L’Audomarois, une histoire empreinte d’une littérature aux couleurs britanniques…
Depuis très longtemps, la région de Saint-Omer entretient avec ses voisins d’outre-manche des liens forts, marquant par de nombreux événements l’histoire des deux contrées. .
De l’accueil dans le monastère de Bath des moines de Saint Bertin par le roi Adelstan en 994, à la généreuse offre du roi Etienne de Blois et de son épouse Mathilde de terres de l’abbaye de Clairmarais et autres manuscrits issus des abbayes anglaises au XIIe siècle, en comptant le premier chancelier d’Oxford en la personne de Grimbald de Saint Bertin et l’un des plus grands hagiographes anglais du XIe siècle n’étant autre que Grinbald de Canterbury, originaire de la prestigieuse abbaye audomaroise, force est de constater que les liens entre Saint-Omer et la Grande Bretagne ont été d’une importance réelle. Il se pourrait même que Christopher Marlowe, célèbre poète dramaturge britannique, ait séjourné au 16e siècle au collège des Jésuites de Saint-Omer. Plus récemment, comme pour affirmer et faire perdurer cette réalité historique, l’un des First Folio de Sir William Shakespeare a été découvert dans le fonds de la bibliothèque de Saint-Omer. Face à cette découverte d’exception et au regard de cette proximité construite à travers l’histoire, l’Audomarois se met à l’heure anglaise en présentant l’exposition « Shakespeare, what else ? », mettant à l’honneur les auteurs anglo-saxons et vous invitant à découvrir l’œuvre, la vie de Shakespeare plus particulièrement. Cette exposition vous invite à un véritable voyage dans le temps, à la rencontre de cette tradition littéraire d’outre-manche, des auteurs originaires du Royaume-Uni ou des Etats Unis, des principaux genres de la poésie et de la littérature romanesque, du théâtre ou encore d’écrits scientifiques. Partez à la découverte des grands noms de la littérature britannique et américaine, d’auteurs plus discrets ou oubliés mais dont les œuvres ont pu connaître renommée et succès, construisant par leur noblesse et leur richesse notre fonds patrimonial.
L’origine des fonds anglais de la BASO La collection de livres en langue anglaise de la Bibliothèque d’agglomération provient essentiellement de deux origines.
Le Collège des Jésuites Anglais
Gravure par Guillaume Lorrain-Montbard vers 1689 figurant le Collège des Jésuites anglais de Saint-Omer, reproduit avec l’aimable autorisation du Gouverneur de Stonyhurst College.
La première concerne les livres modernes (XVIe- XVIIIe siècle), il s’agit du collège des Jésuites anglais de Saint-Omer. Dès 1592, une demande émanant du collège des Jésuites anglais de Reims ou d’Eu est faite auprès du Magistrat de Saint-Omer afin d’obtenir l’autorisation de fonder un séminaire pour l’instruction des écoliers anglais en exil dans leur ville. Cette requête est accompagnée d’une autre de l’évêque de Saint-Omer Jean de Vernois pour la mise à disposition d’une maison destinée à accueillir cette institution. Cette demande est réitérée en juillet 1593 par le Gouverneur général des Pays Bas au nom du roi Philippe II d’Espagne. En 1594 ce dernier accorde 2000 écus d’or pour la construction du séminaire ainsi qu’une rente annuelle de 6000 écus, et le Magistrat permet l’acquisition de l’Hôtel du Comte de Fressin situé dans la rue SaintBertin près du couvent des cordeliers. Initialement prévu pour accueillir une quinzaine d’élèves, le Roi Philippe II permet finalement aux jésuites d’accueillir autant de pensionnaires qui pourront être nourris sans être à la charge de la commune. Dès lors, entre 130 et 200 jeunes gens venant des plus riches familles catholiques d’Angleterre et d’Irlande feront leurs humanités à Saint-Omer. La prospérité et la renommée du collège s’en trouvent rapidement enrichies et en 1612 l’ambassadeur extraordinaire du Roi d’Espagne assiste avec de nombreux autres notables à une représentation de théâtre dans la salle du collège dédiée à cet usage.
L’envoi de l’UNESCO La seconde origine concerne les livres contemporains (XIXe et XX e siècle) qui nous ont été envoyés par le Comité Canadien pour la Reconstruction par l’UNESCO, mis en place dans les années 1940. Entre autres projets, une collecte de livres a été organisée auprès des bibliothèques publiques et scientifiques du Canada, rassemblés à la bibliothèque centrale d’Halifax. Cette collecte a permis de rassembler 30765 ouvrages qui ont été ensuite envoyés dans les bibliothèques européennes des pays les plus touchés par la seconde guerre mondiale. La Bibliothèque communale de Saint-Omer a ainsi bénéficié entre 1948 et 1950 de l’envoi d’une bonne centaine d’ouvrages en anglais traitant essentiellement de littérature anglaise, de biographies d’auteurs anglais et d’histoire.
Les britanniques auteurs enrichissent la médiévale littérature ! Les plus anciens textes en langue vernaculaire d’Europe dont on a conservé la trace sont restés anonymes mais ils viennent de l’actuel Royaume Uni. Il s’agit des quatre cycles de la mythologie irlandaise, composés durant l’âge de fer qui ne nous sont parvenus que sous la forme de fragments manuscrits du VIe siècle en vieil irlandais. Mais comme partout en Europe romanisée, la littérature médiévale de Grande-Bretagne s’est surtout transmise en latin. Les Iles anglo-saxonnes sont évangélisées dès le VIe siècle pour le Pays de Galles par Dewi (515-589) et l’Irlande par Colomban (543-615 – fondateur de Luxeuil où saint Omer et saint Bertin étaient moines), et à la fin du VIe siècle et au début du VIIe pour l’Angleterre et l’Ecosse par Augustin de Canterbury (5..-604).
Alcuin d’York
Bède le Vénérable
Si ces évangélisateurs ne sont pas vraiment connus comme auteurs, leurs actions ont suscité des récits dont le plus ancien leur est contemporain. Il s’agit du sermon De la ruine de la Bretagne de Gildas le Sage (504-570). Ce texte sera souvent cité par la suite, notamment par Bède le Vénérable (672-735), considéré comme le Père de l'histoire anglaise pour son Histoire ecclésiastique du peuple anglais écrite vers 731. De nombreux autres auteurs anglo-saxons contribuent à enrichir brillamment la littérature médiévale : Alcuin d'York (730-804) est l’un des
conseillers de Charlemagne. Le philosophe Irlandais Jean Scott Erigène (8..-876) est l’un des plus grands penseurs du Moyen Âge avec l’anglais Anselme de Cantorbéry (1033-1109). Bien d’autres auteurs médiévaux portent leur origine dans leurs noms comme les encyclopédistes du XIIe siècle : Giraud le Cambrien (1145-1223) et Barthelemy l’Anglais (1203-1272). Durant ce Moyen Âge latin, le vieil-anglais continue d’être employé occasionnellement, mais il faut attendre le XIVe siècle pour que les premières grandes œuvres de la littérature anglaise soient composées. Les plus fameuses sont les Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer (1340-1400), et Pierre le laboureur de William Langland (1330/32 -1386). Enfin, on ne peut quitter le Moyen Âge britannique sans évoquer l’épopée Arthurienne, dont plusieurs textes sont dus à des auteurs anglo-normands. Parmi eux on compte l’évêque et historien Geoffrey de Monmouth (1100-1155), à qui l’on doit la traduction latine des Prophéties de Merlin intégrées à son Histoire des rois d’Angleterre. Il y a aussi le Roman de Brut écrit par Wace (1155), ainsi que la matière primitive des romans du Cycle Tristan que les poètes anglo-normands Thomas d'Angleterre (11..-1180) et Béroul (11..-1175) versifient en ancien français à la fin du XIIe siècle.
Bède le Vénérable - Saint-Omer, BASO, ms. 91 Ce recueil du IXe siècle provient de la bibliothèque de l’Abbaye de Saint-Bertin où il a pu avoir été copié par plusieurs religieux, dont l’écriture de certains présente des caractéristiques insulaires. Il se peut aussi qu’il ait été offert à l’abbaye audomaroise par un monastère anglais. Ce sont de belles onciales et semi-onciales aux graisses épaisses et aux empâtements marquées, avec des hastes courtes et où l’on observe encore l’emploi du f majuscule dans le corps de texte. Il contient un commentaire de Bède le Vénérable (672-736) sur les épitres pauliniennes composé sur la base de citations des traités de saint Augustin. Bède est envoyé dès ses sept ans au monastère de Wearmouth (Northumbrie) avant de rejoindre ensuite celui de Jarrow où il passe le reste de sa vie à écrire et y acquiert une connaissance encyclopédique. Il est considéré comme un des plus remarquables représentant de la culture du Haut Moyen Âge.
Alcuin d’York Saint-Omer, BASO, ms. 666 Cet autre recueil contient des textes copiés aux IXe et Xe siècles à l’abbaye de Saint-Bertin, là encore probablement par des moines dont certains étaient d’origine anglo-saxonne si l’on en juge par la forme de l’écriture. La première pièce est le traité d’Alcuin d’York (735-804) sur la grammaire. Ce dernier est éduqué par l’archevêque Egbert avant d’être consacré diacre et d’enseigner à l’école cathédrale d’York dont il dirige également la bibliothèque. À Parme en 781, il rencontre Charlemagne qui l’appelle à la cour d’Aixla-Chapelle pour devenir son conseiller et le place à la tête de l’école palatine en 782, dont il fonde la bibliothèque. Il devient entre temps abbé de Ferrières, de Saint-Loup de Troyes puis de Saint-Martin de Tours dont il fait un important centre culturel et un haut lieu de production de manuscrits. Son influence a été considérable dans l’Occident chrétien, il est l’un des initiateurs de la Renaissance carolingienne.
Anselme de Cantorbéry Saint-Omer, BASO, ms. 86 Cet exemplaire du Liber deflorationum a été copié au début du XIIIe siècle à l’abbaye de Clairmarais. Il s’agit d’un florilège à section d’auteurs, destiné à proposer sous forme de citations une véritable anthologie de la littérature disponible, facilitant ainsi la mémorisation des choses les plus essentielles à la médiation monastique contenues dans ces œuvres. Ce florilège contient notamment des passages tirés des œuvres d’Anselme de Cantorbéry (10331109). Ce dernier est d’origine lombarde, et doit son épithète au fait qu’il est créé archevêque de Cantorbéry en 1093. Auparavant il a été formé à l’abbaye du Bec dont il devint moine en 1060, puis écolâtre, prieur et enfin abbé en 1078. Les processions anglaises de son abbaye l’amènent à faire plusieurs voyages en Albion où il se lie d’amitié avec Guillaume le Conquérant. Ses relations avec le successeur de son protecteur seront en revanche nettement moins amicales. Anselme tentera de trouver appui auprès du pape et part en passant par Saint-Bertin, annonce de ce que subira Thomas Becket un siècle plus tard.
Barthelemy l’Anglais Frère franciscain natif d'Angleterre, on sait peu de choses à son sujet. Il a pu commencer ses études auprès de Robert Grosseteste à Oxford entre 1210 et 1220 avant de les terminer à Paris où il devient lecteur en théologie jusqu’en 1230, date à laquelle il est transféré au couvent de Magdebourg où il termine sa vie vers 1250. C’est à Paris qu’il a commencé à compiler son encyclopédie qu’il termine vers 1230-40 à Magdebourg. L’objectif de cette œuvre monumentale en 19 livres est de fournir aux religieux de son ordre un répertoire d’informations sur les choses de la Création afin de faciliter l’interprétation des métaphores bibliques qui s’y réfèrent. Ce volume est un exemplaire de l’édition incunable de 1484 du Livre des propriétés des choses, traduction en français par Jean Corbechon commanditée par Charles VII en 1372, du De Proprietatibus rerum de Barthelemy de Glanville dit l'Anglais (v. 1190 - ap. 1250).
Saint-Omer, BASO, inc. 62
Geoffrey de Monmouth Geoffrey de Monmouth (1100-1155), évêque de saint Asaph, est l’auteur de l’histoire des rois d’Angleterre composée vers 1139. Son texte a connu une grande fortune dans le monde anglo-saxon notamment pour la mention qu’il fait de personnages mythiques de l’historiographie anglaise tel que le Roi Arthur, Merlin l’enchanteur ou encore le Roi Lear qui semble bien être une création de son cru.
Galfridus Monemutensis, Britanniae utriusque regum et principum origo et gesta insignia…, Paris : Josse Bade, 1517. Saint-Omer, BASO, inv. 3773
Son texte, ici donné dans l’édition d’Yves Cavellat, professeur au Collège de Quimper à Paris, est relié avec deux autres traités : la géographie de Pomponius Mela (Paris, Jean Petit, 1508) et la chronique de Paul Orose (Paris, Jean Petit, 1506). Ces trois éditions sont reliées sous une simple couverture souple de parchemin ivoire dont l’usure témoigne d’un usage fréquent.
Quand l’Humanisme anglais fait bonne impression (1450-1560) C’est William Caxton (1422-1491) qui introduit l’imprimerie en Angleterre vers 1472, après un apprentissage à Cologne et à Bruges. Son premier livre en anglais est The game and play of the Chesse, une traduction du traité du Jeu d'échecs moralisé écrit au XIIIe siècle par Jacques de Cessol, qu’il édite en 1474. La plupart de ses éditions sont destinées à un public de lettrés laïcs et concernent des œuvres historiques, courtoises et morales. C’est déjà en cela une évolution importante qui s’inscrit dans la pensée humaniste qui se développe à cette époque. Toutefois, en matière de production littéraire, si la poésie connaît un bon développement, la prose en revanche est le parent pauvre de la littérature du XVIe siècle. Etant donné le contexte des guerres de religions, les textes publiés à cette époque concernent essentiellement des questions religieuses et juridiques. En dehors de quelques grandes figures de l’humanisme comme Thomas Moore, peu d’auteurs se distinguent pour leur production personnelle. C’est notamment à cette époque que l’on réalise de nombreuses traductions anglaises de la Bible. La première est celle de Tyndale publiée en 1525, suivront celles de Coverdale (1553) et de Cranmer (1540) pour les plus célèbres. Mais loin de se limiter aux textes sacrés, les savants des grandes universités de Cambridge et d’Oxford s’attachent à transcrire des ouvrages dans tous les domaines du savoir et notamment des écrits scientifiques. La Cour d’Henry VIII devient un véritable foyer culturel généré par la volonté du souverain de rivaliser avec les autres Cours européennes. Le XVIe siècle anglais est donc surtout un siècle érudit pendant lequel traductions et éditions scientifiques de textes classiques se multiplient et nombres d’outils d’érudition sont créés. C’est ainsi que le médecin du roi, William Ward (1534–1604), traduit en anglais plusieurs traités médicaux latins et français. Les recherches lexicographiques se développent et on voit paraître d’importants dictionnaires multilingues comme l’Alvearie, premier dictionnaire Anglais-Latin-Grec-Français, publié vers 1574 par John Baret (15..-1580). Ou encore le dictionnaire Anglais-Espagnol de John Minsheu (1560-1627), publié en 1599. On imprime et traduit enfin des chroniques historiques anciennes qui valorisent l’histoire nationale comme l’Historia Rerum Anglorum de Guillaume de Newburgh (1135- 1201),
considérée comme une des meilleures compilations historiques du XIIe siècle pour l’Angleterre. Richard Grafton imprime en 1543 la Chronique de l’histoire de l’Angleterre de John Hardyng (1378-1460), et Thomas Stapelton publie en 1565 la première traduction anglaise de la Chronique de Bède le Vénérable. Enfin, l’Historia Majoris Brittaniae de l’humaniste écossais John Mair paraît en 1521 et vient enrichir la légende de Robin des bois
William Ward Les secrets de Girolamo Ruscelli, alias Alexis le Piémontais, traductions anglaises par William Ward et Richard Androse, Londres : Henry Bynneman pour John Wight, 1568. Saint-Omer, BASO, inv. 1667 Ce recueil comprend deux traductions du traité médical connu sous le titre des Secrets de Maître Alexis le Piémontais dont l’identité fait encore débat mais que l’on s’accorde pour l’instant à identifier au savant italien de la Renaissance Girolamo Ruscelli (1518-1566), ami du Tasse. Les trois premières parties des Secrets d'Alexis ont été traduites par William Ward, médecin du roi, d'après la traduction française de 1558 et imprimés les uns après les autres, il s'agit ici de la 3e édition. La quatrième partie est traduite en 1569 par Richard Androse d'après l'italien.
John Baret John Baret est un ancien étudiant de Cambridge où il devient ensuite enseignant avant de voyager un peu et d’enseigner un temps à Londres. Il est surtout connu comme le lexicographe qui a compilé avec l’aide de ses élèves en 1574 le premier dictionnaire trilingue publié en Angleterre grâce à l’aide du Premier secrétaire de la Reine Sir Thomas Smith et d’Alexander Nowell, doyen de Pawles. La première édition publiée en 1573 ne comprend que l’anglais, le français et le latin.
Saint-Omer, BASO, inv. 4746 An Alvearie, or Quadruple dictionarie containing foure sundries tongues, namelie English, Latine, Greeke and French. Londres : Henri Denham, 1580.
http://clarklibrary.ucla.edu/chrzanowski-collection/81-an-alvearie-or-quadruple-dictionarie-containingfoure-sundrie-tongues-namelie-english-latine-greeke-and-french-john-baret-londini-excudebat-henricusdenhamus-1580
Saint-Omer, BASO, inv. 2152 A dictionary in Spanish and English, Londres : Edmund Bollifant, 1599.
Version numérisée : http://bdh.bne.es/bnesearch/detalle/3083915 Richard Percivall et John Minsheu Richard Percivall ou Perceval (1550-1620) est un administrateur et politicien anglais qui fut également un billant lexicologue spécialiste de l’Espagne après y avoir séjourné quatre ans. De retour en Angleterre il obtient une pension de la Reine puis une place au Duché de Lancaster avant de devenir secrétaire de la cour. Il est l’auteur d’une Bibliotheca Hispanica, containing a Grammar with a Dictionarie in Spanish, English, and Latin, publiée en 1591. John Misheu a produit une réédition augmentée du dictionnaire de Percivale Ce lexicographe anglais assez méconnu est l’auteur de plusieurs dictionnaires, dont un Ductor in linguas ou guide des langues concernant 11 langues différentes. C’est également un des premiers à avoir développé le principe de la souscription afin de financer la publication de ses ouvrages.
John Hardyng John Harding (1378-1465) commence sa carrière comme chef de la garde au service de Sir Henry Percy puis de Sir Robert Umfraville et participe à d’importantes batailles durant la guerre de 100 ans (Azincourt, Arfleur). Après la mort de son protecteur il se retire au prieur augustinien de Kyme où il s’attèle à la rédaction de ses Chroniques. Reconnu pour ses connaissances historiques, il joue à plusieurs reprises le rôle d’expert auprès d’Henry V pour des affaires concernant les relations féodales entre l’Angleterre et l’Ecosse. La première version se termine en 1436 et la seconde est poursuivie au moins jusqu’en 1464.
Saint-Omer, BASO, inv. 4733 The Chronicle of John Hardyng in metre, from the first begynnyng of Englande, unto the reigne of Edwarde the fourth... Londres : Richard Grafton, 1543. Le volume présenté est un exemplaire de la première édition des deux versions, imprimée par Grafton en 1543. Ce volume porte une ancienne cote et l’ex-libris du collège des Jésuites Anglais de SaintOmer, ainsi qu’un autre ex-libris plus ancien au nom de William Leguay.
Saint-Omer, BASO, inv. 4582 Rerum anglicarum, Anvers : Willem Silvius, 1567.
Guillaume de Newbourgh La Chronique de Guillaume de Newburgh ou Newbury relate l’histoire de l’Angleterre depuis la conquête normande en 1066 jusqu’en 1198. Son texte est notamment apprécié pour les détails précis qu’il donne sur la période d’anarchie que connait le pays sous le règne d’Etienne d’Angleterre (1092-1096), sans hésiter à poser un regard ouvertement critique sur ces événements, ce que peu de chroniqueurs avant lui avaient osé faire jusqu’alors, mais aussi envers certains de ses confrères donc Geoffroy de Monmouth qu’il qualifie de menteur pour avoir été à l’encontre des récits de Bède le Vénérable. De manière plus anecdotique, son texte est riche en histoires de fantômes, revenants et autres vampires, ce qui l’a rendu particulièrement populaire auprès des amateurs de surnaturel. Le chapitre 35 (36) du second livre évoque le projet du Roi d’Angleterre et du conte de Flandres de traverser la Manche pour rejoindre l’Angleterre avec leur flotte stationnée dans le port « de la Morinie ».
Thomas Stapelton Stapelton (1535-1598) est certainement le moins anglais de nos auteurs… Il commence ses études à Oxford avant de quitter l’Angleterre pour rejoindre ses parents à Louvain où il poursuit ses études de théologie avant de les compléter par un séjour dans les universités parisiennes et à Rome. Il revient ensuite en Flandres où il enseigne alors dans plusieurs monastères avant d’obtenir une chaire à l’université de Douai et un canonicat à Saint Amand. Il entre ensuite brièvement chez les jésuites avant d’être appelé à prendre une chaire de théologie à Louvain. Peu de temps après, il est nommé doyen de Hilverbeck et meurt juste avant de devenir cardinal. Il est surtout connu pour ses ouvrages de controverse théologique et pour ses traductions dont celle de la chronique de Bède le Vénérable présentée ici dans sa première édition.
Saint-Omer, BASO, inv. 3459 The history of the Church of Englande, Anvers : Hans de Laet, 1565.
Saint-Omer, BASO, inv. 3775 Historia maioris Britanniae, s. l. [Paris] : s. n. [Josse Bade], 1521.
John Major John Major est un logicien, théologien et politicien écossais qui étudie à Cambridge puis à Paris où il obtint sa maîtrise en 1495. Il enseigne ensuite au Collège de Navarre à partir de 1501. Il est reçu Doctor theologiae au Collège de Montaigu en 1506 et retourne en Angleterre où il enseigne les arts et la théologie à Glasgow puis à Saint Andrews. Parmi ses plus fameux élèves il eut Jean Calvin, John Knox et George Buchanan. Il est l’auteur de traités de logique, de théorie politique et d'éthique, et compose une Historia maioris Britanniae ici présentée dans la première édition de 1521.
Originals Spirits…et la poésie anglaise renaît ! (1515-1660) Cette période est effectivement une « renaissance » car elle est caractérisée par une redécouverte des textes de l’antiquité grecque et latine et par la prolifération de traductions qui marquent le développement de l’humanisme en Europe. Les auteurs grecs, latins, italiens et français comme Montaigne et Rabelais sont traduits en anglais. La langue anglaise se latinise et s’enrichit d’expressions étrangères empruntées au français et à l’italien. C’est le siècle des « Esprits originaux », et les genres s’entremêlent : beaucoup de poètes écrivent en prose et beaucoup de prosateurs écrivent en vers. La forme poétique se complexifie par la suite avec l’apparition, entre autres, du sonnet en GrandeBretagne.
(1561-1595) adapte en prose des poèmes religieux et parodie des poèmes amoureux, avant d’être arrêté, torturé et exécuté. Samuel Daniel (1562-1619) est admiré pour le dépouillement de sa prosodie. Michael Drayton (1563-1631) est considéré comme le chef de file du mouvement Spensérien après le décès de son fondateur. Au XVIIe siècle, la poésie se divise en deux tendances. D’un côté, la poésie des « Cavaliers », menée par Robert Herrick (1591-1674), royalistes qui revendique l’héritage de Ben Jonson (1572-1637), poète lauréat de la Cour en 1616. De l’autre côté, la poésie dite « métaphysique », dont le chef de file est John Donne (1572-1631). C’est une poésie lyrique, plus intime et méditative, qui s’épanche sur la confusion d’un monde entraîné à la dérive par les découvertes scientifiques de l’époque. Par ailleurs, la proclamation par Cromwell du Commonwealth transforme la vie littéraire et culturelle en instaurant un régime républicain fondé sur des principes de liberté économique, politique et de conscience et l’affirmation d’un pouvoir puritain rigoureux. John Milton (16081674) est le poète « cromwellien » le plus connu aujourd’hui. Pour lui, la poésie doit élever l’âme et précipiter le lecteur soit au Ciel soit en Enfer. Son œuvre est toujours empreinte de spiritualité avec pour thème central l’amour de Dieu et le salut de l’âme. Autant l’univers de Spenser était harmonieux, équilibré, clos et hiérarchisé, autant celui de Milton est empli des doutes et des peurs que l’homme essaie de maîtriser.
portrait de Sir Philip Sidney / Hieronimo Custodis 1578, Longleat House La fin du XVIe siècle est dominée par deux auteurs : Sir Philip Sidney (1554-1586) et Edmund Spenser (1552-1599). Sidney, éminent érudit, compose les sonnets les plus achevés de la littérature anglaise et Edmund Spenser se fait le chantre de l’idéal humaniste. Romantique avant l’heure, sa poésie sensuelle et mélodique va inspirer nombre de successeurs tels Milton, Keats ou Tennyson. A côté de ces deux grands, de nombreux autres poètes contribuent à cet âge d’or de la poésie. Le catholique Robert Southwell
Samuel Daniel Frontispice de The Civile Wares (1609)
Sir Philip Sidney Sir Philippe Sidney fait ses études à Shrewbury puis au Christ-Church College d’Oxford et au Trinity College de Cambridge - ce génie précoce parle couramment le latin et le français à 12 ans et il fait son Tour du Chevalier en 1571, alors âgé de 17 ans. Il est à Paris lors de la SaintBarthélemy. Il voyage ensuite dans les principales villes d’Europe (Strasbourg, Francfort chez l’imprimeur André Wéchel, Venise, Padoue chez le Tasse, Rome, etc.). De retour en Angleterre il entre à la cour d’Elisabeth 1e qui le nomme ambassadeur auprès de l’Empereur et le missionne auprès de plusieurs autres princes. Il quitte la cour en 1580 suite à une querelle avec le duc d’Oxford. C’est dans ces années qu’il compose son roman l’Arcadie, inspiré de l’ouvrage éponyme du poète de la Renaissance Italienne Jacopo Sannazar imprimé à Milan en 1504, pour l’amusement de sa belle-sœur la comtesse de Pembroke qui en recevait les feuillets au fur et à mesure de leur écriture ce qui en fait en quelque sort l’inventaire du « roman feuilleton ». Il ne le termina pas et c’est à titre posthume qu’il est publié en 1591 deux ans après sa mort par sa belle-sœur.
Saint-Omer, BASO, inv. 2238 The Countesse of Pembrokes Arcadia, Londres J. Waterson and R. Young and T. Downes, 1638
:
Il s’agit ici de la 9e édition, dans un volume qui a appartenu à une certain James Plutter, probablement ancien écolier du collège des Jésuites anglais de Saint-Omer.
Saint-Omer, BASO, inv. 2422 The faerie queene disposed into twelve books, fashioning XII. morall vertues, Londres : William Ponsonby, 1590 (John Wolfe) Actif entre 1577 et 1603, William Ponsonby, surnommé « the leading literary publisher of Elizabethan times » (le plus grand des libraires élisabéthains) était l’éditeur attitré d’Edmund Spenser, de Sir Philip Sidney et de ses suiveurs.
Edmund Spenser Spenser est considéré comme l’un des plus fameux poètes anglais de l’époque moderne. Il fait ses études au Pembroke College de Cambridge où il obtient sa maîtrise ès arts en 1576. Auteur de nombreux poèmes composés sur le mode de la pastorale, il les dédie au plus fin lettré de son temps, Sir Philippe Sidney, dont il est l’ami et qui l’introduit à la cour où il devient le secrétaire de lord Grey de Wilton, lieutenant général d’Irlande. De retour en Angleterre il obtient une terre dans le comté de Cork où il s’installe quelques années et fait la connaissance de Sir Walter Ralegh. Il retourne cependant rapidement en Irlande
où il écrit son ouvrage le plus fameux : la Reine des Fées, dédié à Elisabeth et dont les trois premiers livres sont publiés en 1590 et auront un succès retentissant et lui vaudra une pension royale de 50£. Il doit fuir l’Irlande lors la révolte de Tyrone et meurt quelques années après. Il est enterré à l’abbaye de Westminster. Il a développé un style très allégorique qui fait écho au gout de son temps pour les romans de chevalerie et la poésie pastorale, le tout inspiré par les poètes italiens de l’Antiquité et de la Renaissance
Saint-Omer, BASO, inv. 5861bis et 5861 Milton. Le Paradis perdu, traduction de Chateaubriand, précédé de Réflexions sur la vie et les écrits de Milton par Lamartine... - Paris, Bigot-Voisvenel, 1855 et Paris : A. Rigaud, 1863. Les 25 estampes qui accompagnent cette prestigieuse traduction par Chateaubriand, préfacée par Lamartine, ont été gravées d’après des dessins de Girodet, Flatters, Lemercier, Melin, Bernouville et Richomme. - L’édition de 1863 provient du legs d’Herbécourt.
John Milton Milton fait ses études à Saint-Paul à Londres puis au Christ Church College de Cambridge où malgré des désaccords avec ses précepteurs il finit par obtenir son diplôme cum laude. Il continue ensuite de parfaire ses connaissances en langues et publie son premier poème en 1632. Par la suite il compose de nombreux poèmes philosophiques et pastoraux. En 1638, à la mort de sa mère, il fait son Tour du Chevalier en France et en Italie où il rencontre notamment Galilée. Mais apprenant que la guerre civile menace, il rentre en Angleterre où il devient précepteur et écrit un traité d’éducation qui parait en 1644. Il prend le parti de Cromwell dont il devient le pamphlétaire et s’attire les foudres des royalistes et du clergé. Cette inimitié est accentuée lorsqu’il publie sa doctrine et discipline du divorce dont il défend la légalisation et la moralité face à l’archaïsme des lois anglaises sur le sujet. Il lutte également contre la censure dans son Aeropagitica : Discours de Mr John Milton au Parlement de l’Angleterre pour la liberté de libre publication. Sous le Commonwealth, en 1649, il est nommé secrétaire d’Etat aux langues étrangères et s’efforce de défendre la nouvelle république contre les attaques des monarchies européennes. Mais à la restauration des Stuarts il est brièvement emprisonné à la Tour de Londres avant d’être finalement relâché. En 1667, ruiné et devenu aveugle, il dicte son chef d’œuvre, le poème épique Paradis Perdu, qu’il prolonge en 1671 par le Paradis reconquis. On lui doit aussi une Histoire de l’Angleterre. Son style est largement marqué par la lecture de la Bible et des classiques, mais il est aussi influencé par les auteurs de son temps tels Spenser, Sidney ou Shakespeare, et les poètes cavaliers. Il a notamment contribué à l’enrichissement de la langue anglaise par la création de nombreux néologismes.
Saint-Omer, BASO, inv. 26788 The Poetical Works of John Milton, éd. Par Sir Egerton Brudges, Londres, William Tegg & Co., 1853.
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Francis Beaumont et John Fletcher Beaumont (1584-1616) et Fletcher (1579-1625) sont deux dramaturges fameux de la renaissance anglaise. Le premier est issu d’une famille de juriste. Il suit une formation universitaire mais arête ses études à la mort de son père. Il suit un temps la carrière juridique mais finit par l’abandonner pour devenir écrivain. Il fréquent les cercles littéraires de son temps et rencontre notamment le grand Ben Jonson. Son premier texte parait en 1602 et on y ressent nettement l’influence de Shakespeare et Marlow. Il entame sa collaboration avec Fletcher en 1605. Il semble que leurs talents respectifs se soient admirablement complétés, ce qui leur permet de rencontrer quelques beaux succès. Fletcher était lui aussi destiné par sa famille à faire une carrière juridique, mais finît par choisir de rejoindre la république des lettres. Il fut l’un des dramaturges les plus prolifiques de son temps, avec plus de 50 pièces écrites seul ou en collaboration avec Beaumont ou d’autres auteurs, dont son rival Shakespeare avec qui il écrit Les Deux nobles cousins et probablement Henry VIII. Les œuvres de Beaumont et Fletcher ont été réunies pour la première fois dans un volume in-folio en 1647, par les libraires Humphrey Moseley et Humphrey Robinson, qui se sont inspirés directement de la mise en page du First Folio de Shakespeare et des deux folios de Ben Jonson. Même si le volume porte les noms des deux dramaturges, il contient surtout les pièces de Fletcher, dont beaucoup portent également l’empreinte de Philip Massinger.
La plupart de ces pièces ont été jouée par la troupe des King’s Men, dont Fletcher fut en quelques sorte le dramaturge attitré durant presque toute sa carrière.
Ce volume ne porte plus de marques de possession mais la découpe nette d’une bande de papier dans la marge supérieure de la page de titre est une trace caractéristique de la suppression systématique des mentions d’ex-libris du collège des jésuites anglais, qui résulte très certainement de l’intégration des livres de cette communauté à la bibliothèque du séminaire audomarois suite l’expulsion de l’ordre en 1764.
Saint-Omer, BASO, inv. 2229 Comedies and Tragedies written by Francis Beaumont and John Fletcher, Gentlemen. Never printed before, and now published by the Authours original copies, Londres, Humphrey Robinson et Humphrey Moseley, 1647.
Le théâtre élisabéthain : « beaucoup de bruit pour rien « ? Le théâtre élisabéthain commence sous le règne d’Élisabeth Ière (1558–1603),d’où son nom, bien que ce genre se poursuive jusque qu'à ce que le Parlement Interdise les représentations théâtrales en 1642. C’est l’âge d’or du théâtre anglais avec une centaine d’auteurs recensés qui ont produit plus de 1500 pièces, dont la moitié a été perdue… Les monarques de cette période permettent cette production foisonnante en protégeant les compagnies d’acteurs et encouragent la construction de nombreux théâtres aux abords de Londres. Ce style s’adresse autant à une élite intellectuelle aristocratique qu’aux classes plus populaires. Il se caractérise par un goût du tragi-comique et du drame moral, le tout dans un cadre souvent inspiré du théâtre antique et médiéval, ainsi que par le théâtre baroque espagnol, riche en péripéties et incidents romanesques.
On a rarement conservé le nom des auteurs de ces pièces qui n’ont pas forcément un statut d’artiste mais sont encore vus comme des artisans.
William Shakespeare (1564-1616) est considéré de nos jours comme l’auteur phare de ce genre, bien qu’il y ait eu de nombreux autres dramaturges parfois plus fameux que lui à l’époque, et dont certains, comme John Lyly (1553-1606), inspirent l’auteurde Macbeth. Lyly est surtout un auteur de comédies destinées à la Cour, dont le style et le langage raffinés et maniérés sont à l’origine d’un style à part entière,appelé euphuisme, d’après son « roman » Euphues, qui a eu plus de succès en son temps qu’aucune pièce de Shakespeare. En dehors des cercles courtois c’est la tragédie qui rencontre le succès auprès du grand public qu’elle séduit par ses intrigues qui s’ancrent de plus en plus souvent dans la réalité plutôt que dans la mythologie. Le bien et le mal y sont mêlés dans des histoires souvent violentes, passionnées et émouvantes, tirées parfois de faits réels.
C’est le cas dans Arden of Feversham, drame réel qui raconte le meurtre d’un gentilhomme de Feversham, tué par son épouse et l’amant de celleci. Le public apprécie ces émotions fortes et aime voir le sang couler à flots sur la scène. Ces intrigues sont en outre servies par la langue riche et variée de la poésie lyrique, développée notamment par Christopher Marlowe (15641593). Ce dernier met au point le vers blanc, syllabique et sans rime, qui donne au théâtre la même liberté et la souplesse de la poésie. Son Tamerlan, connaît un immense succès populaire et aura une grande influence sur ses contemporains, tels que Robert Greene (1558-1592) et Thomas Kyd (1558-1594).
Christopher Marlowe Selon certaines théories, en 1592, l’année de la fondation du collège des Anglais de Saint-Omer, Marlowe aurait fait un séjour dans notre ville sous le pseudonyme de John Matthew. Ce qui est certain c’est qu’il est sur le continent à ce moment-là, puisqu’il est arrêté pour faux monnayage à Flessingue dans les Flandres en 1592. La même année il traduit et présente à Londres l'Historia von D. Iohan Fausten.
Une autre gloire de la scène anglaise est Ben Jonson (1572-1637) dont la première oeuvre originale est une comédie intitulée Every man in his humour parue en 1596. B. Jonson y exprime avec force des sentiments qu’il conserve toute sa vie : la défense de la dignité de l’art et de celle de l’écrivain. D’un caractère fier et orgueilleux, il ne cherche jamais à être complaisant envers le public et s’écarte souvent volontairement de l’opinion populaire. Aucun écrivain de son temps ne se fait plus d’ennemis que lui !
Ben Jonson Ben Jonson naît en 1574. Il est envoyé et à l’université mais à 17 ans il doit gagner sa vie et devient maçon. Tout en lisant en cachette les auteurs grecs et latins il s’engage dans l’armée pour quitter son premier métier détesté et peu de temps après il se lance dans une carrière d’acteur et commence à composer ses propres pièces. Emprisonné à la suite d’un duel qui finit mal, il se convertit au catholicisme et une fois libéré il présente ses premières pièces au public. Sa première œuvre originale est une comédie intitulée Every man in his humour parue en 1596. Le Roi Jacques Ier lui accorde toute sa confiance ce qui vaut ainsi à Jonson les bonnes grâces de la noblesse. Il est désigné comme le poète de toutes les fêtes et cérémonies officielles. Cette réputation ne permet pas à Jonson d’échapper à la misère : ses vers lui rapportent plus d’honneur que d’argent. La mort de Jacques Ier lui enlève un appui, l’inspiration poétique commence à lui faire défaut et sa pièce de théâtre Nouvelle auberge est sifflée lors de sa première représentation en 1630. Le Roi Charles Ier a pitié de Jonson : il lui augmente sa pension. Il meurt en 1637, admiré par les lettrés mais boudé par le public car il ne voulait ressembler à aucun de ses contemporains
Saint-Omer, BASO, inv. 2231 Works, Londres, Richard Bishop, 1640.
Gravure du portrait de Shakespeare servant de frontispice au First Folio dans les éditions complètes, reproduit avec l’aimable autorisation du Gouverneur de Stonyhurst College.
Who is « Guillaume » Shakespeare ?
La Bibliothèque d’Agglomération de Saint-Omer conserve un exemplaire du First Folio, la célébrissime première édition d’une collection de 36 pièces de Shakespeare (dont 17 inédites), publiée 7 ans après la mort de l’auteur sous le titre Mr. William Shakespeares Comedies, Histories & Tragedies.
C’est un monument de l’édition anglaise et une source importante concernant l’oeuvre de Shakespeare dont les spécialistes considèrent que les metteurs en scènes modernes ont lourdement réarrangé certaines pièces que seul le First Folio nous conserve dans un état aussi proche que possible de l’original.
Il est de loin le plus connu des auteurs anglaistoutes époques confondues et doit cette renommée au rôle qu’il joue dans le renouvellement dugenre théâtral à son époque. Lorsque W. Shakespeare arrive à Londres vers 1586, le théâtre anglais est très diversifié et, à part le drame classique, il s’inspire de tous les formes d’écriture avec une nette préférence pour le théâtre populaire qui jouissait alors d’une grande popularité.
Son style très particulier consiste précisément en ne respecter aucune des règles traditionnelles du genre. Il contribue ainsi avec Marlowe au déclin du théâtre classique. Il s’inspire beaucoup de l’histoire nationale et des légendes populaires, et traite de sujets variés où s’enchainent péripéties et rebondissements.
Saint-Omer, BASO, inv. 2227
Saint-Omer, BASO, inv. 2227 (passage d’Henry IV avec annotations)
Retrouvez notre First Folio sur la bibliothèque numérique :
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Le First Folio de Saint-Omer : un trésor de plus dans la bibliothèque Il s’agit du nom d’usage que les spécialistes donnent aux exemplaires de la première édition collective des oeuvres théâtrales de Shakespeare, publiée en 1623, soit sept ans après sa mort. Sur les 800 qui ont été imprimés à l’origine, celui de Saint-Omer est officiellement le 233e à avoir été authentifié. Le First Folio de la Bibliothèque nationale de France était jusqu’alors le seul conservé en France.
de Tyr de Shakespeare, une de ses très rares oeuvres dramatiques à ne pas faire partie du First Folio. Il subsiste néanmoins des éditions de trois dramaturges contemporains de Shakespeare : Francis Beaumont, JohnFletcher et Ben Jonson. Le First Folio n’a donc pas rejoint cette collection par hasard et il a manifestement beaucoup servi comme en témoignent certaines annotations très proches de celles utilisées pour monter une pièce de théâtre.
Cette édition rassemble 36 pièces de Shakespeare, dont 18 n’avaient encore jamais été imprimées. On y trouve, dans l’ordre, les comédies, les pièces historiques et les tragédies. À l’époque, ce sont surtout des livres historiques ou religieux qui sont édités, c’est beaucoup plus rare pour les pièces de théâtre. Cet in-folio, où la page imprimée est pliée en deux, est une preuve de la popularité de Shakespeare, et montre que son oeuvre est enfin pleinement considérée dans sa dimension littéraire. L’exemplaire audomarois faisait très probablement partie de la collection du collège anglais de Saint-Omer, fondé par les Jésuites en 1594. À l’époque, le pouvoir protestant anglais persécutait certains catholiques, une partie de ceux-ci s’étaient donc réfugiés en France. Par sa proximité avec Calais, le port d’accès vers l’Angleterre, Saint-Omer était un lieu de choix. Un autre collège jésuite anglais a également été fondé non loin, à Douai, ainsi qu’à Reims. Les nombreuses annotations rédigées dans le First Folio semblent dater de la seconde moitié du XVIIe siècle, voire du début XVIIIe. C’est aussi le cas de la reliure, qui ne semble pas contemporaine de l’impression. Les in-folios étaient souvent vendus sans reliure, celle-ci pouvant être achetée séparément selon les goûts et les besoins. Les Jésuites aiment traditionnellement le théâtre religieux et en latin, mais cela a du sens qu’ils possèdent aussi du théâtre de qualité en langue vernaculaire. Les collections du collège comportaient également une édition, aujourd’hui perdue, de la pièce Périclès, prince
Saint-Omer, BASO, inv. 2227 (ex-libris “Nevill”)
Ce texte provient essentiellement de l’interview de J.Ch.Mayer par M. Koppe pour le CNRS Journal, avec l’aimable autorisation de l’interviewé.
De l’histoire des politiciens et des philosophes pendant la guerre civile… L’anglicanisme* commence avec Elisabeth Ière (1558-1603), qui restaure le Bookof Common Prayer commandé par son père Henry VIII à l’archevêque de Canterbury Thomas Cranmer, et surtout réaffirme la rupture avec Rome entamée par Henry VIII, qui fait du souverain anglais le chef de l’« Eglise d’Angleterre ». Sous le règne de la Reine Vierge, l’« Église d’Angleterre » devient « l’Église anglicane » qui se voit confirmée par Jacques Ier (1603-1625) en 1637. Ces tensions religieuses et politiques génèrent un état latent de guerre de religion et aboutissent à une véritable guerre civile, sous le règne de Charles Ier (1625-1659), qui dure près de quarante ans. Jacques Ier et Charles Ier sont régulièrement aux prises avec le Parlement, où siège Olivier Cromwell, qui vote en 1641 la Grande Remontrance contre le roi : une liste de griefs et de formes qui permettent aux parlementaires de contrôler le pouvoir exécutif et qui va raviver le conflit entre parlementaires et monarchistes. Après une série de conflits armés entre les deux factions, Cromwell, qui a épuré le Parlement en sa faveur, fait voter la condamnation à mort du roi Charles Ier, qui est exécuté en 1649. Il instaure alors le gouvernement républicain du Commonwealth. L’une des premières actions de ce gouvernement est de mettre un terme à l’insurrection des catholiques irlandais : les massacres de Drogheda et Wexford entraînent rapidement la soumission de l’Irlande au Commonwealth. Afin d’assurer ses arrières, Cromwell distribue les terres des vaincus à son armée, entrainant la fuite de nombreux Irlandais catholiques sur le continent, d’où nombres d’entre eux émigrèrent ensuite vers les Amériques, comme ce fut le cas pour les fameux
Carrolls. Cette période de conflit est aussi une période d’effervescence et d’intense production littéraire dans les sciences et la philosophie. L’héritage humaniste incite les penseurs à interroger directement le monde pour le comprendre et non plus à travailler d’après les autorités du passé, tout en cherchant à réconcilier la religion et les sciences. C’est l’époque du savant Francis Bacon (15611626), dont les recherches sur les méthodes empiriques (observation directe, recherche des causes naturelles) en font l’un des pionniers de la pensée scientifique contemporaine. Cette méthode empirique est appliquée à la politique par le philosophe Thomas Hobbes (15881679) qui considère que ’homme est guidé par son intérêt propre, fondement d’un déterminisme qui annihile tout libre arbitre. Thomas Hobbs, Leviathan (St Omer, BASO, inv. 14301)
* L’anglicanisme maintient la hiérarchie des évêques sous l’autorité royale, et se distinue en cela du puritanisme, représenté notamment, par les églises presbytériennes d’Ecosse, qui souhaitent la suppression des évêques.
Thomas Cranmer Thomas Cranmer (1489-1556) est le premier archevêque protestant de Canterbury et l’un des principaux artisans de la Réforme en Angleterre sous les règnes d'Henri VIII, d'Édouard VI et de Marie Tudor. Après des études à Cambridge il devient archidiacre de Tauton, ses positions lors du premier divorce d’Henry VIII lui valent les faveurs du roi qui le place sur le trône archiépiscopal. Faible et servile il évite de trop s’immiscer dans la politique royale mais s’attache à redresser progressivement le pouvoir de son église. Son livre des Prières communes est un bon témoignage de la spiritualité de son époque. Il y reprend l’usage de Sarum, dominant en Angleterre au Moyen Âge, avec quelques modifications et enrichi d’un certain nombre de nouveaux textes. Il parait pour la première fois en 1549 et sera utilisé ensuite comme ouvrage fédérateur de l’Anglicanisme.
Saint-Omer, BASO, inv. 2231 The Book of Common Prayer, Cambridge, John Hayes, 1679.
L’édition ici présentée est reliée avec une édition de 1679 de la King James’ Version, la traduction anglaise de la Bible validée par le roi et publiée pour la première fois en 1611, ainsi qu’une traduction du Nouveau Testament (1676) et une autre des Psaumes (1679).
Francis Bacon Francis Bacon (1561-1626) est l’un des plus grands génies de l’Angleterre avec Newton. Il entre à treize ans à Cambridge où il brille rapidement dans tous les domaines et se distingue notamment par une réfutation d’Aristote qu’il produit à seize ans. Il fait ensuite son Tour du Chevalier avant de rentrer en France à la mort de son père. Il devient alors juriste pour gagner sa vie et là encore ses dispositions particulières font qu’à 26 ans il entre au conseil extraordinaire de la Reine, mais sa prise de position contre le Comte d’Essex dans une affaire de trahison lui vaut la défaveur de la cour et de l’opinion publique. Il doit attendre le règne de Jacques 1er pour retrouver une situation un peu meilleure. Ce dernier lui confère le titre de Chevalier en 1603, et Bacon entre au parlement. Il est nommé ensuite conseiller du roi, solliciteur général (un grade juridique), garde des sceaux, lord Chancelier, et se voit gratifié du titre de Baron de Verulam et de Vicomte de Saint-Alban. Convaincu de corruption, il perd ses privilèges et ses emplois publics quelques années après. S’il n’eut pas de chance en politique, il est auréolé de gloire dans le domaine des sciences avec une production encyclopédique motivée par sa volonté de réformer l’enseignement scolastique. Sa réflexion sur les liens entre les différentes sciences et la classification de celles-ci a notamment inspiré la préface de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Considéré comme le père de la philosophie et de la science expérimentale, il eut l’intuition de la loi de la gravitation que Newton exprimera quelques années plus tard.
Il s’intéresse aussi à l’histoire naturelle avec son Sylva sylvarum (« Foret des forets », imprimée pour la première fois en 1648), à la médecine, la morale, l’astronomie, etc. Génie universel, on lui doit en latin et en anglais des ouvrages sur tous les champs du savoir.
Saint-Omer, BASO, inv. 1365 Sylva Sylvarum or a natural history in ten centuries, Londres: William Lee, 1670.
Thomas Hobbes Thomas Hobbes fait ses études à Oxford avant d’entrer comme précepteur auprès du fils de William Cavendish, comte de Devonshire. Il l’accompagne en Europe durant son tour du Chevalier pendant lequel il rencontre de nombreux érudits. A son retour en Angleterre il se plonge dans la littérature antique et rencontre F. Bacon et se lie d’amitié avec lui. C’est en 1628 qu’il publie la première édition de sa traduction de Thucydide (ici présentée dans la seconde édition), dont on lui a reproché l’adaptation qu’il fait du texte pour en faire un exemple d’autorité contre les agitations politique de son époque. A la majorité du fils du compte de Devonshire, libéré de ses engagements, il devient le précepteur d’autres jeunes nobles qui lui permettent à nouveau de voyager en Europe où il rencontre entre autre Gassendi et Galilée. De retour en Angleterre la guerre civile a éclaté et ses positions monarchistes l’incitent à se réfugier en France en 1640. Là il rencontre Descartes et devient le précepteur du Prince de Galle. Il rentre en Angleterre vers 1653 où il retrouve la protection de la famille de Devonshire et les faveurs du Roi sous la restauration en 1660. Il poursuit ses travaux philosophiques, juridiques et mathématiques qui lui valent l’inimitié du corps universitaire et clérical. Las de ces contrariétés, il quitte Londres en 1674 pour se retirer à la campagne et y terminer son œuvre et sa vie.
Saint-Omer, BASO, inv. 3058 The history of the Grecian War: in eight books. Written by Thucydides. Faithfully translated from the original by Thomas Hobbes of Malmsbury…., Londres: Charles Harper, 1676.7
Winston Churchill Ce Chevalier Wilson Churchill (16201688) est le père du fameux John Churchill, 1er duc de Marlborough dont les faits d’arme sont évoqués dans la chanson populaire : Malbrouck s’en vat en guerre. C’est également l’ancêtre du fameux premier ministre du même nom. Capitaine de la cavalerie du roi, il combat du côté des royalistes durant la guerre civile et entre au parlement comme député Tori après la restauration entre 1661 et 1679.
Saint-Omer, BASO, inv. 48814 Divi Britannici: Being a remark upon the lives of all the Kings of this Isle, from the year of the world 2855 unto the year of grace 1660. By Sir Winston Churchill Kt, Londres, Francis Eglesfield, 1775. Ce livre, dédié à Charles II, est introduit par une longue préface où il, critique violemment le Gouvernement de Cromwell, qui est surnommé le Bouffon de l’Etat (the State Jugler). Cet ouvrage très apprécié en son temps pour sa justesse historique, fait état des rois qui se sont succédé à la tête du Royaume Unis, illustré de gravures figurant les armoiries de chacun.
Ce volume a été acquis par la BASO en 2014, dans le cadre de l’enrichissement des collections patrimoniales.
Les lumières d’Abion éclairent l’entrée dans le monde moderne ! (1660-1760) A partir de la seconde moitié du XVIIe siècle, le Royaume-Uni entre dans la modernité. La montée en puissance du Parlement signe la fin progressive du pouvoir monarchique et aboutit en 1688 à l’établissement de la monarchie constitutionnelle.
néoclassique, empreinte d’un scepticisme critique et rationaliste qui prône des valeurs laïques et développe une esthétique de l’équilibre qui se veut didactique.
Le droit s’humanise avec le vote de l’Habeas Corpus en 1689, qui protège désormais l’individu contre l’emprisonnement arbitraire. La Royal Society fondée en 1662 promeut la recherche scientifique, et c’est l’époque d’Isaac Newton (1642-1727), l’une des plus grandes figures de l’histoire des sciences en Angleterre. La banque d’Angleterre est fondée en 1694. L’industrie se développe grâce à l’immigration des protestants français qui compense la main d’œuvre perdue lors des conflits et par la fuite des catholiques anglais. C’est l’époque du rationalisme et du matérialisme, éclairés par un idéalisme optimiste.
La figure littéraire phare de cette époque est le poète, dramaturge et historiographe John Dryden (1631-1700). Il développe un style intellectuel raffiné d’une grande virtuosité rhétorique qui lui permet d’exceller dans la satire, la poésie argumentative autant que le théâtre. C’est un brillant helléniste et latiniste qui traduit les classiques. Le retour à l’ordre génère une culture
Le chantre du néoclacissime est le poète Alexander Pope (1688-1744). Il conçoit la beauté d’une oeuvre comme résultant d’une technique précise de versification structurée par une recherche d’équilibre et de modération. Il critique violemment les vanités et la sophistication de son temps et prône un retour à la nature. Pope aura, entre autres opposants, le chroniqueur mondain Richard Steele (1372-1729), inventeur de l’essai périodique, qui défend des idées de bon goût et de tolérance dans une prose conviviale et didactique. C’est également l’âge d’or du roman réaliste anglais avec des auteurs comme Jonathan Swift (1667-1745) – Gulliver’s Travels ou Daniel Defoe (1659-1731) – The Life and Strange Surprising Adventures of Robinson Crusoe. Le réalisme de ces auteurs se situe dans le ton qu’ils donnent à leurs romans. Ces derniers prennent souvent la forme de descriptions quasi journalistiques d’évènements, ce qui leur donne l’apparence de la réalité. On y retrouve souvent des personnages luttant avec raison et bon sens contre un monde hostile. Parallèlement, un courant plus psychologique se développe, illustré par Lawrence Sterne (1713-1768), où l’écriture est donnée telle quelle sous la forme d’une succession d’associations d’idées ou d’impressions.
John Dryden Poète et dramaturge précoce, Dryden publie ses premiers textes marquants dès 1659 à 28 ans et entre peu de temps après au service du Roi Charles II dans la très officielle King’s Company. Il s’emploie alors à honorer son contrat et produit un grand nombre de pièces à succès dans tous les genres : tragédies héroïques (The Conquest of Granada, 1668), comédies (Mariage à la Mode, 1672). C’est aussi dans les années 1660 qu’il publie une série de poèmes qui lui valent le titre de Poète Laureat en 1668. Sa proximité avec le pouvoir et ses prises de positions monarchistes et pro-catholique le font tomber en disgrâce après le triomphe du parti parlementaire des Whigs en 1668. Il est considéré comme celui qui a porté à sa perfection la forme du vers héroïque (2 décasyllabes à rimes plates). Grand traducteur des classiques, sa version des Georgiques reste inégalée et il est considéré comme l’un des pères du classicisme anglais en vertu de son essai Of dramatic poesie publié en 1668.
Saint-Omer, BASO, inv. 2226 Poems on various occasions and translations from several authors.London: Jacob Tonson, 1701.
Saint-Omer, BASO, 2586 The Works of Virgil containing his pastorals georgics and Aeneis.- 3e éd.- Londres, Jacob Tonson, 1709.
Alexander Pope Né dans une famille de marchands aisés, Pope est en grande partie autodidacte car sa confession catholique lui ferme les portes de l’Université. A Londres il fréquente le cercle littéraire qui se réunis au Will’s Café de Russel Street. Il publie ses premiers poèmes en 1709 qui témoignent de sa maitrise du vers héroïque en digne successeur de Dryden. Deux ans plus tard il compose son Essai sur la critique qui établit les règles de la critique littéraire, comme le fera en France l’Art poétique de Boileau. Il acquière sa notoriété grâce à sa magistrale traduction de l’Iliade et de l’Odyssée réalisée entre 1715 et 1726. A la même époque il entre au Scribblerus Club (académie pour la défense du bon goût qui réunit Swift, Gay ou encore Arbuthnot) où il affirme ses positions politiques et publie une série de pamphlets.Il s’installe à TwickSaint-Omer, BASO, inv. 7181 enham dans la banlieue de Londres et The works of Alexander Pope, Esq. in six volumes complete with his last corrections, additions, and improvements... printed verbatim from poursuite une carrière littéraire prospère et engagée, excellant dans la satire dont the octavo edition of Mr Warburton.- Londres, C. Bathurst, W. ses Imitations d’Horaces (1733-1739) Strahan, 1776. offrent un bon exemple, mais qui lui valent une réputation de misanthrope.
Isaac Newton Le polygraphe Isaac Newton est sans conteste l’un des plus grands savants de l’histoire occidentale et une des gloires du Royaume Uni. Considéré comme le fondateur de la mécanique classique, on lui doit notamment la théorie de la gravitation universelle, le calcule infinitésimal (avec Leibnitz), ou encore la mise au point d’un télescope. Il s’est par ailleurs illustré dans de nombreux autres champs du savoir, de la théologie à l’alchimie La BASO conserve un manuscrit de l’abrégé de son « Essai de Chronologie ancienne », copié en France du vivant de Newton, d’après la copie que le philosophe et scientifique italien Antonio Schinella Conti (1677-1749) a ramené avec lui à son retour d’Angleterre en 1716. Il s’agit d’un l’exemplaire réalisé pour Martin Folkes, l’un des éditeurs posthumes de la version complète de la Chronology (publiée en 1728), et qui fut vice-président puis président de la Royal Society. Il a rédigé de sa main une introduction au présent manuscrit, où il explique qu’il a envoyé cette copie à Newton au début de l’an 1726, pour que ce dernier puisse prendre connaissance des objections de N. Féret ajoutées à la traduction française, et que le grand savant la lui a retournée annotée de sa main !
La bibliothèque de Martin Folkes a été vendue en 1756 par Samuel Baker, et notre exemplaire s’y trouve mentionnée (lot 5114), on y apprend en outre qu’il a été relié en cuir de Russie, et vendu pour 14 shillings. La BASO conserve également la traduction française de ce texte, qui accompagne l’édition de la traduction intégrale de la Chronologie des anciens Royaumes, réalisée par François Granet, et publiée à Paris en 1728 (Saint-Omer, BASO, inv. 3394).
Saint-Omer, BASO, ms. 786 An Abstract of Chronology by Sr Issac Newton Kt, manuscrit sur papier, Angleterre, avant mars 1726.
Traduction du texte :https://archive.org/details/lachronologiede00martgoog
This copy of Sr Isaac Newtons Abstract, as sent over from France by one who had it from Monsr Conti’s M.S. I lent to himself about the beginning of the year 1726, upon his having occasion to consider the objections made at the end of the French translation published abroad, and not readily finding among his own papers, the original abstract itself from which Mr Contis copy was taken; and he was pleased to return it me, with a few corrections under his own hand not a month before his decease; some days after he asked me for it again telling me he had up and down corrected such passages as occurred to him, but that he would now collate it throughout with the original which he had find, and correct whatever errors were yet remaining in it. I accordingly carried it to him the next time I waited upon him, and the last I had the honour of seeing him, but found him already taken ill, so that I brought it back again in the same condition: and have since caused it to be bound up to keep by me while I live as a valuable to him of the friendship that great man was pleased to honour me with.
Cette copie de l’Abrégé de Sir Isaac Newton, envoyée de France par quelqu’un qui la copia d’après le ms de M. Conti, a été prêtée à lui-même par mes soins vers le début de l’an 1726, au moment où il entreprenait de considérer les objections ajoutées à la fin de la traduction française qui en fut publiée à l’étranger, et comme il ne retrouvait pas dans ses propres archives l’original de l’Abrégé d’après lequel la copie de M. Conti avait été réalisée ; et il fut assez aimable de me la retourner, avec quelques corrections de sa propre main à peine un mois avant son décès ; quelques jours plus tard il me la redemandait, me disant qu’il avait corrigé quelques passages de ci de là, au gré de la plume, mais qu’il souhaitait à présent la collationner entièrement avec l’original qu’il avait retrouvé, et corriger les éventuelles erreurs qui s’y trouvaient encore. Je la lui apportai donc lors de ma visite suivante, la dernière que j’eus l’honneur de lui faire, mais le trouvai déjà alité, de sorte que je la remportai telle quelle; et je l’ai depuis fait relier afin de la conserver par devers moi en souvenir de l’amitié que MFolkes ce grand homme me fit l’honneur de me témoigner. The illustrious author departed his mortal life on MFolkes th th Monday the 20 of March 1726, in his 85 year, L’illustre auteur trépassa le lundi 20 mars 1726, having completed his 84th on the Christmass day dans sa 85e année, ayant achevé sa 84e année le jour preceding. de Noël qui précédait.
Richard Steele R. Steel est le fils du premier secrétaire du duc d’Ormond, mais il perd son père alors qu’il n’est âgé que de 5 ans. Le Duc d’ Ormond le prend alors sous sa protection à Londres où il entre à l’école de Charter-House. Il entre ensuite au Merton College d’Oxford où il s’essaie à la littérature. Au sortir de ses études il s’engage dans l’armée ce qui lui vaut d’être déshérité par son père. Il se distingue toutefois au sein de l’armée et se voit offrir une place d’enseigne. Il mène alors une vie passablement débauchée tout en publiant des ouvrages de morale ce qui lui vaut les railleries de ses contemporains. Il continue de publier des pièces de théâtre qui ont un succès variable et l’incite à cesser d’écrire pour ce genre en 1703 pour se consacrer à l’essai journalistique. Il publie d’abord dans The Tatler (le Babillard) jusqu’en 1710, puis pour le Spectateur de 1711 à 1713 et le Guardian en 1713. Il abandonne les mondanités cette même année pour publier un journal politique, The Englishman, dans lequel il défend le parti des Whigs. Sa loyauté lui vaut d’être nommé aux postes de commissaire du timbre et directeur de la Gazette de Londres. Il les résilie bientôt pour entrer à la Chambre des Communes, dont il est expulsé en 1714 par la majorité Tory. La même année, il lance un nouveau journal mondain, The Lover, ainsi qu’une gazette politique The Reader destiné à réfuter l’Examiner, journal Tory de Swift, mais il s’arrête au 9e numéro. A l’avènement de Georges 1er en août 1714, Steele obtient le poste d’inspecteur des écuries royales, est nommé magistrat du Comté de Middlesex et élevé au rang de Chevalier. Peu après, il prend la tête du Théâtre de Drury-Lane et obtient une licence royale et le brevet de gouverneur de la compagnie royale des comédiens. Entre 1715 il publie plusieurs nouveaux journaux tant mondains que politiques mais qui ne durent pas, le Town-Talk, Tee Table, Chit-Chat. En 1719 il se retrouve à nouveau engagé dans une affaire politique qui lui fait perdre sa patente de gouverneur de la compagnie royale des comédiens. Cette disgrâce le met dans une situation difficile dont il ne sort qu’en 1721, quand son ami et protecteur Walpole est nommé chancelier de l’échiquier, et le rétablit dans ses fonctions. Cependant, les ennuis financiers de Steele l’incitent à vendre ses parts du théâtre suite à quoi les administrateurs de Drury-Lane lui intente un procès qui dure trois ans et finit de le ruiner. Il cesse toute activité suite à une attaque de paralysie et termine sa vie à Lalangunnor grâce à une pension que lui accordent ses créanciers.
Saint-Omer, BASO, inv. 14761 Le Spectateur ou le Socrate Moderne où l'on voit un portrait neuf des Mœurs de ce siècle traduit de l'Anglois. 5e éd.- A Amsterdam : chez les Wetsteins et Smith, 1732 ; puis Amsterdam ; et Leipzig : chez Arkstee et Merkus, 1746.
Nathan Bailey On ne sait que peu de chose sur la vie de N. Bailey, si ce n’est qu’il professa dans une école de Stepney. Il est surtout connu pour ses travaux de lexicographe qui contribuèrent à ouvrir la recherche en ce domaine à tous les niveaux de la langue, incluant notamment des termes courants, dialectaux et vulgaires. Son dictionnaire est le plus utilisé en Angleterre au XVIIIe siècle. Sa popularité est telle qu’il sera réédité vingt fois en moins de trois ans ! Sa trentième et dernière édition a lieu en 1802. Il s’est beaucoup inspiré du dictionnaire de Kersey (1706) avec lequel il constitue l’un des premiers dictionnaires monolingue anglais qui couvre toute la langue et ne se concentre pas uniquement sur les termes rares et difficiles.
Saint-Omer, BASO, inv. 2536 An universal Etymological English Dictionary. By Bailey.14e édition- Londres : T. Osborne, et al., 1761.
La 3e Edition de 1763 peut être téléchargée sur : https://archive.org/details/ universaletymolo00bailuoft Ephraim Chambers Issu d’une famille de Quakers du comté de Westmore, Chambers fait son apprentissage chez un géographe fabriquant de globes où il prend goût à la science. C’est là qu’il forme son projet d’encyclopédie et en compile les premiers articles. L’ouvrage parait en 1728, et lui procure une renommée telle qu’il est nommé à la Société Royale l’année suivante. Il en publie une nouvelle édition dix ans plus tard (1738) qui est épuisée en un an. Un troisième, un quatrième et un cinquième tirage sortent en 1739 en 1741 et 1746. Cette encyclopédie n’est pas exactement la première du genre en Angleterre puisque le Lexicon Technicum d’Harris était paru en 1704, mais la Cyclopedia est plus complète que le Lexicon et, à ce titre elle peut se prévaloir d’avoir inspiré l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Saint-Omer, BASO, inv. 1459 Cyclopaedia : or an universal Dictionary of arts and sciences... By E. Chambers, F.R.S.- 5e éd.- London : for D. Midwinter : W. Innys : C. Revington, 1741.
N.
Jonathan Swift Orphelin de père à sa naissance Swift est élevé par une nourrice puis par son oncle. Il étudie le latin à l’école de Kilkenny avant d’entrer au Trinity College de Dublin dont il sort bachelier en 1686. La Glorieuse Révolution de Guillaume d’Orange de 1668 l’empêche de terminer son cursus, et il entre comme secrétaire au service de sir William Temple qu’il sert pendant dix ans tout en affinant son propre style. Il devient prêtre anglican en 1694 et se voit chargé de la paroisse de Kilroot où il reste deux ans avant de revenir chez son protecteur où il commence sa carrière de pamphlétaire pour défendre sir William dans la querelle des Anciens et des Modernes en rédigeant sa Bataille des livres et son Conte du Tonneau qui ne paraissent qu’après la mort de Temple en 1699. Il y fustige les dissensions religieuses et les querelles philosophiques de son temps avec une verve jamais égalée depuis. A la mort de son protecteur il devient chapelain du comte de Berkeley puis chanoine de Saint-Patrick de Dublin. Engagé en politique il est d’abord du côté des Whigs avant de se rallier aux Tories dès 1710 et prend la direction de leur journal l’Examiner. Trois ans plus tard il obtient la charge de Doyen de Saint-Patrick et entre au Scribbelius Club. Mais en 1714 le parti Whig revient au pouvoir et Swift quitte la scène politique pour se concentrer sur sa carrière littéraire qu’il mène sur deux fronts : l’un patriotique qui fait de lui l’une des grandes figures de la défense de l’Irlande et l’autre en poursuivant dans la veine satirique où il excelle à critiquer les errements de la société anglo-saxonne et dont ses Voyages de Gulliver (1726) constituent le chef d’œuvre. A partir de 1738 il perd peu à peu l’entendement et termine sa vie, aphasique et amnésique le 19 décembre 1745.
Saint-Omer, BASO, inv. 2634 Letters written by the late Jonathan Swift... and several of his friends from the year 1703 to 1740, published... with notes... by John Hawkesworth,... in three volumes...- Londres : T. Davies, R. Davis, L. Davis and C. Reymers, J. Dodsley, 1769.
Lawrence Sterne Né d’un père officier de garnison, il suit ce dernier au gré de ses affectations. Le jeune Lawrence entre alors à Cambridge, puis dans les ordres et s’installe près de York. Il entame sa carrière littéraire suite au succès que rencontre son premier pamphlet satirique auprès de ses amis. En 1760 il publie à compte d’auteur les deux premiers volumes de Life and opinion of Tristam Shandy Gentleman, et connait un immense succès qui l’incite à s’installer à Londres. Il signe un contrat à vie avec le libraire Dodsley stipulant qu’un volume doit paraître par an La vie mondaine l’épuise et ses médecins l’enjoignent à se reposer. Il fait alors un séjour en France, il se lie d’amitié avec Diderot avant de partir en cure à Bagnères-de-Bigorre. C’est ce périple qui lui inspire A sentimental journey Through France and Italy by Mr. Yorick (1768), mettant le mot « sentimental » à la mode. Il a beaucoup marqué la littérature anglaise en remettant en cause les conventions du roman bourgeois en brisant la narration par de nombreuses digressions et curiosités typographiques qui influencerons non seulement les auteurs du XVIIIe mais aussi les courants du XXe tel que le Nouveau Roman et l’Oulipo.
Saint-Omer, BASO, inv. 14562 A Sentimental Journey through France and Italy.- London : T. Becket, 1775.
Daniel Defoe Fils d’un boucher londonien, Defoe commence une carrière de pasteur presbytérien avant de renoncer pour se lancer dans une série de tentatives commerciales peu fructueuses, mais qui l’amènent à voyager régulièrement en Europe. Il rentre à Londres au début du siècle et décide d’y vivre de sa plume d’abord comme journaliste. Il fonde et dirige The Review en 1704, et est d’ailleurs considéré comme l’un des fondateurs du journalisme moderne. Engagé en politique, il espionne les Tories pour le compte des Whigs, ce qui lui vaut quelques séjours en prison… Mais il finit par s’éloigner de la vie politique et c’est à la fin de sa vie qu’il rédige en quelques années les romans qui l’ont rendu célèbre et notamment ses Aventures de Robinson Crusoé (1719), Captain Singleton (1720), Colonel Jack (1722), The Fortunes and Misfortunes of the famous Moll FLanders (1722), etc. Saint-Omer, BASO, inv. 13368 Contrairement à nombre de ses La vie et les avantures [sic] surprenantes de Robinson contemporains, Defoe n’a pas de culture Crusoe.- Amsterdam: Honoré & Chatelain, 1760. classique et son succès vient justement de son style simple, direct et encré dans la réalité et riche de son expérience pragmatique. Il créé des personnages mus par un optimisme presque naïf en la vie, le bon droit et un Dieu secourable à celui qui se donne les moyens de s’en sortir. Son don d’observation qui anima son talent journalistique fait merveille associé à une réelle maîtrise de la prose narrative qui lui fait décrire avec beaucoup d’acuité la classe moyenne anglaise alors en plein expansion.
John Baskerville Le typographe et imprimeur John Baskerville (1706-1775) commence sa carrière comme graveur d’inscriptions funéraires et vernisseur, ce qui lui permet de s’enrichir rapidement et de se tourner ensuite vers sa passion : la calligraphie. Il achète la propriété d’Easy Hill dans un cartier huppé de Birmingham et y installe sa maison et son imprimerie en 1750. Il confie à son associé John Handy la réalisation de caractères d’imprimerie, inspirés des romains du roi de Grandjean et de ceux de William Caslon, mais améliorés pour correspondre à une volonté de lisibilité : moins d’empâtement, plus d’axialité, etc. Il contribue aussi à améliorer la qualité des encres et du papier en diminuant la visibilité des fils de chaine pour le rendre plus lisse. Il pousse même le souci de perfection jusqu’à faire lustrer au fer à repasser les feuilles de papier avant impression, ce qui donne à ses éditions un fini encore jamais atteint jusque-là. Il publie son premier ouvrage en 1757, qui sera rapidement suivit par des classiques de la littérature anglaise. En 1758, Baskerville devient imprimeur de l’université de Cambridge. En 1764 il se lie d’amitié avec B. Franklin qui emporte un jeu de caractères de ses caractères aux Etats Unis où ils servirent, entre autre, à l’impression des premières publications fédérales et notamment à la Déclaration d’Indépendance.
Saint-Omer, BASO, 48813 D. Junii Juvenalis et Auli Persii Flacci Satyrae. Birmingham, John Baskerville, 1761.
Benjamin Franklin Benjamin Franklin est une figure incontournable de l’histoire américaine à qui l’humanité doit beaucoup sur le plan sociopolitique : antiesclavagiste signataire de la déclaration d’Indépendance des Etats unis, négociateur du traité d’alliance entre les USA et la France, fondateur de la première compagnie de sapeur-pompiers volontaires et de la première bibliothèque municipale en 1731, etc. Mais aussi génie universel à qui l’on doit de nombreuses inventions encore utilisées de nos jours depuis le paratonnerre jusqu’aux lunettes à double foyer en passant par la cartographie du Gulf Stream et par la théorisation du principe de l’« heure d’été ». Mais on ne doit pas oublier pour autant que son premier et principal métier a été celui d’imprimeur. D’abord apprenti chez Keimer à Philadelphie, il rencontre rapidement le gouverneur de la Pennsylvanie, qui lui propose de fonder sa propre imprimerie. Franklin y parvient après de nombreux déboires et un séjour à Londres, en s’associant avec un autre ancien ouvrier de chez Keimer. En 1729, il fait l'acquisition de la Gazette de Pennsylvanie et obtient également le marché de l’imprimerie du papier monnaie de l'État de Pennsylvanie, ce qui lui permet de rentrer enfin dans ses frais. Le 30 janvier 1730, il est élu imprimeur officiel du gouvernement de la Pennsylvanie.
Saint-Omer, BASO, inv. 2567 M.T. Cicero’s Cato Major, or his Discourse of old-age: with explanatory notes. [/ Collège des Jésuites anglais.- Philadelphie : B. Franklin, 1744.
un souffle d’indépendance inspire la littérature américaine naissante ! (fin du XVIIe au début du XIXe siècle) Le début de la littérature américaine est, comme on pouvait s’en douter, très influencé par la littérature britannique. Les premiers auteurs de la Nouvelle Angleterre sont majoritairement des protestants puritains, qui développent les thèmes de l’idéal social et religieux que les Pilgrim Fathers (Pères pèlerins) projettent d’établir au Nouveau Monde lorsqu’ils quittent Plymouth en 1620. S’ajoute à cela un désir d’indépendance de plus en plus fort qui les mènera à la guerre contre la tutelle anglaise. Une fois cette indépendance obtenue, les Américains se retrouvent paradoxalement coupés de leurs racines et doivent se construire une identité propre et déterminer ce que seront les « valeurs américaines ». Ils chercheront l’inspiration dans la philosophie des Lumières et notamment chez Rousseau, dont l’idéal philanthropique correspond en bien des points au puritanisme américain. Cette recherche se ressent tout particulièrement en littérature comme le prouve le succès que connaissent les Mémoires de Benjamin Franklin (1706-1790), où l’auteur teinte la description de ses souvenirs personnels, de considérations morales et philosophiques, qui témoignent des préoccupations identitaires des Américains, et qui font de son livre un véritable vadémécum de l’american way of life. Progressivement les grands thèmes de la culture américaine se développent.
C’est le cas de la conquête de l’Ouest par les premiers colons que racontent les romans de James Fenimore Cooper (1789-1851), ou le développement industriel des grandes villes décrit par HenryDavid Thoreau (1817-1862), qui contribue largement à la construction de l’identité américaine fortement imprégnée de religiosité. La production littéraire américaine se colore également de particularismes « régionaux ». Au Nord, la vie dans les vastes plaines herbeuses inspire une littérature bucolique, tandis qu’au Sud c’est la pesanteur de la vie dans les bayous et les champs de coton qui est transmise par la littérature. Par ailleurs, la diversité ethnique et religieuse génère également des spécificités stylistiques et thématiques. Selon les communautés on parle progressivement de Black literature, Jewish literature, Catholic literature, etc., expression qui seront consacrées au XXe siècle Au début du XIXe siècle, on voit également se développer la fiction, qu’un ancrage dans la réalité transforme progressivement en une véritable « mythologie » américaine : The Legend of Sleepy Hollow de Washington Irving (1783-1859), Lois of the Witch d’Elisabeth Gaskell (1810-1865) sur le thème des sorcières de Salem. Mais le plus grand représentant de la littérature fantastique américaine reste néanmoins Edgard Allan Poe (1809-1849).
James Fennimore Cooper Fils d’un pionnier qui a fondé une ville dans l’Etat de New-York, James Fenimore Cooper fait un séjour à Yale avant de s’engager dans la Marine Marchande. Il épouse une riche héritière en 1811 et entame une vie de Gentleman Farmer à la tête du domaine familial. Il compose son premier roman en 1820 mais c’est avec le second, The Spy, publié en 1821, qu’il acquiert sa notoriété d’écrivain. Quelques années plus tard il entame ce qui reste son œuvre la plus marquante : la geste de Natty Bumppo dit « Bas de cuirs » qui comprend 5 volumes qui l’occupent de 1823 à 1841 : The Pioneers, The Last of the Mohicans, The Prairie, The Path finder, The Deer-slayer. Il y décrit une vision idéalisée de l’harmonie naturelle détruite en quelques décennies par les colons en développant le thème de l’Eden détruit, ce qui l’a fait comparer à Walter Scott avec lequel il se lie d’amitié lors de son séjour sur le Vieux Continent. Il aura une grande influence sur les romantiques français : Hugo, Balzac, mais aussi des détracteurs aux Etats Unis : Poe ou Twain, qui lui reprochent son emphase et l’exagération de certains de ces romans.
Saint-Omer, BASO, inv. 8643 The last of the Mohicans. A narrative of 1757.- Paris : Baudry's European Library, 1835.
The Jack o' lantern (le feu-follet) or the privateer.- Paris : Baudry's European Library, 1843.
Thomas Jefferson Jefferson est surtout connu pour avoir été le 3e président des États-Unis d’Amériques, de 1801 à 1809, un grand défenseur des droits de l’homme, l’acheteur de la Louisiane et l’un des rédacteurs de la Déclaration d’indépendance. Mais on sait moins qu’il fait partie de l’élite des Lumières : polyglotte, il possède de vastes connaissances dans de nombreux domaines des sciences. Il était associé étranger de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres et membre, puis président, de la Société américaine de philosophie, un cercle de discussions fondé par Benjamin Franklin. Il s'intéresse notamment à l'amélioration de techniques agricoles : il tenait des carnets de notes agronomiques, expérimente plusieurs rotations des cultures et essaye d’améliorer la charrue.
Saint-Omer, BASO, inv. 16475-1 Jefferson, M., Président des Etats Unis d'Amérique, "Description d'une oreille de charrue, offrant le moins de résistance possible, et dont l'exécution est aussi facile que certaine" dans Annales du Muséum National d'Histoire Naturelle : par les professeurs de cet établissement.- Paris : Levrault frères, 1802, p. 322-332.
Washington Irving Washington Irving est né à New York en 1783, où sa famille, d’origine écossaise, y tient un commerce. Il étudie le droit et lit les classiques anglais, Chaucer, Spenser, qui influenceront beaucoup son style par la suite. En 1804 il part pour un voyage de trois ans en Europe. A son retour il devient chroniqueur pour le journal Salmagundi. N’ayant aucune inclination pour le droit, il se lance dans le commerce avec son frère et consacre son temps libre à la littérature. En 1815 il fait un séjour en Angleterre où il se lie avec Walter Scott, Byron, DickSaint-Omer, BASO, inv. 47623 ens, mais à son retour son Sketch Book.- New York ; Boston : H. M. Caldwell Co. Publisher, s.d commerce fait faillite et il se voit obligé d’écrire pour vivre. Il commence alors la rédaction de son Sketch Book. Le livre est d’abord refusé par plusieurs éditeurs new yorkais jusqu’à ce que W. Scott qui lui trouve un charme et une fraicheur « surprenant venant d’un écrivain américain »… le recommande à Murray qui finit par le publier entre 1819 et 1820. C’est un grand succès. Dans les années 1820 il repart en voyage sur le Vieux Continent tout en continuant de publier ses nouvelles. Il rentre en Amérique en 1832 où il est accueilli avec enthousiasme, son talent enfin reconnu chez lui. Et en 1842 il est nommé ambassadeur des États Unis en Espagne. Il termine sa vie dans sa maison de Sunnyside en compagnie de ses nièces.
Ralph Waldo Emerson Emerson est ordonné Pasteur en 1829 mais tombe en dépression après le décès de sa jeune épouse. Il abandonne alors sa charge et fait un long voyage en Europe où il rencontre de nombreux écrivains et philosophes du vieux continent qui nourriront sa réflexion personnelle. Le contact avec les romantiques anglais va notamment être à l’origine de la doctrine transcendantaliste qu’il fonde à partir des idées puritaines, du matérialisme post-kantien et de l’idéalisme romantique. Il en énonce la théorie dans son essai Nature publié en 1836. C’est un système qui place l’homme au centre d’une vision unifiée du monde où l’« âme » et la « nature » sont unifiés, où le microcosme et le macrocosme se répondent. Il développe cette philosophie dans ses essais qu’il publie entre 1841 et 1843, et dans ses poèmes parus en 1847. Sa dernière œuvre significative est The conduct of Life, qui parait en 1860 avant la guerre civile. Il est l’un des grands représentants de la culture américaine nouvellement libérée du poids de l’influence européenne.
Saint-Omer, BASO, inv.
47622
The Poems of Ralph Waldo Emerson, with an introduction by Nathan Haskell Dole.- New York : Thomas Y. Crowell & Company, [1899].
Saint-Omer, BASO, inv. 34822 The conduct of life and society and Solitude.- Londres : Macmillan & Co., 1883
Thomas Love Peacock Thomas Love est issu d’une famille aisée. Il reçoit une éducation privée et publie rapidement ses premiers recueils de poèmes. En 1812 il et se lie d’amitié avec le poète Percy B. Shelley dont il devient également le gestionnaire personnel. Bien que très proche du milieu romantique, il les critiquera en tournant en dérision leur passéisme suranné dans Nightmare Abbey (1818), et présente la poésie comme un genre littéraire désuet dans The Four Ages of Poetry (1820), auquel Shelley répond par A Defence of Poetry l’année suivante. Cette opposition intellectuelle entre les deux amis n’aura pas de conséquences sur leur estime réciproque. Peacock est d’ailleurs avec Byron l’un des exécuteurs testamentaires de Shelley, et l’auteur de la biographie de ce dernier.
Saint-Omer, inv. 47292
BASO,
[…] Memoirs of Shelley by Thomas Love Peacock.London : J.M. Dent, 1933.
Mary Shelley Mary Shelley, femme du poète Percy B. Shelley est l’une des premières romancières à vivre de sa plume. Son premier et plus fameux roman est Frankenstein, or the Modern Prometheus (1818) est le résultat de sa participation à un concours littéraire auquel elle se livra à l’instigation de Lord Byron qui proposa que chacun d’eux écrivît un « roman d’épouvante ». Ce roman gothique, un des premiers du genre, est devenu un best-seller mondial et a fait l’objet de multiples adaptations. L’œuvre romanesque de M. Shelley est empreinte d’un pessimisme typique de la première moitié du XIXe siècle, où la révolution industrielle fait s’interroger les intellectuels sur les bienfaits réels de la science, et sur la corruption sociale de l’idéal originel.
Saint-Omer, BASO, inv. 7426 Frankenstein : Par Mary W. Shelley.- Paris : Editions Cosmopolites, 1932
La littérature britannique, au cœur du romantisme… (1760-1840) Le Romantisme est un courant artistique européen qui touche tous les arts et se diffuse dès la fin du XVIIIe et durant la première moitié du XIXe siècle. Il est caractérisé par une affirmation des nationalismes qui génère un engouement pour le Moyen Âge, car on considère que c’est à cette époque que l’identité des peuples occidentaux se constitue et s’individualise. Parallèlement, le rationalisme hérité des Lumières se teinte d’une certaine forme d’anti-intellectualisme,fondé sur la conviction que la « pensée du coeur », les passions, sont un moteur essentiel de la communauté humaine. On en trouve notamment l’expression dans l’oeuvre de Thomas Love Peacock(17851866) qui combat surtout les idées sur l’esclavage, le spiritisme, l’argent et la science. Il organise ses narrations autour de personnages qui dialoguent. A cette époque, la société anglaise est transformée par l’industrialisation qui accentue le clivage social. On observe la montée en puissance des grands patrons et de la petite bourgeoisie tandis queles aristocrates s’éclipsent et que la classe ouvrière augmente. Toutefois, des progrès sont faits en matière d’éducation et de publication, qui rendent la lecture accessible à un plus grand nombre et, par extension, une certaine amélioration du statut de l’écrivain. En littérature, ce goût pour le Moyen Âge est notamment à l’origine du roman gothique. Les deux chefs d’oeuvre du genre sont le Frankenstein de Mary Shelley (1797-1851), qui dénonce les abus de la raison scientifique, et Melmoth the Wanderer de l’Irlandais Charles Maturin (17821824), inspiré du mythe de Faust et qui est à
l’origine du roman d’Honoré de Balzac, Melmoth Reconcilié. Sir Walter Scott (1771-1832) ressuscite quant à lui le Moyen Âge dans ses romans d’aventure qui contribuent à la recréation du passé héroïque de l’Ecosse et de l’Angleterre médiévale.
Lord Byron Byron nait dans une famille d’aristocrates anglais passablement ruinée… Il passe son enfance en Écosse chez sa mère avant d’intégrer l’école d’Harrow puis d’entrer au Trinity College de Cambridge. Ses premières publications poétiques sont assez vertement reçues par la critique, à laquelle il répond par une satire contre les poètes romantiques de son temps. Vers 1809 il entre à la chambre des Lords avant de faire son Tour du chevalier avec son ami John Cam Hobhouse. Durant ce voyage de deux ans il publie divers textes poétiques ou narratifs teintés d’orientalisme. De retour en Angleterre il est devenu très à la mode et multiplie les conquêtes mondaines avant de se marier pour peu de temps avec Annabella Milbanke. Après son divorce, criblé de dettes et accablé par le scandale, il fuit en Europe et s’installe d’abord sur les bords du lac Léman avec la famille Shelley avant de séjourner à Venise de 1817 à 1819. Il y mène une vie de débauche mais également riche d’inspiration littéraire. C’est là qu’il expérimente notamment pour la première fois dans son poème Beppo l’ottava rima – une strophe de huit vers en pentamètre iambiques : abababcc inspirés de Boccace – qu’il reprend ensuite dans son Don Juan, chef d’œuvre inachevé de plus de 16000 vers où il montre un éloignement vis-à-vis du romantisme qu’il a incarné à travers son Childe Harold’s Pilgrimage de 1812. Don Juan est un texte satirique où Byron développe une vision très ironique du monde, ce qui lui vaut d’être présenté comme le « chef de l’école Satanique », ce à quoi il réplique en publiant A vision of Judgment, en 1822. Dans les années 1820, pris par la mélancolie il s’engage corps et biens aux cotés des patriotes grecs dans leur lutte contre les turcs, mais meurt de malaria en 1824 sans même avoir combattu. Saint-Omer, BASO, inv. 5340 The complete works of Lord Byron : new edition entirely revised and corrected from the last London edition.- Paris : Baudry's european library, 1840
Sir Walter Scott Walter Scott est, comme l’indique son nom, d’origine écossaise. Après des études à l’Université d’Edimbourg, il se destine à la magistrature et est rapidement nommé shérif dans le Selkirkshire. C’est là qu’il commence à collecter des informations sur le folklore et la tradition orale populaire de son pays dans la lignée de Macpherson et Thomas Percy. Véritable « antiquaire » du folklore écossais, il revendique une perspective anthropologique. Parallèlement à cette activité de compilateur, il compose lui-même des romans et des poèmes d’inspiration médiévale et se fait le chantre du passé glorieux du Royaume Uni. Son œuvre majeure est Waverley (1814) où il révolutionne le roman historique en y mêlant des éléments du roman d’apprentissage. C’est le premier opus d’un cycle d’une douzaine d’œuvres dont le célèbre Ivanhoé (1820) fait connaitre l’œuvre de Scott dans toute l’Europe et influence de nombreux auteurs dont Victor Hugo. Il est aussi l’introducteur en Angleterre de la nouvelle fantastique, et influence à ce titre des romanciers comme R. L. Stevenson ou A. Conan Doyle. Saint-Omer, BASO, inv. 34818 The Poetical Works of Sir Walter Scott : with a sketch of his life by J. W. Lake : complete in one volume.- Philadelphie : J. Crissy, 1833 Saint-Omer, BASO, inv. 38912 Ivanhoe.- Londres ; Glasgow : Collins' Clear-Type Press, s.d.
Thomas Percy Thomas Percy est un des initiateurs du romantisme anglais par ses recherches sur le folklore de son pays. Elles aboutissent en 1765 à la publication d’un recueil de chants et de poésies narratives, historiques et merveilleuses de différentes époques, souvent adaptées par ses soins, qui ont par la suite une grande influence sur l’imaginaire des premiers auteurs romantiques.
Saint-Omer, BASO, inv. 47656 Reliques of Ancient English Poetry: consisting of old heroic ballads, songs, etc.- Londres : Frederick Warne and Co, [1880].
George Crabbe Vicaire d’un village de province, et disciple de Pope, Crabbe s’est fait le chantre de la misère du petit peuple anglais dont il décrit la vie avec un réalisme de terrain à la fois cru et touchant, encore fortement empreint de néoclassicisme.
Son refus de toute idéalisation bucolique, l’oppose à son contemporain Goldsmith qui offre pour sa part une vision champêtre qui s’inscrit plutôt dans la tradition des pastorales. Crabbe a développé un style très prosaïque qui s’efforce de rendre avec le plus de réalisme possible la vie sordide et la misère sociale de la population déshérité des asiles et des hospices.
Saint-Omer, BASO, inv. 4977 The Poetical Works of George Crabbe, complete in one volume.- Paris : W. Galignani, 1829
William Cowper Cowper a chanté lui aussi la campagne anglaise dans un style moins pessimiste que Crabbe mais sans tomber pour autant dans la complaisance bourgeoise en occultant la détresse qui peut parfois accompagner vie rurale. Souffrant de dépressions et d’obsessions mystiques, son œuvre laisse parfois entrevoir son mal être à travers la sombre peinture qu’il donne de la condition humaine, dont The Castaway (le Paria), publié en 1800, est le témoignage le plus évocateur.
Saint-Omer, BASO, inv. 47655 The Poetical Works of William Cowper, ESQ., of the inner Temple.Londres: T. Nelson and Sons, 1872
De la naissance de la poésie romantique (1760-1850) En poésie, l’inspiration médiévale du courant romantique nourrit de nombreux auteurscomme Thomas Chatterton qui imite le style des poètes anglais du Moyen Âge. Dans cet esprit, Percy publie des vieilles ballades nationales britanniques en 1765, tandis que Robert Burns (1759-1796) écrit lui aussi des poèmes nationalistes et révolutionnaires mais dans la tradition écossaise. Mais la poésie romantique est surtout le lieu privilégié de l’expression des passions, incarnées le plus souvent par des personnages aux âmes tourmentées et blessées par la vie, comme dans les Nuits d’Edward Young.
mentale s’exprime dans une série de poèmes satiriques et d’hymnes religieux dont le lyrisme fondé sur l’épanchement de l’âme et la communion avec la nature fera école. Les lakistes (de lake = les lacs) comptent en effet parmi leurs grandes figures : William Wordsworth (17701850), Samuel Taylor Coleridge (1772 1834), Robert Southey (1774-1843), Thomas Moore (1779-1852), John Keats (1795-1821),
Percy Bysshe Shelley (1792-1822), dont l’œuvre marque l’apogée de cet idéal de retour à la nature en chantant les lacs du Cumberland et du Westmorland. Ces âmes déchirées cherchent refuge dans la nature sauvage dont le désordre primitif s’offre comme un miroir à leurs tourments.
Certains poètes sont d’ailleurs eux-mêmes marqués par cette mélancolie maladive qui transparaît dans leur oeuvre. Ainsi, la poésie narrative de Georges Crabbe reflète la dualité entre sa fascination pour les perversités humaines et son désir d’équilibre. C’est aussi le cas de William Cowper (1731-1800), dont le tempérament suicidaire et l’instabilité
Mais la personnalité la plus puissante de cette époque est sans conteste William Blake (17571827). Sa poésie, sensible et énigmatique, exprime la nostalgie de l’innocence perdue et l’amour de la nature face à la souffrance, la violence, le mal et l’injustice des sociétés humaines. Il se fait le chantre des changements sociaux de son temps à travers une poésie aux accents prophétiques, nourrie par les grands mouvements de révolte contemporains : Révolution française, guerre d’Indépendance américaine, etc
Edward Young Après des études à Oxford, Young tente sa chance sans succès à la cour de la Reine Anne. Ses échecs littéraires et mondains lui inspirent alors une série de satires qui cette fois lui valent un début de renommée. Il décide d’embrasser la carrière ecclésiastique et devient recteur de la province de Welwyn où il compose entre 1742 et 1745 sa pièce maîtresse The Complaint, or Night Thoughts on Life, Death and Immortality. Il s’agit d’une vaste méditation poétique en neufs livres, qui associe célébration de la nature, considération funèbres et considérations moralisantes, et qui s’apparentent au genre préromantique de la « Poésie des cimetières ».
Saint-Omer, BASO, inv. 47755 The Complaint: or, Night-Thoughts on Life, Death, & Immortality : to which is added, a paraphrase on part of the book of Job.- Glasgow : Robert & Andrew Foulis, 1771.
James Macpherson Macpherson fait des études de théologie à Aberdeen et Edimbourg et publie en 1760 son édition d’anciens poèmes gaéliques traditionnellement attribués à Ossian, barde mythique du IIIe siècle. Bien qu’il soit vraisemblablement lui-même l’auteur de ces textes, il s’inscrit par sa démarche dans le mouvement romantique naissant, qui cherche à retrouver les racines culturelles de la vieille Europe afin de raviver les identités nationales. Le succès de ce cycle ossianique fut important et influença de nombreux autres écrivains dans toute l’Europe.
Saint-Omer, BASO, inv. 38901 Poems of Ossian.- Londres ; New York ; Melbourn : Walter Scott, sd.
Thomas Moore Thomas Moore est un poète et compositeur irlandais nationaliste auteur de nombreuses balades et chants patriotiques tels que The Minstrel Boy (Le Jeune Ménestrel). Ami et émule de Byron, il s’est inspiré de l’œuvre de ce dernier pour composer son poème orientalisant Lalla Rookh paru en 1817. Byron lui a aussi confié ses carnets intimes dont Moore s’est servi pour publier la biographie de son ami en 1830.
Saint-Omer, BASO, inv. 4974 The Poetical Works of Thomas Moore.- Paris : A. & w. Galignani, 1829
Samuel Taylor Coleridge
Coleridge est un des grands représentants du romantisme anglais. Ami de Wordsworth, c’est avec ce dernier qu’il visite l’Allemagne en 1799 et y découvre la littérature et la philosophie de Kant et Schiller, mais aussi l’opium et l’alcool qui alimenteront ses rêveries poétiques et mélancoliques sur les mystères de l’imagination et la force démiurgique de la nature. Curieux de tout il s’intéresse à tous les domaines de la culture et produit notamment plusieurs conférences sur la littérature, la théologie ou la politique. C’est également l’un des principaux théoriciens du romantisme à qui l’on doit certains concepts fondamentaux tel que l’unité de l’art et de la poésie ou le lien entre l’imagination, l’intelligence et la volonté.
Saint-Omer, BASO, inv. 47657 The Poetical works of S. T. Coleridge: with memoir, notes, etc.- reprinted from the early editions.- Londres : Frederick Warne and Co, s.d.
Percy Bysshe Shelley Génie précoce, à 18 ans il publie son premier roman, Zastrozzi. Après des études à Eton puis Oxford, il est expulsé de l’Université pour ses positions athées. Il fuit alors en Ecosse où il compose Queen Mab (La Reine Mab) en 1813, dont l’anarchisme utopique devient le texte de référence du mouvement social ouvrier des « Chartistes ». L’année suivante il fait un premier séjour en Suisse en compagnie de Mary Wollstonecraft et de Mary Godwin, fille du philosophe radical William Godwin dont la pensée influença beaucoup Shelley. Là-bas, il publie son premier recueil romantique Alastor or the Spirit of Solitude (1816) qui exprime sa mélancolie face aux aléas de la vie. Il retourne en Suisse quelques années plus tard avec Mary Shelley qu’il épouse quelques temps après, et sa demi-sœur Claire, et ils sont rejoints par Byron. En 1819 les Shelley quittent l’Angleterre pour s’installer en Italie où l’influence de la culture classique et de la Renaissance imprègnent sa poésie qui prend alors un tour de plus en plus lyrique teinté d’une idéologie mystique. En 1821 il publie son élégie sur la Mort de John Keats, Adonais, et il travaille à The Triumph of Life lorsqu’il meurt en mer pris dans une tempête.
Saint-Omer, BASO, inv. 47642 The Poetical works of Percy Bysshe Shelley.- Londres : Frederick Warne and Co, s.d.
Robert Southey Robert Southey commença par composer des poèmes épiques d’inspiration orientale, Thabala (1801), The Curse of Kehmala (1801), qui influenceront ceux de Byron. Son caractère romantique s’exprime également par ses poèmes épiques inspirés de l’époque médiévale comme Roderick, the Last of the Goths (1814), et par son goût pour le fantastique macabre que l’on perçoit dans ses Ballades et autres Poèmes (1805), qui offrent un écho poétique au roman gothique.
Saint-Omer, BASO, inv. 4971 The poetical works of Robert Southey: complete in one volume.- Paris : W. Galignani, 1829
John Keats D’abord destine à une carrière médicale, ses études classiques et la lecture de la Reine des Fées de Spenser lui révèlent sa vocation poétique qu’il nourrit des auteurs antiques et des poètes anglais de la Renaissance (Spenser, Shakespeare). Il publie son premier recueil en 1817 qui est mal reçu par la critique conservatrice et certains de ses contemporains dont Byron. Loin de l’abattre, et en dépit d’évènement familiaux douloureux, Keats connait en 1818 et 1819 deux années d’intense fécondité poétique pendant lesquelles il s’essaie à toutes les facettes du romantisme anglais : Isabella, tragédie inspirée de la Renaissance italienne, Lamia, conte mythologique mélancolique, La Veille de Sainte Agnès pour la romance médiévale, etc. Mais c’est avec ses Grande Odes (1819-1820) qu’il acquière la reconnaissance, grâce à une poétique raffiné qui exprime toutes les idées romantiques de son temps : culte du beau et de l’art, sentiment de l’éphémère, et idéalisation du paganisme antique. Atteint par la tuberculose, il exprime sa détresse dans la balade médiévale La Belle dame sans Merci publiée en 1820. Il tente de se refaire une santé en se rendant en Italie mais meurt à Rome en février 1821.
Saint-Omer, BASO, inv. 4972 The poetical works of Coleridge, Shelley, and Keats: complete in one volume.- Paris : W. Galignani, 1829
La littérature Victorienne, nouveau courant littéraire ! (1840-1900) Sous le règne de Victoria (1837-1901), la Grande-Bretagne devient une grande puissance industrielle et coloniale et développe une littérature prolifique. La littérature narrative acquiert progressivement ses lettres de noblesse, grâce notamment à un public de plus en plus nombreux et à la parution des romans en feuilletons dans la presse, qui permet aux personnes moins fortunées d’avoir accès à la littérature. C’est le roman de moeurs qui domine, au début du XIXe siècle, mais il reste tributaire des styles développés au XVIIIe siècle. Les deux plus importants auteurs du roman de moeurs sont des femmes : Jane Austen (1775-1817) et Maria Edgeworth (1767-1849). L’éducation morale stricte de la première transparait dans ses oeuvres où elle décrit admirablement la condition féminine dans un monde masculin et puritain. Maria Edgeworth contraste par le ton plus sarcastique qu’elle adopte dans Patronage, paru en 1824, pourd écrire la vie du grand monde. A partir des années 1840, on entre dans l’ère victorienne à proprement parler. Le « monument » du roman victorien est Charles Dickens (1812-1870). Ses oeuvres ont une dimension à la fois dramatique, symbolique et psychologique. Il décrit la société anglaise du XIXe siècle avec ses misères, ses drames, ses valeurs humaines ou sa décadence. Ses deux plus grands succès
sont Oliver Twist (paru en feuilleton de 1837 à 1837) et David Copperfield, roman autobiographique (paru en feuilleton de 1849 à 1850). William Makepeace Thackeray (1811-1863) est certes moins connu que Charles Dickens, mais il s’impose comme le maître de l’ironie. Le style élégant de ses romans s’inscrit dans la continuité de littérature du XVIIIe siècle. Le XIXe siècle fait aussi la part belle à la poésie avec de grands auteurs comme le mélancolique Alfred Tennyson (1809-1892), à la poésie empreinte de désespoir, ou Robert Browning (1812 -1889), qui croit au sens moral de l’homme et au progrès guidé par la foi. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à écrire, souvent sous des pseudonymes masculins. Ainsi Mary Ann Evans publie sous le nom de George Eliot, et les soeurs Brontë signent Currer et Acton Bell. Leurs romans témoignent d’une volonté de briser le carcan de l’orthodoxie bourgeoise. En 1847 Charlotte Brontë publie Jane Eyre et Emily, Les Hauts de Hurlevent, qui plongent le lecteur dans un univers de passions et de désirs d’autant plus forts qu’ils sont accentués par l’austérité de leur vie réelle. La fin du XIXe siècle est riche en succès littéraires avec des personnalités fortes qui s’émancipent souvent de la norme sociale : Arthur Conan Doyle (1859-1930) et son célèbre Sherlock Holmes, l’écossais Robert Louis Stevenson (1850 -1894 et son Treasure Island, (1883) , Lewis Carroll (1832-1898) avec Alice in Wonderland (1865), Bram Stoker (1847-1912) et son Dracula (1895), ou Oscar Wilde (1854-1900) qui incarne parfaitement cette fin de siècle dont il domine tous les genres jusqu’au théâtre, pourtant parent pauvre de la littérature du XIXe siècle.
Maria Edgeworth Maria Edgeworth est un écrivain anglais née en 1767 et décédée en 1849. Fort intéressée par la pédagogie notamment grâce à Jean-Jacques Rousseau dont elle s’inspire pour écrire en 1808 un Traité d’éducation, elle écrit également des contes moraux pour enfants, des romans historiques et régionaux sur l’Irlande, qui ont d’ailleurs une certaine influence sur Walter Scott, ainsi que des romans contemporains sur l’Angleterre. Maria Edgeworth a beaucoup écrit avec son père, dont elle termine les mémoires après le décès de ce dernier en 1817. Saint-Omer, BASO, inv. 7592 Forester, traduit de l'anglais de Miss Edgeworth, texte en regard, précédé d'un avant-propos sur l'application de la méthode Jacotot à l'étude de l'anglais par M. Benjamin Laroche.- Paris : Baudry's European Library, 1830. Cet exemplaire bilingue proviennent du legs d’Herbécourt. La méthode de Jean Joseph Jacotot (17701840) repose sur la révélation de la capacité d’apprendre par lui-même de l’individu plutôt qu’au transfert du savoir du maître à l’étudiant. Elle lui est venue lorsqu’enseignant à Louvain à des étudiants flamands dont il ne comprend pas la langue, il leur demande d’étudier une édition bilingue du Télémaque de Fénelon et se rend compte que ses étudiants se révèlent capables d’appréhender le fonctionnement de la phrase en français et de raconter en français ce qu’ils ont compris du roman.
Charles Dickens Charles Dickens, écrivain anglais, est né à Portsmouth en 1812 et décédé dans le Kent en 1870. Il passe son enfance à Chatham dans le Kent dont les paysages sont présents dans une bonne partie de son œuvre. En 1824, son père est enfermé pour dettes à Londres. Pour y pallier, à 12 ans, Charles Dickens est retiré de l’école et placé dans une usine de cirage. Cette expérience précoce de la misère, de l’humiliation et de la déchéance, le marque à jamais. Il se forme par la suite au métier de sténographe et travaille comme clerc d’avoué puis en tant que chroniqueur parlementaire et collaborateur de journaux humoristiques. Son talent d’écrivain peut s’affirmer et la notoriété lui vient avec Les aventures de M. Pickwick, un chef d’œuvre d’humour. Il en ressort l’image idéalisée et nostalgique d’une Angleterre excentrique et cordiale. Ses romans suivants, qui paraissent en fascicules mensuels, connaissent le même succès. En 1846, il fonde un quotidien qui dure moins d’un an. De 1850 à 1859, il dirige l’hebdomadaire Household Words. Il connaît durant toute sa vie et encore aujourd’hui une grande popularité mais il subit la critique académique. Charles Dickens, à cause des contraintes des échéances éditoriales, doit fournir un énorme travail et son œuvre n’est pas toujours sans défaut. Néanmoins, malgré le manque de mesure, les excès mélodramatiques et moralisants qui étouffent parfois son génie humoristique, Dickens est le plus grand narrateur anglais de son temps. Il crée une nouvelle forme littéraire, le roman social. Il explore également d’autres genres tels que le roman policier, le récit de fantômes, le roman humoristique ou la satire des mœurs.
Saint-Omer, BASO, inv. 9275 A Christmas Carol. Un conte de Noël.- Paris : Hachette et Cie, 1892
William Makepeace Thackeray Né en Inde en 1811 dans une famille de hauts fonctionnaires de l’Empire, il perd son père à l’âge de 5 ans. Supportant mal le climat indien, il part en Angleterre faire ses études pendant un an puis voyage beaucoup en Europe, notamment en Allemagne. Il retourne à Londres y faire des études de droit puis s’installe à Paris, où il s’intéresse à la peinture. La banque indienne dans laquelle sont placés ses biens fait faillite. Il doit alors travailler. Il devient journaliste à Paris pour des journaux anglais puis revient à Londres en 1837 où il travaille dans divers journaux dont le journal satirique Punch qui fait paraître une série de feuilletons hebdomadaires Le livre des snobs. Sa renommée commence. Elle est définitivement établie avec La foire aux vanités : un roman sans héros (1848- Saint-Omer, BASO, inv. 38385 1849). Ce roman bouleverse la littérature Vanity Fair. A Novel without a Hero.- Londres, Collins' anglaise par l’ampleur de la fresque clear - Type Press. [s.d.] sociale et la profondeur psychologique des personnages. Entre 1852 et 1856, il effectue une série de conférences aux Etats-Unis. En 1860, il devient rédacteur en chef du Cornhill Magazine, l’une des principales revues littéraires de cette période. De par l’acuité de sa critique sociale, son ironie mordante et l’originalité de sa narration, William Makepeace Thackeray est l’un des écrivains majeurs de l’Angleterre victorienne.
Lord Alfred Tennyson Alfred Tennyson, poète anglais, est né en 1809 et mort en 1892. Il fait partie d’une famille de 12 enfants, où son père est un révérend anglican et sa mère est très pieuse. Alfred Tennyson est envoyé en pension, où il commence à composer des poèmes avec l’un de ses frères. Un recueil paraît en 1827. La même année, il entre à l’université de Cambridge, où il rejoint un groupe qui débat de problèmes philosophiques majeurs. Il se lie avec Arthur Hallam et se fiance avec la sœur de ce dernier. Son premier recueil de poésies (1830) passe inaperçu. En 1831, son père meurt, ce qui l’oblige à quitter l’université pour s’occuper de sa famille. Son second recueil, paru en 1832, est lui aussi accueilli fraîchement. En 1833, son ami Arthur Hallam meurt. Totalement bouleversé, Tennyson écrit en sa mémoire l’un de ses plus célèbres poèmes In memoriam A.H.H. qui ne sera publié qu’en 1850. Tennyson devient dépressif et mélancolique. Il faut attendre 1842 pour voir la parution de deux volumes de poèmes, d’inspiration médiévale tirée des légendes arthuriennes. En 1850, il épouse Emily, la sœur de son ami Arthur. La publication du poème en hommage à celui-ci constitue un tournant dans sa carrière. Il voit sa position sociale et littéraire définitivement assurées quand la Reine Victoria le nomme poète lauréat en novembre 1850. Tennyson apparaît comme un postromantique lié aux influences de son époque, notamment le renouveau médiéval. Il reste mélancolique toute sa vie.
Saint-Omer, BASO, inv. 38393 Enoch Arden.- Paris, Hachette et Cie, 1892.
Robert Browning Robert Browning est un poète anglais né à Londres en 1812 et mort à Venise en 1889. Après avoir fait des études privées, il commence sa carrière littéraire en composant trois poèmes : Pauline (1833), Paracelse (1835) et Sordello (1840). Il écrit ensuite de nombreuses pièces poético -dramatiques qui sont réunies dans le recueil Cloches et Grenades en 1847. En 1846, il se marie avec Elizabeth Barrett et s’établit à Florence. Ses œuvres les plus significatives paraissent à partir de 1850, notamment des longues méditations métaphysiques et poèmes narratifs qui amorcent les prémices du Saint-Omer, BASO, inv. 38399 roman du XXe siècle. Il The Ring and the Book.- Londres, Thomas Nelson and Sons, sd. s’inspire de Goethe et de Carlyle et on lui associe des traits typiques de l’ère victorienne tels que la foi dans le progrès tout en maintenant les valeurs et les conventions bourgeoises. Il aime les situations psychologiques que l’on retrouve de drame en drame. Ses personnages ambivalents sont souvent animés par la recherche d’une gratification doublée d’autodestruction.
Mary Ann Evans (George Eliot) Fille d’un menuisier-charpentier qui a pu s’élever dans la hiérarchie sociale, Mary Ann bénéficie d’une solide éducation secondaire, marquée par le rigorisme moral de la confession évangélique. Après la mort de sa mère en 1836, elle doit se consacrer au service de son père. Elle poursuit seule sa formation en lettres (latin, grec, italien et allemand). Traductrice et journaliste, elle rencontre George Lewes, journaliste lui-aussi, avec qui elle vit jusqu’à sa mort en 1878, bien qu’il soit déjà marié. C’est lui qui encourage sa vocation tardive de romancière. Elle publie ses romans sous le pseudonyme de George Eliot, car, il est mal vu à cette époque d’être une femme écrivain. Elle commence à écrire en 1858, Scènes de la vie cléricale qui met en scène trois ecclésiastiques idéalistes. En 1859, elle publie Adam Bede, tiré d’un fait réel (cas d’infanticide) du XVIIIe siècle. Dans ses différentes œuvres, on retrouve des portraits psychologiques finement nuancés, l’omniprésence des considérations morales, des intrigues sentimentales décrites avec minutie. Reconnue comme la plus grande romancière de son temps, sa notoriété chute un peu à la génération suivante. Ce n’est qu’au début des années 1920 que le public redécouvre cette romancière.
Saint-Omer, BASO, inv. 9274 Silas Marner. The weaver of Raveloe.- Paris : Hachette et Cie, 1898.
Robert Louis Stevenson Ecrivain écossais, Robert Louis Stevenson voit le jour en 1850 à Edimbourg. Il décède en 1894. Né dans une famille d’ingénieurs spécialisés dans la construction de phares, Stevenson a une enfance dominée par la tuberculose. Sa nurse, grâce aux histoires souvent religieuses qu’elle lui raconte, joue un rôle essentiel dans sa formation. Il lui dédie un recueil de poèmes Jardin de poèmes enfantins (1885). A 16 ans, il publie son premier livre, La révolte du Pentland (1866) qui retrace le soulèvement de paysans puritains du XVIIe siècle. Sa santé fragile interrompt ses études. Il part vivre avec sa mère sur la Côte d’Azur. Entre 1868 et 1870, il voyage avec son père le long des côtes d’Ecosse. Inscrit à l’université pour devenir ingénieur, il choisit, au grand dam de sa famille, une autre voie et préfère un style de vie bohème agrémenté de nombreux voyages. En France, il rencontre une Américaine de 13 ans son aînée qui a déjà trois enfants, Fanny Osbourne. Il la rejoint aux Etats-Unis où ils se marient en 1880, à San Francisco. Il écrit L’île au Trésor (1883) pour son beau-fils Lloyd Osbourne, âgé de 13 ans. Après de nombreux voyages et de nombreux romans, il s’installe avec sa femme et ses beaux-enfants en 1890 dans les îles Samoa. Stevenson est foudroyé par une crise d’apoplexie en 1896 alors qu’il travaille sur un nouveau roman écossais Hermiston le juge Pendeur. Enterré tel un chef tribal, il repose aujourd’hui dans son île adoptive.
Saint-Omer, BASO, inv. 47298 Treasure island.- Londres, William Heinemann, 1924.
L’american littérature way of life… Dans la seconde moitié du siècle, l’optimisme et l’enthousiasme des promoteurs de l’American Way of Life tend à se nuancer. Des auteurs comme Herman Melville (1819-1891 ; Moby Dick-1851) explorent la noirceur de l’esprit humain dans des romans qui rejettent le modèle capitaliste sur lequel s’est construit la prospérité américaine. D’autres, comme Walt Whitman (1919-1892), s’engagent dans la lutte contre l’esclavage et se font les promoteurs de la démocratie, de la libre pensée et de la liberté sexuelle - annonçant avec un siècle d’avance le mouvement hippie des années 1960, et dans les années 1970 il devient une icône du mouvement d’émancipation homosexuelle. Whitman n’en est pas moins profondément nationaliste et fier de son pays, dont il célèbre la variété culturelle. Il va jusqu’à créer un « langage de la résistance » destiné à exprimer des notions typiquement américaines et qu’il décrit comme « une langue pour exprimer la grandeur, la foi, l’estime de soi, la liberté, la justice, l’égalité, l’amitié, l’amplitude, la prudence, la force de décision et le courage ». Parallèlement à la recherche d’identité, l’antagonisme Nord/Sud s’accentue autour de la question de l’esclavage. Un mouvement abolitionniste voit le jour, relayé par les arts et la littérature. L’une des grandes figures de ce moment est Jane Grey Swisshelm (1815-1884), fondatrice du journal antiesclavagiste Pittsburgh Saturday Visitor. C’est aussi à cette époque qu’Harriet Beecher Stowe (1811-1896) publie La case de l’oncle Tom (1852). Les Blacks Writers (écrivains afro-américains) sont rares à cette époque car nombre d’esclaves sont analphabètes, mais l’un d’eux, Frederick Douglass, contribue à faire connaître leur sort en publiant son autobiographie, Life and time of Frederick Douglass, en 1881. Son livre connait un grand succès car il parvient à rendre la réalité des choses sans sombrer dans l’excès de pathos L’american littérature way of life… et l’apitoiement sur soi. Il reste fidèle à l’idéal américain et à la foi en la Providence, ce qui lui permet de faire
apparaitre la communauté noire comme appartenant à la même Amérique que les blancs. Après la guerre civile, le pays doit se reconstruire et retrouver son unité. Nombre des concepts qui ont nourri son développement n’ont plus cours : la conquête de l’Ouest est achevée et la pluralité culturelle est freinée par le communautarisme de plus en plus sensible dans les grandes villes. Ces dernières connaissent un développement sans précédent et voient affluer des masses de populations rurales en quête de travail, dont beaucoup finissent dans des bidonvilles, la fracture sociale s’accentue. Tout cela contribue à générer un climat de malaise ambiant que relaie la littérature de cette époque. Les romans de Stephen Crane (1871-1900) développent une vision déterministe de la société. Ses héros passent de désillusions en désillusions pour terminer le plus souvent dans des conditions sordides. Quant à Theodore Dreiser (1871-1945), il décrit plutôt des personnages qui abandonnent leurs valeurs morales pour tenter d’atteindre leur but. Certains tentent toutefois de fuir cette morosité ambiante en renouant avec certains idéaux de la première Amérique tel Samuel Langhorn Clemens, dit Mark Twain (1835-1910). Ses romans d’aventures initiatiques (The Adventures of Tom Sawyer, 1876 ; The Adventures of Huckleberry Finn, 1884) mettent en scène de jeunes garçons qui portent sur le monde un regard frais et naïf qui dénonce l’absurdité de certains comportements sociaux. En matière de poésie, la fin de siècle est marquée par la personnalité et le style d’Emily Dickinson (1830-1886). Elle vit toute sa vie en recluse à l’écart des tumultes de son temps, et développe un style raffiné d’une savante simplicité qui traduit une intense recherche émotionnelle.
Herman Melville
Jane Grey Swisshelm
Frederick Douglass
Harriet Beecher Stowe
Theodore Dreiser
Stephen Crane
Samuel Langhorn Clemens dit Mark Twain
Emily Dickinson
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Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer—Juin / aout 2015