BOLLY&CO 10th EDITION

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P H OTOG RA P H I E CI -DESSOUS :

nivinofficial (twitter)

Nivin Pauly et son fils Daveed


édito Bolly&Co est dans la place ! Nous vous l'avions promis, et nous y sommes arrivées ! En effet, nous vous annoncions un rythme de parutions plus régulier, avec plusieurs numéros par an. C'est ainsi que nous avons travaillé, ces trois derniers mois, sur ce qui a marqué le cinéma indien. De la prestation d'Alia Bhatt dans Udta Punjab à celle de Sonam Kapoor dans Neerja, sans oublier Aamir Khan qui a mis sa santé en danger au service de son rôle dans Dangal, l'année Bollywood a été ponctuée par des œuvres fortes et poignantes. 2016 a également signé le retour de grands cinéastes derrière la caméra : Karan Johar avec Ae Dil Hai Mushkil et Aditya Chopra avec Befikre. Dans le sud du pays, Rajinikanth prouvait qu'il n'avait rien perdu de sa verve avec Kabali. D'autres artistes comme Vijay Sethupathi, Sivakarthikeyan, Keerthy Suresh et Dulquer Salmaan se sont illustrés dans leurs langues respectives. Il était donc temps que nous mettions à l'honneur une personnalité dravidienne sur l'une de nos couvertures. Jusque-là, nous avions effectivement misé sur des artistes du cinéma hindi pour nos Unes antérieures. Mais comme nous vous le disions, c'est le grand changement chez Bolly&Co ! C'est pourquoi nous avons choisi la vedette de cinéma malayalam Nivin Pauly comme 'cover boy' de cette dixième parution. Déjà présent depuis plusieurs numéros dans notre rubrique sud à travers la critique de ses métrages Thattathin Marayathu, Ohm Shanthi Oshaana ou encore Premam, il était temps

de nous attarder sur le parcours atypique de ce romantique des temps modernes. Avec ce nouveau numéro, vous retrouverez nos critiques exclusives des films qui ont marqué ces derniers mois, nous vous dévoilerons le pire comme le meilleur des looks des stars grâce aux articles mode et tendance d'Elodie, vous prendrez connaissance des dernières actualités de Fatima Zahra en plus d'une nouvelle rubrique 'Découverte' qui viendra mettre en lumière d'autres facettes des arts en Inde. Avec nos playlists, vous pourrez danser pour ensuite vous plonger dans notre rubrique sud avec ce qui fait le sel des industries dravidiennes.

De la part de l'équipe rédactionnelle de Bolly&Co, nous vous remercions infiniment d'être de plus en plus nombreux à nous suivre et à nous soutenir. Une nouvelle ère commence et nous sommes ravies que vous en fassiez partie. Car c'est grâce à vous que nous évoluons, que nous vivons de nouvelles expériences pour vous proposer des écrits originaux et instructifs. A notre petit niveau, nous souhaitons partager avec vous ce qui nous bouleverse dans le cinéma indien. Merci à vous d'être réceptifs à notre passion et à notre sensibilité.

Bonne lecture à tous, en espérant que vous savouriez cette édition inédite au même titre que les précédentes. ASM AE, RÉDACTRICE EN CHEF


s

apéro

m o

ire a m

UN PEU DE LECTURE... [ 006 ] PRIVATE TALKIES : BOLLY&CO' EN MODE GOSSIP'... [ 008 ] BOLLY&CO AWARDS 2016 : LE VERDICT... [ 011 ] REVUE DE PRESSE : HUMA QURESHI [ 028 ]

the new face VICKY KAUSHAL [ 033 ] CRITIQUE DE : MASAAN [ 041 ]

pop corn

numé

MOVIE TALKIES [ 044 ] A LA DÉCOUVERTE DE... SARGUN MEHTA [ 048 ] VARUN DHAWAN, MAIS QU'EST-CE QU'IL LUI PREND ? [ 052 ] 2016 EN SCANDALES [ 058 ] DAWOOD IBRAHIM & ASSOCIATES : QUAND LE CINÉMA HINDI S'INSPIRE DE L'HOMME LE PLUS RECHERCHÉ DU MONDE [ 064 ] LES FILMS DE CRIME À BOLLYWOOD [ 072 ] LUMIÈRE SUR : MONALI THAKUR [ 080 ] PLAYLIST NORD : 20 ANS DE ROMANCE [ 086 ]

ro

10

bolly&co en action LE FESTIVAL DU CINÉMA INDIEN À TOULOUSE FÊTE SES 5 ANS ! [ 094 ] PARIS IMAGES CINÉMA - L'INDUSTRIE DU RÊVE : RENCONTRE AVEC PAN NALIN [ 100 ]

une tasse de thé ARTICLE FLASHBACK : HUM TUM [ 108 ]


CRITIQUES NORD : [ 114 ] LA QUATRIÈME VOIE [ 118 ] HAPPY BHAG JAYEGI [ 123 ] KAHAANI 2 [ 129 ] MIRZYA [ 132 ] BEFIKRE

nivin pauly

un parfum du sud [ 146 ] LES 5 NEWS DRAVIDIENNES À NE PAS MANQUER ! [ 148 ] VARUN TEJ : POUR UN CINÉMA TÉLOUGOU DIFFÉRENT ? ON THE COVER : NIVIN PAULY [ 152 ] RETOUR SUR SA CARRIÈRE [ 165 ] EN TOMBER AMOUREUX PAR 4 FOIS [ 168 ] NIVIN, UNE INSPIRATION POUR LES MUSICIENS CRITIQUES SUD : [ 172 ] JACOBINTE SWARGARAJYAM [ 176 ] ACTION HERO BIJU [ 180 ] MANAM [ 184 ] KADHALUM KADANDHU POGUM [ 192 ] ENGEYUM EPPODHUM ET SI ON COMPARAIT LES REMAKES ? [ 196 ] PREMAM VS PREMAM PLAYLIST SUD : [ 200 ] RÉTROSPECTIVE 2014

parlons mode

es g a p 8 2 2

FASHION REVIEW : [ 204 ] ADITI RAO HYDARI, LA VRAIE PRINCESSE. INSPIRATION : [ 208 ] KAIRA DE DEAR ZINDAGI. TENDANCE : [ 210 ] BOYISH CHIC. LA DERNIÈRE MINUTE MODE : [ 216 ] LES RATÉS DE DISHA PATANI. [ 218 ] DÉJÀ VU : DEEPIKA PADUKONE .

la cerise sur le gâteau [ 220 ] DANS L'INSTAGRAM DE : RICHA CHADDA. [ 222 ] THE MEETING PLACE : CINQUIÈME CHAPITRE... CREDITS


L

un peu de lecture

1

La véritable histoire d'un indien qui fit 7000 km à vélo par amour DE PER. J ANDERSSON Quand une prophétie prédit à Pikej qu'il épousera une femme qui ne sera pas indienne, le jeune intouchable ignore ce que son destin lui réserve ! Tentant de survivre grâce à son talent pour le dessin, il croise le chemin de Lotta,

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L E CO UPLE QUI A INSPIR É L' H ISTO IR E DE P ER . J ANDER SSO N : CH AR LOTTE VO N S CH EDVIN ET PK MAH ANANDIA EN 1977. P H OTO GRAPH IE DE CNN.

une jolie suédoise dont il s'éprend inévitablement. Mais lorsque sa belle est forcée de retourner en Suède, Pikej décide de la rejoindre. Pourtant, il n'a absolument pas les moyens de prendre l'avion. Alors il embarque pour le plus fou des périples et décide d'atteindre Boras, la ville de Lotta... à vélo ! Le livre est tiré d'une histoire vraie, Pikej et Lotta se sont mariés et ont eu deux enfants. Et ce roman de Per. J Andersson est aussi divertissant que saisissant !


2

Après la mousson DE SELINA SEN Le récit est contextualisé en pleine Inde des années 1980. Après la mousson parle de deux sœurs qui décident de prendre leur destin en main au cœur d'une société en pleine mutation. Il y a Chhobi, l'aînée responsable et pompée par son travail. Et il y a Sonali, la tornade romanesque et impulsive. Lorsque cette dernière est éconduite par le séduisant Sonny, elle décide d'épouser son cousin marin pour noyer son chagrin. Mais lorsque ce dernier disparaît mystérieusement en mer, Sonali décide alors de se battre pour connaître la vérité, se découvrant une force de caractère qu'elle ne soupçonnait pas. Ce roman donne à voir les femmes indiennes dans leur vivacité et leur motivation, les mots parfaitement choisis de Selina Sen plantant le décor des faubourgs de New Delhi, de ses saveurs et de sa cacophonie.

3

Sous le Soleil de Bollywood DE RAJASHREE Paro se rêve en vedette de Bollywood et quitte sa province afin de conquérir Bombay. La jeune femme va se confronter à la jungle du système, du népotisme aux arrangements sur l'oreiller, en passant par les déceptions amoureuses...

Cet ouvrage est absolument jubilatoire, bénéficiant de personnages hauts en couleurs et d'un rythme efficace qui nous accroche à la narration ! Sous le Soleil de Bollywood s'apprécie de la même manière qu'un bon film indien populaire, avec son lot de péripéties et d'actes manqués, mais avec surtout l'immanquable fin heureuse ! M OTS PAR ASMAE

007


G INNI E T K AP IL SHARMA // TWI TTER : KAPILSH AR MAK9

private talkies MOTS PAR ASMAE

008


C'est l'amour ! L'acteur de Tollywood Prabhas serait sur le point de se marier !

En effet, la star de Baahubali devrait épouser une mystérieuse jeune femme dès cette année. Elle aurait été choisie par les parents de l'acteur. Si aucune information n'a filtré sur l'identité de l'heureuse élue, il va sans dire que cet imminent mariage brisera bien des cœurs.

Il semblerait que Nupur Sanon, petite sœur de l'actrice Kriti Sanon, soit en couple avec le frère d'une célèbre actrice.

Elle filerait effectivement le parfait amour avec Rajeev Sen, qui n'est autre que le frangin de l'ancienne Miss Univers Sushmita Sen.

L'actrice dravidienne Bhavana Menon s'est fiancée au producteur kannada Naveen le 9 mars 2017 lors d'une cérémonie très privée. Et alors que l'actrice a fait la Une des journaux suite à l'agression sexuelle qu'elle a subie, elle semble avoir trouvé la force d'avancer auprès de son amoureux. La date de leur mariage n'a pas encore été annoncée. Félicitations à eux !

La vedette de cinéma kannada Amulya s'est fiancée à Jagadish R. Chandra, fils de l'ancien politicien G.H. Ramachandra, le 7 mars dernier. L'actrice de 23 ans l'a

Nidhi Subbaiah, une autre star de l'industrie de Sandalwood, a quant à elle épousé Lavesh Khairajani le 25 février dernier.

L'actrice qui a également tourné à Bollywood des films comme Ajab Gazabb Love et Direct Ishq fréquentait son ingénieur de mari depuis un an et demi. Tous nos vœux de bonheur !

Kapil Sharma est amoureux !Le

18 mars dernier, il a présenté sur son compte Twitter Ginni, sa petite-amie de longue date. L'humoriste et comédien a d'ailleurs confirmé qu'il envisageait de l'épouser en 2018.

Sooraj Pancholi n'est plus un cœur à prendre ! L'acteur révélé en

2015 dans la romance Hero a confirmé qu'il était en couple et que sa compagne ne faisait pas partie de l'industrie hindi.

L'actrice et vedette de télé-réalité Mandana Karimi s'est unie à son chéri Gaurav Gupta lors d'une cérémonie civile en janvier dernier. Cette ancienne participante de la télé-réalité d'enfermement Bigg Boss a notamment joué dans les films Bhaag Johnny et Main Aur Charles.

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rencontré grâce à Shilpa, la femme de l'un de ses partenaires au cinéma Ganesh. Le mariage est prévu pour le 12 mai 2017.

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P H OTO G RA PH I E DE L A PU BL I CAT I O N D E L ISA H AY D O N A N N O NÇANT SA G R O SSESSE S U R I N STAG RAM ( @ L I SA H AY DON)

Carnet rose... Gurmeet Choudhary et son épouse Debina Bonnerjee seront bientôt parents ! Ils ont décidé d'accueillir dans leur famille Pooja et Lata, deux fillettes âgées respectivement de 6 et 9 ans. Le couple les inscrira dans une prestigieuse école à Patna. Félicitations aux futurs parents !

Lisa Haydon attend un heureux événement ! L'actrice de 30 ans a

annoncé sa grossesse en publiant un cliché de son joli bidon sur Instagram. La belle connue pour les films Aisha et Queen a épousé Dino Lalvani en octobre 2016 lors d'une cérémonie paradisiaque sur une plage.

L'acteur de télévision Karan Mehra et son épouse Nisha Rawal attendent leur premier enfant ! Le couple qui avait pris part

ensemble à la sixième saison du concours de danse Nach Baliye avait fait l'objet de rumeurs à ce sujet en octobre 2016, alors que le comédien participait à la télé-réalité Bigg Boss. En janvier dernier, Nisha a annoncé sa grossesse sur son compte Instagram, demandant au passage aux fans de respecter cette nouvelle phase de sa vie. Félicitations ! 010

L'acteur malayalam Dulquer Salmaan va devenir papa ! Il a

annoncé sur son compte Twitter que son épouse, Amal Sufiya, était enceinte de leur premier enfant. Si le sexe du bébé n'a pas encore été révélé, le comédien a déclaré que sa naissance était prévue entre mai et juin 2017. Félicitations à eux !

The end. Akhil Akkineni et Shriya Bhupal se séparent. L'acteur de 22 ans s'était

fiancé à sa petite-amie de 26 ans en décembre dernier en présence de leurs familles. Le mariage qui devait se tenir cette année a été annulé, comme cela a été annoncé en janvier. Les raisons de leur rupture ne sont pas connues. Akhil a tout juste lancé sa carrière au cinéma en 2015 avec le film télougou Akhil – The Power of Jua.


B

bolly&co awards 2016

Bolly&Co

AWA R D S 2 0 1 6 MOTS PAR E LODIE

Depuis trois ans consécutifs, l'équipe rédactionnelle de Bolly&Co tient à instaurer ses propres récompenses, à l'instar des Filmfare Awards, IIFA Awards et autres Screen Awards. Cette année encore, vous avez eu l'opportunité de voter pour vos œuvres et artistes préférés de l'année 2015.

Voici le palmarès des Bolly&Co Awards 2016...

011


Meilleur Film

61% 22% 7%

Bajrangi Bhaijaan Déesses Indiennes en Colère Dum Laga Ke Haisha

BAJRANGI BHAIJAAN Diffusé à travers la France lors de sa sortie grâce au soutien du Collectif Bollyciné, Bajrangi Bhaijaan a conquis vos cœurs, à tel point que vous le considérez comme le meilleur film de l'année 2015 ! Avec son histoire attachante, ses acteurs pointus et un bon équilibre entre comédie et réalisme, le film est d'une justesse assez incroyable.

012


53% Meilleur Réalisateur

22% 7%

Kabir Khan

pour Bajrangi Bhaijaan

Pan Nalin

pour Déesses Indiennes en Colère

Navdeep Singh pour NH10

KABIR KHAN La réalisation légère de Kabir Khan a permis à Bajrangi Bhaijaan de raconter une histoire visuellement saisissante. Le cinéaste a su amener un regard tendre à travers sa caméra, sans jamais se laisser aller à l'excès.

013


Meilleur Acteur

41%

Salman Khan

26%

Varun Dhawan

15%

pour Bajrangi Bhaijaan pour Badlapur

Nawazuddin Siddiqui

pour Manjhi - The Mountain Man

SALMAN KHAN Il y a bien longtemps que Salman Khan n'était pas parvenu à surprendre de cette façon. Avec Bajrangi Bhaijaan, il démontre qu'il est capable de jouer des rôles plus profonds, loin des hommes bourrus qu'il avait incarné ces dernières années.

014


35% Meilleure Actrice

Vidya Balan Roy Kapur pour Hamari Adhuri Kahani

29%

Anushka Sharma

20%

Kalki Koechlin

pour NH10

pour Margarita, With a Straw

V I D YA B A L A N R OY K A P U R Réputée pour ses films ambitieux, vous avez particulièrement apprécié de la voir dans un registre différent, mais surtout bouleversant. Dans la peau de Vasudha, Vidya Balan a simplement su vous émouvoir avec la juste dose d'émotion.

015


Meilleur Second Rôle Masculin

27%

Akshay Kumar pour Brothers

26%

Nawazuddin Siddiqui

19%

Nawazuddin Siddiqui

pour Bajrangi Bhaijaan pour Badlapur

A K S H AY K U M A R Avec Brothers, Akshay Kumar a marqué les esprits dans le rôle de David, ce père de famille prêt à se battre pour sauver sa fille. Il vous a clairement charmé, surpris, mais surtout ému. Même dans un rôle secondaire, il se démarque largement.

016


Meilleur Second Rôle Féminin

71% 18% 11%

Priyanka Chopra pour Bajirao Mastani

Amrit Maghera

pour Déesses Indiennes en Colère

Tabu

pour Drishyam

P R I YA N K A C H O P R A Elle a fait l'unanimité parmi vous avec le plus grand nombre de votes acquis ! Priyanka Chopra, en tant que Kashibai, vous a marqué. Forte dans son jeu d'actrice, elle a interprété ce rôle de première épouse trahie avec beaucoup de sensibilité.

017


Meilleur Espoir Masculin

35%

Vicky Kaushal

34%

Sooraj Pancholi

16%

pour Masaan pour Hero

Kapil Sharma

pour Kis Kisko Pyaar Karoon

VICKY KAUSHAL Masaan a fait son petit bout de chemin en France, vous permettant ainsi de découvrir Vicky Kaushal dans l'un de ses premiers rôles. Vous avez tout de suite soulevé son potentiel, voyant qu'il était déjà capable de beaucoup avec un seul film.

018


Meilleur Espoir Féminin

54% 22% 18%

Harshaali Malhotra pour Bajrangi Bhaijaan

Bhumi Pednekar

pour Dum Laga Ke Haisha

Anushka Manchanda

pour Déesses Indiennes en Colère

HARSHAALI MALHOTRA Tout premier film, tout premier rôle, et une justesse impressionnante. Sans dire un mot, Harshaali Malhotra a réussi à transmettre une palette variée d'émotions. La jeune actrice a clairement une belle carrière devant elle !

019


Meilleure Bande-Originale

41% 29% 17%

Sanjay Leela Bhansali pour Bajirao Mastani

Jeet Ganguly, Mithoon & Ami Mishra pour Hamari Adhuri Kahani

Pritam

pour Bajrangi Bhaijaan

S A N J AY L E E L A B H A N S A L I Le travail du réalisateur Sanjay Leela Bhansali sur la musique de ses films est toujours sérieux et poussé. Il ne fait pas les choses à moitié, puisant toujours ses références dans des sonorités cultes de son pays. Encore une fois, il remporte tous les suffrages.

020


47% Meilleur Chanteur

27% 17%

Ami Mishra

pour "Hasi" de Hamari Adhuri Kahani

Sukhwinder Singh

pour "Gallan Goodiyaan" de Dil Dhadakne Do

Arijit Singh

pour "Saware" de Phantom

AMI MISHRA C'est sa toute première participation à un film, sa toute première chanson et c'est surtout la plus belle révélation musicale de l'année ! Son interprétation de la chanson « Hasi » est une merveille qui vous a encouragé à nommer Ami Mishra comme le meilleur chanteur de l'année. 021


50% Meilleure Chanteuse

22% 14%

Shreya Ghoshal

pour "Deewani Mastani" de Bajirao Mastani

Palak Muchhal pour "Prem Ratan Dhan Payo" de Prem Ratan Dhan Payo

Anushka Manchanda

pour "Zindagi" de Déesses Indiennes en Colère

S H R E YA G H O S H A L La sublime voix de Shreya Ghoshal n'épargne personne. La chanteuse continue de démontrer sa puissance et son harmonie avec LE tube « Deewani Mastani » de l'album du film Bajirao Mastani, prêtant ainsi sa voix à Deepika Padukone dans une séquence musicale aussi douce qu'éblouissante.

022


Meilleur Duo

28% 26% 20%

Ranveer & Deepika pour Bajirao Mastani

Emraan & Vidya et Shahrukh & Kajol pour Hamari Adhuri Kahani et Dilwale

Salman & Harshaali pour Bajrangi Bhaijaan

RANVEER ET DEEPIKA Cette année, Ranveer Singh et Deepika Padukone ont prouvé qu'ils possédaient une alchimie palpable aussi bien à l'écran que dans la vie. Ils ne vous ont pas laissé indifférents et nous savons que vous attendez avec impatience leur prochaine collaboration !

023


Meilleure

Séquence Dansée

55% 22% 13%

"Pinga"

de Bajirao Mastani

"Gallan Goodiyaan" de Dil Dhadakne Do

"Gulaabo"

de Shaandaar

" P I N G A" Dans cette séquence, Priyanka Chopra et Deepika Padukone dansent ensemble sur une chorégraphie pointue ! Surtout, cette scène entre deux femmes vous a rendu nostalgiques en vous rappelant l'unique "Dola Re Dola" entre Aishwarya Rai Bachchan et Madhuri Dixit.

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Meilleur Film Dravidien

47% 28% 12%

La Légende de Baahubali - 1ère partie Premam I

LA LÉGENDE DE BAAHUBALI 1ÈRE PARTIE Ce film historique a créé le buzz lors de sa sortie mondiale. En plus d'être l'un des films les plus coûteux de l'Inde, il possède aussi une réalisation et un scénario travaillés dans les moindres détails. La suite sortira ce mois-ci en Inde et nous savons que vous êtes impatients !

025


Les Prix du Jury Vous avez fait vos choix, à nous de faire les nôtres ! Découvrez nos trois distinctions portant sur les films hindi de l'année 2015...

MEILLEUR FILM :

DÉESSES INDIENNES EN COLÈRE, DE PAN NALIN Parce que ce métrage nous a bouleversé et qu'il aurait mérité un écho beaucoup plus conséquent en Inde comme en France. Les prestations des 7 comédiennes sont saisissantes d'authenticité, à tel point qu'il est difficile de ne pas se projeter en elles. Si Amrit Maghera occupe une place particulière dans ce casting, ses partenaires ont également excellé dans cet exercice périlleux que leur a lancé Pan Nalin, jonglant avec la légèreté puis la noirceur de son récit. Une pépite immanquable de ce cinéma indien d'aujourd'hui, ni mielleux ni élitiste, porté pas ses actrices d'exception.

MEILLEUR ACTEUR :

EMRAAN HASHMI POUR HAMARI ADHURI KAHANI Il a définitivement fait oublier son image sulfureuse de 'serial kisser' avec ce rôle entier de tendre amoureux. Impossible de ne pas tomber sous son charme, lui qui donne vie comme jamais au personnage d'Araav. A son histoire. Aux sentiments sans limite qu'il éprouve pour Vasudha. Il n'était pas nommé. Pourtant, il nous a touché.

MEILLEURE ACTRICE :

KALKI KOECHLIN P O U R M A R G A R I TA , W I T H A S T R AW C'était notre précédente 'cover girl'. Mais si nous lui attribuons ce prix du jury, c'est parce que Kalki s'est dépassée dans un rôle particulièrement difficile. Jamais ridicule, elle incarne Laila avec une humanité désarmante. Probablement l'une des prestations les plus saisissantes de ces dernières années, Kalki Koechlin prouve avec ce film unique qu'elle n'a rien à envier aux actrices populaires de Bollywood.

026


Nos Mentions spéciales... Parce qu'il était important de faire entendre la voix de chacune des rédactrices, découvrez ce qui nous a marqué, individuellement, durant l'année 2015 à Bollywood...

M E N T I O N S P É C I A L E D 'A S M A E :

« ZINDAGI »

INTERPRÉTÉ PAR ANUSHKA MANCHANDA Parce que cette composition est encore dans mon esprit, plusieurs mois après la projection du métrage. Morceau phare du métrage de Pan Nalin, Déesses Indiennes en Colère, cette ballade à la guitare est magistralement portée par la voix d'Anushka Manchada, qui démontre à quel point son timbre est pur lorsqu'il n'est pas associé à des chansons 'pop' sans âme. « Zindagi » n'est pas un chartbuster. Mais c'est une mélodie qui restera, qui dépassera l'épreuve du temps tant elle est poignante.

MENTION SPÉCIALE D'ELODIE :

M A R G A R I TA W I T H A S T R AW RÉALISÉ PAR SHONALI BOSE

C'est tellement beau quand le cinéma parvient à traiter de sujets inédits jusqu'ici et avec une subtilité et une tendresse rare. Margarita With A Straw est complètement passé inaperçu dans les cinémas, que ce soit en Inde où il a été boudé, ou à l'étranger où il n'est apparu qu'à travers quelques festivals. Pourtant, Margarita With A Straw possède un message fort, un univers propre et une image réaliste du monde qui est le nôtre aujourd'hui. C'est aussi la preuve ultime que le cinéma indien n'est pas que paillettes, gros muscles et chansons de dix minutes. C'est un film vrai, tout simplement.

M E N T I O N S P É C I A L E D E FAT I M A Z A H R A :

RAJKUMMAR RAO

D A N S L A P E A U D U M A R I A B U S I F. Depuis ses premiers pas à Bollywood, Rajkummar Rao a su s'imposer comme un jeune acteur plein de talent et qui n'hésite jamais à prendre des risques. En 2015, après avoir délivré des performances inoubliable dans des métrages tels que Citylights et Shahid, il s'essaye à un rôle défiant les normes une nouvelle fois avec le film Hamari Adhuri Kahani. Avec son talent, il arrive à donner des nuances parfaites à Hari, au point d'arriver à faire douter le spectateur sur l'aversion qu'il peut ressentir pour cet homme. Est-il naturellement horrible et mériterait-il qu'on le haïsse inconsidérément ? Ou est-il, comme Vasudha, le fruit amer d'une éducation particulière au sein d'une société aussi bornée ?

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R revue de presse

Huma Qureshi Elle continue de repousser les limites avec ces choix de rôles difficiles dans des films indépendants, même si elle connait le succès dans des métrages plus commerciaux. Huma Qureshi, en conversation avec Zaral Shah, partage ses souvenirs à propos de son enfance, et exprime ce qui la rend spéciale.

V E RV E PAL L ADIUM ( SUP P L É ME NT DU NUMÉR O DE VERVE, MAR S 2 017, PO U R L E CE NTRE COMME RC IAL PAL L ADIUM À MUMBAI) TRADUIT PAR ELO DIE. PH OTO G RAP HIÉ E PAR ISHAAN NAIR, HABILLÉE PAR SH W ETA NAVANDAR , M AQ UIL L É E PAR AJAY VIS HWAS RAO E T CO IF F ÉE PAR AMIT TH AKUR .

028




"Les deux rôles chers à mon cœur sont Gangs Of Wasseypur (GOW) et Badlapur. GOW était mon premier film et

reste spécial pour moi. J'aime Badlapur parce qu'il m'a donné l'occasion de jouer un rôle très difficile. Quand on m'a proposé le film, je ne me pensais pas capable d'être à la hauteur pour tenir un tel personnage, mais je l'ai accepté pour Sriram (Raghavan, le réalisateur). C'est quelqu'un que je respecte beaucoup en tant que cinéaste."

"Je ne veux pas signer tout ce qui me tombe dessus. Je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'être partout. Je ne veux travailler qu'avec des gens que j'apprécie et je veux tourner dans un environnement qui me rend heureuse. On ne peut pas nier que les rôles changent aujourd'hui. Il y a des personnages plus évolués et nuancés pour les femmes. Je ne pense pas que les actrices veuillent incarner des femmes qui ne sont qu'à moitié réfléchies."

"Quand j'étais jeune, je savais ce que je ne voulais pas faire. Être actrice ne faisait pas partie de mes plans, mais je savais que je ne voulais pas faire quelque chose d'ennuyeux. A ce moment-là, je procédais par élimination. Au fur et à mesure que je supprimais des éléments de ma liste d'orientations éventuelles, j'ai fini par décider de devenir actrice. Je suis arrivée à Mumbai simplement à cause de cette liste."

"Je pense que chacun devrait être soi-même. Que ce soit bien ou non, seul

le temps nous le dira. Mais le plus souvent, c'est un moyen de réussir. Si vous avez du succès, vous faites les bonnes choses. Sinon, vous faites les mauvaises. Mais au-delà du succès et de l'échec, on devrait tous chercher l'excellence, que ce soit en tant que personne ou en tant qu'artiste. Il n'y a pas de formule magique pour exprimer son individualité, c'est

quelque chose qui se produit en cours de route."

"Mon premier souvenir de cinéma était à celui de Paras, près de ma maison à Delhi. Je me souviens de films

qui ont eu un énorme impact sur moi. Jurassic Park m'a fait faire des cauchemars. Je pense que le cinéma a le pouvoir de nous toucher d'une manière qu'aucun autre support ne peut parvenir à imiter. Quand Saqib (Saleem, son frère) et moi étions en train de grandir, c'était l'époque de la télévision. Nous avons regardé beaucoup de films américains. Nos films préférés sont L'Excellente Aventure de Bill et Ted et Les Folles Aventures de Bill et Ted. Ils racontaient l'histoire de deux lycéens qui voyagent dans le temps grâce à une cabine téléphonique et à chaque fois que ça passait à la télé, on arrêtait tout pour regarder."

"Le meilleur conseil mode que j'ai reçu, c'est d'être moi-même. Je sais

que ça sonne assez cliché, mais la vérité c'est que j'ai toujours l'impression qu'à force d'essayer d'être stylée, je finis par ressembler à tout le monde. L'idée, c'est d'essayer et de ne pas rentrer dans un moule. Faire son truc et ne pas avoir peur de se mettre en avant"

"Mon prochain projet est un film anglais du nom de Viceroy's House.

Réalisé par Gurinder Chadha, il se passe durant la partition, pendant les derniers mois avant que l'Inde ne soit indépendante. Le dernier Vice-roi est venu en Inde et c'est l'histoire d'amour entre une traductrice musulmane (le rôle de Huma) et un valet hindou, tous deux travaillant pour Lord Mountbatten, là où toutes les grandes décisions concernant le futur de l'Inde allaient être prises. Le casting est impressionnant, avec Hugh Bonneville, Manish Dayal et Om Puri – qui jouait le rôle de mon père. Notre avant-première a eu lieu lors de la 67ème Berlinale." ■ 031


fan tas tiki ndi a P R E M I E R P O R TA I L W E B FRANCOPHONE SUR LE CINÉMA INDIEN Fantastikindia est une association portée par la passion de ses membres, dont l'objectif est la promotion du cinéma indien sous toutes ses formes et dans toute sa variété du Nord au Sud.

www.fantastikindia.fr


N new face

Vicky Kaushal MOTS PAR ASMAE

« Vi c ky, ha a a a a a a a a a a a a !!!! » « Vickyyyyyyy, we loved you in Masaan ! » C'est ainsi qu'Elodie et moi avons réagi lorsque Vicky Kaushal est arrivé sur le 'green carpet' des IIFA Awards 2016, auxquels nous assistions à Madrid en juin dernier, telles deux groupies hystériques... Inutile donc de préciser que nous sommes littéralement folles de l'acteur, chez Bolly&Co. Du coup, ce n'est pas étonnant de le retrouver dans les pages de cette parution. D'autant que l'artiste a un parcours des plus atypiques ainsi qu'une sensibilité profonde pour les rôles écorchés.

Voici donc le portrait de l'un des visages les plus prometteurs du cinéma hindi contemporain, à la fois petit protégé d'Anurag Kashyap et fan absolu de Hrithik Roshan...

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PHOTOGRAPH E I N CO N N U, I MAG E T ROUV É E S U R W W W.C INESTAAN.COM


Vicky Kaushal, c'est le fils du chorégraphe martial reconnu Sham Kaushal, qui a dirigé les séquences d'action de films comme Bajirao Mastani, Gunday, Krrish et Gangs of Wasseypur, pour lesquels il recevra à chaque fois un Filmfare Award. Sham est un habitué des plateaux de tournage et a collaboré avec les plus grandes vedettes de Bollywood, de Salman Khan (Bajrangi Bhaijaan) à Aamir Khan (Dhoom 3), en passant par Aishwarya Rai Bachchan (Raavan, Raavanan, Devdas) et Shahrukh Khan (Jab Tak Hai Jaan, Om Shanti Om, Don). « Mon père organisait ses rendez-vous à l'heure du petit-déjeuner. Des réalisateurs comme Rakesh Roshan et Prakash Jha m'ont donc vu courir dans la maison quand j'étais enfant. »

Il a 10 ans lorsqu'il est enfin autorisé à assister à un tournage. Ce sera celui de Fiza, avec Hrithik Roshan. Vicky en est fan et s'amuse régulièrement à danser sur les plus grands tubes de l'acteur. Pourtant, l'enfant ne trouve rien de fascinant à regarder des prises qui se répètent, et demandera à rentrer à la maison pour jouer au cricket. « Les plateaux de tournage, c'était le lieu de travail de mon père. Nous n'avions jamais de conversation autour des films lorsque nous étions à table. Il n'y avait rien qui sorte de l'ordinaire. » Car Sham n'a nullement l'intention de pistonner son rejeton pour qu'il fasse du cinéma. Vicky fera des études pour devenir ingénieur, comme tout le monde... Un projet auquel le jeune se tient, puisqu'il intégrera le Rajiv Gandhi Institute of Technology, à Mumbaï. Lors d'une journée de découverte au sein d'une entreprise, l'étudiant réalise qu'il ne se projette pas dans cette voie. « J'ai vu ces hommes assis derrière des écrans d'ordinateurs pendant des heures. Ce n'était pas pour moi. Mais je suis allé au bout de mon cursus. Je n'avais pas d'autre projet ou d'autre option. » Il sort d'école en 2009, après avoir participé activement au club de théâtre de son établissement.

Mais Vicky se laisse le temps de réfléchir à son devenir avant d'envisager une carrière professionnelle au cinéma. Il décide ensuite de faire l'expérience de ce qui se passe derrière la caméra. « Je n'ai pas demandé à mon père de me mettre en contact avec les gens de l'industrie. Je voulais me faire seul, comme lui. Je me suis présenté au bureau de Phantom (la bannière de production d'Anurag Kashyap, ndlr) à Andheri pour rencontrer Anurag et, plusieurs mois plus tard, Gangs of Wasseypur est venu à moi. » Alors qu'il devient assistant sur ce film dont le tournage débute en 2010, l'aspirant acteur s'implique dans plusieurs troupes de théâtre, notamment celle de Naseeruddin Shah. « Je tenais quelques rôles au théâtre et parfois, je ne faisais que présenter la pièce. Mais je m'amusais. Dans le même temps, je me rendais à diverses auditions. J'arrivais généralement au bout des phases de sélection, pour finalement ne pas être choisi. Cela a duré des mois, bien avant que Zubaan et Masaan arrivent. » Il participera au Festival de Cannes en 2012 pour présenter le métrage en compagnie de l'équipe du film dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. La même année, il joue pour la première fois au cinéma avec la comédie Luv Shuv Tey Chicken Khurrana, dans laquelle il incarne le personnage campé par Kunal Kapoor dans sa jeunesse. Il continue de jouer au théâtre et de s'investir dans la troupe Motley de Naseeruddin Shah mais aussi dans celle de Manav Kaul, Aranya. L'année suivante, on le retrouve dans Geek Out, un court-métrage dirigé par Vasan Bala qui s'inspire de l'univers de la bandedessinée. Il y campe un homme introverti à l'extrême qui s'imagine en super-héros redoutable. Le double-sens du film > 035


émerge grâce à la prestation de son acteur principal, donnant à voir le potentiel de Vicky. Ce projet lui permet surtout de signer son premier grand rôle au cinéma : Zubaan. « C'est en fait le premier film que j'ai signé, bien avant Masaan. En 2013, un casting a été organisé pour ce film et manifestement, plus de 250 acteurs ont été auditionnés, sans succès. Monsieur Vasan Bala [...] a montré son court-métrage au réalisateur de Zubaan. » De fait, Vicky sera passé au crible par l'équipe de l'œuvre et ne décrochera le rôle qu'après de multiples étapes d'audition.

Et si Zubaan mettra du temps à sortir en salles, d'autres opportunités se présentant à lui dans l'intervalle... Anurag Kashyap lui offre d'abord un petit rôle dans sa réalisation Bombay Velvet, sortie en 2015 avec Ranbir Kapoor, Anushka Sharma et Karan Johar dans les rôles principaux. Il faut dire que le cinéaste l'a vu grandir, puisque le père de Vicky a été l'un de ses grands soutiens dans la fabrication de Black Friday, un métrage encensé qui a bien failli ne jamais voir le jour. Bombay Velvet est probablement la production la plus ambitieuse du cinéaste, ainsi que la plus onéreuse. Mais elle fera un bide monumental.

Pour autant, Anurag ne le lâche pas et croit dur comme fer en son poulain. Lorsque Neeraj Ghaywan, l'un de ses assistants, décide de travailler sur sa première réalisation, il est sceptique à l'idée d'y associer Vicky. « Vicky et moi venons de loin. Nous avons tous deux débuté en tant qu'assistants sur Gangs of Wasseypur. C'était notre premier travail. Pour ce film, j'imaginais autre chose car je voulais Rajkummar Rao 036

pour le rôle. » Finalement, il sera bien le héros de Masaan, co-produit entre l'Inde et la France. Le métrage sera projeté au Festival de Cannes, où il remportera de nombreuses distinctions, dont le prix FIPRESCI et une mention spéciale pour la section Un Certain Regard. Vicky fait ainsi sa seconde apparition lors de l'événement trois ans après l'accueil dithyrambique de Gangs of Wasseypur. Sauf que cette fois, il est en première ligne pour défendre ce métrage qui mise sur son potentiel, avec également Sanjay Mishra, Richa Chadha et Shweta Tripathi.

Dans la peau d'un jeune homme de basse caste originaire de Bénarès qui s'éprend d'une jeune femme de rang plus élevé, Vicky est désarmant de sincérité et est considéré comme la révélation de l'an. Sacré Meilleur Espoir Masculin lors des cérémonies des Zee Cine Awards, Screen Awards et IIFA Awards, il sera étrangement boudé par les Filmfare Awards, qui lui préféreront Sooraj Pancholi pour sa prestation dans le plus convenu Hero. Mais qu'importe, puisque Vicky est parvenu à bouleverser les cinéphiles à travers le monde en un seul film. Un coup de maître ! D'autant que ce succès d'estime incontesté permet au projet Zubaan d'être finalement distribué en début d'année 2016. Pour ce film, Vicky incarne un punjabi bègue qui, à travers la musique, va retrouver sa voix mais surtout sa voie. Ce drame musical traite du pouvoir de la musique comme une véritable thérapie, et si le retour de la critique est plus timide, Zubaan vient corroborer les espérances autour du comédien. >


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V IC K Y K AU S H A L DA N S L E F I L M PSYC H O RA M A N ( 2 0 1 6 )


Concernant l'échec commercial du film, Vicky est clair : « Chaque film a sa propre destinée. Je n'analyse pas vraiment le succès ou l'échec d'un film à ce stade de ma carrière, je viens seulement de commencer. Jouer la comédie est un art qui se travaille et en tant qu'interprète, je dois mettre mon cœur et mon âme dans mon jeu. Pour le reste, je crois au destin. »

Il est ensuite dirigé par Anurag Kashyap lui-même dans Psycho Raman, sorti en Inde sous le titre Raman Raghav 2.0. Pour cette œuvre, Vicky incarne un officier de police accro' à la drogue et opère un véritable virage, loin des personnages à fleur de peau auxquels il est habitué. Lui qui ne consomme même pas d'alcool, il explique s'être enfermé pendant 5 jours dans une pièce sans électricité et sans téléphone, pour appréhender le sentiment de manque et de frustration. « J'ai fait tout cela pour titiller mon côté obscur. Pour me maintenir dans cet état d'esprit, je ne parlais à personne sur le tournage. Seul Anurag était autorisé à me parler pour m'informer quand je devais me préparer. C'était le seul moyen pour moi de rester dans mon personnage. »

La prestation de Vicky est saisissante, l'acteur parvenant sans aucune difficulté à tenir tête à l'autre vedette du métrage : l'excellent Nawazuddin Siddiqui. Psycho Raman sera projeté dans le cadre du Festival du Film d'Asie du Sud de Paris en octobre 2016, auquel l'équipe Bolly&Co sera associée. Plus tard, il participe avec l'acteur marathi Nandu Madhav à un court-métrage promotionnel pour Google intitulé The Hero – A Bollywood Story, constituant un conte sur

l'amour père-fils et sur les aspirations brisées d'un homme par la société.

Fin 2016, il figure dans la vidéo parodique de la troupe d'humoristes de All India Bakchod intitulée 'Harassment Through The Ages' (traduisible par 'Harcèlement à travers les âges'). Ce clip est réalisé par l'un de ses membres, Tanmay Bhat, qui a connu Vicky sur les bancs de l'école. Avec l'actrice Richa Chadha et l'humoriste Mallika Dua, le comédien vient dénoncer la normalisation du harcèlement sexuel dans le cinéma indien populaire, en particulier à travers ses séquences musicales. Un exercice dans lequel le comédien prend un véritable plaisir puisqu'il singera notamment Aamir Khan, Shahid Kapoor et Varun Dhawan. « Jusque-là, je n'ai fait que des films dans lesquels je pleure, dans lesquels il y a des drames intenses avec des enjeux de vie et de mort... C'est la première fois que je danse, et je suis très enthousiaste ! » S'il se moque également des chansons de Govinda dans cette vidéo, Vicky en est pourtant fan : « Je l'adore. C'est une vraie bête de scène. »

On le retrouvera d'abord dans Love Per Square Foot, une production de Ronnie Screwvala. Il s'agira d'un registre inédit pour l'acteur puisque le projet sera une comédie romantique, dans laquelle il donnera la réplique à Angira Dhar, révélée par la web-série Bang Baaja Baaraat. D'ailleurs, le métrage sera dirigé par Anand Tiwari, réalisateur du programme précité. Il jouera ensuite le meilleur ami de Sanjay Dutt dans son biopic, avec Ranbir Kapoor dans le rôle titre. > 039


Vicky Kaushal ne court pas après les blockbusters. Il est d'abord en quête de rôles qui le stimuleront et qui l'amèneront à se diversifier. Conscient de son statut d'outsider, Vicky sait que sa pérennité dans l'industrie dépendra de son implication et de sa prise de risque : « Les films me choisissent et non l'inverse. Ce n'est pas comme si qui que ce soit écrivait un scénario pour moi. J'aimerais pouvoir me lancer dans tous les films qui viendront à moi, si je trouve l'histoire intéressante et stimulante. » S'il aime le Bollywood populaire auquel son père a contribué, il veut d'abord mettre du sens dans ses projets. Générer du profit n'est pas sa priorité : « Bien entendu, je veux travailler avec des bannières comme Yash Raj Films et Dharma Productions, mais je ne veux pas être étiqueté comme un acteur lucratif. Je suis là pour divertir autant de gens que possible. » L'acteur raconte une anecdote qui l'a particulièrement marqué. A l'âge de 10 ans, il se fait frapper violemment par d'autres enfants. Il ira se réfugier auprès de son père pour qu'il puisse « leur donner une leçon » selon ses propres termes. La réponse de son père lui restera longtemps en mémoire : « Papa m'a dit qu'il serait toujours de mon côté mais que j'allais devoir apprendre à mener mes combats seul. »

C'est ainsi que le jeune homme de 28 ans mène sa barque depuis ses débuts, considérant d'ailleurs que rien n'est acquis malgré les éloges des médias et du public. « Je traite chaque film comme mon premier. Personne ne me connaissait ou n'attendait quoique ce soit de moi. Masaan fait désormais partie de mon passé. La seule chose qui compte, c'est la démarche d'incarner un personnage pour ensuite être en mesure de l'abandonner quand le tournage est terminé. Je ne dois pas m'y attacher. »

Une rumeur circulait en octobre 2016 selon laquelle Deepika Padukone avait refusé que Vicky campe son mari dans Padmavati, au prétexte qu'il n'était pas assez populaire. Le rôle en question sera finalement attribué à Shahid Kapoor, dont la réputation n'est plus à faire. Si cette information est vraie, il ne fait aucun doute que Vicky Kaushal prouvera à Deepika, mais surtout au système effroyablement clanique de l'industrie de Bollywood que son talent le mènera loin. Chez Bolly&Co, nous ne doutons nullement de sa capacité à rassembler sans jamais se détourner de projets frais et novateurs.

Vicky Kaushal n'est pas seulement le nouveau visage de notre rubrique, mais il est celui du cinéma hindi d'aujourd'hui, intelligible et émouvant... ■ 040


C critique

MASAAN M OT S PA R AS M A E

Masaan, c'est une histoire d'honneur et de différence de castes... Rien de plus classique puisque des films cultes comme La Famille Indienne, Dilwale Dulhania Le Jayenge ou encore Devdas en parlent en utilisant le sempiternel schéma de l'amour impossible entre deux êtres issus de castes ou de classes sociales différentes. Masaan prend racine sur ces archétypes pourtant véraces de la société indienne pour restituer les destins de deux indiens aux esprits modernes vivant dans la ville sainte de Bénarès, aux mentalités particulièrement archaïques...

Devi (Richa Chadha) est surprise par la police en pleins ébats avec son petit-ami qui, incapable de faire face au regard des gens et à la honte, se suicide. Menacée par un policier véreux de voir la vidéo de son rapport mise en ligne, elle doit lui remettre une somme d'argent colossale pour acheter son silence. Deepak (Vicky Kaushal) est issu d'une caste basse, sa famille est effectivement chargée de brûler les corps sur le bûcher funéraire aux abords du Gange. Il s'éprend de Shaalu (Shweta Tripathi), une étudiante venant d'un rang largement supérieur au sien... > 041


Le film s'attache à dégager le contraste entre une jeunesse en pleine mutation, de la libération sexuelle au pouvoir des réseaux sociaux, et une société indienne prisonnière de ses présupposés et de son archaïsme. Pour autant, Masaan reste impartial dans sa façon d'aborder les choses, avec le souci de restituer un tableau qui soit le plus réaliste possible.

Le métrage propose une galerie de personnages qui représentent chacun une facette de la société indienne. Deepak incarne une jeunesse idéaliste, qui ose rêver à d'autres possibles malgré sa condition. Devi est l'image de ces indiens désillusionnés et étouffés par un environnement qui les limite. A travers son père Vidyadhar, on découvre ces êtres pris entre le marteau et l'enclume, qui doivent choisir entre honte et corruption, qui cèdent au chantage pour ce qui apparaît comme la sauvegarde de leur dignité. Jhonta, l'orphelin qui lui sert de factotum, est de ceux qui ne laissent pas leur caste les définir.

L'écriture de Varun Grover ne se laisse pas aller à une compassion indélicate et embarrassante et traite ses protagonistes avec beaucoup de justesse et d'humanité. A ce titre, c'est Devi qui marque les esprits. En effet, si elle s'en veut des conséquences de son acte, elle n'a jamais honte de ce qu'elle a fait. Elle ne laisse pas une société aussi hypocrite qu'incohérente lui dicter sa conduite et reste digne face aux accusations dont elle fait l'objet. Devi n'est jamais victimisée tout comme elle ne court pas 042

après un présumé honneur qui ne sert que de façade pour donner aux autorités le pouvoir de lui extorquer de l'argent. Devi vient personnifier ces femmes en pleine découverte de leur sexualité, qu'elles refusent de dissimuler sous un conservatisme feint. Richa Chadha est renversante et livre une prestation maîtrisée, l'actrice exprimant les tourments de Devi rien qu'avec sa posture et ses silences. Sanjay Mishra est Vidyadhar, le père de Devi. En opposition directe avec sa fille, il est totalement réceptif au climat asphyxiant qui l'entoure et le subit. Appartenant à une génération antérieure, il a baigné dans la croyance selon laquelle la réputation d'une fille est intimement liée à sa virginité et craint pour sa réputation à la perspective que les autres puissent apprendre que Devi s'est livrée à l'acte sexuel. Les autres...

Vidyadhar fait partie de ces gens qui passent toute une vie à construire une image pour ces 'autres' plutôt qu'à son propre profit. Ancien professeur, sa respectabilité et le regard que portera son entourage sur lui comptent beaucoup plus que la situation de sa fille. Il ne prend pas le temps de s'attarder sur le traumatisme qu'elle vient de vivre, de voir son intimité ainsi violée par les autorités pour ensuite perdre l'homme qu'elle aimait dans de tragiques circonstances. Sanjay Mishra campe ce père vulnérable avec génie. Sa douleur est palpable, Vidyadhar respirant la peur dans chacun de ses mots, dans chacun de ses souffles. Une fois de plus, la mise en scène ne le diabolise pas et ne porte aucun jugement de valeur sur ses partis pris. Au contraire, elle cherche à comprendre comment pensent ces pères de famille qui ont été éduqués avec une


vision alambiquée de la place de la femme et de l'honneur qu'elle porterait injustement sur ses épaules.

Le soleil de Masaan et son personnage le plus porteur d'espoir, c'est Deepak. Il met en évidence la capacité de chacun à évoluer malgré son origine prolétaire. Car Deepak n'est pas condamné par sa caste, puisqu'il s'autorise à avoir des ambitions et des rêves d'ascension. Il étudie pour devenir ingénieur et est soutenu dans ce sens par sa famille. On est loin de la complainte de certains drames néo-réalistes qui prônent un déterminisme inaltérable. Au contraire, Deepak montre que malgré ses carences, la société indienne donne aussi sa chance à ceux qui viennent d'en bas de s'élever pour devenir meilleurs. Vicky Kaushal fait honneur à ce rôle vif et particulièrement attachant. L'acteur est solaire dans son entièreté. Sa joie d'être, de vivre et d'aimer est contagieuse. Lorsqu'il s'effondre, il nous emporte dans ses torrents de larmes. Vicky est exceptionnel de sincérité et constitue incontestablement la révélation de ce métrage.

Mais le héros de Masaan, c'est Bénarès. Le travail de photographie d'Avinash Arun Dhaware est remarquable, ne cédant jamais à un exotisme aseptisé et manquant cruellement de vérité. Au contraire, il est parvenu à s'imprégner de la dimension mystique de cette cité datant de plus 5000 ans pour l'intégrer brillamment au récit dans l'une des scènes les plus poignantes de l'œuvre. Neeraj Ghaywan a su capter avec précision Bénarès dans sa complexité, sa beauté comme sa brutalité. La construction binaire de sa narration donne à Masaan sa

dimension aussi consistante qu'enlevée. Le récit respire tout en possédant de la matière et de l'épaisseur. Si la fin est un peu facile, elle a le mérite de s'inscrire dans la continuité du discours du réalisateur et d'être en adéquation avec l'intention du film, en quête d'optimisme dans un contexte réel. Le public indien peut reprocher à ces coproductions avec l'Occident un goût pour le misérabilisme, avec cette tendance à montrer une Inde arriérée aux us antédiluviens. En effet, Masaan dépeint une société coercitive et même régressive. Mais plus encore, il met en exergue les espoirs de sa jeunesse qui s'insurge contre l'ordre établi et refuse d'être spectatrice de sa destinée.

En conclusion Masaan vient prouver que le cinéma indien n'est pas bifide, avec d'un côté les divertissements à gros budgets et de l'autre les œuvres d'art et d'essai élitistes. Le rythme de Masaan est soutenu, son histoire comporte nombre des ingrédients des films de Bollywood traditionnels, entre histoire d'amour contrariée et chansons oniriques (magistralement composées par le groupe Indian Ocean). Pour autant, son propos est à la fois juste et bienveillant, parfaitement calé par son réalisateur, qui nous offre un petit bijou dès son premier essai derrière la caméra. Neeraj Ghaywan livre une œuvre aussi forte qu'efficace, aussi intelligible que fédératrice. Le reflet de la société indienne y est certes sombre, mais jamais fataliste. ■ 043


AFFIC HE DU FIL M MOM AVEC SR IDEVI

movie talkies MOTS PAR FATIMA ZAH RA

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Anurag Kashyap termine le tournage de Mukkebaaz Après avoir dirigé Nawazuddin Siddiqui dans l'intense Psycho Raman l'an dernier, Anurag Kashyap revient cette année avec un nouveau film dont le tournage est déjà complété. Intitulé Mukkebaaz, le métrage compte à son casting Vineeth Kumar dans le rôle principal ainsi que le talentueux Jimmy Sheirgill en antagoniste. Tourné dans la ville de Bareilly, l'histoire portera selon les rumeurs sur la vie d'un boxeur. Anurag pense pouvoir sortir son film en été. Mis à part cela, il sortait récemment sa production Trapped avec Rajkummar Rao et financera prochainement Bhavesh Joshi avec Harshvardhan Kapoor.

Kiran Rao reprendra bientôt la casquette de réalisatrice ? Depuis 2011 avec Dhobi Ghat, la productrice et réalisatrice Kiran Rao n'a plus dirigé aucun film, se contentant de rester active dans l'industrie en produisant d'autres métrages. Récemment, l'épouse d'Aamir Khan a fait part de son envie de réaliser un biopic sur la vie de la chanteuse classique Gauhar Jaan, pionnière de la musique indienne classique dans les années 1900. « Cela fait quelques années maintenant que je pense à faire un film sur la vie de Gauhar Jaan. J'essaie d'écrire le script également. Je trouve que sa vie est tellement intéressante et peu de gens la connaissent. J'estime qu'une oeuvre sur elle serait un cadeau pour l'audience. » Reste à voir si le projet se concrétisera.

A.R Rahman revient à Bollywood avec Mom Dû à ses divers projets hollywoodiens et dans les industries du sud, le compositeur A.R. Rahman a manqué de temps pour s'occuper de projets en langue hindi et se limite à une ou deux bandes-originales par an. Ceci étant, le compositeur a rejoint l'équipe du métrage Mom, grand retour de Sridevi sur les écrans après le succès d'English Vinglish, en tant que directeur musical. Produit par Boney Kapoor, le film compte également à son casting Nawazuddin Siddiqui mais aussi Akshaye Khanna, qui s'était éclipsé de la scène Bollywood pendant un moment. Le film est prévu pour le mois de juillet de cette année.

Diljit Dosanjh partagera-t-il l'écran avec Anushka Sharma une seconde fois ? Avec une fructueuse carrière dans le cinéma punjabi et déjà deux films à Bollywood, Diljit Dosanjh est devenu rapidement le chouchou des producteurs depuis la sortie d'Udta Punjab en 2016. Après Phillauri, sorti récemment en compagnie d'Anushka Sharma, il semblerait que l'acteur soit prêt à rejoindre l'actrice pour son prochain film nommé Kaneda. Réalisé par Navdeep Singh que Diljit a déjà rencontré pour une lecture du script, le film comptera aussi à sa distribution Arjun Kapoor dans le rôle principal masculin. A côté de ses projets en hindi, Diljit se prépare également à débuter le tournage de son métrage punjabi Super Singh, produit par Ekta Kapoor. 045


Sushant Singh Rajput se prépare pour Romeo Akbar Walter Pour son film à venir intitulé Romeo Akbar Walter, le jeune Sushant Singh Rajput interprétera le rôle d'un agent du R.A.W (Research and Analysis Wing, en anglais) et devrait passer du temps avec un véritable agent de ce bureau indien d'intelligence. « Sushant était mon premier et unique choix pour ce rôle. Il est impliqué et son investissement est très important pour ce film. Il est décidé à tout faire pour le rôle d'autant plus que sa valeur est indéniable depuis qu'il a campé Dhoni au cinéma. », déclare le réalisateur Robby Garewal. Après avoir réalisé Aloo Chaat en 2009, Robby fait un retour inattendu au cinéma indien avec ce film d'espionnage à gros budget. « J'ai dirigé plusieurs publicités. Je n'avais aucune raison de faire un long-métrage depuis mes trois précédents, Samay, Mera Pehla Pehla Pyaar et Aloo Chaat. Je voulais revenir quand j'aurais une véritable histoire à raconter », ajoute-t-il.

Le duo Lara Dutta-Vinay Pathak de retour. Après le succès inattendu de Chalo Dilli en 2010, l'actrice et productrice Lara Dutta serait prête à retrouver Vinay Pathak sous sa propre bannière de production, pour offrir au public un film du même calibre que leur précédente collaboration. Réalisé par Sushil Rajpal, détenteur d'un National Award, le métrage qui ne porte pas de titre pour le moment serait basé sur l'histoire d'une femme indienne vivant à l'étranger, décidant de parcourir l'Inde à la recherche du donneur de sperme anonyme qui aurait engendré son enfant. En parlant du film, Lara dévoile, « Nous attendions de trouver une histoire avec le 046

le même humour et la même connexion émotionnelle que Chalo Dilli. Nous l'avons enfin trouvé. Vinay est un merveilleux acteur et il me tarde de travailler avec lui de nouveau. » Si tout se passe bien, le tournage devrait débuter en juin de cette année.

Abhishek Bachchan sera à l'affiche du prochain film de Nishikant Kamat Nishikant Kamat, réalisateur de films tels que Mumbai Meri Jaan, Drishyam et Madaari, prépare son nouveau métrage. Bien que le titre n'ait pas encore été précisé, il semblerait que le projet constitue un thriller dramatique avec l'acteur Abhishek Bachchan dans le rôle principal. Une source proche du projet dévoile : « Abhishek a adoré l'idée car il n'a jamais joué dans un thriller de ce genre par le passé. Le tournage devrait débuter en mai cette année et avec un peu de chance, il sera prêt pour une sortie en hiver. » A part cela, il a également été dit qu'Abhishek ainsi que son épouse Aishwarya figuraient sur la liste des potentiels candidats pour décrocher les rôles principaux d'un des prochains métrages d'Anurag Kashyap, Gulab Jamun. En attendant, Junior Bachchan fera plaisir à ses fans avec le troisième volet de la franchise Hera Pheri.

Le casting de Baazaar est finalisé. Alors que son prochain film Lucknow Central, avec Farhan Akhtar, est en plein tournage, il semblerait que Nikhil Advani ait déjà finalisé le casting de son métrage suivant. Intitulé Baazaar, le nom de Saif Ali Khan a été le premier à y être associé depuis de nombreuses semaines. Si les rumeurs se confirment, les actrices Nimrat Kaur et


Fatima Sana Sheikh boucleraient la liste des participants au projet. Baazaar est un thriller où le personnage de Nimrat serait le 'love interest' de celui de Saif, tandis que Sana tenterait de séduire un personnage tenu par Rohan Mehra, fils de Vinod Mehra, qui ferait ses débuts à Bollywood avec ce projet. En attendant, la bannière Emmay Productions a récemment annoncé que le casting officiel de Baazaar serait dévoilé très bientôt.

A F F I CH E D U FIL M ROMEO AK BAR WALTE R AV EC S USHANT S ING H RAJP UT

Sorties Bollywood à venir Avril-Juillet 14 AVRIL Begum Jaan avec Vidya Balan, Gauhar Khan, Chukey Pandey, Pallavi Sharda 21 AVRIL Noor avec Sonakshi Sinha, Kanan Gill, Purab Kohli, Shibani Dandekar Maatr avec Raveena Tandon, Divya Jagdale, Madhur Mittal 12 MAI Meri Pyaari Bindu avec Parineeti Chopra, Ayushmann Khurrana, Monica Dogra 19 MAI Half Girlfriend avec Shraddha Kapoor, Arjun Kapoor, Rhea Chakraborty, Vikrant Massey 7 JUILLET Munna Michael avec Tiger Shroff, Nawazuddin Siddiqui, Niddhi Agerwal, Sana Saeed 14 JUILLET Haseena : The Queen of Mumbai avec Shraddha Kapoor, Siddhanth Kapoor, Sharman Joshi Mom avec Sridevi, Akshaye Khanna, Sajal Ali, Nawazuddin Siddiqui 047


D découverte

A la découverte de...

Sargun Mehta, actrice M OT S PA R AS M A E , PHOTOG RAP HIES PAR DANNY AL AGH .

L'Inde ne se résume pas à Bollywood... Tel est notre leitmotiv depuis le lancement du e-magazine Bolly&Co, en 2010. C'est ainsi que nous y parlons également de littérature, de mode tout en mettant en avant les cinémas dravidiens à travers notre Rubrique Sud. Mais l'Inde est si riche, si complexe que nous passons tout de même à côté de nombre d'acteurs, de chanteurs et de métrages qui ne relèvent ni de Bollywood ni des cinémas du sud du pays. En ce sens, nous vous proposerons désormais de partir à la découverte de ces artisans indiens quelque peu différents, et ce qu'il s'agisse de cinéma, de musique, de danse ou de télévision...

Qui est Sargun Mehta ? Pourquoi vous intéresser à elle ?

Voici 6 bonnes raisons de devenir complètement fan de l'actrice ! 048

#1

Parce qu'elle prouve qu'on peut réussir sur tous les plans ! A 29 ans, elle est la vedette montante du cinéma punjabi. Pourtant, son parcours est des plus atypiques. En effet, c'est après avoir épousé le comédien Ravi Dubey en 2013 qu'elle lance sa carrière à Pollywood, alors que la majeure partie des actrices se marient sur le tard. Oui, parce que dans la culture collective, les producteurs seraient beaucoup plus frileux à la perspective de proposer des films à des comédiennes casées... Sargun vient donc contrer cette idée reçue !



#2

Parce qu'elle vient de loin ! La jeune punjabi naît à Chandigarh en 1988. Alors qu'elle étudie le management à l'université, elle fait partie d'une troupe de théâtre dans son campus. Avec certains de ses camarades, elle se présente à l'audition pour la série télévisée 12/24 Karol Bagh et y décrochera l'un des rôles principaux. Sans aucun contact avec l'industrie ni aucun passé de mannequin, la jeune femme est ainsi parvenue à mettre un pied dans le monde très clanique de la comédie

#3

Parce qu'elle se démarquait déjà à la télévision. Dans sa première série 12/24 Karol Bagh, elle incarne l'épouse d'un jeune homme en situation de déficience mentale. Avec le programme Apno Ke Liye Geeta Ka Dharmayudh, elle dénonce le système de dot en Inde à travers l'histoire de son personnage Geeta. Elle tient ensuite le rôle titre du show Phulwa, inspiré librement de la vie de l'activiste et parlementaire Phoolan Devi. Avec ce rôle, l'actrice admettra d'ailleurs avoir beaucoup évolué. « Quand j'ai joué dans Phulwa, c'est devenu un tournant significatif dans ma carrière, puisque ce programme m'a non seulement apporté une certaine reconnaissance mais aussi une satisfaction artistique. » Dans Hum Ne Li Hai... Shapath, son personnage est au cœur d'une 'rave 050

party' devenue le théâtre d'un meurtre. Lorsqu'elle signe la série plus conventionnelle Balika Vadhu, elle décide rapidement de quitter le programme pour des différends créatifs... Elle s'éloigne des sempiternelles histoires d'amour des dramas hindi avec la mini-série Rishton Ka Mela, dans laquelle elle incarne une mariée en fuite qui croisera sur sa route des femmes qui partageront leurs histoires avec elle.

#4

Parce qu'elle incarne l'expression ''La roue tourne'' Dans sa jeunesse, elle passe le casting du télé-crochet de danse Boogie Woogie, duquel elle se fait recaler. Bien des années plus tard, après être devenir une star à la télévision, elle devient animatrice du programme de 2013 à 2014. Une belle revanche pour celle que le show n'avait pas retenu à l'époque !

#5

Parce qu'avec UN film, elle a mis tout le monde d'accord ! En 2015, elle fait ses débuts au cinéma avec le film punjabi Angrej. Point de masala excessif ni de danses criardes... Angrej est une histoire d'amour contextualisée en 1945 au cœur d'un Pendjab rural. Et si l'ensemble du casting reçoit les éloges des critiques, c'est Sargun qui est régulièrement qualifiée de révélation !


Aussi, Angrej est venu amener un nouveau courant à Pollywood, qui s'éloigne des comédies populaires classiques. Pour son premier rôle, la comédienne débutante reçoit le PTC Punjabi Award de la Meilleure Actrice ! Une consécration pour la vedette qui enchaîne depuis les tournages prestigieux, de Love Punjab (sorti en 2016 sous les acclamations du public et de la presse) à Jindua (sorti le mois dernier avec LA star confirmée de Pollywood Jimmy Shergill). Le premier lui vaudra d'ailleurs le prix de la Meilleure Actrice lors de la première cérémonie historique des Filmfare Awards Punjabi, qui s'est tenue en mars dernier.

manquent jamais une occasion de se soutenir l'un l'autre, incarnant le couple auquel tout réussit ! Affichant leur bonheur conjugal sur les réseaux sociaux, Ravi fait fièrement la promotion des films de sa femme sur ses comptes Facebook, Twitter et Instagram. Quant à Sargun, elle n'a pas hésité à exprimer à quel point les acteurs de télévision étaient sous-valorisés, partageant régulièrement des extraits de la série Jamai Raja, dont son mari est le héros.

Franchement, ne sont-ils pas à croquer ?

#6

Parce qu'avec Ravi, ils sont absolument adorables ! Ils se sont rencontrés sur le tournage de sa première expérience d'actrice, la série 12/24 Karol Bagh. Tombés rapidement amoureux, ils se fréquenteront pendant 4 ans et participeront ensemble au concours de danse télévisé Nach Baliye. Si Ravi est un danseur confirmé, Sargun se dépasse pour être au même niveau que son compagnon. Ils finiront à la seconde place, mais vivront une expérience encore plus belle sur le plateau du show.

Car Ravi y demandera la main de sa belle, qui lui répondra évidemment par l'affirmative... Ils se marient en 2013 lors d'une cérémonie traditionnelle punjabi. Et depuis, ils ne

SAR GUN MEH TA ET SO N MAR I RAVI DUBEY, P HOTO PUBLIÉE SUR LE CO MPTE INSTAGRAM DE L'ACTR ICE / SAR GUNMEH TA 051


H

LORS DE LA PROMOTION DE BADRINATH KI DULHANIA, PHOTOGRAPHIE PAR IANS

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VA R U N DHAWAN mais qu'est-ce qu'il lui prend ?! MOTS PAR ASMAE 052


Varun Dhawan me fait penser aux chocolats Mon Chéri. L'emballage est séduisant, luisant de partout (oui, l'huile sur le torse a encore de beaux jours devant elle, à Bollywood...). La publicité est efficace, Karan Johar nous vend son poulain comme la nouvelle friandise à déguster sans plus tarder. Au début, le résultat est plutôt satisfaisant, le chocolat qui fond en bouche n'étant pas des plus désagréables. Puis survient le goût de liqueur, et là... C'est le drame !

Je n'aime pas les chocolats Mon Chéri. Et j'aime de moins en moins Varun Dhawan... Pourtant, j'avais plutôt bon espoir en 2012. Lorsque Karan - roi du piston - Johar décide de lancer trois petits nouveaux au cinéma avec Student of The Year/SimiliHigh School Musical, je m'insurge contre le népotisme dont il se fait l'ambassadeur de manière de plus en plus prégnante. Car parmi les trois jeunes pousses, il y a deux enfants de stars. Alia, fille du cinéaste Mahesh Bhatt et Varun, fils du réalisateur David Dhawan.

"Bon, encore des mioches tuyautés par leur daron pour faire du cinéma, sans aucun talent ni aucune personnalité..." Ce qui m'enrage le plus, c'est le fait que Karan Johar semble de plus de plus porter ce déterminisme social qui fait froid dans le dos, où l'héritage ne laisse aucune place (et aucune chance !) au talent. Indirectement, Varun incarnait à mes yeux ce phénomène où un acteur est engagé sur l'unique base de son prestigieux patronyme.

Des torses huilés, des cheveux dans le vent, des vêtements de grands créateurs, le héros issu d'une famille ''pauvre'' qui se balade en voiture de luxe, une héroïne cruche au possible qui ne semble avoir aucun objectif de vie, si ce n'est se taper les beaux mecs de l'établissement, un enfant gâté incompris qui veut pousser la chansonnette dans le dos de son papa, le ''gros'' de la bande personnifié en objet indésirable... Si Student of the Year était une comédie parodique, ça aurait pu être drôle. Mais non. Le métrage se prend totalement au sérieux et nous est servi au premier degré.... Aïe. Ceci étant, Varun y est étonnamment efficace. Dans un rôle caricatural au possible, le jeune homme se démarque et donne l'impression d'être le seul môme de tout le casting à avoir pris des leçons de comédie. Il est généreux, authentique et n'a pas peur d'étoffer son personnage, dont l'écriture était pourtant bien artificielle... Voilà le signe d'un acteur intelligent, qui tente de pousser les personnalités qu'il incarne dans leurs retranchements même si elles sont à l'origine franchement plates... Du coup, j'ai très bon espoir !

"Il est mimi, le fils Dhawan... Il aurait mérité mieux que de voir son potentiel essoré par la pompe à fric qu'est la maison Dharma ! Mais il est prometteur !" De photoshoots en interviews, le petit Dhawan se démarque et signe de multiples projets. Ceci étant, il faut attendre 2014 pour le retrouver au cinéma. Dans l'intervalle, Elodie, notre directrice de publication, a craqué pour lui... Et on comprend pourquoi ! > 053


En 2014, Dhawan Junior est à l'affiche de deux métrages : Main Tera Hero et Humpty Sharma Ki Dulhania. Le premier (qui porte très mal son nom, puisque Varun est loin de l'idée que je me fais d'un héros...) est dirigé par son inénarrable paternel, qui propose ici une comédie sexy(iste) au "zéro" à l'éthique douteuse. Varun s'y dandine, généralement après avoir tombé la chemise, en faisant une cour assidue à deux donzelles aussi creuses que lui ! Autant dire que j'ai été non seulement déçue, mais surtout estomaquée par ce film, qui s'attarde sur la plastique de Varun bien plus que sur son jeu. Voilà une bien drôle de manière pour Papa Dhawan de vouloir mettre en valeur le potentiel familial ! Illustrer son rejeton en bimbo au masculin dans un rôle aussi inconsistant qu'antipathique ! De tout cœur, j'espère que ce projet constitue l'exception du reste du parcours de l'acteur.

"Bon, on va dire qu'il a signé ce truc pour faire plaisir à Papa, et ainsi tenter de remettre ce dernier sur les rails... C'est mignon, la solidarité familiale !" La même année, le jeune homme est à l'affiche d'une production de Tonton Karan - secte du favoritisme - Johar, face à sa première partenaire Alia Bhatt, avec laquelle il a comme point commun son ascendance prestigieuse(ment friquée !)... Je confirme : on dirait une secte ! Voilà nos chers enfants bénis du dieu Dharma qui se font donc des bisous dans ce qui semble être une abominable relecture de mon classique Dilwale Dulhania Le Jayenge !


Je vais aller boire du Typex, moi... Pourtant, et comme je l'exposais dans ma critique du film (disponible dans le huitième numéro de Bolly&Co, avec Aamir Khan en couverture), j'ai finalement trouvé Varun non seulement pertinent mais surtout attachant dans cette romcom pétillante et moderne. Comme si le gosse s'était souvenu qu'au-delà de montrer ses tablettes de chocolat (blanc ! Parce qu'on est en Inde et que la blancheur est de mise... Non, point de sarcasme dans cette phrase...), le boulot d'acteur consistait avant tout à délivrer des émotions...

"Gloire au dieu Dharma ! Vous lui avez donné des anabolisants, ou c'est comment ?! Non, parce qu'on est quand même passé de la consistance d'une huître à celle d'un méga-burger... Miam !" L'année suivante est la plus faste pour Varun - je suis mignon mais pas que – Dhawan. En effet, il est à l'affiche de 3 projets très différents, ce qui augure le meilleur pour la fan d'éclectisme que je suis. C'est en début 2015 que Dhawan dernier du nom décide de m'achever avec une œuvre saisissante, qui s'appuie enfin sur l'intensité de jeu que j'avais pu cerner dans Student of the Year. Avec Badlapur, Varun oublie son apanage de jeune premier et se livre dans la peau d'un père de famille détruit par la perte des siens.

"Snif... (ayant épuisé ma réserve de mouchoirs) Mais pourquoi il me fait ça ?! Ça

pouvait pas être un thriller un peu pourri qui aurait pu me faire marrer malgré lui ?!" Aussi, Badlapur lui impose comme défi d'exister face au démentiel Nawazuddin Siddiqui... Un challenge relevé par Varun je suis sexy quand je suis 'vener' - Dhawan avec les honneurs. Il sera d'ailleurs nommé pour le Filmfare Award du Meilleur Acteur pour cette performance déroutante, face à des pointures comme Salman Khan et Amitabh Bachchan.

"Varun, oublie Elodie ! Moi aussi, je te kiffe ! On fait des bébés ?!" Mais mon vif engouement durera aussi longtemps qu'un paquet de Schokobons dans mon placard... Puisqu'après Badlapur, il a décidé de sortir... ABCD2. Oui, c'est avec CE film qu'il a pris le parti de revenir, APRES BADLAPUR...

"Non mais il est sérieux, Varun, là ?! Sortir ABCD2 après Badlapur, c'est comme si tu avais obtenu ton Bac à 14 ans, tout ça pour finir au casting de Secret Story ! Hein ?!Comment ça, c'est déjà arrivé ?!" J'arrête le Typex et je passe directement à l'eau de Javel, moi... Donc Varun s'est dit que pour confirmer son statut de nouvel espoir du cinéma >

055


hindi, il lui suffisait de profiter du succès d'un film de danse à petit budget qui, à l'origine, s'appuyait sur de VRAIS danseurs... C'est alors qu'une question me brûle les lèvres : POURQUOI ?! Inutile de préciser que ABCD2 est un métrage dispensable, lui préférant (et de très loin !) son premier volet, beaucoup plus authentique.

Et bien, il faut au moins reconnaître que Varun croit dur comme fer dans le soutien familial puisqu'en 2016, il joue dans Dishoom, dirigé par son frangin Rohit. Sans surprise, l'acteur y campe de nouveau le clown de service, pompant le cabotinage qui a fait la gloire d'un certain Govinda... Mais n'est pas le ''Hero No.1'' qui veut ! Et Varun en est littéralement très loin...

"Bon, je veux bien admettre qu'il bouge pas trop mal, le Varun. Mais de là à se croire assez bon pour se frotter à Dharmesh Yelande, Raghav Juyal et à mon chouchou Punit Pathak... Sinon, ça va, les chevilles ?"

"Il est relou à se répéter, Varun ! Il nous fait une Sonakshi1, le p'tit, à se satisfaire d'un seul rôle original !"

Et il n'a pas fini de se moquer de nous... Car Dilwale constitue le troisième projet du comédien/comique (Oui, parce que pour insulter à ce point notre intelligence, il doit avoir un sacré sens de l'humour, le gosse...). Alors là, on atteint des sommets de platitude (Hein ?! Comment ça, c'est antithétique ?! Et les falaises, alors?!)... Varun - je veux singer Salman Khan – Dhawan se dit alors sans doute qu'en travaillant avec Shahrukh Khan et Kajol, il est sûr d'avoir tiré le gros lot, et tant pis si le scénario est inexistant... Suis-je obligée de souligner que son rôle est non seulement insipide, mais aussi franchement pathétique tant Varun se croit drôle ? Dilwale a eu beau amasser des tunes, il a clairement égratigné l'étoile montante/filante(?) dans son parcours.

Mais du coup, quel film a-t-il bien pu signer ensuite, histoire de se rattraper ? 056

Cette année, il n'a d'ailleurs rien trouvé de plus intéressant à faire que de figurer à l'affiche de Badrinath Ki Dulhania, second métrage de la franchise de Karan – je ne sais pas quoi faire de mon oseille - Johar dans laquelle le bambin s'illustre en... suspense... amant immature ! Il s'enferme dans un registre comique sans aucune recherche et semble surtout s'enliser dans des personnages répétitifs et peu inspirés... Certes, Varun s'amuse et se complaît en 'entertainer', tentant de construire sa carrière de la même manière que Salman Khan... Sauf que ce dernier nous a aussi livré des films comme Khamoshi – The Musical, Tere Naam, Kyun Ki et Jaan-EMann mais aussi plus récemment Bajrangi Bhaijaan et Sultan . 1. EN EF F ET, L'ACTR ICE SO NAKSH I SINH A S' EST INSCR ITE DANS LE MÊME FO NCTIO NNEMENT PUISQUE DEPUIS SES DÉBUTS EN 2 010, LA JEUNE F EMME S' EST CO NTENTÉE DE JO UER DANS NO MBR E DE MASALA ET AUTR ES F ILMS D'ACTIO N. LO OTERA, SO RTI EN 2 013, EST À CE JO UR LE SEUL PR OJET QUI LUI A PER MIS DE CH ANGER RADICALEMENT DE R EGISTR E ET, AU PASSAGE, DE R EMPO RTER LES FAVEUR S DU PUBLIC ET DE LA CR ITIQUE.


Avant d'être plus royaliste que le roi, Varun doit gagner en expérience et prendre des risques pour étoffer son jeu afin de pouvoir oser envisager une carrière à moitié aussi riche que celle de Sallu... Dans une interview datant de décembre 2016, Varun - je fais du commerce, pas de l'art - faisait la déclaration suivante : « Je ne voudrais jamais décevoir mes fans. »

"Alors Varun, comment te dire que c'est déjà le cas ?! Comment te faire comprendre, sans être virulente et encore moins irrespectueuse, que tu sembles prendre tes fans, pourtant si chers à ton cœur, pour des débiles ?! Comment te faire entendre qu'aujourd'hui, tu es probablement l'une des plus grosses arnaques de Bollywood ?! Que tu es l'Adam Sandler Indien ? Que tu es le M. Pokora du cinéma à la sauce curry ?!"

"Je ne sais pas vraiment quelles intentions guident Varun dans ses choix. Mais ce qui est indéniable, c'est que j'ai rarement vu autant de potentiel gâché au nom du chiffre. Varun veut devenir une star avant d'être acteur. Et là est sa plus grande erreur ! Car à croire que sa popularité suffira à assurer sa carrière, il va finir par épuiser son public et peut-être même par voir les propositions de projets s'amoindrir. On l'a vu pour d'autres enfants de la balle tels que Fardeen Khan et Tusshar Kapoor, notamment. Si elle n'est pas consolidée par des prestations de qualité et de l'innovation, la notoriété d'un acteur finit toujours par s'essouffler." ■

Oui, j'y vais un peu fort... Et encore, je suis un petit peu dure avec ''nem pot qu'aux rats''... Mais comprenez ma colère, d'autant que Varun - les fours de Dilwale et Dishoom ne m'ont pas suffi – Dhawan vient de débuter le tournage de Judwaa 2 qui, comme son nom l'indique, sera le remake de la comédie culte des 1990's avec... la tension est à son comble... Salman Khan ! Et le pompon, c'est David - Papounet en perte de vitesse - à la réalisation. Achevez-moi !

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pop corn

2016 EN CONTROVERSES MOTS PAR FATIMA ZAH RA

Toutes les industries cinématographiques du monde offrent aux personnes qui décident d'en faire partie la possibilité d'être des célébrités, suivies et idéalisées. Pour plusieurs d'entre elles, devenir une personnalité publique a du bon comme du mauvais, et si certains ont la capacité d'ignorer le négatif et de se focaliser sur le positif, d'autres n'ont malheureusement pas cette aptitude, et se trouvent bien souvent à faire la une des journaux pour les mauvaises raisons. Cependant, comme dirait l'autre, toute publicité est bonne à prendre, et il ne reste plus qu'à voir si la personne concernée saura en tirer des avantages. Bolly&Co revient avec vous sur les controverses et scandales qui ont mis le feu aux pages gossip de l'année 2016.

Accrochez-vous !

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#1

La séparation de Ranbir Kapoor et Katrina Kaif Bien que les deux acteurs n'aient jamais officiellement admis leur relation, ce n'était plus un secret depuis qu'ils avaient emménagé ensemble dans un appartement de luxe à Mumbai quelques mois avant les nouvelles de leur séparation. Au début de l'année 2016, plusieurs images de Ranbir et Katrina en train de s'embrasser sur le toit de la maison de Shashi Kapoor, durant la fête de Nouvel An de ce dernier, avaient fait le tour du net, rassurant les fans du couple sur le fait que tout allait bien entre eux. Malheureusement, tout n'était pas tout rose, et à peine quelques mois après ces clichés, les deux amants se sont séparés sans dire un mot. Les raisons de cette séparation restent inconnues, bien que certains semblent associer le tournage du film Tamasha et l'animosité avec Deepika Padukone à l'histoire. Depuis, les rumeurs suggèrent que la suite du tournage de Jagga Jasoos était particulièrement pénible pour les deux, et que les créateurs du film ne savent toujours pas ce qu'il en sera lors des promotions du métrage.

#2

K ATR INA KAIF ET RANBIR KAPO O R DANS LE F ILM JAGGA JASO O S

Amitabh Bachchan, Aishwarya Rai Bachchan et Panama Papers L'affaire « Panama Papers » semble aujourd'hui oubliée. Mais au moment de sa découverte, plusieurs célébrités et personnalités influentes autour du globe y étaient mêlées ! Durant l'investigation du site Indian Express

sur l'affaire, il a été découvert que la légende vivante Amitabh Bachchan était par le passé directeur de quatre entreprises d'off-shore, entre 1993 et 1997. Et il n'était pas le seul. Le nom de sa belle-fille, Aishwarya Rai Bachchan, semblait aussi y être mentionné. Les deux finiront par nier toute association à l'affaire. 059


#3

Les excuses d'Arijit Singh pour Salman Khan

AR IJ IT S I N G H D U RA N T L E LIV E FACE BO O K A RA D I O MIRC HI

#4

Salman Khan ne s'est jamais prononcé sur le sujet, et les fois où la question lui était posée, il se contentait de dire : "Arijit... c'est qui lui ?".

Tout a commencé quand l'actrice a fait référence à Hrithik comme étant un « ex ». Ceci est probablement la plus longue controverse de l'année précédente, qui s'est étalée sur plusieurs mois, avec des tournures inattendues qui apparaissaient presque chaque jour. L'actrice affirmait avoir eu une liaison avec l'acteur quand il était encore marié à Suzanne Khan, et ce dernier a riposté à ces allégations par la voie de la justice.

L'affaire Sushant Singh RajputKriti Sanon

La guerre entre Kangana Ranaut et Hrithik Roshan

La controverse entre les deux semble s'être calmée aujourd'hui, mais il y a encore quelques mois, des sources anonymes émanant des deux camps, dévoilaient chaque jour divers documents, images et mails en faveur de l'un ou l'autre, sans que cela n'aboutisse. 060

De nature discrète, le chanteur avait choqué ses followers un soir en postant une longue lettre d'excuse, destinée à Salman Khan. Dans ces mots, Arijit suppliait le Bhai de Bollywood de lui pardonner un geste qu'il avait commis des années auparavant lors d'une cérémonie de remise de prix. Selon Arijit, cet incident a poussé Salman à remplacer sa version de la chanson « Jag Ghoomeya » dans le film Sultan par celle de Rahat Fateh Ali Khan.

#5

Tout a commencé quand Sushant Singh Rajput a annoncé sa rupture avec sa petiteamie de longue date Ankita Lokhande. A ce moment-là, l'acteur tournait son premier film avec Kriti Sanon, et beaucoup semblent croire que les deux ont profité de ces moments pour mieux se connaître et se mettre en couple. A en croire les rumeurs, les deux se sont même rendus à Bangkok pour des vacances en amoureux.

Cependant, et comme à chaque fois à Bollywood, les deux acteurs n'ont pas arrêté de nier ces allégations.


#6

Salman Khan et son analogie sur les femmes violées Sa prise de tête avec Arijit et ses problèmes continuels avec la justice n'étaient pas les seules controverses qui avaient touché Salman Khan l'an dernier. En effet, durant l'une de ses interviews pour le film Sultan, il avait comparé sa condition durant le tournage (en train de se débattre et gémir) à celle d'une femme en train de se faire violer. La fureur que ce commentaire a enclenché semblait interminable, à tel point que Salim Khan a décidé de venir à la rescousse de son fils en postant sur Twitter des excuses à sa place. Par ailleurs, si beaucoup de célébrités ont décidé de ne rien dire sur la situation et jouer la carte de la diplomatie, certaines actrices comme Sonali Bendre et Kangana Ranaut, n'ont pas hésité à critiquer Salman Khan pour sa remarque.

#7

Aamir Khan n'est plus l'ambassadeur d'Incredible India Au début de l'année 2016, l'acteur Aamir Khan était entraîné au beau milieu d'une controverse quand il avait parlé ouvertement de l'intolérance à laquelle certaines communautés sont confrontées au quotidien, notamment les musulmans.

SALMAN KH AN DANS LE F ILM SULTAN

Son commentaire n'a pas été apprécié par Amit Malviya, chargé du mouvement Incredible India, qui avait rapidement tweeté : « Aamir Khan n'est plus l'ambassadeur d'Incredible India ». Une fois le contrat de M. Perfectionniste expiré, il n'a pas été renouvelé et les acteurs Amitabh Bachchan et Priyanka Chopra se sont vus offrir le poste. Cependant, suite au scandale des Panama Papers, Amitabh Bachchan a également perdu sa place. 061


#8

L'INTE RVIE W DE SUNNY LEO NE PAR BH UPENDRA CH AUBEY

L'interview humiliante de Bhupendra Chaubey envers Sunny Leone Durant une des interviews promotionnelles de l'un de ses films de 2016, Sunny Leone s'était retrouvée au centre de toutes les attentions quand un présentateur de CNN IBN, Bhupendra Chaubey, a décidé de concentrer toutes les questions de leur entrevue sur son passé d'actrice pornographique. Parmi les questions posées : « Depuis que tu es venue en Inde, le nombre de personnes qui regardent les films pornographiques a augmenté au point que nous sommes aujourd'hui le peuple qui en consomme le plus. Qu'as-tu à dire sur cela ? », ou encore « Tu aimerais travailler avec Aamir 062

Khan, mais est-ce qu'Aamir Khan voudrait travailler avec toi ? ». Plus tard, Aamir a répondu qu'il serait ravi et honoré de travailler avec quelqu'un d'aussi franc que Sunny.

Ce qui a été soulevé, c'est le sangfroid de l'actrice face à ces questions déplacées, décidant de répondre à toutes les questions d'une manière posée, chose qui lui a valu de nombreux compliments de la part des médias et des internautes, ainsi que de la part de plusieurs célébrités indiennes.


Nig ht ED Fil ms LE VRAI CINÉMA INDIEN EN FRANCE ! Night ED Films, c'est aussi des articles dans de grands quotidiens français (le Monde), des interviews télévisées (France 2, Canal+, Télésud), des partenariats avec de grandes radios (OUI FM), des avant-premières avec les artistes, la venue de grandes stars en France, la promotion du cinéma indien à un autre public, par le biais des Prix Henri Langlois, à Paris, et bien d'autres surprises !

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D dossier spécial

Dawood Ibrahim & Associates QUAND LE CINÉMA HINDI S'INSPIRE DE L'HOMME LE PLUS RECHERCHÉ DU MONDE MOTS PAR FATIMA ZAH RA

Si les films signés « Bollywood » sont le plus souvent associés aux romances musicales extravagantes, durant ces 20 dernières années, les réalisateurs et scénaristes semblent s'intéresser de plus en plus à des métrages plus crus et réalistes. Nombreux sont ceux qui ont puisé leur inspiration du tragique personnage qu'est Dawood Ibrahim. Bien que les films de crime et de gangsters ne soient pas nouveaux en Inde (Chandra Barot a offert au public l'un des grands classiques du genre, Don, sorti en 1978 avec nul autre que le géant Amitabh Bachchan), le genre semble attirer un plus grand public aujourd'hui, et l'une des raisons majeures de 064

cet intérêt soudain semble être le choix des personnages. Avant, les films de crime étaient narrés d'une manière classique, opposant un héros banal à un grand méchant, avec le classique parallèle entre le bien contre le mal.

C'est ainsi que vers la fin des années 1990 et le début des années 2000, des réalisateurs tels que Ram Gopal Verma et Anurag Kashyap ont décidé de s'aventurer sur un territoire jusqu'ici inexploré, qui est de faire du méchant la pièce centrale de leur puzzle, et quelque part, ils ont tous décidé de confectionner leurs métrages autour du « Parrain » du crime organisé à Mumbai.


Né en décembre de l'année 1955 à Bombay au sein d'une famille musulmane, Dawood ne ressemblera en rien à ses parents. En effet, son père, Ibrahim Kaskar, était selon les témoignages recueillis plus tard, l'homme le plus honnête du voisinage. Il travaillait d'ailleurs comme policier au CID (acronyme de Crime Investigation Department, en anglais). Sa mère, Amina, était quant à elle une femme au foyer. Son enfance ne fut pas des plus tourmentées, mais les problèmes de la famille ont véritablement commencé quand le chemin de Dawood a croisé celui d'un gang nommé « Haji Mastan ».

Dans son livre intitulé « Dongri to Dubai », le fameux journaliste de crime S Hussain Zaidi, a écrit : « Quand Dawood Ibrahim a entendu dire que Haji Mastan Mirza a ordonné à ses voyous de tabasser deux de ses amis, il a voulu obtenir sa vengeance. Personne ne savait pourquoi Mastan avait décidé de s'attaquer à Abu Bakr et Ejaz, mais il venait de piétiner sur le territoire de Dawood. Ce dernier voulait prendre sa revanche. ».

peut-être ce qui a fait de Dawood Ibrahim l'homme qu'il est aujourd'hui. ». Quelques années plus tard, un gang rival, The Pathan Gang, avec l'aide de Manya Surve (que l'acteur John Abraham a interprété dans Shootout At Wadala), a réussi à tuer Sabir Ibrahim Kaskar, le frère de Dawood. Ce meurtre a causé l'une des guerres de gangs les plus meurtrières de la ville, et a fait de Dawood un homme encore plus impitoyable qu'avant.

C'est ainsi que Dawood a décidé de créer avec son frère son organisation criminelle, D-Company, qui allait prendre les rênes de la ville et renverser les gangs ennemis. Et après avoir réussi son coup, le gangster se sentait pousser des ailes, et pensait que la ville lui appartenait. Il estimait qu'il pouvait en faire ce qu'il voulait. Pendant des années, c'était le cas. Cependant, à l'instant où son père a réalisé l'ampleur des actes de ses fils, il a décidé de les présenter au commissariat, espérant que cela allait les remettre sur le droit chemin. S Hussain Zaidi écrit dans un autre de ses extraits : « Avant même qu'Amina ne leur serve de l'eau ou à manger, Ibrahim a traîné ses fils à l'extérieur, les a poussé dans un taxi et les a emmené au commissariat. Sur place, il a poussé ses fils aux pieds des officiers. Avant de quitter les lieux, Ibrahim s'est excusé maintes et maintes fois, et a demandé à ses collègues de lui pardonner ainsi que ses fils pour leurs actes. En regardant Dawood, Sabir et la sincérité d'Ibrahim, les officiers avaient décidé de laisser les jeunes hommes s'en aller. (...) Ceci est

Éliminant les membres des deux gangs un à un, le gangster a gagné en notoriété à tel point que même les grandes célébrités indiennes se sentaient obligées d'être perçues comme ses amis, pour leur bien-être. Durant ses années de folie, Dawood a été associé à plusieurs actrices connues, notamment Mandakini, actrice des années 1980 qui a vécu une fin de carrière tragique du fait de sa connivence avec le criminel. Ce n'est qu'après les attaques orchestrées par Dawood en 1993 que les stars de Bollywood ont pu se détacher entièrement de son emprise, étant donné qu'il venait de devenir l'homme le plus recherché de l'Inde. Le 12 mars 1993, une série de douze explosions a fait trembler la ville de Bombay pour devenir > 065


l'attaque terroriste la plus meurtrière de l'Inde. C'était également la première attaque du genre dans le monde, et en un seul jour, 257 personnes ont été tuées et 717 autres en sont ressorties blessées. Ces attaques furent organisées par Dawood, via ses hommes de main Tiger et Yakub Memon, et bien que jugé coupable en 2013, soit 20 ans après l'acte, Yakub Memon n'a été exécuté qu'en 2015.

L'un des éléments les plus choquants de l'affaire est l'implication de l'acteur Sanjay Dutt. En effet, en 1993, il a été arrêté pour possession illégale d'armes. D'après les investigations, ces armes appartenaient à Dawood Ibrahim. Et Sanjay, ainsi que d'autres personnes influentes de l'époque, avait accepté de les livrer aux terroristes responsables de l'attaque. Même si les accusations de sa participation terroriste ont été abandonnées, l'acteur a tout de même été jugé pour possession d'armes et devait passer cinq ans en prison. En février 2016, l'acteur est sorti de prison pour reprendre sa vie et sa carrière. Le casier de Dawood Ibrahim ne s'arrête malheureusement pas là. En plus de sa participation active à plusieurs trafics et affaires de blanchiment d'argent, le 'don' se serait également associé à Ossama Bin Laden (chose qui a fait de lui un terroriste identifié à échelle mondiale en 2003), et aurait participé aux attaques de 2008 à Mumbai.

Il était également en lien direct avec plusieurs organisations terroristes du Pakistan et d'Afghanistan. Au-delà de cela, Dawood Ibrahim et son entourage ont été liés (bien que sans véritable preuve) à la production de plusieurs métrages hindi, notamment le film Chori Chori Chupke Chuple de Salman Khan, qui aurait été financé par Chhota Shakeel, le bras droit de Dawood. Aujourd'hui, et après plusieurs années de recherches, les organisations de sécurité indiennes comme mondiales n'arrivent toujours pas à mettre la main sur celui qui a vite trouvé sa place dans le Top 5 des hommes les plus recherchés de la planète. Si les autorités indiennes semblent croire que Dawood Ibrahim s'est installé au Pakistan, ils auraient également des preuves qui indiqueraient sa présence à Dubai ou dans un autre pays des Émirats Arabes Unis. En attendant que l'énigme qui tourne autour de lui soit résolue, nous pouvons toujours compter sur les réalisateurs indiens pour nous offrir occasionnellement des perles, bien ficelées, s'inspirant directement des tourments de sa vie. Bien que son nom ne soit que rarement cité dans ces métrages, les traits de sa personnalité et les événements ayant forgé son histoire sont tout de même bien présents.

Je vous propose de découvrir ici les cinq meilleurs films hindi portant, de près ou de loin, sur Dawood Ibrahim. 066


D D AY, 2 0 1 3 . Réalisé par Nikhil Advani avec un casting se composant d'Irrfan Khan, Arjun Rampal, Huma Qureshi et Rishi Kapoor notamment, le film a constitué l'un des plus gros succès critiques de son année. Bien que le plébiscite commercial ait été plus timide, D Day reste l'un des meilleurs métrages de son genre. L'histoire tourne autour de Wali Khan (Irrfan Khan) et de ses acolytes, Rudra Pratap Singh (Arjun Rampal), Zoya Rehman (Huma Qureshi), et Aslam (Aakash Dahiya) qui ont pour mission d'arrêter, coûte que coûte, le leader de l'organisation criminelle D-Company, Monsieur Goldman (Rishi Kapoor). L'interprétation de Rishi Kapoor de ce personnage largement basé sur Dawood Ibrahim reste l'une des meilleures prestations de sa carrière. Le film est à découvrir pour sa distribution hors paire, et l'intensité de son scénario.

S H O O T O U T AT L O K H A N D WA L A , 2 0 0 7. Si Vivek Oberoi était connu pour ses rôles de 'chocolate boy' lisse à ses débuts (avec quelques exceptions comme le film Company) ce n'est qu'en 2007 qu'il s'est véritablement illustré comme un acteur méthodique sérieux, avec le rôle qui lui a valu de nombreuses acclamations : Mahindra « Maya » Dolas. Le film raconte l'histoire de Maya Dolas, l'un des membres de D-Company, qui a trouvé la mort en 1991 lors d'une fusillade née d'un règlement de compte au complexe de Lokhandwala à Mumbai. Le succès inattendu du film, aussi bien critique que commercial, fera place à un second volet de la franchise, Shootout At Wadala, inspiré du livre Dongri To Dubai avec John Abraham, Anil Kapoor, Sonu Sood et Kangana Ranaut dans les rôles principaux. 067


B L A C K F R I D AY, 2 0 0 4 / 2 0 0 7. En 2007, Anurag Kashyap venait de vaincre son combat contre le bureau de censure en Inde qui avait empêché ce film de sortir en salles jusqu'à la date précitée. Réalisé et projeté lors de festivals internationaux en 2004, le métrage qui constitue la seconde réalisation d'Anurag abordait un sujet sensible aux yeux des indiens : les attaques terroristes de 1993. Basé en grande partie sur le livre de Hussain Zaidi, Black Friday – The True Story of the Bombay Bomb Blasts, cette oeuvre a remporté plusieurs distinctions et repose sur la puissance de ses interprètes, notamment Kay Kay Menon, Zakir Hussain, Nawazuddin Siddiqui, mais aussi Imtiaz Ali dans son unique rôle en tant qu'acteur pour un film hindi.

C O M P A N Y, 2 0 0 2 . Au début des années 2000, Ajay Devgn propose à son public l'un des rôles les plus puissants de sa carrière, manifesté sous la forme de Malik, leader d'un gang. Bien que le nom de Dawood Ibrahim n'ait pas été cité, Ram Gopal Varma n'a jamais caché que son caractère avait fortement inspiré le personnage interprété par Devgn. L'organisation D-Company a également été une large source d'inspiration dans la trame de l'oeuvre, sortie en 2002. Comptant Mohanlal, Vivek Oberoi et Manisha Koirala à son casting, le métrage est à ce jour considéré comme l'une des meilleures œuvres de Ram Gopal Varma. Il fait d'ailleurs partie d'une franchise du réalisateur, Gangster Films Series, qui comporte à ce jour 4 films, donc Company, mais aussi Satya (1998), D (2005) et Satya 2 (2013).


ONCE UPON A TIME IN MUMBAI, 2010. Réalisé par Milan Luthria, avec Ajay Devgn, Emraan Hashmi, Randeep Hooda, Kangana Ranaut et Prachi Desai dans les rôles principaux, Once Upon A Time In Mumbai était l'un des plus gros succès commerciaux de 2010. Il s'agit d'une nouvelle adaptation de la vie de Dawood Ibrahim et de son ascension au pouvoir. Durant les années 1970, un jeune gangster du nom de Shoaib Khan (Emraan Hashmi) arrive à ses fins quand le chef de gang le plus réputé et apprécié de la ville, Sultan Mirza (Ajay Devgn), tombe. Le métrage a valu à ses créateurs et ses acteurs plusieurs nominations lors de nombreuses cérémonies de récompense. La musique composée par Pritam est également à retenir, en particulier l'excellente chanson "Pee Loon" avec la voix sensationnelle de Mohit Chauhan.


Après une dizaine de films sur son histoire, le personnage de Dawood Ibrahim semble encore et toujours fasciner Bollywood, à tel point que des projets sur les personnes de son entourage ne cessent de voir le jour. Le dernier en date est Haseena, avec Shraddha Kapoor dans le rôle titre qui tournera autour de la sœur de Dawood. Mais on compte également Daddy, biopic officiel d'Arun Gawli, interprété par Arjun Rampal, qui était pendant un certain temps l'un des concurrents principaux de Dawood. Farhan Akhtar tiendra d'ailleurs un rôle spécial dans ce métrage, et son personnage est, selon plusieurs sources, inspiré de Dawood Ibrahim.

Pour résumer, voici pour vous Dawood Ibrahim en quelques points. 1.

Dawood Ibrahim est à la tête de la plus grande organisation criminelle en Inde, qui porte le nom de D-Company. Ce gang est connu pour ses trafics de drogue, d'armes et de blanchiment d'argent. Son empire semble atteindre des régions du Pakistan et de Dubai également.

2.

Il est né en 1955 d'un père honnête faisant partie des forces de l'ordre mumbayites. Il a pas moins de 11 frères et sœurs. Pourtant très peu d'informations sur eux sont connues, à l'exception de son frère Sabir et de sa sœur Haseena.

070

3.

Bien qu'actif depuis les années 1980, ce n'est qu'à partir de 1993 que toute l'attention des autorités indiennes tourne autour de lui, suite aux attaques terroristes qu'il a orchestrées cette année-là. Peu de temps après les faits, Dawood a fui le territoire indien avec sa famille sans plus jamais y retourner.

4.

Sa fille Mahrukh Ibrahim a épousé le fils de la légende pakistanaise de cricket Javed Miandad. L'une des conséquences de cette alliance a été pour Miandad d'être définitivement banni de l'Inde.

5.

En 2003, Dawood a été présenté comme l'un des terroristes les plus redoutables de la planète. Sous l'ordre d'Interpol, plusieurs pays ont dû geler ses avoirs. Les Etats-Unis l'associent également à l'organisation AlQaeda.

6.

Durant ses années de vie en Inde, Dawood Ibrahim ne faisait rien pour se cacher. Paradant ouvertement son style de vie extravagant, il a été associé à plusieurs célébrités indiennes de l'époque, et de nombreuses stars de Bollywood assistaient souvent à ses fêtes.

7.

Actuellement, il est une cible qui vaut plusieurs millions de dollars.

8.

Il serait également derrière l'assassinat de Gulshan Kumar, fondateur de T-Series et père de la chanteuse Tulsi Kumar. En 1997, Gulshan était la victime d'une fusillade au beau milieu de la journée. ■


BEI NG HUM AN CLO THI NG EUR OPE Being Human, la fondation de Salman Khan a été créée en 2007 afin de permettre aux plus démunis l'accès à l'éducation et aux soins en Inde. La fondation ne fait pas d'appel aux dons, ses fonds proviennent principalement des revenus de Salman Khan (films, publicités) et de la marque de vêtements éthique et solidaire qu'il a créée : Being Human Clothing. Chaque vêtement contribue ainsi à améliorer et sauver la vie de centaines d'enfants à travers l'éducation et la santé.

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C

crime film

À

Les films de crime BOLLYWOOD

M OT S PA R FAT I M A Z A HRA

Il ne serait pas exagéré de dire qu'au sein de toutes les industries cinématographiques du monde, concernant tous les films produits autour du globe et tous les métrages offerts au public au cours de l'année, les films de crime sont prédominants. Le genre du ''crime film'', comme son nom l'indique, catégorise les œuvres dont l'histoire est centrée autour d'un crime quelconque et autour du ou des personnages qui le commettent. La mise en scène reste cependant diversifiée et propre à chaque industrie. Tandis que les films américains suivent une approche esthétique si le cœur de leur sujet est inspiré d'Agatha Christie, ou une approche divertissante si le métrage tend vers l'action extravagante pour enrichir le contexte ; en Inde, le meilleur de ses œuvres se caractérise par une apparence plus crue et brutale. La puissance de ces films réside dans le fait qu'ils peuvent être associés à n'importe quelle émotion pour créer un sous-genre distingué avec des caractéristiques qui lui sont propres. 072

Contrairement à la réputation générale que le public international accorde au cinéma hindi, cette industrie ne montre pas son efficacité uniquement sous la forme de romances et de drames familiaux. C'est également une industrie qui est capable d'allier le sang, le crime et le 'gore' dans ses métrages avec une immense vigueur et une grande expertise sans user de tactiques d'embellissement inutiles. Il subsiste néanmoins trois principales sous-catégories à ce genre en Inde, chacune ayant eu son moment de gloire dans l'histoire du cinéma indien. L'apogée des films de crime n'a commencé que dans les années 1990, quand le réalisateur Ram Gopal Verma a trouvé une source d'inspiration directe dans l'actualité criminelle du pays, misant sur la terreur engendrée par Dawood Ibrahim et son entourage, pour créer des œuvres frappantes et brutales. D'autres cinéastes ont suivi cette tendance dans les années 2000, tout en poussant le degré de créativité plus loin encore. Phase qui dure encore aujourd'hui avec une multitude de métrages en préparation ; entre Haseena : The Queen of Mumbai, prévu pour Juillet 2017 avec Shraddha Kapoor et son frère Siddhanth Kapoor, et Daddy prévu pour cette année avec Arjun Rampal dans le rôle titre, pour n'en citer que quelques-uns.


1.

Les

films

de

crime

dramatiques

La première sous-catégorie répertoriée de ce genre est celle mêlant le crime au drame. Peu importe le sujet de base, l'approche scénaristique tend toujours à se jouer des émotions que peuvent ressentir les différents personnages de l'histoire, dans le but de montrer leur côté humain. A ce titre, Sriram Raghavan, réalisateur de Badlapur et l'un de ses scénaristes, a décidé de mettre en avant l'état émotionnel de son personnage principal Raghu, interprété par Varun Dhawan, dans le but de donner un sens dramatique à la tournure qu'a pris sa vie et ainsi donner du sens à sa vengeance. Les métrages tagués par le drame donnent souvent un goût de satisfaction mitigé à leur audience, vacillant entre la logique qui leur dicte qu'un crime reste profondément mal et leur cœur qui arrive à donner une justification émotionnelle à ces actes atroces. Dès lors que l'éternel débat suivant « l'homme est-il naturellement bon ou mauvais ? » est lancé durant le visionnage du dit métrage, nous pouvons dire que ses créateurs ont réussi leur pari de marquer les esprits de leur public cible. Parmi les meilleurs films de crime dramatiques tournés en langue hindi, je vous propose de revenir sur les suivants, sans ordre particulier, avec des styles très différents.

Shor in the City, 2011 Avec une touche comique très modérée, le duo Raj Nidimoru et Krishna D.K. délivre l'une des plus agréables surprises de l'année 2011. Le film tourne autour de cinq personnages : Tilak (Tusshar Kapoor) qui décide avec ses amis Mandook (Pitobash Tripathy) et Ramesh (Nikhil Dwivedi) de kidnapper un écrivain connu, Abhay (Sendhil Ramamurthy) qui rentre en Inde après avoir passé toute sa vie à l'étranger dans le but de fonder sa propre affaire, et Sawan (Sundeep Kishan) un jeune joueur de cricket prêt à tout pour décrocher sa chance de jouer avec les plus grands. Dans sa profondeur, le film manipule le concept du karma, et sa chanson « Karma is a bitch » définit à la perfection l'évolution des différents personnages qui, tout au long de l'histoire, essaient de survivre aux conséquences de leurs propres choix. 073


Jannat 2, 2012.

Sarkar, 2005 Puisant son inspiration du triptyque Le Parrain, c'est en 2005 que Ram Gopal Verma sort son film le plus ambitieux, et probablement le plus apprécié des critiques et des fans, au vu de son succès. Mettant en vedette Amitabh Bachchan et Abhishek Bachchan dans leurs meilleurs rôles de l'époque, Sarkar constituait un premier pas assuré et efficace pour que le réalisateur décide par la suite d'en faire une franchise. Traitant des relations entre un père, Sarkar (Amitabh Bachchan) et ses fils Vishnu (Kay Kay Menon) et Shankar (Abhishek Bachchan) au sein de leur famille dysfonctionnelle, le métrage sert avant tout à montrer l'emprise du sentiment de pouvoir sur les gens qui y ont goûté. Entre les envies sordides du premier fils et la transformation drastique du second qui devient un démon après avoir été un ange toute sa vie, Sarkar est une expérience fine et réussie.

Faussement associé au thriller, Jannat 2 (avec Emraan Hashmi et Randeep Hooda) est l'un des meilleurs films produits par le clan Bhatt de ces dix dernières années. Avec un ton plus léger que les deux films précédents de cette liste, le métrage manié par Kunal Deshmukh reste un métrage à voir. L'histoire tourne autour de Sonu Dilli KKC (Emraan Hashmi) qui ne cesse de chercher son paradis (Jannat) au milieu de l'enfer qui l'entoure. Impliqué dans un gang de trafiquants d'armes, il épouse Jhanvi (Esha Gupta) dont il est follement amoureux pour découvrir que le père de cette dernière est son cruel patron. Sa relation ambiguë avec Pratap Raghuvanshi (Randeep Hooda), l'inspecteur de police qui l'utilise comme informateur, ne fait qu'amplifier ses problèmes.


2 – Les films traitant du crime organisé. Correctement manœuvrés, les métrages relevant de cette sous-catégorie sont les plus mémorables du lot, car utilisant de manière bien ficelée plusieurs éléments essentiels au genre cinématographique tournant autour du crime : une figure criminelle ambiguë, une figure policière potentiellement corrompue, la pauvreté des uns, la violence des autres et un arc oscillant entre la gloire et l'échec.

L'un des exemples les plus adéquats pour peindre ce tableau est le film Nayakan de 1987, première tentative de réadaptation du chef-d'œuvre de Francis Ford Coppola Le Parrain. Ce genre de films peut parfois même représenter le lien sordide qui a pu lier Bollywood et les plus grands gangsters de l'Inde. Durant les années 70, le nombre de films produits en Inde a surpassé celui de Hollywood et l'usage même du terme Bollywood en était une conséquence. La mauvaise réputation qu'avait l'industrie à l'époque a amené le gouvernement indien à stopper tout financement légal des films. Le manque de régularisation concernant les droits d'auteur a découragé les investisseurs privés à financer l'industrie. Résultat : les producteurs et réalisateurs ont eu du mal à trouver des moyens financiers suffisants pour créer leurs métrages, et une aide inattendue est venue du crime organisé de la ville de Mumbai, encore appelée Bombay à l'époque.

Des criminels tels que Mastan Haider Mirza, Dawood Ibrahim et Abu Salem ont commencé à financer en secret les productions indiennes, pour prendre de l'ampleur et manipuler les gens du cinéma à leur guise. En plus des cinq films déjà présentés dans les pages de cette édition, inspirés de Dawood Ibrahim, je vous invite à découvrir les trois métrages qui ont pour thème principal le crime organisé.

Gangs of Wasseypur I, II, 2012. Co-écrites, réalisées et produites par Anurag Kashyap, les deux parties devaient constituer un seul et même film. Avec un total de 319 minutes, le métrage a été projeté dans son intégralité au Festival de Cannes en 2012. Seulement, vu qu'aucun cinéma en Inde n'était prêt à accepter un film de plus de cinq heures, la décision de séparer le film en deux pour le marché indien a été prise. L'histoire est centrée sur les thèmes du pouvoir, de la politique et de la vengeance que trois familles criminelles essayent de s'arracher, avec une plage temporelle commençant dans les années 1940 et prenant fin dans les années 1990. Le casting impressionnant fait toute la force du métrage et vient solidifier sa narration qui s'appuie, entre autres, sur les performances de Manoj Bajpayee, Nawazuddin Siddiqui, Tigmanshu Dhulia, Richa Chadda et Huma Qureshi. 075


Maqbool, 2003.

Johnny Gaddaar,2007. Cinq ans avant la sortie de Badlapur, Sriram Raghavan s'aventurait déjà dans le territoire des films de crime et a sorti en 2007 sa seconde réalisation, Johnny Gaddaar. Présentant Neil Nitin Mukesh dans son premier rôle et sa plus puissante prestation à ce jour, l'histoire est centrée sur un gang qui dirige une maison de jeux, en plus de s'occuper d'autres affaires illicites. Ses cinq membres sont Vikram (Neil Nitin Mukesh), Seshadri (Dharmendra), Shardul (Zakir Hussain), Prakash (Vinay Pathak) et Shiva (Dayanand Shetty). Argent, mensonge, trahison et mort sont les mots clés de cette histoire racontée en flashback, jusqu'à mener les spectateurs au dénouement final.

Bien que tragique à souhait, cette première adaptation shakespearienne de Vishal Bhardwaj reste pour le moins fortement liée au crime organisé. Basé sur MacBeth, le film raconte l'histoire de Maqbool (Irrfan Khan), le bras droit de Jahangir Khan (Pankaj Kapur) qui se trouve être le 'don' le plus redoutable de la ville de Mumbai. Leur relation mentor-protégé rend Maqbool à jamais reconnaissant envers cet homme, surnommé Abba Ji. Tout prend une ampleur différente quand Nimmi (Tabu), maîtresse d'Abba Ji et amoureuse de Maqbool essaye de convaincre ce dernier de renverser le règne actuel pour prendre le pouvoir du gang. Maqbool est l'un des films les plus puissants en terme de qualité de Vishal Bhardwaj, et a valu à son casting, notamment Pankaj Kapur, plusieurs distinctions.


3.

Les

films

de

crime-thriller

Dans sa globalité et pris à part, le genre du thriller est un genre très répandu, autant dans les films que dans les séries, mais aussi dans la littérature. Associé au genre du crime, le thriller se caractérise souvent par les diverses sensations qu'il procure au spectateur : anticipation, surprise et anxiété, selon leur degré d'attache émotionnelle avec les différents personnages et l'histoire qu'ils traversent. L'élément criminel représente l'une des normes les plus simples pour implémenter un sens de danger, essentiel au thriller. Le plus souvent, le plot principal tourne autour d'un crime quelconque, et le tout réside dans le fait de trouver qui l'a commis et pour quelle raison. Dans les films hindi, thriller et crime sont souvent associés, surtout lorsqu'il s'agit d'une étrange affaire de meurtre ou de disparition. Parmi les films les plus sous-estimés de ce genre, je vous propose de découvrir les trois suivants.

Ek Haseena Thi, 2004 L'histoire de Ek Haseena Thi tourne autour de Sarika (Urmila Matondkar), une jeune femme indépendante qui croise le chemin de Karan (Saif Ali Khan). Charmant et mystérieux, elle est attirée par lui et leur relation commence. Seulement, quand leur conte de fée se termine, il laisse place à un cauchemar interminable pour Sarika qui se retrouve entraînée dans un monde de crime et de torture, la poussant à changer radicalement de caractère pour se faire justice. 077


Manorama Six Feet Under, 2007

A Wednesday!, 2008 En 2008, Neeraj Pandey faisait son entrée à Bollywood avec une première réalisation hors du commun : un métrage du nom de A Wednesday ! qui deviendra à sa sortie l'un des succès les plus inattendus de l'année, allant même jusqu'à gagner un National Award. Reposant sur les épaules d'un casting fort et particulier, comptant d'ailleurs à sa distribution des géants comme Anupam Kher, Naseeruddin Shah et Jimmy Shergill, le film est considéré comme l'un des thrillers les plus réussis du cinéma hindi. Sur le point d'être en retraite, un policier (Anupam Kher) décide de raconter les événements qui ont eu lieu un mercredi particulier, et qui pour lui représentent la plus grosse affaire de sa carrière. Aucune trace écrite de ce qui a pu se produire ce jour-là n'existe concrètement, et tout ce qui s'est passé n'est aujourd'hui qu'une mémoire dans les esprits des différents personnages qui y ont pris part, de leur plein gré ou malgré eux.

Avec Abhay Deol, Gul Panag et Raima Sen dans les rôles principaux, Manorama Six Feet Under fait probablement partie des films les plus méconnus de sa catégorie. Réalisé par Navdeep Singh, l'histoire du film est inspirée du thriller hollywoodien de 1974, Chinatown, avec Jack Nicholson en tête d'affiche. Le métrage se déroule dans un petit village du Rajasthan où un détective amateur se retrouve au milieu d'une affaire de meurtre des plus compliquées, qu'il est obstiné à résoudre.


Les films de crime À BOLLYWOOD En conclusion En plus de ces trois sous-catégories, il pourrait en exister au moins une dizaine d'autres. Comme cité précédemment, le crime dans sa forme la plus basique peut-être mêlé à tout autre genre cinématographique, comme la comédie dont peuvent découler des films comme Bunty Aur Babli qui est une version indienne humoristique de Bonnie & Clyde. Découvrir ce que les films de crime peuvent offrir dans leur entièreté reste tout de même un petit délice à côté duquel tout cinéphile ne devrait pas passer. ■

079


L lumière sur

La musique indienne occupe une place primordiale dans le cinéma indien et constitue une composante essentielle du succès d'un film. La musique a évolué, au même titre que le cinéma lui-même, et incarne à elle seule le syncrétisme culturel dû à la globalisation. Cependant, l'Inde reste l'un des rares pays à avoir su sauvegarder son folklore, phénomène remarquable à travers la musique notamment. Par le biais de cette rubrique musicale, vous découvrirez les grands artisans de la musique indienne d'hier et d'aujourd'hui. Chanteurs, paroliers et compositeurs, les classiques comme les jeunes révélations...

Lumière sur...

Monali Thakur MOTS PAR ASMAE

080

Née de deux chanteurs bengalis, Monali est sensibilisée à la musique dès son plus jeune âge.

S'en suivent plusieurs téléfilms pour la télévision bengalie dans lesquels elle fait presque oublier son talent de chanteuse au profit de son potentiel de comédienne.

En effet, elle apprend la musique hindoustanie des grands Jagdish Prasad et Ajoy Chakraborty. Artiste dans tous les sens du terme, Monali apprendra également la danse en pratiquant le hip-hop, le bharatanatyam et la salsa. Elle s'essaye aussi très tôt à la comédie en tenant le rôle principal de la série bengalie Aalokito Ek Indu, alors qu'elle est encore enfant. A 14 ans, elle remporte l'Anandalok Award de la Meilleure Chanteuse pour sa contribution à la musique de la série Sri Ramkrishna.

Cependant, elle participe en 2005 au télé-crochet Indian Idol (version indienne de La Nouvelle Star) duquel elle se classe à la neuvième place. Si le programme ne lui permet pas d'être littéralement révélée au public, elle est repérée par l'un des membres du jury, Sonu Nigam, qui lui propose de l'accompagner pour une série de concerts à travers le monde. Monali chantera ainsi aux États-Unis, en Angleterre et au Kenya, dans l'attente de l'opportunité qui lui permettra de vivre de son métier. >


AFF IC HE DE M O N A L I T H A KUR PO U R LE FEST I VA L A DVA I TA M 2016


MONAL I AVEC SON IIFA AWA R D EN JUIN 2 016 P H OTO G RA PHIE P UB L IÉ E SUR S ON COMP TE INSTAGRAM // MO NALITH AKUR 03

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Un autre juré de l'émission, Anu Malik, la sollicite pour poser sa voix sur sa composition « Kubool Kar Le », pour le film Jaan-E-Mann sorti en 2006. L'année suivante, la jeune femme revient à la comédie avec le métrage bengali Krishnakanter Will, dans lequel elle campe l'épouse de Govindlal, incarné par Jeet.

Mais 2008 changera la donne avec UN tube : « Zara Zara Touch Me » du film d'action Race. Pour ce métrage, elle prête sa voix cristalline à Katrina Kaif pour ce morceau sexy et contribue à ce qui deviendra l'un des chartbusters de l'an. Pour ce titre, la jeune femme sera nommée pour le trophée de la Meilleure Chanteuse lors des cérémonies des IIFA et Star Guild Awards. Pour autant, il faudra attendre deux ans pour Monali pour être des plus productives avec les bandesoriginales de Dulha Mil Gaya, Prince et Anjaana Anjaani auxquelles elle participe. La jeune fait doucement son chemin en chantant pour des œuvres telles que Rascals, Tere Naal Love Ho Gaya, Aiyyaa ou encore Ramaiya Vastavaiya.

En 2013, c'est la consécration pour la chanteuse. Elle interprète effectivement le morceau « Sawaar Loon » du film Lootera. Avec cette chanson composée par Amit Trivedi, Monali rappelle largement les grandes artistes des années 1950, entre Lata Mangeshkar et Sharda, en passant par Asha Bhosle. Sa prestation lui vaut de nombreuses nominations lors des cérémonies de récompense, et lui permet de remporter l'un des prix les plus prestigieux : le Filmfare Award de la Meilleure Chanteuse. Un an plus tard, c'est devant la caméra que Monali excelle avec Lakshmi, son premier film

hindi en tant qu'actrice dans lequel elle tient le rôle principal. Elle y joue une adolescente de 14 ans kidnappée pour être ensuite amenée sur le marché de la prostitution. Ce film noir dirigé par Nagesh Kukunoor (artisan des films Iqbal et Dor notamment) fait le tour des festivals internationaux, et prouve qu'en plus d'être une chanteuse d'exceptionnelle, Monali Thakur est une actrice surprenante. En 2015, elle est d'abord au casting du courtmétrage bengali Debi, dirigé par Aniruddha Roy Chowdhury (qui signera en 2016 le succès d'estime Pink), encensé par la critique. Elle tourne un second film court intitulé Jangle Bells, dans lequel elle vient donner de la couleur à la vie maussade de Namit Das. Surtout, elle prend part à l'album du film Dum Laga Ke Haisha, composé par Anu Malik, en chantant la version féminine du titre « Moh Moh Ke Dhaage ». La jeune femme est encensée de toutes parts pour sa prestation vocale et remporte en ce sens de multiples distinctions, dont les IIFA Award, Screen Award et Star Guild Award de la Meilleure Chanteuse. Nommée pour le Filmfare Award dans cette même catégorie, c'est une récompense bien plus convoitée qu'elle rafle pour ce morceau.

En effet, Monali Thakur est la lauréate du National Award de la Meilleure Chanteuse, une reconnaissance attribuée par le gouvernement indien qui englobe toutes les industries cinématographiques indiennes. Monali Thakur est étonnante. Son grain de voix singulier s'adapte à tous les styles musicaux. Elle a ainsi pu s'illustrer dans un registre très sensuel avec des chansons comme « Goodnight » de Dil Kabaddi (2008), « Zara Zara Touch Me » et > 083


« Khwaab Dekhe » de Race (2008), « Ishq Mein » de Prince (2010) et « Aga Bai » de Aiyyaa (2012). La jeune femme a su également prêter son timbre à des sons dansants et pétillants tels que « Anjaana Anjaani Ki Kahaani » de Anjaana Anjaani (2010), « Hip Hop Pammi » de Ramaiya Vastavaiya (2013), « Muh Meetha Kara De » de Rabba Main Kya Karoon (2013) et « Raghupati Raghav » de Krrish 3 (2013). Mais elle sait aussi servir des titres dynamiques aux sonorités folkloriques avec entre autres « Dilrubaon Ke Jalwe » de Dulha Mil Gaya (2010), la version bengalie du tube « Tune Maari Entriyaan » de Gunday (2014), « Sweety » de Bobby Jasoos (2014), « Dhol Baaje » de Ek Paheli Leela (2015), « Cham Cham » de Baaghi (2016) et dernièrement le morceau titre du film Badrinath Ki Dulhania (2017). Dans des univers plus hors normes, Monali est impeccable et prouve ainsi que sa couleur vocale se marie à toutes les ambiances. Des morceaux comme le titre bengali « He Naropishach » de Arundhati (2014) et « Dil Ye Ladaku » de Saala Khadoos (2016) en témoignent. Le guitare-voix lui va particulièrement bien, cet instrument mettant en valeur l'empreinte vocale de l'artiste pour les sons « Jingle Jingle » de Badmaash Company (2010), « Laila » de Nasha (2013) et « Turram Khan » de Hawaizaada (2015). Mais le genre qui lui sied à merveille reste la ballade romantique, exercice auquel elle s'est essayée à maintes reprises. En solo, la chanteuse a ainsi donné de la voix sur les mélodies de « Sawaar Loon » de Lootera (2013) et « Moh Moh Ke Dhaage » de Dum Laga Ke Haisha (2015).

Mais lorsqu'elle partage des séquences musicales avec d'autres artistes, la jeune femme se démarque toujours. 084

Les exemples sont nombreux, on soulignera ses collaborations avec Mohit Chauhan pour « Naina » de Kucch Luv Jaisaa (2011), mais aussi avec Atif Aslam pour « Tu Mohabbat Hai » de Tere Naal Love Ho Gaya (2012) et Arijit Singh sur « Love Me Thoda Aur » de Yaariyan (2014). Enfin, Monali a également pris part à des titres plus méconnus mais dans lesquels la jeune artiste est prodigieuse. Parmi eux, on citera « I Don't Luv U » du film du même nom (2013), « Yaro Yaro » du métrage tamoul Madha Yaanai Koottam (2013) et « Ei Bhalo Ei Kharap » de Golpo Holeo Shotti (2014), interprété dans sa langue natale.

Monali Thakur est clairement moins productive qu'une Shreya Ghoshal. Mais elle a su tirer profit de ses récents succès pour devenir une véritable figure populaire. Cette année, elle est l'une des juges du télécrochet Rising Star. Surtout, sa texture vocale est unique en son genre, à la voix angélique et puissante, aussi bien en adéquation avec des titres catchy et efficaces qu'avec des chansons plus lentes et affinées.

Sa carrière a mis du temps à se construire, mais l'artiste fait désormais partie de ces voix à ponctuer les tubes de ces dernières années à Bollywood, mais également au cinéma bengali auquel la jeune femme est très attachée. Monali Thakur peut donc tout faire sans jamais décevoir, prêtant sa voix à des jeunes pousses comme Pallavi Sharda et Bhumi Pednekar tout en chantant pour des grandes vedettes féminines telles que Sushmita Sen, Rani Mukerji et Priyanka Chopra. ■


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P playlist

l'évolution de la chanson romantique MOTS PAR FATIMA ZAH RA

086


1996 Kitna Pyara Tujhe Rab Ne Banaya RAJA HINDUSTANI

En 1996 sortait l'un des films cultes d'Aamir Khan. Beaucoup semblent attribuer au succès de Raja Hindustani la finesse de sa composition musicale, ce qui a valu à plusieurs de ses chansons des récompenses lors de la saison des Awards. « Kitna Payara Tjhe Rab Ne Banaya » est une des chansons romantiques par excellence de son année, écrite par Sameer, composée par Nadeem-Shravan et interprétée par nul autre que le duo Alka Yagnik et Udit Narayan.

1998 Tujhe Yaad Na Meri Aayee KUCH KUCH HOTA HAI

1997 Ek Din Aap Yun Humko Mil Jayenge YES BOSS

Vu la quantité de compositions romantiques qui lui est associée, ce n'est pas pour rien que Shahrukh Khan a obtenu son titre de 'King of Romance'. Parmi ces diverses chansons se trouve la ballade « Ek Din Aap Yun Humko Mil Jayenge », une douce composition de Jatin-Lalit, avec les mots du légendaire Javed Akhtar et les voix d'Alka Yagnik et Kumar Sanu.

1999 Woh Pehli Baar

PYAAR MEIN KABHI KABHI

Avec le duo Jatin-Lalit en maître de composition et Sameer derrière les lyrics, « Tujhe Yaad » du populaire Kuch Kuch Hota Hai capture l'essence même de la tristesse et du chagrin romantique, ce qui en fait une des chansons les plus mémorables de ce registre, avec les voix d'Alka Yagnik et Udit Narayan, accompagnées de Manpreet Akhtar.

Moins populaire que d'autres titres romantiques de 1999, « Woh Pehli Baar » du film Pyaar Mein Kabhi Kabhi reste l'une des chansons les plus adorables du répertoire de la romance. Ecrite et composée par Vishal Dadlani, le titre est interprété par Shaan.

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2000 Dil Ne Yeh Kaha Hai Dil Se DHADKAN

2001 Koi Fariyaad TUM BIN

Rip-off direct de la chanson arabe « Ahebak Lih Ana Madri » (qui peut se traduire par « Je ne sais pas pourquoi je t'aime ») du chanteur Abdul Majeed Abdullah, « Dil Ne Yeh Kaha Hai Dil Se » reste tout de même l'une des chansons romantiques les plus puissantes des années 2000. Il existe deux versions chantées par Alka Yagnik et Udit Narayan, duo musical fétiche de cette ère pour la première, ainsi qu'Alka Yagnik et Sonu Nigam pour la seconde. On doit la composition au duo Nadeem-Shravan.

2002 Hum Tumhare Hain Sanam

HUM TUMHARE HAIN SANAM

Illustrant l'alchimie de Shahrukh Khan et Madhuri Dixit, la chanson titre de Hum Tumhare Hain Sanam est l'un des moments forts du film. Avec les voix d'Udit Narayan et Anuradha Paudwal, le duo Nikhil-Vinay nous offre une composition romantique mémorable que Sameer capture brillament avec ses lyrics.

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Vous serez probablement plus familiers avec la nouvelle version de cette chanson, sortie en 2016 dans la 'suite' du film Tum Bin, sous le titre « Teri Fariyaad ». Pourtant, c'est la chanson originale, « Koi Fariyaad » qui est restée gravée dans toutes les mémoires pour sa signification poignante, et la voix immortelle du regretté Jagjit Singh. La musique est ici composée par NikhilVinay et les paroles écrites par Faaiz Anwar.

2003 Layi Vi Na Gayi CHALTE CHALTE

Parce qu'il n'y a rien de mieux qui décrit l'amour qu'un cœur brisé, « Layi Vi Na Gayi » de Chalte Chalte est une chanson parfaite du registre romantique triste auquel Sukhwinder Singh s'essaie avec brio, loin de sa zone de confort habituelle. La musique est composée par Aadesh Shrivastava et les paroles écrites par Pappu Dhillon et Babu Singh Maan.


r a n i m u k e r j i e t s h ah ru kh kh an da n s l e f i l m c h a l t e ch alte ( 2003) 089


e m r a a n h a s h m i e t soh a ali kh an d a n s l e f i l m t u m mile ( 2009) 090


2004 Yeh Dhuan Dhuan

TUMSA NAHIN DEKHA

Avec Tumsa Nahin Dekha, les Bhatt nous offrent comme à leur habitude une bande-originale captivante qui dessine l'image du parfait amour. « Yeh Dhuan Dhuan » est l'une des plus puissantes mélodies du film, et même de l'année 2004 avec les merveilleuses voix de Roop Kumar Rathod et Shreya Ghoshal, sur une composition remarquable de Nadeem-Shravan.

2006 Mere Haath Mein

FANAA

Fanaa marque non seulement le retour de Kajol sur grand écran après quelques années de pause, mais il marque également les esprits avec ses chansons romantiques, notamment l'incontournable « Mere Haath Mein » qui s'appuie sur les voix de Sonu Nigam et Sunidhi Chauhan. La bande-originale du film est signée par Jatin-Lalit, et les lyrics écrites par Prasoon Joshi.

2008 Kuch Khaas FASHION

La voix de Mohit Chauhan, chouchou de notre rédactrice en chef, ne cesse d'émerveiller dans ce registre. En 2008 il offre à son public un nouveau titre romantique, « Kuch Khaas » de Fashion, et c'est la chanteuse Neha Bhasin qui l'accompagne. Les lyrics ont été écrites par Sandeep Nath et la musique composée par Salim-Sulaiman.

2005 Piyu Bole PARINEETA

Chanson clé du métrage, « Piyu Bole » s'inscrit dans un registre romantique léger, mettant en scène les deux personnages principaux de l'histoire dans leur environnement naturel de taquinerie attendrissante. Les voix de Sonu Nigam et Shreya Goshal ne font qu'embellir davantage le résultat écrit et composé respectivement par Swanand Kirkire et Shantanu Moitra.

2007 Tum Se Hi JAB WE MET

Pour nombre de fans, Jab We Met est une référence par excellence pour définir la romcom moderne du cinéma hindi. Personne ne peut surtout nier que « Tum Se Hi » est l'une des chansons les plus romantiques des années 2000, en grande partie grâce à l'émotion transmise par la voix de Mohit Chauhan. Le titre est composé par Pritam et écrit par Irshad Kamil.

2009 Dil Ibadat TUM MILE

Composée par Pritam et écrite par Kumaar et Sayeed Quadri, « Dil Ibadat » est l'une des plus belles chansons d'amour de l'année de sa sortie. K.K. y prête sa merveilleuse voix et les émotions transmises autant par Emraan Hashmi que par Soha Ali Khan dans le clip rendent l'ensemble des plus poignants. 091


2010 Dil To Baccha Hai Ji

ISHQIYA

Après avoir écouté « Dil To Baccha Hai Ji » la première fois, il était évident que les personnes qui y étaient associées arriveraient avec brio à décrocher quelques Awards. Effet qui s'est bien réalisé et ce en partant du chanteur, arrivant aux lyrics de Gulzar en passant par la musique de Vishal Bhardwaj. Chantée par Rahat Fateh Ali Khan, la chanson mérite amplement son succès et constitue un 'must listen' pour tous les amoureux du genre.

2012 Pareshaan ISHAQZAADE

Qui d'entre nous n'a pas eu « Pareshaan » en tête après avoir découvert la bande-originale d'Ishaqzaade ? Ceux qui ne la connaissent pas devraient aller l'écouter, ce morceau ayant propulsé au passage Shalmali Kholgade dans l'industrie et lui valant également quelques récompenses. Amit Trivedi a composé la chanson tandis que Kausar Munir en a écrit les paroles.

2014 Tu

BOBBY JASOOS

En 2014, Swanand Kirkire et Shantanu Moitra joignent leur forces pour offrir aux amoureux du registre romantique une mélodie particulière, que je vous invite à écouter à souhait : « Tu » avec les magnifiques voix de Papon et Shreya Ghoshal.

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2011 Jadugari

DIL TOH BACCHA HAI JI

Kunal Ganjawala, qui se fait de plus en plus rare ces dernières années sur la scène musicale indienne, est la voix derrière la sympathique « Jadugari » du film Dil Toh Baccha Hai Ji. La musique composée par Pritam est à la fois mignonne et accrocheuse.

2013 Tum Hi Ho AASHIQUI 2

Si Arijit Singh a fait son entrée dans l'industrie en 2011 avec « Phir Se » du film Murder 2, ce n'est effectivement qu'en prêtant sa voix au personnage interprété par Aditya Roy Kapur dans Aashiqui 2 que le chanteur a trouvé son public. « Tum Hi Ho » demeure un coup de cœur et une composition romantique incontournable, créée par l'excellent Mithoon.

2015 Hasi

HAMARI ADHURI KAHANI

La chanson coup de cœur à l'unanimité de l'année 2015 au sein de la team Bolly&Co est sans le moindre doute « Hasi ». Émouvante et envoûtante, elle repose sur la douce révélation de son chanteur Ami Mishra qui en a également composé la musique.


2016 Aaj Ro Len De 1920 LONDON

Sharib Sabri prête sa voix à la chanson « Aaj Ro Len De » de l'oubliable film d'horreur 1920 London. Le titre, contrairement au métrage, marque avec délicatesse les esprits romantiques comme une bonne partie de l'album musical. La composition est proposée par le chanteur lui-même, et les paroles écrites toujours par ce dernier en collaboration avec Kalim Sheikh et Toshi Sabri.

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I

interview

Le Festival des Cinémas I n d i e n s d e To u l o u s e fête ses 5 ans ! MOTS PAR E LODIE

Cette année, c'est la 5ème édition du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse. Depuis sa première édition en 2012, l'événement cherche à promouvoir un cinéma indien plein de diversité tout en restant actuel. Entre masala bollywoodiens et films plus indépendants, le but est de dévoiler tout un panel de métrages qui poussera à la réflexion et à l'interaction entre spectateurs et invités. Du 21 au 30 avril, les curieux et fans de cinémas indiens pourront profiter d'œuvres aussi inédites que surprenantes, avec une sélection qui marquera les 5 ans du festival.

A cette occasion, Bolly&Co a échangé avec Frédérique Bianchi, programmatrice du festival.

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Le festival en quelques mots.

Qui est Frédérique Bianchi ?

« Le festival est une toute petite structure qui a pour objectif de proposer une médiation culturelle entre les spectateurs de France et les cinémas indiens. Cette médiation est vraiment notre priorité, parce qu'on sait qu'il y a encore tout à faire aujourd'hui avec les cinémas indiens en France. Il s'agit pour nous de changer l'horizon d'attente des spectateurs mais en douceur, parce que nous sommes aux antipodes en termes de codes culturels et que pour certains, c'est vraiment un choc violent. »

« J'ai un parcours complètement hétéroclite. J'ai au moins quinze centres d'intérêt en même temps et tout le temps. De formation littéraire, théâtre historique du 18ème siècle européen. Je suis allée jusqu'en recherche. J'ai arrêté pour m'occuper de mes enfants et je me suis ensuite dirigée vers le droit. J'ai donc fait du conseil juridique. Et puis un jour, une amie m'a raconté que ses enfants regardaient des films de Bollywood et dans ma tête, ça m'a rappelé un souvenir. Quand j'étais au collège, je me souviens >



avoir lu dans mon manuel d'histoiregéographie cette légende qui disait quelque chose comme 'le cinéma indien n'est pas terrible, mais ils en produisent énormément chaque année.' J'ai donc commencé à poser des questions, mais j'ai laissé ça de côté jusqu'à ce qu'un jour je lui demande de ramener des films indiens afin de voir enfin de mes propres yeux ce cinéma. Elle a donc amené Kuch Kuch Hota Hai et La Famille Indienne.

J'ai été surprise par l'émotion transmise par les films indiens et je me souviens avoir regardé ces deux films cinq ou six fois pour essayer de comprendre, mais aussi parce qu'intuitivement je savais que le choc était tellement grand que je devais me familiariser avec cet univers avant de me poser des questions. J'ai ensuite décidé de reprendre mes études et je me suis retrouvée à faire un Master 2 Art et Média avec cette question 'Pourquoi une cinématographie si prolifique – qu'on aime ou pas – n'est pas distribuée ici ?' et c'est ainsi que je me suis mise à faire des recherches, d'abord sur l'accueil des équipes de tournage indiennes en France, puis sur l'accueil des films indiens par le public français au cinéma. C'est toujours ce choc culturel qui m'intéressait et qui m'a, dès le début, convaincu qu'il fallait monter quelque chose autour des films indiens pour voir justement comment ça se passe et où ça bloque. » Comment est né le Festival ? « Nous étions plusieurs à être intéressés 096

par la culture indienne. Beaucoup avaient vécu en Inde. C'était à la base une équipe de 7 personnes, mais nous avions tous des parcours très différents. Nous n'avions pas forcément d'affinités, mais nous nous sommes lancés. J'étais la seule à avoir une expérience de festival, mais pas directement sur le cinéma.

Au début, ça s'appelait Saison Indienne. Il y avait, au départ, une volonté de développer plus d'événements autour de l'Inde comme les expos, mais aussi de faire des choses plus généralistes comme des ateliers de cuisine ou de yoga. Moi, j'étais plus focalisée sur les films et je voulais qu'on se soit d'abord correctement développés avant de proposer un panel plus divers d'activités. Ça a été très difficile la première année, mais au moins la structure était lancée et au bout de deux ans, avec Sarah, nous avons proposé une refonte afin de pouvoir continuer et développer le festival de cinéma, avec un premier prix du public. » Comment la sélection est faite ? Quels sont les critères ? « Si je fais ma sélection idéale, je ne suis pas certaine qu'on me suive parce que je vais faire selon mes goûts et ça ne sera pas harmonieux. Et puis avoir une sélection idéale, c'est utopique. Il faudrait n'avoir aucun problème à contacter les réalisateurs, à trouver les salles etc... Cette année, un nouveau bénévole a rejoint l'équipe et m'assiste dans la présélection. D'abord, je garde un œil sur les nouveautés et sur ce qui se passe, notamment sur les réseaux sociaux.


L A FO R MI DAB L E ÉQUIP E DU FESTIVAL DES CINÉMAS INDIENS DE TO ULO USE : ( AU P R E MI E R RANG , DE G AUC HE A DROITE ) SARAH ET DAVID (AU SECO ND RANG, DE G AUC HE À DROITE ) VAANI, FRE DE RI QUE, GAËLLE ET ANDR ÉA. A BS E N T SUR L A P HOTOG RAP HIE : C HANDIRASEGARAN, QUI VIT EN INDE.

Je n'ai pas de vraie stratégie définie, mais je recherche toujours pourquoi on parle de tel ou tel film. Je commence très tôt, par exemple j'ai déjà commencé une pré-liste pour 2018. Dans les critères, il y a d'abord ce qui peut toucher le public français, le plaisir de partager des découvertes et les thèmes propices à l'échange avec les spectateurs, mais aussi, on ne peut pas le nier, la barrière économique, notre budget étant dérisoire pour un festival de cinéma avec prix. On essaie de trouver un équilibre, avec idéalement quatre bassins linguistiques, mais c'est compliqué. Il y a le critère de genre aussi, mais également celui des films très grands publics, des films intermédiaires et aussi les films classés 'auteur.' »

C'est la cinquième année, qu'est-ce que ça fait ? « On est super fiers. Déjà à l'époque, je savais qu'aucune manifestation centrée uniquement sur les cinémas indiens, n'avait réussi à passer le cap des deux ans. Alors, je sais que passer cette étape, c'est déjà bien et donc arrivée à la cinquième année, je ne peux être que fière de tout ce qu'on a fait et apporté. On n'a pas dévié de ce qu'on voulait faire, de cette volonté à être axé sur la médiation, la convivialité et la différence culturelle. Cette année, nous avons une équipe un peu plus costaud et nous avons un > 097


programme de films plus diversifié que l'année précédente, avec plus d'invités. Des rituels sont posés comme la Bollywood party ou les buffets des samedis. Et puis, il y a des gens qui ont découvert le festival par pur hasard et qui reviennent chaque année, d'autres qui nous soutiennent depuis le début et ça, ça nous encourage à continuer.

Ce qu'on veut désormais, c'est augmenter nos financements pour améliorer notre budget vraiment ridicule pour un événement de cette envergure. Il y a encore beaucoup de travail ! » Le meilleur et le pire souvenir ? « Il n'y a pas vraiment de pire souvenir. Comme tout festival, nous avons les péripéties, soucis techniques et déceptions classiques. Mais parmi les meilleurs, il y a ce moment durant la première édition. En fait, une de nos spectatrices – présente lors de chaque édition, depuis – était venue un soir découvrir le festival et elle s'est mise à venir à chacune des projections jusqu'à amener une amie pour lui faire découvrir et en discutant avec elles, je leur avais dit qu'elles devaient absolument venir le samedi soir pour la projection d'Om Shanti Om. Sauf que son amie était très déçue et frustrée parce qu'elle devait s'absenter et qu'elle ne savait pas si elle pouvait se libérer le samedi soir. C'est alors que le soir en question, je l'ai vu débarquer en courant dans la rue, valise en main, motivée comme jamais, criant « Je suis arrivée à temps ! » et elle s'est organisée pour pouvoir regarder le film. Ça, c'est un super souvenir. » ■

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Apportez dès maintenant votre soutien au Festival des cinémas indiens de toulouse ! Ils ont besoin de vous ! Une petite aide financière de votre part permet d'aider à la programmation de films inédits en France, leur sous-titrage, le voyage et l'hébergement des invités du festival, les animations... N'hésitez pas à faire vos dons. Chaque geste compte.

www.helloasso.com/associations/ festival-des-cinemas-indiens-detoulouse


Les films projetés lors de la 5ème édition

Dharmadurai

Kaabil

Tamoul - 2016

hindi - 2017

Réalisé par

Réalisé par

Déesse indiennes en colère hindi - 2015 Réalisé par

Pan Nalin

Seenu Ramasamy

Sanjay Gupta

Raees

Aiyyaa

Saankal

hindi - 2017

hindi - 2012

hindi - 2015

Réalisé par

Réalisé par

Réalisé par

Rahul Dholakia

Sachin Kundalkar

Dedipya Joshii

Onaatah

Naan Kadavul

Vaagai Sooda Va

Khasi - 2016

Tamoul - 2009

Tamoul - 2011

Réalisé par

Réalisé par

Réalisé par

Pradip Kurbah

Bala

A. Sarkunam

Chanda, une mère indienne hindi - 2016 Réalisé par Ashwiny Iyer Tiwari

Maanagaram Tamil - 2017 Réalisé par

Irudhi Suttru

Phillauri

Tamoul - 2016

hindi - 2017

Réalisé par

Réalisé par

Sudha K Prasad

Anshai Lal

Pour plus d'informations, suivez-les : www.facebook.com/ ToulouseIndianFilmFestival

Lokesh Kanagaraj

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I

interview

RENCONTRE AVEC

Pan Nalin MOTS PAR ASMAE

Dans le cadre du Paris Image Cinema – L'Industrie du Rêve, Elodie et moi avons eu l'honneur et le privilège de nous entretenir avec le brillant Pan Nalin, venu présenter sa dernière réalisation Déesses Indiennes en Colère. Et alors que l'échange ne devait durer qu'une vingtaine de minutes, nous resterons plus d'une heure à échanger avec ce génie du cinéma indien contemporain. D'anecdotes en réflexions, il nous a permis de mieux appréhender son univers tout en nous expliquant en quoi Déesses Indiennes en Colère a représenté pour lui une expérience unique. Conversation animée émaillée de quelques fous rires avec le plus français des réalisateurs indiens...

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Asmae : Vous êtes ici afin de présenter votre dernière réalisation, Déesses Indiennes en Colère, qui a reçu d'excellentes critiques lors de sa sortie en Inde en 2015. Que pouvez-vous nous dire à propos de ce film ? Pan Nalin : Vous irez le voir ce soir ? Asmae : Absolument, nous n'y manquerons pas ! Elodie : J'attendais le film depuis la sortie de la bande-annonce et je me disais « Il faut que tu le vois ! » Asmae : Nous avons fait la promotion du


film lors de sa sortie en France. Mais nous n'avons pas pu le voir jusqu'ici puisque nous ne vivons pas à Paris. Que pouvez-vous nous dire de ce métrage ? Pan Nalin : Je peux vous dire que j'espérais qu'une femme fasse un tel film, comme vous par exemple. Mais personne ne fait de films de femmes en Inde. On ne voit jamais ces femmes à l'écran, celles qui sont comme mes amies. On ne parle pas de leurs problèmes, de leur bonheur. Régulièrement, les cinéastes qui parlent de la condition féminine évoquent les situations des villageoises. Mais en Inde, il y a 300 millions de femmes qui vivent en milieu urbain. A côté de cela, les affaires de viol, d'agression sexuelle et de harcèlement augmentent. Du coup, j'ai sollicité mes assistants et mes scénaristes pour aller parler à ces femmes... Je ne sais pas vraiment comment je suis parvenu à faire ce film. (rires) Vous savez, le cinéma de Bollywood est très populaire en Inde. Pourtant, aucun film de potes au féminin n'a été réalisé. Pourtant, il y en a eu plusieurs avec des hommes.

féministe. C'est juste une œuvre sur 7 femmes qui se retrouvent en Inde. Et elles auront au moins 21 sujets à aborder ! (rires) Elles pourraient parler de harcèlement sexuel, de la société patriarcale mais aussi des attentes autour du rôle d'épouse, du harcèlement au travail, dans la rue... Ces problématiques sont universelles mais elles sont encore plus prégnantes en Inde, qui est rapidement devenu un État capitaliste.

Il existe un écart énorme entre la tradition persistante de la culture indienne et le modernisme de la société.

Pan Nalin : Zindagi Na Milegi Dobara, Dil Chahta Hai, 3 Idiots, Rang De Basanti, on les compte par milliers. Et je me suis dit, qu'en est-il des femmes ? Pourquoi trois femmes n'iraient-elles pas en Espagne pour prendre du bon temps ? Elles ne le feront pas, puisque personne n'a envie de les voir à l'écran. C'est pourquoi personne ne voulait financer notre projet. J'ai donc pris conscience que s'ils nous disaient 'non', c'est que nous tenions probablement quelque chose de formidable ! (rires)

Les jeunes viennent de familles traditionnelles mais sont envoyés dans de grandes écoles. Ils y apprennent l'anglais et en sortent avec une nouvelle vision de la vie. Et le grand problème en Inde, c'est l'amour. Si une fille dit à ses parents qu'elle veut devenir la nouvelle Bill Gates, ils l'encourageront. Par contre, si elle leur dit qu'elle veut épouser Bill Gates, il en sera hors de question ! (rires) Pour elle, ce sera un mariage arrangé. Les femmes ont envie de boire, de fumer, comme tout le monde. Mais la société étant encore ancrée dans un certain conservatisme, les gens vont devenir jugeants envers ces femmes. « Si elle fume, c'est sûrement une fille facile, » vous voyez ? En partant de cela, nous avons commencé à chercher des actrices, à lever des fonds... Dans la mesure où notre film est indépendant, nous n'avions aucune obligation vis-à-vis du casting. Aussi, même si une grande star avait été intéressée, elle n'aurait jamais accepté de partager l'affiche avec d'autres femmes.

Asmae : Ils n'avaient pas le courage de soutenir un tel projet !

Asmae : Oui, elles veulent être les seules vedettes principales.

Pan Nalin : Oui. Mais ce n'est pas un film

Pan Nalin : Oui car quand on leur soumet >

Asmae : Oui, comme Zindagi Na Milegi Dobara.

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l'idée, elles sont intéressées mais elles me demandent d'abord combien de temps elles apparaîtront à l'écran. On s'est donc rendus compte que nous avions besoin de femmes qui croyaient dans le projet avant tout. Les auditions avaient l'air d'une séance chez un psychiatre, vous savez. (rires) Nous leur avons demandé de parler de leur enfance, des femmes qui ont ponctué leur vie, de leurs expériences en tant que femme. Déesses Indiennes en Colère était un titre de travail puisque ces femmes avaient cette colère en elles. Elles n'étaient pas tristes et elles ne se plaignaient pas. Mais elles étaient en colère. Il y a cette métaphore dans l'hindouisme avec la déesses Kaali, qui détruit tout sur son passage pour créer un nouveau monde. Et bien toutes ces femmes sont comme ça. Asmae : La distribution de votre film est très éclectique. Sarah-Jane Dias est une ancienne Miss, Rajshree Deshpande a joué dans des films dravidiens et des séries télévisées, Anushka Manchanda est chanteuse... Comment ces femmes en sont venues à s'unir pour ce film ? Pan Nalin : Après avoir rencontré de nombreuses femmes, nous étions restées sur 20 personnages qui nous touchaient le plus. Puis nous nous sommes entendus sur 7 personnages, pour lequels nous sommes partis à la recherche de 7 actrices. Nous nous sommes dits que nous n'allions pas regarder leurs expériences artistiques.

Elles étaient absolument fantastiques et elles ont porté le film. Elles sont devenues des déesses indiennes en colère elles-mêmes. Mais nous voulions qu'elles restent dans leurs personnages même après que nous 102

ayons dit 'coupé' sur le plateau. Nous envoyions des espions le soir quand elles allaient dîner ensemble pour être sûrs qu'elles ne quittaient pas leurs rôles. (rires) Elodie : Cela a dû être un sacré défi pour toute l'équipe, notamment pour les actrices. Pan Nalin : C'était très émouvant. Certaines d'entre elles ont eu l'impression de renaître. Cette expérience était si intense pour elles. Après le film, certaines venaient vers moi en me disant « je n'ai pas l'envie de faire un autre film, c'est banal, c'est nul... » (rires) Sinon, les réactions du public masculin étaient formidables. Nous pensions qu'ils réagiraient négativement. Bien sûr, c'était difficile parce qu'ils savaient que ce qui était restitué dans le film correspondait à une certaine réalité. Asmae : A vrai dire, c'est une expérience formatrice pour les spectateurs. Mais vous, avez-vous le sentiment d'avoir changé en tant qu'artiste ? Pan Nalin : Oui, je suis encore plus vigilant à la façon dont j'écris mes rôles féminins. Ce film m'a permis de prendre conscience des inégalités du quotidien. Une actrice m'a dit un jour qu'elle vivait ces inégalités depuis qu'elle avait l'âge de 8 ans. Sa mère préparait des chapatis. Ses deux frères avaient les chapatis chauds, et ceux qui étaient froids étaient pour elles. Moi aussi, je l'ai vécu. Et je pense que c'est inconscient. J'avais le meilleur lit. Ces erreurs sont ancrées dans les esprits et sont répétées. Asmae : C'est justement le point majeur de votre film. Les femmes se projettent dans les personnages mais les hommes prennent conscience que les femmes, aussi modernes et indépendantes soient-elles, traversent de nombreux problèmes. Pan Nalin : En effet, d'autant que nous


71% des rôles de femmes au cinéma indien sont des personnages décoratifs, qui sont là pour leur corps.

doutions de la capacité du film à s'exporter. Il y a eu tellement de films occidentaux qui parlaient des femmes. Mais nous avons été agréablement surpris par l'accueil du film à échelle internationale, pas parce qu'on parle d'Inde, mais parce que le film traite de questions universelles. Elodie : Je pense que le film est puissant parce qu'on est toutes en mesure de se reconnaître dans ses personnages. Ce qui arrive en Inde se passe également ailleurs dans le monde. Asmae : C'est un peu de ça que nous parlions avec un autre film indien sorti en France, La Saison des Femmes, puisque ce film-là parle de villageoises indiennes. Et pour nous, c'est plus délicat de nous projeter à moins que l'écriture des personnages le permette, mais surtout de comprendre ce qu'elles traversent. Votre film, a contrario, a une portée qui transcende les cultures et les origines. Pan Nalin : Nous avons reçu un accueil incroyable en Égypte et au Liban et on se rend compte que ce dont parle Déesses Indiennes en Colère fait écho à leur propre réalité. Asmae : Justement, vous qui êtes porté sur la dimension internationale de vos films, j'ai remarqué que vous avez beaucoup travaillé avec la France sur vos précédentes réalisations comme Samsara ou La Vallée des Fleurs. C'est d'ailleurs la thématique du Paris Images Tradeshow - L'industrie du rêve : la collaboration entre l'Inde et la France. Avez-vous une sensibilité particulière pour les artistes français ?

Pan Nalin : Oui, car quand j'ai décidé de devenir réalisateur, je ne voulais pas faire le même cinéma qu'à Bollywood. Entendonsnous bien, j'adore Bollywood, j'ai grandi avec. Mais quand j'ai réalisé que je ne pourrais pas faire les films que je voulais en Inde, j'ai fait comme tout le monde : je suis allé à Hollywood. Je suis donc allé vivre à Los Angeles pendant 1 an. Mais j'ai réalisé que c'était encore un autre monde. Je suis ensuite allé vivre à New-York puis à Londres pour finalement arriver à Paris.

A l'époque, je ne parlais pas un mot de français mais la première impression que j'ai eue, c'est que cette ville est la vraie capitale du cinéma du monde. Vous savez, j'ai vu tellement de films ici, qui ne sont même pas sortis dans leurs pays d'origine. Progressivement, je me suis imprégné de la culture. J'étais capable de séduire en français, puis de me disputer en français avec mes petites-amies. (rires) Puis, quand Samsara est sorti en 2002, l'accueil positif des français a permis au film d'être projeté dans d'autres pays. Jusqu'à Déesses Indiennes en Colère, tous mes films ont été co-construits avec la France. Pour ce dernier, je ne suis pas parvenu à convaincre de potentiels financeurs, qui me demandaient toujours « Est-ce que ces filles ont le look indien ? Est-ce qu'elles portent des saree ? » Asmae : Est-ce qu'elles dansent autour des arbres ou dans les montagnes ? (rires) Pan Nalin : Oui, et j'avais envie de leur > 103


Nous avons laissé beaucoup de place à l'improvisation. La majeure partie de notre équipe était féminine et du coup, chacune réagissait aux scènes sur leur pertinence et leur réalisme. dire : avez-vous déjà mis les pieds en Inde ? Il y a plus d'un milliard d'habitants en Inde, avec plusieurs cultures différentes. Je leur disais d'aller à Goa, à Delhi, à Bangalore. Déesses Indiennes en Colère, c'est l'histoire de cette Inde-là. Aussi, l'Inde rurale est très complexe. Les villages du sud de l'Inde ne sont pas du tout confrontés aux mêmes problèmes que les villages du nord. Manipur, qui est un État du Nord-Est de l'Inde, constitue une société matriarcale. Les femmes font des affaires et les hommes sont à la maison. Vous ne verrez que des femmes gérer les commerces locaux. Et les hommes sont probablement à la maison à boire un coup ! (rires) Ainsi, on ne peut pas faire un film sur la femme indienne tant elles sont complexes et multiples. Nous, nous avons voulu toucher à ces femmes modernes puisque c'est ce vers quoi la société semble vouloir tendre. L'Inde est le pays de tous les extrêmes et ce contraste est stimulant, intellectuellement parlant. Asmae : Vous avez également dirigé des documentaires comme Ayurveda et Faith Connections. Entre les documentaires et les métrages fictifs, quel est le support avec lequel vous vous sentez le plus à l'aise ? Pan Nalin : Les deux, et si je pouvais donner un conseil à tous les réalisateurs, ce serait de vous essayer aux deux exercices si vous le pouvez. C'est tellement complémentaire. Et c'est tellement satisfaisant. Quand j'ai tourné mon documentaire Faith Connections, je ne savais absolument pas à quoi m'attendre. J'ai décidé de suivre certaines personnes, mais je ne savais pas où elles allaient me mener. 104

Asmae : C'est très spontané, en fait. Pan Nalin : Oui, c'est surprenant. C'est si imprévisible. Mon équipe technique devenait folle car dès qu'il se passait quelque chose, il fallait que nous soyons réactifs. Quand j'écris une fiction, j'ai le sentiment d'avoir toujours les pieds sur Terre, d'avoir une ligne directive qui me permet de ne jamais me perdre.

Mais vous savez, mes documentaires sont bien plus surprenants que mes œuvres fictives ! Quand j'y repense, je n'en reviens pas ! Par exemple, je me souviens d'un petit garçon de 10 ans, un orphelin, qui était sur notre route. Il nous a dit qu'il s'était enfui de chez lui pour devenir gourou. Puis il est parti. Plus loin, nous sommes tombés sur des policiers qui connaissaient cet enfant. Et ils nous ont dit qu'il voulait devenir un bandit. Et là je me suis dit « Quoi ?! » Du coup, cet enfant m'a dit plus tard qu'il ne savait pas encore s'il devait partir pour Bombay afin de travailler pour la mafia locale ou s'il devait plutôt devenir un homme de foi, un gourou. (rires) Mais vous savez, c'est tellement fou qu'on croirait que c'est téléphoné, que c'est moi qui lui ai donné le script. Et quelques temps plus tard, nous avons découvert qu'il n'était pas du tout orphelin. Elodie : Il s'est inventé sa propre histoire. Pan Nalin : Exactement ! C'est pourquoi je pense que le travail documentaire prend sens. En particulier aujourd'hui avec les >


Asmae, quelques minutes avant l'interview avec le rĂŠalisateur Pan Nalin, en pleine prĂŠparation.

Pan Nalin, durant l'interview, lors du festival du Paris Image Tradeshow, l'industrie du rĂŞve.


smartphones. Nous sommes constamment les réalisateurs de documentaires. Quand vous regardez les vidéos les plus vues sur Internet, elles ne viennent pas de professionnels. Il s'agit de vidéos toutes simples, une chute, une chanson, des chats...

des chanteurs. Mais dans cette liste datant de 2016, aucun chanteur, acteur ou même sportif n'y figure. Il n'y a que des vidéastes. Et c'est totalement fou ! Asmae : Oui, et ce phénomène est en train de s'étendre en Inde avec, par exemple, le groupe d'humoristes AIB.

Elodie : On le fait tous, en plus. Asmae : On se sent tels des réalisateurs, à vrai dire. Pan Nalin : Du coup, aujourd'hui, c'est un énorme défi. Il faut être à la hauteur de ces vidéos qui ont fait rire le spectateur sur son smartphone. Elodie : J'ai d'ailleurs fait une thèse sur l'utilisation des smartphones et j'en suis venue à la conclusion que les gens se filment ou se prennent en photo pour avoir le sentiment d'exister. Asmae : Ils pensent ainsi que leur vie est intéressante. Pan Nalin : Oui, absolument. D'ailleurs, ce qui se passe dans l'Inde rurale est incroyable. Le fait de posséder ne serait-ce qu'un téléphone semble leur donner une identité. Asmae : Oui, le support digital est en train de changer la façon dont on consomme le cinéma. Nous avons eu l'opportunité de rencontrer Manoj Bajpayee il y a de cela quelques mois et il nous disait justement que les courts-métrages donnaient à voir une manière nouvelle de raconter des histoires. Pan Nalin : En effet. Je me souviens d'un rapport de Hollywood Reporters qui mettait en avant les personnalités les plus suivies au monde. Il y a 20 ans, on y aurait retrouvé Tom Cruise, Michael Jackson, des acteurs et 106

Pan Nalin : Oui, All India Bakchod, je connais. Asmae : Il y a de plus en plus de web-séries, aussi. Pan Nalin : De plus en plus de producteurs se lancent dans ces supports. Et ce serait intéressant de se questionner sur la façon dont on consomme ces pièces. Asmae : Vous devriez en faire un film ! (rires) Je présume que vous vous êtes déjà essayé à l'exercice du court-métrage. Vous projetez de renouveler l'expérience ? Pan Nalin : J'aimerais le refaire. D'ailleurs, j'en fait déjà mais à titre personnel, je ne partage pas tous mes travaux. Mais vous savez, je pense que je traverse actuellement une phase pendant laquelle je me demande ce que les images veulent dire pour nous, et ce qu'elles pouvaient signifier il y a 20 ans. Ce n'est plus la même chose.

Les images perdent de leur pouvoir, malheureusement. Parce que c'est devenu accessible à tous. Ce qui peut faire la différence, c'est la puissance émotionnelle du contenu que l'on propose. Vous pouvez regarder une vidéo techniquement affreuse mais qui va vous faire rire. Et elle aura 20 millions de vues.


Du coup, je suis plus réservé à tout partager et je veux que ce que j'offre au public ait du sens. Je pense qu'un bon film part d'abord d'une bonne idée. Si vous n'avez pas de budget, ce n'est pas grave. Mais si l'idée est originale et que le résultat est efficace, vous tenez quelque chose. Asmae : Ce sera ma dernière question, avezvous des projets en cours ? Pan Nalin : J'ai un film qui est en postproduction actuellement que j'ai tourné en Nouvelle-Zélande avec David Wenham et l'actrice française Emmanuelle Béart dans un rôle secondaire très important. Il s'intitule Beyond The Known World et parlera d'une jeune fille qui a décidé de partir en Inde et de se couper du reste du monde. Et on voit de plus en plus de jeunes faire ça et tenter de se redécouvrir. ■

Vous savez, j'ai reçu l'un de mes plus beaux compliments à Toronto. Après la projection (de Déesses Indiennes en Colère, ndlr), un américain est venu vers moi en complimentant le film et m'a dit : « C'était génial, j'aurais voulu laisser ma bite à l'entrée. » Et là, il est parti. (rires) PH OTO GRAPH IE CI-DESSO US : IMAGE DU F ILM BEYO ND TH E KNOW N WO R LD AVEC DAVID W ENH AM


F

flashback

HUM TUM MOTS PAR ASMAE

Hum Tum est incontournable. J'avais donc envie de le mettre à l'honneur de notre article Flashback, qui revient sur ces œuvres indiennes à (re)découvrir absolument. Sauf qu'analyser un film que les fans de cinéma indien connaissent par cœur manque clairement de sens. Je n'avais rien d'inédit ou de différent à vous amener sur cette œuvre, si ce n'est soulever sa dimension culte depuis sa sortie en 2004. Puisque Hum Tum fait partie de ces métrages qui constituent un passage obligé pour tout amateur de Bollywood.

Pour autant, il est clair que sa trame n'est pas des plus originales. Au contraire, elle réutilise le schéma des deux êtres diamétralement opposés qui vont s'éprendre l'un de l'autre après s'être initialement abhorrés. Mais sans vraiment que je puisse me l'expliquer, Hum Tum opère une magie certaine sur moi, à tel point que je le visionne en moyenne une fois par mois. Car Karan et Rhea font presque partie de ma famille, et j'ai toujours plaisir à les revoir, même si c'est pour être confrontée à une histoire que je connais désormais sur le bout des doigts.

108

De fait, plutôt que de vous exposer mon regard purement affectif sur ce film que j'adore, manquant d'argumentaire pour en restituer une véritable analyse, j'ai préféré vous donner la parole afin que vous puissiez exprimer ce que ce métrage vous évoque.

Pour certains d'entre vous, il fait office de classique du cinéma hindi. Pour d'autres, il constitue une comédie romantique sympathique sans toutefois révolutionner les codes du genre. Dans tous les cas, vous avez tous un avis sur ce métrage qui m'est si cher...


Brice

Rani

"Hum Tum que dire... un film qui sonne tout d'abord merveilleusement bien.

"Je dirais que Hum Tum est une réussite par la présence de Rani,

Moi et Toi en français, cela ne pouvait qu'annoncer un film ultra-romantique, un film noble de la bannière Yash Raj Films. Une histoire d'amour, celle de Rhea et Karan aux fils des ans et autour du monde aussi rappelons-le. Ce film est frais, l'histoire d'amour qui commence mal comme du pied gauche, finit par toucher nos cœurs, nous mûrissons au fur et à mesure que le film progresse... Au début nous avons du mal à voir les personnages ensemble. Mais par la suite le couple, entre le jeune nonchalant voulant devenir dessinateur de BD et la jeune femme extralucide, nous paraît presque comme une évidence, à une ère où le jodi de prédilection de l'acteur Saif Ali Khan était celui qu'il formait avec une certaine Preity Zinta. Sa collaboration avec Rani Mukherjee semble tout autant si ce n'est doublement rafraîchissante. Les acteurs sont justes comme il faut et l'alchimie qu'ils ont ensemble est comme sortie des plus beaux contes de fée. Les musiques ne sont pas en reste elles aussi car les fans de Bollywood les écoutent encore et toujours malgré le fait que ce film ait maintenant 13 ans... qui n'a jamais dansé sur « Gore Gore » ou rêvé de tomber amoureux sur la chanson titre ?! Probablement personne. En conclusion, je dirais non sans émotion que ce film est un des meilleurs de ces 20 dernières années, avec une identité bien réelle et singulière, un hymne à l'amour des temps modernes et surtout un vrai 'feel good movie' à voir et ce sous n'importe quel prétexte."

mais aussi parce que le film se déroule en plusieurs temps, une relation conflictuelle entre Karan grand charmeur et Rhea une romantique donc deux personnes que tout oppose et qui évoluent tout au long du film. Comment deux personnes qui ne se supportent pas, au fil des années voient apparaître des sentiments ? Je dirais donc que le film traite des relations hommefemme, de l'amitié, l'amour etc. Les musiques ont joué un grand rôle dans le film, qui montrent les étapes de cette évolution. Les dessins aussi sont attractifs, de plus par Karan alias Saif qui permet par un grand humour d'apprécier le film. La diversité des paysages, l'évolution de leur vie d'homme et de femme... Et pour finir l'essentiel comme Tara Rum Pum, je trouve l'alchimie de Rani et Saif très belle."

Marine "Hum Tum et moi, ça a été un coup de foudre pour Saif Ali Khan.

Je pourrais résumer cela en une seule scène : celle où Karan, après que Rhéa soit partie en lui reprochant de vouloir la caser avec un autre, casse l'un des objets accrochés au mur. Quelle intensité ! Tous les sentiments qui s'étaient doucement développés tout au long du film explosent enfin. Ma scène préférée est donc celle qui se passe dans les toilettes ! Par ailleurs, l'humour et les chansons sont de gros points forts du film. Un de mes premiers films et un de mes premiers coup de cœur.." 109


Meghna "Hum Tum est le premier film de deux acteurs qui ont bercé mon enfance. L'une est Rani Mukherjee,

l'autre Saif Ali Khan. Étant donné qu'ils ont tous deux commencé leur carrière à la même époque c'est à dire les années 1990, il a fallu attendre 2004 pour voir ces deux-là réunis en tant que protagonistes principaux dans un même film. Je suis une grande fan du talent de Rani Mukherjee. Quant à Saif Ali Khan, il n'a pas eu assez de films poignants pour que je puisse juger mais bon je l'apprécie. Alors Hum Tum j'ai dû le regarder 4 fois. Sincèrement c'était pas le meilleur film de son époque mais ça n'était pas le plus mauvais non plus. Le fait que l'équipe nous fasse découvrir des villes du monde entier comme Paris par exemple était un plus. Et puis je trouve que l'histoire d'amour de ce film changeait un peu du registre qu'on avait l'habitude de voir à l'époque comme l'amour impossible, déchiré (Kal Ho Na Ho, Veer Zaara). C'est fun, drôle et les personnages sont très attachants et surprenants. J'ai beaucoup aimé ce côté de l'histoire où un garçon assez prétentieux, "cool", finit par tomber amoureux d'une fille plutôt réservée et traditionnelle. Ma chanson préférée « Chak De » est l'une de mes chansons préférées de ma playlist des années 2000. Bref un film émouvant tout de même..."

Karima "Alors déjà, j'ai vraiment aimé ce film. Le couple Rani Mukherjee et Saif Ali Khan va super bien ensemble.

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L'histoire est bien ficelée. Des personnes se rencontrent par hasard, en voyage puis lors de la préparation du mariage de la fille. Donc ça se charrie et ça rigole... Puis chacun vit sa vie jusqu'à une autre rencontre imprévue et encore et encore... Ensuite, le truc très original, c'est l'apport de la partie en dessin animé. Ils sont super mignons avec une dimension enfantine, un peu. Le thème de ce film, c'est un peu l'amitié homme-femme, le destin, le veuvage aussi puisqu'au final les deux protagonistes ne se mettent ensemble qu'après le décès du mari de la fille... [...] En tout cas c'est un des classiques que je kiffe, avec un des meilleurs jodi à mes yeux. Un film qui s'apprécie et qui fait passer par toutes les émotions possibles."

Ornella « Karan et Rhea n'ont vraiment pas grand chose en commun et peinent à se comprendre.

Rhea, surtout, trouve insupportable Karan, dragueur incorrigible et plein d'humour. Pourtant, le chemin de ces deux-là va se croiser à plusieurs reprises, aux quatre coins du monde, comme dans un conte où l'on n'est pas surpris de voir se succéder des coïncidences extraordinaires. Hum Tum est une comédie romantique pleine de fraîcheur et de légèreté, mais avec un scénario convenu et sans surprise. Le film a le mérite de chercher à décrire et à expliquer les relations hommefemme, faites souvent d'incompréhension, de maladresse, tout ça sur le ton de la plaisanterie, heureusement. Hum Tum est porté par deux acteurs de génie qui forment


un jodi "so cute" et assez convaincant. Cette performance de Rani Mukherjee mais aussi de Saif Ali Khan est pour moi l'intérêt principal du film, avec peut-être aussi la bande-originale, surtout la chanson titre « Hum Tum ». Un film qui n'a rien de très original, mais qui permet de passer un bon moment et de se vider l'esprit, ce qui est déjà pas si mal."

Déborah "On peut dire qu'il n'a pas pris une ride ! Le film reprend un peu l'expression

française "fuis-moi, je te suis"... Saif incarne à la perfection le gars incapable d'avouer ses sentiments ! Et jusqu'à la fin, j'ai le sentiment que le dénouement du film aurait pu se finir vraiment sur un aspect mélodramatique, et ainsi Karan aurait très bien pu passer à côté de l'amour de sa vie, Rani. Ce que j'ai avant tout aimé, c'est que le film nous tient dans l'expectative jusqu'au bout."

Imen "Hum Tum est selon moi une réussite car ce film me rappelle le cinéma indien dont je suis tombée amoureuse. Certes, le récit en soi n'est

pas original. Cependant le couple est charmant et leur cheminement vers l'amour paraît beaucoup plus logique, sensé et vraisemblable que dans d'autres romcom indiennes. Rani Mukherjee et Saif Ali Khan forment un couple attendrissant, leurs personnages respectifs donnent à penser que malgré nos différences, nous pouvons nous aimer. La bande-originale demeure toujours dans mes playlists. Parmi mes chansons préférées, il y a "Ladki Kyun" et "Gore Gore". Hum Tum possède finalement les parfaits ingrédients d'un feel good movie à voir et à revoir sans modération."

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Et en prime, les avis de nos deux rédactrices

Fa t i m a Z a h r a

Elodie

"Malgré une première once de similarité avec Quand Harry rencontre Sally, Hum Tum tient une majeure partie de sa force dans son histoire. Ce que j'apprécie le

"La magie du Hum Tum réside dans sa romance réaliste et légère.

plus, c'est qu'il ne s'agit pas d'une histoire romantique classique du coup de foudre total dès le premier regard, mais d'une relation grandissante entre deux êtres complètement différents qui évoluent au fil du temps, entre indifférence, haine, amitié et amour, avec une approche intelligente mais surtout réaliste dans la mesure du possible. Le talent de son casting, notamment Saif et Rani, en est la seconde force. Leur timing comique est au-delà de la perfection, surtout celui de Saif qui à cette époque arrivait enfin à démontrer ses capacités d'acteur en jonglant entre divers rôles.

Leur alchimie fait également de Hum Tum un film difficilement oubliable, et donne toute la profondeur nécessaire à l'acheminement de la trame narrative globale. » 112

Pour une fois, on nous montre des personnages sincères, des personnages qui font des erreurs et qui ne sont pas automatiquement parfaits. Ils affrontent les bons comme les mauvais moments de la vie. Leurs histoires ne se lient pas dès la première rencontre, c'est le temps et les rencontres qui vont leur permettre de mieux se connaître et de s'aimer. C'est une comédie romantique travaillée dans les détails, mais surtout, c'est un film qui est à la fois moderne et profondément lié à la magie de Bollywood. La magie de cette histoire reste ancrée dans les mémoires, parce qu'elle nous permet de croire qu'une rencontre peut être le début d'une nouvelle histoire. Que ceux qui croisent nos routes sont peut-être des êtres tout à fait géniaux.

Touchant et drôle à la fois, Hum Tum possède la recette parfaite pour être un film inoubliable, mais surtout indémodable !"


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C critique

L A Q U AT R I È M E V O I E MOTS PAR ASMAE

Deux hommes courent après un train. Ils cherchent désespérément à atteindre la ville d'Amritsar, entrant de force dans un train auquel ils ne devaient pas avoir accès. Un homme est pressurisé pour tuer son chien, dont les aboiements font repérer les indépendantistes sikhs qui vivent aux abords de son village.

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Inspiré de deux nouvelles de l'auteur reconnu Waryam Singh Sandhu, La Quatrième Voie est une œuvre brute, qui dépeint avec crudité la condition de ces indiens ''du milieu'', pris dans le conflit entre les militaires et les séparatistes sikhs. Car le métrage est contextualisé pendant l'opération Blue Star initiée par Indira Gandhi, alors Premier Ministre de l'Inde. L'assaut fera plus de 500 victimes selon les rapports officiels.

Le film met en scène l'ambiance suffocante générée par les drames précités à travers des incidents du quotidien, montrant en quelque sorte l'insécurité ordinaire des victimes indirectes de l'attaque initiée par le gouvernement. Une communauté n'est jamais positionnée en victime au détriment de l'autre, car la réalité est là : tous ont été touchés, ébranlés et concernés par l'opération. Tous ont vu leur vie changer et sombrer dans une torpeur mortifère.

Aucun passage à l'acte n'est porté à l'écran. Car la violence est implicite, suggérée tant elle est atmosphérique. Elle amène l'insécurité et la méfiance. La Quatrième Voie n'a pas pour objectif de parler de cette violence, mais d'en démontrer les effets et conséquences au travers de ces existences prisonnières des forces armées comme des militants. Ce qui est particulièrement remarquable, c'est la façon dont le cinéaste a positionné les ''petites gens'' au centre de son récit. Car effectivement, les films traitant de faits réels s'appuient généralement sur des héros connus et acteurs directs des mouvements illustrés. Ici, ceux sont ses

spectateurs mais aussi récepteurs collatéraux dont La Quatrième Voie parle.

La Quatrième Voie est assez juste pour ne jamais prendre partie. A contrario, il a le souci de restituer la condition des hindous comme celle des sikhs, de ceux qui subissent les pressions des séparatistes comme ceux qui sont victimes de l'amalgame.

En effet, il ne parle pas de ceux qui font le conflit, mais de ceux qui le subissent, sans jamais stigmatiser une communauté. Le métrage ne tombe jamais dans le jugement de valeur et fait preuve d'une empathie admirable envers tous ses protagonistes. La réalisation de Gurvinder Singh, dont c'est le deuxième essai derrière la caméra après l'encensé Anhe Ghore Da Daan, est volontairement austère. Le rythme est lent et la lumière terne, en totale concordance avec le propos de l'œuvre. Mais le plus fascinant avec La Quatrième Voie, c'est son approche artistique.

Le style narratif fonctionne tel un mille-feuille, avec plusieurs chroniques qui se superposent pour mieux se compléter dans leur intention. Le cinéaste aborde son sujet avec une certaine hauteur, probablement pour donner de l'espace à toute sa distribution. Puisqu'en effet, le film se base sur la galerie de ses personnalités. Les prestations des acteurs sont organiques, spontanées et impulsives. Leur sincérité est bouleversante et dépasse tout ce qu'ont pu apprendre nombre de superstars dans des écoles de comédie. > 115


Gurvinder Singh a d'ailleurs missionné des villageois qui n'avaient jamais joué la comédie auparavant, ajoutant de l'authenticité aux personnages qu'ils campent et aux situations qu'ils vivent. L'absence de calcul, loin des mélodrames millimétrés de chez Dharma Productions (contre lesquels je n'ai évidemment rien à dire, mais auxquels il faut reconnaître une minutie presque mécanique) est particulièrement appréciable.

La pièce maîtresse de La Quatrième Voie réside dans le personnage de Tommy, le chien. Il incarne la voix de ces indiens réduits au silence par leur environnement, celle qui se soulève et ne laisse aucune force la faire taire. Tommy est le symbole du film puisqu'il est condamné de toutes parts, menacé de mort par les séparatistes qu'il met en péril mais également attaqué par sa propre famille.

La Quatrième Voie est disponible en DVD depuis le 7 mars sur le site du distributeur Epicentre Films

116

Sacré Meilleur Film selon la critique aux Filmfare Awards punjabi, La Quatrième Voie tire le portrait à un Pendjab taciturne, loin de l'agitation du percutant (bien que maladroit) Udta Punjab, également sorti en 2016 en Inde. Mais sa force, c'est que son propos est universel et pourrait tout à fait être transposé au Cachemire ou en Palestine. ■


ARTISTE

Haj ar Kar im Je suis une jeune fille passionnée de danse et plus particulièrement de Bollywood. Je partage mes vidéos de danse à travers les réseaux sociaux et j'ai fait très récemment mon premier court-métrage.

www.facebook.com/ HajarKarimOfficial


C critique

H A P P Y B H A G J AY E G I MOTS PAR ASMAE

Je voulais voir Happy Bhag Jayegi pour une raison assez creuse, à vrai dire : mon béguin sans limite pour Abhay Deol. Cet acteur fait partie de mes favoris depuis les visionnages de Aisha et Socha Na Tha, que j'ai tous deux découverts en 2010. Abhay est à mes yeux l'incarnation du héros romantique classieux et flegmatique, dégageant un charisme qui me fait beaucoup penser aux acteurs britanniques, entre Eddie Redmayne et Hugh Dancy. Il a ce côté 'beau gosse qui ne s'assume pas' que je trouve particulièrement séduisant. Je sais, je suis un peu bizarre dans mon genre... Tout cela pour dire qu'après des rôles secondaires qui, selon moi, ne lui offraient 118

pas l'espace qu'il méritait, Aanand L. Rai (avec lequel il a travaillé sur Raanjhanaa pour...Tada ! Un rôle secondaire !) illustre Abhay en héros romantique avec Happy Bhag Jayegi.

La démarche promotionnelle était cependant axée sur Diana Penty, qui faisait son grand retour au cinéma avec ce métrage après des débuts encensés dans Cocktail, en 2012. Elle fera attendre le public 4 ans avant de revenir à Bollywood avec Happy Bhag Jayegi. Les vidéos, photographies et affiches positionnaient donc Diana au centre de l'intrigue, avec Abhay Deol mais aussi Ali Fazal et Jimmy Shergill pour lui donner la réplique.


La bande-annonce est très claire quant au pitch de départ : Happy (Diana Penty) est une mariée en fuite, qui cherche à échapper à son union avec Daman Singh Bagga (Jimmy Shergill). D'ailleurs, le velléitaire Guddu (Ali Fazal) est totalement amoureux d'elle. Dans sa course folle, la jeune femme tombe dans un camion de marchandise pour atterrir chez Bilal (Abhay Deol), qui vit au... Pakistan ! J'émettais de nombreuses réserves à la perspective de ce métrage. Effectivement, la trame me semblait quelque peu téléphonée, avec le sempiternel schéma du mariage arrangé auquel l'héroïne tente d'échapper. Dans le genre, Bollywood a largement donné avec les classiques Dilwale Dulhania Le Jayenge et Kuch Kuch Hota Hai, mais aussi avec des métrages comme Kitne Door Kitne Paas, Mere Yaar Ki Shaadi Hai, Mere Brother Ki Dulhan ou encore Humpty Sharma Ki Dulhania. Ainsi, je suis partagée car d'un côté, je suis ravie de retrouver Abhay dans le registre romantique (qui lui allait si bien dans Socha Na Tha et Aisha). D'un autre, je suis clairement circonspecte face au pitch qui nous est proposé tant son potentiel a pu être pressé dans nombre de métrages indiens, et ce qu'ils soient en hindi, en tamoul ou en malayalam.

Happy Bhag Jayegi m'a finalement beaucoup surprise, et agréablement ! Tout d'abord, le métrage relève du genre comique plutôt que romantique. En cela, il a pour vocation de nous faire rire de la situation que vit Happy plutôt que de générer en nous des émotions profondes. Happy Bhag Jayegi ne s'appuie effectivement pas sur son histoire d'amour, et c'est tant mieux ! Il s'agit en réalité d'une franche comédie, nourrie de situations clownesques et de répliques qui font mouche ! L'œuvre s'inscrit ainsi dans la lignée des métrages de son producteur,

du côté du diptyque Tanu Weds Manu plus que de celui du sérieux Raanjhanaa. Lorsqu'on parle d'ailleurs de comédie, le réalisateur Mudassar Aziz évite l'écueil de nombre de productions du genre, entre Sajid Khan et Anees Bazmee, et prend le parti de nous faire rire avec légèreté et savoirfaire. Pourtant, certaines séquences n'ont rien d'enlevé ou de subtil, mais elles sont savamment dosées sur l'intégralité de la pellicule, évitant une overdose de séquences cocasses qui pourraient devenir bourratives.

Et si Happy Bhag Jayegi est si efficace, c'est particulièrement grâce à son casting masculin. En effet, et à mon grand étonnement, Diana Penty n'est pas la véritable ressource de ce film. Au contraire, elle subit les situations plus qu'autre chose. Ce qui génère le rire et permet au spectateur d'entrer dans l'univers de l'œuvre, c'est l'antagonisme entre ses trois héros. Car entre l'imperturbable homme politique incarné par Abhay, l'amant craintif campé par Ali et le fiancé belliqueux joué par Jimmy, Mudassar tire le meilleur de ses acteurs et les amène à se confronter pour mieux mettre en exergue leur opposition. Abhay Deol est formidable en jeune pakistanais auquel on impose la voie de la politique. Le personnage de Bilal en fils à Papa incompris aurait pourtant pu sombrer dans la caricature, mais s'en éloigne très vite tant l'écriture de Mudassar Aziz a le souci de rester cohérente. L'acteur de désormais 41 ans dégage un charisme irrésistible, et s'était essayé à un personnage du même acabit avec Aisha, dans lequel il incarnait la version indienne de l'ineffable Mr. Knightley de Jane Austen. Avec Happy Bhag Jayegi, il prouve qu'il est tout à fait en mesure de porter des rôles principaux sur ses épaules, méritant que l'industrie mise davantage sur lui. >

119


Face à lui, on retrouve deux acteurs radicalement différents. Il y a d'abord Ali Fazal, qui prête ses traits à Guddu, l'amoureux transi de Happy. Le comédien est plus attendrissant que jamais dans ce rôle qui lui va à ravir. Mais surtout, c'est l'excellent Jimmy Shergill qui campe Bagga, le virulent fiancé de Happy, qui marque les esprits. L'acteur semble reprendre les ingrédients qui ont fait sa gloire avec Tanu Weds Manu et sa suite, dans lesquels il tenait un rôle aux caractéristiques semblables. Pour autant, la vedette de cinéma punjabi demeure tordante en nerveux de service, confirmant à son tour que Bollywood n'exploite que trop peu son potentiel.

Et ce qui fonctionne le mieux, c'est justement l'équilibre que le cinéaste est parvenu à instaurer entre ces trois individualités, chacune contribuant à créer l'atmosphère propice au comique de situation. Ils sont les trois acteurs principaux de Happy Bhag Jayegi, aucun d'eux ne prenant l'ascendant sur les autres. Ils sont tous indispensables à la narration et semblent en tout cas bénéficier du même temps d'apparition. Mudassar Aziz s'est ainsi éloigné du schéma traditionnel où la mariée en fuite est secourue par un seul et unique homme. Au demeurant, l'archétype de la demoiselle en détresse est ici gracieusement évité par le cinéaste. Mais ceux sont les trois personnages qui font évoluer Happy et sa destinée, chacun de manière personnelle. Les personnages masculins de Happy Bhag Jayegi nous ressemblent, plus précisément Guddu et Bilal. Ils sont mesurés et raisonnables. Ils ne veulent pas que la vie leur soit dictée tout en étant en mesure de savoir si certaines décisions leur sont bénéfiques 120

ou non. Et c'est probablement l'aspect le plus enthousiasmant du film : il donne à voir des personnages matures et réfléchis. Bilal est un homme droit, généreux mais étriqué dans le costume étouffant de politicien que tente de lui faire porter sa famille. Au contact de Happy, il semble enfin comprendre ce qu'il souhaite réellement et parvient à trouver sa voie, sans pour autant abandonner les espoirs que son père nourrit pour lui. Il s'approprie cette ambition et devient l'homme politique qui lui ressemble, sans chercher à singer son illustre paternel. Bilal n'est pas dans l'opposition, ni même dans la fuite. Il fait face à la réalité et tente de trouver les solutions les plus adaptées.

Ce personnage est effectivement le plus travaillé, puisque c'est au final le cheminement de Bilal qui est mis en scène, bien plus que la fuite de Happy, qui ne sert ici que d'élément perturbateur à l'introspection du héros. Si Guddu et Bagga ne murissent pas dans le même sens que Bilal, l'un gagne en audace quant l'autre sait faire preuve de détermination. Ils évoluent tout en restant fidèles à ce qu'ils sont. Leur nature n'est jamais travestie par une trame trop lisse ou trop attendue.

D'ailleurs, la seule déception réside dans le rôle de Happy lui-même, qui est étrangement le moins étoffé de l'œuvre. En effet, la jeune femme a beau porter sur elle la responsabilité de l'intrigue et de son déroulement, sa psychologie n'est pas suffisamment approfondie pour que l'on puisse vraiment s'attacher à elle.


De plus, elle demeure le faire-valoir de ses partenaires masculins, qui sont à l'origine des scènes les plus intéressantes du métrage.

Diana Penty fait son grand retour au cinéma avec ce film, qui devait lui permettre de relancer sa carrière... Si la bonne volonté de la comédienne se ressent indéniablement, force est de constater qu'elle ne dispose pas de la matière nécessaire pour avoir un impact quelconque. L'actrice tend à forcer le trait dans l'exubérance de son rôle, pouvant afficher un jeu criard et parfois même agaçant. Elle se fait d'ailleurs complètement engloutir par Jimmy, Ali et Abhay, qui bénéficient non seulement de l'expérience qui lui fait défaut, mais surtout de protagonistes plus efficaces et nettement plus attachants.

Happy Bhag Jayegi ne cherche pas à concrétiser une romance à tout prix. Aussi, toutes les relations ne se matérialisent pas en histoire d'amour. Toutes les personnes qui vont jalonner notre vie, et y amener plus de souffle et de sens ne sont pas forcément destinées à y rester jusqu'à la fin. C'est certainement l'un des enseignements majeurs de Happy Bhag Jayegi, qui donne à voir un lien indescriptible qui se tisse entre Bilal et Happy, qui vient générer en lui des émotions nouvelles. Le cinéma (indien comme occidental) vient souvent (et à tort) traduire ces émotions en sentiment amoureux, comme si cela relevait de l'évidence. Pourtant, nombre de relations intenses, aussi saisissantes puissent-elles être, ne vont pas nécessairement donner lieu à une relation de couple. Happy bouleverse Bilal dans tous les sens du terme. > 121


Elle l'amène à se redécouvrir et à s'interroger sur le sens qu'il donne à son existence et à son devenir. A travers cette rencontre, Bilal décide de ne plus subir sa vie mais d'en être acteur. Dans la vie, ce type de prises de conscience n'est pas forcément synonyme de grand chamboulement. Mais elles viennent, peu à peu, redéfinir les objectifs et enjeux de notre quotidien. Et c'est exactement ce qui arrive à Bilal. Il ne décide pas de tout quitter pour devenir joueur de cricket, acteur à Bollywood ou rockstar ! Mais il investit sa vie telle qu'elle est, en lui donnant plus de relief et un sens nouveau. Pour tout un chacun, il est difficile d'envisager de quitter son travail pour réaliser un rêve, par exemple. Mais on peut amener des petits bouts de rêve dans le quotidien. Parce qu'il faut bien manger, payer des factures...

Il est possible de vivre au-delà de ces responsabilités qui nous incombent ; en dansant, en voyageant, en écrivant... Voilà le message que fait passer Happy Bhag Jayegi : croire en ses rêves sans mettre en péril sa réalité. Happy Bhag Jayegi a aussi missionnée la star pakistanaise Momal Sheikh dans la peau de Zoya, fiancée de Bilal. La jeune femme bénéficie également d'un rôle écrit avec justesse, dont les émotions sont celles de toutes les femmes insécurisées. Car si Zoya est jalouse et perpétuellement dans le doute, elle est aussi en mesure de prendre du recul en renvoyant à l'homme qu'elle aime qu'il est libre de prendre ses propres décisions, sans toujours se préoccuper ne pas blesser ceux qui l'entourent. Dans son attitude, Zoya incarne ce qu'est une relation affective : emprise à des périodes de remise en question, mais avec toujours le souci de rendre l'autre heureux. La prestation de Momal est impeccable, lumineuse et naturelle, celle-ci affichant un jeu délicat et 022

nuancé. De son côté, la bande-originale de Happy Bhag Jayegi est des plus réussies. En effet, on la doit à Sohail Sen qui a composé les musiques de films comme What's Your Raashee, Ek Tha Tiger, Mere Brother Ki Dulhan et Gunday, à chaque fois avec le même succès. Ici, il persiste et signe avec des morceaux appliqués et mélodiques, qui respectent à merveille l'ambiance aérienne du métrage. Constitué de 5 morceaux, l'album est ponctué de superbes ballades et de titres plus pêchus. On retiendra la magnifique « Aashiq Tera » interprétée par le compositeur lui-même en duo avec Altamash Faridi, aux influences qawwali qui font écho au contexte de l'histoire, entre Inde et Pakistan. Il faut aussi mentionner la magistrale « Zara Si Dosti », véritable hymne à l'amitié porté par le timbre unique d'Arijit Singh, qui illustre le lien naissant entre Bilal et Happy. Dans un registre plus léger, « Gabru Ready To Mingle Hai » chanté par l'incontournable Mika Singh est LE tube de la bande-son, dansant et catchy.

En conclusion Happy Bhag Jayegi n'est pas la romcom annoncée, ni le film qui met Diana Penty à l'honneur. D'ailleurs, à part Happy, ses personnages sont clairvoyants et transparents, ce qui est particulièrement appréciable dans une comédie populaire qui, de fait, évite de prendre ses spectateurs pour des abrutis. J'ai passé un moment clairement rafraichissant, même si la romantique qui sommeille en moi attendait sans doute autre chose de ce film. Ceci étant, je ne suis pas du tout déçue, juste étonnée par la tournure qu'a pris Happy Bhag Jayegi tant il a été en mesure de se sortir des imbroglios de base... L'œuvre en est presque philosophique, son contenu portant sur le sens de la vie plutôt que sur la quête d'une quelconque idylle. Au final, peut-être que la véritable histoire d'amour y est narrée, c'est celle que l'on entretient avec soi... ■


C critique

KAHAANI 2 MOTS PAR FATIMA ZAH RA

Kahaani 2 – Durga Rani Singh est un film particulièrement frappant, car sous ses airs de thriller se cache un thème sensible que le réalisateur Sujoy Ghosh et toute son équipe ont réussi à traiter de la plus subtile des manières. Avant d'entamer la critique, il est à noter toutefois que l'histoire de ce second volet de la franchise Kahaani n'est aucunement liée au volet précédent. Point précisé à plusieurs reprises par le casting durant les promotions du métrage en 2016, Kahaani 2 n'est qu'un nouveau pas vers l'établissement d'une franchise de films, ayant comme genre le thriller et le suspens, et qui tourne autour d'un personnage féminin fort. Une initiative que je salue fortement pour ma part, et qui est l'une des raisons pour lesquelles je porte ces deux films dans mon cœur.

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La vie que mène Vidya Sinha (Vidya Balan) n'a rien d'extraordinaire, à première vue. Mère célibataire, elle prend soin de sa fille, Mini, comme elle le peut. Toutes les deux résident dans un petit village se situant aux alentours de Calcutta, et leur quotidien a l'air très habituel dans cet endroit qui constitue leur paradis. Cette tranquillité est soudainement mise à mal lorsque Mini se fait enlever et que Vidya tombe dans le coma suite à un accident de voiture, deux événements qui plongent directement les spectateurs dans un monde beaucoup plus sombre qu'ils n'auraient jamais pu imaginer. Entre alors en scène le sous-inspecteur Inderjeet Singh (Arjun Rampal), chargé de l'affaire de Vidya. Et ce dernier réalise que non seulement il la connaissait avant, mais aussi qu'il s'agirait peut-être de Durga Rani Singh, une fugitive recherchée pour kidnapping et meurtre.

La force de ce film découle de plusieurs aspects : son scénario, la performance de ses acteurs sans exception, sa photographie, ses dialogues ainsi que le rythme parfait de sa première partie. Bien que la seconde tombe par moment dans le prévisible, le métrage dans son ensemble est le meilleur thriller de l'année en Inde, et fait facilement partie du Top 5 des meilleurs thrillers de ces dix dernières années. Le mystère entier de Vidya et de sa double identité se dévoile au fur et à mesure qu'Inderjeet plonge dans les pages du journal intime qu'elle a laissé derrière elle, donnant ainsi une révélation et des réponses à plusieurs questions concernant son tumultueux passé. Kahaani 2 repose également sur son côté faussement ordinaire. Ses scènes sont tournées de telle sorte qu'elles apportent une touche de croyable à l'ensemble, chose qui pousse

indéniablement le spectateur à plonger, la tête la première, dans le monde sombre et sans lueur d'espoir de cette femme.

Une fois de plus, le phénomène Vidya Balan emporte tout sur son passage. Sa performance est impeccable dans la peau de cette mère fragilisée par son destin, prête à tout faire pour son enfant duquel elle tire toute sa force. Elle est accompagnée par Arjun Rampal, qui se dévoile une nouvelle fois dans un rôle original et qu'il n'a jamais eu l'occasion de jouer par le passé. Au-delà de l'image du policier obstiné à résoudre une affaire mystérieuse, Arjun est à la fois sensible et touchant dans l'image du père de famille parfait, car en plus d'être excellent dans chacune de ses scènes, il ajoute une touche de compassion nécessaire au film au vu du sujet qu'il aborde. Sujet dont je ne parlerai pas ici, histoire de vous laisser découvrir et dévorer Kahaani 2 dans son intégralité et dans toute sa mystérieuse splendeur.

Comme pour son prédécesseur, les acteurs secondaires du métrage arrivent également à avoir leur part du gâteau, en brillant suffisamment dans leurs rôles respectifs. Une tâche rendue possible en grande partie grâce à la réalisation intelligente de Sujoy Ghosh, qui utilise tous les éléments qu'il a mis en place dans sa création, sans en ignorer aucun. La première partie de Kahaani 2 – Durga Rani Singh est justement construite, ficelée de manière à ne laisser aucun instant vous échapper. Une grande partie de ce défi a été réalisée grâce au montage de Namrata Rao qui donne un rythme soutenu et > 125


appuyé au déroulement du film. Cela étant dit, la seconde partie laisse un peu plus à désirer, s'étant plus focalisée sur les émotions que sur le mystère et le thriller.

A part des défauts minimes, je trouve que Sujoy Ghosh a tout de même réussi à offrir aux fans un successeur original et digne de Kahaani. Pris comme étant un film à part entière, avec aucun lien direct au premier à l'exception du nom qu'ils partagent, Kahaani 2 est indéniablement un métrage à la hauteur de toutes les attentes. Construit d'une manière intrigante et intéressante, et même s'il perd moyennement son rythme durant quelques minutes, il arrivera tout de même à vous maintenir scotché devant vos écrans parce que vous allez vous attacher à ces personnages, que vous le vouliez ou non. La photographie arrive à vous plonger encore plus dans l'histoire. Ajoutez à cela l'ingénieuse composition de Clinton Cerejo auquel on doit les background scores de l'œuvre, et Kahaani 2 devient très vite un film très bien construit avec toute l'expertise et l'intégrité que l'on peut attendre d'une oeuvre de son genre.

En conclusion Dans l'absolu, Kahaani 2 – Durga Rani Singh est un sombre thriller qui traite d'un sujet fortement sensible. Cela fait majoritairement sa force et son originalité, même si comme tout film abordant un sujet similaire, il tombe par moment dans une touche émotionnelle superflue qui aurait pu être maniée autrement. Cependant, les défauts que j'ai pu relever ici restent très limités, voire même inexistants après un second visionnage du film dans de meilleures conditions.

A voir impérativement pour tout ce qu'il représente, autant l'idée d'offrir plus de rôles féminins de ce calibre aux spectateurs, que l'initiative de confectionner un thriller ciselé et l'offrir au cinéma indien qui est souvent faussement associé aux drames sans queue ni tête. S'il y a un Kahaani 3, je serai de la partie, comme la critique cinématographique Anupama Chopra a pu le souligner dans les quelques lignes qu'elle a écrites en partageant son avis sur le film, car le public mérite plus de métrages comme celui-ci.

A voir absolument et à ne rater sous aucun prétexte. ■ 126


Mil le Et Une Ind e L'inde ne se résume pas à Bollywood : ensemble découvrons l'Inde au delà des frontières bollywodiennes.

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C critique

M I R Z YA MOTS PAR E LODIE

Depuis que les premières rumeurs concernant le film Mirzya ont été lancées, j'étais prête à voir le film. Mirza Sahiban faisant partie des romances tragiques populaires du Pendjab, j'avais hâte de voir une adaptation moderne de cette histoire. Le réalisateur Rakeysh Omprakash Mehra n'en est pas à son coup d'essai et était derrière quelques uns des films les plus intenses de ma filmographie favorite, entre Rang De Basanti, Delhi 6 et Bhaag Milkha Bhaag. Il n'a peut-être pas écrit Mirzya, mais je sais qu'il possède ce je ne sais quoi de fort et poétique qui me charme à chaque fois dans ses réalisations. L'annonce qu'il allait par ailleurs mettre en avant quatre jeunes acteurs me plaisait d'autant plus que je suis toujours emballée à l'idée de découvrir des nouveaux talents.

Pourtant, rapidement, seuls deux noms apparaissent durant les promotions : Saiyami Kher et Harshvardhan Kapoor. Des « enfants de ». L'un est le fils d'Anil Kapoor, l'autre est la nièce de Tanvi Azmi. Une première déception puisque finalement, on retombe dans le classique piston de l'industrie. Mais cela ne m'arrête pas. Quand on parle d'Epic Love Story, on peut compter sur moi. Mirzya aura eu la chance d'avoir son avantpremière lors du London Film Festival 2016, mais très vite après sa sortie, les critiques sont unanimes : le film n'est pas à la hauteur. Il finit d'ailleurs par faire un flop au boxoffice. Autant être honnête, ça a tout de suite calmé mes motivations concernant le métrage. Pourtant, j'ai tout de même tenté l'expérience... > 129


La première chose qui m'a interpellé, c'est la construction du film. Mirzya n'est pas un mauvais film, son histoire n'est pas improbable, ses acteurs ne sont pas mauvais, sa photographie est d'ailleurs très juste. Mais son problème réside dans la construction de son récit. En effet, on jongle sans réelle cohérence entre l'histoire punjabi de Mirza Sahiban et celle de Munish et Suchitra. Mais cette vision du passé, ou d'une vie antérieure, n'apporte absolument rien à ce qui se passe dans le présent ! Pire, on a cette même sensation que lorsqu'on regarde une émission à la télévision et que la pub apparaît. On aimerait pouvoir sauter les publicités et revenir à notre histoire de base. Car en plus de nous déranger, les scènes – pourtant tellement belles de Mirza Sahiban – prennent de la place dans la narration au point où parfois, on a carrément l'impression qu'il manque quelque chose. Il manque des scènes clés. Des éléments qui nous auraient aidé à mieux apprécier les personnages, leurs histoires, leurs conflits intérieurs.

La seconde chose, c'est que je ne connaissais rien à l'histoire de Mirza Sahiban. Par conséquent, j'ai eu beaucoup de mal à saisir ce qui se passait vraiment. A comprendre qui était qui et pourquoi les choses se passaient de telle façon et pas d'une autre. J'aurais presque aimé qu'au montage du film, les choses se passent autrement. Que Mirzya se soit centré sur Munish et Suchitra et qu'il ne fasse le lien avec Mirza Sahiban que lorsque les deux amants s'enfuient. Que l'un d'eux se rende compte des ressemblances du présent avec le passé et qu'il raconte l'histoire. Je pense que rien que de penser à cela prouve à quel point le film a échoué à faire la chose la plus 130

essentielle en matière de cinéma : raconter une histoire. Ce seul défaut a détruit toutes les chances du métrage de marquer vraiment son audience. Parmi les retours positifs du film, j'avais entendu parler de Saiyami Kher qui, apparemment, avait réussi à charmer le public. Pourtant, je l'ai trouvé bien trop plate et sans réelle jeu face à Harshvardhan Kapoor qui se donnait à 300% dans son rôle. Clairement, il se démarque d'elle. Ce qui, au fond, créé un déséquilibre dans leur alchimie qui ne fonctionne pas totalement à l'écran. Si on ne doute pas une seconde des sentiments de Munish, ce n'est pas la même chose pour Suchitra.

Mais ceux sont clairement Anuj Choudhry (Karan) et Anjali Patil (Zeenat) qui crèvent l'écran malgré des rôles secondaires limités. L'une est parfaite en amie et confidence de Munish, l'autre est terrible en prince et fiancé jaloux de Suchitra. J'aurais aimé les voir plus à l'écran, en savoir davantage sur eux. Et évidemment, cela m'a rappelé les premières rumeurs qui mettaient en avant quatre acteurs... Clairement, ils auraient mérité d'être mis en avant !

La seule chose qui ne m'a pas déçu, c'est bien la musique. Même s'il aurait pu mieux accompagner l'histoire, l'album reste une véritable petite pépite à écouter sans modération. Le travail de Shankar-Ehsaan-Loy est superbe. J'ai une nette préférence pour la chanson titre, « Mirzya » avec la voix de l'excellent Daler Mehndi, « Chakora », interprété par Mame Khan, Suchismita Das, Akhtar Chinnal et Shankar Mahadevan, mais aussi pour « Hota Hai » chanté par les sœurs Nooran, Sain Zahoor, Akhtar Chinnal et Daler Mehndi.


En conclusion Mirzya semble être l'adaptation en trois heures d'une histoire qui pourrait être racontée en trois phrases. Ce manque crucial de contenu et de détails, a fait plonger le film dans une superficialité alarmante. Vous risquez de vous sentir paumé, voire de vous endormir jusqu'à ce que la musique vous rappelle que, hé, vous êtes en train de regarder un film. ■


C critique

BEFIKRE Befikre était le divertissement le plus attendu de l’année 2016. Il a été tourné en France et y est également sorti grâce au distributeur Aanna Films, avec le soutien du Collectif Bollyciné, qui l’a rendu accessible dans les provinces. De fait, l’équipe Bolly&Co envisageait déjà grandement d’en rédiger la critique pour le prochain numéro... Mais alors, quand deux des rédactrices ont eu l’occasion de le voir à Paris en janvier dernier, il était clair que Befikre allait faire l’objet de notre désormais incontournable triple critique. Ainsi, l’équipe vous propose de découvrir trois avis, trois visions et trois lectures du dernier né d’Aditya Chopra...

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1 BEFIKRE M OT S PA R AS M A E

J’ai visionné Befikre dans le cadre du Paris Image Tradeshow, l’événement revenant par ailleurs sur sa fabrication et les équipes françaises qui y ont contribué au travers de tables rondes et masterclass. Très honnêtement, je ne m’attendais à rien, si ce n’est à m’ennuyer à mourir devant une romcom commerciale, sans souffle ni âme. Pourtant, la perspective de ce film avait toutes les raisons de m’enchanter. Car Befikre a d’abord fait partie des métrages à la perspective desquels j’étais la plus impatiente pour l’an 2016. En effet, il était dirigé par le réalisateur de mon film culte : Aditya Chopra, auquel on doit l’inénarrable (et si cher à mon cœur) Dilwale Dulhania Le Jayenge. 8 ans après la sortie de son dernier projet devenu culte Rab Ne Bana Di Jodi, Aditya Chopra prenait la décision de ne pas retravailler avec Shahrukh Khan pour la première fois de sa carrière de cinéaste, en missionnant à sa place son poulain Ranveer Singh, lancé dans sa production Band Baaja Baaraat en 2010.

C’était un défi de taille, dans la mesure où Aditya Chopra est devenu l’un des réalisateurs les plus populaires de sa génération, avec pourtant une filmographie qui se résume à 3 réalisations. Aditya est surtout l’un des producteurs les plus influents de Bollywood, puisque sous sa bannière sont sortis des succès comme Hum Tum, Dhoom 2 et Ishaqzaade. Il peut également se vanter d’avoir travaillé avec trois des vedettes masculines les plus fédératrices du cinéma hindi, collaborant avec Salman Khan (Ek Tha Tiger, Sultan), Aamir Khan (Fanaa, Dhoom 3) et Shahrukh Khan (Veer-Zaara, Jusqu’à mon dernier souffle). Autant dire que son dernier né était grandement anticipé, non seulement par le public mais aussi par ses pairs ! La même année, son cousin Karan Johar faisait également son grand retour derrière la caméra de façon relativement efficace avec Ae Dil Hai Mushkil. Befikre est sorti en décembre 2016, probablement dans l’espoir de conclure l’année cinématographique en beauté.

Mais qu’en est-il réellement ?Befikre est-il parvenu à répondre aux attentes ? Analyse d’un film incompris.. 133


Le métrage s’ouvre sur une rupture entre Dharam (Ranveer Singh) et Shyra (Vaani Kapoor). On revient alors sur les prémices de leur histoire ainsi que sur l’évolution de leur relation, avec en toile de fond un Paris (un peu trop) idyllique...

J’ai personnellement fui Befikre comme la peste, alors qu’il était projeté à une petite demi-heure de mon domicile. Parce que les histoires de fesses qu’on nous vend en histoire de cœur, trop peu pour moi ! Je présume que c’est une affaire de sensibilité, mais je suis plutôt amatrice de grandes émotions, avec ce qu’il faut de contact physique sans tomber dans le porno hard ! J’aime les grandes épopées romantiques à la Autant en Emporte le Vent et Orgueil et Préjugés, ou dans un style plus contemporain les adaptations des livres de Nicholas Sparks. Une pudeur certaine fait partie intégrante de ma conception du romantisme. Du coup, lorsque je vois que cette propension à faire croire au public qu’aimer, c’est coucher à tout va, vient à se propager à Bollywood et au travers de la caméra de l’un de mes cinéastes de référence, je flippe... Et comme jamais ! Pourtant, je ne peux pas dire que je sois nécessairement hermétique à un film contenant des scènes de baiser ou de sexe. Ce serait non seulement réducteur mais surtout dommage de me priver de jolis métrages sur la base de quelques bisous chastes ou d’actes sexuels feints.

Mais ce qui m’embêtait avec Befikre, c’était que le leitmotiv du film (‘Osez aimer’) soit associé à une relation purement physique entre ses protagonistes.

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Je ne conçois pas l’amour ainsi, et c’est d’ailleurs Aditya Chopra qui en est grandement responsable ! En effet, Dilwale Dulhania Le Jayenge est mon film favori, dans la mesure où il correspond le mieux à ce que l’amour représente à mes yeux. Parce que Raj aime Simran autant qu’il la respecte. Parce qu’ils n’ont pas besoin de se sauter dessus pour savoir qu’ils veulent passer le reste de leur vie ensemble. De fait, je me demande inévitablement ce qu’il a bien pu se passer entre l’Aditya Chopra de 1995 et celui de 2016.

Comment un même artiste peutil mettre en image deux films qui présentent des perceptions de l’amour diamétralement opposées ? J’étais assez obtuse, je l’avoue volontiers. Mais clairement, Aditya Chopra ne m’a pas aidé dans la mesure où « l’amour » de ses héros est rythmé de défis plus incongrus les uns que les autres... « Et que je vais me balader en slip rouge à une soirée guindée par ci, et que je vais me déguiser en danseuse étoile dans la rue par là.... Et que je vais faire un strip-tease à la bibliothèque par ci, et que je vais gifler un flic sans raison par là... » Je vous prie d’excuser de ma faiblesse d’esprit, mais je n’ai pas compris en quoi ces challenges ont un lien quelconque avec l’idylle des deux personnages ! Ainsi, lorsqu’en date du 27 janvier 2017, je suis sur le point de découvrir enfin Befikre, je suis franchement sceptique ! Je m’apprête à somnoler pendant plus de deux heures, probablement maintenue en éveil par la bande-originale que je trouvais alors plutôt sympathique. Autant donc vous dire que je ne m’attendais à rien du tout...


Ceci étant dit, je suis ressortie du visionnage absolument ravie ! Puisque je me suis surprise à passer un excellent moment de pur divertissement, avec beaucoup de second degré et de drôlerie au rendez-vous.

Befikre est une œuvre jouissive tant elle tire la ficelle de la comédie à fond. Le rire est permanent, Ranveer s’illustre en joyeux luron impeccable, comme il l’est dans la vie. L’avantage du métrage, c’est justement qu’il ne se prend jamais trop au sérieux. Je me suis esclaffée de bon cœur et n’ai pas vu le temps passer. Le film s’appuie sur une technicité incroyable, Befikre est visuellement irréprochable. C’est d’ailleurs une équipe en grande partie française qui a travaillé sur les décors, les costumes et la photographie. L’image est belle, l’esthétique est prenante, sublimée par les plans ‘carte postale’ des plus beaux endroits de Paris. Befikre constitue effectivement un dépliant touristique géant pour la ville lumière. Et donc clairement, les prises de vue et contextes sont quelque peu irréalistes : c’est difficile de réserver la Tour Eiffel pour un dîner aux chandelles, même pour un banquier plein aux as ! Vivre dans l’appartement de rêve de Dharam quand on est un petit comédien en galère relève également de l’utopie ! Certains éléments ont été particulièrement soignés, notamment les costumes. En effet, les tenues de Dharam et Shyra évoluent en même temps qu’eux. Le style de Shyra est d’abord très rock, tout comme sa coiffure, pour ensuite devenir plus mature et élégant. Le look de Dharam mue également, de t-shirts très décontractés il passe aux chemises et autres blazers. Les stylistes se sont donc appliqués à mettre de la pertinence derrière chaque vêtement. > 135



Comme souvent chez Yash Raj Films, la démarche promotionnelle de Befikre a manqué d’intelligence. Les premières affiches du métrage illustraient les deux protagonistes dans des tenues sexy, sur la plage ou en train de s’embrasser. La bandeannonce enfonçait le clou à ce niveau, mettant en scène un « amour » charnel et dépourvu d’engagement, entrant dans le schéma classique du couple qui consomme du sexe sans sentiment. Dharam et Shyra se roulent des pelles tout en se promettant de ne jamais se dire « Je t’aime » ! Le romantisme moderne selon Aditya Chopra m’horrifiait alors franchement ! Et cette erreur de communication dessert le film, qui ne prend pas le parti de promouvoir les relations physiques comme de l’amour. Car si Dharam et Shyra couchent ensemble, c’est après leur rupture qu’ils deviennent amis et développent de véritables sentiments amoureux l’un pour l’autre.

Befikre montre-il a contrario la difficulté de connaître un amour véritable et sincère dans ces relations modernes, ouvertes et libérées ? L’amour est-il forcément nourri par un certain cadre et des interdits, comme la plupart des films hindis l’illustre ? Une relation amoureuse peut-elle durer lorsque le couple a déjà tout dès le départ sans avoir à se battre ? Dharam et Shyra se rencontrent. Ni leurs familles, la société ou le carcan de la tradition ne viennent les mettre à l’épreuve. Ils couchent ensemble le soir même puis s’installent ensemble peu après. A aucun moment, leurs sentiments ne sont questionnés. Ils entretiennent une relation née d’un coup d’un soir, pérennisée par des défis qui viennent pimenter un lien dépourvu de profond attachement. En cela, Befikre va assez loin dans son propos et Aditya Chopra

reste au final viscéralement attaché à ce qu’il sait faire : les histoires d’amour authentiques et sincères. Le lien qui unit Dharam à Shyra ne correspond pas à l’archétype de la relation décomplexée et purement attractive, le cinéaste s’appliquant à scinder leur histoire en deux temps : l’attirance physique très artificielle et génératrice de maux sur le long terme, puis l’amitié réparatrice et saine, qui vient amener des interactions profondes avec la naissance d’émotions fortes et unificatrices. Avec Befikre, Aditya Chopra ne dénigre pas les amours qui sortent du schéma traditionnel, mais semble tout de même dénoncer l’absence de sens derrière les relations physiques qui, dépourvues de toute autre vocation, deviennent toxiques avec le temps. On ne pourrait donc pas construire un lien sur la seule base d’une fusion sexuelle. Befikre est ainsi, dans sa trame, une romance des plus classiques. L’amour entre Dharam et Shyra n’émerge que lorsqu’ils s’attachent à leurs êtres plutôt qu’à leurs corps. Dans le rôle principal masculin, Ranveer Singh incarne Dharam, un indien venu à Paris pour devenir artiste de stand-up.

L’acteur semble passer ici au mixeur ses prestations dans Band Baaja Baaraat et Dil Dhadakne Do. Pour autant, l’acteur s’en sort avec les honneurs tant il semble s’éclater en imbécile aussi immature qu’attachant. Il est aussi à l’origine des séquences comiques qui ponctuent l’œuvre, contribuant à lui donner du relief. Ranveer n’innove pas mais est dans son élément, et s’illustre sans fausse note. Mais Dharam n’est clairement pas le personnage le plus saisissant ni le plus étayé de Befikre. Il est plutôt le faire-valoir de Shyra, campée par Vaani Kapoor. > 137


Shyra est une jeune femme lumineuse et pétulante, qui assume sa sexualité sans besoin maladif d’être dans une relation avec un homme. C’est d’ailleurs elle qui prend l’ascendant sur les hommes qu’elle fréquente et non l’inverse, ce qui lui vaut hélas d’être considérée comme une fille facile par ceux qu’elle éconduit. Et voilà une réalité édifiante mise en avant par Aditya Chopra ! Dans la plupart des romances indiennes classiques, le personnage masculin qui enchaîne les conquêtes (Raj dans Dilwale Dulhania Le Jayenge, Karan dans Hum Tum, Akash dans Dil Chahta Hai, Rehan dans Fanaa, Jai dans I Hate Luv Storys...) n’est jamais jugé par les femmes, et se repent au contact de l’objet de son amour. Dans Befikre, c’est Shyra qui a multiplié les liaisons, au même titre qu’un Raj, qu’un Karan ou qu’un Rehan. Pourtant, elle est persiflée et pointée du doigt par les hommes, y compris Dharam qui a pu lui reprocher son passif.

Befikre met en valeur un personnage féminin qui revendique sa sexualité sans être étiquetée par un caractère négatif quelconque. Le vrai héros du film, c’est Shyra. Car elle porte cette histoire d’amour sur ses épaules, menant le puéril Dharam à se remettre en question et à mûrir à son contact. Le seul aspect douteux de la personnalité de Shyra réside dans le fait qu’elle désavoue ses origines indiennes, se revendiquant française. Déjà, il aurait fallu accentuer un travail au niveau de la diction puisque la pauvre Vaani parle français comme une vache espagnole ! Mais surtout, le cliché de la fille débridée qui renie son ethnie va à l’encontre de tout le propos de Befikre, n’aidant pas forcément à nous la rendre attachante.

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De plus, il s’agit d’un schéma vu et revu avec les personnages d’Alvira dans Jhoom Barabar Jhoom et Jasmeet dans Namastey London, qui représentaient deux immigrées éloignées de leur culture avec une connotation péjorative.

Ceci étant, Vaani Kapoor rend justice à son rôle, qu'elle interprète avec beaucoup de justesse et de maîtrise. Sa prestation est plus diluée que celle de Ranveer, toute en emphase et en débordement. L'actrice vient ainsi amener un équilibre parfait dans sa complicité avec son partenaire, parvenant surtout à exister face à la tornade d'énergie qu'est sa co-star masculine.

Befikre est construit à la manière d'une comédie musicale. Il n'est pas sans rappeler la fabrication des films hindi d'antan dans la manière dont ses mélodies sont insérées à la narration, tout comme il fait penser aux 'musical' américains dans le style utilisé. La bande-originale du métrage est par ailleurs l'un de ses atouts majeurs. Composé par le duo Vishal-Bhardwaj, l'album de Befikre s'imprègne de l'atmosphère de l'œuvre qu'il sert, teinté de quelques passages en français entre ballades romantiques et tubes dynamiques. Le travail chorégraphique de la part de Vaibhavi Merchant est aussi à saluer, notamment sur la chanson « Nashe Si Chadh Gayi » qui met en exergue le potentiel en la matière de Vaani Kapoor.


Il faut souligner une scène musicale plus précisément : « Love is a Dare » qui semble s'inscrire dans une coutume des réalisations de la maison Yash Raj Films. Le regretté Yash Chopra avait effectivement fait l'usage à plusieurs reprises d'un morceau exclusivement instrumental chorégraphié avec soin à un instant charnière de son intrigue. C'était le cas dans ses réalisations Chandni (avec la fameuse « Dance Music » sous la pluie de Sridevi en solo) et Dil To Pagal Hai (avec la « Dance of Envy » qui illustrait la rivalité entre Madhuri Dixit et Karisma Kapoor). Aditya reprendra cette mécanique dans deux des films qu'il a dirigés : Mohabbatein (durant la scène « Rhythms of Mohabbatein ») et Rab Ne Bana Di Jodi (pour la séquence musicale « Dancing Jodi »). Avec Befikre, il ne déroge pas à la règle et donne à voir Ranveer et Vaani dans une danse endiablée qui reprend leur histoire commune.

E N C O N C LU S I O N Befikre est loin du navet annoncé et a pris des partis inédits dans l'écriture de son héroïne. Dans sa forme, on reste toutefois face à une comédie dont la romance demeure en toile de fond, qui préfère les situations absurdes aux séquences sirupeuses.

Le ridicule est assumé et même exploité avec verve. Aditya Chopra s'amuse et son casting également. Leur bonne humeur est communicative, puisque Befikre est un 'feel good movie' enlevé qui se regarde d'une traite, et que je ne manquerai pas de revoir avec le même plaisir qu'un Bachna Ae Haseeno ou qu'un Salaam Namaste. Une œuvre qui vaut tellement plus que ce qu'elle laisse entrevoir dans sa médiocre bandeannonce... ■ 139


C critique

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BEFIKRE MOTS PAR E LODIE

Le cinéma, c'est magique. Voir un film sur grand écran n'a absolument pas la même saveur que voir un film sur son écran 16 pouces. Je ne vais pas vous mentir, Befikre n'est pas un film original. Ce qui marque, c'est qu'il divertit. Il fait rire. Parfois pas pour les bonnes raisons, mais dans tous les cas, il fait partie de ces films qui arrivent à être justes en comédie et qui vous font vivre un agréable moment alors que vous êtes assis sur un siège pas franchement confortable. 140

En 2h30 de film, on ne remarque pas les erreurs, tant on est porté par l'ambiance générale du film qui, il faut être honnête, nous permet de nous relaxer et d'oublier notre quotidien.

Je vous parie que j'aurais tenu tout un autre discours si j'avais regardé Befikre allongée sur mon lit, paquet de chips sous la main.


Depuis le début de la promotion de Befikre, nous savons qu'il ne doit pas du tout être comparé aux précédentes œuvres du réalisateur. Inutile de s'attendre à une romance forte et familiale, car Aditya Chopra (le réalisateur et scénariste) veut évoluer avec son temps et explorer quelque chose qu'il avait toujours évité jusqu'ici. Il veut nous plonger dans une histoire qui bouscule son traditionnalisme, se perdant parfois dans une écriture un peu trop superficielle. Pourtant, cette volonté de dire « ce film ne ressemble en rien à ce que j'ai fait jusqu'ici » a été beaucoup trop accentuée au point où la vision du film, la vraie, s'est perdue dans cette promotion à l'illusion scandaleuse.

Soyons honnêtes deux secondes : le film est romantique. Ce n'est pas qu'une histoire de fesses. L'équipe du film aurait dû virer son chargé de communication. La base de tout métrage, c'est son scénario. Et ici, l'histoire tourne autour de deux âmes se voulant libres et indépendantes. Dharam (Ranveer Singh) décide de quitter son pays pour travailler chez son ami, en France. Fraichement arrivé sur le sol parisien, il rencontre Shyra (Vaani Kapoor) lors d'une fête. Vous vous doutez que ces deux-là finissent la soirée ensemble… Mais non, ce n'est pas le début d'une histoire d'amour. Shyra ne veut pas ressortir avec qui que ce soit. Sauf que (sinon ça serait trop facile), comme tout indien qui se respecte et comme dans toute comédie romantique typiquement ridicule, Dharam ne baisse pas les bras et finit par gagner un rendez-vous avec Shyra après avoir accepté un défi : gifler un policier. Voilà. C'est ainsi que commence Befikre, et ainsi qu'évolue la relation entre Dharam et Shyra, ponctuée de bonne volonté, de déception, mais surtout d'une phrase qui ne cessera jamais de revenir : I dare you (Je te défie).

Je vous assure qu'à aucun moment, cette histoire ne se focalise sur le fait que ce lien soit purement physique.

Encore une fois, ne cherchez pas de l'originalité là où il n'y en pas. Befikre n'est pas révolutionnaire et confirme simplement un dicton vieux comme le monde : l'amour, c'est l'amitié. Car l'amour, le vrai, n'apparait que lorsque Shyra et Dharam sont enfin proches. Véritablement proches. Quand ils connaissent enfin les qualités comme les défauts de l'autre. Mon seul problème reste qu'on ne sait pas qui ils sont. Dharam ressemble autant physiquement que mentalement à Bittoo Sharma (Band Baaja Baaraat). En pire. A aucun moment on nous justifie son choix pour la France ou sa passion pour le stand-up. Dharam a tout du mec qu'on a envie de gifler toutes les deux secondes tant il est irritant dans sa façon de penser. Les rares moments où il semble être plus que ça sont si courts, que ça n'aide pas. Shyra, elle, elle veut tellement être indépendante, qu'elle en perd ses racines. Elle est « française » par choix, adoptant une façon d'être qui ressemble à ceux avec qui elle vit, enfermant qui elle est vraiment dans une partie de son esprit par peur de ne pas être acceptée.

Mais pourquoi ne pas plus explorer sa relation avec ses parents ? Avec justement ses origines ? Et ses amis ? Quitte à centrer un film sur deux personnages, autant les développer au maximum ! Ce n'était pas le cas ici. Et pour composer, il aurait été nécessaire de disposer de personnages secondaires qui auraient pu nous aider à en savoir plus. Mais non. On en sait très peu sur l'ami de Dharam tout comme on ne voit pas du tout les amis de Shyra. > 141


Visuellement, c'est un délice. Entre deux fous rires et quelques pas de danses, Paris est sublimé. C'est sans doute les points forts du film : d'une part, la réalisation et la cinématographie sont tout simplement géniales. C'est précis, fluide et parfaitement réfléchi. L'album permet de faire avancer le film sans déranger, ajoutant des séquences dansantes et ‘feel good’ qui ajoutent un peu de fond à toute cette histoire. Enfin, la décoration, les lieux de tournage, tout a été fait avec soin, nous permettant vraiment de nous régaler visuellement.

Tout ça, ça aide. Le film a beau nous maintenir en haleine, s'il n'y avait pas eu tous ces efforts à côté, Befikre aurait été une catastrophe.

Befikre charme. Il nous enveloppe dans un univers amusant et sans prise de tête. Je suis ressortie du film en me disant que j'avais adoré Vaani Kapoor, très juste dans le rôle de Shyra. Elle réussit à se faire une place à côté de l'excentricité de Ranveer Singh, parvenant même à me toucher dans un rôle féminin différent. Si une majorité du film est un délire total, cela n'empêche pas de remarquer l'effort d'un réalisme certain. Dharam et Shyra sont maitres de ce qu'ils vivent. Si ça ne fonctionne pas, c'est qu'il y a quelque chose entre eux qui ne fonctionne pas. Aucun élément extérieur n'est là pour freiner leur histoire. Ils font des erreurs, puis trouvent des solutions, évoluent et grandissent. C'est une histoire qui se fait dans le temps. Ce n'est pas un mauvais film, au contraire. Aditya Chopra a réussi à faire quelque chose d'assez correct, au point où vraiment, Befikre se regarde avec facilité. 142

E N C O N C LU S I O N Ce n'est pas parce qu'un film ne vous fait pas réfléchir qu'il est à jeter. Au contraire, parfois, c'est exactement ce dont on a besoin. Mention spéciale pour les fesses de Ranveer Singh, qui apparaissent deux secondes non pas pour une scène torride, mais par pure comédie.

Parce que Befikre n'est pas un porno ! ■


C critique

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BEFIKRE MOTS PAR FATIMA ZAH RA

Aditya Chopra est, au goût de plusieurs fans de cinéma hindi, un maître du genre romantique à Bollywood. Depuis le début de sa carrière sous la bannière de son défunt père Yash Raj Films, le quadragénaire a participé à l'écriture, la production et la réalisation de plusieurs films à succès, notamment Dilwale Dulhania Le Jayenge (1995, réalisateur et scénariste), Dil To Pagal Hai (1997, scénariste), Mohabbatein (2000, réalisateur et scénariste), VeerZaara (2004, scénariste), Fanaa (2006, scénariste), et bien d'autres. Ces films, bien que souvent extravagants et aussi loin du réalisme que la terre est loin de la lune, possédaient ce parfum de nostalgie romantique classique que beaucoup semblent admirer. Avec son dernier bébé, qui est également sa première réalisation après huit ans de hiatus, Aditya a cherché à taper sur un terrain qui lui était inconnu, visant un public entièrement différent de l'audience de ses métrages précédents.

C'est malheureusement un pari perdu... 143


Befikre, c'est l'histoire de Dharam (Ranveer Singh), le jeune indien avec un « american dream » à la française, qui laisse tout derrière lui à Delhi pour s'installer à Paris. Son chemin croise celui de Shyra (Vaani Kapoor), une française d'origine indienne, qui croque bien entendu la vie à pleines dents sans se soucier de rien. S'en suit alors une histoire d'amour, se voulant contemporaine, entre les deux protagonistes qui se promettent de ne jamais se dire « je t'aime », et de vivre leurs jours ensemble d'une manière befikre (insouciante). Ils sont faits l'un pour l'autre, mais refusent de l'admettre jusqu'à la fin, et après une amère séparation, Shyra et Dharam décident de devenir amis. C'est une situation qui les arrange pendant un laps de temps, où l'un et l'autre se jugent assez experts pour se donner mutuellement des conseils sur comment entretenir leurs vies amoureuses.

Dans le monde des comédies romantiques, une décision pareille est souvent synonyme de « mauvaise idée », ce qui résume également ce film : une mauvaise idée. Depuis l'annonce officielle du métrage en 2015, tout le battage médiatique autour tournait beaucoup plus sur les 23 scènes de baisers qu'il devait contenir que sur sa qualité cinématographique ou son histoire. Dans le fond et la forme, Befikre n'a absolument rien à offrir, à l'exception des décors parisiens qui pourraient bien servir à un spot touristique faisant l'éloge de la ville lumière. Je dois dire que je suis toujours aussi choquée de voir que la commission de censure indienne a laissé tous ces bisous passer sans dire un mot. Comme un critique l'a rappelé lors de la sortie de Befikre, cette même commission avait tapé un véritable scandale en 2007,

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refusant à Sanjay Leela Bhansali de montrer le postérieur de Ranbir Kapoor à l'époque. Mais aujourd'hui, elle a laissé Aditya Chopra montrer celui de Ranveer Singh. Ce que je reproche le plus à Aditya avec cette tentative « d'innovation », c'est qu'il essaye de forcer la carte de la jeunesse d'esprit et de la modernité tout au long du film, avec ses multiples scènes d'amour et de baisers, sans réellement y arriver.

Il laisse de côté ce qui jusqu'ici faisait la puissance de plusieurs de ses œuvres : une histoire attachante. Si tout l'angle de l'Aishwarya Rai fantôme était insupportable pour mes nerfs dans Mohabbatein, j'avais tout de même apprécié les autres messages que le réalisateur essayait de transmettre à travers ce film, comme la place de la veuve dans la société après la mort de son mari. Befikre n'a rien de tel à donner. C'est un film plat sous tous les angles, aussi bien dans ses dialogues, que dans le jeu d'actrice de Vaani Kapoor.

Je dirais que le seul aspect potentiellement positif au film, c'est de voir qu'ils arrivent à présenter le personnage masculin comme un simple objet sexuel, de la même manière que la femme. Ce n'est pas grand-chose, en sachant que Ranveer Singh ne rate jamais l'occasion de bomber son torse et se couvrir de substance huileuse pour faire crier de désir ses fans, mais c'est tout de même déjà un pas en avant vers l'égalité : Dharam, bien que construit pour être un playboy accompli, s'avère être un objet de désir sans cervelle, que Shyra utilise au départ pour s'amuser .


Même si je n'aurais jamais cru en arriver là, je trouve que pour une fois, c'est Ranveer Singh qui sauve la mise. Indépendamment du contexte du métrage, sa performance ici n'a rien d'original ou d'extraordinaire, mais dans toutes ses scènes avec Vaani et le reste du casting, il brille sans même s'y efforcer.

Peut-être est-ce dû au fait qu'il a tellement joué le rôle du 'kéké attachant' ces dernières années qu'il en est devenu expert, au même titre que Shahrukh Khan est devenu l'expert des personnages romantiques. Il colle parfaitement à la peau de Dharam. Il est irritant, exaspérant, en surdose d'énergie et ne s'arrête jamais. Du Ranveer Singh tout craché. De son côté, Vaani Kapoor essaye de faire ses preuves avec un personnage médiocrement construit, et n'y arrive pas forcément. Tout au long de l'histoire, Shyra fait tout ce qui est en son pouvoir pour rappeler à tout le monde qu'elle est française, mais oublie l'essentiel : parler correctement le français. Je sais que ce n'est pas toujours évident, mais si les producteurs ont décidé de choisir une novice pour leur film, autant choisir une actrice qui maîtrise la langue et qui pourrait illustrer plus pertinemment le personnage.

E N C O N C LU S I O N Befikre est le pire film d'Aditya Chopra jusqu'ici. L'élément d'amusement est manquant, et à l'exception de quelques scènes qui pourraient arracher un sourire par-ci ou par-là, le métrage est facilement oubliable. Si votre idée de ce qui est « drôle » consiste en une scène de mariage où une bande de personnes, supposément bien éduquées et intelligentes, se sautent à la gorge sans y réfléchir à deux fois, Befikre est fait pour vous. Autrement, passez votre chemin et épargnez-vous deux heures et demie de torture. ■ 145


N news

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5 news

Amyra Dastur fait ses débuts à Tollywood La jolie comédienne révélée à Bollywood en 2013 dans le drame Issaq vient de signer son premier film télougou. Celle qui a joué face à la superstar Jackie Chan dans Kung Fu Yoga sera la partenaire de Vishnu Manchu, star de films comme Dhenikaina Ready ou encore Erra Bus. Le métrage dont le tournage a commencé en mars dernier sera dirigé par G. Nageswara Reddy, auquel on doit notamment les succès Current Theega et Eedo Rakam Aado Rakam.

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À NE PAS MANQUER MOTS PAR ASMAE

Manju Warrier à Bollywood ? C'est en tout cas la question que se posent les fans depuis qu'Anurag Kashyap, réalisateur de Gangs Of Wasseypur et Dev D notamment, a posté un cliché avec l'actrice malayalam. Celle qui a fait un retour gagnant en 2014 avec How Old Are You enchaîne les projets et fait office de valeur sûre de Mollywood. Anurag Kashyap participera d'ailleurs au prochain film de Nivin Pauly, pour lequel il écrira les répliques en langue hindi.

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dravidiennes

ANURAG KASH YAP ET MANJU WAR R IER P HOTO GRAPH IE PUBLIÉE PAR TIMES O F INDIA


TOU T E L' ÉQ U I P E DU F I L M 2 , 0. P HOTOGRAP HI E P UBL I ÉE PA R INDIAN NERV E.

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Amy Jackson et Vijay Sethupathi réunis ? L'actrice britannique fait des émules dans l'Inde du sud depuis son premier film Madrasapattinam, sorti en 2010. Depuis, la comédienne a tourné avec Vikram, Ram Charan Teja, Dhanush et Vijay. Elle sera l'héroïne de 2,0, le projet tant

Pothineni face 4 Ram à deux beautés ! La star télougoue partagera l'affiche de son prochain projet avec deux jeunes actrices. La première est Anupama Parameswaram, révélée en 2015 dans le film malayalam Premam, tandis que la seconde est Megha Akash, qui sera notamment l'héroïne du prochain métrage de Gautham Menon face à Dhanush. Ram Pothineni retrouvera d'ailleurs Kishore Tirumala, qui l'a dirigé dans le succès Nenu Sailaja. Le tournage sera lancé le 25 avril 2017.

attendu avec Rajinikanth et Akshay Kumar. Mais il semblerait qu'elle soit en pourparlers avec le réalisateur Gokul pour figurer dans sa comédie d'action avec l'acteur Vijay Sethupathi. Si le projet n'a pas encore été signé par la belle, le cinéaste a en tout cas verbalisé son envie de travailler avec elle.

Yadav dans le 5 Parul remake kannada de Queen. L'actrice auréolée de succès pour sa prestation dans Aatagara sera donc l'héroïne de la version Sandalwood du succès hindi de l'année 2014. Si c'est Tamannaah qui jouera dans les versions tamoule et télougoue du métrage, on ignore si la version kannada sera également dirigée par Revathi et écrite par Suhasini Maniratnam.

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L lumière sur

Va r u n T e j

POUR UN CINÉMA TÉLOUGOU DIFFÉRENT ? MOTS PAR ASMAE P H OTOG RAP HIE C I- DES SUS : VARUN TEJ DANS LE F ILM MISTER

Varun Tej pourrait être un énième enfant de la balle, amené à faire du cinéma au prétexte que sa famille y est active. Il pourrait être un de ces gosses de stars qui fédèrent sur la seule base de leur fameux patronyme. Bref, Varun Tej pourrait être une pseudo-vedette assez quelconque. Et pourtant... 148


"Je veux être un acteur bien plus qu'une star." Varun Tej est un petit jeune qui est en train de révolutionner l'ordre établi à Tollywood. Varun Tej se refuse à se cantonner au cinéma 'masala' à la fabrication bien huilée qui a fait le succès de ses cousins Allu Arjun et Ram Charan Teja. Bolly&Co vous propose donc de découvrir cette jeune pousse prometteuse du cinéma télougou... Varun Tej Konidela est né le 19 janvier 1990 de l'acteur et producteur Nagendra Babu. Son oncle est l'une des légendes vivantes de l'industrie de Tollywood, Chiranjeevi. Il a 10 ans lorsqu'il tourne pour la première fois dans Hands Up !, comédie sortie en 2000 et dans laquelle il joue aux côtés de son père. Varun grandit en admirant les membres de sa famille qui ont réussi, aspirant à un avenir à moitié aussi radieux que le leur : « J'ai grandi en ne regardant que les films de Chiranjeevi. Je me souviens que dans ma chambre, j'avais un poster de lui en taille réelle, avec celui de Pawan Kalyan. Je rêvais de suivre leurs traces. Mon père avait l'habitude de m'expliquer à quel point Chiranjeevi travaillait dur. Un jour où j'assistais au tournage de Stalin, pour une séquence musicale du film, je le voyais boiter à cause d'une douleur au genou. Pourtant, une fois qu'il était face à la caméra, il s'est mis à danser comme personne et m'a impressionné. »

Le jeune homme suit des cours de comédie auprès de Satyanand, qui a révélé des vedettes comme Mahesh Babu et Pawan Kalyan (l'autre oncle de Varun).

Le jeune homme se cherche, sait qu'il veut évoluer dans le milieu du cinéma sans toutefois être en mesure de se positionner sur une voie plus précise : « Je voulais d'abord devenir réalisateur mais je me suis rendu compte que ce n'était pas une tâche facile et je doutais de ma capacité à tenir un tel rôle. » Le réalisateur Puri Jagannadh travaille à l'écriture d'un projet supposé lancer la carrière du rejeton, qu'il dirigerait lui-même. Ce film, c'est Heart Attack. Si Varun est littéralement emballé par le scénario, le cinéaste lui préférera finalement la valeur sûre Nithiin.

C'est donc en 2014 que Varun Tej est à l'affiche de son premier projet à l'âge adulte. Mukunda est dirigé par Srikanth Addala, l'homme derrière la romcom Kotha Bangaru Lokam (avec Varun Sandesh et Swetha Prasad) et le film familial Seethamma Vakitlo Sirimalle Chettu (avec Mahesh Babu et Venkatesh). Le tournage est long et fastidieux, Varun Tej souffre d'une fracture lors d'une séquence de combat, gelant de fait l'avancée du métrage pendant plusieurs semaines. Avec sa partenaire Pooja Hegde, ils voyageront du Kerala à l'Andhra Pradesh, en passant par la Suisse et le Tamil Nadu pour les besoins de l'œuvre. Mukunda sortira le 24 décembre 2014 et recevra un accueil relativement correct. Les principales éloges seront destinées à Varun, sa présence et son choix d'avoir incarné un rôle plus accessible pour les spectateurs. Mukunda propose ainsi une histoire d'amour à la narration rafraîchissante, qui donne le ton des projets à venir du débutant. > 149


Un an plus tard, on lui doit l'un des divertissements télougous les plus novateurs de ces dernières années. En effet, Varun est au casting de Kanche, film de guerre initié par le réalisateur Krish, artisan du succès d'estime Vedam (avec Allu Arjun et Anushka Shetty). Dans ce métrage, Varun incarne Haribabu, qui doit renoncer à son amour pour la belle Sitadevi du fait de leur différence de caste. Des années plus tard, il intègre l'armée et se retrouve sous les ordres de Eeshwar, le frère aîné de sa bienaimée. Métrage brillant sur ces indiens qui ont lutté durant la Seconde Guerre Mondiale, Kanche est devenu un phénomène lors de sa sortie et permettra surtout à son acteur vedette d'être acclamé pour sa prestation aussi engagée que naturelle. Kanche remportera d'ailleurs le National Award du Meilleur Film en langue télougoue, une belle distinction pour une œuvre portée par un acteur novice.

La même année, Varun Tej s'associe finalement à celui qui voulait lancer sa carrière : Puri Jagannadh. Il joue ainsi dans Loafer, un vrai masala populaire dans lequel il enfile le même costume de héros des masses que ses cousins Bunny et Cherry. Le comédien l'avoue volontiers, il voulait s'essayer à l'exercice du divertissement dans sa plus pure tradition : « Après Kanche, j'estimais que je devais exposer un angle plus commercial de mon potentiel, et qui de mieux que Puri Jagannath pour m'illustrer ainsi ? » Tout y est : les séquences de bagarre invraisemblables, l'idylle qui sort de nulle part, le conflit familial agrémenté de danses endiablées et de 150

chansons mielleuses... Loafer respecte tous les codes du film d'action commercial, mais n'étouffe jamais l'interprète que le public a pu voir en Varun.

Car l'acteur ne se trahit jamais et ne cherche pas à imiter ses célèbres cousins. Au contraire, il amène son propre style, plus maîtrisé et intelligible, à un film assez bourrin dans sa construction. Le jeune artiste a le souci de surprendre et de s'illustrer dans des registres qui sont nouveaux pour lui, et a vécu Loafer comme un défi : « Je ne veux pas me limiter à un seul genre de films. Mon rôle dans Loafer est assez différent de ce que j'ai fait dans Kanche et Mukunda. J'y joue un arnaqueur. » Avec ce projet, il a surtout le privilège de jouer aux côtés de la grande Revathi, qui tient le rôle de sa mère. Dans quelques jours, on le retrouvera dans Mister qui l'illustrera dans une romance. Point de bourre-pifs à l'impact excessif, ni de chorégraphies hyper-vitaminées.

Mister s'annonce comme un triangle amoureux intense, avec Hebah Patel et Lavanya Tripathi. Plus tard en 2017, il donnera la réplique à l'intéressante Sai Pallavi dans la comédie sentimentale Fidaa. Varun Tej a aussi fait le buzz suite à l'un de ses derniers photoshoots, où la star affiche un look hipster inattendu puisque peu courant chez les vedettes masculines de Tollywood. Mais cela ne l'importe pas, puisque le jeune homme sait ce qu'il vaut et ce qu'il veut devenir :


« Je préfère être qualifié de bon acteur plutôt que de beau gosse. » D'autant que le rapport qu'il a avec son image n'a pas toujours été simple. Comme plusieurs personnalités avant lui telles que Sonam Kapoor, Arjun Kapoor ou encore Sonakshi Sinha, Varun Tej a été en surpoids, une situation qu'il a vécu difficilement : « J'ai pu peser jusque 125 kilos, et je n'étais toujours à l'aise avec mon image. »

Aujourd'hui, Varun Tej semble s'engager dans des œuvres fraîches et inédites pour le cinéma télougou en évitant le plus possible les schémas convenus des blockbusters locaux. Varun Tej veut surprendre et se renouveler comme ses oncles ont pu le faire à leur époque, en portant des protagonistes diversifiés et en s'essayant à des genres cinématographiques multiples. Avec Kanche, il a prouvé qu'en plus d'être un interprète des plus saisissants, il était en mesure de mobiliser l'audience dans les salles. Loafer lui permettra de consolider sa valeur commerciale sur le marché du film. Désormais, il a toutes les cartes en main pour mener une carrière des plus fastes, entre œuvres fédératrices et métrages plus inhabituels.

Grâce à son panache et son goût du risque, Varun Tej est en passe de redéfinir les fondements du succès d'un film à Tollywood. Nul doute qu'il s'imposera comme une valeur sûre dans les années à venir... ■

L' UNE DES PH OTO GRAPH IES DU PH OTO SH O OT DE VAR UN TEJ QUI A FAIT LE BUZZ. PUBLIÉE SUR INSTAGRAM PAR NISCH AY NIYO GI.

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Nivin Pauly RETOUR SUR SON PARCOURS... MOTS PAR ASMAE PH OTO G RAP HIE C I- DES SUS : NIVIN LORS DE LA F ÊTE PO UR LES 100 JO UR S DE P ROJECTION DE VIK RAMADITH YAN AU CINÉMA.

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Il y a de fortes chances que vous ne connaissiez pas Nivin Pauly... Effectivement, il n'a jamais travaillé pour le grand cinéma indien de masse, qu'il soit en hindi ou en tamoul. Nivin préfère les films plus authentiques et intimistes, qui misent sur la sincérité de ses personnages plutôt que sur l'exubérance de ses décors.

Nivin Pauly, c'est l'une des forces vives du cinéma malayalam contemporain. Il est devenu, peut-être malgré lui, le porteétendard d'un cinéma sensible qui s'appuie sur la sagacité de ses protagonistes et sur le réalisme de ses situations. Nivin Pauly, c'est aussi l'un des acteurs les plus lucratifs de Mollywood, qui fédère avec intelligence dans le souci d'amener du contenu à ses spectateurs. Nivin Pauly, c'est un visage différent et particulièrement séduisant du cinéma indien, aussi vérace que divertissant, aussi concret que suranné. Pourtant, il y a de fortes chances que vous ne connaissiez pas Nivin Pauly.

Alors pourquoi lui consacrer la couverture de notre magazine, là où nous avons plutôt pris l'habitude de mettre en valeur des personnalités reconnues comme Rani Mukerji, Shahrukh Khan ou encore Sridevi ? Sans doute parce que Bolly&Co recouvre aussi la vocation de vous faire découvrir des artistes méconnus des industries indiennes, comme nous l'avions fait en choisissant Shraddha Kapoor pour notre couverture du quatrième numéro, bien avant 2013 et le succès d'Aashiqui 2.

Et si notre rubrique consacrée aux cinémas du sud du pays existe depuis 2011, c'est la première fois qu'une vedette dravidienne est en Une de l'une de nos parutions. Mais il faut dire qu'il est la raison pour laquelle l'équipe a commencé à parler de cinéma malayalam dans ses pages, lui qui n'était pas destiné à une carrière d'acteur.

Ainsi, Bolly&Co vous propose de revenir sur la destinée incroyable de Nivin Pauly, un modeste ingénieur devenu une icône de la jeunesse malayalee... Nivin naît le 11 octobre 1984 à Aluva, au Kerala, au sein d'une famille catholique. Son père, Pauly Bonaventure, était mécanicien dans la ville d'Aarau en Suisse et sa mère y était infirmière. Il y passera de nombreuses vacances en famille. A l'initiative de son père, le jeune homme obtient un diplôme en ingénierie électronique de la prestigieuse université indienne FISAT (Federal Institute of Science And Technology) à Angamaly au Kerala. Sur les bancs de la fac, il rencontre Rinna Joy, l'une des meilleures élèves de sa promotion. Le couple se fréquentera pendant de nombreuses années, construisant ensemble le projet d'une vie à deux. Ainsi, Nivin travaillera de 2006 à 2008 pour Infosys, une société de prestation informatique basée à Bangalore. Après la mort de son père, il quitte son emploi et revient au Kerala auprès des siens. « Mes potes me disaient '''tu as un travail, un salaire correct et tu dis que tu n'en tire aucune satisfaction ?'' Je ne > 153


savais pas ce que je voulais faire. Mais j'ai su que je ne voulais pas faire ça (être ingénieur, ndlr) de ma vie. » En lui-même, il songe à devenir acteur et la disparition de son papa est venu réveiller son envie d'atteindre ce rêve devenu objectif. Rinna le soutient et l'accompagne dans ce nouveau projet. « Elle m'a totalement soutenu dans mon rêve de devenir acteur. C'est quelqu'un de très mûr, et elle savait que j'étais sérieux et impliqué pour investir cette voie. »

Pourtant, il n'a aucune expérience en la matière, n'a pas suivi de cours de comédie ni joué dans des pièces de théâtre dans sa jeunesse. « Je n'avais pas d'expérience dans la comédie avant. Durant mes années de lycée et de fac, je ne me suis produit sur une scène que pour danser. » L'acteur doit énormément à Vineeth Sreenivasan. En effet, ce jeune cinéaste le repère après une chasse aux talents intense à travers tout le Kerala. Pourtant, il ne faisait pas partie de la short-list des 12 acteurs envisagés pour le film. Mais lorsqu'un des comédiens sélectionnés se désiste, on le rappelle, et l'acteur comprend qu'il ne doit pas laisser passer sa chance ! Avec 4 autres débutants, il obtient finalement ce premier rôle dans Malarvaadi Arts Club, sorti en juillet 2010. Dans la peau d'un chef de bande querelleur, le jeune homme sort clairement du lot et signe surtout le début d'une belle amitié avec le cinéaste qui l'a lancé. Sa prestation lui vaudra le Vanitha Film Award du Meilleur Espoir Masculin.

Un mois après la sortie de l'œuvre, il épouse Rinna à l'église Saint Dominic d'Aluva, sa vie natale. L'année suivante, on le retrouve dans trois 154

projets. Il fait d'abord un cameo dans l'œuvre de Rajesh Pillai Traffic. Il est ensuite à l'affiche du film d'anthologie The Metro, dans lequel il fait partie d'une bande d'amis embarquée dans un road-trip à la tournure inattendue. Des trois histoires que contient le longmétrage, c'est la sienne qui marque le plus la critique, et ce même si la réponse du public est plus réservée. Le succès de Malarvaadi Arts Club l'associe à des films de potes dans lesquels il ne bénéficie pas toujours de l'espace dont il mériterait pour vraiment faire l'étalage de son talent. Toujours en 2011, il est à l'affiche de Sevenes où il joue les seconds couteaux intéressants mais effacés face à la star locale Kunchacko Boban. En 2012, il fait une brève apparition dans la comédie Spanish Masala aux côtés de l'acteur Dileep, qui a produit ses deux premiers films. Il participe ensuite au clip vidéo du chanteur Aalap Raju « Nenjodu Cherthu » aux côtés d'une jeune femme qu'il retrouvera régulièrement à l'avenir : l'actrice Nazriya Nazim. Sur le tournage, il sympathise également avec le réalisateur de la vidéo, Alphonse Putharen, qui ne manquera pas de le rappeler ultérieurement !

En juin de la même année, il devient père pour la première fois puisque naît de son union avec Rinna le petit Daveed. Mais depuis plusieurs mois, il se prépare pour un rôle qui va clairement changer la trajectoire de sa jeune carrière. Il retrouve en effet le réalisateur de ses débuts, Vineeth Sreenivasan, pour la romance Thattathin Marayathu. Pourtant, il ne devait même pas faire partie du projet. « En fait, bien avant d'intégrer le métrage, j'ai aidé Vineeth à chercher un nouvel acteur susceptible de tenir le rôle principal. Puis il m'a vu un jour où je m'étais rasé lors d'une réception et m'a demandé si le rôle m'intéressait. J'ai perdu >


D E D R O I T E À G AUC HE : B HAG ATH MANUE L , H AR IKR ISH NAN ET NIVIN PAULY, AJU VA R G H ESE E T SHRAAVAN DANS L E FIL M MALARVAADI ARTS CLUB (2 010)


NIVIN PAULY E T NAZRIYA NAZIM DANS L E FIL M NE RAM (2 013)


quelques kilos et j'ai adopté un look qui me fasse paraître plus jeune. » L'oeuvre le fera sortir de sa zone de confort, lui qui s'est plutôt illustré en chef de bande un peu bourru. Ici, il est Vinod, un jeune hindou follement épris de la belle Aisha, de confession musulmane. Bien plus qu'une histoire d'amour, Thattathin Marayathu porte en lui un profond message de tolérance et d'acceptation, et s'appuie sur la prestation solaire de son acteur vedette. L'accueil du public ne se fait pas attendre, puisque le film deviendra l'un des grands plébiscites de l'an. Un succès qui a découlé d'une implication totale de la part du comédien dans cette production : « Je ne me suis engagé sur aucun projet après Sevenes. C'était un accord entre Vineeth et moi. J'ai vécu un passage à vide de 8 mois entre les deux films (Sevenes et Thattathin Marayathu, ndlr). Je suis ravi d'avoir fait ce sacrifice. »

Devenu le film malayalam le plus rentable de l'année 2012, Thattathin Marayathu a surtout permis à Nivin de s'imposer comme l'un des jeunes visages populaires de Mollywood. Nivin évoque d'ailleurs un souvenir particulier, non sans humour : « Je me suis mis à rire lorsque Vineeth m'a dit alors que ce film changerait ma vie. Comme si... » Et pourtant, le statut de Nivin depuis ce métrage a complètement changé au sein de l'industrie malayalam, devenant l'une des personnalités les plus convoitées de la nouvelle génération au Kerala. Pour preuve, il reçoit le trophée de la 'Star Montante du Cinéma du Sud' aux SIIMA Awards cette année-là. A côté, ses autres sorties de l'an semblent bien fades. Bhoopadathil Illatha Oridam se

fait massacrer par la critique tant il ne tire pas profit du potentiel de ses deux acteurs principaux, Nivin mais aussi sa partenaire Iniya. Les retours sur Puthiya Theerangal (face à Namitha Pramod) sont moins tranchés, même si le film ne trouvera pas son public lors de sa sortie en salles. Chapters sort du lot grâce à sa narration originale, comparable à celle d'un film mosaïque, et à sa trame autour de la solidarité. Enfin, il est des plus sous-employés dans la romcom Da Thadiya, dirigée par Aashiq Abu, qui lui offre tout de même un personnage aux zones d'ombre. En 2013, Nivin apparaît quelques minutes dans My Fan Ramu. Plus tard, il retrouve Alphonse Putharen et Nazriya Nazim (rencontrés sur le plateau de tournage du clip musical « Nenjodu Cherthu ») pour une œuvre d'envergure : Neram, un thriller tourné en malayalam et en tamoul simultanément. Le métrage sort en mai à une semaine d'intervalle entre le Tamil Nadu et le Kerala. Nivin comme sa co-star lancent au passage leurs carrières à Kollywood avec ce projet.

Et une fois de plus, le public comme les critiques sont conquis par les deux comédiens, qui voient en eux de futures valeurs sûres du cinéma indien, toutes langues confondues. Son jeu impeccable vaut d'ailleurs à Nivin le South Filmfare Award du Meilleur Espoir Masculin, corroborant les expectatives qu'il nourrit autour de lui. Toujours en 2013, il est à la distribution de trois autres productions. La première est English – An Autumn in London qui narre les destins de 5 malayalees vivant dans la capitale anglaise. L'acteur y exploite son jeu sensible avec nuance et cohérence. On le retrouve ensuite dans le métrage d'anthologie 5 Sundarikal pour lequel il > 157


prend part au segment Isha, face à l'actrice Isha Sharvani. L'ultime est probablement la plus surprenante de la filmographie de l'acteur à l'époque. Il participe en effet au thriller psychologique Arikil Oraal, dans lequel il joue brillamment avec l'esprit du spectateur.

L'année suivante, ses trois projets résultent en succès populaires et critiques. 1983 le révèle dans un univers inédit, en passionné de cricket. Nivin campe effectivement Rameshan, un jeune homme de milieu modeste qui rêve de devenir joueur de cricket. Face à l'opposition de son père, Rameshan met en échec ses études et doit finalement travailler dans l'atelier familial pour subsister. Lorsque son propre fils voue un intérêt au même sport, il met tout en œuvre pour le soutenir et l'amener à faire de sa passion pour le cricket son gagne-pain. Nivin Pauly fait l'unanimité avec ce projet atypique dont M.S. Dhoni – The Untold Story semble inspiré par bien des côtés (en tout cas dans son intention). Il sera pressenti pour le South Filmfare Award du Meilleur Acteur en langue malayalam et recevra le prix de la critique lors de cette même cérémonie. Les SIIMA Awards le sacrent également Meilleur Acteur pour ce film. Plus tard, il joue de nouveau aux côtés de Nazriya Nazim dans la comédie romantique Ohm Shanthi Oshaana. Il y prête ses traits à Giri, un agriculteur de confession hindoue dont s'éprend la belle Pooja, une future doctoresse de religion chrétienne. « Dans ce film, le héros ne fait pas la cour à l'héroïne, c'est le contraire qui se produit, » déclarait l'acteur en interview. Avec ce rôle, il confirme que la romance lui correspond, même s'il avoue lui-même ne pas s'y sentir très à l'aise : « Je ne suis pas dans mon élément avec ce registre. Lorsque l'on m'a présenté le personnage de Vinod (du film Thattathin 158

Marayathu, ndlr), on m'a expliqué que le rôle devait posséder une sorte d'agitation en lui, comme potentiellement tout jeune homme amoureux. Mais dans la vie, je suis tout l'opposé. De nature, je suis assez réservé. »

Enfin, Nivin Pauly rejoint sa dernière partenaire en date ainsi que Dulquer Salmaan dans ce qui est devenu le blockbuster de l'année 2014 : la comédie dramatique Bangalore Days, dans laquelle il incarne un jeune ingénieur débarqué à Bangalore pour y occuper un nouvel emploi. Si le début de la trame fait étrangement écho à sa propre histoire, le personnage de Kuttan est beaucoup plus volubile. L'acteur avoue d'ailleurs avoir douté de ses capacités à porter un rôle aux ressorts comiques : « J'étais tendu lorsque Anjali Menon (la réalisatrice de Bangalore Days, ndlr) m'a narré l'histoire pour la première fois. Kuttan est un jeune homme naïf qui vient d'un petit village. J'appréhendais qu'on puisse susciter le rire avec un tel personnage. Mais elle m'a donné de la force et du courage pour y arriver. » Bangalore Days est devenu un film culte en quelques temps, allant jusqu'à faire l'objet d'un remake en langue tamoule avec Arya, Sri Divya et Bobby Simha dans les rôles initialement tenus par Dulquer Salmaan, Nazriya Nazim et Nivin, respectivement.

Pour ses prestations dans 1983 et Bangalore Days, l'acteur recevra une distinction des plus prestigieuses : le Kerala State Film Award du Meilleur Acteur, attribué par les membres du gouvernement malayalee. >


DULQ UE R SAL MAAN, NAZRIYA NAZIM ET NIVIN PAULY DANS L E FIL M BANG ALOR E DAYS (2 014)


SAI PAL L AVI E T NIVIN PAULY DANS L E FIL M P RE M AM (2 015)


En 2015, il est associé à 4 œuvres totalement différentes les unes des autres. Il donne la réplique à Amala Paul dans Mili, qui porte sur le parcours d'une jeune femme dépressive qui n'a aucune confiance en elle. L'acteur campe un coach en relations humaines et aide l'héroïne dans le cheminement qui la mènera à recouvrir son amour-propre. Soft et pertinent, Nivin est toujours aussi juste dans un rôle certes secondaire mais tout de même impactant. Plus tard dans l'année, il s'affiche dans une comédie pure et dure avec Oru Vadakkam Selfie, dans laquelle son petit mensonge (celui d'avoir fait passer une parfaite inconnue pour sa petite-amie) va chambouler son devenir. En plus de faire d'excellentes recettes au box-office, l'œuvre consolide le statut de star montante du comédien, qui démontre qu'il est en mesure de tout jouer. Il tourne ensuite le film d'investigation Ivide aux Etats-Unis avec Prithviraj Sukumaran et Bhavana, un métrage qui donne à le voir dans un univers plus brut et incisif qu'à l'accoutumée. Les fans ont été nombreux à le comparer à son partenaire masculin à l'écran. A ce sujet, Nivin est très clair : « Prithviraj est bien meilleur acteur que moi. Je suis un de ses fans. La manière dont il s'exprime et dont il maîtrise son jeu [...] est juste impressionnante. »

Avec Premam, sa dernière sortie de l'an, Nivin signe un coup de maître littéral. Il incarne dans ce film George, qui voit sa vie bouleversée par trois rencontres, avec trois femmes qui changeront sa vie et redéfiniront ce que l'amour représente pour lui. Le métrage est le plus rentable du Kerala cette année-là. Mais plus que cela, il fait de son acteur vedette l'incarnation du héros romantique à Mollywood. Nivin Pauly sera nommé dans la catégorie du Meilleur Acteur lors des South Filmfare Awards et Asianet

Awards, distinction qu'il gagnera lors des SIIMA Awards. A propos du carton de l'œuvre, l'artiste ne cache pas ni son émotion, ni son étonnement face à un tel engouement : « Notre priorité, c'était de faire un bon film. Nous avions confiance en notre réalisateur Alphonse Putharen. Mais franchement, nous n'aurions jamais espéré un tel retour même dans nos rêves les plus fous. »

En 2016, Nivin Pauly change de casquette aussi bien sur le plan artistique mais technique, puisqu'il est acteur et producteur de Action Hero Biju, dirigé par Abrid Shine (qui réalisait déjà 1983). Le comédien incarne un policier dans ce film qui vient faire oublier son image de 'chocolate boy'. Pour ce projet, on ne lui donne aucune réplique à apprendre, l'acteur devant mettre en œuvre sa capacité à improviser. « Nous ne savions pas comment la personne en face de nous allait réagir ou même ce qu'elle allait dire. Nous étions juste au clair sur la situation générale. Mais c'est ainsi qu'un inspecteur travaille. Il ne sait jamais à l'avance ce que va bien pouvoir dire un plaignant. C'est avec ce souci de réalisme que nous avons tourné chaque scène. C'était une expérience différente. » Il fait ensuite partie de la distribution du film familial Jacobinte Swargarajyam, où il campe le fils d'une famille ruinée qui tente le tout pour le tout afin de sauver les siens. Pour ce projet, il retrouve nul autre que Vineeth Sreenivasan pour leur quatrième collaboration (Vineeth avait effectivement signé l'histoire de Oru Vadakkam Selfie). Cette nouvelle réalisation du cinéaste confirme la ligne directive de Nivin pour l'an 2016, ponctuée de rôles inattendus au > 161


service d'histoires puissantes. Avec ces deux films, il est le lauréat de l'Asiavision Award du Meilleur Acteur. Toujours en 2016, il revient au cinéma tamoul avec le film d'anthologie Aviyal. Pour la partie qui le concerne, le comédien retrouve Alphonse Putharen pour la quatrième fois de sa carrière (si l'on inclut leur première collaboration pour le clip vidéo précité). Mais le tournage de ce projet remonte à bien plus longtemps. « Il s'agit d'un court-métrage que nous avions fait il y a 3 ou 4 ans. Karthik Subbaraj (le producteur d'Aviyal, ndlr) en a acheté les droits pour qu'il fasse partie de cette œuvre d'anthologie, » expliquait l'acteur dans une interview. Pour finir l'année, Nivin gratifie Aanandam d'une 'guest appearance' en soutien à son ami Vineeth, qui produit le métrage.

L'humilité et la générosité de Nivin Pauly ont fait de lui le phénomène qu'il est aujourd'hui. En plus de construire des associations artistiques solides, l'acteur noue de sincères amitiés avec les équipes qui l'entourent. De Vineeth Sreenivasan à Alphonse Putharen, en passant par Nazriya Nazim et Aju Varghese, tous ceux qui ont travaillé à ses côtés ont été bouleversés par sa passion, son investissement et son envie d'apprendre. « C'est quelqu'un d'une simplicité et d'une modestie exceptionnelle, » pouvait dire de lui le directeur photo Jomon T. John. L'acteur a toujours positionné sa famille au centre de ses priorités, conférant à son fils une place toute particulière dans sa réussite : « Tous les changements positifs sont survenus dans ma vie après la naissance de Daveed. Je pense qu'il est mon portebonheur. » S'il est grandement apprécié par le public, certains critiques s'accordent à dire que Nivin Pauly reste dans sa zone de confort en campant des personnages lisses 162

et à la nature toujours positive. L'artiste semble en tout cas avoir envie de se dépasser, rêvant d'incarner un antagoniste dans un projet à venir.

Prochainement, on le retrouvera d'abord dans la comédie Njandukalude Nattil Oridavela avec Ahaana Krishna et Aishwarya Lekshmi, qu'il financera par ailleurs. Il campera ensuite un politicien dans Sakhavu, avec Aishwarya Rajesh. Enfin, il a signé le film tamoul Richie aux côtés de la jeune Shraddha Srinath. Nivin ne compte pas le temps d'apparition de ses rôles ni leur place sur les affiches. Il veut avant tout signer des rôles riches et substantiels. « C'était merveilleux de participer à Bangalore Days et Ivide, qui sont des films avec un grand casting, ou même Ohm Shanthi Oshaana et Mili, dans lesquels les personnages féminins ont plus d'importance. Laissez-moi vous expliquer ma position avec un exemple. Dans l'un de mes films favoris, Onnu Muthal Poojyam Vare, Mohanlal apparaît à l'écran dans les dernières minutes de l'oeuvre. S'il avait refusé ce rôle pour cette raison, il serait passé à côté d'un film exceptionnel. »

Mais surtout, Nivin ne laisse jamais sa notoriété prendre le pas sur son art. Lorsqu'un journaliste lui demande si ses choix cinématographiques sont désormais orientés par son statut de star, il est formel : « Chaque film a une âme et une identité, qu'on ne peut pas réduire à des scènes de combat pour 'vendre' un métrage ou pour des raisons qui ne rendraient pas justice ou >


NIVIN PAULY DANS L E FIL M JACOB INTE SWAR GARAJYAM (2 016)

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ou pourraient même tuer son propos. »

Lui ont été régulièrement remis les trophées de ''l'Icône de la Jeunesse'' ou de ''l'Acteur le Plus Populaire''. En effet, Nivin Pauly est talentueux, mais pas seulement. Il fédère comme aucune autre figure de sa génération, touchant le public en prêtant ses traits à ses personnages chaleureux et authentiques.

Maintenant, vous connaissez quelque peu Nivin Pauly. En espérant que ce retour sur son parcours vous donnera envie de découvrir son oeuvre. Parce qu'il en vaut la peine.

films à venir Sakhavu

réalisé par Sidhartha Siva.

Njandukalude Naattil Oridavela réalisé par Althaf Salim

Hey Jude

réalisé par Shyamaprasad

CI-DESSO US : AF F ICH E DE SAKH AVU.


N

NIVIN PAULY DANS LE F ILM NERAM.

nivin pauly

Nivin Pauly,

en tomber amoureux par 4 fois... MOTS PAR ASMAE

Nivin Pauly est un acteur polyvalent. Je l'ai déjà illustré dans l'article qui revient sur l'intégralité de sa carrière. Certes. Mais très honnêtement, le registre que je lui préfère largement, c'est la romance. Car l'acteur y est absolument irrésistible !Alors ici, point d'analyse objective et argumentée, cet article constitue tout simplement une déclaration d'amour à cet interprète d'exception, qui transforme des personnages très 'terre-à-terre' en véritables héros romantiques... 165


V inod

Giri

DE THATTATHIN M A R AYATH U

D E O H M S H A NT H I O S H A A NA

Je pense avoir suffisamment parlé de ce film pour que vous sachiez que c'est mon métrage malayalam préféré. C'est aussi Thattathin Marayathu qui m'a initié aux films de Mollywood. Surtout, je suis tombée follement amoureuse de Vinod, le personnage principal campé par Nivin Pauly, que je ne connaissais alors absolument pas... Coup de foudre ! Comment ne pas craquer pour le dynamique Vinod, qui s'éprend de la belle Aisha au premier regard et entreprend tout ce qu'il faut pour lui déclarer sa flamme ? Oui, moi aussi, j'aurais voulu que Vinod déclame ses sentiments à mon égard en chantant « Anuraagathin Velayil », le tout en m'écrivant des lettres d'amour codées pour finalement me promettre une salle de prière dans notre futur foyer... Vinod, c'est l'amoureux jeune et insouciant, fougueux et sincère.

Giri, c'est un autre style... C'est l'homme mûr désabusé, distant et trop prosaïque pour croire en l'amour. Pour autant, il ne tombe jamais dans le cliché du phobique de l'engagement.

Vinod ne calcule rien et ne prend aucun recul sur ce qu'il ressent. Il aime follement, éperdument, entièrement. Vinod donne au premier amour un visage enchanteresse, juvénile et attendrissant. 166

Car Giri est d'abord un amant déçu, qui a perdu sa bien-aimée lorsqu'elle en a épousé un autre. Giri, c'est le bellâtre mystérieux et incroyablement séduisant. Je l'avoue, j'ai trouvé ce côté bourru particulièrement attirant chez Giri... Mais ce qui fait l'intérêt de ce personnage, c'est qu'on a l'occasion de le voir grandir. Il oublie sa barbe de trois jours (néanmoins charmante!) et son air bougon pour devenir plus posé et surtout plus réceptif aux sentiments de Pooja. Cela va sans dire, mais je le dis quand même : j'aurais tellement voulu être à sa place ! Sans spoiler, j'admets que la séquence conclusive sur l'aérienne « Sneham Chorum Cherum » me fait complètement fondre, d'autant que les émotions de Giri sont soulignées par les paroles en hindi ''Main aashiq hoon, awaara hoon, anjaana hoon, deewana hoon...''. Envoûtant...


Naveen

G e o rg e

DE MILI

DE P R E MA M

On sort du registre romantique avec ce film sur une jeune femme qui tente de regagner confiance en elle et de reprendre le contrôle sur sa vie.

Le meilleur pour la fin ? Le plus complet en tout cas, pour sûr !

Naveen est coach en relations humaines et va aider l'héroïne à se mobiliser et à devenir ce qu'elle aspire à être. Naveen apaise Mili. Il la sécurise sur son potentiel et ses compétences. Naveen est un homme rassurant, et du coup inévitablement attachant. D'ailleurs, c'est à se demander s'il n'a pas servi d'inspiration à la réalisatrice Gauri Shinde pour écrire le personnage de Jehangir Khan, le séduisant psychanalyste campé par Shahrukh Khan dans Dear Zindagi. En tout cas, nul doute qu'en cas de coup de blues, j'adorerais être aidée et soutenue par Naveen !

En effet, George mûrit sous nos yeux, muant de l'adolescent naïf en amour au jeune homme rugueux et révolté pour finalement devenir l'amant raisonné et apaisant avec lequel on rêve de s'engager et de fonder une famille. George porte en lui toutes les facettes de l'homme amoureux et est aussi craquant lorsqu'il chante faux dans une église pour séduire sa bien-aimée que lorsqu'il danse un énergique dappankuthu sous les yeux émerveillés de celle qu'il aime. Surtout, j'aime le George as des fourneaux, et je veux absolument goûter au gâteau 'red velvet' du héros... Bref, comment rester indifférente face à tant d'atouts ? 167


N nivin pauly

Nivin Pauly,

une inspiration musicale... M OT S PA R AS M A E

Nivin Pauly est non seulement l'un des acteurs les plus convoités de sa génération à Mollywood, mais les bandesoriginales des métrages dans lesquels il figure sont également grandement plébiscités par le public. Il est clairement devenu l'inspirateur des musiciens qui officient sur les albums de ses films, ses succès cinématographiques étant viscéralement liés aux mélodies qui les accompagnent.

Ainsi, Bolly&Co vous propose de revenir sur 6 titres incontournables tirés d'œuvres de l'acteur, à l'honneur de cette édition... 168


1

« Anuraagathin Velayil »

3 « Thalavettam Kanumba »

DE THATTATHIN MARAYATHU (2012) COMPOSÉ PAR SHAAN RAHMAN INTERPRÉTÉ PAR VINEETH SREENIVASAN

DE 1983 (2014) COMPOSÉ PAR GOPI SUNDER INTERPRÉTÉ PAR GOPI SUNDER ET NIVAS

Thattathin Marayathu est sans nul doute le film qui a propulsé Nivin Pauly au rang de star qu'on lui connaît aujourd'hui. Si sa prestation a joué un grand rôle dans le succès de cette romance, sa bande-son y est également pour quelque chose. On soulignera particulièrement l'aérienne « Anuraagathin Velayil », parfait morceau romantique, qui s'appuie sur une composition sublime et sur le grain de voix du réalisateur du film.

Titre aux nombreuses variations, cette chanson vient illustrer un métrage différent de l'acteur, loin des histoires d'amour surannées auxquelles il est habitué (et dans lesquelles il brille !). Introduit à la guitare basse, le morceau est rythmé par le tabla puis prend ensuite une dimension plus éthérée. Comme le reste de la musique de l'œuvre, cette chanson s'inscrit fabuleusement dans l'ambiance des sons indiens des années 1980. Nostalgie garantie !

2

« Pistah The Run Anthem » DE NERAM (2013) COMPOSÉ PAR RAJESH MURUGESAN INTERPRÉTÉ PAR SHABAREESH VARMA

Registre musical radicalement différent avec ce dappankuthu énergique qui a servi à faire la promotion du métrage Neram, qui lançait la carrière de Nivin à Kollywood. Enregistré pour ce métrage tourné dans deux langues (tamoul et malayalam), « Pistah » est un son dépourvu de sens, chanté dans un mélange des deux idiomes sans que les paroles ne soient cohérentes pour un sou ! Et pourtant, le titre fera le buzz sur le net et contribuera largement à faire de Neram un hit au box-office.

4

« Sneham Chorum Neram » DE OHM SHANTHI OSHAANA (2014) COMPOSÉ PAR GOPI SUNDER INTERPRÉTÉ PAR RINU RAZAK ET HESHAM

Retour de Nivin le lover ! L'acteur brille dans cet univers, et les ballades qui mettent en musique ses histoires d'amour sont toujours magistrales. Avec ce morceau qui sert de conclusion au métrage, difficile de ne pas craquer pour le comédien, sublimé par la voix magnifique de Hesham, exprimant en hindi les sentiments longtemps cachés par le héros.

169


5 « Malare » DE PREMAM (2015) COMPOSÉ PAR RAJESH MURUGESAN INTERPRÉTÉ PAR VIJAY YESUDAS

Encore une chanson douce, me direzvous ? En effet, mais au-delà de son style, « Malare » est incontournable tant son instrumental est divinement composé par Rajesh Murugesan, avec le timbre délicat de Vijay Yesudas qui donne lieu à une harmonie musicale incroyable. Premam est devenu un film culte, tout comme « Malare » fait partie de ces chansons qui marquent toute une génération de spectateurs.

6

« Thiruvaavaniraavu » DE JACOBINTE SWARGARAJYAM (2016) COMPOSÉ PAR SHAAN RAHMAN INTERPRÉTÉ PAR UNNI MENON, SITHARA ET MEERA SCHARMA

Morceau contextualisé en pleine fête de Onam (soit le festival des moissons, célébré dans la région du Kerala), « Thiruvaavaniraavu » donne l'occasion au public de retrouver le formidable Unni Menon, qui se fait rare dans le monde la musique. Ce titre céleste illustre la famille Jacob dont Nivin fait partie dans le métrage. Avec cette chanson, l'acteur prouve qu'il est clairement la muse de tous les compositeurs auxquels il est associé, retrouvant Shaan Rahman depuis notamment la prolifique bande-originale de Thattathin Marayathu 4 ans plus tôt.


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C critique

JACOBINTE S WA R G A R A J YA M MOT S PA R AS M A E

"Tiré d'une histoire vraie". Voilà l'inscription sur laquelle s'ouvre Jacobinte Swargarajyam. La nouvelle réalisation de Vineeth Sreenivasan (auquel on doit l'un de mes films malayalam préférés Thattathin Marayathu) est effectivement basée sur la vie de son ami Gregory Jacob, dont le père est resté coincé au Liberia après avoir été arnaqué par un businessman peu scrupuleux. Le cinéaste a tenu à rester fidèle au parcours de son ami et n'a pas transformé les faits pour tendre vers une œuvre plus ''mainstream''. Jacobinte Swargarajyam est sa troisième collaboration avec Nivin Pauly en tant que réalisateur, en plus de Oru Vadakkam Selfie dont il a signé l'histoire. Vous devez donc vous en douter, j'ai décidé de parler de ce film parce que Nivin Pauly y figure. Je m'attendais à un drame familial dans la veine de Kapoor and Sons, entre conflits d'egos et aveux avortés. Pourtant, Jacobinte Swargarajyam en est loin et s'y oppose presque diamétralement.

172

Il évoque plutôt la manière dont une famille ruinée déploie ses forces pour s'en sortir. Jacobinte Swargarajyam est le contraire de Kapoor and Sons. Il met en scène une famille qui s'unit dans l'adversité, sans toutefois ignorer les personnalités de chacun. Car on évite aussi le travers d'une œuvre comme Govindudu Andarivadele (dont nous vous proposions la critique analytique dans notre précédente parution, avec Kalki Koechlin en couverture), qui illustrait une structure familiale en en étouffant les entités individuelles.

Mais qu'est-ce qui fait la force de Jacobinte Swargarajyam ? Quels en sont les principaux atouts ?


Jacob (Renji Panicker) est un gérant d'entreprise prospère qui vit à Dubaï avec sa femme Sherly (Lakshmy Ramakrishnan) et leurs 4 enfants : Jerry (Nivin Pauly), Abin (Sreenath Bhasi), Ammu (Aima Sebastian) et Chris (Stacen). Alors qu'il fait pleinement confiance à Ajmal, il propose à plusieurs clients d'investir de fortes sommes dans l'affaire de ce dernier. Mais Ajmal est injoignable et s'est volatilisé avec l'argent que Jacob doit de fait rembourser...

On est à Mollywood, et la première chose qui m'a particulièrement interpellé, c'est la photographie. Le directeur photo Jomon T. John est désormais une référence qui a officié pour des métrages comme Thattathin Marayathu, Charlie et Ennu Ninte Moideen. L'image est à couper le souffle, totalement en adéquation avec chaque scène, tantôt onirique pendant les séquences d'allégresse et de célébration, tantôt sobre et proche de ses protagonistes dans les scènes à enjeu. Avant son intrigue, c'est le visuel de Jacobinte Swargarajyam qui m'a happé et qui m' a permis d'entrer dans l'histoire. Le métrage met du temps à démarrer, mais ce rythme plus lent est l'une des caractéristiques des productions malayalam. L'œuvre s'installe, plante son décor minutieusement pour ensuite prendre son envol. La narration est percutante sans être effrénée, le spectateur ayant le temps de capter chaque élément, chaque subtilité et chaque détail pour avancer dans le visionnage en tout état de cause. Je me suis rapidement prise de tendresse pour la famille de Jacob, cet honnête homme d'affaires malayalee qui porte haut la valeur travail dans l'éducation de ses enfants. Chaque personnage est étoffé, chacun

occupe une place prépondérante dans le récit. Et bien avant Nivin Pauly, c'est celui qui campe son père qui m'a d'abord marqué. Effectivement, Renji Panicker incarne le patriarche du clan Jacob avec beaucoup d'humilité, de tendresse et de bienveillance. Parce que le sempiternel cliché du paternel autoritaire et impénétrable est ici fui comme jamais, l'acteur nous donne l'occasion de voir un chef de famille aimant, posé, ouvert et valeureux, qui s'appuie sur le potentiel des siens en les sublimant, là où nombre de pères au cinéma ont plutôt un rôle d'oppresseur.

Jacob sait ce que valent son épouse et leurs enfants. C'est un homme de cœur aux principes solides, qui a travaillé dur pour devenir le dirigeant d'entreprise charismatique qu'il est aujourd'hui. Mais la crise économique et l'arnaque dont il est victime par la suite l'amèneront à partir pour le Liberia dans l'espoir d'épargner ses êtres chers de la ruine. On voit un Jacob de coutume fringant s'affaiblir, se courber et vieillir face aux dettes qui s'accumulent et aux investisseurs qui s'acharnent sur lui pour demander réparation. Renji Panicker est exceptionnel dans ce rôle qui, je l'espère, lui vaudra de nombreuses distinctions. Lakshmy Ramakrishnan ne démérite pas non plus dans la peau de Sherly, épouse de Jacob et mère de la famille. A son tour, elle bénéficie d'un personnage des plus intéressants puisque Sherly décide de prendre en main la situation dès que son mari est condamné à rester au Liberia. Elle fait face aux gros poissons qui tentent de lui faire les gros yeux sans sourciller et fait preuve d'un aplomb et d'un self-control > 173


impressionnants. C'est forcément agréable de voir un rôle féminin, en particulier de mère, aussi riche et impactant dans un métrage indien. D'autant que Lakshmy est irréprochable et délivre une prestation aussi forte que sensible, agissant en lionne qui se démène pour défendre ses petits. Sreenath Bhasi est Abin, l'un des membres de la fratrie Jacob. Il tient le rôle le plus humain puisqu'Abin est celui dont les défauts et les erreurs sont les plus apparentes. Abin n'a pas suivi la même ligne que le reste de sa famille et est plutôt dans l'opposition face à son père et à la droiture de ce dernier. Mais Abin est également l'une des personnalités les plus attachantes tant tout en lui est spontané et franc, sans calcul ni diplomatie qui pourraient presque devenir mièvres. Sreenath est juste et s'ajoute à la liste des performances marquantes de Jacobinte Swargarajyam.

Pour finir, Nivin Pauly complète cette belle distribution avec brio en campant Jerry, l'aîné de la fratrie et le personnage inspiré de Gregory, ami proche du réalisateur. Comme toujours, l'acteur est fin, pertinent et sincère. Pour autant, il ne cherche jamais à s'imposer ou à tirer la couverture à lui face à ses partenaires à l'écran. Nivin sait aussi s'effacer au service de l'histoire qu'il est venu défendre, démontrant au passage qu'il est un acteur engagé et dépourvu d'ego.

Car Jacobinte Swargarajyam ne s'appuie pas sur la popularité ni sur l'aura de Nivin. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que le comédien soit mis à profit comme il a pu l'être dans Premam. 174

N'espérez pas non plus le voir porter la casquette du héros comme dans Action Hero Biju. Car le héros de Jacobinte Swargarajyam, c'est la famille. Si l'on omet Ammu (incarnée par Aima Sebastian) qui part étudier à l'étranger au début du film, chaque membre de la famille recouvre une importance capitale dans le déroulement de l'intrigue. Même le petit Chris, joué par Stacen, joue un rôle majeur dans l'avancement de l'histoire. Avec cette œuvre, Vineeth Sreenivasan démontre qu'un bon film ne puise pas nécessairement son intérêt dans une tête d'affiche unique. A contrario, Jacobinte Swargarajyam constitue une réussite grâce à l'ensemble de son casting, Nivin Pauly y tenant une part certes majeure, mais une part seulement.

Je pense que peu d'acteurs populaires de Bollywood auraient accepté de ne pas être l'unique star d'un longmétrage. Au Kerala, la mentalité est différente puisque les vedettes ''de masse'' de l'industrie oscillent régulièrement entre rôles principaux et secondaires. Les films malayalam ne viennent pas servir l'image d'une célébrité, contrairement aux cinémas hindi, tamoul ou même télougou où des œuvres sont parfois construites uniquement sur la base du consensus que réunit un Salman Khan, un Rajinikanth ou un Chiranjeevi.

Ce que l'œuvre vient aussi souligner, ceux sont les interactions entre les membres d'une famille fragilisée.


Cette vulnérabilité ambiante vient exacerber certaines rancœurs et mettre à nu des aspects des caractères de chacun que personne ne soupçonnait. Jacobinte Swargarajyam montre aussi une famille qui se découvre et s'appréhende différemment dans la difficulté. Les heurts comme les silences sont mis en scène avec beaucoup d'intelligence, les mots de trop comme ceux qui peinent à sortir font partie intégrantes des situations que vivent les protagonistes, donnant plus de corps à l'œuvre qui en devient bien plus vraisemblable.

La bande-originale du film est composée par l'acolyte de Vineeth Sreenivasan, le musicien Shaan Rahman qui a officié sur les albums de ses précédents films Malarvaadi Arts Club et Thattathin Marayathu. Si l'intégralité de l'album s'imprègne à merveille de l'atmosphère du film, deux titres me sont restés en tête après le visionnage : « Thiruvaavaniraavu » et « Ee Shishirakaalam ». Le premier est porté par le trop rare Unni Menon et sonne comme un rêve, tandis que le second est interprété par le réalisateur lui-même, prêtant ainsi son timbre à cette ode à l'union familiale.

En conclusion Jacobinte Swargarajyam est un périple émotionnel prenant. Vineeth Sreenivasan nous livre un bien bel hommage à son ami Gregory, s'attachant à l'honnêteté de son histoire plutôt qu'à son quotient divertissant. Car bien que la cadence soit loin d'être soutenue, le film constitue un drame familial touchant et magnifié par sa distribution éblouissante.

Nivin Pauly ne doit pas être l'unique raison qui doit vous mener à découvrir cette œuvre, puisqu'il est grandement soutenu par ses partenaires absolument géniaux... ■ 175


C critique

ACTION HERO BIJU M OTS PA R AS M A E

J'ai une bonne partie de la filmographie de Nivin Pauly disponible chez moi. Ainsi, lorsque nous avons pris la décision de faire de l'acteur notre 'cover boy', je devais sélectionner deux de ses métrages pour en rédiger les critiques. Après avoir longuement hésité entre Neram, 1983, Mili et Ivide, mon second choix (après Jacobinte Swargarajyam) s'est finalement porté sur Action Hero Biju, l'une de ses plus récentes sorties. Clairement, je savais que je ne retrouverais pas le Nivin poétique qui me faisait tant craquer. Mais l'objectif était aussi de le découvrir sous un nouveau jour et de constater qu'il était en mesure de changer d'univers. Nivin Pauly opère donc un virage à 180° avec sa première production : Action Hero Biju. Dans ce métrage, on le retrouve dans la peau d'un policier qui chasse le crime... 176

Comment ça, on a déjà vu ça des centaines de fois ? Je vous l'accorde, sauf que contrairement à des films comme Dabangg et Singham, le flic ne court ici pas après un seul et unique antagoniste. Nivin Pauly a justement voulu restituer la réalité des agents de police, qui traitent de nombreux dossiers en même temps, avec un degré de gravité variable. Action Hero Biju ne porte pas forcément bien son nom, puisque le protagoniste n'est jamais mis en position héroïque, la narration comme l'écriture sont au contraire très réalistes. J'ai presque eu l'impression d'être face à un magazine d'investigation tant la réalisation est brute, sans gros effet de style ni esthétisme clinquant.


On suit ainsi Biju Paulose (Nivin Pauly), cet inspecteur qui doit intervenir sur toutes les affaires que son secteur englobe. Entre agressions, vols et infractions plus minimes, le quotidien de ce policier est mis à rude épreuve, alors qu'il prépare son mariage avec la ravissante Benitta (Anu Emmanuel)...

Nivin Pauly nous fait littéralement oublier son image d'indian lover pour servir ce métrage 'coup de poing'. Il rend formidablement justice aux officiers de police en les montrant dans la quotidienneté de leurs actions. Le réalisateur Abrid Shine, qui a co-écrit l'histoire avec Muhammad Shafeeq, respecte suffisamment son public pour ne jamais tirer un portrait idéalisé du flic. En effet, Biju a beau être intègre, il a des méthodes de travail qui sont souvent douteuses, se laissant souvent aller à la gifle face à certains criminels. Mais ce qui est intéressant, c'est la manière dont on voit le personnage principal mûrir dans sa posture professionnelle malgré le rythme soutenu que ce travail lui impose. On a au début l'impression que la cadence du métier ne lui laisse pas l'espace nécessaire à la moindre remise en question ou à une quelconque prise de recul. Pour autant, Biju s'interroge sur le sens des directives qui lui sont données et n'opèrent pas en simple pantin du système. Il est habité par sa passion pour le travail qu'il mène et fait de son mieux pour y mettre du sens. Puisque Biju, comme nombre de membres des forces de l'ordre, influe sur les destins des personnes qu'il rencontre. On le voit ainsi prendre part à ces tranches de vie qui sortent de l'ordinaire, du décès d'un jeune

enfant à ces adolescents qui tombent dans la consommation de drogue, en passant par ce père de famille qui cherche à obtenir la garde de sa fille. Le quotidien de Biju est fait d'éléments qui en sortent. Il est confronté chaque jour à la misère sociale et à la criminalité, tout en étant lui-même soumis à des pressions de la part de ses supérieurs. C'est ainsi qu'il doit apprendre à composer avec un système sur lequel il n'a pas d'emprise tout en restant fidèle à ce qui l'a poussé à devenir inspecteur.

Action Hero Biju est honnête avec son public parce qu'il s'attache à ne rien lui épargner, de la violence de certaines situations aux rares instants de beauté de cette profession. La toile n'est jamais noire. Le cinéaste a d'ailleurs pris le soin d'évoquer également ces affaires plus anecdotiques mais qui donnent aussi du souffle à ce métier. Biju les vit comme une récréation, une parenthèse entre les cas lourds et pesants. Il y a d'ailleurs cette séquence musicale où deux vagabonds improvisent une chanson sur le bureau de Biju. Le morceau, « Muthe Ponne Pinangalle », fera le buzz sur le net et constitue l'un des instants de grâce du métrage. C'est surtout dans ces moments que le policier laisse place à l'homme et délaisse le carcan derrière lequel il se cache pour se laisser aller à ces opportunités plus enlevées.

L'œuvre s'appuie sur Nivin Pauly, méconnaissable dans le rôle de Biju. Certains médias du Kerala reprochaient au comédien de rester dans sa zone de confort en s'inscrivant régulièrement dans un > 177


registre romantique. Inutile de souligner mon désaccord tant chacun de ses rôles possède une identité forte.

Impossible de comparer le Vinod de Thattathin Marayathu au George de Premam, par exemple. Cela reviendrait à dire que Shahrukh Khan faisait la même chose dans Dilwale Dulhania Le Jayenge et Devdas, au prétexte que ces deux œuvres relèvent du genre de la romance. Avec Action Hero Biju, Nivin Pauly vient définitivement faire taire les mauvaises langues qui lui renvoyaient son manque d'audace puisqu'il n'a jamais campé un rôle aussi rugueux et grège. Il démontre ainsi sa polyvalence puisqu'on ne retrouve ici rien de ce qui a fait son charme dans ses précédents projets.

L'acteur est Biju du début à la fin et ne cherche pas à nous le rendre séduisant. Il est vrai avant tout. Anu Emmanuel est Benitta Dominic, la fiancée de Biju. Je vais être directe : ce personnage n'a aucun impact dans l'intrigue ! Pour autant, il n'est pas inutile puisque Benitta vient incarner la vie privée du protagoniste. Effectivement, à travers Benitta, le cinéaste met en scène la nécessité pour ces agents très éprouvés d'avoir une attache affective sur laquelle se reposer, qui les aide aussi à prendre de la distance et à se régénérer. 178

En conclusion, Action Hero Biju est porté du début à la fin par son acteur vedette, magistral dans un rôle totalement à contre-emploi. Si le montage final aurait pu être affiné afin de permettre une narration plus fluide pour le spectateur, le résultat reste de très bonne facture.

Il résulte que Action Hero Biju est une œuvre à voir, en particulier si le parcours du comédien vous intéressant tant il y fait montre d'un talent d'interprète tout à fait déroutant. ■


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C critique

MANAM MOTS PAR ASMAE

Manam est le seul film qui soit parvenu à réunir à l'écran les trois générations de la dynastie Akkineni : Nageswara Rao, véritable légende du cinéma télougou de l'Âge d'Or, y donne effectivement la réplique à son fils Nagarjuna, icône du Tollywood des 1980's à aujourd'hui, mais aussi à son petit-fils Naga Chaitanya, parmi les nouveaux espoirs de l'industrie. De plus, le métrage donne à voir le dernier né de la famille, Akhil, le temps d'une courte apparition. Ainsi, le métrage dessine le tableau de ces trois générations du clan Akkineni, ce qui constitue d'ailleurs son argument de vente majeur... Mais du coup, Manam est-elle une œuvre dispensable ? Bolly&Co vous expose son regard sur l'un des plébiscites populaires de l'année 2014...

Bittu (Nagarjuna) est un éminent homme d'affaires, mais meurtri par le décès de ses parents survenu en 1983. C'est alors qu'il croise le chemin de Nagarjuna (Naga Chaitanya) et Priya (Samantha Ruth Prabhu) qui ressemblent à s'y méprendre à ses défunts parents. Il décide alors de les réunir sans savoir que lui-même est lié par le destin à Anjali (Shreya Saran), à laquelle il sera uni par un certain Chaitanya (Nageswara Rao)...

On a droit à une histoire complètement incongrue de réincarnation intergénérationnelle, comme le cinéma indien sait le faire depuis des décennies, avec plus ou moins de talent... Mais soyons clairs sur le fait que Manam serve avant tout de podium à la gloire de la famille Akkineni. Le scénario de Vikram Kumar reste très en surface puisqu'il ne 180

cherche pas à prendre l'ascendant sur ses acteurs. Manam ne sert finalement que de support afin de mettre en valeur ses trois têtes d'affiche. Du coup, on sent clairement que l'écriture a manqué de soin et de concordance.

L'atout principal de Manam réside dans les échanges de rôles qui s'opèrent entre les différents membres du casting. Je vais me permettre une comparaison assez culottée mais sur le point que je m'apprête à évoquer, Manam m'a fait penser à Paa, drame hindi avec Amitabh Bachchan et son fils Abhishek Bachchan. Dans ce métrage, Abhishek tient le rôle du père d'Amitabh. Manam joue sur le même tableau puisque les pères et fils intervertissent leurs sièges et ont ainsi l'opportunité de camper des personnages assez surprenants. Bien entendu, l'histoire de Manam n'a rien de commun avec celle de Paa, c'est uniquement dans l'anecdote


précitée que le comparatif est pertinent. Manam est sorti quatre mois après le décès de Nageswara Rao, qui a tenu à boucler le doublage de ses scènes avant l'opération chirurgicale qu'il était sur le point de subir. Un cancer du colon lui a été diagnostiqué en amont du tournage du métrage, qu'il a tout de même mené à son terme. Manam comporte de fait une valeur symbolique puisqu'il représente le dernier film de l'acteur. Nagarjuna souhaitait ainsi faire de cette œuvre un ultime hommage au grand artiste qu'était son père.

à la culture du drame familial traditionnel, celui qui a fait les beaux jours de Hum Aapke Hain Koun et La Famille Indienne.

Le cinéma télougou a ce pouvoir de saisir le spectateur malgré des faiblesses de fabrication manifestes.

Le casting du métrage est impeccable, en particulier Nagarjuna qui porte littéralement la majeure partie de ses scènes culminantes.

Je l'avais déjà soulevé avec Govindudu Andarivadele (dont nous vous proposions la critique analytique dans notre neuvième édition, avec Kalki Koechlin en couverture). Sorti la même année, Manam est également un divertissement efficace, à tel point que si les erreurs sont immanquables, elles ne nous empêchent pas d'adhérer au récit ni même de nous y accrocher. Au contraire, je me suis personnellement retrouvée à voir puis revoir Manam avec un plaisir non dissimulé, probablement parce qu'au même titre que Govindudu Andarivadele, il revient

L'acteur démontre ainsi que son talent et son charme n'ont pas pris une ride, lui qui était alors âgé de 53 ans au moment du tournage. Il ne fait jamais de fausse note et incarne avec légèreté Bittu qui, à l'âge adulte, est resté cet enfant brisé par la disparition de ses parents. Pour lui donner la réplique, il retrouve ainsi son père, Nageswara Rao, qui s'illustre en Cupidon attendrissant comme une façon de réparer ses propres erreurs. Naga Chaitanya vient compléter le trio de tête masculin en amoureux qui tente de retrouver son > 181


grand amour dans sa nouvelle vie. Le jeu de ce dernier a toujours été inégal, tantôt efficace dans des films comme Ye Maaya Chesave et 100% Love, tantôt trop mécanique comme dans Dhada et Dohchay. Si le jeune comédien est dépassé par son père et son grand-père, il convient de soulever que sa complicité avec sa partenaire féminine, Samantha Ruth Prabhu, est absolument délicieuse. Les deux acteurs travaillent ensemble pour la troisième fois et débuteront une idylle à la ville quelques mois après la sortie du film. A l'écran, le résultat est là et les deux vedettes partagent une osmose enchanteresse.

Justement, Samantha Ruth Prabhu fait partie des actrices les plus prolifiques des industries tamoule et télougoue de ces dernières années. Si elle ne démontre rien de nouveau avec ce film, la jeune femme prouve néanmoins qu'elle parvient à exister sans difficulté au cœur d'une distribution dantesque et face aux sommités que sont Nageswara Rao et Nagarjuna. Enfin, Shreya Saran délivre une belle prestation dans un rôle initialement écrit pour Ileana D'Cruz. L'élégance naturelle de la comédienne est envoûtante, et c'est un véritable plaisir de la retrouver dans un rôle consistant au cinéma. Tous les personnages partagent un passif dans une vie antérieure, et doivent exploiter leur nouvelle rencontre comme un nouveau souffle pour leurs relations inachevées. Mais le fait original de Manam réside dans la présence des personnes de la vie antérieure des protagonistes qui interviennent dans leur existence nouvelle. En effet, c'est Bittu qui va influer sur la relation entre Nagarjuna et Priya, tandis que Chaitanya jouera les entremetteurs à l'endroit de Bittu et Anjali. 182

Au niveau musical, on doit la bandeoriginale à Anup Rubens. Et si l'album compte 6 titres au total, trois d'entre eux marquent les esprits du spectateur. Le son électro' « Piyo Piyo Re » donne l'occasion de voir Nagarjuna et Naga Chaitanya partager une danse en plus de rendre hommage à leur aîné Nagaswara Rao sur un extrait du titre culte « Nenu Puttanu » du blockbuster de 1971 Prema Nagar. Arijit Singh pose ensuite son timbre sur l'enlevée « Kanulanu Thaake » qui vient illustrer la relation entre les parents de Bittu. L'artiste sera d'ailleurs nommé pour le South Filmfare Award du Meilleur Chanteur en langue télougoue. Mais le morceau le plus réussi de cette bande-son, c'est « Chinni Chinni Aasalu », mené par la voix angélique de Shreya Ghoshal, qui constitue une magnifique ballade romantique.

En conclusion Manam tire sa qualité de son casting impliqué, qui se donne corps et âme pour occulter la faiblesse de sa trame.

Manam est une opportunité unique de voir la légende ANR (Akkineni Nageswara Rao) jouer aux côtés de son fils et de son petit-fils. La photographie de P.S. Vinod vient sublimer cette tendre histoire de seconde chance. Manam remportera pas moins de 5 South Filmfare Awards dont celui du Meilleur Film en langue télougou. Il va sans dire que ce n'est pas son écriture qui le lui a permis. Cependant, il faut souligner sa qualité technique qui en fait l'un des films télougous les plus captivants visuellement de cette dernière décennie. Manam est donc une jolie découverte grâce à ses acteurs généreux, sa musique enivrante et sa lumière magnifique. ■


Bci nem a LE CINÉMA INDIEN C O M M E V O U S L'A I M E Z ! Fondé en 2013, Bcinema est un groupe de jeunes passionnés du cinéma indien chargé de la promotion des films indiens sortant en France, en partenariat officiel avec l'ensemble des distributeurs, cinémas et divers prestataires. Actif et accueilli massivement au sein des réseaux sociaux, la vocation principale de ce groupe reste avant tout de partager sa passion pour le cinéma indien.

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C critique

KADHALUM KADANDHU POGUM MOTS PAR ASMAE

Avant d'entamer la critique de Kadhalum Kadandhu Pogum, il faut savoir qu'il y a de cela quelques années, j'ai regardé la comédie romantique Jayantabhai Ki Luv Story, avec Vivek Oberoi et Neha Sharma en têtes d'affiche. Ce métrage produit par Ramesh Taurani était alors l'adaptation du métrage coréen My Dear Desperado. J'avais trouvé ce petit film plutôt sympathique sans pour autant qu'il révolutionne les codes du genre. Si l'histoire était inédite en Inde, elle souffrait clairement d'une mise en scène trop aseptisée, qui rentrait beaucoup trop dans les codes de la maison Tips, dans la veine de romcom plus enlevées telles que Tere Naal Love Ho Gaya et Ramaiya Vastavaiya. De fait, les prestations de Vivek et Neha restaient dans ce ton très lisse et mielleux, sans en devenir toutefois désagréables... Jayantabhai Ki Luv Story est donc à classer parmi ces œuvres mignonnes mais pas transcendantes, que l'on regarde le dimanche après-midi ou un soir d'hiver pour se remonter le moral. 184

Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que cette année, j'ai développé un intérêt tout particulier pour un acteur tamoul : Vijay Sethupathi. Fin, audacieux et charismatique, je me suis alors donnée pour objectif de regarder un maximum de productions issues de sa filmographie. Et dans le lot, il y avait Kadhalum Kadandhu Pogum. Quel bonheur en perspective, pour la fan de romance que je suis ! D'autant que l'acteur y donne la réplique à l'intéressante Madonna Sebastian, qui avait marqué les esprits (y compris le mien !) en 2015 dans le projet de ses débuts Premam (et dont vous pouvez retrouver la critique dans notre précédent numéro, avec Kalki Koechlin en couverture).

Or, il se trouve que Kadhalum Kadandhu Pogum est luimême le remake de My Dear Desperado, empruntant ainsi la même trame que Jayantabhai Ki Luv Story...


Pourquoi je m'inquiète ? Après tout, Vijay Sethupathi s'est toujours inscrit dans une démarche où il voulait amener du réalisme dans ses histoires. Alors, pourquoi donc suis-je soudainement beaucoup plus dubitative concernant Kadhalum Kadandhu Pogum ? Probablement parce que j'avais le sentiment que le potentiel de la transposition d'une telle histoire en Inde ayant déjà été exploité, il allait être difficile pour le réalisateur Nalan Kumarasamy de nous proposer une relecture surprenante avec son film.

Ici, le but n'est pas d'émettre un comparatif entre les deux métrages... Pour ça, il y a "Et si on comparait les remakes" ! Mais à travers cette critique, je viens questionner l'intérêt de ce film tamoul dans la mesure où une adaptation indienne existe déjà.

Analyse de l'un des succès surprise de l'année 2016 à Kollywood... Kathiravan (Vijay Sethupathi) et Yazhini (Madonna Sebastian) n'ont rien de commun. Classique ! Lui est l'homme de main de Thilagar (G.M. Sundar), un gangster de son quartier de Chennai. Elle est fraîchement diplômée et a débarqué dans la capitale tamoule dans l'espoir de trouver un poste d'ingénieure en informatique. Mais alors qu'elle décroche un emploi et s'installe dans un superbe appartement, l'entreprise dans laquelle la jeune femme travaille ferme ses portes, obligeant cette dernière à changer de logement pour quelque chose de plus petit et de moins onéreux.

C'est ainsi qu'elle devient la voisine de palier de Kathiravan, et que leurs réalités vont se confronter... > 185


Le décor est donc planté pour donner lieu à une histoire d'amour basique au possible entre deux êtres que tout oppose. Rien de grandement novateur, me direz-vous ? Je ne peux que plussoyer ! Mais ce qui est appréciable dans Kadhalum Kadandhu Pogum, c'est que la narration prend son temps. Elle laisse le temps aux personnages de s'apprivoiser, et permet également aux spectateurs de s'attacher à eux en connaissance de cause. On sent d'ailleurs l'empreinte du réalisateur, qui amène à la trame d'origine ce qui fait le sel du cinéma tamoul : du relief et de la véracité. La fabrication est totalement différente de l'œuvre originale mais aussi de son pendant hindi. On nous épargne les décors en carton-pâte pour contextualiser cette 'love story' au cœur d'un quartier populaire de Chennai. Nalan Kumarasamy ne fait pas en sorte que son image soit belle, mais il met tout en œuvre pour qu'elle soit vraie. En ce sens, il peut remercier Dinesh Krishnan, directeur de la photographie sur le métrage. Pour les amateurs de cinéma Kollywood, vous me rétorquerez sans doute que ce n'est pas la panacée, puisque les films tamouls inscrivent régulièrement leurs histoires dans une atmosphère brute et tellurienne... Et vous avez raison ! Mais je le soulignais en comparaison avec ce que le cinéma hindi peut faire de ses romances, y instaurant des ambiances stérilisées et proprettes à l'excès, dans lesquelles il est difficile pour le spectateur (en tout cas pour moi !) de se projeter. Aussi, l'intrigue de Kadhalum Kadandhu Pogum s'éloigne des récits récurrents de Kollywood, où les héros sont malmenés à outrance et arrachés avec violence l'un à l'autre, tout cela dans une atmosphère mélodramatique et lacrymale. 186

Avec cette œuvre, on a affaire a contrario à une œuvre légère et positive, qui mélange savamment légitimité et efficacité, rythme et douceur.

Mais avant toute chose, Kadhalum Kadandhu Pogum parle de la quête d'ascension d'une jeune femme qui a quitté son village pour conquérir le grand Chennai. Dans une scène du métrage, Yazhini déclare qu'elle veut réussir sans toutefois être en mesure de poser des mots sur ce souhait. Et c'est certainement un sentiment que beaucoup de gens peuvent ressentir. En ce qui me concerne, je me suis parfaitement retrouvée dans le propos de l'héroïne. Comme elle, j'ai pu être à la recherche de cette réussite sociale et de cette reconnaissance qui me permettent d'éprouver ce sentiment d'auto-satisfaction. J'ai aussi été en mesure de saisir en quoi cette émotion n'était pas uniquement inhérente à l'obtention d'un poste ou à l'acquisition de biens matériels coûteux. Yazhini veut se sortir de son milieu d'origine et se saisit de la voie professionnelle pour y parvenir. Là est son objectif de vie. Ces objectifs et ce qu'ils sous-tendent sont difficiles à verbaliser clairement, et même à théoriser. Parfois, on peut obtenir l'emploi auquel on aspirait et ne pas avoir l'impression d'avoir ''réussi''. Car la réussite inclut effectivement les questions sociales et pécuniaires, mais ne s'y limite absolument pas. Kadhalum Kadandhu Pogum sème des petites graines tout au long de sa pellicule, évoquant la réinsertion laborieuse des repris de justice, l'absence de filière pour les jeunes non diplômés mais aussi la >




difficulté des étudiants sortis d'école peu prestigieuses à trouver du travail. L'œuvre ne se laisse pas aller à un enchaînement de scènes convenues, évitant les chansons dégoulinantes de niaiserie et les déclarations d'amour liquoreuses qui auraient plombé le récit et lui aurait fait perdre de sa pertinence.

Le film puise sa force dans ces séquences où les interactions sont également non-verbales, où les pensées profondes des protagonistes sont suggérées, trouvant ainsi la nuance qui le rend si estimable. Mais Kadhalum Kadandhu Pogum glane également son affectivité essentielle dans ses circonstances et dans leur pragmatisme certain. Effectivement, il y a par exemple une scène de l'œuvre durant laquelle Kathiravan paie un repas à Yazhini pour ensuite lui demander de le lui rembourser, illustrant la précarité de sa situation, mais plus encore son désespoir.

conceptions de la vie sont certes différentes, mais qui se rejoignent dans leur poursuite du bonheur. Ceci étant, le réalisateur tombe dans certaines facilités scénaristiques, comme lorsque Kathiravan doit se faire passer pour le fiancé de Yazhini auprès des parents de celle-ci. D'autant que cette partie de l'histoire n'amène pas une nouvelle dimension à la relation entre les héros. Nalan Kumarasamy évite cependant d'autres grosses ficelles comme les scènes de violence interminables, là où les métrages qui parlent de gangsters s'y adonnent souvent en pédanterie.

Il s'agit de la seconde collaboration entre le cinéaste et son comédien vedette.

Aussi, là où le cinéma aime illustrer ses personnages masculins en héros surpuissants et hyper-testostéronés, Kathiravan est perpétuellement montré dans sa fragilité, brutalisé et maltraité, perdant largement ses combats contre des clans ennemis.

En effet, il avait déjà dirigé Vijay dans Soodhu Kaavun, comédie noire sortie en 2013 qui recevra un accueil dithyrambique. Avec Kadhalum Kadandhu Pogum, l'acteur de 39 ans est admirable en voyou atrabilaire qui, même dans cette voie, s'est franchement raté. Vijay Sethupathi délivre une prestation sensible qui ne tombe jamais dans la caricature, avec le souci de camper Kathiravan avec justesse et dignité. Il fait partie de ces rares interprètes à respecter profondément les personnages qu'ils incarnent, en leur donnant de la substance, de l'épaisseur et de l'âme.

Au cœur d'un Chennai aussi impressionnant qu'inquiétant, leur vulnérabilité respective va mener Yazhini et Kathiravan à se soutenir l'un l'autre. Livrés à eux-mêmes, ils vont chercher dans l'autre la force de surmonter leurs propres problèmes. Avant de parler de sentiment amoureux, Kadhalum Kadandhu Pogum raconte la naissance d'une amitié indéfectible entre deux êtres dont les

Je me suis inévitablement attachée à Kathiravan, tant je l'ai senti complètement enseveli dans ce milieu crapuleux et impitoyable dans lequel il baigne, mais aussi désabusé par les promesses non tenues qui lui ont été faites, et qui ont guidé ses choix passés. Son tempérament sanguin m'a d'ailleurs fait penser à Siddharth, héros du métrage malayalam Kali > 189


(incarné par Dulquer Salmaan, dont la critique est également disponible dans notre neuvième édition de Bolly&Co). Mais l'animosité de Kathiravan est ici bien plus compréhensible, dans la mesure où l'homme est passé par la prison et sert encore d'homme à tout faire à son patron, duquel il espère vainement qu'il l'aidera à ouvrir son bar. Nalan Kumarasamy n'a pas peur de faire de son héros un loser, et démontre surtout comment les échecs et l'absence d'opportunités porteuses l'ont mené à devenir délinquant. Kathiravan est lucide sur ce qu'il est et n'a jamais une vision de lui qui soit démesurément flagorneuse. L'homme souhaite d'autre part que les jeunes qui l'entourent suivent une autre trajectoire que la sienne et fait de son mieux pour les en épargner.

Pour lui donner la réplique, on retrouve la jeune Madonna Sebastian, dont c'est le premier projet en langue tamoule. Dans la critique que je consacrais à Premam, son premier métrage, voici ce que je pouvais dire d'elle : « Son jeu nuancé donne du corps au personnage de Celine, qui n'apparaît pas longuement à l'écran mais marque par sa douceur et sa gentillesse. » Dans Kadhalum Kadandhu Pogum, le naturel de la comédienne est désarmant, elle parvient à se faire une place sans faillir face à l'imposant Vijay Sethupathi. Elle dispose d'un temps d'apparition beaucoup plus conséquent que dans l'oeuvre de ses débuts et aurait donc pu logiquement se noyer dans un costume trop grand pour elle. Mais il n'en est rien ! J'ai trouvé Madonna merveilleuse, expressive à souhait et très humaine dans sa prestation.

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Yazhini est une femme moderne dans le sens le plus mélioratif du terme. En effet, elle est indienne et sa culture est omniprésente dans son quotidien. Pour autant, ni la tradition, ni la religion, ni même son voisin mafieux ne viennent remettre en doute ses aspirations et ses désirs. Elle se bat pour atteindre ses rêves et n'hésite pas à cumuler les petits boulots pour y arriver. On est loin des belles coquilles vides du cinéma indien populaire ! A l'écran, Yazhini est élevée au même niveau que Kathiravan. Elle le renvoie à sa condition de brigand, elle lui fait face et ne le craint pas. Elle va même boire des coups avec lui, brisant au passage le stéréotype cinématique où l'ivresse est le monopole de l'homme.

Sur le plan musical, le cinéaste a fait appel à l'artiste Santhosh Narayanan.

L'album de Kadhalum Kadandhu Pogum se compose de 5 titres, qui adoptent l'ambiance de l'œuvre avec congruence. Le directeur musical pose d'ailleurs sa voix sur trois des morceaux de la bande-son, dont l'agréable « Akkam Pakkam Paar » en duo avec Mano mais aussi « Bongu Kichan », qu'il interprète en solo. Mais la chanson phare du film, c'est le dappa « Ka Ka Ka Po », qui constitue au passage la seule séquence dansée du métrage. Il s'agit également de l'unique scène de songe du personnage masculin, qui s'imagine en figure populaire après avoir pris dans ses bras la jolie fille de l'histoire.


En conclusion Je me suis régalée devant Kadhalum Kadandhu Pogum. Sans être révolutionnaire, le film parvient à amener une histoire rafraîchissante, défendue avec élégance et générosité par son casting.

Par ailleurs, Kadhalum Kadandhu Pogum n'est pas tout à fait une romance tant il a le souci de laisser la relation entre Kathiravan et Yazhini évoluer progressivement, sans qu'elle ne vienne tronquer les autres pans de leurs vies respectives. Sans doute que si une suite y était donnée, elle relèverait indéniablement de ce genre cinématographique. En tout cas, je suis ravie de m'être laissée aller à ce métrage, portée par mon admiration de plus en plus vivace pour Vijay Sethupathi. Je crois qu'il serait bon de parler plus souvent de cet acteur, car il en vaut vraiment la peine... ■ 191


C critique

ENGEYUM EPPODHUM M OT S PA R AS M A E

Engeyum Eppodhum prend racine d'un fait divers : un accident de bus dramatique ayant fait de multiples victimes. Mais contrairement à de nombreux films qui retracent des événements de cette envergure de manière factuelle et plutôt impersonnelle, le réalisateur M. Saravanan a adopté un regard beaucoup plus sensible, qui ne mise pas uniquement sur l'horreur de l'incident lui-même.

Ce métrage tamoul de 2011 fait partie de ces trésors de l'industrie indienne qu'il faut absolument découvrir. 192


Le film raconte deux rencontres : celle entre Kathiresan (Jai) et Manimegalai (Anjali), mais aussi celle de Gautham (Sharwanand) et Amudha (Ananya). On a ainsi droit à deux idylles radicalement différentes, l'une s'inscrivant sur plusieurs mois tandis que l'autre se joue sur une seule journée. Surtout, le cinéaste nous amène à découvrir en quoi un violent accident de la route va bouleverser ces deux couples à jamais...

Avec ce métrage, M. Saravanan s'attache à illustrer les personnes et leurs passifs, bien plus que de chiffrer des victimes sans mettre de visages sur ces dernières. Dans ces œuvres du genre, les héros se révèlent à travers l'accident ou la catastrophe qu'ils subissent. Ici, c'est l'exact contraire puisque l'accident vient s'inscrire dans le cadre de leurs relations respectives. Il ne vient rien révéler, si ce n'est bien entendu le risque de perdre l'être aimé.

Le cinéaste manie avec dextérité romance et drame. Et si la photographie écailleuse de Velraj s'inscrit justement dans l'atmosphère de l'œuvre, Engeyum Eppodhum constitue un film d'acteurs plutôt que de mise en scène. Le métrage est dédié à ces instants purs entre les différents protagonistes, sans emphase ni effets visuels mielleux. L'écriture de ces portraits est également magistrale, avec une mention particulière pour le personnage de Manimegalai, une infirmière rentre-dedans qui n'hésite pas à poser du cadre à l'homme qu'elle aime.

L'actrice Anjali, révélée en 2007 par le thriller Kattradhu Thamizh et encensée trois ans plus tard pour Angadi Theru, persiste et signe avec ce rôle fort de femme impénétrable et pragmatique, qui se laisse doucement porter par les sentiments naissants qu'elle éprouve pour Kathiresan. Ce dernier est campé par Jai, qui signe avec cette œuvre un tournant dans sa carrière pour s'orienter vers des œuvres conscientes et engagées.

Vedette du cinéma télougou, Sharwanand signe son second projet en langue tamoule avec ce film. Il donne littéralement vie à Gautham, d'abord rogue et même presque imperméable pour muer en amant désemparé dévoré par les remords. Entre deux blockbusters dynamiques à Tollywood, l'acteur prouve qu'il peut nous régaler en terme de jeu. Mais au cœur du casting, Ananya se démarque et crève l'écran. L'œil vif, l'émotion jamais lacrymale, le charisme gracile, elle symbolise en elle-même l'humanité de Engeyum Eppodhum.

Les personnages font d'ailleurs partie de la classe moyenne et ne sont jamais 'glamourisés' pour se conformer à l'esthétisme plus sophistiqué des masala populaires et autres romcom modernes. Surtout, le film interroge vigoureusement un point hélas trop absent des débats dépeints au cinéma indien : la problématique de >

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C critique

la sécurité routière. Pourtant, l'Inde fait partie des pays les plus dangereux sur la route. A travers son film, le cinéaste souhaite ainsi sensibiliser son audience aux conséquences du non-respect des règles de circulation.

Engeyum Eppodhum emploie un angle mélodramatique dans sa chute, auquel le cinéma tamoul est habitué avec les drames néo-réalistes Paruthiveeran, Mynaa, Baana Kathadi, Vaagai Sooda Vaa ou plus récemment avec Cuckoo. 194

Le résultat aurait pu devenir étouffant pour le spectateur si le cinéaste avait tendu vers un excès de misérabilisme. Il n'en est rien. Les émotions sont livrées à l'état brut, les situations restituées sans surenchère et avec, a contrario, beaucoup de dignité. Les jolies mélodies de C. Sathya émaillent ce drame romantique puissant et formidablement interprété. On retiendra surtout la sympathique « Govindha » et la bouleversante « Uyir Aruthathe » qui sont les pièces maîtresses de la bande-originale.


En conclusion Engeyum Eppodhum vaudra à ses deux têtes d'affiche féminines les prix d'interprétations aux South Filmfare Awards 2012 (Meilleure Actrice pour Anjali et Meilleur Second Rôle Féminin pour Ananya). Il va sans dire que la force du métrage réside dans les prestations de ses comédiens, les femmes y étant particulièrement mises à l'honneur avec des rôles écrits avec sagacité et finesse.

Quatre portraits aussi poignants que réjouissants tant ils sonnent juste. Engeyum Eppodhum est immanquable. ■

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R remake

Et si on comparait les remakes ?

Premam VS Premam MOTS PAR ASMAE

L'Inde a pour habitude de miser sur les remakes, qu'ils soient régionaux ou internationaux. En effet, réadapter une œuvre aux coutumes nationales voire régionales fait office de véritable tendance dans les industries indiennes, à Bollywood comme dans les capitales dravidiennes. En 2016, le réalisateur Chandoo Mondeti (auquel on doit le métrage Karthikeya, avec Nikhil Siddharth et Swati Reddy) réalise Premam, une romance avec Naga Chaitanya et Shruti Haasan dans les rôles principaux. L'oeuvre rencontrera un franc succès auprès de l'audience télougoue mais fera l'objet de nombreux reproches dès l'annonce de son lancement. Et pour cause : il s'agit du remake officiel du film culte malayalam du même nom, sorti en 2015 avec Nivin Pauly et Sai Pallavi. Le Premam de 2016 constitue-t-il une adaptation ratée ? Quels sont les atouts de cette version 'made in Tolly' ?

Premam RÉALISE PAR : Chandoo Mondeti INDUSTRIE : Tollywood ANNÉE : 2016 DISTRIBUTION : Naga Chaitanya, Shruti Haasan, Anupama Parameswaran, Madonna Sebastian... MUSIQUE : Gopi Sunder et Rajesh Murugesan

Premam RÉALISE PAR : Alphonse Putharen INDUSTRIE : Mollywood ANNÉE : 2015 DISTRIBUTION : Nivin Pauly, Sai Pallavi, Anupama Parameswaran, Madonna Sebastian... MUSIQUE : Rajesh Murugesan

On suit Vikram/George (Naga Chaitanya/Nivin Pauly) pendant 15 années, durant lesquelles il va faire la rencontre de trois femmes qui vont lui permettre de mûrir pour mieux aimer : Suma/Mary (Anupama Parameswaran), Sithara/Malar (Shruti Haasan/Sai Pallavi) et Sindhu/Celine (Madonna Sebastian)...

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premam 2016 1. Aucune innovation En effet, cette version télougoue n'a rien amené de nouveau à l'histoire d'origine, écrite brillamment par Alphonse Putharen. Chandoo Mondeti reste tristement fidèle au film de base sans y amener d'élément susceptible de lui donner une nouvelle dimension. L'impression amère qui se dégage donc de ce remake, c'est qu'il a été initié uniquement dans le but de générer du profit sur la base du plébiscite de son œuvre de référence...

2. Shruti Haasan Le personnage de Sai Pallavi dans la version malayalam de Premam fait partie des éléments qui ont fait le succès du métrage. Le naturel de l'actrice, qui s'affiche sans maquillage ni coiffure sophistiquée, faisant partie intégrante de la personnalité de Malar. Dans le pendant télougou, Sithara semble mimer Malar sans en avoir adopté la simplicité.

En effet, Shruti Haasan n'est hélas pas à la hauteur de celle dont elle a emprunté le rôle. Sa prestation est plastique et manque d'expressivité. Pour sa défense, elle n'est pas la seule avoir fait l'objet d'une erreur de casting. Effectivement, l'acteur principal, Naga Chaitanya est trop moyen dans le rôle initialement tenu par Nivin Pauly, dont le jeu

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est plus mature et nuancé. Bref, si Madonna et Anupama tentent d'exister dans leurs rôles respectifs, elles ne parviennent guère à nous faire oublier que la distribution de ce Premam n'est pas à la hauteur...

3. Une atmosphère travestie Premam est passé de la romance poétique au masala de grande distribution, auquel a été amputée la photographie soignée de Anand C. Chandran et greffées à la place des séquences ''comiques'' forcées qui, au final, ne remplissent même pas leur fonction. Quant à la musique, si le Premam télougou a flairé le bon filon en pompant la sublime « Malare », il a tout de même ajouté des titres plus commerciaux à sa bandeson, avec des morceaux électro' comme « Bang Bang » et « Ennosarlu ». Rien qui ne s'inscrive dans ce qui fait l'essence de l'œuvre de base...

premam 2015 1. Une œuvre qui sonne comme un rêve Car Premam est un film qui rend hommage à l'amour romantique sous toutes ses formes, qu'il soit à sens unique ou partagé, qu'il soit passionnel ou raisonné... Œuvre onirique aussi bien visuellement que dans les émotions qu'elle génère, Premam version 2015 est un véritable chef-d'œuvre qui transcende la simple romance enlevée.


2. Une bandeoriginale sensationnelle L'album signé par Rajesh Murugesan s'appuie sur des titres séraphiques comme « Malare » et « Aluva Puzhayude », les pétillants « Chinna Chinna » et « Scene Contra » mais aussi les musclés « Kalippu » et « Rockaankuthu ».

Chaque morceau vient accompagner George dans son cheminement affectif et correspond à sa maturation sentimentale. Un coup de génie qu'est cette cohésion entre le travail de réalisation d'Alphonse Putharen et celui de composition de Rajesh Murugesan !

3. Une valeur sûre et des révélations Nivin Pauly est effectivement la star de Premam puisque le métrage repose sur son personnage, Geroge, et sur la façon dont il évolue au contact des femmes qu'il aime tout au long de sa vie. Mais l'œuvre trouve aussi en ses trois actrices de véritables forces, qui font toutes leurs débuts avec ce projet. Si le public du Kerala s'est particulièrement attaché à Sai Pallavi, Madonna Sebastian et Anupama Parameswaran ne sont pas en reste. Elles contribuent toutes, chacune à leur manière, à instaurer l'atmosphère si singulière de Premam et à en avoir fait le film qu'il est aujourd'hui.

en conclusion Si le métrage d'origine fait office de classique, seulement deux ans après sa sortie, son remake télougou est proche du ratage complet. Le Premam de 2015 reste en mémoire dans son entièreté, qu'il s'agisse de son casting, de sa musique, de sa trame ou encore de son image. Celui de 2016 n'est ni parvenu à atteindre la qualité de son prédécesseur, mais a surtout perdu en route ce qui a fait de Premam un tel succès : de l'âme. ■

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P playlist sud

NIVIN PAULY, NAZRIYA NAZIM ET DULQUER SALMAAN, DURANT L A C HANS ON "MAANG ALYA M" DU F ILM BANGALO R E DAYS.

P L AY L I S T

RÉTROSPECTIVE 2014 MOTS PAR ASMAE

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1. "Guruvara Sanje"

4. "Mandaarame"

DE POWER (KANNADA) COMPOSÉ PAR S. THAMAN INTERPRÉTÉ PAR PUNEETH RAJKUMAR

DE OHM SHANTHI OSHAANA (MALAYALAM) COMPOSÉ PAR SHAAN RAHMAN INTERPRÉTÉ PAR JOB KURIEN ET SHAAN RAHMAN

Ce morceau bénéficie de la voix légèrement éraillée de son chanteur, Puneeth Rajkumar, qui est également l'acteur principal de ce masala tiré du succès télougou Dookudu. Avec ce titre, l'acteur et chanteur nous livre une ballade solaire et atypique grâce à son grain unique.

Voici une ode au premier amour, optimiste et régénérateur, qui vient illustrer les sentiments naissants de la belle Pooja (Nazriya Nazim) à l'endroit du mystérieux Giri (Nivin Pauly). Une chanson qui donne aussi bien envie de danser que de tomber amoureux !

2. "Sweety" DE RACE GURRAM (TÉLOUGOU) COMPOSÉ PAR S. THAMAN INTERPRÉTÉ PAR SIDDHARTH MAHADEVAN ET RABBIT MAC

Chanson romantique aux sonorités 'pop', « Sweety » s'appuie sur le timbre de Siddharth Mahadevan, jeune chanteur de 21 ans à l'époque et fils du compositeur Shankar Mahadevan. Avec cette chanson, il prouve que la langue n'est pas une barrière pour lui et excelle dans un registre léger et énergique, en harmonie avec le dynamisme légendaire d'Allu Arjun, star du métrage.

3. "Naan Nee" DE MADRAS (TAMOUL) COMPOSÉ PAR SANTHOSH NARAYANAN INTERPRÉTÉ PAR SHAKTHISREE GOPALAN ET DHEE

Morceau magnifiquement porté par les voix originales de ses chanteuses, « Naan Nee » est une invitation au voyage au cœur des émotions des protagonistes, et vient exacerber la douceur émanant de la romance entre les deux héros dans une atmosphère pourtant très grave. Petit bijou de l'année 2014, ce titre fait partie de ces sons inhabituels dont la composition sort des sentiers classiques, pour finalement résulter en une réussite totale.

5. "What A Karavaad" DE VELAIILLA PATTADHARI (TAMOUL) COMPOSÉ PAR ANIRUDH RAVICHANDER INTERPRÉTÉ PAR DHANUSH ET ANIRUDH RAVICHANDER

Ce titre constitue un dappankuthu des plus opérants grâce à la composition saccadée de son directeur musical, véritable génie du genre. On retiendra également la contribution de l'acteur Dhanush, qui s'approprie de plus en plus souvent la casquette de chanteur depuis le succès mondial du tube « Why This Kolaveri Di ». Une fois de plus, il excelle en toute simplicité sur une mélodie qui reste en tête.

6. "Maangalyam" DE BANGALORE DAYS (MALAYALAM) COMPOSÉ PAR GOPI SUNDER INTERPRÉTÉ PAR VIJAY YESUDAS, SACHIN WARRIER ET DIVYA S. MENON

On a ici droit à une chanson de mariage exaltante sans être tonitruante, qui introduit aussi bien l'album que le film qu'il sert. « Maangalyam » possède en son sein une bonne humeur communicative et pétillante, sublimée par les pas de danse de ses trois acteurs principaux : Dulquer Salmaan, Nivin Pauly et Nazriya Nazim.

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AJITH E T TAMANNAAH DURANT L A S ÉQUENCE MUS ICAL E "IVA L DH AANA" DU FIL M VE E RAM.

7. "Junction Lo" DE AAGADU (TÉLOUGOU) COMPOSÉ PAR S. THAMAN INTERPRÉTÉ PAR SHRUTI HAASAN ET SIMHA

Shruti Haasan joue non seulement les item girls pour cette séquence musicale mais y prête également sa voix. Le timbre de l'artiste est ici passé au synthétiseur pour lui donner une texture plus fluide, qui s'accorde avec l'instrumental très électro' de ce son.

8. "Ival Dhaana" DE VEERAM (TAMOUL) COMPOSÉ PAR DEVI SRI PRASAD INTERPRÉTÉ PAR SAGAR ET SHREYA GHOSHAL

Ce titre entre dans la pure tradition de la chanson romantique indienne, même dans son visuel en contextualisant l'idylle des deux héros (campés par Ajith et Tamannaah) en pleine montagne. Mais l'atout majeur de « Ival Dhaana » réside dans la voix désormais incontournable de la formidable Shreya Ghoshal, à laquelle ce registre délicat va à merveille.

9. "Selfie Pulla" DE KATHTHI (TAMOUL) COMPOSÉ PAR ANIRUDH RAVICHANDER INTERPRÉTÉ PAR VIJAY ET SUNIDHI CHAUHAN

Une fois de plus, la composition d'Anirudh fait mouche, assurant un véritable chartbuster avec ce morceau coloré et entraînant. Ce son constitue également l'occasion de (re)découvrir la voix de velours de l'acteur Vijay qui, bien que très douce, s'adapte à tous les univers musicaux.

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10. "Gulabi Kallu Rendu Mullu" DE GOVINDUDU ANDARIVADELE (TÉLOUGOU) COMPOSÉ PAR YUVAN SHANKAR RAJA INTERPRÉTÉ PAR JAVED ALI

Morceau du drame familial dont nous vous proposions la critique analytique dans notre précédent numéro de Bolly&Co (avec Kalki Koechlin en couverture), « Gulabi Kallu Rendu Mullu » est surtout un bonheur auditif grâce à la prestation vocale de son chanteur, le brillant (et malheureusement sous-valorisé) Javed Ali.


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F fashion review

Aditi Rao Hydari , la vraie princesse. M OT S PA R E LO D I E - P HOTOG RAP HIE : A D IT I LO R S D E L A L F W E N FÉ VRIE R 2017

Modeste, fière et élégante sont les premiers mots qui se dégagent lorsqu’on aperçoit Aditi Rao Hydari sur un tapis rouge. Elle n’en fait jamais trop, restant parfaitement dans les couleurs et les formes qui lui correspondent et la mettent en valeur. Pour elle, la mode c’est avant tout jouer avec les tendances et faire des choix personnels. Il faut être soi-même et accepter le fait d’être unique en ce monde. Aditi se dévoile donc à chacune de ses apparitions, ses vêtements étant le reflet exact de ce qu’elle est hors caméra. Pour l’aider, elle a Sanam Ratansi, sa styliste et amie depuis un an et demi déjà. Elles ont collaboré ensemble lorsque l’actrice faisait la promotion du film Guddu Rangeela et depuis, elles ne se lâchent plus. Sanam l’a d’ailleurs souvent dit : « Travailler pour Aditi est un vrai challenge. Aucun jour n’est le même. Aditi porte tout facilement, ce qui est beaucoup plus compliqué. Il faut aussi toujours prendre en compte la personnalité de l’acteur pour lequel on travaille et savoir par avance ce qu’il désire. »(1) 1 : INTERVIEW PAR MISS MALINI, AVRIL 2016

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1

S u r l e tapis r ouge, la pri ncesse forte et fata le. Impossible de ne pas la remarquer lorsqu’elle débarque sur le tapis rouge, resplendissante dans des robes à la fois imposantes et élégantes. Ses tenues ne paraissent jamais « too much », mais possèdent des coupes travaillées et des jeux de textures subtils. Quelques détails qui, parfois, font toute la différence et font souvent d’Aditi une reine en matière de tapis rouges. Si ses couleurs favorites restent dans les tons nobles, elle n’a jamais peur de porter des couleurs qui captivent le regard de temps en temps. Quels que soient ces choix, Aditi s’impose. Elle est sûre d’elle, ce qui la rend encore plus belle.


2

D a n s l a vie de tou s les jou rs

la prince s s e l i bre et géné re u s e . En dehors des caméras et des événements les plus importants, il y a ce moment magique où Aditi se permet d’être elle-même. D’être dans des vêtements plus confortables de la vie quotidienne et que chacune peut adopter. Aditi n’est pas si différente de nous. Elle aime les ensembles légers et confortables. Surtout, elle aime ce qui est simple, pas trop compliqué à enfiler et qui peut lui permettre de bouger comme bon lui semble. C’est aussi comme ça qu’elle joue avec les tendances et qu’elle s’amuse avec son propre style. Une liberté rafraîchissante.


3

En te nue t r a d i t i o n n e l l e ,

la pri ncesse douce et roya le. Issue de deux branches royales différentes, Aditi est une vraie princesse. En effet, c’est une descendante de Muhammad Saleh Akbar Hydari, le premier gouverneur indien d’Assam et du Raja de Wanaparthy, un vassal de Nizam à Hyderabad. Danseuse de bharatanatyam depuis l’âge de six ans et adepte du yoga, elle est saine d’esprit et de corps et c’est ce que représentent ses tenues. La tradition, elle a grandi avec et elle ne l’a pas oublié. Toujours parfaitement soignée, Aditi est irréprochable. C’est une princesse moderne qui poursuit ses rêves et qui est splendide dans ses tenues ethniques.


T tendance

L’ensemble chic, L E COS TUME B OYISH M OT S PA R E LO D I E

BOYISH : C’est un look masculin-féminin. Soit des basiques masculins (veste, pantalon, tailleur, chemise etc.) mixé avec des détails féminins (dentelle, lingerie apparente, chaussures, maquillage.) Quand une femme porte des pièces de vêtements typiques masculins, elle cherche à se démarquer. A prouver qu’elle est l’égale de l’homme tout en gardant parfaitement sa féminité. Depuis quelques années déjà, les ensembles s’imposent, mais ne se portent pas n’importe comment et n’importe où. De base, c’est une tenue de travail, pour casser le mythe du parfait petit tailleur sage. Et petit à petit, la mode a décidé de transférer ce look pour y ajouter quelque chose de chic, de nocturne et de sexy. Oubliez les robes lors de grands événements, les actrices préfèrent opter pour des combinaisons dignes des businesswomen les plus busy. Au fond, c’est aussi un moyen comme un autre de casser l’image de la parfaite girl next door et de se donner une certaine importance. Une femme dans un ensemble boyish, c’est une femme intelligente, indépendante et surtout, une femme qui a confiance en elle. Autant le dire tout de suite, c’est la tenue idéale pour se rassurer et s’affirmer. 208

TAMANNAAH BHATIA DANS UN ENSEMBLE MADISON + OTHER STORIES


Ne faites pas de mélange.

Le noir et le blanc, les favorites sur le tapis rouge

En Inde, il faut rester simple et ne pas trop en faire. Une femme chic n’a pas besoin de grand-chose pour être belle. Les ensembles gardent les mêmes tons et les motifs sont soit identiques, soit légers. Il ne faut pas craindre de rester sur une couleur et ne rajouter que quelques petites touches de couleur avec les accessoires.

Le noir, c’est la couleur de la panthère, féroce. La couleur de l’assurance. C’est aussi un classique indémodable qui fonctionnera quelle que soit la situation. L’ensemble idéal pour remplacer la fameuse petite robe noire. Le blanc, c’est la pureté et la marque de fabrique de l’élégance. Les autres couleurs risquent de ne pas être assez « soirée », mais fonctionnent selon les styles. (attention à l’effet pyjama ceci dit)

Des modèles sexy, mais pas trop. Le parfait ensemble de soirée, c’est celui qui n’en montre pas trop, mais tout de même suffisamment. Un bon tailleur-pantalon peut mettre en valeur notre taille, nos jambes, notre poitrine, et plus encore. Il existe aujourd’hui une dizaine de styles différents et les créateurs ne manquent pas d’imagination pour transformer la tenue boyish de bureau, en une tenue idéale pour la nuit.

Make-up bold refusé.

SONAKSHI SINHA DANS UNE TENUE NIKHIL THAMPI

Cette fois, c'est simple. Pas d’extravagance ! Restez cohérente avec votre tenue. Prenez soin de rester dans des tons neutres et éloignezvous des feux d’artifice de couleurs qui sortent de nulle part. Votre look se veut affirmé avec un style très facile à comprendre : simple et chic.


I

inspiration


Kaira

dans Dear Zindagi M OT S PAR E LODIE

Dans un film, le rôle des stylistes est de trouver l’univers vestimentaire adéquat aux personnages. Les vêtements qui vont apparaître sur nos écrans doivent refléter la personnalité du protagoniste tout cela dans un but bien précis : aider à nous convaincre que ce que nous voyons est réel. Pour le film Dear Zindagi, c’est Anaita Shroff Adajania qui s’est occupée personnellement de la garde-robe d’Alia Bhatt, qui incarne Kaira. Durant tout le métrage, la jeune femme traverse différentes périodes, aussi joyeuses qu’émotionnellement intenses et cela se ressent dans ses looks qui prennent, au fur et à mesure, une certaine douceur, une certaine assurance.

Retour sur les goûts d’une fille qui nous ressemble. > ►

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The working girl Kaira, elle est sérieuse. Elle aime ce qu’elle fait, tout comme elle veut pouvoir le faire sans être dérangée par une mèche de cheveux qui dépasse ou un bout de tissu qui s’envole.

Chemise, tee-shirt, jeans et baskets. Rien de bien compliqué. Ce qui définit Kaira, c’est sa simplicité. C’est une fille indépendante qui vit à 100 à l’heure dans une grande ville (Mumbai).

Le cadet de ses soucis, c’est de réfléchir à ce qu’elle va porter demain. Alors ses tenues ne sont jamais parfaites. Il y a toujours un bout de teeshirt qui dépasse, ses jeans sont troués, ses chemises un peu délavées. Et il y a cette petite paire de lunettes qui la suit sur chacun de ses lieux de tournage. Parce que Kaira est jeune et qu’elle ressent le besoin de se «changer» pour être prise au sérieux.

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The girl next door Kaira, elle choisit toujours le confort. Même lorsqu’elle sort, elle se porte sur des vêtements légers.

Un petit top boho et un pantalon casual pour faire ses courses et le tour est joué. Chez elle, elle n’a besoin de rien si ce n’est un tee-shirt et un pyjama.

Bref, c’est une fille tout à fait normale et surtout comme les autres. Alors qu’elle fait face à quelques problèmes sentimentaux et familiaux, on se met à découvrir une Kaira sensible, paumée, qui ne sait plus quoi faire. Qui s’enferme chez elle, dans sa bulle. Ses vêtements restent toujours dans le même ton. Pas d’artifice. C’est un peu fade, c’est un peu basique et triste, mais c’est exactement ce qu’elle ressent à ce moment-là.

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Searching for help Lorsque Kaira débarque chez son psy, elle a un style qui mélange parfaitement les deux précédents.

Elle veut être prise au sérieux, donc elle fait un effort et choisit des pièces qui lui donnent une maturité. Elle mixe cela avec des vêtements maxi, légers et fluides, le plus souvent imprimés, qui lui permettent d’optimiser son confort en fonction de l’endroit où elle est : Goa.

Petit à petit, les couleurs refont leur apparition, car Kaira veut penser à elle et aller mieux. Elle veut pouvoir se concentrer sur qui elle est. Les motifs débarquent sans être excessifs. Kaira est sur la voie de la guérison. Elle veut s’en sortir, aller mieux et on le retrouve dans ce qu’elle porte. Elle fait un effort.

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The puri Kaira* Kaira, c’est une fille douce. Une fille franche, un peu lunatique, qui suit son instinct et qui commet des erreurs un peu bêtes.

Vers la fin du film, Kaira porte des vêtements avec attitude, sans que son style n’en soit totalement changé. Il y a plus de couleurs, plus de motifs, ses cheveux sont libres et surtout, elle ne fait plus semblant. Plus de lunettes, plus de chemises trop sérieuses.

Elle s’ouvre à la vie et accepte les problèmes qui s’invitent sur son chemin.

* DANS LE FILM, ELLE RACONTE QUE DURANT SON ENFANCE, ELLE SE BALADAIT SOUVENT AVEC SA POUPÉE SHAIRA À TEL POINT QUE SON PÈRE L’APPELAIT KAIRA-SHAIRA. SUR LA PLAGE, ELLE ADMET QU’AUJOURD’HUI, ELLE EST DEVENUE JUSTE KAIRA.

Son vernis noir disparaît pour des tons plus pop et plus légers. Elle sait qui elle est, ce qu’elle veut dans la vie, ce qu’elle va faire. Elle ose quelques extravagances de style, parce qu’elle sait qu’elle peut désormais le faire sans avoir peur de ce qu’on pense d’elle. 215


M dernière minute mode

LES R AT É S DE

Disha Patani. MOTS PAR ELO DIE PH OTO GRAPH IE À GAUCH E : DISH A DANS LE F ILM M.S DH O NI - TH E UNTO LD STO RY. PH OTO GRAPH IE CI-DESSO US : INSTAGRAM /DISH APATANI

Depuis la sortie du film M.S Dhoni - The Untold Story, Disha Patani a retenu l'attention des fans. Sa popularité grandissante lui donne ainsi l'occasion d'apparaître à de nombreux événements. L'actrice, passionnée de danse, semblait avoir tout ce qu'il fallait pour réussir sur le tapis rouge... Sauf peut-être un minimum de sens du style. Pourtant, Leepakshi Ellawadi (sa styliste, probablement responsable de ces petits désastres) s'occupe parfois d'autres newbies, comme Saiyami Kher (qui récemment est passée sous les mains d'Ami Patel, la styliste d'Alia Bhatt et de Kangana Ranaut par exemple) et Pooja Hegde (qui préfère aujourd'hui Aastha Sharma, qui travaille avec Sonakshi Sinha et Huma Qureshi entre autres).

Zoom sur les récents flops vestimentaires de la jeune Disha Patani. 216


1.

La robe métallique (Xena la guerrière), assortie à une paire de chaussures trop banales pour que le tout fonctionne.

Ringard.

2.

L'ensemble satiné (Poo de Kabhi Khushi Kabhie Gham), ton neutre, « sans make-up » avec une pochette or.

Rien ne va.

3.

La robe noire (en mode Maléfique) qui se veut sexy, mais qui se transforme en mauvais costume d'Halloween.

Terrible.

LOR S DES Z E E CI N E AWARDS, P HOTOG RA PH I E PA R YO G E N S H AH

LORS DES COLORS SANSUI AWARDS, P HOTOG RAPH IE PAR YOG E N S HAH

PH OTO GRAPH IE INSTAGRAM / DISH APATANI 217


M

2012

2017

dernière minute mode

Déjà vu DEEPIKA PADUKONE MOTS PAR E LODIE À G AU CH E : PHOTOG RAP HIE DE VOG UE INDIA LO R S DES VO GUE BEAUTY AWAR DS 20 1 2. À D R O I T E : P HOTOG RAP HIE PAR AL B E RTO E. R O DR IGUEZ (GETTYIMAGES) LO R S D E L'AFTE R PARTY DE VANITY FAIR PO UR LES O SCAR S 2 017.

Bien qu'elle n'était pas invitée à la 89ème cérémonie des Oscars, Deepika Padukone était présente à l'after-party organisée par le magazine Vanity Fair (qui avait parlé d'elle dans leur article portant sur les acteurs en passe de conquérir le cinéma, en août 2016). L'actrice a fait alors son apparition dans une robe Monique Lhuillier, créant un buzz phénoménal sur le web. En effet, en 2012 pour la cérémonie des Vogue Beauty Awards, soit presque 5 ans plus tôt, Deepika portait une robe Dolce & Gabbana quasi similaire.

Alors, erreur de la part de sa styliste ou coup de buzz hollywoodien ? Deepika semble ne pas avoir pris une ride en cinq ans, de quoi nous donner l'impression qu'elle aurait trouvé la fontaine de jouvence... 218


20 1 2VS20 17 Même coupe de cheveux. Même make up 'neutre' Même coupe à la taille avec un buste noir.

Même vernis Même texture de paillettes dorées.

À G AU CH E : PH OTO G RAP HIE DE VOG UE INDIA, À DROITE : P H OTO G RA PH I E PAR K ARWAI TANG (G E TTYIMAG ES) 218


I

instagram

Instagram, c'est le réseau social qui permet de jeter un œil sur la vie aussi bien professionnelle que privée de nos stars favorites. Outre les démarches de promotion de leurs projets, elles en profitent aussi pour publier des photos plus personnelles qui nous permettent ainsi d'en savoir un peu plus sur ceux qu'elles sont hors caméra. Plongeons ainsi dans l'Instagram de...

t h er i chac h a d h a M OT S PAR E LODIE - P HOTOG RAP HIES DE L' INSTAGRAM DE L'ACTR ICE

www.instagram.com/therichachadha/


Type de profil :

La bonne co p i n e . Richa, c'est celle qui va balancer des photos « dossier » entre potes, qui poste des selfies marrants, qui a toujours le bon mot pour amener un peu de soleil dans la vie des autres. Son compte est sans prise de tête, entre photos canons et pyjama party. R ETR O UVEZ AUSSI R ICH A SUR SNAPCH AT, R ICH ACH ADH A9.

Ce qu'elle veut :

Elle adore :

Immortaliser tous ces instants qui font qu'elle aime son métier et sa vie. Dès qu'elle croise quelqu'un, elle n'hésite pas. Acteurs, réalisateurs, stylistes... Pour elle la vie est parsemée de belles rencontres.

Publier des vidéos dans lesquelles elle s'amuse. Dernier filtre à la mode, séance de maquillage qui s'éternise, photoshoot sexy qu'elle transforme en délire, l'actrice n'a peur de rien. Elle communique sans problème sa joie de vivre et son humour décalé ! 221


the meeting place M OT S PA R AS MA E P H OTOG R A PH IE PA R E RRIKOS ANDREOU

Bolly&Co est certes un magazine d'information sur le cinéma indien et son univers, mais nous avons également une imagination débordante. A la suite d'une conversation groupée durant laquelle nous déplorions de ne pas voir nos acteurs favoris réunis dans un seul et même projet, nous en sommes venues à l'écriture de 'The Meeting Place', thriller d'action avec ce qu'il faut de rebondissements et de drames pour vous divertir. Alors, lorsque l'équipe rédactionnelle de Bolly&Co se la joue scénariste, ça donne ça... VIDYA BALAN ... PARINEETA/PARI SUBRAMANIAM SHAHID KAPOOR ... ARAAV SENGUPTA EMRAAN HASHMI ... RAJA SHARMA AKSHAY KUMAR ... PARESH/PAGLU TIWARI FARHAN AKHTAR ... KISHORE/KISHU TALWAR RANI MUKERJI ... AMALA SENGUPTA IMRAN KHAN ... IMRAN KAPUR SURESH OBEROI ... ANAND SUBRAMANIAM GENELIA DESHMUKH ... KALYANI/KAALI TALWAR 222



cinquième chapitre RETROUVEZ LES PRÉCÉDENTS CHAPITR E S S U R N OTRE S I TE !

Suite présidentielle du Taj Club House. Kishu boit son verre de bourbon à la fenêtre lorsqu'il entend quelqu'un frapper à la porte avec beaucoup d'énergie et de vigueur. Et même un certain acharnement. Kishu s'interroge : avec tous ses hommes de main qui s'assurent de sa sécurité, qui a bien pu arriver jusqu'à sa porte pour manifester une telle colère ? Fébrile, il s'approche de la porte, tout en s'assurant qu'il a bien une arme sur lui, d'un geste de la main droite vers sa taille. Lorsqu'il l'ouvre, son visage se détend. Il est face à quelqu'un qu'il connaît, et dont il ne craint rien. « Mais qu'est-ce que tu fais là ? » lui demande-t-il. « Tu te fiches de moi ? Ça fait bien 5 minutes que je tape comme une dégénérée sur cette satanée porte ! T'attendais quoi ? » reçoit-il en guise de réponse. « Voyons, tu comprends bien que je dois être prudent vu mon statut, n'est-ce-pas, Pari ? » Elle entre donc dans la chambre, mi-contrariée mi-convaincue. Pourtant, sa silhouette se fixe lorsqu'elle aperçoit une jeune femme sortir de la salle de bain, vêtue d'une petite robe fleurie et avec les cheveux mouillés. Hors d'elle, elle s'exclame : « C'est qui, celle-là ?! Tu te fous de ma gueule, Kishu ?! » La fille en question se met à rire aux éclats, avant que Kishu n'intervienne : « Calme-toi, c'est ma petite sœur ! » Kaali se souvint de ce bref instant durant lequel elle avait vu Pari, sans avoir connaissance ce qui le précédât. Elle peinait à croire ce qu'elle venait de découvrir à travers mes recherches. 224

J'ignore si elle voulait infirmer mon propos ou le vérifier, mais elle semblait déterminée à retrouver Pari. Plus que tout, elle souhaitait lever le voile sur les méfaits de son frère. Il est vrai qu'elle ne s'était jamais vraiment interrogée sur la nature de ses activités. Kishu l'a élevé seul depuis la disparition brutale de leurs parents. Kaali n'avait alors que 6 ans. Depuis, il est clair que leurs conditions de vie se sont grandement améliorées. Elle a depuis évolué dans un cadre très privilégié, mais aussi en vase-clos par rapport à la réalité. De ses tenues de créateurs à ses études à l'étranger, elle était totalement opaque à la misère de son pays. Lorsque nous nous sommes rencontrés, je pensais sincèrement être en mesure de ne pas m'attacher à elle, convaincu de sa superficialité due à son statut de jeune fille riche. Mais je m'étais complètement planté. J'ai découvert une jeune femme vive, simple et profondément humaine. Pour autant, Kaali se remettait en question. Cette découverte lui avait mis une gifle. Elle avait désormais le sentiment qu'elle devait être actrice de cette affaire, soit pour disculper son frère, soit pour le faire condamner. C'est alors qu'elle se souvint d'un élément émergeant de mes travaux : l'adresse de Pari. Kaali se dirigeait donc vers le modeste appartement de la mystérieuse séductrice, en plein cœur de Ramapuram. Mise en cellule, Amala est pensive. Comment a-t-elle pu en arriver là ? Pourquoi s'est-elle même lancée dans cette


chasse à l'homme initiée par sa cadette ? Cela prenait-il sens ? Pari et elle avaient été tellement ébranlées par l'assassinat de leur père que rien ne pouvait apaiser leur soif de vengeance. Mais dans l'intervalle, elle avait rencontré Araav. Elle s'en voulait de l'avoir manipulé. Amala a toujours été fleur bleue, là où Pari était plus rustre, abrasive et imperméable au romantisme. Peut-être aurait-il fallu qu'elles échangent leurs places... Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne laissera pas tomber sa sœur. Quoiqu'il advienne. Elle ne cédera pas. C'est alors qu'Araav se présente. « Alors, tu te décides à parler, Amala ? » Sans réponse de sa part, le mari meurtri sous son costume d'inspecteur surenchérit. « Tu sais très bien que si tu ne me dis pas où elle est, c'en est fini pour toi. D'autant que je ne manquerai pas une occasion de te faire prendre un maximum d'années d'incarcération. » Après un léger silence, il ajoutera, hésitant : « Évidemment ça n'a rien de personnel... C'est... C'est une entrave à la justice, Amala. » Mais elle ne prononcera mot. « Très bien. Je sais ce qu'il me reste à faire, à présent. Compte sur moi pour te faire payer tout ce que tu m'as fait, Amala. En tant qu'agent... Et encore plus qu'en tant que mari. » Pari était quant à elle stupéfaite face à Paresh. Cet homme semblait en savoir bien plus sur sa situation qu'elle ne l'imaginait. Et s'il disait vrai ? S'il avait réellement été envoyé par Amala pour la protéger et la soutenir dans sa démarche ? Pari ne savait plus quoi penser. Elle était toujours parvenue à maîtriser ses émotions. Chez elle, chaque geste, chaque mot et chaque expression était calculé. Mais cette fois, elle avait le sentiment d'être tombée sur son maître. Assise face à lui dans le wagon qui les mène à une destination inconnue, Pari pense à sa sœur. Amala serait donc en prison, selon Paresh ? Amala ne voulait

jamais faire de vagues. C'était celle qui courbait l'échine pour éviter tout affrontement. Elle n'aimait pas se faire remarquer. Pari a toujours eu le sentiment d'être son aînée, et non l'inverse. Pourtant, Amala l'avait protégé, au risque de finir en cellule... Après l'avoir longuement fixé avec véhémence, Pari lança à son compagnon de route : « Et comment tu comptes m'aider ? » Paresh était surpris. « Quoi ? » La jeune femme insiste. « T'as dit que t'étais là pour m'aider, c'est ça ? Comment tu vas t'y prendre ? » Paresh affiche un sourire asymétrique, comme pour souligner sa victoire face au scepticisme de son interlocutrice. « T'occupes, ma beauté ! On va se barrer gentiment du Tamil Nadu pour aller à Bangalore. » Ce à quoi l'intéressée réagit vivement. « Au Karnataka ? Mais qu'est-ce qu'on va foutre au Karnataka, bordel ?! Il en est hors de question. Je te rappelle que cet enfoiré de Kishore vit à Chennai ! » La jeune femme s'agite, se balançant sur son siège comme pour contrôler son énervement. « Je croyais que tu devais m'aider ! » Les passagers lui lancent des regards inquisiteurs. Paresh la saisit par le bras pour ensuite murmurer à son oreille : « Espèce de débile, tu comptes dévoiler ton plan d'action à tous les passagers ? Ferme-la tout de suite. Et si tu ne veux pas me croire, fais au mois confiance à ta sœur. Elle risque sa peau pour toi. Alors tu vas me suivre gentiment et en silence. » Pari se calme à l'évocation d'Amala. Mais en quoi Paresh est-il concerné ? A-t-il aussi eu des problèmes avec Kishore ? A-t-il d'autres intentions ? « D'accord. Je t'écouterai. Mais toi, qu'est-ce que tu y gagnes ? Pourquoi tu tiens tellement à me venir en aide ? » Paresh rit nerveusement. « Calme-toi, ma jolie, c'est pas pour tes beaux yeux que je fais ça. Pour le reste, ça te regarde pas. » Le train s'arrête, arrivé à son terminus. Pari suit Paresh. Et pour la première fois depuis bien longtemps, elle n'a aucune idée de ce qui va suivre. ■ 225


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A S AV O I R Un candid est une image prise par un paparazzi lors d'événements importants (cérémonies de récompenses, promotions de films, inaugurations etc...). Il en existe des milliers sur le web. Il nous est donc souvent impossible de retrouver les noms des photographes. Les sites qui diffusent sur le web le plus de candids sont crédités à la fin, c'est généralement là que nous piochons nos images. Si nous avons oublié de préciser votre nom ou votre site dans le magazine, contactez-nous par email (bollyandcomagazine@gmail.com). Nous trouvons souvent les photos sans le nom du photographe ou sans information supplémentaire.

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