Phillip Keller
Phillip Keller propose un commentaire vivant du psaume 23, passage de la Bible des plus connus.
Lisez ce livre comme si vous accompagniez un troupeau de brebis dans ses pérégrinations, sous la conduite attentionnée de son berger. Vous serez touché de voir à quel point l’Éternel, votre Berger, se soucie de vous. Et si vous ne faites pas encore partie de son troupeau, vous pourrez entendre son appel à devenir l’une de ses brebis ! L’auteur, Phillip Keller (1920-2001), a toujours aimé la nature et la vie en plein air. Il a grandi et vécu dans l’Est africain où il a été berger, puis propriétaire et éleveur de moutons. C’est pourquoi sa description de la vie de berger et sa connaissance des brebis se révèlent si vivantes et pertinentes. Conférencier de renom et auteur de plusieurs best-sellers, il a touché par ses écrits des hommes et des femmes de toutes nationalités.
ISBN 978-2-910246-85-3
9 782910 246853
7,50 €
Un berger médite Le Psaume 23
De par son expérience de berger, l’auteur peut, mieux que quiconque, parler de ce que sont les « verts pâturages » et les « eaux paisibles ». Il vous fera redécouvrir Celui qui pourvoit si pleinement aux besoins de chacune de ses brebis.
Un berger médite le Psaume 23
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : A Shepherd Looks at Psalm 23 Zondervan Publishing House • Grand Rapids • MI • USA © 1970 W. Phillip Keller Tous droits réservés. Édition en langue française : Un berger médite le Psaume 23 • Phillip Keller © 1977 BLF Éditions • www.blfeditions.com Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Couverture et mise en page : BLF Éditions Impression nº XXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc • France Les citations bibliques sont tirées de La version Louis Segond. 978-2-910246-85-3 ISBN BLF Version brochée 978-2-36249-183-2 ISBN BLF Version ePub 978-2-36249-184-9 ISBN BLF Version PDF 978-2-36249-185-6 ISBN BLF Version Mobipocket Dépôt légal 4e trimestre 2015 Index Dewey (CDD) : 223.2 Mots-clés : Psaumes. Psaume 23. Dieu. Berger.
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À propos de l’auteur Né dans l’Est africain, Phillip Keller (1920-2001) a toujours aimé la nature et la vie en plein air. Ses études d’agronomie à l’Université de Toronto (Canada) l’ont amené à consacrer de nombreuses années à la recherche dans les domaines de l’agriculture, de l’aménagement du territoire et du développement des fermes d’élevage en Colombie britannique. Plus tard, il poursuivit des études d’écologie dans l’Est africain ; elles le conduisirent à de nouvelles carrières touchant à la conservation de la nature, à la photographie des animaux sauvages et au journalisme ; ces dernières occupations lui firent visiter plus de vingt pays. Phillip Keller a exprimé son amour pour Dieu et pour la nature dans de nombreux best-sellers. Sa passion pour le partage des vérités divines lui a permis d’atteindre des hommes et des femmes de toutes nationalités. Il est l’auteur des livres suivants : Splendeur des mers, Sous le ciel du désert, Gloire sauvage de l’Afrique, Comme croît un arbre…
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Le Psaume 23
Il a relaté les leçons spirituelles de son expérience en tant que berger dans les trois livres suivants : Un berger médite le Psaume 23, Un berger contemple le Bon Berger et ses brebis, Un berger apprend les leçons d’un chien de berger.
En hommage à Chic qui, durant ces nombreuses années d’aventures, fut ma compagne bien-aimée.
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L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige vers des eaux paisibles. Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, À cause de son nom. Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et ton bâton me rassurent. Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires ; Tu oins d’huile ma tête, Et ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la grâce m’accompagneront Tous les jours de ma vie, Et j’habiterai dans la maison de l’Éternel Jusqu’à la fin de mes jours. Psaume 23
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Introduction La Bible est, en grande partie, une collection de livres écrits par des hommes d’origine modeste, sous l’inspiration de l’Esprit de Dieu. Son enseignement s’exprime souvent en langage rustique, traitant de choses de la nature et de phénomènes naturels. À l’origine, ces écrits s’adressaient à un peuple simple, nomade, familier de la nature et de la vie en plein air à la campagne. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Un grand nombre de personnes qui, à notre époque, lisent ou étudient les Écritures, sont issues d’un milieu urbain et vivent dans un environnement artificiel. Le bétail, les récoltes, la terre et ses fruits, la vie sauvage, autant de sujets qu’ignorent souvent les citadins. Une bonne partie des vérités enseignées dans la Parole de Dieu leur échappe parce qu’ils n’ont pas
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l’expérience, par exemple, des moutons, du blé, du sol, de la vigne. Et pourtant, la révélation divine est indissolublement liée à ces éléments de base de la nature. Notre Seigneur Lui-même, lorsqu’Il était parmi nous, se servait continuellement, dans ses paraboles, des phénomènes naturels pour expliquer la vérité surnaturelle. C’est là une méthode saine, indiscutable, également valable scientifiquement et spirituellement. Tout cela est compréhensible et plein de signification si nous reconnaissons que Dieu est l’Auteur et le Créateur à la fois du naturel et du spirituel. Les mêmes lois fondamentales, les mêmes principes et procédés s’exercent dans ces deux domaines contigus. Il en découle tout naturellement que comprendre l’un, c’est saisir le principe parallèle de l’autre. Je dois dire ici que c’est par ce type d’interprétation scripturaire que ma propre compréhension de la Bible a pris tout son sens. Ceci explique aussi, en partie, que des vérités que j’avais exposées à divers auditeurs leur sont longtemps restées en mémoire avec une grande clarté. Cet ouvrage a été conçu dans un environnement unique, qui m’a permis de comprendre profondément ce que David avait à l’esprit lorsqu’il a écrit son magnifique poème. D’abord, j’ai vécu et grandi dans l’Est africain, entouré de bergers indigènes, aux mœurs très semblables à celles de leurs frères du Moyen-Orient. C’est pourquoi je connais parfaitement la vie roman-
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tique, pathétique et pittoresque du berger oriental. Ensuite, j’ai passé huit ans de ma vie de jeune homme comme propriétaire et éleveur de troupeaux de moutons. Je puis donc écrire sur le sujet comme un homme bénéficiant d’une expérience de première main. Plus tard, en tant que pasteur laïc, j’ai partagé les vérités de ce psaume, comme un berger avec son troupeau, chaque dimanche, pendant plusieurs mois. Voici pourquoi les chapitres qui vont suivre sont nés de ces expériences vécues au milieu des moutons. À ma connaissance, c’est la première fois qu’un homme proche de la terre, un berger aux mains calleuses, aura écrit aussi longuement sur le Psaume du Berger. Une difficulté surgit quand on écrit un livre traitant d’une partie familière des Écritures. Le lecteur sera-il dérouté, voire déçu par cette autre approche ? Comme il arrive souvent pour un enseignement spirituel, le vingt-troisième psaume s’enveloppe d’une imagerie sentimentale, sans fondement solide dans la vie réelle. Certaines idées avancées à son sujet sont, en fait, à la limite du grotesque. Je demanderais donc au lecteur d’aborder les pages qui vont suivre avec un esprit ouvert et sans parti pris. S’il y consent, il sera ébloui de découvrir à quel point Dieu se soucie de lui. Il se sentira amené à une appréciation nouvelle et confiante de l’œuvre infinie de notre Sauveur pour sa brebis. Et de tout cela émergeront amour et louange de plus en plus grands pour le Pasteur de son âme.
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Chapitre 1
« L’Éternel est mon berger » L’Éternel ! Mais qui est l’Éternel ? Quelles sont ses qualités ? A-t-Il les capacités pour être mon Berger, mon Guide, mon Propriétaire ? Et s’Il est tout cela, comment puis-je me soumettre à son autorité ? De quelle façon puis-je devenir l’objet de sa sollicitude et de ses soins assidus ? Voici des questions pertinentes et qui vont au fond des choses ; elles méritent un examen honnête et approfondi. Un des travers du christianisme est notre tendance à nous exprimer en généralités ambiguës. David, l’auteur du poème, lui-même berger et fils de berger, connu plus tard sous le nom de Roi Berger d’Israël, a dit explicitement : « L’Éternel est mon ber-
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ger. » De qui parlait-il ? Il faisait allusion à Yahveh, le Seigneur Dieu d’Israël. Son affirmation a été confirmée par Jésus-Christ. Quand Il était Dieu incarné parmi les hommes, Il a déclaré avec force : « Je suis le bon berger. » Mais qui était ce Christ ? Notre estimation de sa personne est souvent trop étroite, trop mesquine, trop humaine. C’est pourquoi, nous ne nous sentons pas disposés à Lui permettre d’avoir autorité sur nous – et encore moins à Lui accorder un droit de propriété sur notre personne. C’est Lui qui est directement responsable de la création de toutes choses, tant naturelles que spirituelles (voyez Colossiens 1 : 15-20). Si nous nous arrêtons à considérer la Personne de Christ – son pouvoir et son œuvre – soudain, comme David, nous serons heureux de dire avec fierté : « L’Éternel est mon berger » ! Mais auparavant, remettons-nous clairement en mémoire le rôle particulier joué dans notre histoire par Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit. Dieu le Père est Dieu l’Auteur de tout ce qui existe. C’est dans son esprit, d’abord, que tout a pris forme. Dieu le Fils, notre Sauveur, est Dieu l’Artisan – l’Artiste –, le Créateur de tout ce qui existe. Il a amené à l’existence tout ce qui, à l’origine, était formulé dans la pensée de son Père. Dieu le Saint-Esprit est Dieu l’Agent qui présente ces faits à la fois à ma pensée et à ma compréhension
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spirituelle afin qu’ils deviennent pour moi proches et réels. Les merveilleuses relations entre Dieu et l’homme, dont les Écritures nous parlent souvent, sont celles d’un Père avec ses enfants et d’un Berger avec ses brebis. Ces concepts ont été conçus à l’origine dans la pensée de Dieu notre Père. Ils ont été réalisés dans la pratique par l’œuvre de Christ. Ils sont confirmés et me sont rendus réels par le ministère du Saint-Esprit. Ainsi, lorsqu’un homme ou une femme émet la simple – mais sublime – affirmation : « L’Éternel est mon berger », celle-ci implique immédiatement une relation profonde, pratique et agissante entre une créature humaine et son Créateur. Elle élève une motte d’argile à une destinée divine, elle signifie qu’un simple mortel devient l’objet privilégié de la diligence divine. Cette seule pensée devrait stimuler mon esprit, aiguiser ma conscience et me donner le sens de la très grande dignité de ma personne en tant qu’individu. Songer que Dieu, en Christ, s’intéresse de très près à ma personne confère immédiatement à mon séjour sur cette terre un but sublime et une très grande importance. Plus ma conception de Christ sera grande, épanouie, empreinte de majesté, plus ma relation avec Lui sera vivante. Évidemment, David, dans ce psaume, ne parle pas en tant que berger, bien qu’il en fût un, mais en tant que brebis, une brebis du troupeau. Il s’exprime
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avec fierté, dévotion et admiration. C’est comme s’il éclatait en un cri de gloire : « Voyez qui est mon Berger, mon Propriétaire, mon Guide : c’est l’Éternel ! » Après tout, il savait par expérience personnelle que le sort de toute brebis dépend du genre d’homme à qui elle appartient. Certains hommes étaient doux, gentils, intelligents, courageux et désintéressés dans leurs relations avec leur troupeau. Avec d’autres, les brebis avaient à lutter pour leur vie, souffraient de la faim, de fatigue, de privation. Guidées par les premiers, elles prospéraient et s’épanouissaient. Ainsi, si l’Éternel est mon Berger, je dois apprendre à Le connaître et à expérimenter quelque chose de sa puissance. En méditant sur tout ceci, il m’arrive de sortir la nuit pour une promenade sous les étoiles, et là, je vois sa majesté et sa force. Levant les yeux vers le ciel étoilé, je me rappelle qu’au moins 250 000 000 fois 25 000 000 de ces corps célestes, tous plus grands que notre soleil – qui est une des plus petites étoiles –, ont été semés par sa main dans les vastes espaces de l’univers. Et notre planète, la terre, notre demeure temporaire pour quelques courtes années, constitue un point si petit dans l’espace que, même à l’aide du télescope le plus puissant, nous ne pourrions pas la voir depuis l’étoile la plus proche, Proxima du Centaure. Tout cela est un peu humiliant. Cela vide un homme de son moi et ramène toutes choses à leurs justes proportions. Je suis moi-même une infime quantité de
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matière dans un immense univers. Cependant, un fait extraordinaire demeure : Christ, le Créateur de cet univers aux dimensions écrasantes, daigne se désigner Lui-même comme mon Berger et m’invite à me considérer comme sa brebis, l’objet de son affection et de son attention. Qui mieux que Lui pourrait prendre soin de moi ? Si maintenant je me baisse et ramasse un peu de terre au creux de ma main, si je la place sous l’objectif d’un microscope électronique, je suis stupéfait de la voir fourmiller de milliards de milliards de microorganismes. Beaucoup d’entre eux sont si complexes dans leur structure cellulaire particulière que même une fraction de leurs fonctions dans la terre n’est pas encore exactement connue. Oui, Lui, le Christ, le Fils de Dieu, a amené tout cela à l’existence. De la plus gigantesque galaxie au plus minuscule microbe, tout fonctionne parfaitement suivant des lois bien définies d’ordre et d’unité qui dépassent de loin les compétences humaines. Ces considérations m’amènent, en tout premier lieu, à admettre la légitimité de sa propriété sur moi, créature humaine, tout simplement parce que c’est Lui qui m’a amené à l’existence et que personne n’est mieux à même de me comprendre et de prendre soin de moi. Je Lui appartiens simplement parce qu’Il a délibérément choisi de me créer comme objet de son affection.
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Il est parfaitement clair que la plupart des hommes et des femmes refusent de l’admettre. Ils persistent à nier qu’une relation de ce genre existe ou même puisse exister entre un homme et son Créateur, montrant ainsi leur répugnance à admettre que quelqu’un puisse faire valoir un droit de propriété ou exercer une autorité sur eux pour le seul fait de les avoir amenés à l’existence. Ceci était évidemment le « risque » énorme ou la « chance calculée » – si nous pouvons utiliser ces termes – pris par Dieu en créant l’homme. Mais dans un geste de grande générosité, Il a accompli au Calvaire le second pas en vue de rétablir cette relation rompue par les hommes qui Lui ont tourné le dos. De nouveau, en Christ, Il a montré le profond désir de son cœur de voir les hommes se placer sous sa garde bienveillante. Il a payé le prix de leur perversion, déclarant clairement que « Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie ; et l’Éternel a fait retomber sur lui l’iniquité de nous tous » (Ésaïe 53 : 6). Ainsi, et d’une manière vitale et très réelle, je Lui appartiens véritablement car Il m’a de nouveau acquis au prix incroyable de sa propre vie offerte et de son sang versé. Il est donc en droit de dire : « Je suis le bon berger, le bon berger donne sa vie pour ses brebis. » Je me souviens très clairement de l’importance que prenait la question du paiement de mes brebis lors de
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mes premières démarches dans ce domaine. Elles ne m’appartenaient que si je les avais payées comptant. Cet argent gagné par ma sueur, mon sang et mes larmes durant ces désespérantes et oppressantes années de crise… Et lorsque j’achetai ce premier petit troupeau, je l’avais littéralement acquis au prix de mon propre corps. De ce fait, je ressentais de façon très spéciale que ces brebis étaient véritablement une partie de moimême et moi une partie d’elles. Il s’était créé une identité intime qui, bien que non apparente pour un observateur étranger, me rendait ces trente brebis infiniment précieuses. Mais le jour où je les achetai, je compris aussi que cette acquisition n’était que la première étape d’un long effort ; à partir de ce moment, j’aurais, en tant que leur propriétaire, à donner continuellement ma vie pour elles si je voulais les voir se développer et prospérer. Les brebis ne peuvent prendre soin d’elles-mêmes comme certains pourraient le supposer. Elles demandent, plus que tout autre type de bétail, une attention sans fin et des soins méticuleux. Ce n’est pas par hasard que Dieu a choisi de nous appeler des brebis. Le comportement de la brebis et celui de l’homme sont semblables sur plus d’un point, comme nous le verrons dans les chapitres suivants. Notre esprit grégaire – de moutons de Panurge –, nos craintes et notre timidité, notre obstination et notre stupidité, nos mauvaises habitudes constituent des parallèles de grande importance.
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Cependant, en dépit de ces caractéristiques assez défavorables, Christ nous choisit, nous achète, nous appelle par notre nom, nous fait siens et se plaît à s’occuper de nous. C’est ce dernier aspect qui est en réalité la troisième raison pour laquelle nous sommes dans l’obligation de reconnaître sa propriété sur nous. Au sens littéral du mot, Il se donne Lui-même continuellement pour nous : Il intercède toujours pour nous, Il nous guide par son esprit, Il œuvre toujours en notre faveur afin que nous puissions bénéficier de ses soins. En fait, le Psaume 23 pourrait bien être appelé : Hymne de louange de David à la divine sollicitude. Le poème tout entier nous montre la manière dont un bon berger n’épargne aucune peine pour le bien-être de ses brebis. Certains s’étonnent que le poète ait ressenti de la fierté d’appartenir au Bon Berger. Pourquoi ne l’auraitil pas pu ? Je me souviens encore d’une ferme d’élevage de notre district, dont le propriétaire n’aurait jamais dû être autorisé à s’occuper de brebis. Son troupeau était toujours maigre, faible et dévoré de parasites. Les pauvres bêtes se tenaient continuellement contre la barrière, regardant fixement l’herbe grasse et verdoyante dont jouissait mon troupeau. Si elles avaient pu parler, je suis certain qu’elles auraient murmuré : « Oh, être libérées de cet affreux propriétaire ! »
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Cette image n’a jamais quitté ma mémoire. Elle me fait penser à ces pauvres foules qui, dans le monde entier, ne connaissent pas le bonheur d’appartenir au Bon Berger, et souffrent au contraire sous la domination de Satan. Comme il est étonnant que certains hommes et certaines femmes refusent obstinément les droits de Christ sur leur vie ! Ils craignent qu’en reconnaissant sa propriété, ils ne passent sous le joug d’un tyran. Ceci est difficile à comprendre si l’on prend la peine de considérer la personne de Christ. Un regard impartial sur sa vie révèle rapidement une personnalité toute de compassion et d’incroyable intégrité. Il fut l’être le plus équilibré et le plus aimé qui soit jamais entré dans la société humaine. En dépit de son humble naissance et de son appartenance à une modeste famille de travailleurs, Il s’est toujours comporté avec dignité et assurance. Bien qu’Il n’ait pas joui d’avantages spéciaux dans son enfance, ni par l’éducation ni par la situation, toute sa philosophie et sa conception de la vie se situaient dans les plus hautes sphères du comportement humain. Bien qu’Il n’ait eu ni activité sur le plan de l’économie, ni pouvoir politique, ni puissance militaire, nul autre que Lui n’a jamais eu un tel impact sur l’histoire du monde. Grâce à son influence, des millions de personnes, tout au long de vingt siècles, ont mené une vie honnête et noble. Il n’était pas seulement bon, tendre et vrai, mais Il était aussi juste, ferme comme l’acier, et terriblement dur à l’égard des hypocrites. Magnanime quand Il ac-
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cordait son pardon aux pécheurs, Il était craint de ceux qui s’abandonnaient aux paroles mensongères et aux faux-semblants. Il est venu pour libérer les hommes de leurs péchés, de leurs peurs, de leur égoïsme. Ceux qu’Il a ainsi délivrés l’ont aimé ardemment. Il a dit avec insistance qu’Il était le Bon Berger, le Berger compréhensif, le Berger attentif qui se donne la peine de chercher, de sauver et de rétablir dans leur dignité les hommes et les femmes perdus. Il n’a jamais hésité à dire clairement que toute personne acceptant sa direction et son autorité connaîtrait avec Lui une relation nouvelle et unique. Une marque distinctive différencierait hommes et femmes Lui appartenant du reste de la foule. Le jour où j’amenai mes trente premières brebis, mon voisin et moi-même, assis sur la barrière poussiéreuse entourant la prairie, admirions ces animaux robustes et solides qui étaient devenus miens. Alors mon voisin me tendit un grand couteau bien aiguisé et me dit : « Eh bien, Phillip, elles sont à vous ; il faut maintenant que vous les marquiez. » Je savais exactement ce que cela signifiait. Chaque propriétaire de troupeau a sa propre marque qu’il grave dans l’oreille de l’animal. De cette façon, même à distance, il est facile de savoir à qui appartient la brebis. Ce n’était pas une opération des plus agréables que d’attraper chaque brebis à tour de rôle, de placer une de ses oreilles sur un billot et de la lui marquer
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profondément à l’aide de la lame aiguisée. C’était une souffrance pour la brebis et pour moi-même. Mais cette souffrance mutuelle avait pour résultat une marque de propriété indélébile. À partir de ce moment, chaque brebis entrant en ma possession porterait ma marque. L’Ancien Testament nous offre à ce sujet un parallèle intéressant. Lorsqu’un esclave choisissait de son plein gré d’appartenir à une famille hébraïque, il était soumis à un certain rite. Son maître et propriétaire l’amenait à la porte, lui plaçait le lobe de l’oreille contre l’un des montants et le perçait à l’aide d’un poinçon. À partir de ce moment, il appartenait à cette famille pour la vie. Pour chaque homme ou femme reconnaissant les droits de Christ sur sa vie et désirant Lui en confier la propriété absolue, se pose la question de sa marque. La Croix est la marque qui devrait nous identifier à Lui à jamais. En est-il bien ainsi ? Jésus l’a dit clairement et solennellement : « Si quelqu’un veut être mon disciple (celui qui me suit), qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive » (Marc 8 : 34). Voici ce que cela signifie : une personne échange une vie frivole, factice et inconsistante pour la magnifique expérience d’une existence pleine et entière, guidée par Dieu. Il est tragique de constater que beaucoup de personnes qui n’ont jamais réellement accepté sa direction ou son autorité proclament : « L’Éternel est mon berger. » Elles semblent espérer que par cette simple proclama-
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tion, elles bénéficieront de sa sollicitude sans avoir à en payer le prix, qui est de renoncer à une vaine manière de vivre. Nous ne pouvons pas suivre deux chemins. Ou nous appartenons à Jésus, ou nous ne Lui appartenons pas. Il nous a Lui-même avertis qu’il viendrait un temps où beaucoup diraient avoir fait beaucoup de choses merveilleuses en son nom, mais Il leur répondra qu’Il ne les a jamais reconnus comme siens. C’est là une pensée grave et sérieuse qui devrait nous amener à réfléchir à nos relations personnelles avec le Seigneur : Est-ce que je Lui appartiens réellement ? Est-ce que je reconnais réellement ses droits sur moi ? Est-ce que je réponds à son autorité et confesse Lui appartenir ? Est-ce que je trouve liberté et plein accomplissement dans cette appartenance ? Est-ce que je ressens une satisfaction profonde à me trouver sous son autorité ? Est-ce que Lui appartenir me donne paix et repos, ainsi qu’un sentiment de vie exaltante ? S’il en est ainsi, alors je puis m’écrier fièrement avec reconnaissance et joie, comme David : « L’Éternel est mon berger » ! Et mon cœur bat à la pensée de Lui appartenir, car c’est ainsi que je m’épanouirai, quoi que la vie puisse m’apporter.
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Chapitre 2
« Je ne manquerai de rien » Quelle orgueilleuse et audacieuse affirmation ! C’est, évidemment, le sentiment de la brebis pleinement satisfaite de son propriétaire, parfaitement heureuse de son sort. Puisque l’Éternel est mon Berger, je ne manquerai de rien. Nous pouvons dire que cette expression « ne manquer de rien » peut avoir une signification plus large qu’il n’y paraît au premier abord. Nous pensons évidemment en premier lieu à ne manquer de rien dans le domaine de la nourriture et des soins. Mais elle implique également une pleine satisfaction de la sollicitude du Bon Berger, et par conséquent nul besoin ou désir de quoi que ce soit de plus. Ceci peut paraître une affirmation étrange venant d’un homme comme David, si nous la considérons du
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point de vue des besoins physiques ou matériels. Après tout, il avait été assailli, harcelé par les forces de son ennemi Saül comme par celles de son fils indigne Absalom. Évidemment, c’était un homme qui avait connu de grandes privations : pauvreté personnelle, fatigue, angoisse de l’esprit. Aussi est-il absurde de prétendre, sur la base de cette affirmation, que l’enfant de Dieu, la brebis du Berger, ne connaîtra jamais de besoin. Il est nécessaire d’avoir une vue juste de la vie chrétienne. Pour ce faire, il est bon de considérer la carrière d’hommes comme Élie, Jean-Baptiste, notre Seigneur Lui-même, et même d’hommes de foi contemporains, comme Livingstone, pour comprendre que tous ont expérimenté personnellement privations et adversité. Lorsqu’Il était parmi nous, le grand Berger Luimême a averti ses disciples avant son départ pour la gloire : « Vous aurez des tribulations dans ce monde, mais ne craignez rien, j’ai vaincu le monde » (Jean 16 : 33). Une erreur répandue de nos jours dans certains milieux chrétiens consiste à imaginer que la prospérité matérielle d’un homme ou d’une femme est une marque de la bénédiction divine sur leur vie. C’est faux. Au contraire, nous lisons dans Apocalypse 3 : 17 : « Parce que tu dis : Je suis riche, je me suis enrichi et je n’ai besoin de rien, et parce que tu ne sais pas que tu es malheureux, misérable, pauvre, aveugle et nu […] ».
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De la même manière, Jésus fit clairement comprendre au jeune homme riche qui désirait Le suivre : « Il te manque une seule chose : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres […]. Puis viens et suis-moi » (Marc 10 : 21). Et nous basant sur l’enseignement biblique, nous pouvons conclure que David ne faisait pas allusion à la pauvreté matérielle ou physique quand il disait : « Je ne manquerai de rien. » Il faut donc que le chrétien considère attentivement la vie. Il doit reconnaître qu’il peut, comme beaucoup d’autres hommes et femmes de Dieu avant lui, être appelé à faire l’expérience de la pauvreté matérielle. Il doit considérer son séjour sur cette terre comme un court interlude pendant lequel il pourra connaître quelques privations physiques. Et cependant, au milieu de l’épreuve, il peut encore proclamer : « Je ne manquerai de rien. La direction et les soins éclairés de mon Maître ne me feront pas défaut. » Pour saisir la signification profonde de cette simple affirmation, il est nécessaire de comprendre la différence qu’il y a entre appartenir à tel ou tel maître, au Bon Berger ou à un imposteur. Jésus Lui-même a pris soin de prévenir quiconque désirait Le suivre qu’il était tout à fait impossible de servir deux maîtres. On appartient soit à Lui, soit à un autre. En définitive, le bien-être d’un troupeau dépend entièrement de la manière dont son propriétaire s’occupe de lui.
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Le propriétaire du troupeau de la ferme voisine de mon premier ranch était le plus indifférent que j’aie jamais connu. Il ne se souciait absolument pas des conditions de vie de son troupeau. Ses prairies étaient négligées. Il ne consacrait que peu de temps, ou pas du tout, à ses brebis, les laissant trouver elles-mêmes leur nourriture comme elles le pouvaient, que ce soit en été ou en hiver. Elles étaient des proies faciles pour les chiens, les animaux sauvages et les voleurs. Chaque été, ces pauvres bêtes étaient contraintes de brouter une herbe pauvre et brûlée. Chaque hiver, elles manquaient de fourrage ; affamées, elles n’en recevaient qu’avec parcimonie, s’abreuvant d’eau polluée et boueuse. Des abris précaires et mal faits protégeaient le troupeau des intempéries. Dans de telles conditions, ces malheureuses brebis faisaient peine à voir. Je les vois encore tristement pressées contre les clôtures, regardant avec envie les riches pâtures d’à côté. Le propriétaire égoïste et sans-cœur semblait complètement insensible et indifférent à tant de détresse. Cela lui était tout simplement égal. Ses brebis pouvaient désirer une herbe fraîche, de l’eau claire, de l’ombre, un abri, une protection contre la tempête. Elles pouvaient désirer être guéries de leurs blessures, de leurs maladies, débarrassées de leurs souillures et de leurs parasites. Il ignorait leurs besoins. Il ne s’en souciait pas. Pourquoi s’en serait-il inquiété ? Elles n’étaient que des brebis, destinées à l’abattoir.
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Je n’ai jamais regardé ces pauvres bêtes sans penser que cet homme était l’image de ces maîtres scélérats – le péché et Satan – régnant sur leur ranch à l’abandon et se moquant de la triste condition de ceux qui tombent sous leur domination. Pasteur et scientifique, j’ai fréquenté différentes classes de la société et j’ai pris conscience d’une chose : c’est le patron, le directeur, le maître de la vie des gens qui fait la différence dans leur destinée. J’ai connu intimement quelques-uns des hommes les plus riches de ce continent, ainsi que des sommités dans le domaine scientifique ou dans la vie professionnelle. En dépit de leurs succès éblouissants, en dépit de leur richesse et de leur prestige, ils restaient pauvres en esprit, desséchés dans leur âme et dans la vie. C’étaient des gens sans joie, tenus dans la main de fer et sous la domination sans pitié du mauvais maître. Tout au contraire, je compte beaucoup d’amis parmi des personnes relativement pauvres, des gens qui ont connu l’épreuve, le désastre et la lutte pour se maintenir à flot financièrement. Mais parce qu’ils appartiennent à Christ et Le reconnaissent comme le Seigneur et le Maître de leur vie, leur Propriétaire, leur Chef, ils sont imprégnés d’une paix profonde et assurée qui fait plaisir à voir. C’est une joie réelle que de visiter ces humbles foyers où hommes et femmes sont riches en esprit, généreux de cœur et grands dans leur âme. Il émane
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d’eux une confiance sereine, une joie paisible qui dépasse toutes les vicissitudes de leur existence. Ils sont sous la garde de Dieu et ils en sont conscients. Ils se sont mis sous la loi de Christ et ont trouvé pleine satisfaction à Lui obéir. La satisfaction devrait être la marque de tout homme ou de toute femme qui a remis ses affaires entre les mains de Dieu. Et ceci s’applique spécialement à notre époque d’opulence. Mais n’est-il pas paradoxal qu’une intense fièvre de mécontentement se manifeste chez des gens qui parlent sans cesse de sécurité ? En dépit d’une prospérité matérielle sans précédent, nous sommes dans un état d’insécurité permanente, peu sûrs de nous-mêmes et presque en faillite quant aux valeurs spirituelles. Les hommes recherchent perpétuellement des garanties de sécurité. Ils sont sans repos, mal affermis, cupides, avides de posséder toujours plus, désirant ceci et cela, et cependant leur esprit n’est jamais entièrement satisfait. Par contraste, l’humble chrétien, la brebis du Berger peut se redresser et proclamer : « L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. » Je suis parfaitement satisfait de sa conduite de ma vie. Pourquoi ? Parce qu’Il est comme un berger pour qui aucune peine n’est trop grande dans le soin de son troupeau. C’est un éleveur qui a de la tendresse pour ses brebis, qui les aime pour elles-mêmes et qui trouve en elles sa joie. Il sera au travail, si nécessaire vingt-qua-
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tre heures sur vingt-quatre, afin de s’assurer qu’elles ne manquent absolument de rien. Et par-dessus tout, ce berger est jaloux de son nom et de sa réputation de bon berger. Il est le propriétaire qui se réjouit de son troupeau. Il n’est pour lui de plus grande récompense, de plus profonde satisfaction que de voir ses brebis heureuses, bien nourries, en sécurité et prospérant par ses soins. Ceci est vraiment toute sa vie. Il consacre tout ce qu’il a, il se donne littéralement lui-même. Il n’aura de cesse qu’elles ne soient pourvues des plus riches pâturages, d’eau claire et d’abondante nourriture pour l’hiver. Il ne s’épargnera aucune peine pour leur donner un abri contre la tempête, une protection contre leurs ennemis impitoyables, la maladie, les parasites auxquels les brebis sont si sensibles. Il n’est pas étonnant que Jésus ait dit : « Je suis le bon berger. » Et aussi : « Je suis venu afin que mes brebis aient la vie et qu’elles l’aient en abondance » (Jean 10 : 10). De l’aube à la nuit, ce berger totalement dévoué veille au bien-être de son troupeau. Car un berger diligent se lève au petit matin et commence par aller voir ses brebis. C’est le premier contact intime de la journée. D’un œil exercé et plein de sympathie, il examine le troupeau, voyant s’il ne lui manque rien, s’il est prêt pour cette nouvelle journée. En un instant, il discernera ce qui a pu se produire qui nécessitera des soins particuliers.
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À plusieurs reprises, dans le courant de la journée, ses yeux se poseront sur le troupeau, s’assurant de son bon ordre. Même la nuit, il est attentif à ses besoins. Il ne dort que d’un œil, prêt au moindre signe de désordre, à intervenir pour le protéger. Voilà bien une sublime illustration des soins dont sont l’objet ceux qui vivent sous l’autorité de Christ. Il connaît tout de leur vie, du matin au soir. « Celui qui te garde ne sommeillera point. Voici, il ne sommeille ni ne dort, celui qui garde Israël » (Psaume 121 : 4). Cependant, bien qu’ils aient un tel Maître et Propriétaire, certains chrétiens, c’est un fait, ne sont pas satisfaits de sa direction. Ils semblent quelque peu mécontents, croyant toujours qu’ailleurs, l’herbe est plus verte. Ce sont des chrétiens charnels qui « clochent des deux côtés », des chrétiens « à demi » désirant le meilleur en misant sur deux tableaux. J’ai un jour acheté une brebis dont la conduite rappelait exactement ce type de personne. Elle était l’une des plus belles que j’aie jamais eues. Les yeux vifs et brillants, magnifiquement proportionnée, de robuste constitution, couverte d’une riche toison, elle eut de vigoureux agneaux qui se développèrent rapidement. Malheureusement, malgré toutes ces qualités, elle avait un défaut prononcé : elle ne pouvait rester en place, était toujours mécontente, prête à franchir la barrière. À tel point que je l’appelai bientôt : Madame Vagabonde.
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Cette brebis, à elle seule, me donnait plus de difficultés que presque tout le reste du troupeau. Quelle que soit la prairie où se trouvaient les brebis, il fallait qu’elle cherche continuellement le long de la clôture ou en bordure de la plage – nous étions près de la mer – la faille où elle pourrait se glisser pour aller brouter l’herbe de l’autre côté. Ce n’est pas qu’elle manquât de nourriture. Mes prairies étaient ma joie et mes délices. Aucune brebis du district n’avait d’herbe plus grasse. Mais pour Madame Vagabonde, c’était une habitude bien enracinée : elle n’était jamais contente de ce qui se présentait. Souvent, lorsqu’elle était arrivée à se frayer un passage pour s’échapper au dehors, il lui fallait finalement se contenter de l’herbe maigre et brûlée d’un pâturage de qualité bien inférieure. Mais elle ne retenait jamais la leçon et cherchait inlassablement à franchir les barrières. Cela aurait suffi si elle avait été seule à agir de la sorte. J’avais assez d’ennui à continuellement la rechercher et la ramener. Mais elle avait passé ses mauvaises habitudes à ses agneaux. Ils suivaient simplement son exemple et furent bientôt aussi prompts à s’échapper que leur mère. L’exemple qu’elle donnait aux autres brebis se révéla encore plus mauvais. En très peu de temps, elle en mena plusieurs par les mêmes issues, dans les mêmes dangereux sentiers du bord de mer.
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Après avoir supporté sa perversité pendant tout un été, j’en vins à conclure que, si je désirais sauver du désordre le reste du troupeau, il fallait qu’elle s’en aille. Je ne pouvais laisser une brebis obstinée, éternellement mécontente, ruiner tout mon élevage. Ce fut là une décision difficile à prendre, car je l’aimais comme les autres. Sa force, sa beauté, sa vivacité étaient un plaisir pour les yeux. Mais un jour je pris mon couteau et l’abattis. Sa carrière de sauteuse de barrière s’acheva très vite. C’était la seule solution au dilemme. Elle avait été une brebis qui, en dépit de tous mes efforts pour lui donner le maximum de soins, désirait autre chose. Elle n’était pas de celles qui disent : « L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. » C’est là un solennel avertissement au chrétien charnel, à l’apostat, à celui qui désire posséder le meilleur de chacun des deux mondes. Il peut parfois être retranché subitement.
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Chapitre 3
« Il me fait reposer dans de verts pâturages » Une étrange particularité des brebis consiste à ne pouvoir se coucher si quatre éléments ne sont pas réunis : Par timidité, elles refusent de se coucher tant qu’elles ne sont pas libérées de toute crainte. Le comportement social du troupeau implique que les brebis ne se coucheront qu’à condition de n’avoir aucun différend avec leurs congénères. Si elles sont tourmentées par des mouches ou des parasites, les brebis ne se coucheront pas. Elles ne peuvent se reposer que débarrassées de ces insectes. Enfin, elles ne peuvent se coucher tant qu’elles ressentent le besoin de se nourrir. Elles ne doivent pas avoir faim.
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Il est donc clair qu’elles doivent se sentir libres de toute impression de crainte, de tension, de tourment ou de faim. Nous pouvons en conclure que seul le berger peut les libérer de ces anxiétés. Il dépend de lui que le troupeau soit ou non libre de toute influence néfaste. Si nous examinons chacun de ces quatre facteurs affectant si gravement les brebis, nous comprendrons la responsabilité tellement importante incombant au propriétaire. C’est de lui que dépendront leur repos, leur satisfaction, leur quiétude et leur prospérité. Un troupeau sans repos, insatisfait, toujours agité et perturbé, se développe mal. Et cela est vrai aussi pour les humains. On ignore généralement que les brebis sont si timides et si facilement effrayées que même un lièvre bondissant soudain de derrière un buisson peut semer la panique dans tout un troupeau. Si une brebis s’enfuit, effrayée, une douzaine d’autres lui emboîtent le pas, prises d’une terreur aveugle, sans même savoir ce qui les effraie. Un jour, une amie vint nous voir de la ville. Elle avait un petit pékinois. Lorsqu’elle ouvrit la portière de sa voiture, l’animal bondit dans l’herbe. La vue de ce chien minuscule mais inattendu suffit pour remplir de terreur plus de deux cents brebis qui s’enfuirent de l’autre côté du pâturage. Aussi longtemps qu’il existe même le moindre soupçon de danger de chiens, de coyotes, d’ours ou d’autres ennemis, les brebis se tiendront debout, prêtes
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à se sauver. Elles n’ont que peu ou pas de moyens de défense. Ce sont des créatures timides, faibles, sans ressources, n’ayant de recours que dans la fuite. Lorsque j’invitais des amis à venir nous rendre visite, après l’épisode du pékinois, je précisais toujours bien clairement que les chiens ne pouvaient pas les accompagner. Je devais aussi chasser tout chien errant qui aurait pu blesser ou effrayer mes brebis. J’ai entendu dire que deux chiens tuèrent 292 brebis en une seule nuit de carnage déchaîné. Les brebis pleines, si elles sont poursuivies par des chiens ou d’autres prédateurs, risquent l’avortement. Un berger peut éprouver ainsi des pertes vraiment effrayantes. Un jour, au petit matin, je trouvai neuf de mes plus belles brebis qui étaient prêtes à mettre bas, mortes dans le pré où un animal sauvage avait assailli le troupeau pendant la nuit. Ce fut là un choc terrible pour un jeune homme comme je l’étais, novice dans ce domaine, peu familiarisé avec des attaques de ce genre. À partir de ce jour, je pris l’habitude de m’endormir en conservant un fusil et une lampe de poche à mes côtés. Au moindre mouvement dans le troupeau, je sautais du lit, sifflant mon fidèle chien de garde et m’enfonçais dans la nuit, le fusil à la main, prêt à protéger mes brebis. Plus tard, je me rendis compte que rien ne rassurait davantage les brebis que de me voir dans les champs. La présence de leur maître, leur propriétaire et pro-
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tecteur, les mettait en confiance plus que toute autre chose, de jour comme de nuit. Pendant tout un été, notre district eut à souffrir des exploits de voleurs de bétail. Nuit après nuit, je restais sous les étoiles avec mon chien veillant sur le troupeau, prêt à le défendre. La nouvelle de ma surveillance se répandit aux environs, et les voleurs décidèrent de s’éloigner et de commettre leurs méfaits ailleurs. « Il me fait reposer ». Dans la vie chrétienne, rien ne peut m’inspirer plus de confiance que de savoir que mon Berger est près de moi. Seule la présence de Christ peut dissiper la crainte, la panique, la terreur de l’inconnu. Nous vivons une vie d’incertitude. Chaque heure peut apporter le désastre, le danger et la détresse. La vie est pleine de difficultés imprévues. Nul ne peut dire ce qu’un jour nous apportera. Nous vivons, soit dans un climat d’anxiété, de crainte ou de pressentiments, soit dans une ambiance de repos et de paix. C’est généralement l’inconnu et l’inattendu qui produisent la plus grande panique. C’est dans les griffes de la crainte que la plupart d’entre nous se montrent incapables de surmonter les circonstances cruelles et les dures complexités de la vie. Des forces ennemies semblent mettre notre tranquillité en danger. Notre première réaction est bien souvent la fuite. Alors, au milieu de notre infortune, nous parvient l’assurance de sa Personne ; Lui, le Bon Berger, le Christ est là. Sa présence en ces circonstances jette un
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nouvel éclairage sur toute la scène. Soudain, les choses ne sont plus aussi sombres ni aussi terrifiantes. La perspective est modifiée, l’espoir renaît. Je me sens délivré de la crainte. La paix revient et je puis me détendre. Ceci fut mon expérience au fur et à mesure que je prenais de l’âge. Savoir que mon Maître, mon Ami, Celui auquel j’appartiens, détenait finalement la direction, m’a toujours donné consolation, repos et quiétude. « Je me couche et je m’endors en paix, car toi seul, ô Éternel ! tu me donnes la sécurité dans ma demeure » (Psaume 4 : 9). C’est en cela que réside le ministère du Saint-Esprit : pénétrer nos cœurs craintifs de la présence de Christ. Il nous donne l’assurance que Christ Lui-même a conscience de notre problème et qu’Il en est concerné avec nous. Et c’est, en fait, dans cette assurance que nous pouvons nous reposer et trouver la paix : « Car ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse » (2 Timothée 1 : 7). Cette pensée d’un esprit de sagesse – ou de discipline – est celle d’un esprit paisible et calme, non tourmenté, accablé ou obsédé par la crainte et le mauvais présage quant à l’avenir. La seconde source de crainte dont le berger délivre ses brebis est celle de la tension, de la rivalité, d’une cruelle compétition dans le troupeau.
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Dans toute société animale existe un ordre bien établi de domination ou de position qui régit le groupe. Généralement, une vieille brebis arrogante, rusée et dominante s’arroge la maîtrise d’un groupe de ses semblables. Elle maintiendra sa position de prestige par quelques coups de tête ou en repoussant les autres brebis des meilleurs endroits de pâture, ou de sa litière favorite. Après elle, et en ordre précis, les autres membres du troupeau useront des mêmes tactiques pour maintenir leur position dans le groupe. Ézéchiel 34 : 15-16 et 20-22, brosse un tableau saisissant de ces procédés. Ce texte est un bel exemple de la précision scientifique des Écritures dans la description d’un phénomène naturel. De cette rivalité, de cette compétition pour le maintien d’une position bien affirmée, il résulte un état de friction dans le troupeau. Les brebis insatisfaites ne peuvent ni se coucher, ni se reposer. Il leur faut continuellement se tenir debout, prêtes à défendre leurs droits et à combattre l’intruse. J’ai observé des centaines de fois le manège d’une vieille brebis marchant vers une plus jeune qui broutait paisiblement, ou se reposait dans quelque coin ombragé. Elle arquait le cou, secouait la tête, dilatait ses yeux et s’approchait de l’innocente d’un air peu engageant. Tout en elle disait clairement : « Va-t-en ! Hors de mon chemin ! Fais-moi place ! » Et si la jeune brebis ne prenait pas immédiatement une position de défense, elle se voyait frappée de la tête, sans merci. Si
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elle acceptait le combat et tentait de résister, quelques rudes poussées la faisaient bien vite s’enfuir vers un endroit de refuge. Ces conflits et jalousies continuels dans le troupeau nuisent à celui-ci. Les brebis deviennent nerveuses, tendues, mécontentes et sans repos. Elles maigrissent et deviennent irritables. Mais ce qui m’a toujours beaucoup intéressé, c’est le fait que mon apparition attirait leur attention et qu’elles oubliaient alors rapidement leurs folles rivalités et cessaient leurs escarmouches. La présence du berger modifiait complètement leur comportement. Ceci a toujours constitué pour moi une vivante illustration de la lutte pour le statut, le rang, dans la société humaine. C’est l’éternelle compétition, il faut rivaliser les uns avec les autres. Dans telle société commerciale, au bureau, en famille, dans toute communauté, toute église, toute organisation humaine, qu’elle soit importante ou restreinte, se mène un combat : celui qui conduira à un certain statut, à la reconnaissance du rang. Beaucoup d’entre nous combattent pour devenir une « brebis meneuse ». Nous donnons de la tête, nous nous querellons et ergotons pour arriver en tête. Et nous en blessons plusieurs par nos procédés. De là surgit la jalousie. De continuelles irritations sans importance se muent en haine implacable. La malveillance et le mépris s’installent là où naquirent rivalité passionnée et profond mécontentement. C’est
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qu’une insatisfaction se transforme graduellement en un âpre style de vie : il faut être continuellement sur ses gardes, prêt à défendre ses droits, à se maintenir en tête de la foule. En contraste avec tout ceci, le psaume nous montre le peuple de Dieu se reposant paisiblement dans une entière satisfaction. L’une des principales caractéristiques du chrétien devrait être la sérénité émanant d’une paisible satisfaction : « C’est, en effet, une grande source de gain que la piété avec le contentement » (1 Timothée 6 : 6). Paul a écrit d’autre part : « J’ai appris à être content de l’état où je me trouve » (Philippiens 4 : 11), et ceci s’applique certainement à ma position dans la société. L’agitation sans fin de l’individu s’efforçant de toujours rester en tête, d’être l’homme ou la femme dominant le peloton, est assez fascinante à observer. D’une façon bien personnelle et unique, JésusChrist, au cours de sa vie terrestre, a précisé que les derniers seraient les premiers et les premiers les derniers. Dans un sens, je suis certain qu’Il parlait d’abord de ceux qui L’entouraient. Car tout berger éprouve une grande compassion pour la pauvre et faible brebis en butte aux tracasseries des plus dominatrices. Plus d’une fois, j’ai tancé sévèrement une brebis belliqueuse s’attaquant à plus faible qu’elle. Je punissais également celles qui malmenaient les agneaux qui n’étaient pas les leurs. Leur agressivité ne leur donnait certainement pas la première place dans mon estime.
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Un autre fait m’a également impressionné : les brebis les moins agressives étaient aussi, souvent, les plus satisfaites et les plus paisibles. Ainsi, leur position en queue du troupeau semblait finalement leur être avantageuse. Mais le plus important était que la présence du berger amenait la fin de toute rivalité. Dans notre société humaine également, lorsque nous devenons pleinement conscients de la présence de Christ, nos prétentions, notre fol orgueil, nos rivalités disparaissent. Le cœur humble, marchant paisiblement dans la satisfaction d’une communion intime avec le Christ comme compagnon de route, connaîtra le repos, la détente ; heureux d’un bonheur simple, il laissera le monde suivre sa route. Lorsque mes yeux se fixent sur mon Maître, ils ne peuvent voir ceux qui m’environnent. Voici le lieu du repos. Il est bon et salutaire de me rappeler que, finalement, c’est Lui qui jugera et décidera de mon statut réel. Après tout, ce qui importe, c’est son appréciation de moi-même. Toute estimation humaine ne peut qu’être sujette à caution. Ainsi, me sentir près de Lui, conscient de sa présence continuelle, rendue réelle par l’effet du Saint-Esprit en moi, me libère de toute crainte d’autrui et de ce que l’on peut penser de moi. Je préférerais de loin jouir de l’affection du Bon Berger qu’occuper une place prééminente dans la so-
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ciété… spécialement si je l’obtiens par combats, querelles et amère rivalité avec mes semblables. « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Matthieu 5 : 7). Autant le troupeau a besoin d’être libéré de la crainte de l’ennemi et des frictions internes, autant il a besoin, pour être satisfait, d’être libéré des parasites et des insectes. Cet aspect de leur comportement sera développé dans la suite du psaume, mais il est cependant important de le mentionner ici. Les brebis, surtout en été, sont littéralement affolées par les mouches et les tiques. Lorsqu’elles sont ainsi assaillies, il leur est absolument impossible de prendre du repos. Elles sont continuellement debout, tapant des pattes, secouant la tête, prêtes à fuir vers les buissons pour se débarrasser de ces parasites. Seuls les soins diligents et l’attention du propriétaire empêcheront les insectes de tourmenter son troupeau. Un bon berger utilisera différentes méthodes pour les en débarrasser. Il veillera à ce qu’elles soient vraiment propres afin de préserver des tiques les toisons des brebis. Il s’arrangera aussi pour que certains coins des pâtures soient pourvus de buissons et de petits arbres où les pauvres bêtes pourront se libérer de leurs tourmenteurs. Tout cela exige beaucoup de peine, de temps et de travail, et l’emploi de produits chimiques est relativement coûteux. Cela signifie également que le berger doit être à l’œuvre du matin au soir, surveillant
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attentivement le comportement de son troupeau. Dès qu’il remarque une perturbation chez ses brebis, il doit intervenir pour leur porter secours. Sa préoccupation dominante doit être constamment la paix, le repos et la satisfaction du troupeau. De même, dans la vie chrétienne peuvent survenir de multiples petites irritations et frustrations sans grande importance que chacun expérimente quotidiennement. Nous pourrions comparer ces choses aux petits insectes qui tourmentent les brebis. Existe-t-il un remède ? Pouvons-nous accéder à la sérénité en dépit de ces désagréments ? La réponse sera « oui » pour quiconque se confie en Christ. C’est là un des rôles principaux du Saint-Esprit, qui, dans les Écritures, est très souvent symbolisé par l’huile : celle-ci apporte guérison, réconfort et adoucissement à toutes les meurtrissures de la vie. Le Saint-Esprit me rend sensible à la présence très réelle du Christ. Il apporte le calme, la sérénité, la force et la paix face aux frustrations et aux mesquineries. Quand j’expose à Jésus un problème, une difficulté, une expérience désagréable indépendante de ma volonté, Il s’empresse de venir à mon aide. Il peut suffire de Lui dire : « Maître, ceci me dépasse ; je ne puis en sortir ; je suis tourmenté, sans repos. Je T’en prie, prends Toi-même les choses en main. » Et Il se charge de tout, merveilleusement. Il applique à mon problème particulier le remède actif et adou-
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cissant de sa propre personne. Je deviens immédiatement conscient de sa participation à mes difficultés, d’une façon parfaite. Cette assurance de Le savoir actif à mes côtés produit en moi un sentiment de paisible satisfaction. Je puis alors me reposer en paix. Grâce à ce qu’Il fait. Enfin, une brebis ne peut connaître le repos qu’à la condition d’être libérée de toute sensation de faim. Ceci est clairement exprimé dans notre psaume : « Il me fait reposer dans de verts pâturages. » On ignore que beaucoup de pays où l’on pratique l’élevage des moutons à une grande échelle sont des régions sèches, semi-arides. Beaucoup de races de moutons prospèrent sur de tels terrains. Un climat sec est peu propice à la maladie ou aux insectes. Toutefois, il n’est ni naturel ni commun de trouver des verts pâturages dans de telles régions. La Judée, par exemple, où David a écrit ce psaume et gardé les troupeaux de son père, en particulier aux environs de Bethléem, est une terre sèche, roussie, brûlée de soleil. De verts pâturages ne sont pas le fait du hasard. Ils ont demandé du temps, une bonne connaissance des sols et un labeur assidu. Ils sont le résultat du défrichement d’une terre aride et rocailleuse, de l’arrachage des racines et des broussailles, du labourage et de la préparation du sol, de l’ensemencement de graines sélectionnées, d’une irrigation rationnelle et de la récolte du fourrage qui nourrira le troupeau.
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Tout cela a exigé du berger temps, peine et habileté. S’il voulait que ses brebis jouissent de verts pâturages au milieu des collines arides et desséchées, il lui aura fallu accomplir une tâche gigantesque. De verts pâturages sont indispensables à la prospérité des brebis. Lorsque les agneaux grandissent et que les brebis ont besoin d’une bonne nourriture pour avoir un lait riche, rien ne remplace un bon pâturage. Rien ne fait plus plaisir au propriétaire du troupeau que de voir ses moutons paisibles et rassasiés d’un riche fourrage bien vert, pouvant se coucher, se reposer, ruminer et profiter de leur nourriture. Dans mon propre élevage, l’une des clés de ma réussite résidait dans le développement de prairies luxuriantes pour mon troupeau. Sur au moins deux de mes ranchs, il y avait des terres usées, appauvries, pelées, plantées d’herbes de qualité inférieure. Des aménagements bien étudiés les convertirent en terrains florissants qui permirent d’enregistrer des gains de poids chez les agneaux : 100 livres en 100 jours après la naissance ! Le secret de cette réussite est que les moutons pouvaient manger rapidement et ensuite se coucher tranquillement pour se reposer et ruminer. Une brebis mal nourrie est toujours debout, en mouvement, cherchant perpétuellement une misérable nourriture pour calmer les tiraillements de sa faim. Une telle brebis n’est pas satisfaite ; elle ne se développe
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pas et n’est d’aucune utilité pour son propriétaire. Elle languit et manque de vigueur. Dans l’Écriture, la description de la Terre promise à laquelle Dieu désirait si ardemment conduire Israël après sa sortie d’Égypte, est celle d’« un pays où coulent le lait et le miel ». Ceci n’est pas simplement un langage figuratif, c’est aussi une terminologie essentiellement scientifique. En termes agricoles, nous parlons de « flots de lait » et de « flots de miel ». Nous entendons par là la pleine saison du printemps et de l’été, quand les pâturages atteignent leur plus haut degré de productivité. Le bétail qui se nourrit d’herbe et les abeilles butinant les fleurs produisent à ce moment, dit-on, des « flots » de lait ou de miel. Donc, un pays de lait et de miel est un pays de riches et luxuriants pâturages. Quand Dieu parle d’un tel pays pour Israël, il prévoit également une vie abondante de joie, de victoire et de satisfaction pour son peuple. Pour l’enfant de Dieu, le récit de l’Ancien Testament relatant le passage des Hébreux de l’Égypte à la Terre promise est une image de son propre passage du péché à une vie de victoire. Nous sommes promis à une telle vie. Elle nous a été préparée et rendue accessible par l’œuvre de Christ en notre faveur. Quel travail pour ôter de notre vie les rocs de l’incrédulité et de l’amertume ! Jésus tente de rendre meuble le dur, l’orgueilleux cœur humain devenu semblable à de l’argile desséchée. Il y répand alors la semence
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de sa précieuse Parole, qui, si nous lui permettons de pousser, produira de la rosée et des pluies de sa présence, par le Saint-Esprit. Il garde, soigne et cultive cette vie, désirant ardemment la voir devenir riche et productive. Tout cela correspond à l’énergie et aux travaux incessants d’un propriétaire désirant voir ses brebis satisfaites et bien nourries. Cela démontre l’ardent désir de mon Berger de satisfaire à mes besoins. Ses soins à mon égard me dépassent. Ce que je puis faire de mieux est de faire mes délices de ce qu’Il accomplit. Cette vie de triomphe paisible, d’heureux repos, de sérénité en sa présence, de confiance en ses directives, est quelque chose dont peu de chrétiens jouissent pleinement. À cause de notre perversité naturelle, nous préférons souvent tirer notre nourriture de la terre stérile du monde qui nous entoure. Je me suis souvent étonné de la manière dont certaines brebis choisissaient parfois une nourriture de qualité inférieure. Mais le Bon Berger a mis de verts pâturages à la disposition de ceux qui désirent y séjourner et y trouver paix et plénitude.
Phillip Keller
Phillip Keller propose un commentaire vivant du psaume 23, passage de la Bible des plus connus.
Lisez ce livre comme si vous accompagniez un troupeau de brebis dans ses pérégrinations, sous la conduite attentionnée de son berger. Vous serez touché de voir à quel point l’Éternel, votre Berger, se soucie de vous. Et si vous ne faites pas encore partie de son troupeau, vous pourrez entendre son appel à devenir l’une de ses brebis ! L’auteur, Phillip Keller (1920-2001), a toujours aimé la nature et la vie en plein air. Il a grandi et vécu dans l’Est africain où il a été berger, puis propriétaire et éleveur de moutons. C’est pourquoi sa description de la vie de berger et sa connaissance des brebis se révèlent si vivantes et pertinentes. Conférencier de renom et auteur de plusieurs best-sellers, il a touché par ses écrits des hommes et des femmes de toutes nationalités.
ISBN 978-2-910246-85-3
9 782910 246853
7,50 €
Un berger médite Le Psaume 23
De par son expérience de berger, l’auteur peut, mieux que quiconque, parler de ce que sont les « verts pâturages » et les « eaux paisibles ». Il vous fera redécouvrir Celui qui pourvoit si pleinement aux besoins de chacune de ses brebis.