Un autre regard sur Calais

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Un autre regard sur Calais A school trip to Dunquerke and Calais. Teachers and pupils meet migrants. 2015 - Euroschool Luxembourg 1. Teachers: M. Louis, M. Di Scala.


Partir à calais Sébastien louis

Partir à Calais avec des adultes peu au fait des réalités du terrain peu sembler une gageure. Se décider à y emmener des élèves d’une école privilégiée relève du projet insensé. Quel est l’intérêt pédagogique d’un tel voyage, qui de prime abord peut sembler naïf, voir même relever du voyeurisme ? Pourtant, si l’on daigne approfondir la question et ne pas se contenter des clichés inhérents à ce type d’expédition, on retrouve des adolescents curieux, un vieux monsieur plein de sagesse et une volonté de comprendre un phénomène social complexe. A la genèse d’un tel voyage il y a une rencontre organisée avec Stéphane Hessel à l’Ecole Européenne. En septembre 2010, peu de gens le connaissent. Ce dernier n’a pas encore publié son best-seller «Indignez-vous» et j’ai l’occasion de l’inviter pour rencontrer mes élèves de sociologie. Ces derniers sont marqués par le discours passionné de cet homme dont la vie épouse les tourments du vingtième siècle. A 92 ans, ce personnage captive son auditoire, il séduit par ses paroles simples mais fortes. Après deux heures de discussion, quelques élèves viennent me trouver et désirent s’engager. Ils se saisissent d’une de mes propositions et d’un commun accord, nous vient l’idée de travailler sur les phénomènes migratoires. Six mois plus tard, en mars 2011, me voici embarqué pour Calais avec six élèves. Ces deux jours sur le terrain se sont révélés être une expérience extraordinaire. Depuis lors, le projet est devenu une réalité bien ancrée, avec l’appui de la direction. Plus d’une cinquantaine d’élèves ont été à Calais, quatre voyages vers le Nord de la France ont eu lieu, plus de 600 kg d’habits ont été récoltés et distribués, deux expositions ont eu lieu, un cycle cinématographique avec la cinémathèque a été organisé, sans compter les différents articles de presse. Aujourd’hui, c’est un livret réalisé à plusieurs mains, pour poursuivre cette aventure humaine hors du commun et documenter ce voyage. Il est important de témoigner des conditions sur place, des doutes sur les politiques migratoires, de la réalité du terrain, mais aussi de la générosité de nos élèves, de leur naïveté parfois, de leur sincérité surtout. Les différentes

rencontres, avec les autorités, les bénévoles et les migrants leur ont permis d’appréhender un phénomène dans toute sa complexité. Ils ont été à la rencontre d’êtres humains, victimes des crises géopolitiques ou des inégalités de développement qui les ont emmenés dans l’impasse Calaisienne. L’humanité de ces personnes et l’humilité de ces adolescents a permis une telle rencontre, c’est pourquoi il était nécessaire d’en rendre compte. Il reste des questions sur le pourquoi d’un tel parcours de ces migrants, sur la générosité de certaines personnes, sur l’égoïsme d’autres, sur l’altruisme de certains Calaisiens, sur une ville et une population en difficultés car confrontés à un phénomène dont elle n’est pas responsable mais qu’elle vit depuis plus de quinze ans maintenant. Il est impossible d’y répondre et ce livret ne se veut pas exhaustif, mais il est une première piste pour comprendre. Pour conclure, je laisse le mot de la fin à Stéphane Hessel, tel un hommage à celui qui a mis la première pierre à l’édifice de ce projet.

Toute simplification est toujours dangereuse. Il faut nous habituer à penser avec sagesse - cela ne relève pas de l’intelligence ni de la créativité, mais du sens de l’équilibre. On ne peut pas être seulement yin ou seulement yang, il faut un balancement. (Indignez-vous, Indigène éditions, Montpellier, 2010, p.56)


Il est important de témoigner des conditions sur place, des doutes sur les politiques migratoires, de la réalité du terrain, mais aussi de la générosité de nos élèves, de leur naïveté parfois, de leur sincérité surtout.


Calais : une ville de passages ? Olivier di Scala

Calais est une ville dont la singularité se remarque au premier coup-d ’œil : la noria des ferries quittant le port en fait le premier port de transport de passagers de France (10,2 millions de trajets en 2012), mais les nombreuses friches industrielles et maisons vides qui émaillent son territoire témoignent du ralentissement de son activité économique. Les statistiques officielles lui attribuent un taux de chômage de 18% en 2013, contre 13% au déclenchement de la crise économique en 2008. Cela la place au 301ème rang des 321 zones d’emploi françaises, et contribue à en faire l’une des agglomérations où le taux de pauvreté est le plus élevé dans le pays : elle se place au 15ème rang avec 30% de ses habitants sous le seuil de pauvreté, d’après l’observatoire des Inégalités. Trois populations se croisent donc à Calais. Les touristes ne font qu’y passer : pour la plupart ressortissants communautaires, une simple pièce d’identité en règle leur suffit pour franchit la douane britannique sise dans le terminal passager. Restent les habitants, modestes, en forte proportion retraités (31%) et les migrants. Les premiers ont choisi de rester, ou leur pauvreté et souvent leur sous-qualification gêne leur mobilité géographique. Les seconds viennent d’ailleurs et veulent rallier le Royaume-Uni. Pour les uns, Calais est un port d’attache, pour les autres, l’escale la plus proche du but. Depuis la fin des années 1990, Kosovars, Afghans, Irakiens et bien d’autres peuples, poussés par le mal-développement et les bouleversements géopolitiques, s’échouent dans le goulot d’étranglement calaisien. Les bouleversements de la carte du monde et le traitement de la question migratoire chamboulent à leur tour la carte du Calaisis. Ces trois dernières années, lors de nos passages à Calais, nous avons vu les camps apparaître puis disparaître auprès des terminaux passagers, sur le port près des anciens locaux de distribution de nourriture, dans des friches industrielles et derrière des supermarchés - avant les regroupements en cours au centre Jules Ferry. C’est pour faire prendre conscience à nos élèves de ces réalités de terrains, pour leur faire appréhender la logique des différents acteurs de la « question migratoire » que nous amenons nos élèves sur le terrain ; afin qu’ils perçoivent que les flux globaux qui sont leur objet d’étude ne sont autre que des sujets singuliers.

Avec les livres, on ne fait que de la géographie médiocre, avec les cartes on en fait de la meilleure; on ne la fait très bonne que sur le terrain. Citation attribuée à Emmanuel Vidal de la Blache par Edouard Ardaillon (1901), cf. WOLFF Denis, « La pratique de terrain d’un géographe moderne, Albert Demangeon (1872-1940) », Revue belge de géographie, n°2 – 2013 : Excursions et travail de terrain en géographie.




Nous n’avons rien à perdre sauf nos chaînes


Trajectoires des migrants : « Nous n’avons rien à perdre sauf nos chaînes » Carlota VON THADDEN DEL VALLE

Toutes les 4 secondes quelqu’un est obligé de fuir son pays. Actuellement, il y a 50 millions des personnes en fuite. Il y en avait autant après la 2° Guerre Mondiale. D’après l’UNHCR (United Nations High Commissioner for Refugees) ils viennent des états en crise comme la Syrie, l’Afghanistan, la Somalie, le Soudan et le Congo-Kinshasa. Les guerres, les changements politiques, le terrorisme, la persécution des minorités, la pauvreté, la faim, les catastrophes naturelles, le non-respect des droits humains et des mauvaises conditions de sécurité sont quelques-unes des raisons pour lesquelles les personnes partent de leurs pays. Il y a de plus en plus des personnes qui fuient l’Afrique et le Prochain Orient vers l’Europe avec l’objectif d’améliorer leurs conditions de vie. Aux Etats-Unis, beaucoup de personnes viennent, surtout du Mexique et l’Amérique Centrale. Pendant cette fuite, plusieurs risquent leur vie en pensant qu’ils n’ont rien à perdre sauf leurs chaînes… Lors de notre visite au camp des réfugiés à Calais, les migrants nous ont raconté leur trajet jusque là. C’étaient des histoires horribles, que je ne pouvais pas imaginer. «Je viens de Darfour au Soudan, mais je devais fuir parce que ma famille et moi nous avions des difficultés. » La terreur au Soudan ne s’est pas terminée après l’indépendance du sud du pays en 2011. Maintenant il y a une guerre ethnique qui coûte la vie à plusieurs personnes ; et pour cette raison, une grande partie de la population veut sortir du pays. Le réfugié cité a continué sa route jusqu’en Libye, où il est resté trois ans pour accumuler de l’argent pour le passage à l’Italie. Il a payé 246€, mais le voyage en bateau a provoqué une grave catastrophe : le bateau a coulé et 126 personnes sont mortes. De Calais, les migrants essaient de passer en Angleterre. Ils espèrent que ce pays va s’occuper plus d’eux. De plus, une grande partie a déjà appris l’anglais dans son pays. Ils pensent qu’en traversant tout va être plus facile puisqu’en Angleterre, il n’y pas d’obligation d’avoir une carte d’identité. Pour passer, ils montent dans l’obscurité sur les camions et se cachent à l’intérieur. S’ils sont détectés au contrôle, le conducteur doit payer une grande somme pour chaque

passager illégal. Et les mesures de contrôle sont très développées: à la frontière, il y des scanners à chaleur et des détecteurs de CO2. Pour éviter d’être détectés, ils passent dans des camions frigorifiques de viande et ils mettent des sacs en plastique sur la tête pour que la respiration ne se dégage pas. « Nous essayons chaque jour », dit un migrant d’Iran, « Personne ne sait ce qui va se passer demain, ce qui se passera après-demain… » (Reportage de Dan Wiroth sur RTL.lu). On voit sur leur visage comment ce parcours les a marqués et fait vieillir. Je parlais avec un garçon du même âge que moi (16 ans) et il paraissait avoir plus que 20 ans. Malgré toutes leurs souffrances, ils nous saluaient avec un grand sourire et ils partageaient tout ce qu’ils avaient avec nous : la place la moins froide à côté du feu et une tasse de thé. Plus de 80% des migrants ne partent pas très loin : ils restent dans leur pays ou ils partent vers les pays voisins. L’idée véhiculée par les médias que l’Europe est très chargée de migrants n’est pas vraie du tout ! Les chiffres de l’UNHCR rapportent que les pays qui accueillent le plus de migrants sont le Pakistan (1.600.000), l’Iran (857.400), le Liban (856.500), la Jordanie (641.900) et la Turquie (609.900). La plupart des migrants qui viennent en Europe sont au départ venus avec un Visa légal. A l’expiration du visa, ils se sont cachés ou ils ont reçu une acceptation de leur demande d’asile. Mais les autres traversent un long chemin pour finalement demander de rester en Europe. Ils payent des passeurs, qui organisent un itinéraire secret, mais ne s’occupent pas de la sécurité et ne garantissent pas aux migrants d’arriver pour l’argent qu’ils leur prennent. En un an, ils gagnent dans le monde entier entre 3 et 10 milliards d’euros. Frontex, l’agence européenne de la coopération pour la surveillance des frontières externes de l’UE, trace sept routes par lesquelles les migrants entrent en Europe : • la route de l’ouest d’Afrique, où les migrants partent de l‘ouest d’Afrique vers les Iles Canaries (276 passages illégaux en 2014). C’est une des routes les plus difficiles, car il faut traverser 120 km de l’Océan Atlantique .


• Sur la Méditerranée, il y a la route de l’ouest de la Méditerranée qui passe du Maroc (ou de l’Algérie) au territoire espagnol ou aux esclaves de Ceuta et Melilla (7.842 passages illégaux en 2014), mais le passage est très surveillé et fermé par des clôtures quasiment infranchissables. Des témoins ont raconté des mauvais traitements des réfugiés par la police. • La route de la Méditerranée centrale va de la Libye ou de la Tunisie à l’Italie ou à Malte (170.757 passants illégaux en 2014). Les réfugiés sont mis dans des containers sur les navires de charge avec très peu d’oxygène ou dans des petits bateaux de pêcheurs qui ne sont pas faits pour traverser la mer. • La route d’Apulie et de Calibre est irrégulièrement fréquentée depuis l’Égypte et la Turquie en traversent la Méditerranée. • Les migrants passent par la route de l’est de la Méditerranée via Turquie et la Grèce (50.831 passages illégaux en 2014), qui est difficilement accessible à cause de plusieurs barrières, de tranchées et centaines de policiers. En plus, quelques réfugiés sont persécutés par des militants d’extrême-droite. • Sur la route de contournement de l’Albanie vers la Turquie (8.336 passants illégaux en 2014), il s’agit de travailleurs saisonniers albanais qui cherchent des emplois illégaux dans l’agriculture et la construction. Les chiffres des passages illégaux ont diminué dans les dernières années à cause des mesures renforcées de sécurité et aussi parce que les Albanais peuvent entrer en Grèce sans visa depuis la fin de l’année 2010. • La route de l’ouest des Balkans est utilisée par ces pays eux-mêmes ou par les migrants asiatiques qui traversent de la Turquie vers la Grèce ou la Bulgarie vers l’UE pour après passer en Hongrie par les Balkans occidentaux (43.357 passants illégaux en 2014). • La dernière est la route sur les frontières orientales, 6000 km entre d’un côté la Biélorussie, la Moldavie, l’Ukraine, la Russie et de l’autre les Etats membres de l’UE orientaux (1.270 passants illégaux en 2014). Chaque route a ses risques. Sur la Méditerranée, les migrants sont mis dans de petits bateaux de pêche, confrontés aux courants et sans boussole vers l’Europe Lampedusa a connu en 2008 et en 2013 des naufrages majeurs. Les routes du pays d’origine jusqu’au pays de départ vers l’Europe

sont elles aussi difficiles. Pour ne pas être découverts, les migrants se mettent sous des camions où ils mettent des planches de bois, et ils essayent de s’y maintenir pendant le voyage. Parfois, ils doivent traverser le désert où ils sont exposés au soleil qui brûle et à la soif. Une autre raison, et une des plus importantes, de la mort pendant le trajet sont les passeurs. Ils essayent de gagner le plus d’argent possible, par exemple en mettant le plus de personnes possible sur les bateaux, et ils se moquent de savoir si tous arrivent à destination. Ils sont aussi responsables du grand endettement des réfugiés qui doivent payer 1000 € pour une traversée dangereuse et incertaine. Le tarif pour l’ensemble du trajet peut être de 3000€. De plus, ils mettent parfois les migrants dans des containers avec peu d’oxygène et ne les laissent sortir qu’au bout d’un long laps de temps. De ce fait plusieurs suffoquent. Une autre problème du trajet sont les policiers corrompus, qui laissent passer seulement s’ils reçoivent un pot-de-vin. Ce qu’ils voient en arrivant en Europe est le contraire d’une belle vie. Dans des conditions extrêmement inhumaines, ils s’installent dans des camps qu’ils appellent « les jungles », où ils doivent dormir sous des toiles de tente étirées dans un froid terrible. Il leur manque de la nourriture, des vêtements. Marquée par les images des médias, : j’ai été très choquée de voir de mes propres yeux les conditions de vie dans les camps de réfugiés à Calais de mes propres eux. Tout cela sur un continent assez riche comme en Europe. Qu’une chose pareille soit possible ici au 21ème siècle, pour moi, c’est un mystère.

« Je dois risquer ma vie sinon je vais mourir à coup sûr » Sources : UNHCR, Frontex, Süddeutsche, ARTE, Tagesschau, Die Welt, Deutsche Welle, Spiegel, Migreurop, IZA Standpunkte Nr. 75, Handelsblatt.


la nouvelle géographie des migrants à calais Le Monde, 3 avril 2015, par Mathilde Costil, Véronique MALÉCOT et délphine papin



Rencontre avec Maël à Dunkerque Alexandre Wilhelm

Une fois arrivés Dunkerque, nous sommes allés à la rencontre d’une personne nommée Maël qui nous a chaleureusement invités a prendre place dans le QG de son réseau «Carrefour des solidarités» pour nous faire une idée générale de ce qu’on allait voir et également nous expliquer le but de ce réseau. Il nous a donc expliqué que «Le Carrefour des solidarités» est le réseau dunkerquois des associations et institutions sociales, caritatives et humanitaires. C’est un lieu de convivialité et d’échanges et permet de rechercher des solutions nouvelles, face à la pauvreté et la précarité et de les faire émerger. C’est un réseau associatif constitué de 29 associations et de 10 Centre communaux d’action sociale (un CCAS est, en France, un établissement public communal), le Carrefour des solidarités fonctionne comme toutes les associations, avec cependant quelques particularités. Créé en 1996, son principal objectif est d’être au service des personnes pauvres qui n’ont pas les ressources nécessaires pour faire face à leurs besoins essentiels et qui, de ce fait, sont exclues de notre société. Mais le Carrefour des solidarités n’a pas vocation à réaliser directement ce service. Ce sont en effet les bénévoles et les professionnels membres du réseau qui sont directement sur le terrain. En revanche, par ses activités de coordination, ses chantiers de recherche et d’expérimentation, ses offres de formation, son journal d’information et de réflexions et son travail d’observation, destinés principalement à ces bénévoles et ces professionnels, il tente d’améliorer la qualité et la pertinence des réponses qui sont apportées aux personnes pauvres. Leur travail commun est de permettre aux personnes pauvres d’exercer leur citoyenneté et donc, avec elles, de faire reconnaître leurs droits fondamentaux. Le Carrefour des solidarités entretient avec beaucoup d’autres associations ou regroupements de citoyens des liens de partenariat. Il est financé dans sa quasi totalité par des fonds d’origine publique. A propos de nos futures visites et de la situation à Calais, il nous a dit que il y avait moins de migrants en cette période mais, certes, beaucoup plus d’année en année. Il nous a donné une carte des «jungles» (dont il nous a aussi expliqué la définition) et nous a montré des vidéos pour nous donner un aperçu de la jungle et de certains aspects qui étaient parfois positifs, comme par exemple la vie d’une dame volontaire qui aidait les migrants au quotidien, et des fois négatifs, comme les conditions de vie des migrants. Voilà ce qui ressort de notre rencontre avec Maël qui était une introduction à notre séjour.

un réseau associatif pour rechercher des solutions nouvelles


Carrefour deS solidaritĂŠS



Picture from the series: please do not show my face I’m tired I look older than i really am When I call my family i tell that everything is fine Giovanni Ambrosio


La rencontre avec le sous-préfet Luukas JANTUNEN

Le sous-préfet nous a reçus dans sa salle de réunion : Il représente l’Etat français dans la région de Calais, ce qui le place tout en bas de la chaîne de commandement de l’Etat. Le sous-préfet n’est pas élu, et sa responsabilité principale est de maintenir l’ordre public et de faire appliquer les décisions de justice. Le sous-préfet nous a donné une réponse très claire sur la question des migrants: les organisations lui disent ce qu’il devrait faire (”des centres de vacances”, nous a dit le sous-préfet), et il fait ce qu’il peut avec des ressources limitées. Avec l’aide de la maire de Calais, l’Etat a construit un centre d’ accueil de jour (on ne peut pas rester pour la nuit) Jules Ferry. Ceci était la solution de l’Etat après la décision prise en 2014 d’évacuer les squats (maison ou site industriel abandonné, maintenant habité par les migrants) et les jungles de Calais. Même si le centre n’est pas idéal, le sous-préfet a beaucoup insisté sur le fait qu’il a attendu le plus possible, qu’il ne peut pas défier la décision de la justice et qu’il a en personne demandé aux migrants de partir volontairement, sans que la police doive intervenir par la force. Le sous-préfet consacre la majorité de son temps à la question migratoire plutôt qu’à la vie économique, mais ce n’est pas le seul ”problème” à Calais. Avec un des taux de chômage les plus élevés de France, la population pourrait se tourner contre les migrants et les accuser de ce problème.


Calais, Ouverture & Humanité Giulia Gastaldi

L’association «Calais, Ouverture & Humanité» opère à Calais et est active dans la lutte contre la xénophobie, la généralisation, les préjugés et la violence générée par ces préjugés. Elle vise à changer la vision des Calaisiens sur les populations migrantes qui s’établissent temporairement dans la zone de Calais dans leur périple vers d’autres pays à forte immigration, notamment le Royaume Uni. Ils veulent aider les réfugiés en défendant leur dignité et leurs droit fondamentaux, en leur venant en aide matériellement en leur fournissant vêtements, produits alimentaires et de première nécessité. Cette association est apolitique c’est à dire qu’elle ne prend pas de position politique et respecte toutes les opinions. Leur action s’étend sur plusieurs fronts : Discrimination : par la lutte contre la xénophobie et le racisme et affirmer le fait qu’il est injuste de juger un groupe d’individus, une nationalité ou une religion sur les actes d’une petite minorité d’entre eux. Il luttent pour l’application de la déclaration universelle des droits de l’homme, contre les préjugés et les incompréhensions, sources de conflits, voire de violence. Image : l’association défend la dignité des migrants en informant sur ce que vivent réellement les réfugiés et ainsi faire évoluer la vision des choses auprès de la population locale. Social : montrer les conditions inhumaines dans les squats et dans les jungles dans lesquelles les réfugiés sont forcés de vivre. L’association vient en aide aux plus démunis d’entre eux en organisant des collectes et en distribuant le résultat. Ils organisent des événements pour sensibiliser la population mais également pour promouvoir le contact avec les réfugiés et démontrer ainsi qu’on peut vivre normalement avec une population migrante. Une initiative sociale qui souligne clairement son statut apolitique mais qui combat toute discrimination et tout racisme, notamment un collectif d’extrême-droite actif à Calais, «Sauvons Calais». Au travers de leur page sur Facebook ils font appel à la générosité des gens, en leur demandant de participer au collectes et au dons. Pendant notre voyage a Calais, on a rencontré Medhi qui travaille pour cette association. Il nous a expliqué la situation à Calais et nous a décrit ce que fait cette association pour aider les migrants. Cette rencontre était intéressante car elle nous a permis de découvrir un « autre » point de vue sur cette situation.


Rencontre avec l’adjoint au maire Tangi Legrand

Le samedi 14. mars, lors de notre voyage à Calais, nous avons rencontré le 1er adjoint au maire, Monsieur Emmanuel Agius. Comme l’indique son compte facebook, il a été au Lycée Normandie Niemen, un Lycée d’Enseignement professionnel du Bâtiment. De 1998 à 2008 il est maître d’œuvre en bâtiment et aménagement commercial à Calais. En 2008, il devient 1er adjoint au Maire UMP Natacha Bouchart, qui succède à 37 ans de municipalité communiste. Elle est réélue en 2014. M. Agius est délégué à l’urbanisme et aux travaux neufs, fait partie de l’UMP et est représentant à Calais du mouvement «la droite forte». Pour cela, il est soutenu par le chef d’entreprise et ex-vice-président de l’UMP Guillaume Peltier. J’ai dû surtout m’appuyer sur le compte facebook de M.Agius et sur son site facebook «Droite Forte Calais & Calaisis», car il y a très peu d’informations sur lui sur internet, et sa secrétaire n’a pas répondu à mon e-mail. Le thème de notre rencontre avec Emmanuel Agius a bien sûr été la question migratoire. Il a fait un long discours suivi de quelque réponses à des questions dans lesquelles il accusait l’état français de ne pas assez aider la mairie en ce qui concerne les migrants. Il dénonce aussi les « intellos de Paris », qui n’agiraient pas selon les vœux et les besoins de la population. Pour gagner la confiance de l’électorat, il affirme ne pas être très intelligent, et ne pas avoir besoin de l’être. M. Agius défend les expulsions annoncées pour avril en argumentant que les camps et les squats sont insalubres et illégaux et qu’ils serait une «nuisance» pour les habitants de Calais. Selon lui les migrants empêcheraient le développent du secteur touristique dans le Calaisis, ce qui mènerait à un taux de chômage élevé. Sa logique est de ne pas trop bien traiter les migrants afin de ne pas les inciter à venir- au risque qu’ils soient sans refuge, car ils sont sans aide de leur pays d’origine souvent en guerre civile. Enfin, il était en contradiction avec le sous-préfet de Calais que nous avons également rencontré auparavant : l’adjoint au maire affirmait qu’il n’y avait jamais eu de violences de la part des Calaisiens envers les migrants, alors que le sous-préfet venait de nous parler de deux frères d’une trentaine d’années qui ont tiré au fusil à billes sur un groupe de migrants en en blessant deux. Ces deux frères ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer à dix et six mois de prison ferme. Cette rencontre avec l’adjoint au maire a été intéressante dans la mesure où elle nous a présenté un point de vue très différent de celui des autres acteurs.


Dans les camps des migrants Raquel Gomez

Le Vendredi après-midi, nous sommes allés sur le camp des migrants derrière le supermarché Leader Price. Dans ce camp vivaient seulement des hommes soudanais, ils cohabitent sur des bases ethniques. Quand nous sommes arrivés, la première chose que j’ai remarquée c’était les tentes où ils dormaient. Elles étaient en très mauvais état, et je me demandais comment pouvaient-ils passer des nuits là-bas avec le froid qu’il faisait. À cause du froid, ils étaient assis autour de plusieurs feux sous des tentes, en groupes de cinq ou six, c’est la seule façon pour eux de se chauffer. Nous leur avons donné des gâteaux que nous avions apportés du Luxembourg. Ils les ont acceptés avec un grand sourire. Puis ils nous ont préparé du thé et ils ont partagé leur feu, leurs chaises et même leur dîner avec nous. Mais le plus intéressant c’était quand ils ont partagé leurs histoires avec nous. Ils nous ont raconté leur voyage pour arriver à Calais et à quel point ils ont dû risquer leur vie. Ils nous ont aussi dit combien leurs familles qui sont au Soudan leur manquent . Et puis aussi, ils nous racontèrent le désir immense qu’ils éprouvent d’aller en Angleterre. Ce grande rêve est la raison pour laquelle ils risquent leurs vies tous les jours, avec l’idée d’un jour pouvoir l’accomplir. Ils nous ont aussi raconté leurs espoirs et leurs plans pour l’avenir. Je n’aurais jamais imaginé ce que ces gens ont subi, ce qu’ils ont fait pour arriver en France et tous ceux qui sont morts à leurs côtés. Nous avons passé un très bon moment et ils nous ont tellement marqué que nous avons décidé d’aller les revoir le lendemain. Le samedi, nous leur avons donc acheté des boissons, de la nourriture, des bougies, des allumettes et des mouchoirs grâce à une collecte faite entre nous (note : une décision prise par les élèves). Quand les migrants nous ont vus venir ils nous ont accueillis avec un grand sourire à nouveau. Ils avaient préparé des endroits pour qu’on puisse s’asseoir près du feu pour ne pas avoir froid. Nous avons parlés et rit avec eux. C’est incroyable de voir comment ils peuvent vivre dans cet état et garder le sourire. Ce qui m’a touché le plus chez eux est leur hospitalité envers nous, comment ils partagent le peu qu’ils ont avec nous et combien ils admirent notre compagnie. Qu’ils continuent à sourire même dans leurs conditions de vie et qu’ils soient capables de garder l’espoir pour un avenir meilleur. Voir les conditions dans lesquelles vivent les migrants me fait réfléchir sur les choses que nous avons et à propos de la chance que nous avons et dont nous ne sommes pas conscients. Je suis très reconnaissante d’avoir rencontré ces personnes.

Ils ont partagé leurs histoires avec nous. Ils nous ont raconté leur voyage pour arriver à Calais


visite du squat

Ema Pochat Križaj 10 heures du matin, une nouvelle journée commence dans ce squat. Tout d’abord il y a une différence entre un camp de réfugiés et un squat. Un squat c’est l’occupation illégale d’un lieu abandonné alors qu’un camp de réfugiés est un camp temporaire construit par des gouvernements ou des ONG pour recevoir des réfugiés. L’infrastructure de ce squat est particulière parce qu’il est protégé par des murs hauts. Ces murs ont des dessins, des phrases que les immigrés écrivent pour continuer à avoir espoir d’une nouvelle vie, une vie plus heureuse, plus libre et moins dangereuse. Ces phrases sont à la fois perturbantes et belles. Une vie meilleure : c’est ce que tous espèrent et malgré leurs différences de culture, de langues, ils possèdent tous ce même rêve. Sur les murs, ces phrases d’appel à l’aide et ces dessins nous font réfléchir et nous frappent à cause de cette misère qui nous entoure. Les immigrés vivent dans la saleté et dans le froid. Même les animaux ne vivent pas dans de telles conditions ce qui rend cette situation quotidienne encore plus insoutenable. Les immigrés vivent dans une misère monstrueuse et pourtant on ne peut pas trouver des gens plus accueillants et plus souriants qu’eux. De plus, ils ne reçoivent que très peu d’aide voire même aucune du gouvernement. Ils survivent grâce aux associations et aux « no border ». Dans ce camp, nous avons enfin pu rencontrer un « no border » qui réparait les vélos des migrants. Mais qu’est-ce un « no border » exactement ? Et bien c’est un individu qui s’implique pour aider les migrants. Il lutte politiquement aussi pour la liberté de circulation, l’abolition des frontières, pour la régularisation des étrangers en situation irrégulière, la fermeture des centres de rétention et l’arrêt des expulsions. De même ils s’opposent aux politiques de contrôle de l’immigration au sein et en dehors de l’Espace Schengen. Un « no border » s’implique donc dans sa vie pour aider les migrants. Dans ce squat, il y avait un petit espace réservé pour la réparation des vélos, le « no border » y travaillait et puisque tous les immigrés allaient être expulsés dans un court délai, le temps pressait et il fallait travailler plus pour les aider. C’était une préparation qui prenait du temps et de l’énergie mais pour les associations et les « no border » cela était important. Ces gens-là donnent tout ce qu’ils peuvent. Les immigrés nous ont dit plusieurs fois qu’ils étaient infiniment reconnaissants pour les efforts des autres. En continuant on découvre aussi un endroit dédié aux douches et aux toilettes qui avec franchise ne

peuvent même pas être appelé ainsi vu leur état. Plus loin, on trouve un hangar où il y a des dizaines et des dizaines de tentes en mauvais état, déchirées. Le sol est plein de flaques d’eau, il fait extrêmement humide et froid et on peut voir plusieurs feux de bois qui chauffaient quelques migrants à la fois. Cet endroit invivable est pourtant habité par des dizaines voir centaines de gens. Même si tous sont dans la même situation, ils restent tout de même regroupés par ethnie. Mais pourquoi? Tout simplement parce que de cette manière ils se sentent proches de leur pays, de leur peuple et parce qu’ils ont les même origines, la même langue, les même coutumes. Tout cela est important parce que c’est la seule chose qui les relie encore à leur pays. Ainsi ils se sentent plus en sécurité avec les gens qui possèdent des points communs avec eux. Malgré cette misère dans laquelle ils vivent, une flamme d’espoir brûle en eux ce qui est vraiment incroyable. Ils nous voient et viennent nous saluer, nous serrer la main. Ils viennent nous accueillir à bras ouvert. Petit à petit on comprend que tout ce qu’ils veulent c’est parler, communiquer avec les gens. Dans ce squat non seulement nous avons pu rencontrer des immigrés mais nous avons aussi rencontré leur « maman », et oui c’est ainsi qu’ils appellent la dame qui vient les aider et surtout leur parler plusieurs fois par semaine. Selon elle, connaître ces gens-là et leur parler est une richesse qui ne peut être acheté. Près du feu nous avons parlé avec quelques immigrés égyptiens qui ont quitté leur pays surtout pour cause économique. Ils ont tous deux une vingtaine d’années et un sourire ravageur. En parlant avec eux, on se rend compte qu’ils sont des hommes comme tous les autres et qu’ils ont entre autre un humour et une joie de vivre incroyable. L’un d’eux décide de nous raconter ce qu’il fait chaque matin : il se lève vers six heures du matin pour réfléchir à la philosophie et à la nature, il nous parle doucement et il ajoute que le plus important c’est de rentrer à l’école et d’étudier sérieusement pour avoir un bon futur. Cette phrase n’est autre que frappante, c’est ainsi que l’on observe que c’est les gens qui n’ont rien, qui ont tout perdu qui peuvent enrichir le plus les gens qui ont tout. En voyant leur sourire, on se dit que nous n’avons plus d’excuses de ne pas sourire tous les jours. Nous avons longtemps parlé avec eux, ils étaient contents de parler et de rencontrer des jeunes gens qui ont plus ou moins leur âge. Ces immigrés ont besoin de chaleur humaine plus que tout.



Visite de deux jungles Florian Gillard

Le samedi 14 mars nous nous sommes rendus dans deux jungles, des campements de fortune installés par les migrants faisant office de «villages». Par petits groupes, nous nous sommes avancés dans les bois parmi les tentes et les déchets, sous les regards parfois curieux et souvent souriants de migrants espérant une vie meilleure. La première jungle où nous sommes allés semblait être la plus petite. Située dans les bois, au bord d’une petite route, elle était constituée de tentes et de bâches aménagées en dortoirs, en salons, en magasins et même une mosquée avait été construite. Les migrants préférant vivre en communauté, il y avait là principalement des Afghans. Sous leurs écharpes, bonnets et autres vêtements chauds pour résister au froid mordant, ils discutaient, jouaient, mangeaient... Des gens normaux, simplement désireux de traverser la Manche pour aller en Angleterre et obtenir un meilleur avenir que celui qui leur était proposé dans leur pays d’origine. Nous sommes guidés par Nana, une femme surnommée ainsi par les migrants, qui les considèrent elle et son mari, Domdom, comme des parents pour les services qu’ils leur rendent. Domdom apporte aux migrants chaque jour de l’électricité, grâce à des générateurs payés de sa poche, pour charger leurs téléphones, pour écouter de la musique et même avoir accès à internet. Le couple de Calaisiens les aide ainsi gratuitement depuis des années, ayant de la compassion pour leur situation. Nana leur donne des cours

de dessin pour les divertir, les faire penser à autre chose, mais aussi pour établir un contact humain et chaleureux. Nous traversons ensuite une ligne de chemin de fer désaffectée et une grille de barbelés et nous retrouvons Domdom, entourés d’Erythréens, en train de dérouler des fils électriques. L’environnement est différent. Tout comme la première jungle, des déchets de toutes sortes envahissent le campement, mais les tentes sont plus nombreuses, et un grand hangar est habité, ce qui fournit aux migrants un abri rudimentaire, mais efficace contre le vent et la pluie. Cette jungle-ci est proche de l’autoroute qui mène en Angleterre, et lors d’un ralentissement les migrants peuvent essayer de grimper à bord d’un camion, au péril de leurs vies. Nous parlons avec certains d’entre eux, il y a même des femmes et des enfants, bien qu’ils soient en minorité. Ils nous invitent à prendre le thé. On se retrouve à dix dans une tente, à parler et à rire ensemble. L’ambiance est bonne, les gens sourient. Tout le monde parle anglais, et nous apprenons que certains d’entre eux sont là depuis des années. Ils sont pour la plupart qualifiés, diplômés, mais ont dû fuir leur pays, et vivent maintenant une vie misérable. En sortant, nous voyons encore des sourires chaleureux sur leurs visages, ce qui nous montre encore le plus incroyable: le fait qu’ils restent de bonne humeur et positifs, malgré les difficultés qu’ils rencontrent et ont rencontrés.


La distribution de vêtements Catherine Brown

Le vestiaire est une vieille histoire. Quand il y avait le hangar de Sangatte, les vêtements étaient donnés selon les besoins à l’intérieur. En 2002, Sangatte est fermé et le hangar détruit. La distribution de vêtements s’est faite dans le hall du vestiaire actuel et petit à petit c’est devenu de plus en plus important. Il est impossible de dire combien de vêtements nous avons distribué. La distribution se fait tous les 15 jours et entre 200 et 500 personnes y passent a cette occasion. Il y a 2 ans il a été décidé d’ouvrir toutes les 3 semaines. Deux raisons à cela: la fatigue des bénévoles et le manque de matière. Certains samedis il y avait plus de 600 personnes et les derniers partaient déçus avec des sacs bien légers. Les vêtements proviennent de dons: Calais, les environs mais aussi de toute la France et même d’Angleterre. Il y a en ce moment un partenariat avec Emmaüs qui apporte régulièrement couvertures, tentes, vêtements, matériel de cuisine... Il y a aussi des dons financiers avec lesquels des chaussures sont achetées et il y a parfois des achats lors de braderies et de «vide greniers”. Sinon tout ce qui ne peut être

utilisé repart dans un centre Emmaüs pour le recyclage ou bien est donné à une autre association qui aide des personnes défavorisées. Nous, en tant qu’élèves sommes allés aider à distribuer des vêtements au mois de Mars, nous ne sommes pas venus les mains vides. On a pu demander aux gens du Luxembourg de notre école ou même de la famille ou des voisins de nous donner leurs vêtements trop petits ou pas utilisés pour pouvoir les donner aux gens qui eux, en ont besoin. La plupart des vêtements distribués était pour les hommes. Nous avons récolté 118 sacs (entre 250kg et 300kg). Le voyage à Calais ne m’a pas seulement fait réaliser ce qu’il se passe autour de moi, mais j’ai pu aussi communiquer avec des gens qui sont resté dans mon coeur. Je pense tous les jours a eux, en me demandant s’ils ont pu réaliser leurs rêves en passant la frontière vers l’Angleterre. J’ai des souvenirs très profonds et beaucoup d’émotion. Je retournerais avec très grand plaisir, pour une période plus longue, même seulement pour parler aux migrants et leur redonner confiance et beaucoup de courage.


Jules Ferry ressemble davantage à un pansement sur une jambe de bois qu’à une véritable réponse politique de fond


De l’apport associatif à une offre institutionnalisée: le Centre Jules Ferry Serge Kollwelter

Pour répondre à des besoins élémentaires des migrants se trouvant sur le Calaisis un certain nombre d’initiatives associatives sont nées.Certaines ont fourni des repas chauds au fil de plusieurs années, c’était le cas de SALAM qui opérait près du centre urbain. Sans nous étendre sur d’éventuelles spéculations, la situation actuelle est la suivante: la ville de Calais a offert au Ministère de l’Intérieur un centre de loisirs situé à une dizaine de kilomètres du centre -ville et des installations portuaires. La gestion en a été confiée à une association jusque - là non active dans le domaine des migrants. Dans le centre Jules Ferry sont distribués désormais les repas du soir. Le cadre est tracé: un grillage autour, un personnel en gilets fluorescents, des CRS en poste à l’extérieur. Le centre est destiné à héberger femmes et enfants dans ses bâtiments. Il s’avère que le centre est co- financé par l’Union Européenne. Il est prévu de (faire) déloger toutes les jungles autour de Calais et de les regrouper à l’extérieur du Jules Ferry, sans que pour autant les conditions de ceux ( les hommes) se trouvant à l’extérieur n’aient connu des améliorations. La délocalisation est voulue par les autorités, la cohabitation de milliers de migrants d’origines très différentes risque de poser de nouveaux problèmes. Jules Ferry ressemble davantage à un pansement sur une jambe de bois qu’à une véritable réponse politique de fond, la mise à l’écart des associations militantes n’étant pas un hasard.

crédits Giovanni Ambrosio/Black Spring Graphics Studio (photos & livre), Monique Delveau, Olivier Di Scala, Serge Kollwelter, Sébastien Louis et les élèves de géographie et de sociologie : Brown Catherine, Gastaldi Giulia, Gillard Florian, Gomez Lerma Raquel, Jantunen Luukas, Legrand Tangi, Pochat Krizaj Ema, von Thadden del Valle Carlota, Wilhelm-Regnier Alexandre. Merci à notre guide sur le terrain, Reza, pour ses conseils, ses traductions et sa gentillesse. Pour toute information : ol.disca@euroschool.lu et se.louis@euroschool.lu L’équipe enseignante tient à remercier nos différents interlocuteurs à Calais qui ont pris la peine de nous recevoir. Ce livret est dédié aux bénévoles du Calaisis qui sont sur le terrain depuis des années et qui font un travail extraordinaire. Le site du projet: www.tackleracism.org Achevé en juin 2015.


Il est temps de se lever à nouveau Monique Delveau

La situation des migrants à Calais ayant déjà été très bien décrite par les élèves, par les professeurs et les amis qui ont accompagné le groupe, je me permettrai simplement quelques lignes au sortir de cette expérience dont on ne revient pas indemne…. Allons-nous continuer à laisser mourir nos frères… A leur offrir l’inhospitalité, le rejet et la colère A laisser nos édiles leur confisquer le présent Et les condamner à vivre en ces lieux indécents Où les heures et les jours s’enfilent sans fin Sur la chaîne des rêves brisés et des espoirs clandestins… Il est temps de se lever à nouveau Il est temps de s’indigner à nouveau Il est temps de remettre nos pas Dans ceux de Stéphane...

Il est temps de s’indigner à nouveau



« Nous ne fuyons pas vers le paradis, nous voulons seulement sortir de l’enfer »


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