le coq et l'aigle : histoire de ces emblèmes français et allemand

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LIVRET DE L’EXPOSITION


Le coq et l’aigle dans la symbolique antique Pour comprendre les raisons qui ont amené la France et l’Allemagne à choisir le coq et l’aigle pour emblèmes, il est intéressant de remonter aux sources du symbolisme attaché à ces oiseaux qui prend racine dès l’Antiquité classique. L’aigle est l’oiseau favori de Jupiter. Il est associé aux notions de célérité, d’altitude et de puissance. Le coq est pour sa part associé à de nombreuses divinités tels, Minerve et Mercure pour l’éloquence de son chant, Mars pour sa fougue et sa combativité, Asclépios, pour sa vigilance. Rares sont les occurrences mythologiques qui réunissent nos deux protagonistes, mais il en existe néanmoins qui valent la peine d’être mentionnées ici. La principale est l’histoire de l’enlèvement de Ganymède .(En effet, c’est sous la forme d’un aigle que Zeus/Jupiter enleva le jeune pâtre dont il s’était épris. Or, dans la tradition grecque, le coq est le cadeau traditionnel qu’un homme mûr offrait à un plus jeune afin d’obtenir ses faveurs.

Il existe donc quelques représentations de l’épisode de l’enlèvement de Ganymède où l’on voit ce dernier tenant un coq dans ses bras comme dans le célèbre acrotère d’Olympie (ornement sculpté disposé au sommet ou aux extrémités d’un pignon) (ou sur un vase à figure rouge conservé au Louvre. Les autres points de rencontre entre nos deux oiseaux dans le symbolisme antique se trouvent dans les concepts qu’ils incarnent de manière plus ou moins directe. L’aigle, en tant que messager du roi des dieux, est souvent également chargé de transporter les héros ou les empereurs au séjour des dieux lors de leur apothéose. Quant au coq, dans la mesure où il a l’habitude d’annoncer par son chant le lever du soleil, il fut très tôt associé à l’idée de renaissance voire de résurrection. C’est d’ailleurs probablement une autre raison pour laquelle il devient l’animal sacrificiel privilégié du culte d’Asclépios dont le talent médical était tel qu’il parvenait à ressusciter les morts. Dans l’Antiquité, l’aigle et le coq étaient donc tous deux des oiseaux solaires et psychopompes, c’est à dire associés au passage des âmes dans l’autre monde.

Inv. 2215 : Ovid's Metamorphosis. EnglishedMythologiz and Represented in figures, Oxford, John Lichfield, 1632. Les Métamorphoses (X, 143-161) d’Ovide sont l’une des sources antiques qui relatent l’enlèvement de Ganymède. Au dixième livre le poète raconte : Jadis le roi des immortels aima le beau Ganymède. Dès lors à l'éclat de son rang il eût préféré l'humble condition des mortels. Il prend la forme trompeuse de l'oiseau qui porte son tonnerre; et soudain,

fendant les airs, il enlève le jeune Phrygien, qui lui sert d'échanson dans l'Olympe, et verse le nectar dans sa coupe, en dépit de Junon. Bien qu’il n’y ait pas d’ex-libris, il y a de fortes chances pour que cette édition anglaise provienne de la bibliothèque du collège des Jésuites anglais de Saint-Omer.


Inv.

2622

Emblemata,

Plantin, 1576.

:

Andreae ALCIATI, Anvers, Christophe

André Alciat (Milan 1492-Pavie 1550) fait des études de jurisprudence à Pavie et Bologne, précoce il obtient le grade de docteur à 22 ans. Il est nommé professeur de droit à Avignon en 1521. Il est un des premiers a s’appuyer sur l’histoire pour étudier et comprendre le droit. Cette position qui implique des études et un savoir bien plus grand que d’usage pour la pratique des métiers juridiques lui vaut de nombreux ennemis et en 1529 il est obligé de se réfugier en France où il est accueilli par François Ier qui lui donne la chaire de droit de Bourges.

Quelques années plus tard Ludovic Sforza, Duc de Milan l’incite à revenir en Italie où il occupe plusieurs chaires dans diverses grandes universités de son Pays avant de s’éteindre à Pavie. Parmi les nombreux traités qu’il publie, il en est un sur les emblèmes, sujet fort à la mode à la Renaissance, où il décrit les figures des divinités antiques et leurs attributs, ici Ganymède emporté par Zeus métamorphosé en aigle.


Inv. 2376 : Lucrece, De rerum natura, ed. par Tanaquilus Fabri, Saumur, Jean Lesnier, 1662. Lucrèce est un poète et philosophe latin qui est l’auteur d’un traité sur les phénomènes naturels où il essaie d’expliquer une légende à propos du coq : « Les couleurs, par exemple, et les images trouvent / Des yeux mal disposés et que blesse leur choc. /Ainsi le fier lion tremble devant le coq ; /Et pris d’effroi subit, dès que l’oiseau sonore /De sa voix éclatante a réveillé l’aurore / Et d’un battement d’aile a dissipé la nuit, /le monstre au bond puissant se détourne et s’enfuit. /C’est que du coq sans doute émanent des images/ Qui dans l’œil du lion n’entrent pas sans ravages. / Les traits sont si perçants, les coups si douloureux, Que toute sa fierté ne peut tenir contre eux ». (De natura rerum, lib. 4). Cette réputation que le coq blanc a de faire fuir le lion par son chant remonte à Alexandre d’Aphrodise qui vécut au IIe siècle. Il a une grande fortune dans l’iconographie occidentale, relayée au Moyen Âge par l’encyclopédie de Pline l’ancien.

Inv. 20307 : Esope en belle humeur, ou Dernière traduction et augmentation de ses fables en prose & en vers, par J. C. Bruslé de Montpleinchamp, Furetière et La Fontaine, Amsterdam, Antoine Michils, 1690. La légende du coq faisant fuir le lion par son chant se retrouve également dans la fable du lion et l’âne attribuée à Esope. Elle sera réutilisée dans l’emblématique notamment dans le cadre d’évocations de conflit hispano-français puisque le lion est l’emblème éponyme du royaume de León.



Le coq et l’aigle au Moyen Âge Au Haut Moyen Âge, le coq et l’aigle sont toujours bien présents dans la symbolique occidentale, mais ils ne sont bien sûr pas associés à la France et à l’Allemagne qui n’existent pas encore. C’est d’abord au sein du symbolisme religieux qu’il faut les chercher, et ils y occupent l’un et l’autre une place de choix. Le coq est d’abord associé à l’apôtre Simon-Pierre en souvenir de l’épisode de son reniement lors de la Passion du Christ. Il est dit en effet que Jésus, la veille de sa mort, se rendant avec ses apôtres au Jardin de Gethsémani sur le Mont des Oliviers, annonce à Pierre que ce dernier le reniera trois fois Ms. 34, f. 228 (detail) : initiale avant que le coq ne habitée d’un coq © BASO chante.

Bien entendu la prophétie se réalise, et aussitôt un coq chante. Depuis, le coq est devenu l’un des attributs de Pierre dans l’iconographie chrétienne et on le trouve aussi souvent représenté parmi les Arma Christi, les objets de la Passion.

Ms. 5, f. 270(détail) : le martyre de Pierre. © BASO

L’aigle est pour sa part associé à Jean l’évangéliste. Cette tradition remonte aux premiers siècles du christianisme, et assimile les auteurs des quatre évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Ms. 94, f. 36 (detail) : l’aigle © Luc et Jean) aux animaux mentionnés BASO dans la vision d’Ezéchiel (l’homme, le veau, le lion et l’aigle). Ces associations sont expliquées de diverses manières par les interprètes du texte sacré, mais la plus commune associe l’aigle à Jean en raison de la puissance de leur vision. Jean est en effet l’auteur supposé de l’Apocalypse qui clôt le Nouveau Testament. Or Apocalypse signifie révélation en grec, et le texte biblique éponyme se présente comme une vision prophétique que l’Apôtre reçoit lors de son séjour sur l’île grecque de Pathmos . Quant à l’aigle, il est réputé être le seul animal capable de regarder le soleil en face sans ciller, et on le disait également capable d’apercevoir du plus haut du ciel les plus petits poissons au fond de la mer. Jean, qui peut contempler la splendeur de Dieu sans voile, est comme l’aigle qui est capable de regarder le soleil en face.

inc. 88, 108v : Jean l’évangéliste à Pathmos accompagné de son symbole.


Nicolas de Gorran (mort en 1295), Introduction à l’Écriture sainte : « Il est question du Christ en tant que Dieu dans Jean ; c'est pourquoi il commence par sa sublime divinité, en disant : au commencement était le Verbe (Jean, 1, 1) ; pour cela il [l’évangéliste Jean] est représenté par l'aigle, qui vole très haut et a une vue très perçante.

Les symboles des évangélistes ne sont pas attribués de la même façon par les Pères de l’Eglise. Sources du tétramorphe

Homme

Lion

Veau

Aigle

Irénée de Lyon (130-202)

Matthieu

Jean

Luc

Marc

Augustin (354-430)

Marc

Matthieu

Luc

Jean

Pseudo-Athanase (déb. IVe s.)

Matthieu

Luc

Marc

Jean

Jérôme (347-420)

Matthieu

Marc

Luc

Jean

Ms. 5, f. 137 (détail) © BASO


Ms. 5 : Second volume d'une Bible, composé de 330 feuillets de parchemin, comprenant les livres bibliques depuis les Proverbes jusqu'à l'Apocalypse, France du Nord, vers 1270-1290. Ce manuscrit a été produit par un scriptorium actif entre Saint-Omer et Thérouanne. Le décor historié concerne le début de chaque livre, et comprend 52 initiales historiées, accompagnées de figures marginales dont certaines illustrent également le texte. L’iconographie est d’autant plus intéressante qu’elle n’est pas purement illustrative mais s’offre parfois comme une exégèse typologique, lorsqu’elle illustre un des livres de l’ancien Testament avec une image venant du Nouveau et vice-versa. Trois représentations de ce volume intéressent notre propos : Deux scènes figurant un bâtiment ecclésiastique surmonté d’un coq (ff 137 et 267), et le martyre de saint Pierre accompagné d’un coq (f. 270).

Inv. 27 : Pierre FRIZON, La Saincte Bible Françoise selon la vulgaire Latine reveuë par le commandement du Pape Sixte V. Et imprimé de l’autorité de Clément VIII, Paris, Jean Richer et Pierre Chevalier, 1621. Première édition de cette Bible illustrée, dite Bible de Frizon du nom de son éditeur, pénitencier et chanoine de Reims, qui insistait sur les moyens pour discerner les Bibles Françoises Catholiques d'avec les Huguenotes. Importante illustration comprenant un frontispice gravé au burin par Michel Lasne, deux vignettes, une carte à mi-page et 70 belles figures au burin et à l'eau-forte de Melchior Tavernier, M. Faulte, Jean Zniarnko, Léonard Gaultier, M. van Lochom, Michel Lasne, Claude Mellan, ou anonymes. Ces figures comportent plus de 900 sujets. La part de Zniarnko dans les illustrations serait plus importante que ne le laisse penser le nombre de planches signées par lui. C’est un fleuron des imprimeries royales sous Louis XIII. Ce volume provient de la bibliothèque de l’Abbaye de Saint-Bertin. La reliure en veau brun est sobrement ornée d’un encadrement de filets a l’ancienne. Mais c’est le motif central qui est le plus intéressant car on y trouve les arma Christi, les instruments de la Passion, dont le coq de saint Pierre.

Ms. 5, f. 237 (détail) © BASO


4569 : Matrice de sceau de Jean de Saint-Omer, moine à l'abbaye de Saint-Jean au Mont de Thérouanne, France, XIVe siècle, bronze, SaintOmer, Musée de l’hôtel Sandelin, inv. 4569 © Musées de Saint-Omer, L. Lévêque Les aigles johanniques sont couramment employés dans l’héraldique sigillaire par les personnes prénommées comme l’évangéliste.

0360 CD : Saint Jean l'Evangéliste, Flandre, XVIIe siècle, huile sur marbre, Saint-Omer, Musée de l’hôtel Sandelin © Musées de Saint-Omer, L. Lévêque Ce petit panneau de bois peint à l’huile figure l’apôtre et évangéliste Jean rédigeant son Apocalypse, isolé sur l’île grecque de Pathmos. Outre le contexte, l’évangéliste est identifiable par son aigle.

Cette faïencerie de Delft est fondée en 1658 par Wouter van Eenhoorn puis dirigée successivement par Samuel van Eenhoorn, Adriaen Kocks, Pieter Adriaensz Kocks. Elle est rachetée en 1758 par Jan Theunis Dextra. La dernière marque, jusqu'en 1785, fut celle de Jan van den Briel. La dernière mention dans les archives date de 1818. 982.012 : Plaque d'applique à bord contourné représentant le Calvaire avec le Christ en croix entouré des deux larrons, Delft, Manufacture de l’A Grec, vers 1785, faïence, peint à grand feu (camaïeu bleu) ; rehauts de rouge, à petit feu, Saint-Omer, Musée de l’hôtel Sandelin, inv. 4569 © Musées de Saint-Omer, L. Lévêque.

Cette plaque figure le Christ supplicié entouré des deux larrons. A ses pieds ont été rassemblées les Arma Christi dont le coq du reniement de Pierre.


Le coq des clochers La tradition des coqs de clocher apparaît au début du IXe siècle et on en trouve régulièrement des mentions un peu partout en Europe tout au long du Moyen Âge.

ms. 94, f. 23v. : le coq © BASO L’évêque Rampert de Brescia fait placer un coq de bronze au faîte de son église la sixième année de son épiscopat, soit en 820, celui-là même qui est conservé au Museo della citta de Brescia et qui doit être à l’heure actuelle le plus ancien conservé en Europe (fig. 1). La Vie de saint Switin de Winchester par le moine Wolstan, mentionne qu’en 980 un coq doré trônait au sommet de l’église de Winchester. Le trésor de la cathédrale SaintIsidore de León conserve un coq de clocher en bronze doré daté du Xe ou du XIe siècle (fig. 2), initialement placé au sommet de la Torre románica. La Torre del gallo de la cathédrale de Salamanque doit son nom au coq qui la surmontait au XIIe siècle. La foudre s’est aussi abattue en 1091 sur la cathédrale de Coutances, ainsi qu’en 1219 sur Saint-Denis à Paris dont le coq du clocher fut détruit. Les textes traitant de la liturgie y font aussi régulièrement référence. Honorius Augustodunensis (10801157) explique par exemple que ce n’est point sans raison que le coq est placé au sommet des campaniles : le coq réveille ceux qui dorment ; il rappelle au prêtre qu’il est comme le coq de Dieu, et qu’il est chargé de réveiller par le son des cloches ceux qui dorment pour les appeler aux matines (Gemma anime : I, 144). On retrouve à peu près la même interprétation dans le Speculum de Mysteriis Ecclesiae d’Hugues de Saint-Victor († 1140), ou dans le Rational des divins offices (I, 22) de Guillaume Durand (1230-1296). Un poème du XIIe siècle : Multi sunt presbyteri qui ignorant quare super domum domini gallus solet stare, qui résume en quelques strophes toutes les croyances médiévales relatives au coq.

Les cloches médiévales avaient, dans la tradition populaire, le pouvoir de faire fuir le démon en raison de leur rôle dans la prévention des dangers, et notamment des invasions. De même, le chant du coq qui signale la venue du jour était réputé faire fuir les créatures de la nuit. D’ailleurs, Le terme gallu issu du gallus latin désignait la sentinelle qui veillait en haut des beffrois au Moyen Âge. Sur les églises, ce pouvoir protecteur a été très tôt renforcé par la présence de reliques placées à l’intérieur du coq. Il s’agissait en général de reliques de saint Donat, que l’on disait pouvoir protéger de la foudre. Coq du clocher de l’ancien hôpital général de Saint-Omer ou hospice Saint-Jean, cuivre, XIIIe XVIe siècle, D’abord déposé à l'église du Saint-Sépulcre, il est actuellement conservé à l'hôpital d'Helfaut .


Multi sunt presbyteri qui ignorant quare Multi sunt presbyteri qui ignorant quare Super domum domini gallus solet stare ; Quod propono breviter vobis explanare, Si vultis benevolas aures mihi dare. Gallus est mirabilis Dei creatura Et rara presbyteri illius est figura, Qui praeest parochiae animarum cura Stans pro suis subditis contra nocitura.

Nombreux sont les prêtres qui ignorent pourquoi Sur la maison du seigneur, le coq comme c’est l’usage se tient C’est ce que je me propose en bref de vous exposer Si des oreilles bienveillantes vous voulez me prêter

Supra ecclesiam positus gallus contra ventum Caput diligentius erigit extentum ; Sic sacerdos, ubi scit daemonis adventum, Illnc se obiciat pro grege bidentum.

Le coq est, de Dieu, une admirable créature Et, du prêtre, la rare figure Ce chef de paroisse, voué aux soins des âmes Debout, s’oppose à toutes nuisances envers ceux qui lui sont soumis Au faîte de l’église, le coq dressé contre le vent Dresse avec diligence sa tête tendue Ainsi, le prêtre, quand il sait l’approche du démon S’oppose à lui pour sauver ses ouailles

Gallus inter caetera altilia coelorum Audit super aethera concentum angelorum ; Tunc monet nos excutere verba malorum, Gustare et percipere arcana superorum.

Le coq, entre tous les oiseaux du ciel, Seul perché dans les airs entend le concert des anges Ainsi, nous enseigne-t-il à rejeter les paroles des mauvais A goûter et à saisir les secrets des dieux.

Quasi rex in capite gallus coronatur, In pedo calcaribus ut miles armatur ; Quanto plus fit senior, pennis deauratur In nocte dum concinat, leo conturbatur.

A l’instar du roi, le coq a la tête couronnée ; Il porte éperons comme le chevalier ; Plus il avance en âge, plus il se remplume, Son chant nocturne alarme le lion

Gallus regit plurimam turbam gallinarum Et sollicitudines magnas habet harum : Sic sacerdos concipiens curam animarum Doceat et faciat quod deo sit carum. Gallus granum reperit, convocat uxores ; Et illud distribuit inter cariores : Tales discant clerici pietatis mores Dando suis subditis scripturarum flores, Sic et bonus presbyter qui plebi sceit praeesse Pigros cum calcaribus monens indefesse, Confortando debiles verbo dei, messe, Post laborem aureus ut rex debet esse. Gallus suas feminas solet verberare Has quas cum extraneis novit ambulare : Sic sacerdos subditos debet castigare Qui contra legem domini soleant peccare. Basiliscus nascitur ovis de gallorum, Sic crescit vis daemonis de presbyterorum Multa negligentia qui subditorum Non curant sceleribus nec de spe coelorum. Gallus nunquam negligit tempus vespertinum, Sed cum suis subditis volat ad supinum Fit in nocte media tempus matutinum Servis dei praecinat ad opus divinum. Sic et bonus presbyter respuens terrena Ducit suos subditos Christi in pena, Praebens iter coelicum coeli ad amoena, Sponsus cum advenerit cum turba duodena. Gallus noctis media studet personaro Ante cantum fortiter alis ventilare, Sic sacordos providus seminoctis hora Ad laudandum dominum surgit sine mora

Le coq dirige toute une bande de poules, Plein de sollicitude pour elles. Ainsi le prêtre, responsable du salut des âmes Doit faire et enseigner ce qui est agréable à Dieu ! Dès qu’il a trouvé le grain, le coq convoque ses épouses Pour le distribuer aux plus chères Que le prêtre imite ces bons procédés En distribuant à ses ouailles les fleurs des Écritures. Ainsi le prêtre, préposé au peuple Il pique les paresseux de ses éperons Il soutient les faibles de la parole divine de la messe Apres ses labeurs il doit être tout or, comme le roi Le coq a l’habitude de corriger ses poules, Celles qu’il voit se promener avec d’autres. Ainsi le prêtre : qu’il châtie ses subordonnés Qui pèchent contre la loi du Seigneur Un basilic peut naître des œufs du coq, Ainsi la force des démons s’accroît De la négligence coupable des prêtres, qui des ouailles N’ont cure des péchés, ni de l’espérance du Ciel. Le coq ne manque jamais l’heure du crépuscule Il s’envole au perchoir avec ses épouses Prêt, dans le milieu de la nuit, à annoncer le matin Aux serviteurs de Dieu pour le service divin Ainsi le bon prêtre : repoussant les choses terrestres, Il détourne ses fidèles des peines de l’Enfer, Leur montrant la voie vers les joies célestes Le jour où le fiancé viendra avec sa suite lumineuse Au milieu de la nuit, le coq fait raisonner son chant, En le devançant du battement puissant de ses ailes Ainsi le prêtre prévoyant : à l’heure de minuit Qu’il se lève sans tarder, pour célébrer les louanges de Dieu.


Inv. 120 : Saint Ambroise évêque de Milan, Œuvres complètes en 2 volumes, Paris, Jean-Baptiste Coignard, 1686.

Aurelius Ambrosius (v. 339-397) est un des quatre grands docteurs de l’église, fameux notamment pour avoir baptisé Augustin d’Hippone, mais aussi pour son rôle dans l’établissement des grands dogmes de la foi catholique et sa lutte contre l’hérésie d’Arius. Son œuvre est vaste et consiste en commentaires des textes sacrés, traités de catéchèse et en hymnes. Ces chants, il fut le premier à les rendre populaires en même temps que d’en faire des éléments constitutifs de la liturgie. Aeterno rerum conditore est encore chanté de nos jours les 1e et 3e semaines aux laudes du dimanche. Il s’agit donc d’un hymne chanté Ad galli cantum : chant du coq, les laudes ou louanges en latin, que l’on chante à l’aurore, et où l’on rend grâce à Dieu pour le lever du jour. Ces deux volumes portent l’ex-libris de l’évêque Jacques Blase : 4ème évêque de Namur, de 1597 à 1601 puis évêque de Saint-Omer, de 1601 à 1618.

Ms. 304 : Honorius Augustodunensis, Gemma anime, France du Nord, (?)XIIe siècle, prov. : Abbaye de Saint -Bertin.

Honorius Augustodunensis (v. 1080– v. 1157), est un théologien anglo-saxon, qui fut très certainement membre d’un couvent de moines irlandais installés à Ratisbonne. On lui a attribué de nombreux ouvrages pas toujours avec certitude. Sa Gemma anime est un traité de liturgie où il explique les significations symboliques des éléments qui entrent dans la liturgie chrétienne de son temps. Sur le coq du clocher il nous dit : Ce n’est pas sans raison que le coq est placé au sommet des campaniles: le coq réveille ceux qui dorment ; il rappelle au prêtre qu’il est comme le coq de Dieu, et qu’il est chargé de réveiller par le son des cloches ceux qui dorment pour les appeler aux matines. Ce manuscrit fait partie d’une demi-douzaine de volumes acquis par un religieux de Saint-Bertin qui y a laissé son nom, le Frère Jean Stoef de Bourbourg.


Ambroise de Milan, Aeterno rerum conditor. Ad Galli cantum. Hymne des Laudes du Dimanche Aeterne rerum conditor, Noctem diemque qui regis Et temporum das tempora, Ut alleves fastidium ;

Eternel Créateur du monde Qui régit la nuit et le jour Et qui rythme le cours du temps Afin d’en alléger le poids,

Praeco diei iam sonat, Noctis profundae pervigil, Nocturna lux viantibus, A nocte noctem segregans.

Déjà, pour le jour, le coq chante, Veilleur au profond de la nuit, Lueur nocturne aux voyageurs Séparant la nuit de la nuit.

Hoc excitatus lucifer Solvit polum caligine, Hoc omnis erronum chorus Viam nocendi deserit.

Par lui, surgit l’astre de l’aube, Qui chasse les ombres du ciel ; Par lui, les troupes de rôdeurs Délaissent les sentiers du mal

Hoc nauta vires colligit Pontique mitescunt freta, Hoc ipsa petra ecclesiae, Canente culpam diluit.

Par lui, le matin reprend force, Le calme revient sur la mer ; A son chant, Pierre, le Rocher, Lave sa faute dans les pleurs.

Surgamus ergo strenue, Gallus iacentes excitat Et somnolentos increpat, Gallus negantes arguit.

Dressons-nous avec courage ; Le coq lève celui qui gît, invective les somnolents ; le coq confond les renégats

Gallo canente spes redit, Aegris salus infunditur ; Mucro latronis conditur, Lapsis fides revertitur.

A son chant revient l’espérance, l’infirme recouvre la santé, le larron lâche son poignard, qui est tombé retrouve foi

Jesu, labantes respice Et nos yidendo corrige ; Si respicis, lapsi stabunt, Fletuque culpa solvitur.

Regarde, Ô Jésus, ceux qui tombent ; En nous voyant relève-nous : A ton regard, l’erreur s’enfuit, Les pleurs effacent le péché.

Tu lux refulge sensibus Mentisque somnum discute, Te nostra vox primum sonet Et ora solvamus tibi.

Brille pour nous, Ô lumière, Eveille les cœurs endormis. Que nos premiers chants soient pour toi : Pour toi, nos vœux soient accomplis !

Sit, Christe, rex piissime, Tibi Patrique gloria Cum Spiritu Paraclito, In sempiterna saecula.

Gloire à ton Père, à toi gloire, Roi de toute bonté, ô Christ ! Gloire à l’Esprit Saint Paraclet Pour les siècles d’éternité.


Denier frappé sous le règne de Vespasien, vers 76 av. n. è., figurant le profil de l’Empereur et une aigle au revers (

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Buste reliquaire de Charlemagne, milieu du 14e siècle, argent repoussé et doré, orné de motifs décoratifs et pierres précieuses (Aix-laChapelle, Domschatzkammer -

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L’aigle impérial et germanique En Occident, c’est en l’an 102 avant notre ère que le consul romain Caius Marius (157-86 av. n. è.), oncle par alliance de Jules César, décrète que l’aigle devient l’emblème de La République de Rome et des armées romaines. Le choix de ce symbole vient du fait que comme l’aigle en vol peut d’un seul regard contempler plusieurs royaumes, de même que Rome fédère plusieurs nations. Le symbole est conservé sous l’Empire et sera ensuite régulièrement repris par les autres empires européens. La reprise de l’aigle est régulière mais pas systématique. Ainsi, bien que Charlemagne se soit largement inspiré de l’Empire des Césars, il préfère concrétiser son alliance avec la Rome Pontificale en choisissant le signe de la Croix plutôt que celui de l’aigle. Le seul témoignage que l’on possède d’une évocation carolingienne de l’aigle romaine (en héraldique l’aigle est au féminin) se trouve dans l’Histoire des francs de Richer de Reims (v 940 - 998), qui mentionne l'aigle de bronze, que Charlemagne avait fixé sur le sommet du palais dans l'attitude du vol.... Il s’agit vraisemblablement d’une aigle romaine ramenée par Charlemagne de ses campagnes d’Italie. L’association de l’aigle à Charlemagne est en fait beaucoup plus tardive. On commence à le voir dans l’art de la fin du Moyen Âge comme sur son buste-reliquaire conservé à Aix-La-Chapelle, réalisé à la fin du XIVe siècle, et où il est revêtu d’un manteau semé d’aigles , ou encore dans les armoiries imaginaires que lui donne C. Paradin dans ses Alliances généalogiques des rois et des princes de Gaule.

Il faut attendre huit siècles après la chute de l’empire romain pour voir réapparaitre l’aigle comme symbole impérial en Occident. Cette reprise a lieu dans le monde germanique où la notion d’Empire réapparait avec la dynastie Ottonienne qui succède aux carolingiens, et qui tire son nom du premier empereur germanique : Otton I (912-973). Toutefois, même dans ce contexte impérial, les Ottoniens ne choisissent pas immédiatement l’aigle pour emblème. Ils lui préfèrent le faucon d’Henri Ier dit l'Oiseleur, fondateur de la dynastie, ou le corbeau, messager des dieux scandinaves, et qui est figuré perché sur le sceptre des empereurs Ottoniens dans plusieurs enluminures de cette époque. En fait, le premier à renouer avec la symbolique de l’aigle est Frédéric Ier Barberousse de Hohenstaufen (1194-1250). Ce symbole perdure ensuite en Allemagne, même après la suppression de l’Empire le 6 août 1806. François II abdique et délie les Allemands du serment de fidélité à l’Empereur. L’Allemagne devient alors un État fédératif, mais la notion de rassemblement de plusieurs entités géopolitiques sous une même égide fait que la symbolique de l’aigle reste valable et continue d’être utilisée par la République fédérale d’Allemagne de nos jours.

David de Necker, Das Heilige Römische Reich mit seinen Reichsständen, Augsburg, Hans Burgkmair le vieux, gravure par by Jost de Negker, 1510 ( common)

Les quatre régions d’Europe Rendent hommage à l’empereur Otton III, (détail) Evangéliaire d’Otton III, La Reichenau, vers l’an 1000 (Munich, Bayerische Staatsbibliothek, ms. Clm 4453 -

Wiki common)

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Inc. 68 : Jean de Lichtenberger, Prognosticatio, Mayence, Jacob Meydenbach, 1492. Jean de Lichtenberger (Claromontanus, de Claro Monte) est un astrologue allemand du XVe siècle. On ne connait pour ainsi dire rien de lui si, ce n’est qu’il a probablement travaillé à la cour de Frederick III (14401493). Ses prophéties ont d’abord circulé sous forme manuscrite avant d’être éditées pour la première fois en 1488 à Heidelberg sous le titre de Pronosticatio. Elles sont célèbres en leur temps pour leur forte teneur politique pro-impériale d’où les fréquentes mentions du « grand aigle ». Dans cette prophétie de l’ancien testament, l’aigle est interprété comme étant Frederick III. Un autre chapitre de cet ouvrage associe le coq à la lignée des rois de France. Ce volume est frappé à la devise « TECVM HABITA » de Jean Moflin, abbé de Saint-Winoc de Bergues.


Inc. 87 : La Mer des histoires, tome 2, Paris, Pierre Le Rouge, pour Vincent Commin, II 1488/1489. La Mer des histoires est la traduction française du Rudimentum novitiorum de Lucas Brandis de Schass, une histoire du monde destinée à l’instruction des novices, publiée pour la première fois en 1475 à Lübeck (Allemagne). La rédaction en est attribuée à Jean de Cologne, la traduction française à Usuard, moine de Saint-Germain-des-Prés. La renommée de cette édition tient à la qualité et à la quantité des gravures, réalisées par P. Le Rouge, de Chablis. C’est l’une des plus belles éditions parisiennes illustrées. Le feuillet 97 comprend un petit bois gravé figurant le portait de l’Empereur Otton III du Saint Empire Romain germanique, une aigle bicéphale est figurée sur son plastron. Ce volume porte l’ex-libris du couvent des Franciscains Récollets de Saint-Omer avec la date de 1673.

Inv. 3275 : Claude Paradin, Alliances généalogiques des rois et princes de Gaule, Lyon, J. de Tournes, 1561.

Inv. 3275 : Claude Paradin, Alliances généalogiques des rois et princes de Gaule, Lyon, J. de Tournes, 1561. Cl. Paradin fut chanoine de Beaujeu. Ses alliances généalogiques sont ici présentées dans la première édition mais ce livre fut largement critiqué pour n’être qu’un catalogue sans preuves. Les différents souverains sont rapidement présentés avec leurs armoiries réelles... ou inventées. C’est le cas pour Charlemagne qui se voit attribuer l’aigle bicéphale alors qu’à son époque les armoiries n’existent pas encore !

Inc. 87 : La Mer des histoires, tome 2, Paris, Pierre Le Rouge, pour Vincent Commin, II 1488/1489.


Les souverains du Saint-Empire Romain Germanique Ottoniens

Dynastie franconienne

Henri Ier dit Henri l'Oiseleur

Conrad II, dit Conrad le Salique

912 Duc de Saxe

Depuis 1024 Roi des Romains

919-936 Roi de Francie orientale

1027-1039 Empereur des Romains

Otton Ier, dit Otton le Grand

Henri III, dit Henri le Noir

Depuis 936 Roi de Francie orientale

Depuis 1039 Roi des Romains

Depuis 936Roi d'Italie

1046-1056 Empereur des Romains

962-973 Empereur des Romains

Henri IV

Otton II 973-983

Depuis 1056 Roi des Romains

Empereur des Romains

1084-1106 Empereur des Romains

Otton III

Henri V

Depuis 983 Roi de Francie orientale

Depuis 1106 Roi des Romains

996-1002 Empereur des Romains

1111-1125 Empereur des Romains

Henri II, dit Henri le Saint ou Henri le Boiteux

Maison de Supplimbourg

Depuis 1002 Roi des Romains 1014-1024 Empereur des Romains

Lothaire II, le Saxon Depuis 1125 Roi des Romains 1133-1137 Empereur des Romains Staufen ou Hohenstaufen Conrad III 1138-1152 Roi des Romains FrĂŠdĂŠric Ier Barberousse Depuis 1152 Roi des Romains 1155-1190 Empereur des Romains


Inv. 5516 : Augustin Challamel, Histoire - Musée de la République Française, v. 2, Paris, Challamel, 1842, Notre-Dame d’août. Le 4 décembre 1804, deux jours après son sacre, Napoléon Ier fit réunir les députations des corps de l’armée et des gardes nationales de l’Empire pour leur distribuer les aigles désormais officiellement associées aux couleurs de la France. Le jour anniversaire du sacre sera par la suite appelé la « Fête de l’aigle ». L’estampe reproduite ici dans l’ouvrage de Challamel est une caricature de cet évènement parue en 1806 ou 1807, et représente les monarques en animaux se prosternant devant l'aigle debout sur les marches du trône impérial.

Reichspost, timbre-poste allemand N° 48 Yvert, de 1889-1900, 20 Pfennig, orné de l’aigle impérial. (Coll. particulière)


Le coq français Les premières associations du coq avec les habitants de la France actuelle remontent à l’Antiquité romaine. En effet, en latin gaulois et coq sont des homonymes tous deux désignés par le terme Gallus. De nombreux auteurs romains ont usé de ce calembour dans leurs textes comme Suétone qui, dans sa Vie des 12 Césars (45, 4), rapporte que lors d’une famine pendant laquelle Néron continue ses dépenses somptuaires le peuple de Rome, outré, multiplie les insultes à son encontre et notamment « on lisait aussi sur des colonnes: "Les coqs (les Gaulois) l'ont enfin réveillé par leur chant.". En revanche, s’il est vrai que l’équivalent celtique du dieu Mercure dont l’un des attributs est le coq, jouissait d’une fortune particulière chez les gallo-romains, cet oiseau n’a pas pour autant été choisi pour emblème par ces derniers.

Mercure, Base de pilier, calcaire, époque gallo -romaine. Saint-Germain-en-Laye, musée d'archéologie nationale (

Wiki common).

Il faut attendre le XIIe siècle pour retrouver une association intentionnelle des français au coq, mais à cette époque elle est insultante ! On la trouve dans des pamphlets écrits par des auteurs étrangers et destinés à ridiculiser le Roi de France par ce calembour qui fait de Louis VII ou Philippe Auguste des volailles agitées et orgueilleuses. Par ailleurs, le jeu de mot n’est valable qu’en latin, et ne pouvait être apprécié que par une certaine classe de lettrés. Il est donc normal que son usage ne se soit généralisé que très lentement.

Jean de Legonissa, Opus Davidicam, 1495 (Paris, BNF, ms. lat. 5971 A, f. 1 -

Wiki common)

Il faut attendre la fin du Moyen Âge pour que certains souverains décident d’assumer cette comparaison en s’appuyant sur les significations positives de cet oiseau dans la symbolique chrétienne. Ainsi trouve-t-on les armes de France soutenues par deux coqs dans un manuscrit sur la page d’Ouverture de l’Opus Dadvidicam dédié vers 1495 à Charles VIII contenant des textes relatant l’histoire des Français.


Abraham Bosse, Portrait de Louis XIII en Hercule. P. P. Foederatorum Vindici, estampe. I. Blondus excud. Cum Privilegio Regis, 1635 ( Wiki common)

En 1413, l’écrivain Christine de Pisan (1365-1430) n’hésite pas à comparer Charles V à un coq dans sa ballade intitulé L'avision du coq. Désormais le coq est un attribut assumé de la royauté et du peuple français . Ainsi, lorsque Louis XIV demande à l’architecte Le Vau de composer un décor proprement français, ce dernier créé des chapiteaux de colonne où les feuilles d’acanthe sont remplacées par des coqs . Après la révolution, le coq revient à l’honneur en grande partie en raison du rejet des symboles nationaux associés à la monarchie comme la fleur de lys. Parallèlement apparaissent les allégories plus nobles de la Semeuse et de Marianne (Mais si ces dernières font meilleure figure dans le cadre de la représentation du pays à l’échelle internationale, le coq gagne le cœur du peuple dont il est plus proche, et dont il sert tantôt à manifester la fierté, tantôt à stigmatiser le mécontentement envers les dirigeants.

Versailles, Galerie des Glaces, détail des chapiteaux en « style Français » composés par Le Vau (

Wiki common)


Inv. 23658 : C. Suetonii Tranquilli Duodecim Caesares, ex Erasmi recognitione, Paris, Simon de Colines, 1543. La Vie des XII Césars est l’œuvre la plus connue de Suétone, historien Romain du premier siècle de notre ère. Il y donne les biographies des empereurs romains, de Jules César à Domitien. Sa réputation se fonde sur cet ouvrage qui change le point de vue traditionnel sur ce genre littéraire en se concentrant sur la personnalité des Empereurs plutôt que sur leur rôle administratif. La première publication de l’édition d’Erasme de l’œuvre de Suétone parait en 1537. C’est dans sa biographie de Néron que l’on trouve l’une des fameuses associations antiques et ironiques du coq aux gaulois.

Inv. 23075 : Suétone, L'histoire des empereurs romains avec leurs portraicts en taille douce, traduit par Bernard du Teil, Paris, Etienne Loyson, 1661. Les portraits gravés seraient de Jérôme David. On notera sur la gravure de frontispice la présence de l’aigle impériale romaine tenant une banderole avec les initiales S.P.Q.R. Ce volume provient du legs Du Teil-Chaix d’Est Ange, et porte l’ex-libris de Catherine de Nollent de Fastouville.

Version numérisée


Inv. 3171 : Histoire du roy Louis le Grand par les médailles, emblèmes, devises, jetons, inscriptions, armoiries, et autres monumens publics recuëillis, et expliquéz par le pere Claude Francois Menestrier de la compagnie de Iesus, Paris, Jean-Baptiste Nolin, 1689. Comme l’indique son titre, ce volume reproduit et contextualise les diverses médailles frappées sous le règne de Louis XIV. Le terme de médaille désigne, à l’époque moderne, d’une part les monnaies antiques, et d’autre part les médailles commémoratives, frappées à l’occasion de grands évènements guerriers ou politiques. Ces objets font largement appel à l’allégorie emblématique, et c'est sur cette richesse iconographique que s'élaborait d'un antiquaire à l'autre la définition des médailles.

Celle par exemple de Jean-Foy Vaillant de 1702 : « C'est dans ces monuments portatifs..., que nous voyons comme dans autant de petits tableaux, tout ce qui s'est passé de plus digne d'être transmis à la postérité & de venir jusques nous » (Discours sur une Médaille de l'Empereur Trajan, lu à la première Assemblée de l'Académie Royale des Inscriptions & des Médailles, par M. Vaillant associé de la même Académie, Journal de Trévoux, février 1702 , p. 12.). C’est ainsi que le coq y apparait régulièrement comme emblème de la France, tel sur la médaille frappée en Suède et qui commémore le rôle de Louis XIV dans la restitution à la Suède de ses territoires perdus lors des guerres de Hollande.

Inv. 43251 : Diplôme de la Société Populaire de Saint-Omer, 1ere république, 1789-1794, encollé au feuillet 611 du second album constitué par Auguste Boitel (18511929), industriel et ancien conseiller municipal de SaintOmer.

Terreur, la société populaire devient obligatoire et joue désormais un rôle institutionnel dans la dénonciation des contre-révolutionnaires. Ces clubs seront même protégés par la Constituante. Les sociétés populaires seront finalement dissoutes sous l’Empire.

Ces clubs se constituent pendant la révolution sur le modèle de celui des Jacobins. Ils sont le lieu de réunion de citoyens qui viennent principalement y discuter de politique, de thèmes de société et des projets de loi proposés par l’Assemblée Nationale. Les premiers sociétaires sont souvent les notables de la ville, et ces groupements jouent rapidement un rôle important dans la vie politique locale. À partir de juin 1793, les sociétés sont épurées et les membres les plus modérés sont rejetés. Les sociétés populaires deviennent révolutionnaires et sous la

On remarquera la présence du coq français dans l’angle inférieur gauche du Diplôme.


Le coq, du Moyen Age à nos jours, société archéologique de Namur, 1993 : lien vers un extrait de la vidéo retraçant l’histoire du de la figure du coq . Production : Cultura Europa, Promotion Art et Culture asbl

François Rude, Le Départ des Volontaires, Paris, bas-relief de l'arc de Triomphe, 1836. (

Wiki common)


Inv. 11397 : Théophile Marcel Dumersan, Chansons nationales populaires et militaires de 1789 à 1848, avec des notices historiques, Paris, Garnier Frères, [1848]. Avant de devenir un aigle, Napoléon était cependant un coq parmi d’autres, comme dans ce dialogue imaginaire entre deux villageois, composé par Labuissière, greffier du tribunal militaire à l’armée de l’intérieur, qui commémore la victoire de Marengo le 14 juin 1800. L’armée française est commandée par Napoléon Bonaparte, qui n’est à cette époque que Premier Consul – la symbolique impériale n’est donc pas de mise. Mais il s’oppose à l’armée autrichienne. Les forces françaises parviennent à repousser l'attaque surprise du feld-maréchal baron Michael Friedrich Benedikt von Melas, refoulant les Autrichiens hors d'Italie. Toute la ligne française poursuit l'armée en déroute afin de sceller une victoire politique qui assura à Bonaparte le pouvoir à l'issue de son coup d'État. Cette bataille fera l'objet d'une véritable propagande, au point que Napoléon lui-même réécrivit la bataille trois fois. Le texte de Labuissière s’inscrit dans cette propagande, où le coq Français poursuit l’aigle de l’Empire d’Autriche, héritier du Saint Empire Romain Germanique.

Version numérisée


Alfred Le Petit (1841-1909) est un peintre et caricaturiste français connu pour sa verve républicaine, et pour être un anti bonapartiste et anticlérical acharné. Il publie notamment pour Gill et Polo, L'Eclipse, le Grelot, le Charivari, le Rire, l’Assiette au Beurre, et fonde Tam Tam en 1867, La Charge en 1870, le Pétard (1877-1879) et le Sans-Culotte (1878-1879). Il est également l’illustrateur de plusieurs ouvrages anticléricaux tels La vie drolatique des saints ou la Bible farce, sous les pseudonymes de Caporal et Alfred le Grand. Il échoue dans sa tentative de carrière en tant que peintre académique et finit sa vie dans la misère en vendant des caricatures au premier étage de la tour Eiffel

Inv. 7532-2 : « Le procès de l’Internationale », caricature par Alfred Le Petit illustrant l’article « La nouvelle hydre » par Bleu-Blanc-Rouge, L’Eclipse, 4e année, n° 152, dimanche 24 septembre 1871.

Version numerisée

CA

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CA

TU

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S

L'Internationale ne renvoie pas au fameux chant révolutionnaire écrit cette année-là mais à la Première Association internationale des travailleurs fondée à la suite du mouvement ouvrier parisien des années 1870-1871.


Inv. 7538-1 : « Un candidat », caricature par Alfred Le Petit, Le Grelot, 2e année, n° 80, dimanche 20 octobre 1872. Légende : « Chers électeurs, nommez-moi votre député et je vous jure, foi de coq, de faire une guerre éternelle à vos amis les renards ». Le caricaturiste fustige le démagogisme intéressé des candidats à la députation.

Version numérisée

Inv. 7538-4 : « Un pauvre invalide », caricature par Alfred Le Petit, Le Grelot, 5e année, n° 211, dimanche 25 avril 1875. L’anti-bonapartisme de Le Petit est ici illustré par une représentation piteuse de l’emblème impérial figuré comme un vieux soldat affaibli et déplumé.

Version numérisée


Louis Alexandre Gosset de Guiness dit André Gill (1840-1885) est un peintre et caricaturiste français qui se distingue notamment par son engagement politique dans la Commune de Paris puis dans la Garde Nationale comme aide-pharmacien de son bataillon. La commission fédérale des artistes de la Commune de Paris le nomme administrateur du musée du Luxembourg le 15 mai 1871, peu de temps avant la défaite des communards qui ne lui permet pas de jouir de son poste bien longtemps. Par la suite, après une période de discrétion il reprend ses activités de caricaturiste et collabore entre autres au Mercure Galant à la Revue pour Tous ou à l’Eclipse et choisit le pseudonyme de Gill en référence au peintre Watteau. Le poète Clovis Hugues l’a décrit en vers d’une manière qui fait écho à notre propos : Fort comme un grand coq droit perché / Sur ses larges ergots de pierre,/ Moustache noire en croc, paupière / Où l'œil ne s'est jamais caché / Front que l'on voudrait empanaché / De quelques feutres à plume fière / Crayon d'or comme une rapière / Au point rudement accroché. Inv. 7532-1 : « Auguste Villemot », portait-charge par Gill, illustrant une satire d’Ernest D’Hervilly alias Le cousin Jacques, L’Eclipse, 1ere année, n° 43, 15 novembre 1868. Gill est notamment connue pour ses portraits-charge, tel celui qu’il donne d’Auguste Villemot, directeur du Figaro.

Version numérisée

Eugène Ladreyt (1832- ?) dessinateur, lithographe et caricaturiste autodidacte, il collabore à la presse satirique à partir des années 1860. Inv. 7524-1 : « Une Lutte acharnée », caricature par Eugène Ladreyt, Le Sifflet, 1re année, n° 17, dimanche 12 mai 1872. Le coq républicain et l’aigle impérial qui luttent pour remporter l’adhésion du peuple en ce jour de la fête nationale de Jeanne d’Arc à Paris, la « bergère » lorraine est figurée en arrière-plan avec sa palme de martyre, contemplant les deux oiseaux d’un air goguenard.

Version numérisée


Constantin von Grimm, gravure imprimée sur papier (Leipzig, Stadtgeschichtliches Museum, inv. G 183/5; GOSNr. gr002121 © Stadtgeschichtliches Museum Leipzig)

Carte postale allemande des années 1915-16, figurant l’aigle allemand plumant le coq français devant les aboiements impuissants du bouledogue anglais ( common)

Wiki


La première Guerre Mondiale Les deux conflits mondiaux du XXe siècle sont particulièrement intéressants pour l’étude de la mise en scène nationale de ces deux symboles. En effet, leur appartenance au même genre animal a facilité leur emploi métaphorique au sein de la propagande nationaliste des deux pays. Lors de la première guerre mondiale qui fut plus franco-germanique que la seconde, les affiches qui opposent l’aigle au coq et vice-versa, ou qui montrent l’un ou l’autre de nos deux oiseaux en train de combattre les soldats ennemis sont très nombreuses. C’est le cas notamment dans celles qui sont produites afin d’inciter les français à souscrire aux emprunts nationaux. Ceux-ci sont mis en place annuellement dès 1915 afin de financer l’effort de guerre d’un conflit qui n’en finit pas et met les finances nationales à rude épreuve. Ces affiches sont des œuvres de commande destinées notamment aux agences bancaires ou l’emprunt pouvait être souscrit, et qui joue sur une symbolique simple mais éloquente. On les retrouve également sur divers objets et dans les chansons patriotiques telles le Verdun !! On ne passe pas, composée en 1916 et interprétés par des chanteurs populaires de l’époque pour galvaniser les foules. Caricaturistes et propagandistes s’en donnent à cœur joie dans les déclinaisons des deux oiseaux sous toutes les formes, et on les retrouve aussi dans des manifestations de ferveur patriotique plus populaires. La revue de propagande Le pays de France, organise notamment en 1919 un concours de fanions patriotiques destiné aux femmes. Les fanions récompensés sont voués à être offerts aux aviateurs américains venus en renfort de l’armée Française. Parmi les 17 fanions primés reproduits dans le n° 228 de la revue, on en trouve 6 comprenant un coq ! Parfois même le transfert des deux oiseaux prend un ton plus officiel. Lors de la prise du Pont de Kehl en octobre 1919 par le Général Hirschauer, ce dernier fait solennellement remplacer l’aigle allemand qui ornait l’édifice par un coq « gaulois ». Bien sûr, on observe le même phénomène côté germanique où c’est le coq français qui est régulièrement ridiculisé ou mis à mort par l’aigle allemand

Médaille commémorative de la déclaration de guerre du 4 août 1914 : trois hommes avec des épées / Trois aigles surmontant le coq français, bouledogue anglais et l’ours russe ( Wiki common).

Photo de l’épée d’honneur donnée au M al Joffre le 12 octobre 1919, publiée dans L’Illustration du 11 oct. 1919, p. 288, et reproduction d’un timbre en l’honneur de cet évènement ( Wiki common).


CPE 1035 : Crédit Lyonnais. Souscrivez au 4e emprunt national. 1918, impression sur papier, 120 x 80 cm.

« L’affiche Souscrivez au 4e emprunt national, anonyme, met en scène un guerrier français nu et casqué, muni d’un glaive. Sa posture résolue et combattive renvoie à celle des héros antiques, une tendance générale accentuée par le drapé tricolore qui l’enveloppe et par la typographie utilisée pour le slogan au bas de l’image. L’allégorie de la France au combat est bâtie sur un emploi de l’imaginaire mythologique : tel un Hercule contemporain, le soldat français combat en effet un grand aigle. La férocité de celui-ci est soulignée par plusieurs détails : regard hostile, serres sorties, ailes déployées, aspect sombre. L’aigle symbolise l'Empire allemand, dont il est l’emblème. Le péril encouru par la France est évoqué par le bec de l’animal, accroché au côté droit (est de la France) du tissu bleu-blanc-rouge. La position de l’épée du soldat, prête à transpercer l’aigle, laisse cependant entrevoir l’issue heureuse du combat. » Description par François Bouloc

Pour en savoir plus sur les emprunts nationaux pendant la guerre : http://www.histoire-

image.org/site/etude_comp/ etude_comp_detail.php?i=1143


CPE 1012 : Marcel Falter, Pour le suprême effort. Emprunt national. Société Général. Paris, Impr. Chaix, 1918, lithographie, 119 x 79,5 cm. Un thème classique. Un poilu étrangle un aigle prussien. Au pied un casque à pointe. En arrière-plan le champ de bataille, au sol un casque à pointe qui représente le Prussien mort. Marcel Falter, né à Dieuze en Moselle en 1866, participe en 1923 au Salon d'Automne, puis expose au Salon des Indépendants. Peintre animalier, il est aussi inspiré par le cirque.

Pour aller plus loin :

http://www.cndp.fr/crdpreims/cddp10/ressources/mediatheque/ dossiers/guerre_affiches/


Verdun !! On ne passe pas (extrait plage 13 — gallica)

Un aigle noir a plané sur la ville, Il a juré d'être victorieux, De tous côtés, les corbeaux se faufilent Dans les sillons et dans les chemins creux. Mais tout à coup, le coq gaulois claironne : Cocorico, debout petits soldats ! Le soleil luit, partout le canon tonne, Jeunes héros, voici le grand combat. Et Verdun, la victorieuse, Pousse un cri que portent là-bas Les échos des bords de la Meuse, Halte là ! on ne passe pas... Plus de morgue, plus d'arrogance, Fuyez barbares et laquais, C'est ici la porte de France, Et vous ne passerez jamais. Les ennemis s'avancent avec rage, Énorme flot d'un vivant océan, Semant la mort partout sur son passage, Ivres de bruit, de carnage et de sang; Ils vont passer... quand relevant la tête, Un officier dans un suprême effort, Quoique mourant, crie : À la baïonnette Hardi les gars, debout, debout les morts ! Et Verdun, la victorieuse, Pousse un cri que portent là-bas Les échos des bords de la Meuse, Halte là ! on ne passe pas... Plus de morgue, plus d'arrogance, Fuyez barbares et laquais, C'est ici la porte de France, Et vous ne passerez jamais. Mais nos enfants, dans un élan sublime, Se sont dressés; et bientôt l'aigle noir, La rage au cœur impuissant en son crime, Vit disparaître son suprême espoir. Les vils corbeaux devant l'âme française Tombent sanglants, c'est le dernier combat Pendant que nous chantons la Marseillaise, Les assassins fuient devant les soldats. Et Verdun, la victorieuse, Pousse un cri que portent là-bas Les échos des bords de la Meuse, Halte là ! on ne passe pas... Plus de morgue, plus d'arrogance, Fuyez barbares et laquais, C'est ici la porte de France, Et vous ne passerez jamais.

Compiègne, clairière de l’armistice, Monument commémoratif du 11 novembre (

Wiki common).


Inv. 10433 : Jean-Jacques Waltz, dit Hansi ou encore Oncle Hansi, Mon village, ceux qui n'oublient pas, Paris, F. Floury, 1913. Jean-Jacques Waltz (1873- 1951), est un dessinateur et illustrateur mosellan connu pour ses œuvres dépeignant la société alsacienne dans un style naïf où transparait sa haine des allemands. Après sa rencontre avec les auteurs de la Revue alsacienne, il se tourne vers la caricature et brocarde régulièrement la culture allemande. En 1912 il publie son premier véritable ouvrage antigermanique avec le Professeur Knatschké, suivi de L’Histoire d’Alsace racontée aux petits-enfants et Mon Village. Ce sont des succès nationaux qui lui valent d’être considéré comme un symbole de la résistance alsacienne à l’Allemagne. Pour Mon Village, Hansi est condamné à un an de prison pour s’être moqué des gendarmes et professeurs allemands.

On remarquera que le modèle du monument aux morts devant lequel les deux petits alsaciens se recueillent est proche du modèle qui est utilisé pour celui élevé à Longuenesse surmonté d’un coq.

http://www.musee-armee.fr/collections/base-de-donnees-descollections/objet/mon-village-ceux-qui-noublient-pas-images-etcommentaires-par-loncle-hansi.html



La seconde Guerre mondiale

L’objectif étant de faire apparaitre le chef du parti nationaliste comme l’héritier légitime de l’empire germanique. Cette volonté symbolique contribue également à renforcer le caractère héraldique de l’aigle allemand qui, repensé selon les critères de l’esthétique nazie, se rigidifie et se géométrise. Parallèlement, et en particulier en Alsace sous l’occupation, les caricatures du coq français réapparaissent car le parti nazi s’en sert pour signifier la volonté allemande de faire table rase du passé français (et se moquer de la France en ridiculisant sa mascotte.

Jean Carlu, Entre le marteau... et l'enclume !, affiche de propagande gaulliste, v. 1944 (

Wiki common)

Durant la seconde guerre mondiale, les deux emblèmes s’affrontent de nouveau, mais de manière moins acharnée. En effet, au cœur du conflit, ce sont deux autres symboles antagonistes qui vont s’affronter : la croix de Lorraine de Charles de Gaulle et la Croix Gammée des Nazis . Cependant, côté allemand Hitler souhaite mettre en place le 3e Reich (empire). Il puise donc délibérément à la source de l’emblématique impériale allemande traditionnelle, et renoue notamment avec l’aigle du Saint Empire Romain Germanique, qui apparaît très souvent dans ses images de propagandes.

« Vive l’Allemagne », affiche de propagande du parti Nazi produite dans les années 1930. ( Wiki common)


Certaines affiches, pour la plupart issues de la résistance reprennent également le thème du conflit entre le coq et l’aigle. Toutefois, de manière générale on observe que durant le second conflit mondial, l’iconographie des deux oiseaux les montre moins en plein affrontement.

Ils s’en servent pour stigmatiser la situation des deux pays antagonistes : le coq français salue le soleil de la victoire par son chant, tandis que l’aigle nazi sombre dans les flammes .

Les propagandistes de la résistance française insistent plus sur leur dimension allégorique.

Maurice de la Pintière, Nous Vaincrons, affiche de résistance, vers 1943 ( common).

Victoire, affiche de propagande produite par la Résistance française, 1944 (

Wiki common)

Wiki


Le jour se lève, affiche de propagande produite par la RÊsistance française, 1944 (

Wiki common)



De nos jours De nos jours l’aigle et le coq restent très présents dans l’emblématique de nos deux pays qu’ils continuent d’incarner de manière tant officielle que populaire.

Insigne de maire de 1951

Logo de l’équipe de France de football

En France, le décret du 22 novembre 1951 décrit l'insigne officiel des maires : « Sur un fond d'émail bleu, blanc et rouge portant MAIRE sur le blanc et R.F. sur le bleu ; entouré de deux rameaux de sinople (vert), d'olivier à dextre et de chêne à senestre, le tout brochant sur un faisceau de licteur d'argent sommé d'une tête de coq d'or barbée et crêtée de gueules (rouge). » Si la République française lui préfère aujourd'hui le symbole de la Marianne, il figure toutefois sur le sceau de l'Etat, qui est celui de la Seconde République, réalisé par le graveur Jacques-Jean Barre : la liberté assise tient un gouvernail sur lequel est représenté le coq. Il est également très présent dans l’imagerie populaire : il est notamment le symbole de l’équipe de France de football de l’équipe de France de rugby et celui de l’équipe de France aux Jeux Olympiques de Londres en 2012 .

Logo de l’équipe de France de rugby

Logo de l’équipe de France pour les JO de Londres en 2012


En Allemagne l’aigle reste un symbole fort et dominant, et si le coq français a disparu de nos monnaies, l’aigle allemand est toujours présent sur les euros .

Dienstflagge der Bundesbehörden

Pièce allemande de deux euros

Il apparait aussi occasionnellement sur le Dienstflagge der Bundesbehörden « drapeau d'État des autorités fédérales » introduit en 1950. Il est identique au drapeau civil, mais porte en plus l’écu fédéral, Bundesschild, qui est une variante des armoiries de l'Allemagne. Ce drapeau gouvernemental ne peut être utilisé que par les autorités fédérales, et son usage par autrui est un délit passible d'une amende. Parallèlement, comme pour la France, l’aigle est régulièrement repris dans les logos des équipes sportives nationales .

Logo de l’équipe d’Allemagne de football

Par ailleurs, le rapprochement franco-allemand a inspiré un certain nombre de créations iconographiques qui mettent en scène les oiseaux de nos deux pays. C’est le cas de l’insigne de la Compagnie d'état-major de la brigade franco-allemande (BFA) ou Deutsch-Französische Brigade créée le 2 octobre 1989, ou encore du logo de l’ISFATES : Institut Supérieur Franco-Allemand de Techniques, d'Economie et de Sciences dénommé Deutsch-Französisches Hochschulinstitut für Technik und Wirtschaft (DFHI) est un Institut commun à l'Université de Lorraine et à la Hochschule für Technik und Wirtschaft des Saarlandes (HTW), fondé en 1978.

Pucelle de la compagnie d'état-major de la brigade francoallemande

Logo de l’ISFATES



POUR ALLER PLUS LOIN Colette BEAUNE. Pour une préhistoire du coq gaulois. In: Médiévales, N°10, 1986. Moyen âge et histoire politique. pp. 69-80. url : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/medi_0751-2708_1986_num_5_10_1021 Jean-Jacques BECKER, Serge BERSTEIN, Nouvelle histoire de la France contemporaine. 12, Victoire et frustrations : 1914-1929, Paris, Seuil, 2003. Patrice CARTIER, D'où vient le coq gaulois ? Qui a inventé la pizza ? : Petit guide des symboles qui font l'Europe, Paris : De La Martinière Jeunesse, 2008. Bernard COUSSÉE, Le coq : Folklore et mythologie d'un oiseau, Lille, 1992 Marie GUITTON, « Der Adler und der Hahn : eine Henne, die für Karikaturisten beider länder goldene eier legt - l’aigle et le coq, une poule aux œufs d’or pour les dessinateurs », article publié online sur le Portail de langues FrancoAllemand http://www.fplusd.org/kultur-und-alltagsleben/politik-und-geschichte/der-adler-und-der-hahn-eine-hennedie-fuer-karikaturisten-beider-laender-goldene-eier-legt/ Arthur M AURY, Les emblèmes et les drapeaux de la France. Le coq Gaulois, Paris, 1904. « Pas de deux/Paarlauf » : France-Allemagne : un demi-siècle de caricatures, 21 janvier 15 février 2013, A l'Institut Goethe à Paris : http://www.allemagne.diplo.de/Vertretung/frankreich/fr/03-cidal/04-events/2013/pari-cidal-gikarikatur-seite.html Michel PASTOUREAU, Les emblèmes de la France, Paris : Bonneton, 2001.


Le livret de l’exposition a été réalisé par l’équipe patrimoniale de la bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer.

Retrouvez l’actualité de l’espace Patrimoine et de la bibliothèque sur

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Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer - juin 2014


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