Soyez confiants • Warren W. Wiersbe

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Warren W. Wiersbe

Hébreux • Soyez confiants

COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU. À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.

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Hébreux • Soyez confiants

La Lettre aux Hébreux fut rédigée à un moment semblable : les fondements de la société s’ébranlaient et les chrétiens ne savaient pas comment réagir. Ne vacillez pas, dit l’auteur, ne craignez pas l’inconnu ! « Dieu semble bousculer toutes sortes de choses. Pourquoi ? Il veut que vous appreniez à vivre par la foi et non par la vue. Il veut que vous bâtissiez votre vie sur la permanence et non sur l’instable. Sur ce qui est éternel et non sur ce qui est temporel. » – Warren W. Wiersbe. Puisse ce commentaire vous fortifier en cette période trouble !

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Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale. Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau Testament de la collection « Soyez ».

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Nous subissons de plein fouet un changement d’époque, de civilisation. Les repères s’inversent. Le mal est appelé bien et les vertus chrétiennes sont moquées. Le sol s’effondre.

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« Ce Fils reflète sa gloire d’une manière éclatante et constitue l’empreinte exacte de son être, l’expression parfaite de sa nature. » (Héreux 1 : 13 – Parole vivante)

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Hébreux 12,00 €

9 782362 493256 ISBN 978-2-36249-325-6

Texte de Parole vivante inclus


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Soyez confiants • Hébreux



Warren W. Wiersbe

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HĂŠbreux Texte de Parole vivante inclus


Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Be confident • Warren Wiersbe © 1982 SP Publication. Publié par Cook Communications Ministries 4050 Lee Vance View • Colorado Springs, CO 80918 • USA Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition revue et corrigée publiée en langue française : Soyez confiants : commentaire pratique de l’Épître aux Hébreux Warren Wiersbe Première édition parue sous le titre : Soyez confiant © 2000 • ELB © 2015 • BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Couverture et mise en page : BLF Éditions Impression n° XXXXX • Sepec • Rue de Prony • 01960 Péronnas • France Sauf mention contraire, les citations bibliques, ainsi que le texte de l’Épître aux Hébreux qui figure en fin de livre, sont tirées de Parole vivante : transcription dynamique du Nouveau Testament, par Alfred Kuen, © 2013 BLF Éditions. Dans le corpus, les italiques sont ajoutées par l’auteur du présent ouvrage. ISBN 978-2-36249-325-6

broché

Dépôt légal 3e trimestre 2015 Index Dewey (CDD) : 227.87 Mots-clés : 1. Bible. Nouveau testament. Épître aux Hébreux. 2. Commentaire. 3. Jésus-Christ. Expiation. Persévérance.


Table des matières Introduction .................................................................................. 7 Suggestion de plan de l’Épître aux Hébreux.................................. 8 Chapitre 1 | Y a-t-il quelqu’un qui écoute ? (1 : 1-3)....................... 9 Chapitre 2 | Supérieur aux anges (1 : 4 à 2 : 18)............................ 23 Chapitre 3 | Supérieur à Moïse (3 : 1 à 4 : 13)............................... 35 Chapitre 4 | Supérieur au grand-prêtre Aaron (4 : 14 à 5 : 10) ������ 49 Chapitre 5 | Allez de l’avant ! (5 : 11 à 6 : 20)................................ 61 Chapitre 6 | Ce mystérieux Melchisédek (7 : 1-28)...................... 75 Chapitre 7 | Une meilleure alliance (8 : 1-13)............................... 87 Chapitre 8 | Un sanctuaire supérieur (9 : 1-28)........................... 101 Chapitre 9 | Un sacrifice supérieur (10 : 1-39)............................ 115 Chapitre 10 | La foi : la plus grande force au monde (11 : 1-40).......129 Chapitre 11 | Restez dans la course (12 : 1-29)........................... 143 Chapitre 12 | Les preuves de la foi (13 : 1-25)............................ 157 Questions d’étude....................................................................... 171 Épître aux Hébreux (Parole vivante)......................................... 181



Introduction La lettre aux Hébreux répond à nos besoins. Elle fut écrite au confluent de deux époques opposées, alors que la société entière semblait ébranlée. Elle fut adressée à des chrétiens perplexes. Ils s’interrogeaient sur la tournure des événements. Ils ne savaient pas comment réagir. L’époque stable qu’ils avaient connue laissait place à l’inconnu et leur foi vacillait. La lettre aux Hébreux proclame haut et fort : « Soyez confiants ! » Aujourd’hui, Dieu semble bousculer toutes sortes de choses. Pourquoi ? Il veut que vous appreniez à vivre par la foi et non par la vue. Il veut que vous bâtissiez votre vie sur la permanence et non sur l’instable. Sur ce qui est éternel et non sur ce qui est temporel. Pour souligner ce message, j’ai dû faire des choix. Cette lettre est si profonde qu’un commentaire pratique comme le mien ne pouvait tout couvrir. Il se peut que vous contestiez certaines de mes interprétations. Mais si vous êtes chrétien, je suis convaincu que vous serez du même avis que moi pour affirmer que notre grand-prêtre éternel est à même de veiller sur nous dans ces temps difficiles où nous vivons. « Le juste vivra par la foi » ! Regardez à Jésus-Christ et… soyez confiants !

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Suggestion de plan de l’Épître aux Hébreux 1. Un être supérieur : Christ (ch.  1 à 6) Supérieur aux prophètes (1 : 1-3) Supérieur aux anges (1 : 4 à 2 : 18) (Exhortation : dérive par rapport à la Parole, 2 : 1-4) Supérieur à Moïse (3 : 1 à 4 : 13) (Exhortation : doute face à la Parole, 3 : 7 à 4 : 13) Supérieur à Aaron (4 : 14 à 6 : 20) (Exhortation : lenteur à comprendre la Parole, 5 : 11 à 6 : 20) 2. Un sacerdoce supérieur : Melchisédek (ch. 7 à 10) Un ordre supérieur (chap. 7) Une alliance supérieure (chap. 8) Un sanctuaire supérieur (chap. 9) Un sacrifice supérieur (chap. 10) (Exhortation : mépris de la Parole, 10 : 26-39) 3. Un principe supérieur : la foi (ch.  11 à 13) Les grands exemples de la foi (chap. 11) L’endurance de la foi : le châtiment (chap. 12) (Exhortation : défi à la Parole, 12 : 14-29) Exhortations pratiques finales (chap. 13) « C’est pourquoi […] tendons vers la perfection » (6 : 1)

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1 Hébreux 1 : 1-3

Quelqu’un écoute-t-il ? Un homme se rendait chez son médecin pour un examen de l’oreille. Celui-ci enleva l’appareil auditif que portait son patient qui, brusquement, entendit nettement mieux. Cela faisait vingt ans qu’il portait l’appareil dans la mauvaise oreille ! Je demandai un jour à un ami pasteur s’il y avait une traduction gestuelle pour les sourds dans son Église. Il me répondit : « J’ai parfois le sentiment que toute l’Église a besoin d’une traduction gestuelle ; ils semblent ne pas m’entendre ». Il y a entendre et entendre. Jésus disait souvent : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ». Il semble donc qu’il ne suffit pas d’avoir des oreilles pour entendre la voix de Dieu, il faut aussi un cœur réceptif : « Si aujourd’hui vous entendez la voix de Dieu, n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb. 3 : 7-8). Les nombreux chrétiens qui évitent la lettre aux Hébreux se privent d’une aide spirituelle concrète. Certains l’évitent parce qu’ils en ont « peur ». Les avertissements qu’elle contient les dérangent. D’autres l’évitent parce qu’ils croient qu’elle est « trop difficile » à étudier. Oui, ce livre de la Bible recèle des vérités profondes ; quel prédicateur ou professeur peut prétendre toutes les comprendre ? Mais le message général de la lettre aux Hébreux est clair. Il n’y a aucune raison pour que vous et moi ne le comprenions pas. Aucune raison pour ne pas en tirer un grand profit spirituel.

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Soyez confiants Notons tout d’abord les cinq caractéristiques de cette lettre.

1. Un livre pour évaluer Christ

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Son auteur démontre la supériorité de Jésus-Christ et du salut qu’il apporte par rapport au système religieux des Juifs. Il répète régulièrement les mots « meilleur » ou « supérieur ». Par exemple, le Christ est « supérieur aux anges » (1 : 4 – S21), il a apporté une « meilleure espérance » (7 : 19) parce qu’il est « le médiateur d’une meilleure alliance […] fondée sur des promesses plus excellentes » (8 : 6). Le mot « parfait » (et ses dérivés) se retrouve aussi à plusieurs reprises dans cette lettre. Ce mot apparaît à quatorze reprises dans le texte grec original. La perfection ne pouvait être atteinte par le sacerdoce lévitique (7 : 11) ou par la loi (7 : 19) ni même par le sang des animaux sacrifiés (10 : 1). Jésus s’est offert lui-même en sacrifice pour le péché, et ainsi il a « conduit au but » ou « il a conduit à la perfection pour toujours ceux qu’il rend saints » (10 : 14 – S21). L’auteur entérine le contraste entre le système institué par la loi dans l’Ancien Testament et le ministère de la grâce du Nouveau Testament. Il montre clairement que le système religieux juif était temporaire et qu’il ne pouvait produire les « choses meilleures » et éternelles révélées en Jésus-Christ. « Éternel » est un troisième mot important du message de la lettre aux Hébreux. Le Christ est « l’auteur d’un salut éternel » (5 : 9). Par sa mort, il nous a obtenu « une éternelle réconciliation avec Dieu » (9 : 12) et il partage avec les croyants « l’héritage éternel promis » (9 : 15). Son trône est éternel (1 : 8), et il est sacrificateur pour l’éternité (5 : 6 ; 6 : 20 ; 7 : 17, 21). « Jésus-Christ est toujours le même : hier et aujourd’hui, il le sera éternellement » (13 : 8). Combinons ces trois mots importants. Que découvrons-nous ? Jésus-Christ et la vie chrétienne qu’il nous donne sont supérieurs parce que ses bénédictions sont


Quelqu’un écoute-t-il ? éternelles et qu’elles nous permettent d’être parfaits devant Dieu. Le système religieux existant sous la loi mosaïque était imparfait, car il ne pouvait pas accomplir une rédemption définitive, éternelle. Pourquoi l’auteur demande-t-il à ses lecteurs d’évaluer leur foi et ce que Jésus veut leur offrir ? Parce qu’ils traversaient une période difficile. Ils étaient près de succomber à la tentation de retourner vers la religion juive. À l’époque de la rédaction de la lettre, le temple tenait encore debout ; des cérémonies sacerdotales s’y déroulaient encore chaque jour. Comme il aurait été facile pour ces chrétiens d’origine juive d’échapper à la persécution ! Il leur suffisait de retourner dans le giron de l’ancien système mosaïque. Ces chrétiens étaient des « croyants de la seconde génération ». Ils avaient été gagnés au Christ par ceux qui l’avaient connu lors de son ministère terrestre (2 : 3). C’étaient de véritables croyants (3 : 1) et non de simples professants. Ils connaissaient la persécution à cause de leur foi (10 : 32-34 ; 12 : 4 ; 13 : 13-14), et ils pourvoyaient fidèlement aux besoins de chrétiens qui souffraient (6 : 10). Mais ils risquaient de « se laisser entraîner par toutes sortes de doctrines séductrices » (13 : 9). Ils couraient le danger d’oublier la véritable parole que leurs anciens conducteurs, morts depuis, leur avaient enseignée (13 : 7). Le plus tragique, c’est qu’ils étaient spirituellement « au point mort ». Ils couraient le risque de rétrograder (5 : 12s). Certains ne participaient même plus aux cultes d’adoration (10 : 25) et ne faisaient plus aucun progrès spirituel (6 : 1). Dans la vie chrétienne, qui n’avance pas recule. « Comment pouvez-vous retourner à votre ancienne religion ? demande l’auteur. Prenez le temps d’évaluer ce que vous avez en Jésus-Christ. Il est bien supérieur à tout ce que vous aviez sous la loi. » La lettre aux Hébreux glorifie la personne et l’œuvre de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. Le chrétien qui prend

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Soyez confiants conscience de tout ce qu’il possède en lui et par lui ne désire rien ni personne d’autre.

2. Un livre pour encourager le chrétien

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L’auteur appelle sa lettre « quelques paroles d’encouragement » (Héb. 13 : 22). Le même mot grec est traduit par « consolation » en Romains 15 : 4, ainsi qu’à plusieurs reprises en 2 Corinthiens (1 : 5-7 ; 7 : 7). Ce mot est de la même racine que celui traduit par « Consolateur » en Jean 14 : 16 pour désigner le Saint-Esprit. L’auteur ne cherche pas à effrayer ses lecteurs, mais à les encourager. La feuille de route est la suivante : « Exhortez-vous les uns les autres, jour après jour » (Héb. 3 : 13). Il rappelle ainsi que nous possédons une « assurance inébranlable » en Jésus-Christ (6 : 18). Examinons maintenant la question classique : « Que penser des cinq terribles avertissements de l’Épître aux Hébreux ? » (cf. les cinq exhortations indiquées dans le plan précédent). Ces cinq passages ne sont pas à proprement parler des « avertissements », mais plutôt un « encouragement » (Héb. 13 : 22). Ne minimisons pas leur gravité, mais discernons leur but : nous encourager à nous confier en Dieu et à prêter attention à sa Parole. La lettre s’ouvre sur une déclaration importante : Dieu « nous a parlé par son Fils » (1 : 2). Vers la fin de la lettre, l’auteur écrit : « Veillez à ne pas fermer votre oreille à la voix de celui qui vous parle » (12 : 25). En d’autres termes, le thème de cette lettre aux Hébreux semble être : « Dieu a parlé. Nous avons sa Parole. Qu’allons-nous en faire ? » Dans cette perspective, les cinq passages « problématiques » s’éclairent. Ils nous encouragent à prêter attention à la parole de Dieu (« Dieu a parlé ») en soulignant les graves conséquences de notre négligence éventuelle. Considérons comment ces passages s’enchaînent pour


Quelqu’un écoute-t-il ? ne former qu’un seul message : prêtez attention à la parole de Dieu. • Dériver par rapport à la Parole : négligence (2 : 1-4) ; • Douter de la Parole : endurcissement (3 : 7 à 4 : 13) ; • Être lent à comprendre la Parole : paresse (5 : 11 à 6 : 20) ; • Mépriser la Parole : obstination (10 : 26-39) ; • Défier la Parole : refus d’écouter (12 : 14-29). Celui qui n’écoute pas la parole de Dieu, qui n’y prête pas vraiment attention, commence à dériver. La négligence mène toujours à la dérive. C’est vrai des domaines physique et matériel, ça l’est aussi dans le domaine spirituel. Dérivant par rapport à la parole de Dieu, il commence à la mettre en doute, car la foi vient en écoutant la Parole (Rom. 10 : 17). Il commence alors à s’endurcir, ce qui mène à la paresse spirituelle, qui elle-même produit la lenteur à comprendre la Parole. Il en vient à mépriser cette Parole au point de désobéir délibérément à Dieu. Ainsi se développe progressivement une attitude de défiance : il défie presque Dieu de faire quoi que ce soit ! Que fait Dieu contre cette régression spirituelle ? Il continue à parler. Il encourage ce chrétien rétrograde à retourner vers sa Parole. S’il n’écoute ni obéit, alors, Dieu commence à corriger. Cette correction est le thème du chapitre 12, qui constitue l’apogée de la lettre. « Le Seigneur lui-même jugera son peuple » (Héb. 10 : 30). Dieu ne laisse pas ses enfants devenir des « enfants gâtés » en leur permettant de s’obstiner à défier sa Parole. Il corrige toujours avec amour. Ces cinq exhortations s’adressent à des personnes véritablement nées de nouveau. Leur but ? Pousser le lecteur à être attentif à la parole de Dieu. Le langage est parfois sévère, mais rien ne menace le lecteur d’une éventuelle perte de son salut. S’il persiste à défier

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Soyez confiants Dieu, il peut perdre sa vie : « Ne voulons-nous pas, à plus forte raison, nous soumettre à notre Père céleste pour apprendre à vivre ? » (12 : 9, ou : « avoir la vie »). Demeurer dans l’insoumission, c’est donc risquer de « commettre le péché qui mène à la mort » (1 Jean 5 : 16). Mais s’il y a une chose que la lettre aux Hébreux enseigne, c’est bien l’assurance d’une vie éternelle, par un souverain sacrificateur qui ne peut mourir (Héb. 7 : 22-28). Certains essayent de résoudre le « problème » de la perte du salut ou de l’apostasie en affirmant que les lecteurs n’étaient pas véritablement nés de nouveau, mais qu’ils n’étaient que « professants » de la foi chrétienne. Toutefois la façon dont l’auteur s’adresse à eux élimine cette approche : • Il les appelle « mes frères, vous qui appartenez à Dieu et qu’il a appelé à hériter la vie céleste » (3 : 1) ; • Ils ont un grand prêtre dans les cieux (4 : 14), ce qui n’est pas le privilège des perdus ; • Ils ont « eu part au Saint-Esprit » (6 : 4) ; • Ils font l’objet de remontrances (Héb. 10 : 19-25) qui n’auraient aucun sens si elles étaient adressées à des incroyants. La lettre aux Hébreux est un livre pour évaluer la supériorité de Jésus-Christ à tout ce qu’offre la loi de Moïse. C’est aussi un livre pour encourager les lecteurs à écouter la parole de Dieu, de peur de régresser spirituellement et de subir la correction de Dieu.

3. Un livre pour examiner sa foi

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Cette lettre est rédigée à un moment critique de l’Histoire. Le temple n’était pas encore détruit ; les Juifs y offraient encore des sacrifices. Mais quelques années plus tard, et la ville et le temple allaient être détruits. La nation juive allait être dispersée, et cette dispersion


Quelqu’un écoute-t-il ? atteindrait aussi des Juifs croyant en Jésus-Christ. La fin des temps approchait. Dieu « faisait trembler » l’ordre des choses (Héb. 12 : 25-29), afin que son peuple s’appuie sur les solides fondements de la foi, et ne se confie pas en ce qui allait disparaître. L’Église d’aujourd’hui traverse des circonstances semblables. Tout ce qui nous entoure est ébranlé ; tout est en train de changer. Les gens découvrent qu’ils se sont appuyés sur « l’échafaudage » et non sur le fondement. Le peuple de Dieu s’est aussi laissé tenter par le système de ce monde. Au point de placer sa confiance dans sa situation financière, ses connaissances, ses réalisations et les choses matérielles. Sa confiance doit venir uniquement de la parole de Dieu. Dieu veut que notre cœur « soit affermi. Or, c’est la grâce divine qui lui donne sa fermeté » (13 : 9). Être « affermi », c’est être solidement fondé. Se tenir ferme. Vous y trouvez l’idée de force, de fiabilité et de permanence. C’est là, je pense, la clé de la lettre aux Hébreux : « Vous pouvez être en sûreté alors même que tout s’écroule autour de vous ! » Nous vivons dans un « royaume inébranlable » (12 : 28). La parole de Dieu « a eu sa pleine validité » (2 : 2), il en sera de même pour l’espérance dont nous nous réjouissons en lui (6 : 19). Il n’y a, bien sûr, aucune sécurité pour celui qui ne s’est jamais confié en Jésus-Christ comme Sauveur. Pas de sécurité non plus pour ceux qui n’ont fait qu’une « confession des lèvres » et dont la vie ne manifeste jamais qu’ils sont véritablement sauvés (Tite 1 : 16 ; Matt. 7 : 21-27). Christ ne sauve « parfaitement », c’està-dire « éternellement », que ceux qui sont venus à Dieu par la foi en lui (Héb. 7 : 25). Un contrôleur monte dans un train et commence à demander les billets. Un premier passager lui montre le sien. Le contrôleur lui dit : — Monsieur, vous êtes dans le mauvais train. Vérifiant le billet du passager suivant, il répète la même chose à celui-ci.

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Soyez confiants — Mais l’employé de la gare m’a dit de monter dans ce train-ci, proteste le passager. — Je vais vérifier, dit le contrôleur. Cela fait, il découvre que c’est lui qui se trouve dans le mauvais train ! Je crains qu’un grand nombre de personnes religieuses n’aient pas une foi véritable, n’aient pas vraiment entendu et écouté la parole de Dieu. Ils sont parfois si occupés à dire aux autres ce qu’il faut faire qu’ils en oublient d’examiner leur propre situation. La lettre aux Hébreux est un livre pour examiner sa foi, et découvrir en qui ou en quoi nous l’avons véritablement placée.

4. C’est un livre pour espérer dans le monde à venir Dans ce livre, l’accent est mis sur le futur. L’auteur va parler du « monde futur » (2 : 5), lorsque les croyants régneront avec le Christ. Jésus-Christ est « héritier universel » (1 : 2) et nous partageons « l’héritage éternel promis » (9 : 15). Comme les patriarches, célébrés au chapitre 11, nous regardons vers la cité future de Dieu (11 : 10-16, 26). Comme ces grands hommes et femmes de foi, nous sommes aussi des « “étrangers et voyageurs” sur cette terre » (11 : 13). Ou devrions l’être. C’est l’une des raisons pour lesquelles Dieu ébranle tout autour de nous. Pour que nous nous détachions des choses de ce monde et que nous cessions de dépendre d’elles. Il veut que nous portions notre attention sur le monde à venir. Il ne s’agit pas de nous absorber par les choses célestes au point de ne plus nous occuper des choses de ce monde. Il s’agit plutôt de ne plus nous attacher aux valeurs de ce monde afin de vivre selon et pour les valeurs éternelles du monde à venir. Abraham et Lot illustrent ces deux attitudes contraires (Gen. 13 à 14).

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• Abraham était un homme riche. Il aurait pu habiter une maison opulente, à l’endroit qui lui plaisait. Mais il était avant tout un serviteur de


Quelqu’un écoute-t-il ? Dieu, un étranger et un résident temporaire. Cela signifiait vivre sous la tente. • Lot choisit d’abandonner la vie nomade et de s’installer dans la triste ville de Sodome. Lequel de ces deux hommes vivait en sécurité ? Lot, apparemment. Mieux vaut la sécurité d’une ville que la fragilité d’une tente dans la plaine. Mais c’est Lot qui fut fait prisonnier de guerre… et c’est Abraham qui l’a délivré ! Négligeant les avertissements de Dieu, Lot est retourné vivre en ville. Lorsque Dieu détruisit Sodome et Gomorrhe, Lot a tout perdu (Gen. 19). C’était un homme sauvé (2 Pi. 2 : 7), mais qui s’appuyait sur les choses du monde plutôt que sur la parole de Dieu. Il a perdu ce qu’il possédait parce qu’il dépendait de « l’immédiat » et vivait en fonction de son choix. Jim Elliot, le missionnaire martyr, l’a excellemment bien décrit : « Il n’est pas fou celui qui donne ce qu’il ne peut garder pour gagner ce qu’il ne peut perdre ». Vous et moi, en tant qu’enfants de Dieu, avons reçu la promesse d’une récompense future. Comme pour Abraham et Moïse, de nos décisions d’aujourd’hui dépendent nos récompenses de demain. J’ose le dire, nos décisions devraient être motivées par l’espérance d’une récompense à venir. Abraham obéit parce qu’il « attendait la cité » (Héb. 11 : 10). Moïse dédaigna les trésors et les plaisirs d’Égypte « car il avait les yeux fixés au loin sur la rétribution finale » (Héb. 11 : 26). Ces grands hommes et femmes de foi (11 : 31, 35) « vivaient en fonction du futur » et c’est ainsi qu’ils furent capables de vaincre les tentations du monde et de la nature humaine. En fait, c’est la même attitude de foi qui a soutenu notre Seigneur Jésus-Christ dans l’agonie de la croix : « Jésus […] parce qu’il avait en vue la joie qui lui était réservée, a affronté la mort sur la croix, sans tenir compte de la honte attachée à un tel supplice » (12 : 2). Ce que la lettre aux Hébreux veut mettre en valeur pourrait se résumer ainsi :

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Soyez confiants Ne vivez pas pour ce que le monde promet aujourd’hui, mais pour ce que Dieu vous a promis dans le futur ! Soyez un étranger et un résident temporaire sur la terre ! Marchez par la foi, non par la vue ! Ce livre n’est pas un régime pour des « bébés spirituels » qui veulent être dorlotés et nourris à la cuillère (5 : 11-14). Dans cette lettre, vous trouverez de la « nourriture solide » qui, pour que l’on puisse la mâcher et en jouir, exige que l’on ait des « molaires spirituelles ». L’accent est mis non pas sur ce que le Christ a fait sur terre (le « lait »), mais sur ce qu’il fait maintenant au ciel (la « nourriture solide » de la Parole). Il est le grand souverain sacrificateur qui nous qualifie en nous donnant la grâce (4 : 14-16). Il est aussi le grand berger des brebis qui nous équipe pour accomplir sa volonté (13 : 20-21). Il est à l’œuvre en nous pour mener à bien ses objectifs. Quelle joie pour nous de savoir que nous faisons partie d’un ministère si merveilleux ! Le docteur A. W. Tozer rappelait souvent que « tout homme doit choisir son monde ». Les vrais croyants ont « senti combien la parole de Dieu était bonne et bienfaisante et ils ont connu par expérience les richesses et les forces merveilleuses du monde à venir » (6 : 5) ; ce qui devrait impliquer que nous n’avons pas le moindre intérêt ou désir pour le système présent du monde pécheur. Abraham choisit le monde qu’il fallait et devint le père des fidèles. Lot pris la mauvaise décision ; il choisit l’autre monde et devint le père des ennemis du peuple de Dieu (Gen. 19 : 30-38). Abraham devint l’ami de Dieu (2 Chr. 20 : 7), mais Lot devint l’ami du monde et perdit tout. Lot fut sauvé, mais tout juste, « comme un homme qui réussit à s’échapper d’un incendie » (1 Cor. 3 : 15) et il perdit sa récompense.

5. C’est un livre pour glorifier Christ

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La lettre aux Hébreux glorifie la personne et l’œuvre de notre Seigneur Jésus-Christ. Les trois premiers versets proclament ce thème haut et saint qui est ensuite


Quelqu’un écoute-t-il ? maintenu tout au long de la lettre. Le but immédiat de ces versets est de prouver que Jésus-Christ est supérieur aux prophètes (des hommes considérés avec la plus haute estime par le peuple juif). Premièrement, il est le Fils même de Dieu, et non un homme simplement appelé par Dieu. L’auteur montre clairement que Jésus-Christ est Dieu (Héb. 1 : 3). En effet, la description qu’il donne ne pourrait jamais être appliquée à un mortel. Le fait qu’il « reflète d’une manière éclatante sa gloire » se réfère à la gloire, la shekinah de Dieu qui demeurait dans le tabernacle et dans le temple (cf. Exode 40 : 34-38 et 1 Rois 8 : 10. Le mot hébreu shekinah signifie : « demeurer »). Le Christ est au Père ce que les rayons de soleil sont au soleil : il est le rayonnement de la gloire de Dieu. Tout comme il est impossible de séparer les rayons du soleil de sa source, de même il est impossible de séparer la gloire du Christ de la nature de Dieu. « L’expression parfaite de sa nature » (Héb. 1 : 3). Littéralement Jésus-Christ est « la représentation exacte de la substance même de Dieu » (cf. Col. 2 : 9). Seul Jésus pouvait en toute honnêteté affirmer : « Celui qui m’a vu, a aussi vu mon Père » (Jean 14 : 9). Lorsque vous voyez Jésus-Christ, vous voyez la gloire de Dieu (Jean 1 : 14). En son œuvre, le Christ est aussi supérieur aux prophètes. Il est, tout d’abord, le Créateur de l’univers. Par lui, Dieu « avait créé l’univers » (Héb. 1 : 2). Non seulement le Christ a créé toutes choses par sa Parole (Jean 1 : 1-5), mais il soutient aussi toutes choses par cette même Parole puissante (Héb. 1 : 3) : « Il était déjà là avant toute existence, par lui, tout l’univers est maintenu en vie » (Col. 1 : 17). Le verbe « soutenir » (Héb. 1 : 3) ne signifie pas que l’univers soit un poids posé sur le dos de Jésus. Son sens ici est « tenir et porter d’un endroit à un autre ». Il est le Dieu de la création et le Dieu de la providence, qui mena cet univers à sa destinée divinement ordonnée.

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Soyez confiants Il est aussi le prophète supérieur aux autres et qui annonce la parole de Dieu. Le tableau ci-dessous souligne quelques aspects du contraste entre le Christ et les prophètes.

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Les prophètes

Le Christ

Des hommes appelés par Dieu

Dieu le Fils

De nombreux prophètes

Un seul Fils

Un message fragmentaire et incomplet

Un message définitif complet

L’Ancien Testament et la révélation de l’Évangile viennent de Dieu. Jésus-Christ est le « dernier mot » de Dieu. Il est le début, le milieu et la fin de tout ce que Dieu veut nous révéler. Jésus-Christ a aussi un ministère de prêtre. C’est là ce qui révèle sa grandeur. Il fait, de lui-même, la purification des péchés (1 : 3). Cet aspect de son ministère sera développé dans les chapitres 7 à 10. Enfin, Jésus-Christ règne en tant que roi (Héb. 1 : 3). Il est assis, car son œuvre est accomplie : « Il a pris sa place à la droite du Tout-Puissant dans les lieux célestes », la place d’honneur. Cela prouve qu’il est l’égal de Dieu le Père, car nul être simplement créé ne pourrait s’asseoir à la droite de Dieu. Créateur, prophète, sacrificateur et Roi : Jésus-Christ est supérieur à tous les prophètes et serviteurs de Dieu mentionnés dans les pages de l’Écriture. Il n’est donc pas étonnant que le Père, lors de la transfiguration, ait dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute ma joie » (Matt. 17 : 5). Deux des plus grands prophètes se trouvaient à ce moment-là avec Jésus : Moïse et Élie, mais le Christ leur était supérieur.


Quelqu’un écoute-t-il ? Rappelons-nous que notre but n’est pas de nous perdre dans certains détails doctrinaux. Notre propos n’est pas non plus d’attaquer ou de défendre telle ou telle doctrine particulière. Notre objectif est d’écouter Dieu parler en Jésus-Christ et de prêter attention à cette parole. Nous voulons faire écho à la prière des Grecs : « Nous aimerions voir Jésus » (Jean 12 : 21). Si nous visons à mieux connaître et glorifier Christ, nos différences d’interprétation passeront après l’adoration de sa personne.

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2 Hébreux 1 : 4 à 2 : 18

Supérieur aux anges Les anges prenaient une place importante dans la religion juive. D’abord parce que des milliers d’entre eux assistèrent au don de la loi sur le mont Sinaï (Deut. 33 : 2 ; Ps. 68 : 17 ; Actes 7 : 53 ; Gal. 3 : 19). Parce qu’il était tentant de les vénérer, l’auteur se devait d’aborder le sujet, fidèle au thème de la supériorité du Christ sur toutes choses. Cette longue partie sur les anges est divisée en trois paragraphes : –– L’auteur commence par l’affirmation de la supériorité de Christ par rapport aux anges (Héb. 1 : 4-14), s’appuyant sur sept affirmations de l’Ancien Testament ; –– Vient ensuite l’exhortation (2 : 1-4) : il appelle les lecteurs à prêter attention à la parole que Dieu a donnée par son Fils ; –– Vient enfin une explication (2 : 5-18) : il montre comment le Christ, tout en ayant un corps humain, pouvait être supérieur aux anges, qui eux, sont des esprits.

1. Affirmation : le Christ est supérieur aux anges (1 : 4-14) Sept citations de l’Ancien Testament visent à prouver la supériorité du Christ par rapport aux anges. L’auteur cite ici la version grecque de l’Ancien Testament, version appelée la Septante. (Selon la tradition, cette tra-

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Soyez confiants duction de l’Ancien Testament de l’hébreu en grec aurait été réalisée par 70 personnes, d’où le nom de « Septuaginta », dont le symbole est LXX, c’est-à-dire 70 en chiffres romains.) Le même Saint-Esprit qui inspira les Écritures a le droit de citer et d’énoncer de nouveau la vérité si cela lui semble opportun. Notons les affirmations qui sont faites à propos de Jésus-Christ et les citations qui les appuient.

A. Il est le Fils (1 : 4-5) Le « nom incomparablement supérieur » que Jésus a reçu est celui de « Fils ». Alors que les anges sont parfois appelés collectivement « les fils de Dieu » (Job 1 : 6), jamais un ange ne se verra appliquer ce titre individuellement. Ce titre appartient uniquement à notre Seigneur Jésus-Christ. La première citation est extraite du Psaume 2 : « Tu es mon Fils, aujourd’hui je suis devenu ton Père » (v. 7). Paul le citera dans une prédication (Actes 13 : 33). Jésus-Christ était Dieu de toute éternité. Il s’est humilié lui-même et devint un homme (cf. Phil. 2 : 5-6). Mais, par sa résurrection, il glorifia l’humanité qu’il avait reçue du Père et retrouva la gloire éternelle de laquelle il s’était dépouillé (Jean 17 : 1, 5). La résurrection proclame qu’il est « le Fils tout-puissant de Dieu » (Rom. 1 : 4). La seconde citation provient de 2 Samuel 7 : 14. Dans le contexte de Samuel, c’est au fils de David, Salomon, que ce passage est d’abord appliqué. Salomon, que Dieu aurait aimé et élevé comme s’il était son propre fils (cf. Ps. 89 : 28). Mais l’application définitive se rapporte à Jésus-Christ qui est « plus que Salomon » (Matt. 12 : 42).

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B. Il est le premier-né qui reçoit l’adoration (1 : 6) L’expression «  premier-né  » ne signifie pas toujours, dans la Bible, « celui qui est né le premier ». Dieu fit de Salomon le premier-né (Ps. 89  :  28) alors qu’il n’était que le dixième dans la généalogie officielle (1 Chr. 3 : 1-5). Ce titre dénote le rang et l’honneur, car le premier-né reçoit l’héritage et une


Supérieur aux anges bénédiction spéciale. Le Christ est «  le premier-né de toute création ; il a la primauté sur toute créature » (Col. 1 : 15), car il a créé toutes choses, et il est le premier de tous ceux qui sont ressuscités (Col. 1 : 18). Lorsqu’il vient dans le monde, les anges de Dieu l’adorent (citation de Deut. 32 : 43 d’après la Septante : « Cieux, réjouissez-vous avec lui, et que tous les fils de Dieu l’adorent ! »). Dieu ordonne aux anges de l’adorer, ce qui prouve que Jésus-Christ est Dieu, car nul parmi les anges de Dieu n’adorerait une simple créature.

C. Les anges le servent (1 : 7) Il s’agit ici d’une citation de Psaumes 104 : 4 (les mots hébreu et grec pour « vents » peuvent aussi être traduits par « esprit ».) Les anges sont des esprits créés ; ils n’ont pas de corps, bien qu’ils puissent revêtir une forme humaine lorsqu’ils exercent leur ministère sur la terre. Lorsque notre Seigneur se trouvait sur terre, les anges le servirent à plusieurs reprises (Matt. 4 : 11 ; Luc 22 : 43). Désormais, les anges servent et le Seigneur Jésus et nous-mêmes. D. Il est le Dieu établi sur le trône et ayant reçu l’onction (1 : 8-9) Certaines sectes traduisent ainsi cette citation du Psaumes 45 : 7-8 : « le trône divin ». En effet, elles ne peuvent supporter l’affirmation de la divinité de JésusChrist. Mais la traduction doit être : « Ton trône, ô Dieu, est éternel » ou « établi pour l’éternité ». Les anges servent devant le trône, ils ne s’assoient pas sur le trône. L’un des enseignements principaux du Psaume 110 est que Jésus-Christ, l’Oint de Dieu (ou : Messie, Christ), règne maintenant sur son trône de gloire. Jésus luimême s’est référé à ce psaume capital (Marc 12 : 35-37 et 14 : 62), et Pierre l’a utilisé le jour de la Pentecôte (Actes 2 : 34-36). Notre Seigneur n’est pas encore entré dans son royaume terrestre, mais il a déjà été couronné de gloire (Éph. 1 : 20).

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Soyez confiants Lorsque le Christ est monté au ciel et est entré dans la gloire céleste, il a été oint pour son ministère dans le ciel « au milieu des acclamations de joie » (Héb. 1 : 9). Il y a sans doute ici référence au Psaumes 16 : 11 que Pierre mentionne à la Pentecôte : « Tu me combleras de joie, car je verrai ta face » (Actes 2 : 28). Quelle scène joyeuse cela dut être ! Le Psaume 45 est un psaume de mariage, et aujourd’hui notre Seigneur est l’Époux dans le ciel qui connaît « la joie qui lui était réservée » (Héb. 12 : 2). Les anges l’adorent, mais ils ne peuvent partager sa position ou sa joie. Le trône de notre Seigneur est éternel, ce qui signifie qu’il est Dieu de toute éternité.

E. Il est le Créateur éternel (1 : 10-12) Cette longue citation est tirée du Psaume 102, des versets 26 à 28. Les anges n’ont pas fondé la terre puisqu’ils font eux-mêmes partie de la création. Jésus-Christ est le Créateur. Un jour, il fera disparaître l’ancienne création et il en fondera une nouvelle. Tout, autour de nous est sujet au changement, mais lui ne changera jamais. Il est « toujours le même : hier, aujourd’hui, il le sera éternellement » (Héb. 13 : 8). La création est semblable à un vieux vêtement : un jour elle sera mise de côté pour être remplacée par une nouvelle création.

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F. Le Christ règne en souverain : les anges le servent (1 : 13-14) L’auteur cite à nouveau Psaumes 110 : 1. Le fait que Jésus se trouve maintenant à la droite du Père (la place d’honneur) est mentionné à de nombreuses reprises dans le Nouveau Testament (cf. Matt. 22 : 43-44 ; 26 : 64 ; Marc 16 : 19 ; Actes 2 : 33-34 ; Rom. 8 : 34 ; Col. 3 : 1 ; Héb. 1 : 3, 13 ; 8 : 1 ; 10 : 12 ; 1 Pi. 3 : 22). Les anges sont des esprits au service du Seigneur assis sur le trône. Mais ils nous servent aussi, nous qui devons « hériter du salut » par la foi en Jésus-Christ. Les anges nous servent aujourd’hui ! Il serait impossible d’ignorer la preuve avancée par ces citations. Jésus-Christ est supérieur aux anges, ce


Supérieur aux anges qui implique qu’il est aussi supérieur à la loi qui a été apportée au peuple d’Israël avec le concours des anges.

2. Exhortation : prêtez attention à la Parole et ne vous en écartez pas (2 : 1-4) Voici la première des cinq exhortations que nous trouvons en Hébreux. Elles visent à encourager tous les lecteurs à prêter attention à la parole de Dieu et à y obéir. Nous avons signalé, au chapitre précédent, que ces exhortations deviennent de plus en plus pressantes à mesure que nous progressons dans la lettre : la première appelle à ne pas dériver par rapport à la parole de Dieu, la dernière appelle à ne pas défier la parole de Dieu (12 : 14-29). Nous avons aussi remarqué que Dieu ne reste pas indifférent et ne permet pas à ses enfants de se rebeller contre lui. Il continuera de parler et, si besoin, il corrigera les siens. L’exhortation s’adresse à des croyants, car l’auteur s’inclut lui-même lorsqu’il dit « nous ». Le danger ici est de négliger son salut. Remarquez avec attention que l’auteur ne dit pas « rejetons » mais bien « négligeons ». Il n’encourage pas des incroyants à devenir chrétiens ; au contraire, il encourage des chrétiens à prêter attention au salut merveilleux qu’ils ont reçu par le Seigneur. « De peur d’être entraînés par le courant » (2 : 1). Plus loin, l’auteur utilisera l’image d’une ancre pour montrer à quel point nous pouvons nous confier dans les promesses de Dieu (6 : 19). La négligence est à la base de bien plus de problèmes spirituels que tout autre manquement de notre part. Nous négligeons la parole de Dieu, la prière, l’adoration avec le peuple de Dieu (10 : 25) et d’autres occasions de croître spirituellement. Résultat ? Nous nous laissons progressivement entraîner. Ce n’est pas l’ancre qui bouge, c’est nous ! À l’époque de l’Ancien Testament, ceux qui n’écoutaient pas la Parole étaient punis. Cette Parole avait été donnée par des anges, à combien plus forte raison,

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nous qui avons reçu la Parole venue du Fils de Dieu, devons-nous assumer une plus grande responsabilité ! Le mot « infraction » (v. 2) se rapporte à un péché commis, tandis que « désobéissance » se réfère à un péché d’omission. J’ai souvent raconté l’histoire du pasteur qui prêcha une série de sermons sur « les péchés des saints ». Il fut sévèrement réprimandé par l’un des membres de l’Église : — C’est vrai, lui dit ce monsieur, le péché dans la vie d’un chrétien est différent du péché dans la vie d’un non-chrétien. — Oui, répondit le pasteur, il est plus grave. Nous avons tendance à croire que les croyants, aujourd’hui « sous la grâce », peuvent échapper au châtiment de Dieu, qui, « sous la loi », était si manifeste. Mais à celui à qui il est beaucoup donné, il sera beaucoup demandé. Non seulement nous avons reçu la Parole par le Fils de Dieu, mais, qui plus est, cette Parole a été confirmée par des miracles apostoliques (2  :  4). L’expression « signes et miracles » se trouve à onze reprises dans le Nouveau Testament. Elle se rapporte ici aux prodiges qui témoignent et confirment la véracité de la Parole. Ces miracles furent accomplis par les apôtres (cf. Marc 16 : 17-20 ; Actes 2 : 43). Nous disposons, aujourd’hui, de la parole de Dieu dans sa totalité ; de tels miracles ne sont donc plus nécessaires. Dieu témoigne maintenant par son Esprit en utilisant la Parole (Rom. 8 : 16 ; 1 Jean 5 : 1-13). L’Esprit distribue aussi des dons spirituels au peuple de Dieu afin que chacun puisse servir dans l’Église (Éph. 4 : 11s ; 1 Cor. 12). Trop nombreux aujourd’hui sont les chrétiens qui négligent la parole de Dieu. J’ai découvert, au cours de mon ministère pastoral, que la négligence de la parole de Dieu et de la prière, tant publique que privée, est la cause de la majeure partie des cas de « dépression spirituelle ». Il n’est pas nécessaire de multiplier les exemples : tout croyant, en effet, sait combien cela est vrai. Soit qu’il


Supérieur aux anges l’ait expérimenté lui-même, soit qu’il l’ait remarqué dans la vie d’autres personnes. Un célèbre compositeur de cantiques, converti grâce à la prédication de George Whitefield, et qui avait rendu de grands services en tant que pasteur, s’éloigna du Seigneur parce qu’il négligea sa vie spirituelle. Il se mit à voyager, espérant ainsi trouver la paix. Lors d’un de ses voyages, il rencontra une jeune femme qui, de toute évidence, était très attachée aux choses spirituelles : « Que pensez-vous de ce cantique que je viens de lire ? » lui demanda-t-elle en lui tendant le livre. C’était un de ses cantiques ! Il essaya d’éviter la question, mais en vain. Le Seigneur lui parlait. Finalement, il fondit en larmes, révéla qui il était et comment il s’était éloigné du Seigneur. « Mais les “torrents de grâce” dont vous parliez coulent toujours », lui dit la jeune femme en le rassurant. Ses encouragements le rétablirent dans la communion avec le Seigneur. Il est facile de se laisser aller à la dérive, porté par le courant, mais il est bien plus difficile de revenir en luttant contre lui. Notre salut est un « grand salut », acquis à un grand prix. Il contient de nombreuses promesses et bénédictions et conduit à un merveilleux héritage dans la gloire. Comment pouvons-nous le négliger ?

3. Explication : malgré son humanité, Jésus-Christ n’est pas inférieur aux anges (2 : 5-18) Le fait que les anges soient des « esprits au service de Dieu » n’ayant pas de corps humain, semble leur donner avantage sur Jésus qui, alors qu’il était sur la terre, avait un corps humain. (Aujourd’hui, il a un corps glorifié qui ne connaît aucune limitation.) L’auteur du livre donne quatre raisons pour lesquelles l’humanité de notre Seigneur n’était ni un handicap ni une marque d’infériorité.

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A. Son humanité lui a permis de regagner la domination perdue de l’homme (2 : 5-9) La citation, dans ce passage, est tirée de Psaumes 8 : 5-7. Il serait bon de lire le psaume entier avec attention. Lorsque Dieu créa le premier homme et la première femme, il leur donna la domination sur sa création (Gen. 1 : 26-31). David s’émerveilla du fait que Dieu partageât sa puissance et sa gloire avec l’homme, être si fragile ! L’homme fut créé « un peu inférieur aux anges » (autre traduction possible du verset 6) mais il reçut des privilèges bien supérieurs aux leurs. Dieu n’a en effet jamais promis aux anges qu’ils régneraient dans « le monde futur » (Héb. 2 : 5). Mais, arrivés à ce point, nous faisons face à un problème sérieux : il est clair en effet qu’aujourd’hui l’homme n’exerce pas la domination sur la création. L’homme ne peut, c’est évident, contrôler les poissons, les oiseaux ou tout autre animal. Il lui est déjà assez difficile de se contrôler lui-même ! « Actuellement, il est vrai, nous ne constatons pas encore que l’homme étende sa domination sur “toutes choses” » (2 : 8). Mais « contemplons » Jésus (2 : 9). Il est la réponse de Dieu au dilemme de l’homme. Jésus-Christ est devenu homme afin de pouvoir souffrir et mourir pour le péché de l’homme et restaurer la domination perdue à cause du péché. Notre Seigneur a exercé cette domination perdue lorsqu’il était sur la terre. Il dominait les poissons (cf. Luc 5 : 1-11 ; Matt. 17 : 24-27 ; Jean 21 : 1-11), les oiseaux (Luc 22 : 34, 60), les bêtes sauvages (Marc 1 : 12-13) et les animaux domestiques (Marc 11 : 1-7). Dernier Adam (1 Cor. 15 : 45), Jésus-Christ a regagné la domination perdue de l’homme. Aujourd’hui, tout est sous ses pieds (Éph. 1 : 20-23). L’homme était « couronné de gloire et d’honneur » (Héb. 2 : 7), mais il a perdu sa couronne et est devenu esclave du péché. Jésus-Christ les a toutefois regagnées, et il est « couronné de gloire et d’honneur » (2 : 9). Il a regagné ce qui avait été perdu par l’homme de sorte que les croyants, aujourd’hui, ont part à sa domination


Supérieur aux anges royale (Apoc. 1 : 5-6). Un jour, lorsque Jésus établira son royaume, nous régnerons avec lui dans la gloire et l’honneur. Jésus-Christ a fait tout cela pour nous qui n’étions que des pécheurs perdus, à cause de « la grâce de Dieu » (Héb. 2 : 9). S’il n’était pas devenu homme, il n’aurait pas pu mourir et « en éprouver l’amertume pour tout homme » (2 : 9). Il est vrai que les anges ne peuvent pas mourir, mais il est tout aussi vrai qu’ils ne peuvent pas sauver des pécheurs condamnés ni rétablir la domination perdue de l’homme.

B. Son humanité lui a permis de conduire beaucoup de fils à la gloire (2 : 10-13) Christ est non seulement le dernier Adam, mais il est de plus l’auteur du salut. Littéralement, le mot traduit par «  auteur  » signifie «  pionnier  », c’est-à-dire « celui qui ouvre le chemin afin que d’autres puissent le suivre ». Le Christ a abandonné sa gloire afin de devenir homme. Il a regagné sa gloire lorsqu’il est ressuscité et est monté au ciel. Il partage maintenant cette gloire avec tous ceux qui se confient en lui pour être sauvés (Jean 17 : 22-24). Il conduit, maintenant, de nombreux fils et filles à la gloire. Le Christ est uni à nous, et nous sommes unis à lui : nous sommes spirituellement unis. En fait, nous sommes ses « frères » (Héb. 2 : 12). L’auteur cite ici Psaume 22 : 23, un psaume messianique dans lequel le Christ appelle l’Église ses « frères ». Cela signifie que nous et le Fils de Dieu partageons la même nature et faisons partie de la même famille ! Quelle merveille accomplie par la grâce de Dieu ! L’auteur de la lettre aux Hébreux cite aussi Ésaïe 8 : 17-18 (dans la Septante). Le contexte immédiat se réfère d’abord, bien sûr, au prophète Ésaïe et à son fils unique qui s’était vu attribuer des noms bien significatifs (cf. Ésaïe 7 : 3 ; 8 : 1-4). Mais le passage se réfère, en dernière instance, à Jésus-Christ. Les croyants sont non seulement ses frères, mais aussi ses enfants : « Me voici avec les enfants […] que Dieu m’a donnés » (Héb.

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Soyez confiants 2 : 13). Si Jésus-Christ n’était pas venu sur terre et s’il n’était pas devenu homme, il n’aurait pas pu nous enlever de la terre pour nous faire prendre part à sa gloire. On ne peut pas séparer l’incarnation, la crucifixion et la résurrection. Elles mènent ensemble à la gloire. Nous devons, avant de continuer, parler d’une partie du verset 10 du chapitre 2 : « Il lui convenait donc d’élever d’abord à la perfection, par ses souffrances, celui qui avait pour mission de les conduire au salut ». Ce passage ne sous-entend pas que Jésus était imparfait lorsqu’il se trouvait sur la terre. Le mot traduit par « perfection » signifie « achèvement, efficacité, adéquation ». Jésus n’aurait pas pu devenir un Sauveur et un souverain sacrificateur à la hauteur de sa tâche s’il n’était pas devenu homme, s’il n’avait pas souffert et s’il n’était pas mort.

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C. Son humanité lui a permis de désarmer Satan et de nous délivrer de la mort (2 : 14-16) Les anges ne peuvent pas mourir. Jésus n’est pas venu pour les sauver (v. 16) : il est venu pour sauver les hommes. Cela signifie qu’il a dû se revêtir de chair et de sang et devenir lui-même un homme. C’est alors seulement qu’il a pu mourir et, par sa mort, ravir le pouvoir à Satan. Cela ne signifie pas que Satan ait été annihilé ; il est clair qu’il est toujours vivant et à l’œuvre. Mais il a été rendu « inopérant, sans effet ». Satan n’est certainement pas détruit, mais il est désarmé. De quelle manière Satan détenait-il le pouvoir de la mort ? L’autorité finale en ce qui concerne la mort se trouve entre les mains de Dieu (Deut. 32 : 39 ; Matt. 10 : 28 ; Apoc. 1 : 18). Satan ne peut accomplir que ce qui lui est permis par Dieu (Job 1 : 12 ; 2 : 6). Il exerce son pouvoir dans le domaine de la mort en ce sens qu’il est l’auteur du péché (Jean 8 : 44) et que le péché mène à la mort (Rom. 6 : 23). Jésus l’a décrit comme un meurtrier (Jean 8 : 44). L’une des armes les plus puissantes qu’il utilise pour s’assurer le contrôle de la vie des gens est la peur de la mort. Son royaume est un royaume de


Supérieur aux anges ténèbres et de mort (Col. 1 : 13). Nous qui croyons en Jésus-Christ avons une fois pour toutes été délivrés de l’autorité de Satan et de la peur de la mort. La mort, la mise au tombeau et la résurrection du Christ nous ont donné la victoire ! (1 Cor. 15 : 55-58). Jésus ne s’est pas revêtu de la nature des anges afin de sauver les anges déchus (Apoc. 12 : 7-9 ; 2 Pi. 2 : 4). Au contraire, il est devenu inférieur aux anges afin de devenir homme ! Et pas n’importe quel homme. Il est devenu juif, l’un des « descendants d’Abraham » (Héb. 2 : 16). Les Juifs étaient une race méprisée et haïe, et pourtant notre Seigneur devint juif.

D. Son humanité lui a permis de devenir un grand prêtre miséricordieux pour son peuple (2 : 17-18) Les anges étant de purs esprits n’ayant jamais souffert, ils ne peuvent s’identifier à nous dans nos faiblesses et nos besoins. Mais Jésus, lui, le peut ! Lorsqu’il était sur terre, il était « à tous égards, semblable à ses frères » en ce qu’il a connu les infirmités normales de la nature humaine. Il a su ce que c’était qu’être un bébé impuissant, un enfant en pleine croissance, un adolescent se rapprochant de plus en plus de la maturité. Il a connu la fatigue, la faim, la soif (Jean 4 : 68). Il a aussi connu le mépris, le rejet, le mensonge, les fausses accusations. Il a eu part à la souffrance et à la mort. Tout cela faisait partie de sa « formation » pour le ministère céleste de grand prêtre. Par contre, pour trouver l’exemple d’un prêtre qui n’était ni miséricordieux ni fidèle, il suffit de lire l’histoire d’Éli (1 Sam. 2 : 27-36) qui n’a même pas appris à ses propres fils à marcher fidèlement avec Dieu. Qui plus est, il accusa Anne d’être ivre, elle qui avait le cœur brisé ! (1  Sam. 1 : 9-18). Jésus-Christ, lui, est à la fois miséricordieux et fidèle : il est miséricordieux envers les hommes et fidèle envers Dieu. Jamais aucun reproche ne pourra lui être adressé à propos de son ministère de sacrificateur. Il a

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Soyez confiants offert le sacrifice qu’exigeaient nos péchés afin que nous puissions être réconciliés avec Dieu. Il n’a pas eu besoin d’offrir un sacrifice pour ses péchés, car il était sans péché. Mais qu’arrive-t-il lorsque, nous qui sommes sauvés, sommes tentés de pécher ? Il se tient prêt à nous aider ! Il a connu la tentation sur la terre, mais jamais la tentation ne l’a vaincu. Ayant vaincu tout ennemi, il peut prodiguer la grâce dont nous avons besoin pour vaincre la tentation. Le verbe « secourir » (Héb. 2 : 18) signifie littéralement : « accourir au cri d’un enfant ». Il signifie « apporter de l’aide lorsque le besoin s’en fait sentir ». Les anges peuvent nous servir (1 : 14), mais ils ne peuvent pas nous secourir dans la tentation. Jésus-Christ seul peut le faire parce qu’il s’est fait homme, a souffert et est mort sur la croix. Quelle est la différence entre le ministère de souverain sacrificateur et celui d’avocat (1 Jean 2 : 1) ? En tant que souverain sacrificateur, Jésus peut nous donner la grâce dont nous avons besoin pour ne pas pécher lorsque survient la tentation. Si, malgré cela, nous péchons, il est alors notre avocat devant le trône de Dieu et il nous pardonne lorsque nous lui confessons nos péchés avec sincérité (1 Jean 1 : 5 à 2 : 2). Ces deux ministères font partie de son œuvre actuelle d’intercession, et c’est ce ministère d’intercession même qui est la garantie de notre salut éternel. En relisant ce passage de la lettre aux Hébreux, on ne peut que s’émerveiller de la grâce et de la sagesse de Dieu. À vues humaines, que Dieu se fasse homme semble être une folie, c’est pourtant cet acte de grâce même qui a rendu possible notre salut et tout ce qu’il implique. Lorsque Jésus-Christ s’est fait homme, il n’est pas devenu inférieur aux anges, car en son corps humain il a accompli quelque chose que les anges n’auraient jamais pu accomplir. Et en même temps, il a permis que nous puissions partager sa gloire ! Il n’a pas honte de nous appeler ses frères et ses sœurs. Avons-nous honte de l’appeler « Seigneur » ? 34


3 Hébreux 3 : 1 à 4 : 13

Supérieur à Moïse Moïse était incontestablement l’homme le plus révéré par le peuple juif, après Abraham. Retourner à la loi signifiait donc retourner à Moïse, et c’est précisément là ce qu’étaient tentés de faire les destinataires de la lettre aux Hébreux. Il était important que l’auteur convainque ses lecteurs de la supériorité de Jésus-Christ sur Moïse, car le système entier de la religion juive était venu par Moïse. Dans ce passage, nous apprenons que Jésus-Christ est supérieur à Moïse sous trois aspects au moins.

1. La personne du Christ est supérieure (3 : 1-2) La double description que l’auteur donne des lecteurs montre clairement que ceux-ci étaient des chrétiens. Seuls des membres de la famille de Dieu, mis à part par la grâce de Dieu, pourraient être appelés « mes frères ». De plus, le fait que l’auteur emploie l’expression « vous qui appartenez à Dieu et qu’il a appelé à hériter la vie céleste » indique bien qu’il s’adresse à des membres de l’Église, le corps du Christ. Jamais un inconverti, juif ou non, ne pourrait prétendre à cette bénédiction ! Le mot traduit par « appartenez » est traduit ici par « associés » en Luc 5 : 7, où il décrit la relation existant entre quatre hommes dans le métier de la pêche. Ils y étaient tous engagés. Les véritables chrétiens ne partagent pas seulement l’héritage des biens célestes ; ils partagent aussi

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une appartenance au Christ (Héb. 3 : 14). Par le SaintEsprit nous sommes « des membres de son corps » (Éph. 5 : 30). Les véritables croyants ont aussi « eu part à l’Esprit saint » (Héb. 6 : 4). « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ en lui, il ne fait pas partie des siens » (Rom. 8 : 9). Parce que nous sommes enfants de Dieu, nous avons aussi part à sa correction, qu’il exerce par amour (Héb. 12 : 8). Ne pas être châtié est la preuve que l’on n’est pas enfant de Dieu. Ces gens pouvaient « proclamer » leur foi en JésusChrist, parce qu’ils étaient des frères et des sœurs saints et des participants à une vocation céleste. Le mot utilisé pour « proclamer » signifie simplement « dire la même chose ». Tous les véritables chrétiens « disent la même chose » lorsqu’il est question de leur expérience du salut. À deux reprises dans sa lettre, l’auteur exhorte ses lecteurs à demeurer ou rester fermement attachés à leur foi (4 : 14 ; 10 : 23). C’était cette même confession du fait qu’ils étaient « étrangers et voyageurs » sur la terre qui caractérisait les hommes et les femmes de foi dans les siècles passés (11 : 13). C’est Jésus-Christ et non Moïse qui a fait toutes les choses décrites ici pour les lecteurs. L’auteur les invite à considérer Jésus-Christ et non Moïse. Le mot employé ici signifie plus exactement « considérer avec soin, comprendre complètement ». Nous ne voulons pas jeter un coup d’œil rapide à Jésus-Christ, mais considérer attentivement qui il est et ce qu’il a fait. Que le Christ soit supérieur à Moïse est une évidence. Moïse n’était qu’un homme, appelé à être prophète et chef, alors que Jésus-Christ, lui, est le Fils de Dieu envoyé par le Père dans le monde. Le mot apôtre signifie « celui qui est envoyé avec un mandat ». Moïse a été appelé et mandaté par Dieu. Mais Jésus-Christ a été envoyé en tant que « dernière parole » de Dieu pour l’homme pécheur. Voici quelques versets des Évangiles où il est dit de Jésus qu’il a été « envoyé par Dieu » : Jean 3 : 17, 34 ; 5 : 36, 38 ; 6 : 29 ; 8 : 42 ; 10 : 36 ; 11 : 42 ; 17 : 3 et notez aussi 13 : 3.


Supérieur à Moïse Jésus-Christ n’est pas seulement apôtre, il est aussi grand-prêtre. Moïse était prophète et, à l’occasion, faisait office de prêtre (voir Ps. 99 : 6), mais jamais il ne fut grand-prêtre. Ce titre appartenait à son frère Aaron. En fait, Jésus reçoit même le titre de « grand souverain sacrificateur » ou « grand-prêtre si éminent » (Héb. 4 : 14). En tant qu’apôtre, Jésus-Christ était le représentant de Dieu auprès des hommes, en tant que souverain sacrificateur (ou grand-prêtre), il est maintenant le représentant des hommes auprès de Dieu dans les cieux. Moïse accomplissait, bien sûr, des tâches semblables, car il enseigna la vérité de Dieu au peuple d’Israël et il pria pour Israël lorsqu’il rencontra Dieu sur la montagne (cf. Exode 32 : 30-32). Moïse était d’abord le prophète de la loi alors que Jésus-Christ est le messager de la grâce de Dieu (cf. Jean 1 : 17). Moïse contribua à préparer le chemin de la venue du Seigneur sur terre. L’auteur de la lettre aux Hébreux souligne cependant que Moïse et Jésus-Christ furent tous deux fidèles dans l’œuvre que Dieu leur confia. Moïse ne fut pas sans péché comme Jésus-Christ, mais il fut fidèle et obéit à Dieu (Nomb. 12 : 7). C’était là pour ces croyants juifs du premier siècle, un encouragement à demeurer fidèles au Christ au sein même des difficultés où ils se trouvaient. Au lieu de retourner à Moïse ils devaient l’imiter et être fidèles à leur vocation.

2. Le ministère du Christ est supérieur (3 : 3-6) À six reprises le mot « maison » est employé dans ces versets. Il s’agit ici du peuple de Dieu, non d’un bâtiment matériel. Moïse a servi Israël, le peuple de Dieu sous l’ancienne alliance. Aujourd’hui le Christ exerce son ministère auprès de son Église, le peuple de Dieu sous la nouvelle alliance (« Et cette maison, c’est nous qui la constituons » v. 6). On peut trouver un exemple de l’emploi du mot « maison » dans un double sens en

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2 Samuel 7. David voulait bâtir un temple pour Dieu, une maison dans laquelle Dieu pourrait habiter. Mais Dieu dit à David que lui, il bâtirait la maison (maisonnée, famille) de David et qu’il établirait une alliance avec ses descendants. Le contraste entre Moïse et le Christ est clair : Moïse était un intendant fidèle dans la maison, Jésus-Christ, lui, est Fils, placé à la tête de la maison. Moïse était un membre de la maison, tandis que Jésus a construit la maison ! Il vaut la peine de remarquer par ailleurs que la vérité présentée dans ces versets est un puissant argument en faveur de la divinité de Jésus-Christ. Si Dieu bâtit toutes choses et si Jésus-Christ bâtit la maison de Dieu, alors Jésus-Christ doit être Dieu. Il y a une autre chose qu’il faut souligner quant à la supériorité du Christ sur Moïse : le prophète Moïse a parlé de choses à venir, Jésus-Christ, lui, a amené toutes ces choses à leur accomplissement. (v. 6). Moïse a servi « dans l’ombre » en quelque sorte (cf. 8 : 5 et 10 : 1), tandis que Jésus-Christ a apporté la lumière totale et définitive de l’Évangile de la grâce de Dieu. Le mot grec traduit par « serviteur » (v. 5) n’est pas le mot que l’on rencontre habituellement dans le Nouveau Testament pour désigner un serviteur ou un esclave. Il s’agit ici d’un « serviteur volontaire qui agit par affection ». Dans le Nouveau Testament, il est uniquement employé pour parler de Moïse. Au début de son ministère, Moïse fut quelque peu hésitant et il résista à l’appel de Dieu. Mais après s’être soumis, il obéit par amour et adoration. Il faut comprendre la phrase commençant par « si » (v. 6) à la lumière de son contexte, c’est-à-dire Moïse conduisant Israël hors d’Égypte et vers le pays promis. L’auteur ne sous-entend pas que nous, en tant que chrétiens, devons veiller à rester sauvés. Cela contredirait le thème principal de la lettre, c’est-à-dire que l’œuvre parfaitement accomplie du Christ et son ministère céleste sont la garantie de notre salut éternel (7 : 14s). Au contraire, l’auteur affirme que ceux qui gardent la


Supérieur à Moïse pleine assurance et la fierté que nous donne notre espérance prouvent par là qu’ils sont véritablement nés de nouveau. L’auteur ajoute : « étant toujours prêts à en témoigner hardiment ». Lorsqu’on est libre de parler, on ne ressent aucune crainte et on est plein d’assurance. Un croyant peut s’approcher du trône de grâce avec assurance et confiance (4 : 16), avec franchise et sans aucune crainte. Cette assurance nous vient du sang que le Christ a versé (10 : 19). Ainsi donc, quelles que soient les circonstances, nous ne devons pas rejeter notre assurance. Notre assurance ne doit pas être fondée sur nous-mêmes, nous sommes bien trop enclins à tomber, mais sur JésusChrist, qui lui, jamais ne fait défaut. À cause de cette assurance en Jésus-Christ et de notre confession du Christ, une espérance joyeuse est la nôtre (v. 6). L’auteur exhorte ces saints qui sont dans la souffrance à se réjouir de leur expérience spirituelle et non pas à simplement la subir. Jésus-Christ est le Fils bien-aimé établi sur sa maison ; il prendra soin de chaque membre de la famille. Il est le fidèle souverain sacrificateur qui prodigue toute la grâce dont nous avons besoin en chaque circonstance de la vie. Jésus-Christ, le souverain berger des brebis (13 : 19-20), se sert des expériences qui surviennent dans la vie des siens pour les équiper pour le service qui glorifiera son nom. En d’autres termes, ceux qui se sont confiés en Jésus-Christ prouvent leur confession par leur fermeté, leur assurance et leur joyeuse espérance. Attendant l’espérance bénie du retour de leur Seigneur, ils ne plient pas sous le poids du passé ni ne sont menacés par le présent ; au contraire, ils vivent « au futur ». C’est cette « vocation céleste » qui pousse les croyants à continuer de vivre pour le Seigneur, alors même que les circonstances deviennent difficiles à supporter. La marche d’Israël dans le désert est l’un des sujets principaux de ce passage. Deux hommes parmi cette nation, Josué et Caleb, illustrent l’attitude décrite en 3 : 6. Tout Israélite âgé de plus de vingt ans allait mourir dans

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Soyez confiants le désert sans jamais voir le pays promis (voir Nomb. 14 : 26-38). Josué et Caleb, eux, crurent en Dieu et Dieu honora leur foi. Pendant quarante ans, Caleb et Josué ont vu leurs amis et parents mourir, mais ces deux hommes de foi, pleins d’assurance en la parole de Dieu, savaient qu’un jour ils entreraient en Canaan. Alors que d’autres connaissaient la tristesse et la mort, Caleb et Josué se réjouissaient, pleins d’assurance et d’espérance. Nous les croyants, nous savons que Dieu nous conduit vers le ciel ; et nous devrions aussi avoir une joyeuse espérance dont nous sommes prêts à témoigner hardiment. Comme ces deux hommes.

3. Le repos en Christ est supérieur (3 : 7 à 4 : 13)

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Ce long passage est la seconde des cinq exhortations de cette lettre. Dans la première (2 : 1-4), l’auteur a souligné le danger qu’il y a à dériver loin de la Parole à cause de la négligence. Il explique ici le danger qu’il y a à douter et à ne pas croire la Parole à cause de l’endurcissement du cœur. Nous devons bien nous représenter les circonstances dans lesquelles Israël a vécu son départ d’Égypte et ses expériences dans le désert. Nous devons d’abord réaliser qu’il y a des leçons spirituelles à tirer des divers lieux où a séjourné Israël. L’esclavage en Égypte est une illustration de l’esclavage du pécheur en ce monde. De même qu’Israël fut délivré d’Égypte par le sang d’un agneau et par la puissance de Dieu, ainsi le pécheur qui croit en Christ est délivré de l’esclavage du péché (Col. 1 : 13-14). Jésus-Christ est « l’agneau de Dieu » dont la mort et la résurrection ont fait de notre délivrance du péché une réalité. Ce n’était pas la volonté de Dieu qu’Israël reste en Égypte ou dans le désert. Son désir était que le peuple prenne possession de son héritage glorieux dans le pays de Canaan. Mais lorsque les Juifs arrivèrent aux frontières de leur héritage, ils retardèrent leur entrée car ils doutèrent de la promesse de Dieu (Nomb. 13 à 14).


Supérieur à Moïse « Nous ne pourrons pas », pleurèrent les dix espions et le peuple. « Nous pourrons avec l’aide de Dieu », dirent Moïse, Josué et Caleb. Le peuple n’eut point part à l’héritage et mourut dans le désert car, au lieu d’aller de l’avant par la foi, ils reculèrent à cause de leur incrédulité. Ce fut la génération suivante qui prit possession du pays et entra dans son repos. Que représente Canaan pour nous, chrétiens d’aujourd’hui  ? Il représente notre héritage spirituel en Jésus-Christ (Éph. 1 : 3, 11, 15-23). Il est malheureux que certains de nos cantiques et chœurs utilisent Canaan comme une image du ciel et « la traversée du Jourdain » comme une image de la mort. Canaan fut un lieu de batailles et même de défaites, ce n’est donc pas une image du ciel ! C’est par la foi que le peuple d’Israël eut à traverser la rivière (une image du croyant qui meurt à lui-même et au monde ; cf. Romains 6) et à réclamer son héritage. Ils eurent à « sortir par la foi » (Josué 1 : 3) et à revendiquer la possession du pays, comme doivent le faire les croyants aujourd’hui. Nous sommes à même de comprendre maintenant ce que la marche dans le désert représente : l’expérience du croyant qui ne réclame pas son héritage spirituel en Christ, qui met la parole de Dieu en doute et vit dans l’incrédulité et l’inquiétude. Dieu est avec ce croyant, comme il fut avec Israël, c’est là un fait certain ; mais il ne jouit pas pleinement de ses bénédictions. Ayant considéré ces circonstances, nous comprenons mieux à présent l’un des mots-clés de ce passage : repos (Héb. 3 : 11, 18 ; 4 : 1, 3, 4, 5, 8, 9, 10, 11). L’auteur mentionne deux « repos » différents que l’on trouve dans l’Ancien Testament : 1. Le repos du Sabbat de Dieu, lorsque Dieu cessa de créer (Héb. 4 : 4 ; Gen. 2 : 2) ; 2. Le repos d’Israël en Canaan (Héb. 3 : 11 ; Deut. 12 : 9 ; Josué 21 : 43-45). Il voit dans ces deux « repos » des images, des expériences spirituelles du croyant d’aujourd’hui. Le repos

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Soyez confiants du sabbat est une image de notre repos en Jésus-Christ par le salut (Héb. 4 : 3, cf. Matt. 11 : 28). Le repos en Canaan est une image de notre repos actuel, alors que nous revendiquons notre héritage en Jésus-Christ (Héb. 4 : 11-13, remarquez l’accent mis sur la parole de Dieu). Il faut mentionner un troisième repos 3. Le repos futur dont tout croyant jouira auprès de Dieu. « Le véritable “repos de sabbat”, un repos semblable à celui de Dieu le septième jour, reste donc en réserve pour le peuple de Dieu » (4 : 9). C’est la seule fois dans le Nouveau Testament où le mot grec pour l’expression « repos de sabbat » (sabbatismos) est employé. Lorsque les saints entreront au ciel, ce sera comme s’ils partageaient le grand repos de sabbat de Dieu ; il n’y aura plus ni travaux ni combats (Apoc. 14 : 13). On pourrait représenter cela de la manière suivante : Passé

Présent

Le repos du sabbat Le repos du salut de Dieu Le repos d’Israël en Canaan

Le repos de la soumission

Futur Le ciel Victoire en Christ

Après avoir examiné l’histoire d’Israël et les « repos » dont il est question, nous pouvons maintenant étudier le passage lui-même. L’auteur adresse un triple avertissement.

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A. Prenons garde (3 : 7-19) Prendre garde à quoi ? À la triste histoire de la nation d’Israël et aux leçons qu’elle nous enseigne. L’auteur cite le Psaumes 95 : 7-11, où Dieu réagit à la tragique condition spirituelle d’Israël. Dieu avait délivré son peuple de l’Égypte et avait pris soin de lui, révélant sa puissance par de nombreux signes et prodiges. Israël vit tout cela et en bénéficia, mais cela ne l’a pas rapproché de Dieu, ni ne l’a porté à plus de confiance en


Supérieur à Moïse lui. Tout ce que Dieu a fait pour les Israélites ne leur a rien apporté spirituellement. C’est même le contraire qui s’est produit : ils ont endurci leurs cœurs contre Dieu et l’ont mis à l’épreuve. Lui s’est montré fidèle, mais eux se sont détournés de lui. Le cœur de tout problème est un problème de cœur. Les Israélites (à l’exception de Moïse, Josué et Caleb) étaient égarés dans leur cœur (Héb. 3 : 10), c’est-à-dire que leur cœur était éloigné de Dieu et de sa Parole. Ils avaient aussi un cœur mauvais et incrédule (v. 12) ; ils ne croyaient pas que Dieu leur donnerait la victoire en Canaan. Ils avaient vu Dieu accomplir des signes prodigieux en Égypte, et malgré cela, ils doutaient qu’il soit capable de les aider face au défi que représentait Canaan. Avoir un cœur incrédule qui s’égare mène inévitablement à l’endurcissement du cœur, c’est-à-dire à un cœur insensible à la parole de Dieu et aux œuvres qu’il accomplit. Israël avait le cœur tellement endurci qu’il voulait retourner en Égypte ! Imaginez cela, les Israélites voulaient échanger la liberté que leur donnait Dieu contre l’esclavage qu’ils avaient connu en Égypte ! Naturellement, cette histoire devait avoir une signification pour les lecteurs de cette lettre parce qu’eux-mêmes couraient le danger de « retourner en arrière ». Le jugement de Dieu s’était abattu sur Israël dans le désert, à Qadech-Barnéa. Cette génération entière fut condamnée à mourir ; seule la génération suivante pourrait entrer dans le pays. Dieu dit : « Non, jamais ils n’entreront dans mon lieu de repos » (3 : 11). Mais quel message cela apporte-t-il au croyant d’aujourd’hui ? Il n’est pas un seul croyant, juif ou païen, qui aujourd’hui pourrait retourner au système légal mosaïque, puisque le temple et la prêtrise n’existent plus. Mais tout croyant est tenté d’abandonner sa confession du Christ et de retourner aux compromis et à l’esclavage qui font partie de la vie selon le monde. Et ceci est particulièrement vrai en temps de persécution et de souffrances. Les feux de la persécution ont de tout temps purifié l’Église, parce que

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la souffrance sépare les vrais croyants d’avec les faux. Les vrais croyants sont prêts à souffrir pour le Christ et ils restent fermement attachés à leurs convictions et à leur confession de foi (Héb. 3 : 6, 14). Ce n’est pas en restant attaché à notre confession que nous sommes sauvés, mais le fait d’y rester attachés prouve que nous sommes de véritables enfants de Dieu. Prenons garde aux dangers spirituels auxquels nous devons faire face. Sachons les reconnaître. Tout aussi important, sachons nous encourager mutuellement à demeurer fidèles au Seigneur (3 : 13). En lisant cette lettre, on a l’impression que certains croyants à qui elle est adressée négligeaient la communion dans l’assemblée locale (cf. 10 : 23-25). Les chrétiens s’appartiennent les uns aux autres et ont besoin les uns des autres. Moïse, Caleb et Josué s’efforcèrent de convaincre Israël lorsque le peuple refusa d’entrer en Canaan, mais le peuple ne voulut pas les écouter. Dieu fut clairement attristé par Israël durant les quarante ans que dura leur marche dans le désert. Il ne fallut pas attendre longtemps après la sortie d’Égypte pour que les Hébreux commencent à provoquer Dieu (Exode 16 : 1s). Après que Dieu leur eut donné du pain, ils commencèrent à se plaindre du manque d’eau (Exode 17 : 1-7). Moïse appela cet endroit « Massa et Mériba », ce qui signifie « révolte et contestation ». On retrouve ces mots en Hébreux 3 : 8. Le péché d’Israël est décrit au verset 12 : « se laisser détacher du Dieu vivant ». Le mot grec employé ici a donné « apostasie » en français. C’est la seule fois où ce mot se rencontre en Hébreux. « Apostasie » signifie-t-il abandonner sa foi et être donc condamné pour l’éternité ? Une telle explication ne s’accorde pas du tout avec le contexte. Les Israélites se détournèrent du Dieu vivant en refusant sa volonté pour leur vie et en s’entêtant à retourner en Égypte. Dieu ne leur permit pas de regagner l’Égypte. Il préféra les punir dans le désert et ne leur permit pas de retourner à l’esclavage.


Supérieur à Moïse La lettre aux Hébreux insiste sur le fait suivant : les vrais croyants ont un salut éternel parce qu’ils mettent leur confiance en un Sauveur vivant qui, sans cesse, intercède en leur faveur. Mais l’auteur prend bien soin de souligner que cette confiance n’offre aucune excuse pour le péché. Dieu châtie ses enfants. Rappelez-vous que Canaan n’est pas une image du ciel, mais de l’héritage spirituel que le croyant possède actuellement en Jésus-Christ. Le croyant qui met en doute la parole de Dieu et se rebelle contre elle n’est pas privé de l’accès au ciel, mais il est privé des bénédictions de son héritage actuel et aura à subir le châtiment de Dieu.

B. Entrons dans le repos (4 : 1-8) Les croyants d’aujourd’hui peuvent prendre possession et jouir de leur héritage spirituel en Christ. Nous devons nous garder de mettre en doute la parole de Dieu car c’est seulement lorsqu’elle est « accompagnée de la foi » qu’elle peut atteindre ses fins. Dans ce passage, le raisonnement est développé en plusieurs propositions : 1. Dieu acheva son œuvre et se reposa, de sorte que son repos a été accessible depuis la création ; 2. Les Juifs n’entrèrent pas dans leur repos ; 3. Bien plus tard (Ps. 95), Dieu annonça qu’un repos était toujours accessible. Cet « aujourd’hui » s’applique encore à nous aujourd’hui (4 : 7) ! Cela signifie que Josué ne conduisit pas le peuple vers le véritable repos, car il reste un repos à atteindre. Le repos d’Israël en Canaan est une image du repos spirituel que nous trouvons en Christ lorsque nous nous abandonnons à lui. Lorsque nous venons au Christ par la foi nous trouvons le repos du salut (Matt. 11 : 28). Lorsque nous nous soumettons à lui, apprenons ce qu’il nous enseigne et lui obéissons par la foi, nous jouissons du repos de la soumission (11 : 29-30). Vient d’abord la « paix avec Dieu » (Rom. 5 : 1). Ensuite la « paix de Dieu » (Phil. 4 : 6-8). C’est par la foi que l’on entre dans le repos (Héb. 4 : 3) ; c’est en obéissant à Dieu par la foi

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Soyez confiants et en nous abandonnant à sa volonté que le repos entre en nous.

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C. Empressons-nous (4 : 9-13) « Mettons donc tout en œuvre » est une bonne traduction de cette admonition. C’est le contraire de « aller à la dérive » (2 : 1-3). Comment peut-on tout mettre en œuvre ? En prêtant attention à la parole de Dieu. Israël n’a pas cru à la parole de Dieu et c’est ainsi que les rebelles sont morts dans le désert. « Donc, la foi naît lorsqu’on entend prêcher l’Évangile » (Rom. 10 : 17). En comparant la Parole à une épée, l’auteur ne sousentend pas que Dieu se serve de sa Parole pour massacrer les chrétiens ! Il est vrai que la Parole brise le cœur des pécheurs par la conviction (Actes 5 : 33 ; 7 : 54) ou qu’elle peut vaincre Satan (Éph. 6 : 17). Le mot grec utilisé ici désigne en fait « une courte épée ou une dague ». L’accent est mis ici sur la puissance que recèle la Parole pour pénétrer et mettre à nu le cœur de l’homme. La Parole discerne ce qui se trouve dans le cœur, elle est une « critique ». Les Israélites ont critiqué la parole de Dieu au lieu de la laisser les juger. Et ainsi ils ont perdu leur héritage. Bien sûr, Dieu voit notre cœur (Héb. 4 : 13), mais nous ne savons pas toujours ce qui s’y trouve (Jér. 17 : 9). Dieu se sert de la Parole pour nous permettre de voir le péché et l’incrédulité qui se trouvent dans notre propre cœur. La Parole met notre cœur à nu. Par la suite, si nous nous confions en Dieu, elle rend notre cœur capable de lui obéir et de se fier en ses promesses. C’est pourquoi tout croyant devrait constamment prêter attention à la parole de Dieu. Dans la Parole nous voyons Dieu, et nous voyons aussi comment Dieu nous voit. Nous nous voyons tels que nous sommes. Cela nous permet d’être honnêtes avec Dieu, de nous confier en sa volonté et de lui obéir. Tout cela est possible à cause de l’œuvre accomplie par Jésus-Christ, œuvre qu’il a menée à sa fin. (« Celui » au verset 10 se rapporte à Jésus-Christ.) Dieu se reposa


Supérieur à Moïse après avoir achevé l’œuvre de la création. Le Fils de Dieu se reposa après avoir accompli l’œuvre de la nouvelle création. Nous pouvons entrer dans son repos en croyant en sa Parole et en obéissant à sa volonté. Et cela, nous pouvons le faire en écoutant sa Parole, en la comprenant, en nous confiant en elle et en lui obéissant. C’est de cette façon seulement que nous pouvons revendiquer notre héritage en Jésus-Christ. Avant que Josué ne conquière Jéricho, il était sorti pour examiner la situation. C’est alors qu’il rencontra le Seigneur Jésus-Christ (Josué 5 : 13-15) et qu’il découvrit qu’il n’était que le chef en second ! Le Seigneur tenait une épée à la main et Josué tomba à ses pieds dans la soumission la plus complète. C’est cet acte accompli en privé qui donna à Josué la victoire aux yeux de tous. Nous aussi nous prenons possession de notre héritage en nous abandonnant à lui et en nous confiant en sa Parole. Gardons-nous d’avoir un cœur incrédule.

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Warren W. Wiersbe

Hébreux • Soyez confiants

COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU. À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.

confiants

Hébreux • Soyez confiants

La Lettre aux Hébreux fut rédigée à un moment semblable : les fondements de la société s’ébranlaient et les chrétiens ne savaient pas comment réagir. Ne vacillez pas, dit l’auteur, ne craignez pas l’inconnu ! « Dieu semble bousculer toutes sortes de choses. Pourquoi ? Il veut que vous appreniez à vivre par la foi et non par la vue. Il veut que vous bâtissiez votre vie sur la permanence et non sur l’instable. Sur ce qui est éternel et non sur ce qui est temporel. » – Warren W. Wiersbe. Puisse ce commentaire vous fortifier en cette période trouble !

biblique

Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale. Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau Testament de la collection « Soyez ».

commentaire

biblique

Nous subissons de plein fouet un changement d’époque, de civilisation. Les repères s’inversent. Le mal est appelé bien et les vertus chrétiennes sont moquées. Le sol s’effondre.

W. Wiersbe

« Ce Fils reflète sa gloire d’une manière éclatante et constitue l’empreinte exacte de son être, l’expression parfaite de sa nature. » (Héreux 1 : 13 – Parole vivante)

commentaire

Hébreux 12,00 €

9 782362 493256 ISBN 978-2-36249-325-6

Texte de Parole vivante inclus


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