Paris-Londres

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PARIS LOND RES novembre 2012

J'ouvre un œil, au chaud sous jour 1 ma couette, et je vois que dehors la pluie tombe et le vent souffle. Mon train est à 11h35 et je pensais aller boire mon café au Petit Pernod, comme tous les matins, avant de partir à la gare. Mais la météo m'invite à rester quelques heures de plus au fond de mon lit, ce que je fais bien volontiers. 10h00, les cloches de l'église St Laurent me rappellent à l'ordre, il est temps d'y aller, je fonce à la gare sous une pluie battante et arrive juste à temps pour prendre place dans le TGV. 3h30 plus tard j'arrive à Paris. Je m'étais endormie et c'est à peine réveillée que je pose un pied sur le quai. La température extérieure fais office de réveil : il gèle et en moins de deux je me mets en mouvement pour ne pas finir figée sur place. La gare de Lyon a été rénovée récemment et le toit tout en acier et en verre me plait bien. Je sors l'appareil pour prendre une photo mais impossible de trouver le bon angle où se placer : la gare est pleine d'une foule dense, pressée et parfois perdue et je ne peux lever les yeux en l'air sans me faire bousculer. Trop de monde, j'abandonne. Je sors sur le parvis de la gare et me réfugie dans un de ces brasseries "parisienne" que l'on ne trouve pas à Marseille. Décor feutré, fauteuil moelleux, garçon rapide et café hors de prix. L'heure tourne, je file direction St Rémy les Chevreuses pour rejoindre Arnaud et Florence dans leur nouvelle maison. Je dois prendre la ligne B du RER et m'engouffre dans les profondeurs des transports parisiens. Là encore, il y a énormément de monde et les gens pressés de rentrer chez eux (ou de partir ?) courent pour attraper des correspondances dont ils connaissent les horaires par cœur. Ca n'est pas mon cas et je ne suis

pas pressée : voilà comment je me retrouve à attendre 30 min mon RER au bord d'un quai souterrain et gris. Un sans-abri est accroupi d'une manière étrange contre l'Escalator (la position à l'air inconfortable), il mange avec ses doigts le contenu d'une boite de pâté pour chat. D'abord perplexe j'observe la scène, mais c'est trop déprimant, je change finalement de quai. Mon RER arrive enfin. Je m'installe et sort l'appareil photo. Je commence à mitrailler et les gens se demandent peut-être ce que je fabrique mais ça n'a pas l'air de les déranger, ni de les intéresser et je continue ma série de clichés en attendant l'arrivée à St Rémy les Chevreuses. L'accueil set royal : pour ma venue Arnaud a cuisiné un aïoli et des muffins à la framboise. Je sens que le week-end va être gastronomique (et les jours suivants me donneront raison). Deux ans que je n'étais pas venue chez eux : une nouvelle maison, un bébé, et des tas d'histoires à raconter, nous finissons la soirée installés dans les canapés moelleux du salon d'où nous rattrapons un peu le temps perdu.

texte & photos

BLANDINE

OLLIVIER


Le soleil brille au réveil et nous jour 2 décidons de tenter une sortie sur le marché de Rembouillet avec Florence, Arnaud et le bébé. Mais l’air est frais et nous rentrons assez rapidement nous mettre au chaud. Arrivés à la maison Arnaud prépare un bruns gargantuesque est nous dégustons nos tranches de saumon sur pain grillé en buvant un thé chaud et en continuant à papoter. Laure, une amie de Florence et Arnaud, débarque dans l’après-midi et nous sortons tous ensemble pour une ballade digestive dans le village. Il est en lisière de forêt et les couleurs sont magnifique, on a même droit à un superbe envol

d’un moins vingt canards, mais pas le temps de sortir l’appareil photo.

J’ouvre l’œil : 9h40. «- Zitouni pujour 3 tain bouge toi il est 9h40. - On a le temps, l’heure a changé cette nuit, il est 8h40.» Deux infos ce matin : 1- on a changé d’heure cette nuit, 2- Zitouni n’a toujours pas l’air paniqué.

bulancier et une barbe grise bien fournie. Il nous demande s’il peut embarquer le siège et le balance dans le camion EDF, dont on se rend compte quand il redémarre qu’il est immatriculé en Bulgarie ! On commence à faire des pronostics sur la prochaine destination du fauteuil, on penche pour Sofia.

En tant que «femme» il m’incombe de m’occuper de la cuisine, et là où j’imaginais naïvement que je n’aurais qu’à mettre des condiments dans des cartons je m’aperçois en fait qu’il faut d’abord commencer par faire la vaisselle… Des potes doivent débarquer à 12h30 pour filer un coup de main et bien sûr avec le changement d’heure de la nuit dernière, l’équipe se trouve au complet à 13h30. Pendant ce temps j’ai terminé la vaisselle et les cartons de la cuisine. Je me suis mise à reboucher les trous laissés dans les murs par Zitouni depuis 13 ans. Une fois que tout le monde est là, prêt et opérationnel, Zitouni se dit que ça serait dommage de se mettre à travailler tout de suite et propose d’aller dans un restaurant Thaï avant d’attaquer le gros œuvre. C’est donc à 15h que le déménagement commence enfin ! Une heure plus tard l’affaire est pliée. Ce que je n’avais pas pris en compte c’est que Zitouni n’espère pas revoir sa caution après 13 ans de location et laisse donc un appartement en vrac en partant. Il décide de jeter pas mal de chose dont un vieux fauteuil en cuir déchiré. On dépose le fauteuil sur le trottoir et alors qu’on est en train de dire au revoir à nos aides-déménageurs un camion EDF s’arrête à notre niveau, il en sort un type qui porte une veste d’am-

A 18h il est temps de rejoindre Zitouni dans le XIème à Paris pour le reste du week-end. Il m’avait prévenu qu’il déménageait dimanche et je me disait qu’un déménagement pouvait rapide… mais c’était sans compter sur l’organisation légendaire de Zitouni. Arrivée à 20h15 chez lui je mesure l’étendue du travail qu’il reste à faire et commence un peu à m’inquiéter. Mais Zitouni n’a pas l’air très perturbé et propose même d’aller manger à l’Afghanistan, un restaurant qui, comme son nom l’indique sert des plats afghans, et qu’on connait pour y être déjà al-

Direction Beauvais avec le camion plein. La banlieue nord de Paris est plutôt déprimante avec beaucoup de béton, d’immeubles en construction… L’appartement dans lequel il emménage est splendide avec le beaux volumes, des cheminées et du parquet en bois ancien dans toutes les pièces. On se dit qu’après avoir passé la dernière nuit avec lui dans son appartement de Paris, je passe maintenant la première dans celui de Beauvais. Je suis sur tout les les évènements !

ler. Les propriétaires sont partis de Kaboul dans les années 80 et tout le restaurant est décoré avec des tapis et des costumes qu’ils ont ramené de là-bas. La serveuse est très sympa ; comme à chaque fois on est les derniers clients à partir et on passe un bon moment à discuter avec elle de son pays. L’Afghanistan,

c’est un restaurant dans lequel on ne vas pas que manger maison l’on part aussi un peu voyager. 23h30, retour à la casa, toujours en bordel. Zitouni est crevé et va se coucher. Je m’installe sur un matelas au milieu du bordel du salon et ferme les yeux sur toutes les choses qu’on aura à faire demain matin au saut du lit….


portfolio


Je traverse Beauvais au pejour 4 tit matin pour rejoindre la gare qui me mènera vers Paris. Les rues sont désertes et je croise une femme à barbe (oui, oui, une vraie) avec le cheveux gras et une robe rose flou qui veut savoir où elle peut trouver du lait. Je lui répond gentiment que je ne suis pas d’ici et que je n’en sais rien. Elle me demande alors d’où je viens et pressée par le train je lui réponds que je n’ai pas le temps de papoter. Et alors que je continue mon chemin elle se met à hurler «Etrangère ! Etrangère !». Bienvenue à Beauvais. Transit à Paris-Nord. Citoyenne européenne je pensais que prendre l’Eurostar consistait à poser mes fesses dans un train et attendre qu’il passe la frontière en roupillant. Que nanti. Il y a un enregistrement à faire, comme à l’aéroport, on vérifie vos passeports à la police française et 20 m plus loin rebelotte à la police anglaise, comme si on avait déplacé la frontière anglaise sur le quai n°6 de la gare du Nord et on passe vos bagages et sacs à mains au scanner, avec fouille au corps si nécessaire. Je me plie à toutes ces formalités en repensant

à mon dernier voyage en train dans les Balkans, où, quand j’avais passé la frontière bosniaque depuis la Croatie, le policier avait regardé mon sac en me demandant s’il ne contenait rien d’interdit (ce à quoi j’avais simplement répondu non) et il avait limité son contrôle à un coup d’œil rapide sur mon passeport. Là, c’est autre chose ! Après deux heures de voyage (en l’occurrence de sieste pour moi) me voilà à Londres.

chise comme «H&M» et autres. Les magasins sont immenses (et plein) et chacun rivalise de bon goût et d’imagination pour avoir la plus belle vitrine à présenter. Je m’éloigne un peu des artères trop commerçantes pour m’engouffrer dans le quartier de Soho, qui, de ce que j’en ai vu est rempli de sex-shop, de librairie érotique, de salon de massage et autres lieux de plaisir. Je continue ma route et arrive à Chinatown. Le quartier est délimité par des portes de style «chinoise» avec de grands dragons peints dessus et il y a même des barrières pour marquer l’entrée dans la zone. Une fois à l’intérieur c’est hallucinant : tout est écrit en chinois, il y a des épiceries qui vendent des choses que je n’ai jamais vu (et qui a priori se mangent) et il n’y a que des restaurants asiatiques et des coiffeurs asiatiques partout. Je repars en direction de Brixton où je fais quelques courses avant de rentrer à l’auberge.

Je décide d’aller directement à l’auberge poser mon sac avant de continuer ma visite. Le métro est bondé, c’est impressionnant. L’auberge se trouve à 10 min à pied du terminus «Brixton». Je la trouve sans problème, et comme par hasard l’auberge se trouve être juste au-dessus d’un pub ! J’arrive un peu tôt et le réceptionniste me fait passer par un chemin inhabituel, à savoir derrière le comptoir. Je me sens tout de suite à ma place et propose mes services si l’un de leur barman ne vient pas ce soir. Ca le fait marrer… le pire c’est que Une fois arrivée dans mon «hôtel-bar» je fais la connaissance je suis sérieuse. d’Alfredo et Daniele qui partagent Sac posé, je repars vers le centre- ma chambre. Alfredo a plus de 70 ville. Pour cette première journée ans et il est veuf, il vient d’Ancoje visite Picadilly qui est une des na au sud de Venise. Après avoir principales rues marchandes de échangé quelques phrases le vieil la ville avec beaucoup de fran- italien me traite de «gypse girl», je

lui dit qu’il n’est pas le premier à m’appeler comme ça et il n’est pas étonné. Cette étiquette de gitane me plaît bien et je prends sa remarque comme un compliment. Je lui demande alors ce qu’il fait à Londres et sa réponse me laisse perplexe lorsqu’il me dit «Je fuis mes enfants». Il m’explique alors qu’il a trois garçons de 38, 42 et 44 ans et qu’ils vivent tous chez lui. Depuis la mort de son épouse c’est donc quatre italiens célibataires qui partagent le même foyer et il n’en peut plus, il est donc parti passer quelques jours à Londres où il a travaillé quand il était jeune et où il a gardé des contacts. On passe un long moment à discuter ensemble, il est sympa et je me suis toujours bien entendu avec les vieux ! Quant à Daniele, plus jeune (je dirais à peu près mon âge) il est batteur professionnel et il venu à Londres pour trouver du boulot. Il m’explique que en Italie le statut de musicien n’est pas considéré et qu’il veut donc tenter sa chance en Angleterre. Espérons qu’il y arrive. La journée à été très longue depuis mon départ de Beauvais et la femme à barbe de ce matin et j’ai mal à la tête. 22h, je me couche et m’endors illico.


Dernier jour à Londres et c’est jour 6 la pluie qui me réveille. Je veux profiter de ma dernière journée ici et je pars directement en ville un parapluie en poche. Finalement la pluie s’arrête mais elle est remplacée par le vent et le froid. Qu’à cela ne tienne, une écharpe et des gants, et c’est parti. Je commence ma visite du jour par Buckingham Palace. Je me dit que si je repars de Londres sans avoir vu le palais de la reine on va me prendre pour une extra-terrestre. Je traverse green par pour arriver sur le parvis du palais, que je trouve bien quelconque. Je m’amuse à photographier les badauds qui ont sortis leur i-phone pour immortaliser la relève de la garde. Les policiers font évacuer tout le monde, je ne sais pas trop ce qu’il se passe mais je me barre. Comme à mon habitude je choisi une station de métro au hasard et pars pour Barbican. Cette façon de voyager permet parfois d’avoir de bonne surprise… et parfois pas ! Ceci dit, j’aurai dû me méfier : j’étais la seule personne sur toute la rame de métro à descendre à cet arrêt.

des boutiques dédiés aux pin-up. Je ronge mon frein pour ne rien acheter, mais le budget est serré et j’arrive à me résonner. J’arrive dans un vieux marché couvert tout en bois. Il y a un secteur complet consacré à la cuisine, on trouve de tout là-aussi : chinois, italien, libanais, irlandais… Les boutiques sont nombreuses et assez petites et les ruelles pour y accéder sont très étroites et remplie de monde. C’est bizarre mais ça me rappelle un peu les médinas marocaines. Je sors du marché, deux jeunes filles m’accostent pour me prendre en photo. Elles font des études dans une école de mode et ont apparemment un travail à faire sur le terrain sur les styles qu’on croise à Londres. J’ai vu peu de «gypsie» dans le quartier et ma robe de gitane doit leur plaire pour leur travaux. Elles sont marrantes, elle repartent donc avec des photos de Je file ensuite en direction de moi dans l’appareil. Camden. Je n’ai pas de plan de et je mets un moment avant de Je n’ai pas de programme et pas trouver l’endroit, mais une fois de plan de la ville, je me laisse en sur place impossible de se trom- général tenter par les noms des per, c’est bien là que ça se passe. stations de métro que je vois pour Toutes les façades sont décorées décider de mes destinations. Cette de façon plus ou moins kitch avec fois ce sera «la City». Ca me fait pendes couleurs hyper flashy. Il y a des ser à un quartier d’affaire très mosalons de tatouage et de piercing derne. Ma sortie du métro est pour tout les 20 mètres, des boutiques le moins surprenante. Je passe de de fringues gothique ou vinage et Camden, rempli de monde et de La première nuit à l’auberge a été jour 5 bonne et je me réveille avec le soleil. Je profite du beau temps pour aller explorer la ville et me voilà partie pour une longue journée dans la ville. Je commence mon périple par le quartier dans lequel je loge «Brixton». Le côté résidentiel me rappelle beaucoup l’endroit où j’habitais à Dublin : des petites maisons aux briques rouges et aux portes en forme de petit porche. Elles sont toutes identiques et devant la plupart des entrées on trouve un petit carré de jardin, plus ou moins bien entretenus. Je pars sur le marché de Brixton, véritable quartier africain avec cuisine africaine et musique à fond qui sort de vieux blockbuster porté par des types aux longues rasta. Génial !

Barbican. Sortie du métro, ciel gris, vent glacial, barres d’immeubles grises (voire noires) et travaux gigantesques avec grue et béton. Un décor à la Georges Orwell. Je ne me laisse pas décourager et pars faire un tour du quartier pour vérifier que ma première impression est la bonne… et c’est bien le cas ! Une demie-heure de marche au milieu des blocs de béton et je repars quand même avec quelques clichés dans la boîte.

couleur à la City, totalement désert. Il y a de grands immeubles modernes qui doivent abriter des bureaux mais à cette heure-ci tout est vide. Il n’est pourtant que 15h. On ne trouve même pas de café ou de boutique ouverte. J’en profite pour faire quelques photos qui viendront alimenter ma série des «places vides». Pour une fois je n’ai pas besoin de me lever à 4h du matin pour trouver un lieu désert. J’ai réservé un hôtel pour mon arrivée à Paris et je dois aller sur Je saute dans le premier bus que je Internet pour noter l’adresse. Je vois passer et là encore je m’amuse m’aperçois alors qu’il est très comà me laisser porter. C’est dans le pliqué de trouver un cybercafé quartier de Marylebone que j’arrive dans une ville comme Londres, et finalement. Ca semble être un quar- pour cause, tout le monde a son tier résidentiel assez bourgeois avec i-phone, i-pad, i-book avec soi et pas mal de boutiques et donc de la wifi est disponible partout. Le passants. Alfredo m’avait dit que non nombre de taxiphone est devenu loin d’ici se trouvait un quartier qu’ils un indicateur de richesse dans les appelaient «Little Venise» avec des grandes villes. Là où les gens n’ont canaux et des péniches mais il fait pas les moyens de s’acheter des inuit et il se fait tard, je suis encore à phone il y a des cyber-cafés. une heure de Brixton et je rentre à l’auberge où je retrouve Daniele qui L’heure tourne, et je dois retourrevient de sa journée de prospec- ner à l’auberge chercher mon sac tion en ville. Il a rencontré un italien et dire aurevoir au propriétaire de qui travaille dans un restaurant et il l’auberge avec qui j’ai sympathisé. espère que son compatriote l’aidera Je file à la gare. Il me reste quelques à trouver quelque chose. livres anglaises dont je voudrais me débarrasser avant de rentrer La journée a été bien remplie et je en France et je cherche un sansme couche après avoir noté dans logis à qui donner mon argent. mon petit carnet les dernières C’est là que je me rends compte nouvelles du jour. que les alentours de la gare


(et même le reste de la ville) est vide SDF ou de mendiants. C’est un sacré contraste avec Paris ou Marseille. Je me demande où sont les miséreux dans cette ville, car il doit bien en avoir et je me dit qu’ils doivent être relégués aux pourtours de la ville dans des zones qui ne sont ni touristiques, ni résidentielles. Finalement, je trouve ça plutôt flippant. Je croise un type à l’air hagard qui semble être dans le besoin. C’est lui qui récupère ma monnais «thank you love», et c’est parti. Après avoir passé les contrôles de sécurité me voilà posée dans le train et arrivée à 22h30 à Paris. L’hôtel que j’ai réservé est censé être à 10 min à pied de la gare mais voilà plus qu’un quart d’heure que je suis au téléphone avec mon mec pour lui raconter mes aventures et je ne trouve pas l’hôtel. Finalement m’y voilà ! Il s’agissait de 10 min marseillaises, qui en fait correspondent à plus du double. Arrivée dans la chambre je trouve des bonbons en forme de dents de vampire pour Halloween. Trop bien ! J’avais l’estomac vide. Je me nourris donc de dents de Dracula et autres araignées en gélatine de porc… et je me couche. éclate, je me réfugie alors dans une cabine téléphonique d’où je suis aux premières loges pour faire des photos du déluge. Ca ne dure pas longtemps mais rapidement les rues sont blanchies par les grêlons. Sortie de mon refuge j’arrive au Sacré-Cœur. Place du Tertre, je m’arrête dans sur un coin de rue pour regarder passer les gens comme j’aime le faire. Il arrive avec son carton à dessin sous le bras et je lui dit tout de suite que je ne veux pas de portrait. Les dessinateurs traquent le touriste ici. Il me dit qu’il ne vient pas me demander un portrait mais qu’il veut juste me dire qu’il me trouve belle. Je le remercie pour le compliment Je remonte vers le Sacré-Cœur et lui demande d’où il vient car il quand un gros orage de grêle a un accent étranger que je n’arJe me suis pas mal déplajour 7 cée en métro à Londres et je décide de marcher à Paris. Je regarde sur le plan et me fais un parcours autour de la gare du nord. Place de la République, boulevard Magenta, boulevard Barbès, la Goutte d’Or (les beaux quartiers quoi!). Les mecs font griller du maïs sur des boites de conserves dans lesquelles ils stockent les braises, ils installent le tout dans des vieux chariots et se balladent sur le boulevard en proposant leur maïs. C’est vraiment le bordel. J’adore !

rive pas à reconnaitre. Il me dit alors qu’il est Yougoslave, du Monténégro. Des images des Balkans me reviennent en tête et nous convenons d’un rendez-vous pour un café plus tard dans la journée quand il aura fait quelques portraits. Je vais manger dans un petit resto sympa et le retrouve après mon déjeuner pour le café. Il s’appelle Igor, il est artiste et il m’explique qu’avec ce qu’il gagne ici en un mois il peut repartir passer trois ou quatre mois au Monténégro. On parle de son pays, de la vie à Paris et du rapport qu’ont les gens entre eux, de la méfiance et de la distance. On passe un agréable moment et il me présente à ses potes

artistes de rue qui passent devant notre terrasse en attendant le client. L’heure tourne, on se quitte avec l’accolade macédonienne de rigueur. Je rejoins Fabrice au métro Dumesnil et nous voilà parti pour le Val de Fontenay dans le 94. Des immeubles de tailles moyennes et beaucoup de verdure. On est dans la cité mais l’environnement reste agréable. Fang, la femme de Fabrice, chinoise, a préparé un repas chinois pour mon arrivée : ravioli à la viande et légumes cuisinés à l’asiatique avec des sauces sucrésalé et des épices. Un délice. Demain Fabrice bosse, on se couche à minuit après avoir bien papoté autour d’un thé un jasmin.


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