PARIS Photos • Blandine Ollivier Textes • Christian Lazare
Je les laissai là. Silhouettes déjà floues qui disparaissaient de mon esprit. Quels étaient leurs noms ? Leurs buts ? Les raisons de leur présence ? Les reverrais-je jamais ? Les rails me poussaient. J’étais tirée. Étirée. Une partie de mon esprit se trouvait encore à la traîne. Comme accrochés à la queue d’une comète mes souvenirs se bousculaient quand mon corps subissait les affres de la vitesse.
Mes semblables avaient déserté les sièges de cuir noir. Les arbres anciens verdoyaient ma fenêtre à la vitesse du son. Pas de pilote dans l’avion. En apesanteur. Soucis de gravité. Je me raccroche aux branches. Celles de mon mollet. Je me raccroche aux fleurs. Je les voit poindre hors de ma botte. Et mon pied est un jardin sacré. Sa plante n’a plus un nom usurpé. Décélération. D’autres vies me croisent. Vite. Vraiment ?
Me voilà heureuse et nauséeuse. Mon intellect marche en plein et mon corps réclame pitance. Les nourritures terrestres d’abord. Les laitages pour l’animal qui est en moi. Les légumes pour la terre et pour le sol. Les poissons pour la mer et l’iode. Un peu de cochon. Je le vaut bien.
Stop love. Madame et Monsieur Régnault sont attendus au caffé Sabbia, rendezvous de toutes les chinoiseries. En camisoles s’il vous plaît.
Il y a l’interstice. Il y a la poignée. La lumière plus haut. Trop haut. Tu crois que je peux attraper la lumière avec la poignée ? Je courbe. En rouge et noir. Il y a l’interstice. Il y a la fenêtre. Ouverte. Et la lumière plus haut. Trop haut. Il y a un grand œil noir aussi. Présence numérique de l’exposition à venir. Je m’apprivoise d’un sourire. Je te vois. Enfin je t’imagine déjà.
« Dans le shooting déjà je capture l’essentiel de la nature dans l’arabica nul bromure j’ai tout ce que j’aime car je n’ai rien l’écriture sera à coup sur une trahison »
Les gens sont Êtranges. Ils peignent leurs portes couleur ciel. Au moins de leur vivant elles s’ouvriront un nombre incalculable de fois. Lequel de ces parjures Saint pierre fera venir au paradis. Son alter ego concierge ?
Paris te fera croire à un cœur blanc qui résiste à toutes les pluies. C’est peut être un soutien gorge. La mienne se noue comme je passe le doigt dessus. J’altère ce que la pluie n’a pas réussie à effacer. Le ciel se venge. Je me réfugie. Sanctuaire à l’eau. Allo ? Je tape trois fois des talons « je veux rentrer chez moi ! »
Eole balaie quelques feuilles mortes. La lumière revient et joue avec les nuages. Comment deviner pour qui le glas va sonner ?
Les revoila les couleurs de mon enfance ! Le blanc arctique et le rouge pompier ! Le bleu bébé, l’orange fruité, le framboise pétillant ! On parle Anglais, Italien, Espagnol ! Français aussi je vois le logo carte bleue ! Trop €urose !
Le sel de la vie. Répandu sur le sol. Blanc. La mort est blanche et joyeuse dans des pays loin d’ici. Tué. C’est marqué sur le mur. Les impacts en témoigne. Les coulées de sang aussi. Il ou elle n’aura pas eu le temps d’ouvrir la porte. Pas grave, elle était rouge celle ci.
Je passe devant un blanc. En banc et noir. Tags éphémères. Maux posés sans espoir de jamais se faire récurer. Le pigeon aura une vie plus courte. Et plus libre.
Coca-cola is it. Paris est belle comme un cœur. Vichy des sièges. Rouge passion l’âme en tire bouchon. Rouge passion le mur du fond. Cuillère discute avec coupelle : « - Madame bouteille s’est fait tirée » « - Encore un cou de cet horrible Monsieur bouchon ! Tous les mêmes ! »
À l’aise Blaise c’est moi qui bourlingue et toi qui lêche la vitrine. Il se bombe le verre sous tant de talent. Il n’y a que les immeubles de Paris pour résister à la pression.
Le vespa de BD me ramène au pays du chianti. Amore rosso. La manufacture ? Ils te donnent les factures à la main ? N’impriment rien ?
Le ciel est toujours une promesse et les vitraux trop haut ! Comme la lumière. Ville de. Paris. J’aime.
PARIS
Photos • Blandine Ollivier Textes • Christian Lazare Octobre 2012