Trois générations au service du territoire

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EXPOSITION

Trois

générations

au service du territoire

La famille Allan-Brogniart et leur héritage

Du 5 février au 27 avril 2016 Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer 40 rue Gambetta 62500 Saint-Omer ENTRÉE LIBRE Les mardi, mercredi, vendredi, samedi 9h-12h30/13h30-18h et jusque 19h le vendredi Tél : 03.21.38.35.08 – www.bibliotheque-agglo-stomer.fr


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La famille Allan-Brogniart et leur héritage

Un don à l’origine de cette exposition… Lieux de culture, de documentation et de loisirs, les bibliothèques permettent à tous les publics d’accéder à une grande variété de fonds. Afin de continuer à susciter leur curiosité, les collections ne cessent de s’enrichir grâce aux acquisitions mais aussi aux dons. Par ce geste, les donateurs font le choix d’assurer la conservation de leurs documents et offrent également la possibilité à tous de découvrir ce patrimoine. Au cours de l’été 2014, Monsieur Patrick Allan et Madame Myriam Delhaye-Allan ont généreusement fait don, à la Communauté d’Agglomération de Saint-Omer, d’une partie de leur bibliothèque et des archives familiales. A travers ces documents, la famille Allan-Brogniart nous fait entrevoir les parcours personnels et professionnels d’Arthur Brogniart, Alphonse Brogniart et Jean Allan, trois générations au service de la communauté.


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La famille Allan-Brogniart et leur héritage

La famille Allan-Brogniart La famille Brogniart est implantée depuis au moins le milieu du XVIIe siècle à Wizernes où ils exercent la profession de menuisier-charpentier de père en fils. Le plus ancien membre attesté est Martin Brogniart né vers 1650. C’est Alexis Brogniart (1829-1904), menuisier, fils de Pierre Joseph Brogniart et d’Alexandrine Albertine Payen, qui s’installe à Saint-Omer avec son épouse Honorine Cholet, au milieu du XIXe siècle. Ils résident successivement au n°15 rue du Mortier, n°40 rue de Dunkerque, puis au n°54 rue de Courteville. Alexis Brogniart et Honorine Cholet ont quatre enfants : Eugénie, Arthur, Louis et Maria.


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Trois générations au service de la ville (I) La ville de Saint-Omer a accueilli au sein de ses établissements trois générations de la famille Allan-Brogniart : Arthur Brogniart, Alphonse Brogniart et Jean Allan.

Arthur Brogniart (1856-1931) Bien que primé à plusieurs reprises en architecture à l’Ecole des Beaux-Arts, Arthur Brogniart se consacre d’abord à l’activité familiale, la menuiserie, avant de rentrer au sein des services municipaux de Saint-Omer. Il commence alors au poste de piqueur des travaux : il surveille les chantiers et dirige les ouvriers, tout en étant sous les ordres de l’architecte de la ville. Au fil des années, il gravit les échelons pour atteindre celui d’architecte-voyer de la ville le 1er janvier 1880. Ce grade lui confère alors la gestion des édifices communaux et de la voirie publique. En parallèle à cela, sans doute dès les années 1880, Arthur Brogniart devient professeur d’architecture à l’Ecole des Beaux-Arts, où son enseignement est reconnu, notamment avec la distinction d’Officier d’Académie le 20 janvier 1909. Il exerce l’ensemble de ces activités jusqu’en 1912. Photographie du personnel de mairie en 1912. Arthur Brogniart est placé au 1er rang, sur la 2e chaise en partant de la gauche. Son fils, Alphonse, est placé au dernier rang à droite. — Collection particulière de la famille Allan

Alphonse Brogniart (1886-1964) Alphonse Brogniart suit l’ensemble de sa scolarité à Saint-Omer, notamment au Lycée Ribot où il est auréolé par de nombreux prix. Il y fréquente aussi la section architecture de l’Ecole des Beaux-Arts où il est remarqué pour ses travaux au début des années 1900. A la suite de son baccalauréat et de la classe préparatoire du Lycée Faidherbe de Lille, il intègre l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris en 1906. Il y reçoit alors une solide formation dans les domaines scientifiques et industriels et en sort ingénieur en 1909.

Photographie des élèves de l’Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris au début du XXe siècle. Alphonse Brogniart est placé au 1er plan sur la droite, tenant une canne. — Collection particulière de la famille Allan

Alphonse Brogniart succède alors à son père à la tête du Bureau des travaux le 1er janvier 1912 et au poste de professeur à l’Ecole des Beaux-Arts le 30 avril 1912. Deux ans plus tard, en août 1914, il est mobilisé en tant que lieutenant d’artillerie : son père, Arthur Brogniart reprend donc du service à la demande du Maire, Edmond Lefebvre du Prey, jusqu’au retour de son fils, promu capitaine et décoré de la Médaille de la Victoire, en 1919.


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Trois générations au service de la ville (II) Peu de temps après, au début des années 1920, Alphonse Brogniart décide d’ouvrir également un cabinet d’architecte privé dans l’extension de sa maison, au n°23 de la rue de Longueville. Il est alors secondé par un employé, Arthur Bacon, dès 1921, sur différents projets dans la région audomaroise. Mais, la Seconde Guerre mondiale éclate et entraîne la mobilisation d’Alphonse Brogniart jusqu’en avril 1941. Lorsqu’il revient, il sert à nouveau la ville : il déblaie les immeubles bombardés, recherche les victimes et effectue des travaux dans certaines rues détruites. L’année qui suit la fin du conflit, le 7 mai 1946, Alphonse Brogniart prend sa retraite.

La maison familiale au n° 23 de la rue de Longueville, à Saint-Omer. — Collection particulière de la famille Allan

Alphonse Brogniart devant la subdivision du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, place Pierre Bonhomme, à Saint-Omer, en 1949. — Collection particulière de la famille Allan

Jean Allan (1916-2003) Après un stage de dessinateur au Bureau d’études de la Société des Fonderies et Constructions de Saint-Omer (n°29 du quai du Haut-Pont), il est employé par les Ponts et Chaussées de Saint-Omer de mars 1936 à octobre 1937 en qualité d’aide opérateur de nivellement et levé des plans, dessinateur et surveillant de travaux. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est démobilisé en 1940, ce qui lui permet d’aider aux travaux de voirie à SaintOmer. A partir du 10 avril 1941, il entre à la Mairie comme dessinateur au Service des travaux et travaille avec son beaupère, Alphonse Brogniart.

Jean Allan dans son bureau à la Mairie de Saint-Omer en 1976. — Collection particulière de la famille Allan

Une fois au sein des services municipaux, il s’élève progressivement dans la hiérarchie : de surveillant des travaux, il est promu adjoint technique du Service des travaux le 20 avril 1957, puis, chef de bureau à la direction des Services techniques le 2 juin 1962 et enfin directeur des Services techniques de la ville le 6 mai 1963. Comme ses prédécesseurs, il donne également des cours à l’Ecole des Beaux-Arts entre 1942 et 1950 : tout d’abord pour le cours d’architecture et mécanique, puis, en dessin-menuiserie. Treize ans après sa nomination en tant que directeur des Services techniques, le 1er décembre 1976, à l’âge de 60 ans, il quitte ses fonctions.


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Des acteurs de la rénovation urbaine Durant leur carrière, Arthur et Alphonse Brogniart ainsi que Jean Allan ont participé aux grands chantiers de Saint-Omer et ont contribué à l’évolution urbaine de la ville.

A l’époque d’Arthur Brogniart, la ville est encore enfermée dans ses remparts et a peu changé. En effet, le démantèlement envisagé depuis les années 1870 ne devient effectif qu’à partir de 1892. De nouvelles voiries, les boulevards, sont créés en lieu et place des fortifications et les abords sont édifiés : boulevard de Strasbourg au nord, rue de Thérouanne, puis boulevard Clémenceau au sud. De nouveaux équipements apparaissent : le quai du Commerce avec le redressement du canal et la gare avec le pont à l’est. A l’ouest, les fortifications sont par contre conservées. Dans leur partie centrale, un jardin public est alors aménagé tandis que les abords restent des terrains militaires. Quant au sud, apparaissent un nouvel abattoir, des garages…

Démantèlement des fortifications de Saint-Omer dans les années 1890. — BASO, album Boitel

Alphonse Brogniart accompagne les travaux de la cité Ribot en 1913, le réaménagement des espaces d’exposition du musée de l’Hôtel Sandelin suite à la donation du Teil Chaix d’Est-Ange en 1921, puis les constructions le long du boulevard Clémenceau dans l’entre-deux guerres. Sa charge est d’ailleurs importante lors de la seconde reconstruction après 1945 : des travaux sont menés rue d’Arras, dans le quartier Perpignan, autour de Saint-Bertin, de la gare et au carrefour des rues Saint-Jean, Allent et Valbelle. Il assiste aussi aux débuts de la campagne de construction de nouveaux logements dans le futur quartier de l’Esplanade.

Jean Allan est responsable des services techniques de la ville dès mai 1963, sous les mandats des maires Pierre Guillain (1953-1965) et Raymond Senellart (1965-1977). Alors que le district vient d’être créé (1962), il suit les opérations d’assainissement dans la ville et de construction d’une station d’épuration, de la mise en place de la collecte des ordures ménagères et de la réalisation d’un incinérateur en 1976. Il suivra la mise en œuvre de nombreux équipements publics dans tous les domaines : sportif avec la réalisation de la piscine du boulevard Vauban puis de la piscine couverte (1973), les salles des sports Charles de Gaulle et du Brockus, le vélodrome ; scolaire avec le collège de l’Esplanade en 1966 puis le collège Monsigny ; socio-culturel avec la nouvelle scénographie du musée Dupuis (1972), la création d’un auditorium dans la salle des concerts (1973), la maison des associations (1973), le foyer des jeunes travailleurs (1974) et l’aménagement du jardin public (1974-1976).

Piscine du boulevard Vauban, à Saint-Omer. — BASO, collection Gracia


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Un chantier phare : le théâtre de Saint-Omer L’hôtel de ville a accueilli les services municipaux de 1840 à 2015 et notamment les bureaux d’Arthur, d’Alphonse Brogniart puis de Jean Allan. En outre, l’édifice abrite en son sein, de manière originale, un théâtre à l’italienne. Il s’agit de la réponse de l’architecte PierreBernard Lefranc à la demande d’une salle de spectacle, souhaitée par la municipalité, dans le programme du bâtiment.

Carte postale de l’hôtel de ville de Saint-Omer (vers 1913). — BASO, 1Fi 3

La formule du théâtre à l’italienne, née en Italie au XVIIe siècle, associe une scène à plancher incliné avec décors et machinerie et une salle d’opéra avec un parterre et des loges. Elle connait un grand succès en France aux XVIIIe-XIXe siècles. Le théâtre de Saint-Omer est ainsi l’un des rares exemples en Europe à avoir conservé sa machinerie d’origine. L’édifice a pourtant fait l’objet de travaux d’adaptation, que nos deux architectes et le directeur des services techniques de la ville ont accompagnés. Arthur Brogniart a suivi les travaux de réfection complète menés par Léon Delpierre de juillet 1903 à février 1905 : scène, machinerie, plancher, loges et poulailler. La salle prend alors le décor qu’on lui connait encore aujourd’hui.

Coupe du théâtre de Saint-Omer (1838). — BASO, Archives communales de Saint-Omer

Son fils Alphonse Brogniart supervisera, tout au long de sa carrière, l’évolution de l’éclairage. Peu après son retour de la Première Guerre mondiale, l’éclairage au gaz est remplacé par la première installation électrique. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, on y installe aussi un jeu d’orgue et un rideau de fer pour la sécurité. Jean Allan est directeur des services techniques lors de la rénovation du hall de l’hôtel de ville et de l’aménagement du monte-charge sous la scène au milieu des années 1960. A la fin de sa carrière, il connaîtra la fermeture du théâtre au public en 1973. Vue actuelle du théâtre de Saint-Omer. — Photographie © C. Peterolff


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De bons élèves Parmi les ouvrages de la bibliothèque de la famille Allan-Brogniart, on trouve un bon nombre de livres de prix qui confirment le goût d’Arthur et Alphonse Brogniart pour les études. Ces récompenses nous permettent de retracer de manière amusante la scolarité du père et du fils puisqu’à chaque fois, ou presque, on y trouve un billet qui mentionne l’institution décernant le prix, ainsi que le niveau, la discipline et l’année d’obtention.

On apprend ainsi qu’Arthur et Alphonse ont fréquenté l’école communale et l’école des Beaux-Arts de Saint-Omer. Après une scolarité au Lycée de Saint-Omer, Alphonse poursuit ses études au Lycée Faidherbe de Lille, avant de rejoindre l’École Centrale à Paris. Le futur architecte-voyer de Saint-Omer est plutôt prometteur si l’on en juge par la variété des disciplines dans lesquelles il s’est illustré, tant dans les domaines littéraires que techniques. Cette bibliothèque témoigne de l’ascension sociale des Brogniart qui s’est faite en partie grâce à l’accès à la culture et au savoir dans les écoles publiques qui se développent au XIXe siècle et au début du XXe siècle. À cette époque, la démocratisation scolaire devient de plus en plus tangible grâce à l’accroissement des moyens en personnel et en infrastructures de l’enseignement secondaire et supérieur. En se démocratisant, l’éducation est devenue et demeure le plus puissant instrument de mobilité sociale et le principal outil de l’ascension sociale, même si dans les faits le paradoxe d’Anderson invite quand même à nuancer cette affirmation*.

Lauréat Elie Rozet 47414

Arthur

Alphonse

Prix 1er prix d'orthographe

Année 26 août 1847

Section

1er prix d'arithmétique 23 août 1865 prix d'histoire et 16 août 1869 géographie de France par l'école communale de Saint-Omer prix d'honneur 16 août 1870

3e division

1er prix de charpente

classe d'architecture

2e prix d'ornement 1er cours prix d’exception prix de calligraphie 2e prix d'allemand prix d'excellence 1er prix de Français prix du tableau d'honneur prix d'exception prix d'architecture 1er prix offert par M. le ministre des BeauxArts prix de géométrie descriptive / épure 1er prix de science physique

l'année académique 1872-1873 5 août 1897 12 juillet 1899 31 juillet 1899 31 juillet 1899 29 juillet 1900 29 juillet 1900

dessin, sculpture, architecture

5e moderne 4e moderne

17 janvier 1902 28 juillet 1902

3e moderne

1er août 1904

classe d'architecture

28 juillet 1906

école communale de Saint-Omer école communale d'enseignement mutuel de SaintOmer école des BeauxArts de Saint Omer

6e moderne

28 juillet 1906

Institution école du Saint Sépulcre

classe de Centrale

lycée de SaintOmer

école des BeauxArts de SaintOmer lycée Faidherbe à Lille

On trouve également deux livres de prix parmi les livres anciens de cette collection. L’un a été décerné le 30 août 1817 à un certain François Lefebvre, comme prix de rhétorique, par son professeur Dom Blerios, en présence du directeur Dom Dutertre. L’autre est plus ancien, il a été remis le 3 janvier 1765 à l’élève Hellemans du collège d’Arras, en classe d’humanités, par son professeur F. Marlier.

*Paradoxe développé en 1961 par le sociologue Charles A. Anderson. Celui-ci explique qu’un fils peut avoir une position sociale moins élevée que son père, en ayant un diplôme plus élevé que lui, dans la mesure où le diplôme perd de sa valeur en se diffusant à une population plus importante.


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Des techniciens La bibliothèque des Brogniart reflète leur carrière par la présence de plusieurs ouvrages très spécialisés dans l’ingénierie des ponts et chaussées et l’architecture. Ainsi, trouve-t-on plusieurs dictionnaires spécialisés tel le Dictionnaire des termes employés dans la construction de Pierre Chabat (Paris, Morel, 1875), qui concerne la connaissance et l’emploi des différents matériaux de construction ainsi que l’outillage qui sert à leur mise en œuvre, avec des éléments de législation des bâtiments. Et bien entendu les Brogniart se servaient du fameux Dictionnaire des constructions et de la contiguïté, aussi appelé « Code Perrin », du nom du jurisconsulte qui l’a conçu ici dans sa 5e édition revue et mise à jour par les juristes Ambroise Rendu et Jean Sirey (Paris, Marchal, Billard et Cie, 1880). Parallèlement à ces ouvrages usuels, on trouve un lot de traités théoriques concernant le calcul et la mesure, comme les Tables de logarithmes à sept décimales de J. Dupuis (Paris, Hachette, 1880), un Cours de géométrie descriptive […] à l’usage des candidats à l’École polytechnique, à l’École normale supérieure et à l’École centrale par Adrien Javary (Paris, C. Delagrave, 1881), des formules, tables et renseignements usuels : Aide-mémoire des ingénieurs, des architectes etc. de Joseph Claudel (Paris, Dunod, 1920) ou encore une Pratique de la mécanique appliquée à la résistance des matériaux de Paul Planat (Paris, Dujardin, [18..]) et le Guide du conducteur des ponts et chaussées* et du garde-mines d’Alphonse Debauve (Paris, Dunod, 1881).

Dans le premier tome de ce guide, nous avons retrouvé un exemplaire du Programme des épreuves à subir pour entrer dans le service de la Voie de la Compagnie de Chemin de fer du Nord et les épreuves du Concours pour l’admission à l’emploi de Conducteur datés de 1884.

Ces ouvrages très théoriques sont complétés par un ensemble de manuels et de revues qui reflètent leur spécialisation technique, comme le manuel d’A. L. Cordeau sur la Charpente en fer et serrurerie (Paris, Librairie centrale des Beaux-Arts, [19..]), celui de J. Riboulet sur L’escalier en bois (Paris Eyrolles, [19..]), ou encore la revue L’Architecture usuelle : revue technique... Certains titres témoignent aussi d’un intérêt prononcé pour la dimension esthétique et historique de l’architecture, comme l’ouvrage de Lacroux et Detain sur La Brique ordinaire : au point de vue décoratif (Paris, Ducher et Cie, 1878), L’architecture moderne : Nord de la France (Paris, Armand Guérinet, [s.d. - 19..?]), Petites maisons pittoresques : Villas, cottages, habitations à bon marché, hôtels privés, habitations ouvrières. Façades, intérieurs, plans, coupes (Paris, Ducher, [s.d. - 19..]). On trouve aussi le Dictionnaire raisonné d’architecture et des sciences et arts qui s’y rattachent d’Ernest Bosc (Paris, Firmin-Didot, 1877-1880), qui offre un regard historique sur plus de 6000 termes et est considéré comme un bon complément du dictionnaire d’architecture de Viollet-le-Duc.

* ancien nom des ingénieurs des travaux publics de l’Etat

L’architecte Ernest Bosc est surtout connu sous son pseudonyme J. Marcus de Vèze, comme l’auteur d’ouvrages consacrés à la transmutation des métaux, la magie, la vie astrale, les miroirs magiques et à tout ce qui touche à l’ésotérisme...


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Le goût des arts La formation artistique suivie à l’école des Beaux-Arts de Saint-Omer et le goût de nos deux ingénieurs pour le bel ouvrage expliquent certainement l’impressionnante collection de livres d’art dans la bibliothèque familiale. Elle reflète aussi le goût des milieux lettrés de l’époque pour les beaux-arts et la place qu’ils occupaient alors dans la culture et l’éducation. On y retrouve notamment deux grandes collections qui connurent un certain succès à cette époque. La Bibliothèque de l’enseignement des beaux-arts a été publiée en 1885, sous la direction de Jules Victor Abel Eugène Jean Comte (1846-1912), fondateur de la Revue de l’art ancien et moderne, lors de sa dernière année en tant que chef de la division de l’Enseignement au Ministère des Beaux-Arts, inspecteur général des Écoles d’arts décoratifs. L’année suivante, il est nommé directeur des bâtiments civils et des palais nationaux. Cette collection, richement illustrée, réunit les meilleurs spécialistes de chaque domaine, qui ont eu pour tâche de proposer, dans un premier temps, une véritable théorie universelle des arts. Dans un second temps, les volumes se spécialisent et couvrent toutes les divisions de l’Art et de ses applications, y compris industrielles. L’objectif est éminemment éducatif : instruire en intéressant, être accessible au plus grand nombre tant aux institutions qu’au grand public, grâce notamment à un prix relativement bas pour l’époque : 3F50 à 4F50. La réussite de cette entreprise lui vaut de se voir décerner le Prix Montyon par l’Académie

Française.

L’autre collection fameuse de cette époque est la Grammaire des Styles. Collection de précis sur l’histoire de l’art, publiée chez Flammarion sous la direction de Henry Marie Radegonde Martin (1852-1927). Elle est aussi conçue pour rendre accessible l’histoire de l’art. Ses volumes juxtaposent les illustrations à un texte concis, aisément assimilable même par les non-initiés. La famille s’intéresse aussi aux gloires artistiques locales comme en témoigne un numéro isolé du Figaro Artistique (121, 3e année) daté du 1er juillet 1926, dans lequel est publié un article consacré à la collection du Teil Chaix d’Est-Ange, conservée au Musée de Saint-Omer, le Guide des touristes dans la ville de Saint-Omer, ses environs et son arrondissement publié par l’Abbé Dussautoir et la biographie de François Chifflart, par Louis Noël (Lille, Vandroth-Fauconnier, 1902).


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Le goût des livres La bibliothèque de la famille Allan-Brogniart comprend aussi une petite collection de livres anciens et de reliures fines des XVIIe et XVIIIe siècles, où transparaissent quatre thématiques : la religion et la nature, les belles-lettres et l’histoire. Il est difficile de reconstituer l’histoire de cet ensemble relativement hétérogène. En outre, plusieurs de ces volumes sont des tomes isolés d’une série désormais incomplète… aléas de l’histoire d’une bibliothèque ou acquisitions coup de cœur en brocante ou chez un libraire… impossible à dire.

Parmi les ouvrages de religion, on trouve un recueil de Vies des saints (Paris, 1820) organisé selon l’année liturgique dans la tradition de la Légende dorée de Jacques de Voragine, un exemplaire de la traduction du Nouveau Testament par Isaac Le Maistre de Sacy, imprimé à Paris en 1771, et un ouvrage de morale chrétienne par François-Philippe Mesenguy. Hasard ou coïncidence ? Le Maistre de Sacy et François-Philippe Mesenguy sont deux auteurs jansénistes… S’y ajoute un recueil d’oraisons funèbres par Bossuet publié à Paris chez Dessaint en 1761.

Bossuet peut aussi être considéré comme faisant partie des belles-lettres qui sont représentées ici par un volume de la traduction des œuvres de Virgile en français par l’abbé Des Fontaines (Paris, 1774), une traduction de La Jérusalem délivrée du Tasse (Paris, 1817) et un tome des Mélanges sur la Littérature de Jean-Baptiste de la Harpe (Paris, 1810). On y trouve aussi une curiosité littéraire : L’Homme des Champs ou les Géorgiques Françoises, traduction française du Ruricola de l’abbé Delisle, un pastiche nationaliste de l’œuvre de Virgile. Quant à l’histoire, elle est représentée par un exemplaire peu courant du Discours couronné par la Société royale des arts et sciences de Metz donné par Robespierre en 1784 et publié en 1785, et une Vie de Napoléon Bonaparte publiée chez Chassaignon en 1821.

Enfin, l’intérêt pour la nature ou les sciences naturelles est illustré par un exemplaire du Jardinier fleuriste : ou la culture universelle des fleurs, arbres, arbustes, arbrisseaux servant à l’embellissement des jardins (Paris, 1738) et par les Études de la nature de Bernardin de Saint-Pierre (Paris, 1791-1792).

On peut aussi y ajouter un exemplaire de la Nouvelle découverte d’un très grand pays situé dans l’Amérique, entre le Nouveau Mexique et la mer Glaciale (Amsterdam, 1704). Il s’agit de la troisième édition de la description du Canada et de la Louisiane par le Père Louis Hennepin, qui y a passé plusieurs années en mission. Cet ouvrage est considéré comme l’une des plus fidèles descriptions des mœurs des Amérindiens à cette époque.


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Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer - Février 2016


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