BIKINI JANVIER-FEVRIER-MARS 2013

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JANVIER-FÉVRIER-MARS 2013 #10



TEASING

À découvrir dans ce numéro... «  D E S M E C S D É J À E N T R A I N D E C U V E R  »

MERCHANDISING

SEX-SHOP

BURGER KING

LOTO-BOUSE SAUCE BLANCHE

« EST-CE QUE VOUS ÊTES CHAUDS CE SOIR ? »

« HAPPY

H O U R  » LÉGENDES URBAINES A G E N C E S M AT R I M O N I A L E S

CLUEDO ÉTHYLOTEST

« LE NOMBRE DE CASSOS QUE TU PEUX VOIR »


ÉDITO

COURRIER DES LECTEURS Depuis maintenant presque deux ans, Bikini a la chance d’être bien suivi par ses lecteurs. On reçoit régulièrement notre petit lot de courriers et mails. Des messages qu’on prend plaisir à lire et qu’on lit tous intégralement. Si la majorité d’entre eux penchent du côté du cool, on voit arriver de temps en temps des lettres aux intentions moins sympatoches. Car oui, le courrier des lecteurs a aussi son dark side. Parmi ses missives, trois catégories se dégagent. La première – et c’est la plus importante – semble douter de notre professionnalisme et ne se cache pas pour nous le dire. Morceaux choisis : « C’est un peu simplet comme article », « Journaliste ??? », « Vous vous prenez pour Libération ? » et le classique « On n’avait plus de PQ ». Viennent ensuite les courriers de partisans de la réunification de la Bretagne historique. « Incroyable de voir une carte de Bretagne amputée de la Loire-Atlantique ! » Si on est loin d’être irréprochable sur un paquet de trucs, on n’y est pour rien sur ce coup. Reste enfin les messages WTF. Tellement chelous qu’on se demande pourquoi on nous les a envoyés. Notre préféré ? « Guingamp c’est un peu comme les MST, on sait que ça existe, mais on n’en parle pas. » Pour poursuivre le débat, n’hésitez donc pas à nous écrire. On vous l’a dit : on lit tout ce qu’on reçoit. La rédaction

SOMMAIRE 6 à 17 WTF : chanteurs chauves, éthylotest, Charrues, sex-shops, BD d’auteur, merchandising, foot et teuf, cabines téléphoniques, jeux à boire, noms des salles de concert, bars de zones commerciales, corbeille... 18 à 27 « Sala-toma-t’oignons ? » 28 à 31 Z’êtes chauds ze zoiiir ? 32 à 35 « Les journaux que personne ne lit » 36 à 39 On a testé l’amour 1.0 40 à 47 RDV : Vitalic, H-Burns, Thomas Howard Memorial, Zombie Zombie, Phenüm et Arch Woodmann 48 Vide ton sac... Rok 2 50 BIKINI recommande 4

janvier-février-mars 2013 #10

Directeur de la publication : Julien Marchand / Rédacteurs : Régis Delanoë, Isabelle Jaffré, Benoît Tréhorel, Simon Doniol / Directeurs artistiques : Julien Zwahlen, Jean-Marie Le Gallou / Photographe : Justin Bihan / Consultant : Amar Nafa / Relecture : Anaïg Delanoë / Publicité et partenariats : Julien Marchand, contact@bikinimag.fr / Impression par Cloître Imprimeurs (Saint-Thonan, Finistère) sur du papier PEFC. Remerciements : nos annonceurs, nos lieux de diffusion, la CCI de Rennes, Michel Haloux, Basile & son jetable, Étienne Cormier, Matthieu Noël, Émilie Le Gall. Contact : BIKINI / Bretagne Presse Médias - Espace Performance Bât C1-C2, 35769 Saint-Grégoire / Téléphone : 02 99 23 74 46 / Email : contact@bikinimag.fr Dépôt légal : à parution. BIKINI “société et pop culture” est édité par Bretagne Presse Médias (BPM), SARL au capital social de 5 500 €. Les articles publiés n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. Le magazine décline toute responsabilité quant aux photographies et articles qui lui sont envoyés. Toute reproduction, intégrale ou partielle, est strictement interdite sans autorisation. Magazine édité à 20 000 exemplaires. Ne pas jeter sur la voie publique. © Bretagne Presse Médias 2013.



WTF

QUEL CHAUVE ALLER VOIR ?

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GARDEN PARTY

BELLE CATÉGORIE QUE CELLE DES CHANTEURS CHAUVES DE FRANCE POUR QUI CALVITIE ET TALENT NE SONT PAS ANTINOMIQUES. ENFIN UNE BONNE RAISON DE NE PLUS FLIPPER À L’IDÉE DE PERDRE SES CHEVEUX.

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Le Jardin Moderne à Rennes organise la deuxième édition de son Jardin Numérique, un rendez-vous consacré à la création numérique et à l’expérimentation technologique. Au programme : installations, ateliers, conf’… Sans oublier la soirée de clôture à L’Antipode avec le concert des fripouilles de Foreign Beggars. Du 6 au 10 février.

DOMINIQUE A

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LE MONDE DE MNEMO

Boum, Mnemotechnic déboule. Le premier album des Brestois, intitulé Awards, s’apprête à sortir sur le classieux label US Smalltown, avec au menu 12 pistes de dancerock rappelant furieusement les Gang of Four ou The Rapture.

JEUNES CHARRUES

candidature Qui succédera à la désormais incontournable troupe de Mermonte ? Les inscriptions sont ouvertes pour la nouvelle édition des Jeunes Charrues. Comme chaque année, dix groupes de l’Ouest sont sélectionnés pour la finale qui se tiendra à Kérampuilh. Dépôt des candidatures sur le site du festival. 6

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Pour tous les gars atteints de calvitie précoce, Dominique A (photo) incarne l’espoir. L’espoir de pas avoir l’air d’un gland complet sans un cheveu sur le caillou. Et talentueux avec ça le garçon : vingt ans qu’il est dans le circuit du “rock à la française” – pour autant que cette catégorie existe – et des albums de plus en plus cotés. Le chauve c’est comme le pinard : plus c’est vieux, plus c’est bonheur. Pour qui ? Les gens qui prennent du Chardonnay en apéro Idéal si vous aimez ? La Route du Rock Quand et où ? Le 23 mars au Grand Pré à Langueux

OXMO PUCCINO

Après des débuts avec Time Bomb, aux côtés de Pit Baccardi et de Booba, le rappeur français a réussi l’exploit de passer de Skyrock à France Inter. Comment ? Plus il commençait à perdre le peu de tifs qui lui restait, plus il a peaufiné son écriture et son flow pour s’installer comme chef de file de la scène jazz/hip-hop. À tel point qu’on le surnomme le “black Jacques Brel”. La tignasse dégoulinante en moins évidemment. Pour qui ? Les profs de français Idéal si vous aimez ? Abd al Malik Quand et où ? Le 8 mars à La Carène à Brest, le 9 mars à La Nouvelle Vague à Saint-Malo

FRANÇOIS HADJI-LAZARO

Les Garçons Bouchers ça vous parle ? Si oui, désolé de vous rappeler que vous devez dépasser les 30 ans. Les plus jeunes, sachez que le bon François, parfait sosie de La Boule dans Fort Boyard, était le leader du groupe susnommé dans les eighties, aujourd’hui reconverti dans le spectacle pour les n’enfants. Ses chansons parlent d’une mémé pète-gueule ou d’une fée au chomdu. Henri Dès et Chantal Goya sont très très loin. Pour qui ? Les parents nostalgiques de quand ils étaient punks Idéal si vous aimez ? Les Crados Quand et où ? Le 27 janvier au Trio Théâtre à Inzinzac-Lochrist


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PEUT-ON TROMPER UN ÉTHYLOTEST ?

ON A TESTÉ LES TRUCS ET ASTUCES SUPPOSÉS POUR NE PAS ÊTRE CONTRÔLÉ POSITIF : PAS DE MIRACLE. On connaît tous un mec qui nous a déjà raconté avoir passé « tranquille » un contrôle bibine alors qu’il avait trois grammes dans chaque poche. Que sa combine était infaillible pour gruger l’éthylotest. Cigarette, bonbec à la menthe ou café bien serré : des astuces censées cacher l’haleine chargée et lui redonner une fraîcheur alpine. Le journalisme de terrain ne nous faisant pas peur, on a donc décidé de vérifier l’efficacité présumée de ces stratagèmes. Une bouteille de rouge plus tard, les tests pouvaient commencer... avant de tous échouer. Tasses de café, clopes et bonbons Croibleu : à chaque fois, l’éthylotest nous indiquait que nous étions audessus de la limite autorisée pour prendre le volant, aucun élément n’ayant réussi à masquer notre souffle estampillé Beaujolais. Fausses astuces, vraie connerie ? « Ce sont des idées reçues qui restent, reconnaît François-Xavier Gadras, directeur de la Prévention Routière d’Ille-et-Vilaine. La seule chose sûre : une fois l’alcool avalé, il n’y a rien qui puisse arrêter le processus de montée du taux d’alcool. Le seul et unique allié, c’est le temps. » 7


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VIEILLES CHARRUES : QUI FERAIT L’ UNANIMITÉ ? LE FESTOCHE CARHAISIEN DÉVOILE SA PROGRAMMATION COMPLÈTE LE 16 AVRIL. COMME CHAQUE ANNÉE, SOUHAITS ET RUMEURS CIRCULENT. ON IMAGINE CEUX QUI METTRAIENT TOUT LE MONDE D’ACCORD.

Chaque style musical a ses intouchables qui font fantasmer tous les programmateurs de festoches : Daft Punk en électro, les Stones en rock, U2 ou Madonna en pop, Stevie Wonder en funk, Metallica en métal… Chacun dans son genre est une machine à tubes inabordable vivant sur une autre planète. Mais quand même, ça fait rêver d’imaginer Da Funk résonner à Kérampuilh, ce vieux queutard de Mick Jagger bouger du fion ou la Madone montrer un nichon à Carhaix.

C’est la catégorie des groupes dont tu sais que tu vas devoir raquer un max pour les convaincre, mais au moins t’es à peu près certain d’en avoir pour ton blé. Personne ne reste insensible à un concert d’AC/DC par exemple. Idem pour les Red Hot Chili Peppers, ils ont viré rock-guimauve mais sur scène ça cartonne. On serait pas contre non plus un come-back de Rage Against The Machine (« A bullet in your fucking head ! »), de Noir Désir ou de l’éternel Manu Chao.

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LES POPU’

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LES BÊTES DE SCÈNE

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LES DARONS

Carhaix est habitué aux chanteurs populaires, capables de rassembler tous les âges. Dans cette catégorie, on serait curieux de voir La Compagnie Créole (« décalécatan, décalécatan ! ») et, surtout, Patrick Sébastien. On l’imagine programmé tard, quand tout le monde est bien pété, prêt à reprendre comme des cons La Fiesta ou Tournez les serviettes. Avec un Patoche haranguant la foule à coup de « allez, tout le monde s’encule ! » ou de « à 3, on sort sa bite : 1, 2... ». Sûr que ça marcherait.

POURQUOI LES PROGRAMMATIONS SORTENT SI TÔT ? LES FESTIVALS DONNENT LE SENTIMENT DE DÉVOILER LEUR PROGRAMMATION DE PLUS EN PLUS TÔT CHAQUE ANNÉE. ENTRE L’ENVIE DE FAIRE PARLER ET LA GESTION DE LEUR BILLETTERIE, PLUSIEURS RAISONS APPARAISSENT. Les annonces de prog’ semblent devenues une course à l’échalote : les Charrues sortent un premier nom, le Bout du Monde en dévoile une dizaine, les Charrues en redonnent un, Panoramas en lâche 24 le lendemain... Une communication de plus en plus précoce, alors que les beaux jours sont toujours bien lointains. « Avant, on faisait des billets à prix d’ami sans dévoiler le moindre nom, explique Marie Clavier, du Bout du Monde. Mais depuis deux ans, on sort une première liste. C’était une demande des festivaliers. Et puis, ça permet de créer de l’actu. » Autre avantage : la billetterie, surtout à l’approche de Noël. Exemples ? 2 800 billets partis en une journée pour le Boudum’, 250 en sept minutes pour Pano. 8

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Une stratégie que n’a pas adoptée Art Rock. « Ça fait longtemps qu’on a ce parti pris. On préfère annoncer la prog’ d’un seul coup, d’une manière un peu événementielle, justifie Solène Ouillon, la chargée de com’. Par contre, pour la première fois, on a proposé des billets à prix réduits à Noël. Même sans nom, les fidèles répondent. » Camille Thomas de Panoramas poursuit : « L’idéal serait de pouvoir annoncer tout au même moment pour que les gens puissent voir l’ensemble de la prog’ et ainsi se décider. Mais c’est de plus en plus compliqué de booker, certains noms arrivent tard. L’économie d’un festival étant fragile, on essaie d’anticiper au max. Une annonce en deux temps permet d’avoir une meilleure vision des ventes. »


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LA BD D’AUTEUR VA-T-ELLE BIEN ?

ENTRETIEN AVEC NICOLAS AUFFRAY, AUTEUR D’UN OUVRAGE SUR LA SCÈNE RENNAISE DE BANDE DESSINÉE. Arrêt du festival Périscopages et fermeture de la librairie rennaise Alphagraph : la BD locale est en crise ? Je parlerais plutôt d’un cycle qui se termine. Avec ces deux événements récents, il va y avoir une perte évidente de visibilité pour les auteurs du coin. Mais il y a toujours pas mal de publications, avec notamment Naz et Bruno qui ont sorti de très bonnes choses récemment. Qu’est-ce qui caractérise la scène rennaise et bretonne ? Le côté “do it yourself” est très marqué. Il en tire ses origines de la culture punk des années 70 et 80. Cette identité est une grande force pour les nouveaux auteurs, car ils savent qu’en démarrant à Rennes, ils seront entourés. Il y a beaucoup de solidarité entre auteurs. Quel avenir ? Je suis plutôt confiant pour les auteurs rennais, malgré ce problème de représentation avec la fin de Périscopages et d’Alphagraph. La génération actuelle est en train de s’affirmer et la future pourrait profiter du retour actuel de la culture fanzine. Une Scène dans l’ombre, aux éditions Goater 9


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LES SEX-SHOPS SONT-ILS MORTS ?

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DU MONDE AUX BALKANS

LA DISPARITION DES PETITS COMMERCES AU PROFIT DES GRANDES SURFACES ? LES SEX-SHOPS INDÉPENDANTS N’Y ÉCHAPPENT PAS, VICTIMES DE LA « DÉMOCRATISATION DU SEXE ». UN COMBLE.

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Mélodies hypnotiques et tempo pied au plancher, Slonovski Bal vient défendre sur scène son septième album. Programmée dans le cadre du festival Les Hivernales du Jazz à Vannes, cette fanfare serbo-turco-francomacédonienne partagera l’affiche avec, entre autres, Lo’Jo, Éric Legnini et Matmon Jazz.

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BZH <3 BÉRUS

Coop Breizh vient de rééditer les quatre premiers albums de Bérurier Noir, groupe phare de la scène alternative des eighties : Macadam massacre, Concerto pour détraqués, Abracadaboum et Souvent fauchés toujours marteau. Ces sorties doivent précéder celles prochaines de nouveaux vinyles et albums contenant des titres inédits.

CINÉMAKILT

écosse La 24e édition du festival de cinéma Travelling de Rennes se déroule du 19 au 26 février et met à l’honneur l’Écosse, terre de jeu de Danny Boyle, Ken Loach et Peter Mullan. Une pensée pour Spud, le gentil neuneu du mythique Trainspotting. 10

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Les temps sont durs pour les sex-shops indépendants : « Il y a encore quelques années, il y en avait trois ou quatre dans la même rue, quartier SaintMartin à Brest », se souvient Joss Letulle, le proprio du XY29 à Quimper. Aujourd’hui, beaucoup ont disparu. « Il faut dire que certains pratiquaient encore les prix des années 80 », ajoute le Quimpérois. Et qui payerait pour voir une vidéo à 60 € quand Internet file tout gratos ou presque ? L’arrivée des grandes surfaces du sexe (Dorcel Store, Oh Darling, etc.) n’est pas non plus vue d’un bon œil par les indépendants. « L’ouverture de ces magasins a eu un impact sur notre chiffre d’affaires. C’est comme si un hypermarché ouvrait pas loin d’une supérette. Plusieurs sex-shops à Rennes ont fermé depuis leurs arrivées ici », déplore Pascal, qui bosse à Erotica, une boutique de 20 m² dans le centre-ville rennais, ouverte depuis 21 ans.

Les sex-shops ont beau encore se coltiner une image de boutiques « glauques » pour beaucoup de gens, force est de constater qu’ils résistent : à Internet, à la crise. Alors pourquoi pas aux grandes surfaces ? Chez Dorcel, on se défend de tuer le petit commerce. « On n’a pas la même clientèle, explique Michel Jézéquel, en charge des magasins dans l’Ouest (Rennes, Lorient, Brest, Nantes). Nous avons plus de couples, de femmes. » Ce que revendique aussi Pascal chez Erotica, « même si ça reste très masculin. Le sex-shop est beaucoup moins tabou qu’avant. Et puis, chez eux, vous n’avez que leurs produits maison. Chez les indépendants, on trouve plus de choix ». Pour le patron du XY29 à Quimper, ce qui le « sauve, c’est d’être assez loin de ces magasins ». De quoi assurer une part du gâteau à chacun ? « À Quimper, on est trois sex-shops. Ça parait beaucoup, mais on arrive à vivre, alors… » Isabelle Jaffré


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GOODIES : COUP DANS LE RÉTRO

LE MERCHANDISING MUSICAL OFFRE DÉSORMAIS UNE ALTERNATIVE AU T-SHIRT FLOQUÉ. AVEC QUOI ? LA K7 AUDIO Donne un crayon et une K7 à un ado aujourd’hui et il ne verra pas le lien entre les deux : le premier sert à rembobiner le second, bon sang de bonsoir ! Un geste daté ? Pas complètement, le business de la bande magnétique plaît encore. Le duo électro Sommet vient de sortir une mixtape sous ce format et le label Impersonal Freedom de Thomas Poli (Montgomery) s’y met aussi.

LE TOTE BAG À mi-chemin entre le sac de course en tissu et la poche à patates en toile de jute, le tote bag, popularisé aux USA dans les années 40, est top tendance chez les hipsters. Et puis c’est facile d’y imprimer des trucs dessus. Electroni[K] et Arch Woodmann, par exemple, ont sorti leur modèle.

LE PULL Cet hiver, Slayer a osé mettre en vente un pull en laine avec des têtes de mort et des croix sataniques tricotées. C’est meugnon comme tout. Dans un style moins bourrin, les Rennais Mermonte proposent un t-shirt imitation pullqui-gratte à base de flocons de neige et d’élans. C’est à la fois original et pratique pour pas suer comme un veau dans une salle de concert. 11


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LES FOOTEUX SONT-ILS DE BONS FÊTARDS ? BEAUCOUP SE SONT OFFUSQUÉS DES FRASQUES DU RENNAIS YANN M’VILA PARTI FAIRE LA TEUF À PARIS. POURTANT, LE MONDE DU FOOT ET DE LA NUIT ONT TOUJOURS FAIT BON MÉNAGE. LA PREUVE PAR TROIS.

Historien du foot et commentateur radio légendaire, Georges Cadiou l’affirme : « Il y a toujours eu à Brest de fabuleux fêtards. » Dont Ribéry, qui y a débuté en pro. Mais l’âge d’or en la matière, ce sont les années 80, quand le président de l’époque « devait faire les sorties de boîtes certaines veilles de match ». Il y ramassait notamment le milieu de terrain Bernard Pardo (photo) qui, depuis, a fait six mois de cabane pour trafic présumé de cocaïne, avant d’être finalement blanchi (sic).

CORBEILLE Camille Cette meuf a pour principal tube un morceau intitulé Ta Douleur. Coïncidence ? Je ne pense pas. À Quéven et CessonSévigné Max Boublil, Kev Adams La génération Y adoube les chansons pourlingues de Max Boublil et les sketchs à deux boules de Kev Adams. Y, c’est bien en référence au Yaourt qui 12

S’il l’avait voulu, l’ancien Rennais Stéphane Dalmat aurait pu être une star. C’est en tout cas le destin que beaucoup lui promettaient en début de carrière, avant que celleci ne parte en cacahuète, à force d’incartades extra-sportives. La plus belle ? En 2011, alors qu’il rentrait d’une soirée à Tours, il est surpris par les flics, au petit matin, à essayer de pousser sa bagnole tombée en panne d’essence sur le bord de la route. Le contrôle d’alcoolémie est formel, il avait 1,4 g dans le sang.

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M’VILA, LA TEUF EN HÉRITAGE

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DALMAT, FIDÈLE À SA LÉGENDE

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ICI C’EST BRESSS’, T’ENTENDS ?!

Auteur la saison dernière d’un joli grand chelem à base de liche, de baise et de bling-bling, le Rennais Yann M’Vila s’est fait sanctionner par la fédé. La raison ? Avoir fait le mur lors d’un rassemblement des Espoirs au Havre, direction un fameux nid à poules de Paris en compagnie de son coéquipier Chris Mavinga. Ces deux-là s’inscrivent dans une lignée d’anciens joueurs du club adeptes de virées nocturnes. Sauf qu’un gars comme Sylvain Wiltord ne s’est jamais fait gauler, lui. R.D

NOTRE ANTI-SÉLECTION DES SPECTACLES QUAND FRANCHISE ET MAUVAISE FOI NE FONT QU’UN

Michel Sardou Alerte : dans une récente interview au JDD, Michel Sardou s’est déclaré « éviIndochine M demment » favorable au Dépêche AFP : Indochine On préfère tirer la sonnette mariage pour tous, a s’est associé à la multina- d’alarme avant qu’il ne soit condamné le départ de tionale LiveNation pour trop tard. Déjà confirmé Depardieu pour raison fisune tournée marathon de à Bourges et aux Francos, cale, se compare à Orelsan, 80 concerts. Une condam- on émet nos plus grandes se positionne pour le manation très lourde qui craintes concernant une riage des prêtres. Le monde signifie que, sans remise programmation massive part vraiment en sucette. de peine, ça va être dur de M dans les festoches À Rennes d’éviter la bande à Sirkis en 2013. lors des programmations Bientôt partout La rédaction obstrue leurs conduits 2013 et 2014. Putain auditifs ? d’injustice. À Pacé et Guipavas À Brest et Lorient

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QUE RESTE-T-IL DES CABINES TÉLÉPHONIQUES ?

ELLES FAISAIENT PARTIE DU PAYSAGE. AUJOURD’HUI, ELLES SONT EN VOIE DE DISPARITION. ON FAIT LE POINT. COMBIEN Y EN A-T-IL ENCORE ? « 125 155 cabines en France, dont 3 400 en Bretagne », indique France Télécom. C’est en forte baisse depuis plusieurs années, parallèlement à la chute vertigineuse du trafic lors de la dernière décennie : « - 91 % entre 2001 et 2010, et même - 40 % sur les douze derniers mois. »

QUELLE EST LA LOI ? À l’ère du portable, les cabines ne sont « plus du tout rentables », mais le service com’ d’Orange indique que l’opérateur est tenu par la loi de ne pas toutes les bazarder : « Il en faut une au minimum par commune et une deuxième au-delà de 1 000 habitants. » C’est ce qu’on appelle l’obligation de service universel.

QUI SONT LES UTILISATEURS ? « Les appels les plus longs sont effectués vers l’étranger, le Maghreb principalement. » Sinon il y a les étudiants crevards ayant flingué leur forfait avant la fin du mois. Mais globalement ça représente que dalle. Pour preuve, Orange a fixé un démontage systématique de cabine « quand elle est utilisée moins de cinq minutes par an ». R.D 13


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SALLE DE CONCERT, D’OÙ VIENT TON NOM ? ON A INTERROGÉ LES ÉQUIPES DES SALLES DE MUSIQUES ACTUELLES DE LA RÉGION POUR CONNAÎTRE L’ ORIGINE DE LEUR NOM. EXPLICATIONS SOUVENT RATIONNELLES, PARFOIS GLUCOSES, TOUJOURS FONDÉES. 1

LA CARÈNE

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« Au moment de son ouverture en 2007, la Ville de Brest avait demandé aux habitants de donner leur avis sur le nom à trouver. La Carène a fait l’unanimité. Ce qui colle bien au cadre : le port de commerce, où se trouve une activité de carénage de bateaux. J’ai constaté aussi qu’une galaxie d’étoiles avait pour nom “Carène”. Symboliquement c’est pas mal. »

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LA CITROUILLE

« Les deux directrices de la salle souhaitaient un nom féminin, pour casser l’image virile des salles de concert. Elles ont un temps songé à l’appeler La Patate (sic) pour finalement s’arrêter au terme La Citrouille. Y a un côté conte de fée et transformation en joli carrosse qui colle avec le côté accompagnement d’artistes. »

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RUN AR PUÑS

« La salle a été bâtie sur les lieux d’une ancienne ferme familiale basée au lieu-dit Run ar Puñs à Châteaulin. Littéralement, cela signifie en breton “le puits de la colline”. Depuis son ouverture en 1978, elle a gardé ce nom, qui a un côté à la fois pratique, authentique et sympa. »

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LE MANÈGE

« Dans les premiers temps où la salle existait, il y avait encore des travaux, alors l’asso MAPL qui la gère avait décidé de l’appeler “Le Manège en Chantier”, pour le jeu de mots. Une fois que les travaux ont été finis en 1996, son nom a été simplifié, en ne gardant que le terme “Manège”. »

L’ ANTIPODE

« Le directeur voulait un nom qui commence par la lettre A, pour être dans les premiers dans l’annuaire ! Le terme “Antipode” s’est rapidement imposé, d’une part en clin d’œil à la position excentrée de la salle par rapport au centre-ville de Rennes, ensuite par son côté décalé et éclectique. » 5

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LA NOUVELLE VAGUE

« Quand on a déposé le dossier de reprise de L’Omnibus, j’étais en vacances en bord de mer, c’est là que m’est venu ce nom. L’idée, c’est de montrer le côté nouvel élan de notre démarche. Une vague, c’est puissant, beau et positif à la fois. Et puis, c’est un clin d’œil à la scène musicale new wave, que toute l’équipe adore. »

L’ UBU

« La salle a été créée sur les lieux d’un ancien café-théâtre connu sous le nom de salle Jarry, en référence au romancier Alfred Jarry (ancien élève du lycée situé juste en face). Quand la salle a été ouverte en 1987, il a été décidé de l’appeler “Ubu” pour conserver l’hommage à Jarry, l’auteur d’Ubu Roi. » 6

L’ ÉCHONOVA

« Il y avait cinq autres noms en balance : le Block, le Dolmen, le Phonolithe, le Modulo et le Polygone. L’Échonova a été retenu car il associe le côté “écho” – l’idée de propagation sonore sur un territoire – avec le “nova” qui évoque les musiques actuelles. Et puis c’est un nom facile à s’approprier, les habitués parlent aujourd’hui de “L’Écho” tout court. »


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QUELS SONT LES MEILLEURS JEUX À BOIRE ?

POUR VOS SOIRÉES D’HIVER, ON A LA SOLUTION POUR VOUS DISTRAIRE ET VOUS RÉCHAUFFER EN MÊME TEMPS. Qui n’a pas chez lui un vieux plateau de Trivial Pursuit, Monopoly ou Cluedo qui traîne ? Si l’envie de lui donner une deuxième vie vous prend, il y a une solution efficace pour motiver vos potes : l’alcool. « Le plus simple, c’est de boire quand on perd, estime Tanguy Trapy, animateur de la Maison du Jeu de Bretagne, installée à Redon. Pas très original. Mais avec de l’imagination, on peut inventer d’autres règles qui intègrent la boisson. » Exemple : les inventeurs du Drunkopoly, un jeu à télécharger sur Internet. Au lieu de la rue de la Paix ou de la rue de Vaugirard, des gages : finir son verre cul sec, servir cinq coups à tous les joueurs… Mais tous ces classiques ne sont cependant « pas forcément les plus adaptés pour faire un jeu à boire », selon Stéphane Radigois, gérant du magasin brestois Ludik Addict. « Il existe de nouveaux jeux d’ambiance qui se vendent bien car ils ne sont pas chers, 10 €. Une petite boîte qui s’emporte partout, à l’apéro ou au bar, renchérit Tanguy Trapy. Et ceuxlà affichent clairement la couleur : Tchin-Tchin, Happy Hour... » I.J 15


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LE BOOM DES BARS DE ZONES COMMERCIALES

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SUNDAY DELIGHT

MARCHANDS DE VIN, CAVES À BIÈRES ET GRANDES SURFACES DE LA LICHE : CES ENSEIGNES ONT SU S’IMPLANTER EN PERIPHÉRIE ET ATTIRER LES ÉTUDIANTS. COMMENT ? GRÂCE AU BOUT DE COMPTOIR QU’ELLES PROPOSENT.

LA PLUS BEL POUR ALLER DANSER

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AFTER WORK Ancien assistant de Philippe Découflé, le chorégraphe Jérôme Bel met en scène Cédric Andrieux, seul sur scène. Par l’histoire de cet ancien interprète de Merce Cuningham, cette pièce retrace le parcours que partagent tous les danseurs. Le 9 janvier au CDDB à Lorient.

HOP HOP HOP

à gagner Bikini a une bonne occasion de vous faire bouger sur Nantes : des places pour le festival HIP OPsession qui a lieu du 7 février au 2 mars. Pour tenter votre chance, rendez-vous sur notre Facebook. Right now ! 16

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« Notre premier magasin a ouvert en 2001 à Château-Gontier en Mayenne, se souvient Natacha Anger, la chargée de com’ de V&B. Aujourd’hui, on doit en être à une cinquantaine en France. » Le dernier en date, c’est Vitré, il y a un mois. Sur ce marché, des indépendants ont pris la vague. Les frères Favris, Wilfried et Matthieu, ont créé Garden Bier à Saint-Malo en 2005, puis à Landerneau en 2008. « Nous par contre, on ne vend que de la bière. On a 350 références qui viennent aussi bien de Belgique que d’Allemagne, de Tahiti, d’Afrique, d’Asie... » Mais quel intérêt à aller prendre une mousse dans ces lieux, loin des centres-villes ? Le prix, d’abord. Chez V&B, 33 cl de pression ou

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Amateurs de Kro, passez à l’article suivant. Ici, on n’en parle pas car il n’y en a pas. Ici, il n’y a que de la bonne. Mais c’est où “ici” ? Chez les caves à bières et autres marchands de bibine situés en périphérie. Le premier du genre et le plus influent aujourd’hui, c’est V&B (prononcez “vi and bi”), aka Vins et Bières. Son principe : un hangar amélioré au cœur d’une zone commerciale, et dans lequel on peut acheter binouzes et pinard. Mais aussi picoler directement sur place. Une pratique de plus en plus fréquente chez les étudiants et les jeunes actifs.

Depuis novembre, les Champs Libres ont la bonne idée d’accueillir chaque premier dimanche du mois un acteur de la vie culturelle rennaise. Les trois prochains partenaires ont belle gueule, puisqu’il s’agit de L’Antipode le 6 janvier, Mythos le 3 février et Electroni[k] le 3 mars. Gratuit et ouvert à tous.

en bouteille vous en coûtera 2,50 €. La pinte plafonne, elle, à 3,50 €. Plutôt cool ! La qualité et la diversité, ensuite. « On change de bière à la pompe dès que le fût est vide, de façon à faire découvrir aux gens d’autres produits », indique Wilfried de Garden Bier. Pour se démarquer des troquets ordinaires, ces caves-bars misent sur l’after work. Quand on va avec Jean-Mi s’en j’ter une après la réunion de 17 h 30. Autour d’un verre, on s’enfile alors un sauciflard. Et on avale sa ration de malt. Seul hic : dur d’y traîner tard. Ah oui parce qu’à 20 h, ça ferme. Bon, on peut également poursuivre les hostilités ailleurs : les magasins louent des tireuses à bière. « Et le barnum avec », précise-t-on chez Garden Bier. Benoît Tréhorel


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FESTIVALS 2013 : PREMIERS NOMS

DES FESTOCHES DE LA RÉGION ONT DÉVOILÉ LES PREMIERS ARTISTES CONFIRMÉS. PETIT RÉCAP’. VIEILLES CHARRUES Deux premières annonces catégorie poids lourd du côté de Carhaix : l’Américain Neil Young et les Allemands de Rammstein (photo).

BOUT DU MONDE Le festival de Crozon a déjà dégainé une dizaine de noms : Joe Cocker, Jacques Higelin, Cali, La Rue Kétanou, 77 Bombay Street, Taj Mahal, Manu Dibango, Cheik Tidiane Seck, Niyaz, La Troba Kung-Fu, Yasmin Levy et Ondatropica.

PANORAMAS Le rendez-vous qui ouvre la saison des festoches dans la région a confirmé la venue de : Vitalic, Naïve New Beaters, Rich Aucoin, Dave Clarke, Sexy Sushi, Salut C’est Cool, Black Strobe, Lescop, Maceo Plex, Phoebe Jean & The Air Force, Netsky, Disiz, Don Rimini, Joris Delacroix, Fill’s Monkey, Poni Hoax, Grems, Son of Kick, Cuir! Moustache, Julian Jeweil, Rocky, Boston Bun, Madben, Julien de Casthilo.

ROCK’ N SOLEX Pour sa 46e édition, le festival rennais a déjà sorti trois premiers noms : Para One, Groundation et Danger. 17


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« SALA-TOMAT’OIGNONS ? »

À LA DIFFÉRENCE DU BURGER, LE KEBAB A RÉUSSI À S’IMPOSER SANS PLAN MARKETING ET MALGRÉ UNE MAUVAISE RÉPUT’. UNE ENQUÊTE À CONSOMMER SUR PLACE OU À EMPORTER. 18

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l y a des inspirations qui marquent l’Histoire à jamais. Celle de Mehmet Aygün en fait partie et constitue le point de départ d’une des épopées culinaires les plus imprévisibles du 20e siècle. Nous sommes en 1971 à Kreuzberg, un quartier populaire de Berlin. Mehmet, qui a grandi en Turquie, vient de débarquer en Allemagne à l’âge de 16 ans. Et commence à taffer dans le resto de son oncle, spécialisé en viande rôtie à la broche. Pendant plus d’un an, il est chargé de garnir les assiettes de ces bouts de bidoche grillée puis, un jour, l’illumination. La légende raconte que, lassé d’enchaîner les plats, il aurait saisi un morceau de pain pour y fourrer de la viande. Avant d’y rajouter des crudités et du fromage

blanc rehaussé d’ail, d’oignon et de persil. Le döner kebab (“grillade tournante” en turc) était né. Une idée simple mais qui allait transformer le marché du fast-food, chambouler le régime alimentaire des étudiants et sauver – jusque tard dans la nuit – les fêtards soucieux d’éponger leur trop-plein de picole.

Si les géants du burger ont misé sur la standardisation des produits, l’uniformisation des procédés et une communication publicitaire à gogo, le kebab a pris la voie opposée. À commencer par sa structuration : 99 % d’indépendants, quasiment pas de franchisés (seules deux chaînes, encore anecdotiques, existent). « Ouvrir un kebab ne coûte Anti-marketing pas cher. Il s’agit de petites surfaces, Quarante ans plus tard, avec 11 000 cela demande peu de moyens et de points de vente en France (six fois personnel : c’est relativement facile plus que McDo et Quick réunis) et de se lancer, souligne Patrice Duche280 millions de kebabs engloutis min, sociologue de la consommation, chaque année, ce plat germano-turc pour qui la prédominance des indéest devenu un poids lourd de la res- pendants s’explique aussi par l’oritauration rapide. Mais comment ce gine des restaurateurs. On retrouve sandwich dégoulinant, à la répu- souvent des travailleurs immigrés tation suspecte et à l’antipode du pour qui tenir son propre établissemarketing a-t-il bien pu s’imposer ? ment est considéré comme un facteur d’intégration. » Un profil de petit commerçant qui fait aussi le charme des lieux. Car si les ingrédients sont toujours un peu les mêmes (un « chef », un menu

« Quand McDo est arrivé, il y avait les mêmes craintes » 20

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aux photos old school, un frigo à canettes où on va se servir directos, une radio branchée sur Skyrock…), chaque établissement est unique. À l’opposé de l’univers plastifié de Quick, KFC et McDo où tout est calculé au poil de cul près. « Du coup, il y a une proximité avec le kebabiste qui joue un rôle très important. C’est un commerçant, comme le boulanger ou le boucher », estime Thibaut du site Kebab-Frites, le principal guide et comparateur de kebabs en France. Preuve qu’il n’y a pas deux sandwiches qui se ressemblent. Car celui que l’on surnomme communément “sandwich grec” (du fait de l’origine du gyros, un plat se rapprochant du kebab) a la particularité d’être customisable à l’infini. Choix des crudités (salade, tomates, oignons), du pain (pita, galette, naan), de l’accompagnement (frites, riz, boulgour) et, enfin, de la sauce (blanche, samouraï, harissa,

« Le sperme dans la sauce blanche, une rumeur tenace » andalouse…). En clair, un sandwich sur-mesure. Essayez de commander un Long Bacon avec la sauce du Giant, cela s’annonce déjà beaucoup plus hardos.

Légendes urbaines Cette opposition entre multinationales de la bouffe et artisans kebabistes, Hakim Benotmane ne veut pas en entendre parler. Fondateur de la chaîne Nabab Kebab (52 restaurants en France), ce jeune dirigeant a développé sa franchise avec une envie que les puristes jugeront sans doute contre-nature : devenir le McDo du kebab. « Être franchisé, c’est assurer une qualité d’approvisionnement, de production et de service. Les consommateurs ont besoin de traçabilité, affirme-t-il. Même chose

en termes d’image : nous laissons entrer les caméras, à la différence de beaucoup d’indépendants qui ne jouent pas la transparence. » Ce qui alimente les rumeurs. Hygiène, provenance des produits, magouille… le kebab concentre à lui seul un paquet de légendes urbaines. Dans le top 3 : la viande serait faite à base de rats (miam !) ; les restaurants serviraient à blanchir de l’argent sale ; et – la meilleure pour la fin – la sauce blanche contiendrait du sperme (re-miam !). « Ah celle-là, c’est la plus tenace », nous confirme Thibaut de KebabFrites qui tient quand même à nous rassurer : « Il n’y a jamais eu de cas avéré. » Pour Adel Boulaiche, gérant du Nabab Kebab à Rennes, toutes 21


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ces rumeurs sont symptomatiques. « Elles existent car certains restaurateurs ne sont pas honnêtes. Prends la viande, on entend tout sur elle : personne ne sait vraiment d’où elle vient et ce qu’il y a dedans, remarque le jeune homme qui, comme la grande majorité des points de vente, a un fournisseur allemand, car ce sont les Turcs d’Allemagne qui ont le savoirfaire pour réaliser les broches ». Et côté composition ? Si l’agneau était servi traditionnellement, le veau, la dinde et le poulet ont vite été préférés pour des questions de coût. « Le kebab, c’est l’hamburger d’il y a 20 ans. Quand McDonald’s est arrivé, il y avait beaucoup de rumeurs et de craintes. Aujourd’hui, elles n’existent quasiment plus », observe Bernard Boutboul, directeur de Gira Conseil, une boîte d’études

spécialisée dans la restauration. Le sociologue Patrice Duchemin ajoute : « Ces histoires sont aussi liées à l’origine étrangère du produit. Pour beaucoup, ça reste “un truc d’arabes” et, malheureusement, cela suffit à alimenter les interrogations. » Un truc d’arabes devenu un truc de jeunes. Car, pour nos experts de la conso, le coup de génie de Mehmet Aygün représente désormais un « marqueur générationnel », un plat commun à tous ceux nés à partir des années 80. Comme ce mercredi midi, à Rennes, sur la place Sainte-Anne, où lycéens, étudiants et kékés viennent se péter la panse pour moins de six euros. Et répondre à cette inlassable question : « sala-toma-t’oignons ? » Julien Marchand Photos : Justin Bihan

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de Quick qui assure que ce sont les mêmes ingrédients qui sont utilisés pour le shooting et en restaurant. Si McDonald’s France n’a pas souhaité communiquer sur le sujet, McDo Canada a quant à lui posté, l’été dernier, une vidéo making-of de shooting. Le secret ? Sept heures de préparation, une visibilité de chaque élement (de la salade au cornichon, en passant par le ketchup ajouté à la pipette), et quelques retouches Photoshop pour gommer les imperfections. Quid du volume du burger presque réduit de moitié ? Cela serait, selon la firme, seulement dû à « la chaleur » à l’intérieur de la boîte, contractant ainsi le pain.

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Une photo de burger, c’est comme une photo de profil Meetic. On met la plus belle, la plus avantageuse, la plus appétissante. Pas étonnant du coup d’être toujours un poil déçu au moment de passer à table. Pain ratatiné, steak tout plat et salade flétrie : le burger commandé ressemble rarement – jamais ? – à celui de la publicité. Mais bordel, pourquoi ? « Au moment du shooting, la personne chargée de réaliser la photo n’a pas de contraintes de temps ni de rapidité de service. En restaurant, les contraintes de production pendant les périodes de rush peuvent faire que le produit est moins parfait dans sa construction », répond le service com’

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POURQUOI LES BURGERS NE RESSEMBLENT PAS À LEUR PHOTO ?


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LES LÉGENDES DE FAST-FOOD

LA PASTILLE ANTI-VOMITIVE DE MC DO La bouffe du McDo serait tellement dégueulasse qu’ils seraient obligés d’y ajouter des pastilles anti-vomitives. La preuve ? Le rond blanc présent sous le burger serait la trace laissée par la fameuse pastille (et non une marque de la fabrication industrielle du pain...). « Les hamburgers ont toujours véhiculé des interrogations, à commencer par la viande, explique Pascal Froissart, universitaire spécialiste de la rumeur. Ici, il y a aussi l’idée d’un complot. »

LE POULET OGM DE KFC Pour faire toujours plus de profits, KFC aurait eu une idée géniale : créer des poulets sans patte ni bec. Les raisons de cette rumeur folle ? En 1991, l’enseigne change de logo et passe de “Kentucky Fried Chicken” à KFC, l’utilisation d’animaux génétiquement modifiés ne leur permettant plus de mentionner le mot poulet. « Les possibles avancées technologiques nourrissent les rumeurs », note Pascal Froissart.

LES SERINGUES DES PISCINES À BOULES Serpents, excréments, drogue, seringues… les aires de jeux des fast-food abriteraient bien des choses. « On est en plein dans le folklore des centres commerciaux où, derrière la normalité, se cacheraient des choses épouvantables, indique notre expert. À partir d’un seul fait divers, une légende urbaine peut naître. » 23


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« LE NOMBRE DE CASSOS QUE TU PEUX VOIR « Domino’s Pizza, Xavier à votre service bonsoir ! » Il est 17 h 50 au Domino’s Pizza du centre-ville de Rennes. La boutique ouvre seulement dans dix minutes mais le maître des lieux – « on dit manager », précise-t-il – doit se démerder à gérer les coups de fil de quelques morfalous impatients. « Désolé, vous êtes un peu en avance, vous voulez bien rappeler d’ici un quart d’heure ? », remballe gentiment Xavier, qui raccroche et se précipite en cuisine pour continuer à préparer les lieux, tandis que les premiers employés arrivent pour l’aider. « Il s’agit d’être au taquet, le mardi c’est le plus gros soir de la semaine, précise-t-il tout en allumant les fours rotatifs et en sortant la bouffe des frigos. Avec l’offre spéciale, ça cartonne aussi : pour une pizza achetée sur place, t’en as une offerte. » Xavier estime que 200 ventes à emporter et 150 en livraison devraient être assurées dans la soirée. « Et encore, y a pas de foot ce soir, sinon c’est 20 % de ventes en plus. » À 18 h pile, les premiers clients débarquent, tandis que ça commence sérieusement à ferrailler en coulisses. Toutes les dix minutes, un nouvel employé déboule pour assurer la charge de travail qui va en augmentant à mesure que la soirée avance. « La gestion humaine, c’est ce qu’il y a de plus dur à calculer, fait remarquer Xavier. Un soir t’es en sous-effectif et c’est galère, le lendemain en sureffectif et tu perds

de l’argent, un vrai casse-tête. » Une demi-heure après l’ouverture, ils sont une demi-douzaine à assurer le service, tous habillés du polo et de la casquette de l’enseigne, avec des rôles bien définis, du moins en théorie : les réceptionnistes à l’accueil, les cuistots aux fourneaux et les livreurs dans les rues rennaises.

se repérer en ville mais franchement y a pire comme boulot. » Car si le taf est bien speed, il présente aussi des avantages. Dont celui d’évoluer à la fraîche, pas comme à l’usine. « Le mieux c’est de le faire avec des potes, conseille Camille, qui a été livreur à temps partiel à Morlaix il y a quelques années. Tu te tires la bourre à celui qui va péter le meilleur « Comme dans Mario Kart » chrono, comme dans Mario Kart Au besoin, ces derniers répondent mais en vrai. » À Saint-Pol-de-Léon aussi au téléphone, entre deux tours aussi, Yves a apprécié le job, qu’il de scooter. « Faut être polyvalent a pratiqué essentiellement en été. dans ce métier. Et hyper réactif », « Là c’est carrément la teuf, t’es en prévient Mickaël, tandis que son short, t-shirt, t’enchaînes les tours collègue Mathieu, casque sur le de scoot et tu te fais de la maille front, tempère : « C’est dur les pre- pour les fins de soirée. » Question miers jours de trouver le rythme et de pourboire justement, deux écoles s’affrontent : le chacun pour sa gueule de Domino’s Pizza ou le pot commun façon Pizzeria Casa de Saint-Pol-de-Léon. Dans tous les cas, les bénéfices ont beaucoup

« Porte-jarretelles et seins à l’air pour récupérer sa pizz’ » 24

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QUAND TU LIVRES DES PIZZAS... »

baissé ces derniers temps. « Je sais pas si c’est la crise, mais quand j’ai débuté il y a cinq ans, c’était courant de se faire 30 € dans la soirée. Alors qu’aujourd’hui les collègues qui y bossent encore sont contents quand ils ramassent 4 €. Tu peux être comme un crevard à rouler sous la flotte, certains clients en ont rien à foutre », constate Yves. Alors tant pis si la livraison ne paie pas grassement son homme, au moins permet-elle de récupérer un paquet d’anecdotes des virées chez les clients. « Tu rentres chez les gens pour livrer tes pizzas, donc voilà, tu vois de tout quoi », élude Mickaël de Domino’s. Plus cash, Yves annonce : « Le nombre de cassos’ que tu peux voir, wahouh c’est dingue ! Des mecs bizarres, des gens qui veulent t’inviter, des relous, des folles… » Des folles ? « J’ai vu des filles ouvrir la porte à

poil. Une autre je m’en souviens : porte-jarretelles, les seins à l’air, à récupérer sa pizz’ comme si de rien n’était, tranquille. »

Couteau sous la gorge Et puis bien sûr, il y a les mecs bourrés, nombreux. Très nombreux. « Une partie de notre clientèle est constituée d’étudiants qui sont entre potes et boivent des coups. Alors forcément tous ne sont pas toujours clairs au moment de commander », reconnaît Xavier. Sur ce point, Morlaix est fidèle à sa réputation de ville où il fait bon picoler. « Il m’est arrivé d’avoir affaire à des mecs tellement torchés qu’ils avaient oublié la commande, se marre Camille. Certaines fois aussi, les mecs sont trop déchirés pour compter leurs thunes, c’est à toi de te servir dans le portefeuille. » Ce genre d’histoires, Yves aussi en a

par pack de douze. « Exemple : tu te pointes à l’adresse, tu sonnes et faut croire que t’arrives trop tard parce que les mecs sont déjà en train de cuver dans le canapé, t’es obligé de les réveiller. » Et puis parfois, des petits malins – ils sont rares, nous a-t-on assuré – s’amusent à jouer au con avec le livreur. C’est arrivé à Camille, qui avait été envoyé à la bonne adresse mais au mauvais numéro d’appartement. Exprès, bien entendu. « J’étais dans le couloir avec mes pizzas, sans savoir à quelle porte sonner alors que j’entendais derrière une porte des éclats de rire… » Sauf que la blague fonctionne une fois, mais pas deux. « On a une liste noire, prévient Xavier, comme pour avertir ceux qui seraient tentés de faire des blagounettes. En face du numéro de téléphone, on peut indiquer informatiquement des messages du type “Erreur à la dernière livraison” ou “Personne malhonnête”. » Car quand c’est drôle encore, pourquoi pas. Mais parfois ça vire à la malfaisance. La choure du sacbanane contenant l’argent liquide est déjà arrivée à la plupart des livreurs interrogés, ainsi que le vol d’une pizza dans le box à l’arrière du scooter. Mais le cas le plus grave est arrivé à Camille, carrément menacé d’un couteau sous la gorge. « Le gars avait fait une fausse commande, il m’a dépouillé, c’est la seule fois où, en accord avec mon patron, je suis allé déposer plainte. Sinon on laisse couler… » Et on se remet en selle. Vroum vrouuuum ! Régis Delanoë 25


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Le Rocher

BURGER KING : L’HISTOIRE D’UNE RUMEUR

C’était devenu une arlésienne. Un sujet qui, tous les trois mois, venait hanter geeks, hipsters et habitués des week-ends londoniens. Une nouvelle que personne ne croyait vraiment mais dont tous espéraient l’authenticité : Burger King serait sur le point de revenir en France. Sur le Net, cette rumeur a toujours circulé, sans jamais être confirmée ni démentie. Depuis janvier 2012, les annonces d’un éventuel retour de la chaîne de fast-food américaine s’étaient par contre multipliées. Née sur les blogs, diffusée largement par Twitter, “l’info” avait même atterri sur certains sites web de journaux, sans la moindre source officielle. Point d’orgue de cette hallucination collective : le fake réalisé par le blog Choucroute Garnie en mars 2012. Il affirmait avoir pénétré sur le chantier d’un restaurant Burger King à la gare Saint-Lazare, photos – truquées – à l’appui. De jolis montages repris un peu partout (LeMonde.fr, RTL.fr, 26

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HuffingtonPost.fr…). Un hoax que la firme ricaine et Autogrill, chargé de développer la franchise en France, n’ont pas pris la peine de réfuter, faisant ainsi du célèbre Whopper l’une des plus belles machines à fantasmes du web.

sur cette nouvelle salve de rumeurs. Avant de confirmer en novembre une nouvelle à laquelle beaucoup ne croyaient désormais plus : deux restaurants ouvriront bel et bien sur le sol français fin 2012/début 2013. Le premier à Marseille, le deuxième à Reims. « À Redon » Deux premières implantations, his« Sur le Net, le goût de la nostalgie toire de tâter le terrain ? Certainement. est accru : le Minitel, Grosquick, Mais impossible d’en savoir plus Monsieur Malabar… On y regrette sur leur développement. « Quand plus qu’ailleurs ce qui a disparu, Burger King a quitté le pays en 1997, explique Patrice Duchemin, socio- il avait 45 points de vente. Ce n’est logue de la conso. Il y a une obsession pas que ça marchait pas, mais les des marques chez les digital natives. dirigeants estimaient qu’il n’y avait Avec Burger King, on est en plein pas la place pour trois chaînes de là-dedans. » burger. Entre McDo, Quick et eux, il Un engouement qui, l’automne der- y en avait un de trop, rappelle Bernard nier, a de nouveau été relancé. « Bur- Boutboul, directeur de Gira Conseil, ger King de retour à Marseille… », cabinet spécialisé dans la restaura« à Paris », « à Reims » et même « à tion. Aujourd’hui, ce constat n’a pas Redon » pouvait-on lire sur Twit- changé. D’autres acteurs sont même ter. Contactée en octobre, la société arrivés sur le marché. Nous verrons Autogrill n’avait pas souhaité nous en si l’affect que suscite Burger King dire plus – « pas de commentaire » – suffit et s’avère payant. » J.M


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HOMMESANDWICH

« Va te faire enculer, sale fils de pute. » Cette phrase, qu’aurait prononcée Anelka à Domenech, a bien foutu la merde chez Quick. Nous sommes en juin 2010 et la Coupe du monde de foot débute. Le moment choisi par l’enseigne pour inaugurer fièrement sa nouvelle campagne pub avec l’attaquant star… avant de la retirer en catastrophe. « En prenant Anelka, Quick a volontairement pris quelqu’un de sulfureux, car elle savait que ça allait faire parler d’elle, explique Maxime Hibon de We Add, une agence spécialisée dans le celebrity marketing. Mais quand on joue avec de la TNT, ça peut exploser... » Ce partenariat avec le footballeur n’était pas un coup d’essai pour la chaîne de burger. Elle avait déjà fait appel à lui, ainsi qu’au rugbyman Michalak. Cette année, c’est Tony Parker qui a été enrôlé. « Un bon choix : la saveur U.S avec un goût français. Parfait pour Quick, estime Maxime pour qui le sportif reste une valeur sûre. Quand on est associé à la malbouffe, c’est positif d’être sur des notions de santé et performance. » Pas vraiment ce qui définit Cauet que la marque avait sollicité en 2006 pour le Cauet burger. « Tout sauf un mauvais choix : elle va chercher son audience, un public jeune, cible principale de Quick, juge le boss de We Add qui, lui, imaginerait des partenariats avec de grands chefs. Comme les chaînes de sushi ont su le faire et, ainsi, renforcer leur image de nourriture saine et qualitative. » 27


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Z’ÊTES CHAUDS ZE ZOIIIR ?

MARIAGES, ANNIVERSAIRES, REPAS D’ASSOS : DANS UN SECTEUR DE PLUS EN PLUS CONCURRENTIEL, LES ANIMATEURS RÉSISTENT. ET CONTINUENT À FAIRE DANSER LES SALLES DES FÊTES. 28

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révé, est-ce que vous êtes chauds ce soiiir ? » « Ouaiiiiiiiis ! », beugle l’assemblée à moitié titubante, des grammes dans la voix. Il est 1 h du mat’, et la soirée “jambon à l’os” du club de foot de cette commune proche de Loudéac bat son plein. La faute à qui ? À l’alcool, bien sûr. À Jonathan, surtout. Une main sur le PC, l’autre prête à envoyer la fumée, le jeune animateur dégaine du lourd depuis 23 h 30 : Gangnam Style, Cloclo, LMFAO, Franky Vincent… La cinquantaine de pisteurs, qui multiplient les allers-retours à la buvette, en redemandent. Voilà un peu plus de deux ans que Jonathan écume les salles des fêtes derrière les platines. Soirées paëlla d’associations locales, couscous d’amicales laïques et toute la ribambelle de repas de fin d’année où il assure l’animation musicale. À 24 ans, le p’tit gars de Trébry dans les Côtes d’Armor fait déjà pas mal causer. « Des gens de Brest m’ont même appelé pour un mariage. » À raison d’une douzaine de dates par an, il peaufine sa technique de DJ et met un peu de beurre dans ses épinards. Son tarif se situe dans la moyenne : 300 € l’anniversaire, 450 € le mariage. « Je me suis mis en auto-entrepreneur, c’est plus simple. À côté, je suis mécanicien. J’aimerais bien en faire mon métier, mais c’est chaud pour en vivre... » 29


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C’est chaud, et c’est exigeant. D’abord, l’investissement. Comptez au minimum 2 000 € pour le matos de base : platines, micro, enceintes. Ajoutez la table de mixage, les disques (ou MP3), l’ordinateur, les lumières, la remorque ou le fourgon pour trimballer le merdier. Sans oublier les charges, l’assurance... Au final, le coût grimpe vite à cinq chiffres. Ensuite, faut en vouloir. « Le mec qui n’est pas passionné, il ne peut pas durer », clôt Gilles Benoît, 20 ans d’animation derrière lui. Avec ses « 500 CD », ce Lamballais court les soirées jusqu’à 80 km à la ronde. Aussi bien pour les re-mariages que pour « les courses de vélos de Coëtmieux ». Comme la plupart de ses congénères, Gilles s’est formé « sur le tas, en regardant les autres faire ». À vrai dire, il y a autant d’écoles que d’animateurs. Chacun bidouille sa recette, bricole son style. D’un côté, les gouailleurs qui ne jurent que par le micro pour bastonner l’ambiance. À l’image de Jeff, 46 ans, basé à Domalain, près de Rennes : « DJ, moi ? Eh, ch’suis pas David Guetta ! » De l’autre, les jeunes pousses, le nez

collé aux platines, surnommés les « robots mixeurs » par les anciens. Anthony, 37 ans, vient de se lancer dans la région de Vitré avec un giga de zik dans le disque dur. « Je vais parfois sur le site de Sonomag, y a un forum où ça discute bien », indique le garçon. On y échange conseils et bonnes idées. Mais rien de plus.

DJ Toto 35 et Les Cousins 2000 Car entre animateurs, on se parle peu. Si certains se renvoient des clients, beaucoup se la jouent solitaire et balisent leur terrain de chasse. L’activité ne cultive pas vraiment l’esprit corporate. Parmi les 150 animateurs bretons déclarés, rares sont ceux qui appartiennent au très généraliste syndicat national des professionnels, le CNEA.

« Dès le premier quart d’heure, tu sais si c’est bien engagé » 30

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Et la crise dans tout ça ? DJ Jeff ne se « plaint pas ». Son joli réseau d’assos lui assure un matelas à l’année. Le bouche-à-oreille est sa seule pub, et elle fonctionne plutôt : « Si t’as la tchatche et que t’es réglo, ça roule. » Alain, installé à Domloup, a lui carrément décidé de jeter l’éponge au bout de trente ans. Écœuré par les exigences des clients, remonté contre ses concurrents qui cassent les prix. « Les gens veulent une Mercedes au prix d’une 2 CV. Être payé 200 € pour douze heures de boulot, ça vaut pas le coup. » Une situation qui ne risque pas de s’arranger tant les animateurs non déclarés se multiplient. Alors, pour montrer patte blanche, les discomobiles honnêtes affichent fièrement leur numéro de Siret. Notamment sur Le Bon Coin, devenu la principale fenêtre de communication. Photo originale, résumé des prestations sans faute d’orthographe, nom de scène qui claque : c’est aussi là que l’écrémage se fait. Car entre


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DJ Bob, Les Cousins 2000, DJ Toto 35, JR Mix ou Méga Ambiance Animation, le client a de quoi hésiter, forcément. Reste enfin la vérité du terrain. Là où tu joues ta peau. N’importe quel animateur le sait : dans une salle des fêtes, il en faut pour tous les goûts. Jeff fait parler son expérience : « Dès le premier quart d’heure, tu sais si la soirée est bien ou mal engagée. Il faut observer les gens et adapter ta musique en fonction. » Notamment pendant la pause clope, le cauchemar de tout animateur. Bien souvent, elle contamine la moitié de la piste et dure dix bonnes minutes. Interminables. Le moment choisi par Jonathan, dans sa soirée jambon à l’os, pour balancer Alexandrie Alexandra, et attirer ainsi une jeune danseuse en robe bleue moulante. Avant de voir rabouler une meute de footeux, dansant gobelet à la main et projections de bière sur les godasses. « En fait, une soirée réussie, c’est une soirée où il y a toujours du monde sur la piste. » Benoît Tréhorel 31


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« LES JOURNAUX QUE PERSONNE NE LIT » MÉCONNUE, DÉCONSIDÉRÉE, MOQUÉE, LA PRESSE PROFESSIONNELLE FAIT FIGURE DE VILAIN PETIT CANARD DES MÉDIAS. AVEC SES SUJETS ULTRA SPÉCIALISÉS ET SES ANGLES INCROYABLES, ELLE EST POURTANT PLUS COOL QU’IL N’Y PARAÎT. ans le monde merveilleux de la presse, il existe des titres qu’il est de bon ton d’aimer. Télérama, Libé, Inrocks, Le Monde… Des journaux, incontournables et omniprésents dans le paysage médiatique, qu’on laisse traîner fièrement sur sa table basse au cas où des amis passeraient à l’improviste. Des magazines que le bon goût approuve et recommande. Et puis, il y a les autres. Dans cette catégorie, cohabitent plusieurs milliers de publications totalement méconnues du grand public. Parmi celles-ci, se trouve la presse professionnelle et technique. Des magazines et journaux, disponibles exclusivement sur abonnement, qui se penchent chacun sur un secteur d’activités bien précis. Autant dire que le panel est aussi large que

l’économie française peut l’être. De l’agriculture au BTP, en passant par la grande distrib’ et l’informatique, chaque branche professionnelle dispose de son magazine. Porc Magazine, Référence Carrelage, Questions Boulange’, Viande Mag, Le Journal des Fluides, Béton magazine, Réussir La Chèvre… Des titres aux noms tellement terre-à-terre qu’ils en deviennent extraordinaires. « Ah c’est sûr que quand je dis que je suis journaliste pour Réussir Porc, ça fait marrer tout le monde, raconte Claudine Gérard, la rédactrice en chef de ce mensuel basé à Ploufragan, près de Saint-Brieuc. Les gens se demandent comment on peut faire tous les mois 50 pages sur le cochon. Mais entre le côté technique, économique, environnemental, génétique et nutritionnel, c’est un sujet dont on ne verra jamais le bout. »

Ancienne chef de projet dans une grande coopérative de la région, Claudine a intégré la rédaction de Réussir Porc il y a quinze ans. Pas vraiment un rêve de gosse, plutôt une opportunité. « J’ai su que le magazine cherchait un rédacteur. Je venais d’avoir 40 ans, c’était le moment où jamais pour changer de boulot. J’ai une formation d’ingénieur, pas de journaliste. Je ne savais pas écrire mais je me suis quand même lancée. Et j’ai été prise. » Ce parcours est loin d’être exceptionnel. Il représente même la majorité dans cette branche. Car si les journaux d’information générale restent très attachés aux diplômes des écoles de journalisme, la presse professionnelle raisonne plutôt à l’inverse. La spécialisation est privilégiée, car au cœur de la ligne éditoriale. « Notre rédaction, c’est avant tout des tech33


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niciens et des ingénieurs convertis au journalisme. Même pour un poste de secrétaire d’édition : quand il faut mettre la bonne légende sur la bonne photo, il faut s’y connaître », explique Paul Pen, directeur de publication du journal agricole Paysan Breton, titre diffusé à 46 000 exemplaires chaque semaine. Même son de cloche de la part de Véronique Debrumetz, rédactrice en chef de Référence Carrelage, l’un des neuf titres des Éditions Fitamant installées dans le Finistère. « Avant d’être journaliste, j’ai bossé plus de dix ans dans la filière céramique. Le plus important en presse professionnelle, c’est la légitimité technique : nos lecteurs sont des professionnels, on ne peut pas être approximatif sur un numéro de norme ou la taille d’un matériau.

Nous sommes là pour les informer, afin de les aider dans leur travail. » Une crédibilité technique au détriment des belles plumes ? « C’est clair qu’on n’est pas Libé, reconnaît la boss de Réussir Porc. Quand on écrit, c’est sujet/verbe/complément. Pour les photos, idem, on n’est pas Géo. Mais quand je dois faire un papier sur la vermifugation des truies ou la semence des verrats, c’est pas le style que je cherche. » Journaliste pour les pages Ille-etVilaine de l’hebdomadaire agricole Terra depuis cinq ans, Arnaud Marlet affiche lui un profil différent. Formé au journalisme, il a commencé à taffer pour des hebdomadaires locaux, avant d’atterrir dans la presse pro. « Totalement par hasard. Ça faisait quelques temps que je cherchais un poste, je suis passé leur déposer un

« Tu dois parier dans quelle case va chier une vache  » 34

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CV, à un moment où ils cherchaient quelqu’un pour faire des remplacements. » C’est sur le tas qu’il a appris à maîtriser les dossiers de l’actualité agricole. « Je connaissais le fonctionnement de la PAC et les questions environnementales dans les grandes lignes. Mais sur le plan technique, que dalle. Au début, je faisais répéter les gens. Maintenant, ça va mieux », confesse ce garçon de 36 ans aujourd’hui habitué à traverser le département par les petites routes.

GPS et bottes Comme ce matin de décembre en direction d’une ferme de Saint-MéenLe-Grand, à une quarantaine de bornes de Rennes, pour un reportage avec des futurs jeunes bergers. « J’ai vite investi dans un GPS. C’est pas toujours facile de trouver les lieuxdits. Idem pour l’achat de bottes. Je me suis fait avoir une fois sur une exploitation… Depuis, j’ai toujours une paire au cas où. »


« UN LANGAGE PARALLÈLE »

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Des sujets extrêmement techniques, un lectorat uniquement professionnel (« même mes proches ne lisent pas le magazine », avoue Véronique de Référence Carrelage), des reportages les pieds dans la boue pour pas dire pire : pas trop ingrat comme boulot quand même ? « Du tout, affirme Arnaud. Quand tu commences comme journaliste, tu te vois toujours travailler dans la culture mais, aujourd’hui, je trouve ça passionnant de traiter d’agriculture. C’est un sujet tellement important et complexe, encore plus aujourd’hui. Et puis, tu découvres quand même des choses marrantes que tu ne verrais pas ailleurs. Genre le loto-bouse : tu dois parier dans quelle case va chier une vache. Un truc dingue quand t’y penses. » Un choix de carrière revendiqué par tous les journalistes interrogés qui n’envient en rien la presse généraliste. OK, mais ne souffrent-ils pas d’un manque de considération de la part de cette dernière ? « Je pense que la

“grande” presse nous regarde avec un peu de dédain car on ne traite pas de sujets nobles selon eux », estime Pierre du Boisbaudry, directeur de huit publications professionnelles basées à Cesson-Sévigné. Même avis de la part de Claudine Gérard qui, après plus de 150 numéros consacrés au cochon, défend l’intérêt de son magazine : « Les grands quotidiens ne font certainement pas attention à nous mais seule la presse professionnelle traite d’un sujet sous tous les angles. En agriculture notamment. Les grands médias ne l'abordent que sur le volet environnemental. Avec la mondialisation, les producteurs ont aujourd’hui besoin d’informations. De toutes les informations. Ce qui se passe sur le marché de Pékin a des conséquences pour l’éleveur de Pontivy. Et ça, on le trouve chez nous. » Alors, prêt à laisser traîner un numéro de Réussir Porc sur votre table basse ? Julien Marchand

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Chris Esquerre, humoriste et chroniqueur sur Canal Plus et France Inter.

Tu t’es fait connaître par ta rubrique des “journaux que personne ne lit”... Bon, déjà faut dire que c’est pas une passion personnelle, ce n’est qu’une idée pour faire des sketches. C’est une super matière quand on s’intéresse au langage. Ces revues sont destinées aux professionnels ou à des amateurs très éclairés qui ont leurs mots et leur jargon, on y trouve une sorte de langage parallèle. Prends l’exemple d’Emballages magazine. On est là face à une publication qui te plonge dans un univers totalement industriel. C’est passionnant. Pourquoi ça fait rire ? Ça tient souvent aux noms des magazines : Questions Boulange’, Viande Mag, Idées Défonceuses, Sanglier Passion, Polyarthrite info... Personnellement, j’aime bien les titres à double-détente, comme Les Cahiers de l’âne. On dirait un livre d’exercices pour les cancres. Après, ce qui est drôle c’est de sortir – avec mauvaise foi – les phrases de leur contexte. Des journaux ont déjà gueulé ? Juste Sabot magazine. Le rédac’ chef trouvait que je prenais ses lecteurs pour des cons, ce qui est faux. Il n’y a jamais de moqueries envers ces publications. La plupart d’entre elles le prennent très bien. Réussir La Chèvre reprend d’ailleurs chacune de mes vidéos sur leur site, ça les fait marrer. Ton mag préféré, c’est lequel ? Parmi les plus absurdes, je dirais Jet d’Encre magazine. C’est génial de se dire que des gens ont eu l’idée de lancer une publication exclusivement consacrée aux imprimantes jet d’encre. 35


DOSSIER

ON A TESTÉ L’AMOUR 1.0

PENDANT QUE TOUT LE MONDE ESSAIE DE CHOPER SUR LE NET, ON A DÉCIDÉ DE S’INSCRIRE DANS UNE AGENCE MATRIMONIALE. UN BUSINESS À L’IMAGE DATÉE MAIS QUI TOURNE TOUJOURS. 36

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vez-vous une préférence concernant la couleur des cheveux ? Attribuez-vous plus d’importance à la complémentarité de caractère ou à l’accord physique ? Ses revenus ont-ils une importance pour vous ? Et sa corpulence : mince, normale, forte ? » Cela fait maintenant plus d’une heure que je réponds à tout un tas de questions sur la personne que j’aimerais rencontrer (dont la délicate « Êtes-vous éventuellement intéressé par une personne typée ? »). Car, oui, je me suis inscrit en agence matrimoniale. Histoire de voir concrètement comment cette activité, à l’image surannée, fonctionnait à l’heure d’Adopte un mec. Pour ce premier échange avec Fabienne, ma « conseillère rencontre », je me présente comme un employé de bureau, célibataire depuis plusieurs années, lassé des sites de rencontres, à la recherche d’une relation sérieuse. Et, comme Kevin Spacey dans Usual Suspects, je m’inspire des posters accrochés derrière son bureau pour lui expliquer mon idéal de relation : les balades sur la plage, les parties de tennis, recevoir des amis, faire le marché, sortir, voyager... Le tout, à deux, évidemment. Je semble viser juste puisque chacune de mes phrases est acquiescée par Fabienne qui « bien sûr me comprend ». Un coup de maître (Kobayashi). 37


DOSSIER

Ma démarche considérée comme « sincère », Fabienne me présente alors un profil pouvant me correspondre. Celui de Céline : « 30 ans, célibataire – ouf ! –, fonctionnaire, brune, d’allure plutôt moderne. Ses principales qualités sont la tendresse, l’humour, la culture et la douceur. On peut dire sans hésitation qu’elle a un physique agréable. » Si l’annonce donne envie, vient vite la question du prix. Un point déjà moins agréable. « Il s’agit d’un forfait de 2 500 €. Jusqu’à réussite mais dans la limite de 40 rencontres effectuées. Le paiement peut s’étaler sur 18 mois, soit 140 € mensuels. Mais si vous réglez en une seule fois, on vous fait une remise de 200 €. » Malgré notre intérêt pour Céline, notre infiltration s’arrêtera donc là. Mais pas notre enquête qui se poursuit quelques jours plus tard avec l’interview de Guylaine Charvet, responsable de l’agence Unicentre à Rennes. Son bureau est modeste, mais son business fonctionne cor-

rectement, assure-t-elle. « Si les sites de rencontres nous ont fait du tort au début, aujourd’hui ce serait plutôt l’inverse. Des jeunes déçus d’Internet viennent nous voir pour bénéficier d’un service sérieux. » Sous-entend-elle que ce n’est pas le cas sur la toile ? « On ne sait jamais qui se cache derrière un pseudo… Moi je m’engage à ne travailler que pour des gens qui ont une démarche sincère et motivée. Si j’ai des doutes, je demande les papiers permettant de prouver les dires de la personne : certificat de divorce ou de veuvage, diplôme… »

« Désolé mais j’ai pas George Clooney dans mon catalogue » 38

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Un point important, le diplôme. « Par exemple tout à l’heure, j’ai rendez-vous avec une doctorante, elle m’a indiqué qu’elle ne descendra pas en-dessous de l’ingénieur. » En clair, son prince charmant ne sera pas couvreur-zingueur. « Il faut prendre en compte les critères de recherche de chacun et s’adapter à leurs demandes plus ou moins exigeantes. Parfois c’est le milieu socio-professionnel qui compte en premier, parfois le physique… Travaillant sur de l’humain, je ne peux pas garantir un résultat mais je suis à plus de 80 % de taux de réussite. » L’agence Unicentre de Langueux dans les Côtes d’Armor affiche un taux sensiblement similaire. Surprise, elle est tenue par un homme :


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« Elle recherchait un homme sans problème de prostate... »

Guy-Éric Adrasse, 50 ans, un Antillais ancien cadre-commercial au sourire charmeur, débarqué « un peu par hasard » dans la profession depuis peu mais qui semble déjà en connaître toutes les ficelles. « Comme je dis à mes clients, “on part en couple pour vous mettre en couple”. Je m’investis à fond et prends tout le temps nécessaire pour parvenir à les satisfaire. »

« Mon moule n’est pas cassé » Sans pour autant promettre la lune. « À certaines femmes qui rejettent les profils que je leur propose, je suis obligé de les raisonner et de leur dire “Désolé mais j’ai pas George Clooney dans mon catalogue”. Faut avoir de l’honnêteté dans ce métier. »

Et de l’honnêteté, Guy-Éric en a. Quand on lui demande quelle est sa clientèle, il répond du tac-au-tac : « Tout le monde. Tous les âges, tous les milieux… Ah non, je n’ai pas de musulmans ni de noirs. Mes propos peuvent choquer, je les assume. Enfin disons que ceux qui viennent me voir sont rares et je leur fais bien comprendre qu’ils n’ont aucune chance, certains préjugés étant toujours présents… » À 1685 € l’année, Unicentre attire une majorité de personnes d’âge mûr et qui ont du fric à claquer pour trouver l’âme sœur. « Certains sont exigeants, attention ! L’autre jour par exemple, une femme d’une soixantaine d’années m’a prévenu que je n’avais pas intérêt à lui présenter un homme avec un problème de prostate. “Mon moule n’est pas encore cassé”, m’a-t-elle dit (rires). » À en croire les Pages Jaunes, il existe une vingtaine d’agences de ce type dans la région. Plutôt que de subir la révolution Internet (six millions de personnes sont inscrites sur des sites de rencontres en France, soit un célibataire sur trois !), le secteur cherche plutôt à surfer sur la mode L’Amour est dans le Pré. « Si les agences ont une image kitsch, c’est pas plus mal car au moins c’est un gage d’authenticité », assure Guylaine Charvet. Mais derrière les deux mastodontes nationaux que sont les réseaux Unicentre et Unicis, il reste peu de place pour les indépendants comme Yolande Hess, gérante de l’agence morlaisienne Se Rencontrer

Autrement. « La plus grande difficulté, constate-t-elle, c’est le déséquilibre entre les sexes. Pour attirer les femmes, on doit faire des prix : 1 000 € l’année pour elles, contre 1 400 pour les hommes. »

« Faut pas se leurrer » À l’agence Idile de Rennes, on mise sur un service unique en Bretagne : les filles de l’Est. « C’est minoritaire, un ou deux clients par an, pas plus », prévient d’emblée la gérante Elena Duval. D’origine ukrainienne, elle explique faire passer des annonces dans les journaux en Ukraine et en Russie, accompagnant si nécessaire la personne sur place et facilitant les démarches administratives. « J’ai l’avantage de connaître les mentalités locales et la langue. » Une offre particulière puisque l’ensemble de la prestation est à la charge du client. « On leur fait payer le double pour compenser le fait que je ne reçois rien des filles avec qui je suis en relation là-bas. » Un type d’échange que l’agence Unicentre a arrêté il y a quelques années. « Il y avait peu de demandes. Et, pour être honnête, nous n’étions pas sur place, on ne savait pas ce qui se passait vraiment, explique Guylaine Charvet qui s’interroge aujourd’hui sur la pertinence de ces rencontres. Un vieux moche qui va chercher une jolie jeune – pour faire simple – faut pas se leurrer : ça peut difficilement marcher. » Régis Delanoë et Julien Marchand 39


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« JE REVIENS PLUS PUNKY »

VITALIC, L’UN DES DARONS DE LA SCÈNE ÉLECTRO FRANÇAISE, EST DE RETOUR AVEC UN NOUVEL ALBUM ET UN NOUVEAU LIVE. GROSSE SCÉNOGRAPHIE, MUSICIENS HUMAINS, RAVES ET SOLITUDE : LE DIJONNAIS NOUS DIT TOUT.

ux Trans, tu as présenté VTLZR, ton nouveau live, avec notamment une grosse installation... C’est un synthétiseur de lumières volumiques. C’est de la lumière mise en volume, comme des lasers qui arrivent à faire des mouvements spatialisés. Le tout repose sur une structure métallique qui, elle aussi, fait partie de la scénographie puisqu’elle réfléchit la lumière. Une grosse scénographie, c’est primordial dans l’électro aujourd’hui ? Je ne crois pas. Tout dépend l’idée de départ et l’utilisation que tu veux en faire. Si ça permet de mettre en relief l’histoire de ton album, c’est intéressant. Sinon, ça n’a pas d’intérêt. Y a encore plein de musiciens qui tournent avec trois fois rien et le résultat est très bien. Moi-même, je tourne encore dans des formules où je suis simplement avec quatre machines et un ordinateur. Sur scène, tu es maintenant accompagné d’un clavier et d’un batteur... Je trouvais ça bien de contrebalancer le côté technologique, notam40

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ment celui de la scéno, avec quelque chose d’humain. Musicalement, je reviens aussi à des trucs plus punky, cette énergie rock colle donc bien.

étrangers, il y a toujours un ou deux Français, mais c’est tout. La scène française est bien connue et suivie à l’étranger, mais certainement moins qu’il y a quelques Ton nouvel album s’appelle Rave années car de nouvelles vagues sont Age. Ça t’évoque quoi les raves ? arrivées : Italie, Amérique du Sud... Dans les années 90, cela représentait quelque chose de nouveau, des Tu as l’air assez à l’écart dans le migens qui se rassemblaient sur une lieu électro. Tu te tiens à distance ? musique qui sortait un peu de nulle Oui, par la force des choses. C’est part. C’est aujourd’hui quelque pas que je veux faire mon solitaire chose du passé... Personnellement, mais j’ai mon studio à Dijon. Les je n’en ai pas fait énormément. avantages que ça a ? C’est un bon Je n’aimais pas les gros événements. moyen de ne pas se coller à toutes J’ai surtout souvenir de petits ras- les vagues en essayant de suivre le semblements, à taille humaine, son du moment. Quand tu ne fais dans la forêt près de Dijon, il y avait plus partie d’une équipe (il a quitté un esprit hippie. Le nom de l’album Gigolo Records, avant de créer n’est cependant pas passéiste. son propre label Citizen Records Mais j’aime bien me plonger dans en 2001, ndlr), tu suis ton propre le passé pour essayer de l’amener chemin en développant ta propre dans le présent. musique. Ce n’est pas évident de s’extraire de cela et de ne plus avoir Tu voyages beaucoup. Est-ce que d’église, mais c’est un bon moyen la France est toujours bien placée d’exister par soi-même. sur l’échiquier mondial de l’électro ? Vu de France, on peut avoir l’imRecueilli par Julien Marchand pression que les Français représentent 80 % des musiciens électro. Ce Le 29 mars n’est pas vrai. Sur les gros festivals au festival Panoramas à Morlaix


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Franck Courtès


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L’AMÉRIQUE, L’AMÉRIQUE BIBERONNÉ AU ROCK INDÉ RICAIN, RENAUD « H-BURNS » BRUSTLEIN A FINI PAR RÉALISER SON RÊVE : ENREGISTRER LÀ-BAS AVEC LE MAÎTRE STEVE ALBINI. LE RÉSULTAT A LE CALIBRE POUR ÊTRE UNE DES BONNES SURPRISES DE 2013.

ff The Map, dont la sortie est prévue le 4 février, est le quatrième album studio d’H-Burns. Et c’est rien de dire que c’est le plus attendu. Ça ne veut pas dire pour autant que les trois précédents étaient moisis, loin de là, mais disons qu’ils nous avaient un peu assoupis. Le groupe, qui n’en était pas encore vraiment un, est né en 2006. « Un projet solo au départ », précise Renaud Brustlein. Les débuts sont folk, très folk, la musique un poil trop aride. Puis comme il le dit lui-même, « le projet s’est petit à petit épaissi ». Un groupe, un vrai, s’est constitué autour de Renaud et la musique a gagné en richesse. « Le folk OK, mais je ne suis pas homme à faire toujours la même chose », tientil à signaler. À vrai dire, on s’en était déjà aperçu avec le précédent album We Go Way Back, déjà plus burné que How Strange It Is To Be Anything At All. Mais le vrai coming-out rock intervient avec ce Off The Map enregistré à Chicago avec Steve Albini aux manettes. Monsieur Surfer Rosa des Pixies et In Utero de Nirvana, entre autres. Une légende du rock indé US que Renaud a tout simplement contacté par Internet. « Il a un site où tu peux faire un devis pour un enregistrement, calculé au dollar près. C’est 42

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marrant. » Sauf que par contre, c’est assez reuch. C’est là qu’intervient une bonne étoile : Franck Annese, patron du mag So Foot, fan de la première heure d’H-Burns et bien tenté à l’idée de monter son petit label. Il s’appellera Vietnam et le pécule de départ permettra de financer cet enregistrement outre-Atlantique. « On est resté trois semaines là-bas, explique Renaud. D’abord quelques jours pour visiter la ville, puis ça a

été du travail bien intensif. Albini n’est pas du genre à faire des tonnes de retouches, c’est du son brut comme je souhaitais. » Le résultat bute vraiment bien, avec toujours la voix rocailleuse de Renaud. Une bonne impression à vérifier dès cet hiver. Régis Delanoë Le 16 février à La Route du Rock à St-Malo le 21 février au Manège à Lorient


ON THE ROAD

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PARMI LES PROJETS MUSICAUX LES PLUS COOL DE CE DÉBUT D’ANNÉE, IL Y A CELUI DES COSTARMORICAINS DE THOMAS HOWARD MEMORIAL, QUI SORTENT UN PREMIER ALBUM CONVAINCANT. RENCONTRE SUR UNE AIRE DE REPOS. es groupes de musique, on a plutôt l’habitude de les rencontrer autour d’une mousse dans un bistrot. Un milieu neutre, qui sied bien aux artistes autant qu’aux journalistes. Sauf qu’au moment de convenir d’un rendez-vous avec Thomas Howard Memorial, il va falloir innover. Question d’emploi du temps serré. « Écoute, me prévient Yann, le leader du groupe, y a pas moyen de se retrouver du côté de Rennes mais pas loin de la RN12 ? On a concert ce soir aux Mains d’œuvres à SaintOuen, on sera un peu pressé… » Va donc pour des retrouvailles inhabituelles en fin de matinée sur une aire de repos, dans un décor de pompes à essence, de sandwiches triangle, de cafés trop serrés et de 38 tonnes en stationnement. La bande est réunie au complet : Yann au chant et à la guitare, Benoît à la basse, Camille à la batterie et Élouan, le petit dernier arrivé en mars dernier, à la guitare. « Thomas Howard Memorial est né à l’été 2010, situe Yann. À la base, c’était juste moi et Marco des

Craftmen Club qui avions décidé de monter un petit projet parallèle pour faire des concerts dans des troquets et se faire un peu de blé. C’était même pas un groupe, mais un truc éphémère qui a finalement fini par se faire une place à part entière. » Depuis, Marco a été remplacé par les trois autres larrons, un premier EP est sorti en 2011, un second à la rentrée 2012. Avant l’arrivée en ce début d’année d’un album, dont le groupe attend beaucoup. « Il y a eu un gros travail d’écriture basé beaucoup sur la rythmique et les lignes de basse, précisent-ils. Si on devait se situer, on se rangerait dans la catégorie d’un rock psyché planant à la Besnard Lakes. » Plus énergique qu’aux origines, Thomas Howard Memorial a déjà une dizaine de dates de concert au planning pour ce début d’année 2013. L’objectif est clair : continuer sa route. Régis Delanoë Le 24 janvier au Mondo à Rennes, le 8 février au O’Kenny à St-Brieuc... 43


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ZZ, TOP ! ZOMBIE ZOMBIE, FORMATION EMMENÉE PAR LE TOUCHE-À-TOUT ÉTIENNE JAUMET ET LE BATTEUR D’HERMAN DÜNE, S’APPRÊTE À DÉFENDRE SUR SCÈNE SON SECOND ALBUM. UN DISQUE D’ÉLECTRO RÉTRO-FUTURISTE POUR UN SON MORT ET VIVANT. otre histoire n’est pas très intéressante, je t’assure… » S’il a un jour dans sa vie pris des cours de communication, Étienne Jaumet n’en a rien retenu. Quand la plupart des groupes adoptent avec complaisance la stratégie de l’auto-promo, du type “écoute c’est marrant que tu nous demandes ça parce qu’on a une anecdote absolument Gé-Niale à ce propos !”, la moitié de Zombie Zombie décide de calmer tout de suite le jeu. « Il se trouve juste qu’avec Neuman (l’autre moitié du groupe, ndlr) on répétait souvent au même endroit. Lui pour Herman Düne, moi pour Married Monk. On s’est trouvé une passion commune pour les vieux 44

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instrus et les ambiances sonores un peu dark, alors on a commencé à jouer ensemble. Mais de manière informelle. Avant un premier concert qui a plu, on a donc décidé de continuer. » Tout connement. La base du son Zombie Zombie, ce sont ces claviers vintage que triture Jaumet, accompagné par Neuman à la batterie. Là encore, notre gars la joue anti-sex au possible, évoquant « des machines qui valaient que dalle au début des années 90 achetées dans des magasins du style Cash Converters ». Son envie : « Faire de la musique qui me rappelle celle que j’écoutais quand j’étais enfant. C’est important pour moi de montrer que la musique électronique, ce n’est pas forcément ce qu’on passe dans les clubs de drogue (sic). » Les Zom-

bie Zombie donnent plutôt dans l’atmosphérique, avec une grande variété de nappes à rendre jaloux un magasin Eurodif. Si à ses débuts le groupe était orienté B.O de films d’horreur – d’où son nom –, il évolue aujourd’hui avec le nouvel album Rituels d’un nouveau monde vers quelque chose de plus joyeux, avec même des sons évoquant de lointaines contrées. « Notre tournée au Brésil a laissé des traces », reconnaît Jaumet, qui se dit aujourd’hui « ravi » de préparer sa tournée française. « On a longtemps plus cartonné à l’étranger, c’est gratifiant de constater que c’est en train de changer. » Régis Delanoë Le 17 janvier à Astropolis à Brest


HABILLÉ POUR L’HIVER

Julien Marchand

Basile & son jetable

et Qhuit », ajoutent l’illustrateur Donnie K et Quentin (de Mad of Gang), deux autres zigotos de la bande. Un pied dans chaque domaine qui les a notamment conduits à voir leurs fringues portées par Kap Bambino, Palmashow, Fortune, Manny Vargas (speaker officiel du championnat du monde de bodyboard), Trashington DC, Todd Terje… Après une trentaine de t-shirts sortis en édition limitée, Phenüm a fêté le mois dernier ses trois ans. Un anniversaire célébré avec ses potos d’Astropolis qui lui ont confié le merchandising de leur seconde édition hivernale. « Une chance pour Brest de les avoir, reconnaissent les gars. Cela prouve qu’on peut créer partout. » Un QG finistérien qui n’empêche pas le crew de pousser la bagnole jusqu’à Rennes notamment où il assurait dernièrement les t-shirts de la soirée Crab Cake. Ainsi qu’une expo à l’Ubu, après celle présentée en octobre au Cube à Ressort à Brest. Thème de cette dernière ? « Mourir de vivre ».

Basile & son jetable

e 25 décembre 2009, Ific s’est offert ce qui reste à ce jour son meilleur cadeau de Noël : sa propre marque de t-shirt. « Deux premières pièces, chacune tirée à 100 exemplaires, sont sorties ce jourlà. L’une dessinée par Mik Baccon, l’autre par moi. Avec l’envie de créer une marque artistique qui puisse mettre en avant les artistes locaux et émergents. » Car, au delà de la simple réalisation de vêtements, Phenüm – c’est le nom de la marque – se revendique plutôt comme un label, capable de rassembler en un même point les lignes convergentes du graphisme, de la photographie, de la musique, de la teuf (« la liche ! ») et du sport. Et ainsi de compter dans ses rangs les illustrateurs Paul Alexander Thornton ou Jean Lecointre, les photographes Yves Quéré ou Basile & son jetable, les riders Davo Fever ou David Salaün... « Nous sommes un collectif, poursuit Ific. On y concentre nos différentes passions, avec le t-shirt comme fil rouge. » Une pluridisciplinarité qu’avaient également su développer les marques « Sixpack

Basile & son jetable

PHENÜM VIENT DE FÊTER SON TROISIÈME ANNIVERSAIRE. DEPUIS SA CRÉATION, CETTE MARQUE DE T-SHIRT A MULTIPLIÉ LES COLLABORATIONS POUR DEVENIR UN COLLECTIF MULTIPISTE, UN ROUAGE DE PLUS DE LA VIE CULTURELLE BRESTOISE.

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ANTI-FOLK

C’EST PAS QU’IL TROUVE ÇA FRANCHEMENT INSULTANT, MAIS LE MORLAISIEN ARCH WOODMANN AIMERAIT QU’ON LE LÂCHE UN PEU AVEC L’IMAGERIE FOLK QUI LUI COLLE AUX BASQUES. SON NOUVEL ALBUM DEVRAIT Y CONTRIBUER. oodmann, t’enlèves un “n”, ça donne “l’homme des bois”. Si l’imaginaire commence à travailler, tu vois l’artiste affublé d’un pseudo pareil avec une dégaine à la Devendra Banhart, les cheveux soigneusement sales, la beubar Jésus-style, des fringues en lin et les pieds nus. En clair : un hipster se rêvant en héros d’Into The Wild, faisant de la (putain de) musique folk. Et il faut bien dire qu’avec son premier album, Draped Horse Blue Licorne Argentée Feather Blue, sorti dans l'année 2007, Arch Woodmann n’a rien fait pour briser cette image. Notre gars y gratouille sa guitare et chante d’une mignonne voix, ce qu’on peut ranger par paresse dans la catégorie folk. « Et je m’en accommodais plutôt bien en fait, se souvient-il aujourd’hui. On était en pleine période revival folk, Fleet Foxes et tout le bazar, donc j’ai laissé courir en me disant que c’était plutôt un bon filon pour moi d’être assimilé à ce courant. » 46

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Sauf qu’en fait il y a erreur sur la marchandise. Arch Woodmann n’a jamais voulu faire du folk. « J’en ai même jamais vraiment écouté. C’est marrant car à l’époque le qualificatif qui revenait souvent me concernant était “bucolique”. Merde, je suis tout sauf bucolique ! » Vrai. Antoine Pasqualini de son vrai nom n’est pas né dans les bois mais à Morlaix. Il n’a pas non plus viré hippie à l’âge adulte mais a décidé comme beaucoup ou presque de « monter à la capitale ». Sauf que Paris, il n’a pas aimé. Le mec est citadin mais faut pas déconner. « Ça me saoulait la vie là-bas », balaie-t-il. Alors Woodmann bouge. Pas de retour au pays mais un nouveau départ à Bordeaux, où il vit toujours. Une révélation. « C’est vraiment une ville à découvrir, hyper agréable et qui bouge bien, vend-il, avec une scène culturelle plus riche qu’il n’y paraît. » Il y a notamment les potes de Botibol pas loin, avec qui il collabore de temps en temps. Mais son activité principale consiste à faire évoluer Arch Woodmann,

un projet musical désormais pleinement conçu comme un groupe. « On a vraiment trouvé la bonne formule depuis un mois et demi », se satisfaitil. Avec son pote de lycée Thomas à la basse ; Benoît, un autre Breton rencontré à l’époque parisienne, à la guitare ; et Lucie au clavier. Quant à Antoine, en plus de chanter, il se cale désormais derrière les fûts, là où il se sent le mieux. « Je suis batteur de formation », précise-t-il. Le nouvel album, dont la sortie est prévue fin février, est de très bonne facture. Joyeusement pop, il doit permettre d’accompagner la hausse progressive des températures, jusqu’à l’arrivée du printemps et les dates de concert qui ne manqueront pas de tomber. Arch Woodmann définit cette nouvelle production de « plus énergique, plus frontale et plus fédératrice » que les précédentes. Et définitivement moins folk, aucun souci là-dessus. Régis Delanoë Le 5 février à La Carène à Brest Le 23 mars à L’Antipode à Rennes


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VTS

« Ce second volume traite des deux dernières décennies, à la suite du premier, qui s’arrêtait à la fin des années 80. Entre les deux époques, on s’aperçoit d’un bouleversement majeur : Internet. Les repères ont été chamboulés. Le bon côté, c’est qu’aujourd’hui un bon artiste va être repéré plus facilement. Par contre, la concurrence est plus féroce et ça devient dur de percer, d’autant que la musique a basculé dans l’ère du gratuit. Pour faire carrière, bon courage. » 48

« L’artiste breton qui a su le mieux traverser les époques, c’est Étienne Daho. Pourquoi lui ? Parce qu’en plus de son talent, c’est un malin qui a toujours bien su s’entourer. Il a su progresser et il reste curieux pour chercher de nouveaux sons et rendre chaque sortie d’album excitante. Ce devrait être encore le cas avec le prochain, dont la sortie est prévue cette année. Si tu regardes bien le paysage pop en France, personne ne tient aussi bien que lui sur la durée. »

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Richard Volante

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APRÈS UN PREMIER VOLUME QUI RETRAÇAIT L’HISTOIRE DE LA SCÈNE ROCK BRETONNE DE 1960 À 1989, FRANK DARCEL SORT PROCHAINEMENT ROK 2. L’EX-MEMBRE DE MARQUIS DE SADE REVIENT SUR LES PERSONNALITÉS ET ÉVÉNEMENTS QUI ONT MARQUÉ CES 20 DERNIÈRES ANNÉES.

« Ce livre montre combien les festivals ont été importants pour le développement de la scène musicale dans l’Ouest. C’est une région précurseur dans ce registre, avec le festival Elixir dans les années 70. Elle possède un « 6 majeur » incontournable : les Charrues, Astropolis, Art Rock, la Route du Rock, les Trans et le Hell Fest. Ils sont chacun différents mais tous ont deux points communs : l’amour des Bretons pour la musique et la tradition d’aimer se réunir. »

« Je trouve le parcours de Loran, des Ramoneurs de Menhirs, fascinant. Après avoir été un des porte-parole de la scène alternative punk française dans les années 80 via Bérurier Noir, il a su se renouveler. Son engagement dans la musique celtique force le respect. Il a apporté une fraîcheur qui manquait. Étant porté sur le trip chamanique, il a trouvé en Bretagne une terre d’adoption. Sa personnalité colle avec l’état d’esprit de la région : franche et insoumise. »



AGENDA

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RECOMMANDE

JASON LYTLE

LA GUINNESS

PARTIS POUR UN TOUR

NOISIA

TOP : Affublé d’une éternelle casquette, je suis un héros discret de la scène rock indé ricaine, ma voix frêle et le style aérien de ma musique sont reconnaissables entre mille, ancien leader des mythiques Grandaddy, je serai en concert à Rennes dans le cadre de la Route du Rock, je suis, je suiiiis ??!

La Saint-Patrick a toujours été une excellente excuse pour sortir au pub. Besoin d’une raison supplémentaire à fournir à bobonne ? La Guinness, à la différence de la bière blonde, aurait un effet bénéfique sur le cœur grâce à la présence d’antioxydants semblables à ceux trouvés dans certains fruits. A pint a day keeps the doctor away.

Qui succèdera à Bumpkin Island, lauréat de la précédente édition ? Ce dispositif d’accompagnement des artistes émergents dans le 22 avait sélectionné dix groupes, avant d’en retenir quatre pour la finale. Laura Perrudin Quartet, Beat Seeds (photo), Lenny, Naïs et les Transgéniques. And the winner is ?

Cette bande de bataves porte bien son nom. Nik, Martijn et Thijs ne sont pas du genre à faire dans la finesse. Et c’est tant mieux. Sons gras, basses qui tabassent et percus lourdes : le trio donne sans ménagement dans la drum’n’bass et le dubstep. De quoi (bien) vous réveiller après les fêtes.

GONZALES Le Montréalais Chilly Gonzales est un ouf : il a joué du piano pendant plus de 27 heures d’affilée en 2009, battant le record du monde de la “discipline”. Et le plus intéressant c’est que c’est ’ach’ment bien ce qu’il fait. Pas chiant, drôle, à découvrir. À Pont-l’Abbé et Vannes Le 31 mars et 3 avril

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CIRCONOVA

LA COUPE DE FRANCE

Pour sa deuxième édition, le festival de cirque contemporain de Quimper réinvestit la ville avec seize spectacles en salle, en plein air, et même dans les airs. Parmi ceux-ci, on retient particulièrement Plan B (photo) d’Aurélien Bory et K@osmos de Grupo Puja.

Oubliez les stades aseptisés des clubs pro pour ceux du foot amateur. La meilleure occasion ? L’entrée en lice de la Ligue 1 en Coupe de France. Stades champêtres, main courante, baraques à frites, son des protègetibias qui s’entrechoquent et buvette autorisée = bonheur.

À Quimper Du 17 janvier au 21 février

janvier-février-mars 2013 #10

À La Carène à Brest Le 18 janvier

Dans les stades À partir de janvier

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Bikini

À La Citrouille à Saint-Brieuc Le 22 février

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Dans tous les bons pubs Le 17 mars

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À L’Antipode à Rennes Le 13 février

LA NOUVELLE VAGUE Désormais dirigée par l’équipe de la Route du Rock, la salle de musiques actuelles de Saint-Malo est de retour. L’Omnibus est mort, vive La Nouvelle Vague. Parmi les premières dates, une soirée française qui a belle gueule le 15 février avec Yan Wagner (photo) et Lescop. À Saint-Malo À partir du 20 janvier




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