Corse 2012

Page 1

corse

2012 Blandine Ollivier


···· Mercredi

D

épart du bateau prévu à 18h30, je pars à 16h du bureau pour ne pas être en retard et parce que je me fais chier au taf, j’arrive donc 10 min plus tard à la Joliette et je m’installe en terrasse pour boire un Coca en appelant ma mère. En partant j’oublie l’appareil photo sur la chaise et c’est le serveur qui m’appelle pour me dire que j’ai laissé quelque chose en partant. Je le remercie, récupère l’appareil et file. Je récupère mon billet au port et attends la navette de la SNCM pour embarquer dans le navire, le Jean Nicoli. Les gens sont impatients et commencent à s’agacer. J’hallucine un peu, je me cale sur un fauteuil et j’attends puisque c’est la seule chose à faire... Dommage que les autres passagers ne l’aient pas compris. Arrivée sur le bateau je repère le salon fauteuil «confort» dans lequel je dois passer la nuit ; les places les moins chères. Je ne comprends pas pourquoi mais ils ont monté la clim’ à fond, c’est une horreur. J’ai fait mon sac rapidement et bien sûr pas de pull à me mettre sur le dos. Je décide donc de tenter une nuit sur le pont mais l’humidité de la mer trempe mes vêtements et il fait de nouveau très froid. Sans compter que y’a YMCA et Gilbert Montagné qui hurlent dans une sono pourrie. Très étrange pour moi de voir (et t’entendre) ce genre de scène sur un bateau, le dernier que j’ai pris ayant été le «Marrakech» qui partait à Tanger... et qui a d’ailleurs arrêté de naviguer peu de temps après, trop vétuste pour continuer les traversés ! Finalement je décide d’aller me coucher : j’enfile toutes mes fringues, c’est à dire deux robes, une jupe et un foulard, je ressemble vraiment à une gitane avec mes couches de tissus colorés et dépareillés, et pour ne pas me retrouver pliée en quatre dans un fauteuil je m’allonge de tout mon long par terre : gypsie girl en voyage. Bien installée... dommage qu’il fasse froid. Je m’endors quand même, les nuits précédentes ont été courtes !



···· Jeudi

A

près une courte nuit sur le bateau je me réveille à 5h30, légèrement courbaturée. C’était pas le luxe mais j’ai déjà plus mal dormi. Je me lève et tente une sortie sur le pont pour trouver un endroit où il fasse moins froid. La tête un peu enfarinée je croise un type de la SNCM qui me demande si j’ai bien dormi et à qui je réponds que ce bateau est un congélateur flottant. Il me propose alors un café. Tout est fermé (bar-restaurant) et j’accepte donc bien volontiers, sans savoir où il va aller le trouver. Deux minutes plus tard il débarque avec café chaud et verre d’eau. Le type part ensuite bosser, on va bientôt arriver. 7h30, la SNCM est à l’heure et Jean-Luc aussi, point de RDV sur le port. La douane me reluque bizarrement et s’approche de moi pour une fouille. Mon look de gitane avec mes tissus superposés les intrigue sans doute. Jean-Luc arrive et leur explique que je suis avec lui. Ca semble leur suffir et on file. On rejoint l’équipe au QG, à Piscia, au milieu des montagnes corses. Thierry boit son café sur la terrasse, 10h30, il est déjà levé, je m’inquiète. L’air corse le fait lever tôt,


je pensais que l’inverse était plus d’usage. Café avalé, plus de clopes. On file au village acheter du tabac en moto. Pas de casque, l’odeur du maquis dans la figure et les cheveux dans le vent, le top. On arrive 30 minutes plus tard à Pianotolli, on achète les clopes, une brosse à dent que j’ai oublié à Marseille et c’est reparti. Retour au QG on mange un bout avant la sieste et à 16h on file à Bonifacio. Jean-Luc nous a promis une plage paradisiaque mais y’a 30 minutes de marche avant l’Eden. Je me sens en pleine forme et me met à courir dans les chemins serpentés sous 40°C. Les autres ne comprennent pas ce qui m’arrive et puis je crois surtout qu’ils sont dégoûtés de me voir courir quand eux galèrent à marcher ! La plage est en effet très belle et je fais même un plouf dans l’eau, au grand étonnement des tontons qui ne m’avaient même jamais vue en maillot de bain avant aujourd’hui. JeanLuc a une envie de glace et on fait croire à Thierry que l’on peut lécher la chantilly sur des hôtesses à disposition chez le glacier : c’est vendu, direction Bonifacio pour la dégustation. La nuit tombe rapidement et Thierry, avec qui je suis venue en moto, a oublié ses lunettes de vue, il n’a que les teintées et il n’y voit plus rien. Nous voilà donc parti, à faire la course avec le soleil qui file derrière la mer. Il fait super froid et on a pas prévu le coup. On manque de se perdre, heureusement je fais le GPS pour lui. On arrive 1h plus tard au QG, gelés mais contents. Tout roule, au lit pour un repos bien mérité.


···· Vendredi

A

vec les derniers jours passés à la Viste j’ai pris l’habitude de me lever à l’aube pour être au café à 8h, du coup je me réveille à 5h30 mais tout le monde dors alors j’attends un peu, au frais dans mon lit. 7h30 Jean-Luc se lève, moi aussi. On se fait le petit-déjeuner dans le jardin avec la vue sur la vallée. Pendant que Jean-Luc prépare le café j’en profite pour aller faire quelques photos tant que la lumière n’est pas trop forte. Il y a de belles lumières orangées, je suis contente des clichés. 9h le reste de l’équipe émerge, deuxième service pour le petit déjeuner. On part chez les voisins avec Jean-Luc, ils ont une ferme-auberge et veulent faire un site Internet, peut-être un boulot pour Gaëlle et moi, à voir. On revient au QG, le petit-déjeuner est avalé pour tout le monde, il est temps de partir se baigner à la rivière, la température a déjà bien monté. A sept on décide de prendre une voiture et on installe les gamins dans le coffre qu’on laisse ouvert. Jean-Luc nous la fait en mode rallye, il faut s’accrocher. Les enfants sont ravis, nous on sert les dents. Arrivés à la rivière, l’endroit est magique, une piscine naturelle avec une eau bleue et verte et des énormes rochers polis sur lesquels on peut s’allonger comme dans une baignoire, ou d’autres plus hauts, pour s’amuser à sauter dans l’eau. Retour au QG, on mange un bout, la traditionnelle sieste et c’est reparti pour la baignade, côté mer cette fois, avec la plage de Pianotolli. J’ai pas très envie de me baigner et les terrasses de bar me manquent, j’abandonne donc l’équipe à la plage et pars en ville boire un verre et faire les courses pour le barbecue du soir. Le téléphone fonctionne à Pianotolli et j’en profite pour appeler mon chéri et je me retrouve finalement en speed pour les courses. Le boucher commence à blaguer avec moi et je lui explique que s’il ne me donne pas ses meilleures côtes de porc je lui crève les yeux. Il à l’air d’aimer les femmes de caractère et puis je le fais rire, du coup on gagne deux côtes de


porc gratuites dans l’histoire. Thierry m’appelle, ils m’attendent à la plage et les enfants commencent à avoir froid. Je me dépêche donc et là, bien sûr, je fais ma boulette. Claude, qui m’a prêté sa voiture pour faire les courses m’a donné le code pour l’antidémarrage, mais dans la précipitation je me trompe trois fois et au troisième coup la voiture ne veux plus rien savoir, impossible à démarrer. Il faut débrancher la batterie pour ré-initialiser le système. Première galère pour ouvrir le capot. Je demande à un type sur le parking de m’aider. Capot relevé, ça c’est bon, maintenant il nous manque une clef de 10 pour débrancher la batterie. Je demande à un second type, plein de bonne volonté, mais pas plus équipé que le premier. C’est alors que mon pote le boucher sort fumer une clope et me trouve en galère sur le parking. Ca le fait marrer de me voir en panne ici mais il est sympa et il nous fournit le matos. Ca y est la voiture démarre enfin, je file chercher l’équipe qui m’attends depuis 45 min et qui doit me maudir. Retour au QG, on sort le charbon de bois. Jean-Luc est aux commandes au barbecue et moi je file en cuisine pour préparer les accompagnements. 22h ça y est, on est tous installé, on se régale. Je suis crevée et j’ai un épisode en retard sur mon journal de bord, je file donc dans ma chambre écrire et après la petite lecture du dernier épisode à l’assistance je file me coucher et m’endors dans la minute.




···· Samedi

L

es jours se suivent et se ressemblent, la douceur de vivre est toujours au rendez-vous. Levée à la fraîche et petit déjeuner en terrasse en observant les vallons qui s’entrecroisent en direction de Figari. La matinée s’écoule tranquillement et les tasses de café ne désemplissent pas. On vient y tremper les canistrellis locaux au citron, aux amandes et au vin blanc. L’après-midi on part à Pianotolli, encore une nouvelle plage que nous fait découvrir Jean-Luc. Cette fois il s’agit d’une sorte de crique, un bras de mer qui s’enfonce assez loin dans les terres et du coup la concentration en sel est énorme et on flotte littéralement sur la mer ! De flotter sur l’eau c’est rigolo, par contre ce qui l’est beaucoup moins c’est qu’en sortant de là la peau tire et gratte affreusement. C’est donc enduit de notre croûte de sel sur couche de sueur que l’on part visiter la «tour». Il s’agit d’une ancienne tour de guet à 5 min à pied de la plage. On monte et une fois en haut on a une superbe vue sur tout l’estuaire. On se rend bien compte de la configuration de la cote à cet endroit-là et on comprend mieux pourquoi l’eau est si salée sur cette plage. Cette armure de sel est proprement insupportable (en tout cas pour moi, elle l’est) et nous rentrons donc un peu plus tôt avec Thierry pour faire la course pour avoir la primeur de la douche. Mais comme nous sommes les premiers à partir on nous charge de faire quelques courses pour le barbecue du soir. Au final on arrive tous en même temps à la maison et on se lave à grands coup de tuyaux d’arrosage sur la terrasse de la maison. Personne n’a eu la patience d’attendre ! Libérée de cette torture (oui, oui, on peut penser que j’exagère), on commence à préparer le barbecue. Repas terminé, on prépare la tisane et je m’installe sur un coin de table pour écrire l’épisode du jour.



···· Dimanche

D

ernier jour à Piscia. Ce soir on reprend le bateau. Il fait un vent à décorner un cocu comme on dit chez nous et on passe donc cette dernière journée à se prélasser à l’abri dans la maison. Les autres jouent au poker et moi je termine le bouquin que j’ai entamé à mon arrivée sur l’île «Body» de Harry Crew. J’arrive à la fin du roman, la partie de poker se termine, il est temps de faire nos sacs et on file. Direction Propriano. La route longe la mer, c’est magnifique, avec le vent de grosses vagues viennent se casser sur les rochers... je trouverai ça beaucoup moins poétique dans 1h quand on sera installé sur le bateau et que ce dernier se mettra à tanguer sous le coup de la houle ! C’est allongée, agonisante et nauséeuse que je passe les 12h que durent la traversée vers Marseille. 7h, le port de la Joliette est en vue. Mon estomac est vide et je dois être au bureau dans 2h. J’appelle : je passe chez moi prendre une douche et manger, je serai en retard. C’est finalement à 11h que je débarque au bureau. Je passe les 3 jours suivants à avoir des vertiges et des nausées et après avoir pensé à une grossesse (non désirée) je m’aperçois que c’est simplement le temps qu’il m’a fallu pour me remettre de ces 12h de grand huit au milieu de la Méditerranée ! Finalement : tout va bien.



corse

2012 Blandine Ollivier

Voyage en Corse août 2012, à Piscia, près de Figari. Un énorme merci à Jean-Luc pour son accueil et sa générosité, et à Thierry et Samuel pour nous avoir permis d’avoir de bonnes tranches de rigolade. Ce livret est dédié à TOI. Tu te reconnaîtras. B..


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.