14 & 15 SEPTEMBRE 2013 100 ANS DE PROTECTION
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#JEP2013
PATRIMOINE
EN (RE)CONSTRUCTION
Le patrimoine
c’est quoi ?
Un château fort, une recette de cuisine, une peinture, une grue, un air traditionnel, un manuscrit… tous ces biens ont un point commun, ils constituent notre patrimoine. Le mot « patrimoine » vient du latin patrimonium et désigne l’héritage que l’on tient de son père et, au sens large, de ses ancêtres. Pendant longtemps, cette acceptation a seulement concerné la communauté au sens minimal, c’est-à-dire la famille. Par analogie, la notion de patrimoine s’est étendue à l’ensemble des biens collectifs, des trésors hérités du passé, que nous conservons dans une idée de transmission à l’échelle de l’humanité. Le patrimoine est le lien intangible qui unit une communauté, lui donnant des repères, des signes concrets de son histoire. Il est notre mémoire, notre identité, nous permet de comprendre notre présent et, à ce titre, mérite d’être protégé, valorisé et transmis aux générations futures. L’idée d’un patrimoine culturel commun telle que nous l’envisageons aujourd’hui est relativement récente. Deux évènements vont pousser les législateurs à mettre en place des mesures de protection : les confiscations des biens du clergé et des émigrés à la Révolution, puis les incidences de la loi sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905 qui vont doter l’Etat français d’un patrimoine considérable. La loi du 31 décembre 1913 sur la Protection des Monuments Historiques marque une volonté forte de reconnaître et protéger un patrimoine dont la notion n’a depuis cessé de s’élargir.
JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE 2013
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Le patrimoine
écrit et graphique L’histoire des bibliothèques et des archives publiques est intimement liée à la construction d’un patrimoine national puisque leurs collections résultent bien souvent des confiscations révolutionnaires. Objets de luxe et de prestige, les bibliothèques de nobles émigrés et du clergé se retrouvent parmi les biens nationaux saisis à l’époque. Ces collections se sont enrichies au fil du temps de dons, de legs, d’achats et réunissent aujourd’hui une grande diversité de documents et d’objets : livres imprimés, correspondances, estampes, cartes et plans, photographies, cartes postales, médailles, affiches, partitions… La notion de patrimoine écrit et graphique pour décrire ces collections est très récente. Elle résulte de concertations, au début des années 1980, entre l’Etat et les collectivités territoriales pour mieux le connaître et soutenir les actions de conservation, de signalement et de valorisation des fonds patrimoniaux. L’intérêt grandissant du public à l’égard de ce patrimoine témoigne aussi de la place de l’écrit dans notre société.
Acte de naissance de Marie-Pélagie Souben, 1856. Mémoire des évènements importants de la vie de chacun et de la communauté, le document d’archives permet de fixer et transmettre des informations bien au-delà de l’époque où il a été créé.
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1913-2013 : cent ans de protection
Le patrimoine
petit lexique
Don : Acte gratuit et irréversible. Il peut être manuel ou notarié et se fait du vivant de la personne donatrice.
Legs : Fixé par testament, il se fait donc après la mort du légataire. Dons et legs peuvent être soumis à conditions : l’interdiction de la dispersion des collections cédées, un marquage particulier des documents… Dépôt :
Contrairement aux deux mesures précédentes, le dépôt n’implique en aucun cas un transfert de propriété. Les documents restent sous la responsabilité du déposant. Mais ils font l’objet d’un contrat où sont répertoriées les conditions de communication, de reproduction et de valorisation de ces documents.
Signalement : Le signalement d’une collection permet de doter une ins-
titution d’un catalogue en ligne et d’intégrer un réseau numérique français ou étranger, ce qui contribue à la visibilité et au rayonnement des collections.
Fonds :
Les ensembles importants de documents peuvent avoir un nom particulier pour les distinguer du reste de la collection. Par exemple, le fonds Hélias de la bibliothèque du CRBC (donation de Per-Jakez Hélias de sa bibliothèque personnelle et de ses archives) ou le fonds Le Nir de la Bibliothèque municipale (legs d’un passionné d’échecs).
JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE 2013
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Le patrimoine
Les institutions brestoises
Le patrimoine écrit n’est pas figé et se construit en permanence : ce qui était insignifiant hier peut avoir une autre valeur demain. Il est fragile et doit à la fois être protégé et accessible au public. Il porte en lui les preuves des vies passées et doit être conservé sur une longue durée. Ces conditions rendent nécessaire d’avoir un lieu particulier dédié à la conservation et la communication des collections patrimoniales. C’est le rôle des institutions culturelles qui, par leurs missions, prennent soin du patrimoine pour le restituer à la communauté.
Le patrimoine écrit et graphique de Brest est vaste, contrasté et constitue une mémoire locale très riche. La diversité des structures qui le conservent est le témoin de l’originalité de chaque collection mais aussi des choix d’enrichissement qui ont été faits.
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1913-2013 : cent ans de protection
La Bibliothèque municipale de Brest La Bibliothèque municipale de Brest a constitué d’importantes collections d’ouvrages anciens, rares et précieux que conserve la Bibliothèque d’étude. Pôle associé à la Bibliothèque nationale de France pour l’océanographie, la Bibliothèque met un soin particulier à enrichir ses collections de manuscrits et d’ouvrages d’histoire, de littérature et de sciences ayant trait à la mer. Elle s’attache également à enrichir régulièrement un fonds centré sur l’histoire et la littérature bretonne, ainsi que sur des personnalités littéraires ayant marqué la région brestoise.
Lumière sur ..... le fonds de conservation jeunesse L’histoire de la littérature enfantine est très récente comparée à l’ensemble de l’histoire du livre. Mais les ouvrages pour la jeunesse méritent tout autant d’être conservés et transmis à toutes les générations de lecteurs. Que ce soient des titres édités au 19e siècle, dans les années 1970 au moment du grand « boom » de l’édition de jeunesse, ou aujourd’hui, la ville de Brest recèle des trésors patiemment conservés depuis plus de 40 ans. Ceux-ci ne demandent qu’à sortir de leurs réserves !
A la médiathèque des Capucins, ce sera désormais possible.
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Les Archives municipales et communautaires Constituées d’archives anciennes (jusqu’en 1790), modernes (1790-1974) et contemporaines (après 1974), les Archives brestoises réunissent et conservent les documents élaborés dans les services municipaux et communautaires pour écrire l’histoire de la collectivité. Elles sont également dépositaires d’archives privées (personnalités ayant activement participées à l’histoire de Brest, associations, entreprises et commerces…), audiovisuelles et d’objets parfois insolites qui contribuent à écrire notre histoire.
Le Service historique de la Défense Le site brestois du Service historique de la Défense abrite une bibliothèque spécialisée en histoire maritime et histoire des marines de guerre, de commerce, de pêche et de plaisance. Elle est l’héritière de la bibliothèque de l’Académie de Marine, qui fut fondée à la Révolution à partir d’ouvrages issus des dépôts littéraires. Le site propose également un service d’archives, composé de l’ensemble des documents produits par les services relevant du chef d’état-major de la Marine.
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1913-2013 : cent ans de protection
Une histoire mouvementée..... La protection du patrimoine de la ville de Brest pendant la Seconde Guerre Mondiale En septembre 1938, face à l’imminence d’un conflit avec l’Allemagne, la mise à l’abri des documents les plus précieux appartenant aux différentes structures patrimoniales de la ville de Brest est décidée. Archives, registres paroissiaux et de la période révolutionnaires, mais également imprimés et manuscrits sont évacués vers les châteaux de Penmarc’h (Saint-Frégant), puis de Kerjean. Cette décision se révèlera judicieuse puisque le 4 juillet 1941, Brest essuie un premier bombardement durant lequel est détruit, entre autres, la Halle aux Blés où se trouvait la bibliothèque et le musée. En janvier 1942, les Allemands demandent l’évacuation de Penmarc’h et de Kerjean. Une partie des documents est envoyée à Huelgoat, puis au château de Menez Kamm (Spézet), tandis que les incunables et les livres les plus précieux sont expédiés à Ussé, en Indre-et-Loire. En août et septembre 1944, des bombardements massifs anéantissent Brest. Les documents qui n’avaient pu être mis à l’abri disparurent définitivement…
La Bibliothèque municipale après 1945
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Le Centre de Recherche Bretonne et Celtique (CRBC) Le CRBC dispose d’une bibliothèque de recherche dédié à la connaissance de la Bretagne et des pays celtiques. Dans son domaine, elle est la plus importante et constitue un point d’appui fondamental pour la recherche… et pour les curieux ! Ouverte à tous, la bibliothèque s’enrichit régulièrement de documents variés (imprimés, manuscrits, correspondances, archives sonores…), témoins de la vivacité de la culture bretonne.
Le Centre François Viète Le Centre François Viète d’épistémologie et d’histoire des sciences et des techniques a été créé en 1994 à l’Université de Nantes. En 2012, une antenne a été inaugurée à l’Université de Bretagne Occidentale (UBO), à Brest. Abritant le fonds Auguste Dizerbo, un touche-à-tout scientifique passionné de biologie marine, elle participe à la promotion du patrimoine scientifique et plus spécifiquement à celui lié à l’environnement marin.
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1913-2013 : cent ans de protection
Lumière sur... Le patrimoine scientifique Au cours des dernières décennies, les sciences et les technologies ont connu une évolution particulièrement rapide. Les instruments scientifiques, les connaissances, les pratiques sont progressivement renouvelés. Pour ne pas oublier ces savoir-faire, le Ministère de la Recherche a chargé le Musée des arts et métiers d’une Mission nationale de sauvegarde et de valorisation du patrimoine scientifique et technique contemporain. Cette Mission réunit le patrimoine matériel et immatériel. Ainsi sont concernés les objets témoins de la recherche publique et privée, de l’enseignement, ainsi que la mémoire de ceux qui ont créé ou utilisé ces objets pour la recherche et le développement. C’est dans ce cadre que l’UBO s’est doté d’un service commun au sein de l’Institut des Sciences de l’Homme et de la Société, dédié à l’étude de son histoire et à la préservation de son patrimoine. Il est placé sous la responsabilité scientifique du centre François Viète et du CRBC. Les carnets de recherches «Histoire & patrimoine de l’UBO» ont pour vocation d’accompagner cette initiative.
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Patrimoines
en construction Le patrimoine est l’affaire de tous ! Vous aussi, contribuez à l’enrichissement du patrimoine brestois. Documents familiaux, écrits, photographies, collections constituées ou documents isolés peuvent intégrer les différentes collections des institutions patrimoniales brestoises. Parce que l’on souhaite voir un bien devenir commun ou pour un motif plus personnel, il y a mille et une raisons de participer à la constitution du patrimoine de demain. L’histoire des bibliothèques et des services d’archives est émaillée de donations, de legs, de dépôts qui ont fortement contribué à enrichir les collections.
L’avez-vous-vu ?
Un cachet portant la mention Legs Dr Rousse orne de nombreux livres de la Bibliothèque municipale. Le Docteur Rousse, éminent brestois du début du 20e siècle, légua à la ville sa bibliothèque privée. La collection fut répartie entre les bibliothèques pour profiter à tous ses lecteurs. Peut-être avez-vous déjà eu un de ses livres entre les mains ?
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1913-2013 : cent ans de protection
Après la destruction de la bibliothèque de Brest suite aux bombardements de 1940 à 1944, la ville de Denver a envoyé de nombreux dons de livres. Témoins de la solidarité d’après-guerre, ces ouvrages font toujours parti des collections et s’identifient grâce aux dédicaces qui y ont été apposées à l’époque par leur ancien propriétaire.
Mise à l’eau du Pen Duick VI, fonds Kerbaol
Cette photographie est une donation récente, conservée aux Archives municipales et communautaires de Brest. Le père du donateur a participé à la construction du navire d’Eric Tabarly. Le fonds est constitué d’un dossier de notes, plans, coupures de presse et photographies des différentes étapes de constructions du bateau.
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Le Patrimoine
les risques du métier
Le patrimoine écrit et graphique est fragile… et les principaux responsables de cette fragilité sont les documents eux-mêmes ! En effet, les livres sont constitués de matériaux vivants : papier, cuir, ficelle, colle animale… ils évoluent au fil du temps. Ils sont sensibles à l’humidité, à la lumière et les matériaux qui les constituent peuvent être un menu de choix pour certains insectes, rongeurs et autres moisissures. Pour transmettre et faire connaître ce patrimoine, il est donc indispensable d’instaurer des mesures de protections. Née dans les années 1980, la conservation préventive est une occupation majeure de tous les acteurs du patrimoine. Elle consiste à agir sur l’environnement sans toucher aux documents. Son objectif est de prévenir et de ralentir les dégradations auxquelles sont soumises les collections en essayant d’identifier les causes éventuelles d’altération afin de les enrayer. Mais lorsqu’un document a subi des traumatismes importants et qu’il est relativement rare, il est parfois nécessaire de faire intervenir un spécialiste de la restauration. C’est une opération délicate qui n’intervient qu’en dernier recours. Un mauvais geste et c’est tout un pan de l’histoire du document qui peut disparaître ! Pour cela, deux principes fondamentaux : toute réparation doit être réversible et respecter l’intégrité du document. Pour apprécier le travail minutieux des relieurs-restaurateurs de la Bibliothèque municipale, retrouvez des films illustrant la technique de restauration au papier Japon sur www.biblio-brest.fr.
La délicate réparation du tranchefile, élément qui renforce ou soutient le dos du livre
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1913-2013 : cent ans de protection
Profession : relieur
Pourquoi avez-vous choisi de faire ce métier ? Avant tout par passion des livres, mais également pour exercer un métier manuel de précision, qui allie travail sur les matières (papier, cuir, toile, fils …) et sensibilité artistique. Quelles sont vos missions à la bibliothèque ? La mission principale est de contribuer à la conservation des collections. Il s’agit d’équiper et entretenir les fonds. Nous sommes également chargés de résoudre les problèmes de détérioration dont souffrent les ouvrages anciens - du 16e au 19e siècle, dans le respect de la déontologie. Qu’est-ce-qui vous passionne dans votre métier ? Etre les « témoins » et comprendre les techniques de reliures anciennes. Chaque ouvrage a ses particularités, le travail est très varié. Quel est votre rapport au patrimoine ? Nous avons tous les deux un intérêt fort pour l’histoire, puisqu’il s’agit de notre formation initiale. Par l’exercice de ce métier, nous avons le sentiment de favoriser la transmission du patrimoine écrit. Propos de Gaëlle Lecornu & Gabriel Hébert, relieurs-restaurateurs à la Bibliothèque municipale de Brest.
JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE 2013
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Le Patrimoine
transmission Au fond des bibliothèques et des services d’archives, depuis des siècles, dorment des trésors cachés, accessibles à de rares privilégiés. La numérisation permet aujourd’hui à la fois de préserver durablement ce patrimoine inestimable et de le rassembler en un point d’accès unique. L’utilisation du Web permet la création de bibliothèques numériques qui rendent accessible le patrimoine à tout un chacun. D’un clic, on peut alors accéder à des manuscrits anciens, visiter une exposition, se composer sa propre bibliothèque, retrouver l’acte de naissance d’un ancêtre… et reproduire à l’infini un document jusque-là unique. La numérisation, à la suite de l’écriture et de l’imprimerie, permet de rendre la culture et le savoir toujours plus accessibles.
Retrouvez nous en ligne sur : http://archives.brest.fr www.biblio.brest.fr www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr www.univ-brest.fr/crbc http//ubopathist.hypotheses.org/
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1913-2013 : cent ans de protection
A vous de jouer ! Vous désirez vous rendre dans une des institutions patrimoniales brestoises pour des recherches, par curiosité ou pour vous faire plaisir ? Voici quelques conseils pour contribuer à préserver un patrimoine souvent fragile : A vos gants ! La manipulation de certains documents nécessite de porter des gants. Ils vous seront fournis lors de la consultation. Utilisez le matériel de lecture proposé : lutrins, futons, pupitres… Prenez des notes au crayon gris… et évitez le risque des tâches d’encre sur les documents. Photocopie, que nenni ! Car elle casse le dos des livres et fait passer la couleur de l’encre. Préférez la photographie numérique. Sans flash, bien entendu. Pas de nourriture, ni de boisson : insectes et rongeurs apprécient également le papier au chocolat. Maintenez les dossiers et les boites classés : les documents conditionnés ainsi sont souvent fragiles. Un mauvais rangement nuit à leur bonne conservation. Pensez aussi à toutes ces petites mains qui, patiemment, ont trié et rangé ces documents pour vous permettre une consultation toute en douceur ! Voilà, vous êtes maintenant prêt à affronter le plus précieux des documents patrimoniaux. En espérant vous rencontrer bientôt !
Une exposition conjointement organisée par la Bibliothèque municipale de Brest, les Archives municipales et communautaires de Brest, le Service historique de la Défense, le Centre de Recherche Bretonne et Celtique et le Centre François Viète - Université de Bretagne Occidentale
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