sont des espaces extrêmement soignés comparés aux planches des Jalles. Là-bas on y cultive la pomme de terre à grande échelle. On vient travailler pour la journée ou plusieurs jours, mais personne n’habite ici. Une cabane ou un abri permettent de réunir les besoins nécessaires à la culture (outillage, rangements...) Tout se complique à mesure que la ville grandi. Les terres agricoles sont progressivement vendues et les maraichers se reconvertissent. Les jeunes appelés par les atouts de la ville délaissent logiquement le passé agricole qui pèse sur leurs épaules. La ville tourne peu à peu le dos à cette origine agricole, et comme une amertume que l’on veut effacer, elle dépose malgré elle toutes ses composantes les plus âcres qui forment les périphéries de ville (pylônes électriques, usines, casses autos, station épuration…). La sphère maraîchère s’étiole petit à petit3 et la vallée apparait comme une poche que le tissu urbain enserre.
Maraichers d’Eysines-1940
Alors que le train passe à proximité de la zone maraîchère, les Bordelais viennent se promener pour admirer le paysage des Jalles, ici la moulin noir.
Maraicher arrosant manuellement sa culture. 1930
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2.2.2_L’EAU SOURCE DE PARADOXES
La Jalles d’Eysines
Fossé d’irriguation d’une parcelle maraîchère
L’essence même de la basse vallée maraîchère, c’est l’eau. Elle est une des composantes fondamentales du territoire, imposant par sa présence une structure et une organisation à l’espace. L’histoire raconte que les hommes ont mis en place une machinerie extraordinaire pour domestiquer sa présence, contrôler son niveau et son débit. cf. p52 Cette cohabitation d’usages et d’occupations constitue aujourd’hui une source de paradoxes.
Désirée L’eau permet de créer un milieu favorable à la culture des légumes. La terre, abreuvée par le haut (arrosage), ou par le dessous (capillarité) est une richesse pour celui qui maitrise son humidité. De nombreuses «prises» sur les Jalles, gérées par des pelles, permettent d’alimenter le fossé adjacent appelé réguette. Cette installation fonctionne grâce aux moulins et petits barrages qui retiennent les eaux en aval pour atteindre une hauteur d’eau convenable. Les parcelles sont ensuite irriguées par d’autres fossés qui forment une matrice aquatique étendue à toute la vallée. Mais l’eau si proche n’est pas un privilège pour les maraichers. Son accessibilité nécessaire (nettoyage des légumes et point d’eau) est parfois compliquée car le réseau souterrain ne dessert pas toutes les exploitations. Un raccordement éventuel engage des coûts bien trop élevés pour un exploitant seul. Alors comment répondre à cet enjeu? J’imagine pour chaque exploitation ou groupement un puits d’approvisionnement autonome ancré dans la nappe souterraine. Les rejets collectés pourraient être traités sur place via une fosse et rejetés ensuite dans un filtre planté de roseaux qui restiturait l’eau filtrée dans la Jalle. De multiples essais ont vérifié la validité de cette installation, alors pourquoi ne pas l’imaginer sur la vallée maraîchère?
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Pelle incrustée dans la digue et irriguant un fossé situé à l’arrière
Retenue d’eau
Digue
Moulin Blanc
Jalles d’Eysines
Asperseur
Parcelle maraîchère
Fossé d’irriguation ou réguette
Buse à pelle Irriguation par capillarité
Le système d’irriguation des parcelles agricoles est dépendant du niveau des Jalles contrôlé à hauteur des moulins et retenues d’eau.
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2.2.2_L’EAU SOURCE DE PARADOXES
Le Moulin Blanc et son barrage permettant d’élever ou abaisser le niveau de l’eau de la Jalle pour rejoindre le niveau des buses
Retenue d’eau installée sur la Jalle Neuve
Délaissée La présence de l’eau sur ce territoire est une évidence et cela ne choque personne qu’elle soit à proximité d’une route en bitume. Pourtant le fossé qui récolte les eaux de voirie est connecté plus loin à celui qui alimente les légumes... A proximité des départementales et des voies très fréquentées par les véhicules, l’enjeu est donc de distinguer les fossés pour limiter les pollutions indirectes.
Redoutée
1. SIJALAG: le Syndicat Intercommunal des Jalles, de Lande à Garonne a été crée en 1976. Il a pour compétence la gestion des dix kilomètres de digues de Garonne, le bon écoulement des eaux de la Jalle et de ces affluent, et la conservation quantitaive et qualitative du patrimoine aquatique.
En hiver, le risque d’inondation est un danger pour les cultures et les personnes qui habitent sur place. Le risque de rupture de digue est faible mais pas impossible (la situation s’est produite trois fois en deux siècles). Les dégâts éventuels sont aujourd’hui inconnus mais pourraient être importants. C’est pourquoi le SIJALAG1 propose de choisir une inondation volontaire en reculant les digues par rapport au cours d’eau. Cela permettrait de temporiser les pressions latérales sur les digues, et recréer par la même occasion des rives naturelles le long des Jalles. Ce choix, s’il est approuvé par les collectivités, engendrera des coûts de réalisation importants et une modification de l’occupation des terres agricoles... Pour ma part je pense que l’inondation volontaire des terres doit être reportée en aval sur la Réserve Naturelle de Bruges. L’ouverture des digues, qui a déjà commencé grâce au travail des animaux, permettra d’abaisser le niveau de l’eau en cas de crue. Si recul des digues il doit y avoir, il devra se faire selon moi le plus en aval possible, là où l’impact sur les terres agricoles sera moins important.
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Endiguement de la Jalle du Taillan
Endiguement dans le Wieringermeer au Pays-Bas.
LA COMPLEXITÉ DES JALLES ET DES CANAUX: UNE RICHESSE POUR LA ZONE MARAÎCHÈRE
Jalle de
le Jal
du
t
Cantere
llan
Tai
ve
Jalle Neu
Jalle du
Sable
Réserve Naturelle de Bruges
Jalle d’ Eysines
Jalle Noire Sources du Thil
Digues Cours d’eau et canaux
N
200
400
800m
Pièces d’eau
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2.2.2_L’EAU SOURCE DE PARADOXES
Anguille d’Europe_Anguilla anguilla Espèce protégée parla convention de Barcelone
Lamproie de planer_Lampetra planeri Espèce protégée par la directive habitat
Protégée Incontestablement, l’eau des Jalles est vecteur de mouvement que ce soit pour les sédiments, la faune ou la flore. Protégée à plusieurs titres par les directives européennes (périmètres Natura 2000 et Znieff), la trame aquatique constitue un ensemble d’habitats propices à des espèces remarquables (cf. espèces décrites sur cette double page). 2. l’Association Cistude d’Europe est une association loi 1901, agréée au titre de la protection de la nature. Créée en 1995 elle oeuvre grace aux financements de multiples partenaires dont l’Europe, l’Etat, et les collectivités territoriales. La cistude esy une petite tortue d’eau douce menacée de disparition
Mais cette singularité est à la mesure de sa vulnérabilité. L’urbanisation qui se resserre autour de la basse vallée impose de s’intéresser et protéger ces espèces. L’association Cistude d’Europe2 oeuvre d’ailleurs à la protection, à la conservation des espèces, et à la sensibilisation du public. Elle mène différents programmes de suivi et notamment de la Cistude qui à élu domicile en amont de la zone maraîchère et dans la réserve Naturelle de Bruges.
Objectif
3. Cédric Lavigne est missionné par la CUB pour mener une étude archéogéographique sur les Jalles
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Source de paradoxes, les Jalles sont aussi une source de richesses. L’attention est aujourd’hui fixée sur les milieux «naturels» que ce soit en amont avec les sources du Thil, ou en aval avec la réserve naturelle de Bruges. Entre ces deux espaces, la zone maraîchère fait office de corridor. Elle n’est peut-être pas aussi «naturelle» mais cela n’empêche pas d’avoir sa propre richesse. L’étude archéogéographique menée en ce moment par un chercheur3 permettra sans doute de soulever quelques mystères sur son existence et son fonctionnement. Je pense alors que cette matière existante doit être mise en valeur. Expliquer l’eau à travers ses multiples formes devient alors un des objectifs principaux pour éclairer la basse vallée maraîchère. >METTRE EN VALEUR LA PRÉSENCE DE L’EAU AU SEIN DU MARAIS CULTIVÉ (Histoire, Occupations, Usages, Faune et Flore associée)
Loutre d’Europe_Lutra lutra Espèce protégée par la directive habitat
Vison d’Europe_Mustela lutreola Espèce protégée par la directive habitat
1. Lythrum salicaria 2. Carex remota 3. Sambucus ebulus 4. Phragmites australis 5. Alnus glutinosa 6. Fraxinus excelsior 7. Salix alba 8. Salix cinerea 1 4 2
3
6 5 7
8
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2.2.3_LE PATCHWORK AGRICOLE
Au Nord, les prairies extensives permettent d’embrasser du regard l’étendue de la vallée
La partie sud, est au contraire clairement maraîchère
Complexité et singularités L’analyse de l’occupation des sols confirme les sentiments que j’ai eu après la visite du site. Le coeur de Jalles est un patchwork de situations agricoles actives, en attente ou délaissées. Celles-ci s’imbriquent pour former un ensemble varié basé sur des temporalités différentes. Les boisements et les pâtures s’étirent dans le temps tandis que les cultures et les friches se renouvellent et montrent chaque saison un autre visage Toutefois de grandes caratéristiques se dégagent de cette organisation qui semble bricolée. > Au Nord se trouvent de grandes parcelles vouées à l’élevage ou à la viticulture tandis qu’au Sud sont installées les parcelles maraîchères et les friches > A l’Ouest se lisent les reminiscences d’un passé maraicher familial de petite taille. C’est dans cet espace que se présente une grande hétérogénéité des délaissés qui se met en place. Au maraîchage succède la jachère, puis la friche herbacée, ensuite arbustive, pour finir au boisement à bois blanc. Les points de vues sont cours mais laissent plus de place à la surprise.
1. id. p40
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> L’Est est quant à lui le témoin des mutations agricoles les plus marquantes. Le remembrement et la réunion des terres autour de la SICA maraîchère1 ont opéré un découpage en longues parcelles pour favoriser une agriculture intensive à fort rendement. Le couvert arboré est si peu présent qu’il laisse le regard se perdre dans le lointain. Tout est offert à la vue et nombre d’éléments viennent perturber cette observation faisant naitre une sensation amère des lieux.
A l’ouest, des étendues maraîchères plus restreintes, s’intercalent entre friches et jachères
A l’est, de grandes parcelles dévoilent les pylones à haute tension
UNE OCCUPATION AGRICOLE COMPLEXE
Blanquefort Le Taillan-Médoc
Les Jalles
Le Haillan Maraîchage Pâtures Eysines
Jachère Friches
N
200
400
800m
Boisements Autre cultures (vignes, kiwis...)
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2.2.3_LE PATCHWORK AGRICOLE
Terre au repos_Eysines
Culture maraîchère à proximité du parc de Majolan_Blanquefort
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Tracteur et matériel agricole à l’abandon_Eysines
Jardins familiaux_Blanquefort
Peupleraie_Blanquefort
Prairie extensive ouverte sur l’horizon _Blanquefort
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2.2.4_LE DÉDALE DES CHEMINS
L’exiguïté des chemins impose une certaine courtoisie entre les personnes
Culture
Jalle du Taillan
Chemin
Recul
Culture
Cheminer dans la vallée des Jalles, c’est aller à la rencontre de l’inconnu, à la découverte de l’autre. L’ensemble des chemins forment une ossature construite à l’origine pour desservir les parcelles maraîchères. Sentiers de pierres et de briques concassées, ces linéaires sont pleins de bon sens, car ils associent une optimisation de l’espace et une réutilisation des matériaux. Espaces de transit, ils sont associés aux cours d’eau, aux canaux et fossés. Les accotements sont généralement laissés libres et la flore indigène se développe en toute liberté. Les fossés tels des sauts de loup sont des barrières invisibles qui évitent d’entrer sur la parcelle de l’agriculteur. Marcher sur les digues c’est profiter d’un léger surplomb pour découvrir l’étendue des lieux.
Rivalités Aujourd’hui ces chemins sont en passe de devenir des espaces de frictions entre le monde urbain et le monde agricole. Randonneurs, flâneurs, cavaliers et maraichers sont obligés de cohabiter au sein de cette trame. L’exiguïté de leur forme demande une attention particulière et force à ralentir naturellement ceux qui s’engagent trop vite au volant. Ainsi la proximité entre les différents usagers est imposée et invite chacun d’eux à la courtoisie. Certains agriculteurs souhaitent séparer les chemins suivant les usagers ou même les interdire pour éviter les conflits. Ils sont nombreux à avoir installé des pancartes dissuasives pour éviter les problèmes de cohabitation. En effet la proximité entre citadins et agriculteurs pose problème car ces chemins sont entièrement privés. Je ne crois pas à cette idée. Elle va à l’encontre de l’existence même de ces cheminements qui constituent selon moi le meilleur moyen pour réconcilier l’urbain et l’agricole. Alors bien sûr il faudra redoubler d’attention pour chacune des parties mais je crois que cette bienveillance est un gage du vivre ensemble.
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Le surplomb des digues permet de prendre un peu de hauteur et pour observer le paysage
Culture
Fossé d’irriguation
Digue
Jalle d’Eysines
Digue
Culture
Bricolés et cabossés les chemins de Jalles invitent à l’aventure
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2.2.4_LE DÉDALE DES CHEMINS
Aux chemins s’accrochent les parcelles cultivées , les cours d’eau, les points de vue
Chemin couvert au coeur du marais
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Après quelques mètres, une impasse...
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2.2.4_LE DÉDALE DES CHEMINS
Pancartes dissuasives régulièrement rencontrées
Cette position n’est pas partagée par tous les agriculteurs. L’ouverture de la vallée des Jalles est une opportunité formidable pour regarder le paysage, elle l’est aussi en ce qui concerne les déprédations! Pourtant les solutions existent. De même que les digues appartiennent aux maraichers et sont entretenues par le SIJALAG, la CUB devra trouver les leviers nécessaires pour partager ces linéaires de découverte. De leur côté les agriculteurs devront mesurer les services rendus par une ouverture. Celle-ci n’est pas forcément un risque c’est avant tout une vitrine idéale pour écouler la production. Toutefois l’ensemble des chemins n’est pas à ouvrir entièrement. Certains d’entre eux peuvent être réservés aux agriculteurs soit parce qu’ils sont en impasse, soit parce qu’ils ne sont pas particulièrement intéressants.
Impasses Enfin il faut notre que le réseau actuel est un vrai labyrinthe. Celui qui vient la première fois s’aventurer ici se pose à chaque nouvelle piste la question de l’interdit et de la destination. Suis-je sur une propriété privée? Où mène ce chemin? Ai-je le droit de l’emprunter? La libre circulation est rendue complexe par l’absence de marqueurs et d’indications. De nombreux culs de sac ne permettent pas de se déplacer de façon continue au sein de la vallée. Voici les objectifs que je propose de résoudre: >CRÉER UN RÉSEAU DE CHEMINS CONTINUS >OFFRIR UNE LISIBILITÉ DES PARCOURS >FAVORISER LE VIVRE ENSEMBLE PAR UNE GESTION APPROPRIÉE DES CHEMINS
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Des usages urbains qui commencent à émerger
CRÉER UN RÉSEAU DE CHEMINS CONTINUS
Impasses à ouvrir
N
200
400
800m
Route carrossable
Boucle à raccorder
Chemin de terre
Passage à créer
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3
LA LISIÈRE: INTERFACES ET DYNAMIQUES
3.0_LA LISIÈRE
Dans cette troisième partie j’aimerai développer le concept de lisière que j’évoque depuis le premier chapitre de ce mémoire. Mais quel est-il? A quoi ressemble cette lisière? De quoi est-elle composée? Estelle identique sur tout le pourtour de la zone maraîchère? Quels sont ses atouts, ses inconvénients? Quels sont les modifications à apporter? J’aimerai donner une teinte de départ à cette analyse; un angle de vue qui tire les conséquences des chapitres précédents pour proposer deux scénarii. Ces deux principes que j’envisage pour l’avenir de ce territoire sont des intentions divergentes qui ne prennent pas en compte toutes les subtilités de la vallée. Envisageons-les plutôt comme des seuils menant à des chemins différents, plus que des références absolues à appliquer au territoire. LÉGENDE Espace urbanisé Espace non urbainisé Espace cultivé Périmètre PPEANP Courbes de niveaux
74
200
400
800m
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3.0_LA LISIÈRE
SCÉNARIO 1: L’OPPOSITION L’espace agricole est protégé grâce aux documents d’urbanisme suivant une limite bien distincte entre ce qui doit être cultivé et ce qui doit être construit. Le débat de l’agriculture en ville a évolué mais se cantonne à une vision antagoniste qui offre quelques années plus tard une opposition d’autant plus forte entre la ville et l’espace agricole. Le dedans du dehors est renforcé et l’effet sanctuaire amplifié. Malgré des événements qui ponctuellement dans l’année tentent de réunir les habitants, chacun érige sa barrière au quotidien pour se protéger de l’autre. L’espacement affirmé entre ces deux mondes réunit alors toutes les tensions et continue de desservir négativement l’espace maraicher.
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SCÉNARIO 2: L’OSMOSE La relation ville-agriculture se définit tout d’abord par son coeur maraîcher, espace phare de la production agricole. Influencé par la proximité de la ville, il s’interroge et lui laisse place au travers d’espaces clairement définis, pour trouver une vision commune et réciproquement favorable. Ce n’est plus un morceau de campagne dans la ville mais une pièce urbaine à part entière. Les synergies, les échanges, les accroches sont mis en place à l’interface de deux mondes qui n’ont plus raison de s’opposer. L’entité agricole s’immisce dans la ville par touches et invite les habitants à venir quotidiennement à sa rencontre. La limite entre ville et agriculture s’est complexifiée pour constituer une osmose propice au vivre ensemble.
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3.0_LA LISIÈRE
Au sud des relations conflituelles
Au Nord, une cohabitation qui semble presque choisie
Des stratégies d’approches opposées Décrire la frange urbaine des Jalles est une affaire complexe. Elle se compose en grande partie d’une accumulations d’éléments que l’on a repoussé en dehors de la ville sans se soucier des impacts que cela induirait. Axes routiers importants, pylônes électriques, station d’épuration, zones industrielles et commerciales, composent cet espace. Cette frange agro-urbaine est la résultante d’une addition de stratégies politiques opposées. Parfois conscientes de la richesse des Jalles, elles sont d’autres fois peu attentives au contexte local. La carte ci-contre montre les interactions existantes en se basant sur leur qualité, déterminée à partir de situations concrètes et/ou de ressentis. > Au Nord, les relations entre l’espace urbain et l’espace agricole sont discontinues et composées de respirations. L’implantation de logements collectifs et la présence des grandes propriétés viticoles temporisent l’étalement urbain. Une gradation de densités permet des contacts agréables entre l’espace urbain et l’espace agricole. > Au Sud, les rapports sont beaucoup plus frontaux et violents. L’urbanisation forme un cordon continu d’habitations individuelles, constituant un rideau opaque qui dissimule l’espace agricole. L’hétérogénéité du bâti pourrait être intéressante si seulement l’espace public ne se résumait pas uniquement aux axes routiers. Ces derniers n’entretiennent aucun lien avec le coeur agricole pourtant à proximité. Toutefois la piste cyclable, qui s’immisce dans le tissu pavillonaire, permet de s’approcher de l’espace agricole et d’apprécier sa présence.
QUALITÉ DE L’INTERFACE Frontale
78
Propice
Afin de mieux cerner les contours de cette frange je propose d’analyser les différentes séquences qui la composent. J’en dénombre six dont les limites émergent de manière plus ou moins nette. Chacune d’entre elles possède ses particularités, ses atouts et ses inconvénients. Les objectifs qui en découlent, permettent de répondre aux questions soulevées par l’analyse.
02_Les grands domaines
03_Le coteau de Blanquefort
01_Majolan
06_La «zone» de Cantinolle
05_La façade d’Eysines 04_La digue de Campilleau
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3.1.1_MAJOLAN
3 Vue sur la vallée maraîchère en hiver, depuis une des passerelle. L’absence de feuillage permet de se rendre compte d’une ouverture potentielle.
Quels atouts et potentiels au sein de cette séquence? La séquence de Majolan est la première que je décris car elle est le point d’accroche le plus fort au sein de la zone maraîchère. Le Parc1 attire de nombreux citadins qui viennent ici se détendre, faire un footing, pêcher, rêver… Sur l’Avenue du Général De Gaulle 1 , à hauteur du Parc (sur la partie Est), quelques points de vue permettent d’apprécier les prairies et les bois de la zone maraîchère 4 . 4
570m
3
Quels inconvénients? 1
2
SINGULARITÉS DE LA SÉQUENCE 1. Av. du Général de Gaulle 2. Route de Pauillac 3.Haha du Parc de Majolan 4.Vues sur les prairies Périmètre du PPEANP
80
La piste cyclable installée le long de la D2 offre la possibilité de venir au parc malgré la forte présence des voitures qui circulent sur cet axe
Ce que l’on peut regretter dans la réhabilitation1 du Parc, c’est le manque d’ouvertures sur la basse-vallée. La présence du haha sur la limite sud ainsi que le positionnement des ponts, supposent la présence de liens visuels dirigés vers les Jalles, vers des éléments spécifiques (moulins, forteresse, château...). Le Parc est aujourd’hui un point d’attractivité indéniable, mais il reste une «chambre close». La plupart des personnes qui viennent ici se promener ne vont pas au-delà des limites définies car rien ne les y invite. Ce qui, à mon sens, dessert le plus la zone maraîchère, c’est le manque d’attention accordée aux espaces latéraux sur la route de Pauillac 2 . En provenance d’Eysines, l’entrée sur la zone maraîchère est une accumulation d’éléments visuels (panneaux publicitaires, lignes à haute tension, station de pompage), symptomatiques des «zones périphériques». Les accotements, réduits à leur plus petite épaisseur, donnent à la route une importance d’autant plus grande qu’elle voit défiler énormément de véhicules par jour. La grande nudité de
passerelle liée à une vista
Situation actuelle Le parc de Majolan une chambre close tournée vers ellemême
Objectif: -> Créer des points de vue depuis le Parc vers la vallée
1.Histoire du Parc: Il a été réalisé sur une dizaine d’années, de 1870 à 1880, par le paysagiste Le Breton, dans le goût romantique baroque, sur un terrain qui n’était alors qu’un marécage. Le terrain et le château ont été acquis par un riche banquier, Jean Auguste Piganeau, appartenant au milieu de la grande bourgeoisie. L’ambition qui motiva la création de ce parc était de refléter la magnificence de son patrimoine et de son train de vie, et ce en imitant ce qui s’était fait à Paris (Buttes Chaumont_1867). La légende dit que le parc devait servir à consoler sa fille malade. Il est une illustration grandeur nature du savoir-faire des architectes, ingénieurs, artisans et artistes de la fin du XIXe siècle. Parti du néant, une zone marécageuse de 20 hectares, 150 000 m3 de terre furent dégagés à la pelle afin de créer un lac de 4 hectares à partir de la Jalle traversant le lieu et de donner forme aux différents endroits du parc. Les grottes artificielles (réalisées à la chaux, comme les ruines) et les canyons, sont des merveilles d’ingéniosité hydraulique.
Château Dulamon
Forteresse de Blanquefort
Propriété de la commune depuis 1975, il est ouvert au public depuis 1984. Une grosse réhabilitation a eu lieu en 2007 et 2008 (pour un montant de 3 millions d’euros), réalisée par Graziella Barsacq (paysagiste), Fabien Pédelaborde (architecte) et Danielle Justes (artiste mosaïste).
Moulin Blanc Moulin Noir
ELÉMENTS CARACTÉRITIQUES DE LA VALLÉE: CAPTEURS DE POINT DE VUE
N
100
200
400
800m
Vues déjà présentes Vues à créér
81
Prairie
Haie vive
Talus et fossé
Av. du Général de Gaulle
Parc de Majolan
PROFILS EN TRAVERS DE LA D2
Voie cyclo piétonne
3.1.1_MAJOLAN
Jalle de Canteret
A HAUTEUR DU PARC DE MAJOLAN: Route encadrée par le parc à et une haie vive, laissant entrevoir la prairie entre les arbres
Haie de bambous
Voie cyclo piétonne
Bas-côté large
Peupleraie
Prairie
Jalle Neuve
Jalle
5
Maraîchage
Affichage publicitaire
2
Jardinet
Habitat collectif
ENTRE LES PARCELLES MARAÎCHÈRES ET LES JARDINS FAMILIAUX: les horizons sont dégagés mais laissent un champ visuel trop large donnant de l’importance aux éléments secondaires.
3
Arrêt de bus Voie cyclo piétonne Station électrique
Route de Pauillac
Voie cyclo-piétonne
2 2 6,30
Fossé
Jardins familiaux
À PROXIMITÉ DE LA JALLE D’EYSINES: Route également cadrée par la présence de la peupleraie. La transparence de la plantation laisse évoquer la présence agricole située au-delà.
ENTRÉE DEPUIS EYSINES Large emprise de la voirie ne laissant pas de place au végétal. Le contact avec l’espace privé est imperméable.
N
82
5
10
20
40m
ble
du Sa
Peupliers au bord de l’Epte _Claude Monet
Suite à ces remarques, je pense qu’il faut: • Ouvrir quelques vues sur la vallée depuis le Parc de Majolan • Appuyer la route de Pauillac en donnant une structure à ses abords • Accorder plus d’épaisseur aux accotements en occupant certaines parcelles maraîchères
Vers le projet
4
9
Stattion éléctrique
Barrière
Trottoir
2
3
Voie cyclo-piiétonne
ETAT PROJETÉ Petit jardin
L’épaisseur que j’imagine pour la route de Pauillac s’adaptera aux circonstances des lieux, aux possibilités d’extensions latérales. Sous forme d’alignements réguliers ou libres, les arbres plantés laisseront passer le regard entre leurs troncs pour apercevoir les parcelles cultivées à l’arrière. La variété des essences végétales plantées, offrira une diversité de teintes, de reflets et ombrages. Les massifs arborés possèderont des âges différents pour assurer une rotation des coupes. Celles-ci alimenteront le circuit d’exploitation du bois d’oeuvre expliqué au paragraphe 3.2_Synergies.
Voie cyclo-piétonne
Quels objectifs de réconciliation?
Route de Pauillac
ETAT ACTUEL: ROUTE DE PAUILLAC, SEUIL D’EYSINES
Noue filtrante et alignement
ces accotements constitue une liaison médiocre avec les parcelles maraîchères situées à proximité.
RÉFÉRENCES POUR L’ALIGNEMENT LE LONG DE LA ROUTE DE PAUILLAC Motifs arborés _Park Riem, Allemagne _Agence Latitude Nord (Gilles Vexlard)
Merlon planté d’une haie
Le seuil d’Eysines, une accumuluation d’éléments sans réelle cohérence.
Voie piétonne
Accotements réduits au maximum, panneaux publicitaires multiples, desservent négativement l’espace maraicher situé à proximité.
2
Habitat collectif
2
La piste cyclable prendra ses distances par rapport à la route, pour s’immiscer dans cette trame arborée claire. Elle offrira des motifs cultivés ou boisés aux cyclistes et promeneurs qui l’emprunteront. Enfin les vues développées au sein du Parc de Majolan, permettront d’apercevoir les éléments remarquables de la vallée, les moulins et la forteresse. Ces ouvertures demanderont un travail fin de la part des élagueurs pour choisir les sujets à abattre et ceux qui nécessitent d’être conservés.
5
2
4
9
3
2
3
83
3.1.2_LES GRANDS DOMAINES 4 6 2
3
7
5
1 SINGLARITÉS DE LA SÉQUENCE 1. Vue furtive sur les prairies 2. Parc du vivier au Taillan 3. Petit bois du village du château
4. Château du Taillan 5. La Vacherie 6. Lycée professionel St Joseph 7. Parc Dulamon Périmètre du PPEANP
Quels atouts et potentiels au sein de cette interface? Cette seconde séquence est composée du domaine viticole du Taillan et des grandes propriétés consécutives installées sur le coteau (propriétés privés, domaine de la Vacherie, Lycée St Joseph). Ces occupations constituent une transition intéressante entre l’espace agricole de la basse vallée et les «chambres viticoles» situées sur le plateau au Nord. De part et d’autre de l’Avenue de Soulac on peut observer furtivement de grandes prairies de fauche 1 . Cette ouverture constitue non seulement une introduction favorable avant de rejoindre le Taillan, mais aussi une liaison entre la vallée maraîchère à l’Est et le bois du Déhès à l’Ouest. Le village du château 3 , autrefois propriété du vignoble du Taillan, possède un petit bois à ses côtés. Sous forme d’association, les habitants paient une cotisation pour entretenir cet espace et profiter de sa proximité tout au long de l’année. Cette interaction est d’autant plus intéressante qu’elle améliore le contact du lotissement avec la prairie et celui des habitants avec la vallée. Pourtant la situation n’est pas parfaite. Le bois reste clôturé de tous les côtés ce qui rend impossible une échappée visuelle vers l’espace agricole. Les limites grillagées cantonnent l’espace à une centralité, alors qu’elle pourrait s’étendre sous forme de lisière à l’arrière du lotissement. Le lycée professionnel St Joseh 6 est l’ancienne demeure de Mr Piganeau, commanditaire du Parc de Majolan. Appelé aussi «château Dulamon», il est occupé par la fondation des Orphelins Apprentis d’Auteuil qui possède environ 30ha répartis en bâtiments, bois, prairies et vignes. Ces dernières sont installées sur le coteau, cultivées et ramassées par un autre château, le château Dillon, qui forme des jeunes en agriculture et viniculture.
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OCCUPATIONS ET PROPRIÉTÉS DES SOLS Habitat collectif Habitat individuel Equipement Activités Propriété de la commune Propriété de la CUB
400m
Parc du Vigean
1. Aperçu furtif sur les prairies de fauche du Château du Taillan 3. Petit bois appartenant au village du château 5. «La vacherie», un bâtiment, une parcelle agricole, une vue à mettre en valeur
1
5
3
85
3.1.2_LES GRANDS DOMAINES
2 Le Parc du Vivier, une multiplicite de limites qui fragmentent l’espace
Le domaine Dulamon était autrefois beaucoup plus étendu. La résidence du même nom 7 fait partie de ces terres qui ont été vendues pour être urbanisées. Elle est aujourd’hui composée de logements collectifs et possède un parc public aux pieds des bâtiments. La «Vacherie» est elle aussi une ancienne propriété du château. Ce petit domaine comprend un bâtiment remarquable et une parcelle enherbée de 8ha. Aujourd’hui propriété de la ville de Blanquefort, elle a pour vocation d’accueillir d’ici peu un agriculteur avec ses vaches. Mais le projet tarde à se mettre en route, alors en attendant, quelques interventions artistiques et événements ponctuels (fête de la nature, raid des maraichers) viennent apporter un peu de vie au lieu durant l’année.
Quels inconvénients? Malgré la transition qu’exercent ces propriétés, elles forment une limite que l’on ne peut pas traverser ou observer. Les vignes renommées du Taillan ne sont visibles d’aucun point de vue. Depuis le chemin qui longe la Jalle, la rypisylve épaisse constitue un rideau opaque n’offrant aucune vue sur le domaine. De surcroit, il n’y a pas d’accès permettant de rejoindre directement le centre bourg de la commune depuis cette digue. La seule possibilité étant d’emprunter la route de Soulac beaucoup moins agréable car très fréquentée par les véhicules. Le petit jardin public caché au coeur du Taillan (Parc du Vivier) 2 et situé à proximité de l’école maternelle, pourrait constituer une accroche intéressante si seulement il était lui même attrayant... Le projet de la commune de Blanquefort quant à l’installation d’un agriculteur sur la Vacherie me semble trop optimiste et décalé par rapport à la réalité du métier. Pour en avoir discuté avec Mr Labegurie, éleveur de bovins sur la vallée
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Friches agricoles à l’arrière du lotissement qui pourrait être valorisées comme une lisière entre l’urbain et l’agricole.
des Jalles, ce projet est trop ambitieux pour être autonome. L’appel d’offre de la commune, mentionne des prairies supplémentaires à disposition, mais elles sont situées dans les marais de Bordeaux à 8km de l’exploitation. Dans le contexte morcellé des Jalles, cette offre me semble trop compliquée pour constituer un projet cohérent et attrayant pour un agriculteur. Enfin, Le Parc de Majolan qui jouxte la Vacherie reste clos sur ses limites Nord. Les connexions possibles ne sont pas mises en oeuvre pour cheminer librement entre ces deux espaces.
La ripisylve le long de la Jalle du Taillan, une limite visuelle qui cache les vignes implantées à l’arrière
Quels objectifs de réconciliation? Les objectifs à mettre en oeuvre sont: • Proposer une gestion agricole alternative et économiquement viable pour la Vacherie • Composer une lisière entre le village du château et les prairies adjacentes • Redessiner le parc du vivier comme accroche vers l’espace agricole • Ouvrir les seuils disponibles entre Majolan et la Vacherie, entre le Taillan et la vallée des Jalles
Le bâtiment remarquable de la Vacherie
5
87
Crédits: Agence Fabriques
3.1.2_LES GRANDS DOMAINES
Paturâge urbain mis en oeuvre au parc de Gerland à Lyon _Agence Fabriques Architecture et Paysage
Exemple de sylvopastoralisme
Vers le projet La vacherie n’est plus ce qu’elle était; elle doit s’affranchir de son passé et de son appellation. Sa petite dimension actuelle demande une agriculture moins gourmande en espace pour que celle-ci soit pérenne. L’exposition favorable du coteau (plein sud), est une opportunité pour développer une production atypique et riche. Sa position stratégique par rapport au Parc de Majolan constitue un point d’accroche légitime pour des événements ponctuels, une vitrine formidable pour mettre en valeur les produits de la vallée des Jalles. Je pense qu’une exploitation sylvo-pastorale pourrait fonctionner ici. La combinaison entre des ovins et un verger, permettrait d’exploiter les potentiels du site et produire des denrées en conséquence. Le parc de la résidence Dulamon, les prairies du lycée st Joseph et celles situé un peu plus à l’Est sur le coteau de Blanquefort, peuvent former un chapelet de prairies urbaines pâturables. Une transhumance estivale peut être envisagée, créant un lien entre tous ces espaces, instaurant le dialogue avec les habitants vivant à proximité. Cette «Vacherie» peut devenir un catalyseur d’énergies et d’initiatives réunissant maraichers, éleveurs, habitants, flâneurs. L’exploitation agricole constituerait la base du projet autour duquel graviterait d’autres programmes tel un lieu d’exposition, un espace de représentation pour des spectacles ou concert. Elle serait résolument tournée vers la vallée maraîchère au travers d’un lieu de vente hebdomadaire par exemple.
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En ce qui concerne les seuils du côté du Taillan, leur ouverture est nécessaire pour que les habitants puissent se rencontrer, et partir à la découverte de la vallée. Stratégiques ils permettent de rejoindre le coeur agricole à partir d’accroches urbaines et cela grâce au réseau continu de cheminements. Le petit Parc du Vivier est une surprise guidant le flâneur vers l’espace agricole en passant par le bois du village et la friche jouxtant le lotissement. Des interventions ponctuelles permettront d’investir cette lisière en créant des ouvertures visuelles et des microaménagements permettant de profiter des lieux (assise, passerelle, rambarde).
ESQUISSE DE LA VACHERIE: TRAVERSER LE SYSTÈME SYLVOPASTORAL
89
3.1.3_LE COTEAU DE BLANQUEFORT
2 4
3
6 1 SINGULARITÉS DE LA SÉQUENCE 01_Parc de Majolan 02_Pairie des Cimbats 03_Lavoir de Canteret
5 04_Point de vue remarquable 05_Forterres de Blanquefort 06_Pairie «cabossée» _Périmètre PPEANP
Quels atouts et potentiels au sein de cette interface? La particularité de cette séquence repose sur cet aller-retour entre l’espace agricole et le tissu urbain. Les avancées et les reculs constituent une frange diversifiée composée d’imbrications propices aux échanges. La présence du bâti collectif offre des respirations spatiales en contact direct avec l’espace agricole.
90
Prairie de fauche
Résidence le Château
Espace fauché 1/an
Domaine des Cimbats
Vignes
02_EXEMPLE D’OSMOSE DÉJÀ PRÉSENTE: La prairie des Cimbats est un espacement entre deux résidences (voir ci dessous). Fauchée une fois l’an par un agriculteur, elle permet à cet espace de rester ouvert tout en assurant un fourrage régulier.
C’est le cas de ce point de vue remarquable 4 situé sur les hauteurs du coteau. Il faut passer la barrière et les portails de la résidence, prendre la rue qui mène au parking en impasse pour embrasser ensuite le large panorama qui s’ouvre sur la vallée. C’est ici et seulement là que l’on peut observer aussi facilement la forteresse de Blanquefort invisible ailleurs. Cette vue surprenante, étonnerait un William Kent ou un Capability Brown par ses arrangements boisés presque inconscients. L’horizon est dessiné par les communes d’Eysines et Bruges, mêlées dans une lisière boisée qui n’existe pas. Un peu plus loin, au pied des immeubles, se déploie une prairie cabossée et plantée d’arbres 6 . Cet un espace plus ou moins délaissé qui permet à la végétation de se développer amplement. En contrebas la Jalle de Canteret coule dans une végétation exubérante qui invite à la rêverie. Les osmoses que j’essaie de faire émerger sont pour certaines déjà là. Elles s’ancrent dans la réalité sous la forme de jardins familiaux ou d’espacements entretenus par des agriculteurs. Entre la résidence des Cimbats et celle du Château, la prairie plantée de quelques arbres est fauchée deux fois l’an par un agriculteur 2 . Cette initiative orchestrée par la mairie de Blanquefort est un prémice des interactions qui pourraient naitre dans la lisière.
OCCUPATIONS ET PROPRIÉTÉS DES SOLS Habitat collectif Habitat individuel Equipement Activités Propriété de la commune
400m
Propriété de la CUB
Quels inconvénients? Depuis le tissu urbain les liaisons sont souvent impossibles et régulièrement hasardeuses. Les morcellements de la trame bâtie oblige à faire des détours, à s’écarter de l’espace agricole au point de l’oublier. Là aussi les seuils sont invisibles ou inacessibles. Les cheminements continus en haut ou en pied de coteau n’existent pas. Les approches et traversées de la Jalles sont complexes ou interdites. Le lavoir en ruine 3 ne permet plus de rentrer en contact direct avec l’eau. A cela s’ajoute qu’il n’y a aucune explication sur la présence de la Forteresse. Ce n’est pas que les informations sont inexistantes, elles ne sont tout simplement pas mises à disposition directement sur le site. (voir note page suivante) Malgré l’osmose existante sur la prairie des Cimbats, la complexité des limites (multiples grillages) et des rapports au bâti nuisent à la cohérence globale du lieu.
Quels objectifs de réconciliation? Le lavoir en ruine
Ce qui manque à cette séquence, c’est une clé de lecture pour découvrir les singularités du coteau. Pour cela il faut: • Créer des cheminements pour relier les potentiels présents • Mettre en valeur le belvédère de Solesse • Réinterpréter le lavoir En ce qui concerne les «osmoses agri-urbaines», voici les objectifs à développer: • Partager la prairie de Solesse entre un agriculteur et les habitants pourrait donner à cet espace une identité particulière • Accorder plus de soins aux limites de la prairie des Cimbats, permettrait de conforter son existence.
3
91
3.1.3_LE COTEAU DE BLANQUEFORT
4 Point de vue disponible mais caché depuis les hauteurs de Blanquefort.
La forteresse 5 , de son côté, doit pouvoir conserver toute son étrangeté et son mystère. C’est ce qui la rend d’autant plus attrayante. L’objectif n’est donc pas de la montrer à tous prix, mais de donner de manière ponctuelle les raisons de sa présence au travers d’une signalétique fine et discrète.
> METTRE EN LUMIÈRE LE BELVÉDÈRE DE SOLESSE Indiquer l’existence du point de vue depuis la rue
Observer le panorama
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Cheminer en haut du coteau
La Forteresse est installée sur un promontoire rocheux. L’origine de son occupation reste encore à floue mais il semblerait que cet emplacement était déjà occupé à l’époque Gallo-Romaine. Il fût durant un longue période, une barrière de péage implantée en amont de Bordeaux. Aujourdh’ui le GAHBLE, association d’archéologue amateurs, entretient le site (les fouilles sont depuis interdites) et réalise des visites sur demande.
RÉFÉRENCES POUR LA PRAIRIE CABOSSÉE ET L’APPROPRIATION QUE L’ON PEUT DÉVELOPPER AVEC LES HABITANTS
> PARTAGER LA PRAIRIE DURANT L’ANNÉE ENTRE AGRICULTEUR ET LES HABITANTS
Constructions bois pour enfants _Jacques Simon
S’approprier les lieux (ateliers avec les habitants...) Repenser les limites (cheminement, barrière, assise...)
Traverser la Jalle
Cabane dans les arbres _Versailles _Tadashi Kawamata
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3.1.3_LE COTEAU DE BLANQUEFORT
RÉFÉRENCES POUR LA MISE EN LUMIÈRE DU POINT DE VUE DE SOLESSE
Assise belvédère dans le parc national de Drentsche _Pays-Bas _Agence Strootman
Pavillon allemand pour l’exposition universelle de Barcelone _Espagne _Ludwig Mies Van Der Rohe
Vers le projet Le belvédère de Solesse et le lavoir de la forteresse doivent devenir des mises en tension. De part leurs formes affirmées, rectangulaires, ces fabriques s’apparentent à l’espace urbain, aux immeubles situés sur le coteau. Comme d’ultimes avancées urbaines vers les Jalles, elles marquent par leur présence les derniers bastions de l’urbanisation. Leur orientation, dévouée à la vallée, impose un agencement des éléments composant de multiples cadrages sur le panorama. Leur architecture est faite pour accueillir le passant, lui donner envie de s’arrêter, de respirer et apprécier l’espace et le temps disponibles. Plus loin la prairie cabossée s’est retrouvée peu à peu investie par les habitants. De nouveaux cheminements sont dessinés chaque années pour pouvoir déambuler parmi la végétation herbacée et arborée. Quelques constructions folles au sol ou dans les arbres permettent aux enfant d’alimenter leur imaginaire du jeu tout en saisissant la consistance de l’espace. Sur les limites de la parcelle, des points névralgiques (assise, escalier, rambarde) émergent pour pouvoir accéder et profiter de cet espace ouvert. En contrebas, à proximité de la Jalle de Canteret, une ouverture dans la masse boisée permet d’apprécier les prairies extensives. Une passerelle offre la possibilité de s’évader et partir à la découverte du marais. A la fin de l’été le troupeau de la Vacherie vient pâturer sur la prairie. C’est l’occasion pour réunir, sous forme de relais, les habitants et l’éleveur autour d’un même espace.
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ESQUISSE DU BELVÉDÈRE DE SOLESSE: UNE TENSION ENTRE L’URBAIN ET L’ESPACE AGRICOLE
95
Zone d’activité
Voie cyclo-pietonne
Av. des quatre ponts
5,1m
3,90m
A
Noue morcellée
Digue
Fossé d’irriguation
Crue centennale
Espace agricole
3.1.4_LA DIGUE DE CAMPILLEAU
3,1m
1 1,5
6,5
3,5
4,7
1,5
4
1,5
8
3
1,5
A’
Coupe AA’ La digue, une limite franche entre l’espace agricole et l’espace urbain
Quels atouts et potentiels au sein de cette interface?
1 2
A
Av.
des
qua
tre p
onts
3
A’
B
5 B’
Rue de Majolan
6
400m SINGULARITÉS DE LA SÉQUENCE 01_Parking de la réserve naturelle 02_Réserve Naturelle de Bruges 03_Voie de chemin de fer 04_Zone d’activité de Campilleau 05_Centre technique voirie de la CUB 06_Déchetterie Périmètre PPEANP Digue
96
e
cad
Ro
4
Cette séquence se caractérise par la présence d’une digue le long de l’avenue des 4 ponts, permettant la retenue des eaux en cas de crue des Jalles. Cette digue, qui monte à environ trois mètres, permet de s’élever par rapport au terrain naturel et d’observer l’étendue de la zone maraîchère située à l’arrière. Il n’y a pas de points de vue lointains spécifiques mais le panorama présent constitue une respiration visuelle plaisante. Un chemin de terre permet d’emprunter le haut de la digue et de circuler à pied ou en vélo sur environ 1,5km. A hauteur du lieu dit « les quatre ponts », existe une brève ouverture sur les prairies humides à joncs. C’est à cet endroit même qu’est implantée l’accroche invitant à découvrir la Réserve Naturelle de Bruges 1 . Une piste cyclable à été implantée en site propre sur le côté de la voie permettant de relier Blanquefort à Bruges.
Quels inconvénients? Si la digue est un avantage pour observer le paysage, elle constitue une barrière visuelle bien présente lorsque l’on circule sur la D210. Le paysage des Jalles reste d’autant plus énigmatique que les accroches entre la digue et la voie cyclable sont extrêmement mal conçues. A cela s’ajoute une noue insipide jouxtant l’avenue des quatre ponts. Quelques arbres tentent de résister, mais l’ensemble tend vers un fossé d’une grande nudité. Plus loin elle disparait pour des raisons obscures, laissant entièrement place au bitume. Sur la partie sud, à proximité des jardins familiaux, les sols semblent avoir perdus toute qualité agronomique. Une lande d’ajonc est en train de se mettre en place. Un peu plus loin c’est un petit bois qui s’est implanté et à proximité c’est une
6,1m
4m
B
Equipement technique de la CUB
Espace résiduel
Rue de Majolan
Espace résiduel
Voie cyclo-pietonne
Digue
Lisière arborée
Crue centennale
Jardins familiaux
7,1m
4,1m
1,5
10
4
4
6,3
6,6
B’
Coupe BB’ Entre les jardins familiaux et le centre technique de la CUB, la route de Majolan mérite de nouveaux accotements
1
L’accroche de la réserve ignore malheureusement une des meilleures entrée vers l’espace maraicher
97
3.1.4_LA DIGUE DE CAMPILLEAU Coteau de Blanquefort
Depuis le haut de la digue, le paysage des Jalles est alors disponible au regard
Terrains dénudés et lande en progression à proximité de la route de majolan
récolte de terre végétale qui est à l’oeuvre. Face au Lycée Charles Péguy, c’est un capharnaüm à l’oeuvre. Les chemins qui mènent à l’espace maraicher situé à l’arrière, repoussent plus qu’ils n’invitent.
Quels objectifs de réconciliation? L’objectif principal consiste à: • Redessiner les abords de l’avenue de Quatre ponts pour lui donner un cadre végétal fort. Déjà présent sur la partie Nord, ce «cadre» nécessite d’être poursuivi jusqu’au niveau du Lycée et même au-delà. • Enrichir et améliorer la noue fait également partie des objectifs. • Apporter une épaisseur sur les terrains dénudés est également une nécessité. Enfin il faut: • Repenser les accroches entre la digue et la voie cyclable pour favoriser les traversées vers la zone maraîchère.
Derrière la digue, le marais cultivé reste insoupçonné depuis l’Avenue des quatres ponts
Vers le Projet J’aimerai donner envie à n’importe qui d’aller sur cette digue et se laisser emporter par le chemin qu’elle propose. Pour cela je pense que la noue située sur le côté de l’Avenue des quatre ponts nécessite une richesse végétale plus grande. Un alignement d’arbres conduit en hauteur accompagnerait la digue et lui donnerait de la légèreté. Leur espacement permettrait une clarté et une visibilité depuis la crête de digue.
98
Enfin tout l’attention doit être portée aux accroches qui relient la piste cyclable et la digue. Ces appels doivent être habilement placés pour inviter le promeneur à s’écarter du chemin choisi initialement et se diriger vers le marais cultivé. Une signalétique discrète permet de comprendre le réseau de chemins disponibles
Zone d’Activité de Campilleau
Chemin de crête de digue
irriguant la basse-vallée. Sur les terres dénudées, des arbres ont été plantés pour former un massif boisé ayant pour objectif de maintenir les sols. La plantation est régulière rappelant la rectitude des plantations maraîchères. L’espacement du boisement offre un certaine clarté qui permet aux habitants, vivant à proximité, de venir se détendre en toute liberté. La diversité des âges du peuplement permet d’assurer la pérennité de l’exploitation du massif. Alignement d’arbres
Signal visuel fort
Escalier ou rampe Espace agricole
RÉFÉRENCES POUR LA DIGUE Franchissement d’une digue à Houten _Pays-bas _agence OKRA
> PRINCIPE D’INTERVENTION SUR LA DIGUE ET LA NOUE
99
3.1.5_LA FAÇADE D’EYSINES 4
entier
3
5
7
ru e
par m
2
1 SINGULARITÉS DE LA SÉQUENCE 01_Eysines centre 02_Petit parc privé 03_Futur projet immobilier
6 04_Jardins ouvriers 05_Station électrique 06_Petit parc du Vigean 07_Lycée professionnel Charles péguy _Périmètre du PPEANP
Pourquoi la «façade d’Eysines»? Cette séquence se nomme ainsi parce qu’elle constitue un front bâti qui s’avance vers l’espace agricole tout en lui tournant le dos. Ce rideau urbain est une accumulation d’opérations immobilières, d’activités et équipements autorisés par la ville avant que ne soit mis en place le Plan de Protection des Espaces Agricoles. (PPEANP)
Quels atouts et potentiels au sein de cette interface?
1. Cette piste cyclable est implantée sur le tracé de l’ancienne voie de chemin de fer
2. Les bulldozers ont commencé les travaux de terrassement depuis Février 2013.A ce jour je n’ai pas pu obtenir les documents du projet approuvé par la commune. Aussi je me permet de proposer une version alternative qui puisse répondre aux enjeux que je soulève depuis le début de ce mémoire.
La proximité de ce front bâti est une opportunité pour ces pavillons d’être en lien direct avec la basse vallée des Jalles. La voie cyclable qui s’immisce dans le tissu urbain1 permet de s’approcher des parcelles cultivées ou enfrichées. Elle constitue un espace tampon plus ou moins intéressant lorsqu’elle passe à l’arrière des jardins privés. Au coeur de cette séquence subsiste encore un creux non urbanisé 3 . Ces parcelles concernées sont indiquées au PLU comme une zone à urbaniser2. Elles constituent selon moi une opportunité formidable pour ancrer un projet participatif lié à la problématique cruciale de l’habitat des maraîchers. L’initiative évoquée au chapitre 1.3 n’est pas une tentative d’associer un corps de métier à une opération immobilière. L’objectif consiste plutôt à offrir une opportunité d’habiter à différentes populations dont des maraîchers. Constitués d’une mixité entre habitats collectifs et individuels, ces opérations urbaines doivent s’inscrire avec finesse au coeur de la lisière. Un peu plus loin, en direction du centre d’Eysines, un petit parc privé fait de la résistance 2 . Son emprise importante pourrait constituer à l’avenir une formidable accroche entre l’espace agricole d’une part et le centre bourg d’autre part.
100
400m
OCCUPATIONS ET PROPRIÉTÉS DES SOLS Habitat collectif Habitat individuel Equipement Activités Propriété de la commune Parc du Vigean
Deux autres accroches existantes pourraient remplir ce rôle d’appel vers l’espace agricole. Il s’agit de la rue Parmentier et du parc du Vigean 7 .
Quels inconvénients? Cette avancée urbaine vers l’espace agricole est en réalité un face à face aveugle ou chaque partie s’ignore. Du côté urbain les pavillons érigent toutes sorte d’apparats (panneaux, haies de thuya, grillages) pour se protéger du vis à vis trop contraignant. Du coté agricole, les terres s’enfrichent pour appeler d’autres opérations immobilières. De manière autonome, une mise à distance s’installe pour éviter un contact direct dérangeant. La cohabitation imposée par le PPEANP ne supprimera pas du jour au lendemain cette situation. D’ailleurs fautil vraiment mettre une fin à cette épaisseur? N’est-elle pas une opportunité pour renouer petit à petit le dialogue entre l’espace urbain et l’espace agricole? Cette réconciliation demande du temps (apprivoisement) et de l’espace (transition). Le principe de lisière exprimé plus haut prend tout son sens ici. La route ou le chemin qui s’immisce entre les deux se réduit généralement à un cordon de bitume aux abords très mal conçus. Celui-ci ne peut constituer une liaison suffisante pour réconcilier les deux parties qui se tournent le dos. Depuis l’intérieur de cette façade urbaine, les axes routiers très fréquentés (Av. de la Pompe et rue de Langlet), sont d’une grande pauvreté en ce qui concerne les espaces publics. La place donnée au piéton et au cycliste est limitée, la part du végétal presque inexistante. A cela s’ajoute une prise en considération des eaux de ruissellement très superficielle, se dirigeant inéluctablement vers l’espace agricole.
101
3.1.5_LA FAÇADE D’EYSINES
Entre espace urbain et espace agricole, les contacts sont d’une grande pauvreté
> OBJECTIFS À METTRE EN OEUVRE POUR LA FAÇADE D’EYSINES Donner une structure végétale forte à la piste cyclable Favoriser les accroches par des liaisons transversales
Proposer un épaisseur relative permettant une transition entre l’espace urbain et l’espace agricole
Piste cyclable Parcelle en friche
Avenue
oc
du Méd
Repenser les espaces publics le long des voies de circulation
102
Une main courante entre une friche et un chemin pieton _Nordbahnof Park, Allemagne _Agence Fugmann Janota
Quels objectifs de réconciliation? La mise en oeuvre du PPEANP répond à la préservation des terres agricoles. Mais elle ne peut répondre seule à l’enjeu d’espacement nécessaire entre les parcelles urbanisées et celles qui sont agricoles. C’est pourquoi je pense qu’il faut • Repenser les espaces publics le long des voies de circulation et leur donner une structure forte et cohérente.
RÉFÉRENCES POUR LA LISIÈRE
> Evolution temporelle et spatiale de la lisière, exemple pour la friche Une proximité qui pousse à se prémunir du vis à vis
Ces lignes peuvent ensuite permettre de • Proposer une épaisseur relative faisant la transition entre l’espace urbain et l’espace agricole.
La friche est déjà là. A l’arrière des jardins de particuliers, elle se développe seule, creuset d’une richesse cachée, ignorée. Elle fait office de transition entre les parcelles cultivées et les parcelles artificialisées.
Etat
Vers le projet
L’accord passé entre l’administration et les propriétaires des terres, permet de conserver la richesse des friches. Le long de la piste cyclable quelques arbres sont plantés pour marquer apuyer la limite de la lisière. Des microaménagements permettent de s’arrêter, comptempler et comprendre ces parcelles en mouvement.
l
actue
La friche à continué d’évoluer. D’une part le stade arboré s’est mis en place, d’autre part, les maraichers ont reconquérit un peu d’espace. La matière résiduelle de la coupe rase à été investit sur les cultures comme paillage (BRF) Quelques arbres d’alignement ont été coupés pour servir de bois d’oeuvre.
ans
ns
+15
+5a
BRF ou Bois Raméal Fragmenté est une technique qui utilise les copeaux de bois comme paillage pour le sol. Elle permet ainsi d’enrichir l’humus du sol et donc de maintenir sa structure. «La friche, en fait, est un état essentiellement dynamique. C’est un mot que l’on ne rencontre pas dans les langues étrangères. Le seul équivalent est terrain abandonné. L’abandon d’un sol à lui-même est en effet, une condition essentielle pour que se déclenche le processus conduisant cette terre, anciennement destinée à une seule espèce, à recevoir progressivement des dizaines et des dizaines d’espèces différentes-dans un ordre connu.» Gilles Clément _Le jardin en Mouvement
Les espaces publics de qualité médiocre ne peuvent pas remplir leur rôle de cohésion (chemin du moulin de Plassan)
0m 10 n
ro
vi
en
Depuis la place de l’Eglise une signalétique indique un chemin menant vers le marais cultivé. Cette accroche guide le promeneur à travers un petit parc récemment acquis par la commune. A son extrémité, un mur en pierre s’ouvre sur une avenue qu’il faut ensuite traverser. En face un nouveau quartier à été créé profitant de part sa position, de vues sur le marais. En arrivant sur la piste cyclable, un alignement d’arbres laisse au regard la possibilité d’observer une friche déjà présente depuis quelques années. Elle fait constitue un espace de transition mouvant, entre l’urbain et l’agricole stables.
Champ de Miscanthus giganteus traversé par des allées piétonnes _Jardins de Dyckfeld, Allemagne _Stephen Lenzen
Plus loin cette friche à été remplacée par une culture de miscanthus offrant une production de biomasse disponible au maraichers qui s’en servent comme paillage. Ces alternances de friches et de cultures forment une épaisseur variable dans le temps. Elles constituent la lisière opérant des liens entre l’urbain et l’agricole tout en instaurant une certaine mise à distance.
103
3.1.6_LA «ZONE» DE CANTINOLLE 1 2 C’
ute Ro u na
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C
ca La de
Aven
3 4
SINGULARITÉS DE LA SÉQUENCE 01_Casse auto Diatan 02_Station d’épuration de la CUB 03_Zone d’activité
u Mé
doc
5
6 04_Futur développement urbain (secteur 50.000 logements) 05_Zone des sources de Cantinolle 06_Future opération immobilière 07_Lycée professionnel Charles péguy _Périmètre du PPEANP
Cette séquence est structurée par l’Avenue du Médoc et la zone commerciale située au lieu dit Cantinolle.
Quels atouts et potentiels au sein de cette interface? Deux espaces vacants sont encore présents au sein de cette interface: 5 & 6 . L’un d’entre eux va être prochainement urbanisé 5 , tandis que le deuxième est une zone classée N au PLU, c’est à dire un espace dit «Naturel» inconstructible. Protégée par un arrêté préfectoral, c’est une zone de captation des eaux pour la CUB. Les restrictions en vigueur définissent un « périmètre immédiat », interdisant tout personne étrangère au service de gestion des eaux (Lyonnaise des eaux) de s’introduire dans la zone protégée. Des grillages de deux mètres marquent la limite du périmètre. Je pense que ce périmètre actuel peut être remis en question au regard du développement futur de la zone de Cantinolle. Cet espace représente 9ha de surface libre, inutilisée. La ligne de Tram D (tangentiel à cet espace) et le futur quartier d’habitat 4 vont venir s’installer dans le périmètre rapproché des Sources. Entre ce développement d’un côté et une protection drastique de l’autre le déséquilibre est important. Plutôt que de renforcer cette protection, je pense qu’un usage alternatif des sols peut être mis en place pour envisager une interaction plus fructueuse. Un peu plus haut, au coeur de la futur ZAC dessinée par Alexandre Chemetoff, une réserve « parc » a été proposée. Est-ce un espace ouvert? fermé? uniquement arboré?. Rien n’indique la destination de cette emprise. Au regard de la zone maraîchère située à proximité j’imagine également une association possible entre des motifs agricoles et le futur quartier d’habitat. L’avenue du Médoc quant à elle présente quelques caractéristiques intéressantes.
104
400m
OCCUPATIONS ET PROPRIÉTÉS DES SOLS Habitat collectif Habitat individuel Equipement Activités Propriété de la CUB
La présence d’arbres combinée à des ouvertures et fermetures sur l’espace agricole participent à la dynamique et la variété de ce linéaire.
Quels inconvénients? Malgré ces quelques atouts il y a plusieurs points qui méritent d’être améliorés. On ne peut pas dire que l’espace public soit particulièrement attrayant. En vérité c’est une route très fréquentée traversant une zone d’activité bricolée 3 . Les espaces latéraux ne sont pas dessinés et ne laissent par conséquent pas de place au piéton, au cycliste, ou à une épaisseur végétale. A cela s’ajoute une gestion des eaux de ruissellement déplorable. Les fossés sont fragmentés, rapidement engorgés d’eau polluée. Cette zone commerciale à la particularité d’être une hybridation hasardeuse entre un habitat parsemé et un bâti industriel morcelé. Cet ensemble orienté vers l’Avenue du Médoc tourne le dos à l’espace agricole caché derrière lui. Le contact qui en résulte ne favorise pas l’espace maraicher qui se trouve dilué dans un fond urbain peu favorable. Cette zone d’activité est au coeur des tensions les plus vives concernant la vallée maraîchère. Elle matérialise, au même titre que la façade d’Eysines, tous les enjeux de spéculations foncières des périphéries de ville. Les protections misent en oeuvre par le Conseil Général (PPEANP) associé au périmètre de la future ZAC, définie par A. Chemetoff, inscrivent cet espace dans un équilibre précaire. La ville d’Eysines qui à permi cet urbanisme chaotique pendant plusieurs années, revient aujourd’hui sur sa décision, provoquant ainsi la colère des propriétaires concernés. Faire table rase de ces parcelles occupées serait jeter un pavé dans une mare déjà trop remuée. Les implantations sont là, il faut concevoir l’avenir de la zone avec leur présence. La stratégie consiste à rétablir une lisière arborée avec l’espace maraicher situé à l’arrière, plutôt que de rapporter au coeur de cette zone, des parcelles cultivées à tous prix.
5
Prairie barricadée des Sources de Cantinolle
105
3.1.6_LA «ZONE» DE CANTINOLLE Supermarché et parking
La zone d’activité de Cantinolle, une hybridation hasardeuse entre habitat individuel et bâti industriel
A proximité est implantée la station d’épuration 2 . Un projet de lagunage associé au traitement classique des eaux usées, a été évoqué pour restituer une eau de meilleure qualité. Le projet n’a pas encore trouvé sa forme et son emplacement précis car le service des eaux travaille sur la faisabilité du projet. Un peu plus loin, à la défluence des Jalles, est installée la casse automobile Diatan 1 . Cet espace fortement pollué doit quitter les lieux au cours de l’année 2013, une occasion offerte pour retrouver un contact plus propice avec l’eau. Enfin il y a l’Avenue de Soulac qui constitue un axe routier fortement emprunté par les véhicules qui descendent du Médoc pour entrer dans l’Agglomération Bordelaise. C’est une barrière difficile à franchir pour les piétons et cyclistes qui souhaitent se rendre vers l’Ouest, vers le Déhès.
Quels objectifs de réconciliation? L’avenue du Médoc et ses abords chaotiques
Les objectifs de cette séquence peuvent se résumer ainsi: • Favoriser les usages agricoles au niveau des sources de Cantinolle et du futur quartier d’habitat de Carès • Redessiner les abords des voies et prendre en compte les eaux de ruissellement • Mettre en place une lisière à l’arrière de la zone d’activité • Se réaproprier la défluence des Jalles (berges et surfaces polluées) • Créer une liaison propice vers le Déhès
106
Avenue du Médoc
Chemin de terre
Accotement enherbé
1.5 1
9
2
6
Fossé
Trottoir
Espace enherbé
2
Activité commerciale
Coupe CC’ L’espace public, minéral se résume à la voie routière
2.5
RÉFÉRENCES POUR LA LISIÈRE
> PENSER LA RELATION ENTRE L’ESPACE MARAICHER ET LA ZONE D’ACTIVITÉ
Bosquets pour une le parc A10 _Blois _Michel Boulcourt
Concevoir de véritables espaces publics le long des voies de circulation
Mettre en place une lisière à l’arrière de la zone d’activité
Parcelles maraîchères Zone d’activité
Motifs arborés _Park Riem, Allemagne _Agence Latitude Nord (Gilles Vexlard)
107
3.1.6_LA «ZONE» DE CANTINOLLE
Axonométrie de la ZAC de Cantinolle dessinée par A.Chemetoff
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• Laisser place à un usage agricole Proposer un usage agricole en lieu et place d’une simple prairie barricadée
Reconsidérer le périmètre de protection au regard du futur développement urbain
5 ha disponibles 9 ha de protection immédiate
Avenue du M
édoc
Futures parcelles urbanisées
Créer une liaison vers le marais cultivé
Profiter du passage du tram pour mettre en place un lieu attractif lié au marais cultivé
• Composer l’urbanisation avec des motifs agricoles Marquer les seuils Traverser les parcelles cultivées Profiter de la proximité du motif agricole
109
3.1.6_LA «ZONE» DE CANTINOLLE
Vers le projet
Depuis que le périmètre immédiat des sources à été remis en question vis à vis du développement urbain, la surface disponible à été mise en culture maraîchère. La couveuse agricole de Blanquefort à trouvé ici un point d’ancrage intéressant pour former des agriculteurs au métier et les laisser ensuite prendre leur aises dans le marais cultivé. A proximité de l’avenue du Taillan-Médoc, la maison du marais cultivé à été créée pour accueillir du public et proposer des animations autour de la vallée maraîchère, sa géomorphologie, son histoire, son agriculture, ses pratiques… L’ouverture de la parcelle des Sources permet aux visiteurs de déambuler librement et aller à la rencontre des maraichers en formation. Un cheminement permet de partir ensuite vers la vallée maraîchère et découvrir sa constitution véritable. De son côté l’avenue du Médoc à été remaniée. Ses abords sont constitué d’une noue planté d’arbres et de végétaux filtrant les eaux de ruissellement. Les fossés de la zone maraîchère sont ainsi préservés de toute pollution. Ce principe se poursuit jusque dans la zone d’activité de Cantinolle devenue alors parc relais et terminus du Tram. Un massif boisé à été créé entre la zone d’activité et la Jalle d’Eysines pour contenir le développement urbain et préserver les parcelles maraîchères. La casse auto Diatan à laissé place à une friche domestiquée et jardinée. Certaines parties de la parcelle sont accessibles au public et permettent de déambuler parmi la végétation exubérante. D’autres restent closes pour laisser la reconquête végétale prendre ses aises. L’observation et la compréhension de son évolution est d’autant plus intéressante que personne ne peut y accéder. Du côté de la Jalle une intervention permet retrouver le contact de l’eau oublié par la présence de cette industrie inappropriée aux lieux.
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Enfin la défluence des Jalles invitera les promeneurs à se descendre vers la vallée maraîchère à l’Est ou de remonter vers le Déhès à l’Ouest.
Reconquête végétale sur une piste d’aterrissage _Frankfurt airfield Bonames _Agence GTL
Tracé dans un roncier _Lycée Jules Rieffel, st Herblain _Gilles Clément et les élèves du lycée
RÉFÉRENCES POUR LA FRICHE DE LA CASSE AUTO
> LES SOURCES DE CANTINOLLE: LES RACINES DU MARAÎCHAGE EXPLIQUÉES, UN DÉPART POUR LE MARAIS CULTIVÉ
Alignement d’arbres devant la station de pompage
Cheminement menant au marais cultivé Serres Espace libre
Parcelles maraîchères
111
Crédits :biovallée.fr
3.2_SYNERGIES
Plantukes en attente de repiquage
Vers des circuits courts d’approvisionnement Développer les synergies au sein de la vallée maraîchère part du constat que les maraichers ont en commun des nécessités similaires. Les matières liées à cette activité agricole, (petits plants, engrais, paillage plastique) proviennent de lieux situés en dehors de l’agglomération Bordelaise. Par exemple, il n’y a aucun producteur de petit plants, de semencier qui puisse fournir la matière première aux maraichers. Ils sont une trentaine à acheter cette matière en Dordogne ou dans le Lot et Garonne... Quant aux déchets (résidus de culture, paillage, ficelles, cageots) restent le plus souvent sur place, en vrac, ne donnant pas une image favorable des exploitations maraîchères. Il faut dire que la déchèterie située sur Bruges n’accepte pas facilement les déchets des maraichers car les containers sont trop vite remplis. Les résidus de culture et les invendus sont entassés dans un coin et retournent peu souvent à la terre. Et puis il y a ces peupliers appartenant à la CUB. Ces plantations qui n’ont rien de naturel sont pourtant classées au PLU comme des boisements intouchables. Cette matière qui pourrait être exploitée est en train de disparaitre sous prétexte qu’il faut protéger ce qui est «vert».
112
Plus que la responsabilité de ces situations, c’est un nouveau souffle, un système alternatif qu’il faut engager. De même que sont mis en place des circuits courts de vente, de même il est possible de penser à des circuits d’approvisionnements et de rejets de proximité. Par exemple, les résidus de culture pourraient être collectés et associés aux déchets verts de la ville et constituer un compost pour les cultures suivantes. A ce circuit pourrait s’ajouter le fumier issu de l’activité des bovins pâturant sur la vallée.
Résidus de culture, déchets variés s’accumulent sur les parcelles car les maraichers non pas de lieu défini pour leur élimination
Pour ce qui est des peupleraies et autres arbres d’alignement, leur exploitation pourrait être faite sur la zone d’activité de Cantinolle. La matière obtenue pourrait servir à fabriquer des cageots ou être revendue aux commerces adjacents (Point P et Dispano). En ce qui concerne le paillage plastique, une autre alternative existe. Phillipe Sournac (maraicher) utilise du carton en rouleau qu’il étale sur ces planches de culture. Il obtient les même propriétés que le plastique tout en préservant la qualité du sol. L’usine de carton située à Saint-médard (CartoMédoc) en Jalles pourrait participer au circuit d’approvisionnement. On peut également imaginer d’autres paillages possibles, tel les coupes de friches broyées (BRF), ou les productions de biomasse développées au sein de la lisière (Miscanthus gisantes broyé). Enfin pour ce qui est de l’approvisionnement des petits plants, on peut envisager l’implantation d’une pépinière sur la vallée des Jalles. Elle fournirait les maraichers en plants de culture, en semences, ou en baliveaux pour des arbres d’alignement ou pour la sylviculture.
Ancienne peupleraie abandonnée et appartenant à la CUB
Vers des circuits de vente ultra-courts Comme expliqué au chapitre… les circuits courts occupent 15% de part de marché pour la vente des légumes. Cela comprend à la fois la vente aux AMAP et la vente à la ferme. La vente pour la restauration collective ne semble pas être très bien développée. Le collège Dupaty (Blanquefort) et le lycée privé St Joseph (Blanquefort) s’approvisionnent auprès d’entreprises privés tandis que le lycée Professionnel Charles Peguy achète des produits frais à un maraicher d’Eysines. La zone
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Crédits: Bauchplan
3.2_SYNERGIES
Le «tram alimentaire» proposé par Bauchplan pour Munich-Freiham
maraîchère à, disons la chance d’être entourée par des structures collectives proches qui sont autant de potentiels pour vendre les légumes (maternelle, école élémentaire, maison de convalescence, polyclinique…). Il suffirait d’un élan de la part des pouvoirs publics pour que soient débloqués les rouages d’un système aujourd’hui détaché du contexte local. Mais il n’y a pas que les équipements collectifs qui peuvent constituer un marché potentiel. Les zones d’activités accueillent beaucoup de personnes et peuvent devenir des lieux stratégiques pour vendre les produits de la vallée. Enfin la venue du tramway sur Cantinolle pourrait être un atout supplémentaire pour la vente en direct. Le projet visionnaire de Bauchplan pour Munich Freiham a développé l’idée en 2009 qu’un «tram alimentaire» peut également «livrer en ville les produits frais en provenance des zones de production urbaine». Alors pourquoi ne pas imaginer la même chose pour la vallée maraîchère des Jalles? Un arrêt à hauteur des sources de Cantinolle serait idéal pour remplir cette possibilité.
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• Favoriser les synergies économiques
Besoins
Déchets
Exploitation maraîchère
Centre de compostage
Compost
Déchets verts Plantules/ graines
Pépinière
Cageots/ palettes
Scierie
Usine à carton Couverture de sol
Centre de recyclage
Fumure animale
Déchets divers
Boisements plantés
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3.3_SYNTHÈSE DES OBJECTIFS DE LA LISIÈRE
A
1_ Favoriser la découverte et le parcours au sein du marais cultivé
> Mettre en valeur la richesse de la basse vallée ( Maison du marais cultivé A )
> Conforter les accroches vers les Jalles
> Créer et réveler les points de vue sur la vallée
> Offrir une meilleure lisibilité des parcours (signalétique)
Parc existant
> Ouvrir et hierarchiser les seuils > Créer un réseau de chemins continus
Ouvrir
Hiérarchiser
Principaux
Secondaires
Réveler
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Parc à créer
Créer
2_Améliorer les interfaces entre l’urbain et l’agricole
3_Encourager les dynamiques de la lisière
> Redessiner les abords des voies
Appuyer
> Proposer une épaisseur entre l’urbain et l’agricole
Epaissir
> Mettre en oeuvre des osmoses agri-urbaines
Osmoses agri-urbaine
> Prendre en compte la réalité de la vallée dans les projets urbains
> Mettre en oeuvre un circuit ultra-court de vente > Favoriser les synergies économiques
Activité économique
> Soutenir la formation agricole
Couveuse
Restauration collective
Point de vente
Urbanisation contextuelle
117
3.4_SCHÉMA DIRECTEUR Points
1 2
Point de vue
Passerelle
Microaménagement
Point de vente
Restauration collective
Lieu culturel
Scierie Pépinière
3
Centre de recyclage
4
Centre de compostage
Vers le
Lignes
Déhès
Cheminements Alignements d’arbres Noue filtrante
Surfaces
1 Surface agricole Plantation arborée Friche ou culture de biomasse Accroche jardinée Surface à urbaniser
118
2
Vers la rĂŠserve naturelle de Bruges
4
3
119
120
Conclusion Réconcilier l’espace urbain et l’espace agricole peut paraitre présomptueux. Les contradictions sont tellement fortes qu’elles permettent d’envisager difficilement des relations sereines. Ces espaces suivent des rythmes opposés, produisant des interactions souvent hasardeuses. La limite qui les sépare est une occasion pour le paysagiste de poser un regard attentif sur le contexte et les lieux concernés. Cette approche sensible m’a permis de faire émerger une ligne directrice pour réunir toutes les singularités qui compose ce territoire. L’analyse de la lisière a demandé une mesure précise des avantages et des inconvénients pour tenter de trouver un équilibre favorable entre l’urbain et l’agricole. L’aboutissement de ce diagnostic met en lumière les objectifs nécessaires pour s’approcher d’un dialogue nouveau. Mais cette balance recherchée n’est pas absolue. Elle repose sur des situations spécifiques, un temps donné, des usages en mouvement. Pourtant quelques points sont avérés. La pérennité de la vallée maraîchère ne peut s’inscrire uniquement au travers d’une mise sous cloche. Elle doit pouvoir être découverte et arpentée par tous ceux qui le désirent. Le morcellement des espaces imposé par la périphérie Bordelaise doit trouver une fin. Il est temps d’instaurer une épaisseur pour temporiser l’avancée urbaine inéluctable et favoriser les échanges. Enfin puisqu’il ne peut y avoir de vie sans mouvement, la vallée doit trouver des associations avec l’espace urbain, des synergies favorables pour une logique différente. Les orientations de projet que j’ai développées dans la troisième partie restent encore à définir. Elles feront l’objet de mon prochain travail qui présentera plus précisément la forme des ces osmoses fertiles. Février 2013
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Vidéos
-DEPARDON Raymond, Profils Paysans, 2001, 2005, 2008 -IMBERT Henri-François, Sur la plage de Belfast, 1996 -IMBERT Henri-François, No pasaran, album souvenir, 2003 -VAN DER KEUKEN Johan, To Sang Fotostudio, 1997 -HUGUIER Françoise, Kommunalka, 2009 -GONZALEZ-FOERSTER Dominique, Parc Central, 1998-2003
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Remerciemments
L’aboutissement de ce mémoire n’aurai pas eu lieu sans le concours des personnes qui m’ont accordé de leur temps, soutenu et encouragé tout au long de ce travail. Merci: à mes professeurs encadrants: Anne-Sophie Verriest Fenneteaux et Christophe Le Toquin, à Alain De Framond, responsable des Espaces Naturels et Agricoles de la CUB, à Stéphanie Privat, Ingénieur chargée d’étude pour le PPEANP à la Direction de l’Aménagement et du Territoire, à Joel Eoche, directeur du SIJALAG, à Yves Suffran, animateur Natura 2000, dir. de la nature, CUB à Rémi Janin, Ingénieur Paysagiste et fondateur de l’agence Fabriques Architecture et Paysages, à Stéphane Duprat, Paysagiste DPLG et fondateur du collectif Alpage, aux maraichers qui ont accepté de me recevoir et répondu sympathiquement à mes questions, Pierre Gratadour, Philippe Sournac, Nicolas Capeyron, Christian Cessateur, à Laurent Labegurie, éleveur bovin sur la vallée maraîchère, à Laetitia Araguas, animatrice départementale pour le relais AMAP Gironde, à Frank Meymerit, responsable du FR CIVAM Aquitaine et de la couveuse agricole de Blanquefort à Antoine Kokou du lycée privé St Joseph, à Michel Cognie, de l’Association Connsaissance d’Eysines, à Lucien Gontaud de l’association mémoire de Bruges. Merci à ma famille pour son soutient lumineux, à Noémie pour son attention et ses encouragements à Florence et Gérard pour les relectures et corrections d’orthographe, à Billy et Davy pour leurs écoutes et regards affutés.
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Imaginer des osmoses fertiles ou comment réconcilier l’espace urbain et l’espace agricole? Les villes d’aujourd’hui se font les porte-paroles d’une “Nature en Ville”; chose étrange que d’imaginer de la nature dans un milieu totalement anthropisé, domestiqué... Les villes de demain tendent vers un système urbain plus «vert» ou «écologique», vers une «Nature» en somme jardinée. Mais qu’en est-il de cet entre-deux qu’est l’agriculture urbaine? A cinq kilomètres des futurs grands projets de la ville de Bordeaux (le Lac, les Aubiers, Ravezies) se trouve une enclave agricole: les Jalles. Comme un jardin ouvrier que l’on voudrait protéger des regards, la zone maraîchère située au Nord-Ouest de l’agglomération ne se laisse pas approcher si facilement. Entre frôlements ou traversées franches, la demi-mesure n’existe pas et déambuler à travers champs est difficile. Depuis plusieurs années, la production agricole est en déclin. La pression foncière pousse à la spéculation et de nombreuses parcelles se retrouvent à l’abandon, ponctuées de maisons défraîchies ou de tracteurs aux peintures écaillées. Pour répondre à ces symptômes, le Conseil Général de la Gironde élabore un document d’urbanisme afin de protéger cette zone agricole et dynamiser son activité. Mais est-ce suffisant de constituer un périmètre pour mettre en lumière cet espace aux enjeux multiples? Et si d’une lumière il faut l’éclairer, de quelle manière cela peut-il se faire? L’opposition ville/campagne doit être avortée car elle n’a plus lieu d’être lorsque le territoire devient métropolitain. La proximité de l’urbain impose de réflechir aux interactions existantes avec l’espace agricole. Considérer cette épaisseur, cette «lisière», devient une opportunité pour réunir des lieux que tout oppose aujourd’hui. Si une reconciliation doit avoir lieu, comment la mettre en oeuvre, quelles formes cela prend-t-il, quelles synergies sont développées, quels espaces sont concernés?
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Servitude d’inondabilité Périmètre PPRI
Espaces naturels protégés Réserve naturelle de Bruges Zone Natura 2000 (SIC) Zone ZNIEFF
Espaces agricoles protégés Périmètre du parc intercommunal Périmètre du PPEANP