[ N°12 | NOVEMBRE 2015 ] UNE PUBLICATION DE LA
PARTENARIAT Sans Canal Fixe Nos projections bimestrielles dans les locaux de la bibliothèque, en partenariat avec Sans Canal Fixe, reprennent pour une nouvelle année, avec pour thème Mille mémoires. Sans Canal Fixe propose un ensemble de films qui abordent la grande Histoire par le petit bout de la lorgnette. Mardi 3 novembre à 18h30 Sans soleil, documentaire de Chris Marker (France, 1982, 104 min) Des lettres d’un cameraman free-lance, Sandor Krasna, sont lues par une femme inconnue. Parcourant le monde, il demeure attiré par deux pôles extrêmes de la survie, le Japon et l’Afrique, plus particulièrement la Guinée-Bissau et les Îles du Cap-Vert. Le cameraman s’interroge sur la présentation du monde dont il est en permanence l’artisan, et le rôle que la mémoire contribue à forger. Un sommet du film-essai par un réalisateur pour qui le cinéma devait fonctionner comme une machine à repriser le tissu du temps.
Projection suivante : Mardi 1er décembre à 18h30 avec Fragments sur la grâce de Vincent Dieutre (France, 2006, 101 min) Entrée libre Projection gratuite
DANS NOS RAYONNAGES
Cinémas du monde
La bibliothèque des Studio possède une collection d’environ 280 volumes sur les Cinémas du monde. Un rapide coup d’œil et l’on constate que les livres en question sont regroupés par continents avec un sous-classement par pays. Le cinéma français comporte plus de 60 volumes suivi de près par les USA avec une cinquantaine de titres. On note qu’y figurent moins d’une quinzaine de pays, en grande majorité économiquement développés. Les volumes ayant été acquis progressivement, choisis par des personnes différentes dans le souci d’offrir aux lecteurs une représentation équitable du cinéma d’hier et d’aujourd’hui de par le monde, on en conclut que les cinémas nationaux ont surtout prospéré dans les pays riches. De fait le cinéma s’est allumé en France en 1885, fruit des avancées techniques de l’ère industrielle (électricité, enregistrements de l’image puis du son). Cette étincelle a promptement embrasé l’Europe occidentale ; très vite elle s’est propagée aux USA alors que ce pays se hissait en tête du peloton des nations industrialisées. Ensuite elle a progressé en étoile vers l’Extrême-Orient et d’abord au Japon, le premier pays asiatique à avoir maîtrisé ces nouveaux outils. Après la dernière guerre elle a gagné les pays nés de la décolonisation. Quelques-uns de nos livres en témoignent : Le cinéma géorgien, Hong-Kong cinéma, le Cinéma au Mali... Et actuellement des cinémas continuent à naître à mesure que s’affirment les nations concernées : Thaï cinéma, Cinéastes d’Afrique noire... Malgré la variété des titres on s’aperçoit que ceux-ci s’articulent autour de deux approches
distinctes. Soit l’auteur expose l’histoire d’un cinéma national à la manière d’une encyclopédie. Soit l’auteur se focalise sur un thème propre à ce pays, concernant la culture, l’histoire, une tradition, une question sociale locale. En voici quelques exemples glanés aux 4 coins du monde : Société et cinéma : les années 1960 en Grande-Bretagne, Le cinéma italien à l’ombre des faisceaux : 19221945, Israéliens et Palestiniens : que peut le cinéma ?, Le cinéma nôvo brésilien, Le cinéma sud-coréen : du confucianisme à l’avant-garde, Le cinéma indien : la saga de Bollywood. La production cinématographique d’un pays devient alors outil d’investigation, moyen d’analyse et de caractérisation d’une question nationale. Le septième art apparaît comme l’outil de l’anthropologue du social et du culturel. Il participe alors à l’analyse des traits caractéristiques d’un peuple, d’une culture, ou d’un groupe social. Ainsi donc cette collection, nous conforte dans l’idée que le cinéma est multiple, qu’il existe sous forme de foyers de création inégalement répartis à la surface de notre bonne vieille planète et qu’à l’ère des transmissions quasi-instantanées il demeure « un moyen de transport qui traverse le temps et l’espace. »
L’AFFICHE DU MOIS
Le bal des vampires
Avec l’affiche Le Bal des vampires, film de Roman Polanski sorti en France en janvier 1968, nous nous intéressons à Clément Hurel (1927-2008) affichiste très prolifique dans les années 50/60, au même titre que Grinsson, Ferracci, Mascii ou Landi, ses contemporains. Accompagné d’un groupe d’illustrateurs, il tente dans les années 80 de faire reconnaître le droit à la propriété intellectuelle pour ces œuvres maintes fois reproduites dans un but commercial, sans que les droits ne soient reversés aux auteurs. Il réalise plus de 1500 affiches, passant d’un style réaliste à une illustration plus fantaisiste. Il officie principalement pour la Gaumont et la SNS. On lui doit des créations devenues légendaires comme A bout de souffle, French Cancan, La Traversée de Paris, et d’autres dans un style plus potache comme Le Gendarme de St Tropez, Les Fous du stade. L’affiche du Bal des vampires, réalisée au pastel dans des dominantes de rouge, donne le ton du film en opposant deux styles : un dessin sanguinolent plutôt humoristique sur la partie haute (où le vampire s’est déjà délecté de la main de sa promise en guise de baisemain), une représentation du bal sur la partie basse, dont le trait est sombre, plus réaliste et plus inquiétant. Son approche est caricaturale : les dents acérées et les ailes du vampire, les vestiges du château et la chauve-souris, le titre sanglant et dégoulinant. Le style vestimentaire des protagonistes situe l’histoire au début du XIXème siècle. Clément Hurel ne s’embarrasse pas de réalisme en croquant les visages de ses personnages sans ressemblance avec les acteurs.
Contrairement à d’autres illustrateurs, il ne signe pas toutes ses créations. Ici son nom a été inscrit, comme tapé à la machine à écrire, en bas à gauche du dessin. Sur cette affiche, comme au générique, Polanski qui tient pourtant un rôle dans le film, ne s’est pas crédité dans la liste des acteurs.
RENCONTRE Frank Lafond, spécialiste du cinéma fantastique et de science fiction, sera reçu à la bilbiothèque le 11 décembre 2015, à partir de 18h.
LE BLOG
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VIDÉO EN POCHE
Plein sud
Film de Sébastien Lifshitz | Français Sortie : décembre 2009 | durée : 1h30
mère où de la retourner contre lui ? On apprend moins sur la vie des autres protagonistes. On ne sait pas d’où ils viennent, ni où ils vont. Ils partagent la voiture de Sam, suivent sa route, sans pour autant parvenir à pénétrer le masque froid derrière lequel il se mure.
Faut-il tuer la part d’enfance pour se détacher d’une tragédie qui vous empêche de vous construire ? Sébastien Lifshitz s’appuie sur les codes du road-movie pour figurer le chemin intérieur parcouru par le personnage principal. Les personnages sont beaux, un peu trop peut-être, pour qu’on puisse s’attacher vraiment à eux. Pourtant, chacun joue sa partition avec justesse. Léa Seydoux, sensuelle, affiche son ultra-féminité sous le regard indifférent de Yannick Renier. Nicole Garcia, remarquable en femme blessée, ponctue le film de sa présence silencieuse et dépressive dans les nombreux flash-back.
Il ne suffit pas de cheminer dans la même voiture pour faire le même voyage. Sam, accompagné de trois auto-stoppeurs dont Mathieu et Léa, frère et sœur, file vers le sud. Le voyage qu’il a choisi d’entreprendre est un voyage intérieur. À mesure que les kilomètres défilent, des flash-back le ramènent à l’enfance, à la mort de son père, à la séparation d’avec sa mère. C’est elle qu’il va retrouver en Espagne et affronter pour se libérer de ses démons. Il traîne avec lui Nouveau dans notre catalogue* l’arme dont s’est servi son père pour se donner •La zona de Rodrigo Pla la mort. A-t-il l’intention d’en faire usage sur sa •Black coal de Diao Yinan
*La bibliothèque des Studio dispose du catalogue Vidéo en poche, qui vous propose un choix de films trop rares sur les écrans (fictions, documentaires, films d’animation). Le principe : contre 5 euros, vous repartez avec le film sur votre clé USB - liste des films disponibles : www.videoenpoche.info/index.php Le cinéma à lire | n°12 novembre 2015 2 rue des Ursulines, 37000 Tours | http://biblistudio.wordpress.com
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