LA PLUS BELLE de toutes LES HISTOIRES
JONATHAN CONTE
Préface de Cédric Eugène
Traverser la Bible en 14 étapes
Les éditeurs remercient chaleureusement tous les relecteurs et relectrices pour leur précieuse collaboration à cet ouvrage : Claudine, Laura, Terry, Laurence et Ludvine.
La plus belle de toutes les histoires : Traverser la Bible en 14 étapes • Jonathan Conte © 2024 • BLF Éditions
Rue de Maubeuge, 59164 Marpent, France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.
Couverture et mise en page : NouvelleCreation
Sauf mentions contraires, les citations bibliques sont tirées de la Bible du Semeur. Texte copyright © 1992, 1999, 2015 Biblica Inc. Avec permission. Les caractères italiques ou gras sont ajoutés par l’auteur de cet ouvrage. Les autres versions employées sont indiquées en lettres abrégées et concernent la Nouvelle Édition de Genève (NEG), la Segond 21 (S21), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Bible Darby (DRB), la Traduction œcuménique de la Bible (TOB) et la Bible Ostervald (OST).
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.
ISBN 978-2-36249-881-7 broché
ISBN 978-2-36249-882-4 numérique
Imprimé en France par Evoluprint
Dépôt légal 2e trimestre 2024
TABLE DES MATIÈRES
À mes sœurs.
Cette histoire a bercé notre enfance.
Je prie qu’elle trouve toujours écho dans nos vies.
Préface
La plus belle de toutes les histoires. Traverser la Bible en 14 étapes. Voilà un titre prometteur. Il n’y a pas de plus belle histoire que celle de l’amour de Dieu à l’œuvre dans sa création, et notamment en faveur des êtres humains. C’est cette histoire que Jonathan Conte nous raconte et nous fait vivre, le temps d’une traversée de la Bible. Le titre est prometteur et la promesse est tenue. L’enthousiasme suscité par cette traversée tient notamment à quatre éléments :
• La cohérence d’une perspective d’ensemble : il est facile de lire la Bible en ne prêtant attention qu’aux petites histoires qu’elle rapporte. Celles-ci sont certes intéressantes, mais elles n’ont pas vocation à être lues indépendamment les unes des autres. Autrement, la lecture qui en découlerait ne pourrait être que fragmentaire. Elle ne permettrait pas de percevoir ce qu’il y a de plus grand : les petites histoires œuvrent ensemble pour transmettre la grande histoire ; c’est elle la plus belle de toutes les histoires. En choisissant de porter son attention sur la grande histoire, l’auteur nous fait apprécier la profonde cohérence du récit biblique, sa beauté, son actualité et sa force.
• L’œuvre de pédagogie : Jonathan s’exprime dans un langage simple et clair. L’écriture est belle et engageante. Quant à l’approche, elle est progressive et cohérente. De nombreux sous-titres balisent l’itinéraire que les lecteurs sont invités à emprunter. À tout moment, ils savent où ils sont et où ils se dirigent.
• La qualité biblique et théologique du propos : comment ne pas apprécier le souci de l’auteur de laisser la Bible éclairer ce qu’il écrit ? Il introduit chaque chapitre en recommandant la lecture d’un passage biblique, et illustre son propos de très nombreuses citations. En outre, on ne peut que se réjouir de la solidité théologique de cet ouvrage. En effet, Jonathan ne se contente pas de raconter la grande histoire de la Bible ; il sait aussi prendre le recul nécessaire pour en apprécier les enjeux, les tensions et leurs résolutions et en faire profiter ses lecteurs.
• L’implication de l’auteur : Jonathan Conte ne cherche pas à faire un résumé de l’histoire biblique, ni un précis de théologie. Avec brio, il tresse ensemble la narration, la réflexion théologique et l’invitation à faire sienne la plus belle de toutes les histoires. Il s’implique dans ce qu’il écrit et fait parfois part, avec une belle humilité, de ses propres expériences, joies et craintes. Il montre ainsi de quelle manière il fait sienne la grande histoire de la Bible et comment ses lecteurs peuvent à leur tour se l’approprier. En réalité, plus que s’approprier l’histoire, il s’agit de se donner à elle. Tout au long de la traversée, vous entendrez donc une voix de fond : « Me fais-tu confiance ? Suis-moi, le meilleur est devant » (p. 157).
Que vous en soyez aux premières découvertes de la foi ou que vous l’ayez embrassée depuis longtemps déjà, vous ne manquerez pas d’être interpellé, parfois même bousculé, et à coup sûr
captivé par chacune des quatorze escales de cette grande traversée de la Bible. Je ne serais d’ailleurs pas surpris, que parvenus au terme de l’itinéraire, vous ayez envie de l’emprunter tout à nouveau. Alors, bonne traversée !
Cédric EUGÈNE
Professeur de Nouveau Testament et de Grec à la FLTE de Vaux-sur-Seine
LES BELLES HISTOIRES
Je suis un passionné d’histoire. Pas de l’Histoire avec un grand H, mais plutôt « des histoires », celles qu’on raconte au coin du feu, celles qu’on partage à nos enfants pour qu’ils s’endorment, celles qui nous font vibrer, rire, rêver, trembler et parfois même pleurer. Les héros me fascinent. J’aime m’attacher à eux et suivre leurs péripéties. J’aime attendre un dénouement et soupirer de soulagement s’il est heureux. Et s’il ne l’est pas ? Et bien, j’aime aussi partager la peine des personnages, m’identifier à eux et ressentir avec eux les émotions qu’ils traversent.
Les histoires jouent un rôle très important dans nos vies. Dès la petite enfance, elles nous inculquent des notions de justice, de bien et de mal. Elles transmettent souvent une morale et des valeurs. Les parents avisés les choisissent avec soin, conscients de l’impact qu’une simple histoire peut avoir sur leur enfant.
Pour moi, tous les supports sont bons : les vieilles histoires racontées par mon oncle lors des repas de famille, les romans au suspense insoutenable, les films, les séries ou les bandes dessinées. Peu importe la forme choisie par le conteur. Tant que son histoire en vaut la peine, je suis prêt à l’écouter, à la regarder ou à la lire.
En grandissant, j’ai souhaité, à mon tour, raconter des histoires. J’ai commencé par de courtes anecdotes amusantes pour mon entourage, narrant les aventures de ma vie quotidienne.
Puis mon public s’est élargi : j’ai trouvé quelques auditeurs parmi les enfants des colonies de vacances où j’étais animateur. Tout était bon pour les tenir en haleine, pour les emmener dans des mondes imaginaires et merveilleux. Mais quand on raconte une histoire à l’oral, on est vite limité. Aussi ai-je commencé à écrire. Quel exercice difficile ! Inventer une histoire de trois minutes pour distraire cinq enfants n’a rien à voir avec la rédaction d’un roman de deux cents pages. Il faut réfléchir à une structure, à un dénouement, et semer des indices pour guider le lecteur tout en gardant sa curiosité éveillée.
Un jour, alors que j’étais en train de rédiger, non sans mal, un paragraphe de mon histoire, j’ai commencé à remettre en question mon intrigue. Soudain, elle me semblait un peu fade, sans intérêt. Que lui manquait-il ? Que pouvais-je ajouter à mon histoire pour qu’elle passionne mes lecteurs ?
Autant le dire tout de suite : je n’ai pas encore trouvé la recette pour écrire l’histoire parfaite. Mais posons-nous tout de même la question : qu’attendons-nous d’une bonne histoire ? Quels sont les ingrédients essentiels ?
En premier lieu, le lecteur a besoin de s’identifier aux personnages et d’être touché par l’histoire. Une dose d’amour est sans doute nécessaire, tout en évitant d’en faire un roman à l’eau de rose. Un peu d’aventure ? Des rebondissements ? Cela va sans dire. Des personnages attachants ? Une quête épique ? Oui, tout cela, et bien plus encore.
LA PLUS BELLE DES HISTOIRES
Alors que je me creusais les méninges pour savoir ce qui manquait à mon histoire, j’ai repensé aux récits qui m’ont profondément marqué. J’en ai vu, lu, et entendu tellement ! Des Trois petits cochons au Seigneur des anneaux en passant
par Les Aventures de Tintin, n’y en avait-il pas un qui sorte du lot ? Un qui réponde parfaitement à tous ces critères ?
Si, bien sûr.
Comment pourrais-je vous le décrire ? Sa composition est incroyable. Son scénario est époustouflant. Ses personnages, tantôt héros, tantôt zéros, jouent tous leur rôle à la perfection. Ce ne sont pas des clichés qui incarnent uniquement le bien ou le mal, mais des humains aussi sombres que beaux ! Et que dire du dénouement ? De toutes les histoires qui existent, il n’en est pas une dont le final puisse rivaliser avec celui-ci. Sans hésiter, je donne à ce récit le titre de plus belle histoire au monde.
Peut-être avez-vous déjà envie de la lire ? Rien ne me ferait plus plaisir !
Ce récit est avant tout une histoire d’amour. Notre héros s’attache, s’offre et s’engage dans la relation la plus compliquée, mais aussi la plus merveilleuse qui soit. Cet amour est mis à l’épreuve du temps, des guerres, de la distance, de l’égoïsme, de rivaux et même de la mort. En toile de fond, nous assistons à une lutte de pouvoir, à une bataille entre royaumes, à une quête de justice et à une course effrénée contre la mort.
Au terme de maintes péripéties, une fin se dessine. Plus extraordinaire que toutes celles jamais écrites, ce n’est pas une conclusion, mais une invitation : elle appelle le lecteur à comprendre qu’il n’est pas un simple spectateur, mais un protagoniste ! Il découvre qu’il est partie prenante de cette histoire et qu’il doit choisir son camp. La fin, heureuse ou malheureuse, découle irrémédiablement de ce choix.
Vous l’avez deviné : il s’agit de l’histoire de la relation entre Dieu et les hommes racontée dans la Bible. Bien sûr, la Bible regorge d’histoires très différentes les unes des autres. Mais ici, j’aimerais vous encourager à la considérer comme une seule et
même unité. L’Histoire avec un grand H n’est-elle pas la somme de toutes les petites histoires qu’elle contient ? Il en va de même pour la Bible. Elle couvre des millénaires, s’étend sur plusieurs continents et met en scène des centaines de personnages. Pourtant, cette histoire n’en est qu’une : celle de Dieu et des hommes. Celle d’un Dieu profondément épris de ses créatures, prêt à tout pour les sauver de la mort.
Les histoires marquent nos vies. Mais que dire de la Bible ? Elle a changé la face du monde ! Alors plongeons-nous dedans !
LA PLUS GRANDE HISTOIRE
La Bible est une histoire passionnante. C’est aussi un ouvrage des plus imposants, qui contient des centaines de pages et des passages parfois difficiles. Il se peut que certains nous semblent même un peu… ennuyeux. Alors, pour éviter ces passages que nous jugeons « barbants » (à tort !), nous la lisons souvent de manière décousue. Vous viendrait-il à l’idée de lire les chapitres d’un livre dans le désordre ? Bien sûr que non ! Pourtant, c’est ce que nous faisons presque systématiquement avec la Bible. Dans une certaine mesure, ce n’est pas si grave. Puisque la grande histoire est composée de nombreuses histoires, nous pouvons nous y retrouver et même comprendre aisément ce que nous lisons. Mais elles ne sont pas isolées les unes des autres ! Si nous gardons toujours le nez dans les petites histoires, nous n’arriverons pas à saisir pleinement leur sens au sein de la grande histoire.
Finalement, nous risquons de considérer la Bible, non plus comme une histoire, mais comme un recueil d’histoires. Nous ne voyons plus le lien entre les passages, comme s’il n’y avait aucun enchaînement logique.
« Dieu est terriblement dur dans l’Ancien Testament, mais tout gentil dans le Nouveau… Ça ne peut pas être le même
Dieu. C’est incohérent. » Avez-vous déjà entendu ce genre de remarques ? Si l’on ne comprend pas la continuité entre les deux Testaments, elles n’ont rien d’étonnant ! La sainteté, la justice et la colère de Dieu doivent être expliquées pour que la grâce prenne toute sa valeur. L’Ancien Testament ne présente pas un Dieu « papa-gâteau » parce que les hommes doivent d’abord comprendre qui il est, pour saisir ce qui est offert en Jésus. Nous verrons d’ailleurs que la croix, bien que preuve ultime de l’amour de Dieu, est aussi la plus terrible manifestation de sa colère.
Comment étaient sauvés les hommes avant Jésus ? À quoi servaient les sacrifices dans l’Ancienne Alliance ? Pourquoi les Juifs devaient-ils respecter la loi ? Pour répondre à ce genre de questions, nous avons besoin de prendre un peu de recul. En effet, chaque texte biblique s’inscrit dans une révélation globale. Pour comprendre ce que Dieu fait ou dit à un moment de l’histoire, nous devons replacer chaque passage dans le cadre de cette révélation. Nous avons besoin de comprendre cette plus grande histoire, de découvrir comment elle se déroule et comment elle est structurée.
L’enjeu est des plus importants ! La Bible est la parole de Dieu.
ITINÉRAIRE
Comme dans tout grand voyage, nous allons suivre un itinéraire pour savoir où nous allons. La grande majorité des histoires suivent le schéma narratif classique qui se compose de six étapes.
L’histoire commence par la situation initiale , qui met en place le décor et, surtout, présente les personnages principaux. Survient alors l’élément perturbateur. Source d’un déséquilibre, il bouleverse la situation initiale et entraîne une crise.
Face à cette crise, les personnages traversent tout un tas de péripéties pour tenter de retrouver la stabilité perdue. Les actions de cette étape atteignent généralement un point culminant, le climax, qui amorce un retour à la stabilité. C’est alors que le dénouement se produit : le déséquilibre est définitivement réglé et les péripéties prennent fin. Enfin, la situation finale apparaît : elle est l’aboutissement de tout ce qui précède. Elle décrit ce que sont devenus les personnages, comment ils ont évolué, ce qu’ils ont appris et permet de déterminer si leur situation est meilleure ou pire qu’au début de l’histoire.
Dans une certaine mesure, la grande histoire biblique suit ce schéma elle aussi. La situation initiale est décrite dans les deux premiers chapitres de la Genèse : Dieu et les êtres humains se côtoient et vivent en paix. Mais, au chapitre 3, le serpent tente Adam et Ève qui finissent par désobéir à Dieu, leur valant une terrible condamnation à mort : c’est l’élément perturbateur. Mais Dieu, qui n’est jamais pris au dépourvu, commence à déployer son plan pour sauver les êtres humains : voilà nos péripéties. Ce plan trouve son aboutissement en Jésus, lui seul capable de rétablir la relation perdue avec le Créateur, mais il meurt brutalement à la croix : c’est le climax. Nous découvrons que c’est justement par sa mort et sa résurrection que Jésus peut sauver tous ceux qui croient en lui ; cette bonne nouvelle est répandue aux quatre coins du monde : voilà le dénouement. Enfin, le Sauveur revient et prend avec lui ceux qui ont cru : c’est la situation finale.
Bien sûr, l’histoire est infiniment plus belle, plus complexe et plus riche que ce simple résumé. Toutefois, ce cadre nous aidera à mieux comprendre la Bible dans son ensemble.
Nous allons donc parcourir le récit biblique en suivant les étapes du schéma narratif. Dans cette grande traversée, nous ne pourrons pas nous arrêter sur chaque scène et sur chaque
personnage. Ce sera à vous, lecteur attentif, d’ouvrir votre Bible et d’approfondir tout ce que vous découvrirez dans les pages qui suivent.
Cet ouvrage ne pourra pas apporter toutes les réponses. Mais j’espère qu’il vous donnera des clés pour lire votre Bible et des fondations solides pour mieux la comprendre.
La Bible est extraordinaire. C’est sans aucun doute la plus belle œuvre littéraire au monde. Je prie que Dieu vous fasse déborder de passion pour sa lecture et son étude.
PARTIE 1
La s I tuat I on InI t Ia L e
• Situation initiale
– Paradis sur terre
La création
• Él É ment perturbateur
– Rien ne va plus
• l e S p É rip É tie S
– Retour à la case départ
– Le choix d'un homme, le choix d'un peuple
– Dieu tient ses promesses
– Prescription divine
– Entrées en guerre
– Vive le roi ?
– Générations désenchantées
– Recherche solution désespérément
• l e climax
– Le début de la fin
• l e d É nouement
– Le voile est levé
– Déjà et pas encore
• l a S ituation finale
– Le meilleur pour la fin
Dieu est le héros de l’histoire. Il crée un monde bon et magnifique dans lequel les êtres humains ont la mission de refléter son image.
1
ParadIs sur terre
Avant de commencer ce chapitre, prenez le temps de lire Genèse 1 à 2 dans votre Bible1.
LE VRAI HÉROS
La situation initiale d’une histoire présente les personnages principaux. La Bible ne fait pas exception. En trois mots, elle introduit son héros : « Au commencement, Dieu » (Genèse 1.1).
Et quel héros ! Les versets suivants nous font découvrir ses exploits, tous plus impressionnants les uns que les autres. Par sa simple parole, Dieu crée le monde. Il crée la lumière, l’étendue du ciel, les mers et les océans, la terre, les montagnes et les vallées, les arbres, les fleurs et les herbes. Dieu crée le soleil, la lune et les étoiles qui remplissent le ciel, les poissons, les oiseaux et tous les animaux qui peuplent la terre. Puis, pour couronner sa superbe création, Dieu crée les êtres humains. Il n’y avait rien,
cHapitrerien que du chaos et du vide, et Dieu crée tout. Quelle démonstration magistrale de grandeur, de puissance et de créativité !
Beaucoup de lecteurs de la Bible se trompent sur le personnage principal de l’histoire. La Bible ne raconte pas la grande épopée humaine ! Bien sûr, elle parle des êtres humains, mais le premier verset de la Bible met en avant une réalité essentielle : le héros, c’est Dieu. Les hommes sont présents et importants, mais leur entrée en scène est secondaire.
D’ailleurs, cinq jours entiers s’écoulent avant leur apparition, et même au cours du sixième, Adam est créé en dernier, après tous les animaux de la terre. Le meilleur pour la fin ? Oui, sans aucun doute ! Mais n’en soyons pas trop fiers avant d’avoir posé les bases : nous sommes des créatures, Dieu est le Créateur.
Imaginez un acteur lambda, sans grand talent, qui enchaîne les castings depuis des années sans jamais décrocher le moindre rôle. Soudain, ça y est ! Il est retenu pour jouer dans un film. Pas grand-chose, deux ou trois répliques tout au plus, mais il exulte de joie. Il va enfin apparaître à l’écran. Sans hésiter, il s’empresse de feuilleter le script pour trouver les quelques lignes qui le concernent. Peu lui importe le scénario, ses rebondissements et l’intrigue globale. Rien ne compte à ses yeux que son rôle. Une poignée de minutes lui suffisent pour le connaître par cœur. Le jour J, il monte sur le plateau et joue comme si sa vie en dépendait. Il profite pleinement de l’instant où toutes les caméras sont braquées sur lui.
Plus tard, tandis qu’il présente le film à ses amis, il est capable de donner les moindres détails de sa scène. Elle est courte, mais, selon lui, elle seule mérite leur attention. Il est si fier de faire partie du projet qu’il en parle à toutes ses connaissances. Il les invite même à l’avant-première. Toutefois, quand on lui demande de quoi parle le film, il est incapable de répondre. Il ne connaît même pas le synopsis. Bien sûr, cet exemple est caricatural. Mais
nous agissons parfois de la même manière. Interrogeons-nous : quelles sont nos motivations pour lire la Bible ? De qui avonsnous envie qu’elle parle ? De nous-mêmes ? Ou de Dieu ? Seule une lecture décentrée de nos petites personnes sera pertinente.
« Au commencement, Dieu ». C’est lui qui est au début, au centre, et à la fin. De toutes les histoires que la Bible relate, il est la seule constante, le seul toujours présent. Le héros, c’est lui. Si je ne suis pas prêt à reconnaître que le rôle principal lui appartient, je ne pourrai jamais comprendre toute l’histoire.
SECONDAIRES, MAIS IMPORTANTS
Dieu est le personnage principal, mais les êtres humains sont bien là. Quel est donc leur rôle ? Voyons ce qu’en dit la Bible.
Les versets 26 à 31 de Genèse 1 nous apprennent que les êtres humains ont été créés par Dieu. Il dit : « Faisons les hommes » pour exprimer son désir de créer. Nous ne sommes donc pas le fruit d’un accident : nous existons parce que Dieu l’a voulu. Nous sommes son œuvre.
Considérons l’immensité de l’univers, infini et toujours en expansion, et la toute petite place que nous y occupons. La vie a tout d’une anomalie. Une anomalie extraordinaire et magnifique, mais une anomalie malgré tout. Seule une chance insolente à l’extrême, défiant toutes les probabilités, aurait permis les conditions nécessaires à notre survie. Sauf s’il s’agit d’un réglage minutieux et savamment exécuté par une intelligence supérieure. L’anomalie devient alors merveille. C’est ce que la Bible dit. Elle n’explique pas comment Dieu a fait, mais elle affirme que c’est lui qui l’a fait : il a créé l’univers tel qu’il est, êtres humains y compris ! Dieu nous a voulus, alors nous voilà.
Mais pourquoi nous a-t-il créés ? Était-ce un caprice divin digne des dieux de l’Olympe ? Non, Dieu avait un objectif :
avoir des représentants dans ce monde qu’il venait de créer. « Faisons-les hommes pour qu’ils soient notre image , pour qu’ils nous ressemblent » (Genèse 1.26). Dieu est invisible, les hommes le rendent visible. Ils sont comme une signature, capables d’authentifier l’auteur, de le représenter et de le mettre en avant. Regarder un être humain, c’est voir ce qui ressemble le plus à Dieu. Tout comme une photo n’est pas la personne qu’elle représente mais aide à l’imaginer, les hommes ne sont pas Dieu mais permettent de l’entrevoir. Tel est notre rôle.
Cette mission nous est confiée sans condition de genre, de race, d’âge, d’état physique ou de QI : « [Dieu] les créa à son image. Il les créa homme et femme » (Genèse 1.27). Chaque être humain a été missionné pour ce rôle de représentant. Avez-vous déjà réfléchi à cette réalité ? Vous êtes une image de Dieu.
Quand Dieu nous a confié ce grand honneur, et la grande responsabilité qui l’accompagne, il a donné un sens à nos vies. Il nous a délégué une partie de son autorité. Il a fait de nous les gestionnaires de sa création (Genèse 1.28). En écrivant le psaume 8, le roi David a mesuré le privilège qui nous a été accordé. Il a constaté l’absolue beauté du monde et la petitesse des êtres humains. Pourtant, Dieu a bien choisi d’honorer ces minuscules créatures que nous sommes :
Quand je contemple le ciel que tes doigts ont façonné, les étoiles et la lune que tes doigts ont disposées, je me dis : Qu’est-ce que l’homme pour que tu en prennes soin, et qu’est-ce qu’un être humain pour qu’à lui tu t’intéresses ? Pourtant, tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, tu l’as couronné de gloire et d’honneur. Tu lui donnes de régner sur les œuvres de tes mains. Tu as tout mis sous ses pieds : tout bétail, gros ou petit, et les animaux sauvages, tous les oiseaux dans les airs, et les poissons de la mer, tous les êtres qui parcourent les sentiers des mers.
P S aume S 8.4-9
J’apprécie la description du rang qui nous est accordé : « de peu inférieur à Dieu ». Aucune autre espèce n’a ce statut. C’est un cadeau exceptionnel qui distingue l’humanité de toutes les autres créatures de Dieu.
CRÉÉS POUR LA VIE
Après avoir créé les hommes, Dieu les place dans le jardin d’Éden, un véritable paradis sur terre. Dans cet endroit merveilleux, Adam et Ève sont libres de manger de toutes les plantes, y compris de l’arbre de la vie éternelle dont les fruits rendent immortel ! En mettant cet arbre à disposition des êtres humains, Dieu souhaitait qu’ils vivent à jamais. La mort des hommes ne faisait pas partie de son plan originel. Dans la situation initiale, l’humanité est créée pour vivre éternellement.
Mais qu’est-ce que cela signifie ? Que veut dire « vivre » selon la Bible ? Une définition biologique qui évoque les cellules, la reproduction et tous les phénomènes qui se succèdent entre la naissance et la mort d’un organisme est-elle suffisante ? Bien sûr que non. Vivre, ce n’est pas simplement survivre. Nous avons été créés pour plus : pour tisser une vraie relation avec Dieu ! Le psaume 16 définit la vie comme « plénitude de joie en ta présence, délices éternelles auprès de [Dieu] » (v. 11). La vraie vie, c’est connaître Dieu, être à ses côtés. Adam et Ève étaient « vivants » parce qu’ils côtoyaient Dieu chaque jour, parce qu’ils avaient une relation pleine d’amour avec lui.
AVEC DES LIMITES
En Éden, presque tout était autorisé à une exception près : Dieu ne permit pas aux hommes de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal (Genèse 2.16). Ce seul interdit était un