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Warren W. Wiersbe
1 Jean • Soyez authentiques
COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU. À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.
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« Traqués et opprimés de tous côtés et cependant jamais subjugués par la peur ; fréquemment désemparés, jamais découragés ; souvent nous sommes perplexes et ne savons plus quel chemin prendre, mais nous n’abandonnons pas. Nous connaissons l’angoisse et le dénuement, mais non le désespoir » (2 Corinthiens 4 : 8 – Parole vivante). Comment espérer dans un monde désespérant ? Comment faire preuve de courage sous un déluge d’épreuves ? Paul répond par un curieux principe : les porteurs de fardeaux sont les mieux placés pour être bénis. Pas étonnant que l’un des mots-clés de cette lettre soit « réconfort » ou « encouragement ». « Quand nous sommes découragés en raison de circonstances difficiles, il est facile de regarder à soi et à ses sentiments, ou de se concentrer sur les problèmes qui nous affectent. Notre première réaction doit toutefois consister à regarder au Seigneur par la foi et à prendre conscience de tout ce que Dieu est pour nous » (W. Wiersbe). Le message reste pertinent : Dieu veut vous encourager afin que vous puissiez transformer vos épreuves en triomphes et vos souffrances en sacrifices pour sa gloire. Découvrez-le dans cette lettre !
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12,00 €
9 782362 492761 ISBN 978-2-362492-76-1
W. Wiersbe
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Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale. Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau Testament de la collection « Soyez ».
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1Jean • Soyez authentiques
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1 Jean Texte de Parole vivante inclus
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Soyez authentiques • 1 Jean
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Questions d’étude
Warren W. Wiersbe
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1 Jean Texte de Parole vivante inclus
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Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Be real • Warren W. Wiersbe © 1972 par SP Publications. Wheaton (États-Unis). Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Soyez authentiques • Warren W. Wiersbe © 2014 • BLF Éditions Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Première édition en langue française parue sous le titre : Soyez authentique • Warren W. Wiersbe © 1981, ELB • Belgique. Couverture et mise en page : BLF Éditions • www.blfeditions.com Impression n° XXXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc • France Sauf mentions contraires, les citations bibliques sont extraites de la version Louis Segond révisée, dite « Bible à la Colombe ». © 1978 Société biblique française. Avec permission. Le texte de la Première épître de Jean qui figure en fin de livre est extrait de Parole vivante : transcription dynamique du Nouveau testament, par Alfred Kuen. © 1976, 1993, 1999, 2001 • ELB © 2007, 2014 • BLF Éditions 978-2-36249-276-1 ISBN BLF version brochée
Dépôt légal 4e trimestre 2015 Index Dewey (CDD) : 227.94 Mots-clés : 1. Bible. Nouveau Testament. Épître de Jean. 2. Commentaire. 3. Sanctification. Grâce. Vie chrétienne pratique.
Table des matières 1. La vie réelle (1 : 1-4).............................................................7 2. Marcher conformément au témoignage de nos lèvres (1 : 5-2 : 6)............................................................................23 3. Des choses anciennes, des choses nouvelles (2 : 7-11)..............................................................................39 4. L’amour que Dieu déteste (2 : 12-17)..................................57 5. Ce qui arrive quand on n’accepte pas la vérité (2 : 18-29).....73 6. Les simulateurs (3 : 1-10)....................................................89 7. L’amour ou la mort (3 : 11-24)...........................................105 8. Aller jusqu’au bout de l’amour (4 : 7-16)..........................121 9. Amour, honneur et obéissance (4 : 17-5 : 5)......................137 10. Les véritables certitude (5 : 6-21)......................................155 Questions d’étude.............................................................171 1 Jean (Parole vivante).....................................................177
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1 1 Jean 1 : 1-4
La vie réelle « Il était une fois… » Vous souvenez-vous du temps où ces mots enflammaient votre imagination ! Ils ouvraient la porte à un passionnant monde de fantaisie, un monde de rêve qui vous aidait à oublier tous les problèmes de votre enfance. Et puis, un beau jour, votre route s’ouvre sur de nouveaux horizons, et « il était une fois » n’a plus d’intérêt que pour les enfants ! Vous découvrez que la vie est un champ de bataille et non un terrain de jeu : les contes de fées n’ont plus aucun sens pour vous. Il vous faut quelque chose de réel. La quête de la réalité n’est pas un phénomène nouveau. Elle a commencé dès l’aube de l’histoire. Les hommes ont cherché la réalité et la satisfaction dans la richesse, les plaisirs, les conquêtes, le pouvoir, le savoir, et même dans la religion. Il n’y a rien d’intrinsèquement mauvais dans ces expériences, si ce n’est que, par elles-mêmes, elles ne nous satisfont jamais réellement. Chercher la réalité et trouver la réalité sont deux choses bien différentes. Tels des enfants qui mangent de la barbe à papa à la fête foraine, bien des gens qui croient mordre dans quelque chose de réel se retrouvent avec une bouchée de néant. Ils gâchent de précieuses années avec de vains substituts de la réalité. C’est ici que se place la première épître de l’apôtre Jean. Écrite il y a des siècles, elle aborde un thème qui sera toujours actuel : « la vie réelle » ou « authentique ». 7
Soyez authentiques Jean avait découvert que ce n’est pas dans des choses matérielles ou des plaisirs que nous trouvons une réalité vraiment satisfaisante, mais dans une personne : JésusChrist, le Fils de Dieu. Sans perdre de temps, il nous parle de cette « réalité vivante » au premier paragraphe de sa lettre. En lisant 1 Jean 1 : 1-4, vous apprendrez 1. que cette vie est révélée, 2. que nous devons en faire l’expérience, et 3. que nous devons la transmettre.
1. Cette vie est révélée
En lisant cette lettre, vous découvrirez que Jean a une préférence marquée pour certains mots, comme le mot « manifester » : « Et la vie a été manifestée » (v. 2). Cette vie n’était pas cachée pour que nous devions la chercher et la trouver. Non : elle a été manifestée, révélée en plein jour ! Si vous étiez Dieu, comment vous y prendriez-vous pour vous révéler aux hommes ? Comment pourriezvous leur parler du genre de vie dont vous aimeriez qu’ils bénéficient ? Et comment les aideriez-vous à y accéder ? Dieu s’est révélé dans la création (Rom. 1 : 20), mais la création seule ne pourrait jamais nous raconter l’histoire de l’amour de Dieu. Dieu s’est aussi révélé dans sa Parole, la Bible. Mais sa révélation définitive et la plus complète a été son Fils, Jésus-Christ. Le Seigneur a déclaré : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jean 14 : 9). Parce que Jésus est celui par qui Dieu s’est révélé, il a un nom très particulier : la Parole de vie, car « en elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1 : 1-4). C’est par ce même nom que Jean commence son Évangile : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu » (Jean 1 : 1). Pourquoi Jésus-Christ a-t-il ce nom ? Parce qu’il représente pour nous ce que nos paroles représentent pour les autres. Nos paroles révèlent aux autres ce que nous 8
La vie réelle pensons et ce que nous ressentons. Christ nous révèle la pensée et le cœur de Dieu. Il est le moyen de communication vivant entre Dieu et les hommes. Connaître Jésus, c’est connaître Dieu ! Jean ne commet aucune erreur dans son identification de Jésus-Christ : Jésus est le Fils du Père, le Fils de Dieu (1 Jean 1 : 3). Dans son épître, il nous engage plusieurs fois à ne pas prêter l’oreille aux faux prophètes qui mentent à propos de Jésus-Christ. « Qui est le menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? » (2 : 22). « Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus, n’est pas de Dieu » (4 : 2, 3). Si quelqu’un est dans l’erreur au sujet de Jésus-Christ, il l’est aussi au sujet de Dieu, parce que Jésus-Christ est la révélation totale et définitive de Dieu aux hommes. Il y a, par exemple, ceux qui prétendent que Jésus était homme, mais n’était pas Dieu. Jean ne veut pas entendre parler de ces gens-là ! La dernière phrase de sa lettre est : « Nous sommes dans le Véritable, en son Fils Jésus-Christ. C’est lui le Dieu véritable et la vie éternelle » (5 : 20). Un enseignement erroné est chose si grave que Jean a aussi écrit à ce sujet dans sa seconde lettre, avertissant les croyants de ne pas inviter chez eux ces faux docteurs (2 Jean 9-10). Et il leur fait bien comprendre que nier la divinité de Dieu, c’est croire les mensonges de l’antichrist (1 Jean 2 : 22-23). Ceci nous amène à une doctrine biblique de base qui a mis dans l’embarras de nombreux théologiens : la doctrine de La Trinité. Jean mentionne dans sa lettre le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il dit par exemple : « Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu » (4 : 2). Dans ce seul verset, il fait mention de Dieu le Père, de Dieu le Fils et de Dieu le Saint-Esprit. Et en 1 Jean 4 : 13-15, on trouve encore une autre affirmation qui mentionne les trois personnes de La Trinité. 9
Soyez authentiques Le terme de « Trinité » est une combinaison du préfixe « tri » (« trois ») et du mot « unité ». Une « trinité », c’est donc trois-en-un, ou un-en-trois. Certes, ce mot ne se trouve nulle part dans la Bible, mais la vérité qu’il représente y est indiscutablement enseignée (voir aussi Matt. 28 : 19-20 ; Jean 14 : 16-17, 26 ; 2 Cor. 13 : 13 ; Éph. 4 : 4-6). Les chrétiens ne croient pas qu’il y a trois dieux. Ils croient qu’un Dieu existe en trois personnes : Père, Fils et Saint-Esprit. Ils ne croient pas non plus qu’un Dieu unique se révèle de trois manières différentes, comme un homme peut être à la fois un mari, un père et un fils. Non : la Bible enseigne que Dieu est unique mais qu’il existe en trois personnes. Un professeur de théologie avait l’habitude de dire : « Essayez d’expliquer La Trinité, et vous risquez de perdre la raison. Mais essayez de la réfuter, et vous perdrez votre âme ! » L’apôtre Jean dit : « Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père » (1 Jean 2 : 23). Aucune des trois personnes de La Trinité ne peut être exclue. En lisant dans les Évangiles le récit de la vie de Jésus, vous pouvez voir de quelle vie merveilleuse Dieu veut que nous jouissions. Mais ce n’est pas en imitant Christ, notre exemple, que nous pourrons avoir part à cette vie. Il existe une manière d’agir bien préférable.
2. Cette vie, nous devons en faire l’expérience
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Relisez les quatre premiers versets de la lettre de Jean, et vous verrez que l’apôtre avait fait une rencontre personnelle avec Jésus-Christ. Son « expérience religieuse » n’était pas de seconde main, héritée de ses parents ou découverte dans un livre ! Non, Jean connaissait Jésus-Christ pour avoir vécu avec lui. Lui et les autres apôtres avaient entendu le Seigneur parler. Ils l’avaient observé lorsqu’il vivait au milieu d’eux. Ils l’avaient étudié de très près, ils avaient même touché son corps. Ils savaient que Jésus était réel, et non un fantôme ni une vision ; c’était Dieu dans une forme corporelle humaine.
La vie réelle Un étudiant du xxie siècle pourrait peut-être dire : « Jean avait un avantage sur nous : il vivait quand Jésus était sur la terre. Il connaissait Jésus personnellement. Mais moi, je suis né vingt-et-un siècles trop tard ! » Notre étudiant se trompe ! Ce n’est pas la proximité physique de Jésus-Christ qui a fait des apôtres ce qu’ils sont devenus ; c’est sa proximité spirituelle. Ils s’étaient consacrés à Christ comme leur Sauveur et leur Seigneur. Jésus-Christ était un personnage vivant et réel pour Jean et ses amis parce qu’ils s’étaient confiés en lui. Grâce à cette confiance en lui, ils avaient fait l’expérience de la vie éternelle ! Six fois, dans cette lettre, Jean emploie l’expression « né de Dieu ». Il ne s’agit pas là d’une idée qu’il aurait inventée : il avait entendu Jésus dire : « Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu […] Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : il faut que vous naissiez de nouveau » (Jean 3 : 3, 6-7). Ce n’est qu’après avoir cru en l’Évangile, mis notre confiance en Christ et être « nés de Dieu » que nous pourrons faire l’expérience de cette « vie réelle ». « Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu » (1 Jean 5 : 1). La vie éternelle n’est pas quelque chose que nous pouvons mériter par de bonnes œuvres ou un bon caractère. La vie éternelle, la vie réelle, est un don de Dieu à ceux qui se confient en son Fils comme en leur Sauveur. Jean a écrit son Évangile pour nous montrer comment recevoir cette vie merveilleuse (Jean 20 : 31). Il a écrit sa première lettre pour nous dire comment être sûrs d’être réellement nés de Dieu (1 Jean 5 : 9-13). Un étudiant revint à l’université après avoir été chez lui pour un enterrement. À partir de ce moment, ses notes se mirent à baisser. Son conseiller spirituel pensa que le décès de sa grand-mère l’avait affecté et que le temps guérirait cette blessure, mais ses notes empirèrent. Finalement, le jeune homme avoua son véritable problème. Chez lui, il avait feuilleté par hasard la vieille 11
Soyez authentiques Bible de sa grand-mère, et avait découvert, dans la généalogie familiale, qu’il était un enfant adoptif ! « Je ne sais pas à qui j’appartiens, dit-il à son conseiller. Je ne sais pas d’où je viens ! » L’assurance de faire partie de la famille de Dieu, d’être « né de Dieu », est d’une importance capitale pour chacun d’entre nous. Certaines caractéristiques sont vraies pour tous les enfants de Dieu. La personne qui est « née de Dieu » mène une vie droite (2 : 29). Un enfant de Dieu ne s’adonne pas au péché (tel est le sens du mot « commet » en 1 Jean 3 : 9). Un croyant pourra commettre un péché de temps en temps (cf. 1 : 8 à 2 : 2), mais il ne fera pas de ce péché une habitude. En outre, les enfants de Dieu s’aiment les uns les autres et aiment leur Père céleste (cf. 4 : 7, 5 : 1). Ils n’ont aucune attache au système mondain qui les entoure (2 : 15-17) ; c’est pourquoi le monde les déteste (3 : 13). Au lieu de succomber aux pressions du monde et de perdre leur équilibre, les enfants de Dieu en triomphent (5 : 4). C’est là une marque supplémentaire des vrais enfants de Dieu. Pourquoi est-il si important de savoir que nous sommes nés de Dieu ? Jean nous donne la réponse. Il y a deux catégories d’enfants dans ce monde : les enfants de Dieu et les enfants du diable (3 : 10). Vous pensez peutêtre qu’un « enfant du diable » est une personne qui vit dans des péchés grossiers ? Tel n’est pas toujours le cas. Tout incroyant est un « enfant du diable ». Il se peut qu’il mène une vie morale, voire religieuse ; il peut faire semblant d’être chrétien, mais n’étant jamais « né de Dieu », n’ayant jamais fait l’expérience personnelle de la vie spirituelle, il reste « l’enfant » de Satan. Un faux chrétien (et ils sont nombreux !) ressemble à un faux billet de cent euros. Supposez que vous ayez ce faux billet et que vous croyiez sincèrement que c’est un vrai. Vous vous en servez pour payer votre essence. L’employé de la stationservice s’en sert pour acheter des fournitures. Le fournisseur s’en sert pour payer l’épicier. L’épicier l’ajoute 12
La vie réelle à 49 autres billets de cent euros et emmène la liasse à la banque. Mais le caissier lui dit : « Désolé ; ce billet-là est faux ! » Il est fort possible que ce billet ait fait beaucoup de bien tandis qu’il était en circulation, mais quand il est arrivé à la banque, sa véritable nature a été dévoilée, et il a été retiré de la circulation. Il en va de même pour le faux chrétien. Il fera peutêtre beaucoup de bien durant sa vie, mais lorsqu’il comparaîtra finalement devant le tribunal de Dieu, il ne sera pas accepté. « Beaucoup me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur ! N’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé, en ton nom que nous avons chassé des démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ? Alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité » (Matt. 7 : 22, 23). Chacun doit honnêtement se demander : « Suis-je un véritable enfant de Dieu, ou suis-je un faux chrétien ? Suis-je vraiment né de Dieu ? » Si vous n’avez pas fait l’expérience de la vie éternelle, la vie authentique, vous pouvez la faire en ce moment même ! Lisez attentivement 1 Jean 5 : 9-15. Dieu s’adresse à vous dans sa Parole. Il vous offre la vie éternelle en cadeau. Croyez en sa promesse et demandez-lui ce cadeau. « Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Rom. 10 : 13). Nous avons découvert deux faits importants concernant « la vie authentique » : elle est révélée en JésusChrist, et il faut en faire l’expérience en mettant notre confiance en lui comme en notre Sauveur. Mais Jean ne s’arrête pas là !
3. Cette vie, nous devons la transmettre
« Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons » (1 Jean 1 : 3). Quand vous avez fait l’expérience de cette passionnante vie authentique, vous n’avez 13
Soyez authentiques qu’un désir : la transmettre à d’autres personnes, comme Jean l’« annonçait » à tous ses lecteurs du 1er siècle. Un pasteur reçut un coup de téléphone d’une dame très en colère : — J’ai reçu une brochure religieuse de votre Église, dit-elle ; je n’aime pas du tout qu’on utilise le courrier pour troubler les gens ! — Qu’est-ce qui vous trouble tellement dans cette brochure ? demanda calmement le pasteur. — Vous n’avez pas le droit d’essayer de changer ma religion ! répondit-elle. Vous avez la vôtre ; j’ai la mienne. Moi, je n’essaye pas de changer la vôtre ! (En fait, c’est ce qu’elle voulait faire, mais le pasteur ne voulait pas discuter avec elle.) — Ce n’est pas notre but de changer votre religion, ou la religion de quiconque, lui expliqua le pasteur. Nous avons simplement fait l’expérience d’une vie nouvelle par la foi en Christ, et notre plus grand désir est d’en faire part à d’autres. Beaucoup de gens (y compris certains chrétiens) sont d’avis que « témoigner » signifie se chamailler à propos des différences de doctrine, ou s’appliquer à comparer les Églises. Telle n’est pas la pensée de Jean ! Il nous dit que « témoigner » signifie partager avec autrui nos expériences spirituelles, par la vie que nous menons et par les paroles que nous prononçons. Jean a écrit cette épître pour nous présenter Christ. Au cours de votre lecture, vous découvrirez qu’il a cinq bonnes raisons de le faire.
1. Afin que nous soyons en communion (1 Jean 1 : 3) Le terme de « communion » tient une place importante dans le vocabulaire du chrétien. Il signifie tout simplement « avoir en commun ». En tant que pécheurs, les hommes n’ont rien en commun avec un Dieu saint. Or l’Éternel, dans sa grâce, a envoyé Christ pour qu’il ait quelque chose en commun avec les hommes. Christ 14
La vie réelle s’est revêtu d’un corps humain et est devenu homme. Puis, il est monté sur la croix et a porté sur lui-même les péchés du monde (1 Pi. 2 : 24). Puisqu’il a payé le prix de nos péchés, Dieu peut désormais nous pardonner et nous intégrer dans sa famille. En mettant notre foi en Christ, nous devenons « participants de la nature divine » (2 Pi. 1 : 4). Le mot traduit par « participants » dans l’épître de Pierre est tiré de la même racine grecque que le mot « communion » dans 1 Jean 1 : 3. Quel miracle extraordinaire ! Jésus-Christ a pris la nature de l’homme afin que, par la foi, nous puissions recevoir la nature de Dieu lui-même ! Un célèbre écrivain anglais quittait Liverpool en bateau. Remarquant que les autres passagers agitaient des mouchoirs en direction de leurs amis qui étaient sur le quai, il descendit du bateau et s’adressa à un petit garçon : — Est-ce que tu me saluerais de la main si je te payais ? Bien sûr, le petit garçon accepta. L’écrivain rembarqua et se pencha par-dessus la lisse, content de pouvoir saluer quelqu’un. Et comme prévu, l’enfant était là, répondant à son salut ! Une histoire bizarre ? Peut-être, mais elle nous rappelle que l’homme a horreur de la solitude. Chacun veut être apprécié. La vie réelle nous aide à résoudre cette question fondamentale de la solitude, car les chrétiens sont en communion véritable avec Dieu, et les uns avec les autres. Jésus a promis : « Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matt. 28 : 20). Jean explique dans sa lettre le secret de la communion avec Dieu et avec les autres chrétiens. Voilà, dit-il, le premier dessein qui me pousse à écrire cette lettre : faire part de mon expérience de la vie éternelle.
2. Afin que nous ayons la joie (1 Jean 1 : 4) La communion est la réponse de Christ à la solitude de la vie. La joie est sa réponse au vide, au néant de la vie. 15
Soyez authentiques Jean n’utilise qu’une fois le mot « joie » dans son épître, mais cette idée de joie est partout présente. La joie n’est pas une chose que nous produisons nous-mêmes : c’est un merveilleux dérivé de notre communion avec Dieu. David connaissait la joie dont Jean parle : « Il y a abondance de joies devant ta face » (Ps. 16 : 11). Fondamentalement, le péché est la cause de la tristesse qui accable le monde d’aujourd’hui. Le péché promet la joie, mais ne produit que du chagrin. Les plaisirs du péché sont passagers, éphémères (Héb. 11 : 25) ; les plaisirs que Dieu nous offre durent toute l’éternité (Ps. 16 : 11). La vie réelle produit une joie réelle, et non pas un pâle succédané. La nuit précédant sa crucifixion, Jésus a dit : « Nul ne vous ôtera votre joie » (Jean 16 : 22). « Je vous ai parlé ainsi, afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jean 15 : 11). Karl Marx affirme la chose suivante : « La première condition requise pour le bonheur des hommes est l’abolition de la religion ». Mais l’apôtre Jean, lui, écrit en résumé ceci : « La foi en Jésus vous donne une joie qui ne peut jamais être imitée par le monde. Je l’ai expérimentée moi-même et j’aimerais vous la transmettre ».
3. Afin que vous ne péchiez pas (1 Jean 2 : 1) Jean regarde en face le problème du péché (cf. 1 Jean 3 : 4-9, par exemple) et fournit la seule réponse à cette énigme : la personne et l’œuvre de Jésus-Christ. Christ est non seulement mort pour nous afin de porter le châtiment de nos péchés, il est aussi ressuscité des morts pour intercéder pour nous devant le trône de Dieu : « Si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste » (2 : 1). Christ est notre représentant. Il nous défend devant le trône du Père. Satan peut s’y présenter comme l’accusateur des frères (Apoc. 12 : 10, Zach. 3 : 1), Christ est leur avocat : il plaide pour eux ! Un pardon continuel, en réponse à ses prières, est la réaction de Dieu à notre culpabilité. 16
La vie réelle — J’aimerais devenir chrétienne, dit un jour une dame à un pasteur de passage, mais j’ai peur de ne pas pouvoir tenir jusqu’au bout : je suis sûre que je vais continuer à pécher ! — C’est vrai, lui répondit le pasteur en lui faisant lire 1 Jean 1, vous continuerez à pécher, car Dieu dit : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous » (v. 8). Mais lorsque vous aurez péché, Dieu vous pardonnera si vous lui confessez votre faute. Remarquez, cependant, qu’il n’est pas nécessaire que les chrétiens pèchent ! Lorsque nous marchons en communion avec Dieu et lorsque nous obéissons à sa Parole, il nous donne la force de résister et d’avoir la victoire sur la tentation. Puis le pasteur se souvint que cette dame avait subi une intervention chirurgicale quelques mois auparavant. — Quand vous avez été opérée, y avait-il un risque de complications ? lui demanda-t-il. — Oui, bien sûr, mais chaque fois que j’avais un problème, j’allais voir le docteur, et il s’en chargeait. Soudain, voyant clair, elle ajouta : Je vois ! Christ est toujours à côté de moi pour me garder du péché ou pour me le pardonner ! Cette vie réelle est une vie de victoire. Jean nous dit dans cette lettre comment mettre à profit ces ressources divines pour avoir la victoire sur la tentation et sur le péché.
4. Afin que nous ne soyons pas trompés (1 Jean 2 : 26) Aujourd’hui plus que jamais, les chrétiens doivent pouvoir distinguer le bien du mal, la vérité de l’erreur. Une idée très répandue à notre époque est qu’il n’y a pas d’absolus, qu’il n’y a rien qui soit toujours mal ou toujours bien. C’est pourquoi les fausses doctrines sont plus répandues maintenant qu’à aucun autre moment de l’histoire, et la plupart des hommes et des femmes semblent disposés à accepter presque n’importe quel enseignement, excepté les vérités de la Bible. 17
Soyez authentiques L’épître de Jean contient un mot que nul autre auteur du Nouveau Testament n’emploie : « antichrist » (1 Jean 2 : 18, 22 ; 4 : 3 ; 2 Jean 7). Le préfixe « anti » a deux significations : « contre » et « à la place de ». Il y a de faux docteurs qui s’opposent à Christ ; leur méthode pour « séduire » leurs auditeurs est de leur mentir. Ils offrent un succédané de Christ, un succédané de salut et un succédané de Bible. Ils veulent vous donner quelque chose à la place de la vraie Parole de Dieu et de la vraie vie éternelle. Christ est la « vérité » (Jean 14 : 6), tandis que Satan est « le mensonge et le père du mensonge » (Jean 8 : 44). Le diable nous induit en erreur, pas nécessairement par des péchés sensuels flagrants, mais par des demi-vérités et des mensonges purs et simples. Il a commencé sa carrière de séducteur des hommes dans le jardin d’Éden. Il a demandé à Ève : « Dieu a-t-il réellement dit […] ? » Même alors, il ne lui est pas apparu tel qu’il était en réalité : il était déguisé (2 Cor. 11 : 13-15). Actuellement, il répand ses mensonges même par l’intermédiaire de groupes religieux ! Tous ceux qui montent en chaire ne prêchent pas la vérité de la Parole de Dieu. Les faux prédicateurs et les faux prophètes religieux ont toujours constitué l’instrument favori (et le plus efficace) du diable. Comment les chrétiens peuvent-ils, de nos jours, découvrir les mensonges de Satan ? Comment peuventils identifier les faux prophètes ? Comment peuvent-ils grandir dans leur connaissance de la vérité afin qu’ils ne soient pas les victimes de fausses doctrines ? Jean répond à ces questions. La vie authentique se caractérise par le discernement. Le Saint-Esprit, que Jean appelle « l’onction que vous avez reçue de lui » (1 Jean 2 : 27), est la réponse de Christ à notre besoin de discernement. L’Esprit est notre professeur, c’est lui qui nous permet de distinguer entre la vérité et l’erreur, et de « demeurer » en Christ. Il est notre protection contre l’ignorance, la mystification et le mensonge. 18
La vie réelle Le discernement des fausses doctrines et des faux prophètes sera aussi abordé dans les chapitres 5 et 6.
5. Afin que nous sachions que nous sommes sauvés (1 Jean 5 : 13) Nous avons déjà considéré cette vérité, mais elle est si importante qu’il vaut la peine d’y revenir. La vie réelle ne s’échafaude pas sur de vains espoirs ou souhaits fondés sur des suppositions humaines. Elle est fondée sur une assurance. En lisant la lettre de Jean, vous rencontrerez plus de 30 fois les mots « savoir » ou « connaître ». Un chrétien, si on lui demande si oui ou non il ira au ciel, ne doit pas répondre : « Je l’espère » ou « je crois bien ». Il ne doit pas avoir le moindre doute à ce sujet. Cette vie réelle est si libre et si passionnante parce qu’elle est basée sur la connaissance de faits bien établis. Jésus a promis : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres » (Jean 8 : 32). Voici le témoignage des disciples de Jésus : « Nous n’avons pas suivi des fables habilement conçues » (2 Pi. 1 : 16). Presque tous ces hommes ont sacrifié leur vie pour leur foi, et ils ne l’ont pas fait à l’appui d’une habile mystification qu’ils auraient eux-mêmes imaginée, comme l’affirment sottement certains critiques du christianisme. Ils savaient ce qu’ils avaient vu ! Il y a quelques années, un acrobate ambulant, qui s’appelait « La Mouche humaine », grimpait le long des murs sans l’aide de cordes ni la protection de filets. Tous les gens du voisinage accouraient pour assister à ses exploits. Au cours d’une représentation, l’homme, arrivé à mi-hauteur d’un mur, s’arrêta comme s’il ne savait pas comment continuer. Puis il tendit son bras droit pour se saisir d’un morceau de mortier afin de pouvoir grimper plus haut. Mais au lieu de monter, il tomba en arrière en poussant un cri et se tua en s’écrasant sur le trottoir. Lorsqu’un policier ouvrit sa main droite, elle ne contenait aucun morceau de mortier : elle tenait une poignée de vieilles toiles d’araignée ! La « Mouche » avait 19
Soyez authentiques essayé de s’agripper à ces toiles d’araignée, mais cela n’avait servi à rien ! Dans le passage déjà cité, Jésus met en garde contre une telle fausse assurance. Nombreux sont ceux qui, professant être chrétiens, seront rejetés au jour du jugement de Dieu. Jean déclare : « Je veux que vous soyez certains d’avoir la vie éternelle ». En lisant sa lettre, vous découvrirez qu’il répète fréquemment certains termes. Il tisse trois fils dans la trame de ces chapitres : l’obéissance, l’amour et la vérité. Dans les chapitres 1 et 2, il insiste sur la communion et nous dit que les conditions préalables à la communion sont l’obéissance (1 Jean 1 : 5 à 2 : 6), l’amour (2 : 7-17) et la vérité (2 : 18-29). Dans la dernière moitié de sa lettre, l’apôtre traite essentiellement de notre nature de fils « nés de Dieu ». Comment peut-on réellement savoir qu’on est un enfant de Dieu ? Eh bien, répond Jean, notre nature de fils se révèle par l’obéissance (chapitre 3), l’amour (chapitre 4) et la vérité (chapitre 5). Obéissance, amour, vérité. Pourquoi Jean utilise-t-il justement ces pierres de touche de notre communion et de notre filiation ? Pour une raison très simple. Quand Dieu nous a créés, il nous a créés à sa propre image (Gen. 1 : 26, 27). Ceci veut dire que nous avons une personnalité ressemblant à la sienne. Nous avons un esprit pour penser, un cœur pour ressentir et une volonté pour prendre des décisions. Nous désignons ces aspects de notre personnalité par les termes suivants : « intellect », « émotions » et « volonté ». Une vie réelle doit englober chacun de ces éléments de notre personnalité.
La plupart des gens de notre époque sont mécontents parce que leur personnalité n’a jamais été sous le contrôle de quelque chose de réel et de valable. Celui qui naît de Dieu par la foi en Christ voit l’Esprit de Dieu venir dans sa vie pour y demeurer à jamais. Par sa communion avec Dieu, grâce à la lecture et à l’étude de la Bible, ainsi qu’à la prière, le Saint-Esprit est à même de
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La vie réelle contrôler son esprit, son cœur et sa volonté. Qu’en résulte-t-il ? • Un esprit sous le contrôle de l’Esprit connaît et comprend la vérité ; • Un cœur sous le contrôle de l’Esprit éprouve de l’amour ; • Une volonté sous le contrôle de l’Esprit nous incline à l’obéissance. Jean veut nous pénétrer de cette idée, aussi utilise-t-il toute une série de contrastes dans son épître : vérité et mensonge, amour et haine, obéissance et désobéissance. Il n’y a aucune voie intermédiaire si on veut mener une vie authentique. Nous devons être d’un côté ou de l’autre. Telle est donc la vie authentique : elle a été révélée en Christ. Ceux qui se sont confiés à Christ peuvent en faire l’expérience, et on peut la transmettre aujourd’hui encore. Cette vie commence par une filiation et continue par une communion. D’abord, nous naissons de Dieu, puis nous marchons (vivons) avec lui. Ceci implique qu’il y a deux catégories de gens qui ne peuvent accéder à la joie et à la victoire auxquelles nous faisons allusion : ceux qui ne sont jamais nés de Dieu, et ceux qui, quoique sauvés, ne sont pas en communion avec Dieu. Il serait sage que nous fassions le point sur notre vie spirituelle (2 Cor. 13 : 5), que nous voyions si nous sommes aptes à jouir de l’expérience spirituelle que présente cette épître de Jean. Nous avons déjà souligné l’importance de notre nouvelle naissance, mais si vous avez le moindre doute ou la moindre question à ce sujet, vous auriez peut-être intérêt à revoir le paragraphe 2 : « Cette vie, nous devons en faire l’expérience ». Si un vrai croyant a perdu sa communion avec Dieu, c’est généralement pour l’une des trois raisons suivantes : 21
Soyez authentiques 1. Il a désobéi à la volonté de Dieu ; 2. Il ne s’entend pas avec les autres chrétiens ; 3. Il croit en un mensonge, et de ce fait il vit un men-
songe. Même un chrétien peut se tromper dans sa compréhension de la vérité. Voilà pourquoi Jean nous avertit : « Petits enfants, que personne ne vous séduise » (1 Jean 3 : 7). Ces trois raisons sont parallèles aux trois thèmes essentiels de l’apôtre : l’obéissance, l’amour et la vérité. Dès que le croyant découvre pourquoi il n’est pas en communion avec Dieu, il devrait confesser ce péché (ou ces péchés) au Seigneur et réclamer son pardon (1 : 9 à 2 : 2). Il est impossible qu’il soit en joyeuse communion avec Dieu si son péché le sépare de lui. Le Seigneur nous invite maintenant : « Viens bénéficier de la communion avec moi et avec tes frères ! Viens goûter à une vie authentique ! »
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2 1 Jean 1 : 5-2 : 6
Marcher conformément au témoignage de nos lèvres Chaque forme de vie a ses ennemis. Les insectes doivent se méfier des oiseaux affamés, et ces derniers doivent faire attention aux chats et aux chiens gourmands. Même les êtres humains doivent éviter les automobiles et se défendre contre les microbes ! La vie réelle a, elle aussi, un ennemi dont il va être question dans ce chapitre. Cet ennemi, c’est le péché. Neuf fois, dans ces versets, Jean mentionne le péché : le sujet doit donc être important. Il illustre ce thème en se servant du contraste entre la lumière et les ténèbres. Mais ce n’est pas le seul contraste qu’il nous présente : il y a aussi ce qui existe entre le dire et le faire. À quatre reprises, Jean écrit : « Si nous disons » ou « Celui qui dit » (1 : 6, 8, 10 ; 2 : 4). Il est évident que notre vie chrétienne ne doit pas se réduire au dire ; il nous faut marcher, ou vivre (ou faire) ce que nous croyons. Si nous sommes en communion avec Dieu (si nous « marchons dans la lumière »), notre vie confirmera ce que disent nos lèvres. Mais si nous vivons dans le péché (si nous « marchons dans les ténèbres »), notre vie contredira ce que disent nos lèvres, faisant de nous des hypocrites. Le Nouveau Testament appelle la vie chrétienne une « marche ». Celle-ci commence par un acte de foi lorsque 23
Soyez authentiques nous croyons en Christ comme en notre Sauveur. Mais le salut n’est pas l’aboutissement de notre vie spirituelle : il n’en est que le point de départ. « Marcher » suggère une idée de progrès, et tout chrétien devrait avancer dans la vie spirituelle. De même qu’un enfant doit apprendre à marcher tout en surmontant toutes sortes de difficultés, de même le chrétien doit apprendre à « marcher dans la lumière ». Et le principal obstacle qu’il rencontre, c’est justement le péché. Certes, le péché n’est pas seulement une désobéissance extérieure ; c’est aussi une rébellion ou un désir intérieur. On nous met en garde, par exemple, contre les convoitises de la chair et celles des yeux, et contre l’orgueil de la vie (2 : 16) ; tout cela constitue des péchés. En fait, ce sont des transgressions de la loi (3 : 4), c’est-àdire un manque de respect à son égard. Le péché est un refus de se soumettre à la loi de Dieu. La rébellion, ou le désir d’indépendance à l’égard de la loi, telle est l’essence même du péché. Si un croyant décide de mener une vie indépendante, comment pourra-t-il marcher en communion avec Dieu ? « Deux hommes marchent-ils ensemble, sans en avoir convenu ? » (Amos 3 : 3). Ni l’Ancien Testament ni le Nouveau ne « blanchissent » les péchés des saints. Abraham voulut échapper à la famine, sa foi s’affaiblit lorsqu’il descendit en Égypte, et il mentit à Pharaon (Gen. 12). Plus tard, le patriarche tenta de « venir en aide » à l’Éternel en épousant Agar, qui lui donna un fils (Gen. 16). Dans les deux cas, Dieu pardonna le péché d’Abraham, mais ce dernier dut récolter ce qu’il avait semé. Dieu peut et veut passer l’éponge, mais il ne modifie pas les résultats. Pierre a renié trois fois le Seigneur et a tenté de tuer un homme dans le jardin quand Jésus fut arrêté. Satan est un menteur et un meurtrier (Jean 8 : 44), et Pierre a vraiment fait son jeu ! Christ a pardonné à Pierre (Jean 21), c’est vrai, mais ce que l’apôtre avait fait allait certainement nuire à son témoignage et faire obstacle à l’œuvre de Dieu. 24
Marcher conformément au témoignage de nos lèvres Le fait que les chrétiens pèchent trouble certaines personnes, en particulier les nouveaux chrétiens. Ils oublient que même s’ils reçoivent une nouvelle nature, l’ancienne n’en est pas éliminée pour autant. Cette ancienne nature (qui tire son origine de notre naissance physique) lutte contre la nouvelle que nous recevons quand nous naissons de nouveau (Gal. 5 : 15-26). Aucune autodiscipline, si acharnée soit-elle, ni aucune des règles conçues par l’homme n’arrivent à en venir à bout. Seul le Saint-Esprit de Dieu peut nous rendre capables de la « mettre à mort » (Rom. 8 : 12-13) et produire en nous les fruits de l’Esprit (Gal. 5 : 22-23) au travers de notre nouvelle nature. Ce n’est pas pour nous décourager, mais pour nous avertir que la Bible mentionne les péchés des saints. « Pourquoi nous prêchez-vous sans cesse, à nous autres chrétiens, au sujet du péché ? demanda un jour à son pasteur un membre d’Église irrité. Après tout, le péché d’un chrétien est différent du péché d’une personne inconvertie, non ? » « C’est vrai, répondit le pasteur, je pense qu’il est différent : il est bien plus grave ! » C’est pourquoi nous sommes tous tenus de régler le problème de nos péchés si nous voulons jouir de la vie réelle. Sur ce point, Jean nous indique trois manières d’agir.
1. Nous pouvons essayer de dissimuler nos péchés
« Dieu est lumière, il n’y a pas en lui de ténèbres » (1 Jean 1 : 5). Lorsque nous avons été sauvés, Dieu nous a appelés des ténèbres à sa lumière (1 Pi. 2 : 9). Nous sommes fils de la lumière (1 Thes. 5 : 5). Quiconque fait le mal a de la haine pour la lumière (Jean 3 : 19-21). Quand la lumière brille en nous, elle révèle notre nature véritable (Éph. 5 : 8-13). La lumière produit la vie, la croissance, la beauté, mais le péché est ténèbres ; or ténèbres et lumière ne peuvent coexister. Si nous marchons dans la lumière, les
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Soyez authentiques ténèbres disparaissent. Si nous ne renonçons pas au péché, la lumière s’éteint. Il n’y a pas de solution intermédiaire, aucune zone d’ombre.
Comment les chrétiens essaient-ils de dissimuler leurs péchés ? En mentant !
Nous mentons aux autres d’abord (1 Jean 1 : 6).
Nous voulons que nos amis chrétiens croient que nous sommes « spirituels », nous mentons donc quant à notre vie et nous voulons donner une bonne impression de nous-mêmes. Nous voulons que l’on croie que nous marchons dans la lumière alors qu’en réalité nous marchons dans les ténèbres.
Une fois qu’il commence à mentir aux autres, le chrétien ne tarde pas à se mentir à lui-même (ce que montre le passage que nous étudions, au verset 8). Désormais, le
problème n’est plus qu’on trompe autrui, mais qu’on se trompe soi-même. Un croyant peut vivre dans le péché tout en étant persuadé que tout est parfait dans ses relations avec le Seigneur. Le roi David est peut-être l’exemple le plus classique de cet état d’esprit (2 Sam. 11 et 12). Il commence par convoiter Bath-Chéba, puis il commet l’adultère avec elle. Au lieu d’admettre franchement son péché, il essaie de le dissimuler. Il tente de tromper le mari de BathChéba, l’enivre et le fait tuer. Il se ment à lui-même et continue d’exercer ses fonctions royales comme si de rien n’était. Lorsque le prophète Nathan lui soumet une situation hypothétique similaire, David condamne cet autre homme, sans se sentir coupable lui-même. Quand nous commençons à mentir à autrui, nous ne tardons pas à croire vraiment notre mensonge.
Mais le déclin spirituel peut encore s’aggraver : la prochaine étape consiste à essayer de mentir à Dieu (1 Jean 1 : 10). Nous sommes devenus menteurs, et voilà
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que nous tentons de faire de Dieu un menteur ! Nous contredisons sa Parole qui déclare que « tous ont péché », et nous prétendons faire exception à la règle. Nous appliquons la Parole de Dieu aux autres, mais pas à nousmêmes. Nous assistons à des cultes et à des études bi-
Marcher conformément au témoignage de nos lèvres bliques sans être touchés par les enseignements de la Bible. Les croyants qui en sont arrivés là sont en général très critiques à l’égard des autres chrétiens et refusent d’appliquer la Parole à leur propre vie. Cette image du cœur humain inspirée par le SaintEsprit est vraiment accablante ! Ce croyant ment à propos de sa communion (v. 6), de sa nature (« Non, jamais je ne serais capable d’une action pareille ! », v. 8) et de ses actions (v. 10). Le péché s’étend d’une manière vraiment insidieuse et mortelle. À ce stade, il faut mentionner un facteur extrêmement important dans notre expérience de la vie réelle : l’honnêteté. Nous devons être honnêtes avec nousmêmes, avec autrui et avec Dieu. Notre passage décrit un croyant qui mène une vie malhonnête : c’est un charlatan. Il manque de sincérité, il joue la comédie, il ne mène pas une vie authentique.
Quelles pertes une personne de ce genre subitelle ? La première perte qu’elle subit, c’est la Parole. Elle cesse de « pratiquer la vérité » (v. 6) ; puis la vérité n’est plus en elle (v. 8) ; et enfin, elle change la vérité en mensonge (v. 10) ! « Ta parole est la vérité » (Jean 17 : 17), dit Jésus : mais la personne qui vit un mensonge perd la Parole. L’un des premiers symptômes d’une marche dans les ténèbres, c’est de ne plus trouver de bénédiction dans la Bible. On ne peut lire la Bible avec profit tout en marchant dans les ténèbres. La personne malhonnête perd encore autre chose : la communion avec Dieu et avec le peuple de Dieu (1 Jean 1 : 6, 7). La prière ne signifie plus rien pour elle.
L’adoration est une ennuyeuse routine. Elle regarde les autres chrétiens d’un œil critique et s’abstient petit à petit d’aller à l’église. « Quelle communion y a-t-il entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Cor. 6 : 14). Un mari qui marche dans les ténèbres spirituelles, sans communion avec Dieu, ne pourra jamais jouir plei-
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Soyez authentiques nement de la communion avec son épouse chrétienne qui elle, marche dans la lumière. Une camaraderie superficielle peut exister dans le couple, mais une vraie communion spirituelle est impossible. Cette inaptitude à partager les expériences spirituelles suscite bien des problèmes personnels dans une famille et entre les membres d’une même Église. Quelques paroissiens parlaient un jour de leur nouveau pasteur : — Je ne sais pas pourquoi, dit l’un d’eux, mais je ne me sens pas vraiment à l’aise avec lui. Je crois, bien sûr, qu’il est un très bon pasteur, mais je sens qu’il y a un obstacle entre lui et moi. — Je crois comprendre ce que vous voulez dire, lui répondit un autre paroissien. Moi aussi j’avais le même problème avec lui, mais maintenant tout a disparu : le pasteur et moi avons une splendide communion ensemble. — Qu’est-ce qu’il a fait pour que les choses s’améliorent ? — Lui n’a rien fait. C’est moi qui ai changé ! — C’est vous qui avez changé ? — Oui ! J’ai décidé d’être ouvert et honnête vis-àvis de lui. Il n’y a pas la moindre tache d’hypocrisie dans sa vie. Or il y avait tant de fausseté dans la mienne que nous ne pouvions absolument pas nous entendre. Il savait aussi bien que moi combien j’étais hypocrite. Depuis que j’ai commencé à mener une vie chrétienne honnête, tout s’est arrangé. Le problème, lorsqu’on est malhonnête, est que faire le compte de nos mensonges et de nos comédies est un travail énorme ! Abraham Lincoln disait que si quelqu’un voulait être un menteur, il avait intérêt à avoir une bonne mémoire ! Quand une personne dépense toute son énergie à faire semblant, il ne lui reste plus rien pour vivre, et la vie lui apparaît superficielle et insipide. Non seulement elle se prive de la réalité, mais elle n’arrive pas non plus à grandir : son vrai moi est étouffé sous un faux moi. 28
Marcher conformément au témoignage de nos lèvres La troisième perte est, à vrai dire, la conséquence des deux premières : le croyant perd son caractère (1 Jean 2 : 4). Il commence par dire des mensonges ; il finit par devenir un menteur ! Son manque de sincérité est, à l’ori-
gine, un rôle qu’il joue. Puis cela cesse d’être un rôle : cela devient l’essence même de sa vie. Son caractère s’est dégradé. Il n’est plus menteur parce qu’il dit des mensonges : il dit des mensonges parce qu’il est menteur. Aussi ne faut-il pas s’étonner des avertissements de Dieu : « Celui qui dissimule ses fautes ne réussit pas » (Prov. 28 : 13). David tenta de cacher ses péchés, et cela lui coûta sa santé (Ps. 32 : 3, 4), sa joie (Ps. 51), sa famille, et presque son royaume. Si nous voulons jouir d’une vie réelle, ne dissimulons jamais nos péchés. Mais alors, que faire ?
2. Nous pouvons confesser nos péchés
Jean fait de Jésus à la fois notre avocat et notre victime expiatoire (1 Jean 2 : 1, 2). Nous devons à tout prix en saisir le sens, car ce sont deux ministères que le Seigneur est seul à accomplir.
Jésus, notre victime propitiatoire Si vous cherchez « propitiatoire » dans le dictionnaire, on ne vous donnera pas le sens correct. Vous lirez : « qui a pour but d’apaiser quelqu’un en colère ». Si vous appliquez ce sens à Christ, vous avez devant les yeux l’horrible image d’un Dieu courroucé, sur le point de détruire le monde, et d’un Sauveur plein d’amour se sacrifiant pour apaiser l’irritation divine. Mais telle n’est pas l’image biblique du salut ! Sans doute, Dieu se metil en colère contre le péché ; après tout, il est infiniment saint. Mais la Bible nous rassure : « Dieu a tant aimé [et non haï] le monde » (Jean 3 : 16). « Propitiatoire » ne signifie pas « qui a pour but de calmer un Dieu irrité ». Cela signifie plutôt « qui a pour but de satisfaire la loi sainte de Dieu ». « Dieu est lu29
Soyez authentiques mière » (1 Jean 1 : 5). Il ne peut donc pas fermer les yeux sur le péché. Mais « Dieu est amour » (1 Jean 4 : 8). Il veut aussi sauver les pécheurs. Comment un Dieu saint peut-il faire respecter sa justice tout en pardonnant aux pécheurs ? La réponse est dans le sacrifice de Christ. À la croix, Dieu dans sa sainteté juge le péché. Dieu dans son amour offre JésusChrist au monde comme Sauveur. Dieu était juste en châtiant le péché, mais il exprime aussi son amour en offrant le pardon gratuit par ce que le Seigneur a fait sur le Calvaire (lisez 1 Jean 4 : 10, méditez aussi Romains 3 : 23-26).
Jésus, notre Avocat Christ est victime pour les péchés du monde entier, mais il n’est avocat que pour les croyants : « Nous [chrétiens] avons un avocat auprès du Père ». Un avocat est un homme de loi. Le mot que Jean emploie est exactement le même mot que Jésus a utilisé en parlant de la venue du Saint-Esprit (Jean 14 : 16, 26 ; 15 : 26). Il signifie littéralement « quelqu’un qui est appelé à nos côtés ». Lorsqu’un homme comparaissait en justice, il prenait un avocat qui devait se tenir à ses côtés et plaider sa cause. Jésus a terminé son œuvre sur la terre (Jean 17 : 4), celle d’offrir sa vie en sacrifice pour le péché. Maintenant, il nous représente devant le trône de Dieu. En tant que souverain sacrificateur, il compatit à nos faiblesses et à nos tentations et nous accorde la grâce (Héb. 4 : 15, 16 ; 7 : 23-28). En tant qu’avocat, il nous aide quand nous péchons. Lorsque nous confessons nos péchés, Dieu nous pardonne à cause de notre avocat. L’Ancien Testament contient une image qui illustre cela admirablement. Josué (Zacharie 3 : 1-7) était le souverain sacrificateur des Juifs après leur retour au pays, retour qui a suivi la captivité à Babylone (ne confondez pas ce Josué avec le Josué qui conquit la Terre promise). La nation avait péché ; pour symboliser cela, Josué se tint devant Dieu en vêtements malpropres, et Satan se tint à la droite de Josué pour l’accuser (Apoc. 12 : 10). 30
Marcher conformément au témoignage de nos lèvres Dieu le Père était le Juge, Josué représentait le peuple et était l’accusé, tandis que Satan était le « procureur général » (la Bible l’appelle l’accusateur de nos frères). Il semblait que ce dernier devait l’emporter. Mais Josué avait un avocat qui se tenait à la droite de Dieu, ce qui changea la situation. Christ donna à Josué des vêtements propres et fit cesser les accusations de Satan. Voilà ce qu’il faut comprendre quand Jésus est appelé notre « avocat ». Il représente les croyants devant le trône de Dieu, et les mérites de son sacrifice rendent possible le pardon de leurs péchés. Christ étant mort pour son peuple, il a satisfait la justice de Dieu (« le salaire du péché, c’est la mort »). Étant vivant pour nous à la droite de Dieu, il peut appliquer son sacrifice à nos nécessités quotidiennes. Tout ce qu’il nous demande, c’est de confesser nos péchés chaque fois que nous les commettons. Qu’est-ce que confesser ? Confesser les péchés, c’est bien plus que les admettre. Littéralement, c’est « dire la même chose [à tel ou tel sujet] ». Donc, confesser le péché, c’est en dire la même chose que ce qu’en dit Dieu. Un conseiller essayait d’aider un homme qui s’était avancé lors d’une réunion d’évangélisation : — Je suis chrétien, dit l’homme, mais il y a un péché dans ma vie et j’ai besoin d’aide. Le conseiller lui montra 1 Jean 1 : 9 et lui proposa de confesser ses péchés à Dieu. — Ô Père, pria cet homme, si nous avons commis quoi que ce soit de mal… — Arrêtez ! s’écria le conseiller. Ne m’impliquez pas dans votre péché ! Il n’est pas question de « si » ou de « nous ». C’est vous qui devez vous mettre en ordre avec Dieu. Le conseiller avait raison. La confession, ce n’est pas prononcer une belle prière, ou faire de pieuses excuses, ou essayer d’impressionner Dieu ou d’autres chrétiens. La vraie confession, c’est mentionner le péché, lui donner le nom que Dieu lui donne : envie, haine, impudicité, malhonnêteté, ou 31
Soyez authentiques que sais-je encore. Se confesser, c’est tout simplement être honnête avec soi et avec Dieu, et si d’autres personnes y sont impliquées, avec elles aussi. Ce n’est pas seulement admettre son péché, c’est le juger et y faire carrément face. Quand nous confessons nos péchés, Dieu promet de nous pardonner (v. 9). Pourtant, cette promesse n’est pas une baguette magique qui nous autoriserait à désobéir de nouveau à Dieu ! — J’ai péché, dit un jour un étudiant à son aumônier universitaire, parce que je savais que je pouvais revenir et demander à Dieu de me pardonner. — Et sur quelle base Dieu peut-il vous pardonner ? lui demanda l’aumônier en lui montrant 1 Jean 1 : 9. — Dieu est fidèle et juste, dit le jeune homme. — Ces deux mots auraient dû vous amener à éviter le péché. Savez-vous ce que cela a coûté à Dieu de vous pardonner vos péchés ? — Vous voyez bien, continua l’aumônier, le pardon n’est pas un tour de prestidigitation facile que Dieu accomplirait. L’Éternel est fidèle à sa promesse, et juste parce que Christ est mort pour vos péchés et a pris sur lui votre châtiment. C’est pourquoi la prochaine fois que vous aurez l’intention de pécher, vous vous souviendrez que vous allez pécher contre un Dieu fidèle et plein d’amour ! En réalité, la purification comporte deux aspects : l’aspect judiciaire et l’aspect personnel. Le sang de Jésus-Christ versé sur la croix nous délivre de la culpabilité du péché et nous met dans une situation juste (« justification ») en face de Dieu. Il peut nous pardonner parce que la mort de Jésus a satisfait sa loi sainte. Mais Dieu veut aussi purifier intérieurement le pécheur. David a prié : « Ô Dieu ! crée en moi un cœur pur » (Ps. 51 : 12). Lorsque notre confession est sincère, l’Éternel accomplit son œuvre de purification (1 Jean 1 : 9) dans notre cœur par son Esprit et « à cause de sa Parole » (Jean 15 : 3). 32
Marcher conformément au témoignage de nos lèvres La grande erreur du roi David a été d’essayer de dissimuler ses péchés au lieu de les confesser. Toute une année durant, il vécut dans la tromperie et la défaite. Rien d’étonnant à ce qu’il écrive que « tout homme pieux te priera au temps où l’on te trouve » (Ps. 32 : 6 – Darby). Quand devons-nous confesser notre péché ? Immédiatement après que nous l’avons découvert ! « Celui qui dissimule ses fautes ne réussit pas, mais celui qui les confesse et les délaisse trouve de la compassion » (Prov. 28 : 13). En marchant dans la lumière, nous sommes à même de voir la « saleté » dans notre vie et de prendre sans tarder des mesures pour l’enlever. Ceci nous mène à une troisième façon de régler la question du péché : nous pouvons essayer de dissimuler nos péchés, ou bien les confesser, ou encore en triompher.
3. Nous pouvons triompher de nos péchés
Jean souligne bien que les chrétiens ne sont pas obligés de pécher : « Je vous écris ceci, afin que vous ne péchiez pas » (1 Jean 2 : 1).
Le secret de la victoire sur le péché se trouve dans l’expression « marcher dans la lumière » (1 : 7). Marcher dans la lumière signifie être ouvert, honnête et sincère. Paul priait afin que ses amis soient « sincères et irréprochables » (Phil. 1 : 10). Le mot « sincère » vient de deux mots latins, sine et cera : « sans cire ». Il paraît que, du temps des Romains, certains sculpteurs cachaient leurs erreurs en remplissant de cire les défauts de leurs statues de marbre ; cette cire n’était que difficilement visible. Sauf si la statue était exposée quelque temps au soleil méditerranéen. Aussi les sculpteurs honnêtes certifiaient-ils à leurs clients que les statues qu’ils leur vendaient étaient sine cera : sans cire. Il est bien triste que les Églises et les cours bibliques aient été envahis par des gens manquant de sincérité, dont la vie ne supporte pas d’être mise à l’épreuve de la lumière divine. « Dieu est lumière », et en marchant
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Soyez authentiques dans la lumière, nous ne pouvons rien cacher. Comme cela nous encourage de rencontrer un chrétien ouvert et sincère, et qui ne cherche pas à jouer la comédie ! Marcher dans la lumière signifie être honnête avec Dieu, avec nous-mêmes et avec autrui. Cela signifie que, lorsque cette lumière nous révèle notre péché, nous le confessons immédiatement à Dieu et nous le prions de nous accorder son pardon. Si, par notre péché, nous avons nui à une autre personne, nous lui demandons aussi pardon. Marcher dans la lumière est encore plus que cela : c’est obéir à la Parole de Dieu (1 Jean 2 : 3, 4). « Ta parole est une lampe à mes pieds et une lumière sur mon sentier » (Ps. 119 : 105). Marcher dans la lumière signifie que nous consacrions chaque jour un certain temps à lire la Parole de Dieu pour connaître sa volonté et lui obéir. L’obéissance à la Parole divine est la preuve de notre amour pour Dieu. Trois motifs peuvent nous amener à obéir. Certains obéissent parce qu’ils y sont obligés, d’autres parce qu’ils en ont besoin, et d’autres encore parce qu’ils ont choisi de le faire. Un esclave obéit parce qu’il y est obligé. S’il ne le fait pas, il sera puni. Un employé obéit parce qu’il en a besoin : même s’il n’aime pas son travail, il est bien content de toucher son salaire ! Il a besoin d’obéir parce qu’il a une famille à nourrir et à vêtir. Le chrétien, lui, obéit à son Père céleste parce qu’il a choisi de le faire ; un lien d’amour s’est établi entre lui et Dieu. « Si vous m’aimez, gardez mes commandements » (Jean 14 : 15 – Segond). C’est ainsi que nous avons appris l’obéissance durant notre enfance. Au départ, nous avons obéi par obligation. Quand nous n’obéissions pas, on nous donnait la fessée ! En grandissant, nous avons découvert que l’obéissance nous valait des joies et des récompenses : nous avons alors obéi parce que cela répondait à certains besoins dans notre vie. Ce fut ensuite une réelle marque de maturité quand nous nous sommes mis à obéir par amour. 34
Marcher conformément au témoignage de nos lèvres Les « chrétiens bébés » doivent sans cesse être avertis ou récompensés. Les chrétiens mûrs écoutent la Parole de Dieu et y obéissent tout simplement parce qu’ils l’aiment. Marcher dans la lumière implique de l’honnêteté, de l’obéissance et de l’amour ; cela implique aussi que l’on suive l’exemple de Christ et que l’on marche comme luimême a marché (1 Jean 2 : 6). Naturellement, nul ne devient chrétien en suivant l’exemple de Christ ; mais une fois que nous sommes entrés dans la famille de Dieu, nous devons regarder Jésus comme l’exemple du genre de vie que nous devrions mener. Cela signifie « demeurer en Christ ». Le Seigneur est non seulement la victime propitiatoire (ou sacrifice) pour nos péchés (v. 2) et l’avocat qui nous représente devant l’Éternel (v. 1), il est aussi le modèle parfait (« Jésus-Christ le juste ») de notre vie quotidienne. La formule-clé, ici, est « comme lui » (v. 6). « Tel il est lui, tels nous sommes aussi dans ce monde » (4 : 17). Il faut que nous marchions dans la lumière « comme il est lui-même dans la lumière » (1 : 7). Il faut que nous nous purifiions « comme lui (le Seigneur) est juste » (3 : 7). Marcher dans la lumière, c’est vivre sur cette terre comme Jésus a vécu ici-bas et comme il est en ce moment dans les cieux. Ceci a des applications très pratiques dans notre vie quotidienne. Par exemple, que doit faire le croyant quand un autre croyant pèche contre lui ? La réponse est que les chrétiens doivent se pardonner mutuellement « comme Dieu vous a fait grâce en Christ » (Éph. 4 : 32 ; Colossiens 3 : 13). Marcher dans la lumière (suivre l’exemple de Christ) aura des incidences sur le foyer. Le mari est censé aimer sa femme « comme le Christ a aimé l’Église » (Éph. 5 : 25). Il est censé prendre soin d’elle « comme le Christ le fait pour l’Église » (5 : 29). Et les épouses doivent honorer leur mari et lui obéir (5 : 22-24). Dans chacun des domaines de notre vie, notre responsabilité est de faire ce que Jésus aurait fait : « Tel il 35
Soyez authentiques est lui, tels nous sommes aussi dans ce monde ». Il nous faut « marcher (vivre) comme lui a marché (vécu) ». Il est impossible d’imiter la vie de Jésus-Christ avec le rudimentaire équipement dont nous disposons en tant que simples êtres humains. C’est comme si un infirme voulait jouer au football comme un grand champion : on l’applaudirait plus par compassion ou dérision que par admiration, car il n’y arriverait jamais ! Voilà pourquoi Jean utilise le terme de « demeurer » (1 Jean 2 : 6). La seule façon de marcher comme Christ, c’est de demeurer en lui. Voilà le secret de la victoire sur le péché. Jésus lui-même a enseigné à ses disciples ce qu’était « demeurer » en lui. Il s’est servi de l’exemple du cep et des sarments (Jean 15). Comme le sarment ne peut vivre qu’en restant attaché au cep, ainsi le croyant obtient sa force en demeurant dans la communion avec Christ. Demeurer en Christ signifie dépendre totalement de lui pour tout ce dont nous avons besoin afin de vivre pour lui et le servir. C’est une relation vivante. Si Christ vit en nous, nous sommes capables de suivre son exemple et de marcher comme il a marché. Paul exprime parfaitement cette expérience : « C’est Christ qui vit en moi » (Gal. 2 : 20). Ceci est une référence à l’œuvre du Saint-Esprit. Christ est notre avocat dans les cieux (1 Jean 2 : 1), afin de nous représenter devant Dieu lorsque nous péchons. Le Saint-Esprit notre avocat sur la terre. Le Seigneur intercède pour nous (Rom. 8 : 34), et le Saint-Esprit également (8 : 26, 27). Nous faisons partie, en quelque sorte, de la sainte Trinité. Dieu le Fils prie pour nous dans notre cœur. Nous sommes en communion avec le Père par le Fils, et le Père est en communion avec nous par l’Esprit. Christ mène sa vie en nous par la puissance de l’ Esprit qui habite dans notre corps. Ce n’est pas en imitant le Seigneur que nous demeurons en lui et que nous marchons comme il a marché. Non : c’est par une incarnation : grâce à son Esprit, « Christ vit en moi ». Marcher 36
Marcher conformément au témoignage de nos lèvres dans la lumière, c’est marcher dans l’Esprit et ne pas accomplir les désirs de la chair (Gal. 5 : 16). Dieu a tout préparé pour que nous puissions ainsi triompher du péché. Jamais nous ne pourrons perdre ou transformer la nature charnelle qui est nôtre depuis la naissance (1 Jean 1 : 8), mais nous ne devons pas obéir à ses exigences. Marchant dans la lumière et voyant le péché tel qu’il est réellement, nous le haïrons et nous nous détournerons de lui. Lorsque nous pécherons, nous le confesserons sur-le-champ à Dieu et nous demanderons à être purifiés. En comptant sur la puissance de l’Esprit qui demeure en nous, nous demeurerons en Christ et nous « marcherons comme lui a marché ». Le point de départ de tout cela, c’est un esprit d’ouverture et d’honnêteté vis-à-vis de Dieu et des hommes. Dès l’instant où nous nous mettons à jouer la comédie, à faire semblant, à impressionner les autres, nous sortons de la lumière et nous nous plongeons dans les ténèbres. Sir Walter Scott décrit très bien cette situation : « Oh quelle inextricable toile d’araignée nous tissons lorsque nous nous mettons à user de supercherie ! » La vie réelle ne peut pas être construite sur des bases trompeuses. Avant de pouvoir marcher dans la lumière, nous devons nous connaître nous-mêmes, nous accepter et nous soumettre à Dieu. Il est stupide d’essayer de tromper autrui, car Dieu sait déjà ce que nous sommes véritablement ! Tout cela nous aide à comprendre pourquoi marcher dans la lumière rend la vie tellement plus facile et plus heureuse. En marchant dans la lumière, on vit pour plaire à une seule personne : Dieu. Cela simplifie bien les choses ! Jésus a dit : « Moi, je fais toujours ce qui lui est agréable » (Jean 8 : 29). « Vous avez appris de nous comment vous devez marcher et plaire à Dieu » (1 Thes. 4 : 1). Si le but de notre vie est de nous plaire à nous-mêmes et à Dieu, nous essayons de servir deux maîtres ; ce n’est pas possible. Si nous voulons plaire aux hommes, nous aurons toujours des problèmes, car deux personnes sont rarement du même avis ; nous se37
Soyez authentiques rons pris entre l’enclume et le marteau. Marcher dans la lumière (vivre pour plaire à Dieu) simplifie toutes choses, donne un sens à notre vie et à nous-mêmes, un sentiment de paix et d’équilibre. Jean souligne bien que la vie réelle n’a aucune affection pour le péché. Un vrai croyant, loin de tenter de cacher son péché, confesse sa faute et essaie d’en triompher en marchant dans la lumière de la Parole de Dieu. Il ne lui suffit pas de savoir qu’il ira au ciel ; il veut bénéficier dès à présent de cette vie éternelle ! « Tel il est lui, tels nous sommes aussi dans ce monde » : il tâche de conformer sa vie à ses paroles. Il n’essaie pas de se faire illusion à lui-même, à Dieu ou aux autres chrétiens par une avalanche de pieuses paroles ! Dans une Église, on chantait, pour terminer, le cantique « C’est pour toi que je prie ». Le prédicateur se tourna vers son voisin et lui demanda à mi-voix : — Et vous, pour qui est-ce que vous priez ? — Euh… pour personne en particulier. Pourquoi me demandez-vous cela ? — Parce que je viens de vous entendre dire « c’est pour toi que je prie » et je pensais que vous faisiez ce que vous disiez. — Oh non, je ne faisais que chanter ! Des paroles en l’air ! Une religion de paroles pieuses ! Pour paraphraser Jacques 1 : 22 : « Il faudrait que nous soyons pratiquants de la Parole et pas seulement auditeurs de la Parole ». Notre vie doit être conforme à nos paroles. Il ne suffit pas de connaître les paroles, il faut aussi connaître la musique, vivre la vie.
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3 1 Jean 2 : 7-11
Des choses anciennes, des choses nouvelles — J’aime ce chapeau ! — Il n’y a rien au monde que j’aime plus que le potau-feu de ma grand-mère ! — Mais maman, tu ne comprends pas que Pierre et moi nous nous aimons ? Les mots, comme les pièces de monnaie, peuvent rester si longtemps en circulation qu’ils finissent par s’user. Il est vraiment regrettable que le mot « aimer » ait perdu sa valeur et serve maintenant à couvrir une multitude de péchés. Comment peut-on en arriver à se servir du même mot pour exprimer son amour pour sa femme et son amour pour le pot-au-feu ? En employant si négligemment certains mots, on leur fait perdre presque toute leur signification. Comme une monnaie, ils se sont dévalués ! Pour décrire la vie réelle, Jean utilise de façon répétée trois termes : la vie, l’amour, et la lumière. En fait, il consacre trois parties de sa lettre au thème de l’amour chrétien. Il explique que l’amour, la vie et la lumière constituent un tout. Lisez ces trois parties (1 Jean 2 : 7-11 ; 3 : 10-24 et 4 : 7-21) sans lire les versets intermédiaires, et vous verrez que ces trois éléments ne doivent pas être séparés. Dans notre étude (2 : 7-14), nous apprenons comment la lumière et les ténèbres influent sur l’amour chrétien. Un chrétien qui marche dans la lumière (ce qui veut sim39
Soyez authentiques plement dire qu’il obéit à Dieu) aimera son frère dans la foi. Selon 1 Jean 3 : 10-24, l’amour chrétien est une question de vie ou de mort : vivre dans la haine, c’est vivre dans la mort spirituelle. En 1 Jean 4 : 7-21, l’amour chrétien est une question de vérité ou d’erreur (4 : 6) : c’est parce que nous connaissons l’amour de Dieu à notre égard que nous témoignons cet amour divin à autrui. Dans ces trois passages, nous trouvons donc trois raisons pour les chrétiens de s’aimer les uns les autres : 1. Dieu a donné le commandement d’aimer (2 : 7-11) ; 2. Nous sommes nés de Dieu et l’amour de Dieu demeure en nous (3 : 10-24) ; 3. Dieu nous a révélé son amour le premier (4 : 7-21) : « Pour nous, nous aimons, parce que lui nous a aimés le premier ». Jean ne se contente pas d’écrire au sujet de l’amour : il le pratique aussi. L’une de ses appellations favorites, quand il s’adresse à ses lecteurs, est « bien-aimés ». Il éprouvait de l’amour à leur égard. On l’appelle souvent « l’apôtre de l’amour » parce que son Évangile et ses épîtres traitent souvent ce thème. Or Jean n’a pas toujours été cet « apôtre de l’amour ». Un jour, Jésus lui donna, ainsi qu’à son frère Jacques, parce qu’ils s’emportaient facilement, le surnom de « Boanergès » (Marc 3 : 17), ce qui signifie « fils de tonnerre ». Une autre fois, ces deux frères voulurent faire descendre le feu du ciel sur un village ! (Luc 9 : 51-56). Le Nouveau Testament étant écrit en grec, ses rédacteurs avaient à leur disposition un vocabulaire très précis. Il est regrettable que le mot français « amour » ait plusieurs significations, dont certaines sont contradictoires. Lorsque nous lisons le mot « amour » dans 1 Jean, il s’agit du grec agapé qui désigne l’amour de Dieu pour l’homme, l’amour du chrétien pour les autres chrétiens, et l’amour de Dieu pour son Église (Éph. 5 : 22-33). Un autre mot grec utilisé pour désigner l’amour, philia, suggère l’idée d’un « amour amical » qui n’est pas 40
Des choses anciennes, des choses nouvelles aussi profond ou divin que l’amour agapé. (Le mot grec correspondant à l’amour sensuel, eros, dont nous avons tiré le terme « érotique », n’est jamais employé dans le Nouveau Testament.) Ce qui est étonnant à propos de l’amour chrétien, c’est qu’il soit à la fois ancien et nouveau (1 Jean 2 : 7, 8). La contradiction n’est qu’apparente. L’amour lui-même n’est, certes, pas nouveau, ni le commandement d’aimer Dieu et le prochain. Jésus a combiné deux commandements de l’Ancien Testament, Deutéronome 6 : 5 et Lévitique 19 : 18, et a dit (Marc 12 : 28-34) qu’ils résument à eux seuls toute la Loi et les Prophètes. Aimer Dieu et aimer son prochain étaient des obligations anciennes et familières bien avant que Jésus ne vienne sur la terre. Dans quelle mesure, alors, « aimez-vous les uns les autres » (1 Jean 2 : 8) est-il un commandement nouveau ? Le texte grec répond à cette question. Le grec dispose de deux mots différents pour « nouveau » : l’un signifie « nouveau sur le plan du temps », et l’autre « nouveau sur le plan de la qualité ». Vous utiliseriez par exemple le premier terme pour décrire le dernier modèle de voiture. Mais si vous achetiez une voiture si révolutionnaire qu’elle serait absolument différente de toutes les autres, vous vous serviriez du second mot : nouveau en qualité. Ce contraste est en partie rendu par la distinction entre « nouveau » et « neuf » (dans le sens d’« original »). Le commandement de s’aimer les uns les autres n’est pas nouveau sur le plan du temps, mais sur le plan du caractère. Grâce à Jésus-Christ, l’ancien commandement de nous aimer mutuellement a revêtu une nouvelle signification. Dans ces cinq courts versets (711), nous apprenons que ce commandement est nouveau à trois points de vue différents.
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Soyez authentiques
1. Il est nouveau par l’importance qu’il revêt
Dans le paragraphe précédent (3-6), Jean a parlé des « commandements » en général ; ici, il limite son champ d’investigation à un seul commandement. Dans l’Ancien Testament, le commandement de s’aimer les uns les autres faisait partie d’un ensemble de préceptes ; or voici que ce commandement ancien est mis en valeur, on lui donne la prééminence. Comment ce seul commandement peut-il dominer tous les autres ? Parce que l’amour est l’accomplissement de la loi de Dieu (Rom. 13 : 8-10). Selon la loi, les parents doivent prendre soin de leurs enfants. C’est un crime grave de les laisser à l’abandon. Mais combien de parents alimentent une conversation comme celle-ci le matin quand le réveil sonne ? (Elle) — Chéri, tu ferais bien de te lever et d’aller travailler. Nous n’avons pas envie d’être arrêtés. (Lui) — Et toi aussi tu devrais te lever, préparer le petit-déjeuner des enfants, et t’occuper de leurs vêtements. Sinon la police pourrait venir et nous mettre en prison. (Elle) — Tu as raison. C’est une bonne chose d’avoir une loi ; sinon nous resterions au lit toute la journée ! Il est peu probable que la crainte de la loi soit pour nous le motif de gagner notre vie ou de prendre soin de nos enfants ! Les parents s’acquittent de leurs responsabilités (même si c’est parfois à contrecœur) parce qu’ils s’aiment et qu’ils aiment leurs enfants. Pour eux, agir convenablement n’est pas une question de loi, c’est une question d’amour. Le commandement « aimez-vous les uns les autres » est de la même manière l’accomplissement de la loi divine. Si vous aimez quelqu’un, vous ne lui mentez pas, vous ne le volez pas. L’amour pour Dieu et pour autrui nous incite à obéir aux commandements divins sans même nous en rendre compte ! En agissant par amour chrétien, nous obéissons à Dieu et nous servons notre prochain. Non par crainte, mais par amour. 42
Des choses anciennes, des choses nouvelles C’est pourquoi Jean dit qu’« aimez-vous les uns les autres » est un commandement nouveau, nouveau par l’insistance à le proclamer. Ce n’est pas simplement un ordre parmi tant d’autres. Non, il se situe en tête de liste ! Il est nouveau parce qu’il insiste encore sur un autre point. Il se place tout au début de la vie chrétienne. « C’est un commandement ancien que vous avez eu dès le commencement » (1 Jean 2 : 7). Cette expression « dès le commencement » est employée de deux façons différentes dans l’épître de Jean, et il est très important de savoir les distinguer. En 1 Jean 1 : 1, à propos de l’éternité de Christ, nous lisons qu’il a existé « dès le commencement ». En Jean 1 : 1 (un verset parallèle) nous lisons : « Au commencement était la Parole ». Par contre, dans 1 Jean 2 : 7, il est question de la vie chrétienne. Le commandement de nous aimer les uns les autres n’est pas un appendice à notre expérience chrétienne, comme si Dieu voulait réparer un oubli. Pas du tout ! Il est dans notre cœur dès l’origine de notre foi en Jésus-Christ. S’il n’en était pas ainsi, Jean n’aurait pas pu écrire : « Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères » (3 : 14). Et Jésus a dit : « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13 : 35). Par nature, une personne inconvertie peut être égoïste et même malveillante. Malgré tout notre amour pour un nouveau-né, nous devons reconnaître qu’il est égocentrique et pense que le monde entier gravite autour de son berceau. Cet enfant est l’image même de la personne qui n’est pas sauvée. « Car nous aussi, nous étions autrefois insensés, désobéissants, égarés, asservis à toute espèce de désirs et de passions, vivant dans la méchanceté et dans l’envie, odieux et nous haïssant les uns les autres » (Tite 3 : 3). Ce portrait de l’incroyant n’est peut-être pas beau, il n’en est pas moins authentique ! Certaines personnes non régénérées ne correspondent certes pas à cette description, mais les œuvres de la chair (Gal. 43
Soyez authentiques 5 : 19-21) sont toujours virtuellement présentes dans leur caractère. Lorsqu’un pécheur se confie en Christ il reçoit une vie et une nature nouvelles. Le Saint-Esprit vient habiter en lui et l’amour de Dieu « est répandu dans (son) cœur par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rom. 5 : 5). Il n’est pas nécessaire, pour le nouveau converti, que Dieu lui fasse une longue conférence sur l’amour ! « Car vous êtes vous-mêmes instruits par Dieu (c’est-à-dire par le Saint-Esprit en vous) en vue de l’amour réciproque » (1 Thes. 4 : 9). Le croyant de fraîche date découvre que, maintenant, il aime ce qu’il haïssait et qu’il déteste ce qu’il aimait ! Donc, le commandement de s’aimer les uns les autres est nouveau par l’insistance mise à le proclamer. C’est l’un des ordres les plus importants que Christ nous a donnés (Jean 13 : 34). D’ailleurs, « aimez-vous les uns les autres » est répété une douzaine de fois dans le Nouveau Testament (Jean 13 : 34 ; 15 : 9, 12, 17 ; Romains 13 : 8 ; 1 Thessaloniciens 4 : 9 ; 1 Pierre 1 : 22 ; 1 Jean 3 : 1, 23 ; 4 : 7, 11, 12 ; 2 Jean 5). De nombreux autres passages concernent l’amour fraternel. Il importe de bien comprendre la signification de l’amour chrétien. Ce n’est pas une émotion superficielle ou sentimentale que nous essaierions de « susciter » en nous-mêmes pour qu’il y ait un minimum de frictions entre les autres et nous. C’est une question de volonté plutôt que d’émotion, d’affection ou de sympathie pour certaines personnes. Nous devons vouloir que l’amour de Dieu touche les autres par notre intermédiaire, et leur témoigner cet amour d’une façon pratique. Nous ne devons pas faire « comme si nous les aimions », mais agir de telle ou telle manière parce que nous les aimons. Ce n’est pas de l’hypocrisie ; c’est obéir à Dieu. La meilleure explication de l’amour chrétien se trouve probablement dans 1 Corinthiens 13. Lisez une traduction moderne de ce chapitre qui rend à ce message 44
Des choses anciennes, des choses nouvelles toute sa vigueur : la vie chrétienne sans amour, ce n’est rien du tout ! Le commandement « aimez-vous les uns les autres » n’est pas seulement nouveau par l’importance qu’il revêt.
2. Il est nouveau par l’exemple que nous en a donné Jésus (1 Jean 2 : 8)
« Aimez-vous les uns les autres », Jean le dit, s’est réalisé pour la première fois en Christ et se réalise actuellement encore dans la vie de ceux qui se confient en lui. Jésus est le plus grand exemple de ce commandement. Nous méditerons plus loin cette petite phrase : « Dieu est amour » (4 : 8), mais nous en avons déjà un avant-goût ici. En regardant Jésus-Christ, nous voyons en lui l’incarnation, l’exemple vivant de l’amour. Lorsqu’il nous demande d’aimer, il ne nous demande pas de faire une chose qu’il n’aurait pas déjà faite lui-même. Les récits des quatre Évangiles nous décrivent une vie vécue dans un esprit d’amour, en dépit de conditions qui étaient loin d’être idéales. Le Seigneur nous dit en quelque sorte : « J’ai vécu conformément à ce grand commandement, et je peux vous rendre capables de suivre mon exemple ». Jésus a illustré l’amour par la vie qu’il a vécue. Il n’a jamais fait preuve de haine ou de malveillance. Sa justice détestait tout péché et toute désobéissance, mais il n’a jamais haï les gens qui commettaient de tels péchés. Même lorsqu’il annonçait le juste jugement de Dieu, l’amour était toujours sous-jacent à ses paroles. Il est encourageant de penser à l’amour du Seigneur pour les douze disciples. Comme il a dû être déçu de les voir se disputer pour savoir qui était le plus grand parmi eux ou vouloir empêcher les gens de l’approcher ! Chacun était différent des autres, mais l’amour de Christ était suffisamment grand pour s’adapter personnellement à chacun d’eux. Il fut patient avec Pierre l’impulsif, avec Thomas l’incrédule et même avec Judas le traître. En donnant à ses disciples le commandement de
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Soyez authentiques s’aimer les uns les autres, Christ ne faisait que leur dire d’agir comme il avait agi lui-même. Considérez aussi l’amour du Seigneur pour toutes sortes de gens. Les publicains et les pécheurs étaient attirés par son amour (Luc 15 : 1), et même le rebut de la société venait pleurer à ses pieds (Luc 7 : 36-39). Nicodème, ce rabbin avide de vie spirituelle, est venu le voir de nuit, en privé (Jean 3 : 1-21). Quatre mille personnes ont écouté son enseignement pendant trois jours (Marc 8 : 1-9) avant de recevoir de lui un repas miraculeux. Il a tenu des bébés dans ses bras. Il a demandé qu’on laisse venir à lui les petits enfants. Il a consolé les femmes qui pleuraient lorsque les soldats le conduisaient au Calvaire. Ce qui est le plus admirable dans l’amour de Jésus, c’est probablement la façon dont il s’est conduit à l’égard de ses ennemis. Il montrait une pitié empreinte d’amour aux chefs religieux qui, dans leur cécité spirituelle, l’accusaient d’être de connivence avec Satan (Matt. 12 : 24). Lorsque la populace est venue l’arrêter, il aurait pu faire appel aux armées célestes pour sa protection ; au lieu de cela, il s’est rendu à ses ennemis. Puis, il est mort pour eux ! « Il n’y a pour personne de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15 : 13). Mais lui n’est pas seulement mort pour ses amis : il est aussi mort pour ses ennemis ! Sur la croix, il a prié pour eux : « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Par sa vie, par son enseignement et par sa mort, Jésus est l’exemple parfait du commandement : « Aimez-vous les uns les autres ». C’est en ce sens que l’on peut dire que ce commandement est « nouveau ». En Christ, nous avons une nouvelle illustration de la vérité ancienne selon laquelle Dieu est amour et que la vie d’amour est une vie de joie et de victoire. Ce qui est vrai pour Christ devrait aussi être vrai pour chaque croyant : « Tel il est lui, tels nous sommes aussi dans ce monde » (1 Jean 4 : 17). Tout chrétien devrait mener une vie d’amour, « car les ténèbres passent, et la lumière véritable brille déjà » (2 : 8). Ceci nous rap46
Des choses anciennes, des choses nouvelles pelle combien il est important (cf. chapitre 1) de marcher dans la lumière. Deux façons de vivre sont mises en contraste : ceux qui marchent dans la lumière pratiquent l’amour ; ceux qui marchent dans les ténèbres pratiquent la haine. La Bible ne cesse d’insister sur cette vérité. « Les ténèbres passent », se dissipent, mais la lumière ne brille pas encore de son plus bel éclat sur toute la terre, elle ne pénètre pas dans chaque domaine de la vie de tout homme, fut-il croyant. Lorsque Christ est né, « le soleil venant d’en haut a visité le monde » (Luc 1 : 78). La naissance du Seigneur a marqué le début d’une ère nouvelle pour l’humanité ! En vivant parmi les hommes, en les enseignant et en les servant, il a répandu des rayons de vie et d’amour. « Le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur ceux qui étaient assis dans le pays et dans l’ombre de la mort, une lumière s’est levée » (Matt. 4 : 16). Or dans ce monde, un conflit fait rage entre les forces de la lumière et les forces des ténèbres. « La lumière rayonne vers les ténèbres, mais les ténèbres n’ont pu l’étouffer, l’éteindre » (Jean 1 : 5, note de « Parole Vivante »). Satan est le prince des ténèbres, et il étend son royaume par des mensonges et par la haine. Christ est le soleil de justice (Mal. 3 : 201), et il étend son
royaume par la vérité et l’amour. Le royaume de Christ et celui de Satan sont en conflit, mais « le sentier des justes est comme la lumière resplendissante dont l’éclat va croissant jusqu’au plein jour » (Prov. 4 : 18). Les ténèbres se dissipent peu à peu, et la vraie lumière brille dans nos cœurs d’un éclat de plus en plus intense. Jésus-Christ est le modèle de l’amour pour les chrétiens. « Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jean 13 : 34). Et il répète un peu plus loin : « Voici mon commandement : Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés » (15 : 12). Nous
n’avons pas à comparer notre amour chrétien à celui 1 Certaines versions situent cette référence en Malachie 4 : 2 (note de l’éditeur).
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Soyez authentiques de quelque autre croyant (d’habitude, nous choisissons quelqu’un dont la vie est une excuse plutôt qu’un exemple !), mais à celui de Jésus-Christ notre Seigneur. Ce commandement ancien devient « nouveau » pour nous lorsque nous voyons qu’il s’est réalisé en Christ. Ainsi, le commandement « aimez-vous les uns les autres » est nouveau par l’insistance mise à le proclamer et par l’exemple de Jésus. Voici une troisième manière.
3. Il est nouveau par l’expérience personnelle (1 Jean 2 : 9-11)
Notre passage poursuit la comparaison de la lumière et des ténèbres. En marchant dans la lumière et en étant en communion avec Dieu, le chrétien sera également en communion avec les autres membres de la famille de Dieu. L’amour et la lumière vont de pair ; il en est de même de la haine et des ténèbres. Parler de l’amour chrétien, rien de plus facile ! Mais il est bien plus difficile de le pratiquer ! Surtout que cet amour ne consiste pas en vaines paroles (v. 9). Si un chrétien dit (ou chante !) qu’il aime ses frères tout en ayant de la haine pour un autre croyant, il ment ! En d’autres termes (et cela devrait nous faire réfléchir), il est impossible d’être tout à la fois en communion avec le Père et de ne pas être en communion avec un autre chrétien.
C’est l’une des raisons pour lesquelles Dieu a institué l’Église locale, l’assemblée des croyants. On ne peut pas rester chrétien tout seul dans son coin, on ne peut pas mener une vie chrétienne complète et épanouie si l’on n’est pas en communion avec le peuple de Dieu. La vie chrétienne comporte deux relations : une verticale (avec Dieu), et l’autre horizontale (avec les hommes). Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni ! Chacune de ces deux relations doit se caractériser par un amour réciproque. Jésus aborde ce sujet dans le sermon sur la montagne (Matt. 5 : 21-26). Une offrande déposée sur l’autel n’a aucune valeur aussi longtemps que l’adorateur a un différend à régler avec son frère. Notez que le Seigneur ne
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Des choses anciennes, des choses nouvelles dit pas que l’adorateur a quelque chose contre son frère, mais que ce frère avait quelque chose contre lui. Même si c’est nous qui avons été offensés, il ne faut pas que nous attendions que celui qui nous a offensés vienne vers nous : c’est à nous d’aller vers lui. Si nous ne le faisons pas, Christ nous avertit que nous finirons dans une prison de condamnation spirituelle où il nous faudra payer jusqu’au dernier centime (Matt. 18 : 21-35). Autrement dit, si nous tolérons en nous ce manque d’amour et de pardon, c’est à nous-mêmes que nous nuisons le plus. Le contraste entre le « dire » et le « faire » a déjà été mentionné un peu plus haut (1 Jean 1 : 6, 8, 10 ; 2 : 4, 6). Il est facile de pratiquer un christianisme de « paroles », de chanter les cantiques adéquats, d’utiliser le vocabulaire correct, de prier comme il faut, tout en se berçant de l’illusion que nous sommes spirituels. Cette erreur est liée à un autre enseignement du sermon sur la montagne (Matt. 5 : 33-37). Ce que nous disons doit être l’expression authentique de notre caractère. Pourquoi aurions-nous besoin de mots supplémentaires (« serments ») pour étayer nos affirmations ? Notre « oui » devrait signifier « oui » et notre « non » « non ». Si donc nous disons que nous sommes dans la lumière, nous en apporterons la preuve en aimant les frères. Bien des chrétiens ont un urgent besoin d’être acceptés, aimés et encouragés. Contrairement à l’opinion générale, l’amour chrétien n’est pas « aveugle ». Si nous pratiquons le véritable amour chrétien, nous trouvons que notre vie est de plus en plus lumineuse. C’est la haine qui assombrit la vie ! Quand cet amour authentique jaillit de notre cœur, nous avons une compréhension et une perception accrues des choses spirituelles. Voilà pourquoi Paul prie que notre amour « abonde de plus en plus en connaissance et en vraie sensibilité ; qu’ainsi vous sachiez apprécier ce qui est important » (Phil. 1 : 9, 10). Un chrétien qui aime son frère est un chrétien qui a une meilleure vision des choses. Aucun livre de la Bible n’illustre mieux que le livre d’Esther la puissance aveuglante de la haine. Les événe49
Soyez authentiques ments qui y sont décrits se passent en Perse, où de nombreux Juifs vivaient après la captivité. Haman, l’un des principaux dignitaires du royaume, était animé d’une haine implacable pour eux. La seule façon pour lui de satisfaire cette haine était de voir la nation juive entièrement détruite. Il ourdit un sinistre complot sans savoir que les Juifs l’emporteraient et que lui-même mourrait. Aujourd’hui encore, c’est la haine qui aveugle les gens. L’amour chrétien n’est pas un sentiment superficiel, une émotion passagère que nous ressentons parfois durant un beau culte. C’est quelque chose de pratique : il se manifeste dans tous les domaines de la vie quotidienne. Considérez toutes les affirmations du Nouveau Testament qui concernent l’expression « les uns les autres », et vous verrez combien cet amour mutuel est concret. En voici quelques-unes (il y en a une bonne vingtaine en tout) : • Lavez-vous les pieds les uns aux autres (Jean 13 : 14) ; • Usez de prévenances réciproques (Rom. 12 : 10) ; • Ayez les mêmes sentiments les uns envers les autres (Rom. 12 : 16) ; • Ne vous jugez pas les uns les autres (Rom. 14 : 13) ; • Faites-vous mutuellement bon accueil (Rom. 15 : 7) ; • Avertissez-vous les uns les autres (Rom. 15 : 14) ; • Édifiez-vous l’un l’autre (1 Thes. 5 : 11) ; • Portez les fardeaux les uns des autres (Gal. 6 : 2) ; • Confessez vos péchés les uns aux autres (Jac. 5 : 16) ; • Exercez l’hospitalité les uns envers les autres (1 Pi. 4 : 9). Bref, aimer d’autres chrétiens signifie les traiter comme Dieu les traite et comme Dieu nous traite. L’amour chrétien qui ne se manifeste pas par des actes et des attitudes vraies (1 Cor. 13 : 4-7) n’en est qu’une contrefaçon. 50
Des choses anciennes, des choses nouvelles Que se passe-t-il chez un croyant qui n’aime pas les frères ? Nous avons déjà mentionné la première conséquence tragique : il vit dans les ténèbres, bien qu’il croie vivre dans la lumière (1 Jean 2 : 8). Il croit voir, mais en réalité il est aveuglé par les ténèbres de sa haine. Un tel homme sème le désordre dans les groupes chrétiens. Il se croit un « géant spirituel » doué d’un grand discernement, alors qu’en fait il n’est qu’un « bébé » manquant presque totalement de jugement spirituel. Il a beau lire régulièrement sa Bible et prier avec ferveur, s’il a de la haine dans son cœur, il vit dans le mensonge. La seconde conséquence tragique c’est que ce croyant devient une « occasion de chute » pour les autres (v. 10). Il est déjà grave que, par son manque d’amour, il se fasse du tort à lui-même (v. 9), mais il est bien plus grave qu’il nuise à autrui. Il est grave de marcher dans les ténèbres. Il est dangereux de marcher dans les ténèbres lorsqu’on y rencontre des pierres d’achoppement ! Un chrétien sans amour trébuche lui-même et fait trébucher les autres. Un homme, qui marchait de nuit dans une ruelle mal éclairée, vit une petite lumière vacillante s’approcher de lui. Il se dit que peut-être la personne qui portait la lampe était malade ou ivre ; mais quand il fut tout près, il vit qu’il s’agissait d’un homme muni d’une lampe de poche et… d’une canne blanche ! « Pourquoi un aveugle a-t-il une lampe de poche ? » se demanda-t-il. Il lui posa la question. L’aveugle sourit : « J’ai une lumière, non pour que moi je puisse voir, mais pour que les autres puissent me voir. Ce n’est pas ma faute si je suis aveugle, mais je peux faire de mon mieux pour ne pas faire tomber les autres ». La meilleure façon d’aider les autres chrétiens à ne pas trébucher est de les aimer. Par l’amour, nous sommes une marche pour les autres ; par la haine (ou l’un quelconque de ses « cousins » : convoitise, malveillance, etc.), nous devenons une pierre d’achoppement. Il est important que les chrétiens pratiquent l’amour dans leur 51
Soyez authentiques Église locale, sinon il y aura toujours des problèmes et des dissensions. Ce n’est pas en nous disputant les uns les autres, au lieu de nous aider à nous élever, que notre Église deviendra une famille spirituelle vraiment heureuse. Appliquez par exemple cet enseignement à la question délicate des « points de litige » (Rom. 14 : 15). Les croyants, appartenant à des milieux différents, ne sont pas toujours d’accord. Du temps de Paul, ils n’étaient pas du même avis sur les aliments autorisés et sur les jours fériés. Les uns disaient qu’il n’était pas spirituel de manger des viandes offertes aux idoles. D’autres voulaient que l’on observe strictement le sabbat. Ce problème pouvait être considéré à différents points de vue, mais, finalement, la solution était très simple : « Aimezvous les uns les autres ! » Voici ce qu’en dit Paul : « Ne nous jugeons donc plus les uns les autres ; usez plutôt de votre jugement pour ne pas mettre devant votre frère une pierre d’achoppement […] Si, pour un aliment, ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l’amour » (Rom. 14 : 13, 15). Une troisième conséquence tragique de la haine est qu’elle retarde le progrès spirituel du croyant (1 Jean 2 : 11). Un aveugle, qui marche dans une obscurité perpétuelle, ne peut jamais trouver son chemin. La seule atmosphère favorable à la croissance spirituelle est une atmosphère de lumière spirituelle et d’amour. De même que les fruits et les fleurs ont besoin des rayons du soleil, de même les enfants de Dieu ont besoin d’amour pour grandir. Le commandement « Aimez-vous les uns les autres » devient nouveau pour nous dans nos expériences quotidiennes. Il ne suffit pas de reconnaître qu’il est nouveau par l’insistance mise à le proclamer et de dire : « C’est vrai, l’amour est très important ! » Il ne suffit pas non plus de savoir que Jésus-Christ est l’exemple vivant de l’amour de Dieu. Nous devons encore connaître cet amour par expérience personnelle. L’ancien commandement « Aimez-vous les uns les autres » devient un nou52
Des choses anciennes, des choses nouvelles veau commandement lorsque nous mettons l’amour de Dieu en pratique dans notre vie quotidienne. Jusqu’ici, nous avons considéré le côté négatif des versets 9 à 11 ; voyons maintenant leur côté positif. Si nous pratiquons l’amour chrétien, quels en seront les merveilleux résultats ? • D’abord, nous vivrons dans la lumière, en communion avec Dieu et avec nos frères et sœurs dans la foi ; • Deuxièmement, nous ne trébucherons pas et nous ne serons pas des pierres d’achoppement pour autrui ; • Troisièmement, nous grandirons spirituellement et deviendrons de plus en plus semblables à Christ. Rappelons-nous aussi le contraste entre les abominables « œuvres de la chair » (Gal. 5 : 19-21) et le très beau « fruit de l’esprit » : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi (22, 23). Lorsque nous marchons dans la lumière, la « semence de la Parole » (Luc 8 : 11) peut prendre racine et donner du fruit. Et le premier fruit que l’Esprit produit, c’est l’amour ! Mais l’amour ne vient pas seul : il produit la joie ! La haine nous rend tristes, tandis que l’amour est source de joie. Un jour, deux chrétiens vinrent voir un pasteur parce que leur mariage commençait à se désagréger : — Nous sommes l’un et l’autre sauvés, explique le mari, découragé, mais il n’y a vraiment pas moyen d’être heureux ensemble : il n’y a aucune joie dans notre foyer. Le pasteur parla avec eux : ils étudièrent ensemble ce que la Bible dit au sujet du mariage. Une chose était claire : le mari et la femme éprouvaient du ressentiment l’un envers l’autre. Chacun gardait en mémoire les nombreuses petites choses désagréables que l’autre avait faites ! 53
Soyez authentiques — Si vous vous aimiez réellement, dit le pasteur, vous ne garderiez pas tous ces souvenirs dans votre cœur. Ils s’y développent comme autant de plaies infectieuses et empoisonnent toute votre vie. Puis, il leur lut : « (L’amour) ne médite pas le mal » (1 Cor. 13 : 5). Il leur expliqua : — Cela veut dire que l’amour n’enregistre pas le mal que les autres nous font. Lorsque nous aimons réellement quelqu’un, notre amour couvre ses péchés et contribue à guérir les blessures qu’ils provoquent. Il leur lut encore : « Avant tout, ayez les uns pour les autres un amour constant, car l’amour couvre une multitude de péchés » (1 Pi. 4 : 8). Avant qu’ils ne s’en aillent, il leur donna ce conseil : — Au lieu de faire le compte de toutes les choses qui vous font du mal, gardez en mémoire celles qui vous font plaisir. Un esprit rancunier engendre le poison, tandis qu’un esprit d’amour, qui voit le bien et s’en souvient, est source de santé. Le chrétien qui marche dans l’amour ne cesse d’éprouver de nouvelles joies, car le « fruit de l’ Esprit », c’est l’amour et la joie. Et si nous joignons la joie à l’amour, nous obtenons la paix, paix qui à son tour contribue à produire la patience. En d’autres termes, marcher dans la lumière, marcher dans l’amour, c’est le secret de la croissance chrétienne qui débute presque toujours par l’amour. Or, nous devons admettre que nous ne pouvons pas produire cet amour chrétien par nos propres forces. Par nature, nous sommes égoïstes et malveillants. Ce n’est que lorsque l’Esprit de Dieu répand cet amour dans nos cœurs que nous pouvons, ensuite, nous aimer les uns les autres : « L’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rom. 5 : 5). L’Esprit transforme le commandement de nous aimer les uns les autres en une nouvelle et passionnante expérience de chaque instant. Si nous marchons dans la lumière, l’Esprit de Dieu produit l’amour. Si nous mar54
Des choses anciennes, des choses nouvelles chons dans les ténèbres, notre propre esprit égoïste produit la haine. La vie chrétienne, la vraie vie, est une merveilleuse combinaison de choses anciennes et de choses nouvelles. Le Saint-Esprit s’empare des « choses anciennes » et les change, en nous, en « choses nouvelles ». Le Saint-Esprit ne vieillit jamais ! Il est toujours jeune ! Il est la seule personne, aujourd’hui, sur terre, qui était présente il y a des siècles, lorsque Jésus vécut, enseigna, mourut et ressuscita ! Il est le seul qui puisse faire de ces « vieilles vérités » quelque chose de neuf et de vivifiant dans notre expérience quotidienne présente. Il y a bien d’autres vérités stimulantes dans le reste de l’épître de Jean, mais si nous n’obéissons pas en ce qui concerne l’amour, le reste de la lettre pourra très bien être « ténèbres » pour nous. Peut-être la meilleure chose serait que nous sondions notre cœur pour voir si nous gardons rancune contre un frère, ou si quelqu’un a quelque chose à nous reprocher. La « vie authentique » est une vie honnête, et elle consiste non seulement à parler, mais aussi à agir. C’est une vie d’amour actif en Christ, donc de pardon, de bonté et de patience. C’est aussi une vie de joie, de paix et de victoire. La vie d’amour est la seule vie, parce que c’est la seule qui soit authentique !
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Warren W. Wiersbe
1 Jean • Soyez authentiques
COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU. À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.
authentiques
« Traqués et opprimés de tous côtés et cependant jamais subjugués par la peur ; fréquemment désemparés, jamais découragés ; souvent nous sommes perplexes et ne savons plus quel chemin prendre, mais nous n’abandonnons pas. Nous connaissons l’angoisse et le dénuement, mais non le désespoir » (2 Corinthiens 4 : 8 – Parole vivante). Comment espérer dans un monde désespérant ? Comment faire preuve de courage sous un déluge d’épreuves ? Paul répond par un curieux principe : les porteurs de fardeaux sont les mieux placés pour être bénis. Pas étonnant que l’un des mots-clés de cette lettre soit « réconfort » ou « encouragement ». « Quand nous sommes découragés en raison de circonstances difficiles, il est facile de regarder à soi et à ses sentiments, ou de se concentrer sur les problèmes qui nous affectent. Notre première réaction doit toutefois consister à regarder au Seigneur par la foi et à prendre conscience de tout ce que Dieu est pour nous » (W. Wiersbe). Le message reste pertinent : Dieu veut vous encourager afin que vous puissiez transformer vos épreuves en triomphes et vos souffrances en sacrifices pour sa gloire. Découvrez-le dans cette lettre !
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12,00 €
9 782362 492761 ISBN 978-2-362492-76-1
W. Wiersbe
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Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale. Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau Testament de la collection « Soyez ».
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1Jean • Soyez authentiques
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1 Jean Texte de Parole vivante inclus