Le Pays de l'infini

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Guillaume BESNIER 4A- ENSNP

Avril-Mai 2012 Pays-Bas

LE PAYS DE L’INFINI stage chez OKRA Landschapsarchitecten bv volet 1





TABLE

Introduction

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1_ Le pays de l’infini

Habiter.............................................................................................................10 Vivre.................................................................................................................12 Découvrir 1ère partie....................................................................................16 Découvrir 2ème partie.................................................................................20

2_Coeur du stage

L’agence..........................................................................................................28 Trois projets de l’agence.............................................................................34 Ma contribution.............................................................................................40

Conclusion 47 Annexes 49

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Hier la Roumanie...

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...aujourd’hui les Pays-Bas

INTRODUCTION Je ne suis pas de la ville. Mon enfance, je l’ai vécu dans un petit village, banlieue lointaine de Nantes et de Rennes, un entre deux défini par une campagne agricole, boisée, mystérieuse. La ville fût longtemps pour moi un conglomérat inconnu à découvrir, magnet attisant ma curiosité. Pourtant, aujourd’hui, la ville ne m’est pas étrangère, Blois, Angoulême, Bordeaux, Paris font partie de celles qui ont accueilli des instants de ma vie. Alors à quoi bon faire d’autres conquêtes? Je pourrai me satisfaire de ces découvertes?!... Malgré tout j’ai le sentiment qu’il y a encore tant à découvrir et à apprendre. Faire un stage chez OKRA, c’était tout d’abord pour moi, assouvir une curiosité envers un pays (la Hollande) et une ville dont rien ne me raccroche (Utrecht). Et puis je crois qu’il me fallait agrémenter mon expérience de “l’agence de paysage.” L’année dernière je me trouvais au même moment en Roumanie, confronté à des situations et problématiques toutes autres. Aller à la rencontre des Pays-bas, c’est pour moi ajouter du contraste dans mon parcours, provoquer l’inconnu, tenter de faire mien ce qui n’est pas inné.

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1-Le Pays


PARTIE

de L’infini 1-Le Pays de L’infini 9


HABITER J’ai pris le bus à la station Utrecht Centraal comme si je l’avais pris à la gare Saint-Jean à Bordeaux. Cela me semblait presque naturel. “Vous m’avertissez lorsque nous arrivons à l’arrêt Kastelenplantsoen ?”... ...le chauffeur acquiesce. Je descends et attends l’heure de mon rendez-vous, je dois trouver aujourd’hui mon logement pour les deux prochains mois. C’est un quartier d’habitat situé à l’extrémité sud de la ville, un quartier dont je vais arpenter les différentes rues, les cours intérieures, les canaux, durant les prochains jours, les prochaines semaines… Il aura suffit d’un quart d’heure pour obtenir les clefs de ma chambre. Etrange sensation que de se retrouver propulsé dans un lieu dont on ne connait rien, dont il faut apprendre à décrypter les codes, les usages sousjacents. Une chambre de 6m2 pour aller à la rencontre d’un pays. C’est une maison construite dans les années 30, de briques et de bois, au dessin industriel et pourtant raffiné. Cette maison orientée sur la rue Juliana (julianaweg) fait partie d’un ensemble édifié initialement pour accueillir des travailleurs. A ceux-là on proposait une habitation à proximité des usines, égrenées le long du Vaartsche Rijn, canal qui reliait Amsterdam à l’Europe, à la mer du Nord. Une voie d’eau extrêmement utilisée, urbanisée par endroits, sous forme de villages. Mais le faubourg ouvrier d’autrefois n’existe plus. Appelé le vieux Hoograven, il est aujourd’hui une extension de la ville d’Utrecht, tentaculaire comme toutes les autres. D’aucuns pourront qualifier la forme urbaine “socialisante” voir “industrielle” de ces maisons installées les unes à côtés des autres; c’est vrai, mais personnellement j’y trouve un certain cachet. Peut-être est-ce dû à son vécu, à sa patine?… Les rues à sens unique s’organisent autour d’un terre plein central, minimaliste puisque enherbé et planté de tilleuls. Rien d’attrayant au premier abord, mais une largeur conséquente qui permet à chacun, de part et d’autre de cet espace public, de trouver l’intimité qu’il désire. Un espace

Ci-dessus: Differentes manieres de s’approrpier au travers du jardin l’espace public, simple bande ou parterre plus imposant Ci-contre: Le nouveau Hoograven, plus cubique mais tentant de conserver les traits majeurs du style du vieux Hoograven

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LE PAYS DE L’INFINI / Habiter

Oud Hoograven et son architecture caracteristique des annees 30, grandes baies vitrees, avancee de la facade vers la rue. Au premier plan le terre plein central, minimaliste.

partagé par les enfants tout d’abord, les parents ensuite, qui sous forme d’association, investissent ce morceau terre pour planter des rosiers, organiser une fête des voisins, ou tout simplement pour se réunir lors des fêtes nationales. Espace au premier abord naïf, mais libre d’usages, de contraintes, se révélant simple et riche d’évolutions, de transformations. Voir et être vu… ou pas. Les Hollandais ont une sensibilité singulière dans leur rapport à la rue. Les grandes baies vitrées laissent souvent entrevoir et même voir le salon dans toute sa longueur, le jardin en toile de fond quand les cloisons internes ont été enlevées. Les rideaux sont rares, les volets inexistants, quelques stores, des plantes entre les pavés. A la tombée de la nuit, les lumières arrondies et douces mettent en scènes les personnages. Ce sont alors de véritables tableaux que je découvre avec sourire. Cette désinvolture de la baie vitrée est peut-être un moyen de voir si les enfants sont toujours là à jouer?... Mais quand les voitures restent garées contre le trottoir, je crois plus à la mise en scène d’une catégorie sociale qui revendique son capital. D’ailleurs en m’éloignant un peu de mon quartier, (j’entends par là de la même opération immobilière), je me rends compte de la frontière invisible tendue avec celui d’à-côté. Esthétiquement la transition est agréable, les matériaux sont similaires, les teintes se transforment, l’architecture se fait plus cubique. Les usages de l’immobilier nuancent l’image du quartier. Sur Julianaweg: des couples ayant la quarantaine, Hollandais d’origine, jeunes enfants, propriétaires pour la plupart. Dans le nouveaux Hoograven: des couples issus de l’immigration, ayants de jeunes enfants, locataires... Je ne cherche pas à stigmatiser des catégories socioprofessionnelles, ou des populations, mais bien plutôt mettre l’accent sur cet étonnant espacement des populations par l’immobilier. Peut-être que cette remarque ne vaut pas pour toute la Hollande mais il est certain que la pression démographique pèse sur les orientations que prennent les quartiers. A cela s’ajoute l’existence des corporations d’habitats qui jouent un rôle dans la sectorisation des projets immobiliers. (cf: article en annexe “planifier l’espace batave”) Alors qu’en France ces distinctions se révèlent différement (maisons individuelles, grands ensembles…), la recherche d’une densité de la ville au PaysBas rapproche les habitants, sans pour autant faire de la mixité.

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Ci-contre: photo aérienne d’Utrecht source: Google maps

01. Centre ville d’Utrecht 02.Amsterdam Rijnkanaal 03. Leidsche Rijn 04. Quartier Hoograven

Oç.

villes alentours 05. Nieuwegein 06. Houten 07. Zeist 08. Bithoven 09. Maarsen

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O1.

Ci-dessous: Le “Dom” symbole incontesté de la ville

O7. O3.

O4.

O5. 1km

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3km

5km

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LE PAYS DE L’INFINI / Vivre

Ci-dessus: Le canal Oudegracht et ses arbres uniques

VIVRE

Ci-dessous: Dessin du même canal

Utrecht: un village... 300 000 personnes, ça commence à faire un bon village… J’assume pourtant cette dénomination même si elle ne s’attache pas à une observation rationnelle. Par village j’exprime le sentiment intense qui lie le coeur de la ville à la campagne. Pourtant cette dernière n’est pas toute proche et s’est vu largement transformée par l’homme. Non c’est autre chose… Comme une “nature apprivoisée”, non pas jardinée car les herbes folles sont trop nombreuses, plutôt une folie acceptée… du Tiers Paysage alors? peutêtre… Il semble que l’on ait choisi d’accueillir une part de nature dans la ville, tout en ayant compris qu’il ne fallait pas être trop rigide avec elle. Les canaux accrochés aux Rhin se faufilent dans Utrecht apportant leur lot de nature et surtout d’évasion: ils nous parlent des zones humides, des marais, des lacs, des autres grandes villes … Le principal d’entre eux, l’Oudegracht, témoigne d’une certaine désinvolture qui n’est pas sans constituer le charme de la ville. La singularité des canaux réside dans la différence de hauteur qu’ils entretiennent avec les rues, 3 à 4m séparent l’eau des façades. Les canaux sont comme les briques qui les composent, cabossés et vivants. Une note sauvage ressentie grâce aux arbres tordus, au pavement ondulé, à la jungle des vélos… Enfin cette impression de “village” est sans doute influencée par la prégnance d’un monde médiéval hier encore glorieux. En effet Utrecht fût durant plusieurs siècles le siège de la foi chrétienne dans tous les Pays-Bas. Les nombreuses églises et chapelles implantées dans le tissu urbain témoignent de cette époque révolue.

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Utrecht: la ville moderne... Mer du Nord

Elle s’apparente à Nantes en terme de population, faisant partie d’une large conurbation (Randstad Holland) associant Amsterdam, Rotterdam et La Haye (7,5 M d’habitants). Une ville qui se trouve à la croisée du réseau ferroviaire national, voyant passer 65M de voyageurs chaque année. Le quartier de la gare est d’ailleurs en plein boom et accueillera d’ici à quelques années de nombreux bureaux, zones commerciales, et zones de loisirs.

Amsterdam

La Haye

Rotterdam

La Conurbation de Randstad Holland source: wikipedia Zones urbanisées Forêt et dunes Zones agricoles Rivières et lacs Réseau ferré Autoroutes

Principe d’organisation d’Utrecht Canaux Centre ville ancien Gare Université Dévelopement de la ville

Ci-contre: Péniches sur l’Amsterdam Rijnkanaal

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Utrecht

Oui, Utrecht c’est aussi la ville moderne occidentale, basée principalement sur des activités tertiaires, sectorisée et définie par les accès. Son développement est excentré, dirigé vers le nord ouest, le long de l’autoroute et du canal, en direction d’Amsterdam. Comme un axe Ouest/Est, l’université s’y trouve à l’autre extrémité. Je soupçonne la ligne d’eau néerlandaise de faire partie de ce déséquilibre (cf explication p38). Toujours est-il que cette université participe activement à la renommée de la ville, elle est une des plus prestigieuses dans toute l’Europe accueillant 30 000 étudiants (20% de la population). A cette expansion, la ville voit fleurir un quartier tout neuf sur des terres agricoles: le Leidsche Rijn. Elle se targue d’y installer des habitations respectueuses de l’environnement, de l’histoire, et écologiquement viables. Mais mon expérience de cette zone de conquête est remplie de doutes et m’étonne. Alors que je pensais les Hollandais conservateurs vis à vis de leur terres, ce projet semble démontrer le contraire. Ici sont implantées principalement des habitations, un peu plus loin une zone commerciale. En somme une ville nouvelle à la place de fermes, lieu de vie “tranquille” mais qui n’invite pas vraiment à s’arrêter. Pourtant cela n’a rien avoir avec les zones pavillonnaires à la française, ici la densité est contrôlée, la majorité des maisons sont mitoyennes. Mais l’espace public est là aussi laissé pour compte… Pourtant quelques moutons pâturent sur une prairie entre deux rangées d’habitats modernes… Peut-être est-ce ici même que se trouve l’essence d’Utrecht, dans cette association improbable, ce contraste inattendu du traditionnel et de la technologie?...


LE PAYS DE L’INFINI / Vivre

Ci-contre: Le quartier de la gare en plein développement Ci-dessous & Pied de page: Promiscuité de la campagne et du renouveau de la ville, quartier Leidsche Rijn

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DECOUVRIR

1ère partie

Netherland Pays-Bas Paysage bas? Paysage sous la mer? Paysage issu de la mer... Tenter de définir l’identité propre du sol néerlandais c’est souligner la singularite d’une relation mouvante entre l’eau et la terre... _03

_01

Omnipresence _02

Les Pays-Bas se situent sur une immense convergence entre la mer et trois fleuves européens que sont: le Rhin, la Meuse, et l’Escaut. Une configuration unique qui peut être rapprochée avec la situation du delta du Danube ou encore à moindre échelle avec celui du Rhône. Mais là où ces fleuves rencontrent des eaux calmes (Méditerrannée, Mer Rouge), le delta des Pays-Bas fait face à la mer du Nord: capricieuse. Un pays fait de l’écoulement lent des fleuves et des rivières, rythmé par les aléas violents de l’entité marine. De cette platitude on distingue pourtant des nuances de couleurs, de végétations, et de sols.

Plateau calcaire 321m d’altitude, voilà le point culminant des pays-bas. Situé au Sud Est du pays, dans cette anse que forment les frontières de l’Allemagne et de la Belgigue, ce plateau résulte de la présence de la mer ayant déposé ces alluvions au Crétacé il y a 65millions d’années.

Ci-dessus: Confleunce de trois fleuves: _01 l’Escaut - 355km _02 la Meuse - 950km _03 le Rhin - 1233km Ci-contre: Arènes sableuse, témoignage des glaciers: région d’Utrecht source: voir livre Canon

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LE PAYS DE L’INFINI / Découvrir 1

Polders Terres immergées Polders du 14eme au 18ème siecle Polders du 19eme à nos jours

Sols Loess et calcaire Sable Argiles Tourbes

Relief >20m 20> H >5m 5m> H Mer> H

Paysages

l’Escaut le Rhin

la Meuse

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Ça et là on retrouve quelques affleurements rocheux issus de l’ancien massif ardennais belge.

Ci-dessous: Dune de sable sur l’île Texel (Nord-Ouest) source: livre Canon

Pied de page: Près de Kampen, la rivière Ijssel en direction de l’Ijsselmeer (Centre-Est)

Les zones sableuses Elles occupent 43% du territoire et se répartissent principalement au Sud et à l’Est du Pays. Sur les terres non défrichées, c’est la lande à bruyère qui se développe, les genêts et ajoncs l’accompagnent.

source: id.

Au centre du pays dans la région d’Utrecht on trouve des collines (Utrechtse Heulverug) témoignant des glaciers scandinaves qui recouvraient le pays au quaternaire. Se sont alors formées des moraines aux dimensions gigantesques, ayant pu détourner vers l’ouest le cours du Rhin et de la Meuse. Au Nord du pays subsistent quelques marécages et des lacs qui n’ont pas été asséché par les hommes en raison de leur fond sableux et peu fertile.

Les alluvions Le réchauffement de la terre à l’holocène (-8000ans) à entrainé la montée du niveau de la mer et par conséquent la création de nouveaux paysages. Du fait d’un dénivelé extrêmement faible, l’estran est immense et décomposé en de multiples milieux écologiques. On distingue ainsi deux systèmes majeurs: le slikke et le shore. Ces appellations étranges ne le sont pas pour les néerlandais puisque nous leur avons emprunté ces mots pour définir les terres que la mer recouvre deux fois par jour (slikke) et celles qui sont recouvertes lors des plus grandes crues (shore). Chaque milieu reçoit ses alluvions marines (argiles, sables, coquillages,) mais se comporte différemment. En parallèle de ces phénomènes, furent créés par la conjugaison des vents, des tempêtes et des végétaux fixateurs: les dunes de sables (strandwallen).

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LE PAYS DE L’INFINI / Découvrir 1 De même que pour le slikke et le shore on distingue des nuances entre les dunes, de part leur végétation mais aussi grâce à la faune qu’elle abrite. Mais cette définition des dynamiques littorales est relative. Au cours de son histoire la mer du Nord à connu des hausses de niveaux (transgressions) mais aussi des abaissements (régressions). Lors de ces transgressions, la mer a créé des ruptures dans les dunes de sables, s’immisçant ainsi dans l’intérieur des terres. Grâce aux canaux crées naturellement, ce sont de véritables mers intérieures qui se sont formées. Mais lorsque ces canaux s’enlisent, l’eau ne s’évacue plus et les marais apparaissent. Une végétation spécifique s’y installe mettant progressivement en place des tourbières. Dans ce répertoire des dynamiques maritimes, les néerlandais ont également étudiés les phénomènes fluviaux. Comme nous l’avons déjà précisé, le niveau de la mer s’est élevé et par conséquent l’écoulement des fleuves est devenu plus lent et sinueux. Ces cours d’eau sont devenu plus instables, cherchant leur route à travers le territoire, sortant de leur lit, bifurquant et modifiant leur parcours. Ils laissèrent ainsi des indices de leur passage: les donken et les stroomrugen. Les premiers sont des petits monticules de sable apportés par le vent ou déposés par les cours d’eau, les seconds sont les anciens lits de rivière riches en argiles.

Et l’homme... Face à l’incertitude de ces paysages en mouvement, les hommes ont cherché la sureté, la stabilité en y apportant des solutions techniques. Comment cette technologie a-t-elle pu bouleverser le visage du territoire? Comment a-t-elle pu repousser les limites de la nature?

Ci-dessus: Extraction de la tourbe dans la région du Friesland (Nord Est du Pays) source: livre Canon

Ci-contre: Paysage valloné du Limbourg (Sud-Est du pays) source: id.

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“…le poumon de la mer, là bas dans le Nord, là où l’eau, l’air et la glace s’entremêlent; là où la terre s’arrête.” Pytheas de Marseille 325 av JC Ci-dessus: Dessins exprimant la conquête des terre immergées par l’Homme Source: P. Spier

Ci-contre: Une ferme Frisone sur son terpen Source: id.

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LE PAYS DE L’INFINI / Découvrir 2

“Grand Paysage à la tour”, Rembrandt, vers 1651

DECOUVRIR

2ème partie

“Ils se hâteront dans la nuit glacée, comme leurs ancêtres l’ont fait depuis vingt siècles et que leurs enfants répéteront, aussi longtemps qu’ il y aura des digues, des tempêtes, et la mer, aussi longtemps que la Hollande existera !” Of dikes and windmill, Peter Spier

Origines

De ce delta aux multiples facettes, mouvantes, les Pays-Bas auraient certainement pris une tout autre couleur sans l’Homme. Les archéologues estiment que son arrivé sur le territoire se situe vers -18.000 ans, les premières traces ayant été découvertes sur l’ile Texel. C’est une évolution lente qui a entrainé les hommes à vivre au sein de ces paysages rythmés par les volontés de la mer, occupation nomade conditionnée par les saisons: le printemps et l’été vécut auprès de la côté (ressources halieutiques) l’automne et l’hiver passé dans l’intérieur des terres. Entre 6000 et 4000 av JC les hommes devinrent sédentaires, 1000 ans plus tard la population des Pays-Bas atteignait 10 000 âmes. Ces pionniers s’installèrent sur les terres les moins humides là où la mer ne recouvrait pas les prairies lors des grandes marrées. Au nord, dans le Friesland, on trouve des monticules de terres, “terpen”, signes du travail incessant de ces hommes, accumulant l’argile et la sable pour élever le sol et vivre hors de l’eau. Sur ces monticules ils construisirent leur habitat, leur ferme pour cultiver des champs et élever le bétail. La plupart de ces terpen sont tout petits, quand d’autres peuvent atteindre plusieurs milliers de mètres carrés et s’élever à plus de 8m du sol initial! Pline le vieux décrit les frisons comme “des marins quand la marée est haute, et des naufragées lorsqu’elles s’est retirée.”

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Apports

« L’opulence des Hollandais qui, à proprement parler, ne sont qu’une poignée de gens, réduits en un coin de terre, où il n’y a que des eaux et des prairies, est un exemple et une preuve de l’utilité du commerce qui ne reçoit point de contestation », Richelieu Ci-dessous: Retour de la compagnie des Indes à Amsterdam, 1599 source: livre sur Amsterdam

Pied de page: Découpage Hippodamien du polder Schermeer, 1635 source: wikipedia

Puis les romains arrivèrent vers -50 av JC, occupant le pays, apportant avant tout des innovations en terme d’alimentation, d’habillement, et surtout de gestion des eaux grâce aux digues. Pour les romains l’intérêt premier des digues était agricole: les terres aux abords des fleuves étaient les plus fertiles mais malheureusement trop souvent recouvertes par les eaux. La deuxième raison était d’ordre militaire: ils avaient besoin de routes praticables pour que les légions puissent se déplacer rapidement. Grâce à ces innovations les néerlandais ont alors progressivement élevé leurs terres comme on élève des constructions. Ils ont arraché à la mer des morceaux de terre à proximité de leur terpen, en les entourant de digues. Ces terres appelées polle donnèrent leur origine au mot polder: une terre conquise par l’homme et située au-dessous du niveau de la mer. Comme on peut s’en douter il est compliqué de garder ce trésor complètement hors d’eau car la nappe phréatique sous-jacente rends le sol impraticable. Vint alors le temps des écluses vers 800 ap JC, écluses empruntées aux égyptiens, et qui permirent de faire sortir l’eau des polders lorsque la marée était basse et de s’en protéger lorsqu’elle était haute.

Invention

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L’Histoire raconte qu’en 1282, un charpentier se mit à construire une étrange machine constituée d’une roue, d’une croix orientée face au vent… le premier moulin était né. L’objectif était simple, pomper l’eau d’une zone humide pour la cultiver ensuite. Une conquête contre les éléments, contre la nature et qui perdure encore aujourd’hui. Obstination motivée par l’envie de vivre, d’habiter le territoire. Peut-être doit on voir dans la création du moulin une extrapolation de la singularité de l’être humain: se tenir debout, s’élever contre l’horizontalité pesante du paysage. Une conviction viscérale et inconsciente qui a sans cesse poussé les civilisations à ériger les indices de leurs conquêtes, marquer le territoire, inscrire une empreinte sur la paysage: dolmens, moulins, pyramides, tours de verre… Toujours est-il que cette invention fait partie intégrante du paysage Hollanda-


LE PAYS DE L’INFINI / Découvrir 2 is, une construction à l’origine non pas pour embellir mais bien pour résoudre un problème technique. Le plus étonnant est cette appropriation faite par les habitants: architecture variant suivant les régions, moulin utilisé comme moyen de communication, comme habitat, ou détourné pour d’autres usages (minoterie, scieries, papeterie…). Une invention si bien ancrée qu’elle fait naitre un folklore, des traditions et des histoires rocambolesques.

Croissance

Entre 1200 et 1300 de violents orages ont changé radicalement le visage des pays-bas, faisant naitre une mer interne: la Zuidersee. S’en suivit l’élaboration d’énorme digues pour la contenir1 Malgré ces inventions, ces précautions, les hollandais n’ont jamais été à l’abri des dangers. Depuis l’an 1000 on recense plus de 130 inondations majeurs dont quelques dates marquantes: le 14 Décembre 1287 ou 50.000 personnes furent noyées, l’année 1421 ou celle de l’inondation de la sainte Elizabeth et plus proche de nous du 1er Février 1953 faisant disparaître 1835 personnes. Des catastrophes qui n’ont pas pour autant stoppé ce peuple de continuer la bataille contre la mer, contre l’eau assimilant au fil des siècle ce dicton: “Si Dieur à créé le monde, les néerlandais ont fait les Pays-Bas”... Cette bataille ils l’ont mené pour gagner des terres agricoles, ils se sont enrichis des produits de la mer, principalement du hareng, l’ont vendu dans toute l’Europe afin de pouvoir élaborer des polders. La population des villes d’Amsterdam, de Rotterdam augmenta de façon exceptionnelle, de fait l’espace urbain s’agrandit, les terres agricoles devinrent une richesse pour les paysans. Explication succincte mais qui dépeint la dynamique de ce pays de marchands, de négociants et d’ingénieurs hydrauliciens. Deux d’entre eux symbolisent cette conquête dont l’âge d’or ce situe au 16ème siècle: Andries Verlingh et Leeghwater. Le dernier plus connu à notamment mis en place les stratégies d’assèchement des premiers grands polders (lacs Beemster, Wormeer, Shermeer). Une stratégie qui consistait à diviser le lac en différents étages, les moulins pompant l’eau pour la rejeter dans des canaux adjacents. Le découpage fût arbitraire, hippodamien à la manière de ce qui se fit plus tard sur Manhattan en 1811. On découpa les terres agricoles comme on fonde une ville, selon une vision économique ou chaque parcelle est vendue à un tenancier ou parfois juste adressée par tirage au sort (cas du polder shermeer). Suivront ensuite quantité de polders et notamment le fameux lac d’Harleem à l’ouest d’Amsterdam, une des zones les plus prospère du pays aujourd’hui, reconnu pour son agriculture et horticulture (serres, bulbes, etc...)

Ci-dessus: Dessin du Moulin “De Cat”, frabriquant de la peinture, source: P.Spier

“Le moulin” Rembrandt, 1650

1. Toutefois, sans la Zuidersee, le petit village situé sur la rivière Amstel n’aurait sans doute jamais trouvé la notoriété qu’il a aujourd’hui: Amsterdam, ou le barrage (dam) sur la rivière Amstel...

Pharaons...

Au 19ème siècle les néerlandais se tournent vers la Zuidersee en ayant les même objectifs agricoles, mais cette fois ils s’attaquent à l’une des plus grandes surfaces en eau du pays. Cornelius Lely, ingénieur hydraulicien est LE personnage de cette histoire. Le premier acte fût de créer une immense digue (Afsluitdijk) pour séparer la Mer du Nord et transformer cette mer intérieure en un lac d’eau douce: le lac Ijssel, renommé à cause de la rivière du même qui s’y jette. Le projet qui dura

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cinq années fût couronné de succès en 1932. La phrase un peu simpliste de Lely montre bien cette détermination quasi aveugle “ une nation qui vit est une nation qui construit pour son futur”. Selon ses plans, trois polders devaient émerger: le Flevoland, le Noordoostpolder et le Markerwaard, ce dernier n’ayant jamais été assèché. La singularité de ce projet tient dans son immensité mais aussi dans cette appropriation d’une terre nouvelle, répartition agricole mais aussi création d’une ville nouvelle: Lelystad.

Ci-dessous: Carte des polders majeurs aux Pays-Bas 1. 1456 2. 1564 3. 1608 4. 1610 5. Beemster,1612, 72km2 6. Purmer, 1622 7. Heer Hugo Waard, 1625 8. Wormer, 1626 9. P.Waterland, 1628 10. Schermer, 1635, 65km2 11. Anna Palowna, 1847 12. Haarlem Lake, 1852, 185km2 13. IJ-Polders, 1872 14. Testpolder, 1927 15. Wieringen Lake, 1930 16. Afsluitdijk (digue) 17. Polder du Nord-Est, 1942, 595km2 18. Flevoland de l’Est, 1957 19. Flevoland du Sud, 1968 20. Markerwaard, abandonné

1953 entrainera sans le vouloir le pays dans un autre projet gigantesque. La nuit du 1 février fût un désastre pour le pays qui vit disparaitre environ 130 villages et plus de 2000 km2 de terres arables. Les hollandais ont alors pris revanche en repoussant encore plus loin les limites entre technique et nature. Le gouvernement mis en place dès 1957 le plan Delta, un plan prévoyant sur le long terme la transformation de toute la Zeeland (embouchure du Rhin et de la Meuse) en une vaste zone d’eau douce. La complexité du projet réside dans le fait que les transports fluviaux doivent pouvoir traverser less digues, impliquant des systèmes d’écluses ingénieux et surtout très coûteux. Mais ce qui retient mon attention ce sont ces caissons qui ont été enfouis au plus profond des digues, caissons creux en béton absorbant les assaults violents des marées.

ref. surface: Belle-île en mer, 85km2

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Schéma explicatif du fonctionnement d’un polder

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Amsterdam

Ainsi la phrase de Verlingh reste 400 plus tard toujours de mise “même si les Hollandais sont une nation pacifique, construire des digues contre Neptune c’est mener une guerre et nous devons être des guerriers”. source: P. Spier

1. Digues circulaires 2. Canaux circulaires 3. Principaux canaux utilisés par les bâteaux ainsi que pour le drainage 4. & 5. Ecluses 6. Baasin 7. Station de pompage 8. Route principale

9. Pont-levis 10. Succession de moulins de drainage 11. Canaux drainants 12. Fermes 13. Prairies et terres agricoles 14. Petit moulin de relevage 15. Station de pompage du polder situé à proximité


LE PAYS DE L’INFINI / Découvrir 2

Problématiques

Cette lutte contre les eaux, contre la mer du Nord, les Pays- Bas en sont fiers. “La petitesse du territoire n’a rien de comparable à la grandeur des projets créés” est souvent un des arguments qui fait du caractère néerlandais sa singularité.

Ci-dessous: Paysage du Flevoland Pied de page: Une digue du plan Delta (à noter le pêcheur au premier plan) source: livre Canon

Mais à l’heure actuelle, le niveau de la mer est en augmentation comme chacun sait et certaines terres s’affaissent dû au colmatage des sols. La différence oblige l’institut national des côtes et de la mer à vérifier régulièrement le bon état des digues et si besoin de les relever. Mais les techniciens savent qu’ils ne pourront pas indéfiniment le faire, la technique semble avoir ses limites... D’abord parce que relever une digue c’est toute l’infrastructure routière et maritime qu’il faut revoir (autoroutes, ponts, écluses, …) et donc des financements supplémentaires pour l’état. Et puis la conscience émergente face au défi climatique demande à repenser tout le système de planification de l’espace dans une logique de précaution. Seulement voilà, la population n’est pas prête et les instances locales non plus. Les catastrophes exceptionnelles restent pour eux exceptionnelles et “les digues tiendront bon”. Le sujet est donc houleux car il touche à la raison même de l’existence du pays et de sa population. Lorsque l’on s’intéresse aux chiffres on comprends alors les enjeux d’une telle situation: plus de 20% de la Hollande se trouve sous le niveau de la mer et 60% de la population vit dans ces zones! Entre tradition et réalité les complexités sont nombreuses, techniques, économiques, politiques, sociales, philosophiques… Faudra-t-il un sursaut supplémentaire de la Mer du Nord pour faire évoluer le débat?...

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2- Coeu


ur du stage 2- Coeur du stage


Ci-dessus: Photo de Tapiola source: Topos

Ci-contre: Photomontage du projet “La forêt comme un nouvel espace à vivre” 1999 Ci-dessous: Photomontage pour le projet “Coeur vert de Croydon”, Londres, 2009-Aujourd’hui source: OKRA

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COEUR DU STAGE / L’ agence

Ci-dessus de gauche à droite: Boudweijn Almekinders Christian Rooij Wim Voogt Hans Oerlemans Martin Knuijt Ci-dessous: Le projet “Inkpot” pour le siège social des chemins de fer ProRail, Utrecht, 2004

L’AGENCE “We want people to discover for themselves what they can do with a site”

source: OKRA

Contexte et Fondements OKRA a été créée par quatre architectes paysagistes qui ont étudié ensemble à l’Université de Wageningen: Oerlemans, Knuijt, Rooij, Almekinders. OKRA fait donc partie de cette génération d’architectes paysagistes néerlandais (B+B, Karres en Brands, Sant en Co, Baljon), reconnus pour leur travail et notamment pour le renouvellement des espaces publics depuis une vingtaine d’année. 1987_1997 est la période où les Pays-bas voient apparaitre de nombreuses agences. En effet c’est une période où l’état subit des difficultés économiques qui lui font réduire les budgets, abandonner des projets et réduire le personnel lié au paysage... D’autre part l’intérêt pour la ville est grandissant à cette époque et de plus en plus d’appels d’offre sont décernés à des jeunes agences d’architectes et de paysagistes. Cette nouvelle génération assume sa posture et sa profession grâce à des études qui ouvrent le champ de vision: du paysage à la ville, de la petite à la grande échelle, du concept au projet complet et détaillé, voilà la dynamique qu’il recherchent. Ils ne se positionnent plus seulement comme des personnes qui doivent verdir les espaces entre les bâtiments mais bien comme des professionnels ayant les compétences d’agir à une plus large échelle et faisant partie de la réflexion du devenir de la ville. En 1999, le ministère du logement et de la planification fait appel à neuf

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agences afin de réfléchir sur les modes d’habitat novateurs. L’agence développe alors le concept de “vivre en forêt”, s’inspirant notamment de l’expérience finlandaise des années 50: Tapiola. En finlande où la forêt tient une part importante dans l’identité du pays ce type de projet était cohérent. Mais au Pays-Bas parler de la forêt n’avait rien de naturel. OKRA tira profit du concept en sa faveur: ‘la forêt n’est pas décorative, c’est la base”... Là où les finlandais défrichent la forêt pour s’y installer, les Hollandais la plante. Elle devient le symbole de la conquête de l’homme sur les territoires maritimes, une base pour s’installer... Parmi les fondements de leur entreprise, il y a le travail de recherche d’Almekinders et de Knuijt. Leur sujet d’étude s’est intéressé à la relation entre les paysagistes et les formes qu’ils créent. La mouvance française (Chemetoff, Corajoud, Coulon) fût pour eux tout particulièrement riche en informations, à une époque où la profession, au niveau international, s’inspirait beaucoup des français (le parc de la Villette ayant eu un impact majeur). Almekinders et Knuijt mirent en parallèle le travail des français et des néerlandais pour révéler ainsi des similitudes et surtout des différences. Ci-dessus: Projet “Domplein” mettant en lumière les entrées du camp romain autrefois installé ici, Utrecht, 2006-2007 Ci-dessous: hotmontage pour le concours (gagné) du projet Cuttysark à Londres, 2011 source: OKRA

La philosophie de JTP Bijhouwer, fondateur du cours de paysage à Wageningen, explique qu’il y a une relation inextricable entre la topographie, l’évolution du paysage et la culture des habitants. Ce modèle tripartite fût enseigné aux étudiants pour que leurs projets soient fonctionnels, compréhensibles tout en reposant sur la couche physique du paysage. Le “modernisme de Wageningen”, poussaient ainsi les paysagistes à trouver sans cesse une légitimité à leur travail pour éviter d’être accusé de simple esthètes. En allant interviewer Chemetoff_Coulon_Corajoud les deux étudiants de l’époque ont ainsi pu mettre en évidence la prise de liberté qu’on ne leur avait pas enseigné. Pour les français un mur peut évoquer une trace archéologique, tandisqu’un alignement d’arbres rappelle la campagne. Même si le travail de Corajoud et de ses pairs est attentif au relief, les formes créées s’inspirent de sources autres qui peuvent même parfois contredire le fonctionnel et la topographie.

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COEUR DU STAGE / L’ agence Almekinders et Knuijt étaient impressionnés par cette approche libre de la forme et cette étude semble les avoir hautement influencé. Quand ils décrivent leur motivations, ils expliquent leur volonté d’emprunter des chemins de traverses, de larguer les amarres par rapport au “modernisme”.

Expression et Recherche La forme a donc une importance toute particulière chez OKRA. Dans le projet de Mechelen les motifs que l’on trouve sur la chaussée rappellent les sources cachées du canal, les entrées de la place de la Cathédrale à Utrecht ne sont pas seulement un effet artistique mais marquent bien l’emplacement d’un campement romain. Ces raisonnements, ces analogies sous-jacentes restent assez floues tout en essayant d’exprimer une synthèse heureuse entre la tradition de Wageningen: légitimité et méthode rationnelle, associée à la recherche d’une forme libre, parfois très angulaire. OKRA est une agence urbaine, une agence qui s’ intéresse et se pose des questions sur cet espace toujours en mouvement et surtout très prégnant au Pays-Bas. Parcs, squares mais aussi centre ville, rues et boulevards font partie des interventions et des choix identitaires de l’agence. Les récents projets de Croydon et de Rotterdam montrent comment elle s’engage à reconsidérer les espaces qui jusque ici n’ont jamais vraiment reçu d’attention. En donnant une place toute particulière aux piétons, l’idée est d’apporter une plus value qui doit fait preuve de villes vivantes. La ville tout comme la campagne sont devenus des espaces pour l’Homo ludens, l’Homme joueur. Le paysage n’est plus perçu selon un processus fonctionnel ou productif, il est devenu un bien que l’on consomme. Si OKRA tire partie de cette constation, elle garde en tête que les espaces qu’elle créer ne sont pas des lieux éphémères. Au contraire, chaque projet s’attache à rendre compte de l’identité du lieu pour être unique, doit être pensé sur la durée et sur sa fléxibilité. “Nos projets sont êtrêmement détaillé mais la manière de les utiliser doit être la plus flexible possible”. Et c’est bien là que réside le paradoxe du concepteur, créer des lieux de vies, de qualité, fonctionnels, durables, tout en étant séduisants pour le plublic et les décideurs.

NB: Homo Ludens est un terme utilisé pour la première fois par Johan Huizinga dans son ouvrage Homo-ludens, essai sur la fonction sociale du jeu, 1988

Ci-dessous: Plongée sur la place Van Heek, Enschede, 1999-2004 source: OKRA

Enfin agir sur une place, un quai, un centre ville, c’est agir sur la ville entière. L’objectif n’est pas de tout mettre à plat mais bien plutôt d’utiliser à profit l’existant pour en faire du renouveau, écrire en somme sa part du palimpseste.

Equipe Composée d’une vingtaine de personnes le bureau s’organise selon quatre axes majeurs comme indiqué dans l’organigramme (cf page suivante): la supervision, la direction de projet, la conception, la gestion. C’est hiérarchie décrite sur le papier se fait plus complexe et riche dans la réalité. Les frontières entre les différentes parties sont beaucoup plus floues,

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NB: il y a aujourd’hui trois superviseurs, le deux autres (Christian et Hans) ayant décidé de quitter l’agence pour explorer d’autres chemins.

Ci-dessous: Photo de l’équipe Organigramme de l’agence source: OKRA

l’échange et la promiscuité sont plus importantes que les fontions. Cependant les associés restent les principaux représentants de l’image de l’entreprise. Ils gèrent l’identité de l’agence par le choix des projets et le chemin qu’elle doit emprunter, ils rencontrent le plus souvent les clients pour la présentation des projets ou des travaux en cours. Enfin ils participent activement à l’écriture du projet, à la transmissions de ces idées fondamentales, mais aussi au suivi de son avancement. Viennent ensuite les chefs de projets qui coordonnent la conception, la gestion d’équipe, le contact avec les clients et les partenaires. Les concepteurs sont en charge de l’analyse et du design des projets, ainsi que de la production graphique. Parmi ceux ci, certains sont en contact privilégié avec les autres pays de l’Europe. Ainsi Pierre-Alexandre Marchevet s’occupe des projets situé en France, Fiona Kydd pour les projets au Royaume-Unis, Tom Weirts pour la Belgique. Autre point important, OKRA participe activement à la formation des architectes paysagistes en accueillant plusieurs étudiants dans leur équipe et cela pour des périodes de longue durée. Ainsi Frank et Mayuko, étudiants à l’université d’Amsterdam, travaillent à l’agence quatre jours par semaine et poursuivent leurs études en parallèle.

ORGANISATION DU PROJET EQUIPES DE PROJET

SUPERVISION

ORGANISATION DU BUREAU

ASSOCIÉS / SUPERVISEURS Martin Knuijt MSc, architecte paysagiste

GESTION

Boudewijn Almekinders MSc, architecte paysagiste Wim Voogt BSc, concepteur paysagiste

SECRETARIAT Madelon Klooster, administrateur Monique Fokker, comptable

CHEFS DE PROJET (ingénieurie et conception) DIRECTION DE PROJET

Bart Dijk BSc, concepteur paysagiste Thecla van Dijk MSc Bdes, sociologue, concepteur urbain Eva Radionova BSc, botaniste / concepteur paysagiste

SENIOR DESIGNERS Andreia de Pinheiro BSc, concepteur paysagiste Pierre-Alexandre Marchevet MLA, architecte paysagiste Andrew van Egmond BSc, concepteur paysagiste

DESIGNERS Tom Wierts BSc, concepteur paysagiste

CONCEPTION ET PRODUCTION

Mayuko Ando MSc, architecte / urbaniste Fiona Kydd MA, architecte paysagiste Roel Ridderikhof Bdes, concepteur d’espace urbain Zineb Seghrouchni MSc, urbaniste Frank van Zuilekom BSc, concepteur paysagiste

INGÉNIEURS Arjan Leenstra BSc, ingénieur technicien Marteen van Moosel ingénieur technicien

STAGIAIRES 2-4 étudiants tous les 6 mois, de différents cursus

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COEUR DU STAGE / L’ agence Les stagiaires font également partie de cette dynamique, permettant ainsi d’enrichir la conception et de faire connaitre l’agence au-delà des frontières du pays.

Projets OKRA s’est construite à Utrecht et non pas à Amsterdam ou Rotterdam. Un parti pris des associés, sorte de pied de nez à toutes les agences de paysage qui, à l’époque de la création, s’installaient toutes dans les plus grosses villes du pays. Utrecht, pour des raisons stratégiques (centre du pays, déserte ferroviaire) mais aussi identitaire (caractère “village”, influence de la campagne) paraissait idéale pour débuter une carrière et trouver une certaine singularité. Au regard des projets et des concours accomplis je crois que cette double position s’y reflète dans le choix des projets. Ainsi l’agence réponds principalement à des projets dit “urbain” (parc, promenade, places, squares, espaces publics pour de nouveaux quartiers…) mais aussi des projets de plus large ampleur (vision territoriale, analyse de paysage, conseil auprès des instance publiques). Un champs de recherche qui lui permet de s’enrichir et d’éviter de s’isoler dans un seul système. Pour une centaine de candidatures, l’agence accède à une vingtaine de compétitions. Seules cinq d’entre elles deviennent des projets réels... Ces chiffres témoignent d’une compétition rude sur le marché mais aussi d’une réduction de projets importants aux Pays-Bas. C’est la raison pour laquelle l’agence s’ouvre vers l’extérieur et participe à des concours à l’étranger. Dans quelques mois débutera le chantier de la fontaine chaude à Dax... Cela m’amène à dire que l’agence se positionne plutôt sur la réflexion et la conception que la réalisation et le suivi de chantier. Elle préfère déléguer à d’autre entreprises cette compétence et cela pour éviter les surcharge de coût, de temps et de travail.

Photomontage pour l’EcoGarden de l’Exposition 2011 à Xi’an (Chine). En collaboration avec Ontwerpers Archipel et les architectes Tekton, OKRA à dessiné “le jardin hollandais” représentation du paysage poldérisé du Delta. source: OKRA

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Ci-dessus: Plan Masse du Parc

legenda

speelzone

omloop met zitmuur

trap

scheg

weide met paden

markt

boomgroep

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vijver

source: OKRA

vlonderpad

Pied de page: Espace ouvert central bordĂŠ par la promenade

brug

botanische tuin

vogel opvang

Ci-contre Composition d’obliques: terrace, escaliers, chemin, pelouse


COEUR DU STAGE / Trois projets de l’agence

Situation: Rotterdam Commanditaire: Gemeente Rotterdam Surface: 5,6 ha Programme: Parc, marché, installations sportives, bibliothèque, école, mosquée, jardin botanique Collaboration: dS+V Design: 2000-2003 Réalisation: 2003-2005 Récompenses: -2000 prix du “Projet exemplaire” décerné par le ministère Hollandais du logement -2006 Omgevings Architectuur Prijs, premier prix national de l’espace public -2008 Sélection par Fieldwork European Selection des projets les plus intéressant en matière d’architecture du paysage

AFRIKAANDERPLEIN “Vitality, liveliness, sustainability, accessibility for everyone.” La place de “l’autre Afrique” (je prefère l’appeler la “plaine Africaine”) à Rotterdam est un large espace public situé dans un quartier défavorisé et multiculturel de la ville port. Seul espacement d’un quartier concentrant plus de quatre vingt dix cultures différentes, l’Afrikaanderplein était sujette au vandalisme, à l’utilisation intensive d’activités individuelles qui ne correspondaient pas avec l’ensemble des utilisateurs possible. Un site délabré associé à des problèmes de maintenance, auquel l’agence OKRA à redonné une nouvelle vie, un nouveau souffle. Afin de définir le programme le plus justement possible, un processus interactif a été mis en place associant résidents, groupes d’intérêt et fonctionnaires. Ces personnes ont commencé à participer activement à la conception par l’intermédiaire de workshops ayant différents thèmes (accessibilité, caractère public ou privé, activités...) Sur la base de leurs souhaits, l’agence à esquissé un plan directeur puis un plan masse. L’espace central est une pelouse ouverte où l’on peut défiler, jouer se promener. Les différentes activités (marché hebdomadaire, sports zone de jeux) sont accueillies le long de bandes asphaltées entourant l’espace central. Ce dernier est encadré par une large promenade, plantée d’arbres et soulignée par d’épais murs de soutènement dont la teinte se situe entre le orange et le brun. Ces murs varient en largeur enrichissant la diversité des formes et des espaces. La promenade descends vers la pelouse grâce à des gradins desquels partent des chemins en ligne droite. La simplicité de la promenade fait toute sa force, elle marque la distinction entre l’espace de représentation libre et les manifestations proposées de l’autre, elle met en lumière l’espace ouvert grâce à la différence de niveau.

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Ci-contre: Des quais à nouveau redécouverts Pied de page: Un éclairage qui transfigure le projet pour en donner une autre lecture lorsque la nuit tombe source: OKRA

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COEUR DU STAGE / Trois projets de l’agence

Situation: De Melaan, Mechelen, Belgique Commanditaire: Ville de Mechelen Surface: 2,5ha Programme: Stockage de l’eau en milieu urbain, promenade Collaboration: Atelier Ruimtelijk Advies Réalisation: 2006 Prix: 2008 Fieldwork European Selection of most interesting landscape architecture projects

MECHELEN “Our motto is to revitalise the city, not to amputate parts of it” Comme de nombreuses villes européennes, l’eau dans la ville belge de Malines a été oubliée pendant plusisuers années. Mais grâce à la Commission européenne, la situation a évolué avec le programme «L’eau dans les centres historiques des villes”. Comme à Hertogenbosch, Gand, Chester, Limerick et Breda, le programme à permit à Malines de réintroduire le stockage de l’eau en milieu urbain. De cette ouverture des frontières, OKRA à voulu en tirer parti et offrir un cadre attrayant pour les habitants du centre et ceux des quartiers plus éloignés. En comblant la rivière Melaan, initialement utilisée pour le transport de marchandises et l’évacuation des eaux usées, la municipalité avait fait disparaitre tout logique à la ville. C’était devenu un parking et une arrière cour de bâtiments... un délaissé urbain en somme. Restaurer le cours d’eau naturel fût l’occasion d’offrir une nouvelle accessibilité pour les piétonne et les cyclistes, diminuant la place accodée aux voitures. Les quais redécouvert ont alors été érigés de nouveau non pas à l’identique mais bien avec un nouveau dessin. Des variations de hauteurs permettent de séparer de manière intuitive les différents usagers tout en créant un espace cohérent. Enfin des passerelles permettent de relier ces nouveaux quais aux bâtiments déjà existant dont l’eau coule aujourd’hui à leurs pieds. Au sein de cet espace où le minéral se confronte au liquide, OKRA a cherché à apporter une plus value grâce aux matériaux contrastés (granit noir et brique rouge) mais aussi au travers de l’éclairage (rue au teintes chaudes, canal bleuté). Au-delà du défi du retour à l’air libre de l’eau en ville, l’agence s’est attachée à y apporter “sa patte”, qualitative et singulière.

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NIEWE WATERLINIE “Don’t impose a use but make it possible” La “Nouvelle” ligne d’eau Hollandaise, est une ligne de défense militaire datant de 1815 et qui s’étend entre la Zuidersee et Biesboch. Cette ligne qui est en réalité une zone tampon ingénieuse, permettait aux armées d’inonder des terres agricoles de manière volontaire afin de repousser l’envahisseur. Bien qu’il reste de nombreuses forteresses aujourd’hui, ce système qui s’étale sur plusieurs kilomètres n’est plus utilisé.

Ci-dessus: Escalier permettant de passer outre la digue Ci-contre: Collage exprimant le souhait de faire découvrir la nouvelle ligne d’eau par l’intermédiaire du numérique Page suivante: La digue transperçée source: OKRA

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COEUR DU STAGE / Trois projets de l’agence

Situation: Province d’Utrecht, de Zuid Holland, du Noord Brabant Commanditaire: Projectbureau Nieuwe Hollandse Waterlinie Surface: Vechtzone-369ha / Utrecht-504ha / Rivieengebied526ha Programme: Rénovation, Développement de “loisirs” et gestion des eaux Collaboration: Bunker Q Conception: 2001 Realisations: 2006 & 2009

L’organisation responsable de cette ligne et de son développement a pour but de faire connaitre et révéler au public ce patrimoine miltaire. Au travers de cette mission OKRA à proposé plusieurs concepts afin que cette ligne, dans ces différentes typologies, puissent offrir cette possibilité de loisirs tout en étant économiquement viable. L’objectif nétait pas d’y ajouter des activités annexes pour attire les néerlandais ou les touristes mais bien d’utiliser cette matière paysage pour lui redonner toute sa consistance, sa signification. L’une des interventions fût notamment d’apporter une lecture numérique au site notamment grâce à des écrans permettant d’observer l’évolution de ces lieux, qu’ils soient des zones humides ou des bords de cours d’eau. Au travers de ces vues, remonter le temps devient possible, l’expérience d’une zone inondable se fait de manière virtuelle. De part leur position violente les digues, déversoirs, et barrages marquent de façon tangible des coupures dans le paysage. A Gedekte Gemeenschapsweg, la route disposée sur la digues est aujourd’hui traversable. Elements modernes et ponctuels, ils interpellent le promeneurs de part leur disposition, leur design mais aussi par ce qu’ils offrent: un point vue large sur le paysage agricole. En créant des seuils dans la digue, OKRA accueille les passants et les invitent à s’interroger sur la notion même de cette frontière. L’agence à developpé ces propositions pour montrer que le paysage autour des villes n’est plus seulement du ressort agricole ou des zones “naturelles”. Il porte aussi en lui une notion de loisir, d’évasion dont les architectes paysagistes révèlent l’existence et leur disponibilité.

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MNEVNIKI Contexte Le projet de Mnevniki se situe à Moscou le long de la rivière Moskova Plusieurs milieres de kilomètres me séparent de ce lieu et pourtant j’y travaille depuis plusieurs semaines. C’est une portion de territoire située à l’ouest de la capitale russe, un morceau de nature à proximité du coeur de ville. La rivière, méandreuse, à dessinée des ilots de terres, investis par l’homme au fil des siècles mais selon des dynamiques bien distinctes. L’île de Mnevniki (350ha) conserve aujourd’hui une part sauvage que la municipalité entend bien développer et mettre en valeur. En effet, conjointement avec le ministère de l’écologie, les commanditaires demandent au travers d’une compétition, comment ils peuvent associer de nouvelles activités (accueillir du public) tout en préservant ses qualités environnementales (conservation de la biodiversité). En somme une question d’actualité qui se résume à la rentabilité paysagère… Même si le sujet peut paraitre dans l’air du temps, les réponses sont compexes car l’ile n’est pas constituée seulement de zones humides et prairies de hautes qualité. On y trouve également d’énormes surfaces bétonnées résultant d’activités militaires et inconnues, un village d’un autre temps, un terrain de motocross.

Ci-dessus: Succession d’échelles pour exprimer la situation stratégique du futur parc Ci-dessous: Coupe de principe du village de Mnevniki vers la rivière Moskova Association des typologies paysagères et des futurs activités

Services Découverte Mobilité

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Mnevniki fait suite à un autre projet gagné par OKRA (Brateevo) datant de 2010 et qui portait sur la planification urbaine d’un quartier situé au Sud-Est de la ville.

Grille des vergers

Filtres boisés


COEUR DU STAGE / Ma contribution

Etape 1: Protection des zones humides et prairies, ouverture du site au public, accueil d’activités

Etape 2: Connections transversales par rapport à la rivière, mise en oeuvre des circuits fondamentaux, développement des activités de loisirs.

Etape 3: Dépollution des zones abandonnées, continuité des cheminements à créer

Implication Mnevniki est la première compétition pour laquelle je travaille. Je suis en charge, dès mon arrivée à l’agence, de la mise en page du document de présentation, de son aboutissement final. Je participe également à l’élaboration du discours en essayant de trouver une cohérence globale en réalisant de nombreux schémas. Ce projet est mené par Eva en collaboration avec Pierre-Alexandre. C’est à eux que je me réfère, avec eux que je discute de l’avancement, des modifications à effectuer. J’ai également participé à la réalisation d’une coupe de principe afin d’expliquer le fonctionnement du futur parc, ses activités et surtout son concept en terme de masses végétales. Ainsi du village central vers la berge, le Moscovite peut découvrir une grande variété de milieux (prairies, prairies humides, marais, lac, bosquets, bois, forêt, ripisylve…) ainsi que des activités tout au long de l’année. (sport, bien-être, festivals…). Des cheminements qu’ils soient formels ou plus aventureux permettent ainsi les déplacement à travers le site mais aussi le respect des zones protégées.

“Forêt domaniale”

Bosquets

Zone humide

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5

O K RA

SCENARIO’S | CONCEPTEN

5

O K RA

SCENARIO’S | CONCEPTEN

AMC Contexte

Schakering van hellingvlakken gaan over in gebouw Schakering van hellingvlakken gaan over in gebouw

Le Centre Medical et Académique d’Amsterdam est pour moi le deuxième projet pour lequel j’ai passé le plus de temps. Gebouw als stempel “Radio” golven als waaier Gebouw als fort in de ruimte, geen C’est un parc et un ensemble de bâtiments, construits à partir des années 70, hellende vlakken maar water als buffer Gebouw als à stempel “Radio” golven als waaier Gebouw als fort in de ruimte, geen l’extrémité Sud-Est de la capitale. hellende vlakken maar water als buffer La mission à laquelle OKRA répond, est une mission “conseil”, à destination d’un architecte. En effet ce dernier à été choisi pour élaborer un nouveau bâtiment devant accueillir un IRM de nouvelle génération comprenant de nombreuses restrictions. Le bâtiment doit pouvoir contenir les dommages collatéraux dû aux ondes produites (épaisseur des murs spécifique, colonne d’évacuation d’air inaccessible…etc…). Le concept fourni par l’architecte n’est pas glorieux, le bâtiment répond à des besoins fonctionnels et rien d’autre. En ce qui concerne l’aspect esthétique il a tout simplement choisi de recouvrir son “objet” de terre pour en faire un toit vert…interdit au public… Ilvanfaut s’intéresse à un bâtiment cache en de ruimtedire que ce projet qui strakke rechtlijnige vormen uit simplement het gebouw Opgaan van het gebouw in de vormentaal Organische vormen gecombineer met los element, “space ship” fait de nombreuses rivalités politiques. En effet la municipalité d’Amsterdam van de ruimte strakke rechtlijnige vormen uit het gebouw à depuis plusieurs années étudié, en terme d’urbanime, la zone du centre médical (env 65ha) afin de lui donner plus de cohérence pour un éventuel

Organische vormen

Opgaan van het gebouw in de vormentaal

Organische vormen

Ci-dessus: Etape1 / Recherches conceptuelles pour l’environnement du futur bâtiment, esquisses et maquettes Ci-contre: Etape 2 / Esquisse du plan masse 26-04-12

25m

42

50m

100m

Organische vormen gecombineer met

los element, “space ship”


Initial green spaces

Undefinied spaces

COEUR DU STAGE / Ma contribution

Mise en oeuvre d’une structure verte et bleue cohérente

Connections between park and living areas

Water ring

Offrir de espaces de loisirs pour tous (patients, personnel médical, étudiants, visiteurs)

Green frame

CRE ATE COHERENT WATER AN D GREEN STRU CTU R E

OF F E R I N G R EC R E AT I ON A L S PAC E FO R P EO P L E

Ci dessus: Etape 3 / Schémas expliquant les intentions de projet pour l’échelle du futur parc

(PATIENTS, MEDICAL STAFF, VISITORS)

- implantation du futur bâtiment

développement. Le centre médical, de son côté, propriétaire du parc, voit d’un oeil méfiant cet intérêt de la ville. Pourtant il est bien obligé d’accepter l’échange car une commission d’architecture va devoir évaluer le projet... C’est là qu’intervient OKRA, car le centre médical à demandé à l’architecte de s’associer à un architecte-paysagiste afin de pouvoir mieux “intégrer” le bâtiment dans son contexte...

Implication En collaboration avec Franck, nous avons dès le départ fait des propositions d’intervention autour du futur bâtiment. Le temps nous était compté, le rendez-vous entre l’architecte et Martin Knuijt devait être deux jours plus tard. Nous avons alors esquissé quelques formes basiques, recherchés des références, et ensuite créés des maquettes afin de mieux expérimenter les propositions et les transmettre au client. Situation de l’AMC par rapport à Amsterdam. source: Google maps

Les semaines suivantes ont été consacrées à la poursuite du concept vers plus de justesse et surtout de cohérence vis à vis du site. Nous voulions montrer l’incidence d’une telle installation sur le futur du parc mais aussi la relation qu’il devait avoir avec l’existant. J’ai donc ainsi participé activement à la création du masterplan, aiguillé cette fois par Andrew. En deux jours nous avons mis en page un cahier expliquant au travers de schémas les intentions du projet. La troisième phase à consisté à écrire le discours à l’échelle générale du parc. Je me suis ainsi attaché à formuler au travers de schémas, les problématiques du site et les solutions à apporter. Mayuko s’est associée à moi pour enrichir, grâce à son expérience, la destination du projet. Quatrième phase, l’élaboration d’un modèle 3D et d’un plan topographique pour exprimer en détail les ressorts des modifications du terrain et ses relations avec le bâtiment. J’ai ainsi dû exprimer au travers de coupes et de détails techniques, l’articulation des différents éléments entre eux.

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Etape 4: Autour du bâtiment

Plan Topo en cours...

niv0

+5.0m

+6.0m

+5.5m +5.0m

+4.7m +4.5m +4.0m +3.5m +3.0m +2.5m

+2.0m Futur bâtiment

u

niv0

soutèn

e de

emen

t

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+0.5m

+3.0m

Mur de

niv0

+1.5m +1.0m

Courb

Fo ss

é pla

nté

niv0

2,5m

5m

Modèle 3D en cours

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10m


COEUR DU STAGE / Ma contribution

a- Futur Bâtiment b- Mur de soutènement en acier (fruit 10%) c-Motif gravé dans l’acier d-Pente raide inacessible (2 pour 1) e-Fossé planté (profondeur 1m) f-Mur de soutènement (H=30cm) g-Chemin +4.7m

+3m d

b

niv 0

Coupe AA’ Principes du talus inaccessiblet et du mur de soutènement 2m

4m

8m

+8.0m

+6.0m

+4.4m

f

c a

niv0

g

Coupe BB’ Principe du “manteau vert” recouvrant le futur bâtiment 2m

4m

Coupe CC’ Principe du fossé planté d’épineux empêchant toute personne d’accéder à la partie supérieure du bâtiment

8m

+8.0m

+4.7m 2m

4m

b

8m

+1.5m

niv0

d

a

e

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CONCLUSION

Extrait de mon esquisse pour le projet AMC

CONCLUSION Si je devais comparer ce stage à celui que j’ai effectué l’année dernière en Roumanie, je dirai sans doute qu’il ne m’a pas apporté la même poésie mais certainement tout autant d’émotions et d’échanges voir même plus de créativité. Je crois surtout que la confiance ainsi que les responsabilités accordées par les chefs de projets, a été d’un grand intérêt pour moi. Comment faire mieux partie d’une équipe si ce n’est en étant considéré comme un paysagiste en tant que tel? Je remercie l’équipe d’OKRA de m’avoir offert ces opportunités de formation et d’évolution, d’avoir été à mon écoute et à l’attention de mon parcours. Lorsque l’on peut dire que la part de professionalisation s’accorde à la part humaine, lorsque l’échange est à double sens, lorsque les liens tissés se ressèrent, alors cela vous encourage à continuer dans cette voie. Je crois que c’est cela “un stage réussi”, un stage qui ne reste pas seulement un souvenir mais qui s’attache à devenir un fondement.

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A


ANNEXES ANNEXES 49



ANNEXES

BIBLIO Dans les livres Canon Van Het Nederlandse Landschap

H.V. Blerck, M. Pothoff, H. Harsema, D. Sijmons, G. Andela Ed. Uitgeverij Blauwdruk, sept 2008

Of Dikes and Windmills Peter Spier

Ed. Doubleday & Company Inc., 1969

OKRA,

Noël Van Dooren, Cathelijne Nuijsink, Ed. Uitgeverij Blauwdruk

A short History of Amsterdam Dr. Richter Roegholt

Ed. Bekking & Blitz Publishers b.v., 2006

Guide Michelin Hollande Michelin et Cie, Ed. 1997

Sur la toile www.OKRA.nl www.minorités.org Planifier l’espace batave: Polders, Canaux et Cubes Laurent Chambon octobre 2010

www.courrierdelaplanete.org Pays-Bas les soldats de l’eau (pdf) Sarah Mongruel n°61, 2001

www.britishpathe.com/video/holland-the-dykes-are-closed archives vidéo présentant les digues du plan delta

www.wikipedia.org Post-Scriptum Les sources sont citées pour chacune des pièces graphiques. Celles qui ne le sont pas sont issues de mon travail.

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PLANIFIER L’ESPACE BATAVE: Polders, Canaux et Cubes par Laurent Chambon - Samedi 02 octobre 2010

Laurent Chambon est docteur en sciences politiques, spécialiste des minorités en politique et dans les médias, ancien élu local travailliste à Amsterdam et chercheur en sciences politiques, et est co-fondateur de Minorités. Cet article est tiré de la version internet de la revue: http://www.minorites.org/index.php/2la-revue/852-planifier-l-espace-batavepolders-canaux-et-cubes.html

Il commence à y avoir des discussions sur l’enlaidissement des paysages français, envahis par des zones pavillonnaires ringardes et des zones commerciales bon marché, laides et déprimantes. Il était temps. Comme on cite souvent les Pays-Bas comme un modèle à suivre, et qu’effectivement le pays est assez beau malgré l’absence de nature authentique ou de troisième dimension (l’horizon dépasse rarement une centaine de mètres), j’ai voulu en savoir plus. Après avoir demandé à gauche et à droite à qui je pouvais bien parler de planification spaciale, j’ai réussi à trouver la perle rare. J’ai donc enfourché mon vélo, ai pris le bac pour traverser la rivière IJ et suis allé interroger Peter Paul Witsen de Westerlengte dans la zone techno-industrielle d’Amsterdam Noord. Il est le spécialiste de ce qu’on appelle ici la planologie, l’art de planifier l’espace. De son bureau on peut voir la rivière et la Zone portuaire orientale (Oostelijke Havengebied) près de la gare, une collection d’îles et de presqu’îles avec de choses ultra-cubiques très populaires parmi l’élite amstellodamoise thunée. Les paysages néerlandais sont, en comparaison avec la France et la Belgique, plutôt maîtrisés... Oui enfin, ça dépend de ce à quoi on est habitué. Ici, où il y a une tradition de maîtrise très stricte de l’espace, tout le monde se plaint que ça devient moche, et surtout qu’on a perdu le contrôle. Racontez-nous cette tradition... Depuis le 14e siècle, les endroits trop humides pour qu’on puisse y con-

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ANNEXES struire des maisons ont été poldérisés et transformés en champs. Au 17e siècle, grâce aux progrès techniques (dont les moulins à vent), nous avons asséché un lac intérieur, le Beemster, qui était très dangereux et qui envahissait régulièrement les villages alentour. Le Beemster a permis de créer un paysage nouveau basé sur les idées de rationalité et d’harmonie issues de la Renaissance, avec toujours l’idée que la nature est encore plus belle quand elle est au service de l’humanité. Vous avez vos jardins à la française, nous avons le Beemster. Quand on regarde une carte, on voit que c’est un mélange de New York et d’autre chose. En fait, les proportions entre les différents canaux et les terrains sont basés sur le nombre d’or.

Des Grands travaux privés mêlant profits personnels et intérêt général

Un des Grands travaux avant la lettre? Ce qui est intéressant si on compare le Beemster aux Grands travaux en France, c’est que la décision a été prise par les marchands d’Amsterdam, avec l’accord des autorités, sachant que la frontière entre riche marchand et homme politique était, comme aujourd’hui, parfois un peu poreuse. L’idée était que les investissements privés étaient au service du bien-être de tous, puisque cela allait sécuriser les villages alentour et surtout fournir de nouvelles terres cultivables. Les marchands en ont profité pour se réserver des lopins de terre et y construire des petits palais, bien sûr. Un peu comme ce qui se passe à Doubaï maintenant avec les îles artificielles: un projet privé assez spéculatif avec la bénédiction des autorités. On retrouve cette tradition aujourd’hui? Le système juridique et technique qui permet de gérer l’espace aux Pays-Bas date des années 1960. La loi est assez complexe et ordonne beaucoup de choses sur plusieurs niveaux. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à l’époque on était en plein remembrement, comme dans le reste de l’Europe d’ailleurs. Comme ici les paysages sont faits à 100% par l’homme, les politiques et les fonctionnaires en ont profité pour réécrire le paysage totalement. On peut décider de la quantité d’eau qu’on garde, son niveau, son débit, donc nous avons creusé de nouveaux canaux pour délimiter les nouvelles parcelles. On a rationalisé le paysage pour l’accorder aux besoins de l’époque, on a déplacé des villages et surtout on a déterminé où étaient les villes et où étaient les campagnes. À l’époque, on n’était pas préoccupé par l’idée de patrimoine, qu’il soit urbain ou rural. On était en pleine période productiviste, on cherchait surtout à ce que le paysage réponde aux besoin matériels du pays, point. On était en plein fonctionnalisme, en fait. Pourquoi une telle dichotomie entre la ville et la campagne, alors qu’on n’a pas une telle césure en France, par exemple? En fait, les élites de l’époque paniquaient déjà à l’idée que la ville allait tout

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submerger. Il y avait assez peu de terrain disponible, et l’urbanisation était vue comme un mouvement incontournable même s’il y avait en même une grande méfiance vis-à-vis de la ville. Ces élites voyaient le pays comme une nation de paysans et de commerçants, pas comme un ensemble de villes avec quelques polders entre elles, comme c’est désormais le cas dans la Randstad. C’est pour ça qu’ils ont pris le parti de faire des villes relativement denses et limiter la superficie qu’elles occupent, pour laisser de la place aux paysans. Quand il a fallu faire de nouvelles villes, elles ont été collées aux villes plus anciennes. Purmerend ou Zoetermeer sont des banlieues typiques de l’époque: denses et collées à Amsterdam et La Haye. Même ce qu’on appelle les vinexwijken, les nouveaux quartiers sur les polders en périphérie qu’on construit depuis dix ou vingt ans, sont basés sur ce principe: pas de gaspillage de l’espace, et surtout pas d’étalement pour ne pas envahir le peu de campagne qu’on a. Et pourquoi ces quartiers sont-ils si homogènes? Même quand ils sont moches, ils restent propres avec une unité architecturale très forte? En fait, il faut comprendre plusieurs choses. La première est que faire sa maison soi-même relève de l’impossible aux Pays-Bas. Tout est cher et compliqué, il faut des ressources financières, logistiques et juridiques assez importantes pour réaliser la maison de ses rêves. Donc la plupart des gens soit emménagent dans quelque chose qui existe déjà, soit dans du neuf construit dans le cadre d’un projet plus large, aussi pour faire baisser les coûts. Dans plusieurs endroits, on a essayé de laisser les gens se débrouiller pour choisir leur architecture, ç’a été un échec. La plupart des gens préfèrent aller à la recherche d’une projet clef-en-main qui leur plaît, c’est moins de travail. Ensuite, les wooncorporaties (les corporations locatives), en charge de construire des logements sociaux, ont un pouvoir immense dans les projets. Elles ont des règles strictes à suivre, mais aussi des ambitions sociales et architecturales, pour maintenir leur réputation, et dans certains cas leur tradition [1]. Enfin, il faut comprendre que les règles sont très strictes. Il y a des welstandcommissies (commissions de bien-être), qui ont remplacé les schoonheidscommissies (commissions de beauté) de jadis, vues comme trop élitistes. Ces commissions sont composées de spécialistes reconnus pour leur expertise, et donnent des conseils sur les matériaux, les couleurs, les normes à respecter, l’utilisation de l’espace, etc. Ensuite les échevins (l’équivalent des adjoints au maire) négocient avec les contracteurs ou les corporations locatives, le résultat est présenté au conseil municipal qui va encore négocier certaines choses, comme la hauteur maximum, le choix des matériaux, l’harmonie de l’ensemble, le pourcentage minimum de logements sociaux. Donc il y a tellement de gens qui interviennent, dans le cadre de tellement de règlements, que forcément il y a un énorme contrôle de la qualité de l’espace et des constructions, au-delà des choix architecturaux qu’on peut aimer ou déplorer. Une chose qui me frappe, c’est le contraste entre une architecture parfois très audacieuse et moderniste, et l’utilisation qu’en font les gens, avec des rideaux en dentelle avec des dauphins et des nains dans le jardin... Oui, il y a de grosses tensions entre les deux classes du pays. Les élites sont

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ANNEXES souvent très cultivées et ont une vision assez précise de ce à quoi la ville devrait ressembler, alors que la classe tatouée, le bas peuple, rêve d’autre chose. Au-delà des goûts personnels, il y a une énorme haine des tatoués envers tout ce qui est perçu comme l’autorité, que ce soit comme organisation administrative ou politique (autoriteit) que comme processus de contrôle (gezag). Ils ne se sentent pas du tout inclus dans le processus de création de la ville. Ils ont aussi une conception de l’espace qui est totalement différente. Ils voient leur maison et leur jardin comme un îlot de liberté personnel, et s’isolent du reste de la ville, retranchés derrière des rideaux, des pots de fleurs et des barrières. Ils tournent le dos à la ville pour protéger leur famille. La plupart des communes ne cherchent même plus à contrôler certaines choses comme les barrières des jardins par peur de provoquer des émeutes, tant la haine est grande. On dépasse là le cadre de l’urbanisme, le problème est avant tout social et politique. Oui, on ne va pas parler de Wilders à nouveau. Y a-t-il une réponse à cette résistance? En fait, la réponse est venue du fait que les corporations locatives ont dû fonctionner de façon à répondre au marché afin d’être profitables, et que le gouvernement a rendu le crédit attractif, ce qui a laissé beaucoup de possibilités aux développeurs privés. Au lieu de construire uniquement des choses qui plaisent aux élites, ils se sont mis à faire des choses qui plaisent au peuple, même si c’est moins moderne. Il y a beaucoup de projets qui font du faux-vieux et qui sont très réussis. Il y a beaucoup d’imitations de villages des années 1930, avec des toits pointus et des jolis rebords de fenêtre, mais aussi des faux châteaux-forts qui ont énormément de succès. C’est assez étrange de se promener dans ces nouveaux quartiers, avec plusieurs polders occupés par des châteaux forts qui se suivent à l’identique, juste à côté d’un autre polder avec un ensemble de maisons ultramodernes et cubiques. Je trouve que ces dernières années, la qualité de l’ensemble, aussi bien technique qu’architecturale, a beaucoup augmenté. Même les logements sociaux sont plutôt réussis et bien conçus.

Une structure rouge le long de l’autoroute

Je trouve assez fascinant cette chose folle le long de l’autoroute à hauteur du Leidsche Rijn, à Utrecht, avec cette bulle énorme et ce mur fait de verre et d’une structure rouge. C’est d’une modernité impensable ailleurs pour une simple banlieue, non? Oui c’est un bon exemple d’ambition architecturale pour marquer un territoire. Ici, un quartier tout neuf et ultramoderne le long de l’autoroute. Le mur de protection a été transformé en zone commerciale et en un espace de bureau assez futuriste. Dans ce cas, le projet est la conjonction d’une période d’enthousiasme immobilier et financier (il y a deux ou trois ans), de l’ambition politique de la commune d’Utrecht et de l’égo bien placé de constructeurs et d’hommes d’affaires.

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“The Wall”, nouveau et immense centre commercial situé à Utrecht: version rêvée...

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Pourtant vous avez publié plusieurs documents sur la laideur moderne... En fait, il s’agit de comprendre pourquoi les zones industrielles sont si laides. Il y a maintenant quelques entreprises qui font des efforts, mais la plupart des zones industrielles sont vraiment moches. En fait, comme en France, les communes sont en compétition pour attirer les entreprises avec l’idée d’aider l’emploi. Nous n’avons que 450 communes, qui sont de taille assez importante si on les compare avec les dizaines de milliers de communes françaises, mais le problème est le même. Les communes essayent de ne pas poser trop de problèmes et de ne pas faire peur avec des règles esthétiques. Résultat: les entreprises font plus ou moins ce qu’elles veulent. En gros, un espace assez grand pour travailler, assez de places de parking et que ce soit propre. Elles ne sont pas intéressées par la beauté des lieux. La réponse à cette laideur est à la fois politique, en faisant en sorte que le communes ne soient pas tentées de baisser leurs standards en étant en compétition les unes avec les autres, et culturelle, en montrant aux entrepreneurs qu’un espace de qualité est aussi une marque de sérieux et de qualité entrepreneuriale. En même temps, avec l’ambiance politique actuelle, faite de la haine de l’autorité et de culte de la déréglementation, ce n’est pas gagné. Alors qu’il y a à peu près autant de migrants qu’en France, on ne voit pas beaucoup leur influence dans la ville, que ce soit l’organisation de l’espace ou l’architecture. C’est juste un constat, pas une jugement de valeur. Pourquoi? Oui c’est vrai. Il y a l’influence de l’architecture internationale, avec beaucoup d’architectes occidentaux, qu’ils soient italiens ou américains, mais on ne voit pas d’influence turque ou marocaine. Je pense que le problème est générationel: il y a encore peu d’architectes et d’urbanistes d’origine allochtone ayant assez d’autorité pour imposer des vues différentes et des goûts nouveaux. En plus, la Hollande a peu de liens historiques avec ces pays, donc n’est pas culturellement préparée pour les mosaïques arabes ou les grands espaces abstraits.


ANNEXES En plus, ces temps-ci, on est dans une période assez particulière, avec une énorme hostilité envers l’Orient et l’Islam, pour ne pas parler du mépris envers le monde latin, l’Asie ou l’Afrique. Ce néerlandocentrisme très focalité sur l’Occident et le Nord de l’Europe se retrouve forcément dans la façon de construire la ville. Enfin, il faut comprendre que les néerlandais construisent leur wooncarrière, leur carrière immobilière, en achetant à crédit sans jamais rembourser le capital [2], et en déménageant dès qu’ils peuvent vers quelque chose de plus grand et plus cher. Il leur faut donc des maisons assez standards, qui puissent être facilement revendues avec un maximum de profit. Cela n’encourage pas la prise de risque. Donc il ne faut pas s’attendre à des choses vraiment personnelles, orientales ou arabisantes dans ce contexte. Laurent Chambon Notes [1] Beaucoup ont été fondées en tant que coopératives ouvrières ou municipales afin d’améliorer les conditions matérielles du peuple, et ont donc souvent des statuts qui les obligent à viser la qualité, aussi bien technique qu’esthétique. [2] Un foyer néerlandais moyen achète en général sur 30 ans en ne remboursant que les taux d’intérêt, mais sans jamais rembourser le capital, sachant que l’État rembourse une partie des taux d’intérêt (le fameux hypotheekrenteaftrek). L’idée est qu’on renouvelle régulièrement son emprunt, et qu’avec la hausse continue des prix de l’immobilier on pourra toujours revendre avec une plus-value. Dans les faits, les plus pauvres (souvent locataires) financent les emprunts immobiliers des plus riches par l’impôt. La droite vient de gagner les élections en promettant de ne pas toucher à l’hypotheekrenteaftrek, même pour les plus riches.

...et la version réelle, tout autre...

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