ENTRE THEORIE ET PRATIQUE – QUELLE EST L’UTILITEE DU VEGETAL DANS LE PROJET ARCHITECTURAL?
KАTSAROVA Bilyana Mémoire de Master Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon Année universitaire 2015-2016 Encadrant du mémoire : FLEURY François
MOTS CLES : Végétal, végétation, projet architectural, utilité, approche architecturale, KEY WORDS : Vegetation, architectural project, use, architectural approach
RESUME : Aujourd’hui, le végétal devient de plus en plus un élément récurrent dans une grande partie de projets architecturaux. Mais qu’elle est sa réelle utilité et qu’apporte-t-il aux bâtiments? Quelle approche les architectes souhaitent-ils mettre en avant vis-à-vis de l’utilisation de la végétation dans un projet d’architecture ? Afin de répondre à ces questionnements, nous nous intéresserons, dans un premier temps, aux différentes utilités du végétal d’après plusieurs données théoriques. Ensuite, nous comparerons et étudieront leurs mises en pratique à partir des dix entretiens réalisés avec des architectes praticiens. Ce travail théorique a pour but de proposer un inventaire afin de comprendre cette tendance de végétalisation de l’architecture.
SUMMARY: Nowadays, the integration of vegetation becomes more and more an omnipresent element in the majority of the architectural propositions. Nevertheless, what is its real use and how would architectural projects benefit from it? What could be the approach that architects can have when it comes to use of vegetation in the architectural design? In order to answer this questions, firstly we will start with discussing its usefulness based on the theoretical research. We will then compare it to how it is applied in practice, using ten interviews with working architects. This work represents a theoretical research that aims to propose a framework for comprehension of the tendency to integrate vegetation in the architectural project.
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REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à remercier François Fleury, mon directeur de mémoire, pour avoir accepté mon sujet de ce travail, et pour m’avoir encadré dans son avancement. Je voudrais remercier également toutes les personnes qui ont collaboré à mon travail, notamment tous les architectes qui ont bien voulu consacrer une partie de leur temps pour répondre à mon questionnaire et sans qui une très grande partie de ce travail d’aurait pu être faite. Je tiens aussi à remercier l’ancienne étudiante de l’ENSAL Laura Vittoz pour m’avoir assisté et encouragée pour l’élaboration de ce mémoire.
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SOMMAIRE RESUME ……………………………………………………..………………………………………..…….….…..p.2 AVANT PROPOS .………………………………………..………………………………………..………...p.7-8 -
Pourquoi ce sujet ?
INTRODUCTION 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6
Qu’est-ce que c’est le végétal et la végétalisation ? …..……...………….p.9 Problématique et hypothèses ……………………..……………………..………….p.10 Objectifs du mémoire ………………………………..……………………..…………..p.12 Méthodologie de la recherche ……………………..……………………..………….p.13 Cadre de la recherche …………………………..…………………………...………….p.13 Structure de la recherche …………………………...……………………..…..…….p.15
PARTIE 1 : RAPPEL HISTORIQUE de la présence végétale dans le projet architectural ET CONTEXTUALISATION DU SUJET …………………………...……….….p.16
PARTIE 2 : UITILITEES THEORIQUES DU VEGETAL I. Le végétal et l’environnement - « Objectivisme » - Le végétal comme élément technique et « écologique » ………………………………..…...….…..….p.24 1.1 Qualité de l’air (purification de l’air) ……………………..…........………….p.24 1.2 Régulation de la température (l’effet d’ilot de chaleur et l’effet d’ombre) ………………………………………………………..……………..….........………..p.25 1.3 Isolation thermique ………………………………..……………..…........…….….p.27 1.4 Gestion des eaux pluviales ……………………..……………..…........…….….p.28 1.5 Isolation phonique …………………………………..……………..…........….….….p.29 1.6 Protection et ralentissement de la propagation du feu.......….…..….p.30 1.7 Facteur de biodiversité……………………………..……………..…........….….….p.30 1.8 Bio mimétisme ……………………..………………………..………..…........…….….p.30 2. Quelle peut être l’approche architecturale en fonction de ces utilités objectives et pratiques du végétal ? : «Approche pragmatique » ……………..………………………........…….….p.32
II. Le végétal et son influence sur l’homme - « Humanisme »Le végétal comme facteur de sensations, d’émotions et de bien-être chez l’homme …………………………………………………………….……………..……………….p.33 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5
Biophilie – affinité émotionnelle innée vers le monde vivante..…...p.33 Le potentiel curatif (détente/ concentration) ………………………..………p.34 Facteur d’ambiance sensible …………………………………..……………..………p.35 Facteur de sensations, de la communauté et de la vie sociale……..p.36 Rôle esthétique …………………………………………………..………………….…...…p.36
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2. Quelle peut être l’approche architecturale en fonction de ces utilités du végétal comme élément « affectif » ? : « Approche humaine » ………p.36 III. « Le végétal et le milieu » - Utilités du végétal comme élément visuel et morphologique 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 1.6 1.7 1.8
Rôle morphologique et spatial …………………………..………………….………p.37 Rôle « poétique » du végétal vs. la dureté du bâtiment .…….………p.37 Rôle d’ornement ………………………..……………………..………………….…..…p.39 Rôle de camouflage ………………………..…………………….……………….…….p.39 Le potentiel de requalifier des espaces ………………….………………..……p.40 Valeur économique/ marchande …………………………….………………..……p.40 Valeur écologique comme effet de marketing ……….………………..……p.40 L’effet image …………………………………….…………………….………………..……p.42
2. Quelle est l’approche possible en fonction de ces utilités visuelles et morphologiques du végétal? : « Approche formelle » …………….………p.42 IV.
BILAN et TABLEAU RECAPITULATIF …….……………………………p.43-44
PARTIE 3 : UTILITEE DU VEGETAL DANS LA PRATIQUE Etude sur l’utilité du végétal, selon les visions des architectes interviewés I.
Méthodologie de l’étude : 1. Méthodologie et principe de sélection du corpus d’architectes à interviewer …………………………………..….…………………….…………………..……p.45 1.1 Critères de sélections des architectes à interviewer …....…….p.45 1.2 Méthode de sélection …..….…………………….……………………....……p.45 1.3 Corpus d’architectes interviewés …………….……………………...…..p.46 2. Méthodologie de réalisation des entretiens ……….…………………….....….p.47 3. Corpus d’étude retenu ………………..….…………………………………………..……p.47 4. Méthodologie d’analyse : Identification de thèmes et de lexiques…..p.48 A/ Approche pragmatique ………………..….…………………………………………p.49 B/ Approche humaine ……………..………..….…………………………………..……p.49 C/ Approche formelle ……………………….….…………………………………………p.50
II. Résultats des analyses : ………………….…………….….……………………………p.50-69 1.1 Approche pragmatique : utilisation du végétal comme élément technique et «écologique » ………………………………………………………p.51 1.2 Bilan ……………………………………………………..………………………………...…p.54 2.1 2.2
Approche humaine : utilisation du végétal comme facteur de sensations, d’émotions et de bien-être chez l’homme ………...…p.56 Bilan …………………………………………………..……………………………..…..…p.59
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3.1 Approche formelle : utilisation du végétal comme élément visuel et morphologique ……………………………………………..………………….…………..…..…p.61 3.2Bilan ……………………………………………..………………………..……………….…p.64 4.1Approche critique …………………………..………………….………………..…..…p.66 5. Synthèse générale …………………………..…….…………….………………...…p.66 5.1 Le végétal et le contexte …..…………………………...………………..…..…p.67 5.2 Le végétal et la contrainte ……..…………………………...……………………p.67 6. Peut-il vraiment y avoir une approche architecturale concrète en ce qui concerne l’utilisation du végétal dans le projet architectural ?......................................................................…p.68
CONCLUSION ………................................................…………..…..…………..p.70-71
BIBLIOGRAPHIE ……….............................................…………..…..…………..p.72-75 ICONOGRAPHIE ………............................................…………..…..……....…..p.76-77 ANNEXE ………......................................................…………..…..….…..…..p.78-121
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AVANT PROPOS
Pourquoi ce sujet ? L’intérêt de traiter la question du végétal et son rôle dans un projet architectural est provoqué par plusieurs raisons. Il suffit d’ouvrir n’importe quel magazine architectural pour se rendre compte que sur presque toutes les images du rendu des projets architecturaux, il y a une forte présence d’éléments végétaux. Très souvent, nous pouvons voir des multiples propositions architecturales pour la conception des gratte-ciels, couverts complètement avec toute sorte de végétation. A ce propos, nous pouvons citer comme exemple le projet de Ken Yeang - EDITT Tower (Fig.01) ou bien le projet Agora Garden, conçu par l’architecte Vincent Callebaut à Taïwan (Fig.02) ou beaucoup d’autres.
Fig. 01. EDITT Tower, architecte Ken Yeang, Singapore, en cours de construction
Fig.02. Agora Garden, architecte Vincent Callebaut, Taïwan
Source Fig.01: http://blogs.crikey.com.au/theurbanist/2010/03 /21/ken-yeang-editt-tower-singapore/ Source Fig.02: http://www.dezeen.com/2013/04/05/agora-garden-by-vincent-callebaut/
Des exemples pareils de projets architecturaux nous ont toujours questionnés sur l’utilité de cette omniprésence végétale avec laquelle ils se caractérisent. Est-il vraiment possible de planter et de faire pousser de la végétation sur les étages supérieurs des gratte-ciels ? A quoi peuvent vraiment servir ces éléments de végétation ou bien ce ne sont que des instruments qui ajoutent de la valeur esthétique au bâtiment pour faire vendre le projet? Ce courant contemporain d’ajouter beaucoup d’éléments végétaux dans toutes sortes de projets architecturaux montre bien une nouvelle tendance dans le domaine de l’architecture. C’est pour cela qu’il nous semble nécessaire et intéressant à étudier plus en détail l’utilité de la végétalisation afin de révéler le
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rôle et les objectives qui justifient la forte présence végétale dans les projets architecturaux. Nos observations sur l’utilisation du végétal dans l’architecture ne se limitent pas seulement avec des consultations des différents projets en magazines architecturaux. Notre expérience professionnelle (même si c’est restreint jusqu’à maintenant), nous avait permis également de nous questionner sur le rôle du végétal dans l’architecture. Pour s’exprimer plus concrètement, récemment dans le cadre d’un stage professionnel (au sein de l’agence UNIT Architekti), nous étions en charge d’effectuer plusieurs photomontages pour le concours d’un projet, conçu par la même agence. Lors du notre travail sur les images (à l’aide du logiciel Photoshop), nous étions conseillée plusieurs fois d’ajouter des éléments de verdure (des arbustes, des arbres etc.) afin de dissimuler des parties du projet qui ne doivent pas être visibles sur les photomontages. Cette expérience nous a incités encore plus à se demander sur le rôle et la place du végétal que les concepteurs y accordent dans les projets architecturaux. Est-ce que pour eux cela est juste un élément esthétique, ajouté sur les images du rendu des projets pour rendre les propositions architecturales plus attractives ou le végétal peut être un élément - part de la conception architecturale? Le rôle du végétal dans le projet architectural nous a intéressés également dans le cadre d’autres travaux, effectués lors de notre cursus universitaire. En premier semestre du Master 2, comme sujet pour le séminaire Mention Recherche nous avons choisi de travailler sur la question du végétal et plus précisément comment le rapport entre l’homme et le végétal peut être renforcé dans un projet architectural. Ce travail nous a permis d’approfondir nos connaissances et d’avoir un autre regard sur les différents types d’applications du végétal dans un projet et d’enrichir de cette manière le contenu du présent mémoire. Du plus, couramment dans le cadre du notre projet de fin d’études nous prenons en forte considération le rôle du végétal et nous essayons de concevoir avec cet élément de la nature comme partie intégrante de notre travail. Ainsi, toutes ces recherches et travaux nous ont permis de se sensibiliser sur le rapport entre le végétal et le projet architectural sous différents points de vue : théoriques et pratiques. Du plus, toutes nos observations initiales démontrent bien que la place et le rôle du végétal dans un projet sont des vraies questions actuelles et dans le cadre du présent mémoire nous tenterons de dresser une clé de lecture pour comprendre « le phénomène » 1 de la végétalisation dans l’architecture.
Comme phénomène nous considérons : «tout ce qui arrive, se produit, se manifeste et que l’on peut observer sans en rechercher obligatoirement la cause » (définition en lang.cour. d’après Le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales : www.cntrl.fr) 1
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Introduction
“Nature in the city must be cultivated and integrated with the varied pursuit and purposes of human beings; but first it must be recognized, and its power to shape human enterprises appreciated.” 2
Comme Anne Spirn le montre dans son ouvrage « The Granite Garden Urban Nature and Human Design » (1984), il est nécessaire, dans un premier temps, de connaitre la puissance de la nature pour pouvoir l’apprécier et « l’utiliser ». Dans l’intérêt de notre travail, il sera également nécessaire de se renseigner sur la définition du végétal pour pouvoir poser les bases théoriques et continuer la recherche de notre étude.
1.1 -
Qu’est-ce que c’est le végétal et la végétalisation?
Végétalisation
Dans le cadre du présent mémoire nous définissons le terme « végétalisation » suivant le travail d’Yves et Dinger Crosaz (2002) qui dans l’ouvrage « La végétation. Paysage Actualités », précisent que « le terme vient à l’origine du génie écologique3 » et « permet de reconstituer l’écosystème d’un milieu perturbé à trouver une re-colonisation par une végétation pionnière »4 . Dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme, comme Magali Paris le précise dans sa thèse (Le végétal donneur d’ambiances : jardiner les abords de l’habitat en ville, thèse Université de Grenoble_2011_Specialité – Urbanisme mention Architecture) la végétalisation est un terme souvent employé pour décrire une couverture verticale (façade et murs végétalisés) ou horizontale (toitures, tapis végétalisés ou autres) composée de végétaux herbacés, arbustifs ou arborescents, intégrés par l’ensemble des techniques disponibles. -
Végétal
Pour la définition du terme « végétal » , nous pouvons s’appuyer du nouveau sur le travail de Magali Paris, d’après lequel, le mot représente «l’instrument (…) de composition ou de recomposition d’un paysage »5. Elle ajoute aussi qu’il s’agit de l’outil pour mettre en place la végétalisation.
« La nature doit être cultivée et intégrée en ville, suivant ses multiples atouts et les objectives des êtres humains, mais premièrement elle doit être reconnue et appréciée pour sa force de modeler et influencer le cadre de vie des êtres humains. », WHISTON Spirn, Anne. The Granite Garden Urban Nature and Human Design. New York: Basic Books Inc., 1984, p.11 2
CROSAZ, Yves&Dinger, Françoise (2002). La végétation. Paysage Actualités, No245,pp 32-37 PARIR, Magali, Le végétal donneur d’ambiances : jardiner les abords de l’habitat en ville, thèse Université de Grenoble_2011_Specialité – Urbanisme mention Architecture, p.32 5 Ibid. p.20 3 4
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Selon la définition de Larousse, le végétal représente un organisme vivant qui végète pour accomplir les fonctions nécessaires à la croissance et à l’entretien de la vie. C’est un « être vivant (…) fixé au sol, doué d’une sensibilité et d’une mobilité extrêmement discrète, capable de se nourrir principalement ou exclusivement de sels minéraux et de gaz carbonique. » 6 En ce qui concerne son étymologie, le mot a pour origine le mot latin vegetare qui signifie « croitre, animer, vivifier ». Au début du 18e siècle, la valeur du mot se modifie et c’est alors « l’absence de motilité et de sensibilité des végétaux qui est la notion retenue.»7 Dans le langage courant, le mot végétal est très couramment associé à la verdure, de la nature et à la notion de la beauté. Après avoir effectué une courte enquête auprès quelques étudiants en architecture de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture pour comprendre leur avis par rapport au végétal, une phrase clé est tout de suite est une phrase clé est tout de suite ressortie: «Le végétal, ça fait toujours de beau ! » En résumer, dans le cadre de notre étude, nous comprendrons comme « végétal » tous les dispositifs végétaux possibles présents sur un site de projet architectural et mis en place par différentes techniques. Ils pourront être de de différente nature, comme par exemple des plantes grimpantes, des murs végétaux, des toitures ou terrasses végétalisées, des jardinières, des jardins intérieurs ou extérieurs, des plantations d’arbres etc…
1.2 Problématique et hypothèse Comme nous l’avons déjà mentionné dans la partie en avant-propos, beaucoup d’éléments végétaux commencent à figurer dans une très grande partie de projets architecturaux d’aujourd’hui. Le végétal peut grimper sur la façade, sur le toit, sur des murs intérieurs et extérieurs, au travers différentes formes et dispositifs. Cette observation nous incite à se demander sur l’utilité de la végétalisation dans les projets d’architecture contemporains. Cela représente également la problématique principale de notre étude, que nous formulerons ainsi : Entre théorie et pratique, quelle est l’utilité du végétal dans le projet architectural ? Par ce questionnement nous introduirons également notre hypothèse principale, basée sur le fait que la végétation peut apporter une réelle utilité au projet architectural. Afin d’étudier cette hypothèse, il sera nécessaire que nous étudions dans un premier temps, l’utilité ou les utilités du végétal, d’après des données théoriques. Nous pourrons ensuite les comparer à une mise en pratique dans un contexte réel, à travers le discours d’architectes praticiens que nous interviewerons. Définition d’après le dictionnaire Larousse : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/v%C3%A9g%C3%A9tal_v%C3%A9g%C3%A9taux/8 1252 7 REY A. (dir.) Dictionnaire historique de la langue française, tome2 et 3, édition Dictionnaires Le Robert, Paris, 2000 6
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Avant de continuer avec notre étude, arrêtons aux termes que nous introduisons pour les analyser et les comprendre. - Théorie Selon la définition de Larousse, le terme représente « l’ensemble organisé de principes, de règles, de lois scientifiques visant à décrire et à expliquer un ensemble de faits»8. Nous nous appuierons à cette définition et donc nous nous intéressons à toutes les données et explications scientifiques qui nous servent pour expliquer et comprendre les différentes utilités possibles du végétal dans le projet architectural (faisant partie d’un milieu urbain). - Pratique En se référant du nouveau à la définition introduite par le dictionnaire, le terme signifie une application des règles et des principes «par opposition à la théorie ». Comme la description du mot le suggère, il s’agit d’un «duel » entre la théorie et son application dans la réalité. C’est aussi, ce qui nous intéressera aussi dans le cadre de notre recherche. Nous étudierons quelles utilités du végétal (selon les données théoriques) sont vraiment mises en pratique dans le projet architectural, selon les architectes interviewés. -
Utilité
Selon la définition de Larousse ce mot exprime le « fait de servir à quelque chose ». Etant donné que l’objectif de notre recherche est d’étudier à quoi sert le végétal dans le projet d’architecture, nous pouvons avancer nous permettre de parler d’une ambition d’étudier « l’utilité du végétal ». -
Projet architectural
L’objectif de notre travail n’est pas de donner une définition complète du terme «projet architectural ». Notre intérêt est juste de donner un cadre de notre recherche, en la limitant sur le projet architectural ( faisant partie d’un milieu urbain), comme objet de notre étude. Donc, dans le contexte de ce mémoire nous comprendrons comme projet architectural la conception du bâtiment, ainsi que l’aménagement de la parcelle sur laquelle il s’implante. Nous ne nous intéresserons pas au processus de la conception. Du plus, ce qui est important de noter, c’est que dans le cadre de notre recherche, nous inclurons des projets architecturaux, qui font part d’un milieu urbain. -
Végétal
Nous avons déjà expliqué les différentes définitions de ce terme et ce que nous comprendrons par ce mot dans le contexte de ce mémoire (cf. Introduction). Par ce paragraphe, notre ambition est d’introduire une réflexion sur la notion
8
Définition de Larousse : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/th%C3%A9orie/77735
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du «végétal » pour faciliter la compréhension la logique et la structure de notre étude. Le végétal est un élément naturel qui a des qualités physiques très particulières. Il est un organisme vivant qui évolue, se transforme et interagit avec son environnement à travers de multiples processus naturels. Nous étudierons ainsi ses processus physiques d’interaction avec le milieu et les possibles utilités qui en découlent pour alimenter le projet architectural. Nous nous intéresserons au côté pragmatique et objectif du végétal comme un élément technique et « écologique »9. Tout de même, le végétal est aussi un élément qui interagit avec l’homme et qui a un fort rapport avec l’être humain (Edzard O.Wilson ,1984). En tant que tel, il sera nécessaire, donc, que nous étudiions les différentes utilités qui découlent de ce rapport et surtout qui peuvent trouver une application éventuelle dans le projet architectural. Il s’agit d’analyser le végétal en tant qu’élément affectif.10 Enfin, mais non le moindre, le végétal est aussi un élément qui occupe de l’espace dans un milieu. En tant que tel, il mérite d’être étudié comme un élément morphologique et formel, avec des qualités visuelles qui peuvent être aussi au service du projet architectural. 1.3 Objectifs du mémoire : Notre objectif de cette recherche n’est pas d’apporter une réponse absolue et unique en ce qui concerne l’utilité de la végétalisation dans un projet architectural. Il nous semble qu’il s’agisse d’un enjeu difficile, de définir de manière absolue l’acte et la raison de concevoir avec le végétal. L’ambition est ailleurs : plus humblement, nous allons tenter de proposer une classification des différentes approches de l’utilisation du végétal dans les projets architecturaux. Notre enjeu principal est d’étudier quelle peut être l’utilité ou plus concrètement les différentes utilités du végétal d’après la théorie, pour pouvoir ensuite comparer celles qui sont prises en compte et mises en pratique selon le discours des architectes praticiens que nous interviewerons. Tout cela, viendra nourrir l’objectif de clarifier l’utilisation du végétal dans le projet architectural et en tirer quelle approche architecturale les concepteurs peuvent-ils en avoir dans le projet.
1.4 Méthodologie: La méthodologie de l’étude pour ce mémoire sera la suivante : A la base d’une recherche bibliographique composée d’ouvrages de référence et d’écrits issus de la recherche - articles, mémoires et thèses - ainsi qu’au travers d’une réflexion théorique sur le végétal en tant qu’élément de la nature, nous composerons un inventaire des différentes utilités possibles du végétal dans le 9
Ecologique – relatif aux relations entre les organismes vivants et leur environnement (Larousse : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/%C3%A9cologie/27614) 10
Affectif – qui concerne les sentiments, les émotions, la sensibilité (Source : Larousse)
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projet architectural. Si la question des différents atouts d’une végétalisation est en général déjà traitée dans de nombreux ouvrages, il n’existe pas de travail effectué sur une classification de ces différentes utilités à l’échelle d’un projet d’architecture. En s’appuyant sur cet inventaire, nous composerons une liste de différentes approches possibles que les architectes peuvent avoir vis-à-vis de l’utilisation du végétal dans un projet. Dans un deuxième temps, nous continuerons notre étude par la réalisation de multiples entretiens avec des architectes praticiens dans le but de comprendre la manière dont ils travaillent avec le végétal. Notre objectif sera d’étudier quelles sont les utilités «théoriques » du végétal qui sont mises en pratique dans le travail architectural d’après nos interlocuteurs. Notre inventaire d’approches architecturales nous servira comme « une grille de lecture » pour pouvoir classifier les moyens d’utilisation du végétal dans la pratique professionnelle des architectes interviewés. Les interviews permettront aux architectes de répondre ouvertement et librement à nos différentes interrogations. Nous étudierons la vision des architectes à travers leurs réponses car nous considérons que c’est la manière par laquelle les concepteurs peuvent exprimer leurs visions sur notre sujet le plus librement. Un descriptif plus approfondi sur la méthodologie des entretiens sera présenté dans une autre partie du mémoire, notamment pour celle où nous analyserons les interviews réalisées. Dans un troisième temps, nous analyserons ces entretiens par une classification des différentes utilités du végétal que les architectes mettent en place dans leur pratique. Cette classification sera basée également sur notre inventaire des différentes utilités pour pouvoir en suite comparer le décalage et/ou la coïncidence entre la théorie et la pratique. Finalement, nous conclurons en expliquant si le végétal peut vraiment être au service du projet architectural et si la manière de travailler avec le végétal peut devenir un signe qui dévoile autres caractéristiques.
1.5 Cadre de la recherche : Pourquoi est-ce que nous nous intéressons à la vision de différents architectes ? Notre étude sera orientée vers la vision de différents architectes car la question du végétal et celle de son rôle dans un projet d’architecture n’est pas toujours un sujet traité par les architectes mais par leurs collègues, les paysagistes. C’est pour ces raisons qu’il sera intéressant d’analyser en quoi et par quels moyens les architectes prennent en considération le rôle du végétal dans l’élaboration de leurs projets. Notre objectif est aussi d’interviewer des architectes qui pratiquent dans différents domaines de l’architecture comme la restauration, la culture (équipements culturels) ou bien encore le logement social. De cette manière, notre volonté est de dresser, si possible, un large éventail de différents points de vue et d’analyser une possible correspondance entre la manière d’utiliser le végétal et leurs
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domaines de pratique architecturale. Malgré notre volonté de questionner un grand nombre d’architectes, la rencontre avec certains d’entre eux a été parfois comprise. Voici la liste des architectes à interviewer : 1/ Boris ROUEFF – praticien depuis 1999, dans le domaine des logements collectifs et les équipements publics (agence KAA) 2/ Chantal DUGAVE – architecte-artiste, praticien depuis 1998 et enseignante à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture 3/ François NOWAKOWSKI – praticien depuis 2008, dans le domaine des projets urbains, des espaces publics et des esquisses de projets d’architecture (agence URBI) 4/ Guillaume SIMONIN– praticien depuis 2002, dans le domaine des commandes privées pour la conception des bâtiments de bureaux et de logements (agence Zarchitecture) 5/ Mark RHEINORT (Agence Rheinort) 6/ Michel BATTON – praticien depuis 1986, dans le domaine des bâtiments publics et industriels (agence Batton Bergmann Sarl) 7/ Nicolas CAPILLON – praticien depuis 2001, dans le domaine des logements collectifs et les équipements publics, (agence CALC) 8/ Nils DEGREMONT – praticien depuis 1996, dans le domaine des commandes privées (bureaux, bâtiments agricoles, logements en promotion) et publiques (logements sociaux, équipements publics), agence Playtime 9/ Pablo CLAVERIA – praticien depuis 2003, dans le domaine deslogements collectifs et des bâtiments publics (agence Infine) 10/ Özlem LAMONTRE – praticien depuis 1989, principalement dans le domaine de la restauration et des commandes individuelles
Nous pouvons aussi préciser que nous avons tenu à interroger une palette variée de différents architectes, s’attelant à des projets du quotidien et pas forcément à ce que l’on peut appeler des « architectes stars ». Les architectes interviewés appartiennent en effet à la majorité des architectes praticiens en France et c’est pour cette raison que nous pouvons considérer que leur témoignage répondra davantage et de manière objective à notre sujet de recherche.
1.6 Structure de la recherche : La logique de nos réflexions guidera également la structure du présent mémoire. C’est pourquoi, nous ferons dans un premier temps, un bref rappel historique de l’évolution de la présence végétale dans le projet architectural pour pouvoir contextualiser notre travail de recherche. Ensuite, nous nous intéresserons à l’utilité du végétal à partir de recherches théoriques. Ces données composeront une liste de différents atouts du végétal que nous regroupons en trois parties
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distinctes. La première traitera de l’utilité pragmatique et objective du végétal en tant qu’élément qui est en interaction avec son environnement et qui exécute des processus physiques. La deuxième concernera l’utilité du végétal en tant qu’élément affectif11, qui «interagit avec l’homme ». Dans la dernière catégorie, nous nous intéresserons à l’utilité du végétal en tant qu’élément morphologique et visuel, qui occupe de l’espace dans un milieu. En parallèle, selon les différentes utilités du végétal, nous définirons une liste d’approches possibles vis-à-vis de l’utilisation de la végétation que les architectes peuvent mettre en place dans l’élaboration du le projet architectural. Ensuite, nous présenterons et analyserons les entretiens menés afin d’étudier quelle est la vision des architectes par rapport au végétal et comment ils travaillent avec cet élément. Par cette étude, nous tenterons de préciser le phénomène de végétalisation en architecture et de conclure si le végétal peut réellement être au service du projet architectural.
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Affectif – qui concerne les sentiments, les émotions, la sensibilité (Source : Larousse)
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PARTIE 1
Bref rappel historique de la végétalisation dans les projets architecturaux
Le phénomène de la végétalisation dans le projet architectural12 est un concept très ancien et dont l’origine s’est développée simultanément avec l’histoire de la ville et de l’architecture. Nous pouvons prendre par exemple des jardins suspendus de Babylon (Fig.03), conçus pendant l’Antiquité par Nabuchodonosor II au VIe siècle avant J-C. Même si de nos jours, il ne reste pas beaucoup de traces concrètes de ce projet, il témoigne directement la volonté de l’Homme d’introduire la nature (par la présence végétale) dans le contexte urbain.
Fig.03 Les Jardins Suspendus de Babylone. Gravure réalisée au XVIe siècle aux PaysBas par Martin Heemskerck. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardins_suspendus_de_Babylone
Pendant l’Empire Romain, la présence végétale s’exprimait sous la forme de jardins dans des patios et était une question primordiale dans la conception des projets d’habitat à cette époque. Si nous prenons comme exemple les villas antiques romaines (Fig.04), nous pouvons remarquer leur composition s’organisait toujours autour d’un espace centrale végétalisé. Ainsi, cette conception de l’habitat autour d’un jardin en patio témoigne d’un renouvellement de l’importance du végétal dans la vie quotidienne de l’homme.
Comme historique de la végétalisation dans un projet architectural, nous comprendrons l’historique des jardins, parts des projets architecturaux, les aménagements verts autour du bâtiment et la végétalisation du bâtiment en lui-même. 12
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. Fig.04 : Maison romaine, source : http://archieturbanisme.canalblog.com/archives/2015/05/29/31623944.html
D’autre part, si nous nous intéressons à la culture islamique, les résidences construites par les califes ou par les sultans disposent également de jardins intérieurs privés. En lien avec la culture islamique, ces lieux végétalisés présentent quant à eux une toute autre signification et usage ; il s’agit en effet de lieux privilégiés pour la lecture du Coran, faisant référence au Paradis. (Boutefeu et Viatte, 2008) En ce qui concerne la question du végétal dans les projets d’habitat en Europe du Nord, nous pouvons mentionner les habitations de Scandinavie et d’Islande. A partir de l’an 1000, les habitants avaient pour coutume de couvrir leur habitat avec de la tourbe et avec de la terre sur lequel ils plantaient des graminées pour mieux isoler leurs logements (Bernier, 2011). Au Moyen-Age et à la Renaissance, l’aménagement des toitures-jardins devient une tendance très répandue et un élément caractéristique des riches résidences. Nous pouvons par exemple retrouver des traces de ce type d’architecture dans la ville de Gênes en Italie. Cette tendance de végétaliser les toits s’est aussi retrouvée au Mexique, à l’image de la ville de Tenochtitlan, où les habitants aménagèrent plusieurs jardins sur des toits plats, appelés les azoteas (Osmundson, 1999). Ces différents exemples d’aménagements végétaux, dévoilant une grande variété de typologies de projets architecturaux à travers les siècles, témoignent ainsi d’une véritable tendance à introduire le végétal dans le contexte urbain. Selon Françoise Chenet-Faugeras (Docteur en littérature française) cette tendance s’explique davantage par un besoin humain de percevoir des éléments naturels en ville. De plus, dans son ouvrage « L’invention du paysage urbain » (2007), elle explique que ce besoin serait une conséquence naturelle d’un regard nostalgique que le citadin porterait sur la campagne qu’il a quitté. Cette tendance d’introduire la nature et d’accroitre la présence végétale en ville se poursuit fortement pendant le XXème siècle. Parallèlement, l’amélioration des techniques de construction permet de concevoir des bâtiments avec un toit plat
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facilement aménageable en toiture-terrasse végétalisée. Cette typologie de bâtiments fait référence aux projets conçus par des architectes du mouvement moderne comme par exemple Le Corbusier. Dans certains de ses projets (eg. Le Couvent de La Tourette) il a travaillé le concept du toit comme une surface supplémentaire qui devient une terrasse végétalisée. Pendant le même siècle, en Allemagne a commencé fortement le développement des toitures végétalisées. Même si les premiers toits verts se sont formés grâce à la fortuité, le principe de végétaliser la cinquième façade des bâtiments s’est vite étendue *13. Beaucoup de recherches scientifiques ont prouvé l’efficacité et les bénéfices de cette typologie de toits. Petit à petit, cette vague de végétalisation des toits s’est développée encore plus en Allemagne et en dehors de ses frontières, comme par exemple en Suisse. (Bernier, 2011) Le concept de la végétalisation des bâtiments poursuit son développement dans les années 1970, notamment grâce à la philosophie et aux réalisations architecturales de Hundertwasser (Fig. 05). L’artiste et architecte originaire de Vienne défend fortement l’idée que le végétal est le facteur principal qui influence «l’hygiène et la santé », mais qui représente aussi une manière d’attirer l’habitant vers son habitat d’origine – la nature (RESTANY Pierre, 2003). Ainsi, dans tous ses projets architecturaux, il intègre ainsi beaucoup d’éléments de la verdure/ Ainsi, l’architecte intègrera fortement la végétation dans beaucoup de ces projets architecturaux. De plus, il développera la théorie que la végétalisation représente « une réconciliation de l’art, de la technologie et de la nature » (Bernier, 2011) et vient générer un « esthétisme naturel ».
* Comme Anne-Marie Bernier l’explique dans son mémoire « Végétalisation du bâtiment en milieu urbain » la fortuité de la végétalisation des premiers toits verts a apparu pendant la forte urbanisation en Allemagne à la fin des années 1880. Pendant cette période, il était nécessaire de construire très vite de nombreux logements à prix bas afin d’assurer un nombre suffisant de logements pour une population grandissante. Dans l’idée de minimaliser les coûts, les toits des bâtiments étaient couverts en matériau goudronné, couvert de sable et de gravier pour réduire les risques d’incendie. Mais avec le temps, certaines graines de plants réussirent à pousser sur les toits, donnant lieu à la naissance des premiers toits végétalisés. 13
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Fig. 05. Hundertwasserhaus Source : http://inhabitat.com/hundertwassers-incredible-living-building-hosts-more-greenery-on-its-facadethan-original-land/hundertwasserhaud-greenery/
Simultanément, le concept des jardins verticaux et l’utilisation des murs extérieurs des bâtiments comme support supplémentaire de végétalisation, prend de l’importance et commence à se développer. Par exemple, à travers le travail de Roberto Burle Marx et celui de Patrick Blanc, le concept des murs vivants et des jardins verticaux évolue fortement. Ainsi, dans de nombreuses villes comme Paris ou bien encore Madrid, leurs propositions d’aménagements végétalisés verticaux deviennent des solutions innovantes pour parer le manque de surfaces horizontales disponibles dans un contexte urbain dense.
Fig. 06. L’Oasis D’Aboukir, Paris, angle rue d’Aboukir – rue des petits carreaux Source : http://www.verticalgardenpatrickblanc.com/node/4676
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Pour compléter ce rappel historique, il est nécessaire de citer le travail de Luc Schuiten. L’architecte bruxellois exprime librement sa vision des villes du futur, en s’appuyant du végétal comme facteur principal pour le développement de «la ville résiliente » qu’il imagine. (Fig. 07). Dans ces projections, il utilise toutes les surfaces libres (des toitures, des balcons, terrasses, espaces publics ou privés) comme support pour le développement de «poulaillers, potagers, vergers ou des serres »14 afin d’augmenter les ressources en nourriture et diminuer la dépendance alimentaire.
Fig.07. Ville de demain : Bruxelles Source : http://www.vegetalcity.net/topics/the-changing-face-of-brussels/
De l’utopie végétale aux projets architecturaux d’aujourd’hui Si en 2010 la ville imaginée par Luc Schuiten paraissait comme une vision utopique de la ville dans un futur lointain, ses visions commencent aujourd’hui à se réaliser sous des formes multiples. Afin d’illustrer ce propos, nous pouvons nous référer à un concours récent intitulé «Réinventer Paris ». Dans le cadre de cet appel à projet, de nombreux architectes, urbanistes et autres acteurs participant à la composition du tissu urbain ont été invités afin de partager leur vision de l’évolution de la ville, et pour proposer des réponses aux problématiques urbaines et architecturales d’aujourd’hui. Il suffit de consulter quelques projets (Fig.08-10) du concours pour réaliser que la question de la place et du rôle du végétal est abordée dans pratiquement toutes les propositions. Sous forme d’un grand jardin public (eg. L’Ilot Fertile), de potagers partagés sur le toit (eg. Réalimenter Masséna) ou bien encore de jardinières en façade (eg. Edison Lite), le végétal est omniprésent et représente un élément fort de chaque projet.
14
SCHUITEN Luc, La ville de demain, Ville résiliente, www.vegetalcity.net
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Fig.08. L’Ilot Fertile, Conceptueur : Architectes DTACC Source : http://www.reinventer.paris/fr/resultats/
Fig.09. Réalimenter Masséna, Concepteur : DGT Architectes Source : https://www.amc-archi.com/photos/les-laureats-de-reinventer-paris-3-22-realimenter-massena-xiiiearr,4437/realimenter-massena-lina-gh.2
Fig. 10. Edison Lite, Concepteur : Manuelle Gautrand Architecture Source : http://edisonlite.paris/
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La forte présence de la nature dans les projets d’architecture ne se limite pas uniquement aux propositions du concours « Réinventer Paris ». Il nous suffit de consulter n’importe quel site d’architecture sur internet pour comprendre que le végétal une place grandissante dans la majorité des projets récents. Selon Pascale Mira (2015), cette présence accrue du végétal dans les projets architecturaux contemporains marque un nouveau moment dans l’histoire de l’architecture. De plus, elle qualifie ce phénomène comme partie d’une « nouvelle épistèmè »15 caractérisant l’architecture environnementale et qui vient répondre naturellement aux problèmes mondiaux d’aujourd’hui à l’image de la crise environnementale. C’est ce développement croissant du végétal comme élément clé d’une architecture qui représentera aussi l’objet de notre recherche. Dans le cadre du présent mémoire, nous essayerons d’étudier quelle sont les véritables volontés des architectes à travers l’utilisation du végétal.
MIRA, Pascale, Penser l’architecture environnementale des idées aux formes &des formes aux idées. Dans quel processus de neomorphisation sommes-nous, thèse de Doctorat, Université Lumière Lyon 2- Ecole Doctorale 483, ENSAL, décembre 2015, p.207 15
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PARTIE 2 : UTILITEES THEORIQUES DU VEGETAL La lecture d’une littérature scientifique, la consultation des articles et des travaux de thèse concernant le sujet nous ont permis d’appréhender les différentes bénéfices du végétal et de les rassembler en 3 groupes principaux que qui seront présentés dans la suite. Comme nous l’avons expliqué dans l’introduction la logique de répartition des différents bénéfices du végétal est la suivante : 1/ L’utilité pragmatique et objective du végétal en tant qu’élément qui se trouvant en interaction avec son environnement et exécutant des processus physiques 2/ L’utilité du végétal de l’ordre affectif16, qui «interagit avec l’homme » 3/ L’utilité du végétal en tant qu’élément morphologique et visuel, qui prend de l’espace dans un milieu. Chaque fois, la présentation des différents atouts sera suivie par une réflexion sur les différentes approches hypothétiques qui en découlent, notamment en ce qui concerne l’utilisation du végétal par les architectes. Pourquoi parlons-nous d’approches architecturales ? Approche : - « Voie par laquelle on cherche à cerner un problème complexe »
17
- « L’ensemble d’actions convergeant vers un but déterminé »18 D’après la définition lexique du mot « approche», le terme donne la notion d’une entité, d’une méthode, composée de différentes actions ou manières d’aborder une question, un problème. Dans le cadre de notre recherche nous pouvons assumer que «le problème » sera le végétal. Son application dans un projet architectural et « les différentes manières d’aborder le problème » représenterons, en effet, les différentes manières que les architectes ont pour travailler avec le végétal. Ainsi, dans le but d’introduire une clarification en ce qui concerne l’utilisation du végétal dans le projet d’architecture, nous nous permettrons de différencier les approches en quatre parties. Tout de même, nous avons conscience de la difficulté de différencier strictement les manières de travailler avec le végétal. Il est fort probable que très souvent dans l’approche d’un certain architecte il puisse y avoir des éléments qui appartiennent aux 2 catégories d’approches différentes etc. Pourtant, nous assumerons cette possibilité parce que cela démontre la complexité et en même temps la richesse du sujet.
16
Affectif – qui concerne les sentiments, les émotions, la sensibilité (Source : Larousse)
17
Définition CNTRL en ligne - http://www.cnrtl.fr/definition/approche
18
Ibid., Foulq – ST. Jean 1962
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I.
« Le végétal et l’environnement » : « Objectivisme » Le végétal comme élément technique et « écologique » L’utilité pragmatique et objective du végétal en tant qu’élément qui est en interaction avec son environnement et exécute des processus physiques
Notre source majeure d’information concernant cette utilité du végétal est l’ouvrage de Marjorie Musy : « Une ville verte. Les rôles du végétal en ville » (2014). Ce livre synthèse le projet de recherche VegDUD, effectué du 2009 à 2013 qui avait pour but d’étudier les bienfaits du végétal liés à la climatologie, l’hydrologie, la maitrise de l’énergie et les ambiances en milieu urbain. En prenant en compte l’échelle de cette recherche, menée par plusieurs dizaines de chercheurs, nous pouvons croire à l’exactitude des données trouvées. D’autres sources d’information représente également la thèse de maitrise de Bernier A.M. (2010) – « Végétalisation du bâtiment en milieu urbain : impacts et perspectives. », l’ouvrage de Hoyano A. (1988) « Climatological uses of plants for Solar control and the effets on the thermal environnement of a building » et autres. 1.1 Qualité de l’air De nos jours, le problème de la pollution d’air est très répondu et représente l’objet de multiples discutions et réflexions sur les différentes manières possibles pour le résoudre ou au moins pour le diminuer. Plusieurs programmes de recherche français et étrangers montrent en effet que les plantes ont la faculté d’agir sur certains polluants et d’améliorer de cette manière la qualité de l’air. Cela est possible grâce au processus de photosynthèse, pendant lequel les plantes utilisent le dioxyde de carbone (l’un des gаz qui cause la pollution de l’air, Fig.11), ainsi que l’eau et les nutriments contenus dans le sol. Les feuilles des plantes ont également la capacité de filtrer des particules de poussières. De plus, des études démontrent une bonne efficacité « dépolluante du complexe racine/substrat » supérieure que celle présentée pas le système foliaire des plantes. Il s’agit des micro-organismes qui sе diffusent dans les végétaux et ainsi qu’autour de ses racines et qui ont une grande capacité de capter des polluants, dans l’air aussi bien que dans le sol. Le verdissement urbain a donc le potentiel de diminuer la pollution de dioxyde de carbone et d’améliorer la qualité de l’air. Mais nous pouvons nous demander si cet effet de purification de l’air peut être obtenu et influencé par la plantation des végétaux à l’échelle d’un projet architectural. Selon les chercheurs, pour obtenir un effet tangible de purification il est nécessaire de végétaliser des grandes surfaces ou un grand nombre de bâtiments, en cas de zones denses. Ils ajoutent que les surfaces végétalisées isolées n’ont que peu d’impact sur la qualité de l’air. De plus, pour que l’action de dépollution soit continue, il soit nécessaire de planter des végétaux sempervirents, « pour que l’action soit continue même l’hiver »19. Pourtant nous pouvons présupposer que dans le cas d’une politique urbaine générale de végétalisation continue et omniprésente des bâtiments, cet effet de purification
DUNETT, Nigel et Noel Kingsburry, «Toits et murs végétaux » , 2e Edition, Rodez : Editions du Rouergue, 325p. 2008 19
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de l’air par le végétal puisse être effectivement l’une des raisons pour le choix de végétaliser. Par la meme occasion, un phénomène de rafraîchissement de l’air à l’intérieur d’une pièce peut être observé aussi dans le cas de végétalisation des murs intérieurs, par exemple. (Bernier, 2011)
Fig.11 Schéma du processus de la photosynthèse (Source : Mémoire de Borey E. « Eco quartiers : La ré-émergence du végétal urbain », p.20)
1.2 Régulation de la température. A/ L’effet d’ilot de chaleur La végétation a aussi la capacité de modifier le climat urbain et d’améliorer les conditions de confort. Par exemple les arbres font office de masque au soleil, au vent et au son. Du plus, ils représentent une source d’humidité et ainsi régulent la température de l’air dans les surfaces environnantes. La présence végétale en ville diminue aussi l’effet d’ilot de chaleur urbain. Ce dernier « représente l’élévation de température localisée en milieu urbain pas rapport aux zones rurales voisines »20. Ce phénomène a plusieurs origines, dont l’une d’entre elles est causée par les grandes surfaces minérales dans un milieu urbain qui stockent beaucoup de radiation solaire (donc de la chaleur) pendant la journée et limitent ainsi le refroidissement nocturne de atmosphère urbaine (M. Musy, 2014). Il y a quelques solutions qui diminuent l’effet d’ilot de chaleur urbain et ce sont : l’augmentation de la réflectivité des surfaces et l’augmentation de la présence végétale en ville.. Par exemple, les toits végétalisés, exposés au soleil tout au long de la journée, agissent sur l’effet d’ilot de chaleur directement à la surface (boundary layer), alors que les murs végétaux contribuent plutôt à réduire l’effet d’ilot de chaleur atmosphérique (canopy level) (Bass et Baskaran, 2001). D’après les recherches en 1999 de Peck (président et fondateur de l’association « Green Roofs for Healthy Cities), l’effet positif de la végétalisation sur le climat urbain est perceptible du moment où au moins 5% de l’ensemble des surfaces bâties sont végétalisées. Il est prouvé que la végétalisation de 6% de la surface disponible sur les toits en milieu urbain, par exemple, peut diminuer la température de 1 à 20
POMMIER Guillaume et Marjory Musy – Impacts du végétal en ville, fiches de synthèse, p.52
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2⁰C. En plus, la végétalisation non seulement diminue l’effet d’ilot de chaleur, en augmentant l’humidité de l’air (par le phénomène d’évapotranspiration*), mais dans le cas des plantations d’arbres ou des arbustes, cela crée de l’ombrage et de cette manière empêche que les surfaces absorbent de la radiation solaire. * Evatranspiration – processus d’évaporation de l’eau contenue dans le sol et la transpiration issue de la végétation
Ainsi, nous pouvons nous rendre compte, qu’à première vue la végétalisation d’un bâtiment (partielle ou en entière) ou des plantations sur la parcelle autour la construction puissent paraitre insignifiantes à l’échelle urbaine. Cependant, comme les recherches le prouvent, ces éléments de la verdure peuvent influencer la température en milieu urbain, en la diminuant. (Peck, 1999). B/ L’effet d’ombre Le boisement est aussi un masque naturel pour limiter les rayons solaires. Si nous prenons comme exemple le cas des plantations d’arbres en face de la façade sud d’un bâtiment, pendant l’été le feuillage des arbres latifoliés représente une brise soleil naturelle pour le bâtiment et l’espace sous l’arbre. Alors que pendant l’hiver les arbres perdent leurs feuilles et par conséquent les rayons de soleils passent librement et réchauffent de cette manière le bâtiment. (Fig.12)
Fig.12 Effet d’ombre (Source : Mémoire de Borey E. « Eco quartiers : La ré-émergence du végétal urbain », p.19)
1.3
Isolation thermique
La végétalisation agit également comme isolant thermique à l’échelle du bâtiment. Sous une forme de toit ou de façade végétalisée, le végétal et le substrat dans lequel il pousse diminuent le transfert de chaleur vers l’intérieur pendant l’été, tandis qu’en hiver, ils diminuent le transfert de chaleur vers l’extérieur (limitent les échanges par convection). Du plus, comme c’est expliqué dans l’ouvrage de Marjory Musi (« Une ville verte », 2014), le feuillage absorbe
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et réfléchi une grande partie du rayonnement solaire (environ 30%), ce qui influence aussi la performance thermique d’un bâtiment. (Fig.13)
Fig.13 Effet de végétalisation d’un bâtiment (protection et réflexion des rayons solaires, isolation thermique) Source : Impact du végétal en ville, p.34
Fig. 14 – L’impact des toitures et façades végétalisées sur le confort thermique à l’intérieur des bâtiments, pendant une semaine chaude (Résultats produits par le CERMA (Szucs A. MalysL.)) Source : Impact du végétal en ville, p.34
Les recherches, effectuées dans le cadre du projet VegDUD démontrent en plus que l’effet des toitures végétalisées ne se limitent pas seulement au dernier étage d’un bâtiment à toiture végétalisée mais cette couche végétale a de l’impact sur les bâtiments en vis-à-vis également (Fig.14)
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Nous pouvons conclure, qu’effectivement la végétalisation du toit ou/et des parties des façades d’un bâtiment représente une manière efficace pour augmenter les performances thermiques et le confort à l’intérieur du bâtiment. Pourtant, nous devons noter que le potentiel d’économie d’énergie grâce à la végétalisation du bâtiment dépend de plusieurs facteurs : la situation particulière du bâtiment, le climat, les matériaux et la sorte de végétalisation, l’épaisseur du substrat, les types de plantes utilisées, etc. (Peck et al, 1999) La végétalisation peut contribuer à l’efficacité thermique d’un bâtiment également par une autre manière. Une couche de végétaux peut agir comme tampon et protéger le bâtiment en cas des vents forts et froids. Selon les recherches de Peck (1999), en hiver un tiers de la demande de chauffage est attribué pour compenser le refroidissement des murs extérieurs causé par les vents. 1.4 Gestion des eaux pluviales De nos jours, la forte urbanisation et l’étalement urbain conditionnent une forte minéralisation des surfaces au sol, ce qui diminue proportionnellement les surfaces perméables pour l’infiltration des eaux de pluie. Par conséquent, lors de forte pluies, l’eau inonde les égouts et le système d’évacuation des eaux usées, ce qui conditionne une surcharge de la station de traitement des eaux et du système de drainage (Bernier, 2011). Du plus, nous pouvons noter que l’eau pluviale au cours de son ruissellement, absorbe plus de polluants en passant par plusieurs surfaces imperméables, chargées de particules, poussières etc. Afin d’optimiser le système d’évacuation de l’eau et de diminuer la surcharge des stations de traitement, il est nécessaire d’élargir les surfaces perméables. Les surfaces végétalisées peuvent contribuer et représenter une solution à ce problème. Il y a différentes techniques et dispositifs qui peuvent être mis en œuvre pour gérer les eaux de pluie même à l’échelle d’une parcelle (Fig.15). Et dans tous ces cas, le végétal contribue efficacement de plusieurs manières à l’infiltration des eaux pluviales. Cela peut être par absorption, infiltration, rétention ou autres comme c’est expliqué dans le travail de Bernier (2011).
Fig. 15 : Différentes techniques et dispositifs pour gérer les eaux de pluie à l’échelle d’une parcelle Source : Impact du végétal en ville, p.38
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1.5 Isolation phonique Les nuisances sonores dans un milieu urbain sont d’origines multiples et leur perception dépendent beaucoup de leur source, du milieu mais aussi de la manière dont chaque citoyen les perçoit. Tout de même il est prouvé que l’aménagement des écrans végétaux a la capacité d’occulter les nuisances sonores et d’atténuer leur perception (projet VegDUD,2009). Du plus, des recherches montrent « qu’il est plus efficace de végétaliser les étages supérieurs des bâtiments que les étages inférieurs »21 pour améliorer l’atténuation des niveaux sonores (Fig.16.)
Fig.16 Cartographie des niveaux sonores à 100 Hz dans le cas des 2 bâtiments, couverts en surfaces parfaitement réfléchissante et dans un cas des 2 bâtiments en toiture et façades végétalisées Résultats produits par l’IFSTTAR, Laboratoire d’Acoustique Environnementale (Guillaum G.) Source : Impact du végétal en ville, p.42
D’autres études démontrent qu’un « toit vert dont le substrat a 12 cm. d’épaisseur, peut réduire le son jusqu’à 40 décibels »22. 1.6 La végétalisation comme protection et ralentissement de la propagation du feu Nous pouvons noter que la végétalisation peut être également un moyen naturel de protection ou de ralentissement de la propagation du feu en cas d’incendie dans un bâtiment. Si nous prenons le cas d’un bâtiment avec des façades végétalisées par exemple, l’humidité qu’il y a dans le substrat et dans les plantes ralenti la progression du feu de l’intérieur vers l’extérieur. Cela représente en effet la première raison ayant motivé l’installation des toits verts en Allemagne vers la fin du XIX siècle (Bernier, 2011). Tout de même, nous ne pouvons pas négliger le fait qu’en cas de sècheresse prolongée, la couche végétale peut accroitre les risques d’incendies. (Trottier, 2008)
POMMIER Guillaume, Marjorie Musy et al. Impact du végétal en ville, avril 2014, Nantes Green Roofs for healthy Cities 2015 « Green roofs benefits » , En ligne sur : http://www.greenroofs.org/index.php/about/greenroofbenefits, Consulté le 17 mars 2016 21 22
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1.7 Facteur de Biodiversité Les aménagements et les installations végétales, qui sont l’objet de notre étude, peuvent paraître d’une échelle trop petite pour les analyser comme milieu de biodiversité. Pourtant, la végétalisation des surfaces d’une parcelle et/ou des parties du bâtiment (toit/façades) peuvent servir comme corridors écologiques et contribuent de cette manière à la dispersion des espèces animales et végétales entre les parcs, les friches ou les boisés de l’environnement autour. (Bernier, 2011). Dans l’ouvrage scientifique Green Roofs Ecological Design and Construction (2007) l’équipe d’auteurs (chercheurs) expliquent que «les corridors écologiques aident à contrer la fragmentation des habitants due à l’urbanisation et à l’imperméabilisation des surfaces qui en découle »23 De plus, selon N. Dunnett (professeur de l’Université de Sheffield, écologue et paysagiste, 2008) les façades et les toits végétalisés « extensifs et non accessibles sont un excellent habitat pour la microfaune et les oiseaux qui y sont protégés. » 24 Tout cela nous permet de démentir le présupposé que les installations végétales à l’échelle d’une parcelle bâtie ne peuvent pas représenter un milieu de biodiversité. 1.8 Le Bio- mimétisme - Le végétal comme source d’inspiration pour sa structure et son principe du fonctionnement Etant donné que dans cette première catégorie d’utilité du végétal nous nous intéressons au pragmatisme et à l’objectivité, nous y inclurons également le potentiel du végétal comme une source d’inspiration pour sa structure et son principe du fonctionnement. L’idée de prendre la nature comme modèle date depuis très longtemps, prenons comme exemple les recherches de Leonardo da Vinci (1452-1519). Le projet qu’il dessine, intitulée Ornithoptère par exemple, est inspiré de l’observation des oiseaux et a l’ambition de permettre à l’homme de voler. L’histoire montre beaucoup d’autres exemples qui prennent comme référence des éléments de la nature (l’architecte catalan Antoni Gaudi, l’architecte Belgique Luc Schuiten et d’autres). C’est à la fin des années 1990 que Janine Benyus (née en 1958) scientifique américaine, écologue de formation, attire l’attention du monde scientifique plus concrètement sur la notion du bio mimétisme avec la publication en 1997 de l’ouvrage : Bio mimétisme : quand la nature inspire des innovations durables. Le terme n’est pas neuf à l’époque mais la scientifique américaine propose une nouvelle manière de le comprendre. Comme Pascale Mira l’explique dans sa thèse (soutenu en 2015) à propos de l’ouvrage de Janine Benyus, l’écologue américain partage que : « le principe (du bio mimétisme) c’est d’observer les systèmes mis en place par la nature et d’en comprendre l’efficience pour les transposer dans le but d’apporter des réponses aux questions que se pose
Earth Pledge Green Roofs Ecological Design and Construction : Atglen M. Schiffer Publishing Ltd ; p102 ; 2007 24 DUNNETT Nigel et Noel Kingsburry, Toits et murs végétaux, 2e édition, Editions du Rouergue, p.79, 2008 23
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l’humanité dans un objectif durable. » 25 Dans un film documentaire, réalisé par André Rehse en 2011 (Bio mimétisme, naturellement génial, Construire autrement) ils démontrent des exemples des différents systèmes du fonctionnement des bâtiments, tous inspirés par la nature et plus précisément par le monde végétal, comme par exemple l’étude sur la plante «saharienne » pour en retirer des techniques de refroidissements des bâtiments ou d’étudier «les ailes de libellule pour résoudre des problèmes de ventilation. » 26 D’après le chercheur Annick Lesne, il existe deux manières « complémentaires » de travailler avec le vivant. La première concerne d’«apprivoiser la matière vivante » pour l’utiliser comme une matière de construction innovante ou de « limiter avec des matériaux inorganiques les processus générateur du vivant (…) pour concevoir de nouveaux modes de construction. » 27 Il exprime son point de vue dans l’article «Vers une architecture organique » qui est part du catalogue de l’exposition «Naturalise l’architecture » organisée à Orléans en 2013. Pour illustrer le concept du bio-mimétisme, nous pouvons se référencier au projet Lilypad, conçu par Vincent Callebaut (en phase de concours), (Fig.17)
Fig.17 Lylipad - concours pour une cité flottante, Monaco Source : http://projets-architecteurbanisme.fr/projet-lilypad-parlarchitecte-vincent-callebaut-citeflottante-ecologique-et-autosuffisante/
Lors de la conférence Ville fertile, Penser le bio mimétisme et la Bio-inspiration, qui a eu lieu à l’Université Lyon3, le 08.12.2015, l’architecte nous a partagé que pour la conception de ce grand projet, avec son équipe de travail, ils ont étudié la forme d’une feuille de nénuphar. En s’inspirant de la structure de cette feuille, ils ont développé la forme pour leur projet comme un «coque hyper flexible qui peut pousser les flux marins et peut faire en sorte que le grand bateau plie et MIRA, Pascale, Penser l’architecture environnementale des idées aux formes &des formes aux idées. Dans quel processus de neomorphisation sommes-nous, thèse de Doctorat, Université Lumière Lyon 2- Ecole Doctorale 483, ENSAL, décembre 2015, p.156 26 REHSE André, Bio mimétisme, naturellement génial, Construire autrement – film documentaire, épisode 2/4 – www.arte.tv 27 BRAYER Marie-Ange et MIGYYROU Frederic, extrait du carte intitulée “Meta-écologie” 1030761 – Exposition Naturaliser l’architecture, Les Turbulences, Orléans (14.09.13 au 02.02.14) 25
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s’adapte en fonction de ses flux sans jamais rompre » 28 Le concept de l’architecte c’est de proposer une « ville-bateau » 29 et pour le fonctionnement et la conception de la structure flottante ils se sont inspirés du monde végétal. Donc, il sera intéressant d’étudier si les architectes, que nous interviewerons, travaillent avec le végétal en tant que source d’inspiration pour son principe de fonctionnement, suivant le concept du Bio-mimétisme. 2. Quelle peut être l’approche architecturale à partir de cette utilité technique et «écologique » du végétal ? Cette première partie de la recherche dans les données théoriques nous a permis de se sensibiliser sur les multiples bénéfices du végétal en tant qu’élément vivant, qui est en interaction avec son environnement et qui exécute des processus physiques. Tous ces bienfaits peuvent être au service du projet architectural (isolation phonique / thermique etc) mais aussi peuvent influencer et améliorer l’environnement alentour (l’effet de l’ilot de chaleur/ climat urbain etc). Ainsi, nous pouvons faire l’hypothèse que ces atouts du végétal puissent représenter des raisons (assez légitimes) pour lesquelles les architectes choisissent d’utiliser de la végétalisation dans leurs projets. Nous intitulerons cette démarche comme une approche pragmatique. Par cette approche architecturale nous comprendrons l’utilisation du végétal dans un projet comme un élément technique pour l’amélioration de la performance du bâtiment et pour la régulation physique des ambiances : régulation du confort sonore, de la qualité de l’air, de la biodiversité, du confort climatique et thermique, de la gestion des eaux pluviales etc. A travers les entretiens avec des architectes praticiens, nous étudierons si cette approche est vraiment adéquate et si les professionnels se servent vraiment de ces utilités du végétal dans la pratique. Nous devons noter, que dans le cadre de ce mémoire par le terme «écologique », nous comprendrons : élément qui est en faveur de l’environnement urbain.30
CALLEBAUT Vincent, conférence la Ville fertile, Penser le bio mimétisme et la Bioinspiration, l’Université Lyon3, le 08.12.2015 29 Ibid 30 Cette définition est introduite par Magali Paris dans sa thèse : «Le végétal donneur d’ambiances : jardiner les abords de l’habitat en ville », soutenu en 2011, Université de Grenoble 28
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II.
«Le végétal et son influence sur l’homme » Le végétal comme facteur de sensations, d’émotions et de bien-être chez l’homme
Dans la partie suivante du présent mémoire nous nous intéressons aux qualités du végétal en tant que facteur sensoriel, qui procure des sensations et influençant des émotions chez l’être humain. « L’homme a intérêt à préserver l’intégrité de la nature, car son bonheur dépend étroitement de l’environnement naturel. » 31 Éric Lambin – géographe de formation, professeur sur les interactions entre l’homme et son environnement à l’Université catholique de Louvain, en Belgique, et à l’université Stanford, en Californie. Il est membre de l’Académie des sciences des Etats-Unis et de Belgique et est le lauréat du prix Francqui 2009. Il a publié de nombreux articles scientifiques sur les changements environnementaux. Dans son ouvrage «Une écologie du bonheur. Avons-nous besoin de la nature pour être heureux ? Quel va être l’impact des changements environnementaux sur le bienêtre humain ? », l’auteur explique l’importance de la protection environnementale du fait qu’elle ait un impact direct sur le bien-être de chaque être humain. C’est donc, dans l’intérêt de notre étude de comprendre la thèse de l’auteur, pour lequel il existe une forte relation entre le monde vivant et le «bonheur » de l’homme. A travers des différents exemples et des résultats de plusieurs recherches sociologiques et psychologiques E. Lambin nous explique que la réconciliation entre l’homme et la nature (y compris le monde végétal) procure des avantages multiples pour l’être humain. Plus concrètement, ce phénomène de « bonheur » résultant d’un contact entre homme et nature s’explique à travers le concept de la Biophilie.
1.1 BIOPHILIE - affinité émotionnelle innée vers le monde vivante Ce concept est introduit en 1984 par le biologiste américain Edward O.Wilson, exprime l’idée pour laquelle l’être humain a un enclin naturel à chercher un contact avec le monde naturel et ses processus. Encore plus, selon E. Wilson il s’agit d’une « affinité émotionnelle innée »32 que l’homme développe avec le reste du monde vivant, y compris le monde végétal et les paysages naturels. L’hypothèse d’une dépendance humaine face à la nature dépasse donc la nécessité de satisfaire des besoins matériels et concerne aussi bien des nécessités humaines en termes de satisfactions esthétiques, émotionnelles, cognitives et spirituelles. D’après le biologiste américain, cette association avec la nature serait innée pour l’homme et cacherait ses origines dans la longue histoire de l’évolution humaine, quand ce dernier dépendait davantage du monde naturel pour assurer sa survie 31 32
LAMBIN Éric, Une écologie du bonheur, Editions le Pommier, 2009, p.32 Op.cit_p.40
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(exemple de la chasse, etc.). D’après l’auteur, cela expliquerait pourquoi une escalade en forêt nous procurerait du bonheur, représentant quelque sorte « un retour chez soi, une manière de renouer avec ses racines et de se ressourcer. (…) Le rapport profond avec les choses naturelles est inscrite dans la nature humaine »33. Le psychologue Stephan Mayer complète cette étude en expliquant que « les individus ont besoin, enraciné dans l’histoire biologique de l’espace humaine, d’être affiliés et connectés avec le monde naturel et d’avoir des relations avec des éléments de la nature ». 34 De plus, selon Frederick Law Olsmsted, reconnu comme le fondateur de architecture du paysage: “Humans have physiological reaction to natural beauty and diversity (…) especially to greenery (…)”35 Cette nécessitée humaine de contact avec la nature peut expliquer également le désir assez récurrent que les citadins français partagent : de vivre au sein de la nature, ou au moins à une proximité immédiate d’un élément naturel, comme par exemple un parc, une forêt. Selon les récentes recherches sociologiques, environ neuf Français sur dix veulent habiter dans un habitat individuel. Et encore plus, ce qui « motiverait les Français à quitter leur logement actuel serait (le désir d’avoir) un jardin (23% des citations) ».36 Ce désir peut être aussi expliqué également par la notion de la nostalgie de l’ancienne vie villageoise que la plupart des français ont perdue après avoir démangé dans un milieu urbain. (Younes, 1999) Toutes ces données nous permettent de se rendre compte de la nécessité de la présence des aménagements «verts » dans un milieu urbain pour conditionner le bien-être psychique des citadins et pour assurer ce rapport avec la nature qui est tellement important pour l’homme. En même temps, nous pouvons présupposer que cette nécessité peut être « satisfaite » également par des aménagements végétaux à l’échelle d’un projet architectural.
1.2 Le potentiel curatif (détente/ concentration) La présence de verdure et plus précisément le contact visuel avec une plante ou un autre type de végétation, exerce une influence non seulement psychologique sur l’être humain mais aussi en lui procurant de multiples avantages pour sa santé. Des études scientifiques expliquent que la proximité avec un élément de verdure
Op.cit _p. 42 Op.cit _p.56 35 « Les humains ont une réaction psychologique quand il s’agit de la beauté naturelle, de la diversité (…) et surtout de la végétation », Dramstad et al., Landscape ecology principes in landscape architecture and land-use planning, Mémoire de maitrise, Cambridge, School of Design, 1996 p. n/d) 36 Les français et leur habitat, Etude réalisée pour l’Observation de la ville, article disponible sur : http://www.tns-sofres.com/etudes-et-points-de-vue/les-francais-et-leur-habitat, consultée le 18.03.2016 33 34
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réduit le stress et l’agressivité, et développe un sentiment d’évasion chez l’être humain (Velazquez, 2005). Selon les théoriciens sur la psychologie environnementale, la présence de la végétation évoque des émotions positives et favorise la détente mentale, repose l’esprit des taches de la vie quotidienne et engendre la fatigue mentale. (Lambin, 2009) A titre d’exemple, dans le cas d’un milieu professionnel qui offre une vue directe sur des éléments de la verdure, la productivité des employés augmente et l’absentéisme diminue (Velazquez, 2005). Dans l’article « Comment l’architecture influence notre pensée », apparu dans la revue Cerveau&Psychologie No33, la journaliste scientifique Emily Anthes présente encore d’autres bénéfices psychiques de la présence d’éléments de verdure. Entre autres, une vue orientée vers un élément végétal influence les capacités cognitives et améliore la concentration. Par exemple, une étude, entreprise par la psychologue Nancy Wells, de l’Université Cornell à New York, démontre que « les étudiants qui apercevaient la nature depuis leur chambre d’université obtenaient des scores de concentration supérieurs comparé à ceux qui n’avaient que des bâtiments comme vis-à-vis »37. Selon Erich Fromm (19001980), étant donné que l’être humain a évolué dans un environnement naturel, nous sommes prédisposés à être plus efficaces dans un espace verdoyant. Toutes ces données nous prouvent les multiples bénéfices du végétal pour améliorer le bien-être de l’être humain. Nous pouvons donc présupposer que certaines décisions architecturales pour végétaliser plusieurs parties d’un projet architectural, peuvent effectivement être influencées par l’intention d’améliorer le cadre de vie et le bien être des futurs usagers.
1.3 Facteur de qualité spatiale et d’ambiance sensible Comme Olivier Balaÿ définit l’ambiance dans son travail intitulé « L’architecte, l’habitat, le végétal et la densité », c’est le « fruit des perceptions »38. Notamment par ses qualités physiques et spatiales ainsi que par les dimensions sensibles que le végétale procure chez l’homme, il conditionne une qualité d’ambiance particulière (Balaÿ, 2013). La couleur, l’odeur, la forme ou même le courant d’air qui peut être empêché par le végétal (en cas de vent) sont des facteurs importants qui influencent considérablement la perception spatiale et sensible d’un espace (bâti ou ouvert). De plus, comme Marjory Musy l’explique: « Quel que soit son statut (public, privé), sa fonction (architecturale, récréative, esthétique, sociale…), la végétation modifie profondément les ambiances. » 39
Article : Comment l’architecture influence notre pensée- Emily Anthes – Revue : Cerveau & Psycho No 33, juin 2009 : Extrait : La verdure et le mental, p.32 37
BALAY Olivier, L’architecte, l’habitat, le végétal et la densité, p. 13 POMMIER Guillaume et Marjory Musy – Impacts du végétal en ville, fiches de synthèse, Ingénierie de la nature en ville, Center for landscaping and urban horticulture-2014 p. 55 38 39
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1.4 Facteur de «socialisation » Les espaces végétalisés peuvent représenter également des lieux de rencontres en plein air qui influencent les interactions entre les citadins et donc représentent des lieux de socialisation (Borey, 2011). De plus, des activités que nous pouvons associer au végétal, sont aussi un moyen de renforcer la cohésion sociale et les échanges entre les individus. A titre d’exemple, cela peut être des activités liées au jardinage (maintenance d’un potager, plantation d’arbres etc.) ou d’autres. 1.5 Rôle esthétique « Art is indispensable for society and culture.»40 En lien avec les autres bénéfices du végétal qui influencent les sentiments et les émotions chez l’homme, le côté esthétique de la végétation joue aussi un rôle majeur sur le bien-être ressenti. D’après les recherches dans la neuroscience, il existe une forte relation entre la beauté et la santé mentale de l’homme (McLennan, 2004) parce qu’il est prouvé que les textures et les formes élégantes influencent positivement son vécu. Il s’agit d’un besoin biologique de la beauté (Bernier, 2011). Cela nous permet donc de se rendre compte que le côté esthétique du végétal exerce une forte influence sur le bien-être de l’homme.
Quelle est l’approche possible en fonction de ces utilités du végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme? Approche humaine Au vu des bénéfices subjectifs du végétal dans une dimension affective –énoncés précédemment-, nous pouvons soulever l’hypothèse que ces atouts puissent représenter une raison supplémentaire pour végétaliser un projet architectural. Autrement dit, un travail sur la végétation au cœur d’un projet architectural peut découler d’une prise de conscience de l’architecte, des bénéfices psychologiques que le monde végétal procure chez l’homme. Nous nommerons cette approche architecturale de l’utilisation du végétal, d’approche humaine.
40
« L’art est indispensable pour la société et pour la culture » , McHARG, Ian, Ecology and design, In. Ecological Design and Planning, sous la dir. De George F. Thompson et Frederick R. Steiner, p. 322. New York : John Wiley and Sons, Inc.
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III.
«Le végétal et le milieu » Utilités du végétal comme élément visuel et morphologique
Parallèlement avec toutes les autres caractéristiques et utilités du végétal précédemment évoquées, la végétation est un élément qui possède des qualités morphologiques et visuelles en tant qu’élément vivant qui existe dans l’espace et qui a une véritable présence physique.
1.1 Rôle morphologique et spatial En tant qu’élément physique, qui a du volume et de la forme, le végétal a une influence sur l’espace et peut être regardé, en quelque sorte, comme un élément architectural. Le végétal est une composante de l’espace et un outil d’ordonnance spatiale (Chantal Galibois, 2012). Donc, la verdure a le potentiel d’être utilisée en tant que structure dans l’espace, marqueur des limites, des seuils etc. 1.2 Rôle « poétique » du végétal vs. la dureté du bâtiment Comme le démontre Marjory Musy ( 2007) : « Quel que soit son statut (public, privé), ( …), la végétation (…) participe aussi à l’esthétique du paysage bâti, introduit des changements de textures, des variations de modénatures, des formes et des couleurs qui contrastent avec celle de bâtiments et des paysages alentours » 41 De la même manière, l’auteur de l’ouvrage « The expand field of landscape architecture » (Elizabeth Mayer, 1997) partage que : « La végétation est organique, cyclique, saisonnière. Au contraire l’architecture est solide, construite, stable » 42 Etant donné que le végétal appartient au monde vivant, c’est un élément qui vit, qui se transforme et qui évolue. Face au minéral (dans les conceptions architecturales), le végétal est un élément évolutif, qui change en fonction des saisons de texture, de couleur et de forme, venant contraster ainsi avec le caractère statique des bâtiments. De cette manière, le végétal peut présenter une autre utilité pour le projet architectural. Il y ajoute la possibilité d’obtenir des perceptions différentes du bâtiment en fonction des saisons. De plus, comme le montre G. Clément dans l’ouvrage « Le Jardin planétaire » (1999), en l’inscrivant dans les rythmes de la nature, l’architecture évolue simultanément avec l’évolution de son environnement.
41
Culture et recherche No 113 – automne 2007 MAYER Elizabeth, The expand field of landscape architecture , In Ecological design and planning, sous la dir. De George F.Thompson et Frederick R.Steiner, p 48 42
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Toutes ces recherches nous permettent de faire l’hypothèse que pour certains cas de projets architecturaux, l’utilisation de la végétation peut être travaillée comme un élément d’ornement pour « animer » et donner un côté poétique au bâtiment. Cette réflexion nous amène ainsi à la vision de Fl. Vandenbeusch, enseignant à l’haute école d’Art et de Design à Genève, selon qui : « le végétal a une fonction d’ornement, « comme un élément du décor pour son unique qualité visuelle (…) qui anime le mur »43. Le concept de travailler avec le végétal comme un élément rapporté peut être, pour les architectes, une véritable valeur ajoutée, par une complémentarité du naturel face au minéral. Le végétal apporte en effet une richesse de transformation, d’évolution et de changement en fonction du temps, qui n’est pas permise par le caractère statique de l’architecture. Nous pouvons baser cette hypothèse aussi en se référant par exemple au projet de Jean Nouvel, Life Marina Ibiza (Fig. 18). Le projet se trouve sur le port d’Ibiza, impressionne par ces jeux de lumières, de reflets et par la polychromie de sa façade. Les différentes couleurs des garde-corps des balcons se complètent avec la floraison et les différentes nuances des jardinières. Nous pouvons conclure que pour ce projet, le végétal est utilisé surtout pour ses qualités visuelles qui se transforment au cours des saisons, donnant une véritable spécificité au bâtiment.
Fig.18. Life Marina Ibiza, Architecte – Jean Nouvel, Paysagiste – Patrick Blanc, Ibiza 2012, Source : http://www.murvegetalpatrickblanc.com/realisations/ibiza/life-marina-ibiza
43
VANDENBEUSCH Florence (enseignant à l’Haute Ecole d’Art et de Design, Genève), Végétal-Vertical. Thibaud, Jean-Paul et Siret, Ambiance en acte(s)- International Congres on Ambiances, Montréal 2012, Sep 2012, Montréal, disponible sur : https://halshs. archives-ouvertes.fr/halshs-00745044/document
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1.3 Rôle d’ornement « La végétalisation peut améliorer un beau design » (Johnston, 1993) Bien que la notion de la beauté soit tout-à-fait subjective et dépende de la culture et du goût de chacun, la verdure a les capacités d’ajouter une valeur esthétique à un projet architectural, comme J. Johnston (1993) le montre dans son ouvrage (Building green, a guide for using plants on roofs, walls and pavements). Dans la partie précédente du mémoire, nous avions présenté le rôle esthétique du végétal comme un facteur influençant le bien-être psychique de l’homme. Mais le végétal peut également agir comme un élément esthétique au service du projet architectural. Que pourrons-nous caractériser d’esthétique esthétique quand il s’agit d’un projet architectural ? Selon Bernier (2011), nous pouvons parler de « beauté » quand l’esthétique répond à la fois à une fonction et a un sens dans la forme architecturale. En même temps, en ce qui concerne le monde de l’architecture, la beauté est importante dans l’idée ou elle influence, d’une certaine manière, la durabilité d’une architecture. Selon J. Dureault (2013) si une architecture est esthétiquement réussite, elle va durer parce qu’on cherchera à la conserver. Nous pouvons donc penser que la végétation peut ajouter de la beauté à un projet (J. Johnston, 1993) et de cette manière prolonger la durabilité du projet.
1.4 Rôle de camouflage « La végétalisation peut (…) camoufler un design» (Johnston, 1993) Comme J. Johnston l’introduit dans son ouvrage Building green, a guide for using plants on roofs, walls and pavements (1993), le végétal peut être utilisé à des fins de “camouflage”. Dans certains cas, l’utilisation d’une couche végétale (sur la façade ou sur le toit par exemple) peut être un moyen de « faire disparaitre » l’architecture derrière la végétation et de la dissimuler complètement dans le paysage alentour. C’est le projet de Chongqing Taoyunju Community Center, conçu par Vecor Architects (Fig. 19) qui nous amène aussi vers cette réflexion. En observant les images du projet, nous pouvons déduire qu’effectivement derrière la couche végétale, l’architecture disparait complètement. C’est aussi le commentaire du critique Lucy Wang : « A sprawling green roof fuses this community center with Chongqing’s mountainous landscape » 44 44
WANG Lucy, 2015, article « A sprawling green roof fuses this community center with Chongqing’s
mountainous landscape », disponible sur http://inhabitat.com/huge-sprawling-green-roof-fuses-acommunity-center-into-chongqings-mountainous-landscape/, consultee le 29.03.2016
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Fig. 19 Chongqing Taoyunju Community Center, Vecor Architects Source : http://www.archdaily.com/776435/chongqing-taoyuanju-community-center-vector-architects
1.5 Le potentiel de requalifier des espaces Toujours dans cette optique de l’utilisation du végétal comme un atout visuel pour le projet, nous pouvons ajouter que la végétalisation peut devenir un moyen de requalifier et de conserver un espace donné (Bernier, 2011). A ce propos, nous pouvons citer l’aménagement paysager d’une ancienne voie ferrée, qui par sa réhabilitation, est devenue la célèbre promenade de la High Line. Ce projet davantage urbain qu’architectural, démontre pourtant le potentiel qu’un l’aménagement «vert » peut apporter dans la requalification d’un site. 1.6 Valeur économique/ marchande La présence du végétal, outre les autres utilités que nous avons déjà développées, peut ajouter de la valeur marchande à un projet architectural. De nombreuses données provenant de spécialistes du marché immobilier démontrent qu’un bâtiment végétalisé ou un bâtiment ayant de la verdure et des espaces verts autour de lui se vend mieux. (Bass et Baskaran, 2001) 1.7 Valeur écologique comme effet de marketing Les traitements végétaux dans un projet architectural (des toits ou des façades végétalisée par exemple) font très souvent appel à l’image d’un «projet écologique ». A titre d’exemple, lors de l’évaluation de la performance environnementale d’un bâtiment, un toit végétalisé donne des points supplémentaires à ce dernier (Bernier, 2011). Plus concrètement, comme Dunett et Kingsbury (2008) précisent, dans le programme LEED (Leadership in Energy and Environnmental Design), un toit vert ajoute beaucoup de points en différentes catégories, comme : a/ diminution de la pourriture du site b/ gestion des ressources hydriques c/ matériaux et ressources
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Nous pouvons donc déduire que pour certains cas, le choix de concevoir des aménagements végétaux dans un projet architectural peut être dans le but de le qualifier écologiquement performant. Le végétal comme image de l’architecture écologique est utilisé par l’équipe de l’agence STAR, qui le met en avant dans son article « O’Mighty Green » (2011): « If the iconic buildings simply need to be iconic, the Green Buildings simply need to be green » 45 De plus, ils expliquent que le « vert » rend l’architecture davantage sympathique et qu’il représente la « recette » pour la transformer en « ecofriendly ». Cette utilité du végétal comme symbole écologique se reflète par exemple dans le projet du verdissement de la Tour Eiffel (Fig. 20) entrepris par le groupe d’ingénierie Ginger. Selon les concepteurs, ce projet permettra au symbole le plus connu de Paris de devenir « un symbole de l’action en faveur du développement durable et le poumon vert » 46 de la capitale française. Par le biais de ce projet, ils cherchent à renforcer l’image de la France comme un pays qui soutient fortement l’écologie (Jean-Luc Schnoebelen, fondateur du groupe d’ingénierie, 2011). A contrario, les spécialistes caractérisent cette action comme un « pure marketing » et se méfient du bilan carbone qu’entrainera le projet.
Fig. 20 Projet du verdissement de la Tour Eiffel, groupe d’ingénierie Ginger Source :http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/12/07/toureiffel-vegetalisee-projet-ecolo-ou-operation-de-com/
Il est vrai que ce projet de végétalisation de la Tour Eiffel ne représente pas un projet architectural, véritable objet de notre recherche. Pourtant, il nous démontre qu’il existe un vrai potentiel pour utiliser le végétal comme un effet de marketing, symbolisant un projet écologique. Nous pourrons voir, dans la suite de notre étude, si les architectes interviewés se servent de la végétation à cette fin.
45
« Si c’est nécessaire pour le bâtiment iconique qu’il soit simplement iconique, alors l’architecture Verte doit simplement être verte. » STAR strategies+architecture, O’Mighty Green, 2010-2012 http://st-ar.nl/o-mighty-green-summary/ , consulté le 09.01.2016 Article : « Tour Eiffel végétalisée : projet écolo ou coup marketing ? «, GARRIC Audrey, Le Monde, 07 décembre 2011, consulté le 15.02.2016 sur : http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/12/07/tour-eiffel-vegetalisee-projet-ecolo-ou-operation-decom/ 46
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1.8 L’effet image Au-delà de l’utilisation du végétal pour ses qualités visuelles, nous pouvons ajouter que la végétalisation représente une manière de donner de l’originalité à un projet, conduisant à un possible renommé de l’architecte. Si nous prenons comme référence le travail de l’architecte Edouard François, nous pouvons se rendre compte qu’il utilise le végétal sous des formes et des types d’application très variés, incitant les critiques à le qualifier comme « le géant vert »47 de l’architecture française. Quelle approche architecturale en fonction de ces utilités visuelles et morphologiques du végétal ? En pensant le végétal comme un élément physique, qui occupe l’espace et qui se transforme, nous avons analysé plusieurs de ces utilisations à la fois visuelles et morphologiques. Plus concrètement, nous l’avons étudié en tant qu’image, symbole, ou forme physique qui prend de l’espace. Cela nous a permis de faire connaissance avec de nouvelles utilités du végétal qui peuvent rendre service au projet d’architecture. Nous pouvons qualifier ces utilités comme des utilités visuelles et morphologiques. Dans l’intérêt de notre étude, nous nommerons l’utilisation du végétal pour ces atouts, d’approche « formelle ». Le terme « formelle » est défini par le Larousse comme un mot «qui concerne la forme »48. Etant donné, que notre objectif est de qualifier cette approche architecturale de l’utilisation du végétal comme une approche avec des utilités visuelles et morphologiques (au service du projet), l’utilisation du terme « formel » pour la décrire nous semble justifiée.
47
ANTOINAT, Déborah, L’architecture écolo, selon Eduard Françoise, article, disponible sur : http://midionze.com/mode-de-vie/architecture-ecolo-edouard-francois/, consulté le 12.01.20.16 48 Définition du terme selon Larousse
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Tableau récapitulatif
Le végétal comme élément technique et « écologique » / Le Pragmatisme / - Régulation de la qualité de l’air - Régulation de la température (l’effet d’ilot de chaleur et l’effet d’ombre) - Isolation thermique et phonique - Gestion des eaux pluviales
Le végétal comme facteur de sensations, d’émotions et de bien-être
Le végétal comme élément visuel et morphologique
- le concept de Biophilie
- Rôle morphologique et spatial
- Le potentiel curatif - Facteur d’ambiance sensible - Facteur de socialisation - Rôle de l’esthétisme
- Potentiel de requalifier des espaces
- Valeur écologique comme effet de marketing - L’effet image
- le Bio mimétisme
utilisation du végétal dans un projet comme un élément technique pour l’amélioration de la performance du bâtiment et pour la régulation physique des ambiances et de l’environnement
- Rôle de camouflage
- Valeur économique
- Protection de la propagation du feu - Biodiversité
Approche Pragmatique
- Rôle poétique vs. la dureté du bâtiment
Approche humaine utilisation du végétal pour les atouts psychologiques et émotionnels sur le bienêtre de l’homme
Approche formelle utilisation du végétal pour ses atouts visuels et morphologiques
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Bilan : A travers cette première partie du mémoire, nous avons étudié les multiples atouts du végétal d’après les données théorétiques et nos réflexions personnelles. Cela nous a permis de composer aussi une liste d’approches architecturales en ce qui concerne les différentes manières possibles d’utiliser le végétal dans le projet architectural. Dans cette liste d’approches possibles, il est nécessaire d’ajouter aussi une approche critique par laquelle nous pouvons qualifier les architectes qui ne travaillent pas avec le végétal dans leur pratique professionnelle. Ainsi, cette recherche au préalable nous a permis de se renseigner sur les multiples utilités du végétal qui peuvent y avoir dans un projet architectural. Dans la partie suivante de mémoire, nous étudierons, si effectivement ces utilités trouvent de la vraie application dans le projet architectural, selon les architectes praticiens que nous interviewerons. De plus, notre liste d’approches architecturales possibles nous servira comme une grille pour comprendre et analyser les manières d’utiliser le végétal dans la pratique des architectes interviewés.
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PARTIE 3 : UTILITEE DU VEGETAL DANS LA PRATIQUE ARCHITECTURALE
I.
Méthodologie de l’étude
1. Méthodologie et principe de sélection du corpus d’architectes à interviewer 1.1 Critères de sélections des architectes à interviewer : Dans l’intérêt du sujet de recherche du présent mémoire pour le choix d’architectes à interviewer nous essayerons de définir une liste de profils d’architectes autant diversifiés que possible. Donc, plus concrètement, nos critères de sélection concerneront : a/ le temps d’expérience professionnelle de l’architecte Nous nous intéresserons d’interviewer des architectes qui ont des années de pratique architecturale depuis très longtemps et d’autres qui ont commencé récemment leur carrière professionnelle. Ainsi, nous pourrons repérer éventuellement si la manière de travailler avec le végétal peut être différente selon les années d’expérience professionnelle. b/ le type de projets conçus par l’architecte Nous nous intéresserons également à analyser les visions des architectes qui ont des domaines de pratique architecturale différente. Autrement dit, il s’agit d’interviewer des professionnels, qui pratiquent dans le domaine de la réhabilitation et de la restauration ou d’autres - dans le domaine des commandes publiques ou des commandes privées. Dans notre liste d’architectes à interviewer nous inclurons également au moins un professionnel qui a un double diplôme architecte-ingénieur. Du nouveau, notre intérêt est d’avoir un corpus d’interviewés autant diversifié que possible. c/ type de traitement végétal dans des projets réalisés Un autre critère très important pour la sélection de notre corpus sera aussi le type de traitement végétal dans différents projets réalisés par les architectes à interviewer. Il s’agit d’une consultation et une prise de connaissance au préalable des différents projets conçus par l’architecte à interviewer. Notre intérêt est de constituer un corpus d’architectes qui utilisent souvent dans leurs projets des éléments végétaux (toutes sorte de vegetalisation) et d’autres qui ne mettent pas beaucoup de dispositifs végétaux dans leurs propositions architecturales. Nous nous intéresserons notamment de comprendre quels sont les motifs pour la végétalisation ou au contraire de la manque de végétalisation. Toute de même, pour restreindre le corpus de sélection, notre intérêt se basera sur des projets architecturaux dans un contexte urbain. 1.2 Méthode de sélection : La méthode de sélection d’architectes à interviewer sera basée sur une recherche au préalable à travers l’espace informatique (Internet) sur le caractère et la typologie de projets réalisés par l’architecte à interviewer. Cette première «rencontre » avec le travail de l’architecte, bien que à travers l’internet, nous
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permettra de repérer quels dispositifs végétaux il met en place (ou pas) dans ses projets. De cette manière, nous pourrons rédiger des questions concrètes qui seront posées lors de l’entretien. Dans un deuxième temps, la méthodologie du travail se développera par une prise en contact à travers des échanges par mails électroniques ou par des appels téléphoniques avec des architectes sélectionnés en fonction des critères expliquées plus haut. Après avoir obtenue leur accord, un entretien sera effectué sur la base des questions préparées auparavant.
1.3 Corpus d’architectes interviewés : Malgré notre bienveillance de questionner un grand nombre d’architectes, dans certains cas, ce n’était pas toujours possible pour des raisons diverses et la liste définitive des architectes interviewés est la suivante : 1/ Boris ROUEFF – praticien depuis 1999, dans le domaine des logements collectifs et les équipements publics (agence KAA) 2/ Chantal DUGAVE – architecte-artiste, praticien depuis 1998 et enseignante à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture 3/ François NOWAKOWSKI – praticien depuis 2008, dans le domaine des projets urbains, des espaces publics et des esquisses de projets d’architecture (agence URBI) 4/ Guillaume SIMONIN– praticien depuis 2002, dans le domaine des commandes privées pour la conception des bâtiments de bureaux et de logements (agence Zarchitecture) 5/ Mark RHEINORT (Agence Rheinort) 6/ Michel BATTON – praticien depuis 1986, dans le domaine des bâtiments publics et industriels (agence Batton Bergmann Sarl) 7/ Nicolas CAPILLON – praticien depuis 2001, dans le domaine des logements collectifs et les équipements publics, (agence CALC) 8/ Nils DEGREMONT – praticien depuis 1996, dans le domaine des commandes privées (bureaux, bâtiments agricoles, logements en promotion) et publiques (logements sociaux, équipements publics), agence Playtime 9/ Pablo CLAVERIA – praticien depuis 2003, dans le domaine deslogements collectifs et des bâtiments publics (agence Infine) 10/ Özlem LAMONTRE – praticien depuis 1989, principalement dans le domaine de la restauration et des commandes individuelles
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2. Méthodologie de réalisation des entretiens : Les entretiens menés dans le cadre de notre étude sont du type «semi guidé»49. Pour la réalisation des entretiens, le chercheur avait composé au préalable une liste de questions, principalement du type ouvertes (communes pour tous les entretiens). Pour certaines interviews, des questions supplémentaires avaient été composées afin de demander plus de renseignements sur certains sujets et sur certains projets, réalisés par l’architecte respectif. Nous avons choisi d’effectuer des entretiens du type semi-guidé, parce que nous avons trouvé cette méthode de recueil d’information comme la plus convenable selon l’objectif de notre recherche. C’est une méthode qui est principalement utilisée dans le domaine de l’anthropologie, par laquelle le chercheur essaie de rester le plus neutre possible afin d’éviter son influence sur les réponses des interlocuteurs. De plus, un entretien semi-guidé semble une manière convenable de laisser l’interviewé s’exprimer librement, en développant les réponses à sa façon et en même temps de garantir que tous les sujets qui nous intéressent dans le cadre de cette étude soient abordés. La grille de question pour l’entretien comporte deux parties. (Voir en annexe page 77) La première partie est très courte et elle est composée par des questions qui concernent le profil professionnel de l’interviewé. Il s’agit de comprendre son parcours, son expérience professionnelle etc. La deuxième partie du questionnaire comporte des questions par lesquelles notre objectif est de comprendre les visions de l’interlocuteur sur le végétal dans le projet architectural et comment et sous quelle forme il travaille (s’il travaille ou pas) avec cet élément de la nature. Ce que nous trouvons comme important, c’est d’ouvrir cette deuxième partie du questionnaire avec une question assez ouverte qui invite l’interviewé à nous partager les mots qu’il associe avec le mot «végétal ». De cette manière, nous considérons obtenir une première vision (assez conceptuelle mais en même temps assez importante) de la manière dont l’interlocuteur «voie » le végétal. Dans la suite de l’entretien nous nous intéressons à appréhender si l’idée de travailler avec la verdure est un point d’appui dans le travail de l’architecte interviewé et s’il rencontre des contraintes qui l’empêche (et du quel caractère). Nous devons noter que dans certains cas, pendant la réalisation de l’entretien, l’architecte interviewé répondait simultanément à d’autres questions (part de notre questionnaire) et c’est pour ces raisons que dans la retranscription de certains entretiens il y a des questions qui n’y figurent pas.
3. Corpus d’étude retenu : Le corpus principal de notre étude représente l’ensemble des entretiens menés. Nous qualifierons ce corpus comme oral, même s’il s’agit d’une analyse des retranscriptions écrites.
49
Lefèvre Nicolas, Méthodes et techniques d’enquête, Master 1 SLEC
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Pourquoi est-ce que nous avons opté pour une telle méthodologie de recueil de l’information? Parce que notre enjeu principal est d’étudier la vision générale que les architectes interviewés ont par rapport à l’utilisation du végétal dans le projet d’architecture. C’est dans cet objectif, que nous avons trouvé le discours oral comme la manière la plus adéquate par laquelle l’interviewé soit capable à s’exprimer le plus librement. Présentation du corpus d’étude retenu : Le corpus retenu est composé au total d’environ 4h d’interviews, avec au moyen de 20/25min par interview. Chaque entretien était enregistré par un dictaphone et retranscrit ultérieurement pour faire possible l’analyse de l’information recueillie. La retranscription totale correspond au final d’environ, 20 pages, présentées en annexe. La plupart des entretiens était réalisée à travers des échanges oraux directement, sauf pour l’exception de deux entretiens (avec Mr. Degrémont et avec Mr. Claveria) qui étaient réalisés à travers des appels téléphoniques (mais enregistrés également par un dictaphone). Nous pouvons expliquer également que la plupart des entretiens étaient effectués dans les lieux reliés aux activités professionnelles des interviewés. Plus d’information sur le contexte et sur le déroulement de chaque entretien est présenté en annexe, après la retranscription de chaque entretien respectif.
4. Méthodologie de l’analyse des entretiens :Identification des thèmes et des lexiques : L’analyse des entretiens effectués sera basée sur une identification de thèmes et de lexiques en fonction des différentes catégories d’utilités théoriques et d’approches architecturales que nous avons identifiées comme possibles dans la première partie du présent mémoire. Cette analyse aura comme but de révéler quelles sont les utilités du végétal, dont les professionnels se servent vraiment dans leur pratique architecturale (selon les interlocuteurs interviewés.) D’après la définition donnée par les spécialistes, il s’agit d’une analyse narratologique. Donc, à travers le discours des architectes interviewés nous analyserons leur point de vue sur l’utilité du végétal dans le projet architectural. Comme Alain Clémence le développe dans son ouvrage (« L’analyse des principes organisateurs des représentations sociales » ; 2003 ) : « Les mots ne désignent pas seulement des objets, mais expriment également des points de vue. » 50 Afin de donner une clarification sur le sujet en question nous proposons une grille d’analyse des entretiens qui couvre les différentes approches que les architectes peuvent avoir pour l’utilisation du végétal. Ce sera structuré en 3 thèmes majeurs, accompagnés avec des thématiques et des champs lexicaux qui leur
50
CLEMENCE Alain, L’analyse des principes organisateurs des représentations sociales”, in Moscovici Serge, Fabrice Buschini (dir.) éthodes des sciences humaines, PUF (Fondamental), Paris, 2003, 395 pages
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correspondent. Pour le choix et la définition des différents champs lexicaux, nous nous servirons des différentes sous-catégories d’utilités du végétal (développées dans la première partie du mémoire). Voici les différents thèmes identifiés au sein du corpus : A/ Approche pragmatique Comme nous l’avons expliqué plus en détails, dans la première partie du mémoire, par approche pragmatique à travers le végétal, nous pourrons décrire les architectes qui cherchent notamment les utilités techniques et «écologiques »de la végétation dans le but d’augmenter les performances d’un bâtiment ou pour les bénéfices que la végétation a en ce qui concerne l’environnement. Nous nous permettons de regrouper ces utilités ensemble, parce que les deux concernent le domaine du concret, de l’objectivité et du pratique. C’est aussi pour ces raisons, que nous qualifions cette approche comme une approche pragmatique51. Thématiques identifiées : -
Le végétal comme élément technique et de performance (Mots clés : efficacité thermique ; isolation ; protection solaire ; etc…) Le végétal comme élément „écologique“ (en faveur de l’environnement) (Mots clés : climat urbain ; ilot de chaleur ; biodiversité etc.. ) Le végétal et les chiffres Le végétal et les coûts
Etant donné que dans l’approche «pragmatique » nous nous intéressons aux données concrètes, pratiques et objectives, il nous parait comme nécessaire et important d’inclure dans cette catégorie les thématiques liées aux chiffres et aux coûts. Nous nous intéresserons aux propos des architectes qui créent des associations au lexique : - technico-scientifiques ; - des chiffres ; - de l’environnement etc…
B/ Approche humaine Il s’agit d’une approche architecturale qui caractérise l’utilisation du végétal en tant que facteur qui procure des sentiments et des émotions chez l’homme et qui influence son bien-être. Dans cette approche nous nous intéresserons aux utilités subjectives du végétal qui agissent sur les sensations et les perceptions de l’homme et à tous les paramètres qui influencent son cadre de vie ressentie et l’ambiance sensible. Ce qui nous intéresse c’est le rapport entre l’homme et le végétal au niveau affectif. C’est pour tous ces raisons, que nous intitulerons cette approche comme une «approche humaine ».
51
Pragmatique : qui est susceptible d’application pratique, qui a une valeur pratique (CNTRL)
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Thématiques identifiées : -
Le rapport homme – végétal (Mots clés : lien ; rapport homme-nature etc…) Le végétal et l’ambiance sensible (Mots clés : qualité d’espace ; confort du lieu ; bien-être etc…) Le végétal et les sensations (Mots clés : repos, détente, concentration, rêve ; fantasme) Le végétal, l’esthétique et l’homme (Mots clés : qualités esthétiques ; beauté ;)
Nous incluons la valeur et l’utilité esthétique du végétal dans la catégorie de l’«approche humaine » parce que comme nous l’avons précisé dans la première partie du mémoire, d’après les recherches dans la neuroscience, il y a une forte relation entre la beauté et la santé mentale de l’homme (McLennan, 2004). Il est prouvé que les textures et les formes élégante influencent positivement le vécu de l’homme. Donc, il s’agit bien d’un registre affectif. Nous nous intéresserons aux propos des architectes qui créent des associations au lexique : - de la psychologie ; - de la sociologie - de la qualité d’ambiance - des perceptions et des sensations humaines etc…
C/ Approche formelle Nous pouvons rappeler que par cette approche architecturale nous qualifierons l’utilisation du végétal pour ses utilités visuelles et morphologiques (au service du projet). Ce qui nous intéressera, ce sont les utilités du végétal en tant qu’élément physique, qui occupe de l’espace et qui se transforme. Il s’agit des utilités du végétal en tant qu’« image ». Thématiques identifiées : -
-
Le végétal comme élément de « camouflage » et comme moyen d’intégrer le projet dans son contexte (Mots clés : limites entre bâtiment et végétal ; inscription contextuelle) Le végétal comme élément structurant l’espace (Mots clés : structurer ; organiser ; morphologie ; présence physique) Le végétal et les cycles naturels (Le végétal comme élément évolutif) (Mots clés : nuances de couleurs ; transformations ; cyclique etc…) Le végétal et l’effet de mode/ effet de marketing (Mots clés : image ; effet visuel)
Nous nous intéresserons aux propos des architectes qui créent des associations au lexique : -
de la description des qualités visuelles de l’organisation spatiale etc…
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4.2. Méthodologie de l’analyse : L’analyse des différents entretiens était effectuée de la manière suivante. Dans un premier temps, nous avons relu plusieurs fois chaque entretien séparément pour repérer et détacher des phrases et des mots clés, en fonction de notre sujet d’étude. C’est cette liste de phrases et des mots, que nous avons ensuite distribuée dans les différentes catégories et sous-catégories de thématiques, en fonction des thèmes expliqués plus haut (consulter les retranscriptions en annexe). Ensuite, nous avons regroupé toutes les citations de tous les entretiens dans les différentes catégories pour pouvoir les analyser et en retirer des conclusions.
II.
RESULTATS DES ANALYSES :
1.1 Approche pragmatique: utilisation du végétal comme élément technique et «écologique » Thématique1 : Le végétal comme élément technique et de performance E1 : « Effectivement, ça fait rétention d’eau mais qui est en effet difficilement modélisable » « Dans le cas des toitures végétalisées, les végétaux ralenties l’infusion » ; « (la toiture végétalisée) permet d’infiltrer l’eau dans le sol » ; « en ce qui concerne la végétalisation des toits.. je trouve ça, très intéressant dans les villes parce que c’est un bon moyen d’isoler.» ; «. Mais très souvent cela devient un élément technique qui par contre n’a pas d’usage, ce qui est dommage. Alors qu’on peut imaginer que les toits, ce sont des surfaces qui peuvent être utilisé par les hommes, pour faire du potager etc. » E3 « on avait des grandes prairies inondables, qui permettaient de stocker l’eau de pluie et qui devenaient un parc quand ce n’était pas inondé » « permettre des usages sur certains endroit sous l’ombre d’un arbre, de permettre aussi en hiver, quand on a besoin de plus avoir d’ombre, il y a plus de feuilles, donc il y a plus d’ombre et en été, cela fait de l’ombre , parce qu’on a des feuilles. » ; « par exemple en mettant une haie autour un terrain de jeux qui absorbe de bruit pour éviter que la balle résonne trop « E4 : « Oui, oui, effectivement dans tous les projets où cela est possible, on essaie de concevoir des toitures végétalisée pour ses nombreux côtés positifs, notamment l’isolation, la rétention de l’eau pluviale entre autres. E5: «Les toitures végétalisées retiennent environ 70 % de la pluie et elle est transpirée par les plantes qui sont dessus. C’est plants-la fonctionnent comme des micro climatiseurs.1m3 de transpiration de plantes correspond environ à 950 kW par heure pour faire tourner nos climatiseurs » E6; « ombrage » ; « brise-vue » ; « protection solaire des façades en été » ; « nous avons envisagé très tôt la végétalisation de cette toiture inclinée, ce qui n’était pas facile car à l’époque cela n’était pas si courant. Nous avons choisi un tel dispositif parce que c’est un bon moyen d’isoler, économiquement rentable dans le temps »
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E7 : « planter des arbres à feuilles caduques pour éviter la surchauffe d’été » « une technique qui par contre n’a pas d’usage, ce qui est dommage. » E8: « C’est aussi une manière répondre à des questions techniques (rétention d’eau, isolation..); (Dans nos projets le végétal se formalise comme) Principalement toiture végétalisée » E9: « En même temps il peut être un vrai atout pour la thermique. Utilisé en forme de toit végétal, il devient un bon isolant thermique E 10 : «un très bon isolant pour l’hiver et pour l’été » ; «Baignâtes naturelle – l’eau se nettoie à travers des plantes » ; « En ce qui concerne le végétal comme isolant, je suis persuadée de l’utilité du végétal comme isolant et je vais encourager mes clients de végétaliser encore plus leurs toits «
Mots clés : atout thermique ; isolation ; rétention de l’eau/ inondation ; ombre/protection solaire ; absorption de bruit ; nettoyage de l’eau à travers les plantes
Interprétation : A partir de ces citations, regroupées dans la catégorie du «végétal comme élément technique et de performance », nous pouvons nous rendre compte que les architectes interviewés sont tout à fait conscients des multiples atouts «techniques » du végétal et ils essaient de les appliquer dans beaucoup de leurs projets (en milieu urbain). En analysant les phrases clés de cette catégorie, l’utilité du végétal en tant qu’isolant ressort comme une utilité partagée par presque tous les architectes interviewés. Les praticiens soulignent plusieurs fois l’efficacité de la végétalisation des toitures pour l’atout thermique mais aussi parce que cela est une bonne manière de répondre au problème de la rétention de l’eau pluviale. L’utilité du végétal comme une protection solaire apparait aussi comme un dispositif efficace du végétal (le plus souvent sous forme d’arbres caducs). L’une des architectes interviewées nous a partagés également que dans sa pratique architecturale elle prend en compte le végétal aussi comme un dispositif qui nettoie des « baignâtes naturelles ». Tout de même, ce qui est important de noter, c’est que très souvent dans leurs discours, les architectes soulignent que le végétal ne doit pas être regardé et utilisé seulement en tant qu’élément technique. Notamment, concernant les dispositifs des toitures végétalisées, les praticiens préfèrent que cette végétalisation ait aussi une autre utilité que l’utilité d’isolation. Ils proposent l’aménagement par exemple « des jardins sur les toits » ou « des potagers ».
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Thématique 2 : Le végétal comme élément «écologique » E3: « il peut y avoir des préoccupations plus générales, lié par exemple à la régulation du climat urbain dans la ville « E4 : «Il y a même des volontés urbaines pour développer cette idée- là (la végétalisation des toits), pour baisser les niveaux de température en centre-ville. Ca s’inscrit donc dans des processus très larges, du climat, d’effet de serre, avec le phénomène d’ilot de chaleur etc. » E7: « favoriser le développement d’une biodiversité de proximité » E9 : « Il le faut, parce qu'avec le réchauffement climatique, il devient important de reprendre conscience de la force de la nature en ville. »
Mot clés : régulation du climat urbain ; le phénomène d’ilot de chaleur ; réchauffement climatique ; la force de la nature en ville ; biodiversité Interprétation : Les phrases citées mettent en lumière la connaissance des architectes des utilités « écologiques » du végétal (qui sont en faveur de l’environnement). Encore plus, nous pouvons nous rendre compte qu’effectivement dans leur pratique, ils ont conscience de cette utilité du végétal et de l’influence des dispositifs végétaux non seulement à l’échelle du projet architectural, mais aussi à l’échelle urbaine. Certains des architectes interviewés introduisent même l’idée d’une vraie nécessité de cette utilité du végétal.
Thématique 3 : Le végétal et les chiffres : E5 : « Les toitures végétalisées retiennent environ 70 % de la pluie et elle est transpirée par les plantes qui sont dessus. C’est plants-là fonctionnent comme des microclimatiseurs. » ; « 1 m3 de transpiration de plantes correspond environ à 950 kW par heure pour faire tourner nos climatiseurs »
Interprétation : Cette citation, part de l’entretien réalisé avec Mr. RHEINORT nous démontre bien que l’architecte non seulement se sert du végétal pour son utilité technique mais qu’il soit aussi conscient des paramètres et des chiffres concrets, liés à cette utilité du végétal.
Thématique 4 : Le végétal et le coût E1 : « C’est le cas aussi des façades végétalisée. Si on n’a plus d’argent quel sera l’avenir des façades végétalisées ? » E4 : « Mais parfois, la contrainte budgétaire peut empêcher cette idée (la végétalisation des toits) »; « En soit, les plants ne coutent pas chère, mais mettre de la terre sur une toiture pour mettre des plantes, cela coute chère »
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E6 : « Les immeubles avec balcons d’E. François … je ne suis pas très précise… je ne vois pas ce qu’apportent ces énormes pots en bout de dalle, si ce n’est un surpoids coûteux … » E7 : « Coût d’entretien pour les arbres serait nettement inférieur à celui de brise-soleil » ; «une fausse contrainte : la contrainte financière » ; « un mètre de garde-corps métallique vaut le prix de 4 arbres fruitiers » « pour les systèmes de végétation sur terrasse, l’argument financier entre en jeu réellement » E8 : « Une grosse contrainte c’est le coût et la complexité technique relative. » E9: « Le prix ! Souvent, c'est une vraie source de problème. Le végétal apparaît souvent dans le marché public comme un élément de décoration, pas nécessaire et qui augmente le prix (c'est en tout cas mon point de vue) » E 10 : « C’est vrais aussi que pour une baignâtes naturelle ou pour un jardin bien végétalisées, bien conçu, ce sont des grands investissements au début mais après avec l’usage et le temps, on amorti... Donc ça ne me fait pas peur »
Mot clés : contrainte financière ; investissements ; argent Interprétation : A travers le discours des différents architectes interviewés, la problématique du coût et des investissements supplémentaires liés aux dispositifs végétaux était soulignée plusieurs fois. D’après eux, c’est une contrainte assez récurrente qui empêche souvent la volonté des concepteurs de végétaliser des parties d’un projet architectural donné, malgré les nombreux atouts que cela peut avoir. Etant donné, que dans cette catégorie de l’analyse des entretiens, nous nous intéressons aux données concrètes et aux côtés pragmatiques de la question du végétal, il nous semble important de mentionner cette problématique liée aux coûts. Ainsi, nous pouvons mettre en lumière que souvent c’est la raison pour laquelle l’idée de mettre en place des dispositifs végétaux est restreinte. Néanmoins, plusieurs architectes assument le fait que dans la plupart des cas la végétalisation augmente le budget financier mais ils tiennent à souligner que dans une vision à long terme, cet investissement devient « rentable ». 1.2 Bilan sur l’utilité du végétal en tant qu’élément technique et «écologique » : A travers l’analyse des citations, qui peuvent être regroupées dans la catégorie de l’approche « pragmatique » nous pouvons déduire que selon les architectes interviewés, le végétal a des vraies utilités de l’ordre technique et «écologique ». Si nous revenons sur la liste des différents atouts du végétal, part du registre objectif et pragmatique (comme nous les avons qualifiés dans la première partie du mémoire) nous pouvons se rendre compte qu’effectivement, selon les architectes interviewés, leurs utilités sont appliquées et prises en compte dans les projets architecturaux.
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Ainsi, sous une forme de synthèse, nous pouvons résumer que beaucoup d’architectes soulignent l’atout thermique du végétal, utilisé comme isolant sur le toit. C’est pour cette raison que systématiquement, dans les projets où cela est possible, les architectes essaient de mettre en place des toits verts. Par contre, nous ne pouvons pas négliger une contrainte à laquelle les concepteurs sont souvent confrontés et qui restreint cette volonté de végétaliser les toits. Il s’agit de la contrainte budgétaire. Les concepteurs nous évoquent également beaucoup d’autres utilités du végétal de l’ordre technique, qu’ils prennent en compte quand ils travaillent avec cet élément de la nature. Entre autres ce sont : Protection solaire - Rétention de l’eau - Absorption de bruit - Nettoyage de l’eau (une utilité que nous n’avons pas mentionnée dans la partie théorique du mémoire) Pour les architectes interviewés, le végétal n’est pas seulement un élément technique, au service de la performance du projet architectural. Ils évoquent aussi l’influence des dispositifs végétaux sur une autre, plus grande échelle, celle de l’environnement. Pour résumer, il s’agit des atouts du végétal comme : - Vecteur de biodiversité - Moyen de diminuer le phénomène de l’îlot de chaleur - Moyen de réguler le climat urbain - Moyen de rafraîchir l’air dans le milieu urbain Tout de même, nos recherches théoriques dans la première partie du mémoire nous ont montrés que le végétal peut devenir aussi une source d’inspiration pour sa structure et son principe de fonctionnement (la notion du bio-mimétisme). Les architectes que nous avons interviewés ne nous ont pas parlé d’une telle utilisation du végétal dans leur pratique. Par contre, en s’appuyant sur leurs propos, nous ne pouvons pas conclure que ce n’est pas une vraie utilité du végétal mais simplement de déduire que vraisemblablement ce n’est pas un atout du végétal dont les architectes se servent le plus souvent. Ainsi, toutes ces analyses nous démontrent que dans les projets architecturaux le végétal a des vraies utilités techniques et « écologiques » et que les architectes les prennent en compte et les utilisent dans leur pratique. Cela justifie aussi notre hypothèse de parler d’une approche pragmatique d’utilisation du végétal dans un projet architectural. Mais est-ce que le végétal reste seulement un élément technique? Quelles peuvent être les autres utilités de cet élément de la nature dont les architectes se servent dans les projets réels ?
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2.1
Approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être ressenti chez l’homme
Thématique 1 : Le rapport homme – végétal ; rapport homme-nature E1: « Mais on oubli l’usage et le rapport au végétal » ; « mais on peut peut-être imaginer une intégration du végétal comme une autre matière pour faire l’architecture pour avoir plus de rapport avec le végétal » E2 : «les arbres … crée un espace associé au corps » E3 : «Ils nous parlent très souvent de cet envie d’avoir du végétal dans l’environnement proche, d’avoir des arbres etc. (Parce que c’est vrai que cela fait partie des demandes souvent quand on travaille avec des habitants.) » ; « Il y a cette demande aussi, qui est très fréquente d’avoir un logement qui a un rapport au sol et un sol qui est notamment végétal, parce que pour l’homme le végétal est important. C’est pour cela que dans beaucoup de projets on a essayé de développer des formes urbaines qui permettent d’avoir une individualisation forte du rapport au sol » ; » pour moi, en ce qui concerne le rôle du végétal, il est d’abord lié aux besoins humains. » ; « je ne peux que défendre l’idée qu’il faut y voir des espaces de recréation et de contact avec la nature dans la ville » E5 : « Concevoir des espaces de partage et d’échanges par exemple des potagers, permettra de concilier l’Homme et la Nature » E7 : « le végétal fait partie du cadre de vie des habitants ou des utilisateurs, c’est vraiment important pour eux » E8: « Les habitants ont toujours besoin d’un rapport avec la nature et la verdure représente la nature. » E10 : « Végétaliser – oui, parce que l’homme aura toujours besoin d’un lien fort avec la nature. »
Mots clés : besoin d’un lien fort avec la nature ; demande d’avoir un rapport avec le végétal ; pour l’homme le végétal est important ; le rôle du végétal est d’abord lié aux besoins humain ; contact avec la nature ; espaces de partage et d’échanges par exemple des potagers, permettra de concilier l’Homme et la Nature Interprétations : Ces citations révèlent bien que l’utilité du végétal pour rapprocher l’homme à la nature et l’importance de cela pour le bien-être de l’être humain est vraiment prise en compte par les architectes (interviewés). Encore plus, pour les concepteurs, il s’agit d’une priorité, d’une vraie nécessité : « le rôle du végétal est d’abord lié aux besoins humains ». Les architectes partagent que dans le public, il y a une «vraie demande » d’espaces verts, de rapport au végétal et à la nature. Donc, ils prennent en compte cette volonté et encore plus, ils essaient à y répondre avec différents dispositifs et des aménagements végétaux (eg. des jardins aux RDC ; des jardins potagers etc.). De plus, il y a des architectes qui considèrent que cette nécessité de «verdure » est vraiment importante et que la réflexion architecturale doit être appuyée sur ce besoin humain pour renforcer notamment le contact de l’homme avec la nature, à travers le végétal.
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Thématique 2 : Le végétal comme facteur d’ambiance sensible : E1 : « travailler l’idée du végétal à l’intérieur pour les qualités d’ambiances que cela crée » E2: « le végétal crée des espaces de qualité pour les autres » ; «un tas d’ambiances architecturales qui est porté par la verdure » ; « les qualités de l’ombre en été, la fraicheur, l’humidité» E3 : où ils habiteront le mieux possible ensemble et la présence du végétal c’est l’un des vecteurs parmi d’autres de ce confort de cette qualité qui peut y avoir du fait d’être dans un lieu. E5 : Tout dépend du contexte. Mais dans tous les cas, c’est un facteur, un élément qui donne de l’ambiance E7 : «(les arbres plantés vont faire) éviter ainsi de chauffer le sol au pied de la façade et vont créer une vraie qualité d’espace » E8 : « Apporter le lien entre l’extérieur et l’intérieur, faire le lien entre paysage et projet et apporter une ambiance chaleureuse dans l’espace de vie des gens. « E9: « le végétal peut vraiment transformer l’ambiance d’un espace. En même temps, nous ne devons pas oublier que l’aménagement des jardiniers, les pots de fleurs etc. sont une bonne solution aussi, de donner un côté plus poétique et d’amener la nature dans les cas des espaces restreints, notamment en milieu urbain. »
Mots et phrases clés : apporter une ambiance chaleureuse ; le végétal peut vraiment transformer l’ambiance ; espaces de qualité ; confort ; qualité d’ambiances
Interprétations : Ces extraits des entretiens nous démontrent bien que dans le projet architectural, le végétal peut être un vrai facteur pour améliorer l’ambiance et le cadre de vie des gens. Selon les architectes interviewés, le végétal a un vrai potentiel pour créer « une ambiance chaleureuse » ; un « espace de qualité ». Cela représente aussi l’une des raisons majeures pour lesquelles, ils travaillent avec le végétal dans différents projets.
Thématique 3 : Le végétal et les sensations E1 : «Pour moi, personnellement le végétal est important, parce que cela renvoi au moment quand j’étais petit, j’habitais dans la campagne, près d’une forêt et depuis petit j’aime bien la nature » ; « cela (le végétal) va devenir comme un support de fantasme, de rêve.. » E2 : « le végétal peut être une forme thérapeutique (l’exemple de la rosserie au sein de l’hôpital psychiatrique) » ; « en premier temps c’était pour faire beau, tout d’un coup c’est devenu quelque chose ayant un usage thérapeutique avec les apports psychologiques du vert » E4 : «le végétal peut être perçu comme un lieu de repos » … «ce qui caractérise le végétal et les jardins (…) c’est le changement des saisons, cela renvoie a beaucoup de sensations » ; «l’idée d’un jardin au centre du lieu du travail et l’idée c’était qu’il y a un maximum de bureaux qui peuvent être orienté autour ce jardin. Que le jardin devient un
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lieu de repos pour les gens, ou ils peuvent se retrouver pendant les poses. Parce que la verdure, cela détente. » E5 : « Par exemple un projet qui s’orienter autour le motif des patios, c’est un donneur des sensations ; la sensation du bois, du vert, renvoie à l’imaginaire et donne la sensation d’un ailleurs ; L’homme va se sentir toujours mieux s’il est dans un cadre vert, c’est-à-dire, les toitures peuvent devenir tout à fait des jardins. E7: «le lien entre extérieur et intérieur par la dégustation » (Nous avons également fait planter dans plusieurs opérations des essences aromatiques dans des parties de jardins communs (laurier, thym, romarin, …) E9 : « Elle (la végétation) apaise les tensions entre les hommes parce qu'elle permet de rendre la ville plus belle et donc, de vivre dans un environnement bien plus agréable.»
Mots et phrases clés : apaise les tensions ; un lieu de repos ; renvoie a beaucoup de sensations ; la verdure, cela détente. donne la sensation d’un ailleurs ; dégustation ; usage thérapeutique ; support de fantasme, de rêve.. Interprétations : Ces citations font preuve que dans la pratique architecturale, le végétal est vraiment pris en compte comme un facteur qui a beaucoup d’influence sur les sensations de l’homme. Certains architectes nous ont décrit différents exemples dans lesquels cette utilité du végétal avait été un point important du projet correspondant. Notamment, l’une des architectes nous a expliqué que pour son travail sur la réhabilitation d’un hôpital psychiatrique, elle s’est servi du végétal pour son «usage thérapeutique ». Plus concrètement, l’architecte a conçu plusieurs jardins interactifs, dans lesquels les patients seront les gens en charge de la maintenance et cela aura une bonne influence sur leur santé. L’idée du concepteur était basée sur la notion que « la verdure apaise » (…) « avec les apports psychologiques du vert ». Dans un autre exemple de la pratique professionnel d’un autre architecte interviewé, il nous a décrit un projet de 2 bâtiments de bureaux. Pour la conception des 2 immeubles, il nous a expliqué que l’idée avait été de les organiser autour un jardin ouvert, comme « un lieu de repos », parce que « la verdure, cela détente ». Un autre architecte interviewé nous a partagé que pour la conception d’un projet à lui, il était guidé par l’idée que le végétal, (avec ses essences aromatiques) peut créer un lien entre l’extérieur et l’intérieur d’un logement à travers « la dégustation » (entretien N°7 – architecte N. CAPILLON). Tous ces exemples nous révèlent très clairement comment dans sa pratique professionnelle les architectes travaillent sur le rapport homme-végétal et surtout sur les sensations que la végétation peut procurer chez l’homme.
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Thématique 4 : Le végétal comme élément de socialisation E9 : «peut-être les relations de voisinage permettront-elles ensuite des échanges de fruits ou de recettes de confiture ? Cette dimension sociale des arbres et des jardins nous semble primordiale en logement collectif»
Interprétations : Le végétal n’est pas seulement un élément qui créait de l’ambiance, des sensations etc. Le végétal peut devenir également un facteur de socialisation, comme nous pouvons le déduire selon la citation en haut. Cet architecte interviewé nous démontre que dans la pratique architecturale la question sur la verdure peut être interprétée aussi comme un moyen d’influence sur la vie sociale des gens. Donc le végétal a effectivement un vrai rapport avec l’homme et encore plus, il peut influencer les interactions entre les hommes. Thématique 5 : Le végétal et l’esthétique E5 : « Donc, on peut faire beaucoup de choses avec la nature et les gens qui passent trouvent cela simplement trop joli. » E9 : « (le végétal) peut aussi permettre de devenir un véritable atout esthétique. » E10: « (le végétal peut être utilisée) pour son côté esthétique »
Mots et phrases clés : atout esthétique ; joli Interprétations : Ces citations nous démontrent bien que pour certains architectes le facteur d’esthétisme lié au végétal est aussi très important, parce que cela du nouveau est lié aux perceptions de l’homme et ainsi à son bien-être. Mais est-ce que nous pouvons parler d’un esthétisme du végétal, lié au projet architectural? Cela, nous l’analyserons dans la partie suivante qui traitera notamment le végétal comme élément visuel et morphologique au service du projet architectural.
2.2
Bilan de l’approche humaine et de l’utilisation du végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme
Les différentes citations que nous venons de présenter malgré tout, se ressemblent beaucoup. D’une manière ou une autre, elles concernent toutes la question du rapport entre l’homme et le végétal. A travers l’analyse de ces propos nous pouvons nous rendre compte de l’importance que les architectes interviewés accordent au végétal comme un élément nécessaire pour l’homme puisqu’il influence son bien-être ressenti et son milieu de vie.
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-
Le concept de la biophilie
Dans la partie théorétique du mémoire, nous avons expliqué le concept de la biophilie, qui explique l’existence d’une affinité émotionnelle innée chez l’homme vers le monde vivant. Les architectes interviewés ne se sont pas servis de ce terme scientifique mais ils ont quand même souligné le besoin pour l’homme d’avoir un lien avec la nature, à travers le végétal. Surtout, ils ont mis en lumière l’importance de ce rapport et la possibilité de le renforcer par des aménagements végétaux dans le projet architectural. -
Le potentiel curatif, de détente et de concentration du végétal
Tous ces atouts du végétal, que nous avons présentés déjà en plusieurs détails représentent effectivement des bénéfices que les architectes prennent en compte quand ils travaillent avec le végétal dans leurs projets. Des exemples de projets concrets (que les architectes interviewés nous ont partagés) témoignent que cette utilité du végétal est vraiment cherchée dans le cadre de leur pratique. -
Le végétal comme facteur d’ambiance sensible
Effectivement, beaucoup d’architectes soulignent l’atout du végétal comme un élément qui change fortement l’ambiance d’un lieu et de cette manière influence les perceptions et les sensations de l’homme par rapport à un espace donné. Selon la plupart des architectes interviewés le végétal a le potentiel d’influencer positivement le milieu de vie des gens et leur bien-être ressenti. -
Le végétal comme facteur de la vie sociale
Certains architectes nous ont partagés aussi que dans leur pratique professionnelle dans certains projets, ils ont travaillé avec le végétal comme un facteur de socialisation. Ils ont réfléchi sur l’organisation des lieux et des aménagements végétaux qui peuvent devenir des lieux de rencontre et d’échanges entre les habitants (ou les usagers). -
Le végétal comme élément esthétique
A travers les entretiens, nous avons analysé également que les architectes ne nient pas les qualités esthétiques du végétal et l’influence que cela a sur l’homme et sur son ressenti de l’espace. Si nous revenons sur la liste des différentes utilités du végétal de l’ordre affectif, que nous identifiées comme possibles, d’après nos recherches théoriques, nous pouvons nous rendre compte qu’elles étaient toutes abordées par les architectes interviewés. Cela nous démontre clairement que le végétal comme élément qui influence le ressenti de l’homme est un facteur très important et toujours pris en compte par les architectes dans leur pratique professionnelle. Ainsi, cela justifie aussi notre hypothèse de parler d’une approche « humaine » dans l’utilisation du végétal dans le projet architectural.
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3.1 Approche formelle : le végétal comme élément visuel et morphologique Thématique 1 : Le végétal comme élément morphologique, structurant l’espace E1 : «le végétal permet de construire des ambiances, des limites, des entrées, des espaces différents … cela fait de cette manière une architecture qui n’est pas chère» ; « pour moi le végétal est un élément comme les briques, les pierres.. » E2 : « important de ne pas avoir … de pochage vert mais qu’il y a un vrai espace associé à la morphologie du vert » ; « le cèdre (par exemple qui est dehors)... a une vrai présence physique… il a une influence aussi importante que le bâtiment » E3: « En d’autre projet, cela peut avoir comme vocation de structurer un espace, par exemple – l’alignement d’arbre, mais aussi une organisation des haies, des arbustes etc. » ; « Et notre proposition c’était d’intégrer la trame verte comme l’élément structurant de l’ensemble du quartier « E6 : « marquer des « seuils » sans avoir recours à des clôtures » ; « préserver certains vis-à-vis (par des arbres) » E8 : « Il peut y a avoir des plantations qui peuvent délimiter des espaces. En plus, une bonne manière de donner plus de structure dans un espace, peut être un alignement d’arbres » E10: « spécialement quand on conçoit des espaces de tampon, (la végétation peut servir) pour diviser certains espaces ouverts »
Mots et phrases clés : Construire des limites, des entrées, des espaces différents ; morphologie du vert ; présence physique ; trame verte comme structure ; marquer des seuils ; délimiter des espaces ; donner de structure ; diviser des espaces Interprétations : Ces citations démontrent bien que les architectes interviewés dans sa pratique professionnelle prennent en considération le végétal comme un vrai élément qui crée, délimite et structure l’espace. D’après leurs propos, le végétal en tant qu’élément morphologique et par sa présence physique dans l’espace est « aussi important que le bâtiment » et « fait de cette manière une architecture qui n’est pas chère ». Donc nous pouvons déduire qu’effectivement dans la pratique architecturale, le végétal a une vraie utilité morphologique et spatiale, en tant qu’élément qui par soi-même crée et organise l’espace. De plus, cette utilité trouve beaucoup d’applications dans les projets architecturaux, selon les architectes que nous avons interviewés. Thématique2 : Le végétal comme élément de camouflage et comme moyen d’intégrer le projet architectural dans son contexte E1 : « mettre un écran végétal pour qu’on puisse s’accorder avec la foret » E7 : « (la végétalisation de la façade fait) prolonger le jardin existant de cœur d’ilot (taille restreinte) et de lui offrir une façade non minérale » ; « une manière de brouiller la limite entre végétal et construit»
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E10 : « dans un projet récent, on a couvert l’extension qu’on a conçue avec une couverture végétale dans le but de faire disparaitre la nouvelle construction et après pour avoir une continuité des espaces verts pour faire disparaitre certains volumes qu’on ajoute dans l’existant (ca c’est le but pour moi)»
Mots et phrases clés : pour s’accorder ; brouiller la limite entre végétal et construit; couverture végétale ; faire disparaitre la nouvelle construction Interprétations : Ces citations mettent en lumière l’utilité du végétal pour le projet architectural pour ses qualités visuelles. Notamment, les architectes partagent que dans leur pratique, dans certains cas, ils se servent de la végétation pour intégrer complètement le bâtiment qu’ils conçoivent dans son contexte ou encore même, de faire disparaitre la limite entre le bâti et le végétal alentour. Dans certains projets, surtout dans les cas des nouvelles extensions des constructions déjà existantes, le végétal peut être utilisé comme moyen de cacher le nouveau bâtiment derrière une couverture végétale.
Thématique 3 : Le végétal et les cycles naturels E1: « le végétal est quelque chose qui est vivant, qui bouge dans le temps » ; « le végétal permet d’introduire une variation… ça pousse » E2 : « dialogue entre le bâti et le végétal » ; « la temporalité des saisons c’est une chose magnifique » E3 : « Quand on parle du végétal, on parle de transformation, d’évolution. Le végétal, il est cyclique et souple ; Et c’est vrai que ce qui est important dans le végétal et ce que je trouve très intéressant quand je travaille avec des paysagistes et le décalage qui apparait. Parce que oui, quand on conçoit un bâtiment, c’est une conception qui est finie et pensé à travers le végétal, c’est toujours penser en processus E4 : «ce qui caractérise le végétal et les jardins (…) c’est le changement des saisons, cela renvoie a beaucoup de sensations » E5 : Et en plus, ils (les gens) ils vont observer le changement de couleurs, changement de végétation. Donc, pour eux, c’est agréable aussi. E6: « variété des vues (les végétaux ne sont pas les mêmes en été et en hiver) E10 : « le végétal est important aussi pour sa temporalité, ses nuances de couleurs qui se changent d’après les saisons, cela joue avec la statique du bâtiment » ; « Par exemple c’est une bonne manière de valoriser le volume que vous créez, pour donner plus de sens à votre projet, l’aspect végétal et sa possibilité de changer des couleurs, c’est un bon élément »
Mots et phrases clés : ses nuances de couleurs ; cela joue avec la statique du bâtiment ; variété des vues ; d’introduire une variation ; parle de transformation, d’évolution ; cyclique et souple ; penser en processus ; changement des saisons ; le changement de couleurs, dialogue entre le bâti et le végétal Interprétations : L’utilité du végétal en tant qu’élément visuel, vivant, qui se transforme et qui se change en fonction des saisons représente un autre atout dont les architectes sont
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bien conscients et qu’ils prennent en compte très souvent dans leurs projets. Selon leur propos, nous pouvons déduire que dans leur pratique ce côté cyclique de la végétation ajoute un aspect poétique au projet architectural. Le végétal ajoute une variation et ainsi crée un dialogue avec le côté statique de l’architecture et « c’est une bonne chose ». En même temps, comme un architecte nous partage, quand il s’agit de travailler avec le végétal, il est nécessaire de changer également le mode de penser. Plus concrètement, le fait de concevoir avec le végétal impose un mode de réflexion en processus parce que la végétation se transforme et se change et elle n’est jamais statique.
Thématique 4 : Le végétal comme élément d’ornement E1 : « Ce qui me parait comme bizarre c’est plutôt les énormes façades végétalisées et murs intérieur végétalisés qui devinent comme des énormes tableaux »… « Cela enlevé de sa valeur, dans le sens ou cela devient un élément décoratif. » E3 : « cela ne doit pas être juste (…) des éléments d’agrément visuel » ; « c’est comme un mur peint presque, moi je dirais que c’est un peu la décoration, alors que cela n’intègre pas la dimension de l’usage et de l’usager qui peut pratiquer la ville » E4 : «en ce qui concerne les murs végétaux, c’est une façon de faire, mais il faut que cela reste un peu exceptionnel. Mais c’est une nouvelle façon de traiter le jardin et c’est aussi une bonne façon bien que souvent cela risque d’être très décoratif. »
Mots et phrases clés : risque d’être très décoratif ; atout esthétique ; enlevé de sa valeur ; la décoration, un peu la décoration alors que cela n’intègre pas la dimension de l’usage Interprétations : Ces citations nous révèlent que les architectes ne nient pas les valeurs esthétiques du végétal comme élément d’ornement au service du projet. Par contre, ils soulignent très souvent leur désaccord quand le végétal est utilisé seulement comme un « élément décoratif ». Encore plus, ils le trouvent comme « dommage » quand le dispositif végétal « n’intègre pas la dimension de l’usage ». Ainsi nous pouvons déduire, que d’après leurs visions, l’utilité du végétal en tant qu’élément d’ornement n’est pas suffisante. La dimension d’usage, de fonction liée au végétal est primordiale pour les concepteurs. De plus, ils considèrent que quand le végétal est utilisé seulement en tant qu’élément décoratif, cela « enlève de (la) valeur » de la végétation.
Thématique 5 : Le végétal comme l’effet de mode/ effet de marketing E1 : « Effet de mode, l’idée de mettre du végétal pour mettre du végétal » ; «une expression de la nature, qui est survalorisée aujourd’hui » ; «l’argument pour la demande de toiture végétale c’était l’idée que cela représente une architecture écologique » ; «pour la politique cela (la toiture végétalisée) faisait beaucoup de sens » E7: « un mur végétalisée dans un centre commercial : une mise en scène de l’effet de mode… c’est presque une caricature … une affiche de publicité »
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E8 : Les concours de Paris récents…les façades blanches avec des arbres partout : très mode.
Phrases et mot clés : effet de mode ; cela représente une architecture écologique ; pour la politique cela fait de sens ; mise en scène ; affiche de publicité ; très mode Interprétations : Dans le registre de l’utilité du végétal pour ses qualités visuelles, nous pouvons regrouper également ces citations qui révèlent que dans la pratique architecturale le végétal peut effectivement représenter un effet de mode et un effet de marketing. L’un des architectes nous partage que dans sa pratique il a eu une demande particulière de part d’un client qui a voulu végétaliser la toiture du bâtiment futur (une mairie) parce que « cela représente une architecture écologique ». Cet exemple nous démontre assez bien, le potentiel du végétal d’être utilisé en tant qu’image, en tant que symbole d’une architecture « verte ». Tout de même, comme nous pouvons déduire à travers ces citations, les architectes praticiens critiquent fortement cette utilisation du végétal. Pour eux ce qui est important, c’est d’avoir une vraie réflexion quand il s’agit de mettre de la végétation dans un projet. Par contre, selon les praticiens la tendance contemporaine dans l’architecture est exactement le contraire. Ils nous expliquent que dans les projets d’aujourd’hui la végétalisation « est très à la mode » et il s’agit de « mettre du végétal pour mettre du végétal » sans prendre en compte la vraie utilité de cet élément de la nature. L’une des raisons pour cela est aussi le fait que la présence végétale est juste « survalorisée » par le public.
3.2 Bilan de l’approche formelle de l’utilisation du végétal dans le projet architectural :
A travers les différentes citations, qui tout de même peuvent être regroupées comme appartenant au groupe du «végétal en tant qu’élément visuel et morphologique », nous avons étudié comment les architectes praticiens se servent de cette utilité du végétal dans leur pratique. Si nous faisons l’exercice de comparer les utilités théoriques du végétal (en tant qu’élément visuel et morphologique), que nous avons repérées et décrites dans la première partie du mémoire pour les comparer avec les utilités dont les architectes se servent dans leur pratique, nous pouvons en remarquer une bonne correspondance. -
Le végétal – élément spatial
Les concepteurs professionnels soulignent l’importance du végétal en tant qu’élément morphologique, qui a une vraie présence physique dans l’espace. En tant que tel, selon eux, il est un vrai élément spatial qui peut délimiter, organiser et structurer un espace.
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Le végétal comme élément cyclique
En tant qu’élément vivant, le végétal est toujours évolutif et a la capacité particulière de changer ses couleurs, ses nuances et de se transformer. Les architectes mettent une grande importance sur cette caractéristique du végétal et ils la prennent comme un vrai atout pour leurs projets. Ils se servent de ce côté évolutif du végétal pour créer un dialogue avec l’architecture, qui est, elle-même, statique et stable. Ainsi, la végétation introduit une variation. -
Le végétal comme « camouflage »
Dans la partie théorique du mémoire, nous avons identifié le potentiel du végétal en tant qu’élément par lequel la présence spatiale d’un bâtiment peut être diminuée, même disparaitre. A travers les entretiens réalisés, nous avons compris, qu’effectivement dans certains cas les architectes se servent du végétal pour mieux intégrer leur projet dans le contexte, en dissimulant le contraste entre le bâti et le milieu alentour. De plus, surtout dans les cas des projets d’extension, l’utilisation du végétal peut effectivement servir comme un moyen de faire disparaitre la nouvelle construction. -
Le végétal comme image et comme effet de marketing
Selon nos réflexions théoriques dans la première partie du mémoire, nous avons identifié le potentiel du végétal en tant qu’« effet de marketing ». Sans poser une question directe en ce qui concerne cette utilité du végétal, lors des entretiens, différents architectes ont abordé la thématique de cette idée d’utilisation du végétal. Par contre, dans tous les cas, ils l’ont fortement critiquée. Ils considèrent que cette application de la végétation le rend un élément sans « usage » et de cette manière enlève beaucoup de la vraie «valeur » du végétal.
Dans la partie théorique comme utilité du végétal, en tant qu’élément visuel, nous avons identifié également son potentiel pour le projet architectural comme un facteur de « valeur marchande » ou comme un moyen de requalifier un lieu. Tout de même, à travers les entretiens, nous n’avons pas pu repérer un tel objectif dans l’utilisation du végétal, selon la pratique des architectes interviewés. Ainsi, nous pouvons déduire que ces utilités du végétal ne sont pas prises en compte par les architectes ou bien qu’ils ne les trouvent pas comme primordiales et essentielles.
4.1 Approche critique Il est dans l’intérêt de notre étude de regrouper aussi dans une entité d’approche architecturale le refus ou la non-utilisation du végétal dans le projet d’architecture. Parmi les architectes interviewés, il y a évidemment des professionnels qui nous ont partagé que le végétal n’est pas l’élément le plus important dans leur pratique architecturale :
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E6 : « j’avoue privilégier le fonctionnement général du bâtiment et de la parcelle, et ne penser qu’ensuite au végétal ; encore que … »
E9 : « Le végétal n'est pas du tout la priorité de l'agence. On le respecte et on l'intègre dans nos projets quand il est déjà existant mais on travaille souvent avec des paysagistes sur cet aspect, bien plus spécialisés et qui peuvent nous fournir des plans masses végétaux. »
Malgré le fait que pour ces architectes, le végétal ne soit pas un élément très important pour le projet architectural, pendant nos entretiens avec eux ils nous ont partagé des utilités du végétal qu’ils appliquent dans leur pratique. Plus concrètement, ils nous ont évoqué des exemples dans lesquels, ils ont conçu une végétalisation des toitures ou bien une plantation des arbres caducs pour faire office d’un brise-soleil. Cela nous mène vers la réflexion qu’effectivement il est possible de ne pas prendre en compte le végétal dans le processus de la conception architecturale, mais malgré tout, de se servir et d’appliquer certaines utilités du végétal.
La question de la place du végétal dans le processus de conception apparait aussi comme une question très intéressante d’être étudiée plus en détails. Notamment, lors des certains entretiens, plusieurs architectes nous ont partagés que souvent ils prennent en compte le végétal comme un élément « pour faire l’architecture ». Encore plus, ils comparent le végétal comme « la brique ou la pierre » parce que cet élément de la nature leur permet de composer et de réaliser leur projet. Alors, quelle est la place du végétal dans le processus de la conception architecturale ? Est-ce que les architectes travaillent avec le végétal dès le début de la conception architecturale ou vers sa fin ? Peut-on regarder et étudier le rôle du végétal en termes de la temporalité dans le processus de la conception ? Ce sont des questions intéressantes qui méritent d’être étudiées plus en détails et qui ouvrent des pistes de réflexion vers autres recherches dans cette direction.
5. Synthèse générale A travers cette analyse des entretiens, réalisés avec des architectes praticiens, nous avons pu étudier comment ils travaillent avec la verdure et surtout quelle utilité de la verdure ils mettent en place dans leur pratique architecturale. Ce que nous pouvons conclure, c’est que presque absolument tous les atouts de la verdure que nous avons identifiés comme possibles selon nos recherches théoriques, s’appliquent d’une manière ou une autre, dans la pratique des architectes interviewés. Pour résumer nous pouvons expliquer que les concepteurs travaillent avec le végétal selon trois paramètres. Autrement dit, ils se servent des utilités «techniques et écologiques » du végétal pour renforcer certains paramètres de leurs projets ou bien pour contribuer à l’amélioration de l’environnement en sens large (les problématiques de l’îlot de chaleur, du climat urbain etc). En même temps, les architectes mettent beaucoup d’importance sur l’utilité, même la
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nécessité, de la présence végétale pour le bien-être de l’homme. Encore plus, très souvent ils soulignent l’importance du végétal comme facteur qui influence fortement le milieu de vie des gens. Finalement, et ce qui n’est pas le moins important, c’est l’utilisation du végétal en tant qu’élément visuel et morphologique. Les architectes interviewés nous partagent également l’importance de prendre en compte le végétal en tant qu’élément qui a une vraie présence physique dans l’espace et des vraies qualités visuelles. En tant que tel, il peut organiser ou délimiter l’espace et en même temps grâce à son côté évolutif, il ajoute de la variété au côté statique du projet architectural. Ainsi, nous pouvons en conclure que dans le projet d’architecture le végétal n’a pas une seule utilité mais plusieurs. Il peut effectivement être au service du projet, selon plusieurs paramètres. Cela nous mène vers le questionnement suivant : S’il y a autant d’utilités du végétal, pourquoi ces utilités ne sont pas abordées et appliquées dans tous les projets ? Ici vient la problématique du contexte et de la contrainte, liée à la question du végétal: 5.1 Le végétal et le contexte E1 : « après selon le contexte, il (le végétal) apparait comme un besoin ou pas » E3 : « Cela dépend vraiment des projets... On n’a pas un reflex finalement mais chaque situation de projet nous amène à utiliser le végétal, d’une manière ou autre » E5 : «Mais au final, tout dépend du contexte » « Cela dépend du contexte mais il faut être attentif avec le végétal »
5.2 Le végétal et la contrainte : E1 : « c’est qu’on promet plein de perspectives au végétal mais il y a d’autres contraintes qui vont apparaitre… par exemple l’entretient » E2: « la problématique la plus importante du vert, c’est la maintenance » E7 : «une fausse contrainte : la contrainte financière » ; « un mètre de garde-corps métallique vaut le prix de 4 arbres fruitiers » ; « une contrainte importante : l’entretien » E9 « Et puis il y a l’autre contrainte, liée aussi à la peur du particulier. Ils ont par exemple peur que la mise en place d'une toiture végétale soit trop compliquée, alors ils restent sur une solution simple de toiture béton, sans végétaux. »
Comme ces extraits des entretiens le démontrent, la manière de travailler et d’utiliser le végétal dans les projets architecturaux dépend beaucoup du contexte. C’est un facteur primordial qui dirige et justifie le choix de travailler ou non et de quelle manière avec le végétal. Donc, c’est une question très importante mais qui n’était pas étudiée en détail dans notre recherche parce que ce n’est pas notre sujet. Nous pouvons assumer que cela représente, peut-être, un manque de notre travail mais en même temps cela ouvre des pistes de réflexion sur la manière de continuation de cette recherche.
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Un autre facteur qui influence beaucoup l’utilisation du végétal et dans certains cas le contraint, c’est la difficile maintenance et entretien des certains dispositifs végétaux. Selon les architectes interviewés, c’est pour ces raisons que souvent la végétalisation dans certains projets se trouve restreinte, même empêchée. 6. Peut-il vraiment y avoir une approche architecturale concrète en ce qui concerne l’utilisation du végétal dans le projet architectural ? Revenons du nouveau sur la question du contexte parce que c’est un paramètre qui a une majeure influence également sur la manière de travailler avec le végétal en général. Autrement dit, chacune des situations du projet, crée des problématiques différentes qui influencent les manières de travailler avec le végétal. Donc, nous pouvons se demander si l’hypothèse de qualifier une approche architecturale particulière pour chaque architecte en fonction de la manière dont il utilise le végétal, est vraiment possible et logique. C’est une question très complexe et surtout qui dépend des paramètres de chaque projet. Comme certains architectes nous ont partagés à travers les entretiens : « nous n’avons pas de recette pour aborder la question (du végétal) » (E3) ou « Тout dépend du contexte mais il faut être attentif avec le végétal » (E5) Donc, effectivement le contexte joue un rôle primordial. Dans certains projets d’un architecte, les dispositifs végétaux peuvent servir comme un moyen d’isoler le toit d’un bâtiment (donc le végétal – utile pour la performance du bâtiment). Dans d’autres projets, le même concepteur peut se servir du végétal pour organiser, délimiter certains espaces de son intervention (donc le végétal – comme élément formel et morphologique). Cela nous mène vers la conclusion qu’il ne sera pas exact, de juger et d’attribuer une approche précise et unique à un professionnel selon la manière dont il se sert du végétal dans un projet donné. Une étude beaucoup plus approfondie et détaillée sur sa pratique architecturale sera nécessaire afin de repérer éventuellement son approche architecturale en ce qui concerne le végétal. Souvent cette approche d’aborder le végétal peut être « un mélange » qui intègre des parties de l’approche pragmatique, humaine ou/et formel. C’est aussi ce que les architectes interviewés nous ont répondu à la dernière question de notre questionnaire. Par cette question notre objectif était de demander les interviewés se positionner dans une de nos catégories d’approches d’utilisation du végétal. Dans la plupart de temps, ils nous ont répondus en se positionnant dans plusieurs catégories d’approches simultanément: Entretien N°6
N°8
N°3
Approche Pragmatique et écologique Humaine Formelle Pragmatique et écologique Humaine Formelle Humaine Pragmatique
Réponse oui Disons plutôt celle en premier Oui, un peu parfois parfois / Oui (et surtout) Oui
* Cela est un extrait des réponses des interlocuteurs
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Cela démontre également encore une fois la multitude d’utilités et d’atouts que le végétal peut avoir dans le projet architectural, ainsi que la diversité d’approches possible en ce qui concerne le travail avec le végétal.
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Correspondance entre le profil de l’architecte et sa manière de travailler avec le végétal ?
A travers les entretiens menés avec des architectes, praticiens dans différents domaines de l’architecture, nous avons pu observer une certaine correspondance entre le profil professionnel de l’architecte et la manière dont il se sert du végétal dans sa pratique en général. Pour expliquer ces propos, nous pouvons nous référencier par exemple à l’entretien, réalisé avec architecte Degrémont. Il a un double diplôme architecteingénieur et dans sa pratique il conçoit principalement des bâtiments de logements, des bâtiments utilitaires (agricoles) et des bâtiments publics. A travers l’entretien il nous a souligné plusieurs fois l’efficacité thermique de l’utilisation du végétal sous forme du toit végétalisé et il nous a donné plusieurs exemples de projets, dans lesquels il s’est servi de cette utilité du végétal. En même temps, en interviewant architecte Ch. Dugave qui a un diplôme et une pratique professionnelle en tant qu’architecte-artiste, nous avons pu faire une autre observation. A travers ses réponses, elle nous a donné des exemples de sa pratique architecturale dans lesquels elle a travaillé avec le végétal en tant qu’élément thérapeutique, qui influence le bien-être psychique de l’homme. Architecte Ch. Digave ne nous a pas mentionné des exemples d’utilisation du végétal pour ses performances « techniques ». Nous ne faisons pas la conclusion qu’elle exclut ces utilités de la végétation ou qu’elle ne s’en sert pas. Nous pouvons simplement faire l’hypothèse que pour elle, en tant qu’architecte, les utilités du végétal comme un élément « affectif » qui influence le bien-être psychique de l’homme sont en premier lieu. Nous tenons à préciser que ces réflexions sur une éventuelle correspondance entre le profil de l’architecte et sa manière de travailler avec le végétal restent sous forme d’hypothèse, qui méritent d’être encore étudiées et qui peuvent donner naissance à une autre recherche plus focalisée sur cette direction.
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CONCLUSION
A travers cette étude, nous nous sommes intéressés à l’utilité du végétal dans le projet architectural. La tendance contemporaine d’une omniprésence végétale dans une très grande partie des rendus d’images des projets architecturaux a inspiré le sujet de notre étude. Notre objectif était de révéler l’utilité (ou les utilités) du végétal dans le projet d’architecture et de proposer une grille de compréhension de cette tendance de végétalisation. Nous nous sommes premièrement intéressés aux utilités possibles d’après les données et les réflexions théoriques pour après les confronter à la réalité architecturale, selon les visions des architectes praticiens. C’est l’avis des praticiens et l’application des utilités du végétal dans la pratique ce qui nous intéresse parce que c’est surtout la réalité du monde professionnel qui peut servir comme un vrai repère, notamment pour les futurs architectes. Ainsi, par l’analyse des entretiens réalisés avec 10 architectes, praticiens dans différents domaines de l’architecture, nous avons étudié les utilités du végétal dont ils se servent dans leur pratique professionnelle. Cette étude nous a démontré une correspondance relativement bonne entre les utilités du végétal, que nous avons identifiées comme possibles, selon les recherches théoriques et les utilités, dont les professionnels se servent dans leur pratique. Il s’agit des utilités du végétal qui concernent principalement trois thématiques : -
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Le végétal comme élément avec des atouts objectifs qui contribuent aux paramètres techniques du projet ou qui améliorent l’environnement, en sens large du terme Le végétal comme facteur sensoriel qui influence le bien-être de l’homme Le végétal comme élément qui a des qualités morphologiques et visuelles au service du projet
Nous pouvons trouver une correspondance entre ces thématiques et les valeurs fondamentales de l’architecture telle qu’elles ont été introduites par Vitruve en 1er siècle AJ : « Firmitas (solidité), Utilitas (utilité), Venustas (beauté) ». Nous avons conscience que cette triade concerne une autre échelle de l’architecture et notamment le fondement de la pensée architecturale. Pourtant, comme Remy Butler le développe dans son ouvrage «Réflexions sur la question architecturale» (2015) les architectes se sont approprié fortement la triade et cela nous donne de la légitimité de chercher un lien entre nos réflexions et l’affirmation de Vitruve. Ainsi, nous pouvons déduire qu’étant donné que le végétal peut intervenir et influencer fortement les paramètres «techniques», «perceptives » et «visuelles » du projet il peut être d’une vraie utilité pour le projet architectural. Il reste à nous, les architectes praticiens et les architectes futurs, de prendre conscience du vrai potentiel de cet élément de la nature pour s’en servir dans notre pratique professionnelle dans les mesures du possible et du raisonnable.
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L’utilisation du végétal dans le projet architectural en fonction de ses différentes utilités mène vers différentes approches que les architectes peuvent avoir en ce qui concerne leur mode de travail avec cet élément de la nature. Notre étude nous a permis de vérifier la pertinence de la liste d’approches que nous avons composées comme possibles (approche pragmatique ; approche humaine ; approche formelle). De même, cela nous a démontré que ces trois catégories représentent des vraies démarches de travail avec le végétal, dont les architectes se servent dans leur pratique. Cependant, comme nous l’avons étudié à travers notre recherche, il est difficile de déterminer et d’attribuer une approche particulière à un professionnel-donné sur la base de ses visions partagées à travers notre entretien. Une étude beaucoup plus approfondie sur sa pratique architecturale est nécessaire pour identifier une approche concrète de travail avec le végétal. Tout de même, pouvons-nous se demander si la manière de travailler avec le végétal dans la pratique d’un architecte donné peut devenir un élément qui révèle sa vision sur l’architecture en général? Autrement dit, est-ce que la manière d’utiliser le végétal dans le projet architectural peut être un moyen de révéler si pour un architecte donné, c’est plutôt la performance technique du bâtiment qui est importante, ou bien comment ses habitants le perçoivent, le sentent ou finalement c’est l’image et l’expression visuelle du bâtiment qui compte ? C’est une question et une piste de réflexion qui peuvent être étudiées comme continuation de notre recherche.
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Borey Emmanuel, Eco quartiers : La ré-émergence du végétal urbain, mémoire de formation continue, 2010, ENSAL GALIBOIS, Chantal, Claude MH Demers, André Potvin, Le végétal comme composante de l’espace architectural, Ecole d’architecture de l’Université Laval, Québec, Canada, 2012 MIRA, Pascale, Penser l’architecture environnementale des idées aux formes &des formes aux idées. Dans quel processus de neomorphisation sommes-nous, thèse de Doctorat, Université Lumière Lyon 2- Ecole Doctorale 483, ENSAL, décembre 2015 PARIS Magali, Le végétal donneur d’ambiances : jardiner les abords de l’habitat en ville, thèse de Université de Grenoble_2011_Specialité – Urbanisme mention Architecture, 2011
ARTICLES : ANTOINAT, Déborah, L’architecture écolo, selon Eduard Françoise, article, disponible sur : http://midionze.com/mode-de-vie/architecture-ecolo-edouard-francois/, consulté le 12.01.20.16 GARRIC Audrey « Tour Eiffel végétalisée : projet écolo ou coup marketing ? «, ed. Le Monde, 07 décembre 2011, consulté le 15.02.2016 sur : http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/12/07/tour-eiffel-vegetalisee-projet-ecolo-ouoperation-de-com/ Les français et leur habitat, Etude réalisée pour l’Observation de la ville, article disponible sur : http://www.tns-sofres.com/etudes-et-points-de-vue/les-francais-et-leurhabitat, consultée le 18.03.2016, auteur n/d Les Batignolles : un Palais de justice ultramoderne en 2017 – Publié le 15-02/2012 – http://www.lefigaro.fr/immobilier/2012/02/15/05002-20120215ARTFIG00766-lesbatignolles-un-palais-de-justice-ultramoderne-en-2017.php , consulté le 23.02.2016 MUSY Marjorie, Le rôle climatique de la végétation urbaine, revue Culture et recherche No 113 – automne 2007 STAR strategies+architecture, article O’Mighty Green, 2010-2012 - http://st-ar.nl/omighty-green-summary/ , consulté le 09.01.2016 VANDENBEUSCH Florence (enseignant à l’Haute Ecole d’Art et de Design, Genève), Végétal-Vertical. Thibaud, Jean-Paul et Siret, Ambiance en acte(s)- International Congres on Ambiances, Montréal 2012, Sep 2012, Montréal, disponible sur : https://halshs. archives-ouvertes.fr/halshs-00745044/document WANG Lucy, 2015, article « A sprawling green roof fuses this community center with Chongqing’s mountainous landscape », disponible sur http://inhabitat.com/hugesprawling-green-roof-fuses-a-community-center-into-chongqings-mountainouslandscape/, consultee le 29.03.2016
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Conférences et films Vis-à-vis l’architecture, 24.10.2011, conférence avec Eduard François, disponible sur www.youtube.com REHSE André, Bio mimétisme, naturellement génial, Construire autrement – film documentaire, épisode 2/4 – www.arte.tv CALLEBAUT Vincent, conférence la Ville fertile, Penser le bio mimétisme et la Bioinspiration, l’Université Lyon3, le 08.12.2015
Site Internet : -
Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales CNTRL http://www.cnrtl.fr/lexicographie/v%C3%A9g%C3%A9tal
-
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DIVERS Lefèvre Nicolas, Méthodes et techniques d’enquête , Master 1 SLEC
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ICONOGRAPHIE:
Fig. 01. EDITT Tower, architecte Ken Yeang, Singapore……………………………………..p.7 Source : http://blogs.crikey.com.au/theurbanist/2010/03/21/ken-yeang-editt-tower-singapore/
Fig.02 Agora Garden, architecte Vincent Callebaut, Taïwan …………………….……...p.7 Source:http://www.dezeen.com/2013/04/05/agora-garden-by-vincent-callebaut/
Fig. 03: Les Jardins Suspendus de Babylone. Gravure réalisée au XVIe siècle aux PaysBas par Martin Heemskerck. …………………………………..………………………………..p.16 Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jardins_suspendus_de_Babylone
Fig.04 : Maison romaine …………………………..…………………..………………………………..p.17 Source :http://archieturbanisme.canalblog.com/archives/2015/05/29/31623944.html
Fig. 05. Hundertwasserhaus …………………..…………………..……………………………..…..p.19 Source : http://inhabitat.com/hundertwassers-incredible-living-building-hosts-more-greenery-onits-facade-than-original-land/hundertwasserhaud-greenery/
Fig. 06. L’Oasis D’Aboukir, Paris …………………..…………………..………….…………..…..p.19 Source : http://www.verticalgardenpatrickblanc.com/node/4676
Fig.07. Ville de demain : Bruxelles ………..…………………..………….………….……..…..p.20 Source : http://www.vegetalcity.net/topics/the-changing-face-of-brussels/
Fig.08. L’Ilot Fertile, Conceptueur : Architectes DTACC .…………………..……..…..p.21 Source : http://www.reinventer.paris/fr/resultats/
Fig.09. Réalimenter Masséna, Concepteur : DGT Architectes…..…………………...p.21 Source : https://www.amc-archi.com/photos/les-laureats-de-reinventer-paris-3-22-realimentermassena-xiiie-arr,4437/realimenter-massena-lina-gh.2
Fig. 10. Edison Lite, Concepteur : Manuelle Gautrand Architecture Source : http://edisonlite.paris/ ………………..…..…………………..………….………….……...…..p.21 Fig.11 Schéma du processus de la photosynthèse ..………….…………….….…...…..p.25 (Source : Mémoire de Borey E. « Eco quartiers : La ré-émergence du végétal urbain » , p.20)
Fig.12 Effet d’ombre ……………..…………..…..…………………..………….………….……..…..p.26 (Source : Mémoire de Borey E. « Eco quartiers : La ré-émergence du végétal urbain » , p.19)
Fig.13 Effet de la végétalisation d’un bâtiment …………..…………..…..……..…..…..p.27 Source : Impact du végétal en ville, p.34
Fig. 14 – L’impact des toitures et façades végétalisées sur le confort thermique à l’intérieur des bâtiments, pendant une semaine chaude ………..…..………………..p.27 Source : Impact du végétal en ville, p.34
Fig. 15 : Différentes techniques et dispositifs pour gérer les eaux de pluie à l’échelle d’une parcelle ……………………………………………....…………..…..……..…..…..p.29 Source : Impact du végétal en ville, p.38
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Fig.16 Cartographie des niveaux sonores à 100 Hz dans le cas des 2 bâtiments, couverts en surfaces parfaitement réfléchissante et dans un cas des 2 bâtiments en toiture et façades végétalisées ………………...............…………..…..……..…..…..p.29 Source : VegDUD
Fig.17 Lylipad - concours pour une cité flottante, Monaco ………….……..………..p.32 Source : http://projets-architecte-urbanisme.fr/projet-lilypad-par-larchitecte-vincent-callebautcite-flottante-ecologique-et-autosuffisante/
Fig.18. Life Marina Ibiza, Architecte – Jean Nouvel, Paysagiste – Patrick Blanc, Ibiza 2012, ………………............................................…………..…..……..……..…..p.38 Source : http://www.murvegetalpatrickblanc.com/realisations/ibiza/life-marina-ibiza
Fig. 19 Chongqing Taoyunju Community Center ...................................p.40 Source : http://www.archdaily.com/776435/chongqing-taoyuanju-community-center-vectorarchitects
Fig. 20 Projet de végétalisation de la Tour Eiffel ........................................p.41 Source :http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/12/07/tour-eiffel-vegetalisee-projet-ecolo-ouoperation-de-com/
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ANNEXE :
Questionnaire : Je viens vers vous dans le cadre de mon travail d’initiation à la recherche, qui porte sur le rapport entre le végétal et l’architecture. Dans le cadre de cette enquête, nous considérons que le projet architectural comprend le bâtiment, mais aussi l’aménagement de la parcelle. Par végétal et végétation, on considère toute forme de végétalisation, toutes sortes de plants et types de plantations, des aires végétalisées, des jardins, des potagers, des surfaces végétalisées en extérieur ou à l’intérieur d’un bâtiment etc Questions : 0/ Dans votre pratique architectural, vous travailler majoritairement sur quel type de projets? 0/ Depuis combien d’années avez-vous une pratique architecturale ? 1/ Quels sont les 5 premiers mots qui vous viennent en esprit quand vous entendez la phrase : la végétation dans un projet architectural? 2/ Pour vous vous expliquer plus en détail, quel apport le végétal peut-il avoir en architecture? 3/ Le végétal peut prendre quelle forme dans un projet? 4/ Comment est-ce que vous traitez le végétal dans vos projets et pourquoi? Est-ce que vous pourriez me donnez des exemples de votre pratique architecturale ? 5/ Le végétal peut-il être un point d’appui dans le processus de conception ? 6/ Est-ce que vous travaillez en collaboration avec des paysagistes ? -Si oui, pour quels types de projets ? -En quel moment de la conception architecturale? - Si non, pourquoi? 7/ D’après vous, comment cela va-t-il évoluer dans le futur ? Est-ce que vous considérez que l’architecture de l’avenir sera encore plus végétalisée ? 8/ Pouvez-vous citez des bâtiments qui vous semblent critiquables du point de vue du végétal ? 9/ Est-ce que vous pensez d’avoir un bon niveau d’information sur le végétal ? - quelle source d’information utilisez-vous pour vous? (sources bibliographiques, formation particulière, articles scientifiques, des projets architecturaux ou autres dans le domaine etc..) 10/ Quelles sont les contraintes les plus récurrentes qui limitent l’utilisation de la végétalisation dans vos projets?
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11/ D’après la liste d’approches architecturales, ci-dessus, dans quelle catégorie vous placeriez-vous ? : A. Approche Pragmatique Utilisation du végétal pour augmenter les performances techniques du projet architectural et pour influencer la qualité environnementale du milieu urbain B. Approche Humaine Utilisation du végétal pour les qualités d’ambiance qu’il crée et son influence psychique et du bien-être sur le ressenti de l’homme. C. Approche Formelle Utilisation du végétal pour ses qualités visuelles et morphologiques D. Approche Critique Approche par laquelle l’utilisation du végétal n’est prise en compte dans la conception architecturale pour des raisons diverses E. Autre :
Je vous remercie pour le temps consacré !
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PRINCIPE D’ANALYSE DES ENTRETIENS: Exemple de référence Relevé d’expression et de mots clés : (extrait) « planter des arbres à feuilles caduques pour éviter la surchauffe d’été » ; « coût d’entretien pour les arbres serait nettement inférieur à celui de brise-soleil » ; « une manière de brouiller la limite entre végétal et construit» ; « le végétal fait partie du cadre de vie des habitants ou des utilisateurs, c’est vraiment important pour eux » (extrait de l’entretien No 7)
APPROCHE PRAGMATIQUE Le végétal comme élément technique et de performance (Mots clés : efficacité thermique ; isolation ; protection solaire ; etc…)
« planter des arbres à feuilles caduques pour éviter la surchauffe d’été »
Le végétal comme élément „écologique“ (en faveur de l’environnement) (Mots clés : climat urbain ; ilot de chaleur ; biodiversité etc...) Le végétal et les chiffres Le végétal et les coûts
APPROCHE PRAGMATIQUE Le végétal comme élément technique et de performance (Mots clés : efficacité thermique ; isolation ; protection solaire ; etc…)
« coût d’entretien pour les arbres serait nettement inférieur à celui de brise-soleil »
Le végétal comme élément „écologique“ (en faveur de l’environnement) (Mots clés : climat urbain ; ilot de chaleur ; biodiversité etc.. ) Le végétal et les chiffres Le végétal et les coûts
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APPROCHE HUMAINE Le rapport homme – végétal (Mots clés : lien ; rapport hommenature etc…)
« le végétal fait partie du cadre de vie des habitants ou des utilisateurs, c’est vraiment important pour eux »
Le végétal et l’ambiance sensible (Mots clés : qualité d’espace ; confort du lieu ; bien-être etc…) Le végétal et les sensations (Mots clés : repos, détente, concentration, rêve ; fantasme) Le végétal, l’esthétique et l’homme (Mots clés : qualités esthétiques ; beauté ;)
APPROCHE FORMELLE Le végétal comme élément de « camouflage » visuel au service du projet et à son intégration dans le contexte (Mots clés : limites entre bâtiment et végétal ; inscription contextuelle)
« une manière de brouiller la limite entre végétal et construit»
Le végétal comme élément structurant l’espace (Mots clés : structurer ; organiser ; morphologie ; présence physique) Le végétal et les cycles naturels (Le végétal comme élément évolutif) (Mots clés : nuances de couleurs ; transformations ; cyclique etc…) Le végétal et l’effet de mode/ effet de marketing (Mots clés : image ; effet visuel)
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TRANSCRIPTIONS ET ANALYSES DES ENTRETIENS Entretien No1 : Boris ROUEFF 0/En équipe 0/ 17 ans 0/ En équipe 1/ Mur végétal, artificiel, qu’est-ce que c’est le végétal, paysagistes, phantasme contemporain 2/ - effet de mode, l’idée de mettre du végétal pour mettre du végétal - l’effet perceptif dans une société. Le végétal c’est quelque chose qui est vivant, qui «bouge dans le temps », contrairement à l’architecture ou la matérialité et son image ne bouge pas. Le végétal ça permet d’introduire une variation. Ça pousse, ça s’entretient -Une façade végétale, cela demande beaucoup d’entretien. Les végétaux – c’est une expression de la nature vivante et c’est survalorisé aujourd’hui. Par exemple, dans ma pratique, ils m’ont demandé de faire une toiture végétalisée pour le projet d’une crèche en plein champs. Et moi, j’ai demandé pour quoi. Leur réponse c’était pour réguler l’eau. Effectivement, ça fait rétention d’eau mais qui est en effet difficilement modélisable. Parce que l’eau s’écoule quand même, sauf si on ne fait pas une réserve d’eau. Dans le cas des toitures végétalisées, les végétaux ralenties l’infusion. En plus, cela régule l’eau et en même temps de cette manière. Cela permet également de ne pas jeter l’eau directement dans la canalisation mais de l’infiltrer dans le sol. Mais cela coute très chère. Entre 6 et 15 mille euros par maison. En plus, pour le cas de la crèche, l’argument pour la demande de toiture végétale c’était l’idée que cela représente une architecture écologique. Quand nous avons discuté avec la maire, elle m’a expliqué qu’au niveau politique c’était très important que ce soit affiché. Donc, on a même fait une pente de toiture pour montrer qu’il y a de végétation dessus parce que cela faisait partie du projet politique. Donc, on a fait une toiture végétale. Pour moi, elle n’a pas autant de sens, en tant qu’Architect technicien, pour la politique, elle avait beaucoup de sens. 3/ Ce qui m’a toujours intrigué, c’est l’idée que dans l’architecture domestique ou même publique, la forte présence des plantes à l’intérieur. Dans les années 60/70, on a introduit même des bacs à plantes à l’intérieur et aujourd’hui, cela a beaucoup disparu. En tout cas, c’est un élément de la décoration mais ce n’est plus intégré dans la maison et je trouve cela dommage. Moi, j’ai fait un projet à Paris, dans lequel le bâtiment tournait autour un arbre, suivant le principe d’un patio pour travailler cette idée du végétal a l’intérieur pour les qualités d’ambiance que cela crée. C’est vrai qu’aujourd’hui, on tente de mettre les végétaux à l’extérieur pour que ce soit montré dehors. On a plutôt une tendance d’utiliser le végétal comme un élément de la façade, en sens large, qu’un élément de proximité pour faire une partie de la façade Le végétal est-il important et pourquoi ? Pour moi, personnellement le végétal est important. Chez moi, par exemple, j’ai une terrasse avec plein de plants, Peut-être, parce que cela renvoi au moment quand j’étais petit, j’habitais dans la campagne, près d’une forêt et depuis petit j’aime bien la nature. En après, cela renvoi à quelque chose de vivant, justement pas contrôlable complètement, contrairement à la surface de carrelage qu’on va nettoyer 4/ C’est un élément avec lequel je conçois de façon un peu élémentaire parce que je n’ai pas beaucoup de connaissance mais si je prends l’exemple de la maison, il y a toujours un jardin autour la maison et j’explique aux gens qu’un jardin c’est comme l’une des pièces qui composent la maison. Le végétal par exemple permet de constituer par exemple de ambiances, des limites, des entrées, des espaces différents, ce fait de cette manière une sorte d’architecture qui n’est pas chère. Parce que les gens peuvent le faire eux même en partie etc. Dans beaucoup de cas de projets de reconstitution/restauration, on reconstitue le jardin aussi, en donnant des principes sur quel effet les plants doivent avoir, par exemple – des nuances de couleur, d’hauteurs etc. Pour moi, le végétal c’est un élément comme les briques, les pierres, on a aussi les
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plantes, les arbres etc qui ont leur propre qualité. De perdre des feuilles, de ne pas perdre des feuilles, d’avoir des tailles etc. Apres, selon le contexte si cela apparait comme un besoin ou pas. En ce qui concerne le travail avec les jardiniers, je leur explique les intentions, les grandes idées de l’aménagement et après c’est qui s’en occupent pour faire leur travail. Par exemple pour le projet dans la clinique de Chailles, je ai leur expliqué : La, pour le parking qui est au nord vous me mettez un écran végétal, pour qu’on puisse s’accorder avec le foret 5/ Moi, quand j’y pense.. Souvent quand je fais un dessin, souvent il est très abstrait et après il peut se matérialiser sois avec du construit, soit avec du végétal. C’est l’un des outils courant, on va dire 7/ … oui , on a une collaboration avec des paysagistes ou avec des entreprises paysagistes. Moi je fais les intentions qui sont très architecturales et après on les met en discussion 8/ L’effet de mode va retomber. Il y aura peut-être d’autres dispositifs. Je pense aux ruches, par exemple, cela a apparu il y une dizaine d’années pour faire développement durable, partage etc … il y avait des jardins potager. La ruche, cela devient de plus en plus quelque chose de mode. Quand on fait une ruche, on regarde plus le bâtiment, on regarde la ruche qui est sur le toit. C’est juste une boite mais en fait, cela évoque tout le rapport au monde vivant. Ce que je sais, c’est qu’on promet plein de perspectives au végétal mais il y a d’autres contraintes qui vont apparaitre… par exemple l’entretient. Par exemple, le parc High Lign , son entretien est vraiment très chère. C’est le cas aussi des façades végétalisée. Si on n’a plus d’argent quel sera l’avenir des façades végétalisées ? Mais le végétal en ville va peut-être revenir. Exemple de Mexico, qui était une ville très pollué dans les années 80 et qui après, était forestier. Ce qui fait que Mexico aujourd’hui est une ville extrêment verte. Il y a peu de parcs urbains mais toutes les rues sont végétalisées. C’était aussi une manière pour se battre contre la pollution, la sur chaleur urbain, cela résorbait pas mal de choses. Mais ce qui est particulier au Mexico, c’est le respect vers l’arbre de part des habitants. Ils tournent autour l’arbre qui est au milieu du trottoir par exemple. Dans les années 90 on faisait les enfants planter des arbres- c’était toute une campagne d’éducation et c’était une façon de s’approprier la ville et l’espace public 9/ Plutôt des villes , par exemple Lyon ou il y a trop de minéral. Ce qui me parait comme bizarre c’est plutôt les énormes façades végétalisées et murs intérieur végétalisés qui devinent comme des énormes tableaux. Cela enlevé de sa valeur, dans le sens ou cela devient un élément décoratif. Comme un bouquet de fleurs qui est sympa en même temps. En ce qui concerne la végétalisation des toits.. je trouve ça, très intéressant dans les villes parce que c’est un bon moyen d’isoler. Mais très souvent cela devient un élément technique qui par contre n’a pas d’usage, ce qui est dommage. Alors qu’on peut imaginer que les toits, ce sont des surfaces qui peuvent être utilisé par les hommes, pour faire du potager etc. Mais après la pollution d’air c’est une autre chose et je ne sais pas si cela sera bon à manger. Mais on oubli l’usage et le rapport au végétal Avant pour la société française, qui était une société d’agriculture, le rapport au végétal était qch de très important. Alors qu’aujourd’hui, cela devient une sorte de loisir. Cela va devenir comme un support de fantasme, de rêve et un rapport qui s’inverse. La raison pour cela , d’après moi, c’est l’image que chacun a – de la maison des grands parents à la campagne En ce qui concerne l’avenir du végétal, je ne sais pas, mais on peut peut-être imaginer une intégration du végétal comme une autre matière pour faire l’architecture pour avoir plus de rapport avec le végétal. 10/Non, je ne pense pas. 12/ Je dirais surtout même les trois premiers
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Analyse de l’entretien Profil de l’architecte interviewé: Il est praticien dans le domaine de l’architecture depuis 17 ans et il travaille en équipe, comme associé dans l’agence KAA. Contexte de l’entretien : L’entretien a eu lieu dans un atelier artistique à Chailles, dans lequel nous nous somme retrouvé avec Boris Roueff dans le cadre d’un workshop organisé par le même architecte. Comme son profil d’architecte nous intéresse dans le cadre de notre étude, le chercheur a pris l’initiative d’effectuer un entretien avec cette personne. . L’interview a eu lieu dans une salle tranquille, vers la fin de la journée (moment dans lequel l’interviewé était déjà libre de ses taches en tant que professeur) et de cette manière nous avons eu suffisamment de temps pour le déroulement de l’entretien. Ce dernier a duré environ 50min. Interprétation de l’entretien : Pendant l’entretien, l’architecte met en avant beaucoup de qualités techniques du végétal. Notamment, il mention l’utilité des toitures végétalisées comme un moyen pour retenir et filtrer l’eau pluviale mais il ajoute tout de suite une grosse contrainte qui contraint cette utilisation du végétal et c’est celle du budget et de l’entretien, selon lui. Il nous partage également que d’après lui dans le public il y a une analogie du végétal comme une expression de l’architecture écologique. En expliquant l’exemple de la demande de faire une toiture végétalisée pour un bâtiment de crèche en plein champs. Comme il nous explique le client (le maire) tenait à ce dispositif parce que cela est «une affiche politique d’une architecture écologique ». Cet exemple nous démontre assez clairement la problématique de l’utilisation possible du végétal en tant qu’image et en tant qu’«effet de marketing ». Cette approche d’utiliser le végétal est critiquée par l’architecte interviewé. Il la caractérise comme : « effet de mode, l’idée de mettre du végétal pour mettre du végétal ». Il nous partage également une perception qu’il a d’une utilisation du végétal « comme un élément de la façade ». « aujourd’hui, on tente de mettre les végétaux à l’extérieur pour que ce soit montré dehors » Cet exemple fait aussi référence à l’utilisation du végétal en tant qu’image. Au niveau personnel, l’architecte partage que le végétal est important pour lui, parce que cet élément de la nature et a une valeur personnelle pour lui, parce que cela ««le renvoie au moment » de son enfance pendant lequel il était très lié avec la nature. Ainsi, à travers cet exemple nous pouvons repérer un rapport affectif qui se tisse entre le végétal et l’homme (l’imaginaire, le souvenir etc…). De plus, à travers son discours, nous pouvons comprendre que dans sa pratique professionnelle, il prend en compte le végétal comme une matière pour faire l’architecture. L’architecte critique fortement la végétalisation les façades et les murs intérieurs parce qu’il trouve que c’est un dispositif décoratif, qui «enlève « de la valeur du végétal ». En même temps, il critique également l’utilisation du végétal seulement en tant qu’élément technique et donc qui n’a pas d’autres usages (eg. Toitures végétalisées). Notamment, ce qui est important pour lui, c’est « l’usage et le rapport au végétal ». Il explique que dans l’avenir, on aura la tendance d’intégrer le végétal comme une autre matière pour faire l’architecture «pour avoir plus de rapport au végétal »
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Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique 1 : élément technique et de performance : « Effectivement, ça fait rétention d’eau mais qui est en effet difficilement modélisable » « Dans le cas des toitures végétalisées, les végétaux ralenties l’infusion » ; « (la toiture végétalisée) permet d’infiltrer l’eau dans le sol » « en ce qui concerne la végétalisation des toits.. je trouve ça, très intéressant dans les villes parce que c’est un bon moyen d’isoler.» « Mais très souvent cela devient un élément technique qui par contre n’a pas d’usage, ce qui est dommage Thématique 2 : cout « mais cela (la toiture végétalisée) coute très chère… entre 6 et 15 mille euros par maison » « C’est le cas aussi des façades végétalisée. Si on n’a plus d’argent quel sera l’avenir des façades végétalisées ? » CATEGORIE 2 : L’approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme Thématique 1 : le végétal et l’homme : «Pour moi, personnellement le végétal est important, parce que cela renvoi au moment quand j’étais petit, j’habitais dans la campagne, près d’une forêt et depuis petit j’aime bien la nature » « Mais on oubli l’usage et le rapport au végétal » ; « le végétal aujourd’hui, cela devient quelque chose de loisir » « cela (le végétal) va devenir comme un support de fantasme, de rêve.. » ; « imaginer une intégration du végétal comme une autre matière pour faire l’architecture pour avoir plus de rapport avec le végétal » Thématique 2 : le végétal et la qualité d’ambiance : « travailler l’idée du végétal a l’intérieur pour les qualités d’ambiances que cela crée » CATEGORIE 3 : L’approche formelle : le végétal comme élément visuel et morphologique Thématique 1 : les cycles naturels « le végétal est quelque chose qui est vivant, qui bouge dans le temps » ; « le végétal permet d’introduire une variation… ça pousse » Thématique 2 : le végétal comme moyen d’intégrer le projet dans le contexte : «mettre un écran végétal pour qu’on puisse s’accorder avec le foret » Thématique 3 : le végétal comme mode « Effet de mode, l’idée de mettre du végétal pour mettre du végétal » «Une expression de la nature, qui est survalorisée aujourd’hui » « Ce qui me parait comme bizarre c’est plutôt les énormes façades végétalisées et murs intérieur végétalisés qui devinent comme des énormes tableaux »… « Cela enlevé de sa valeur, dans le sens ou cela devient un élément décoratif. » ; «l’argument pour la demande de toiture végétale c’était l’idée que cela représente une architecture écologique » ; «pour la politique cela (la toiture végétalisée) faisait beaucoup de sens »
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Thématique 4 : le végétal comme élément structurant : «le végétal permet de construire des ambiances, des limites, des entrées, des espaces différents … cela fait de cette manière une architecture qui n’est pas chère» ; « pour moi le végétal est un élément comme les briques, les pierres.. »
AUTRES : L’entretien : «une façade végétale, cela demande beaucoup de l’entretien » Le vegetal et la conception architecturale : «je matérialise un dessin (quand je dessine) soit avec du construit, soit avec du végétal » ; «c’est (le végétal) l’un des outils courant, on va dire » Contexte : « après selon le contexte, il apparait comme un besoin ou pas » Contrainte : « c’est qu’on promet plein de perspectives au végétal mais il y a d’autres contraintes qui vont apparaitre… par exemple l’entretient »
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Entretien No2 : architecte Chantal DUGAVE Retranscription : 0/Profil : Praticien depuis 1998 en tant qu’architecte et artiste 1/ Aspect morphologique (le Projet de la Part Dieu par exemple) Pour ce projet l’agence AUC , responsable du projet a choisi des espèces d’arbre de 5-6 mètres pour correspondre au socle actif dans la ville . Ils ont mis en place un socle de 7 m. de haut et les arbres il ne faut pas que les arbres dépassent cette hauteur pour garder un espace associé au corps Moi personnellement, je considère que c’est important de ne pas avoir simplement comme ça, de pochage vert mais qu’il y a un vrai espace associé à la morphologie du « vert « Parce que souvent, malheureusement dans les plans, quand on pose des choses, on met un arbre, point final mais en fait c’est beaucoup plus complexe que ça. C’est autant comme un bâtiment, parce que si tu regardes un bâtiment, la durée de vie est disons 30 ans et après il peut être transformé ou réhabilité etc. Mais un arbre, comme le cèdre qui est dehors, par exemple, il y a 100 ans. Donc la temporalité est absolument pas la même. Ce cèdre dehors est un bon exemple parce qu’il a une vrai présence physique, qui a une influence aussi important que le bâtiment qui est à côté. Donc la présence des arbres est très importante au niveau morphologique. Oui, le végétal c’est le volume, c’est la qualité aussi. Parce que de créer des espaces bâti avec des espaces verts c’est construire des espaces avec des qualités pour les autres. Et ce n’est pas uniquement la forme de l’arbre, c’est en fait les temporalités des saisons. C’est une chose absolument magnifique et donc il y a un certain dialogue entre le végétal et le bâti qui lui est stable et fixe. Et, puis maintenant, avec le développement durable, cela devient aussi une nécessité, ça c’est sûr. Et après pour ces qualités de l’ombre en été, par exemple, la fraicheur, l’humidité… en fait il y a tout un tas d’ambiances architecturales qui est porté par tout ce qui est verdure presqu’autant qu’architecture. Chacun, avec des spécificités différentes 3/ Cela dépend. Mais le végétal peut être une forme thérapeutique. Par exemple dans un projet, que je travaillais sur l’hôpital psychiatrique pour les prisonniers. Moi, je travaillais sur la partie des murs, la façade du bâtiment etc. et l’équipe m’a demandé de travailler aussi sur les patios au niveau végétal. Donc , vu que c’était par rapport à un programme spécifique donc l’idée c’était que le végétal soit associé à l’usage et notamment à la possibilité de «thérapie » Cela je l’ai utilisé et moi j’ai fait des structures végétales et moi j’ai travaillé aussi sur des rosiers par ce que c’est un élément structuré et qui est en même temps évolutif et tu le taille et les patients en même temps faisaient des espaces architecturés, mais qui était en même temps évolutif parce qu’il y avait une feuillage et donc cela évoluait. Donc, cela avait une double fonction, parce qu’il empêchait les enfants-patients de tourner autour le bâtiment (par ce c’était construit en sorte de labyrinthe etc) et puis, dans un autre sens cela avait aussi un autre usage – thérapeutique. C’était l’exemple du centre du jour psychiatrique et après pour le centre psychiatrique pour les prisonniers , moi j’ai souhaité proposer d’utiliser le végétal encore une fois sous forme des structure de rosiers par ce que c’est une forme végétale qui est verts presque toute l’année et contrairement à ce qu’on peut penser, ils ont pas besoin de beaucoup d’eau. Parce que le vert c’est bien, la problématique la plus importante, c’est la maintenance. La maintenance d’un bâtiment, n’est pas la même comme la maintenance d’un jardin. Et donc, dans ce projet, la maintenance était un peu difficile, puisqu’il fallait tailler les rosiers, en tout cas, c’était ce que je pensais, mais en fait, pas du tout – il existe de essences qui n’ont pas besoin de taille et de très peu d’eau. Par exemple, une pelouse – c’est beaucoup de maintenance. En plus, je me suis renseignée qu’i existe des rosiers sans des pins. Donc, pour ce projet, c’était intéressant parce que dans un premier temps, c’était pour « faire beau » mais en même temps, tout d’un coup c’est devenu quelque chose ayant un usage thérapeutique avec toute l’histoire des apports psychologiques du vert etc. Les psychiatres, qui était en même temps les commanditaires du projet, disaient qu’effectivement c’était important qu’il y ait des rosiers etc Et puis , il a poussé
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encore plus loin la proposition et la en fait, il a dit qu’il souhaitait des cartels mais évidemment pas posé , parce que cela devenait des armes, là encore 5/ Cela peut être mais tout dépend de chaque projet. Il n’y a pas de règle, je trouve. Il faut être attentif, c’est ça notre métier, je pense. Etre attentif quand quelque chose extérieur peut être utile à notre projet 6/ Cela dépend mais voilà c’est ça, des fois tu prends l’existant comme support du projet 7/ Oui, par exemple, j’avais ce concours de Jardin Chaumont, pour lequel je travaillais avec des paysagistes et je tiens à dire que les paysagistes, c’est des architectes en quelque part ils qu’ils construisent des aménagements etc. Mais après, ce qui est très important c’est qu’ils ont cette notion de la temporalité, parce qu’ils disent qu’’un jardin, ça se construit en 10 ans. Alors que nous, l’architecte, on est toujours sur la vision du concret, sur le construit tout de suite, alors qu’ils pensent à long termes. Nous pouvons tout de suite prendre Gille Clément comme exemple, avec son concept du jardin en mouvement et avec l’idée que jardin va se faire lui-même par des grains qui seront dans le vent. 8/ D’après vous, comment cela va-t-il évoluer dans le futur ? Est-ce que vous considérez que l’architecture de l’avenir sera encore plus végétalisée ? Lors, oui, je pense que ce serait encore beaucoup plus végétalisé, ça c’est sûr, parce quand ales ambitions pour le développement durable mais par contre, il faut avoir une vrai approche intelligente. Il ne faut pas utiliser le vert pour le vert. 9/ Bah, effectivement, on peut réfléchir sur cet exemple du concept de la toiture terrasse qu’on propose en plein champs. Ce n’est pas du tout cohérent, c’est pas la même chose comme la toiture végétale en ville 11/ Ca peut être des contraintes techniques puisque ce n’est pas partout qu’on peut mettre du végétal. Il nous faut un dalle du minimum 80cm., une structure spécifique. Donc, effectivement, il y a beaucoup de contraintes de mettre en œuvre mais cela dépend de tout encore une fois. Mais ce sont des contraintes constructives. Mais encore une fois, dans les projets, les contraintes crée l’identité des projets . Apres, la maintenance c’est aussi une vraie contrainte. On peut prendre l’ensemble du projet d’Alexandre Chemetoff qui a fait des très beaux espaces ouverts à Lyon, devant la Bourse etc mais comme la maintenance n’était pas vraiment efficace et au final, qu’est-ce que cela fait… cela se casse la gueule C’est ça , aussi une autre grande différence avec l’architecture parce que quand il s’agit d’un bâtiment…. Au final si la façade n’est pas bien maintenue, cela peut être très facilement réparé mais si la service de la ville et les jardiniers ne font pas la maintenance, tu n’as plus de tout ton projet. Et au niveau du végétal, je peux dire, j’ai une intention comme avec le reste des paramètres qu’on prend en compte quand on fait de l’architecture.
Analyse de l’entretien : Profil de l’architecte interviewé : Praticien depuis 1998 en tant qu’architecte et artiste Contexte de l’entretien : L’entretien a eu lieu dans un atelier artistique à Chailles, dans lequel nous nous somme retrouvé avec Chantal Dugave, dans le cadre d’un workshop organisé par le même architecte. Etant donné que son profil professionnel nous intéresse vivement dans le cadre de notre étude, le chercheur a pris l’initiative d’effectuer un entretien avec cette personne. L’interview a eu lieu dans une salle tranquille, vers la fin de la journée (moment dans lequel l’interviewé était déjà libre de ses taches en tant que professeur) et de cette manière nous avons eu suffisamment de temps pour le déroulement de l’entretien. Ce dernier a duré environ 40min.
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Interprétation de l’entretien : L’architecte interviewé relève tout de suite l’importance de l’ambiance que la verdure crée. D’après Mme Dugave, dans un milieu le végétal a autant d’importance que le bâti. Elle complète en plus, qu’il s’agit d’une dialogue entre l’architecture et le végétal. De plus, elle explique aussi que le végétal est une bonne manière d’apporter de l’ombre, de l’humidité et de la fraicheur dans un contexte urbain. Encore plus, elle parle d’une nécessité de végétalisé avec la tendance associée au développement durable. Ce qui nous intéresse surtout c’est comment elle travaille avec le végétal dans sa pratique professionnelle et elle en nous partage des exemples assez intéressants. Notons que dans le cadre d’un projet sur un hôpital psychiatrique, elle a travaillé sur l’idée d’utiliser la verdure pour son utilité/ influence « thérapeutique’ » qu’il peut avoir sur les patients. L’architecte nous explique qu’elle a pris en compte « les apports psychologiques du vert ». Cette idée fait directement référence à l’utilité du végétal que nous avons qualifiée comme socio-culturelle. En même temps, lors de l’entretien elle met l’importance sur l’idée « d’avoir une vraie approche intelligente … et de ne pas utiliser le vert pour le vert » C’est à nous d’interpréter ces propos mais ce que nous pouvons conclure avec certitude c’est qu’elle souligne l’importance de réfléchir quand il s’agit de travailler avec le végétal et d’éviter d’ajouter de la verdure sans réflexion d’éviter « le pochage vert » comme elle le qualifie. Elle conclue en disant que dans sa pratique professionnelle, elle prend en compte le végétal « comme le reste des paramètres qu’on prend en compte quand on fait de l’architecture. » Comparaison avec la problématique : En analysant le discours de l’architecte Dugave, nous pouvons conclure que dans sa pratique professionnelle quand il s’agit de la question du végétal, elle réfléchit fortement sur l’apport du végétal sur l’homme (« apport psychologique du vert »). Elle relève également l’utilisée du végétal en tant qu’élément morphologique (qui prend de l’espace) et donc elle met l’importance sur la nécessité de réfléchir sur l’influence spatiale du végétal (notamment les arbres) et elle critique fortement la tendance «de mettre du vert pour mettre du vert». En même temps elle souligne l’utilité écologique du végétal (comme nous l’avons définie), en citant des utilisations comme création de l’ombre en été, source de fraicheur etc. Pourtant, lors de l’entretien elle ne donne pas d’exemples de sa pratique professionnelle d’un tel usage du végétal. L’utilisation du végétal pour son rapport avec l’homme est peut-être plus importante. Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique : élément technique et de performance : « les qualités de l’ombre en été, la fraicheur, l’humidité «
CATEGORIE 2 : L’approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme Thématique 1 : le végétal et l’homme : «les arbres … créent un espace associé au corps » ; « le végétal peut être une forme thérapeutique (l’exemple de la rosserie au sein de l’hôpital psychiatrique) » ; « en premier temps c’était pour faire beau, tout d’un coup c’est devenu quelque chose ayant un usage thérapeutique avec les apports psychologiques du vert »
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Thématique 2 : le végétal et la qualité d’ambiance : « le végétal crée des espaces de qualité pour les autres » «un tas d’ambiances architecturales qui est porté par la verdure »
CATEGORIE 3 : Le végétal - élément visuel et morphologique Thématique 1 : les cycles naturels «dialogue entre le bâti et le végétal » ; « la temporalité des saisons c’est une chose magnifique » Thématique 1 : morphologie : « important de ne pas avoir … de pochage vert mais qu’il y a un vrai espace associé à la morphologie du vert » ; « le cèdre (par exemple qui est dehors).. a une vrai présence physique… il a une influence aussi importante que le bâtiment » AUTRES : Critique :« important de ne pas avoir … de pochage vert mais qu’il y a un vrai espace associé à la morphologie du vert » Contrainte :« la problématique la plus importante du vert, c’est la maintenance » Le végétal et la conception architecturale : « «avoir une vraie approche intelligente .. ne pas utiliser le vert pour le vert » «le végétal comme le reste des paramètres qu’on prend en compte quand on fait de l’architecture »
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Entretien No3 : François NOWAKOWSKI 0/ Pratique d’urbaniste (Je réalise plutôt des activités de l’ordre de l’étude- le devenir d’un morceau du territoire) 2-eme – conception urbaine – Il s’agit de la conception des projets urbains. Nous, on a la mission de concevoir le quartier dans son intégralité et ensuite d’accompagner la réalisation de l’espace public, souvent sous la direction des paysagistes et d’accompagner les architectes dans la mise en œuvre de leur projet. Donc, de coordonner tout, cela, de coordonner les espaces publics et projet d’architecture. 0/ Depuis 8 ans 0/ Toujours en équipe. Au sein de mon agence, nous somme 4 associées. On a une organisation du type coopératif, c’est à dire, qu’on est dans est même niveau tous les 4 et on fait des projets collectivement. On échange beaucoup sur les démarches et ensuite on travail toujours en sein d’équipe pluridisciplinaire avec d’autres compétences pour chaque des études. Très souvent avec des paysagistes en fait et notamment parce qu’on crée un regroupement d’agences qui s’appelle URBI 1/ Transformation / Evolution (agrandir) Vert Souple / Cyclique/Saison Vivant Respiration/ Régulation du climat Notamment à l’échelle de l’urbain, le végétal s’insère pour régulier le climat 2/ Moi, en tant que concepteur je n’utilise jamais le végétal en tant que matériau directement. C’est à dire que pour moi, c’est jamais le point de départ parce que ma culture, elle est pas làdedans. Mais comme je travaille beaucoup avec des paysagistes, c’est acculturé finalement et le végétal est devenu presque comme un matériau en fait. Donc, au final, quand on envisage la conception par exemple d’une place, on envisage des endroits qui sont enherbés. On peut envisager des endroits qui sont avec un alignement d’arbres. Non seulement, parce que cela a une qualité dans la structuration de l’espace mais aussi parce que cela apporte de l’ombre, cela a une qualité d’usage. Donc finalement, oui je l’utilise comme l’un des éléments du vocabulaire, comme un matériau, au même titre que d’autre matériau. 2a/ Et avec quelle motivation derrière cela ? Cela dépend vraiment des projets. Par exemple sur un projet d’un Eco quartier, sur lequel on travaille depuis plusieurs années. C’est un quartier qui se trouve à la limite d’urbanisation, face à une forêt, qui est précédée par une prairie. Et pour ce projet, nous on a travaillés sur une imbrication entre les espaces d’usage plutôt collectif, de quotidien, du quartier et la prairie naturelle. Donc, là le végétal, il fabrique la transition entre « l’urbain » et la « nature ». En d’autre projet, cela peut avoir comme vocation de structurer un espace, par exemple – l’alignement d’arbre. Cela peut être dans d’autres projets, de fabriquer de l’ombre ou de différencier finalement des lieux dans un quartier. Cela peut être aussi (je pense à un autre projet, qui était dans une zone inondable), on avait des grandes prairies inondables, qui permettaient de stocker l’eau de pluie et qui devenaient un parc quand ce n’était pas inondé. Donc c’était une vocation récréative mais en lien avec une logique hydrographique Je dirais que chaque fois, on a une attitude par rapport au végétal qui est liée à la situation de projet. On n’a pas un reflex finalement mais chaque situation de projet nous amène à utiliser le végétal, toujours en lien avec les paysagistes. En même temps le végétal est un mot générique avec lequel on nomme plein de choses, cela peut être une pelouse, un espace herbé etc. Donc, il peut y avoir des préoccupations plus générales, lié par exemple à la régulation du climat urbain, à la question de la préservions des biodiversités dans la ville (et le végétal a son rôle, de manière générale) et sa fait partie de nos mission ajd, je pense, en tant qu’urbaniste, de contribuer à la préservation et le développement de ses biodiversité. Par exemple, il m’est arrivé de travailler sur des champs d’agriculture, dépourvu de toute sorte de biodiversité. Et donc, le fait, d’urbaniser un territoire,
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paradoxalement va permettre de recréer une biodiversité qui avait plus. Donc cela fait partie finalement des aspects qu’on prend en compte dans la conception d’un quartier. Et après, il y a d’autres questions sur lesquelles j’ai du mal à parler, c’est la question de l’agreement qu’on peut ressentir par rapport au végétal. Parce que c’est vrai que cela fait partie des demandes souvent quand on travaille avec des habitants. Ils nous parlent très souvent de cette envie d’avoir du végétal dans l’environnement proche, d’avoir des arbres etc. Avec un discours qui oppose très souvent la nature et la ville. Alors, moi, dans ma sensibilité, j’ai une sensibilité d’urbain ou finalement, d’être dans un environnement très minéral, cela me pose aucun problème mais je suis très conscient que dans le discours que j’entends de manière très globale, il y a une vrai demande d’avoir ce contact en fait et qui peut être un contact très fantasmé dans le sens ou finalement, un parc, il y a rien de moins naturel qu’un parc, parce qu’un parc c’est entretenu, ça a été généralement dessiné par un paysagiste etc. Pourtant cela donne l’impression d’être naturel, parce que cela envoi au cycle de saison, des imaginaires qui sont importantes c’est vrai que dans la conception d’un morceau de ville, j’entende cette demande et je l’intègre finalement dans les projets finalement. C’est à dire, que je ne peux pas faire un quartier complètement minéral parce que mon imaginaire à moi est minéral. Il y a cette demande aussi, qui est très fréquente d’avoir un logement qui a un rapport au sol et un sol qui est notamment végétal, parce que pour l’homme le végétal est important. C’est pour cela que dans beaucoup de projets on a essayé de développer des formes urbaines qui permettent d’avoir une individualisation forte du rapport au sol avec notamment des typologies d’habitat intermédiaire qui permettent ce rapport au sol. Ce sol, ou on peut sortir de chez soi et aller dans l’herbe. 3/ Bah, oui, finalement, oui cela fait partie des éléments. Et ici je peux vous raconter une anecdote de l’Eco quartier qui est en lisière d’une forêt et ce projet est sur trame verte. Et notre proposition c’était d’intégrer la trame verte comme l’élément structurant de l’ensemble du quartier. Cette trame verte sur le site se traduisait dans des bosquets arborés qu’on maintenait et on construisait le quartier tout autour de ces bosquets. Le projet c’était dans la région d’Alsace et cette région a lancé un programme d’accompagnement des projets urbains qui intègrent des problématiques de structuration des trames vertes dans la conception et on avait également l’avis d’un écologue pour pouvoir travailler avec nous et bien définir quelles sont les essences végétales de mettre en place ou de maintenir pour pouvoir valoriser et préserver la trame verte. L’écologue nous avait proposé de planter une fleur qui était en fait protégé et on avait fait une recherche pour voir à quoi cela ressemble et on s’est rendu compte que si on plante cette fleur ou on Aujourd’hui, surement, parce quand on essaye de faire des démarches plus durables, le végétal prend une place très importante, on ne pouvait pas urbaniser. C’était une fleur que si on découvrait cette fleur dans un endroit, comme c’était une fleur en voie de disparition, les endroits où elle pousse, dès qu’on découvre, on empêche l’urbanisation parce qu’on considère que ce sont des endroits où elle pourra survivre et cela empêche l’’urbanisation. Même si c’était planté artificiellement, cela « gelait le terrain autour ». Et là, on s’est rendu compte d’un conflit qui peut y avoir entre une pensé de la pensée de l’écologue par exemple par rapport à sa logique de la biodiversité, de préservation de la biodiversité, parce que pour lui, son métier c’est de réfléchir a la préservation des biodiversités et nous , la question qu’on se posait c’est comment on fait habiter les humains dans un environnement. Pour lui, c’était comment faire habiter des fleurs ou des animaux etc. Donc, pour moi, en ce qui concerne le rôle du végétal, il est d’abord lié aux besoins humains. Les visions de l’écologue, elles partaient du végétal pour ensuit « «mettre autour « les humains. Alors que nous, la première question qu’on se pose, c’est comment permettre aux gens d’habiter quelque part, dans un endroit où ils habiteront le mieux possible ensemble et la présence du végétal c’est l’un des vecteurs parmi d’autres de ce confort de cette qualités qui peut y avoir du fait d’être dans un lieu. Mais c’est l’un des éléments parmi d’autres. C’est pas le seul, mais c’est l’une des dimensions qui doit être pris en compte pour toute les raison que j’ai évoqué … les raisons climatiques, la question de la biodiversité et les problématiques liées a la perception qui peuvent avoir les gens de leur environnement et après pour des raison urbaines, qui peuvent être la structuration d’un espace, de permettre des usages sur
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certains endroit sous l’ombre d’un arbre, de permettre aussi en hiver, quand on a besoin de plus avoir d’ombre, il y a plus de feuilles, donc il y a plus d’ombre et en été, cela fait de l’ombre , parce qu’on a des feuilles. Voilà, dans le végétal, il y a des qualités qui sont extraordinaires au final. Le hasard dans la nature est assez fabuleux par rapport aux qualités qu’on peut y trouver. Et c’est vrai que ce qui est important dans le végétal et ce que je trouve très intéressant quand je travaille avec des paysagistes et le décalage qui apparait. Parce que oui, quand on conçoit un bâtiment, c’est une conception qui est finie et pensé à travers le végétal, c’est toujours penser en processus et la pratique du métier de l’urbaniste pour moi, je la conçois aussi comme une pratique de processus. C’est vraiment l’une des dimensions essentielles de mon métier, c’est d’être toujours en capacités de me dire qu’à l’issu des éléments de projets que je pose dans le territoire, il faut que ma réflexion puisse anticiper sur ce qui peut se passer après. Mon objectif, n’est pas juste de faire une intervention et de me dire que finalement, elle est très bien en ce moment et elle répond a la demande mais c’est comment cette intervention va créer d’autres chose, ouvrir d’autres potentiel, spécialités, crée d’autres possibilités et comment est-ce qu’elle s’inscrit dans une transformation plus longue du territoire. C’est ce que je trouve des analogies assez forte entre la pensé du paysagiste et la pensé de l’architecte-urbaniste qui réfléchit au territoire finalement. Il y a un lien qui est assez nécessaire dans le mode de penser. Ce n’est pas sur le végétal, mais sur la pensé en processus finalement 7/ Oui 8/ Bonne question et pour répondre, je vais partir de ma réflexion plus globale pour revenir sur le végétal. Moi, j’ai un peu peur de la technicisation, que l’on voit un peu partout. C’est-à dire, que chaque problème génère une réponse très technique et aujourd’hui, on voit apparaitre quelque chose qui est très jolie dans les villes et c’est les murs végétaux, qu’on voit du temps en temps et dont on dit.. « «ah, non cela demande pas d’entretien » Alors qu’en réalité cela demande un entretien, comme c’est le cas pour tout. Et, moi, j’ai une méfiance par rapport à la réponse très technique. Et finalement avoir du végétale, certes , on peut se dire que oui les gens veulent avoir du végétal et donc on met des murs végétaux mais finalement c’est mieux juste de laisser de l’espace dans la ville pour avoir des lieux qu’on peut pratiquer parce qu’un mur végétal, certes, c’est intéressant, c’est comme un mur peint presque, moi je dirais que c’est un peu la décoration, alors que cela n’intègre pas la dimension de l’usage et de l’usager qui peut pratiquer la ville. Donc, je ne peux que défendre l’idée qu’il faut y q voir des espaces de recréation et de contact avec la nature dans la ville mais cela ne doit pas être juste des éléments techniques et des éléments d’agrément visuel. Je suis un peu contre que l’usage du végétal devient juste une réponse technique. Et le problème de technique, c’est souvent cela a une tendance à diviser les choses finalement. Et donc, par exemple, les gens veulent un mur végétal, op on met un mur végétal. Il faut résoudre la pollution, donc on envoie des choses pour résoudre la pollution etc. Alors qu’avoir une pensée notamment de la conception de l’espace urbain, c’est essayer de croiser toutes les choses, essayer de réunir toutes les dimensions. Et e végétal fait partie des dimensions qui sont intégrés à cela mais cela ne peut pas être juste un élément isolé de la pensée globale. 9/ Ah, oui, un aspect que je critique souvent dans la manière dont on utilise le végétal parce qu’on se sert souvent du végétal pour remplir des espaces notamment dans des espaces très récentes. Très souvent on voit des cœurs d’ilots très végétalisés, bien plantés, sauf qu’on a pas du tout envisagé que ces lieux pouvaient être utilisés par exemple. Ça se voit beaucoup par exemple dans le projet du ZAC de Portzamparc, clé BNF. On a beaucoup de morceau de cœurs d’ilots, joliment planté , dons de la rue c’est agréable a voir, mais inutilisé et ou le végétal est mis, parce qu’il y avait de l’espace non bâti, donc il fallait avoir quelque chose, parce qu’on avait peur que ce soit un espace vide et donc on a mis du végétal et ça c’est un attitude que je retrouve beaucoup et là je trouve que c’est une critique dans la conception du rapport au sol des logements. Je reviens sur la question du logement en ville, aujourd’hui on a un vrai déficit sur la réflexion des potentialités des usages du sol dans les espaces urbains en fait. Evidement cela génère parfois des situations de conflits par exemple, quand on a des enfants qui jouent a la balle au cœur d’ilots... Cela résonne mais si on l’avait anticipé au moment de la conception, on aurait peut-être envisagé
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de faire un endroit où les enfants peuvent jouer sans que cela résonne, par exemple en mettant une haie autour un terrain de jeux qui absorbe de bruit pour éviter que la balle résonne trop. Donc, moi je regrette que souvent le végétal soit un élément de remplissage et c’est aussi lié au fait que souvent les architectes les appellent à la fin. Une fois que le projet est fait, on dit aux paysagiste « Bon , voilà je t’ai laissé un plan devant, un trou là et tu me remplis pour que cela fasse joli non seulement sur la perspective du concours, parce que sur les pers du concours, on a toujours des arbres qui ont 50 ans et cela aussi c’est un problème parce quand ils sont planté, ils sont petit et malingres et le paysagiste est appelé souvent à la fin et n’est pas du tout intégré à la conception. Pourtant, il a des choses à apporter dans la conception 11/ Je ne pense pas qu’il y a en fait des vraies contraintes. C‘est simplement des manières de penser. Ares, oui, quand le végétal vient à la fin, bien sûr qu’on aura des contraintes si on l’a pas anticipé avant. Je pense à un cas qui m’est arrivé très souvent de gérer des stationnements dans un projet de logements ou la réponse la plus facile, c’est de se dire qu’on fait un grand parking souterrain mais évidemment si on veut avoir un beau jardin autour du parking souterrain, il va falloir soit faire des trous dans le parking pour planter des arbres et donc, cela devient compliqué. Alors que si on avait pensé d’abord au cœur de l’ilot et on s’est dit qu’on pense d’abord aux usages du RDC et après on voit comment on gère les voitures et le paysagiste pourrait trouver des solutions plus intrigantes et d’avoir une partie des voitures au RDC mais cela permettait d’utiliser le cœur de l’ilot. Souvent la problématique c’est que cela vient à la fin et pas comme l’un des éléments de la réflexion. C‘est pour cela que je considère qu’il est absolument nécessaire dans les démarches du projet de mettre très rapidement les différents expertise autour de la même table pour pouvoir intégrer les questions et les apports que chacun peut se poser. Ce qui n’empêche pas qu’a un moment il y a quelqu’un qui fasse la synthèse. C’est pour cela que moi dans mon agence, on a cette habitude de prendre le temps nécessaire pour le travail ensemble avec les paysagistes, parce qu’on a appris d’échanger dès le départ. 12/ HUMAINE ET BIOCLIMATIQUE Moi, je me sentirais plus proches, en ajoutant que sur cette catégorie, il y a aussi tous les apports du confort thermique de l’espace urbain
Analyse de l’entretien avec l’architecte-urbaniste François NOWAKOWSKI Profil de l’architecte interviewé : Au début, pendant la sélection des architectes à interviewer, nous n’avons pas inclut dans la liste d’architectes à interviewer le profil des architectes-urbaniste. Par contre, lors d’un rencontre avec Mr. Nowakowski, moi j’ai partagé la thématique de mon étude et il a montré son fort intérêt à contribuer à mon étude, en répondant à mon questionnaire. Apres avoir effectué cet entretien, nous pouvons se rendre compte qu’effectivement il y a des thématiques intéressante qui sortent de la pratique de l’architecte interviewé. En ce qui concerne son profil professionnel, Mr. Nowakowski et architecte-urbaniste et il pratique depuis 8 ans. Il travail au sein de l’agence URBI en tant qu’associé. Dans sa pratique, il avait été en charge de la conception et la réalisation des espaces publics, projets d’architecture et des projets urbains.
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Contexte de l’entretien : L’entretien a eu lieu dans un atelier à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon (ENSAL). L’interlocuteur montrait une bienveillance à contribuer à notre recherche et il répondait de manière très détaillée à nos réponses. L’entretien a duré au final environ 45 min. Interprétation de l’entretien : A travers le discours de Mr. Nowakowski, nous pouvons comprendre que dans sa pratique professionnelle, il se sert du végétal pour les utilités techniques et écologiques du végétal. Nous pouvons faire cette conclusion, à travers les exemples concrets qu’il partage avec nous, comme : « régulation du climat urbain (par la présence végétale) » ; « «préservation de la biodiversité » etc. Toute de même, il tien a préciser que le végétal est principalement d’utilité humaine. Il nous explique qu’il y a une volonté partagée par les gens d’avoir plus de verdure et plus de contact avec la nature en milieu urbain. Il comprend que c’est une nécessitée commune et il essaie d’y répondre dans les projets qu’il conçoit. Par contre, il souligne l’importance de réfléchir sur le sens de la verdure et il contre la réponse « «mécanique » de la volonté des gens : « les gens veulent un mur végétal, op on met un mur végétal. » A travers ses réponses, nous pouvons conclure également qu’il se sert du végétal par son utilité morphologique et visuelle (comme nous l’avons définie). Notamment les exemples de l’utilisation du végétal pour structurer l’espace, fabriquer la transition entre « l’urbain » et la « nature » témoigne cette utilité du végétal.
Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique1 : élément écologique : « les raisons climatiques, la question de la biodiversité » ; « Respiration/ Régulation du climat ; Notamment à l’échelle de l’urbain, le végétal s’insère pour régulier le climat urbain » ; « on avait des grandes prairies inondables, qui permettaient de stocker l’eau de pluie et qui devenaient un parc quand ce n’était pas inondé » ; « il peut y avoir des préoccupations plus générales, lié par exemple à la régulation du climat urbain, à la question de la préservions des biodiversités dans la ville « ; « permettre des usages sur certains endroit sous l’ombre d’un arbre, de permettre aussi en hiver, quand on a besoin de plus avoir d’ombre, il y a plus de feuilles, donc il y a plus d’ombre et en été, cela fait de l’ombre , parce qu’on a des feuilles. » ; « par exemple en mettant une haie autour un terrain de jeux qui absorbe de bruit pour éviter que la balle résonne trop » ; CATEGORIE 2 : L’approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme Thématique 1 : le végétal et l’homme : « Ils nous parlent très souvent de cet envie d’avoir du végétal dans l’environnement proche, d’avoir des arbres etc. (Parce que c’est vrai que cela fait partie des demandes souvent quand on travaille avec des habitants.) » ; « dans le discours que j’entends de manière très globale, il y a une vrai demande d’avoir ce contact » ; « Il y a cette demande aussi, qui est très fréquente d’avoir un logement qui a un rapport au sol et un sol qui est notamment végétal, parce que pour l’homme le végétal est
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important. C’est pour cela que dans beaucoup de projets on a essayé de développer des formes urbaines qui permettent d’avoir une individualisation forte du rapport au sol » ; « pour moi, en ce qui concerne le rôle du végétal, il est d’abord lié aux besoins humains. » Thématique 1 : le végétal et la qualité du lieu : « Où ils habiteront le mieux possible ensemble et la présence du végétal c’est l’un des vecteurs parmi d’autres de ce confort de cette qualités qui peut y avoir du fait d’être dans un lieu. « ; « je ne peux que défendre l’idée qu’il faut y q voir des espaces de recréation et de contact avec la nature dans la ville » CATEGORIE 3 : L’approche formelle : le végétal comme élément visuel et morphologique Thématique 1 : les cycles naturels « Transformation / Evolution (agrandir) ; Souple / Cyclique/Saison » Thématique 2 : le végétal comme élément structurant : « parce que cela a une qualité dans la structuration de l’espace » ; « là le végétal, il fabrique la transition entre « l’urbain » et la « nature ». En d’autre projet, cela peut avoir comme vocation de structurer un espace, par exemple – l’alignement d’arbre » AUTRES : Contexte : «Cela dépend vraiment des projets » « On n’a pas un reflex finalement mais chaque situation de projet nous amène à utiliser le végétal, toujours en lien avec les paysagistes. « Critique : « c’est comme un mur peint presque, moi je dirais que c’est un peu la décoration, alors que cela n’intègre pas la dimension de l’usage et de l’usager qui peut pratiquer la ville » ; « mais cela ne doit pas être juste des éléments techniques et des éléments d’agrément visuel. «
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Entretien No4 : architecte Guillaume SIMONIN
0/
Bâtiments de bureaux, de logements et autres
0/ Je pratique depuis l’année 2002 0/ Ca dépend, mais je travaille majoritairement en individuel mais quand j’ai besoin je travaille en collaboration 1/ Art ; jardin ; biodiversité ; l’eau ; la détente 2 / -dialogue entre les deux, entre le minéral et le végétal et souvent le végétal peut être perçu comme un lieu de repos et de détente par rapport au lieu d’habitation ou du travail qui est souvent dans le minéral, dans le dur. Ce qui est caractéristiques pour le végétal et les jardins, c’est le changement des saisons, cela renvoi à beaucoup de sensations 3/ Très vaste, ça peut être un jardin composé, ça peut être simplement quelques arbres. Ça peut être aussi un minimum de choses et de laisser faire la nature. Il y a toute sorte de composition qu’on peut utiliser pour travailler avec le végétal. -Est-ce que vous pourrieз me donnez des exemples de votre pratique architecturale ? - projet Mando , l’idée d’un jardin au centre du lieu du travail et l’idée c’était qu’il y a un maximum de bureaux qui peuvent être orienté autour ce jardin. Que le jardin devient un lieu de repos pour les gens, ou ils peuvent se retrouver pendant les poses. Parce que la verdure, cela détente - l’exemple de la Cabane dans la nature, c’est toujours un symbole - Jardin japonais – lieu de repos et de complantassions, introverti En ce qui concerne les murs végétaux, c’est une façon de faire, mais il faut que cela reste un peu exceptionnel. Mais c’est une nouvelle façon de traiter le jardin et c’est aussi une bonne façon bien que souvent cela risque d’être très décoratif. » 4/ Oui, bien sûr, ça peut être un élément central 5/ Ca dépend des projets. Dans certains projets on sent qu’il y a le potentiel d’un jardin et dans ces cas –là on est accompagnés par des paysagistes Apres, il y a beaucoup de projets, ou il n’y a pas la place de mettre des jardins et donc le traitement des jardins est quasiment inexistant. 6/ Forcement il y a un travail d’analyse pour savoir si ce sont des arbres qui sont remarquables, de végétation qui est locale ou qui était emportée. Il peut y avoir des très beaux traitements mais qui sont faits par des essences qui ne sont pas d’ici et de cette manière ils ne s’inscrivent pas dans une logique écologique et de biodiversité. 7/oui 8/ Oui, peut-être. Etant donné qu’aujourd’hui Presque la moitié d’architectures sont faites avec des toitures végétalisées, on peut attendre effectivement que cela va continuer à se développer et du coup il y aura de plus en plus de végétation sur les toitures. Il y a même des volontés urbaine pour développer cette idée, pour baisser les niveaux de température en centreville. Ca s’inscrit donc dans des processus très larges, du climat, d’effet de serre, avec le phénomène d’ilot de chaleur etc. Est-ce que dans votre pratique professionnelle, vous prenez en compte cette tendance ? Oui, oui, effectivement dans tous les projets ou cela est possible, on essaie de concevoir des toitures végétalisée pour ses nombreux côtés positifs. Mais parfois, la contrainte budgétaire peut empêcher cette idée. 9/ Je dirais qu’au niveau végétal, on pourrait critiquer sur le fait si c’est bien fait ou mal fait. Mais en même temps, un jardin a un côté un peu moins pérenne qu’une architecture. Parce que si un bâtiment est mal fait, il est mal fait pour toute sa vie, alors que pour un jardin peut évoluer avec le temps et à la limite et avec le temps peut devenir plus beau. Au niveau des plantations de la végétation sur les balcons ou les toitures, je n’ai pas de critique. Je trouve que c’est toujours une bonne occasion. Il y a eu des tentatives avec des balcons en
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bambou, par exemple , des projets, très végétalisé, comme par exemple – Eduard François , je trouve ça chouette, Peut-être , cela peut être un peu étouffant, quand on est dedans 10/ Non, ce n’est pas un niveau que j’ai eu à l’école en tous cas. On s’apprend par des formations individuelles, par des consultations avec des paysagistes qui ont eu les compétences à la fois pour la composition et à la fois, le choix des essences. C’est un vrai métier. 11/ - Ca peut être simplement le prix. En soit, les plants ne coutent pas chère, mais mettre de la terre sur une toiture pour mettre des plantes, cela coute chère L’entretien peut être aussi une contrainte. Il peut y avoir des végétalisations qui demandent beaucoup d’entretien et qui coutent assez chère également (chère pour toute la vie du bâtiment) Jusque-là, nous on a toujours réussis de réaliser toutes nos intentions de végétalisation quand nous avons eu cette idée pour certains projets. Des fois, on a du abaisser la densité de plantations mais chaque fois, quand on a eu la volonté de mettre de plantation, on est arrivé 12/ Plus tôt humaniste, c’est une vraie qualité et c’est avant tout déjà
Présentation et analyse avec l’architecte Guillaume Simonin (Z Architectes) Projets qui ont retiré notre attention dans l’intérêt de notre étude :
Projet : Habiter le jardin, phase concours Source : http://www.z-architecture.fr © Z Architecture
Projet : Siège Manitowoc, projet réalisé
Profil de l’architecte interviewé : Guillaume Simonin est architecte et praticien au sein de l’agence Z-architecture depuis 2002. Son profile nous intéresse notamment parce qu’il pratique la profession depuis relativement peu de temps. Donc, c’est intéressant d’étudier sa vision sur le sujet. De plus, en consultant les projets conçus dans son agence nous pouvons remarquer beaucoup d’images de rendu de projet qui se caractérisent avec beaucoup d’éléments de verdure (projet «Habiter le jardin » ou bien « Siege Manitowoc » par exemple). Dans l’intérêt de notre étude, c’est de comprendre leur utilité d’après le point de vue de l’architecte interviewé.
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Contexte de l’entretien : L’entretien a eu lieu au sein de l’agence Z-architecture, vers la fin de la journée de travail. Notre objectif était de ne pas prendre beaucoup du temps de travail de l’architecte. Au total, l’’entretien a duré environ 20 min. Interprétation de l’entretien : Pendant l’entretien, l’architecte interviewé souligne plusieurs fois l’idée que les jardins et les aménagements végétalisés «renvoies à beaucoup de sensation » et représente un lieu de repos. Notamment dans le cadre du projet Manitowoc (un siège de travail), ils ont organisé les locaux de bureaux autour un jardin. Ce dernier était pensé comme un lieu de repos pour les futurs usagers. Ainsi, nous pouvons conclure que l’architecte interviewé associe le végétal a son utilité sociale et humaine (comme nous pouvons le qualifier à travers les paramètres de notre étude). Tout de même, l’architecte ne cache pas l’utilité technique et écologique du végétal. Notamment, en partageant ses connaissances en ce qui concerne les toitures végétalisées, nous pouvons comprendre qu’il est renseigné également sur les atouts technique et écologiques de la végétalisation (eg. pour baisser les niveaux de température en centre-ville, … Ca s’inscrit donc dans des processus très larges, du climat, d’effet de serre, avec le phénomène d’ilot de chaleur etc ), Il nous explique aussi que dans son agence, ils sont inspirés par cette utilité du végétale et chaque fois quand cela est possible, ils essaient d’aménager des toitures végétalisées. Nous pouvons noter également que l’architecte interviewé ne critique aucun dispositif de végétalisation. Il approuve tous les aménagements de verdure sur les balcons et aussi la végétalisation des façades et des murs d’intérieurs, parce que comme il le partage «cela fait beau »
Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique 1 : élément technique et de performance : « Oui, oui, effectivement dans tous les projets ou cela est possible (l’aménagement des toitures végétalisées), on essaie de concevoir des toitures végétalisée pour ses nombreux côtés positifs, notamment l’isolation, la rétention de l’eau pluviale entre autres. » Thématique 2 : élément écologique : « la végétalisation des toits)Il y a même des volontés urbaine pour développer cette idée, pour baisser les niveaux de température en centre-ville. Ca s’inscrit donc dans des processus très larges, du climat, d’effet de serre, avec le phénomène d’ilot de chaleur etc. » Thématique 2 : coût « Mais parfois, la contrainte budgétaire peut empêcher cette idée (la végétalisation des toits) » ; « En soit, les plants ne coutent pas chère, mais mettre de la terre sur une toiture pour mettre des plantes, cela coute chère » CATEGORIE 2 : L’approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme Thématique 1 : le végétal et l’homme : «l’idée d’un jardin au centre du lieu du travail et l’idée c’était qu’il y a un maximum de bureaux qui peuvent être orienté autour ce jardin. Que le jardin devient un lieu de repos
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pour les gens, ou ils peuvent se retrouver pendant les poses. Parce que la verdure, cela détente. » ; « jardin japonais, c’est un lieu de repos et de complantassions, introverti » Thématique 2 : le végétal et la qualité d’ambiance : «le végétal peut être perçu comme un lieu de repos » … «ce qui caractérise le végétal et les jardins (…) c’est le changement des saisons, cela renvoie a beaucoup de sensations » CATEGORIE 3 : L’approche formelle : le végétal comme élément visuel et morphologique Thématique 1 : les cycles naturels «ce qui caractérise le végétal et les jardins (…) c’est l changement des saisons, cela renvoie a beaucoup de sensations » …« jardin japonais, c’est un lieu de repos et de complantassions, introverti » Thématique 1 : L’esthétisme : «en ce qui concerne les murs végétaux, c’est une façon de faire, mais il faut que cela reste un peu exceptionnel. Mais c’est une nouvelle façon de traiter le jardin et c’est aussi une bonne façon bien que souvent cela risque d’être très décoratif. » AUTRES : Critique : « Au niveau des plantations de la végétation sur les balcons ou les toitures, je n’ai pas de critique. Je trouve que c’est toujours une bonne occasion. Il y a eu des tentatives avec des balcons en bambou, par exemple, des projets, très végétalisé, comme par exemple – Eduard François, je trouve ça chouette, peut-être, cela peut être un peu étouffant, quand on est dedans »
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Entretien No4: architecte Mark Rheinort 0/ équipe 0/ depuis 32 ans 1/ Ambiance ; contre-rythme ; odeurs ; vert 2/ L’homme va se sentir toujours mieux s’il est dans un cadre vert, c’est-à-dire, les toitures peuvent devenir tout à fait des jardins. Avant on avait peur qu’il allait fuir et c’est vrai que l’eau est le plus grand ennemi du bâtiment .Aujourd’hui , on peut maitriser complètement cette étanchéité . An Allemagne, on végétalise 10000 m2 par an… c’est énorme. En France, il y a dix ans, il y a 15 ans, on faisait 300000 , ajd, on fait 1 million de m. carré , déjà . On doit arrêter l’opposition ville nature 3/ Par exemple, pour la construction du bâtiment pour notre agence. On a multiplié la surface construite par 5. Quand on est arrivé, c’était 100m2, construit et nous on l’a multipliée par 5. Et initialement de 70% de surface végétalisée au sol, on est passé a 102%, que ce soit la toiture, l’intérieur et aussi le parking végétalisé. Donc, on peut faire beaucoup de choses avec la nature et les gens qui passent trouvent cela simplement trop bien. Et en plus, ils (les gens) ils vont observer le changement de couleurs, changement de végétation. Donc, pour eux, c’est agréable aussi. Les toitures végétalisées retiennent environ 70 % de la pluie et elle est transpirée par les plantes qui sont dessus. C’est plants-la fonctionnent comme des micro climatiseurs. 1m3 de transpiration de plantes correspond environ a 950 Kw par heur pour faire tourner nos climatiseurs Tout dépend du contexte. Mais dans tous les cas, c’est un facteur, un élément qui donne de l’ambiance 4/ - Par exemple un projet qui s’orienter autour le motif des patios, c’est un donneur des sensations la sensation du bois, du vert, renvoie à l’imaginaire et donne la sensation d’un ailleurs Concevoir des espaces de partage et d’échanges, permettant de concilier l’Homme et la Nature 5/ Cela dépend du contexte mais il faut être attentif avec le végétal 8/ Oui, par exemple, le bâtiment d’Eduard François, le végétal est destiné d’être regardé
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Analyse de l’entretien avec architecte Rheinort : Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique 1 : élément technique et de performance : « Les toitures végétalisées retiennent environ 70 % de la pluie et elle est transpirée par les plantes qui sont dessus. C’est plants-la fonctionnent comme des micro- climatiseurs. 1m3 de transpiration de plantes correspond environ a 950 kW par heure pour faire tourner nos climatiseurs » ; « Et initialement de 70% de surface végétalisée au sol, on est passé a 102%, que ce soit la toiture, l’intérieur et aussi le parking végétalisé. CATEGORIE 2 : L’approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme Thématique 1 : le végétal et l’homme : « L’homme va se sentir toujours mieux s’il est dans un cadre vert, c’est-à-dire, les toitures peuvent devenir tout à fait des jardins. » ; « Donc, on peut faire beaucoup de choses avec la nature et les gens qui passent trouvent cela simplement trop bien. » Thématique 2 : le végétal comme facteur de socialisation : « Concevoir des espaces de partage et d’échanges, permettant de concilier l’Homme et la Nature » Thématique 3 : le végétal et les sensations : « Par exemple un projet qui s’orienter autour le motif des patios, c’est un donneur des sensations « ; « la sensation du bois, du vert, renvoie à l’imaginaire et donne la sensation d’un ailleurs » CATEGORIE 3 : L’approche formelle : le végétal comme élément visuel et morphologique Thématique 1 : les cycles naturels « Et en plus, ils (les gens) ils vont observer le changement de couleurs, changement de végétation. Donc, pour eux, c’est agréable aussi. « AUTRES : Contrainte : « Avant on avait peur qu’il allait fuir et c’est vrai que l’eau est le plus grand ennemi du bâtiment .Aujourd’hui , on peut maitriser complètement cette étanchéité . An Allemagne, on végétalise 10000 m2 par an… c’est énorme. En France, il y a dix ans, il y a 15 ans, on faisait 300000 , ajd, on fait 1 million de m. carré , déjà » Contexte : « Tout dépend du contexte. Mais dans tous les cas, c’est un facteur, un élément qui donne de l’ambiance « Critiques : « Oui, par exemple, le bâtiment d’Eduard François, le végétal est destiné d’être regardé »
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Entretien No6 : Michel BATTON 0/ Bâtiments publics (collèges, établissements pour personnes âgées, bureaux) ou bâtiments industriels 0/ Environ 25/30 ans 1/ Agrément, protection solaire, ombrage, brise-vue, diversité 2/ Faire entrer les espaces extérieurs « dans le projet » (cadrage sur de beaux sujets par exemple), protection solaire des façades en été, variété des vues (les végétaux ne sont pas les mêmes en été et en hiver), marquer des « seuils » sans avoir recours à des clôtures, ombrager ou agrémenter certains espaces extérieurs proches (allées, parking…) 3/ Engazonnement, arbres de haute tige groupés ou au contraire formant alignement, haies vives, bosquets (fleuris ou non)… importance de choisir avec pertinence feuillages caduques ou persistants 4/ Cela dépend du type de projet ! En réhabilitation / extension il est important de tenir compte de la végétation existante ; pour du « neuf », cela dépend évidemment de l’environnement du projet ; j’avoue privilégier le fonctionnement général du bâtiment et de la parcelle, et ne penser qu’ensuite au végétal ; encore que … pour un projet de lycée en région très ventée, nous avons imaginé très rapidement dans l’esquisse une vaste toiture inclinée surgissant du sol (environnement engazonné) ; nous avons envisagé très tôt la végétalisation de cette toiture inclinée, ce qui n’était pas facile car à l’époque cela n’était pas si courant. Nous avons choisi un tel dispositif parce que c’est un bon moyen d’isoler, économiquement rentable dans le temps. 5/ Parfois, notamment si de beaux arbres sont à conserver ; ou si un alignement est à créer ; ou si certains vis-à-vis sont à préserver 6/ Très peu … nous n’avons pas eu d’expérience très … positive Nous avons eu du mal à nous entendre sur los interventions respectives lors de l’élaboration du plan masse (esquisse) … 7/ Je ne sais pas ; sans doute ; il me semble que ces dernières années bon nombre d’exemples montrent que c’est déjà le cas … 8/ Les immeubles avec balcons d’E. François … je ne suis pas très précise… je ne vois pas ce qu’apportent ces énormes pots en bout de dalle, si ce n’est un surpoids coûteux … 9/ Pas forcément je le reconnais volontiers Sources bibliographiques pour la hauteur des « sujets » à terme, les couleurs, feuilles caduques ou non … Il faut savoir que souvent pour des collèges ou des résidences de personnes âgées, le maître d’ouvrage nous donne une liste d’espèces à ne surtout pas utiliser (souvent pour des raisons d’allergies, ou de difficulté d’entretien, ou d’ « envahissement futur » des racines …) ; ou tout simplement pour limiter l’entretien des espaces végétalisés. 10/ La surface de la parcelle au regard du programme ; la présence nécessaire d’un sous-sol qui limite l’utilisation de sujets de haute tige … 11/ D’après la liste d’approches architecturales, ci-dessus, dans quelle catégorie vous placeriez-vous ? :
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F. Approche Technique et Physique - Assez peu G. Approche Humaine - Disons plutôt celle-ci en premier H. Approche Expressionniste Un peu I. Approche Critique Peu : si le maître d’ouvrage le recommande, ou par manque de place
Analyse de l’entretien : Profil de l’architecte interviewé : M. Batton a de la pratique professionnelle dans le domaine de l’architecture depuis environ 30 ans et elle travaille en tant qu’associé à l’agence Batton Bergmann Sarl. et en même temps en tant qu’encadrant du projet au sein de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon (ESNAL). En consultant le site internet de son agence, nous ne pouvons pas noter un travail particulier sur la question du végétal (sujet de notre étude). Mais en même temps, c’est aussi cela qui nous intrigue dans son profil professionnel afin de comprendre quelle est sa vision sur le sujet même si elle ne le traite pas forcement dans ses projets (selon ce que nous pouvons conclue d’ares les projets montrés sur le site de son agence) Contexte de l’entretien: L’entretien a eu lieu dans une salle de l’Ecole Nationale Supérieure d’architecture vers la fin de la journée de travail de l’architecte Botton. (en tant qu’encadrant en projet0). De cette manière, nous avons eu suffisamment de temps pour discuter autour toutes les questions, part de notre questionnaire et notre interlocuteur montrait son vive intérêt à contribuer à notre recherche. L’entretien a duré environ 20min. Interprétation de l’entretien : Ce que nous pouvons retenir de l’entretien, c’est que l’architecte privilège penser premièrement au fonctionnement du projet et ensuite au végétal. Pourtant en ce quand il s’agit d’utilisation du végétal, nous pouvons conclure qu’elle met en avant l’utilité technique du végétal. Elle cite comme exemple l’utilisation du végétal comme « «une brise-soleil », un moyen d’apporter de l’ombre. Elle ajoute encore, l’utilisation du végétal sous forme des toitures végétalisées comme un bon moyen d’isolation « économiquement rentable dans le temps ». Tout de même, elle mentionne également l’utilisation du végétal pour sa fonction d’agrément ou bien la plantation et la préservation des arbres existante pour résoudre des problématiques de vis-à-vis. Expressions et mots clés : « agrément » ; « protection solaire » ; « ombrage » ; « brise-vue », « diversité » ; « protection solaire des façades en été » ; « variété des vues (les végétaux ne sont pas les mêmes en été et en hiver) ; « marquer des « seuils » sans avoir recours à des clôtures » ; « j’avoue privilégier le fonctionnement général du bâtiment et de la parcelle, et ne penser qu’ensuite au végétal » ; « nous avons envisagé très tôt la végétalisation de cette toiture inclinée, ce qui n’était pas facile car à l’époque cela n’était pas si courant. Nous avons choisi un tel dispositif parce que c’est un bon moyen d’isoler, économiquement rentable dans le temps » ; « préserver certains vis-à-vis (par des arbres) » ; « Les immeubles avec balcons d’E. François … je ne suis pas très précise… je ne vois pas ce qu’apportent ces énormes pots en bout de dalle, si ce n’est un surpoids coûteux … »
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Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique 1 : élément technique et de performance : « protection solaire » ; « ombrage » ; « brise-vue », « diversité » ; « protection solaire des façades en été » ; « nous avons envisagé très tôt la végétalisation de cette toiture inclinée, ce qui n’était pas facile car à l’époque cela n’était pas si courant. Nous avons choisi un tel dispositif parce que c’est un bon moyen d’isoler, économiquement rentable dans le temps » CATEGORIE 3 : L’approche formelle : le végétal comme élément visuel et morphologique Thématique 1 : les cycles naturels « variété des vues (les végétaux ne sont pas les mêmes en été et en hiver) Thématique 2 : le végétal comme élément structurant : « marquer des « seuils » sans avoir recours à des clôtures » ; « préserver certains visà-vis (par des arbres) » AUTRES : Critique : « Les immeubles avec balcons d’E. François … je ne suis pas très précise… je ne vois pas ce qu’apportent ces énormes pots en bout de dalle, si ce n’est un surpoids coûteux … » Le végétal et la conception architecturale : « j’avoue privilégier le fonctionnement général du bâtiment et de la parcelle, et ne penser qu’ensuite au végétal » ; « nous avons envisagé très tôt la végétalisation de cette toiture inclinée »
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Entretien No7 : Nicolas CAPILLON 0/ 0/ 1/ 2/
Logements collectifs, équipements publics Diplômé depuis fin 2001, donc 15 ans. Atelier Calc à 10 ans Biodiversité, vivant, fraicheur, parc, jardin Je pense qu’il y a deux idées différentes sur le rapport entre construction et végétation : Le jardin construit : le mot jardin vient du mot arabe qui veut dire paradis. Le jardin peut être un idéal, géométrique, maîtrisé : construit. Les exemples en sont les jardins des palais maures et arabes (alhambra, …) ou des jardins japonais La nature sauvage : c’est aussi une idée abstraite surtout quand il s’agit de la reconstituer. Les jardins anglais en sont des exemples, mais il y a aussi de nombreux projets qui comportent une « nature sauvage » : la cour de la bibliothèque F Mitterrand à Paris par exemple L’attitude de conception que nous avons à l’atelier navigue, je pense, entre ces deux idées : soit une continuité de projet et d’idéal qui ne distingue pas le dedans et le dehors, soit un contraste entre un monde pensé-construit et un monde « sauvage » Dans tous les cas, c’est pensé comme faisant partie du cadre de vie des habitants ou utilisateurs 3/ Toutes ! Mon envie est d’intégrer de plus en plus le vivant dans la construction même. Les projets de structure en arbre vivants (de Luc Schuiten) me font rêver. Notre travail ne se limite pas au végétal : nous venons de livrer un immeuble de bureau « la Bourdonnerie » dont la façade est constituée en partie d’hôtels à insectes pour permettre à des insectes sauvages de pondre leurs œufs en ville -Est-ce que vous pourriez me donnez des exemples de votre pratique architecturale ? « La Bourdonnerie » : immeuble de bureau à Dijon, intégrant la biodiversité animale. Il n’y a pas un m² libre sur la parcelle très petite (250m² environ) alors qu’il fallait y construire plus de 1000m² de surface utile. En complément de l’hôtel à insectes en façades, des bacs à fleurs pour plantes mellifères (produisant un pollen attractif pour les abeilles notamment) ont été installés en dessous et une toiture végétalisée extensive (mais plus classique) Rénovation du Lycée René Cassin à Mâcon : Pour éviter la surchauffe d’été sur la façade orientée Sud-Est, nous allons faire planter des arbres âgés à feuilles caduques. Nous avons fait valoir que le coût d’entretien pour des arbres serait nettement inférieur à celui de brise-soleil orientables qui de plus ne seraient pas très efficaces vu l’orientation. C’était également une manière d’intervenir au sol devant le bâtiment. Actuellement il a une immense surface d’enrobé qui va être découpée sur une bande le long de la façade et permettre de planter, évitant ainsi de chauffer le sol au pied de la façade et en aménagement une vraie qualité d’espace. Dans toutes les opérations de logements collectifs, nous essayons de préserver le plus possible de surface en pleine terre pour pouvoir planter des arbres de grande dimension. Pour les logements bénéficiant de jardins en rez-de-chaussée nous prévoyons systématiquement la plantation d’au moins un arbre fruitier par jardin et nous faisons en sorte que ce soient des arbres de différentes essences : peut-être les relations de voisinage permettront-elles ensuite des échanges de fruits ou de recettes de confiture ? Cette dimension sociale des arbres et des jardins nous semble primordiale en logement collectif. Nous avons également fait planter dans plusieurs opérations des essences aromatiques dans des parties de jardins communs (laurier, thym, romarin, …) : permettre le lien entre extérieur et intérieur par la dégustation ! Dans plusieurs projets nous faisons planter des haies mixtes (en tout cas jamais de haies mono-essence) pour favoriser le développement d’une biodiversité de proximité. 4/ Pour ce projet – qui n’a pas été réalisé – il s’agissait d’agrandir un immeuble existant pour le transformer en hôtel. La surface de l’immeuble était insuffisante pour installer le nombre de
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chambre critique nécessaire à la faisabilité économique du projet. Cet immeuble se trouve le long d’une rue très minérale et donne sur sa façade arrière sur un grand cœur d’îlot partagé entre plusieurs propriétés et comportant de magnifiques arbres. Nous avons proposé d’agrandir le bâtiment en lui ajoutant une épaisseur au-delà de la façade existante. Nous proposions de conserver toute cette façade de l’édifice en découpant les allèges de fenêtre : les chambres comportaient alors une partie dans le volume de l’existant et une partie au-delà de la façade de pierre, une partie déjà dans le jardin. La proposition pour la façade de cette extension a été alors de prolonger le jardin existant de cœur d’îlot et de lui offrir une façade non minérale. De l’intérieur vers l’extérieur mais aussi vu depuis l’extérieur, c’est une manière de brouiller la limite entre végétal et construit tout en conservant la façade existante. Il nous semblait que cette attitude était respectueuse du patrimoine de l’immeuble existant et du jardin de cœur d’îlot. 5/ Oui. Les exemples cités précédemment en parlent je pense. De plus le travail sur ce qui préexiste au projet est fondamental : souvent les sites de constructions comportent des sujets ou des écosystèmes qui méritent le respect. Le travail sur les continuités végétales peut être une contrainte choisie de départ pour le projet de construction 6/ Oui Pour des projets urbains, des projets de construction comportant des aménagements extérieurs… La conception se fait ensemble dès le début dans ces cas. Dans le cas de logements collectifs, il y a souvent très peu d’espace restant et de toutes façon très peu de moyens pour les aménagements extérieurs (et leur conception) : nous faisons la plupart du temps nous-mêmes la conception des espaces extérieurs dans ces cas sans faire appel à des paysagistes. 7/ Il y a une mode de la végétalisation. Je pense que comme toutes les modes, elle ne durera pas. Mais il y a une différence entre « végétaliser » et prendre en compte la végétation et le vivant de manière plus large. Cette prise en compte, elle, sera je pense constante dans l’avenir 8/ Un mur végétalisé dans un centre commercial : une mise en scène de l’effet de mode. C’est presque une caricature tant cela ressemble à une affiche de publicité. 9/ Oui et non Non : nous ne sommes pas aussi spécialistes que les paysagistes. Mais c’est tant mieux car sinon il n’y aurait aucun intérêt à travailler en équipe. C’est la même logique pour toutes les compétences : en tant qu’architecte nous ne pouvons pas être spécialistes de tout. Mais notre compétence réside en partie dans le fait de faire appel aux compétences des autres pour les intégrer dans le projet. Oui : il y a des informations disponibles sur les différents végétaux, sur les questions d’imperméabilisation des sols, sur le fonctionnement des écosystèmes. 10/ Une fausse contrainte : la contrainte financière. Nous nous attachons à la démonter autant que possible pour ce qui concerne la plantation d’arbres par exemple. Un mètre linéaire de garde-corps métallique vaut le prix de 4 arbres fruitiers -
Pour les systèmes de végétation sur terrasse, l’argument financier entre en jeu réellement
Une contrainte importante : l’entretien. C’est très souvent invoqué comme frein par les Maîtres d’Ouvrage 12/ B : bien sûr C : pour le travail sur le lien entre dehors et dedans. E : pour l’apport de biodiversité nécessaire. Et cela va au-delà du végétal en prenant en compte aussi les animaux
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Analyse de l’entretien avec architecte Capillon Projets qui ont retiré notre attention dans l’intérêt de notre étude :
Projet : Hôtel de Dijon, phase concours
Projet : « Les Terrasses des Loges »
Source : http://www.ateliercalc.com/projets/tous-les-projets-2 © CALC Architectes
Profil de l’architecte interviewé: Il est praticien dans le domaine de l’architecture depuis fin 2001 et il travaille en tant qu’associé chez l’agence CALC depuis 2006. Dans sa pratique professionnelle, il est majoritairement en charge de la conception des logements collectifs et des équipements publics. Pour quoi est-ce que son profil nous intéresse ? Nous avons pris la décision d’interviewer Mr. Capillon parce qu’après avoir consulté le site internet de l’agence à laquelle il est associé, nous avons pu remarquer différents projets d’architecture qui se caractérisent avec différents dispositifs végétalisés. Contexte de l’entretien: L’entretien était réalisé dans l’un des ateliers de projet de l’Ecole Nationale Supérieur d’Architecture de Lyon (ENSAL). C’est l’endroit dans lequel l’architecte interviewé, dans le cadre de son statut de professeur, vient chaque semaine pour encadrer l’avancement du travail en projet des certains étudiants en deuxième année de Licence. Par contre, dans l’intérêt de notre étude nous nous sommes intéressés à son profil en tant qu’architecte professionnel et de son expérience professionnelle. Tout de même, les locaux de l’ENSAL ont apparu comme l’endroit le plus utile pour la réalisation de l’entretien. Etant donné, cet endroit fait partie de l’environnement professionnel de l’architecte interviewé, nous pouvons considérer qu’il se sentira à l’aise pendant l’entretien. Avec l’expérience de l’entretien, nous pouvons partager qu’effectivement la personne interviewé ne démontrait aucuns problèmes à s’exprimer et à nous répondre aux questions. Interprétation de l’entretien : Nous devons noter que dans la plupart du temps, l’architecte interviewé exprime ses visions en forme pluriel (« que nous avons », « notre travail » etc.). Ainsi, nous pouvons comprendre que de cette manière il explique la vision et la pratique qu’ils ont dans l’agence en ce qui concerne notre sujet d’étude.
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L’architecte interviewé met en avant le fait que le travail avec le végétal «fait partie du cadre de vie des habitants » et cette préoccupation est tenue en compte dans son processus de conception. Selon lui, il peut y avoir deux types de traitement du végétal. Dans le premier, il s’agit « mêler » le bâtiment construit avec le monde végétal alentour et d’après le deuxième, ce qui est cherché c’est une séparation nette du monde construit et le monde végétal. Quand, l’architecte nous donne des exemples concrets de sa pratique professionnelle, nous pouvons distinguer principalement deux sortes d’utilité du végétal. Nous pouvons caractériser la première comme «utilité technique ». L’architecte nous explique un exemple de projet pour lequel, ils ont décidé de « planter des arbres à feuilles caduques » « pour éviter la surchauffe d’été sur la façade orientée Sud-Est ». De plus, il inclut le facteur du prix, en expliquant que c’est une manière de se protéger du rayonnement solaire plus économique que d’installer des brise-soleil. Nous pouvons conclure que c’est un exemple d’ »utilité technique du végétal » Toute de même, parallèlement à cette «utilité technique du végétal » (comme nous avons décidé de la caractérisée), l’architecte met en avant que cette plantation d’arbre crée aussi l’ «aménagement d’une vraie qualité d’espace ». Donc, il a une préoccupation de la part du concepteur en ce qui concerne la qualité spatiale et l’ambiance que ce dispositif végétal crée. Cela fait référence à l’autre catégorie d’utilité du végétal, que nous avons nommé comme «utilité du végétal comme facteur d’ambiance» L’interviewé nous partage un autre exemple assez intéressant de sa pratique professionnelle. Il explique que pour « tous les logements collectifs, bénéficiant de jardins en rez-de-chaussée » ils prévoient « systématiquement la plantation d’arbres fruitiers » pour inciter « des relations de voisinage » par « échanges de fruits ou de recettes de confiture » L’interviewé introduit « une dimension sociale », conditionnée par l’utilisation du végétal. Encore plus, il ajoute un autre exemple dans lequel ils ont travaillé sur la notion auditive, liées au végétal, notamment « de permettre le lien entre extérieur et intérieur par la dégustation » Lors de l’entretien le chercheur a posé également une question précise, préparée au préalable en ce qui concerne un projet spécifique et intéressant au service de notre étude. Nous cherchions plus de précisions en ce qui concerne la végétalisation de l’une des façades de leur projet : l’Hôtel de Dijon. L’architecte interviewé nous explique que « La proposition pour la façade de cette extension a été alors de prolonger le jardin existant de cœur d’îlot et de lui offrir une façade non minérale. C’est une manière de brouiller la limite entre végétal et construit tout en conservant la façade existante. Il nous semblait que cette attitude était respectueuse du patrimoine de l’immeuble existant et du jardin de cœur d’îlot. » Il nous semble très difficile d’interpréter cette réponse et de qualifier le caractère d’utilisation de ce dispositif végétal. Nous pouvons dire avec certitude que selon les propos de l’architecte, dans ce projet les « utilités techniques « du végétal ne sont pas visées. En interprétant la réponse de l’interviewé, nous pouvons présupposer qu’il s’agit d’une volonté d’agrandir la surface du jardin mais pour quelles raisons, ce n’est pas tout à fait clair. Qu’est-ce qui sera diffèrent si la façade était minérale ? Tout de même, nous devons remarquer que l’architecte parle d’une volonté de « brouiller la limite entre le végétal et le construit », comme si la volonté est donner l’impression que la construction se trouve dans un milieu très végétalisée, malgré son contexte urbain. Dans un autre exemple de projet, l’architecte tient à nous préciser leur préoccupation de planter «des haies mixtes (en tout cas jamais de haies mono-essence) pour favoriser le développement d’une biodiversité de proximité ». Nous pouvons clairement conclure que
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dans cet exemple il s’agit clairement d’une utilité écologique du végétal (d’après les critères que nous avons définis au paravent). Comparaison avec la problématique : Ainsi, nous pouvons conclure que dans le travail de Mr. Capillon la question et la place du végétal est très importante. Cette préoccupation sur l’utilisation du végétal fait partie de son travail de conception. En analysant son discours, nous pouvons conclure que dans sa pratique professionnelle il évoque l’utilisation du végétal pour son utilité technique (protection solaire) et écologique (renforcer la biodiversité) et surtout en tant qu’élément qui modifie le cadre de vie des habitants, devient un facteur de socialisation entre les voisins et un facteur qui incite les sens perceptifs de l’homme. Ces derniers caractéristiques rentrent dans nos paramètres de la catégorie « utilité culturelle et sociale » du végétal. L’architecte critique fortement « la mode de la végétalisation », comme par exemple les installations des murs végétalisés dans les centres commerciaux. D’après lui, c’est « un effet de mode.. une affiche de publicité» et dans le travail avec le végétal, il est nécessaire d’effectuer une considération approfondie sur les apports que e végétal peut avoir et de le considérer comme un élément vivant. C’est difficile, de ne pas dire impossible d’attribuer à architecte Capillon, une approche architecturale particulière, en fonction de sa manière de travailler avec le végétal. Comme nous l’avons étudié, à travers son discours, il souligne plusieurs utilités du végétal et il les met en pratique dans ses projets. Tout, de même ce qui est vraiment important de conclure c’est que l’architecte prend en forte considération la place du végétal dans le projet et en plus il a l’ « envie est d’intégrer de plus en plus le vivant dans la conception ». Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique 1 : élément technique et de performance : « planter des arbres à feuilles caduques pour éviter la surchauffe d’été » ;«(les arbres plantés vont faire) éviter ainsi de chauffer le sol au pied de la façade et en aménagement une vraie qualité d’espace » Thématique 2 : élément écologique : « favoriser le développement d’une biodiversité de proximité » Thématique 3 : coût « Coût d’entretien pour les arbres serait nettement inférieur à celui de brise-soleil » ; «une fausse contrainte : la contrainte financière » ; « un mètre de garde-corps métallique vaut le prix de 4 arbres fruitiers » ; « pour les systèmes de végétation sur terrasse, l’argument financier entre en jeu réellement » CATEGORIE 2 : L’approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme Thématique 1 : le végétal et l’homme : « le végétal fait partie du cadre de vie des habitants ou des utilisateurs, c’est vraiment important pour eux » ; «dimensions sociales des arbres » ; «le lien entre extérieur et intérieur par la dégustation » Thématique 2 : le végétal et la qualité d’ambiance : «(les arbres plantés vont faire) éviter ainsi de chauffer le sol au pied de la façade et en aménagement une vraie qualité d’espace »
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CATEGORIE 3 : L’approche formelle : le végétal comme élément visuel et morphologique Thématique 1 : le végétal comme moyen d’intégrer le projet dans le contexte : « (la végétalisation de la façade fait) prolonger le jardin existant de cœur d’ilot (taille restreinte) et de lui offrir une façade non minérale » ; « une manière de brouiller la limite entre végétal et construit» ; « une manière de brouiller la limite entre végétal et construit» AUTRES : Critique : « un mur végétalisée dans un centre commercial : une mise en scène de l’effet de mode… c’est presque une caricature … une affiche de publicité » La contrainte : «une fausse contrainte : la contrainte financière » ; « un mètre de garde-corps métallique vaut le prix de 4 arbres fruitiers » ; « une contrainte importante : l’entretien » Le végétal et la conception : «mon envie est d’intégrer de plus en plus le vivant dans la conception »
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Entretien No 8 : architecte Nils DEGREMONT 0/ Privés : maisons, bâtiments utilitaires ( agricoles..), extensions, bureaux, logements en promotion. Publics : logement social, équipements publics, espaces urbains 0/ 20 ans, dont 11 ans comme indépendant 1/ Verdure, chaleur visuelle, mode, toiture végétalisée, haies 2/Apporter le lien entre l’extérieur et l’intérieur, faire le lien entre paysage et projet et apporter une ambiance chaleureuse dans l’espace de vie des gens. Les habitants ont toujours besoin d’un rapport avec la nature et la verdure représente la nature. C’est aussi une manière répondre à des questions techniques (rétention d’eau, isolation..). 3/ Principalement toiture végétalisée, arbres et plantations 4/ Dans nos projets, surtout dans les projets de logements collectifs, on essaie d’aménager des toitures végétalisées, parce que c’est vraiment une bonne manière d’isoler le toit. 5/ Parfois, mais un projet d’architecture c’est avant tout de l’espace construit durable et le végétal n’est pas suffisamment contrôlable pour en faire un élément de construction. 6/ -Si oui, pour quels types de projets ? projets importants quand on nous demande un paysagiste -En quel moment de la conception architecturale? Selon les projets très tôt, sinon après la première esquisse architecturale - Si non, pourquoi? Nous avons des compétences en paysage également par l’expérience et nos formations et sommes souvent déçu par le décalage de compétence des paysagistes. 7/ que l’architecture de l’avenir sera encore plus végétalisée ? oui mais c’est une mode : par exemple les façades vertes c’est du vent bobo politiquement correct ( trop cher, trop complexe techniquement) et ça va disparaitre 8/ Les concours de Paris récents…les façades blanches avec des arbres partout : très mode. 9/ - quelle source d’information utilisez-vous pour vous? (sources bibliographiques, formation particulière, articles scientifiques, des projets architecturaux ou autres dans le domaine etc..) Formation initiale, expérience des projets ( formation continue), internet, projets, rencontre avec des professionnels ( pépinières, entreprises etc) 10/ Une grosse contrainte c’est le cout et la complexité technique relative. l’utilité réelle vs utilité perçue 12/ A. --. Parfois B – parfois
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Analyse de l’entretien avec architecte Degrémont : Projets qui ont retiré notre attention dans l’intérêt de notre étude :
Projet : 23 logements BBC a St. Fons (69), projet réalisé Source : http://www.lofta.com/category/logements/page/2/ © Agence Playtime
Profil de l’architecte interviewé : Nous étions intéressés par le profil professionnel de Mr. Degrémont parce qu’il a un double diplôme architecte-ingénieur et il peut être intéressant de trouver (si possible) si ce double diplôme influence en quelque sorte ses visions sur l’utilisation du végétal. En ce qui concerne son expérience professionnelle, il a été en charge de la conception des nombreux projets du type publics ou privés et il a environ 20 ans d’expérience dans le domaine de l’architecture. Contexte de l’entretien : L’entretien a été réalisé à travers un appel téléphonique en fonction des disponibilités de l’architecte. Tout de même, pendant l’entretien le chercheur a eu la perception que l’interlocuteur était relativement pressé. Sur certaines question l’architecte interviewé répondait d’une manière très synthétisée et le chercheur ne se sentait pas à l’aise de demander plus de détails. Pourtant, l’information reçue est quand même parlante et peut être au service de notre étude L’entretien a duré environ 10 min.. Interprétation de l’entretien : A travers l’entretien mené avec Mr. Degrémont, nous pouvons comprendre que très souvent (d’après les exemples de projets architecturaux qu’il nous a évoqués) dans sa pratique il se sert du végétal pour ses utilités techniques. C’est d’après les définitions que nous avons données dans la première partie de ce mémoire , que nous pouvons qualifier l’utilisation du végétal comme moyen d’isoler ou de retenir l’eau comme des utilités techniques. (Des exemples donnés par l’architecte). Néanmoins, Mr. Degrémont souligne aussi l’importance du rapport entre l’homme et le végétal mais pendant l’entretien il ne nous a pas donné d’exemples concrets de sa pratique architecturale dans lesquelles ce rapport entre l’homme et le végétal a été le facteur principale pour l’utilisation du «vert«. Il évoque également l’utilité du végétal comme moyen de délimiter et / ou structurer un espace (utilité morphologique et formelle selon non définitions).
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Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique 1 : élément technique et de performance : « C’est aussi une manière répondre à des questions techniques (rétention d’eau, isolation..). » ; « (Dans nos projets le végétal se formalise comme) Principalement toiture végétalisée » CATEGORIE 2 : L’approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme Thématique 1 : le végétal et la qualité d’ambiance : « Apporter le lien entre l’extérieur et l’intérieur, faire le lien entre paysage et projet et apporter une ambiance chaleureuse dans l’espace de vie des gens. Les habitants ont toujours besoin d’un rapport avec la nature et la verdure représente la nature. » CATEGORIE 3 : L’approche formelle : le végétal comme élément visuel et morphologique Thématique 1 : le végétal comme élément structurant : « Il peut y a avoir des plantations qui peuvent délimiter des espaces. En plus, une bonne manière de donner plus de structure dans un espace, peut être un alignement d’arbres » AUTRES : Critique : : »« c’est une mode : par exemple les façades vertes c’est du vent bobo politiquement correct ( trop cher, trop complexe techniquement) et ça va disparaitre » ; « Les concours de Paris récents…les façades blanches avec des arbres partout : très mode. » Contrainte : « Une grosse contrainte c’est le cout et la complexité technique relative. »
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Entretien No9 :
Pablo CLAVERIA
0/ Hospitalier, aire d'autoroute et logement 0/ 3 ans 1/ Beauté, paisible, artistique, fraîcheur, vendeur 2/ Il peut amener de vrais espaces de qualité dans des constructions « classiques », le végétal peut vraiment transformer l’ambiance d’un espace. En même temps il peut être un vrai atout pour la thermique. Utilisé en forme de toit végétal, il devient un bon isolant thermique il peut aussi permettre de devenir un véritable atout esthétique. 3/ Le végétal peut prendre des formes très variée. Cela peut être un jardin d’agrément. Sur un bâtiment il peut se transformer en toiture végétale. En même temps, nous ne devons pas oublier que l’aménagement des jardiniers, les pots de fleurs etc. sont une bonne solution, de donner un côté plus poétique et d’amener la nature dans les cas des espaces restreints, notamment en milieu urbain. 4/ Le végétal n'est pas du tout la priorité de l'agence. On le respecte et on l'intègre dans nos projets quand il est déjà existant mais on travaille souvent avec des paysagistes sur cet aspect, bien plus spécialisés et qui peuvent nous fournir des plans masses végétaux. 5/Oui, on peut partir du végétal pour concevoir son projet, comme un point de départ mais dans notre agence, on parle surtout du terrain ou du végétal existant mais pas autant pour concevoir. 6/ Oui, pour les aménagements extérieurs des aires d'autoroute par exemple, pour le plan masse d'un concours pour un projet d'hôpital... -En quel moment de la conception architecturale? Surtout sur la phase esquisse jusqu'au PC pour chiffrer le prix du végétal, après très rarement. Il est plutôt la en conception et pour dire combien d'arbres ou de types de plantes nous avons besoin. 7/ Il le faut, parce qu'avec le réchauffement climatique, il devient important de reprendre conscience de la force de la nature en ville. Elle apaise les tensions entre les hommes parce qu'elle permet de rendre la ville plus belle et donc, de vivre dans un environnement bien plus agréable. Elle peut en plus être très utile pour améliorer la thermique du bâtiment. 8/ Heu... La tout de suite je n'en vois pas vraiment 9/ - quelle source d’information utilisez-vous pour vous? (sources bibliographiques, formation particulière, articles scientifiques, des projets architecturaux ou autres dans le domaine etc..) Plutôt internet mais surtout, les conseils avisés des paysagistes, qui proposent de nombreuses références (catalogues, références internet) et un vrai travail sur le végétal dans un projet architectural. 10/ Le prix ! Souvent, c'est une vraie source de problème. Le végétal apparaît souvent dans le marché public comme un élément de décoration, pas nécessaire et qui augmente le prix (c'est en tout cas mon point de vue). Et puis il y a aussi la peur du particulier. Ils ont par exemple peur que la mise en place d'une toiture végétale soit trop compliquée, alors ils restent sur une solution simple de toiture béton, sans végétaux. 11/ Je pense que ce serait B et C
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Analyse de l’entretien : Projets qui ont retiré notre attention dans l’intérêt de notre étude :
Projet : Etablissement de soins et de santé et de réadaptation de Vetraz-Monthoux Source : http://www.in-fine.com/fr/projets/#sante © In fine Architectes
Profil de l’architecte interviewé : Dans l’intérêt de notre étude, nous avons pris la décision d’interviewer architecte Claveria, part de l’équipe de l’agence In fine, parce qu’après avoir consulté le portfolio des projets, réalisés par l’agence, nous pouvons se rendre compte que dans leurs conceptions, le végétal n’est pas autant présent. Donc, ce serait intéressant d’étudier quelle est la vision d’un architecte, part de cette agence. En ce qui concerne l’expérience professionnelle de Pablo Claveria, il pratique dans le domaine de l’architecture depuis 3 ans et il a travaillé sur différents types de projets (habitat et publique) Contexte de l’entretien : L’entretien était réalisé par un appel téléphonique selon les disponibilités de l’architecte. Il a duré au final environ 10 min. Interprétation de l’entretien : De l’entretien réalisé avec Mr. Claveria, nous pouvons déduire qu’effectivement, comme il le précise, dans la pratique de l’agence ils n’ont pas l’habitude de travailler avec le végétal (sauf pour les cas des toitures végétalises). Cela l’empêche de partager avec nous ses connaissances en ce qui concerne l’utilité du végétal. Il souligne plusieurs fois l’importance et l’utilité du végétal en tant qu’élément d’isolation et selon son propos nous pouvons comprendre que c’est majoritairement pour cette fonction qu’ils utilisent le végétal dans leurs projets. Néanmoins, Mr. Claveria ne nie pas du tout l’utilité du
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végétal pour «transformer l’ambiance d’un espace ; de devenir un véritable atout esthétique » etc. Tous ces exemples font référence aux utilités de l’ordre affectif, comme nous les avons définies dans notre première partie du mémoire. Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique 1 : élément technique et de performance : « En même temps il peut être un vrai atout pour la thermique. Utilisé en forme de toit végétal, il devient un bon isolant thermique » ; « Il le faut, parce qu'avec le réchauffement climatique, il devient important de reprendre conscience de la force de la nature en ville. » ; « Elle peut en plus être très utile pour améliorer la thermique du bâtiment. » CATEGORIE 2 : L’approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme Thématique 1 : le végétal et la qualité d’ambiance : «le végétal peut vraiment transformer l’ambiance d’un espace. » ; « En même temps, nous ne devons pas oublier que l’aménagement des jardiniers, les pots de fleurs etc. sont une bonne solution, de donner un côté plus poétique et d’amener la nature dans les cas des espaces restreints, notamment en milieu urbain. « Thématique 2 : le végétal et les sensations de l’homme « Elle apaise les tensions entre les hommes parce qu'elle permet de rendre la ville plus belle et donc, de vivre dans un environnement bien plus agréable. » Thématique 3 : le végétal comme atout esthétique : « peut aussi permettre de devenir un véritable atout esthétique. »
AUTRES : Particularités : « Le végétal n'est pas du tout la priorité de l'agence. On le respecte et on l'intègre dans nos projets quand il est déjà existant mais on travaille souvent avec des paysagistes sur cet aspect, bien plus spécialisés et qui peuvent nous fournir des plans masses végétaux. Oui, on peut partir du végétal pour concevoir son projet, comme un point de départ mais dans notre agence, on parle surtout du terrain ou du végétal existant mais pas autant pour concevoir. » Contrainte : « Le prix ! Souvent, c'est une vraie source de problème. Le végétal apparaît souvent dans le marché public comme un élément de décoration, pas nécessaire et qui augmente le prix (c'est en tout cas mon point de vue) » « Et puis il y a aussi la peur du particulier. Ils ont par exemple peur que la mise en place d'une toiture végétale soit trop compliquée, alors ils restent sur une solution simple de toiture béton, sans végétaux. «
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Entretien No 10 : Özlem Lamontre 0/ Majoritairement, je travaille sur des projets d’extensions et de transformations. Du temps en temps ce sont des nouveaux projets. 0/ Je pratique depuis l’année ‘89 0/ Ca dépend, mais je travaille majoritairement en individuel mais quand j’ai besoin je travaille en collaboration 1/ Paysage, l’une des choses qui est prior pour l’architecture, un bon isolant, bien sur l’aspect naturel 2/ -effet esthétique, de camouflage -une bonne solution de renforcer la nature en ville et de rapprocher donc l’homme a la nature -un moyen de contribuer à l’environnement -une manière d’ajouter des performances techniques aux bâtiments – par exemple le dernier projet que j’ai fait, j’ai conçu une toiture végétalisée – j’ai jamais regretté, c’était très très bien marché 3/ Des toitures végétalisées – très bon isolant, pour l’hiver et pour l’été Baignâtes naturelle – l’eau se nettoie à travers des plantes Des maisons individuelles 4/ Aujourd’hui , surement, parce quand on essaye de faire des démarches plus durables, le végétal prend une place très importante 5/ Sur les toits, dans les jardins, même sur les murs, mais sur les murs c’est plus difficile, parce que c’est un peu plus fragile Pour les toitures végétalisées on a besoin de faire un entretient particulier deux fois dans l’année, donc ça tombe très bien Mais les baignâtes naturelles, par contre, ce n’est pas simple à gérer Mais surement on prend on compte le végétal surement pendant la conception Elle donne l’exemple de son projet dans lequel l’extension qu’elle conçoit, elle la couvre avec un couverture végétalisée dans le but de faire disparaitre la nouvelle construction et après pour avoir une continuité des espaces verts pour faire disparaitre certains volumes qu’on ajoute dans l’existant (ca c’est le but pour moi) Par exemple, quand je dessine un projet, c’est moi qui fais un petit peu le projet paysager également. C’est moi qui décide à quel moment je vais avoir des arbustes, des arbres, des fleurs qui changent chaque saison et après je communique avec un paysagiste pour se mettre d’accord. Mais c’est moi qui décide la temporalité des fleurs en stade de fleurissement et aussi les nuances de couleurs que je préfère et après (les paysagistes) qui me font des propositions 6/ Ca dépend, s’il y a des détails techniques plus spécifiques, notamment en ce qui concerne des toitures végétalisées plus spécifiques ou des baignâtes naturelle, je communique avec les paysagistes pendant la conception Si c’est cela concerne la volumétrie végétale que je propose, c’est plutôt vers la fin de la conception, avant de commencer le projet d’exécution C’est aussi importante de préciser le nombre d’arbres qu’on implante, parce que du temps en temps on est concerné par 2 types d’espaces végétaux – espace verts à valoriser et espace vert à protéger. Parce que quand on a des espaces verts à valoriser, on communique déjà avec les paysagistes dès le début de la conception 8/ C‘est difficile de répondre. Végétalisé – oui, parce que l’homme aura toujours besoin d’un lien fort avec la nature. Dans le cible d’une architecture durable, le végétal va aura un rôle important, spécialement quand on conçoit des espaces de tampon, pour diviser certains espaces ouverts. L’usage du végétal va toujours progresser mais ne jamais diminuer 9/ C’est difficile de dire, mais par exemple l’école SP (Croix Rousse) – toiture végétalisée mais l’entretient était dure. Le projet Anticaille (Lyon) – les toitures pas en forme, pas bien maintenues
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Quay Branly (le musée ) – ce sont les usager qui ont abîmée le mur végétal (jusqu’à la hauteur de l’’homme, ils ont piqué les feuilles) Dons, si les citadins n’ont pas la conscience de maintenir bien, on ne peut rien faire 10/Non, je ne pense pas. Il y a beaucoup de choses d’apprendre parce que c’est un métier important. On n’a pas eu d’information particulière sauf quand on était étudiants. On lit de temps en temps des articles scientifiques, on regarde des projets et après on contacte les entreprise plutôt pour les détails techniques. Donc, nous on donne notre ambition en tant qu’image esthétique concernât la hauteur, la forme, la volumétrie, la couleur et après ce sont les paysagistes et les entreprises qui vont élaborer les détails et les installations. En ce qui concerne le végétal comme isolant, je suis persuadée de l’utilité du végétal comme isolant et je vais encourager mes clients de végétaliser encore plus leurs toits 11/ - des contraintes budgétaires, oui, mais on doit prendre en compte que même si on choisit d’isoler d’une autre manière, cela va aussi couter chère C’est vrais aussi que pour une baignâtes naturelle ou pour un jardin bien végétalisées, bien conçu, ce sont des grands investissement au début mais après avec l’usage et le temps, on amorti.. Donc ça ne me fait pas peur - des règlementations architecturales, urbaines ou autres – non c’est plutôt encouragé par les services d’urbanisme de Lyon. Ils sont bien en courant de l’importance des espaces verts à valoriser et à protéger - maintenance difficile – oui, et il faut toujours rester dans le local, ça c’est l’important. Quand je travaille sur le végétal, j’essaye toujours de travailler avec des végétaux locaux et de ne pas amener des plants d’ailleurs parce qu’ils vont souffrir pour s’adapter. Quand on reste comme ça dans le local, on aura besoin du moindre entretient et les végétaux peuvent toujours rester dans la bonne santé - Vous avez fait le choix de ne pas intégrer le végétal dans vos projets – non, jamais 12/ – je pense que c’est les premiers trois Il y a un aspect technique, un aspect humaniste et un aspect expressionniste. Par exemple c’est une bonne manière de valoriser le volume que vous créez, pour donner plus de sens à votre projet, l’aspect végétal, c’est un bon élément
Analyse de l’entretien avec architecte Lamontre Profil de l’architecte interviewé : L’architecte interviewé a de la pratique professionnelle depuis 1989 (27 ans) et travaille majoritairement sur des projets d’extension et de transformations, plus rarement sur des nouveaux projets. La plupart du temps, elle travaille en individuel. Dans le cadre de notre étude, son profil nous intéresse notamment parce que sa pratique professionnelle concerne surtout le domaine de la transformation et la restauration dans ‘architecture. Il nous semble intéressant dans l’intérêt de notre recherche, d’étudier à travers le discours de cette architecte, les utilités du végétal qui sont mis en pratique, notamment quand il s’agit de la transformation et de la rénovation d’un projet. Contexte de l’entretien : L’entretien a eu lieu dans l’u des locaux du laboratoire LAURE de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon. Au sein de ce laboratoire l’architecte interviewé travaille en tant que chercheur mais dans le cadre de notre étude, ce qui nous intéresse c’est son profil en tant que praticien professionnel.
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Nous avons effectué cet entretien en fonction de la disponibilité de l’’architecte. Nous avons eu suffisamment de temps pour la réalisation de l’entretien, sans être pressé. L’entretien a duré environ 20 min et l’architecte ne trouvait aucune difficulté à répondre à nos questions. Interprétation de l’entretien : Lors de son discours, l’architecte met plusieurs fois l’importance sur l’utilisation du végétal comme un bon moyen d’isolation. De plus, elle dévoile que très souvent dans sa pratique professionnelle (notamment en ce qui concerne les projets d’extensions), elle se sert du végétal « pour faire disparaitre » le nouveau volume. Tout de même, d’après elle, le végétal peut servir pour autres utilités, comme pour être un moyen de nettoyer les baignâtes naturelles. Néanmoins, l’architecte nous partage que le végétal est (« sera toujours ») important pour l’homme, parce que l’être humain aura toujours besoins « d’un lien avec la nature. » L’architecte ajoute aussi que grâce au caractère temporaire du végétal, notamment au travers de saisons différentes, la végétation et « «cela joue avec le côté statique du bâtiment » Répartitions des phrases et des mots clés dans différentes catégories : CATEGORIE 1 : L’approche pragmatique : le végétal comme élément technique et «écologique » Thématique 1 : élément technique et de performance : «(le végétal) est un bon isolant » ; « sous une forme de toiture végétalisée, c’est très efficace » ; «un très bon isolant pour l’hiver et pour l’été » ; «Baignâtes naturelle – l’eau se nettoie à travers des plantes » Thématique 2 : cout « C’est vrais aussi que pour une baignâtes naturelle ou pour un jardin bien végétalisées, bien conçu, ce sont des grands investissement au début mais après avec l’usage et le temps, on amorti.. Donc ça ne me fait pas peur » CATEGORIE 2 : L’approche humaine : le végétal comme facteur de sensations et de bien-être chez l’homme Thématique 1 : le végétal et l’homme : « Végétaliser – oui, parce que l’homme aura toujours besoin d’un lien fort avec la nature. » Thématique 1 : le végétal comme élément esthétique « (peut être utilisée) pour son côté esthétique » CATEGORIE 3 : L’approche formelle : le végétal comme élément visuel et morphologique Thématique 1 : les cycles naturels « le végétal est important aussi pour sa temporalité aussi, ses nuances de couleurs qui se changent d’après les saisons, cela joue avec la statique du bâtiment » Thématique 2 : le végétal comme moyen d’intégrer le projet dans le contexte : « Par exemple c’est une bonne manière de valoriser le volume que vous créez, pour donner plus de sens à votre projet, l’aspect végétal, c’est un bon élément » ; « dans un projet récent, on a couvert l’extension qu’on a conçue avec une couverture végétale
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dans le but de faire disparaitre la nouvelle construction et après pour avoir une continuité des espaces verts pour faire disparaitre certains volumes qu’on ajoute dans l’existant (ca c’est le but pour moi) Thématique 3 : le végétal comme élément structurant : « Spécialement quand on conçoit des espaces de tampon, pour diviser certains espaces ouverts »
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