L'Enfer ignoré • Francis Chan

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PAR L’AUTEUR DE Crazy love *

COMMENT UN DIEU D’AMOUR PEUT-IL ENVOYER DES HOMMES EN ENFER ? Avec beaucoup de compassion et d’humilité, Francis Chan répond aux questions essentielles que vous vous posez sur l’éternité, à la lumière de la parole de Dieu. Comme vous, il s’interroge sur l’enfer. Comme vous, il n’a pas toujours envie d’y croire. Mais quand il s’agit d’un sujet aussi grave et définitif, nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir tort. Il y a bien trop en jeu. Trop de personnes en jeu. Pour corser le tout, de nouvelles attitudes voient le jour : qui croire ? Suffit-il de réciter une prière pour éviter l’enfer ? Après la mort, aura-t-on une seconde chance de croire en Jésus pour rejoindre le paradis ? Ou ceux qui seront envoyés en enfer seront-ils détruits après un certain temps ?

L’AUTEUR Francis Chan est né à Hong Kong en 1967. Pasteur et conférencier international, il est le fondateur de l’université Eternity Bible et s’investit auprès des plus démunis dans le monde. Il est l’auteur du best-seller Crazy love *. Il est marié avec Lisa. Ils ont cinq enfants et vivent en Californie. *Amour fou

ISBN BLF 978-2-36249-186-3

9 782362 491863 ISBN JPC 978-2-90525-327-9

9 782905 253279

FRANCIS CHAN  AVEC PRESTON SPRINKLE

Dès maintenant, emparons-nous ensemble du courage de la foi et laissons-nous guider par ce que l’Écriture affirme sur le sujet.

L’enfer ignoré CE QUE DIEU A DIT SUR L’ÉTERNITÉ ET CE QUE NOUS AVONS INVENTÉ FRANCIS CHAN AVEC PRESTON SPRINKLE


L’enfer ignoré


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« L’enfer ignoré est un livre de la plus extrême importance. Francis Chan s’y exprime avec compassion et une profonde crainte. Il reconnaît que ce débat concerne Dieu, sa nature et son autorité. Ce qui est en jeu, c’est si, oui ou non, nous allons lui faire confiance. Francis n’hésite pas à nous exposer son cœur ; son livre m’a non seulement informé, mais il m’a aussi touché. C’est plutôt rare de trouver quelqu’un qui puisse ainsi mêler des paroles venues tout droit de son cœur et une utilisation aussi appliquée de l’Écriture. L’enfer ignoré se lit très facilement et pourtant il creuse en profondeur et dans les détails le sujet qu’il aborde. Les recherches de Preston Sprinkle et la présentation qu’en fait Chan lui donne une approche dynamique. Ce livre remarquable nous met face, non pas à ce que, dans notre orgueil, nous aurions envie de croire, mais à ce qu’en toute humilité, nous devrions croire. Je suis sincèrement reconnaissant à Francis Chan de nous diriger ainsi vers la parole de Dieu dans un esprit de grâce et de vérité. Et de nous interpeller quant à notre besoin d’arrêter de nous excuser pour Dieu et de commencer à nous excuser devant Dieu d’avoir osé penser que nous étions plus sages ou plus aimants que notre Sauveur. » — Randy Alcorn, auteur de Heaven [Le Ciel], Le Choix de la pureté, et Le Principe du trésor.

« Il est temps de parler de ce mot tabou. Beaucoup de gens traversent l’enfer sur terre, mais existe-t-il aussi un enfer après la vie sur terre ? La cote de l’enfer est au plus bas en ce moment à cause du manque de confiance du public. Mais comment des milliers, peut-être des millions de gens peuvent-ils considérer l’enfer comme un mythe et continuer à croire au paradis avec le précieux espoir de s’y rendre un jour ? Assurément, si nous détestons souffrir, Dieu doit détester cela encore plus que nous ! Mais alors, comment aurait-il pu créer un lieu aussi horrible que celui que décrit L’Enfer de Dante ? Et pourtant, ce même Jésus qui nous parle des merveilles du paradis, décrit aussi une chambre de l’horreur qui n’est pas de ce monde. Qui va un jour se retrouver là-bas ? Et pourquoi ? Et pour combien de temps ? Dans ce livre, mon ami Francis Chan se penche sérieusement sur des questions difficiles et inquiétantes… et ses réponses pourraient honnêtement vous surprendre ! » — Joni Eareckson Tada, auteure de best-sellers et conférencière



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L’enfer ignoré CE QUE DIEU A DIT SUR L’ÉTERNITÉ ET CE QUE NOUS AVONS INVENTÉ FRANCIS CHAN AVEC PRESTON SPRINKLE


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Erasing hell • Francis Chan et Preston Sprinkle © 2011 • David C. Cook 4050 Lee Vance View • Colorado Springs, CO 80918 • USA Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : L’Enfer ignoré • Francis Chan © 2016 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Une coédition BLF Éditions et JPC Traduction : Sarah Lecerf, Nelly Yoder, E2m Mise en page et couverture : BLF Éditions Impression n° XXXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Les autres versions sont indiquées en toutes lettres sauf la Bible Louis Segond (LSG), la Nouvelle Bible Segond (NBS), et la Traduction œcuménique de la Bible (TOB). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Coédition BLF ISBN 978-2-36249-186-3 ISBN 978-2-36249-187-0

broché numérique

Coédition JPC ISBN 978-2-90525-327-9

broché

er Dépôt légal 1 trimestre 2016 Index Dewey : 236.25 (cdd23) Mots-clés : 1. Enfer. Christianisme. Enseignement biblique. 2. Vie future. 3. Vie chrétienne.


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TABLE DES MATIÈRES Avant-propos.........................................................................................7 Introduction............................................................................................ 9 Chapitre 1 « ON IRA TOUS AU PARADIS »… VRAIMENT ?................................... 15 Chapitre 2 EST-CE L’ENFER QUI A CHANGÉ ? OU BIEN NOUS ?........................... 33 Chapitre 3 CE QUE JÉSUS A RÉELLEMENT DIT AU SUJET DE L’ENFER............... 47 Chapitre 4 CE QUE LES DISCIPLES DE JÉSUS EN DISENT................................... 63 Chapitre 5 EN QUOI SUIS-JE CONCERNÉ ?.......................................................... 75 Chapitre 6 ET SI DIEU… ?................................................................................... 85 Chapitre 7 NE VOUS LAISSEZ PAS SUBMERGER................................................. 99 Annexe FOIRE AUX QUESTIONS 1. Faut-il prendre au sens littéral les images de feu, de ténèbres et de vers ?............................................................................................ 105 2. Existe-t-il des degrés de châtiment en enfer ?.......................................... 108 3. L’enfer est-il au centre de la terre ?.......................................................... 108 4. Le mot sheol, dans l’Ancien Testament, fait-il référence à l’enfer ?............. 109 5. Qu’en est-il de celles et ceux qui n’ont jamais entendu l’Évangile ?............ 110 6. Entre sa mort et sa résurrection, Jésus est-il allé prêcher en enfer ?.......... 112 7. Comment Dieu peut-il être amour et tout de même envoyer des gens en enfer ?............................................................................................... 113

Bibliographie...................................................................................... 117 À propos de l’auteur........................................................................... 121 À propos du coauteur......................................................................... 122 Notes de chapitres.............................................................................. 123 JPC France, coéditeur de L’Enfer ignoré............................................... 141



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AVANT-PROPOS

J’ai écrit ce livre avec mon ami Preston. Comme il est bien meilleur que moi pour se frotter à certaines questions difficiles, je lui ai demandé sa collaboration. Nous souhaitions être rigoureux et précis, et ses compétences en langues, en histoire et sur le Nouveau Testament ont été d’une grande aide. Dans le cadre de son doctorat, Preston a étudié le judaïsme du premier siècle ; il a publié plusieurs ouvrages à ce sujet. Nous partageons les mêmes convictions, et nos dons se complètent : notre partenariat n’en devrait être que plus bénéfique. Nous avons décidé d’écrire ce livre d’une seule voix (celle de Francis). Mais soyons honnêtes : la majorité des recherches proviennent de Preston. Ce livre n’aurait pas pu voir le jour sans l’aide inestimable de plusieurs personnes de notre communauté. Mark Beuving a tout d’abord passé de nombreuses heures à réviser, corriger et réécrire certains passages ; il l’a fait avec précision et un grand soin. Des membres du personnel de l’université Eternity Bible et de l’Église de Cornerstone ont également mis à part un temps très appréciable pour lire nos premières ébauches. Merci à vous, Joshua, Spencer, Yvonne, Todd et Matt. Vos commentaires ont été infiniment précieux. J’ai également sollicité l’aide de plusieurs spécialistes. Ils ont passé le livre (ou certains passages) au peigne fin, pour vérifier la rigueur de mon interprétation


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de l’Écriture. En particulier Timothy Gombis (Séminaire théologique de Grand Rapids), Tremper Longman III (Université de Westmont), Joseph Dodson (Université baptiste d’Ouachita), Simon Gathercole (Université de Cambridge) et Scott Hafemann (Université de Saint-Andrews). Même si l’érudition n’est pas mon but, le sujet exigeait les plus grandes précautions dans le maniement du texte biblique. Je suis donc reconnaissant que cet ouvrage ait fait l’objet d’un examen détaillé avant sa publication. Quel que soit le nombre de correcteurs qui sont passés par là, ce livre reste faillible. Nous avons donc inclus de nombreuses citations de l’Écriture. Lisez ces passages bibliques comme ce qu’ils sont : des vérités sorties tout droit de la bouche de Dieu. À chaque verset, arrêtez-vous et prenez le temps de méditer. Ce sont ces paroles-là que Dieu veut que vous chérissiez et acceptiez.


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INTRODUCTION

Si vous êtes excité à l’idée de lire ce livre, quelque chose ne tourne pas rond chez vous. Prenez-vous bien toute la mesure de ce que nous allons examiner ? Nous allons réfléchir à la possibilité, pour vous et moi, de finir tourmentés en enfer. « Excité » est donc un terme déplacé. « Nécessaire » serait plus approprié. Pour certains, cette discussion ouvrira de vieilles blessures. C’est mon cas. Le jour le plus triste de ma vie a été celui où j’ai vu ma grand-mère mourir. Quand le tracé de l’électrocardiogramme est devenu plat, j’ai paniqué. J’ai perdu tous mes moyens ! Mes connaissances bibliques me disaient qu’elle se dirigeait vers une vie de souffrances infinies. J’ai bien cru que j’allais devenir fou. Je n’ai jamais autant pleuré et je ne veux plus jamais vivre cela. Depuis, j’essaie, tant bien que mal, de ne plus y penser. Cela fait plus de vingt ans maintenant. En écrivant ce paragraphe, j’en suis encore malade. J’aimerais tellement effacer l’enfer des pages de l’Écriture ! Et vous ? Vous êtes-vous déjà débattu avec l’enfer, comme moi ? Avez-vous des parents, des frères et sœurs, des cou-


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sins ou des amis qui, d’après l’enseignement que vous avez reçu, finiront en enfer ? Voilà de quoi vous glacer le sang ! Il n’y a pas si longtemps de ça encore, quand l’idée de l’enfer – et le fait que mes bien-aimés puissent s’y retrouver – me venait à l’esprit, je la chassais bien vite pour penser à quelque chose de plus agréable. Intellectuellement, je croyais toujours en l’enfer, mais j’essayais de ne pas laisser cette doctrine pénétrer mon cœur. J’en suis alors arrivé à un point tel que je ne pouvais plus continuer ainsi. Il m’était impossible de prononcer le mot « enfer » sans ressentir une profonde souffrance. Je devais découvrir si la Bible enseignait réellement l’existence d’un véritable enfer. Ce serait tellement formidable s’il n’en était rien ! Cela voudrait dire que je pourrais à nouveau un jour serrer ma grand-mère dans mes bras. J’ai donc décidé d’écrire un livre sur l’enfer. Et honnêtement, j’ai une peur bleue. J’ai peur parce qu’il y a tellement de choses en jeu ! En effet, si je prétends qu’il n’y a pas d’enfer alors qu’il existe, je risque de conduire les gens précisément dans un endroit dont j’ai publiquement nié l’existence ! Et si je prétends à tort que l’enfer existe ? Je risque de forcer les gens à passer leur vie à mettre en garde leurs bien-aimés. Et à propos de quoi ? D’un endroit terrifiant qui n’existe même pas ! Quand il est question de l’enfer, nous ne pouvons pas nous permettre de nous tromper. Ce n’est pas une doctrine comme les autres. Vous ne pouvez pas juste donner votre avis et continuer tranquillement votre chemin. Il y a bien trop en jeu. Trop de personnes sont en jeu. Et la Bible a beaucoup trop à dire sur le sujet.


Introduction

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Qui croire ? Une partie de moi n’a pas envie de croire à l’enfer. Et je reconnais que j’ai tendance à chercher dans l’Écriture ce que je veux bien y trouver (c’est peut-être aussi votre cas) ! Ayant pris conscience de cela, j’ai passé de nombreuses heures à jeûner et à prier Dieu, afin qu’il m’empêche de tordre les Écritures dans le but de satisfaire mes préférences personnelles. Je vous encourage à faire de même. Ne croyez pas quelque chose simplement parce que vous le souhaitez. N’acceptez pas une idée uniquement parce que vous l’avez toujours crue. Croyez ce qui est biblique. Bousculez vos préjugés à la lumière des paroles précieuses de Dieu. J’ai cru et pratiqué de nombreuses choses pendant des années. J’ai pourtant dû changer de point de vue après avoir mieux étudié la Bible. J’ai appris à dire : « Là, je crois que j’étais à côté de la plaque ». C’est peut-être humiliant et difficile, mais c’est bien mieux que de continuer de croire à quelque chose de faux. J’ai par exemple été « introduit » dans l’Église en récitant une prière particulière pour « recevoir Christ ». Cette prière me permettait de ne pas brûler en enfer ; j’avais été vivement encouragé à faire cela. Pendant des années, j’ai conduit d’autres personnes sur cette voie, mais je ne le fais plus. Je prêche maintenant contre cette idée simpliste de prononcer une prière pour être sauvé du feu, car je ne vois cela nulle part dans l’Écriture. On m’a aussi appris que le Saint-Esprit ne nous accorde plus sa puissance au travers d’actes miraculeux, parce que ceux-ci auraient « cessé » il y a bien longtemps. Pendant des années, j’ai découragé les gens de rechercher le surnaturel. Mais j’ai approfondi mon étude de l’Écriture. Et je suis désormais convaincu que le Saint-Esprit peut guérir les incurables, accomplir l’impossible et enflammer les


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croyants pour qu’ils accomplissent des œuvres plus grandes que celles de Jésus (Jean 14 : 12). Et j’encourage vivement les gens à en être convaincus. J’ai pris mes distances avec les formes traditionnelles de « l’Église ». Je recherche ce que je crois être plus biblique. Je ne pense pas que Dieu désire que notre vie d’Église tourne autour de bâtiments et de réunions. Il souhaite, au contraire, que nos Églises se concentrent sur des vies de disciples effectives, sur la mission et la recherche de l’unité. Peu importe la forme que prennent nos rassemblements. Je suis allé jusqu’à vendre ma maison, démissionner de mon travail et quitter mon pays ; je ne voulais pas que mon confort m’empêche de chercher le Seigneur de tout mon cœur. Je voulais le suivre là où il me conduirait. Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? Je ne vais pas m’accrocher à l’idée de l’enfer uniquement parce que ma tradition me dit de le croire. Et vous ne le devriez pas non plus. Abandonnons ce qui nous est familier pour ce qui est vrai ! Rien ne devrait être sacré à nos yeux en dehors de Dieu et de sa vérité. Et c’est valable pour l’enfer. Si l’enfer est un mythe primitif issu d’une tradition conservatrice, alors, laissons-le sur une étagère poussiéreuse, à côté des autres croyances traditionnelles sans fondement biblique. Mais s’il est bien réel, si la Bible enseigne vraiment son existence pour ceux qui ne croient pas en Jésus, alors, cette réalité doit nous transformer. Elle doit purger notre âme de toute autosatisfaction. Alors que nous retroussons nos manches pour entamer le sujet difficile de l’enfer, ne dissocions pas l’enseignement biblique et notre réalité. Autrement dit, n’oublions pas que la doctrine que nous étudions pourrait bien être la destinée


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de nombreuses personnes. Nous ne devrions pas étudier l’enfer sans prier avec larmes. Pleurons, prions et jeûnons pour ce sujet difficile. Supplions Dieu de nous révéler, par sa Parole, la vérité sur l’enfer. Nous n’avons pas le droit de nous tromper sur ce sujet.

Que Dieu soit Dieu Ce livre est en réalité bien plus qu’un ouvrage sur l’enfer. C’est un livre qui parle d’accepter un Dieu pas toujours facile à comprendre, et dont les voies sont bien au-delà des nôtres. Un Dieu dont les pensées sont bien plus élevées que les nôtres. Un Dieu qui, en tant que souverain Créateur soutenant toutes choses, a parfaitement le droit de faire, comme le dit le psalmiste, « tout ce qu’il veut » (Psaume 115 : 3). Dieu a le droit de faire TOUT ce qu’il veut. Si j’ai appris une chose en étudiant l’enfer, c’est cette dernière ligne. Que vous soyez d’accord ou non avec tous mes propos au sujet de l’enfer, vous devez accepter le verset 3 du psaume 115. Parce qu’en fin de compte, ce qui importe le plus, ce ne sont pas nos sentiments, nos souhaits, nos blessures et nos désirs… mais Dieu seul. Il affirme clairement que ses voies et ses pensées sont bien au-dessus des nôtres (Ésaïe 55 : 9). Attendez-vous donc à ce que l’Écriture enseigne des choses qui entreront en conflit avec votre façon naturelle de penser. Voilà pourquoi nous devons prier. Nous devons supplier Dieu de nous aider à penser à l’enfer de la bonne façon. Je vous demande une chose : avant de lire ce livre, priez ! Sérieusement, priez ! Je ne suis pas du genre à faire ce qu’un livre me dit de faire ; si c’est aussi votre cas, je vous le demande, faites une exception. Priez avant de lire ce livre !


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La prière qui suit est un concentré de toutes celles qui ont été les miennes durant la rédaction de cet ouvrage. C’est aussi ma prière pour vous, alors que vous attaquez de front cette question importante : Seigneur, je voudrais connaître ce qui est vrai. J’ai des envies irrésistibles qui influencent et déforment ma capacité à raisonner, j’en suis conscient. Tu promets que ton SaintEsprit me conduira dans toute la vérité. Je prie pour qu’il le fasse maintenant. Je ne veux pas avoir tort. Je ne veux pas être trompé par les autres ou par moi-même. Toi seul possèdes toute la vérité et je veux être de ton côté. Donne-moi des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Donne-moi le courage de vivre et d’annoncer ce qui est juste, peu importe le coût. Je ne veux pas croire quoi que ce soit à ton sujet, qui ne soit pas vrai. Amen.


« On ira tous au paradis » …Vraiment ?

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CHAPITRE UN

« ON IRA TOUS AU PARADIS » …VRAIMENT ?

Est-ce qu’on ira tous au paradis ? Si je m’appuie sur ce que j’entends habituellement aux enterrements, la réponse est un Oui ! retentissant. Avezvous déjà assisté à des obsèques où quelqu’un mettait en doute la promesse du paradis ? Un seul crédo : examiner ce que la Bible dit sur le sujet. Les questions du paradis et de l’enfer sont bien trop importantes pour laisser nos sentiments et nos idées préconçues y répondre. Mais avant d’étudier les réponses que la Bible apporte sur ces points, nous devons régler une question essentielle. Avez-vous envie de croire en un Dieu qui manifeste sa puissance en punissant les non-chrétiens pour l’éternité ? Et qui célèbre sa miséricorde en bénissant abondamment les chrétiens à tout jamais ?


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I L’enfer ignoré En avez-vous vraiment envie ? Honnêtement ?

Envie de croire en un tel Dieu ? Pour être honnête, tout en moi crie : Non ! Pas question ! J’ai de la famille et des amis qui rejettent Jésus. Je n’ai pas envie de croire en un Dieu qui punit les non-croyants. Pas de problème pour qu’il punisse les gens vraiment mauvais. Mais envoyer en enfer ceux qui seraient bons ? Envoyer en enfer des gens qui se sont tout simplement trompés de religion ? C’est plutôt cruel ! En tout cas d’après ma définition de la justice. Mais laissez-moi vous poser une autre question. Pourriez-vous croire en un tel Dieu ? Pourriez-vous croire en un Dieu qui décide de punir les gens qui n’ont pas confiance en Jésus ? Un Dieu qui veut manifester sa puissance en condamnant ceux qui ne suivent pas son Fils ? C’est une tout autre question, n’est-ce pas ? Peut-être que vous ne percevrez pas tout de suite la différence, mais relisez attentivement ces deux questions (« en avez-vous envie ? » et « le pouvez-vous ? »), et vous verrez qu’elles sont aux antipodes l’une de l’autre. Le problème est que nous répondons souvent à la seconde question en fonction de notre réponse à la première. Autrement dit, puisque nous n’avons pas envie de croire certaines choses au sujet de Dieu, nous décidons que nous ne pouvons pas les croire. Laissez-moi vous expliquer comment je sens les choses. J’ai vraiment envie que tout le monde soit sauvé. C’est clair. Je n’ai pas envie que quelqu’un se retrouve en enfer. J’aimerais, au contraire, que tous les êtres humains puissent se tenir devant le Christ, au jour du jugement, et qu’ils aient l’occasion de lui dire : « Ils avaient raison, Jésus. Tu es vrai-


« On ira tous au paradis » …Vraiment ?

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ment le Sauveur. Je suis désolé de ne pas avoir cru en toi plus tôt, mais maintenant, je crois. Est-ce que je peux avoir une seconde chance ? ». J’ai envie de croire en un Dieu qui finira par sauver l’humanité tout entière. Mais Dieu a-t-il vraiment décrit l’avenir ainsi ? Est-ce cela que les Écritures enseignent ? Malgré ce que nous avons envie de croire, nous devons comprendre ce que Dieu, dans sa Parole, nous dit de croire. C’est le but de ce chapitre. Prenons maintenant cette question à bras-le-corps : la Bible affirme-t-elle que tout le monde sera sauvé ? Depuis les débuts du christianisme, des chrétiens ont toujours souhaité que Dieu sauve l’humanité tout entière. En fait, ils ont même soutenu que la Bible l’enseignait. On 1 appelle ce point de vue l’universalisme . Le défenseur de l’universalisme le plus connu était l’un des pères de l’Église, Origène (185 – 254 apr. JC). Il semblerait, en tout cas, qu’Origène ait adhéré à cette position, même si ses idées 2 étaient souvent complexes et pas toujours cohérentes . Les croyances d’Origène ont été considérées comme héré3 tiques , mais il y a toujours eu une poignée de chrétiens qui se sont accrochés à l’idée que tout le monde sera sauvé. Toutefois, en plus de 1 600 années de christianisme, pratiquement aucun théologien de renom n’a jamais défendu cette doctrine. Les choses ont commencé à changer au e début du xix siècle, quand plusieurs penseurs ont fait renaître les croyances d’Origène. Aujourd’hui, de plus en plus de chrétiens reprennent d’une manière ou d’une autre ses idées sur le salut et la vie après la mort, y compris des 4 personnalités du monde évangélique . Parmi nos contemporains, l’auteur Rob Bell a, lui aussi, été séduit par cette manière de voir les choses. Il défend une position semblable avec brio et une grande créativité.


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Il parvient à éviter de se faire cataloguer comme « universaliste ». Bell prétend que chaque individu acceptera Jésus. 5 Et si ce n’est pas dans cette vie, ce sera dans la suivante . Il écrit : Avec le temps, tout le monde se tournera un jour vers Dieu et jouira de la joie et de la paix de sa présence. L’amour de Dieu percera la carapace de tous les cœurs endurcis, et même les « pécheurs les plus corrompus » finiront par céder et se tourner 6 vers Dieu .

L’universalisme prend différentes formes. Soyons prudents avant de taxer d’universaliste quiconque affirme que tout le monde sera sauvé. Le terme « universaliste » est aussi (peu) précis que le terme « baptiste » ! Quand vous parlez d’une personne « baptiste », vous indiquez seulement qu’elle ne pratique pas le baptême des nouveau-nés. À part ça, vous n’avez rien dit ! C’est la même chose avec les universalistes. Ils croient tous qu’un jour, l’humanité entière sera sauvée, mais cette croyance s’exprime de différentes manières. On trouve, par exemple, des universalistes non chrétiens, parfois appelés « pluralistes ». Pour eux, Jésus n’est qu’un des nombreux chemins qui mènent au salut. Pour les pluralistes, toute religion permet d’accéder au salut, et tous ces moyens se valent. Le christianisme ne fait que proposer le sien parmi une flopée d’autres. Puis on trouve les universalistes chrétiens, dont certains pourraient être qualifiés d’universalistes « pleins d’espoir ». Ils croient que Christ est bien le seul chemin vers Dieu, mais ils chérissent l’espoir suivant : Dieu, grâce à son Fils, finira par sauver tout le monde. N’est-ce pas ce que nous espérons tous ? Mais eux croient aussi pouvoir défendre cette position par les Écritures. Avec, toutefois, une certaine prudence.


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Des universalistes chrétiens moins « prudents » pourraient être qualifiés d’universalistes « pleins de conviction ». Comme le groupe précédent, ils croient que Christ est le seul chemin vers le salut, mais ils ne s’en contentent pas. Ils affirment que la Bible enseigne clairement que toute l’humanité sera sauvée. Pour eux, cette idée est plus qu’un espoir : c’est une certitude. Ils croient fermement que la Bible enseigne qu’en fin de compte, Jésus sauvera tout le monde. Comprenons bien que les universalistes chrétiens (pleins d’espoir et pleins de conviction) croient tous que nous sommes sauvés par grâce, par le moyen de la foi en Christ, et en Christ seul. C’est ce que nous croyons tous. La différence, c’est qu’ils sont persuadés qu’après la mort, les gens auront une autre chance (ou plusieurs) de croire en Jésus et d’être sauvés.

L’universalisme dans la Bible Comment ces chrétiens s’en persuadent-ils ? Cette position est, certes, très attrayante. La Bible affirme-t-elle vraiment que Dieu finira par sauver toute l’humanité ? Peut-être que oui. À première vue, certains passages soutiennent effectivement cette idée. Mais en y regardant de plus près, ce n’est pas vraiment le cas. Nous ne pourrons pas étudier tous les passages utilisés par les universalistes chrétiens, nous manquons de temps et de place. Examinons-en quelques-uns, ceux dont ils se servent principalement : Philippiens 2 ; 1 Corinthiens 15 ; 1 Timothée 2 ; Apocalypse 21. Nous examinerons enfin ce que la Bible enseigne sur le fait de choisir Jésus après la mort.


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I L’enfer ignoré Chacun pliera le genou

Si vous viviez sur une île déserte et que vous trouviez une bouteille contenant les versets de Philippiens 2 : 9-11, vous deviendriez probablement universaliste. Après avoir parlé de la vie, de la mort et de la résurrection de Christ, Paul dit : C’est aussi pourquoi Dieu l’a élevé à la plus haute place et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus chacun plie le genou dans le ciel, sur la terre et sous la terre et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

La phrase-clé ici est « que chacun plie le genou […] et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur » (v. 10-11). Isolé de son contexte, ce passage semble dire que tous les hommes accepteront un jour Jésus ; si ce n’est pas dans cette vie, alors ce sera dans la suivante. Mais avez-vous jeté un œil au reste de la lettre aux Philippiens ? Ces versets n’enseignent de toute évidence pas le salut universel. En Philippiens 1 : 28, ceux qui s’opposent à l’Évangile feront face à la « perdition », alors que ceux qui l’acceptent seront sauvés. Il y a ici une opposition entre croyants et non-croyants : leurs destinées sont différentes. En Philippiens 3 : 19, Paul mentionne les ennemis de Christ qui auront pour « fin […] la perdition », alors que ceux qui suivent Jésus attendent la résurrection et la gloire (3 : 20-21). Là encore, le contraste nous frappe, entre les croyants et les non-croyants, et entre leurs destinées respectives (notez le mot « fin » en 3 : 19). Nos décisions prises dans cette vie détermineront notre destinée. En Philippiens 2, l’apôtre Paul cite le livre d’Ésaïe. Ce prophète attend avec impatience le jour où chacun pliera le genou devant Dieu et où toute langue prêtera serment par lui (45 : 23). Dans ce passage, Ésaïe fait référence au salut


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de Dieu ; toutes les nations en sont témoins et certaines personnes l’acceptent. Mais pas toutes ! En fait, à la fin du passage cité, Ésaïe lui-même dit que certains accepteront le salut alors que d’autres continueront d’y résister7. Alors, que signifie Philippiens 2 : 9-11 ? Qu’un jour, Christ reviendra pour reprendre possession de sa création, et que tout le monde reconnaîtra ce fait. Jésus, le Roi, régnera et personne ne pourra le nier. Mais Paul ne contredit pas Ésaïe8. Christ apportera le salut et régnera, et ceux qui se sont opposés à lui durant leur vie seront jugés. Ésaïe le dit dans le verset qui suit (45 : 24), et Paul l’affirme aussi (Philippiens 1 : 28 ; 3 : 19). Tous seront ramenés à la vie

Plusieurs passages du Nouveau Testament décrivent Dieu réconciliant tout homme ou toute chose avec luimême. Ces versets sont souvent utilisés pour prouver que Dieu sauvera tout individu9. En voici quelques-uns, parmi les principaux : Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ. 1 CORINTHIENS 15 : 22

Dieu était en Christ : il réconciliait le monde avec lui-même en ne chargeant pas les hommes de leurs fautes, et il a mis en nous la parole de la réconciliation. 2 CORINTHIENS 5 : 19

Dieu a voulu que toute sa plénitude habite en lui. Il a voulu par Christ tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans le ciel, en faisant la paix à travers lui, par son sang versé sur la croix. COLOSSIENS 1 : 19-20

[Dieu] désire que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité.

1 TIMOTHÉE 2 : 4


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Un universaliste écrit au sujet de ces passages : « Paul imaginait une époque où tout homme serait réconcilié avec 10 Dieu, dans le sens d’une rédemption complète pour tous  ». Est-ce vraiment le sens de ces passages, ou devons-nous comprendre autre chose ? Prenons 1 Corinthiens 15 : 22, par exemple : Paul dit qu’en Christ, « tous seront ramenés à la vie » (Semeur). Le verset en lui-même semble effectivement dire que tout le monde sera sauvé, mais le contexte n’encourage absolument pas cette interprétation. Paul se réfère clairement à la résurrection des croyants lors de la seconde venue du Christ. Il le précise d’ailleurs au verset suivant : « Tous ceux qui appartiennent à Christ revivront en Christ lors de 11 son retour » (cf. v. 22-23 ). Ce verset ne dit pas qu’en fin de compte, tout le monde sera sauvé. D’autant plus qu’il est suivi par l’annonce d’une destruction considérable : celle de tout homme et de toute chose qui s’opposent à Dieu dans 12 cette vie (v. 25-26 ). C’est pour cette raison que Paul conclut sa lettre par une mise en garde sévère : celui qui n’aime pas Jésus sera maudit (16 : 22). Ce « tous » ne signifie donc pas chaque personne. Gardons cela à l’esprit quand nous lisons 1 Corinthiens 15 : 22 et d’autres passages semblables. Nous devons déterminer la signification de « tous » à partir du contexte. Par exemple, quand Marc écrit que « toute la région de Judée » et « tous les habitants de Jérusalem » vont voir Jean pour être baptisés (Marc 1 : 5), il ne parle certainement pas de chaque individu de Judée, de chaque homme, chaque femme et chaque enfant. « Tous » désigne simplement ici un grand nombre de personnes. De même, en Actes 21 : 28, Paul est accusé de prêcher « partout et à tout le monde ». Paul annonçait-il réellement l’Évangile à chaque personne sur la surface de la terre ? Là encore, « tout le monde » signifie


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un grand nombre de personnes en différents endroits, et non pas chaque personne individuellement. « Tous » ne veut donc pas toujours dire chaque chose ou chaque personne. Et il en va de même en 1 Corinthiens 15 : 22. Le contexte le montre clairement. « Tous » ceux qui « revivront » en Christ, ce sont les croyants, et non tous les hommes. Dieu obtient-il ce que Dieu veut ?

Le même raisonnement s’applique en 1 Timothée 2 : 4 : Dieu « veut que tous les hommes soient sauvés » (Semeur). À la lecture de ce verset, une question quelque peu provocatrice pourrait venir à l’esprit : Dieu obtient-il ce que Dieu veut13 ? Mais ce ne serait qu’une question de rhétorique ! Bien sûr que Dieu obtient ce qu’il veut ! Autrement, il ne serait pas Dieu. Ou alors, s’il est bien Dieu, il ne serait pas très puissant. Attendez une minute. Cette question de savoir si Dieu obtient ce qu’il veut élude deux autres questions importantes concernant 1 Timothée 2 : 4. Quelle est la signification de « tous » ? Et que signifie « vouloir » dans ce contexte ? Notre précédente discussion permet de répondre facilement à la première question. Là encore, le contexte est la clé. À peine quelques versets plus tôt, Paul ordonne à Timothée de prier pour « tous les hommes » (1 Timothée 2 : 1), et ce commandement s’appuie sur le désir de Dieu de sauver « tous les hommes » (v. 4). Si le second « tous les hommes » impliquait chaque personne, nous devrions considérer le premier de la même manière. Paul demande-t-il réellement de parcourir une liste de prière incluant chaque individu sur la surface de la terre ? Ce ne


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serait peut-être pas une mauvaise idée, mais je ne pense pas que Paul avait cela en tête. En 1 Timothée 2 : 1-2, il précise ce qu’est cette prière pour « tous les hommes ». Il ajoute : « pour les rois et pour tous ceux qui exercent l’autorité ». Il semble que Paul soit en train d’exhorter Timothée à prier pour toutes les catégories de personnes… y compris pour les dirigeants romains qui persécutaient les chrétiens ! Pourquoi ? Parce que Dieu a pour mission de sauver toutes les catégories de personnes. Et qu’entend Paul par « vouloir » ? Cette question est un peu plus compliquée, parce que ce mot a toutes sortes de significations. Quoi qu’il en soit, le verbe « vouloir » n’implique pas que Dieu souhaite quelque chose et qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir pour l’obtenir – un peu comme j’utiliserais la cafetière si je voulais une tasse de café. En fait, Paul, qui a dit que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, a aussi dit que Dieu « veut » que tous les chrétiens 14 soient sexuellement purs (1 Thessaloniciens 4 : 3 ). Vous avez peut-être déjà rencontré un chrétien qui n’était pas pur sexuellement. Cela signifie-t-il que Dieu n’obtient pas ce qu’il veut ? Considérons ce que les théologiens ont appelé la volonté morale de Dieu et sa volonté souveraine. Dieu désire certaines choses pour le monde ; pourtant, ces désirs se heurtent parfois à de la résistance ! Par exemple, Dieu ne désire pas que les gens pèchent, mais il permet que cela arrive. Parce que les humains sont des personnes moralement responsables qui font bien souvent de mauvais choix. Dieu n’est pas un marionnettiste qui tire comme il veut les ficelles, afin de nous soumettre à sa volonté. Voilà pourquoi le Seigneur nous a enseigné à prier : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6 : 10). Le désir de Dieu (sa volonté morale) se heurte à de la résistance.


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Et puis, il y a la volonté souveraine de Dieu. Ce terme fait référence aux choses que Dieu exécute indépendamment des décisions des hommes. Il se sert parfois de nos mauvais choix (notre rébellion contre sa volonté morale) pour accomplir sa volonté souveraine. Autrement dit, il y a une différence entre les valeurs qui plaisent à Dieu (sa volonté morale) et les événements qu’il suscite (sa volonté 15 souveraine ). Vous suivez toujours ? Peut-être qu’une illustration vous aidera. Juges 14 à 16 raconte l’histoire d’un homme qui n’en faisait qu’à sa tête : Samson. C’était un vaillant guerrier, mais sa boussole morale était complètement déréglée ! Son amour pour les femmes païennes le montre bien. Au début de l’histoire, Samson tombe amoureux d’une Philistine, ce qui était contre la volonté morale de Dieu (Juges 3 : 1-6). Nous lisons pourtant en Juges 14 : 4 que cette histoire d’amour « venait de l’Éternel ». Dieu « cherchait […] une occasion de dispute avec les Philistins », et il s’est servi de la convoitise de Samson pour s’attaquer à eux. L’amour de Samson pour les femmes étrangères allait contre la volonté morale de Dieu, mais il a joué un rôle dans sa volonté souveraine. Samson était libre d’aller à l’encontre de la volonté morale de Dieu ; pourtant, Dieu est intervenu pour accomplir sa volonté souveraine en se servant de cette situation pour vaincre les Philistins. Revenons à 1 Timothée 2. Dans quel sens Dieu veut-il que tous les hommes soient sauvés ? Dans le sens de sa volonté morale. Mais ce n’est pas sa volonté souveraine ; aussi les gens sont-ils libres de rejeter son salut. Ce verset montre néanmoins bien le profond désir de Dieu. Alors, une question du genre « Dieu obtient-il ce que Dieu veut ? » impliquerait-elle que Dieu serait défaillant, puisqu’il ne sauverait pas tout le monde comme il l’a décidé ? C’est au mieux une hypothèse naïve ; au pire, un discours terriblement trompeur.


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Paul n’invite pas Timothée à prier pour chaque être humain ; il ne cherche pas non plus à montrer que Dieu a décrété qu’il sauverait tout le monde. Le but de 1 Timothée 2 et d’autres passages semblables (2 Pierre 3 : 9, par exemple) est de montrer que Dieu n’est pas sectaire. Il n’est pas raciste. Son amour ne connaît aucune frontière. C’est pour cela qu’il aime renverser les distinctions sociales. Par la croix de Jésus-Christ, l’Évangile a brisé toutes les barrières ethniques et socio-économiques. Paul l’affirme en Éphésiens 2 : 11-2216. Dieu désire même que des pédophiles comme Néron (c’est-à-dire « les rois et […] tous ceux qui exercent l’autorité » de 1 Timothée 2 : 2) se repentent et se tournent vers Jésus ! D’ailleurs, s’il n’avait eu la tête coupée en chemin (selon la tradition), Paul aurait pu annoncer l’Évangile à Néron. Mais ceci est une autre histoire. Qui a laissé la porte ouverte ?

Passons directement au dernier livre de la Bible. Selon certains, ce livre affirme qu’en fin de compte, tous les hommes seront sauvés. Apocalypse 21 décrit des flots de chrétiens pénétrant dans « la nouvelle Jérusalem » qui représente, en quelque sorte, notre ultime état. L’auteur, Jean, explique que « ses portes ne seront pas fermées » (v. 25) et que « les rois de la terre y apporteront leur gloire » (v. 24). Mais qui a laissé ces portes ouvertes ? Que veut dire Jean avec cette image ? Certains y voient Dieu attendant éternellement, les bras grands ouverts (en l’occurrence, les portes grandes ouvertes), que les non-croyants se tournent vers lui : « Une fois qu’ils auront été purifiés dans l’étang de feu, explique un auteur, même les hommes les plus ignobles […] seront libres d’entrer dans la nouvelle Jérusalem en passant par ces portes qui ne fermeront jamais17 ».


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Mais cette image des portes ouvertes montre-t-elle vraiment que « ceux qui ont refusé l’amour de Dieu durant leur vie » auront une infinité d’occasions de l’accepter après leur 18 mort  ? Intéressant… J’aimerais tellement y croire ! Mais trois éléments du texte m’empêchent d’y adhérer : 1. Apocalypse 20 et 21 ont déjà décrit « l’étang de feu » : c’est la destinée finale pour ceux qui n’ont pas suivi Jésus au cours de leur vie. Rien ne laisse entendre que ceux qui sont envoyés dans cet étang peuvent espérer en sortir. 2. Rien dans le texte n’indique que l’étang de feu serve à purifier les méchants. Au contraire, la scène du jugement décrite en Apocalypse 20 : 11-15 explique que l’étang de feu est un châtiment19. 3. Même après le passage des portes ouvertes en 21 : 24-26, Jean continue à décrire deux destinées différentes pour les croyants et les non-croyants : Heureux ceux qui lavent leur robe : ils auront droit à l’arbre de vie et pourront entrer par les portes dans la ville ! Dehors les chiens, les sorciers, ceux qui vivent dans l’immoralité sexuelle, les meurtriers, les idolâtres et tous ceux qui aiment et pratiquent le mensonge ! APOCALYPSE 22 : 14-15

Ce passage montre une séparation définitive entre les croyants et les non-croyants. Ont-ils « lavé leurs robes » ? Autrement dit, ont-ils accepté durant cette vie que le sang de Jésus couvre leur péché (cf. Apocalypse 7 : 14) ? C’est la réponse à ces questions qui détermine la destinée des uns et des autres. C’est un peu exagéré de suggérer que les non-croyants peuvent laver leurs robes pendant qu’ils sont dans l’étang de feu, puis entrer par les portes de la nouvelle Jérusalem. Résumons-nous. Certains passages du Nouveau Testament semblent affirmer qu’à la fin, tout le monde sera


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sauvé. Le contexte montre que ce n’est pas le cas. Sinon, ils contrediraient de nombreux passages sur le jugement et le châtiment (comme nous le verrons dans les chapitres suivants). Qu’en est-il des passages qui décrivent une seconde chance ?

Nous avons vu que tous les universalistes chrétiens sont d’accord sur une chose : après la mort, tout le monde bénéficiera d’une autre chance (ou d’une infinité d’autres chances) de choisir Jésus. La théorie universaliste dépend de cette idée. Passons donc au peigne fin tous les passages qui évoqueraient cette possibilité post-mortem. Le problème, c’est qu’ils n’existent pas. Aucun passage de la Bible n’indique qu’il y aura une seconde chance après la mort pour se tourner vers Jésus. Et c’est effrayant ! C’est effrayant parce que l’idée d’une conversion après la mort est l’élément le plus important de la position universaliste. C’est l’ADN de cette position. Mais pas un seul passage, dans toute la Bible, ne décrit quelqu’un mort sans avoir accepté Jésus, et qui aurait l’occasion de le faire après sa mort. Rien n’y fait allusion. Rien ne le laisse espérer. Un universaliste chrétien le reconnaît. Dans une argumentation sur la possibilité de sortir de l’enfer, il écrit : Mon interprétation n’est pas totalement soutenue par les textes, c’est certain. […] Je ne suis pas en train de faire l’exégèse des textes. Je tente plutôt de trouver la logique de la théologie du Nouveau Testament telle que je la comprends, et d’en tirer les implications pour ces passages. En faisant cela, il se peut que je propose des interprétations des textes qui vont au-delà de ce que les auteurs avaient en tête20.


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Ne l’oubliez pas : nous ne sommes pas simplement en train de régler une question de doctrine, mais nous parlons de la destinée des gens ! L’idée que des hommes et des femmes comptent sur cette seconde chance après la mort, alors que les auteurs bibliques n’en ont jamais parlé explicitement, c’est… eh bien… Terrifiant. Nous parlons de destinées éternelles. Nous n’avons pas droit à l’erreur ! « L’amour de Dieu percera la carapace de tous les cœurs endurcis, et même les “pécheurs les plus corrompus” finiront par céder et se tourner vers lui21 ». Faire valoir cet argument attrayant sans aucune preuve biblique claire est d’une tromperie sans précédent. C’est particulièrement dangereux pour vous, si vous êtes l’un de ces « pécheurs » et que les choses ne se passent pas ainsi ! Si un médecin vous assurait que votre fille allait s’en sortir et qu’elle meure trois jours plus tard, vous feriez appel aux autorités ! Selon la Bible, il n’y aura pas une seconde chance après la mort. Pire, certains passages mettent en garde contre ce type de faux espoirs. Jésus, par exemple, a raconté, vers la fin de sa vie, une parabole sur les secondes chances (Luc 13 : 22-3022). Il se rend à Jérusalem et ses disciples lui demandent combien de personnes seront sauvées. Jésus répond que peu seront sauvées, et pire encore : beaucoup de ceux qui pensent l’être se retrouveront « en dehors » du royaume. Ils frapperont à la porte, espérant que Jésus les laissera entrer. Que se passera-t-il alors ? Selon ceux qui croient aux secondes chances après la mort, Jésus répondra : « Entrez ! ». C’est bien ça qu’il doit répondre, n’est-ce pas ? Ce serait cruel de penser qu’il puisse répondre autre chose. Ce serait un terrible


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manque d’amour et une grande injustice ! Croyez-vous Jésus capable de dire : « La porte est fermée, désolé. Si vous étiez arrivés plus tôt, j’aurais pu faire quelque chose, mais 23 maintenant, c’est trop tard  » ? Eh bien, oui, il en est capable ! Même si nous avons envie de voir la porte grande ouverte, Jésus a dit qu’au contraire, il la laisserait fermée : Quand le maître de la maison se sera levé et aura fermé la porte, vous qui êtes dehors, vous commencerez à frapper à la porte en disant : « Seigneur, [Seigneur,] ouvre-nous ! ». Il vous répondra : « Je ne sais pas d’où vous êtes […] ; éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice ». C’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac, Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu et que vous, vous serez jetés dehors. LUC 13 : 25-28

Ce passage « ne laisse absolument pas entendre que la 24 porte restera ouverte en permanence  ». Si Jésus croyait aux secondes chances pour ceux qui le rejettent ici-bas, sa parabole nous tromperait dangereusement. Ceux qui suivent Jésus connaîtront la vie éternelle dans la présence de Dieu, mais ceux qui ne le suivent pas subiront le châtiment. Comme nous l’avons vu dans ce chapitre, la Bible ne semble pas entretenir l’espoir d’une 25 seconde chance . Quel terrible effroi connaîtront ceux qui se retrouveront de l’autre côté de la porte ! Ceux-là voudront entrer. Ils frapperont et supplieront, souhaitant avoir fait des choix différents quand ils en avaient encore l’occasion ! Cette parabole nous pousse sérieusement à réfléchir. Jésus n’a pas prononcé ces paroles juste pour qu’on en parle un jour dans un livre. Comme l’ensemble des Écritures,


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cette histoire doit toucher notre âme. Je vous en prie : prenez au moins le temps de la relire avec attention. Avec conviction. Sachant qu’il existera des gens à l’extérieur, dans un terrible lieu de châtiment. Un lieu qu’on appelle l’enfer.


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CHAPITRE DEUX

EST-CE L’ENFER QUI A CHANGÉ ? OU BIEN NOUS ?

Je suis gêné de l’admettre, mais quand j’entends le nom Jésus, une image me vient souvent à l’esprit. Elle représente un homme blanc aux longs cheveux blonds, qui scrute le ciel. Cette peinture était suspendue au mur d’une église que je fréquentais dans ma jeunesse. Je la voyais tous les dimanches matin. À présent, cette représentation ridiculement fausse m’embarrasse. Je sais bien que Jésus n’a jamais ressemblé à cela – ni lorsqu’il était sur terre ni aujourd’hui. Mais impossible d’effacer cette image de ma mémoire ! Lorsque j’entends le nom Jésus, voilà qu’elle se faufile parfois dans mon esprit. Même quand je prie ! Personne ne connaissait ce genre de problème il y a deux mille ans ! Aujourd’hui, quand nous prononçons le nom de Jésus, toutes sortes d’images nous viennent à l’esprit. Des millions


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d’hypothèses circulent à ce sujet. Certaines personnes ont, comme moi, de fausses images en tête, dont nous essayons encore de nous débarrasser. D’autres se créent leurs propres idées sur Jésus et passent leur vie à se convaincre qu’elles sont justes. Au fond, nous avons tous tendance à recréer Jésus à notre sauce. Avant même de nous en rendre compte, nous voilà avec un Jésus occidental, un Jésus postmoderne, un Jésus hippie, ou encore un Jésus capitaliste… ou socialiste ! Dans le cœur de chacun de nous se cache le désir de réinterpréter Jésus selon notre propre culture, nos tendances politiques ou théologiques. Nous nous comportons exactement de la même façon avec l’enfer. La question « qu’est-ce que l’enfer ? » a suscité de nombreuses réponses au fil du temps. Pour Origène, c’était un lieu où les âmes des pécheurs étaient purifiées, afin qu’ils puissent revenir vers Dieu. Dante a décrit l’enfer comme un endroit sous la surface terrestre, composé de neuf niveaux de souffrance. Là, les pécheurs étaient mordus par des serpents, tourmentés par des bêtes, aspergés d’eau glacée, piégés dans des rivières de sang ou des tombes enflammées ; certains macéraient même dans des mares d’excréments humains. Le portrait que C. S. Lewis a dressé de l’enfer était nettement moins sinistre. Pour lui, c’était une sorte de ville sombre et lugubre, un endroit 1  « où l’être s’évanouit dans le non-être ». Le groupe AC/DC, quant à lui, en a donné une image plus joyeuse : « L’enfer, 2 c’est pas si mal » : c’est là où se trouvent tous nos amis . Plus récemment, Rob Bell a affirmé que l’enfer, ce n’est 3 pas « un moment à venir dans un ailleurs bien défini  ». Il symboliserait plutôt les différents « enfers terrestres » (génocide, viol et structures socio-économiques inéqui4 tables ). Au fil des années, de nombreuses conceptions de l’enfer ont circulé. Certaines sont attrayantes, d’autres non. Mais,


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si nous désirons connaître la vérité, nous devons nous en tenir à ce que Jésus a réellement dit. Nous devons aussi essayer de comprendre ses déclarations en fonction du contexte dans lequel il vivait. Pour saisir le sens de ses paroles, nous devons nous familiariser avec le monde juif de son époque, L’effort est nécessaire, car ce monde était très différent du nôtre. Jésus était un Juif. Un Juif du Moyen-Orient d’il y a deux mille ans. Il parlait l’araméen. Probablement aussi un peu de grec, avec un accent. Mais il ne connaissait pas le moindre mot d’anglais ou de français ! C’était un artisan qui travaillait le bois ; les journées étaient longues, le travail pénible. Il ressemblait probablement à un paysan : peau tannée, mains calleuses et quelques cicatrices ici et là, à cause de son travail dans l’atelier. Jésus n’avait pas les cheveux longs : ce n’était pas du tout l’habitude des hommes juifs de son époque. Et sûrement ni les yeux bleus, ni les cheveux blonds, ni la peau d’un blanc laiteux ! Jésus était un Juif du premier siècle. Oublions donc tous les Jésus façonnés et dessinés selon nos critères ! Pour comprendre ses enseignements au sujet de l’enfer, il faut nous immerger dans la culture de la Bible. Respirer son air. Toucher sa poussière. Sentir les odeurs de la Palestine du premier siècle. Là, nous serons mieux placés pour saisir ce que Jésus et ses disciples disaient de l’enfer. Nous découvrons alors que l’enfer était considéré comme un lieu de châtiment pour ceux qui ne suivaient pas Dieu. Cette croyance était profondément enracinée dans le 5 judaïsme du premier siècle . À tel point que, s’il l’avait remise en question, Jésus aurait eu bien du mal à s’en distancer. Avant d’aborder la position de Jésus à ce sujet, creusons un peu dans la culture juive de son époque. Que disaient ses contemporains au sujet de l’enfer ?


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I L’enfer ignoré Nous allons voir que pour les Juifs d’alors : 1. L’enfer est un lieu de châtiment après un jugement. 2. L’enfer est symbolisé par du feu, des ténèbres et des lamentations. 3. L’enfer est un lieu d’anéantissement ou de punition éternels.

Faisons le tour rapide de quelques auteurs juifs6. Soyons clairs, aucun des passages cités ne se trouve dans le Nouveau Testament. Mais ils ont été écrits à peu près à la même époque, soit entre 200 av. JC et 100 apr. JC. Pour simplifier les choses, je me contenterai de noter les dates dans le texte et des informations supplémentaires se trouveront dans les notes. J’ai bien conscience que certains d’entre vous ne doivent pas être très emballés ! Étudier le judaïsme du premier siècle ? Génial !!! Mais essayez de rester avec moi. Nous avons absolument besoin d’une petite leçon d’histoire pour nous aider à nous débarrasser de tous nos Jésus modernes.

L’enfer d’après les Juifs du premier siècle Les Juifs du premier siècle ont fondé leur théologie à partir de l’Ancien Testament. Mais celui-ci ne révèle pas grand-chose au sujet de l’enfer. Cette doctrine n’apparaît que progressivement, un peu comme celles du paradis, du Saint-Esprit et même de Jésus. Ce qui ne signifie absolument pas que ces choses ont changé avec le temps. Dieu les révèle simplement au fur et à mesure de l’Écriture. D’où cette révélation progressive de l’enfer. L’Ancien Testament évoque vaguement la vie après la mort. Daniel 12 : 2 est le passage le plus significatif : « Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte, pour l’horreur éternelle » (cf. Ézéchiel 32 : 17-32). Ce genre de propos est toutefois peu fréquent dans l’Ancien Testament. Ce n’est


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que dans le Nouveau Testament que ces idées sont pleinement révélées. Beaucoup de Juifs du premier siècle ont donc lu l’Ancien Testament (notamment Daniel 12) puis ont commencé à développer certaines théories sur l’enfer. Mais ces théories ne sont pas d’inspiration divine. Comprenez bien que, dans ce chapitre, je ne cherche pas à déterminer la validité ou non des croyances des Juifs du premier siècle. Je me contente de décrire les croyances les plus répandues sur l’enfer. Pourquoi ? Parce que Jésus et les auteurs du Nouveau Testament ont certainement grandi avec ces idées-là. Voici donc ce en quoi la plupart des Juifs du premier siècle croyaient. L’enfer est un lieu de châtiment après un jugement

À l’époque de Jésus, les Juifs croyaient généralement qu’à leur mort, les méchants allaient dans un endroit appelé « le séjour des morts » (parfois aussi appelé Sheol). Ce n’est pas « l’enfer ». En général, le séjour des morts n’est pas décrit comme un lieu de châtiment, même s’il se peut que les méchants y souffrent. Il s’agit d’un endroit où les méchants attendent le jour du jugement. Ce n’est qu’ensuite qu’ils sont jetés en enfer. Notons que pour le Juif du premier siècle, ce châtiment n’est pas une correction ou un remède ; autrement dit, il ne permet pas d’avoir, par la suite, accès au salut. L’enfer est au contraire une rétribution : c’est la punition infligée par Dieu pour les péchés. Examinons cet extrait : Les demeures rendront les âmes qui leur ont été confiées. Alors le Très-Haut paraîtra sur le trône du jugement. […] Le salaire apparaîtra, les œuvres […] de l’injustice ne s’endormiront pas. La fosse du tourment apparaîtra ; […] on verra la fournaise de la géhenne. (ier s. apr. JC7)


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Le même auteur décrit la géhenne, ou l’enfer, comme un lieu de « feu et […] tourments » où les âmes des méchants sont « souffrantes et tristes, elles errent […] dans des tourments ». Le pire, c’est que ce jugement est définitif, « parce qu’elles ne peuvent plus désormais se convertir au bien pour vivre8 ». Un autre auteur juif écrit : Ainsi, il […] a été créé une [caverne] (pour les esprits) des pécheurs morts et enterrés sans avoir subi de jugement dans leur vie : leurs esprits y sont mis à part pour (subir) ce cruel supplice, jusqu’au grand jour du Jugement, des flagellations et du supplice de ceux qui sont maudits pour l’éternité ; c’est la rétribution (due à) leurs esprits. (iie siècle av. JC9)

D’après ce texte, les pécheurs, à leur mort, vont dans un lieu où ils attendent le jugement. L’auteur souligne même qu’ils n’ont pas été jugés au cours de leur vie. Autrement dit, l’enfer n’est pas considéré comme les différents « enfers terrestres » auxquels nous faisons face chaque jour. C’est un lieu horrible, où les gens sont jugés et où Dieu les punit pour leur péché10. L’enfer est symbolisé par du feu, des ténèbres et des lamentations

De toutes les images employées pour décrire l’enfer, celle du feu est la plus répandue. Regardons les passages suivants : C’est à ceux-là [c.-à-d., ceux qui obéissent à Dieu], en effet, que sera donné le monde à venir, mais la demeure de tous les autres sera dans le feu. (ier s. apr. JC11) Malheur à vous tous, pécheurs, pour les paroles de votre bouche et pour les œuvres de vos mains, car vous vous êtes égarés loin


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des œuvres saintes. Vous brûlerez à la chaleur d’une flamme plus er 12 ardente que le feu. (i s. av. JC )

Au jour du jugement, tous les pécheurs dont le nom aura été « effacé du livre de vie […] crieront et gémiront dans le désert désolé et dans le feu ardent ». Cet endroit est plongé dans l’obscurité, et pourtant, on y voit « une flamme brûler avec éclat13 ». L’enfer est « un gouffre […] plein de feu » ; les méchants sont « précipités dans ce gouffre de feu pour y brûler14 ». Feu, ténèbres, lamentations. Voilà les images typiques employées par les Juifs du premier siècle pour décrire l’enfer. Nous verrons plus loin que Jésus et certains auteurs du Nouveau Testament utiliseront les mêmes. Par contre, les Juifs n’étaient pas tous d’accord sur la durée de l’enfer. Certains croyaient que les méchants y seraient anéantis (leur existence cesserait), alors que d’autres pensaient que leur supplice serait éternel. L’enfer est un lieu d’anéantissement

Certains auteurs juifs croyaient que les méchants seraient anéantis. L’un d’eux, qui a vécu en Israël à peu près à la même époque que Jésus, a écrit : Leur demeure sera dans les ténèbres et dans la fosse. Ils ne mourront pas, mais ils languiront jusqu’à ce que je me souvienne du monde et que je renouvelle la terre. Alors ils mourront et ils ne vivront plus. Leur vie sera enlevée du nombre de tous les er 15 hommes. (i s. apr. JC )

Le fait que les méchants ne meurent pas tout de suite, mais qu’ils « languissent » suggère qu’ils connaîtront un temps de souffrances. Mais pour cet auteur juif, les méchants finiront par être anéantis.


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I L’enfer ignoré L’enfer est un lieu de punition éternelle

Alors que certains croient que les méchants seront anéantis, d’autres pensent que l’enfer est l’endroit d’un châtiment interminable. Certains auteurs juifs décrivent l’enfer comme un lieu où l’on trouve « tout tourment et supplice » et où des « anges cruels et brutaux [portent] des armes et [torturent] sans pitié » (ier-iie s. apr. JC16). L’enfer est qualifié d’endroit où « souffrent les prisonniers, attendant le jugement sans mesure » (ier-iie s. apr. JC17). Un autre auteur écrit que les pécheurs, en enfer… : …supplieront les anges du châtiment […] de leur accorder un peu de repos. […] « Maintenant nous sollicitons un bref sursis, et nous ne l’obtenons pas. […] La lumière s’est éloignée de nous, et les ténèbres sont notre demeure éternelle, parce que nous n’avons pas confessé la foi devant le Seigneur des Esprits, nous n’avons pas glorifié Son nom ». (ier s. apr. JC18)

Un récit particulièrement réaliste décrit sept frères martyrisés par des souverains grecs. Les six premiers meurent, et le septième frère, qui a été torturé, lâche avant de mourir à son tour : À cause de cela, la justice te réservera pour un feu plus intense et éternel, et pour des tortures qui ne te lâcheront pas durant toute l’éternité. (ier s. apr. JC19)

Autrement dit, il dit à son tortionnaire d’aller en enfer ! Nous pourrions citer les uns après les autres tous les auteurs juifs contemporains de Jésus. Si cela vous intéresse, vous trouverez dans les notes davantage de références sur l’enfer, datant du premier siècle20. Nous pouvons déjà tirer une conclusion évidente des passages cités ci-dessus : les Juifs du premier siècle croyaient à l’enfer. Même si leurs opinions divergeaient sur le caractère éternel ou temporaire de l’enfer, ils étaient quasiment unanimes sur l’existence


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de ce lieu où les méchants subissent le châtiment divin21. C’est indéniable22. C’est dans cet univers que Jésus a grandi. Si nous voulons comprendre Jésus, dans son contexte du premier siècle, il nous faut d’abord comprendre ce que ses contemporains croyaient au sujet de l’enfer. Cela nous évitera de déformer ce que Jésus en disait par notre propre vision de l’enfer. L’enfer est-il une décharge publique ?

Certains auteurs actuels essaient honnêtement de replacer Jésus dans son contexte. C’est en fait l’un des aspects les plus encourageants des prédications et des écrits de Rob Bell. Il a affirmé, à juste titre : « On ne peut pas prendre quelques phrases de Jésus et les balancer à quelqu’un 2 000 ans plus tard sans d’abord pénétrer dans l’univers dans lequel il les a prononcées. Agir de la sorte est mortel pour la vie, la vitalité et la vérité de la Bible23 ». Ce n’est pas simplement mauvais, c’est « mortel pour […] la vérité de la Bible » explique Bell. Amen ! Nous avons donc suivi son conseil : nous sommes entrés dans le monde dans lequel Jésus a parlé de l’enfer. Nous y avons découvert que les gens croyaient que l’enfer était littéralement un lieu de châtiment. Rob Bell tente lui aussi de comprendre la vision de Jésus sur l’enfer en fonction du judaïsme du premier siècle… mais ses conclusions divergent totalement. Comme nous l’avons déjà remarqué, il insiste sur le fait que l’enfer est composé des différents « enfers terrestres », c’est-à-dire les tragédies qui nous frappent dans la vie. Pour lui, ce n’est pas un lieu de châtiment pour les méchants après la mort24. Cela ne correspond pas aux écrits du premier siècle, comme vous l’avez vous-même constaté. Rob Bell suggère que le terme « enfer » (géhenne) employé par Jésus faisait référence à une décharge publique


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en dehors de Jérusalem, où les Juifs avaient l’habitude de jeter leurs déchets. Il soutient que « la géhenne, à l’époque de Jésus, c’était la décharge de la ville », et que c’est cela que Jésus entendait par « enfer » : Les gens jetaient leurs déchets et leurs ordures dans cette vallée, et un feu brûlait constamment pour les consumer. Les animaux sauvages se bagarraient les restes de nourriture, le long des monticules. En se bagarrant ainsi, leurs dents grinçaient. C’était donc dans cet endroit, la géhenne, que l’on entendait des grincements de dents et qu’un feu brûlait sans cesse. La géhenne était un lieu bien réel que les auditeurs de Jésus connaissaient. Alors, la prochaine fois que quelqu’un vous demandera si vous croyez que l’enfer est un lieu réel, vous pourrez toujours lui répondre : « Oui, je crois que mes poubelles atterrissent quelque part25 ».

Mais si Jésus faisait effectivement référence à la décharge de la ville quand il parlait de la géhenne, alors nombre de ses déclarations sont pour le moins… étranges : Celui qui le traite de fou mérite d’être puni par le feu de la décharge publique *. MATTHIEU 5 : 22

Il vaut mieux pour toi subir la perte d’un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté dans la décharge publique. MATTHIEU 5 : 29

Redoutez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la décharge publique. MATTHIEU 10 : 28

Mieux vaut pour toi entrer dans la vie avec un seul œil que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans la décharge publique de feu. MATTHIEU 18 : 9

* Dans les versets qui suivent, l’auteur a remplacé le terme « géhenne » par l’expression « décharge publique » (NDÉ).


Est-ce l’enfer qui a changé ? Ou bien nous ?

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Jésus dit également aux spécialistes de la loi et aux pharisiens qu’ils convertissent les gens pour en faire eux-mêmes des « fils de la décharge publique deux fois pires qu’eux ». Il leur demande ensuite : « Comment échapperez-vous au jugement de la décharge publique ? » (Matthieu 23 : 15, 33, adaptés). J’applaudis la tentative de Bell de comprendre Jésus dans son contexte de Juif du premier siècle ; toutefois, sa théorie selon laquelle « la géhenne est une décharge publique », est à la fois trompeuse et inexacte. Je vais vous expliquer pourquoi. D’abord, cette théorie est trompeuse parce qu’elle 26 confond l’origine d’un concept avec le concept lui-même . La description que Jésus fait de l’enfer peut avoir été inspirée par l’image d’une décharge publique (pourquoi pas ?), cela ne veut pas dire qu’il emploie le mot « géhenne » pour décrire une vraie décharge. Nous entendons souvent qu’Internet est une « mine d’informations » : expression certainement inspirée d’une vraie mine. Mais cela ne signifie pas que les gens se connectent avec une pelle dans une main et une pioche dans l’autre ! Ni qu’ils creusent pour accéder aux informations qu’ils recherchent ! C’est ça, les images. Dire que Jésus faisait référence à une véritable décharge, c’est mal comprendre comment fonctionne le langage. Ensuite, cette théorie est inexacte. En effet, elle repose sur un argument bien fragile. Certains commentaires bibliques et certains pasteurs continuent de la défendre. Pourtant, pas la moindre preuve n’a été apportée que la vallée de Ben-Hinnom (géhenne signifie littéralement « vallée de Hinnom ») ait été la décharge de la ville au temps du Christ. Ni à l’époque ni durant les siècles et les siècles qui 27 ont suivi. Il n’existe non plus aucune preuve archéologique de ces suppositions (si tel était le cas, les fouilles auraient


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révélé des indices). En fait, la première référence à la vallée de Ben-Hinnom (ou géhenne) en tant que décharge publique de Jérusalem date de 1 200 apr. JC : il s’agit d’un commentaire du rabbin David Kimhi. 1 200 apr. JC ! C’est plus de mille ans après que Jésus a vécu ! Et c’est la première fois que la vallée de Ben-Hinnom est associée à la décharge de la ville. Voici la citation de Kimhi : Et c’est un lieu dans les environs de Jérusalem, et c’est un lieu détestable, et l’on y jette des choses impures et des cadavres. Il y avait également là un feu continuel pour brûler les choses impures et les ossements des cadavres. Voilà pourquoi le juge28 ment des méchants est appelé symboliquement Gehinnom .

Kimhi – qui écrit à la fin du Moyen Âge (en Europe, d’ailleurs, et non en Israël) – a été le premier à suggérer cette hypothèse. Voici donc le problème : quelles sont les chances que Jésus ait pensé à cette décharge en utilisant le terme « géhenne », alors que la première référence à cet endroit date de mille ans plus tard ? Aucun des nombreux écrits, chrétiens ou juifs, précédant l’époque de Kimhi ne mentionne que le mot « géhenne » ait un lien quelconque avec les ordures qui brûlaient dans la vallée de Ben-Hinnom. Et avez-vous remarqué ce que Kimhi disait du mot « géhenne » ? Il a écrit que la décharge publique de la « géhenne » est devenue un symbole du « jugement des méchants ». Ainsi, même le premier auteur à faire le lien entre géhenne et décharge, y voyait un symbole représentant le lieu où les méchants seraient jugés. Une grande partie des affirmations de Bell au sujet de l’enfer repose sur une légende moyenâgeuse. Alors qu’est-ce qui, dans la vallée de Ben-Hinnom, a fait du mot « géhenne » une image de jugement ardent ?


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L’Ancien Testament la présente comme un lieu d’adoration d’idoles (Moloc et Baal). C’est là que quelques Israélites ont sacrifié leurs enfants à ces dieux cananéens (2 Rois 16 : 3 ; 21 : 6), en les faisant « passer par le feu » (Ézéchiel 16 : 20-21). Au temps où Jérémie s’est mis à prêcher, cette vallée est devenue une référence métaphorique : celle du lieu où les corps des méchants seraient jetés (Jérémie 7 : 29-34 ; 19 : 6-9 ; 32 : 35). « Voilà pourquoi les jours viennent […] où l’on ne parlera plus de […] la vallée de Ben-Hinnom, mais où l’on parlera de la vallée du carnage » (Jérémie 7 : 32). Les Juifs qui vivaient à l’époque située entre les deux Testaments ont repris cette métaphore. Et, comme nous l’avons vu, le mot « géhenne » était largement employé par les contemporains du Christ ; pour parler du lieu enflammé où les pécheurs seront jugés à la fin des temps29. Pour les Juifs du premier siècle, cette image violente était l’analogie parfaite : les méchants reçoivent le châtiment divin en enfer, tout comme ceux qui commettent le mal sont punis dans la vallée de Ben-Hinnom. Jésus ayant vécu et enseigné dans ce contexte, ses références à la géhenne, pour peu qu’elles soient sans réserve, auraient été comprises ainsi. Mais peut-être a-t-il précisé les choses… C’est ce que nous verrons dans le prochain chapitre. Comprendre le judaïsme du premier siècle et les croyances des Juifs d’alors au sujet de l’enfer nous prépare à saisir le sens de l’enseignement de Jésus sur ce point, dans son propre contexte. Avant d’aborder le prochain chapitre, nous devons nous poser une question très importante : Jésus a-t-il soutenu ou rejeté cette croyance à l’enfer, largement répandue au premier siècle ?


PAR L’AUTEUR DE Crazy love *

COMMENT UN DIEU D’AMOUR PEUT-IL ENVOYER DES HOMMES EN ENFER ? Avec beaucoup de compassion et d’humilité, Francis Chan répond aux questions essentielles que vous vous posez sur l’éternité, à la lumière de la parole de Dieu. Comme vous, il s’interroge sur l’enfer. Comme vous, il n’a pas toujours envie d’y croire. Mais quand il s’agit d’un sujet aussi grave et définitif, nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir tort. Il y a bien trop en jeu. Trop de personnes en jeu. Pour corser le tout, de nouvelles attitudes voient le jour : qui croire ? Suffit-il de réciter une prière pour éviter l’enfer ? Après la mort, aura-t-on une seconde chance de croire en Jésus pour rejoindre le paradis ? Ou ceux qui seront envoyés en enfer seront-ils détruits après un certain temps ?

L’AUTEUR Francis Chan est né à Hong Kong en 1967. Pasteur et conférencier international, il est le fondateur de l’université Eternity Bible et s’investit auprès des plus démunis dans le monde. Il est l’auteur du best-seller Crazy love *. Il est marié avec Lisa. Ils ont cinq enfants et vivent en Californie. *Amour fou

ISBN BLF 978-2-36249-186-3

9 782362 491863 ISBN JPC 978-2-90525-327-9

9 782905 253279

FRANCIS CHAN  AVEC PRESTON SPRINKLE

Dès maintenant, emparons-nous ensemble du courage de la foi et laissons-nous guider par ce que l’Écriture affirme sur le sujet.

L’enfer ignoré CE QUE DIEU A DIT SUR L’ÉTERNITÉ ET CE QUE NOUS AVONS INVENTÉ FRANCIS CHAN AVEC PRESTON SPRINKLE


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