Le comité BD N°4 - Décembre 2005

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Numero 4

Décembre 2005

©Carabas/G.Delmas - 2005

GRANGOUSIERS Scénario : Gabriel Delmas Dessin : Gabriel Delmas Editeur : Carabas Genre : Essai Résumé : Aux débuts de l’homme, des géants règnent sur la terre et se disputent la suprématie

Ils en ont pensé : Quel voyage, je n’ai pu quitter le livre avant la fin ! Je n’ai pas compris grand chose, à part qu’il est bon de se sustenter mais que cela ne suffit pas au bonheur dans l’existence. J’ai l’impression que les époques se mélangent (mais n’est-ce pas « Chronos dévorant ses enfants » l’inspiration de l’auteur ?), le réel et les légendes également. Je regrette parfois le déséquilibre (à mon goût) dans certains dessins : un paysage très dense et une silhouette qui ne m’apparaît pas comme une évocation mais inachevée…C’est très beau. Marie-Gaëlle. Un pavé !!!Oh honte sur moi ! Incapable je fus de trouver le courage de lire cet ENORME « roman-graphique-noir-etblanc-sans-texte-et-tout ». Stévan. Je n’ai rien compris à cet essai « champignonesque » comme le précise l’auteur. Très original en ce qui concerne le graphisme (malgré le besoin qu’a l’auteur de montrer que ses géants sont « très » sexués) mais sans véritable histoire construite je décroche. P.S.

©Gallimard/N.de Crécy - 2005

PERIODE GLACIAIRE Scénario : Nicolas de Crécy Dessin : Nicolas de Crécy Editeur : Gallimard Genre : Science fiction Résumé : La Terre est entrée dans une nouvelle ère glaciaire... Une étrange expédition, composée de savants et de chiens biologiquement modifiés, s'enfonce dans un désert de glace, à la recherche de témoignages archéologiques sur les civilisations disparues.

Ils en ont pensé : Quelques piques, bien placées sur l'archéologie, ajoutent de l'humour à ce récit centré sur les rapports entre écrit et image dans notre civilisation. De Crécy ne tombe pas dans le nombrilisme et l'intellectualisme courants dans la nouvelle bande dessinée, car il n'a pas oublié ce qui est le coeur du métier d'artiste : le sentiment. ALC. Excellent dessin semi-réaliste en fil de fer et lavis bleu et orange (aquarelle ?) Un récit d’anticipation fantastique. Une réflexion cocasse et iconoclaste sur l’historiographie (étude des façons de concevoir et d’écrire l’histoire). C’est proche de l’esprit du Gérôme Moucherot de Boucq. Il soulève la question du rôle des musées, du rapport entre l’Art et l’Histoire. Même si ce livre n’est personnellement pas mon préféré de de Crécy, je reconnais que dans le fond et la forme c’est un beau et bon livre ! De bons dialogues et une bonne construction du récit avec de bonnes et belles inventions entre les personnages (les humains, les animaux et les objets.) Brun(o.O)llier.

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©Albin Michel/B.Delépine ;Stan,Vince - 2005

GODKILLER Scénario : Benoît Delépine Dessin : Stan, Vince Editeur : Albin Michel Genre : Science fiction Résumé : Frère Jo Fryer est soupçonné par la police scientifique d’être le tueur de gourou des principales confessions. Ça ne va pas faciliter la tâche de cet ex-curé qui a pour mission de retrouver Weslake Junior, un fils à papa pesant près de 50 milliard de dolls et qui serait la proie d’un néogourou, mais lequel ? et puis les victimes sont tuées de façon peu orthodoxe, présentant de curieuses blessures.

Ils en ont pensé : La nouvelle BD de Michael Kael pour CNN international, Trash et cyber punk comme il se doit. L’histoire d'un curé défroqué dans un monde futuriste où a été prouvée l’inexistence du Christ, et où les anciennes sectes et les nouvelles religions se battent pour savoir qui fera ses moutons de ces brebis égarées. Un scénario digne de Groland, sarcastique et méchant. Tout le monde en prend dans son (pegement) grade et c’est très bien. On ne pourra pas les accuser de faire du favoritisme. Politiquement incorrect, « on se shoote à la peinture de maître », dans un décor à la Rank Xerox, pour une production qui change de la vague Soleil actuelle. Stévan La narration est plutôt plate, même si l’histoire, dans le genre anticipation new-age cocasse et iconoclaste (Jésus n’aurait pas existé…), n’est pas mauvaise avec cet espèce de « théovampire » qui ne sait à quel saint se vouer. Style plutôt faible par rapport à un Vortex par exemple, le trait manque de nerf et les cases sont assez confuses et ternes, même si au bout d’un moment on s’adapte au style, le plaisir de l’œil est rarement là. Ça me rappelle les univers de Philip K.Dick ou encore de Jodorowski, encore que je pense que Jodo aurait sans doute beaucoup mieux écrit l’histoire, mais elle se serait développée sur 6 tomes, alors que là ça à quand même un mérite : tenir en 1 seul tome. Brun(o.O)llier. Quand on a déjà lu les autres titres de ces mêmes auteurs on se précipite pour lire celui-ci. Et on n’est pas déçu. Le ton est ici aussi décalé et sarcastique. L’ancien auteur des guignols excelle dans ce style de pamphlet et le dessin est tout à fait adéquat pour ce polar futuriste. P.S.

©Paquet/R.Hugault - 2005

LE DERNIER ENVOL Scénario : Romain Hugault Dessin : Romain Hugault Editeur : Paquet Genre : guerre – aviation Résumé :

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Quatre chroniques de pilotes de chasse durant la 2 guerre mondiale entre 1943 et 1945. Ou le destin de quatre pilotes d’avion, de quatre nationalités, Teruo, Tom, Günther dit l’Expert et Alain

Ils en ont pensé : Plutôt classique, mais sans esbroufe et avec un bon découpage utilisant quelques flash-back bien placés, des chroniques sensibles et humaines, c’est plutôt une bonne surprise dans le genre. Le dessin n’est pas excellent, le style est plutôt sage mais honorable, on sent que le dessinateur est très à l’aise pour dessiner les avions et les scènes de combats aériens qui sont très bien dessinés, par contre il est un peu moins à l’aise dans le dessin des personnages. La bonne mise en couleur unifie bien l’ensemble et rend la lecture agréable. Même si ça n’est plus trop le genre de livre qui m’intéresse, à savoir les histoires de guerres aériennes, là je reconnais que c’est plutôt bien fait, que ça n’est pas manichéen du tout et ça évite les clichés du genre « Yankee, face de citron, etc. », c’est aussi très loin des histoires niaises comme dans le film Pearl Harbor. Alors objectivement le livre est bien fait mais subjectivement il ne m’intéresse pas beaucoup. Brun(o.O)llier. Quatre nouvelles et un épilogue racontent la seconde guerre mondiale vue par les pilotes de l’air des armées japonaise, anglaise, allemande, et russe. Avec en prime un super carnet de croquis des avions de l’époque. Les histoires sont entremêlées les unes aux autres dans ce contexte guerrier. Le dessin est très « propre » et plaira aux fans d’avions comme aux autres. Stévan. Des destins brisés, une même foi pour ces vaillants qui se combattent, emmurés dans leur devoir. Et une fin prévisible pour l’US, s’il ne meurt pas dans son épisode, c’est qu’il y a une post face où les destins sont liés, soyons logiques. Le dessin m’est apparu un peu naïf. Mais j’aime bien les avions (et gloire aux pin-up souples qui ont dues souffrir en posant !). Marie-Gaëlle. Quel plaisir de lire ce titre, pour moi, que les histoires de Buck Danny ont toujours rebutées. Ici les combats aériens se font sur des demies pages qui accentuent l’impression de solitude des pilotes face à leur destin. C’est beau et en plus l’histoire est bien écrite et très bien articulée. Je me suis laissé surprendre par la fin. P.S.

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©Dupuis/A.Sibran ; Tronchet - 2005

MA VIE EN L’AIR Scénario : Anne Sibran Dessin : Tronchet Editeur : Dupuis Genre : Fantastique Résumé : Ariane découvre qu’elle peut voler et ainsi échapper à ses parents, des bouchers étouffants et dangereux. Mais elle perd son don, avant que la mort de sa sœur ne l’oblige à entamer un voyage initiatique dans le but de retrouver sa faculté de voler.

Ils en ont pensé : Conte cruel sur arrière plan d’histoire d’ogre et de vampire flirtant avec les « abus » parentaux… une histoire sombre, entre folie et fantastique. Le trait est expressif, avec une très belle mise en couleur. Les intentions des auteurs m’échappent quelque peu, il y a un amalgame entre un enfant qui vole (Peter Pan) un père ogre, une mère vampire, le reflet d’enfants en pyjama rayés derrière un miroir dans un pensionnat, un asile de fous…pas simple de faire la part des choses, qu’est-ce que Tronchet à vraiment voulu raconter en fait ? Brun(o.O)llier. Tronchet et Sibran continuent leur collaboration géniale, qui nous a déjà offert là-bas, par un récit de quête, de folie et de poésie, qui conduit le lecteur à s’interroger sur le mystère qui suit chaque humain… comme son ombre. ALC.

© Albin Michel/P.Chapelle ; F.Marniquet - 2005

LA CITE DE L'ETERNEL RETOUR Scénario : Philippe Chapelle Dessin : Frédéric Marniquet Editeur : Albin Michel Genre : Aventure Résumé : Paul Darnier, pilote héroïque de l'armée de l'air française durant la première guerre mondiale, tente de chasser les fantômes qui le hantent. Aussi, ce baroudeur n’hésite pas à s’engager dans l’aventure de l’aéropostale. Il va devoir, pour cela, affronter les déserts et les montagnes de l'Atlas Marocain.

Ils en ont pensé : C’est l’histoire d’un Indiana Jones ancien pilote de l’armée de l’air française pendant la première guerre mondiale qui joue les baroudeurs en Afrique et en Amérique latine. Un dessin qui marche bien : très Tintin (avec une référence dans le texte) ou Black et Mortimer, simple et classique. Ça n’est pas transcendant (Il y a quelques manques dans l’histoire), mais on attends la suite, toutefois sans impatience aucune. Stévan. L’argument de mélanger les époques (3 si j’ai bien compté) est séduisant, assez bien mené. L’humour est agréable, avec le dessin des séries d’aventures telles Blake & Mortimer, l’aventurier rustre qui voudrait causer comme dans les San-A et Audiard – mais n’a pas le talent qui veut. Somme toute un bon moment qui ne se comprend qu’avec une suite. Sinon, pourquoi le portrait du barbu hagard qui semble avoir vu d’autres humains « de son temps » ? Marie-Gaëlle.

©Delcourt/Y. Dégruel - 2005

TEMPETE DE YAOURTS Série : Genz Gys Khan - T. 6 Scénario : Yann Dégruel Dessin : Yann Dégruel Editeur : Delcourt Genre : aventure Résumé :

Genz-Gys-Khan, les trois enfants mongols sont doués pour parler aux animaux. Une responsable de l’usine de yaourts fait appel à eux afin de comprendre pourquoi ses vaches tombent malades (dépression nerveuse). Aurait-elles besoin de se mettre au vert ?

Ils en ont pensé : Ce sont de beaux livres, j’aime les matières et là il y a des incrustations, c’est chaud, doux, rugueux, ou artificiel quand cela s’y prête : l’usine de yaourts et sa gérante (c’est vrai que ses lunettes…) J’ai voyagé, j’ai relu, pour les images, tout, à chaque tome. J’adore. En plus c’est écolo sans faire de leçons, c’est léger – très bon moment. Marie-Gaëlle. Plutôt gentil. Mélange de dessin « naïf » à l’encre mis en couleur à l’ordinateur sur fond de tissu. Le tout est très lisible, efficace, vivant. Une apologie de la consommation de l’herbe (ici au sens propre) et une petite réflexion sur le progrès lorsqu’il ne tient pas compte de la nature. C’est mignon tout plein même si ça ne me plaît pas trop, question d’âge peutêtre. Brun(o.O)llier. Cette série pour enfant, excelle par son dessin et sa composition proche de l’album. Il est vrai que les histoires sont gentillettes mais on peut se laisser facilement emporter par les vents des steppes. P.S. 3


©Casterman/M.Villard ; J.C.Chauzy - 2005

ROUGE EST MA COULEUR Scénario : Marc Villard Dessin : Jean-Christophe Chauzy Editeur : Casterman Genre : Polar Résumé : David est sur la piste de l’assassin de son collègue flic descendu au cours d’une interpellation dans une affaire de drogue. Sale coup pour lui. Sans compter qu’il apprend que sa femme, qui vient de le quitter, était amante du dit collègue. Il lui reste sa fille Zoé dans la vie mais elle est toxico (et musicienne). Il tentera de l’aider en même temps qu’il mènera sa chasse personnelle.

Ils en ont pensé : Un scénario qui nous prend pour des gens intelligents, équilibré dans l’entrelacs des destins, une fin qu’on devine sans pour autant être lourdement annoncée, téléphonée. Un dessin sensible et charnel. Bien. Marie-Gaëlle. Voila un bon album qui sort enfin de l’ordinaire. C’est triste à souhait, crade, sombre, dans des rues humides et brillantes la nuit, un peu glauque pour un polar glauque plein de flics ripoux, paumés, camés à Paris. Un dessin pourri et aussi sale que son scénario. Et une histoire qui finit mal. C’est cool quand ça finit mal. Stévan. Bien et prenant. Un bémol, par rapport à la coïncidence scénaristique un peu grosse à avaler. Le fait que la fille du flic se rende dans une association de soutien aux drogués, à laquelle, au cours de cette réunion, se rend le suspect principal du flic qui y « avoue » son crime. A part ça c’est une très bonne histoire ! une bonne intrigue, un « mauvais trip » servi par de très bons strips. Excellent dessin comme toujours avec Chauzy, tant dans son encrage que dans ses variations d’ambiances colorées suivant les scènes. En bref, un bon polar glauque et désespéré raconté avec talent par Chauzy. Brun(o.O)llier.

©Delcourt/ J.D.Morvan ; P.Buchet - 2005

NATURE HUMAINE Série : Sillage T.8 Scénario : Jean-David Morvan Dessin : Philippe Buchet Editeur : Delcourt Genre : Science fiction Résumé : Nävis est le seul être humain au sein de la colonie Sillage, un agglomérat de vaisseaux spatiaux pilotés par des êtres vivant de toutes origines sillonnant l’espace à la recherche de planètes à coloniser. Nävis recueillie très jeune par ce convoi y a un rôle d’agent spécial au service des hautes instances politiques. Nävis en deuil de son mentor, à bord de Sillage, n’avait pas, par contre, fait le deuil de l’espèce humaine. Aussi elle part faire un tour de l’autre côté de l’espace à la rencontre d’une communauté humaine que son compère de robot aurait repérée.

Ils en ont pensé : C’est une super héroïne un peu naïve, trop choyée. Elle ne se méfie même pas ! Quand on est aussi douée, on prend un minimum de précautions et surtout, surtout, on écoute ses amis avant les belles gueules. « C’est pas de sa faute, elle était droguée ». Alors, on utilise son cerveau et ensuite, depuis quand on boit des trucs sans se renseigner auparavant ? une fois à la rigueur mais là, je suis déçue, oui, déçue par une telle stupidité. Marie-Gaëlle. Des humains baba-cools, abrutis par des drogues, ne se préoccupant pas de leurs proches, et belliqueux face aux autres espèces vivantes qu’ils massacrent lorsqu’elles font naufrage sur leur planète. Pourquoi pas ! Cette histoire de naufragés-naufrageurs oscillant entre drogue et violence. Mais alors il ne faut plus appeler cet album « genre humain » mais plutôt « les naufrageurs », sinon il y a tromperie sur la marchandise. Ou bien Buchet & Morvan désespèrent réellement du genre humain et nous en servent une version caricaturale et idiote qui manque totalement d’objectivité et d’intelligence. Dans ce cas, outre le dessin, je suis plus que déçu par ce chapitre. Brun(o.O)llier. JD Morvan recentre sa saga sur son héroïne et ce coup ci ce n’est pas l’aventure et la découverte d’une nouvelle planète qui est au centre de l’intrigue mais le personnage attachant de Nävis. En effet l’héroïne grandit et on a là un épisode surprenant mais tout de même très réussi. P.S.

Chères lectrices, chers lecteurs, Ce petit mot pour vous présenter le comité de lecture de Bandes dessinées organisé par le réseau des bibliothèques municipales de Brest. Peuvent s’inscrire, participer au comité et rédiger ce fascicule, toute personne intéressée de près ou de loin par la bande dessinée. Pour cela il suffit de nous contacter par mèl ou par téléphone. Les critiques que vous pouvez lire, ici, expriment la vision et le ressenti des différents chroniqueurs. La bibliothèque intervient, quant à elle, comme initiatrice du projet et soutien matériel et humain pour son bon fonctionnement. P.S. 4


©Casterman/J.Pasteur ; R.Follet - 2005

SHELENA Scénario : Jéromine Pasteur Dessin : René Follet Editeur : Casterman Genre : Conte Résumé :

Haïti 1873, un père lance une malédiction sur son fils José parti pour découvrir le monde, les poches vides mis à part une poignée de piments à planter. Il débarque clandestinement à Colõn pour travailler sur le chantier du canal, parmi les ouvriers misérables. Il épouse Rose, la fille de Président, un ouvrier assassiné par des soldats. Ils ont des enfants. A la mort de José (assassiné) la famille fuit Colõn pour fonder la communauté José-Pobre non loin de Portobello. Manuel l’aîné de la « tribu » a un fils, Tonio, qui fait la connaissance de Shelena, qui parle aux oiseaux.Elle l’initie au shamanisme et l’incite à moins voir l’aspect matériel des choses. Mais chaque génération aura droit à son malheur.

Ils en ont pensé : Il est beau ce petit couple qui se sacrifie pour le bien de la famille, et qui se retrouvera, un jour, on en est sûr… Et quel exotisme ! Le dessin m’apparaît un tantinet désuet et nunuche - j’avoue qu’il me rappelle mon livre de lecture de CM2. Je n’accroche pas, pas du tout. Peut-être pour enfants romantiques de 8 à 10 ans ? Marie-Gaëlle. Le découpage de ce livre est très rapide (4 générations en 52 pages), efficace et sans fioriture. Trop rapide et trop carré sans doute, au détriment des personnages qui ne semblent être que des pantins sans âmes ni sentiments : ils subissent la vie comme une fatalité, ce qui les rend plutôt superficiels et sans grand intérêt. Même l’aspect « magie » qui est un des éléments important de l’histoire, sonne creux. Par contre, chaque case est une véritable petite peinture réaliste mais plutôt classique. L’ensemble me semble assez plat malgré tout le talent graphique de R.Follet, malgré le piment le plat me paraît fade, quel dommage ! (n.b. Will Eisner qui a traité ce genre d’histoire de « fatalité » s’en sortait tellement mieux, en y ajoutant un peu d’humour dans l’ironie du sort). Brun(o.O)llier.

©Vents d’Ouest/J.Léturgie, Yann ; S.Léturgie 2005

XXL Série : Spoon & White - T. 6 Scénario : Jean Léturgie ; Yann Dessin : Simon Léturgie Editeur : Vents d'Ouest Genre : Policier - humour Résumé : Cette fois-ci, la mission, pour les deux inspecteurs de police, particulièrement crétins et amoureux d’une journaliste de J.T.Prime time, est de se procurer un médicament miracle anti obésité. Mais ils ne sont pas les seuls sur le coup.

Ils en ont pensé : Même si ça n’est pas génial, c’est tellement mieux fait, dans le genre, que Harley & Davidson ! Le tout avec humour cynique et clins d’œil parodiques (the big Lebowski, Obélix et un Idéfix obèse …) et iconoclaste. Plutôt amusant, même si les ficelles sont un peu grosses, mais on n’est pas là pour se prendre la tête non plus. Un dessin hérité de Morris, Franquin, Uderzo, « gros nez », pas original mais bien maîtrisé. Aussi si ça n’est pas ma tasse de thé je dois reconnaître que c’est bien fait. Brun(o.O)llier. On a plaisir à retrouver nos deux flics mauvais, bêtes et méchants, dans une nouvelle aventure où il est question d’indiens, de cactus et de pilules amaigrissantes. La recette est bonne et la mayonnaise prend toujours aussi bien. Spoon est toujours aussi nerveux que d’habitude et Balconi aussi balconnée. On retrouve quelques références sympathiques comme l’arme fatale ou the Big Lebowsky des frères Cohen. Ca shoote dans tous les sens et pas toujours sur les méchants. Un régal. Stévan.

Pour rejoindre le comité comitebd@yahoo.fr Médiathèque Jo Fourn, 1 rue Sisley Tél. 02.98.02.52.40

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©Cycliste/Pixel vengeur - 2005

BLACK ET MORTAMERE NIQUENT LE SYSTEME Série : Les aventures de Black et du suprême Mortamère - T. 1 Scénario : Pixel vengeur Dessin : Pixel vengeur Editeur : Cycliste Genre : Humour Résumé : Deux « racailles » zonent dans les univers de bandes dessinées de tous genres, Black et Mortimer, Rahan, l’Incal, Donjon, Raoul ; ils y boivent de la bière, fument des pétards, injurient, vandalisent, tuent, volent et violent.

Ils en ont pensé : Pour rester dans le ton, « un gros BOF pour une BD qui déchire queud’ chi !!! Deux cailleras de caricatures cité-cliché jouent les bouffons et partent à l’aventure. Pourtant paru dans Psikopat, ça vaut pas une cacahouète. » Les dialogues se veulent branchés dans un langage jeune qui perd de son efficacité par écrit et qui reste terne en manquant d’originalité. Il y a du « ta mère » et du « ta race » mais ça manque d’image dans le parler. Ça ne marche pas comme « asse » sur la « teuté » des petits oiseaux ! Les incursions de ces deux jeunes (même pas crédibles en « jeunes ») dans l’univers d’autres BD sont quand même sympas. On passe un bon moment. A lire et à jeter. Stévan. Humour plutôt lourd, bête et méchant, et qui ne fait pas dans la dentelle. Classique et sans surprise, un peu faible mais correct tout de même. Bof, c’est limite préado, c’est pour déconner sans trop se prendre la « teutê quoi ! » Brun(o.O)llier. Ils sont vulgaires, excessifs et sonnent faux. Cela ne m’a amusé qu’en voyant les héros de mon enfance ridiculisés, une mention pour Rahan avec son pied grossièrement terminé et sa propension à pleurer sur la vilenie de l’humanité. Marie-Gaëlle.

©Boîte à Bulles/M.Y.Schmitt – 2005

DERIVES Scénario : Michel-Yves Schmitt Dessin : Michel-Yves Schmitt Editeur : Boîte à Bulles Genre : Chronique de vie Résumé : Luc est plutôt du genre odieux. Luc solde ses comptes, il clôt sa relation amoureuse, il clôt les relations avec son père qui n’a jamais compris sa vie de « saltimbanque », il clôt les relations avec sa belle-mère dont il met en cause la sincérité, il clôt le deuil de sa mère. Il solde les prix dans les hypermarchés faute de décrocher de vrais rôles d’acteur à la sortie du cours Simon. Bref il solde beaucoup de choses, il clôt beaucoup de comptes mais de façon plutôt amère.

Ils en ont pensé : Bien maîtrisé, même si trop classique à mon goût, une impression de déjà vu, ça manque d’un peu d’originalité ou d’un peu d’humour. C’est du genre qui plombe l’ambiance à la lecture. Semi-réaliste ou naïf, graphisme clair, sobre tendance épuré, mise en couleur correcte. Une histoire sans originalité et un peu plate bien qu’elle soit correctement écrite, ça manque peut-être d’un peu d’humour ou de bon humeur malgré le rayon de soleil de la fin. Brun(o.O)llier. Est-ce un livre où un ronchon nous prend à témoin des malheurs de sa petite existence ? Oui ? dans ce cas je n’apprécie pas le procédé, qui sur moi a l’effet d’un repoussoir. Sinon, c’est plutôt bien fait cette petite tranche de vie (c’est la mode 2005 ou quoi ?). Décidément, ça n’est pas bon de ruminer dans son coin, pas bon du tout… Marie-Gaëlle. Une histoire de vie. Un jeune homme de 26 ans, avec son quotidien, les amis, les galères, la famille, les regrets. C‘est pas mal fait. Le dessin est assez personnel et sert bien le scénario. C’est ni gai ni triste, ça se lit bien et vite. Stévan.

Le comité a également lu : Ultra – Scénario & dessin : J. 1 J. Luna – Delcourt Des filles chouettes, des histoires qui finissent bien, un scénario qui tient la route. La fille du Djebel Amour – Carnets d’Orients T.8/Scénario & dessin : J.Ferrandez – Casterman ☺☺ Une série merveilleuse qui continue avec régularité. Africa – Djinn T.5/Scénario : J. Dufaux ; Dessin : A. Mirallès – Dargaud ☺☺ L’affaire du Oungan – Les arcanes du midi-minuit T.4/Scénario : J. C. Gaudin ; dessin : C. Trichet – Soleil (jeunesse)

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IBICUS Nombre de tome : 4 Scénario et dessin : Rabaté d’après le roman d’Alexis Tolstoï Editeur : Vent d’ouest Genre : Roman graphique

©Ventsd’ouest/P.Rabaté - 2005

L’histoire Siméon Nevzorov a une vie ennuyeuse. Il rêve de gloire et de fortune, mais il n’a aucune volonté et aucun courage. Un jour il croise une vieille tsigane qui lui apprend qu'il est né sous le signe de l’Ibicus (le crâne qui parle) et lui prédit : "Quand le monde s'écroulera dans le feu et le sang (..), tu vivras des aventures extraordinaires, mais tu seras riche !"

Pascal Rabaté Après de nombreux petits boulots, Pascal Rabaté choisit la BD. Son premier album, Les Amants de Lucie, paraît en 89 chez Futuropolis. Après Exode et Vacances, vacances, réédités chez Vents d'Ouest en 99 sous le titre Premières Cartouches, il publie en 91 A Table chez Week-end Doux et Signé Raoul chez Rackham. Toujours chez Vents d'Ouest, il a signé Les Pieds dedans (92), Ex Voto (94), Un Ver dans le fruit (97) et surtout Ibicus, qui lui offre une véritable consécration tant publique que critique. Il confie parfois ses scénarios à d'autres dessinateurs, comme ce fut le cas en 2000 avec Les Yeux dans le bouillon réalisé par Virginie Broquet pour Casterman et Tartine de courant d'air avec Bibeur Lu pour Vents d'Ouest. Dans Ibicus, Rabaté exploite à merveille ses techniques de lavis, jouant en maître sur les aplats noirs et les jeux de lumière, et donne à l'oeuvre d'Alexis Tolstoï, dont Ibicus est une adaptation, une nouvelle dimension onirique et fantasmagorique. Pascal Rabaté est un très grand nom de la bande dessinée, et Ibicu un chef-d'oeuvre.

Ils en ont pensé : Ibicus de Rabaté livre un regard acéré sur la société russe, plus précisément Pétrograd (St Pétersbourg) au moment le plus confus du passage entre tsarisme et bolchévisme. Le personnage clé est Nevzorov, comptable insignifiant enrichi par un forfait et qui traverse ce bouleversement social avec une personnalité d’emprunt. Le dessin joue un rôle essentiel dans sa complémentarité à l’esprit du scénario. Il traduit la démesure d’une époque dont le noir et blanc conviennent à rendre le caractère dramatique. La caricature extrême des silhouettes fait écho à la folie généralisée de cette tranche d’histoire. Le lecteur n’en sort pas indemne. Alain Porzier Rabaté nous livre ici une magnifique adaptation du roman éponyme. Son dessin, que je crois être à la plume et à l’encre, retranscrit à merveille l’ambiance de la Russie de 1917 telle que je l’imagine. Il utilise admirablement la lumière et le découpage pour donner du rythme à une histoire qui n’en a pas beaucoup. Un indispensable. P.S. Le tome 2 d'Ibicus a reçu l'Alph'Art du Meilleur Album de l'année 2000 au Festival d'Angoulême.

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IKKYU Nombre de tome : 4 Scénario et dessin : Hisashi Sakaguchi Editeur : Glénat (réédition vents d’ouest) Genre : Manga historique L’histoire La saga d’un bonze célèbre : Ikkyu Enfant adultérin de l’empereur, sa mère, pour le protéger, le fait entrer dans un monastère bouddhiste. Il y suit la formation classique mais il renie l’enseignement des bonzes d’origines nobles pour entreprendre sa propre quête de spiritualité. A la fois bagarreur, ermite et libertin, Ikkyu est un moine atypique. Sakaguchi profite également de cette épopée pour décrire le Japon médiéval avec ses manipulations, ses complots et le poids des institutions sur la vie politique de l’époque

Ils en ont pensé : L’histoire de ce moine errant est très bien rendue sans que soient pesantes ces évocations historiques et ces leçons de bouddhisme. C’est intelligent et drôle, sensible et enlevé. Le contexte historique est intéressant à considérer comme un élément rendant compte de la vacuité des affaires des grands dans ce monde et l’accès à la plénitude par les petits bonheurs du monde. C’est encore meilleur quand on pratique un art martial. A lire, à relire. Marie-Gaëlle.

C’est très bien écrit. On dévore les 1260 pages sans s’en rendre compte. On découvre la vie, même si elle est romancée, de ce moine qui a refusé le carcan qu’on lui a imposé, pour pouvoir développer sa propre philosophie de la vie. De part sa narration et son dessin, Sakaguchi propose une série très réussie. Son dessin est très réaliste et expressif, les décors sont somptueux. P.S.

Hisashi Sakaguchi Né en 1946, il a travaillé pour les studios Tézuka qu’il quitte en 1969 pour créer ses propres bandes dessinées. En France on ne connaît que Version (Glénat) et Ikkyu (Glénat ; rééd. Vents d’Ouest).

Toutes les images sont © Glénat/H.Sakaguchi

Le comité fonctionne grâce à la participation de la librairie Excalibulle – 9 place de la liberté 29200 Brest

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