De théophraste à Cuvier : la botanique à travers l'histoire ... et les livres !

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DE THÉOPHRASTE À CUVIER,

LA BOTANIQUE À TRAVERS L’HISTOIRE… & LES LIVRES !

Catalogue de l’exposition présentée à la Bibliothèque d’Agglomération du Pays de Saint-Omer du 02 juin au 30 août 2017 Commissariat : Rémy Cordonnier, responsable des fonds anciens de la Bibliothèque d’Agglomération du Pays de SaintOmer (BAPSO) Directeur de la publication : François Decoster, Président de la Communauté d’Agglomération du Pays de Saint-Omer Coordination et médiation : Françoise Ducroquet, directrice de la BA Textes et notices : Rémy Cordonnier, et Matthieu Fontaine pour le panneau sur Dumont de Courset Relecture et corrections : Laurence Bacart (BAPSO), Julie Ballanfat (BAPSO), Mélissa Minet (BAPSO) Choix des illustrations : Rémy Cordonnier Conception graphique : Florian Duponchelle, service Communication de la CAPSO Crédits photographiques : BAPSO, Musée de l’Hôtel Sandelin, bibliothèque municipale d’Avignon et Wikimedia Commons Impression : ICOM Remerciements : Un grand merci au Musée de l’Hôtel Sandelin d’avoir consenti au prêt de trois des volumes de l’herbier Deschamp de Pas. Merci également pour leur aide à Matthieu Fontaine, Baudouin Van den Abeele et Pascale Milly. Ill. p. 3 : P. A. Matthioli, Opera, Frankfort, Baseus, 1598, encadrement de la page de titre (St. Omer, BA, inv. 1377) ; ill. p. 46 : P. J. Redouté & C. A. Thory, Les Roses, Paris, Firmin Didot, 1821, (St. Omer, BA, inv. 16476) ISBN : 978-2-9553126-5-0


Est ceste présente besongne est nostre propos et intention de traicter des simples medecines. (Le GRAND HERBIER EN FRANÇOIS, Paris, Philippe le Noir pour Jean Petit, 1520)

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ous sommes nombreux à avoir un jour commencé à constituer un herbier, ou tout simplement à nous être émerveillés de la richesse foisonnante du monde végétal. Cet intérêt pour les plantes est aussi ancien que l’humanité, tant celles-ci font partie de notre environnement quotidien. Il n’y a pas, en effet, jusqu’au plus urbanisé des centres-villes où il y ait un interstice entre deux dalles de béton d’où émerge à l’occasion l’un ou l’autre pissenlit. L’intérêt pour les plantes est aussi en grande partie suscité par leur pouvoir guérisseur, et qui fait du monde végétal la source principale de notre pharmacopée depuis toujours. Cette pharmacopée s’inscrit dans une longue tradition savante consacrée à la médication naturelle, dont les racines remontent au moins à l’antiquité et perdure jusqu’au XVIIIe siècle. Même si l’on y trouve aussi quelques mentions de remèdes d’origine minérale ou animale, ce sont les plantes qui dominent largement dans ces ouvrages. C’est cette corrélation entre fascination esthétique et scientifique, et intérêt pratique et médical que les deux disciplines sœurs que sont la botanique et la pharmacie se sont développées, tantôt conjointement, tantôt en suivant des voies séparées, mais sans jamais être complètement dissociées l’une de l’autre. C’est pourquoi, cette exposition, qui se proposait dans un premier temps de n’évoquer que l’histoire littéraire de la botanique, fait finalement une large place aux pharmacopées anciennes. La Bibliothèque de l’Agglomération du Pays de Saint-Omer vous invite donc à découvrir ces ouvrages anciens qui traitent de la connaissance ancestrale des plantes, de leurs propriétés médicinales et de sa transmission au fil des siècles, à travers la présentation d’une soixantaine de volumes souvent ornés de splendides gravures, résultant des recherches des plus grands noms de la botanique occidentale de Dioscoride (40 env.-env. 90) à Pierre Joseph Redouté (1759-1840) en passant par Otto Brunsfeld (1488-1534), Leonhart Fusch (1501-1566), Adam Lonitzer (1528-1586) ou Charles de l’Ecluse (1526-1609). C’est aussi l’occasion d’honorer la mémoire de deux grands botanistes audomarois : Georges-Louis-Marie Dumont de Courset (1746-1824) et Louis-Auguste Deschamps de Pas (1765-1842).

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botanique et pharmaceutique deux sciences soeurs dans l’antiquite au moyen âge

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héophraste (371-288 avant notre ère) est considéré comme le premier grand botaniste de l’histoire occidentale. Ce disciple d’Aristote est l’auteur d’un ouvrage intitulé Recherches sur les plantes, qui propose pour la première fois une description méthodique des végétaux basée sur leur morphologie et leur habitat. C’est le premier véritable traité de botanique, dont seul le neuvième et dernier livre porte sur les vertus médicinales des plantes. Il cite des textes plus anciens, comme celui de Dioclès de Carystos, lui aussi disciple d’Aristote, rédigé vers 300 av. n. è., l’Alexipharmaca et le Theriaca du médecin grec Nicandre de Colophon, composés au IIe siècle avant notre ère, ou encore l’herbier de Crateuas (120-63 av. n. è.), médecin personnel du roi du Pont Euxin, Mithridate VI le Grand. Mais, ces ouvrages ont clairement une vocation médicale. La tradition pharmaceutique européenne dérive, pour sa part, en grande partie du Corpus hippocratique. Ce recueil d’une soixantaine de livres de médecine attribués à Hippocrate recense près de 300 substances médicinales. La science médicale d’Hippocrate s’oppose à la médecine religieuse et incantatoire des guérisseurs, en niant l’intervention divine dans les maladies. Celles-ci sont perçues Hippocrate comme les symptômes d’accidents naturels auxquels on peut remédier (therapeía) rationnellement par l’action de substances médicales (pharmaka), qui agissent inversement aux processus pathologiques constatés. .

qu’une simple est une substance curative s’employant sans aucune addition, comme elle a été trouvée dans la nature. Cette somme comprend surtout des chapitres sur les plantes mais on y trouve aussi des substances animales et minérales. C’est vraisemblablement de cette tradition que dérivent les vastes pharmacopées imprimées du XVe siècle et du début du XVIe, telles que le Jardin de Santé et le Grand herbier aussi appelé Arbolayre.

Saint-Omer, BA, inc.088

Le Moyen Âge s’inscrit dans la continuité de la culture antique. L’œuvre de Dioscoride, médecin et botaniste grec du Ier siècle, est traduite en latin et circule dès le IIIe siècle. On en trouve des éléments dans les encyclopédies médiévales, qui font référence aux principales propriétés curatives des plantes mentionnées dans les chapitres dédiés aux végétaux. Plusieurs herbiers médiévaux dérivent du De materia medica de Dioscoride, comme le Liber medicinae ex herbis feminis, le Curae herbarum, ou encore l’Herbier du savant romain Cassiodore. Mais, le plus célèbre dérivé de Dioscoride reste l’Herbarius du médecin Apuleius Platonicus, compilé au IVe siècle notamment à partir des œuvres de Pline l’Ancien (un encyclopédiste du Ier siècle). Il comprend 130 entrées toutes illustrées dans les manuscrits conservés. Un autre groupe d’herbiers médiévaux est constitué autour d’une pharmacopée composée par l’Université de Salerne, en Italie, au XIIe siècle : le Tractatus de herbis, aussi appelé Circa instance d’après son incipit (premiers mots du texte), traduit en français sous le titre de Livre des simples médecines. En effet, son introduction explique

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Charles de L’écluse, Rariorum plantarum historia Anvers, Plantin-Moretus, 1601 Saint-Omer, BA, inv. 1386


dioscoride Dioscoride est un médecin grec, qui vécut au Ier siècle. Son œuvre a eu une influence majeure durant plus de 1500 ans, en tant que source principale des connaissances pharmaceutiques de l’Europe occidentale et du Moyen Orient de la fin de l’Antiquité jusqu’au début de l’époque moderne. Son Traité de la matière médicale, considéré comme l’ouvrage de référence en pharmacologie, est très tôt traduit dans toutes les langues européennes. C’est l’une des plus anciennes sources que l’on ait conservée sur ce sujet.

1. Recueil de traités médicaux a) Pedanius Dioscoride d’Anazarbe, Peri hyles iatrikes / De medica materia libri V, Cologne, Johann Soter, 1529 Cette très belle édition bilingue et abondamment commentée du Traité de la matière médicale, a été donnée par l’érudit florentin Marcello Virgilio Adriani (1464 – 1521), professeur de sciences à l’université de Florence et premier chancelier de sa ville. Il s’est très jeune intéressé à la botanique où il a excellé au point d’être surnommé le Dioscoride de Florence. Il a en effet produit son édition après avoir constaté que celle donnée en 1516 par l’humaniste italien Ermolao Barbaro, suit d’avantage le texte de Pline que le texte original en grec de Dioscoride. b) Hermolao Barbaro, In Dioscoridem corollariorum libri, quinque. Cologne, Johann Soter. 1530

Ce volume est relié avec un traité du Vénitien Ermolao Barbaro (14541493). Celui-ci étudie à Vérone et Rome avant de rejoindre l’université de Padoue, où il reçoit son baccalauréat en droit et en philosophie. De retour à Venise, il occupe divers offices publics et enseigne la philosophie d’Aristote à l’université avant d’être nommé Patriarche d’Aquilée.

Saint-Omer, BA, inv. 1376

Saint-Omer, BA, inv. 1376

Son Corolarium, rédigé vers 1489 mais publié de manière posthume pour la première fois en 1516, se présente comme une annexe à sa traduction latine du De materia medica, offrant une synthèse de tout ce, qui a pu être écrit par d’autres auteurs sur les mêmes plantes. Il inclut de nombreux extraits d’auteurs antiques sur la botanique mais aussi sur l’agriculture ou l’arboriculture.

Ce volume provient du collège des Jésuites anglais de Saint-Omer, comme l’indique la mention «Coll. angl. Soc. Jesu Aud. Bibliotheca» inscrite à l’encre sur la page de titre.

2. Pedanius Dioscoride d’Anazarbe, De medicinali materia, libri sex, Ioanne Ruellio Suessionensi interprete, Lyon, Balthazar Arnoullet, 1550 Il s’agit d’un exemplaire de la 9e édition de la traduction latine, donnée par le médecin et botaniste français Jean Ruel (ou de la Ruelle) en 1516. Il est le médecin de François Ier et régent de la faculté de médecine de Paris. Il devient chanoine de Notre-Dame de Paris à la mort de sa femme. Il est surtout connu pour ses nombreuses traductions de textes antiques, qui lui ont valu d’être surnommé l’« aigle des traducteurs » par l’humaniste Guillaume Budé. L’imprimeur Arnoullet a enrichi cette traduction de bois gravés, qui sont en fait les 516 bois gravés par Clément Boussy pour l’herbier de Fuchs (voir infra n°18). Arnoullet les fait venir de Paris en 1547 et les utilise d’abord dans ses éditions du De historia stirpium. Certaines de ces figures ont pu être regravées, mais l’épaisseur plus importante des lignes suggère un usage répété, contribuant à l’écrasement des arêtes de la sculpture détrempée par l’encre. Saint-Omer, BA, inv.28430

Ce volume est entré à l’inventaire en août 1930.

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Pietro Andrea Matthioli (1501-1577) Pietro Andrea Matthioli (ou Mattioli) est un médecin et botaniste italien. Il commence une carrière juridique avant de s’orienter rapidement vers la philosophie naturelle et les sciences médicales. Il obtient son doctorat à Padoue et exerce quelques années à Siennes, puis, à Rome, avant de s’installer dans le Trentin à cause des combats qui font rages dans la région. Ses qualités professionnelles et humaines lui valent une réputation, qui devient vite internationale. Ainsi au point que Ferdinand Ier de Habsbourg (1503-1564) le mande à Prague pour devenir son conseiller et le médecin personnel de son fils. Il poursuit son office auprès de Maximilien II (15271576) avant de rentrer terminer sa vie à Trente, en Italie, où il meurt de la peste en 1577. Son Commentaire sur Dioscoride est son principal ouvrage, édité en italien et sans illustrations pour la première fois à Venise en 1544. L’auteur a fait le choix de la langue vernaculaire, afin que les apothicaires, principaux lecteurs de cet ouvrage, puissent facilement s’y référer. En effet, ces derniers ne maitrisent pas toujours suffisamment le nom latin des plantes. Il en donne ensuite une version latine illustrée en 1554. Matthioli ne se contente pas de commenter le texte antique, il y ajoute également un certain nombre de substances naturelles dont il a appris les propriétés médicales au cours de sa carrière. Il donne ainsi un bon aperçu des connaissances botanicomédicales de son temps, et vient, à ce titre, compléter les travaux similaires de Fuchs, Gessner et Ruelle (sur ces auteur voir plus bas). Matthioli réalise d’ailleurs une correction de la traduction de Dioscoride par Ruelle, grâce à la collaction avec deux copies anciennes du texte grec. Celles-ci lui ont été apportées par Augier Busbeck (1522-1592), ambassadeur d’Autriche auprès du sultan Soliman II à Constantinople, et botaniste à ses heures. On lui doit, entre-autre, l’introduction de la tulipe en Europe. Le traité de Matthioli est donc une pharmacopée dans la tradition médiévale. On y trouve encore beaucoup de superstitions et de croyances populaires : des plantes, qui font tomber les fers des chevaux, ou d’autres, qui ont le pouvoir de ressusciter les morts… Là encore, les illustrations n’ont pas de réelle vocation illustrative mais plutôt un rôle mnémotechnique, d’autant que certaines sont erronées. Dans la version latine, les illustrations rendent plus accessible les plantes dont les noms sont moins répandus. Son œuvre connait une fortune considérable avec plus d’une trentaine de rééditions. Elle est très tôt traduite dans plusieurs langues d’Europe.

3. Petri Andreae Matthioli, Opera quae extant omnia, Frankfort, Nicolas Baseus, 1598 Il s’agit de la première édition des œuvres complètes de Matthioli. Outre sa pharmacopée illustrée de plus de 1400 gravures, elle comprend également une réponse à diverses critiques faites à son œuvre, ses échanges épistolaires avec d’autres médecins de son époque et son traité sur la syphilis, aussi appelée le « mal français » (morbo gallico).

Saint-Omer, BA, inv. 1377

Saint-Omer, BA, inv. 1377

Ce volume provient de la Bibliothèque blaséenne, fondée par testament par l’évêque Jacques Blase en 1618 au sein du Chapitre de la cathédrale Notre Dame de Saint-Omer. Cette bibliothèque est la première bibliothèque publique de la ville puisque le testament stipule qu’elle doit être ouverte trois fois par semaine au public, une main du XVIe siècle a ajouté occasionnellement les noms des plantes en français et inscrit quelques notes.

4. Historia plantarum […] ex Dioscoride, Lyon, Gabriel Cotier, 1561 Cette Histoire des plantes d’après Dioscoride est, en réalité, la traduction latine du commentaire sur Dioscoride de Matthioli, par l’érudit alsacien Antoine du Pinet de Noroy (1510-1584). Ce dernier, protestant engagé, pasteur à Genève puis à Lyon, est un polygraphe, qui traduit toute sorte de textes, passant d’un commentaire sur l’Apocalypse, à un traité antique sur les poids et mesures via l’Histoire Naturelle de Pline - qui fut longtemps la seule version disponible en français. Il donnera deux versions de l’œuvre de Matthioli : l’une en latin et une en français, imprimées pour la première fois en 1566 et rééditées à de nombreuses reprises jusqu’à la fin du XVIIe siècle. Ce volume provient de la bibliothèque du couvent des Carmes déchaussés de Saint-Omer. Il est passé entre plusieurs mains avant cela, et notamment celles d’un certain Jean Blondel : «ex libris Jo[ha]n[i]s Blondel 1572» est ainsi inscrit à l’encre sur la garde supérieure. Une autre inscription nous indique qu’il est médecin et qu’il a donné son livre, par la suite, à un autre personnage dont nous n’avons pas su déchiffrer le nom. 6

Saint-Omer, BA, inv. 2058


5. Les Commentaires de M. P. André Matthiolus, medecin senois, sur les six livres de Pedacius Dioscoride Anazarbeen, de la matiere medecinale : traduits de latin en françois, par M. Antoine Du Pinet : et illustrez de nouveau, d’un bon nombre de figures ; et augmentez en plus d s des mots & matieres traittées esdits Commentaires. Le tout au profit & commodité des amateurs de la Medecine, Lyon, chez Claude Rigaud et Claude Obert, 1627 Il s’agit de la 5e édition de la traduction française de Matthioli par Dupinet et la 3e du XVIIe siècle. Ce volume provient de l’infirmerie du couvent des Franciscains récollets de Saint-Omer, où il a, semble-t-il, été utilisé par un certain Louis Baron, comme l’indiquent les diverses mentions manuscrites sur la page de titre : « F. Louÿs Baron, jubilaire [qui a cinquante ans de sacerdoce], avec permission des supérieurs 1634» – « de l’infirmerie du couvent des pp recs à S. Omer » - « A l’infirmerie ». On y trouve diverses autres annotations sur les contreplats, dont un adage attribué à Erasme : « Fleres si scires vnum tua tempora mensem. Rides cum non sit forsitan vna dies » : « Vous pleureriez si vous saviez que votre vie ne durerait qu’un mois, mais vous riez quand vous ne savez pas si vous vivrez encore un jour ». L’état de ce volume témoigne d’un usage intensif. Saint-Omer, BA, inv. 1376

6. Articella, Paris (?), vers 1200-1230 Ce recueil manuscrit, copié au XIIIe siècle, comprend neuf traités médicaux, qui ont circulé au Moyen Âge sous le titre d’Articella (« petit art » en italien). Il est associé au nom de Gallien, comme l’indique encore le titre frappé au dos de la reliure du XVIIe siècle, bien que ces textes soient d’auteurs multiples : • Isagoge ad Tegni Galieni de Johannitius • Aphorisme d’Hippocrate • Pronostiques d’Hippocrate • Livre des urines de Théophile le Protospathaire • Art médical ou Tegni du grec Τέχνη de Gallien • Traité des urines anonyme • Diètes universelles d’Isaac Israëli • Diètes particulières du même auteur • De Regimine acutarum et la Phlébotomie d’Hippocrate

Saint-Omer, BA, ms 617

Cette somme est à la base de l’enseignement médical au Moyen Âge. On trouve de nombreux articles sur les propriétés médicales de diverses substances mais surtout de plantes, notamment dans les deux traités de diététique d’Isaac ben Solomon Israëli (vers 855–955). Ce dernier est un philosophe juif à l’intérêt éclectique, surtout connu pour ses traités de médecine. Ses œuvres ont été transmises à l’Occident latin via les traductions qu’en a donné Constantin l’Africain vers 1087.

Ce manuscrit porte deux anciens systèmes de classification de l’abbaye de Saint-Bertin, la mention du premier mot du second folio « 2° f° virtutus » et le numéro d’inventaire du XVIIIe siècle « 709 ».

7. Thomas Levacher de La Feutrie, L’Ecole de 8. Jean Sérapion ( Yuhannaāibn Sarabiyun), De Salerne ou l’Art de conserver la santé, en vers simplicium medicamentorum historia libri latins & francois, avec des remarques, recueillie, septem, Venise, Andrea Arrivabene, 1552 augmentée, Mont-Cassin-Paris, Segaud, 1779 Il s’agit de l’édition latine, par le Le médecin et lexicographe parisien Thomas Levacher de La Feutrie commence ses études de médecine à Caen. Il s’installe ensuite à Paris, où il obtient le grade de docteur en 1768, et devient doyen de la faculté de médecine de Paris. C’est l’un des fondateurs de la Société médicale d’émulation de Paris. On lui doit plusieurs ouvrages médicaux parmi lesquels un Dictionnaire de chirurgie (Paris, Lacombe, 1767), coécrit avec François Moysant et E. de La Marcellerie. Cette version versifiée du Regimen sanitatis Salernitanum (Régime de santé salernitain) alterne, Saint-Omer, BA, inv. 8379 chapitre par chapitre, avec une traduction et des commentaires en français. Le 11ème chapitre est intitulé « De certains remèdes contre des incommodités vulgaires » et donne 25 usages de plantes médicinales.

médecin milanais Nicolo Mutoni (15..-15..), des sept livres d’une compilation arabo-antique anonyme sur les vertus des substances médicinales simples. On y trouve notamment des extraits de Dioscoride, Gallien, Hippocrate, Almansour et même d’Abraham. Cette compilation est traditionnellement attribuée à Jean Serapion, médecin syrien du IXe siècle. Elle a d’abord circulé dans le monde arabe avant d’être traduite en latin au XIIIe siècle. La première édition est imprimée à Venise en 1497. Saint-Omer, BA, inv. 1405

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la theorie des signatures « Paracelse et son système des signatures m’avaient paru ouvrir à notre art une voie triomphale ; ils ramenaient en pratique à des superstitions de village ». M. Yourcenar, L’œuvre au noir, part. 1, chap. 9 (Paris, Gallimard, folio, 1968-1991, p.149)

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a pharmacopée médiévale et moderne a été largement dominée par la doctrine ou théorie des signatures. Celle-ci est une des manifestations de la pensée analogique, qui prévaut à cette époque, et, qui conçoit le monde comme un réseau de résonnances et de correspondances. Elle consiste à établir des relations entre les caractéristiques morphologiques des plantes et leurs vertus médicinales : l’apparence, le goût, ou les réactions provoquées par les substances médicales simples sont autant d’indices potentiels de leurs actions. Cette théorie des signatures découle d’une tradition, dont on retrouve des traces dès la plus haute Antiquité et dans presque toutes les cultures humaines, de la Chine à l’Amérique précolombienne en passant par l’Egypte, le Moyen Orient ancien et le monde méditerranéen. Cette universalité est en grande partie due au fait que cette doctrine résulte d’une simple observation empirique et d’un constat de ressemblance. Associée à la notion de « sympathie/antipathie », c’est l’un des principes de base du fonctionnement de la pensée humaine en général.

Ainsi, Dioscoride mentionne au sujet de l’aconit, une fleur, que sa racine évoque la forme de la queue d’un scorpion, et qu’une de ses propriétés est justement d’être néfaste à ce dernier.

Saint-Omer, BA, inv. 1872

Giambattista della Porta, Phytognomonica, Frankfort, Johann Wechel & Peter Fischer, 1591 - Saint-Omer, BA, inv. 1872

C’est toutefois à la Renaissance que cette théorie trouve l’écho le plus large. L’un des plus grands théoriciens de cette tradition est l’humaniste italien Giambattista Della Porta (1538-1615). Il est l’auteur d’une Phytognomonica, imprimée pour la première fois à Naples en 1588. Cet ouvrage a connu une grande fortune, notamment par la présence de nombreuses planches figurant des plantes accompagnées de la représentation des organes ou des espèces animales sur lesquelles elles agissent. Ce lien peut être fait selon différentes formes d’analogie, qui déterminent l’organisation des grandes parties du traité de Della Porta :

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1.

Similitude de la forme de la plante et de l’organe à traiter (le cerneau de noix est un remède pour soigner les maux de tête)

2.

Ressemblance de la plante avec un animal en rapport avec une maladie donnée (la crête de coq est réputée soigner la coqueluche)

3.

Similitude entre la couleur de la substance végétale, animale ou minérale et celle attachée aux symptômes de la maladie à traiter (jaune, rouge, blanc – ainsi l’hématite est utilisée contre les hémorragies)

4.

Analogie entre la substance et les phénomènes médicaux observables chez le patient (la luciole est utilisée pour soigner les cécités nocturnes)

5.

Capacité de la substance à produire chez un bien-portant les symptômes du malade (un anti-vomitif chez un malade pris de vomissements est perçu comme un vomitif par un bien-portant)


9. Adam Lonicer, Naturalis historiae opus novum, Frankfort, Christian Hegenolff, 1551 Adam Lonicer ou Lonitzer (1528-1586) est un médecin et naturaliste allemand. Il fait des études de médecine à Frankfort et en 1547, il est appelé à Freiberg pour y enseigner les belles-lettres pendant 4 ans. Il part ensuite pour Mayence où il étudie la médecine auprès du Dr. Osterode avant de retourner dans sa ville natale de Marpurg pour y enseigner les mathématiques. Il obtient son doctorat en médecine en 1554, l’année de son mariage avec la fille de l’imprimeur Christian Hegenolff, et devient professeur de médecine à Mayence. Parallèlement à son activité de médecin, il corrige aussi les ouvrages de son beau-père, chez qui il publie plusieurs livres de médecine et de sciences naturelles. Sa Nouvelle histoire naturelle est une compilation encyclopédique généraliste, qui ne traite pas que du règne végétal, mais inclut aussi les animaux et les minéraux. Elle est très classique dans sa présentation et s’inscrit dans la tradition des pharmacopées médiévales. C’est une des dernières héritières de l’Hortus sanitatis à une époque où la médecine et Saint-Omer, BA, inv. 1375 la botanique se sont déjà bien éloignées l’une de l’autre. Ses chapitres s’ouvrent sur une citation d’un auteur de référence, souvent un auteur antique, suivent ensuite une explication de l’étymologie du nom de la plante ou de l’animal suivit d’une description sommaire de ses usages médicinaux avec une présentation du « tempérament » de la plante, c’est-à-dire de son positionnement dans la théorie des humeurs. Son œuvre est illustrée de nombreux bois gravés, qui ont une vocation mnémonique et non pas naturalistes. Certains sont employés plusieurs fois dans le volume, mais ils sont toutefois un peu plus élaborés que dans l’Hortus sanitatis. La variété des dessins de ces gravures montre qu’il s’agit de bois de provenances diverses, qui ont été ici compilés.

Ce volume a été restauré en 2015 en prévision de cette exposition. Il appartenait à Leo Bernaerts, prêtre de la paroisse d’Ackerghem à Gand. Ce dernier a laissé son nom sur la page de titre ainsi qu’une longue dédicace sur la garde volante inférieure du volume : Leo Bernaerts p[res]b[ite]r[us] curatus indignibus ___ D(omi)ni Miquaelis et D(omi)ni Martini Ganden(sis) a(nn)ibus 1560. 61. 62. 63. 64 in Aekerghem calendis aprilis 1564. Anno viro D(omi)ni Joanis ingressus annum currentem a festo Joa(n)is Baptistae xvc lxv. Precur venimum Deum bt cedat mihi haec functio in salut(em) a(nim)æ et corporis. On y trouve également une longue inscription en grec et les noms des plantes ont été parfois inscrits en flamand.

10. Giambattista della Porta, Phytognomonica, Frankfort, Johann Wechel & Peter Fischer, 1591 Giambatista della Porta (vers 1550-1615), célèbre physicien iItalien de la Renaissance, est issu d’une famille de patriciens napolitains. Il reçoit une solide éducation, qui développe sa curiosité, en particulier pour les mystères et les choses occultes. Attiré par les sciences, il entreprend un vaste tour des grandes bibliothèques d’Europe et acquiert un savoir prodigieux. Il est à peine âgé de 15 ans lorsqu’il publie les premiers volumes de son traité sur la magie naturelle. A son retour, il se lance dans de vastes recherches et aborde de nombreux domaines relatifs à la médecine et à ce que l’on appelle, à l’époque, la philosophie naturelle. Il constitue un des cabinets de curiosités les plus renommés de son temps et aime à acclimater plantes et arbres étrangers dans les jardins de sa villa napolitaine. Vers 1583, il publie sa Phytognomonica, qui décrit le moyen de découvrir les propriétés des plantes en étudiant leur analogie avec les parties du corps humain ou des animaux. L’ouvrage s’ouvre sur une dissertation sur l’influence des affections de l’âme sur le corps et sur la physiognomonie, c’est-à-dire établir le caractère d’une personne d’après ses caractéristiques physiques. Pour cette partie, della Porta s’inspire d’auteurs antiques (Aristote, Polémon et Adamantus). Il est lui-même repris par les physiognomonistes des XVIIème et XVIIIème siècles, comme Lavater. Son ouvrage connait un véritable succès et est réédité un grand nombre de fois. Il le traduit lui-même en italien et le fait également traduire en français.

Saint-Omer, BA, inv. 1872

Ce volume provient de la Bibliothèque blaséenne.

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11. Oswald Croll, Basilica chymica, Frankfort, Godefried Tampach, 1611 Oswald Croll (v. 1560-v. 1609) est un médecin et chimiste allemand, disciple de Paracelse. Il fait des études de médecine dans plusieurs universités allemandes et voyage en Europe pour perfectionner ses connaissances. A son retour, il est nommé gouverneur du comte de Pappenheim, puis, médecin du prince Christian d’Anhalt. Sa Chimie impériale est son principal ouvrage, où il résume et explique ses recherches sur la chimie médicale et surtout la iatrochimie (doctrine médicale du XVIIe siècle, qui consiste à expliquer tous les actes vitaux, en santé ou en maladie, par des opérations chimiques : fermentation, distillation, volatilisation, alcalinités et effervescences). Il est notamment connu pour être le premier a décrire la préparation du chlorure d’argent, qu’il appelle la « lune dorée ».

Saint-Omer, BA, inv. 1376

La troisième partie de cet ouvrage est intitulée Tractatus novus de signaturis (Nouveau traité des signatures). Elle couvre la relation de l’alchimie et de la chimie avec d’autres domaines de la science, en particulier la botanique, suggérant l’utilisation de la doctrine des signatures pour déterminer la propriété médicale des plantes. Le principe, déjà amplement analysé par Paracelse, est simple : chaque chose et chaque être par sa configuration extérieure, sa couleur et sa forme, exprime ses qualités médicinales : « Le pavot avec sa couronne [...] représente la tête & le cerveau : sa décoction est fort propre pour les maladies de la tête ». Croll développe ainsi les considérations théoriques qui sous-tendent la théorie des signatures. De plus il reproche aux botanistes de son temps de ne s’intéresser qu’aux propriétés extérieures et apparentes des plantes, du lieu où elles croissent, négligeant de prendre en considération que « leur force est indiquée par l’ombre et image de Dieu, qu’elles portent, ou à la vertu interne […] laquelle se reconnaissoit plutôt par la signature, ou sympathie analogique et mutuelle des membres du corps humain, à ces plantes-là ».

Saint-Omer, BA, inv. 1689

Cet ouvrage est imprimé pour la première fois à Frankfort en 1608, et connaît une certaine fortune avec non moins de 17 rééditions en latin. Il est traduit en allemand en 1622, en français en 1624, et en anglais en 1670. Notre volume est un exemplaire de la 4e édition latine.

Ce volume provient de la Bibliothèque blaséenne.

12. Sir John Floyer, Pharmako-basanos: or, the touch-stone of medicines, Londres, Robert Clavel & Michael Johnson, 1687 John Floyer (1649-1734), est un célèbre médecin anglais, qui fait ses études à Oxford et reçoit le grade de docteur en 1680. Il exerce à Lichfield et sa renommée lui vaut d’être fait chevalier. Il est néanmoins connu pour son traditionalisme et ses pratiques archaïques. Il est ainsi convaincu que l’abandon du baptême par immersion est à l’origine de la recrudescence de tuberculose. De plus, il continue de croire au pouvoir thaumaturge du monarque et envoie les malades des écrouelles à la Cour… Il a toutefois quelque peu fait avancer la médecine en étudiant de près l’asthme dont il souffrait lui-même et en produisant l’un des premiers traités sur le pouls. Il s’agit ici de la première édition de son premier ouvrage, qui explique comment les qualités particulières des plantes (goût, texture, odeur, couleur, etc.) peuvent nous renseigner sur leurs vertus thérapeutiques, voire des vertus guérisseuses : l’odeur notamment par les inhalations. Ce volume provient très vraisemblablement du collège des Jésuites anglais de Saint-Omer.

Saint-Omer, BA, inv. 1954

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Saint-Omer, BA, inc. 63 11


le XVe siecle : l’age d’or de la pharmacopee encyclopedique

T

héophraste a initié en son temps une science botanique pure, sans visée thérapeutique. Mais de l’Antiquité jusque dans les premières décennies du XVIe siècle, se développe surtout une tradition mixte, où les sciences naturelles (zoologie, botanique, voire minéralogie) sont essentiellement subordonnées à leurs dimensions pharmacologique et thérapeutique. La tradition textuelle, qui illustre le mieux ce phénomène est celle de l’Hortus Sanitatis (Le Jardin de Santé). On peut associer à celui-ci trois textes différents, régulièrement confondus en raison de leur similitude de contenu tant du point de vue du texte que des gravures, et de la corrélation de leurs dates d’édition. Tous sont très souvent réédités et traduits dans plusieurs langues vernaculaires (courantes, en opposition au latin des savants) européennes.

Le grant herbier en francois contenant les qualitez vertues et proprietez des Herbes Arbres Gommes et Semences. Extraict de plusieurs traictez de medecine. Comme de Auicenne de Rasis de Constantin de Jsaac & de Plataire Selon le commun vsage. Paris, Guillaume Nyverd pour Jean Petit et Michel le Noir, s.d. [v. 1520] Saint-Omer, BA, inv. 1627 ex. Inc. 70

1) L’Herbarius latinus, 1ère édition chez Peter Schoeffer à Mayence en 1484. On en connaît près d’une trentaine d’éditions dans les principaux pays d’Europe, comprenant des traductions en français, en néerlandais et en italien. C’est essentiellement un herbier de 246 chapitres répartis en sept parties : 1. De virtutibus herbarum / Des vertus des herbes (150 chapitres) 2. De simplicibus laxativis et lenitivis / Des substances laxatives (12 chapitres) 3. De simplicibus comfortativis / Des épices (16 chapitres) 4. De gummis et eis similibus / Des gommes (10 chapitres) 6. De generibus salis et mineris et lapidibus / Des sels, des minéraux et des pierres (16 chapitres) 7. De animalibus et provenientibus ab eis / Des animaux et de ce que l’on peut en tirer (20 chapitres)

2) Le Gart der Gesundheit (Jardin de santé - 1ère édition chez Peter Schoeffer à Mayence en 1485), aussi appelé Herbarius zu Teutsch, Hortus Sanitatis Germanice ou Hortus Minor, est toujours majoritairement un herbier de 435 chapitres, dont 379 sont illustrés (368 plantes et 11 animaux). Les 56 non illustrés concernent des substances difficiles à représenter comme l’or, le mercure, le fromage, l’eau ou la farine (4 liquides, 14 substances animales, 15 dérivés végétaux et 23 minéraux). L’auteur des gravures est toujours inconnu mais plusieurs hypothèses tendent à désigner Erhard Reuwich. Les sources du texte sont encore mal connues et on observe plusieurs cas de répétition d’un même chapitre sous deux noms différents : la tormentille : Tormentilla/Filla ; La manne : Manna/Tereniabin. Il est parfois attribué à un certain Jean de Cuba, dont le nom apparaît au chapitre 76, et que l’on a cru pouvoir identifier à Johann Wonnecke von Caub, médecin de Frankfort et collaborateur de Peter Schoeffer.

3) Enfin, l’Hortus sanitatis (Jardin de santé) proprement-dit, 1ère édition chez Jacob Meydenbach à Mayence en 1491, est une encyclopédie médicale, qui ajoute à l’herbier plusieurs sections distinctes concernant les autres règnes naturels. Ses 1076 chapitres sont initialement organisés en sept grandes parties introduites par un prologue, qui est en fait une traduction de celui du Gart der Gesundheit : 1. Un Tractatus de Herbis (Traité des herbes) de 530 chapitres 2. 164 chapitres sur les animaux terrestres 3. 122 chapitres sur les animaux ailés 4. 106 chapitres sur les animaux marins 5. 104 chapitres sur les minéraux 6. un traité sur les urines 7. un double index des maladies et des choses

Hortus sanitatis [Strasbourg, Johann Prüss, avant le 21 oct. 1497] Saint-Omer, BA, inc. 63

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13. Hortus sanitatis [Strasbourg, Johann Prüss, avant le 21 oct. 1497] L’Hortus sanitatis ( Jardin de santé) est l’un des best-sellers de son époque. La version latine est éditée pour la première fois à Mayence, par Jacob Meydenbach, en 1491. Il connait 8 rééditions entre 1496 et 1538 (la nôtre est la 3e), 22 éditions en allemand sous les titres Herbarius / Kreüter Buch / Gart der Gesundheit, 2 éditions de la traduction française parues sous les titres : Ortvs sanitatis, translate de Latin en Francois ou Le Jardin de sante translate de latin en francoy, et encore 16 éditions partielles (uniquement les livres sur les substances non végétales). C’est un ouvrage d’esprit encore très médiéval, une immense compilation, qui intègre autant de vrai que de faux. Ainsi trouve-t-on, dans la partie sur les animaux, des chapitres sur la licorne ou la manticore… Les illustrations n’ont pas de valeur scientifique, elles servent surtout à se repérer rapidement dans le texte. Certains bois sont d’ailleurs utilisés pour deux chapitres différents. La parution en 1530 des Herbarum vivæ icones d’Otto Brunfels va rapidement rendre obsolète la partie sur les plantes de l’Hortus sanitatis, dont les éditions vont cesser dès la fin du premier tiers du XVIe siècle.

Saint-Omer, BA, inc. 63

Ce volume a fait l’objet d’une restauration en 2014 en vue de cette exposition. Il provient de la Bibliothèque blaséenne. Une main du XVIe siècle y a ajouté occasionnellement les noms des plantes en français et inscrit quelques notes.

l'Arbolayre ou le grand herbier en francois Cet ouvrage, ici présenté à travers un incunable et un post-incunable parisien, est une traduction française du De simplici medicina (Livre des simples médecines) ou Circa instans, rédigé à Salerne au XIIe siècle, vraisemblablement par le médecin de Salerne, Matheus Platearius. Cette pharmacopée médiévale a connu un grand et durable succès. Elle s’est régulièrement enrichie, est rapidement traduite en langue vernaculaire et imprimée dès la fin du XVe siècle. Cette pharmacopée comprend une longue table, qui occupe 42 pages placées au début du livre chez Pierre le Caron et 24 pages à la fin du volume chez Guillaume Nyverd. Elle offre des entrées thématiques, témoignant d’une conception éminemment pratique du livre. La première table indexe les plantes en fonction de leurs propriétés, la seconde est une « exposition des mots obscurs et mal congnus par lordre des lettres del A.B.C », et la troisième est un index alphabétique des plantes avec l’indication du feuillet où elles sont mentionnées. Chaque chapitre est illustré par un petit bois gravé, qui donne la silhouette générale de la plante mais sans souci de précision scientifique -d’ailleurs, certains bois sont employés deux fois pour deux plantes différentes- Cette représentation sert surtout aux praticiens à retrouver plus rapidement ce qu’ils cherchent dans le livre, comme s’ils utilisaient des signets.

14. Arbolayre - Le grand herbier en françois, Paris, Pierre Le Caron, s.d. [vers 1498] Cette édition est une copie miroir de l’Arbolayre imprimé à Besançon par Metlinger vers 1487. C’est une édition très rare, avec seulement une douzaine de copies actuellement connues dans le monde. Notre exemplaire est lacunaire de la page de titre ainsi que des premier et dernier feuillets, qui comprenaient la marque de l’imprimeur et le colophon. Ce volume provient de la bibliothèque du couvent des Capucins de Saint-Omer. Il a visiblement été utilisé si l’on en juge par les nombreuses notes marginales du XVIe siècle relatives à l’emploi des plantes médicinales.

Saint-Omer, BA, inc. 71

15. Le grant herbier en francois Contenant les qualitez vertues et proprietez des Herbes Arbres Gommes et Semences. Extraict de plusieurs traictez de medecine. Comme de Auicenne de Rasis de Constantin de Jsaac & de Plataire Selon le commun vsage, Paris, Guillaume Nyverd pour Jean Petit et Michel le Noir, s.d. (Paris), [vers 1520] Ce volume a fait l’objet d’une restauration en 2015 en vue de cette exposition. Il provient de la Bibliothèque blaséenne. Auparavant, il appartenait à un certain Guillaume de La Noie, qui a laissé son nom sur la page de titre.

Saint-Omer, BA, inv. 1627

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du role des illustrations dans les herbiers imprimes de la tradition medievale

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n observe une grande stabilité dans la représentation des plantes et autres substances figurées dans les encyclopédies médicales publiées à travers toute l’Europe entre 1470 et 1530 ; en même temps qu’une certaine interchangeabilité des images. Cette stabilité iconographique s’explique en partie par une contingence scientifique.

Les herbiers sont en réalité utilisés par des médecins ou des apothicaires, qui savent à l’avance clairement ce qu’ils souhaitent y trouver. Il ne n’agit pas de « trouver » mais de « retrouver » telle ou telle plante au sein d’un ouvrage, qui contient plus de 1070 chapitres dans sa version la plus étendue.

Adam Lonicer, Naturalis historiae opus novum Frankfort, Christian Hegenolff, 1551 Saint-Omer, BA, inv. 1375 Hortus sanitatis [Strasbourg, J. Prüss, av. le 21 oct. 1497] chapitre 276 : la mandragore Saint-Omer, BA, inc. 63

Ce ne sont pas des manuels d’apprentissage d’une discipline dont les illustrations auraient une vocation didactique. Ces figures sont, en réalité, conçues pour faciliter le repérage des chapitres et augmenter l’efficacité de consultation de l’ouvrage. Les enluminures ou les gravures s’apparentent donc à des marqueurs visuels. Or, seule une image relativement épurée est réellement efficace pour ce type d’usage mnémonique et pratique. L’abondance de détails rend la mémorisation difficile et le repérage dans l’espace du livre encore plus ardu. Les gravures, qui accompagnent ces pharmacopées, correspondent parfaitement au mode d’illustration « mi-représentation, mi-diagramme » que décrit l’historien de l’art O. Pächt pour les manuscrits illustrés de Dioscoride. L’illustration botanique du Moyen Âge témoigne d’une observation de la nature mais sans volonté d’effet naturaliste. Elles sont simplifiées dans le but de faciliter la reconnaissance. Souvent, ces gravures ne donnent que la « silhouette » de la plante, selon une technique encore en vigueur dans certains livres de botanique contemporains. La dimension accessoire du réalisme des figures est d’ailleurs parfaitement illustrée par l’un des exemplaires enluminés sur vélin du Jardin de Santé de Vérard (Paris, vers 1500). Cette édition comprend en effet, outre de nombreuses réutilisations du même bois gravé pour plusieurs chapitres, des erreurs ou des maladresses de certaines de ces gravures. C’est le cas au chapitre sur le lait (269), qui est illustré par la planche habituellement employée pour accompagner le chapitre sur le bitume et, qui présente un lac parsemé de taches noires. Si cette image peut effectivement suggérer un gisement de bitume, en revanche, elle n’évoque en rien le lait. Or, cette maladresse est à l’évidence connue de l’imprimeur puisque, dans l’exemplaire imprimé sur vélin actuellement conservé à la BNF (Paris, BNF, velin 503, folio cxxxv ), il surpeint la gravure originale pour représenter une jatte de lait.

Jardin de Santé Paris, Jean Vérard, v. 1500, chapitre 269 : le lait Paris, BNF, Velin 503

Hortus sanitatis [Strasbourg, Johann Prüss, avant le 21 oct. 1497], chapitre 74 : le bitume Saint-Omer, BA, inc. 63 14


16. Otto Brunfels, Herbarum vivae eicones ad naturæ imitationem, Strasbourg, Johann Schott, 1532 Otto Brunfels (v. 1488-1534) est né à Mayence, où il se destine d’abord à une vie religieuse mais sa mauvaise santé l’oblige à abandonner la rigueur de la vie monastique pour retourner dans le monde. Il se convertit au protestantisme et se rend à Strasbourg où il officie d’abord comme maître d’école. Il se rend ensuite à Bâle pour étudier la médecine. Il est reçu docteur en 1530 et revient alors à Strasbourg pour y exercer et commence à publier sur sa discipline. Il finit sa carrière à Berne comme médecin de la ville. Son Image des plantes d’après nature est considéré comme l’ouvrage fondateur de la botanique moderne, car c’est le premier à proposer des illustrations, qui s’apparentent à de véritables dessins scientifiques. Ces 238 gravures sont attribuées à Hans Weiditz, un élève de Dürer, et rompent avec la longue tradition médiévale des figures mnémoniques. Le texte, quant à lui, reste proche de la tradition médiévale en ne proposant qu’une compilation de sources antiques et arabes. L’intérêt est justement que Brunfels n’est pas pour cette nouvelle méthode d’illustration naturaliste. Il considère qu’une représentation n’épuise jamais l’infinie variété de la nature. Il aurait préféré que son ouvrage reste sans illustration. C’est en réalité l’imprimeur-libraire Johann Schott, qui a passé commande des gravures au Strasbourgeois Weiditz. Ce dernier est alors considéré comme l’un des meilleurs illustrateurs de son temps. Ce volume provient de l’abbaye de Saint-Bertin, il porte la cote medic 2. Il appartenait avant cela à un certain Olivier Gery (Oliverius Gerotanus ou Gerosanus), qui a laissé son nom au début et à la fin du volume. Il pourrait s’agir d’un moine de l’abbaye de Saint-Vaast d’Arras. Saint-Omer, BA, inv.01380

Saint-Omer, BA, inv. 1380

17. Hieronymus Bock, De stirpium differentiis, Strasbourg, Wendelin Rihel, 1552 Le médecin protestant allemand Jérôme Bock (1498-1554), surnommé Tragus (traduction latine de bock, qui signifie « bouc »), est l’un des principaux artisans du renouveau de la botanique au XVIe siècle, grâce à son herbier publié en allemand en 1539, sous le titre New Kreütter-Büch (Nouvel herbier). La grande révolution de ce volume est d’être le fruit non pas de compilations des auteurs anciens, mais de ses propres travaux de compilation des traditions germaniques sur l’usage des herbes médicinales. Il a donc parcouru l’Allemagne afin de rassembler les traditions populaires relatives à l’usage des plantes. Il a ensuite comparé des spécimens de plantes avec la tradition iconographique des herbiers publiés avant lui afin d’identifier leurs noms latins. Finalement, il a pu rassembler toutes ses connaissances dans son ouvrage, en n’omettant aucun usage, s’efforçant parfois de rationaliser les superstitions de ses contemporains. Il choisit également d’abandonner l’ordre alphabétique traditionnel des chapitres et opte pour la première fois, depuis Théophraste, pour une classification «, qui prend en considération les affinités des Saint-Omer, BA, inv. 1625 plants » explique-t-il dans sa préface. En l’occurrence, il distingue plantes, arbres, arbustes, etc. et les plantes sauvages et cultivées. C’est ainsi que son livre commence Ce volume provient de la bibliothèque du couvent des par une plante des plus communes : l’ortie (on dit qu’il fait ce choix volontairement Franciscains récollets de Saint-Omer, et, fidèle à l’esprit de pour se moquer des apothicaires, qui méprisent les plantes vulgaires, et aussi parce l’auteur, un des utilisateurs du volume au XVIe ou au XVIIe que sa famille aurait eu l’ortie dans ses armoiries, mais ce n’est qu’une hypothèse). siècle a traduit les noms latins des plantes en français. La première édition de son volume, qui décrit plus de 800 espèces, n’est pas illustrée. Mais, sa rencontre avec le jeune et talentueux graveur David Kandel (1520-1592) l’incite à lui commander 165 gravures sur bois, qu’il complète avec un certain nombre des bois réalisés pour les herbiers de Brunfels et de Fuchs – ce dernier suggère d’ailleurs que Tragus est le premier à intégrer des dessins naturalistes dans son herbier. Son livre connaît un immense succès et de nombreuses éditions. Il est ici présenté dans sa traduction latine par David Kyber, qui totalise 1200 pages et 568 gravures. Cette traduction est d’autant plus intéressante qu’elle comprend une préface sur la l’histoire de la botanique par Conrad Gessner, grand ami de Bock, et, qui constitue l’un des rares témoins du travail sur la botanique de Gessner publié de son vivant. Cette édition s’accompagne également d’une réimpression de l’index polyglotte de Dioscoride par Benoit Textor.

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la controverse realiste & et la separation des sciences a la Renaissance

I

l y a, au sujet des illustrations, une véritable controverse entre les médecins botanistes et les imprimeurs de la Renaissance. Les premiers sont globalement contre les gravures, car ils estiment que les figures, nécessairement imprécises, peuvent entraîner de dangereuses confusions. Le savant Janus Cornarius (c. 1500-1558) s’oppose même à toute forme d’illustration, en expliquant dans l’introduction de son édition de la version grecque de Dioscoride, imprimée à Bâle en 1529, qu’aucune image ne saurait ren dre l’exacte réalité d’une plante et encore moins toutes les variations de forme qu’une même plante peut prendre au fil du temps dans la nature. Janus Cornarius propose plutôt de ne mentionner que les noms de la plante dans les différentes langues connues, sans négliger les langues vernaculaires, dans la mesure où ils suffisent à l’identification de la plante. Il faut attendre la révolution picturale des gravures de l’Herbarium vivae icones (Les plantes d’après nature) d’Otto Brunfels, édité par Jean Schott à Strasbourg en 1530, pour que s’amorce une tradition nouvelle de gravures scientifiques réalistes. Une véritable révolution scientifique s’opère dans le monde de l’édition. C’est en effet la première fois qu’un éditeur propose des illustrations réalisées d’après nature. Hieronymus Bock, De stirpium differentiis Strasbourg, Wendelin Rihel, 1552, chap. 68 : la véronique, avec ses différents noms dans les langues vernaculaires européennes, ajoutés à la main. Saint-Omer, BA, inv. 1625

Otto Brunfels, Herbarum vivae eicones ad naturæ imitationem, Strasbourg, Johann Schott, 1532 Saint-Omer, BA, inv. 1380

Il s’agit bien d’une révolution éditoriale car c’est l’imprimeur Jean Schott et non l’auteur, qui est à l’origine de ce choix. Le texte de Brunsfel est encore une compilation des sources antiques et médiévales sur le sujet, qui s’appuie d’ailleurs largement sur le Dioscoride grec de Cornarius. Les illustrations, en revanche, abandonnent le système des silhouettes schématiques pour des gravures d’une grande précision naturaliste, commandées aux plus grands artistes de l’époque, dont Hans Weiditz (1489-1534), qui fut probablement un disciple de Dürer et, qui est connu pour avoir travaillé directement d’après nature. Par la suite, d’autres vont continuer dans cette voie, c’est le cas notamment du célèbre De historia stirpium (Histoire des plantes) de Léonard Fuchs (1501-1566), imprimé pour la première fois à Bâle en 1542. Celui-ci est illustré de 110 gravures d’Albrecht Meyer. La rigueur et la beauté de ces images ont contribué à l’évolution de la botanique scientifique, plus que le texte d’ailleurs, qui est encore largement tributaire des sources antiques, bien que quelques plantes nouvelles y soient introduites comme le maïs. 16


leonard fuchs (1501-1566) Léonard Fuchs est un médecin et humaniste allemand. Il fait ses études à l’université d’Erfurt, où il a dû faire la connaissance d’Euricius Cordus, connu pour être le premier des savants allemands à mener des excursions botaniques de terrain. Il poursuit ensuite ses études de médecine à l’université d’Ingolstadt et obtient son doctorat en 1524. Il exerce à Munich et Ingolstadt avant d’entrer au service du Prince Georges, margrave de Brandenburg, à Ansbach en 1528. Cela lui donne alors le temps d’entreprendre ses premiers travaux de recherche. En 1531, il collabore au second volume des Novi herbarii de Brunfels, et se lance dans la compilation de son propre herbier. En 1535, il est nommé professeur de médecine à l’université de Tübingen. Il y est le premier professeur à inclure des excursions botaniques dans son enseignement. La qualité de son enseignement, relayée par ses nombreuses publications, lui vaut une réputation internationale. Au sommet de sa carrière, il est le professeur le mieux payé de l’université de Tübingen. Certains considèrent que Fuchs commence à travailler à son De historia stirpium dès 1532, avec pour objectif de produire un ouvrage plus précis que celui de Brunfels, paru deux ans plus tôt. Les chapitres sont organisés en différentes catégories : les noms (en plusieurs langues), le genre, l’espèce, la description, l’habitat, l’époque de floraison, le « tempérament » (d’après la théorie des humeurs) et les propriétés médicales. Fuchs se base sur trois sources principales pour décrire les propriétés des plantes : Dioscoride, Galien et Pline. C’est l’un des premiers exemples d’herbiers d’un nouveau genre : son but n’est pas d’inclure toutes les plantes connues de Fuchs, mais seulement celles présentant un intérêt médicinal. Théodore de Bry, portrait de Léonard Fuchs, 1645 © Wikimedia Common

Brunfels et Bock ont ouvert la voie aux illustrations réalistes et facilement identifiables, mais c’est le De historia stirpium, qui s’impose comme la première monographie de botanique médicale pouvant être qualifiée de scientifique. La qualité des illustrations, qui permettent presque toutes de reconnaître jusqu’à l’espèce précise représentée, a tendance à faire passer l’intérêt du texte au second plan. Beaucoup des descriptions sont pourtant originales, les autres sont pour la plupart tirées de Bock ou Dioscoride. Contrairement à Brunfels, Fuchs célèbre ses illustrateurs. Le De historia stirpium est le seul ouvrage de ce genre où l’on trouve à la fois le portrait de l’auteur et ceux des illustrateurs. Fuchs collabore étroitement avec eux, surveille et supervise en personne l’avancement de leur travail. Le réalisme devient après Fuchs un critère impératif pour toute œuvre, qui se veut rigoureuse et scientifique. Il explique sa démarche dans son épître dédicatoire de 1542 : « En ce, qui concerne les images elles-mêmes, chacune est dessinée strictement selon l’aspect d’une plante vivante pour lui ressembler. Nous avons veillé à ce qu’elles L. Fuchs, De Historia stirpium, Bâle, 1542, p. 398 : soient les plus parfaites possible, et nous avons fait preuve d’une grande diligence à les illustrateurs Albrecht Meyer & Heinrich Füllmaurer (Glasgow, University Library, Coll Hunterian L.1.13) nous assurer que chaque plante soit représentée avec ses racines, tiges, feuilles, fleurs, graines et fruits. Plus encore, nous avons à dessein et délibérément évité l’effacement de la forme naturelle des plantes par les ombres et autres détails non nécessaires, par lesquels les dessinateurs essayent parfois de gagner en gloire artistique. Nous n’avons pas permis aux artisans de satisfaire leurs caprices au détriment de la correspondance des dessins avec la réalité ». Son herbier connait un succès fulgurant, qui perdure jusque dans les années 1560. On en compte à ce jour, au moins 46 éditions latines et françaises, rien que pour le XVIe siècle. Cette notice est essentiellement rédigée d’après Ariane Lepilliet, Le De Historia Stirpium de Leonhart Fuchs : histoire d’un succès éditorial (15421560), Mémoire de master 1 Cultures de l’Écrit et de l’Image, sous la direction de Raphaële Mouren, ENSSIB, juin 2012.

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18. Leonhart Fuchs, De historia stirpium commentarii insignes, Lyon, Balthazar Arnoullet, 1548 Il s’agit d’un exemplaire de la première édition lyonnaise illustrée de l’herbier de Fuchs. C’est dans cette édition du texte latin qu’apparaissent, pour la première fois, les 516 bois gravés par Clément Boussy. Arnoullet les a fait venir de Paris l’année précédente, alors qu’il collabore à la première édition lyonnaise de G. Gazeau, non illustrée. Ces gravures sont de taille réduite (6,5cm), et s’inspirent des gravures originales de 1542

Saint-Omer, BA, inv. 1890

Ce volume appartenait à un certain Louis le Prince (?) et à un François Alexandre. Une main du XVIIe siècle a ajouté le nom de « Petrus Andreas Mathiolus » sur la couverture, peut-être une fausse attribution ancienne liée à la lacune de la page de titre.

19. Leonhart Fuchs, Commentaires de l’hystoire des plantes, Paris, Jacques Gazeau, 1549 Il s’agit ici de la traduction française par le médecin parisien Eloy Maignant (XVIe siècle) de l’Historia stirpium commentarii insignes de Leonhart Fuchs (1501-1566), éditée pour la première fois en latin à Bâle, chez Michael Isingrin, 1542. C’est un in-2° de 896 pages, divisé en 344 chapitres et illustré de 511 gravures en pleine page.

Saint-Omer, BA, inv. 1381

Ce volume provient de la Bibliothèque blaséenne. Il s’agit de la seconde traduction en français et illustrée de cet herbier. Il en existe une autre réalisée par Guillaume Guéroult, publiée en in-4° à par Thibaud Payen à Lyon en 1548, sous le titre L’histoire des plantes mis en commentaires par Leonart Fuschs. La traduction de Maignant comprend 512 gravures sur bois copiées d’après celles de Michael Isingrin. Cependant elles sont légèrement plus petites (20 cm au lieu de 30 cm) que les originales et avec parfois un effet miroir d’inversement. Elles ont été dessinées par Albert Meyer, reportées par Heinrich Füllmaurer et gravées par Veit Rudolf Speckle. 18


Heinrich Füllmaurer, portrait de Leonhart Fuchs (huile sur panneau, 1541, Württembergisches Landesmuseu, Stuttgart, Inv. 1933-622) © Wikimedia common

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le developpement des pharmacopees galeniques à a l'epoque moderne xvie - xviiie siecles)

ans la lignée du Jardin de santé des XVe et XVIe siècles, d’autres pharmacopées encyclopédiques sont éditées jusqu’au milieu du XVIe siècle, comme la Naturalis historiae opus novum (Nouveau traité d’histoire naturelle) d’Adam Lonicer (1501-1566), publiée à Frankfort par Christian Hegenolphe en 1551, et, qui constitue l’un des derniers avatars du genre, à une époque où les gravures naturalistes tendent à se multiplier et entraînent un retour à la séparation des sciences botaniques et pharmaceutiques. La pharmaceutique va suivre son propre chemin et continuer de se développer en s’affranchissant progressivement de la botanique. Cette séparation des deux sciences est en partie due au fait que les remèdes se complexifient : ils ne font plus uniquement appel aux propriétés d’une substance simple mais à la combinaison de plusieurs principes actifs que l’on va combiner et préparer pour les rendre administrables au patient. C’est ce que l’on appelle la pharmaceutique galénique - en référence à Galien (131-201), célèbre médecin grec de l’Antiquité –, qui se rapproche de la tradition des antidotaires et dispensaires du Moyen Âge.

Le terme « antidotaire » vient du mot antidote parce qu’il évoque les livres de recettes de contrepoisons, constitués dans l’Antiquité pour prévenir les empoisonnements politiques. « Dispensaire » vient pour sa part de dispensatio, nom donné à l’acte de peser et de choisir les ingrédients d’un médicament composé. Par ailleurs, la quantité de substances non botaniques utilisées comme principes actifs simples va aussi considérablement augmenter. Le médecin Jean de Renou introduit alors ses Œuvres Pharmaceutiques (Lyon Achard, 1626) en évoquant « Ceste grande et vaste mer de la composition des medicamens ». Ce constat rend indispensable la publication de nombreux répertoires comme le Dictionnaire universel des drogues simples et autre Pharmacopée Royale Galenique et chymique.

Francesco degli Alessandri, Phoebus medicorum materiam Frankfort, J. J. Porss, 1613 Saint-Omer, BA, inv. 1642

Pharmacopoeia audomarensis correcta Saint-Omer, Louis Carlier, 1686 Saint-Omer, BA, inv. 1687

Ces ouvrages fleurissent dans toute l’Europe et même de manière régionale au sein du pays sous l’impulsion de commissions médico-pharmaceutiques, qui se constituent au sein des facultés de médecine. Dans la France du Nord, les deux plus anciennes pharmacopées à être publiées sont celles de Lille (1640) et de Valenciennes (1651). Celle de Saint-Omer (1689) est la dernière pharmacopée éditée en province au XVIIe siècle. On y trouve la liste de 686 remèdes répartis par ordre alphabétique en deux grandes sections : la matière médicale d’une part, la galénique associée à la chimie d’autre part. Il s’agit d’une bonne synthèse des connaissances pharmaceutiques de l’époque, qui s’inspire des ouvrages similaires publiés à Amsterdam, Bruxelles et Paris, et marque une certaine avancée scientifique dans son affranchissement d’avec la tradition médiévale.

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Jean de Renou, Dispensatorium medicum Paris, Societatem minimam, 1623 Saint-Omer, BA, inv. 1686


20. Recueil de textes pharmaceutiques a) Charles de l’Ecluse, Antidotarium, Anvers, Plantin-Moretus, 1561 Charles de l’Ecluse (1526-1609) est un humaniste français, né au sein d’une famille noble d’Arras. Il étudie le droit à Gand et Louvain. Après ses études, il voyage un temps en Allemagne où il rencontre notamment le savant théologien Melanchthon. Il poursuit ensuite ses pérégrinations durant l’année 1550, avant de s’installer à Montpelliers où il devient le secrétaire du médecin Rondelet. Celui-ci l’initie à la médecine et à la botanique. Charles de l’Ecluse, devenu médecin en 1555, revient à Arras où il exerce six ans avant de reprendre ses voyages à la rencontre d’autres botanistes et de nouvelles plantes. Il séjourne ainsi à Paris, Louvain et Augsbourg. En 1564, il part pour l’Espagne où il étudie et traduit plusieurs textes sur les plantes, avant de remonter jusqu’en Angleterre en 1571. A son retour, il est invité à Vienne par l’Empereur Maximilien II, qui le nomme directeur de ses jardins. Il occupe ce poste jusqu’en 1587, avant de se retirer à Frankfort où il s’attèle à ses travaux en menant une vie recluse. Finalement, en 1589, il accepte la chaire de botanique à l’université de Leyde où il passera les 16 dernières années de sa vie. b. Guillaume Rondelet, De ponderibus, Anvers, Plantin-Moretus, 1561 Guillaume Rondelet (1507-1566) commence ses études à Paris en 1525 avant de poursuivre dans la voie médicale à Montpellier où il est reçu docteur en 1537. Il devient alors le médecin du cardinal de Tournon et l’accompagne dans ses voyages, notamment en Italie et aux PaysSaint-Omer, BA, inv. 1949 Bas. En 1545, il reçoit la chaire de médecine à la faculté de médecine de Montpellier. Adepte de la méthode empirique, il appuie ses démonstrations sur des exemples concrets et n’hésite pas à avoir recours à la dissection. Vers 1550, il donne le premier cours officiel de botanique en France et crée un jardin botanique dans la cour intérieure de l’antique école de médecine. En 1556, il est nommé chancelier de la faculté de médecine de Montpellier. Il aura une influence majeure sur de nombreux penseurs et scientifiques de son époque. On compte parmi ses élèves les plus fameux : François Rabelais, Léonard Fuchs, Jacques Dalechamps, Conrad Gesner, Pierre Belon, Charles de L’Ecluse, Mathias de Lobel, Jean et Gaspard Bauhin. Il inspire par ailleurs la figure du docteur Rondibilis à François Rabelais. Ce volume provient de la Bibliothèque blaséenne. Saint-Omer, BA, inv. 1949

21. Garcia de Orta, Aromatum et simplicium aliquot medicamentorum apud Indos nascent historia (trad. Par Charles de l’Ecluse), Anvers, Plantin –Moretus, 1567 Garcia de Orta (1499-1568) est un médecin et botaniste portugais. Issu d’une famille séfarade convertie au christianisme, il fait ses études notamment à Salamanque, où il découvre les œuvres d’Avicenne, et obtient son doctorat vers 1523. En 1526, il devient le médecin du roi João III et s’installe à Lisbonne. En 1530, il devient professeur de philosophie naturelle à l’université de Lisbonne. En 1534, il part pour les Indes en tant que médecin du gouverneur Martim Alfonso de Sousa et s’installe comme médecin à Goa où il termine sa vie. Son Colóquios dos Simples e Drogas e Cousas Medicinais da Índia, publié en 1563, est le premier traité de médecine orientale publié en Occident. Il est ainsi le premier à décrire les symptômes de plusieurs maladies exotiques. Il y présente aussi des méthodes thérapeutiques orientales inconnues jusqu’alors en Europe, et donne la description minutieuse de nombreuses plantes. Il fonde un jardin botanique sur l’île de Bombay et y expérimente la culture de plantes venant d’Europe ou d’Inde, mais aussi de Chine et d’Iran. Sa pharmacopée est traduite en latin par Charles de L’Ecluse dès 1572, puis, en italien par Annibale Briganti en 1575, en espagnol par Cristovão da Costa en 1578 et en français par Antoine Collin en 1602.

Saint-Omer, BA, inv. 1892

Ce volume porte l’ex-libris de Charles-Philippe Roberti d’Ocoche (1664-1720), seigneur de Lamuraille, qui en a fait don à sa mort au couvent des Franciscains récollets de Saint-Omer. 21


22. Jacques Dubois, La pharmacopée, Lyon, Louis Cloquemin et Etienne Michel, 1574 Jacques Dubois, dit Silvius, est né à Amiens en 1478. C’est le frère de François du Bois, professeur de rhétorique au collège de Tournais à Paris, qui lui enseigne les lettres. Jacques s’engage ensuite dans des études de médecine qu’il réussit brillamment. Refusant de payer sa réception comme docteur (il était d’une extrême avarice devenue légendaire), il s’arrange avec la faculté de médecine de Paris et obtient l’autorisation d’enseigner au collège de Tréguier bien que n’étant officiellement que bachelier. Sa méthode d’enseignement fait une large place aux exercices pratiques : dissections, préparations de remèdes, etc. Cela lui vaut un franc succès et en 1550, il est nommé professeur de médecine au Collège Royal, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort en 1555. Il a publié un grand nombre d’ouvrages tributaires de la doctrine de Gallien et il s’oppose notamment aux théories novatrices de son ancien élève Andrée Vésale (1514-1564). Il organise son propos en partant des maladies, leur opposant ensuite les remèdes issus des simples. Il accompagne son propos d’un long discours didactique sur les techniques de préparation. Il s’agit ici de la première édition de la traduction française de la Pharmacopée (en latin De medicamentorum simplicium), qui est relativement rare. L’Universal Short Title Catalogue n’en mentionne que 6, le Catalogue Collectif de France en mentionne 4 en plus dont celui de Saint-Omer. On sait peu de choses sur le traducteur André Caille (1515-1580), docteur en médecine probablement originaire de Lyon. On lui doit aussi le Guidon des apothicaires de Valerius Cordus (Lyon 1572) et le Jardin médicinal d’Antoine Mizaud (1578). Ce volume, restauré en 2017, a appartenu à Corneille Borcout (15..-1589), chanoine de Cambrai, archidiacre du Brabant de 1587 à 1589 et vice prévôt de Saint-Servais de Maestricht. En 1635, il est devenu la propriété de Christophe Morelet, évêque de Saint-Omer de 1590 à 1633. Saint-Omer, BA, inv. 1950

23. Joan Jacob Wecker, Antidotarium Speciale, Bâle, Conrad Waldkirch, 1601 Né à Bâle en 1528, Joan Jacob Wecker est dialecticien, rhétoricien et médecin. Il exerce dans sa ville natale jusqu’en 1565 avant de se voir proposer la charge de premier médecin à Colmar, où il s’éteint en 1586. A l’inverse de Bauderon (voir infra n° 28), il est plutôt ouvert à la méthode empirique prônée par Paracelse. Il est l’auteur de nombreux traités didactiques sur la thérapeutique. Son Antidotarum speciale insiste notamment sur l’intérêt de combiner les substances médicales pour en augmenter les effets. Ce volume provient du collège des Jésuites anglais de Saint-Omer, comme l’indique le chiffre des Jésuite, accompagné de la devise du collège anglais audomarois donnée par le Père Chondonck : « Iesu converte Anglicam ».

Saint-Omer, BA, inv. 1688

24. Francesco degli Alessandri, Phoebus medicorum materiam, Frankfort, J. J. Porss, 1613 Francesco degli Alessandri (1529-1587) est un philosophe et médecin italien, né à Verceil. Il a été le médecin du duc Emmanuele Filiberto de Savoie. Il est notamment l’auteur de cette pharmacopée, qui rassemble une grande partie des recettes connues en son temps, classées en douze parties. Chacune de celles-ci est consacrée à un type de préparation des électuaires (pâtes molle à avaler, composées de poudres fines mêlées à un liant – miel ou résine) aux emplâtres (préparations adhésives destinées à être appliquées sur la peau). Ce volume provient Bibliothèque blaséenne. Saint-Omer, BA, inv. 1642

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25. Curzio Marinelli, Pharmacopaea, Venise, Roberto Meietti, 1617 On ne sait presque rien sur l’auteur de cette pharmacopée italienne. Curzio Marinelli est issu d’une famille de médecins originaire de Modène. Son père, Giovanni est l’auteur entre autres de plusieurs commentaires d’Hippocrate et d’un traité sur la contagion de la peste. Son fils a exercé la médecine à Venise. Sa Pharmacopée est éditée pour la première fois en 1617. Ce volume provient de la Bibliothèque blaséenne.

Saint-Omer, BA, inv. 1685

26. Jean de Renou, Dispensatorium medicum, Paris, Societatem minimam, 1623 Il s’agit des œuvres complètes du médecin Jean de Renou (1568-1620). Originaire de Coutances, il devient docteur de la faculté de médecine de Paris en 1598 et se spécialise dans la pharmacologie, ouvrant de nombreuses voies à la galénique en s’appuyant sur la chimie. Sa renommée lui vaut d’être nommé médecin personnel des rois Henri II, Henri III et Henri IV. Ses Institutionum pharmaceuticarum sont publiées pour la première fois en 1608. Elles sont rapidement traduites en français et imprimées à Lyon en 1616. Il ouvre son traité par une sorte de « charte du bon apothicaire », empruntant ses exemples à la Bible et à l’Antiquité, et décrit le bon apothicaire comme un homme pieux, affable, sain d’esprit, connaissant le latin, et ne cherchant pas à s’enrichir. Il critique implicitement, en ce dernier point, ceux de ses confrères, qui élargissent leurs activités à la vente de cosmétiques et de parfums. Ce volume provient du séminaire de Saint-Omer et a appartenu à un certain Robert Robinson.

Saint-Omer, BA, inv. 1686

27. Collège médical de Londres, Pharmacopoeia Londinensis, Londres, John Marriott, 1632 Il s’agit de la quatrième édition de la première pharmacopée londonienne et la première à avoir été conçue pour une nation entière. En effet, il existe à cette époque des pharmacopées officielles en Europe, mais elles sont destinées chacune à un territoire restreint. Cette pharmacopée est, pour sa part, à destination des médecins londoniens, mais aussi de toute l’Angleterre par décret royal. Ce n’a pas été une entreprise aisée : le travail sur la pharmacopeia commence en 1589, mais la première édition de 1632, est rapidement retirée car on y trouve encore beaucoup d’erreurs. Elle est remplacée la même année par une deuxième édition, corrigée et augmentée d’un catalogue des simples et d’un index. Toutes les éditions de la première pharmacopée de Londres sont extrêmement rares, l’English Short Title Catalogue enregistre onze exemplaires de cette quatrième édition - sans compter celui de Saint-Omer.

Saint-Omer, BA, inv. 4707

Ce volume provient du collège des Jésuites anglais de Saint-Omer. La BAPSO conserve également un exemplaire de la 6e édition de la Pharmacopoeia Londinensis, or the new London dispensatory (Londres, 1702) de William Salmon (Saint-Omer, BA, inv. 1953).

28. G. Sauvageon, Pharmacopée de Bauderon, Paris, Jean Lacquehay, 1636 (Saint-Omer, BA, inv. 1951) Brice Bauderon est né à Paray-le-Monial. Issu d’une famille de médecins, il suit la voie de ses ancêtres en poursuivant des études de médecine à Montpellier, avant de s’installe médecin à Mâcon. Dans cette ville il fait notamment des conférences et lectures pour l’instruction des apothicaires et joue un rôle actif lors de la grande peste de 1563. Il meurt à Mâcon en 1623, laissant deux ouvrages : une Praxis in duos tractatus distincta, publiée en 1620 et sa Pharmacopée, éditée pour la première fois à Lyon, chez Benoist Rigaud en 1588. C’est l’un des plus anciens ouvrages du genre en langue française. Il connait une fortune considérable puisqu’à ce jour, on en recense plus d’une quarantaine d’éditions différentes en plusieurs langues. L’édition conservée à la BA est la 16e en tout, mais la seconde imprimée par Sauvageon. Cette pharmacopée, outre de fournir un catalogue de remèdes, enrichit la mention de ces derniers d’une étude historique et médicale. Il les divise en deux grands ensembles, les remèdes externes et internes, et classe ensuite les médicaments par typologie. Il s’inscrit dans la tradition hippocratique et s’oppose virulemment aux théories de Paracelse, qui, selon lui, avec ses « quarte et, quintessence, abuse de l’ignorance et de la crédulité du vulgaire ».

Saint-Omer, BA, inv. 1951

Ce volume a appartenu à un certain Antoine Doulens.

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29. Joseph Duchesne, La Pharmacopée des dogmatiques, Rouen, Corneille Pitreson, 1639 Joseph Duchesne (v. 1544-1609) est un médecin et chimiste français, protestant et suiveur de Paracelse. Il fait des études de philosophie naturelle et de médecine à l’université de Bâle, où il obtient le grade de docteur vers 1573. Il exerce ensuite un temps à Genève, avant de devenir le médecin personnel du roi Henri IV à partir de 1593. Son tempérament ombrageux et le mépris profond qu’il ressent envers ses confrères le font rapidement détester de ces derniers. Comme Paracelse, il préfère l’expérimentation directe à l’autorité des anciens, et s’intéresse aux voies de l’alchimie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont un Diaetetcon polystricum (Paris, 1606), traduit en français et édité à Saint-Omer en 1618, sous le titre Le Portrait de la santé. Sa Pharmacopea dogmaticorum restituta est éditée pour la première fois à Paris en 1607, et reste le plus diffusé de ses ouvrages. Il s’agit ici de la première édition de sa traduction française. Il s’agit d’un recueil de médicaments classés par type de préparations : eaux distillées, décoctions, vins, sirops, pilules, etc. Ces recettes témoignent de la complexification de la pharmacopée à cette époque avec des remèdes dans la préparation desquels entrent parfois plus d’une vingtaine d’ingrédients. Ce volume a appartenu à un De Remetz et à un certain Charles Larlault.

Saint-Omer, BA, inv. 1949

30. Pharmacopoeia audomarensis correcta : Nobilissimi atque aequissimi ejusdem vrbis senatus jussu edita, Saint-Omer, Louis Carlier, 1686. D’après Jean Vasse, la pharmacopée de Saint-Omer est la dernière publiée en province au XVIIe siècle. Elle a été éditée d’après un version manuscrite d’où l’épithète « correcta » ajouté au titre imprimé. A ce jour on ne connait pas encore les auteurs. On y trouve la liste de 686 remèdes répartis par ordre alphabétique en deux grandes sections : la matière médicale et la galénique et la chimie. Il s’agit d’une bonne synthèse des connaissances pharmaceutiques de l’époque qui s’inspire des ouvrages similaires publiés à Amsterdam, Bruxelles et Paris et marque une certaine avancée scientifique dans son affranchissement d’avec la tradition médiévale.

Saint-Omer, BA, inv. 1687

Ce volume provient du séminaire épiscopal, auquel il a été donné par le père François Joseph de Lannoy, prêtre audomarois, probablement ancien séminariste, qui a donné plusieurs livres au séminaire de SaintOmer. Le 5 oct. 1903, la correspondance du Bulletin de la Société des Antiquaires de la Morinie (vol. 11, p. 242) signale qu’un membre de la Société d’études de la Province de Cambrai s’est interrogé sur cette Pharmacopée, et que réponse put être apportée grâce à la consultation des deux exemplaires conservés à la bibliothèque.

Saint-Omer, BA, inv. 1687

31. Moyse Charas, Pharmacopée royale galénique et chimique, Lyon, Frères Bruyset, 1753 Moyse Charas (1619-1698) est un médecin-apothicaire natif d’Uzès. Après ses études de médecine, il devient maître apothicaire à Orange en 1641, apothicaire du Duc d’Orléans, et en 1659 il est reçoit la charged’apothicaire de Monsieur, frère du Roi et monte à Paris où il ouvre une boutique «Aux Vipères d’Or», rue des Boucheries, dans le faubourg Saint-Germain. Il y côtoie Christophe Glaser, sous démonstrateur au Jardin des Plantes depuis 1660, qui lui présente d’Aquin, premier médecin de Louis XIV. Charas se passionne pour la thériaque d’Andromaque, un célèbre contrepoison polypharmaque (avec plusieurs ingrédients) et universel du premier siècle de notre ère. Pour lutter contre les fraudes, en 1667 l’apothicaire compose 3000 livres de thériaque, en présence du lieutenant général de la Police de La Reynie, du procureur du Roi, du doyen et des professeurs de la Faculté de Médecine, des gardes apothicaires. Ce sera la base de sa publication de 1668 sur la Thériaque d’Andromachus. Devenu successivement syndic des marchands apothicaires des Maisons Royales, puis démonstrateur de chimie au Jardin du Roi, en 1676, Charas édite son œuvre maîtresse, La Pharmacopée royale galénique et chymique, qui connait un immense succès. Elle est traduite en de nombreuses langues, y compris en chinois ! Le premier volume de sa pharmacopée traite de généralités et d’opérations pharmaceutiques, tandis que le second est dévolu aux médicaments galéniques (poudres, élixirs, sirops, etc.). A la fin de sa vie, Charas, protestant, doit fuir le royaume. Il part en 1680 pour l’Angleterre où il devient l’apothicaire de Charles II Stuart et se fait recevoir docteur de Médecine de la faculté de Londres. Il séjourne ensuite aux Pays-Bas, où il reçoit le titre de citoyen de la ville d’Amsterdam en 1683, en Espagne vers 1689. Il rentre à Paris en 1691 et devient membre de l’Académie des Sciences en 1692, poste qu’il occupe jusqu’à sa mort. Il s’agit d’un don du docteur Charles Wintrebert de Longuenesse, entré à l’inventaire en juin 1919. Ce volume porte plusieurs ex-libris anciens : « F. Dejumnes » (1742) et « Charles de Paenne » (1769)

Saint-Omer, BA, inv. 12127 24


nicolas lemery Nicolas Lemery (1645-1715) est un chimiste et apothicaire, qui s’est distingué d’avantage dans la première discipline que dans la seconde. Son Cours de chymie publié en 1675, très influencé par les théories de Descartes et Gassendi, devient un classique de la littérature scientifique, et connaît, dès sa sortie, un succès considérable. Il est ainsi régulièrement réédité jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Il commence néanmoins comme apothicaire à Rouen, sa ville natale, avant de monter à Paris où il travaille un temps chez le célèbre Christophe Glaser, apothicaire ordinaire de Louis XIV et démonstrateur de chimie au Jardin Royal des Plantes. Après quelques années passées à Montpellier, Lémery s’installe à Paris, rue Galande, où il ouvre sa propre officine en 1674. Le succès de ses ouvrages lui permet de mener une belle carrière scientifique et médicale. Il est élu membre de l’Académie des Sciences en 1699.

32. Pharmacopée universelle, Paris, Laurent D’Houry, 1698 Il s’agit de la première édition de la Pharmacopée universelle de Lemery, « pilier de la pharmacie du XVIIe siècle finissant et du XVIIIe siècle, la Pharmacopée Universelle de Nicolas Lémery connaît également un très grand nombre d’éditions, de 1697 à 1764. On retrouve cette pharmacopée dans les inventaires après décès de bien des apothicaires et peu d’officines du XVIIIe siècle se privèrent de ce document de travail incontournable. La plupart des médecins la possédaient également, comme d’ailleurs bon nombre de « curieux de science ». (Olivier Lafont, « Nicolas Lemery, providence des bibliophiles », RHP, LVII, 363, 3° TRIM. 2009 : 267-27). Cette pharmacopée est, en réalité, une sorte de compendium de toutes les recettes de remèdes connues en son temps. Voici comment il présente son ouvrage :

Saint-Omer, BA, inv. 12134

« Maintenant, comme nous sommes dans un temps où l’antiquité ne prévaut plus sur la raison et où l’on est revenu de cette vénération aveugle qu’on avoit pour les premiers auteurs, j’entreprends un ouvrage, qui est extrêmement souhaité, et auquel personne, que je sache n’a encore travaillé. C’est une pharmacopée universelle dans laquelle j’aye ramassé toutes les descriptions de pharmacies anciennes et modernes, qui sont en usage dans la médecine, tant en France que dans les autres parties de l’Europe… et je fais des remarques sur chaque opération, de sorte que, sans toucher aux anciennes formules, je donne des avis raisonnez sur la réformation et les changements que je croy y devoir estre apportez, soit pour la proportion des doses, soit pour le retranchement ou l’addition des drogues, soit pour l’opération ».

C’est un don du docteur Charles Wintrebert de Longuenesse, entré à l’inventaire en juin 1919. Ce volume porte plusieurs ex-libris anciens : « J. F. Van Hraceele » (1700) et « F. Dejumnes » (1742) ; « Charles de Paenne » (1769)

33. Dictionnaire universel des drogues simples, Paris, Louis-Charles D’Houry, 1769 Ce dictionnaire des drogues est un avatar des pharmacopées encyclopédiques de la fin du Moyen Âge. Exclusivement consacré aux « substances simples », il en donne le nom en plusieurs langues, une description sommaire et le détail de leurs propriétés médicinales. A la différence des encyclopédies médicales médiévales, qui classent les substances en plusieurs livres selon leur origine (animale, végétale, etc.). Celui-ci suit un ordre strictement alphabétique des noms latins. Il s’agit d’une compilation de sources diverses, sans réel examen critique, et qui continue de transmettre nombre de croyances, qui relèvent plus de l’ordre de la superstition que de la véritable médecine. Ainsi apprend-on que les abeilles, séchées puis réduites en poudre et mêlées à de l’huile de lézard, constituent un liniment dont on peut se frotter la tête pour faire croître ses cheveux. Le Traité Universel des Drogues Simples de Lémery fit longtemps autorité, puisque, paru la première fois en 1698, comme « dépendant de la Pharmacopée Universelle » du même auteur, il connait encore une dernière édition, certes fortement remaniée par Simon Morelot, en 1807. Cent dix années de longévité, c’est véritablement exceptionnel pour un ouvrage scientifique. Comme les drogues étudiées, qui appartiennent aux trois ordres de la nature, l’ordre minéral, l’ordre végétal, et l’ordre animal, sont rangées alphabétiquement, de nombreuses versions sont éditées sous le titre de Dictionnaire Universel des Drogues Simples. Il s’agit toutefois de versions successives d’un même ouvrage. Les quelques vingt-cinq planques, regroupant chacune seize figures en taille douce, qui illustrent cet ouvrage, connaissent un grand succès et sont imitées. » (Olivier Lafont, « Nicolas Lemery, providence des bibliophiles », RHP, LVII, 363, 3° TRIM. 2009 : 267-276)

Saint-Omer, BA, inv. 16959

Il s’agit d’un don de Georges Delamotte, entré à l’inventaire en avril 1923. 25


le renouveau de la botanique au xvie siecle

L

a nouvelle pensée encyclopédique, qui se développe au XVIe siècle en Europe va donner naissance à la botanique moderne. C’est l’observation de plus en plus fine de la nature, associée à un art de la figuration naturaliste, qui ouvre la voie à cette lente révolution culturelle et scientifique. Cette dernière est très bien mise en mots par Michel Foucault dans Les mots et les choses, où il définit le lien entre la théorie de l’histoire naturelle et celle du langage comme « une disposition fondamentale du savoir, qui ordonne la connaissance des êtres à la possibilité de les représenter dans un système de noms » (Les mots et les choses, Paris, Gallimard, 1966, p. 170).. La principale différence avec la culture médiévale, c’est que l’on s’efforce de partir de faits observés plutôt que de compiler les autorités du passé. On en trouve les prémices chez les grands encyclopédistes de la Renaissance, comme Ulysse Aldrovandi (15221605) ou Conrad Gessner (1561-1565). Ce dernier, bien que surtout connu pour ses ouvrages de zoologie, a aussi travaillé à des Opera botanica, auxquelles il consacre les dernières années de sa vie sans avoir le temps de les achever. Ce n’est qu’en 1753 et en 1771 qu’un tiers de cette Histoire des plantes, est publiée. Elle comprend 1500 dessins d’une remarquable précision et d’une grande justesse scientifique. La présence de toutes les parties principales des plantes : fleurs, fruits, racines, etc. témoignent de l’intuition du naturaliste en matière de classification botanique.

Conrad Gessner, Historia plantarum : fragaria vesca (Zürich, alter Botanischer Garten)

Conrad Gessner, Historia plantarum : fragaria vesca (Zürich, alter Botanischer Garten)

C’est aussi la diffusion progressive, au sein des cercles savants de l’époque des nouvelles gravures réalistes, pour ne pas dire « scientifiques », qui contribue au retour à l’observation directe. Ainsi la première édition du Cruydeboek (Herbier) de Rembert Dodoens (1517-1585), publiée à Anvers en 1554, reprend les gravures de l’Historia stirpium de Fuchs (Bâle, 1542), mais augmentées de près de 200 nouvelles figures. Cette édition est traduite en français la même année par le médecin et botaniste Charles de L’Ecluse, secrétaire du célèbre médecin Guillaume Rondelet (1507-1566), lui-même fondateur du jardin botanique de Montpellier, qui sera au cœur des progrès de la science botanique en France à la Renaissance. Cet intérêt nouveau pour la nature non soumis à une finalité autre que celle de la saisir dans sa variété et sa complexité s’ouvre peu à peu sur une réflexion de plus en plus prégnante dans les cercles savants concernant la manière de rendre cette diversité à travers un langage aussi efficace que possible. Ce débat, qui se fait jour au XVIIème siècle, se cristallise principalement durant le Siècle des Lumières. Rembert Dodoens, Cruydboek Anvers, Jan Van der Loe, 1554 : portrait de l’auteur Saint-Omer, BA, inv. 1382

C’est d’ailleurs un autre élève de Rondelet et ami de de L’Ecluse, Matthias de l’Obel (1538-1616), qui propose le premier une ébauche de classification des plantes de l’Angleterre selon les familles naturelles. De son coté, bien que médecin, Charles de L’Ecluse considère la botanique comme une science à part et non plus comme un simple complément de la médecine. Dans son Rariorum plantarum historia (Histoire des plantes rares), publié à Anvers en 1601, il décrit plusieurs milliers de spécimens incluant des plantes sans vertus médicinales reconnues, dont certaines, comme le marronnier, sont encore inconnues en France à l’époque. Charles de l’Ecluse attribué à Jacob de Monte, vers 1585 Hoogleraren Universiteit Leiden, bibiothèque, Scaliger Institute

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rembert dodoens (1517-1585) Rembert Dodoens est une figure majeure de l’histoire de la botanique et de la médecine. Il serait né à Malines, et suit des études de médecine qu’il perfectionne dans les grandes universités allemandes, françaises et italiennes. Il s’installe ensuite comme médecin à Anvers. Après s’être un temps adonné à l’astronomie, il oriente ses recherches vers l’étude des plantes et de leurs propriétés médicales. Ce serait à la sollicitation de l’imprimeur anversois Jan van der Loe, détenteur des matrices des gravures botaniques de Leonard Fuchs, qu’il se lance dans la rédaction de plusieurs livres sur les plantes. Le premier est un petit ouvrage consacré aux céréales et aux plantes alimentaires, qui parait chez Jan van der Loe en 1552. Mais, son œuvre la plus célèbre est le Cruyd boek, qui n’est autre qu’une traduction flamande de l’Historia Plantarum de Fuchs, dont il réutilise la totalité des gravures, augmentées de 133 nouvelles illustrations, et enrichi d’un vaste indexe polyglotte des noms de plantes. La grande innovation de Dodoens est d’avoir abandonné la classification alphabétique de Fuchs pour une organisation selon six grandes familles de plantes, ce, qui fait de lui un précurseur de la réflexion sur la description botanique. Chaque partie est divisée en cinq livres totalisant 840 chapitres, qui décrivent 1340 plantes, illustrées de presque autant de bois gravés. La première édition parait en 1554, elle est traduite en français par Charles de l’Ecluse en 1557, et en anglais par Lyte en 1578. A partir des années 1560, il abandonne Van der Loe pour Plantin et s’associe avec les meilleurs graveurs de son temps pour produire de nouvelle planches plus précises que celles de Fuchs, et collabore avec d’autres botanistes, dont de l’Ecluse et de Lobel, pour enrichir ses connaissances et ses ouvrages. La version flamande est rééditée en 1563, en 1608, en 1618 et en 1644. Cette dernière version, largement augmentée par de L’Ecluse, comprend 1450 gravures. En dépit de ses innovations et enrichissements, l’œuvre de Dodoens est encore largement tributaire de celle de Fuchs. Il est encore dans l’esprit des pharmacopées médiévales et c’est surtout pour leurs valeurs médicales qu’il s’intéresse aux plantes. Il sera d’ailleurs un temps le médecin personnel de Rodolphe II et occupera la chaire de médecine à l’université de Leyde jusqu’à sa mort.

34. Rembert Dodoens, Cruydboek, Anvers, Jan Van der Loe, 1554 Il s’agit de l’édition princeps de ce fameux herbier.

Saint-Omer, BA, inv. 1382

Ce volume provient du séminaire épiscopal de Saint-Omer (dit Collège de Saint-Omer), mais avant d’arriver sur les rayonnages des séminaristes audomarois, il est passé entre de nombreuses mains et a beaucoup servi, si l’on en juge par l’état de ses feuillets. Les gardes de fin sont couvertes de notes en flamand, et de dessins de plantes. On y trouve aussi de nombreuses plantes séchées, placées entre les pages du chapitre leur correspondant. Elles ont été reconditionnées dans des pochettes en polyuréthane inerte pour éviter d’endommager le volume. Lors de la restauration, en 2015, nous avons également remarqué que ce livre a fait l’objet d’au moins une restauration ancienne, qui a nécessité de le dérelier. En effet, lors de cette restauration, plusieurs cahiers avaient été mélangés. • La plus ancienne marque de provenance a été mise au jour lors de la restauration. Elle est en moyen néerlandais et se trouve sur l’ancienne garde contrecollée supérieure : Desen Bovck bheert toe -- Jacob Pieren -- -- -- wonendet tot Loo lidt --- Anno 1589 dec 23 wedemhent ---- -- vlametÿnghe gheborren - Jacob Pieren Amen. Le même Jacob a inscrit sa filiation dans la partie supérieure de la même page : Jacob Pieren f[ilius] Jacques. • Sur la même page, on trouve une mention plus tardive, du milieu du XVIIe siècle : Desen Bouck est genallen nit los van France Vander Hest. • Le verso de la garde volante supérieure comprend une troisième mention : J. Dubois Pastor in Rescques 1640 ». Celui-ci avait déjà inscrit son ex-libris sur la page de titre du volume : R M Jan Dubois pbr 1634 / De nimt pastor in Resquie. • Sur la page de titre, on trouve une quatrième mention : Ex Libris D. Caroli Augustini Becquet sacerdotus. • Et enfin, toujours sur la page de titre, il y a la mention d’appartenance du séminaire épiscopal : Bibliotheca colegii seu Seminarii Sancti Audomari. 27


35. Rembert Dodoens, Cruydboek, Leyde, Plantin officine – Frans van Ravelingen, 1608 Il s’agit de la troisième édition en flamand, mais de la huitième en comptant les traductions françaises et anglaises. Ce volume provient de la Bibliothèque blaséenne.

Saint-Omer, BA, inv. 1383

36. Rembert Dodoens, Cruydboek, Leyde, Plantin officine – Frans van Ravelingen, 1618 Il s’agit de la quatrième édition en flamand – en réalité une réimpression de l’édition de 1608 avec une nouvelle page de titre –, mais de la onzième en comptant les traductions françaises et anglaises Ce volume provient du séminaire épiscopal de Saint-Omer, dit Collège de Saint-Omer. Il a été légué par l’archidiacre des Flandres, François du Chambre. On y trouve, au contreplat supérieur, la Saint-Omer, BA, inv. 1384 recette d’un « souverain remède contre la gravelle (calculs urinaires) : Prenez ERINGIUM MARINUM (le Panicaut de mer) dont il faut piller ou découper la racine, et avec une livre d’icelle mettre deux pots d’eau, et un quatroy de reglisse, et les faire bouillir ensemble dans un pot noeuf de terre, tant, quil decrois sur la moitié, de là le passer par un linge, et y mestre 5me partir de vin de R… ou de vin Moselle, et en boire le soir et le matin un goublet et --- ».

37. Rembert Dodoens, Frumentorum, leguminum, palustrium et aquatilium herbarum, ac eorum, quae eo pertinent, historia, Anvers, Plantin officine, 1566 Il s’agit de la seule édition de cette Histoire des céréales, légumineuses, plantes palustres et aquatiques, dont les gravures sont presque toutes neuves et réalisées dans l’esprit des illustrations naturalistes. Ce volume provient de la Bibliothèque blaséenne.

Saint-Omer, BA, inv. 1891

38. Charles de L’Ecluse, Rariorum plantarum historia, Anvers, Plantin-Moretus, 1601 Charles de L’Ecluse (voir supra n° 20) joue un rôle non négligeable dans le développement de la science botanique, notamment en contribuant à la différencier des recherches médicales. Il est en relation avec les plupart des grands botanistes de son temps, tout particulièrement avec Dodoens et de Lobel. S’il n’est pas l’auteur de grandes découvertes méthodologique, il est en revanche vanté pour la précision et l’acribie de ses descriptions. Il est aussi un passeur de savoir via ses nombreuses traductions, et par le soin qu’il a de donner des index en plusieurs langues, y compris en langues vulgaires. On lui doit notamment, sinon la découverte, la diffusion de la pomme de terre en Europe. Ce volume provient de la bibliothèque de Saint-Bertin. Il s’agit du premier des trois tomes des œuvres complètes de L’Ecluse, imprimés à Anvers puis à Leyde entre 1601 et 1611.

Saint-Omer, BA, inv. 1386

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39. Giovani Pona, Monte Baldo Descritto, Venise, Roberto Meietti, 1617 Ce petit volume est un exemplaire de la traduction italienne de l’herbier édité en 1595 par le médecin véronais Giovani Pona (15..-16..). Il y décrit les plantes du Mont Baldus, incluant notamment seize nouvelles espèces. L’ouvrage est dédié à Charles de L’Ecluse, qui en publie une réimpression à la suite de ses Plantes rares en 1601. La traduction est due au fils de l’auteur, lui-même médecin et auteur à succès. Ce dernier est nommé historiographe de l’empereur Ferdinand III. Cette traduction est augmentée de deux commentaires du médecin Nicolo Marogna sur la cardamome (plante herbacée et épice appréciée).

Saint-Omer, BA, inv. 1629

Ce volume provient de la Bibliothèque blaséenne.

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karel van sin omaars et les libri picturati

L

a Bibliothèque Jagellonne de Cracovie conserve 93 volumes du XVIe siècle relatifs à l’histoire naturelle, qui appartenaient à la collection dite des 144 Libri picturati de la Bibliothèque d’État de Prusse à Berlin. Les albums 16 à 30 de cette collection sont particulièrement renommés pour la qualité de leurs planches.

Jacques van den Coornhuuse (atelier), Des fleurs, fruits et arbres Cracovie (Pologne), Biblioteka Jagiellońska, Libri picturati A 20

Dans les années 1930, le savant allemand Hans Wegener les étudie et les rapproche des gravures des œuvres de Charles de L’Ecluse. Il émet l’hypothèse que cette collection aurait appartenue à ce dernier. Mais cela est infirmé par des recherches ultérieures, du fait notamment que L’Ecluse n’aurait jamais eu les moyens financiers de commanditer une telle collection de dessins. Ce n’est que plus tard que l’on finit par identifier le commanditaire comme étant l’humaniste Charles de Saint-Omer, seigneur de Moerkerke (1533-1569). Ce dernier est connu pour avoir aménagé l’un des plus beaux jardins de son temps autour de son château de Moerkerke-lez-Bruges. Antoine Sanderus, dans sa Flandre Illustrée (1641-1644), dit de lui qu’il était grand connaisseur des plantes et des animaux. C’est donc lui, qui commande entre 1553 et 1573 à l’atelier du peintre Jacques Van den Coornhuuse, près de 1600 aquarelles, dont 1400 vouées à la reproduction de la flore connue à l’époque. Il charge Charles de L’Ecluse de rédiger des commentaires sur les variétés peintes, en prévision d’une publication que sa mort prématurée va empêcher. Il consacre une fortune considérable à cette entreprise, considérée comme une des plus importantes collections botaniques de la Renaissance.

Charles de L’Ecluse, Rariorum plantarum historia : première description botanique du marron d’Inde en Occident Anvers, Plantin-Moretus, 1601 Saint-Omer, BA, inv. 1386

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Jacques van den Coornhuuse (atelier), Des fleurs, fruits et arbres Cracovie (Pologne), Biblioteka Jagiellońska, Libri picturati A 18-30 31


la naissance des sciences naturelles au xviiie siecle et le developpement de la taxinomie

L

e développement de la taxinomie au XVIIIe siècle doit beaucoup aux débats internes des disciplines des sciences naturelles. Le Siècle des Lumières voit se cristalliser le conflit intellectuel, qui oppose, d’un côté, les tenants d’une vision contemplative de la nature, s’appuyant sur un petit nombre de caractéristiques externes et immédiatement visibles pour ranger les êtres vivants selon une logique abstraite, et de l’autre, les défenseurs d’une conception de la nature dont la complexité est telle qu’elle ne peut être réduite à un système et qu’on ne peut décrire de manière exhaustive. Au sein de ces naturalistes, on observe également la constitution de deux groupes. D’une part, les héritiers de la vision « buffonienne » de la nature, dont l’œuvre est caractérisée par des descriptions grandioses accompagnées d’illustrations somptueuses, qui traduisent un émerveillement quasi dévot et une conception philosophique de la diversité naturelle. D’autre part, les adeptes des grands principes classificatoires, dont le plus illustre représentant reste Karl Von Linné (1707-1778), suivi par Antoine Laurent de Jussieu (1748-1836), Georges Cuvier (1769-1832), ou encore Augustin Pyramus de Candolle (1778-1841). Si les naturalistes contemplatifs ont la faveur des lecteurs, en revanche, ce sont les classificateurs, qui fondent institutionnellement les « sciences naturelles ». La botanique est leur terrain d’expérimentation privilégié car elle offre un objet d’étude a priori plus accessible et moins complexe que la faune. De plus, par ses liens avec la médecine, elle jouit d’une tradition « scientifique » plus ancienne que la zoologie. La grande question que se posent ces savants est de déterminer si leur système offre une véritable intellectualisation de la nature ou s’il se contente de plaquer sur celle-ci une grille d’interprétation artificielle. Leur but est de faire de la classification botanique une science exacte et de rompre avec la tradition « catalographique » aristotélicienne, qui conduit au mieux à une vaine érudition mais ne permet pas de comprendre les liens entre les êtres décrits, ni de reconnaître de nouvelles formes de vie. Linné fonde alors sa description sur des critères géométriques et mathématiques servis par un vocabulaire univoque et rigoureux.

Le système de Linné est violemment critiqué, notamment par Buffon, chef de file de la tradition encyclopédique, qui refuse viscéralement la dimension « synecdotique » du classement proposé par Linné. En effet, selon lui, c’est « méconnoître la marche de la Nature, qui se fait toujours par nunces, et à vouloir juger d’un tout par une seule de ses parties : erreur bien évidente, et qu’il est étonnant de retrouver partout ; car presque tous les Nomenclateurs n’ont employé qu’une partie, comme […] les feuilles ou les fleurs pour distribuer les plantes, au lieu de se servir de toutes les parties, et de chercher les différences ou les ressemblances dans l’individu tout entier » (Buffon, Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du cabinet du Roy, T. 1., 1749. p. 20). Mais le système de classification mis en place par Linné finit par convaincre même ceux, qui rejetaient la finalité purement ordonnatrice des sciences naturelles. Linné part du principe que l’espèce représente l’ensemble des individus, qui se reproduisent entre eux. Par conséquent, ce sont les organes de la sexualité, qui en constituent la partie essentielle parce qu’ils permettent la perpétuation de l’espèce. Il fonde donc sa classification des plantes en classes et en ordres sur l’analyse rigoureuse des étamines et du pistil. Le système de désignation des plantes reflète cette organisation avec un prénom, qui donne le genre de la plante et le nom, qui fait apparaitre la spécificité de l’individu au sein du genre. Ainsi, un botaniste est en mesure d’identifier une plante rien que par l’examen du nombre et de la disposition de ses étamines.

G. L. M. Dumont de Courset, Botaniste cultivateur, ou description, culture et usage de la plus grande partie des plantes étrangères, naturalisées et indigènes, cultivées en France et en Angleterre, rangées suivant la méthode de Jussieu, Paris, Deterville-Goujon, 1811-1814 Saint-Omer, BA, inv. 14589 32


joseph pitton de tournefort (1656-1708) Né à Aix-en-Provence, il fait ses études chez les Jésuites, mais la légende veut qu’il se soit très tôt passionné pour la botanique au point de sécher les cours pour aller « herboriser » dans la campagne aixoise. Initialement destiné à une carrière religieuse, son intérêt pour la philosophie naturelle fait bifurquer vers la médecine qu’il part étudier à Montpellier en 1679. Puis, il séjourne en Catalogne en 1681 où il continue ses recherches sur les plantes. En 1683, Fagon, premier médecin de la Reine, l’appelle à Paris au poste de professeur de botanique au Jardin Royal des Plantes. Il continue par ailleurs ses voyages dans toute l’Europe et rencontre les plus grands botanistes de son temps. Il entre à l’Académie royale des sciences en 1692, publie ses Eléments de Botanique en 1694 et reçoit le bonnet de docteur de la faculté de médecine de Paris en 1698. Le succès de ses Eléments est en grande partie dû à leur caractère éminemment didactique. La préface en constitue une véritable instruction à la botanique où l’auteur expose sa méthode de classification fondée sur les parties de la fructification. En 1700, Louis de Pontchartrain, ministre de Louis XIV, le charge d’une mission de reconnaissance des ressources naturelles de l’Empire ottoman. Accompagné du médecin allemand Andreas Gundesheimer et du dessinateur Claude Aubriet, Tournefort visite la Grèce, Constantinople, l’Anatolie et l’Arménie. De retour à Marseille le 3 juin 1702 avec des milliers de plantes nouvelles, il prépare l’édition de son journal de voyage mais décède avant la publication complète de son œuvre.

40. Joseph Pitton de Tournefort, Eléments de Botanique ou méthode pour connoitre les plantes, Lyon, Pierre Bernuset, 1797 (Saint-Omer, BA, inv. 17832) Il s’agit de l’édition donnée par le botaniste Nicolas Jolyclerc (1746-1817). Ce dernier est placé au couvent, mais sa passion pour les sciences et la botanique en particulier le rendent peu enclin à la vie religieuse. Il profite de la sécularisation des couvents à la Révolution pour, quitter l’Église et entrer comme enseignant généraliste à Tulle et Beauvais. En plus de ses propres travaux, il contribue à la diffusion de ceux de ses confères et donne cette nouvelle édition des Éléments de botanique de Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708). Il est également le premier traducteur du Système sexuel des végétaux de Linné en 1798 (réédité en 1810) et de la Cryptogamie complète du même auteur. Ce volume provient d’un don de la famille du Teil, entré à l’inventaire en octobre 1923.

Saint-Omer, BA, inv. 17832

41. Joseph Pitton de Tournefort, Institutiones rei herbariae, Paris, Imprimerie Royale, 1719 Ces Institutiones sont, en fait, la traduction latine des Eléments de Botanique de 1696, destinée à leur diffusion à l’internationale. La première édition de cette traduction parait en 1700. Cette réédition est généralement préférée des botanistes par rapport à l’originale, car elle est augmentée des additions de Jussieu et d’une vie de Tournefort. Sa riche illustration se constitue de 489 planches gravées en taille-douce en pleine page.

Saint-Omer, BA, inv. 14706

Il s’agit d’un don de Georges Delamotte, entré à l’inventaire en janvier 1921 - probablement extrait de la bibliothèque du Château de Courset.

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karl von linneé (1707-1778) Le Suédois Karl von Linné est considéré comme le plus important naturaliste du XVIIIe siècle. Très tôt passionné par les sciences naturelles, il entre comme secrétaire au service de Kilian Stobaeus, professeur de sciences naturelle à l’université de Lund. Stobaeus se rend vite compte des compétences du jeune homme et le prend sous son aile, lui permettant d’accéder à sa bibliothèque, et finit par l’envoyer à l’université d’Uppsala. Après quelques années d’indigence, le jeune Karl est à nouveau remarqué par plusieurs de ses professeurs et se voit confier la direction du jardin de l’université par le professeur de botanique Olaüs Rudbeck, qu’il remplace à l’occasion dans ses cours. C’est alors qu’il décide d’essayer de clarifier la nomenclature en usage à l’époque pour décrire le vivant. En 1732, il est chargé par la Société royale des sciences d’Uppsala de reprendre le travail de description des plantes de Laponie initié par Olaüs Celsius. Une fois son travail terminé, la précarité de sa situation le pousse à, quitter la Suède pour les Pays-Bas où il est accueilli par le savant Boerhaave. Ce dernier l’introduit auprès du riche propriétaire George Cliffort chez qui il reste trois ans et dont il organise et décrit le jardin botanique de Hart-Camp, l’un des plus complets de Hollande, en appliquant les prémices de sa nouvelle méthode (Hortus Cliffortianus, Leyde 1736). Celle-ci est théorisée une première fois dans son Systema Naturae (Leyde, 1735) et ses Fudamenta Botanica (Amsterdam, 1736). Linné y transcrit sept ans de travail et la description de plus de 8000 plantes. Il met en place un système de classification fondé sur la détermination de leurs caractères particuliers et généraux. Il s’efforce ensuite de perfectionner son système dans une série de publications complémentaires, qui sont rassemblées dans Genera plantarum, publié à Leyde en 1737. Il se consacre essentiellement à l’élaboration d’une nomenclature, bien que la taxinomie ne soit pour lui qu’une des facettes de sa recherche. Son grand œuvre vise à régler et ordonner l’ensemble du monde vivant. Par la suite, il voyage en Europe et séjourne en France où il se lie d’amitié avec Bernard de Jussieu ; avant de revenir en Suède où il reçoit la chaire de botanique à l’université d’Uppsala en 1741. Sa renommée ne cesse ensuite de grandir. L’efficacité et la relative simplicité de son système en font une référence universelle pour la science botanique, et lui valent aussi de nombreux détracteurs tels Buffon, von Haller ou Andson.

42. Karl von Linné, Species plantarum exhibentes, Vienne, [s.n.], 1754 Troisième édition du Species Plantarum, publié pour la première fois le 1er mai 1753. Cet opus marque le véritable point de départ de la mise en œuvre de la nomenclaature botanique telle qu’elle est toujours appliquée aujourd’hui. C’est en fait une révision du Systema naturae (1735 – voir n° 39), qui contient la description de toutes les plantes connues à l’époque, et applique à chaque espèce le nom binominal, qui permet d’aborder séparément la nomenclature (méthode de nomination des espèces) et la taxinomie (méthode de classification). C’est un don de Georges Delamotte, entré à l’inventaire en janvier 1921 - probablement extrait de la bibliothèque du Château de Courset.

Saint-Omer, BA, inv. 14651

43. Karl von Linné, Systema naturæ, Vienne, Johann Thomas Von Tattnern, 17671770 La première édition du Système de la nature, en trois règnes de la Nature, divisés en classes, ordres, genres et espèces, avec les caractères, les différences, les synonymes et les localisations, parue à Leyde en 1735, de ce volume est devenue rarissime. Il y en eu de nombreuse rééditions à chaque fois augmentées, au point que la 13e édition ici présentée totalise plus de 3000 pages, en 4 volumes : les deux premier volumes concernent le premier tome et sont en pagination continue, le volume 3 contient le tome II et le 4e volume contient le Mantissa plantarum, présenté comme un appendice au tome II, édité séparément en 1771 (St. Omer, BA, inv. 17616). Don Delamotte, entré à l’inventaire en janvier 1921 - probablement extrait de la bibliothèque du Château de Courset. Saint-Omer, BA, inv. 14614

44. Karl von Linné, Systema vegetabilivm, Göttingen, Jean Christophe Dieterich, 1784

S’il s’agit bien de la 14e Edition du Système de Linné, c’est la seconde édition isolée de la partie sur les plantes, éditée par le disciple de Linné, le médecin Johan Andreas Murray (1740-1791), qui est aussi le directeur du jardin botanique de Göttingen. La BA conserve aussi un exemplaire de la réimpression (Lyon, Bernuset- Delamolliere, 1796 - Saint-Omer, BA, inv. 14689) de la 13e édition du Systema de 1791, supervisée et enrichie de nombreux ajouts ou modifications par Johann Friedrich Gmelin (1748-1804), professeur de médecine à Tübingen en 1772, de philosophie et de médecine à Göttingen en 1773, de chimie, de botanique et de minéralogie en 1775. Don Delamotte, entré à l’inventaire en janvier 1921 - probablement extrait de la bibliothèque du Château de Courset. Saint-Omer, BA, inv. 14615 34


46. Karl von Linné [Friedrich 45. Karl von Linné, Genera Ehrhart, éd.],Supplementum plantarum,Frankfort, Varrentrapp fils et Wenner, 1778 plantarum, Braunschweig, Première édition posthume cet opus par Orphanotrophei, 1781 son disciple Johann Jakob Reichard (17431782). La première édition en 1737, décrit brièvement 935 genres, et met en pratique son système de classification basé sur les organes de la reproduction de plantes. Linné ne cesse de compléter son travail et la 5e édition, publiée en 1754, atteint 1105 descriptions. Cet ouvrage est devenu la pierre d’achoppement de sa nomenclature universelle.

Saint-Omer, BA, inv. 14617

Édition original et relativement rare, qui rassemble les dernières descriptions de Linné, réalisées entre la dernière édition du Genera plantarum en 1764 et sa mort en 1778. Il les a transmises à son fils, qui lui a succédé à la chair de botanique d’Uppsala, et c’est ce dernier, qui a recueilli dans ce supplément les derniers travaux de son père.

Dons Delamotte, entrés à l’inventaire en janvier 1921 - probablement extraits de la bibliothèque du Château de Courset.

Saint-Omer, BA, inv. 14618

47. Albrecht von Haller, Icones plantarum helvetiae, Bern, Societatis Typographicae, 1795 Albrecht von Haller (1708-1777) est un parfait représentant du Siècle des Lumières. Génie précoce et savant universel, il aborde de nombreux domaines des sciences et des lettres mais s’illustre surtout comme anatomiste et botaniste. Après des études brillantes, il s’oriente vers la médecine et pars étudier la philosophie et l’anatomie à Tübingen. En 1725 il se rend à Leyde pour suivre les cours de Boerhaave et étudier les richesses du jardin botanique de la ville. Il est reçu docteur en 1727 et se rend en Angleterre puis à Paris où il rencontre entre autre les Jussieu, et enfin à Bâle avant de s’installer à Berne où il reçoit la charge de bibliothécaire de la ville et d’y poursuivre ses travaux et ses voyages scientifiques pendant lesquels il collecte de nombreux spécimens de plantes, notamment dans les Alpes suisses dont il a publié le catalogue. Il est considéré comme le plus grand botaniste du XVIIIe siècle après Linné. Il a publié un grand nombre d’opuscules et de mémoires sur le sujet amis son grand œuvre dans ce domaine reste sa Flore de Suisse, publiée une première fois en 1742, complétée par une seconde édition augmentée en 1768 décrivant 2486 espèces illustrées de 48 planches en 3 volumes in-folio. Il y décrit notamment un grand nombre d’orchidées avec une précision inégalée jusqu’alors, et il appuie son système de classement sur la distribution et le nombre des étamines, ce, qui rend le classement relativement peu commode et explique qu’il eut un peu moins de succès que celui de Linné. Don Delamotte, entré à l’inventaire en avril 1923.

Saint-Omer, BA, inv. 16477

antoine laurent de jussieu (1748-1836) Antoine Laurent de Jussieu est issu d’une lignée de médecins-botanistes dont les plus célèbres sont ses oncles Antoine (1686-1758) et Bernard de Jussieu (1699-1777). Le second surtout s’est beaucoup intéressé à la botanique et ses herborisations lui permettent de publier plusieurs mémoires et de compléter les travaux de Tournefort. Il rencontre Linné lors du séjour de ce dernier Paris, et échange sur le sujet avec J. J. Rousseau. En 1758, Bernard de Jussieu est chargé par Louis XV d’organiser son jardin botanique, ce qu’il fait en s’appuyant en partie sur le système de Linné. A la mort de son frère en 1758, il appelle son neveu, Antoine Laurent, auprès de lui et lui donne la place de professeur de botanique au Jardin du roi laissée vacante par Lemonnier. Là ce dernier va réorganiser le jardin, et poursuivre les travaux initiés son oncle en les améliorant considérablement.

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48. Antoine Laurent de Jussieu, Genera Plantarum secundum ordines naturales disposita, Paris, Hérissant et Théophile Barrois, 1789 Il s’agit de l’édition originale de cet ouvrage fondamental dans l’histoire de la botanique avec celui de Linné. Sa publication commencée en 1788, s’achèvera le 14 juillet 1789. L’œuvre d’Antoine Laurent de Jussieu consiste à trouver une méthode permettant de ranger les familles de plante de la façon la plus naturelle possible. Il s’est efforcé de déterminer les relations réciproques qu’entretiennent les caractères des différents genres et espèces, qui composent chaque famille. En accordant la valeur la plus haute aux caractères les plus stables, et la plus faible à ceux, qui varient d’une espèce à l’autre, il en conclue que l’évaluation de l’importance des caractères permet d’individualiser les caractères naturels d’une même famille, qu’il divise en primaires, secondaire ou tertiaire selon leur degré de constance.

Saint-Omer, BA, inv. 14704

jean-baptiste de lamark Jean-Baptiste Pierre Antoine de Monet de la Mark (1744-1829) est l’un des plus célèbres naturalistes français du XVIIIe siècle. Initialement destiné au sacerdoce, la mort de son père en 1756 lui donne l’occasion de, quitter le séminaire et de s’engager dans l’armée alors engagée dans la Guerre de Sept ans (1756-1763). Il s’y illustre rapidement mais une blessure reçue en permission l’empêche de poursuivre la carrière militaire. Il s’engage alors dans des études de médecine et s’oriente bientôt vers la botanique qu’il étudie pendant dix ans avant de se faire connaitre par sa Flore Française. Après ce succès, en 1779, Lamarck est reçu à la section de botanique de l’Académie des Sciences. Il devient précepteur du fils de Buffon et obtient une charge de botaniste du Roi. Entre 1781 et 1782 Lamarck entreprend une série de voyages en Hollande, en Allemagne et en Hongrie. A son retour, il se voit proposer la rédaction de la partie sur la botanique de l’Encyclopédie méthodique. En 1788 La Billarderie, successeur de Buffon, lui confie la charge de Botaniste du Cabinet du Roi, qui devient le Museum d’Histoire Naturelle le 10 juin 1793. Lors de l’attribution des chaires il se voit confier celle d’entomologie – domaine qu’il ignore alors complètement mais auquel il se livre de bonne grâce et contribue largement à faire connaitre cette catégorie animale jusqu’alors plutôt méprisée par la science.

49. Jean-Baptiste de Lamark et Augustin Pyrame de Candolle, Flore Française, Paris, Desray, 1815 Cet ouvrage, qui marque la première reconnaissance scientifique de Lamarck, ne mentionne pas de nouvelles espèces mais simplifie considérablement la technique d’identification en opérant des distinctions simples entre deux éléments uniquement. C’est Buffon, qui se charge de diriger l’impression de la première édition aux Presses royales. Il s’agit ici de la 3e édition, augmentée d’un volume, qui ajoute 1300 espèces aux cinq premiers volumes des deux éditions précédentes.

Saint-Omer, BA, inv. 5382

50. Jean-Baptiste de Lamark, Tableau Encyclopédique et méthodique des trois règnes de la nature – Botanique, première livraison (pour l’Encyclopédie méthodique), Paris, Panckoucke, 1791 S’il n’y apporte pas grand-chose de nouveau dans cette contribution, son travail a le mérite de compiler le meilleur des dernières recherches sur la question. On lui a notamment reproché on d’avoir suivi un plan alphabétique et le système de Linné, qui lui ont en fait été imposés par l’éditeur. Saint-Omer, BA, inv. 1763 36


51. François-Joseph Lestiboudois, Botanographie Belgique : ou méthode pour connoître facilement toutes les plantes, qui croissent naturellement, ou que l’on cultive communément dans les Provinces Septentrionales de la France, Lille, J.-B. Henry, 1781 François-Joseph Lestiboudois (17..-1815) est le second maillon d’une lignée de botaniste, qui débute avec son père, Jean-Baptiste (Douai, 1715 – Lille, 1804), pharmacien en chef de l’armée française en 1739, avant d’être nommé professeur de botanique à Lille en 1770. C’est un disciple de Tournefort et de Linné, à, qui l’on doit en 1737 un mémoire sur la pomme de terre, dont il est le premier à vanter les avantages, l’année de la naissance d’Antoine Parmentier ! Son fils, François Joseph, lui succède au poste de professeur de botanique de la faculté des sciences de Lille. Son grand œuvre est une Botanographie, qui est continuée par son fils Gaspard-Thémistocle, divisée en trois parties publiées en cinq volumes : La Botanographie Belgique ici présentée dans la première édition et de la Botanographie universelle seront suivies de la Botanographie élémentaire en deux volumes.

Saint-Omer, BA, inv. 17833

Ce volume provient d’un don de la famille Du Teil, entré à l’inventaire en octobre 1923. Auparavant il a été donné par l’auteur lui-même à un médecin nommé Lefèvbre. Il comprend également la mention d’appartenance postérieure d’un certain « Aimé Robichez ». On y trouve une note manuscrite du XVIIIe ou du XIXe siècle, au sujet de la scrofulaire, dont il est dit qu’elle pousse.

52. Etienne Pierre Ventenat, Description des plantes nouvelles et peu connues, cultivées dans le jardin de J. M. Cels, Paris, Crapelet, AN VIII (1800) E. P. Ventenat (1757-1808) commence sa carrière dans les ordres et, comme Nicolas Jolyclerc, il profite de la Révolution pour, quitter l’habit et se consacrer aux sciences naturelles. Il est élu membre résidant de première classe à l’Institut national des sciences et des arts le 22 frimaire an IV (13 décembre 1795) dans la section de botanique et physique végétale. Il contribue à faire connaitre les travaux d’Antoine Laurent de Jussieu en publiant en 1798 son Tableau du règne végétal selon la méthode de Jussieu, qui est en fait la traduction du Genera plantarum accompagnée d’indications sur les usages et l’histoire des végétaux. Il publie plusieurs ouvrages de botanique, mais ce sont sa Description des plantes nouvelles et peu connues, cultivées dans le jardin de J.-M. Cels ; son Choix de plantes dont la plupart sont cultivées dans le Jardin de Cels (1803) et son Jardin de La Malmaison (publié en 1803 à la demande de Joséphine de Beauharnais), qui le font réellement connaître. Les illustrations sont réalisées par Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) Cloquet, Laneau, Maréchal et Sauvage et gravées par François Noël Sellier (1737-?), Goulet, Guyard et Plée.

Saint-Omer, BA, inv. 14714

Don Delamotte, entré à l’inventaire en janvier 1921 - probablement extrait de la bibliothèque du Château de Courset. 37


louis auguste deschamps de pas (1765-1842)

S

aint-Omer a contribué à l’avancée de la science botanique en la personne du médecin et naturaliste Louis-Auguste Deschamps.

Né à Saint-Omer en 1765, Louis-Auguste Deschamps de Pas commence ses études au Collège de Saint-Omer. Par la suite, il s’inscrit à l’Université de Douai, et monte à Paris où il obtient sa licence de médecine. Après quelques années dans la capitale, il envisage de rentrer à Saint-Omer pour y exercer en tant que chirurgien. C’est alors qu’il apprend que le Roi et l’Assemblée Constituante ont missionné le contre-amiral d’Entrecasteaux (1737-1793) pour rechercher les vaisseaux de Jean-François de La Pérouse (17411788). Le 28 septembre 1791, notre intrépide audomarois, mû par son goût pour les sciences naturelles, décide alors de rejoindre l’expédition et s’embarque sur La Recherche. C’est ainsi qu’après plusieurs péripéties (dont la mort de d’Entrecasteaux en juillet 1793), leur navire est arrêté par les Hollandais à Java. Deschamps se réclame du Gouverneur hollandais de Batavia (actuelle Jakarta) comme appartenant à une expédition scientifique. Le gouverneur Van Overstraten le prend alors à son service en qualité de médecin tout en le chargeant de rédiger l’histoire naturelle de l’île.

Louis-Auguste Deschamps de Pas occupe ce poste jusqu’en 1802, date à laquelle il profite de la signature de la Paix d’Amiens pour rentrer en France en faisant escale à l’île Maurice. Malheureusement, la paix est rompue pendant la traversée et son vaisseau est pris par les Anglais, non loin des côtes françaises. Le naturaliste est remis en liberté rapidement, mais ses carnets de notes et ses spécimens sont confisqués et rejoignent les collections du British Museum. Le Président de la Royal Society, Sir Joseph Banks (1743-1820), promet qu’il fera renvoyer en France les collections de Deschamps dès qu’il en aura l’occasion, mais il semble que cela n’ait jamais été fait. L. A. Deschamps de Pas occupe alors un temps le poste de médecin de première classe dans les hôpitaux de la Marine à Brest, et à la suppression de ces derniers, il rentre à Paris. Là, il rejoint plusieurs sociétés savantes pour lesquelles il publie des descriptions scientifiques de l’île de Java, notamment pour les Annales des Voyages, édités de 1808 à 1826 par Conrad Malte-Brun et Jean-Baptiste Benoît Eyriès, et dans les Mémoires de la Société Royale d’Arras. Il finit par revenir à Saint-Omer, où il est nommé médecin des hospices civils à l’hôpital de la ville. Il rejoint également la Société des Antiquaires de la Morinie et la Société d’agriculture de Saint-Omer. C’est à cette Société, en mars 1842, peu de temps après la mort du botaniste, que ses héritiers confient le monumental herbier du savant, qui rejoint un emplacement spécialement aménagé pour lui au sein des collections d’histoire naturelle du musée de la Société alors disséminé en plusieurs 38

Herbier Deschamps de Pas, vol. 40 : Decandria II, Cletra C. pubescens Saint-Omer, Musée Sandelin, inv. 2016.0.40.21 © Musée de l’hotêl Sandelin

En 1812, le nom deschampsia est donné en guise d’hommage au botaniste audomarois à un groupe de graminées décrit par le botaniste Palisot de Beauvois. Deschampsia cespitosa

endroits de la ville. En l’occurrence, les 114 volumes de l’herbier Deschamps de Pas sont conservés dans la deuxième salle du second étage de l’ancien Baillage, à côté du laboratoire des conservateurs. Cette collection monumentale, désormais conservé au Musée Dupuis, concerne essentiellement les plantes de notre région, classées selon le système de Linné.


Correspondance de Deschamp de Pas, Avignon, Bibliothèque municipale, autres sÊrie 4, 5715-5716

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georges louis marie dumont, baron de courset par Matthieu Fontaine

L

e baron Georges Louis Marie Dumont de Courset, botaniste et agronome, naît en 1746 à Boulognesur-Mer, dans une famille qui appartient à la clientèle du duc d’Orléans, et au niveau local à celle du duc d’Aumont, gouverneur de Boulogne. Son père est Maître des Eauxet-Forêts, sa mère est fille de Claude Houbronne d’Auvringhen, subdélégué du Boulonnais, personnage majeur de la province au XVIIIe siècle. Après des études au collège de l’Oratoire de sa ville natale, puis au collège du Plessis à Paris, et enfin chez les frères des Écoles chrétiennes boulonnais, il débute une carrière militaire qu’il commence au Royal Pologne Cavalerie et poursuit dans le régiment de Bourgogne Cavalerie. C’est au cours d’une période de repos hivernal à Boulogne qu’il découvre les premières notions de botanique, avec son ami Jacques Gabriel Mutinot d’Ostove, major de la ville. Peu enclin à l’état militaire, il occupe ses loisirs par l’exercice de la peinture en miniature, en jouant de la harpe, et en herborisant. Dans chacune de ses garnisons il herborise, à Sedan en 1774, où il achète les œuvres de Tournefort et Linné, puis à Saintes. En 1775, il est à Tarbes avec son régiment, et pratique ce qui est devenu une passion dans les Pyrénées, notamment autour de Bagnèresde-Bigorre et Luz (Hautes-Pyrénées). Les années 1777-1778 sont importantes dans la vie du personnage. Son père meurt en 1777, et il se marie la même année avec Marie Anne Henriette Gabrielle d’Heuzé, originaire de Montreuil, fille de François Gaspard Gabriel, chevalier seigneur de Chandartois, capitaine de cavalerie. En 1778, il décide d’arrêter la carrière militaire pour se retirer dans sa terre de Courset, près de Desvres, et s’y livrer à ses occupations favorites, la botanique, l’agriculture, et les plantations. Très vite, le jardin initial s’enrichit de plantes étrangères, des serres d’orangerie sont construites. En 1784 paraissent à Boulogne ses Mémoires sur l’agriculture du Boulonnais. Correspondant avec de nombreuses sociétés d’agriculture, des académies, dont celle des Sciences, il s’intègre progressivement dans la République des Lettres. Outre la culture à Courset et la correspondance, il enrichit ses connaissances par la visite de jardins et autres collections de plantes, notamment à Paris et à Londres. En 1793, il perd son épouse, qui lui laisse une fille unique, Pauline, future épouse de Fortuné Joseph Valentin Hubert Malet de Coupigny. Le baron est inquiété pendant la Terreur, et doit son salut à ses connaissances au Comité d’Agriculture à Paris.

De retour à Courset, il continue à développer ses connaissances théoriques et pratiques. Il en tire en 1802 sa principale œuvre, Le botaniste cultivateur, auquel vient s’ajouter un supplément en

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1805, dédié à l’impératrice Joséphine, qui avait apprécié l’ouvrage. Le baron de Courset devient correspondant de l’Institut de France, et développe encore sa correspondance scientifique. Il ne délaisse pas les voyages et visite des jardins lillois, parisiens, flamands et brabançons. Ainsi se poursuit son existence jusqu’à son décès, qui survient le 3 juin 1824, en son château de Courset. On salue alors en lui une figure incontournable de la botanique dans les provinces septentrionales de ce qui est redevenu le royaume de France.


53. [G. L. M. Dumont de Courset], Le Système ou méthode de Jussieu, manuscrit, in-8, 69 ff. inscrit à l’encre sur papier Ce petit manuscrit soigneusement écrit, qui résume les grandes lignes de la classification des plantes proposée par Jussieu, a très certainement été copié par le Baron de Courset dans le cadre de la préparation de son Botaniste cultivateur, ou description, […] des plantes […] rangées suivant la méthode de Jussieu, édité pour la première fois à Paris en 1798, et réédité entre 1802 et 1805 puis une troisième fois entre 1811 et 1814. Voilà ce qu’il dit de l’intérêt de cette méthode dans son édition de 1811 : « J’ai préféré la méthode de Jussieu, parce qu'elle repose sur des bases certaines, et que son auteur les a prises dans le principe des plantes, et sur les insertions respectives des parties sexuelles, qui ne peuvent varier […] Mais ce, qui m’a plu davantage dans cette méthode, et ce, qui contribuera vraisembla¬blement à son succès, c’est d’être divisée par familles ou ordres, qui tirent leur nom d'une plante connue qu’ils renferment, et, qui, par leurs liaisons et leurs affinités avec les précédens et les suivans, forment ensemble la chaîne générale. Ces familles, composées de plan¬tes, qui ont entre elles des rapports essentiels, et, qui doivent être conséquemment rappro¬chées, ne peuvent que faciliter à l'élève la connoissance de la Botanique. En voyant la plante, qui donne son nom à sa famille, il aura dans l’instant l'idée des autres végétaux, qui ont des rapports évidens avec elle, et sera sûr de les rencontrer dans l’ordre […] J'ai donc adopté cette méthode parce qu’elle m'a paru à tous égards avantageuse, fondée sur la nature, et que, sous tous les rapports, elle mérite d'être généralement connue et suivie »

Saint-Omer, BA, ms. 1044

Don Delamotte, entré à l’inventaire en janvier 1921 - probablement extrait de la bibliothèque du Château de Courset.

54. G. L. M. Dumont de Courset, Botaniste cultivateur, ou description, culture et usage de la plus grande partie des plantes étrangères, naturalisées et indigènes, cultivées en France et en Angleterre, rangées suivant la méthode de Jussieu, 7 vol., Paris, DetervilleGoujon, 1811-1814. Comme l’indique ce titre, ce volume propose de décrire la plupart des plantes cultivées en France, en Italie, en Autriche et en Angleterre. C’est une œuvre de botaniste spécialiste des jardins d’acclimatation. Il accompagne d’ailleurs son propos d’un vaste plan des jardins botanique qu’il a aménagé sur son domaine de Courset, décrits par Pierre-Aimé Lair, Description des jardins de Courset, situés aux environs de Boulogne-sur-Mer, Paris, Detervile, 1814. Il s’agit pour Dumont de Courset, non seulement de décrire les plantes, mais surtout d’indiquer les meilleures méthodes d’acclimatation de ces dernières. Comme il l’indique dans son introduction (p. 29), con volume décris environ 8600 espèces, pour une bonne partie d’après les catalogues des grands jardins européens de cette époque.

Don Delamotte, entré à l’inventaire en janvier 1921 - probablement extrait de la bibliothèque du Château de Courset. Saint-Omer, BA, inv. 14589

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la botanique au xixe siecle : vers une classification de plus en plus fine

L

es systèmes de classements mis au point au XVIIIe siècle vont rapidement trouver usage en raison de l’accroissement considérable du nombre d’espèces connues, qui résulte des grandes campagnes d’exploration menées dans le monde. Ainsi, si on évalue à environ 10.000 le nombre d’espèces connues du temps de Linné, elles sont plus de 90.000 à la fin du XIXe siècle !

Mais en dépit de cette explosion de découvertes, les grandes familles établies par Jussieu dans la seconde moitié du XVIIIe siècle sont restées d’actualité, il a juste fallu en élargir certaines et en dédoubler d’autres. Seule la question de la coordination des familles entre elles a nécessité certains perfectionnements. La botanique du XIXe siècle se caractérise donc par une augmentation du nombre de classe et des catégories de classification. Le premier savant à ouvrir la boite de Pandore des catégories végétales est le botaniste du Jardin des Plantes de Paris, Augustin Pyrame de Candolle (17781841) dans sa Théorie élémentaire de la Botanique (1813 et réédité avec modifications en 1819) où il propose de diviser les végétaux en deux grandes catégories : cellulaires et vasculaires, et les vasculaires en exogènes et endogènes. Lorenz Oken (1799-1851) propose pour sa part une division en 7 classes, 4 ordres eux-mêmes subdivisés en 4 tribus, et chaque tribu en 4 familles… John Lindley (1799-18) donne une classification comprenant 7 classes, 56 alliances ou groupes intermédiaires et 303 familles. Dans son Genera plantarum secundum ordines naturales disposita (Genres des plantes disposés selon leur ordre naturel) publié entre 1836-1840, Stephen Endlicher (18041849) décrit 6895 genres et 277 familles regroupées en 52 classes à leur tour, réunies en régions, sections et cohortes. Mais la plus importante des méthodes naturelles proposées à la fin du XIXe siècle est sans conteste celle publiée en 1850 par Adolphe Brongniart dans son Énumération des genres de plantes cultivées au Muséum d’histoire naturelle de Paris, qui part de la division des Phanérogames en deux embranchements : les Gymnospermes (Conifères, etc.) et les Angiospermes (Monocotylédones et Dicotylédones), qui sont aujourd’hui adoptés par les botanistes.

Jean-Baptiste de Lamark et Augustin Pyrame de Candolle, Flore Française, Paris, Desray, 1815 Saint-Omer, BA, inv. 5382

D’autres botanistes, comme G. Bentham (1800-1884) et J. D. Hooker (1847-18..), T. Caruel (1830-1898), ou encore Ph. Van Tieghem (1839-1914) botaniste né à Bailleul, continuent de proposer de nouveau système ou des améliorations, qui apportent chacun leur pierre à l’édifice de la classification rationnelle des plantes.

De manière générale, la tendance de cette classification va vers une définition des groupes supérieurs d’après une caractéristique morphologique générale par une contingence fonctionnelle ou environnementale, tandis que les caractères des groupes inférieurs sont d’ordre purement morphologique. Parallèlement, la diffusion et l’adoption par un nombre croissant de savants de la théorie de l’évolution va également être à l’origine d’une classification de plus en plus généalogique, qui envisage la série du vivant non plus sous la forme d’un simple rapprochement de proximité mais comme le produit de générations successives. C’est ainsi qu’Augustin Augier, dans son Essai d’une nouvelle classification des végétaux publié en 1801, établit le premier « arbre botanique » ou « arbre généalogique des plantes ».

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pierre joseph redoute : « le Raphael des succulentes » Pierre-Joseph Redouté (1759-1840) est probablement le plus célèbre des peintres scientifiques du XIXe siècle. Il est né au Luxembourg, mais vécu dans et autour de Paris. Il étudie l’art du dessin botanique à Paris sous la direction de G. van Spaendonck fondateur de l’école Française d’art floral. Sa formation botanique lui fut prodiguée par C. L. L’Héritier, dont il illustra plusieurs livres ; dont celui sur les plante grasses ou succulentes, d’autant plus utile qu’il est impossible de les conserver convenablement en herbier, et qu’elles fleurissent souvent pendant de courtes périodes seulement. La qualité des figures de Redouté vient en partie d’une nouvelle méthode d’impression en couleurs et, qui combine la gravure au pointillé et permet les plus fines nuances de dégradé, avec l’impression des couleurs au moyen d’une plaque réencrée à chaque feuille. Le résultat était ensuite retouché à la main de telle manière qu’il finissait par avoir l’apparence et les mérites d’une aquarelle originale. La qualité de son travail lui vaut la protection de l’Impératrice Joséphine, qui cultivait les plantes rares dans son jardin de la Malmaison, et subventionna la publication des œuvres du peintre des fleurs, dont les plantes grasses et les Roses (1817-24). Les planches sont accompagnées des descriptions d’Augustin Pyramus de Candolle, récemment arrivé à Paris.

55. Pierre-Joseph Redouté & Augustin Pyramus de Candolle, Plantes grasses, Paris, Garnery, An XII 1804

La publication périodique des Plantes Grasses commence en 1799 (ou décembre 1798) sous forme de fascicules de six planches accompagnées chacune d’une page de texte (ou rarement plus). 28 fascicules sont 50 furent publiés jusqu’en 1805, mais une querelle entre De Candolle et l’éditeur Garnery, entraine la cessation de la publication faute de textes. Garnery reprend contact avec De Candolle en 1829 pour reprendre le travail, mais De Candolle confie cette à un jeune botaniste du nom de Guillemin, mais la publication finit par s’arrêter jusqu’à la faillite de Garnery en 1837. Pour en faire des copies vendables de nouvelles pages de titres (datées de 1837), un index aux fascicules 1 à 30 et probablement quelques planches insolites furent imprimées pour compléter l’ensemble. Le dernier fascicule publié (n° 31) est extrêmement rare, mais puisqu’au moins quatre copies sont réputées complètes avec 172-7 pages de texte, on doit supposer qu’il a été publié.

Les trois volumes conservés à la BA couvrent les 28 premiers fascicules (publiés entre 1798 et 1805) soit les planches 1 à 72 (inv. 16473-1) ; 73 à 136 (inv. 16473-2) et 137 à 159 (inv. 26115). Don Delamotte, entré à l’inventaire en avril Saint-Omer, BA, inv. 26115 1923 et juillet 1928.

56. Pierre-Joseph Redouté & Claude Antoine Thory, Les Roses, Paris, Firmin Didot, 1821

Claude Antoine Thory (1757-1827) avocat au parlement de Paris et adjoint au maire du 1er arrondissement de Paris est féru de botanique et collectionne les oses, ce, qui explique qu’il ait été contacté pour contribuer à la rédaction des notices descriptives des Roses, de Joseph Redouté. Don Delamotte, entré à l’inventaire en avril 1923.

Saint-Omer, BA, inv. 16476

57. Pierre-Joseph Redouté & André Michaux, Flora boreali-americana, ParisStrasbourg, Charles Crapelet, 1803 André Michaux (1746-1802) est un naturaliste et explorateur français. Né dans une famille d’exploitants agricoles, il acquière très tôt un goût pour les sciences de la nature. Sa rencontre avec Lemonnier l’oriente vers la science botanique, qu’il perfectionne auprès de B. de Jussieu au Jardin du Roi. Il entreprend alors une première série de voyages en Angleterre, en Auvergne avec ses confrères Delamarck et Thouin, dans les Pyrénées et en Espagne, et obtient en 1782 l’autorisation d’accompagner Rousseau, qui venait d’être nommé Consul en Perse. Il parcourt le pays jusqu’en 1785 et ramène à Paris une collection de plantes et de graines. A son retour, il est missionné par le Louis XVI en Amérique du Nord pour y constituer une collection de plantes indigènes à destination des jardins royaux. Il explore le continent nord-américain pendant 11 ans, pendant lesquels il constitue une fantastique pépinière aux Etats Unis et envoie plus de 60.000 pieds d’arbres au jardin royal de Rambouillet. A cours d’argent, il est obligé de rentrer en France en août 1796 et y reçoit un accueil triomphal des autorités et de ses confrères scientifiques. Malheureusement les ravages de la Révolution ont détruits une bonne partie de la collection botanique de Rambouillet, et la situation politique ne lui permet pas

Saint-Omer, BA, inv. 16474 43


de trouver les fonds nécessaires à une nouvelle mission outre-Atlantique. Il s’attache alors à mettre en ordre la collection qu’il a rapportée avec lui en vue de la publication de son Histoire des chênes (Paris, 1801) et de sa Flore de l’Amérique septentrionale. En 1800 il s’embarque avec l’explorateur Nicolas Baudin (1754-1803) pour une vaste expédition dans les mers du sud et dans l’Océan Pacifique, qui lui permet d’herboriser à l’île Maurice où il, quitte l’expédition en 1801 pour se rendre à Madagascar où il séjourne pendant quelques mois avant d’y succomber à une mauvaise fièvre. Sa Flora boreali-americana parait à titre posthume en 1803. Elle décrit 1700 plantes dont 40 nouveaux genres, en suivant le système de Linné, et est illustrée de 52 figures réalisées par P. J. Redouté. Elle reste l’étude la plus complète dans ce domaine, jusqu’à la Flora americae septentrionalis de Frederick Traugott Pursh (1774-1820) publié en 1813.

58. Romain Adolph Hedwig, Genera Plantarum secundum characteres differentiales ad Mirbelii editionem revisa et aucta, Leipzig, I. H. Reclam, 1806 J. A. Hedwig (1772-1806) est un botaniste allemand à, qui l’on doit surtout d’avoir édité le travail de son père, le médecin roumain Jean Hedwig (1730-1799), professeur de botanique et intendant du jardin botanique de Leipzig et, qui a mis en application le système de Linné, et on lui doit surtout penché sur les mousses dont il a clarifié la description du système reproducteur. Don Delamotte, entré à l’inventaire en janvier 1921 - probablement extrait de la bibliothèque du Château de Courset.

Saint-Omer, BA, inv. 14680

59. Charles François Brisseau de Mirbel, Traité d’anatomie et de physiologie végétale, Paris, Dufart, an X (1802) (Saint-Omer, BA, inv. 17233) Charles François Brisseau de Mirbel (1776-1854) entre à 20 an comme aide-naturaliste au Museum d’histoire naturelle et publie quelques années après sont Traité d’anatomie végétale, qui lui vaut d’être considéré comme le père de cette discipline, qui étudie la structure interne des végétaux en opposition à la morphologie végétale, qui s’attache à leur aspect extérieur. Il devient intendant des jardins de la Malmaison et 1803, et entre à l’Académie des sciences 5 ans plus tard. La même année, il obtient la chaire de botanique de la Sorbonne. Saint-Omer, BA, inv. 17233

Inscrit à l’inventaire par Delamotte, probablement en 1918.

60. Philippe Van Tieghem, Eléments de botanique. I. Botanique générale, Paris, F. Savy, 1891 Philippe Van Tieghem 1839-1914 est un botaniste et biologiste, originaire de Bailleul. En 1858, il entre à l’Ecole normale supérieure, où il est remarqué par ses maîtres, dont Louis Pasteur, et rejoint son laboratoire comme agrégé préparateur a l’obtention de son agrégation de sciences physiques. Il soutient sa thèse de doctorat ès sciences physiques en 1864, et devient Maître de conférences de botanique à l’Ecole normale supérieure. De 1878-1914 il entre comme professeur au Muséum d’histoire naturelle de Paris où il occupe la chaire de cultures, et à partir de 1899 il enseigne également la biologie végétale à l’Institut agronomique de Paris. En 1905 il est élu membre de l’Assemblée de l’Institut Pasteur et en 1908 il est élu secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, pour les sciences physiques. Don Delamotte, entré à l’inventaire en avril 1923. Saint-Omer, BA, inv. 8018

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Don Delamotte, entré à l’inventaire en avril 1923. Il s’agit de la première édition, ce volume comprend une note sur le faux titre, qui dit « donnée par l’auteur en juillet 1802 ».

Saint-Omer, BA, inv. 17232

61. Georges Gallesio, Traité du Citrus, Paris, Fantin, 1811 George Gallesio (1793-1839) est un magistrat Italien, qui a partagé sa vie entre les charges administrative et l’exploitation de l’exploitation agricole familiale. En matière de botanique il est l’auteur de la première et de la plus importante collection d’illustrations et de descriptions de fruits et d’arbres fruitiers réalisée au XIXe siècle en Italie, qu’il publie sous la forme de 41 fascicules entre 1718 et 1839. Elle totalise 160 planches, qui illustrent 152 articles décrivant 17 espèces de fruits. On lui doit aussi ce traité du Citrus, ici présenté dans la première édition relativement rare.

62. F. Stenfort, Les plus belles plantes de la mer, Paris, chez l’auteur, 1874 En 1873, M. Stenfort, est envoyé en en mission pour le Ministère de l’Instruction Publique rend compte de ses explorations de la flore marine, de l’océan et de la Manche et agrémente son inventaire d’un herbier de 50 algues séchées. Ce type d’ouvrage incluant des plantes réelles collées sur du papier autour d’un thème particulier « s’inscrit dans la tradition, des exsiccata, de ouvrages illustrés de plantes séchées, à mi-chemin entre un ouvrage et un herbier proprement dit. Pratique, qui se met en place dès la fin du XVIIIe et, qui permet de diffuser sous forme d’abonnements ou de souscriptions les plantes de sa région, les plantes d’une même famille de régions différentes. Cette pratique nécessite la récolte non pas d’un seul spécimen d’une espèce, mais 150 à 200 exemplaires de la même plante, de les préparer comme un herbier, et de les accompagner d’une étiquette imprimée, titrée et numérotée et portant les informations traditionnelles : nom de la plante, date et lieu de récolte, nom du récolteur. Ils se présentent le plus souvent sous la forme reliée, mais aussi sous forme de sachets avec étiquettes accompagnés d’un livret imprimé. Ils ont un auteur, un lieu d’édition, une date d’édition et sont donc considérés comme livres, et peuvent donc contenir la description d’espèces nouvelles, qui feront priorité. Cela correspond donc à la diffusion d’ouvrages de références, d’herbiers de références, outils palliatifs du livre illustré, convenant bien à de nombreux botanistes relativement isolés» (Denis Lamy, « Le savoir botanique par les herbiers : une permanence du travail de cabinet », Colloque « Voyages en Botanique », 16 & 17 juin 2005, Besançon)

Entré à l’inventaire en 1877.

Saint-Omer, BA, inv. 6710

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