Croire Dieu sur parole • Kevin DeYoung

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— David Platt, auteur de Suis-moi

Croire DIEU sur PAROLE

K E VI N De YOU N G

Grâce à la lecture de ce livre, j’ai plus confiance en la parole de Dieu, je suis plus profondément soumis à la parole de Dieu et j’ai encore plus d’affection pour la parole de Dieu.

La parole de Dieu est-elle vraiment la vérité ? Quelle est son utilité pour nos vies ? Sommes-nous réellement capables de la comprendre ? Kevin DeYoung a une bonne nouvelle pour vous : la Bible a le pouvoir de changer votre vie. L’auteur démontre son infaillibilité, la nécessité de s’en imprégner, de la connaître, l’aimer et la mettre en pratique au quotidien. Ce livre, accessible à tous, ravivera votre désir de mieux connaître Dieu à travers sa parole. Alors, débarrassez-vous de tout préjugé et régalez-vous de la vérité ! Kevin DeYoung est pasteur. Il a écrit plusieurs livres dont Vie de fou, La faille dans notre sainteté, La plus grande histoire et Quelle est la mission de l’Église ?. Il est marié avec Trisha et ils ont six enfants.

13,90€ ISBN 978-2-36249-339-3 Publié au Canada par

9 782362 493393

Croire DIEU sur PAROLE

POURQUOI LA BIBLE EST CLAIRE , NÉCESSAIRE ET SUFFISANTE, ET CE QUE CELA VEUT DIRE POUR VOUS ET MOI

Cr oir e POURQUOI LA BIBLE EST CLAIRE,

DIEU NÉCESSAIRE ET SUFFISANTE, ET CE QUE

s ur CELA VEUT DIRE POUR VOUS ET MOI

P AR O LE KEVIN DeYOUNG



« Grâce à la lecture de ce livre, j’ai plus confiance en la parole de Dieu, je suis plus profondément soumis à la parole de Dieu et j’ai encore plus d’affection pour la parole de Dieu. Pour toutes ces raisons, je ne peux que recommander vivement ce livre. » David Platt Auteur de Suis-moi Président de l’IMB (International Mission Board)

« Chaque génération produit son lot de contestataires devant l’autorité absolue de la Bible. En cela rien ne change si ce n’est qu’aujourd’hui l’illettrisme biblique ne touche pas uniquement la société en générale mais caractérise tout un pan de l’Église, ce qui la rend d’autant plus vulnérable devant les attaques sournoises sur son document fondateur ! Pour compliquer le tableau, certaines de ces attaques proviennent de ceux qui se définissent comme évangéliques… Dans ce remarquable ouvrage, Kevin DeYoung rappelle avec vigueur la toute suffisance de l’Écriture pour la vie du croyant. Ce livre accessible, sans explications techniques excessives, doit être une lecture obligatoire pour toute personne désirant devenir membre et acteur dans son Église. » Mike Evans Directeur Évangile 21

« Ce petit livre est une introduction des plus accessibles à l’enseignement de l’Écriture à propos d’elle-même. Il communique tous les aspects d’une doctrine responsable et informée de l’Écriture sans pour autant s’enliser dans des détails obscurs. Je vous recommande d’acheter toute une pile de ce livre et d’en distribuer des exemplaires aux anciens, aux diacres, aux moniteurs d’école du dimanche et à tout chrétien désireux de comprendre un peu mieux ce qu’est la Bible. La mauvaise doctrine découle en partie de l’ignorance. Bienheureux les enseignants et les prédicateurs de l’Église qui, à l’instar de l’auteur de ce livre, combattent l’ignorance en transmettant une théologie empreinte de maturité dans un style limpide qui protège de l’indigestion théologique. » Don Carson Professeur-chercheur spécialisé dans le Nouveau Testament à « Trinity evangelical divinity school »


« Une de mes prières pour mes vingt prochaines années de ministère (si le Seigneur juge bon de me les accorder) est que nous assistions à une augmentation exponentielle du degré de connaissance de la Bible. Pour que cela puisse arriver, nous devons apprendre ce que sont les Écritures et à quel point nous pouvons nous appuyer sur elles. Kevin DeYoung y contribue parfaitement dans cet ouvrage. Puissent la connaissance et l’amour du Dieu de la Parole grandir encore grâce à ce petit livre. » Matt Chandler Pasteur de « The Village church » Président du réseau d’implantation d’Églises Acts 29

« Il s’agit là d’une étude brillante, à la fois concise et approfondie, de l’autorité et de la suffisance de l’Écriture, basée sur ce que l’Écriture déclare à propos d’elle-même. La clarté et la passion caractérisent l’écriture de Kevin DeYoung, et c’est peut-être à ce jour son ouvrage le plus réussi et le plus important. » John MacArthur Pasteur de « Grace community church »

« Si vous cherchiez une doctrine de l’Écriture formulée avec clarté et simplicité, vous l’avez trouvée. Kevin DeYoung est parvenu à son objectif, qui était de communiquer ce que la Bible dit à propos d’elle-même. Il l’a fait avec les qualités que nous attendions de lui : efficacité, bienveillance pastorale, intelligence et rigueur. Mais il a d’abord et surtout laissé la Parole parler d’elle-même. » Kathleen Nielson Directrice de Women’s initiatives, The Gospel coalition


CR O I R E D I E U S U R PA R OLE



C roi re P O U R Q U O I L A B I B L E E S T C LAI R E,

DIEU N É C E S S A I R E E T S U F F I S A N T E , E T C E QUE

su r C E L A V E U T D I R E P O U R V O U S ET MOI

PA R O L E KEVIN DeYOUNG


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Taking God at his Word : Why the Bible is knowable, necessary, and enough, and what that means for you and me • Kevin DeYoung © 2014 • Kevin DeYoung Publié par Crossway, un ministère de Good News Publishers 1300 Crescent Street • Wheaton, IL 60187 • USA Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Croire Dieu sur parole : Pourquoi la Bible est claire, nécessaire et suffisante, et ce que cela veut dire pour vous et moi • Kevin DeYoung © 2016 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Publié au Canada par Éditions Cruciforme • www.editionscruciforme.org Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : Alain Bouffartigues Couverture et mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Une coédition BLF Éditions et Évangile 21 ISBN 978–2–36249–339–3 broché ISBN 978–2–36249–340–9 numérique

e Dépôt légal 2 trimestre 2016 Index Dewey (CDD) : 220.13 Mots-clés : 1. Bible. Introduction. 2. Inspiration. Inerrance.


Aux saints qui sont à East Lansing, qui ont écouté mes sermons pendant une bonne décennie et qui ont toujours cru Dieu sur parole.



TABLE DES MATIÈRES Chapitre un

Croire, ressentir, agir...................................................... 11 Chapitre deux

D'autant plus certaine.................................................... 29 Chapitre trois

La parole de Dieu est suffisante.................................. 45 Chapitre quatre

La parole de Dieu est claire.......................................... 59 Chapitre cinq

La parole de Dieu est définitive................................... 75 Chapitre six

La parole de Dieu est nécessaire................................ 89 Chapitre sept

La Bible du Christ ne peut être annulée.................... 99 Chapitre huit

Rester fidèle aux Écritures..........................................115 Bibliographie...................................................................131 Index général..................................................................137 Index des références bibliques..................................145


J’obéis à tes ordonnances, car je les aime infiniment.

Psaume 119 : 167 (Semeur)


Chapitre un

CROIRE, RESSENTIR, AGIR Ce livre commence par un poème d’amour. Voilà qui est plutôt surprenant, non ? Mais n’ayez crainte! Ce poème n’est pas de moi. Ni de mon épouse. Je ne l’ai pas trouvé sur une carte et il n’est pas tiré d’un film ou du dernier slow langoureux. Ce poème n’est ni nouveau ni court. Mais il s’agit incontestablement d’un poème d’amour. Vous l’avez peut-être déjà lu. Il se peut même que vous l’ayez chanté. Il s’agit du plus long chapitre du livre le plus long de la moitié la plus longue d’un très long recueil de livres. Sur 1 189 chapitres répartis sur 66 livres écrits sur une durée de deux mille ans, le psaume 119 est le plus long1. Et pour cause ! Ce psaume est un acrostiche. Chaque strophe est composée de huit versets, et pour chacune d’elles les huit versets commencent 1 Le psaume 119 est le plus long chapitre de la Bible, quelle que soit la définition retenue (même en tenant compte des chapitres, dont il ne faut pas oublier qu’ils ne constituent pas des subdivisions inspirées). Pour ce qui est de déterminer le livre le plus long de la Bible, c’est un peu plus délicat. Les Psaumes sont effectivement le livre le plus long si on compte les chapitres ou les versets. C’est également celui qui occupe le plus de pages dans nos Bibles. Mais dans la mesure où les chapitres, les versets et les numéros de pages ne font pas partie intégrante des manuscrits originaux, les théologiens ont suggéré d’autres façons de déterminer la longueur des différents livres. En fonction du mode de calcul retenu, Jérémie, Genèse et Ézéchiel peuvent être considérés comme étant plus longs que les Psaumes.

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Croi re DIE U sur PA R O LE tous par la même lettre de l’alphabet hébreu. Ainsi, les versets 1 à 8 commencent tous par aleph, les versets 9 à 16 par beth, les versets 17 à 24 par gimel, et ainsi de suite pour chacune des 22 strophes et des 176 versets – qui tous expriment passionnément leur amour de la parole de Dieu. Dans 169 de ces versets, le psalmiste fait référence à la parole de Dieu. Loi, instructions, décrets, prescriptions, commandements, sentences, promesses, parole : ce vocabulaire est présent quasiment à chaque verset, et souvent même plusieurs fois. Ces termes ont des nuances différentes (p. ex., ce que Dieu désire, ce que Dieu décide, ce qu’il exige ou ce qu’il a déclaré), mais ils tournent tous autour de la même grande idée : ce que Dieu révèle ou a révélé à travers ses paroles. Il est tout à fait significatif que ce plus long poème de la Bible, ce poème d’amour élaboré, finement composé et tournant autour d’un seul et même thème, soit consacré, non pas à un être cher, à un mets ou une boisson succulents, à la beauté du crépuscule, des montagnes, des fleuves ou des océans, mais à la Bible elle-même.

LA PASSION DU POÈTE J’imagine que nous sommes nombreux à nous être essayés à la poésie dans notre jeunesse. Vous savez, bien des années avant d’avoir des enfants, avant même de vous fiancer ou, pour les plus jeunes, il y a plus d’un an. J’ai personnellement composé quelques poèmes dans mon jeune âge, et même si vous et moi étions les meilleurs amis du monde, je ne vous les montrerais pas. Je ne suis nullement gêné par leur thème (je les ai composés pour et au sujet de ma charmante fiancée), mais je doute pouvoir me vanter de la forme. Pour la plupart d’entre nous, écrire un poème d’amour s’apparente à confectionner des biscuits avec du germe de blé : c’est censé être plus authentique, mais au niveau du goût ça laisse quand même à désirer. Certains poèmes d’amour sont remarquables, à l’image du sonnet 116 de Shakespeare : 12


C roire , ressentir , agir

N’apportons pas d’entraves au mariage de nos âmes loyales. […] L’amour est un fanal permanent qui regarde les tempêtes sans être ébranlé par elles Ce n’est pas de l’amour que l’amour qui change quand il voit un changement

Magnifique. Brillant. Prodigieux. D’autres le sont moins. Comme ce poème que j’ai trouvé sur internet, écrit par un homme qui prend plaisir à ressusciter son génie romantique d’adolescent : Regarde ! Il y a une vache toute seule Hé ! La vache ! Si j’étais une vache, ce serait moi Si l’amour était l’océan, je suis le Titanic. Chérie, je me suis brûlé la main dans la poêle de notre amour Mais ça fait quand même moins mal Que le bubble-gum qui nous unit Et sur lequel tu as marché

Les mots nous manquent, n’est-ce pas ? Autant pour commenter ce poème que ceux qui ont manqué à son auteur pour l’écrire ! Il n’empêche que ce petit bijou de prose aux accents bucoliques et culinaires renferme davantage de subtilité et de symbolisme que le spécimen suivant, intitulé Bourse d’amour : Avec toi, chérie, J’me brosse les dents J’me coiffe les cheveux J’me mets du déo Je t’appelle Tu es vraiment trop cool

Je suppose que ce poème transcrit sans doute un moment de véritable sacrifice pour notre héros juvénile. Mais quel que soit le sérieux de l’intention, la médiocrité de cette poésie nous saute brutalement aux yeux. La plupart des poèmes que nous avons écrits alors que nous étions jeunes et amoureux nous paraissent rétrospectivement… comment dire ?... un peu maladroits. Cela est dû notamment au fait que peu d’adolescents sont naturellement 13


Croi re DIE U sur PA R O LE de bons poètes. C’est à peu près aussi fréquent que les chats sont dépendants de leur maître. Mais si nous avons parfois du mal à relire nos vieux poèmes d’amour, c’est aussi parce que la passion exubérante et les éloges exagérés nous mettent mal à l’aise. Nous nous disons : Mais c’est horrible ! On dirait un gamin de dix-neuf ans transi d’amour. Je n’arrive pas à croire que j’étais aussi excessif. Non mais, c’est d’un mélo ! » Il peut être embarrassant de se retrouver face à son enthousiasme sans bornes et son affection effrénée d’antan, surtout si la relation en question n’a jamais marché ou si l’amour s’est refroidi depuis. D’ailleurs, je me demande si nous n’éprouvons pas le même genre de gêne en lisant un poème comme le psaume 119. Quand même, regardez ce qui est dit aux versets 129 à 136, par exemple : Tes instructions sont admirables, c’est pourquoi je les garde. La révélation de tes paroles éclaire, elle donne de l’intelligence à ceux qui manquent d’expérience. J’ouvre la bouche et je soupire, car j’ai soif de tes commandements. Tourne-toi vers moi et fais-moi grâce comme tu le fais pour ceux qui aiment ton nom ! Affermis mes pas dans ta parole et ne laisse aucun mal dominer sur moi ! Libère-moi de l’oppression des hommes afin que je garde tes décrets ! Fais briller ton visage sur ton serviteur et enseigne-moi tes prescriptions ! Mes yeux versent des torrents de larmes parce qu’on ne respecte pas ta loi.

Voilà qui est plutôt chargé en émotions : « je soupire, j’ai soif, je verse des torrents de larmes, etc. ». Soyons honnêtes : on dirait de la poésie amoureuse de lycéen survitaminé. Ces vers sont pleins de passion et de sincérité, mais quand même légèrement irréalistes et un peu trop emphatiques par rapport à la vraie vie. Qui éprouve réellement de tels sentiments à propos de commandements et de prescriptions ? 14


C roire , ressentir , agir

COMMENÇONS PAR LA CONCLUSION Il me semble qu’il y a trois façons différentes de réagir face à cette ode à la parole de Dieu particulièrement longue et redondante que constitue le psaume 119. 1. La première réaction consiste à dire : « Ouais, c’est ça ».C’est l’attitude du sceptique, du moqueur ou du cynique. Vous vous dites : « C’est beau de voir qu’autrefois, les gens avaient un tel respect pour les lois et les paroles de Dieu, mais il ne faut quand même pas les prendre trop au sérieux. On sait bien que les hommes font souvent dire à Dieu ce qui les arrange. On sait aussi que les paroles soi-disant “divines” sont mêlées à des pensées, des interprétations et des écrits humains. Telle que nous l’avons, la Bible est une source d’inspiration par endroits, mais elle est aussi parfois archaïque et indéchiffrable, et de nombreux passages sont même carrément erronés ». 2. La deuxième réaction est la suivante : « Oui, mais bon ». Cela ne vous pose pas vraiment de problème d’honorer la parole de Dieu ou de croire ce que dit la Bible. En théorie, vous avez une haute opinion de l’Écriture. Mais, en pratique, vous la trouvez fastidieuse et généralement sans pertinence. Vous vous dites, sans toutefois jamais l’exprimer tout haut : « Le psaume 119 est trop long ; il est barbant à lire. C’est la pire journée de mon plan de lecture quotidienne de la Bible. Il répète la même chose sur des pages et des pages ! Je préfère de loin le psaume 23 ». 3. Il existe une troisième réaction possible : « Ah oui ! Tout à fait ! Absolument ! » C’est ce que vous vous écriez quand tout ce que dit le psaume 119 sonne juste dans votre tête et trouve un écho dans votre cœur, quand il vous semble que le psalmiste traduit à merveille votre amour, vos sentiments et vos actes (ou du moins ce que vous aime15


Croi re DIE U sur PA R O LE riez qu’ils soient). C’est la réaction que vous avez quand vous vous dites : « J’aime vraiment ce psaume parce qu’il exprime le chant de mon âme ». Le but de ce livre est de nous amener à adhérer pleinement, sincèrement et systématiquement à cette troisième attitude. Mon désir est que tout ce que renferme le psaume119 puisse exprimer fidèlement tout ce que nous avons dans la tête et dans le cœur. En réalité, je commence ce livre par la conclusion. Le psaume119 est le but. Mon propos est de vous convaincre que la Bible ne contient pas d’erreurs, qu’elle peut être comprise, qu’on ne peut pas l’invalider et qu’elle est la parole la plus importante dans votre vie et le livre le plus pertinent que vous puissiez lire chaque jour. C’est seulement lorsqu’on est convaincu de tout cela qu’on peut s’écrier de tout son cœur « Ah oui ! Tout à fait ! Absolument ! » chaque fois qu’on lit le chapitre le plus long de la Bible. Il faut considérer ce chapitre comme une mise en pratique et les sept suivants comme les pièces nécessaires à une pleine adhésion au psaume 119. Ou bien, pour employer une métaphore plus parlante, vous pouvez considérer les chapitres 2 à 8 comme sept fioles différentes versées dans un chaudron bouillonnant et ce chapitre-ci comme le résultat de leur action catalytique. Le psaume119 montre ce qu’il convient de croire au sujet de la parole de Dieu, ce qu’il convient de ressentir à propos de la parole de Dieu, et comment il convient d’agir à l’égard de la parole de Dieu. Voilà la mise en pratique. Il s’agit de la réaction chimique qui se produit en nous, enfants de Dieu, quand nous mélangeons dans notre tête et notre cœur la pleine suffisance de l’Écriture, l’autorité de l’Écriture, la clarté de l’Écriture, et tout ce que nous verrons encore au cours des sept chapitres qui suivent. Le psaume 119 est une explosion de louange produite par une doctrine orthodoxe et évangélique de l’Écriture. C’est seulement lorsque nous adhérerons de tout notre cœur à tout ce que la Bible déclare à propos d’elle-même que nous croirons, ressentirons et agirons comme il convient vis-à-vis de la parole de Dieu.

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QUE CROIRE AU SUJET DE LA PAROLE DE DIEU ? Le psaume 119 met en évidence au moins trois propriétés essentielles et irréductibles qu’il convient de croire au sujet de la parole de Dieu. 1. La parole de Dieu dit la vérité. À l’instar du psalmiste, nous pouvons faire confiance à la Parole (v. 42), sachant qu’elle est la vérité (v. 142). Nous ne pouvons pas faire confiance à tout ce que nous lisons sur l’internet ni à tout ce que nous disent nos professeurs. Nous ne pouvons certainement pas faire confiance à toutes les informations que nous donnent nos politiques. Nous ne pouvons même pas faire confiance à ceux qui sont censés vérifier leurs dires, et notamment les faits ! On peut manipuler les statistiques. On peut truquer une photo. On peut retoucher une couverture de magazine. Nos enseignants, nos amis, notre science, nos études et même nos yeux peuvent nous tromper. Mais la parole de Dieu est entièrement et toujours vraie : • La parole de Dieu est pour toujours établie dans le ciel (v. 89) ; elle ne change pas. • Il n’y a pas de limite à sa perfection (v. 96) ; elle ne renferme rien de corrompu. • Toutes les justes sentences de Dieu sont éternelles (v. 160) ; elles ne sont jamais démodées ni dépassées. • Avez-vous parfois besoin de savoir ce qui est vrai ? Ce qui est vrai à votre sujet ? À propos des gens ? Du monde ? De l’avenir ou du passé ? De la façon de bien vivre ? Et même au sujet de Dieu ? Alors, tournez-vous vers la parole de Dieu. Elle enseigne uniquement ce qui est vrai : « Consacre-les par ta vérité ! a dit Jésus. Ta parole est la vérité » (Jean 17 : 17). 17


Croi re DIE U sur PA R O LE 2. La parole de Dieu exige ce qui est juste. Le psalmiste reconnaît volontiers que Dieu a le droit de publier des décrets et il accepte avec humilité que tous ses commandements soient justes. Il déclare : « Je sais, Éternel, que tes sentences sont justes » (Psaume 119 : 75). Les commandements de Dieu sont tous totalement fiables (v. 86). Tous ses décrets sont justes (v. 128). J’entends parfois des chrétiens admettre que ce que dit la Bible ne leur plaît pas vraiment, mais qu’ils sont bien obligés d’obéir puisque c’est la Bible. D’une certaine manière, c’est un magnifique exemple de soumission à la parole de Dieu. Et pourtant, nous devrions aller plus loin et apprendre à discerner le caractère juste et bon de tout ce que Dieu ordonne. Nous devrions aimer ce que Dieu aime et nous délecter de tout ce qu’il dit. Dieu n’établit pas des règles arbitraires. Il ne donne pas des ordres dans le but de nous contraindre et de nous rendre malheureux. Il n’exige jamais ce qui est impur ni ce qui est contraire à l’amour ou à la sagesse. Ses exigences sont toujours nobles, toujours bonnes et toujours justes. 3. Troisièmement, la parole de Dieu procure ce qui est bon. Selon le psaume119, la parole de Dieu est la voie qui mène au bonheur (v. 1-2), qui permet d’éviter la honte (v. 6), qui procure la sécurité (v. 9) et qui donne de bons conseils (v. 24). La parole nous donne la force (v. 28) et l’espérance (v. 43). Elle procure la sagesse (v. 98-100, 130) et nous montre le chemin que nous devrions suivre (v. 105). Dans toute l’histoire de la rédemption, que ce soit dans sa forme parlée ou dans les documents de l’Alliance (c.-à-d. la Bible), la révélation verbale de Dieu est d’une perfection infaillible. En tant que peuple de Dieu, nous croyons que la parole de Dieu est digne de confiance en toutes choses et qu’elle dit la vérité, commande ce qui est juste et nous procure ce qui est bon.

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C roire , ressentir , agir

QUE RESSENTIR AU SUJET DE LA PAROLE DE DIEU ? Les chrétiens en restent trop souvent à ce qu’il convient de croire au sujet de la parole de Dieu. Mais le psaume119 veut nous emmener plus loin. Ce poème d’amour nous oblige à réfléchir à ce que nous ressentons à propos de la parole de Dieu. Nous pouvons constater que le psalmiste éprouve trois types de sentiments à son sujet. 1. Il en fait ses délices. Ses instructions, ses commandements, sa loi, etc., tout cela fait son plaisir (v. 14, 24, 47, 70, 77, 143 et 174). Le psalmiste ne peut s’empêcher d’en parler de manière intensément passionnée. Il trouve les paroles de l’Écriture « plus douces que le miel » (v. 103), ses instructions font la joie de son cœur (v. 111) et elles sont admirables (v. 129) : « J’obéis à tes ordonnances, car je les aime infiniment » (v. 167 – Semeur). • Certains objectent toutefois : « Je n’aimerai jamais la parole de Dieu de cette manière. Je ne suis pas un intellectuel. Je ne passe pas mes journées à écouter des prédicateurs. Je ne lis pas tout le temps. Je ne suis pas du genre à me délecter de mots écrits ». Cela peut être vrai d’une manière générale, mais je parie que vous savez tout à fait éprouver des émotions très fortes à la lecture de certains mots. Nous sommes tous très attentifs quand les mots que nous entendons ou lisons concernent quelque chose qui peut rapporter beaucoup, comme dans le cas d’un testament ou d’une lettre d’admission. Nous sommes tout à fait capables de lire consciencieusement un texte qui nous avertit d’un grand danger, comme des consignes sur une armoire électrique. Nous éprouvons un vrai plaisir à lire des histoires qui parlent de nous et de ceux que nous aimons. Nous aimons lire des choses sur la grandeur, la beauté et la puissance. Vous n’aviez pas remarqué ? Je viens de décrire… la Bible. Ce livre peut, en effet, rapporter 19


Croi re DIE U sur PA R O LE beaucoup, et il contient de sérieux avertissements. C’est aussi un livre qui parle de nous et de ceux que nous aimons. Et surtout, c’est un livre qui nous place face à face avec celui auquel appartiennent toute la grandeur, la beauté et la puissance. Certes, la Bible peut paraître rébarbative par moments, mais considérée dans son ensemble, c’est l’histoire la plus extraordinaire jamais racontée. Et ceux qui la connaissent le mieux sont en général ceux qui en font le plus leurs délices. • D’un bout à l’autre, le psalmiste ne cesse de déclarer le grand amour qu’il éprouve pour les commandements et les instructions (v. 48, 97, 119, 127, 140). L’envers de cet amour est la colère qu’il ressent lorsque quelqu’un ne prend pas plaisir à la parole de Dieu. Une colère ardente s’empare de lui à cause des méchants qui abandonnent la loi de Dieu (v. 53). Un zèle le consume quand il voit ses adversaires oublier les paroles de Dieu (v. 139). Il regarde avec dégoût ceux qui abandonnent la foi et n’obéissent pas à sa parole (v. 158). Son vocabulaire vous semble extrêmement sévère ? Cela montre une chose : le peu de valeur que nous attribuons à la parole de Dieu. Que ressentez-vous quand quelqu’un est indifférent à la beauté que vous voyez chez votre conjoint ? Ou lorsque les gens ne comprennent pas ce qui rend votre enfant handicapé si précieux ? C’est à juste titre que nous nous indignons tous quand quelqu’un a une piètre opinion de ce qui a beaucoup de valeur pour nous. Le plaisir intense éprouvé par rapport à quelqu’un ou quelque chose provoque naturellement un dégoût tout aussi intense quand d’autres y sont indifférents ou le méprisent. Quiconque prend réellement plaisir à la parole de Dieu ne peut être indifférent à l’absence d’intérêt dont elle peut faire l’objet.

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2. Il la désire. J’ai dénombré au moins six passages où le psalmiste exprime à quel point il désire observer les commandements de Dieu (v. 5, 10, 17, 20, 40, 131). Et j’en ai compté au moins quatorze où il exprime le désir de connaître et de comprendre la parole de Dieu (v. 18, 19, 27, 29, 33, 34, 35, 64, 66, 73, 124, 125, 135, 169). Il existe un principe universel : le désir est le moteur de notre existence. C’est littéralement ce qui nous pousse à nous lever le matin. Le désir est l’objet de nos rêves, de nos prières et de nos pensées quand nous sommes libres de penser. Nous avons pour la plupart de vifs désirs concernant notre vie de couple, nos enfants et petits-enfants, notre activité et notre évolution professionnelles, notre logement, nos vacances, notre soif de revanche, notre reconnaissance, etc. Certains de ces désirs sont positifs, d’autres le sont beaucoup moins. Mais posez-vous la question : au milieu de cette abondance d’aspirations et de passions, quelle est la force de votre désir de connaître, de comprendre et d’obéir à la parole de Dieu ? Le psalmiste était habité d’un tel désir pour la parole de Dieu qu’il voyait en la souffrance une bénédiction dans sa vie dès lors qu’elle l’aidait à devenir plus obéissant envers les commandements de Dieu (v. 67-68, 71). 3. Il s’en remet totalement à elle. Le psalmiste est conscient en permanence d’avoir besoin de la parole de Dieu : « Je m’attache à tes instructions, Éternel, ne me couvre pas de honte ! » (v. 31). Il a désespérément envie des encouragements que renferment la promesse et les sentences de Dieu (v. 50, 52). Il y a bien des choses que nous désirons dans la vie, mais il y en a peu dont nous avons réellement besoin. La parole de Dieu en fait partie. À l’époque d’Amos, le châtiment le plus sévère qui pouvait s’abattre sur le peuple de Dieu était « la famine dans le pays, non pas la faim du pain et la soif de l’eau, mais la faim et la soif d’entendre les paroles de l’Éternel » (Amos 8 : 11). Il n’est pire calamité que le silence de Dieu. Si Dieu ne nous 21


Croi re DIE U sur PA R O LE parle pas, nous ne pouvons ni connaître la vérité, ni nous connaître nous-mêmes, ni connaître les voies de Dieu, ni connaître Dieu lui-même afin d’être sauvés. Tout vrai chrétien devrait se sentir profondément dépendant de la révélation de Dieu telle qu’il l’a voulue dans les Écritures. L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel (Deutéronome 8 : 3 ; Matthieu 4 : 4). Ce que nous croyons et ressentons à propos de la parole de Dieu est absolument crucial, ne serait-ce que parce que cela devrait refléter ce que nous croyons et ressentons au sujet de Jésus. Comme nous le verrons plus loin, Jésus croyait sans la moindre réserve tout ce que contenaient les Écritures. Si nous voulons être ses disciples, faisons de même. Autre point tout aussi important : le Nouveau Testament enseigne que Jésus est la Parole faite chair, ce qui signifie (entre autres) que tous les attributs de la révélation verbale de Dieu (la vérité, la justice, la puissance, la véracité, la sagesse et l’omniscience) se trouvent dans la personne du Christ. Tout ce que le psalmiste croyait et ressentait à propos des paroles prononcées par Dieu est aussi tout ce que nous devrions croire et ressentir à propos de la parole de Dieu incarnée. Le fait de désirer les paroles de l’Écriture, d’en faire ses délices et de s’en remettre totalement à elles va de pair avec le fait de désirer Jésus-Christ, de faire de lui ses délices et de s’en remettre totalement à lui. Les deux doivent toujours progresser ensemble. Les chrétiens les plus mûrs sont tout aussi ravis d’entendre les poèmes d’amour écrits au sujet de la Parole faite chair que ceux qui célèbrent les paroles de Dieu.

COMMENT AGIR À L’ÉGARD DE LA PAROLE DE DIEU ? Le but de ce livre est de nous amener à croire ce qu’il convient au sujet de la Bible, à ressentir ce qu’il convient à propos de la Bible, mais aussi à agir comme il convient vis-à-vis de la Bible. À la lumière de tout ce que nous avons vu précédemment concernant la foi du psalmiste dans la parole et sa passion pour elle, il n’y a 22


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rien d’étonnant à ce que le psaume119 regorge de verbes d’action illustrant toutes les utilisations possibles de la parole sous l’action de l’Esprit. Il est en effet question de : • Célébrer, ou chanter, la parole (v. 172) ; • Déclarer la parole (v. 13, 46) ; • Méditer la parole (v. 15, 48, 97, 148) ; • Mémoriser la parole (v. 11, 93, 141) ; • Obéir à la parole (v. 8, 44, 57, 129, 145, 146, 167, 168) ; • Louer Dieu pour la parole (v. 7, 62, 164, 171) ; et • Prier Dieu d’agir conformément à sa parole (v. 58, 121123, 147, 149-152, 153-160). Ces actions ne remplacent nullement la foi et l’amour que mérite la Parole, mais elles constituent les meilleurs indicateurs de ce que nous croyons et ressentons réellement à propos de celle-ci. Chanter, déclarer, méditer, mémoriser, obéir, louer et prier, voilà comment il convient d’agir vis-à-vis des Écritures quand on est un homme ou une femme de Dieu. Toutefois, ne paniquez pas si vous avez l’impression de ne pas atteindre complètement l’objectif concernant ce qu’il convient de croire et de ressentir, ou la manière dont il convient d’agir vis-à-vis de la parole de Dieu. N’oubliez pas que le psaume119 est un poème d’amour et non une check-list dont il faudrait absolument pouvoir cocher tous les éléments. Si j’ai choisi de commencer par le psaume 119, c’est parce que c’est là que nous voulons arriver. C’est la réaction spirituelle que l’Esprit devrait produire en nous dès lors que nous saisissons parfaitement tout ce que la Bible enseigne à propos d’elle-même. Mon espoir et ma prière est que, d’une modeste façon, le reste de ce livre vous aide à vous écrier vous aussi : « Ah oui ! Tout à fait ! Absolument ! », c’est-à-dire à adhérer de tout votre cœur à ce que le psalmiste croit, à ce qu’il ressent et à la façon dont il agit vis-à-vis de la sainte et précieuse parole de Dieu. 23


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QUELQUES DERNIÈRES PRÉCISIONS Avant d’aborder la suite, il serait peut-être bon que vous sachiez quel type de livre vous tenez entre les mains. Même si j’espère évidemment que cet ouvrage vous motivera à lire la Bible, ce n’est pas un livre sur l’étude personnelle de la Bible ou les principes de l’interprétation biblique. Mon propos n’est pas non plus de tenter une présentation apologétique de l’Écriture, même si j’espère qu’après avoir lu ces huit chapitres vous ferez davantage confiance à la Bible. Il ne s’agit pas d’un livre exhaustif étalant les savoirs philosophique, théologique et méthodologique que vous pouvez trouver dans un gros manuel en plusieurs volumes. Il ne s’agit pas non plus d’un ouvrage académique foisonnant de notes de bas de page. Ce n’est pas non plus un livre « à charge » qui consisterait à dénoncer nommément tout un tas de gens et à passer en revue toutes les erreurs qui ont cours actuellement. Enfin, il ne s’agit pas d’un travail révolutionnaire dans le domaine de la théologie exégétique, biblique, historique ou systématique. Vous vous demandez donc ce que peut bien être ce livre et comment vous vous êtes débrouillé pour choisir un ouvrage aussi pauvre en connaissances. C’est un livre qui expose ce que la Bible dit à propos d’ellemême. Mon but est d’être simple, sobre, direct et explicitement biblique. Je n’ai pas la prétention de vous proposer autre chose qu’une doctrine de l’Écriture tirée de l’Écriture même. J’ai parfaitement conscience que cela soulève des questions de deux ordres : en termes de canon (Comment êtes-vous sûr d’avoir les bons textes de l’Écriture ?) et en termes de raisonnement circulaire (Comment pouvez-vous vous référer à la Bible pour déterminer l’autorité de la Bible ?). Ce sont là des questions tout à fait raisonnables, mais qui ne doivent pas nous empêcher d’avancer. Ces deux questions ont trait à des principes premiers et il est vrai qu’une certaine forme de circularité est inévitable dès lors qu’on essaie de défendre des principes premiers. Comment établir l’autorité suprême d’une autorité suprême en faisant appel à une autorité moins grande ? Certes, la logique est circulaire, mais pas plus que celle de l’athée 24


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qui défend la raison par la raison ou du scientifique qui vante l’autorité de la science sur la base de la science. Cela veut dire, non pas que les chrétiens peuvent professer des opinions irrationnelles ou déraisonnables, mais que notre principe premier n’est ni la rationalité ni la raison. Si nous nous tournons vers la Bible pour en savoir plus sur la Bible, c’est parce que juger la Bible à l’aune de tout autre critère reviendrait à considérer la Bible comme inférieure à ce qu’elle affirme être. Comme l’a écrit J. I. Packer il y a plus de cinquante ans alors qu’il était confronté au même genre de difficultés : « L’Écriture est elle-même la seule compétente pour juger notre doctrine de l’Écriture2 ». Il existe un grand nombre de bons livres plus ou moins accessibles ou techniques qui expliquent et défendent de façon rigoureuse le canon et la fiabilité de l’Écriture. J’en fournis une liste en annexe. Si vous avez des doutes sur la manière dont les livres de la Bible ont démontré par eux-mêmes leur authenticité, ou sur l’exactitude historique de la Bible, ou encore sur les manuscrits originaux, je vous invite vivement à vous pencher vous-même sur ces questions. Le christianisme orthodoxe et ses affirmations n’ont aucune raison d’éviter la réalité des faits et rien à craindre d’un examen approfondi de ces derniers. Ma conviction, qui découle à la fois de mon expérience et de ce qu’enseigne l’Écriture elle-même, est au contraire que le moyen le plus efficace de renforcer notre confiance dans la Bible est de passer du temps à la lire et la méditer. Le Saint-Esprit désire agir à travers la Parole. Dieu promet de bénir la lecture et l’enseignement de sa Parole. Les brebis entendent la voix de leur Maître lorsqu’il leur parle dans sa Parole (Jean 10 : 27). Autrement dit, la parole de Dieu est plus que suffisante pour quiconque veut accomplir l’œuvre de Dieu au sein du peuple de Dieu. Pour comprendre et adhérer pleinement à une doctrine biblique de l’Écriture, il n’existe pas de meilleur moyen que d’ouvrir la cage et de laisser s’échapper l’Écriture. J. I. Packer, « Fundamentalism » and the Word of God, Grand Rapids (USA) : Eerdmans, 1958, p. 76.

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Croi re DIE U sur PA R O LE Si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est que vous avez probablement envie de mieux connaître la Bible. Sans doute que vous possédez certaines connaissances ou que vous avez été conduit ici par quelqu’un qui en possède. Peu importe. Que vous soyez rempli de scepticisme ou au contraire plein de foi, qu’il soit nécessaire de remédier à votre ignorance ou que vous aspiriez à ce que vos connaissances soient affûtées. Quelle que soit votre situation, je suis sûr que sachant désormais quel type de livre vous avez entre les mains, vous serez plus en mesure d’en profiter. Et si ces pages vous apportent effectivement quelque chose, ce sera un grand sujet de joie, non pas parce que j’aurai fait quoi que ce soit de formidable, mais parce qu’entrer personnellement en contact avec le livre le plus merveilleux au monde, c’est une expérience qui transforme réellement la vie. Que Dieu nous donne des oreilles, car nous avons tous davantage besoin d’entendre la parole de Dieu que Dieu n’a besoin de nous pour la défendre.

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En effet, ce n’est pas en suivant des fables habilement conçues que nous vous avons fait connaître la puissante venue de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c’est après avoir vu sa majesté de nos propres yeux. Oui, il a reçu de Dieu le Père honneur et gloire quand la gloire magnifique lui a fait entendre une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation. » Cette voix, nous l’avons nous-mêmes entendue venir du ciel lorsque nous étions avec lui sur la sainte montagne, et nous considérons comme d’autant plus certaine la parole des prophètes. Vous faites bien de lui prêter attention comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’étoile du matin se lève dans votre cœur. Sachez avant tout qu’aucune prophétie de l’Écriture n’est une affaire d’interprétation personnelle, car ce n’est jamais par une volonté d’homme qu’une prophétie a été apportée, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que des hommes ont parlé de la part de Dieu.

2 Pierre 1 : 16-21


Chapitre deux

D'AUTANT PLUS CERTAINE Il y a quelques années, le magazine Christianity Today a publié un article anonyme intitulé : « Ma conversation avec Dieu ». Voici les réflexions par lesquelles cet article commençait : Dieu parle-t-il encore ? Pendant toute mon enfance, j’ai entendu des témoignages à ce sujet, mais jusqu’à octobre 2005, j’étais incapable de dire que cela m’était arrivé un jour. Je suis un professeur de théologie d’âge moyen et j’enseigne dans une université chrétienne renommée. J’ai écrit des livres qui ont été primés. Mon nom figure dans la liste des collaborateurs de Christianity Today. Pendant des années, j’ai enseigné que Dieu parle encore, mais je n’étais pas en mesure d’en témoigner personnellement. À présent, je peux seulement le faire de façon anonyme, pour des raisons qui, je l’espère, seront comprises. Un an après avoir entendu la voix de Dieu, je ne peux toujours pas parler de ma conversation avec Dieu, ni même y penser, sans être submergé par l’émotion1.

Ce professeur anonyme racontait ensuite une expérience au cours de laquelle Dieu lui avait donné de façon surnaturelle la trame et le titre d’un livre, avant de lui demander de consacrer les bénéfices de la vente de ce livre au soutien d’un jeune homme Article consultable sur le site de Christianity Today [en ligne]. URL : http://www.christianitytoday.com/ct/2007/march/2.44.html (consulté le 9.7.2015). 1

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Croi re DIE U sur PA R O LE afin que celui-ci puisse suivre des études et se former au ministère. Il terminait l’article en expliquant à quel point sa foi avait été renforcée par le fait que Dieu lui ait enfin parlé personnellement. C’est une belle histoire à bien des égards, sauf sur un point essentiel : elle donne l’impression qu’en règle générale, Dieu ne nous parle pas personnellement. Cet article nous laisse avec le sentiment que, lorsque Dieu nous parle à travers l’Écriture, c’est un mode de communication inférieur, moins palpitant et moins édifiant. Nous ne pouvons nous empêcher de conclure : « Certes, la Bible est importante, mais quel trésor ce serait si je pouvais faire l’expérience que Dieu me parle réellement ! Si seulement je pouvais entendre la voix sûre et infaillible de Dieu ! » Incroyable, n’est-ce pas ? Êtes-vous capable d’imaginer que Dieu vous parle – personnellement, de façon certaine et avec autorité ? Eh bien, la bonne nouvelle (qui semble avoir échappé à l’auteur de cet article) est que nous pouvons tous, autant que nous sommes, entendre Dieu nous parler aujourd’hui, maintenant, à cet instant précis. Oui, Dieu parle encore. Et il a pour nous une parole qui est certaine, solide et infaillible.

DEUX ÉLÉMENTS DE PREUVE J’en tiens pour preuve le passage cité en début de chapitre, 2 Pierre 1 : 16-21. Mais pour en être persuadé, il nous faut d’abord bien comprendre le contexte de cette épître de Pierre. La seconde lettre de Pierre est une exhortation à la piété. Les versets 3 à 11 du chapitre 1 présentent : • la force qui permet d’atteindre la piété : elle réside dans les grandes et précieuses promesses de Dieu (v. 3-4) ; • le modèle de la piété : il est à rechercher dans les vertus qui peuvent être ajoutées à la foi (vv. 5-7) ; et • les prémices de notre piété : elles sont contenues dans notre appel et notre élection (vv. 8-11). 30


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Puis, des versets 12 à 15, Pierre exprime à nouveau son intention de rappeler à ses lecteurs « ces choses » (c.-à-d. les vertus de la piété) avant de mourir. Ce qui inquiète Pierre, c’est que de faux enseignants s’introduiront sournoisement dans l’Église. Leur promettant la liberté, ils finiront par conduire les chrétiens vers la sensualité et l’esclavage spirituel (2 : 2, 10, 18-19). Il les exhorte donc à se tenir à l’écart de ces faux enseignants et à rechercher la sainteté. Or, une des principales raisons qui doit motiver les croyants est le futur retour du Christ. Lorsque le jour du Seigneur viendra, le monde sera détruit, nos œuvres seront révélées et les impies seront jugés (3 : 11-12, 14). Dans cette épître, comme dans tout le Nouveau Testament, le retour du Christ est présenté comme la motivation essentielle des croyants à se détourner du mal et à faire tout leur possible pour mener une vie droite et vertueuse. Nous devons absolument éviter d’être surpris en train de pratiquer des œuvres impies au moment du retour de celui qui est saint. Voilà l’argumentation de Pierre. Mais les faux enseignants doutaient que le Seigneur reviendrait en ce fameux jour du Seigneur marqué par des cataclysmes (3 : 2-4). Ils ne croyaient pas au jour du jugement. Dans son épître, Pierre s’efforce donc de convaincre les fidèles – contrairement aux faux enseignants – que le Christ va revenir pour juger les vivants et les morts, et que ce retour aura de quoi impressionner. Pour justifier cette affirmation, Pierre présente deux éléments de preuve : le témoignage oculaire (v. 1 : 16-18) et des documents dignes de foi (v. 19-21). Il s’agissait des deux principaux types de preuve qui existaient dans l’Antiquité, et cela n’a pas beaucoup changé. Aujourd’hui encore, les avocats ont pour habitude de défendre leur cause en soumettant des documents ou en faisant appel à des témoins. Celui qui veut prouver ce qu’il avance devant un tribunal a besoin de témoignages oculaires ou de sources dignes de confiance. L’apôtre Pierre avait les deux.

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NOUS ÉTIONS NOUS-MÊMES AVEC LUI Si Pierre possède la certitude du retour glorieux du Christ, c’est parce qu’il l’a vu transfiguré en gloire sur la montagne sainte. Tout comme Jean et Jacques, Pierre a entendu les paroles prononcées par le Père et vu de ses yeux la majesté du Fils. Quiconque aurait assisté seul à cette scène l’aurait rejetée : il devait s’agir d’une hallucination ou d’une vision chimérique. Mais trois hommes se trouvaient sur la montagne ce jour-là. Ils étaient présents lors de la transfiguration et ils savent de façon certaine qu’on ne badine pas avec le Christ. Le vocabulaire employé en 2 Pierre 1 : 16 est important pour l’argumentation de Pierre et pour notre doctrine de l’Écriture. Pierre dit clairement qu’en relatant ce qui s’est produit lors de la transfiguration, il n’a pas suivi « des fables habilement conçues ». Certains théologiens libéraux essaient de présenter la Bible comme un livre appartenant à la catégorie des fables ou des mythes. Ils s’empressent d’affirmer que « fable » ou « mythe » [mythos en grec] ne veut pas dire la même chose que « faux », ce qui leur permet de faire valoir que, même si les faits que renferme l’Écriture ne sont pas forcément toujours dignes de foi, c’est en revanche le cas de la vérité profonde au sens large. C’est ainsi qu’ils laissent entendre par exemple que les plaies qui s’abattent sur l’Égypte dans le livre de l’Exode ainsi que la traversée de la mer Rouge ne sont pas forcément des faits historiques, mais que cela ne doit pas pour autant remettre en question la puissance de Dieu ni sa capacité à libérer les captifs. Jésus a peut-être marché sur l’eau… ou pas, mais peu importe : l’essentiel est de savoir qu’il est capable de tout faire pour nous venir en aide dès lors que nous lui faisons confiance. Quant à la résurrection du Christ, certains libéraux affirment qu’elle ne doit pas être considérée littéralement comme une résurrection physique, mais plutôt comme un puissant symbole destiné à montrer que Dieu peut nous donner une vie spirituelle nouvelle et arracher la victoire aux griffes de la défaite. Ce type de pensée est encore très répandu. Je me suis retrouvé un jour à échanger sur un blog avec un pasteur libéral : il remettait en question le caractère historique de la naissance virginale. Après 32


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nous être livrés à un petit jeu de ping-pong infructueux, nous nous sommes rendu compte que nous fonctionnions à partir de deux univers conceptuels différents. Voici ce qu’il m’a écrit : « Est-ce que je considère que la naissance virginale est un élément fondamental du credo que nous professons en tant que chrétiens ? Ce n’est pas vraiment à moi de le dire, n’est-ce pas ? Comme vous l’écrivez, celle-ci est confessée depuis des siècles, de sorte que je me dois de la prendre au sérieux et à cœur, et de me confronter à la façon dont je la comprends ». J’étais déjà quelque peu agacé par cette manière ambiguë (et sans aucun impact dans le quotidien) d’expliquer qu’il se devait de « prendre au sérieux » la naissance virginale et de se « confronter » à la façon dont il la comprenait. Puis je suis arrivé à sa conclusion : « En ce qui me concerne, je considère que l’affirmation “tout est possible à Dieu” est plus précieuse pour ma foi que “comment cela sera-t-il possible, puisque je suis vierge ?”. Je ne prétends pas que vous deviez accepter ma conception, pas plus que je n’imagine que vous affirmeriez que je dois nécessairement accepter la vôtre ». Je lui ai répondu à peu près en ces termes : « Personnellement, j’affirme effectivement que vous devez accepter ma conception, car il ne s’agit pas en réalité de ma conception : c’est ce qu’enseigne le Nouveau Testament et ce qu’affirme l’Église chrétienne orthodoxe depuis des siècles ». Non seulement la conception libérale de l’histoire fait preuve d’une logique contre-productive (si tout est réellement possible à Dieu, pourquoi s’étrangler sur la question du miracle de la naissance virginale ?), mais elle est complètement en désaccord avec la conception que la Bible donne d’elle-même. Le mot grec mythos est toujours employé dans un sens négatif dans le Nouveau Testament (cf. 1 Timothée 1 : 4 ; 4 : 7 ; 2 Timothée 4 : 4 ; Tite 1 : 14). La fable est considérée comme l’opposé de la vérité. Paul avertit : « En effet, un temps viendra où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine. Au contraire, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule d’enseignants conformes à leurs propres désirs. Ils détourneront l’oreille de la vérité et se tourneront vers les fables » (2 Timothée 4 : 3-4). Pour 33


Croi re DIE U sur PA R O LE les auteurs de la Bible, il y a d’un côté la fable et de l’autre la vérité, et la Bible appartient clairement à la seconde catégorie. Certains affirment, certes, que leur définition libérale de la fable ou du mythe ne correspond pas exactement à ce que le Nouveau Testament condamne lorsqu’il critique les « fables ». On ne peut, malgré tout, échapper à la logique de 2 Pierre 1 : 16. En présentant sa mission comme celle d’un témoin oculaire, Pierre tient à faire savoir à tout le monde que l’histoire de Jésus – en premier lieu la transfiguration, mais sans doute aussi le reste du récit de l’Évangile qu’il a transmis – est à ranger dans la catégorie des faits historiques vérifiables. Qu’elle ne relève pas d’impressions, d’expériences intérieures ou d’histoires inventées dans le but de démontrer quelque chose. Les Grecs comme les Romains possédaient un grand nombre de mythes. Peu leur importait que les histoires soient littéralement vraies ou non. Personne ne se souciait du fondement historique permettant d’affirmer qu’Hercule était le fils illégitime de Zeus. C’était un mythe, une fable, un conte fantaisiste, une histoire destinée à distraire et à expliquer le monde. Le paganisme était bâti sur la force de la mythologie ; en revanche, le christianisme, à l’instar de la foi juive dont il découle, se considère comme une religion de nature totalement différente. On ne l’affirmera jamais avec trop de force : dès le départ, le christianisme s’est relié à l’histoire. Les affirmations les plus importantes de la foi chrétienne sont historiques, et c’est sur les faits historiques que doit reposer la crédibilité de la religion chrétienne. Luc s’est informé soigneusement sur tout ce qui s’était passé. Il a fait des recherches approfondies. Il s’est appuyé sur des témoins oculaires. Tout cela afin que Théophile puisse avoir la « certitude » de la véracité de son Évangile (Luc 1 : 1-4). Quant à Jean, il a relaté les prodiges que Jésus avait accomplis afin que ses lecteurs acceptent les miracles, comprennent les signes, croient que Jésus est le Christ et qu’ils aient la vie en son nom (Jean 20 : 31). Les quatre auteurs des Évangiles sont tous animés du même désir : que nous sachions que, même si certains faisaient courir des rumeurs disant que le corps du Christ avait été dérobé après sa crucifixion, 34


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le tombeau était réellement vide, car Jésus avait réellement été ressuscité des morts. Comme Paul l’a écrit, si le Christ n’est pas ressuscité, toute la religion chrétienne est une imposture et ceux qui y adhèrent sont des idiots pitoyables (1 Corinthiens 15 : 14-19). Faire fi de l’histoire, c’est vivre dans un monde différent de celui des auteurs de la Bible. C’est comme si Pierre disait : « Écoutez, j’ai assisté à la transfiguration, et en plus je n’étais pas seul. Nous avons tous été témoins de la scène : nous avons tout vu et entendu personnellement. Nous n’inventons pas tout ça pour vous faire peur. Nous ne faisons pas circuler des histoires fascinantes ou des contes ingénieux. Ce que nous vous racontons là est ce qui s’est réellement passé. Nous avons vu sa gloire. Nous l’avons vue de nos propres yeux. Nous avons entendu parler Dieu – de façon audible. Nous n’avons pas vécu une expérience dans notre cœur, ni eu une vision dans notre âme. Si vous aviez été sur la montagne, vous auriez vu et entendu les mêmes choses. Il s’agit de faits et non d’une fable ». Ne perdons pas de vue ce que Pierre cherche à démontrer. Nous ne sommes pas en présence d’un manuel d’apologétique aride et abstrait. Pierre désire que les chrétiens soient saints. Il veut qu’ils considèrent leur vie à la lumière du retour du Christ. Il cherche à les convaincre du caractère certain du retour du Seigneur. Et pour prouver que ce retour du Christ glorieux, merveilleux, incroyable, redoutable et effrayant va bien se produire dans l’histoire, Pierre a choisi de rappeler à ces croyants qu’il a déjà assisté à une apparition du Christ glorieuse, merveilleuse, incroyable, redoutable et effrayante. Pierre a vu la révélation. Il a vu à quoi ressemblait Jésus dans la plénitude de ses divins insignes royaux. Pierre a pris conscience que le Christ était plus qu’un simple charpentier, plus qu’un gourou ouvert d’esprit, plus qu’un maître qui encourage sans porter de jugement quelles que soient les personnes et les circonstances. Lorsqu’il a vu Jésus d’une blancheur étincelante et aveuglant de majesté au milieu du nuage de gloire, il a su à cet instant qu’on ne badine pas avec cet homme. Et lorsque Jésus reviendra, nous comprendrons tous – même si ce sera trop tard pour certains – qu’un mode de vie impur n’est pas compatible avec 35


Croi re DIE U sur PA R O LE la gloire du Christ. Voilà le message que Pierre veut faire passer à ses lecteurs, et ce message est basé sur des faits historiques, sur le témoignage apporté par des témoins oculaires.

« IL EST ÉCRIT » Le message de Pierre à propos du retour du Christ est également fondé sur des documents dignes de confiance (2 Pierre 1 : 19-21). La « parole des prophètes » est antérieure au témoignage personnel de Pierre. Certes, Pierre, Jacques et Jean ont assisté sur la montagne à un événement exceptionnel qui annonçait des choses particulières concernant le retour du Christ et le jugement dernier. Mais cela n’a fait que confirmer ce que la parole prophétique avait déjà annoncé avec certitude (v. 19). Nous ne pouvons placer davantage de confiance dans notre Bible que Pierre le faisait dans la sienne. Notez les trois vérités que ces versets nous enseignent à propos de la nature de l’Écriture.

1. L’Écriture est la parole de Dieu Cette affirmation peut paraître superflue, mais le verbe « être » signifie quelque chose d’essentiel dans cette phrase. Influencés par des théologiens néo-orthodoxes comme Karl Barth, certains chrétiens hésitent à dire que la Bible est la parole de Dieu. Ils expliquent plutôt que la Bible contient la parole de Dieu, ou devient la parole de Dieu, ou que la Bible est la parole de Dieu lorsque Dieu nous parle à travers elle. La pensée néo-orthodoxe cherche à distinguer l’inspiration revendiquée par l’Écriture et les mots écrits sur ses pages. Cependant, cette distinction aurait été tout à fait étrangère à l’apôtre Pierre, car toutes ses affirmations élogieuses au sujet de la « prophétie » ou de la « parole des prophètes » sont faites en référence aux mots que l’on peut justement lire dans l’Écriture. Pierre emploie dans ces versets trois termes et expressions différents pour faire référence à la parole de Dieu : « parole des prophètes » (v. 19), « prophétie de l’Écriture » (v. 20) et « prophétie » (v. 21). Tous trois renvoient à leur manière à la prophétie ; et ils sont employés plus ou moins de façon interchangeable. Le terme 36


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grec employé pour parler de l’Écriture au verset 20 est graphê, terme qui désigne quelque chose d’écrit. Dans ce verset, Pierre n’a pas seulement à l’esprit des traditions orales ou un discours prononcé, mais surtout un texte écrit. Pierre ne réduit pas l’inspiration au discours prophétique ou à un acte de prédication : elle inclut les pages de l’Écriture. Et pas uniquement les passages prophétiques à propos du retour du Seigneur. C’est l’ensemble de l’Ancien Testament qui est visé. Nous savons que l’expression « la loi et les prophètes » peut désigner de façon générale l’Ancien Testament (cf. Matthieu 7 : 12), mais il en va de même pour la loi ou les prophètes employés seuls. Aucun Juif ne laisserait entendre que certains passages de l’Écriture seraient plus vrais que d’autres (cf. 2 Timothée 3 : 16). Tout ce qui est vrai concernant la loi l’est aussi concernant les prophètes, et vice versa. L’expression « parole des prophètes » est simplement une manière de désigner la révélation consignée par écrit. Comme l’a dit Calvin : « [J’entends] par prophétie de l’Écriture ce que contiennent les Saintes Écritures2 ». Toute cette question est essentielle, car cela veut dire que l’autorité de la parole de Dieu réside dans le texte écrit (les mots, les phrases et les paragraphes) de la Bible. Elle ne se trouve donc pas simplement dans l’expérience existentielle de la vérité telle que nous pouvons la vivre dans notre cœur. Certains n’aiment pas les textes et les déclarations écrites parce qu’ils sous-entendent que le sens est stable et figé ; or, les hommes sont réticents à ce que la vérité soit figée. Ils préféreraient que l’inspiration soit plus subjective, plus intime, davantage de l’ordre de l’expérience personnelle. Toutefois, selon 2 Pierre 1 : 19-21, l’inspiration des Saintes Écritures est une réalité objective qui existe en dehors de nous. Mais attention ! rien de tout cela ne doit laisser entendre qu’une théorie évangélique de l’inspiration nous éloigne de ce qui est subjectif, intime ou de l’ordre de l’expérience personnelle. Bien au contraire. Nous devons « prêter attention » à l’Écriture inspirée 2 Jean Calvin, Commentaires sur le Nouveau Testament. T. 8, vol. 2, Les Épîtres catholiques, Aix-en-Provence :Kerygma ; Marne-la-Vallée : Farel, 1992, p. 188.

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Croi re DIE U sur PA R O LE « comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur » (v. 19). La parole de Dieu nous convainc de péché, nous montre la voie et nous sort des ténèbres pour nous faire entrer dans la lumière. Nous nous plongeons dans l’Écriture afin que l’étoile du matin – c’està-dire le Christ en personne (cf. Nombres 24 : 17-19 ; Apocalypse 22 : 16) – se lève dans notre cœur. Le but de la révélation n’est pas uniquement l’information : c’est aussi l’amour, l’adoration et l’obéissance. Christ ne sera réellement en nous que lorsque nous nous abreuverons abondamment à la source de la Bible, qui est la parole de Dieu en dehors de nous.

2. La parole de Dieu, transmise par l’homme, n’est pas moins divine pour autant On a beaucoup affirmé, et c’est encore le cas aujourd’hui, que les chrétiens conservateurs adhèrent à une théorie de l’inspiration qui relève de la dictée mécanique. Les évangéliques, nous dit-on, auraient pour croyance que les auteurs de la Bible étaient des instruments passifs qui n’ont fait que consigner par écrit, machinalement et sans réfléchir, ce qui leur était dicté du ciel. Bien que ce type d’affirmation soit très fréquent, je n’ai jamais rencontré un seul théologien évangélique qui décrive l’inspiration de cette manière. Il est vrai que les théologiens des générations passées présentaient parfois les Écritures comme étant tellement exemptes de la moindre imperfection que c’était comme si elles avaient été littéralement dictées. Cette métaphore (qui induisait en erreur plus qu’elle n’aidait à comprendre) était destinée à souligner la perfection de la Bible et certainement pas à décrire le processus réel au moyen duquel les auteurs de la Bible avaient écrit leurs textes inspirés. Au contraire, 2 Pierre 1 : 21 enseigne – comme n’ont pas cessé de le souligner les théologiens évangéliques – que des hommes ont parlé (et écrit) alors qu’ils y étaient « poussés » par le Saint-Esprit. Dieu s’est servi de l’intelligence, des aptitudes et de la personnalité d’hommes faillibles pour mettre par écrit ce qui était divin et infaillible. Dans un sens, la Bible est un livre à la fois humain et divin. Mais cela n’implique nullement que les Écritures présentent la moindre faillibilité. La double origine de l’Écriture n’impose pas 38


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plus l’imperfection que les deux natures du Christ ne signifient que notre Sauveur a forcément péché. Comme le dit Calvin à propos des prophètes : « Loin d’oser annoncer quoi que ce soit de leur propre chef, ils ont suivi docilement l’Esprit en faisant de lui leur guide, lequel régnait dans leur bouche comme dans son propre sanctuaire3 ». Le verbe traduit par « poussés » au verset 21 est phero. Il est traduit au début du même verset par « apportée » et par « venir » au verset 18. Il exprime un résultat assuré, une conséquence mise en œuvre et garantie par un tiers. Les paroles entendues du ciel (v. 17-18) et celles prononcées par les prophètes (v. 21) avaient en définitive la même origine : Dieu. B. Warfield explique : Le terme employé ici [traduit par « pousser » et « apporter »] est un verbe très précis. Il ne faut pas le confondre avec « guider, diriger ou contrôler » ni même avec « conduire » au plein sens de ce terme. Il va au-delà de tous ces mots, dans la mesure où il attribue de façon spécifique l’effet produit à celui qui fait l’action. Ce qui est « apporté » est pris par celui qui apporte et amené par sa force jusqu’à son but. Par conséquent, ce passage déclare que les hommes qui ont parlé de la part de Dieu ont été pris en charge par le Saint-Esprit et amenés par sa propre puissance à agir conformément au but que lui s’était fixé. Ce qu’ils ont déclaré alors sous l’action de l’Esprit venait donc de lui et non d’euxmêmes. Et c’est la raison qui est donnée pour expliquer que la « parole des prophètes » soit à ce point certaine. Bien qu’ayant été annoncée par l’intermédiaire d’hommes, il s’agit, en vertu du fait que ces hommes ont parlé « comme poussés par le Saint-Esprit », d’une parole directement divine4. Ibid. Benjamin Warfield, The Inspiration and authority of the Bible, Phillipsburg (USA) : Presbyterian & Reformed, 1948, p. 137. Pour être précis, Warfield voit dans l’Écriture trois modes de révélation : la manifestation externe, la suggestion interne et l’opération concursive (p. 83-96). Il place le ministère prophétique de l’Ancien Testament dans la deuxième catégorie, considérant que les prophètes étaient plus passifs que les auteurs apostoliques du Nouveau Testament. Toutefois, il met en garde contre la tentation de pousser trop loin cette distinction, faisant remarquer que les prophètes se servaient quand même de leur intelligence lors de la réception de la parole de Dieu, et que c’est la totalité des Écritures qui est qualifiée de « prophétie » en 2 Pierre 1 : 19-21. Voir aussi la section intitulée « Bibliology » in Fred Zaspel, Theology of B. B. Warfield : A systematic summary, Wheaton (USA) : Crossway, 2010. 3 4

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Croi re DIE U sur PA R O LE La paternité divine des Écritures n’empêche pas le recours à l’intervention humaine, tout comme la participation humaine n’enlève pas une once de perfection ou de divinité aux Écritures.

3. La Bible est dépourvue d’erreur Les Écritures ne sont pas une affaire d’interprétation humaine (2 Pierre 1 : 20). Et les idées qu’elles contiennent n’ont pas jailli de la pensée confuse de l’homme. Mais ce n’est pas tout : Pierre atteste qu’aucune prophétie n’a jamais été produite par une « volonté d’homme » (v. 21). Calvin enseigne que nous devons aborder la Bible avec un respect qui existe uniquement « lorsque nous sommes convaincus que c’est Dieu qui nous parle et non des hommes mortels5 ». Nous devons croire les prophéties en ce qu’elles sont « les oracles indubitables de Dieu, car elles ne sont pas le fruit des suggestions individuelles et personnelles des hommes6 ». Pierre nous informe qu’en dernière analyse, l’auteur de l’Écriture est Dieu lui-même. Un grand nombre de textes permet de montrer que la Bible est dépourvue d’erreur, mais voici l’argument le plus simple : l’Écriture n’est pas le fruit de la volonté de l’homme. Elle a été donnée par Dieu. Et si c’est la parole de Dieu, elle est forcément vraie en totalité, car il ne peut y avoir en lui ni erreur ni tromperie. Le concept d’inerrance signifie que la parole de Dieu est toujours au-dessus de nous et que nous ne sommes jamais audessus de la parole de Dieu. Quand nous rejetons l’inerrance de la Bible, nous nous érigeons en juges de la parole de Dieu. Nous prétendons avoir le droit de déterminer les parties de la révélation de Dieu qui sont fiables et celles qui ne le sont pas. Quand nous nions que les Écritures sont totalement dignes de confiance (dans ce qu’elles affirment sur le plan historique, ce qu’elles enseignent à propos du monde physique, les miracles qu’elles relatent, dans le moindre iota de tout ce qu’elles déclarent), nous sommes obligés d’accepter l’une de ces deux conclusions : soit l’Écriture ne vient pas 5 6

Calvin, op. cit., p. 188. Ibid.

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entièrement de Dieu, soit on ne peut pas toujours faire confiance à Dieu. Or, affirmer l’un ou l’autre, c’est exprimer un point de vue sous-chrétien. Ces conclusions n’expriment pas la soumission qu’il convient d’avoir envers le Père, elles ne contribuent pas à notre joie en Christ et elles ne rendent pas honneur à l’Esprit, qui a poussé les hommes à déclarer la parole des prophètes et à écrire le saint livre de Dieu. Défendre la doctrine de l’inerrance de la Bible, serait-ce une entreprise insensée, comme le pensent certains ? Ou une croisade contre tous ceux qui s’y opposent ? En vérité, cette doctrine est un des fondements de notre foi. Nier, méconnaître, modifier, retoucher, rejeter ou écarter le moindre aspect ou passage de la parole de Dieu, c’est se rendre coupable du péché de l’incrédulité. Voici ce que doit être notre cri de ralliement : « Reconnaissons que Dieu est vrai et tout homme menteur » (Romains 3 : 4). Il est absolument impossible de chercher un moyen terme dans lequel certains aspects de la Bible seraient vrais et d’autres pas (selon notre propre jugement). Non seulement ce type de compromis envers la foi chrétienne est en désaccord évident avec la façon dont la Bible se présente elle-même, mais il ne satisfait pas l’âme, pas plus qu’il ne présente à ceux qui sont perdus le genre de Dieu qu’ils ont besoin de rencontrer. Comment croirons-nous en un Dieu qui peut accomplir l’inconcevable et nous pardonner nos offenses, vaincre nos péchés et nous donner une espérance dans un monde de ténèbres, si nous ne sommes pas capables de croire que ce Dieu a créé le monde à partir de rien, donné un enfant à la vierge et ressuscité son Fils le troisième jour ? James Packer met en garde : On ne peut mettre en doute la Bible sans subir des pertes énormes, tant au niveau de la plénitude de la vérité que de la plénitude de la vie. Par conséquent, si nous avons à cœur le renouveau spirituel de la société, des Églises et de notre propre vie, nous attacherons beaucoup d’importance au fait que l’Écriture sainte est totalement digne de confiance – autrement dit, à l’inerrance de la Bible, qui est la parole de Dieu inspirée et libératrice7. 7 JamesPacker, Truth and power : The place of Scripture in the christian life, Wheaton : Harold Shaw, 1996, p. 55.

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Croi re DIE U sur PA R O LE

RIEN DE PLUS CERTAIN La parole de Dieu est vraie. La bonne nouvelle de Jésus-Christ a été consignée par écrit comme un fait historique. Un homme est né d’une femme à Bethléhem. Des milliers de personnes l’ont vu et l’ont connu. Il a accompli des miracles auxquels des foules ont assisté. Il est mort, puis il est ressuscité, avant d’apparaître à plus de cinq cents témoins (1 Corinthiens 15 : 6). L’emplacement de son tombeau était connu et tout le monde a pu constater qu’il était vide. Trois disciples en particulier ont vu de leurs yeux la manifestation de sa majesté sur la montagne de la Transfiguration. Ils ont assisté à cette scène spectaculaire et ont simplement raconté ce qu’eux ou leurs condisciples les plus proches avaient vu. Nous ne croyons pas aux fables. Nous ne nous intéressons pas aux histoires qui se terminent simplement par une belle morale. Nous ne cherchons pas à placer notre espérance dans des hypothèses spirituelles que nous savons être historiquement impossibles. Les choses qui sont racontées dans les Évangiles se sont réellement passées. Dieu les avait annoncées. Il les a réalisées. Et il a inspiré leur récit écrit. C’est pourquoi nous nous devons de les croire. Dans tout ce que nous lisons dans la Bible, rien n’est le fruit uniquement de la volonté de l’homme. Dieu s’est servi d’hommes pour écrire les mots qu’elle contient, mais c’est poussés par le Saint-Esprit que ces hommes ont accompli cette entreprise. La Bible est un livre parfaitement digne de confiance, un livre infaillible, un livre saint, un livre divin. Ne passons pas à côté de la déclaration stupéfiante de 2 Pierre 1 : 19. Après avoir relaté en détail la scène extraordinaire sur la montagne de la Transfiguration, après s’être donné beaucoup de mal pour expliquer qu’il avait vu tout cela de ses propres yeux, après s’être efforcé de nous montrer qu’il affirme une vérité solide comme le roc et historiquement vérifiable, après tout cela, Pierre déclare que désormais « nous considérons comme d’autant plus certaine la parole des prophètes ». La parole de Dieu consignée par écrit était déjà aussi certaine qu’elle pouvait l’être ; le témoignage de Pierre n’a fait que confirmer ce qui était déjà certain. 42


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Ce qu’affirme ici l’apôtre Pierre montre qu’il considérait déjà la parole des prophètes comme certaine. Il n’existe pas de déclaration faisant davantage autorité que ce que dit la parole de Dieu, pas de fondement plus solide sur lequel s’appuyer, pas d’argument « plus définitif » qui puisse être exprimé une fois que l’Écriture s’est exprimée. Parlez-vous de l’Écriture comme les apôtres en parlaient ? Nous pouvons avoir une trop haute opinion de nos interprétations personnelles de l’Écriture, mais nous n’aurons jamais une trop haute opinion de l’interprétation que l’Écriture donne d’elle-même. Nous pouvons faire preuve d’une autorité excessive dans notre façon de traiter les Écritures, mais nous n’accorderons jamais une autorité excessive à la façon dont les Écritures nous traitent. Nous pouvons nous servir de la parole de Dieu pour parvenir à de mauvaises conclusions, mais nous ne trouverons jamais de mauvaises conclusions dans la parole de Dieu. Vous n’avez pas besoin d’une révélation supplémentaire de Dieu en plus de la Bible. Vous pouvez écouter la voix de Dieu chaque jour. Si le Christ parle encore aujourd’hui, c’est parce que l’Esprit a déjà parlé. Si vous voulez entendre Dieu vous parler, tournez-vous vers le livre qui contient uniquement ce qu’il a dit. Plongez-vous dans la parole de Dieu. Vous ne trouverez rien de plus certain.

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Après avoir autrefois, à de nombreuses reprises et de bien des manières, parlé à nos ancêtres par les prophètes, Dieu, dans ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils. Il l’a établi héritier de toute chose et c’est par lui aussi qu’il a créé l’univers. Le Fils est le reflet de sa gloire et l’expression de sa personne, il soutient tout par sa parole puissante. Après avoir accompli [au travers de lui-même] la purification de nos péchés, il s’est assis à la droite de la majesté divine dans les lieux très hauts. Il est ainsi devenu d’autant supérieur aux anges qu’il a hérité d’un nom bien plus remarquable encore que le leur.

Hébreux 1 : 1-4


Chapitre trois

LA PAROLE DE DIEU EST SUFFISANTE Vous êtes-vous déjà demandé si la Bible pouvait réellement vous aider à trouver une solution à vos plus gros problèmes ? Est-ce qu’en vous interrogeant sur ce que vous pourriez bien faire de votre vie, vous avez déjà souhaité recevoir un message spécial du Seigneur ? Vous êtes-vous déjà dit que l’enseignement biblique en matière de sexualité avait besoin d’être actualisé ? Avez-vous désiré une révélation plus directe et personnelle que ce que vous apporte la lecture progressive et systématique de la Bible ? Avez-vous déjà désiré secrètement ajouter quelque chose à la parole de Dieu (vous savez, juste pour pallier certaines zones d’ombre) ? Vous est-il arrivé de vouloir retirer quelque chose de la Bible afin que son message passe mieux ? Êtes-vous déjà parti du principe que la Bible ne disait rien sur la manière d’adorer Dieu ou la façon d’organiser son Église ? Avez-vous eu un jour le sentiment que la Bible n’était tout bonnement pas suffisante pour vivre la fidélité dans notre monde moderne ? Si vous pouvez répondre oui à une seule de ces questions – et c’est forcément notre cas à tous par moments –, c’est que vous avez du mal à accepter la pleine suffisance de l’Écriture. 45


Croi re DIE U sur PA R O LE La plupart des chrétiens connaissent les attributs de Dieu. À un moment ou un autre, et jusqu’à un certain point, nous avons étudié la sainteté de Dieu, sa justice, son omniscience, sa souveraineté, sa bonté, sa miséricorde, son amour et les autres caractéristiques qu’on peut citer parmi tous les attributs divins. Mais je doute que nous soyons capables de citer – et encore moins d’expliquer – les attributs de l’Écriture. Traditionnellement, les théologiens protestants mettent en avant quatre caractéristiques essentielles de l’Écriture : sa suffisance, sa clarté, son autorité et sa nécessité. Chacun de ces attributs (qui peuvent être mémorisés facilement en utilisant l’acronyme SCAN) est destiné à protéger une vérité importante concernant la Bible : • La suffisance. Les Écritures contiennent tout ce que nous avons besoin de savoir concernant le salut et la vie chrétienne. Nous n’avons nullement besoin d’une nouvelle révélation d’en haut. • La clarté. Le message de salut de Jésus-Christ est enseigné de façon parfaitement claire dans les Écritures et il est compréhensible par tous ceux qui ont des oreilles pour entendre. Nous n’avons pas besoin d’un magistère officiel qui nous explique le message de la Bible. • L’autorité. C’est toujours la parole de Dieu qui détient l’autorité finale. Nous ne devons jamais laisser les enseignements de la science, de l’expérience humaine ou des conciles œcuméniques avoir la préséance sur l’Écriture. • La nécessité. La révélation générale ne suffit pas pour nous sauver. Nous ne pouvons parvenir à une connaissance de Dieu qui nous procure le salut uniquement grâce à l’expérience personnelle et à la raison humaine. Nous avons besoin que la parole de Dieu nous indique comment vivre, qui est le Christ et comment nous pouvons être sauvés. En classant ces attributs dans un autre ordre, on pourrait aussi dire : la parole de Dieu est définitive ; la parole de Dieu est compréhensible ; la parole de Dieu est nécessaire ; et la parole de 46


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Dieu est suffisante. Chacun de ces attributs mérite un chapitre à lui tout seul. Nous allons commencer dans ce chapitre par la suffisance de l’Écriture.

PLUS QUE SUFFISANTE La doctrine de la suffisance de l’Écriture – parfois appelée la perfection de l’Écriture – veut dire que « l’Écriture est suffisamment claire pour que nous soyons personnellement responsables de nous acquitter de nos responsabilités actuelles envers Dieu1 ». Il s’agit d’une doctrine d’ordre éthique. Elle empêche de trouver la moindre excuse à la désobéissance. Personne ne peut dire que ce que Dieu a révélé n’est pas suffisant pour que nous puissions être sauvés ou mener une vie qui lui soit agréable. L’Écriture permet à tout homme d’être « formé et équipé pour toute œuvre bonne » (2 Timothée 3 : 16-17). Il n’est pas nécessaire d’y ajouter quoi que ce soit pour relever les défis de notre époque ou d’en retirer quoi que ce soit pour être en accord avec les idéaux actuels. La parole de Dieu est parfaite et complète : elle nous donne tout ce dont nous avons besoin pour parvenir à la connaissance du Christ, du salut et de la piété. Ou, pour reprendre une formule d’Athanase, un des Pères de l’Église : « Assurément, les Saintes Écritures divinement inspirées suffisent à l’exposé de la vérité2 ». Des quatre attributs de l’Écriture, celui-ci est peut-être celui que les évangéliques oublient le plus. Si l’autorité est le problème des libéraux, la clarté le problème des postmodernes et la nécessité celui des athées et des agnostiques, la suffisance est l’attribut qui est le plus rapidement mis en doute par les chrétiens pratiquants de base. Nous avons beau avoir un discours parfaitement correct à propos de la Bible, et même la lire régulièrement, quand la vie devient difficile, ou tout simplement un peu ennuyeuse, nous cherchons un nouveau message, une nouvelle révélation et des expériences John Frame, The Doctrine of the word of God, Philipsburg (USA) : Presbyterian & Reformed, 2010, p. 226. re 2 Athanase d’Alexandrie, Contre les païens,I.3., PG 25,4, 1 édition : 1947, coll. Sources chrétiennes, n° 18 bis, Paris : Cerf, 1983. 1

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Croi re DIE U sur PA R O LE nouvelles qui nous rapprochent de Dieu. Nous sommes un peu blasés par rapport à la description du ciel que nous trouvons dans le Nouveau Testament, mais nous sommes fascinés par les récits de jeunes enfants qui affirment y être allés et en être revenus. Entre les articles de magazines comme « Ma conversation avec Dieu » (cf. chapitre deux) et les best-sellers qui présentent un Dieu qui communique de façon individuelle et directe avec des hommes, nous pouvons facilement fonctionner comme si la Bible n’était pas suffisante. Si seulement nous pouvions avoir quelque chose de plus que les Écritures, cela nous permettrait d’être vraiment proches de Jésus et de connaître son amour pour nous. À moins, évidemment, que la finalité de la rédemption que nous offre le Christ soit intimement liée à la finalité de la révélation qu’il nous a laissée.

LA SUPÉRIORITÉ DU FILS DE DIEU Les premiers versets de l’épître aux Hébreux expriment une grande idée qui sera développée tout au long de cette lettre. Dieu a parlé à travers son Fils et ce Fils est supérieur à toutes choses, qu’il s’agisse des hommes, des êtres célestes, des institutions, des rites ou des moyens de révélation et de rédemption qui existaient avant lui. Voilà pourquoi les versets 1 et 2 commencent par une série d’oppositions. • Les époques. L’époque révolue, c’était « autrefois » ; désormais, nous vivons « ces jours qui sont les derniers ». Cela ne signifie pas forcément que la fin du monde est proche. Cela veut dire que nous sommes entrés dans une ère nouvelle, l’ère de l’Esprit, celle de l’accomplissement des temps, au cours de laquelle ont eu lieu les grands actes de salut. La mort et la résurrection de Jésus ont fait entrer le monde dans une époque différente. Aucun autre acte de rédemption ne doit être accompli avant l’avènement du dernier jour. Voilà pourquoi nous sommes dans les derniers jours. 48


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• Les destinataires. À une époque antérieure, il y a bien longtemps, Dieu a parlé « à nos ancêtres », c’est-à-dire aux patriarches, aux ancêtres des Juifs. Mais, en cette ère nouvelle, c’est à « nous » que Dieu a parlé. Nous avons changé d’époque et, désormais, Dieu s’adresse à un groupe d’êtres humains différent. • Les intermédiaires. Dieu a parlé également en passant par un « intermédiaire » différent. Autrefois, il a parlé par l’intermédiaire des « prophètes », ce qui recouvrait à la fois les prophètes d’antan, connus par leur nom et qui avaient une fonction prophétique comme Moïse, et les écrits prophétiques (c.-à-d. les écrits de l’Ancien Testament). C’est « par les prophètes » que Dieu a parlé autrefois. Mais, dans ces jours qui sont les derniers, Dieu a parlé « par le Fils ». Jésus-Christ a révélé comment est Dieu, il nous a enseigné la volonté de Dieu et il nous a montré le chemin du salut. • Les manières. Autrefois, Dieu a parlé à de nombreuses reprises (polymeros) et de bien des manières (polytropos). Dieu a parlé par des visions, des songes, des voix, un buisson en feu, une colonne de feu, un âne, et en écrivant sur un mur. C’était avant, dans l’ancien temps. Mais, dans ces jours qui sont les derniers, Dieu a parlé d’une seule manière : par le Seigneur Jésus-Christ. L’opposition implicite est la suivante : alors qu’auparavant Dieu parlait à son peuple de bien des manières, il ne se révèle plus désormais que d’une seule manière : à travers son Fils. Ces quatre oppositions sont toutes destinées à nous conduire à la même conclusion, glorieusement exposée en détail des versets 2 à 4, à savoir : le Christ est l’intermédiaire final et supérieur de la rédemption et de la révélation divines. S’inspirant des psaumes 2 et110, l’auteur de l’épître aux Hébreux affirme sept points essentiels dans ce sens :

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Croi re DIE U sur PA R O LE 1. Le Fils est l’héritier de toutes choses (Hébreux 1 : 2b). Le Christ est l’aboutissement et l’apogée de toutes choses. L’œuvre missionnaire de cette ère nouvelle consiste à amener au Christ ce qui lui appartient de façon légitime. 2. Le Fils est le Créateur de toutes choses (v. 2c). Même si la deuxième personne de la Trinité n’est pas citée nommément dans le récit de la création, nous voyons dans la Genèse que Dieu a créé par l’action de sa parole divine. Cette parole qui a été prononcée, il convient de l’identifier à la Parole qui s’est plus tard incarnée. 3. Le Fils est celui qui soutient toutes choses (v. 3a). Chaque proton, chaque électron, le moindre composé, la moindre particule, chaque planète, étoile et galaxie sont soutenus par sa parole puissante. 4. Le Fils est la révélation de Dieu (v. 3a). Il est la manifestation de la présence de Dieu : pas simplement un reflet de la divine gloire, mais son rayonnement. Il est l’empreinte exacte de Dieu, identique à lui par essence et par nature. Le Christ nous révèle Dieu tel qu’il est réellement. 5. Le Fils nous a purifiés de nos péchés (v. 3b). Il a pris sur lui la souillure et la culpabilité du péché, pas simplement comme une ombre des biens à venir (à l’instar des anciens sacrifices), mais en tant que substance de tout ce qui avait été préfiguré. 6. Le Fils s’est assis à la droite de Dieu (v. 3b). Tout comme une mère s’assied à la fin de la journée lorsque les enfants sont enfin couchés et que la cuisine est propre, Christ s’est assis à la droite de Dieu parce que son œuvre avait été accomplie. Son intronisation avait été réalisée en bonne et due forme (cf. psaume 110 : 1) et sa mission sacerdotale achevée une fois pour toutes (Hébreux 9 : 25-26).

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7. Le Fils est, par conséquent, devenu nettement supérieur aux anges (v. 4). S’il est supérieur à ces messagers célestes, c’est parce que le message final de Dieu a été annoncé par son intermédiaire. Nul ne viendra après lui. Notre si grand salut est arrivé – confirmé par des signes, des prodiges, des miracles et des dons du Saint-Esprit – et rien ne le surpassera jamais (2 : 1-4). Dieu a parlé par son Fils, et ce Fils est supérieur à toute personne, tout être céleste, institution, rite et moyen antérieur de révélation et de rédemption. Voilà la grande idée qui est développée en Hébreux 1 : 1-4 et tout au long de cette épître. Le Christ est supérieur aux anges (chap. 1 et 2), à Moïse (chap. 3), à Josué (chap. 3 et 4), à Aaron (chap. 5), à Abraham (chap. 6), à Melchisédek (chap. 7), à l’ancienne alliance (chap. 8), au tabernacle (chap. 9), au souverain prêtre (chap. 10), aux trésors de ce monde (chap. 11), au mont Sinaï (chap. 12) et à la cité que nous avons ici-bas (chap. 13). Le Fils est notre grand superlatif ; il surpasse tout le reste, car en lui nous avons la plénitude et la finalité de la rédemption et de la révélation divines.

LA SUFFISANCE DU FILS ET DES ÉCRITURES Mais quel rapport tout cela a-t-il avec la suffisance de l’Écriture ? Revenons un instant sur la conclusion que nous venons de formuler ci-dessus : le Fils est supérieur à toutes choses, car en lui nous avons la plénitude et la finalité de la rédemption et de la révélation divines. Nous comprenons très bien l’aspect plénitude. Tout préfigurait « autrefois » le Christ, et tout a été accompli en lui. Il est l’accomplissement de siècles de prédications, de prophéties et de types. Ça, c’est la partie plénitude de l’équation. Mais la finalité de l’œuvre du Christ est tout aussi importante. Dieu s’est fait connaître de façon définitive. Le Christ a payé une fois pour toutes pour nos péchés. Il est venu sur la terre, a vécu parmi nous, est mort sur la croix et s’est écrié au moment de 51


Croi re DIE U sur PA R O LE mourir : « Tout est accompli ! ». Nous n’attendons pas un autre roi censé venir régner sur nous. Nous n’avons pas besoin d’un autre prophète comme Mahomet. Aucun autre prêtre ne peut être chargé d’expier nos péchés. L’œuvre de la rédemption a été accomplie parfaitement. Or, nous ne devons pas séparer la rédemption de la révélation. Elles ont toutes les deux trouvé leur aboutissement et leur accomplissement dans le Fils. Opposer la parole de Dieu à la parole de Dieu ? La Bible à Jésus ? Les Écritures au Fils ? L’épître aux Hébreux ne laisse aucune place à ces oppositions diaboliques. Certes, la Bible n’est pas Jésus ; l’Écriture n’est pas le Fils. Les paroles de la Bible et la Parole faite chair sont deux choses distinctes, mais elles sont également inséparables. Chaque acte de rédemption – de l’exode au retour de l’exil, et jusqu’à la croix elle-même – est aussi une révélation. Tous ces actes nous révèlent quelque chose de la nature du péché, du moyen de salut et du caractère de Dieu. De même, le but de la révélation est toujours de racheter. Les paroles des prophètes et des apôtres n’ont pas pour but de nous rendre intelligents, mais de nous sauver. La rédemption révèle ; la révélation rachète. Et le Christ est les deux à la fois. Il est celui par qui Dieu rachète de manière totale et définitive, et celui par qui Dieu se révèle luimême de manière totale et définitive. Même les enseignements ultérieurs des apôtres n’étaient autres que le rappel de ce que le Christ avait déjà dit (Jean 14 : 26), et l’explication, inspirée par l’Esprit, de tout ce qu’il était et de tout ce qu’il avait accompli (Jean 16 : 13-15) :« Rien ne peut être ajouté à son œuvre de rédemption, observe Frame, et rien ne peut être ajouté à la révélation de cette œuvre de rédemption3 ». Si nous disons que la révélation n’est pas complète, il nous faut admettre que, d’une façon ou d’une autre, l’œuvre de la rédemption demeure elle aussi inachevée. Cela revient-il à dire que Dieu ne parle plus ? Absolument pas. Mais il nous faut réfléchir sérieusement à la façon dont il parle en ces jours qui sont les derniers. Dieu parle désormais au travers de son Fils. Considérons les trois fonctions du Christ : prophète, 3

John Frame, op. cit., p. 227.

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prêtre et roi. D’une façon très concrète, le Christ a achevé son œuvre pour chacune de ces trois fonctions. Et pourtant, il continue d’agir à travers cette œuvre achevée. En tant que roi, le Christ est déjà assis sur le trône et il règne déjà dans les cieux, mais l’avènement de son royaume n’est pas la même chose que son aboutissement. Des ennemis doivent encore être mis sous ses pieds (Hébreux 2 : 8). En tant que prêtre, le Christ a payé pour tous nos péchés par son sang précieux, totalement et une fois pour toutes. Un sacrifice qui ne sera jamais renouvelé. Ce grand salut, pourtant, a encore besoin d’être offert gratuitement ; et nous, nous avons besoin que le Christ nous préserve dans ce salut (Hébreux 2 : 3). En tant que prophète, le Fils est celui par qui Dieu a parlé de façon très claire. Il nous a montré tout ce que nous avons besoin de connaître, de croire et d’accomplir. Il n’y a rien de plus à dire. Et pourtant, Dieu continue de parler au travers de ce qu’il a déjà dit : « La parole de Dieu est vivante et efficace » (Hébreux 4 : 12) ; et le Saint-Esprit continue de parler quand nous lisons les Écritures (3 : 7). Par conséquent, Dieu continue effectivement de parler. Il n’est pas silencieux. Il communique avec nous personnellement et directement. Mais ce n’est pas parce qu’il communique que sa révélation se poursuit dans le temps. Bavinck écrit : Le Saint-Esprit ne révèle plus de nouvelles doctrines ; il prend uniquement de ce qui est au Christ (Jean 16 : 14). En Christ, la révélation de Dieu a été achevée4.

Dans ces jours qui sont les derniers, Dieu nous parle, non pas de bien des manières différentes, mais d’une seule manière : à travers son Fils. Et il le fait par la révélation de l’œuvre de rédemption accomplie par son Fils, que nous trouvons tout d’abord annoncée et préfigurée dans l’Ancien Testament, puis racontée dans les Évangiles, et enfin exposée par l’Esprit par l’intermédiaire des apôtres dans le reste du Nouveau Testament. Herman Bavinck, Reformed dogmatics, vol. 1 : Prolegomena, Grand Rapids (USA) : Baker Academic, 2003, p. 491.

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Croi re DIE U sur PA R O LE L’Écriture est suffisante, car l’œuvre du Christ est elle-même suffisante. Les deux tiennent – ou tombent – ensemble. La rédemption du Fils et la révélation du Fils sont forcément toutes deux suffisantes. Et, à ce titre, il n’y a, pour obtenir le salut ou mener une vie chrétienne, rien à faire ou à savoir de plus que ce que nous voyons et connaissons au sujet du Christ et par le Christ dans le livre de son Esprit. Frame a raison : L’Écriture est le témoignage rendu par Dieu à la rédemption qu’il a accomplie pour nous. Dès lors que cette rédemption est achevée, et que le témoignage des apôtres à son sujet est lui aussi achevé, les Écritures sont complètes et il n’y a pas d’ajouts à attendre5.

Ou bien, comme l’exprime Packer de façon plus laconique mais non moins juste : Il n’y a pas aujourd’hui de paroles de Dieu qui nous soient adressées à l’exception des paroles de l’Écriture6 .

LES CONSÉQUENCES CONCRÈTES DE LA SUFFISANCE DE L’ÉCRITURE En quoi tout cela est-il important ? Quelles conséquences la suffisance de l’Écriture a-t-elle sur notre vie chrétienne ? J’aimerais terminer ce chapitre en montrant que celle-ci devrait avoir des conséquences profondes sur quatre plans.

1. Puisque l’Écriture est suffisante, laissons la tradition à sa juste place La tradition tient une place indéniable dans la compréhension de la parole de Dieu et la formulation des convictions doctriJohn Frame, op. cit., p. 227. James Packer, « Fundamentalism » and the word of God, Grand Rapids : Eerdmans, 1958, p. 119. Même si ce type de révélation « immédiate » a cessé, il ne faut pas exclure la révélation « médiate », au moyen de laquelle Dieu prodigue de nouveaux éclairages et de nouvelles manières de vivre concrètement la foi, parfois d’une façon surprenante, mais toujours au travers de l’Écriture. Voir Garnet Milne, The Westminster confession of faith and the cessation of special revelation : The majority puritan viewpoint on whether extra-biblical prophecy is still possible, Bletchley, Milton Keynes (Royaume-Uni) : Paternoster, 2007. 5 6

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nales de l’Église. La richesse que l’on oublie le plus facilement aujourd’hui est celle de ceux qui ne sont plus. Nous devrions nous laisser instruire par les grands enseignants qui nous ont précédés. Nous devrions rester attachés aux credo œcuméniques de l’Église. Et pour ceux d’entre nous qui sont rattachés à une tradition confessionnelle (luthériens, anglicans, presbytériens ou réformés), nous devons faire le serment de défendre nos préceptes confessionnels avec soin, sérieux et intégrité. Néanmoins, même ces grands credo, catéchismes et confessions n’ont de valeur que dans la mesure où ils résument ce qu’enseigne l’Écriture. Aucun texte secondaire rédigé par l’homme ne peut remplacer la Bible. Aucun de ces textes n’a le droit de supplanter notre allégeance à la Bible et d’en corrompre notre connaissance. La suffisance de l’Écriture constitue le fondement du mot d’ordre de la Réforme : sola Scriptura, c’est-à-dire « l’Écriture seule ». Il ne s’agit pas de se passer de l’aide de bons enseignants, d’outils spécialisés ou de formules doctrinales éprouvées. « Seule » ne signifie pas « seulement » (solo Scriptura), sans lien communautaire ou confessionnel. Il s’agit d’affirmer que seule l’Écriture constitue l’autorité définitive. Tout doit être testé par rapport à la parole de Dieu. La tradition ne joue pas un rôle équivalent à celui de la Bible dans notre connaissance de la vérité. Elle tient plutôt une fonction de confirmation, d’éclaircissement et de soutien. Nous ne pouvons pas accepter d’ajouts doctrinaux tels que l’infaillibilité pontificale, le purgatoire, l’immaculée conception ou la vénération de Marie, car non seulement ces doctrines ne se trouvent pas dans la parole de Dieu, mais surtout elles sont en contradiction avec ce qui est révélé dans l’Écriture. Même si nous pouvons respecter nos amis catholiques et être reconnaissants pour bien des aspects de leur foi et de leur témoignage sur le plan social, nous ne devons pas vaciller dans notre allégeance au sola Scriptura. Il est en effet implicite dans le concept biblique de la suffisance de la Bible.

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Croi re DIE U sur PA R O LE 2. Puisque l’Écriture est suffisante, refusons d’ajouter ou d’enlever quoi que ce soit à la parole de Dieu Nous sommes en présence d’un livre qui parle de l’Alliance entre Dieu et son peuple. Or, en règle générale, les documents contractuels se terminent par un avertissement solennel. Nous voyons ce type d’avertissement en Deutéronome 4 : 2 et 13 : 1 (ou 12 : 32, selon la version), où les Israélites sont mis en garde contre le fait d’ajouter ou d’enlever quoi que ce soit à la loi de Moïse (cf. Proverbes 30 : 5-6). Nous trouvons le même type d’avertissement à la fin du Nouveau Testament, en Apocalypse 22 : 18-19 : Je le déclare à toute personne qui écoute les paroles de prophétie de ce livre : si quelqu’un y ajoute quelque chose, Dieu lui ajoutera les fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu’un enlève quelque chose aux paroles du livre de cette prophétie, Dieu enlèvera sa part de l’arbre de la vie et de la ville sainte décrits dans ce livre.

Cet avertissement particulièrement solennel – placé de surcroît à la toute fin de la Bible – nous rappelle avec force que nous ne devons rien ajouter aux Écritures (que ce soit pour les améliorer, pour nous rassurer, ou pour qu’elles cadrent mieux avec nos présupposés) et que nous ne devons rien leur retrancher, même si l’expérience, les revues spécialisées ou l’état d’esprit ambiant nous poussent à le faire.

3. Puisque la Bible est suffisante, ayons l’assurance de sa pertinence dans toutes les circonstances de la vie Dieu nous a donné tout ce qui est nécessaire à la vie et à la piété (2 Pierre 1 : 3) ; l’Écriture est suffisante pour nous rendre sages en vue du salut et saints pour le Seigneur (2 Timothée 3 : 14-17). Si nous apprenons à lire la Bible dans toutes les directions – en profondeur (pour qu’elle pénètre dans notre cœur), en largeur (pour en saisir l’ensemble du scénario), en longueur (jusqu’à la fin de l’histoire), et en hauteur (à la gloire de Dieu sous le regard du Christ) –, nous découvrirons que chaque parcelle de la Bible nous apporte quelque chose. Affirmer la suffisance de l’Écriture, ce n’est pas laisser entendre que la Bible nous dit tout ce que nous voulons savoir sur tout ; en revanche, elle nous dit effectivement 56


L a parole de D ieu est suffisante

tout ce que nous avons besoin de savoir sur le plus important. L’Écriture ne donne pas des informations exhaustives sur tous les sujets, mais sur tous les sujets à propos desquels elle parle, elle dit uniquement ce qui est vrai. Et nous pouvons trouver dans sa vérité suffisamment de connaissances pour nous détourner du péché, trouver un Sauveur, prendre de bonnes décisions, faire plaisir à Dieu et découvrir la racine de nos plus gros problèmes.

4. Puisque la Bible est suffisante, ouvrons nos Bibles pour entendre la voix de Dieu J’ai participé récemment à un groupe consultatif mis en place par la dénomination à laquelle je suis rattaché. Nous devions définir nos « normes » sur le plan communautaire. Lorsque j’ai laissé entendre que notre première norme devrait être de mettre toute chose à l’épreuve de la parole de Dieu, on m’a répondu (et je cite littéralement) que nous n’étions « pas là pour ouvrir nos Bibles ». Apparemment, l’objectif du groupe était de nous amener à écouter notre cœur et à nous écouter les uns les autres, mais pas vraiment que nous écoutions Dieu. Plus tard, au cours de la même rencontre regroupant des membres de cette dénomination, un pasteur d’Amérique du Sud s’est adressé à tout le groupe. Ayant remarqué au fond de la salle une affiche qui annonçait une rencontre pour « découvrir » la vision de Dieu au sujet de notre dénomination, l’homme a observé : « Découvrir ? J’espère que vous allez trouver ce que vous cherchez. Et essayez de faire en sorte que ça ne soit pas trop long ». C’était une pique bien envoyée contre la tendance de l’Église américaine à projeter, formuler, rêver, définir des visions et rechercher le discernement collectif, alors que pendant tout ce temps la voix de Dieu est là, très claire, sur nos genoux, complètement délaissée. La parole de Dieu est plus que suffisante pour permettre aux enfants de Dieu de mener leur vie à sa gloire. Le Père est prêt à nous parler en utilisant tout ce que l’Esprit a dit au travers du Fils. La question est de savoir si nous sommes prêts à ouvrir nos Bibles et à nous donner la peine d’écouter. 57


Le commandement que je te prescris aujourd’hui n’est certainement pas au-dessus de tes forces ni hors de ta portée. Il n’est pas dans le ciel pour que tu dises : « Qui montera pour nous au ciel et ira nous le chercher ? Qui nous le fera entendre afin que nous le mettions en pratique ? » Il n’est pas de l’autre côté de la mer pour que tu dises : « Qui passera pour nous de l’autre côté de la mer et ira nous le chercher ? Qui nous le fera entendre, afin que nous le mettions en pratique ? » C’est une parole, au contraire, qui est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur, afin que tu la mettes en pratique.

Deutéronome 30 : 11-14



— David Platt, auteur de Suis-moi

Croire DIEU sur PAROLE

K E VI N De YOU N G

Grâce à la lecture de ce livre, j’ai plus confiance en la parole de Dieu, je suis plus profondément soumis à la parole de Dieu et j’ai encore plus d’affection pour la parole de Dieu.

La parole de Dieu est-elle vraiment la vérité ? Quelle est son utilité pour nos vies ? Sommes-nous réellement capables de la comprendre ? Kevin DeYoung a une bonne nouvelle pour vous : la Bible a le pouvoir de changer votre vie. L’auteur démontre son infaillibilité, la nécessité de s’en imprégner, de la connaître, l’aimer et la mettre en pratique au quotidien. Ce livre, accessible à tous, ravivera votre désir de mieux connaître Dieu à travers sa parole. Alors, débarrassez-vous de tout préjugé et régalez-vous de la vérité ! Kevin DeYoung est pasteur. Il a écrit plusieurs livres dont Vie de fou, La faille dans notre sainteté, La plus grande histoire et Quelle est la mission de l’Église ?. Il est marié avec Trisha et ils ont six enfants.

13,90€ ISBN 978-2-36249-339-3 Publié au Canada par

9 782362 493393

Croire DIEU sur PAROLE

POURQUOI LA BIBLE EST CLAIRE , NÉCESSAIRE ET SUFFISANTE, ET CE QUE CELA VEUT DIRE POUR VOUS ET MOI

Cr oir e POURQUOI LA BIBLE EST CLAIRE,

DIEU NÉCESSAIRE ET SUFFISANTE, ET CE QUE

s ur CELA VEUT DIRE POUR VOUS ET MOI

P AR O LE KEVIN DeYOUNG


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