Gazette n°46

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Février 2008 – N°46 LA GAZETTE Encore une année pleine de promesses s'offre à nous. Promesse de la pérennité de notre entreprise d'histoire. Promesse de l'effort d'amitié entre nous. Promesse d'oeuvrer, du plus profond de nos coeurs et de nos archives, pour que la connaissance de notre passé soit l'héritage de tous et non plus celui d'une intime coalition. Toute page du Caluire ancien appartient de droit à chacun de ceux qui ont choisi de se greffer sur l'arbre commun, adoptant ainsi son passé, son héritage, mais également celui de la participation à des pages d'avenir dignes de celles qui ont précédé. L'Histoire, pour nous, ne doit pas être seulement le récit des invasions armées, ni non plus, celui de la construction d'un immeuble qui défie le temps. L'Histoire, c'est également la trace modeste du passage de la vie de nos anciens, manifestée par une plaque de portail, un puits, des croix, un de ces témoignages de la vie d'êtres humains, nos aïeux, sur ce sol que nous avons adopté et qui cherche à nous convaincre de ce bonheur qui est le notre, de vivre en symbiose avec lui.

PROGRAMME VISITES: - SAMEDI 12 AVRIL: MUSEE DES POMPIERS - 14 h 358, avenue de Champagne - LYON 9e (La Duchère) - SAMEDI 24 MAI: FORT DE VANCIA - 14 h 15 Visites gratuites - Rendez-vous sur place - inscrivez-vous CONFÉRENCES: - MARDI 3 JUIN: par le Professeur Jean Olivier PEYRIN "Les problèmes de l'Énergie au XXlème siècle" * nous aurons d'autres conférences, en attente de confirmation

Et toujours nos réunions mensuelles, pour toutes et tous : Chaque 2e mardi du mois

Salle Jean Moulin De 10h à 12h

PATRIMOINE La base de notre Association est de s'occuper de l'histoire, mais aussi du patrimoine. Les destructions gomment le passé, et tout patrimoine détruit est une atteinte à l'histoire de notre commune. Nous avons entrepris une action, auprès du Service de l'Urbanisme, afin d'être mieux informés et participer du mieux possible à des actions de sauvegarde. Nous sommes très heureux d'avoir pu ainsi éviter le déplacement du majestueux portail de l'ADAPEI, avec tous les risques de détérioration inhérents à ce genre d'opération. En pages 2 et 3, un article de Marcel GAY vous en conte l'historique

APPEL A COTISATION Notre trésorier dort très mal car il ne voit pas arriver les cotisations, bien qu'il ait changé de lunettes... Pensez à lui, rendez-lui sa sérénité !

MONTCHOISY Après un très important travail de Victor Mangola et Brigitte Peloux-Chardiny, notre Association vient d'éditer une monographie sur cette magnifique propriété des Marroniers. Ouvrage broché de 40 pages, avec plans et abondamment illustré, disponible au prix de 15 € -

Jo Basse Une page de notre histoire qui a été gommée, ne nous laissant que cette grille d'entrée majestueuse !

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LE PORTAIL DU 80 RUE COSTE A cette adresse, il est impossible de ne pas remarquer un magnifique portail en fer forgé, entouré d'un élégant appareillage de pierres blanches garni de bornes charretières de forme peu courante. Malheureusement il n'est pleinement visible qu'en -période hivernale, car envahi par une glycine le reste de l'année, et fermé depuis plus de 25 ans. Nous avons là un témoignage du passé de cette rue Coste, du temps où elle s'appelait chemin de la Croix-Rousse. Cet imposant portail de fer forgé, possède d'élégants rinceaux en partie supérieure, et porte fièrement dans un ovale la lettre "B", l'initiale du propriétaire bâtisseur, comme il est coutume de le faire. Sans connaître avec précision la date de construction de cette propriété, nous savons qu'en 1839 elle appartenait avec les terrains, à Henry BUY, certainement celui qui est l'auteur de cette construction. Ce Cuirard était-il jardinier ou horticulteur comme la majorité des habitants de Cuire, ou bien riche Lyonnais qui avait sa maison des champs ? La végétation de la cour, derrière ce portail empêche de voir les anciens bâtiments contemporains de celui-ci, ainsi que la chapelle sur la droite. En 1839, le propriétaire devient M. DEBORNES, "maître de pension" à Cuire, jusqu'en 1876. II est sans doute à l'origine de "l'Institution ROLLIN", école privée de garçons, qui perdura jusqu'en 1940, ayant entre temps sa direction reprise par les sœurs des Franciscaines (ou religieuses des Franciscaines), qui avaient aussi un autre établissement au 14 de la montée des Forts. Cet institut Rollin avait son uniforme avec casquette, comme la majorité des établissements privés au début du XXe siècle ; ce qui faisait dire à M. Antoine Rivière (beau-père de M. Gay) horticulteur voisin et élève de 1908 à 1913 "qu'avec cette casquette il ressemblait à un conducteur de tramway!'.


Durant la seconde guerre mondiale, la propriété fut vendue à la congrégation des Capucins, et la direction confiée au "Père Didier", André Fabre pour l'état civil, et originaire de Taulignan dans la Drôme. Le bâtiment était à l'usage de couvent et de séminaire ; il se dit aussi que des juifs pourchassés y ont trouvé refuge à cette époque. La chapelle était ouverte aux habitants du quartier le dimanche. L'activité de séminaire entraîna l'agrandissement des locaux, par la construction d'une aile nord sur trois niveaux vers 1960, plus particulièrement pour l'accueil de séminaristes libanais, et création de la SCI de l'Ecole Saint Laurent. En 1971, la propriété est vendue à la congrégation Saint Antoine de Desvres (Pas de Calais). La raréfaction des vocations décida vers 1980, la vente de la propriété à l'ADAPEI du Rhône pour recevoir des adultes et enfants handicapés ; le "Père Didier" devenant aumônier de la Providence Saint Nizier (36, rue Pierre Brunier) qui accueille des enfants placés par la DDASS. De nouvelles modifications interviennent : la chapelle est transformée en laverie, des maisons à un seul niveau sont construites pour les enfants, ainsi qu'un bloc médical avec piscine. En 2004 cinq nouvelles constructions à un niveau sont réalisées le long de la voie verte ; notons encore que l'entrée a été reportée au 86 de la rue Coste, et l'ensemble est devenu "ADAPEI LES SITELLES". Mais l'historique de cette propriété est confirmé par cette imposante entrée, avec cette belle voûte de pierre, fermée par cette magnifique grille. II faut remarquer les "chasse-roues" limitant le passage des véhicules (1,9 m entre les bornes) et évitant les chocs avec les piliers. Les murs encadrant ce portail sont aussi remarquables avec un appareillage en pierres des Monts d'or, et galets des moraines très abondants sur notre commune. Un classement est peut-être envisageable ? Marcel GAY

Nota: La propriété de FONT-ROSE, à Cuire le Bas, a été achetée en 1887 par Mr ATANOUS, négociant à Lyon avec l'intention d'en faire don aux CAPUCINS, pour un grande école de jeunes gens orientaux, afin de développer l'influence de la France; mais finalement cela ne s'est pas fait.


PASSAGE DE L'INSTITUT MERIEUX A CALUIRE DÉBUT DE LA SAGA MERIEUX MARCEL MERIEUX est entré dans l'histoire en 1894, aux côtés de Louis Pasteur ; chimiste lyonnais, il fut appelé par Emile Roux à Paris pour être son assistant personnel et organiser avec Elie Metchnikoff, le grand cours de microbiologie. De retour à Lyon en 1897, il fonda, aux toutes nouvelles Usines du Rhône, un établissement de sérothérapie et créa le sérum antistreptococcique contre la fièvre purepérale, premier médicament du futur Rhône Poulenc. Puis à 27 ans, sous les combles de l'Hôtel-Dieu, il improvisa avec René Leriche, l'enseignement de la Bactériologie pour les médecins des hôpitaux ...avec installation d'un orgue dans son laboratoire. Mais c'est grâce aux analyses, et en préparant la tuberculine pour les médecins et les vétérinaires, qu'il maintient son activité : prélude de " BIO MERIEUX ». En 1907, Marcel Mérieux revient à la sérothérapie, avec l'installation à Caluire de quelques animaux : ânes, chèvres et chevaux. Cette installation dura jusqu'en 1917, avec à ce moment l'implantation à Marcy I"Etoile, prélude du futur développement de l'INSTITUT MERIEUX. Pendant ce temps, le Laboratoire d'Analyses est transféré rue Bourgelat, face à l'Abbaye d'Ainay, sur l'emplacement du manège royal de Bourgelat... avec à nouveau l'installation de l'orgue. L'installation à Caluire fut relativement brève : environ 10 ans. L'implantation se trouvait à peu près au niveau du 21 de l'avenue Charles de Gaulle, vers l'actuel square André Lassagne, en face d'un pensionnat, disparu de nos jours, situé de l'autre côté de la rue. L'inauguration de cet établissement sérothérapique fut marquée par une photographie sur laquelle on voit Marcel Mérieux (4 e personne à partir de la droite), avec différentes autorités administratives et vétérinaires. Sur cette photographie on voit également les deux palefreniers qui suffisaient à l'époque pour soigner les animaux et aider à la pratique des saignées pour la préparation des sérums. Un point est à préciser : sur le fond de la photographie, se voit une belle villa . Quelle est-elle ? II se pourrait que ce fût la villa Marix (?) qui appartenait à deux frères. Ceux-ci sont partis en 1939, et la maison fut démolie par la suite. De même, dans les environs immédiats. existait la clinique Chaumier qui disparut pour être remplacée par le collège Lassagne. Le passage à Caluire ne fut qu'une étape initiale dans le développement exponentiel de futur groupe Mérieux. Freiné un moment par la guerre de 1914 - 1918, ce développement fut au départ celui du laboratoire d'analyses médicales sous la houlette de Marcel Mérieux, qui comptait beaucoup sur son fils Jean pour le développement de la production de l'Institut. Malheureusement Jean Mérieux décéda en 1926. C'est alors que Charles Mérieux remplaça son frère, et en 1937, à la mort de Marcel Mérieux, il se trouva à la tête de l'Institut Mérieux. C'est le début de la saga Mérieux avec le développement très important du Laboratoire d'Analyses Médicales, qui, situé au début rue Bourgelat, fut transféré en 1971 - 1972, rue Chevreul dans les locaux de l'Atomic Garage complètement transformé. En parallèle, ce sont le développement de l'Institut Mérieux à Marcy l'Etoile, la création de Bio-Mérieux, la Fondation Mérieux avec ses annexes, dont Annecy, la création de Bio-Force Développement, orienté vers le Tiers-Monde sous la direction de Madame Lardy, et sans oublier le secteur vétérinaire avec Mérial. En conclusion, le passage par Caluire se révéla indispensable pour la suite, et constitua un échelon dans les développements futurs, traduisant le courage et l'esprit visionnaire de Marcel Mérieux et des membres de sa famille qui lui succédèrent. P. RUITTON


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