Bolly&co 8th Edition

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Bolly &Co’ Awards 2014

Aamir khan l’indétrônable

SUD Nazriya Nazim fait craquer l’Inde dravidienne

N E W FA C E Rajkummar Rao Celui qui ose tout !

CRITIQUE Haider, Fanaa & Ek Villain : Ces drames qui ont marqué Bollywood... NE PEUT ÊTRE VENDU - FANZINE GRATUIT

PRESSE Kiran Rao : L’artiste derrière l’épouse...

MODE Le top cropé : tendance adoptée à Bollywood

ET PLUS ENCORE PHOTOGRAPHIE PAR TARUN VISHWA, FEMINA


édito

C'est la rentrée pour Bolly&Co ! Depuis plus d'un an, nous travaillons sur ce nouveau numéro en lien avec les récentes sorties de films, les stars montantes et les vedettes confirmées. Alors que Kangana Ranaut a séduit toute l'industrie hindi avec Queen, Shahid Kapoor a su incarner le concept de résilience en revenant sur le devant de la scène grâce au drame Haider, après des bides à répétition. Son mariage avec Mira Rajput a d'ailleurs brisé de nombreux cœurs, en juillet dernier. Kajol est quant à elle en plein tournage du film de son grand retour, Dilwale, avec son partenaire de prédilection Shahrukh Khan. Salman Khan tutoie les sommets du box-office tandis qu'il est régulièrement concurrencé par notre 'cover boy' : le grand Aamir Khan. Celui que l'on surnomme 'Mr Perfectionnist' pour sa grande méticulosité a une fois de plus conquis son public avec l'intéressant PK, devenu l'un des films les plus rentables de tous les temps. Cette nouvelle parution mettra donc en valeur son univers et sa contribution au cinéma de Bollywood. Dans le sud du pays, Dhanush continue de faire des émules en enchaînant les masala bourrins avec les films sensibles. Mais il n'est pas le seul à émerger puisque la jeunesse du cinéma malayalam est là pour évoquer de vrais sujets dans ses films. Ainsi, les prometteurs Nivin Pauly, Nithya Menon, Dulquer Salmaan et Nazriya Nazim incarnent un cinéma dravidien engagé et proche de son public tout en demeurant distrayant. Dans cet ultime numéro de Bolly&Co, nous vous invitons à découvrir les films qui ont rythmé l'année dernière à travers nos critiques exclusives, de refaire le portrait des stars grâce à la rubrique mode et tendance d'Elodie, d'être à la page sur les derniers projets en cours en consultant les news et actualités de Fatima Zahra, de (re)découvrir les musiques du souscontinent avec nos playlists et de vous informer sur le cinéma dravidien avec notre rubrique sud.

De la part de l'équipe rédactionnelle de Bolly&Co, nous vous adressons nos meilleurs vœux pour cette rentrée scolaire, qu'elle soit synonyme pour vous de concrétisation de vos projets et de nouvelles opportunités. Nous vous remercions profondément du soutien indéfectible que vous nous témoignez à travers nos différentes plates-formes. Il est vrai que nous avons parfois manqué de régularité dans notre travail mais nous l'avons toujours accompli avec sincérité et avec cœur. Bonne lecture à vous tous, en espérant que vous savouriez cette édition inédite au même titre que les précédentes.

Asmae, Rédactrice en chef

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PHOTOGRAPHIE PAR TARUN VISHWA.

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sommaire l’apéritif 007 • UN PEU DE LECTURE... Une bonne épouse indienne, Meurtre dans un jardin indien et Jours de pluie à Madras 008 • INFO/INTOX - LE SAVIEZ-VOUS ? 012 • MOVIE TALKIES 014 • PRIVATE TALKIES : Bolly&Co en mode Gossip’... 016 • BOLLY&CO AWARDS 2014 : Le verdict... 028 • REVUE DE PRESSE : Kiran Rao

the new face 038 • RAJKUMMAR RAO

on the cover

044 • SON PARCOURS, À LA VILLE COMME À L’ÉCRAN 051 • 5 FILMS INCONTOURNABLES DE L’ACTEUR 058 • 4 CHANSONS POUR ILLUSTRER SA CARRIÈRE

pop corn 060 • PLAGIAT OU INSPIRATION ? 066 • RICHA CHADDA & SWARA BHASKAR : Deux perles discrètes à Bollywood.. 072 • PARINEETI CHOPRA VS ALIA BHATT : Où en sont-elles ? 075 • DAAWAT-E-ISHQ 082 • SHUDDH DESI ROMANCE 091 • HIGHWAY 099 • HASEE TOH PHASEE 105 • HUMPTY SHARMA KI DULHANIA 113 • SIDHARTH MALHOTRA VS VARUN DHAWAN : Qui a su s’imposer ? 117 • EK VILLAIN 123 • MAIN TERA HERO 126 • ILEANA D’CRUZ : Mais qu’est-ce qu’elle fabrique ?! 130 • LUMIÈRE SUR... Arijit Singh, chanteur. 134 • PLAYLIST NORD : Spéciale Arijir Singh.


une tasse de thé Critiques Flash Back/Old is Gold : 138 • FANAA 144 • HUM HAIN RAHI PYAR KE 148 • CHORI CHORI Critiques nord : 152 • R... RAJKUMAR 160 • SHAADI KE SIDE EFFECTS 165 • KHOOBSURAT 173 • BANG BANG 178 • HAPPY NEW YEAR 186 • HAIDER 200 • HEROPANTI 206 • LES DIFFÉRENTES DANSES INDIENNES ILLUSTRÉES AU CINÉMA

un parfum du sud 208 • LES 5 NEWS DRAVIDIENNES À NE PAS RATER ! Critiques sud : 211 • RACE GURRAM 216 • GUNDE JAARI GALLANTHAYYINDE 220 • ET SI ON COMPARAIT LES REMAKES ? Et si c’était vrai VS Endhukante Premantha. 224 • NAZRIYA NAZIM : La surprise du cinéma dravidien 229 • OHM SHANTHI OSHAANA 234 • BANGALORE DAYS 241 • ANIRUDH RAVICHANDER : Le prodige de Kollywood 244 • PLAYLIST SUD : Spéciale dappankuthu...

parlons mode 248 • INTERVIEW DU CRÉATEUR INDIEN RICHARD SAJAHAAN 252 • LES TENUES INDIENNES : La base des tenues masculines. 258 • LES PLUS GRANDS NOMS DE LA MODE INDIENNE (DEUXIÈME PARTIE) 266 • TENDANCE : Le top cropé. 270 • FASHION REVIEW : La vie en couleur, par Freida Pinto. 286 • LA DERNIÈRE MINUTE MODE.

la cerise sur le gâteau

288 • INSTA-MOMENT 290 • THE MEETING PLACE : TROISIÈME CHAPITRE...


Night ED Films

LE VRAI CINÉMA INDIEN EN FRANCE !

Night ED Films, c’est aussi des articles dans de grands quotidiens français (Le Monde), des interviews télévisées (France 2, Canal+, Télésud), des partenariats avec de grandes radios (OUI FM), des avantpremières avec les artistes et bien d’autres surprises. ► facebook.com/pages/Night-ED-Films ► facebook.com/pages/Cinéma-Indien-enFrance À AJOUTER À VOS FAVORIS


Une bonne épouse indienne de Anne Cherian

UN PEU DE LECTURE PAR ASMAE

Leila a 30 ans. Elle est professeur d’anglais en Inde. C’est une femme pondérée, brillante et proche de sa culture. Pourtant, elle est célibataire, et c’est sur un incroyable quiproquo qu’elle finit par épouser Neel, un anesthésiste indien basé aux ÉtatsUnis. Avec ce mariage, ceux sont tous ses repères qui seront chamboulés. Elle devra réapprendre à s’exprimer, à se socialiser, à se débrouiller et surtout à aimer à l’américaine... Un livre brillant sur le mariage arrangé, et surtout sur le périple d’une femme qui, pour tenter de sauver son mariage, va s’adapter avec intelligence au mode de vie de son époux, pour mieux lui ouvrir les yeux. Un petit bijou de réflexion et de subtilité qu’est ce roman d’Anne Cherian, à la fois romantique et réaliste.

Meurtre dans un jardin indien de Vikas Swarup

Autour du meurtre du play-boy Vivek Rai, six suspects dont les destins se retrouveront mêlés à celui de cet odieux personnage. Second roman de Vikas Swarup après Les fabuleuses aventures d’un indien malchanceux qui devint milliardaire (qui inspirera le film oscarisé Slumdog Millionnaire), Meurtre dans un jardin indien fait office de Cluedo à la sauce curry. Mais il est surtout le miroir d’une société indienne aux multiples facettes, mettant en parallèle le faste des riches businessmen et des acteurs de Bollywood avec la misère ambiante des indigènes et des gosses des bidonvilles. Si la fin demeure prévisible, on ne boude pas son plaisir face à ce suspense parfaitement ficelé et à sa galerie de protagonistes impeccablement écrits.

Jours de pluie à Madras de Samina Ali

Layla est une jeune indienne domiciliée aux USA. Issue d’une puissante famille musulmane, elle s’apprête à épouser Samir en portant un lourd secret : elle n’est plus vierge. Et alors qu’ils s’apprêtent à entamer leur voyage de noces, Layla découvre que Samir porte également en lui un passé trouble... Samina Ali joue avec le feu avec cette histoire fascinante ! Elle nous surprend à chaque page et réduit à néant nos attentes de départ. On pense se trouver face à un énième ouvrage sur le mariage arrangé jusqu’à ce que l’auteur nous mène vers des sentiers narratifs clairement surprenants. Une œuvre captivante et osée sur le parcours de deux jeunes gens qui ont décidé de ne plus se plier aux traditions archaïques de leur pays..

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LE SAVIEZ-VOUS ? PAR FATIMA ZAHRA

Bollywood ► Kamal Haasan est le premier acteur indien à avoir demandé une somme de 1 crore pour un film Hindi en 1994. ► Pour se consacrer entièrement à son film Happy New Year, Farah Khan a refusé catégoriquement de chorégraphier d’autres projets, notamment les chansons du film de son frère Sajid, Humshakals, et l’item number de Malaika Arora Khan dans le film Dolly Ki Doli. ► Rishi Kapoor était le premier choix pour jouer le rôle de Pankaj Kapur dans le film Finding Fanny. Le réalisateur a espéré revoir Rishi Kapoor et Dimple Kapadia une nouvelle fois ensemble, sauf que le planning chargé de Rishi ne l’a pas permis.

Tollywood ► Avant de connaître le succès à Bollywood avec le film Queen, l’actrice Lisa Haydon a fait une apparition sur grand écran dans le film Racha, où elle partageait un item number avec Ram Charan Teja. Ceci est passé entièrement inaperçu et ce n’est qu’avec ses trois films à Bollywood (Aisha, Rascals et Queen) que Lisa commence à devenir un visage connu de l’industrie. ► L’acteur Vikram Singh a fait ses débuts au cinéma télougou avec le film Rebel, aux côtés de Prabhas. Malgré son rôle léger, cette opportunité lui a apporté plusieurs offres, notamment le rôle de l’antagoniste dans le film 1 – Nenokkadine, avec Mahesh Babu.

Mollywood ► L’actrice Vedhika était censée faire ses débuts dans les films Mallu Singh avec Unni Mukunden et Pokkiri Raja avec Mammootty, sauf qu’elle a refusé les deux projets car elle se focalisait sur ses études. Plus tard, elle a accepté de faire le film Sringaravelan avec Dileep qui s’est avéré être un énorme succès. ► Ce n’est pas avec le film Manjil Virinja Pookal que Mohanlal a débuté sa carrière mais dans le film Thiranottam qui a pris plus de 25 ans à sortir sur grand écran. La star du cinéma malayalam y jouait le rôle d’un servant ayant des troubles mentaux. Ce n’est pas tout, ce film constituait également les débuts du réalisateur Priyadarshan et du producteur Suresh Kumar. Le premier y a travaillé en tant qu’assistant réalisateur tandis que le second en était le clap boy. ►Durant les années 80, Mammootty était le propriétaire d’une maison de production nommée Casino Productions, en partenariat avec Mohanlal, I. V. Sasi, Seema et Century Kochumon. Leur bannière a produit plusieurs succès commerciaux comme Nadodikkattu, Gandhi Nagar 2nd Street, Adiyozhukkukal et Karimpin Poovinakkare.

Kollywood ► Ilaiyaraaja, le compositeur de renommée nationale, s’appelait Ganadesikan à sa naissance en 1943 à Pannaipuram au Tamil Nadu. Son père lui a changé le prénom pour Rajayya pour des raisons non dévoilées, et son entourage a commencé à l’appeler Raja. Le préfixe « Ilaiyaa » fut ajouté à son prénom des années plus tard par le producteur Panchu Arunachalan pour faire la différence entre Ilaiyaaraja et un autre compositeur de l’époque, AM Rajah. Principalement actif dans les industries du sud, on doit à Ilaiyaaraja de nombreux albums reconnus dans l’industrie du cinéma hindi, dont Paa et Cheeni Kum. ► Quand elle était encore étudiante, l’actrice Nithya Menen espérait devenir une journaliste avant de finalement changer de voie et entrer dans l’industrie du cinéma. Elle avait même suivi des cours de cinématographie à Pune.

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► Le vrai nom de l’acteur Vikram est en réalité Kennedy Vinod Raj. Il a composé le nom « Vikram » en contractant le Vi, du prénom de son père Victor, le K de son propre prénom Kennedy, le Ra de celui de sa mère Rajeshwari et le Ram de son signe astrologique qui est le bélier. (Aries en anglais, qui signifie Ram, ou Sheep) ► L’acteur Nakul a décroché son premier rôle dans le film Boys en 2003 sur une simple erreur. En réalité, ses parents avaient envoyé des photos de son frère Mayur au réalisateur Shankar, mais quand ce dernier a trouvé une photo de Nakul dans le lot, il l’a choisi pour le rôle de Juju.

« Elle

a aimé le script mais elle n’a pas encore donné son feu vert. Etant donné que le film est basé sur la vie d’Indira Gandhi, nous devons prendre certaines précautions avant de commencer. », confirme Manish Gupta, le réalisateur du film. « Je suis en contact avec Sonia Gandhi depuis plusieurs mois et elle sait que je souhaite faire ce film. J’attends l’opportunité de pouvoir lui parler en personne et avoir son autorisation écrite. »

Vidya Balan, ainsi que toutes les personnes pressenties pour faire partie du film, ont insisté sur le fait d’avoir une autorisation légale et écrite de la part de la famille Gandhi avant de signer le projet. « Un très grand studio

de production est intéressé par le film et va le produire si j’obtiens l’autorisation. », ajoute Manish.

Parineeti Chopra aurait dû être Piku

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INFO OU INTOX ? PAR FATIMA ZAHRA

Indira Gandhi incarnée par Vidya Balan

info !

La talentueuse Vidya Balan dit avoir finalisé trois films dans lesquels elle devrait jouer. Elle devrait les annoncer avant la fin de cette année. Selon les rumeurs, se trouve un projet exceptionnel : le biopic d’Indira Gandhi, et selon cette même source Vidya serait complètement éblouie par le script qui lui a été offert. Cependant, ce qui empêcherait l’actrice d’accepter sur le champ le projet serait l’autorisation accordée par la famille de la défunte. En effet, la famille politique Gandhi est pour l’Inde ce que les Kennedy sont pour les États-Unis.

Piku est l’un des films à succès de l’année 2015 et ses trois acteurs principaux Amitabh Bachchan, Deepika Padukone et Irrfan Khan ont été félicités par l’industrie et l’audience pour leurs rôles. Cependant, dans le lot, il existe une actrice qui était particulièrement amère et qui n’a pas caché sa déception. « J’étais le premier choix pour ce film. », annonce Parineeti Chopra peu de temps après la sortie du film. « Le

réalisateur m’a offert ce film en premier, mais vu que je viens de jouer un film basé sur une relation pèrefille dans Daawat-E-Ishq, j’ai trouvé judicieux de ne pas me répéter et donc de refuser le film. » Pour information, Parineeti Chopra est également sous contrat avec la bannière Yash Raj Films et ne peut faire partie d’aucun film externe sauf s’ils lui donnent l’autorisation de le faire. Cela dit, il ne lui reste plus qu’un seul film à tourner avec eux avant de pouvoir voler de ses propres ailes, et ce film n’a pas encore été annoncé. BOLLY&CO MAGAZINE

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PHOTOGRAPHIE PAR ABHAY SINGH

Kareena Kapoor Khan, la nouvelle héroine de Rajkumar Gupta

intox !

Il y a quelques mois, Kareena Kapoor Khan était pressentie pour jouer dans plusieurs projets avec des rôles féminins hors pair, et elle aurait refusé tous ces projets. Parmi eux, se trouvait le film Sector 84 du réalisateur Rajkumar Gupta (Aamir, No One Killed Jessica, Ghanchakkar).

Dans ce film, l’actrice aurait dû interpréter le rôle d’une femme atteinte de schizophrénie et qui finirait par être impliquée dans des actes criminels. Cependant, Kareena a décidé de quitter le film à la dernière minute. Selon les rumeurs, ce choix a été fait parce que le réalisateur a refusé de changer le script pour elle, mais également parce que le film n’avait pas de producteur. « Ce n’est pas vrai du tout ! », a dit Rajkumar concernant les producteurs. « Eros

a accepté de financer le projet depuis un long moment maintenant. Et pour ce qui est de l’excuse du script, et bien, je pense que c’est l’excuse la plus convenable. » 010

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Kareena Kapoor Khan en colère contre Ranveer Singh

info !

Ranveer Singh est un acteur qui a toujours montré son admiration pour Kareena depuis le premier jour où il a rejoint l’industrie. Pour lui, elle était l’actrice parfaite et son rêve absolu était de faire un film avec elle. Cependant, les choses ont changé depuis quelques années et Ranveer a avoué dans une interview qu’il n’est plus aussi excité à l’idée de travailler avec elle, et il pense également que l’actrice devrait choisir de meilleurs rôles qui sauraient mettre son jeu d’actrice à l’épreuve.

Ces commentaires ont rendu la diva en colère, et l’ont même mené à accuser Ranveer d’avoir un problème avec elle qui le pousse à dire des choses pareilles. D’après les sources, l’actrice croit dur comme fer que les remarques de Ranveer sont inappropriées et qu’il les a formulé par rapport au fait qu’elle ait refusé de jouer avec lui dans le film de Sanjay Leela Bhansali, Goliyon Ki Raasleela Ram-Leela.


Fantastikindia

P R E M I E R P O R TA I L WEB FRANCOPHONE SUR LE CINÉMA INDIEN

Fantastikindia est une association portée par la passion de ses membres, dont l’objectif est la promotion du cinéma indien sous toutes ses formes et dans toute sa variété du Nord au Sud. ► www.fantastikindia.fr À AJOUTER À VOS FAVORIS


movie talkies PAR ASMAE

suite

Sonakshi Sinha dans la suite de Force Sorti en 2011, Force avait marqué les esprits avec John Abraham et Genelia D’Souza. Ce remake du film tamoul Kaakha Kaakha était parvenu à séduire l’audience malgré la concurrence de films très attendus comme Rockstar et Mausam. Pour sa séquelle, John Abraham rempile dans la peau du rustre flic Yashvardhan. Après avoir évoqué le nom de Vidya Balan, Sonakshi Sinha donnera finalement la réplique au bellâtre iranien dans la peau d’un agent des services secrets indiens. Le tournage a débuté en septembre pour une sortie prévue en début d’année 2016.

projets

Jacqueline Fernandez et Saif Ali Khan se retrouvent dans Jugalbandi La rumeur voudrait que la jolie sri-lankaise donne la réplique au Nawab de Pataudi dans ce film dirigé par Sameer Sharma. Pour autant, certaines rumeurs annoncent que Parineeti Chopra, par ailleurs fan de l’acteur, serait également pressentie pour jouer aux côtés du mari de Kareena Kapoor. Saif devrait y incarner un agent musical.

Katrina Kaif face à Jackie Chan La superbe compagne de Ranbir Kapoor aurait signé son premier projet international, Kung Fu Yoga, aux côtés de la star chinoise Jackie Chan. Dans ce film d’action, elle incarnerait un professeur indien face à Jackie, qui jouerait quant à lui le rôle d’un archéologue.

remake

Pas de Shraddha dans Ram Lakhan 2.0 L’actrice a affirmé ne pas avoir été contactée pour figurer dans le remake de Ram Lakhan, produit par Karan Johar et dirigé par Rohit Shetty. Elle déclare cependant être ouverte à l’idée d’être associée un jour à une production Dharma, la bannière de KJo. La rumeur voudrait que Varun Dhawan et Sidharth Malhotra se retrouvent depuis leurs débuts dans Student of the Year avec ce projet.

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sortie

Baaghi sortira le 29 avril 2016 Dans ce film produit par Sajid Nadiadwala, on retrouvera Tiger Shroff et Shraddha Kapoor. Le tournage a déjà commencé pour le jeune homme, rejoint quelques mois plus tard par sa partenaire.


PHOTOGRAPHIE : ANUSHKA NADIA MENON


Private

talkies

PAR ASMAE

mariage

Ils se sont dits oui ! Shahid Kapoor n’est plus un cœur à prendre ! Il a épousé le 7 juillet dernier la jolie étudiante Mira Rajput. L’acteur de 34 ans s’est uni à la jeune femme de 21 ans lors d’une cérémonie intimiste avant d’organiser une réception grandiose le 12 juillet, en présence du gratin de Bollywood. Amitabh Bachchan, Ranveer Singh, Kangana Ranaut et Alia Bhatt étaient notamment de la partie. Félicitations aux jeunes mariés ! Minissha Lamba s’est également mariée le 6 juillet dernier. Elle a épousé son petit-ami de longue date Ryan Tham, lors d’une cérémonie en petit comité. L’actrice a annoncé qu’une grande réception sera organisée plus tard, à Mumbaï. Tous nos vœux de bonheur au couple ! Asin Thottumkal n’est plus un cœur à prendre ! Elle va épouser le co-fondateur de Micromax Rahul Sharma, qu’elle fréquente depuis 2013. C’est Akshay Kumar, son partenaire dans le film Khiladi 786, qui aurait présenté la jeune femme à celui qui est l’un de ses meilleurs amis.La jeune femme a annoncé qu’elle fera une pause dans sa carrière pour se consacrer à sa vie de jeune mariée. Précédemment, elle a connu une idylle tumultueuse avec l’acteur Neil Nitin Mukesh.

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bébé

Carnet rose ! L’actrice dravidienne Sneha et son époux le comédien Prasanna ont annoncé en avril dernier attendre leur premier enfant. C’est finalement en août que Sneha a donné naissance à un garçon du nom de Vihaan. Le couple s’est marié en 2012 à Chennai. Sameera Reddy a donné naissance le 25 mai dernier à un petit garçon. Elle a épousé en janvier 2014 le businessman Akshai Varde, qu’elle fréquentait depuis plus de deux ans.

couple

Ils s’aiment ! Karishma Tanna et Upen Patel, qui se sont rencontrés lors de l’émission de télé-réalité Bigg Boss, ont participé ensemble à la dernière édition du programme de danse Nach Baliye. Lors de l’un des épisodes, Upen Patel a demandé sa main à Karishma sur le plateau. Le couple devrait d’ailleurs s’installer ensemble d’ici la fin d’année. Taapsee Pannu filerait le parfait amour avec le champion de badminton danois Mathias Boe. Pour autant, le mariage ne fait pas partie de leurs projets à venir, la jeune femme préférant se centrer sur sa carrière au cinéma.

rupture

The end...

Trisha Krishnan annule ses fiançailles ! Après s’être fiancée à Varun Manian en janvier dernier, Trisha a annoncé qu’elle était de nouveau célibataire via Twitter. La rumeur voudrait que sa relation avec l’acteur Rana Daggubati soit à l’origine de sa séparation d’avec Varun.


PHOTOGRAPHIE : ANUSHKA NADIA MENON


meilleur film LOOTERA Réalisé par Vikramaditya Motwane, ce drame romantique avait pour audace d’être inspiré de la très courte histoire d’O. Henry, la dernière feuille. Basé au début des années 60, l’histoire d’amour entre Pakhi et Varun a fait battre le cœur des français qui considèrent Lootera comme le meilleur film indien de l’année 2013.


meilleur réalisateur S A N J AY L E E L A BHANSALI On ne compte plus les classiques qui se trouvent dans la filmographie du réalisateur Sanjay Leela Bhansali. Cette année encore, il a fait partager son univers à travers sa réalisation Goliyon Ki Raasleela Ram Leela. Sa façon de faire est unique, grandiose parfois, mais surtout féerique. Dans chacun de ses films, on plonge volontiers dans l’histoire sans se poser de questions.


FA R H A N A K H TA R meilleur acteur principal

La transformation impressionnante de Farhan Akhtar pour le film Bhaag Milkha Bhaag a clairement marqué les esprits, mais c’est surtout son jeu phénoménal dans ce biopic qui lui a permis de conquérir le cœur du peuple de l’Inde et plus encore ! Farhan a prouvé avec ce film qu’il était un acteur investi et passionné qu’il faut surveiller.


SONAKSHI SINHA Loin des rôles clichés auxquels elle nous avait habitué, Sonakshi Sinha a démontré sans problème qu’elle pouvait être une actrice de choix dans des rôles qui lui demandaient beaucoup plus d’efforts. Et pour cette interprétation, elle mérite amplement le prix de la meilleure actrice. Espérons maintenant qu’elle puisse continuer dans cette voie.

meilleure actrice principale


meilleur acteur secondaire Il n’est plus nécessaire pour Nawazuddin Siddiqui de montrer qu’il est le genre d’acteur à se diversifier et à aimer les défis dans les rôles qu’il entreprend. Avec The Lunchbox, il interprète un jeune interne qui se fait former par Irrfan Khan. Il est clairement la touche d’humour du film, mais aussi l’un des personnages les plus attachants du métrage.

N AWA Z U D D I N SIDDIQUI


meilleure actrice secondaire Avec un rôle négatif, celui de la mère et chef de famille des Sanera, Supriya Pathak a surpris l’audience en changeant radicalement de visage. Elle est l’un des piliers du film et son jeu impeccable en a surement effrayé plus d’un ! Impressionnante dans un rôle totalement inattendu, Supriya Pathak semble avoir donné une leçon aux jeunes actrices.

S U P R I YA PAT H A K


meilleur espoir masculin

DHANUSH Véritable star dans l’industrie tamoule, Dhanush a fait son entrée à Bollywood avec le film Raanjhanaa d’Anand L. Rai. Il a clairement pris possession de l’écran durant tout le film, faisant de l’ombre à ses partenaires. Il est difficile de le lâcher du regard, tant Dhanush est captivant et méticuleux dans son jeu d’acteur.


meilleur espoir féminin

VA A N I KAPOOR Difficile de se faire une place dans un film où on partage l’écran avec Sushant Singh Rajput et Parineeti Chopra. Pourtant, Vaani Kapoor a réussi à se démarquer et à tenir son rôle sans faiblesse. Aux yeux des français, il y a des chances qu’à l’avenir, elle puisse surprendre et plaire. En attendant ses prochains films, le prix du meilleur espoir féminin lui revient.


meilleure musique & meilleur chanteur AASHIQUI 2 ARIJIT SINGH “TUM HI HO” C’est sans surprise que l’album du film Aashiqui 2 remporte le prix de la meilleure musique de l’année. Parfaitement composées par Ankit Tiwari, Mithoon, Jeet Ganguly et Raju Singh, chaque chanson a une signification et est un pur délice à écouter. La mélodie de Tum Hi Ho donne des frissons dès les premières secondes. Son immense popularité est sans contexte due à son excellente composition, exprimant avec poésie la force des sentiments des deux protagonistes du film Aashiqui 2 durant l’un des moments les plus importants de l’oeuvre.



meilleure chanteuse

S H I L PA R A O M A N M A R Z I YA N

L’album du film Lootera est bourré de pépites musicales, dont la mélodieuse ‘Manmarziyan’. L’interprétation de Shilpa Rao dans cette chanson est pleine de finesse et d’émotion. Impossible d’oublier la chanson qui nous reste en tête pendant un bon moment tant elle nous prend par les sentiments.


SHRADDHA KAPOOR A D I T YA R O Y K A P U R

meilleur couple Le succès du film Aashiqui 2 repose essentiellement sur sa musique, mais aussi sur l’incroyable alchimie de Shraddha Kapoor et Aditya Roy Kapur. Dans leurs rôles respectifs, ils arrivent à nous convaincre des sentiments qu’ils ont l’un pour l’autre comme s’ils étaient faits pour être ensemble depuis toujours. Ils sont clairement le meilleur couple de l’année !


P PRESSE

revue de

presse

Kiran Rao ELLE India, aout 2014. Photographie : Suresh Natarajan. Style : Nidhi Jacob; Directeur artistique : Prashish More; Visage : Namrata Soni; Cheveux: Nanao Soyam/B:Blunt; Production : Parul Menezes; AssistĂŠ par : Neha Salvi, Shubham Jain

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S TA R D E C I N É M A Kiran Rao est la sainte patronne du petit-cinéma-indé-devenusuccès-commercial, une productrice qui parie sur la matière (et pas sur l’argent) et une conteuse avec une nouvelle idée audacieuse. PAR ANAND GANDHI (RÉALISATEUR DE SHIP OF THESEUS) TRADUIT PAR ASMAE. BOLLY&CO MAGAZINE

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P PRESSE

J’ai le sentiment de ne pas avoir de genre. Je ressens une profonde sympathie et je suis touchée par les femmes, mais être une femme ne fait pas de moi une représentante de la cause féminine.

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On m’a souvent demandé si mon film Ship of Theseus serait parvenu à toucher tant de gens s’il n’avait pas été porté par Kiran Rao. La réponse, assez simplement, est non. Kiran a vu le film durant une petite séance à Mumbaï organisée par la société Enlighten Films en Novembre 2012. A la fin de la séance, elle est venue vers moi, s’est présentée et m’a dit n’avoir jamais vu une chose pareille avant d’ajouter que le film l’avait grandement marqué. Nous avons échangé nos numéros et avons commencé à discuter – nous avons découvert que nous avions beaucoup de choses à nous dire, des idées qui ont attisé notre curiosité aux histoires que nous avions envie de raconter, pourquoi nous faisions les films de telle façon et comment nous pouvions changer le monde. Quelques semaines plus tard, elle m’a proposé de soutenir la sortie de mon œuvre.

Ses convictions, parfaitement complétées par la faculté d’Aamir à tester les nerfs des spectateurs, ont permis de voir émerger certains des meilleurs films de ces dernières années : Taare Zameen Par (2007), Peepli [Live] (2010), Dhobi Ghat (2011), Delhi Belly (2011). Le peuple, son quotidien, et comment sa place dans la société définit son existence sont des questions et des thèmes qui l’ont toujours obsédé, et je pense que Kiran est celle qui indique la marche à suivre de sa bannière de production, Aamir Khan Productions, là où Aamir se débrouille pour suivre ce sillage. C’était son idée de faire le tour des villes pour trouver des séances de projection pour Ship of Theseus, et elle l’a accompli avec beaucoup d’engagement et de verve. Leur relation professionnelle est tendre et chaleureuse, et ce parce qu’ils s’inspirent clairement l’un l’autre.

Défiant tous les avertissements de ses conseillers financiers, Kiran a déployé toutes les ressources en sa possession pour le film. Elle a passé les six mois qui ont précédé la sortie du film enfermée chez elle à organiser des réunions de promotion durant des heures exténuantes mais productives pendant qu’Aamir (Khan, son mari) et Azad (leur fils de deux ans) entraient et sortaient pour lui donner sa dose horaire de réconfort. Elle a appelé ses amis de l’industrie, et les amis de ses amis – Siddharth Roy Kapur, Ronnie Screwvala (le film a finalement été soutenu par UTV Motion Pictures), Karan Johar, Raju Hirani – en leur demandant d’assister aux petites projections qu’elle a organisées pour faire passer le mot. Elle a téléphoné afin d’assurer une publicité au film, même si cela impliquait d’inaugurer une machine à laver en retour (elle est allée jusqu’à accepter un rendez-vous dans un café avec un gentleman qui lui a offert des panneaux publicitaires en échange). Kiran a dû consacrer moins de temps à Azad – et je sais à quel point elle détestait cela – pour promouvoir le film.

Lorsqu’on s’est vus pour cette interview un mardi matin de juin dans sa demeure de Bandra, nous avons d’abord éclaté de rire. « Anand, tu vas « m’interviewer », toi ? » a-telle dit en pouffant de rire. Les formalités nous semblaient quelque peu ridicules à tel point qu’elle a été surprise par ma ponctualité. Azad a été conduit dans sa chambre accompagné de son fidèle destrier Imli, le yorkshire. Nous sommes accroupis sur le tapis de son bureau, pendant que le plateau de sandwichs (faits avec le pesto de sa ville natale) et de thé nous est amené. Alors que nous riions de la situation, puisque nous savions tous les deux qu’il s’agissait là d’une rare opportunité pour nous de partager une conversation cadrée et rationalisée - mes questions suivies de ses réponses – au lieu de nos habituels échanges animés. J’avais l’intention de la questionner sur des tas de choses, y compris ce nouveau projet dont elle ne parlait pas...

Lors de sa sortie, Ship of Theseus était projeté dans 32 villes. Kiran a accompli cela.

Anand Gandhi : Quelle est ton idée de la maison ? Kiran Rao : J’ai quitté la maison (à Calcutta) à l’âge de 18 ans et j’ai vécu un peu partout depuis. J’ai toujours eu l’idée d’une maison mouvante, où tous les lieux seraient mon foyer. Mais Bombay m’est particulièrement cher. C’est devenu l’endroit où je souhaite revenir, la maison à laquelle rentrer. ► BOLLY&CO MAGAZINE

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P PRESSE

AG : Je t’ai vu te sentir complètement chez toi avec des gens très divers. Comment trouves-tu cette aisance ? KR : Je crois que, d’une certaine manière, nous sommes constitués de la même façon. Si tu vois les choses sous cet angle, tu trouveras forcément des choses en l’autre que tu partages. Je n’ai jamais essayé cela avec une personne dont les idées sont l’opposé des miennes – avec une personne de droite, par exemple – mais je suis sûre que je le pourrais. AG : Comment trouves-tu ton équilibre entre le fait d’être à la fois une personne avec des idées fortes et une personnalité publique qui doit quelque peu entrer dans une case ? KR : J’ai appris à m’exprimer avec une certaine retenue et un certain tact, ce que je ne savais pas faire il y a de cela quelques années. Avec l’âge, j’ai réalisé que souvent, les gens sont naïvement induits en erreur par leurs convictions (je ne peux pas croire que tant de gens soient foncièrement mauvais). C’est important d’investir le maximum de points de vue. A partir du moment où tu vas fermer la porte au milieu d’une conversation, ce sera le début de la fin pour l’humanité. AG : Le fait d’avoir étudié à Jamia (Millia Islamia, une prestigieuse université de Delhi) a-t-il influencé la manière dont tu t’engages aujourd’hui ? KR : J’étais naïve et mal informée politiquement parce que j’ai grandi en plein Bengale communiste, où nous avions conscience du fait que nous étions tous égaux en droits. Bien sûr, la grande pauvreté et de profondes inégalités existaient, mais nous avions également conscience que ce n’était pas normal. J’étais une socialiste née. J’ai finalement pris conscience que ce n’était pas naturel lorsque je suis allée étudier à


Jamia, où j’ai été amenée à échanger sur diverses visions politiques. C’était pour moi une douce introduction au monde qui m’entoure.

« Aamir, durant ses piques de travail, rentre pour dire bonjour alors qu’il se rend à la salle de sport. Ils s’embrassent tendrement. Il souhaite qu’elle voit le montage final de son dernier film, P.K. Quand il part, elle m’avoue qu’ils sont tous les deux « super-excités et superterrifiés » à la perspective de ce nouveau projet. » KR : Il y avait un truc particulièrement intéressant à Jamia ; c’était notre introduction à la fabrication de films à travers une politique sexuelle. Une bonne partie de nos professeurs étaient des activistes, certains des activistes gays, qui nous ont fait découvrir des films qui ne faisaient pas partie de notre programme d’études. La plupart d’entre nous n’avions vu que des films de Bollywood, et là, nous visionnions du Kenneth Anger et du Derek Jarman, du Tarkowski et du Eisenstein – et cela nous a ouvert au dialogue et la réflexion. C’était une période excitante pour moi intellectuellement parlant. AG : En combien de temps es-tu passée de Jamia à ton poste d’assistant-réalisateur pour Lagaan ? KR : Je suis arrivée à Bombay un mois après l’obtention de mon diplôme et je me suis retrouvée à réparer le bureau de Subhash Ghai (rires)... Je n’étais même pas venue pour le rencontrer ! Inutile de dire que je ne l’ai pas sollicité. Mais j’ai été engagée sur Lagaan en deux semaines. Honnêtement, je n’étais absolument pas préparée à l’industrie du film et à son fonctionnement. Lorsque je revois des films que j’ai pu faire à Jamia, ils étaient bâclés, atrocement mauvais et manquaient cruellement d’ambition. AG : Alors comment ton engagement dans le travail de fiction s’est-il fait ?

KR : J’ai toujours été intéressée par le théâtre. J’adorais jouer et diriger depuis l’école. C’était le fait de raconter des histoires qui m’a donné envie de faire de l’art. J’ai étudié l’économie dans le but de travailler dans le secteur du développement, mais à la fin, j’ai décidé que je ferai ce qui me plaisait vraiment plutôt que ce qu’il serait plus sage de faire. AG : Tu étais une enfant bavarde ? KR : Trop, même. Je m’en sortais durant mes études universitaires et je n’étais pas malveillante, mais j’étais un moulin à paroles, un peu clown sur les bords. Tout a changé quand je suis devenue adolescente – j’ai commencé à être plus mal dans ma peau. AG : Dans quel sens ? KR : J’ai toujours été un garçon manqué. Et cela même si je suis allée dans une école de filles. Je n’ai jamais été timide ou discrète au contact des garçons. Après, à 15 ou 16 ans, une amie très proche s’est radicalement féminisée : elle a commencé à changer de style vestimentaire puis a changé de comportement avec les garçons. Je me suis sentie abandonnée et perdue parce que je n’avais jamais remarqué ces distinctions entre les sexes. AG : Et maintenant ? KR : Je suis exactement la même personne. J’ai le sentiment de ne pas avoir de genre. Je ressens une profonde sympathie et je suis touchée par les femmes, mais être une femme ne fait pas de moi une représentante de la cause féminine. Je suis démontée quand les gens me demandent si je subis du sexisme du fait d’être une femme réalisatrice. Je n’y ai jamais été confrontée. Peut-être que j’ai juste eu de la chance, mais mon cerveau ne peut se contenter de cette explication. AG : Comment toutes ces expériences de vie ont joué un rôle dans la création de Dhobi Ghat (DG) ? Je me souviens avoir été intrigué par la façon dont tu as exploré Bombay, à la fois familière et surprenante. KR : DG a émergé de mon engagement dans la vie de la cité et de mon intérêt pour la manière dont les humains vivent par ►

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différentes attaches les mêmes choses – l’amour, la tolérance, la compréhension de soi, le sentiment d’appartenance. Cela représentait pour moi toutes les choses pour lesquelles je lutte chaque jour. Pour des personnages comme Munna (un laveur de vêtements) et Yasmin (une jeune femme au foyer esseulée) – je n’avais aucune expérience à tirer de ma vie pour les construire, mais j’ai toujours voulu comprendre pourquoi certaines personnes endurent des expériences de vie difficiles, en dépendant des attentes d’autres humains, privés de tant de droits et de privilèges que j’aurai tendance à considérer comme acquis. AG : De quelle manière l’industrie du film a-t-elle changé depuis ton arrivée à Bombay ? KR : Il y a effectivement une plus grande place pour d’autres genres de films que lorsque je suis arrivée en 1998. Je ne connaissais personne avec qui parler de cinéma à l’époque. Peut-être Ashim (Ahluwalia). Le changement a été long mais salvateur. Il y a un goût grandissant pour le communautarisme chez ces gens qui font du cinéma noncommercial. Je ne pense pas qu’on puisse parler de mouvement ou de vague, mais il y a nettement plus de films que je pourrai aller voir aujourd’hui, clairement. AG : Que penses-tu du journalisme cinématographique en Inde ? KR : Je ne pense pas qu’il existe de journalisme spécialiste en la matière à l’heure actuelle. Les gens écrivent sur le cinéma mais pas de façon informative et consistante – c’est le phénomène du Vendredi au Vendredi. Et je ne blâme pas les critiques car ce n’est pas comme si on leur donnait des films consistants sur lesquels rédiger. AG : D’accord, ton prochain projet – c’est un truc énorme, n’est-ce pas ? Que peux-tu nous dire à ce sujet ? KR : C’est ma tentative de comprendre comment on tend à rationaliser les inégalités auxquelles on est confrontés, la violence qui va avec et qu’on engendre en quelque sorte, notre façon de voir et pourquoi nous ne tentons pas de développer l’empathie que nous devrions ressentir dans ces conditions. 036

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Le projet sur lequel je travaille actuellement exploite tous mes ‘keedas’ (désirs en hindi, ndlr). Plus j’y pense, moins j’ai envie de me limiter aux moyens que le cinéma nous donne aujourd’hui. J’aimerais explorer le théâtre, et proposer une œuvre expérimentale. AG : Tous les films que tu as soutenu, aussi divers soient-ils, ont marché. KR : Le mérite revient grandement à Aamir parce qu’il est capable de faire la promotion du projet le plus invendable possible. Je ne suis pas une productrice née – un producteur doit toujours s’inquiéter de la faisabilité de ses projets et je ne suis pas la personne la plus pragmatique qui soit. Mon instinct ne me permet pas de gagner de l’argent, d’habitude ; mais il me procure du plaisir. Cela dit, je n’aime des projets que très très rarement – cela n’arrive pas très souvent. AG : Quel effet a eu Azad sur ton travail ? KR : Je savoure tellement la maternité que je n’ai pas fait d’effort particulier pour commencer à travailler à une date définie. Mais j’ai trouvé une façon plus organique de travailler – je me réserve plusieurs heures par jour pour écrire, lorsqu’il est endormi ou à l’école. Azad m’a vraiment aidé à trouver mon rythme et j’espère que cela se ressentira dans mon travail.

« Aamir revient de l’entraînement. Ils s’embrassent. Il veut savoir de quoi nous parlons. » AG : Nous parlions justement de toi... disnous ce que tu aimes dans le cerveau de Kiran ? Aamir Khan : Son cerveau ? Pourquoi je ne peux pas parler de son corps ? J’aime ses yeux, son sourire, ses traits de manière... KR : C’est leur parution intello’, chéri. AK : (Rires) Ce que je trouve extrêmement attirant à propos de son esprit, c’est sa façon de voir les choses extrêmement indépendante. Elle n’a pas besoin d’être assurée, rassurée ou promue. Elle est toujours claire sur ses objectifs, ses goûts et ses dégoûts. C’est très, très sexy. ▲



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the new face

Rajkummar Rao PAR ASMAE

Loin de lui l’idée de devenir le prochain Shahrukh Khan !

me suis décidé à devenir acteur, à tel point que je n’ai jamais songé à une carrière alternative. »

Rajkummar Rao est plutôt de la trempe de Naseeruddin Shah et Pankaj Kapur, acteur discret mais respecté. On ne parle pas de ses aventures dans les médias ni du budget pharaonique de ses projets. Rajkummar préfère miser sur son seul talent. A l’image de Nawazuddin Siddiqui et Huma Qureshi, l’acteur a su s’imposer comme l’un des jeunes acteurs les plus polyvalents de sa génération, enchaînant les films d’art et les blockbusters sans jamais tomber dans la facilité.

En 2010, il répond à une annonce du cinéaste Dibakar Banerjee et est sélectionné pour faire partie de la distribution de Love Sex Aur Dhokha, produit par Ekta Kapoor. L’œuvre reçoit un accueil critique dithyrambique, et permet surtout à Rajkummar de se faire remarquer.

Chez Bolly & Co’, nous vous proposons de revenir sur le parcours de ce comédien en tous points atypique... Après avoir été diplômé du prestigieux Institut du Film & de la Télévision de Pune en 2008, Rajkummar Rao court les castings à la recherche du rôle qui lancera sa carrière. Son physique quelconque, loin des standards actuels à base de muscles à gogo, lui ferme quelques portes. « J’ai

été recalé à certaines auditions pour les raisons les plus ridicules qui soient comme ‘vous n’avez pas le teint assez clair’ ou ‘vos sourcils ne correspondent pas au rôle’ ! » Pour autant, son passage à l’institut l’encourage à poursuivre sa voie : «

J’ai commencé le théâtre à l’école, mais c’est seulement après être passé par l’Institut de Pune que je

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« Je

savais qu’en jouant dans ce film, les gens n’allaient pas scander mon nom dans les rues. Mais si j’y participais, vu qu’il s’agissait du film de Dibakar, des réalisateurs allaient le visionner et se rendre compte de mon potentiel. Heureusement pour moi ; Anurag Kashyap, Bejoy Nambiar et Reema Kagti font partie des cinéastes à l’avoir vu et à m’avoir remarqué. » Un an plus tard, il est le héros de Ragini MMS, un film d’horreur filmé en caméra subjective à la manière de Paranormal Activity dans lequel il donne la réplique à Kainaz Motiwala. Dans ce rôle négatif, il excelle et prouve déjà que rien ne lui fait peur. La même année, Bejoy Nambiar le dirige pour Shaitan, dans lequel il incarne un inspecteur de police. S’il signe l’un des rôles principaux du film Gangs of Wasseypur, son personnage verra son importance nettement réduite dans le montage final. Pour autant, l’acteur s’est investi dans ce projet réalisé par Anurag Kashyap et a visité Wasseypur ►



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pour s’en imprégner et incarner son rôle avec justesse. Dans Chittagong, il prend les traits de Lokenath Bal, un militant pour l’indépendance de l’Inde qui a suivi le mouvement initié par l’activiste Surya Sen en 1930. Dans Talaash, il donne la réplique à Aamir Khan dans la peau d’un sous-officier. Malgré un temps de présence limité, il prouve qu’il n’a nullement besoin d’être mis en valeur par un scénario pour littéralement crever l’écran.

2013 sera l’année de la consécration pour l’acteur. Il est d’abord l’une des vedettes du film Kai Po Che ! avec Amit Sadh et Sushant Singh Rajput. « D’une certaine manière,

Kai Po Che ! a marqué un tournant dans ma carrière parce que j’étais sur les affiches du film. Et je pense qu’au sein de notre industrie, c’est très important de figurer sur les affiches.» Kai Po Che ! donne surtout une plus large visibilité à Rajkummar, que l’on ne voit plus uniquement comme un acteur d’arrière-plan. Sa prestation dans le métrage lui vaudra d’ailleurs une nomination pour le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Masculin.

La même année, il bouleverse dans le drame Shahid, dans lequel il incarne Shahid Azmi, un avocat défenseur des droits des musulmans assassiné en 2010. L’acteur s’est grandement impliqué dans la préparation de ce rôle, soucieux de rendre justice au grand homme qu’était Shahid Azmi. « J’ai

passé un temps considérable avec sa famille, particulièrement son frère. Il m’a aidé à comprendre pourquoi Shahid faisait ce qu’il faisait. » Il livre une performance colossale dans cette œuvre de Hansal Mehta et reçoit non seulement le prix du jury aux Filmfare Awards, mais surtout le National Award du Meilleur Acteur. ►

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En 2014, il est d’abord à l’affiche de l’acclamé Queen, avec Kangana Ranaut. Il y incarne Vijay, le fiancé lâche de Rani qui, peu avant leurs épousailles, éconduit la jeune femme. En homme velléitaire et égocentré, il incarne à travers son personnage le machisme de la société indienne, qui implique que le sacrifice et le compromis soient le monopole de la femme. Dans un rôle plutôt ingrat, il s’en sort avec les honneurs et donne beaucoup d’humanité et de nuance à Vijay, pour mieux servir le cheminement de Rani. Il retrouve ensuite Hansal Mehta pour le drame CityLights. Dans ce film, il campe un père de famille valeureux à la recherche d’une vie meilleure, quittant son Rajasthan natal pour Mumbai. Il fait de nouveau l’unanimité dans ce métrage fort et bouleversant. Cette année, il figurait dans la comédie Dolly Ki Doli, pour laquelle il incarne l’une des cibles de la ‘serial mariée’ Sonam Kapoor. Dans un rôle déluré et très éloigné de son registre très sobre et réaliste, il se révèle comme étant l’élément le plus convaincant du casting dans un film relativement pauvre sur le plan scénaristique. Plus tard, il campait le mari de Vidya Balan dans le drame romantique Hamari Adhuri Kahani, avec également Emraan Hashmi. A propos de son rôle, il explique que son personnage Hari « représente cette

partie de la société où les hommes pensent que les femmes sont leur propriété. Cela ne veut pas dire qu’ils soient incapables de les aimer, mais leur façon de le démontrer est très différente. » Rajkummar Rao a cheminé en tant qu’acteur et a selon lui changé sa perception de la comédie. « Au départ, pour moi, être acteur signifiait casser la figure de 10 mecs tout en ayant la classe. Maintenant, c’est devenu pour moi un art méditatif ». Il est désormais indéniable que l’industrie hindi ne pourra plus se passer de cet interprète phénoménal, à la fois audacieux et humble dans ses choix.

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Quels secrets concernant Rajkummar Rao De son vrai nom Rajkumar Yadav, il adopte le nom de scène ‘Rao’ dès 2014. Il a remporté une médaille d’or en Taekwondo. Si vous le croyez mauvais danseur, sachez qu’il a démarré sa carrière sur scène en tant que danseur. Il a touché un cachet de 16 000 roupies pour son premier film, Love Sex Aur Dhokha, soit l’équivalent de 225 euros. Il est en couple avec Anwita Paul alias Patralekha, sa partenaire dans le film CityLights.

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PHOTOGRAPHIE PAR : TARUN VISHWA

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Aamir Khan : Son parcours, à la ville comme à l’écran. PAR ASMAE

Aamir Khan est une légende vivante. Il incarne un cinéma vif et engagé, qui ne perd pourtant rien de sa fonction divertissante. Ses rôles sont souvent audacieux, parfois quelques peu alambiqués, mais ils ont le mérite d’amener des vents nouveaux au sein de l’industrie hindi. Loin des romances contrariées et des films d’action bourrins, la filmographie d’Aamir Khan témoigne de son goût pour le risque, pour l’inconnu. Même lorsqu’il suit un sillage plus commercial, ses personnages impliquent de vrais enjeux, aussi bien scénaristique qu’en terme de préparation physique. En cela, il est souvent considéré comme le pendant indien de Tom Hanks, à la recherche de projets qui l’amèneront là où personne n’a osé aller avant lui. Aamir Khan est un saltimbanque, à l’image du personnage qu’il incarne dans Dhoom 3. Tel un acrobate, il virevolte d’une histoire à l’autre avec des rôles de haut vol, parfois au risque de chuter. Mais Aamir est également un équilibriste, en capacité de maintenir le quotient populaire de ses films tout en leur insufflant une véritable intelligence.

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1991 1988

Qayamat Se Qayamat Tak lance sa carrière en 1988, dans une relecture indienne de Roméo et Juliette. Le métrage fait un tabac et vaut à Aamir le Filmfare Award du Meilleur Espoir Masculin. Pour autant, Aamir admet avoir fait de mauvais choix, s’être lancé dans des projets sans vraiment y donner du sens. Le succès de son premier métrage lui a donné l’opportunité de signer des œuvres cultes comme Raakh et Dil mais l’a également amené à essuyer quelques écueils comme Love Love Love et Tum Mere Ho. Il dit avoir beaucoup appris de ses erreurs de jugement, ce qui ne l’empêchera pas de rafler une mention spéciale aux National Awards, le pays voyant déjà en lui l’acteur démentiel qu’il est sur le point de devenir. Il enchaîne ainsi les projets et s’impose comme l’incarnation du héros attachant, celui que les jeunes filles voudraient présenter à leurs parents, que les garçons aimeraient avoir pour ami, que les pères aimeraient avoir pour fils...

Pourtant, on décèle très tôt en lui ce goût pour l’inédit, cette envie d’aller plus loin et de camper des personnages à la psychologie plus approfondie.

Il est un journaliste intéressé dans la romance Dil Hai Ki Manta Nahin, remake non-officiel du classique américain New-York Miami.

1992 Il est le valeureux cycliste du drame de sport Jo Jeeta Wohi Sikandar.

1993 On le retrouve dans la peau d’un jeune entrepreneur ayant la charge de ses neveux orphelins dans le film familial Hum Hain Rahi Pyar Ke.

1994 Il est le cupide compagnon de Salman Khan dans la comédie culte Andaz Apna Apna.

1995 Il incarne l’ami modeste de la star Urmila Matondkar dans la comédie dramatique Rangeela. C’est d’ailleurs l’année 1995 qui signe un virage notable dans la carrière de l’acteur. Il choisit des films plus forts, assez éloignés des histoires d’amour romanesques qui font légion à Bollywood dans les années 1990. Il est tantôt un inspecteur de police en lutte contre la corruption dans Baazi, tantôt un père célibataire et musicien dans Akele Hum Akele Tum. Aamir Khan est d’ailleurs moins productif qu’à ses débuts, préférant miser sur la qualité plutôt que sur la quantité. ► BOLLY&CO MAGAZINE

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1996 Il est à l’affiche de Raja Hindustani, une romance entre un humble chauffeur de taxi et une riche héritière. Face à Karisma Kapoor, il excelle en jeune homme de condition modeste décontenancé par la vie faste et opulente de celle qu’il aime. A travers ce rôle, il prouve qu’il est en capacité de satisfaire l’audience populaire dans le cadre d’une trame des plus basiques tout en s’essayant à un rôle vif, portant en lui un vrai message sur la société du paraître incarnée par la bourgeoisie indienne. Sa prestation fait des ravages et lui permet de remporter le Filmfare Award du Meilleur Acteur. Il aime l’idée de se rapprocher du public qui a fait de lui un phénomène. Il souhaite leur raconter des histoires dans lesquels ils pourront se projeter, en campant des rôles proches d’eux, qui leur ressemblent. Ainsi, Aamir devient l’incarnation du gosse des rues, du garçon pauvre qui a gravi les échelons sans mettre en péril son sens des valeurs.

1997 Il persiste et signe dans ce registre avec la romance Ishq, où il est l’amoureux pauvre de la fortunée Madhu, alias Juhi Chawla.

1998 Il joue un champion de boxe dans Ghulam, avec la jeune Rani Mukerji. La même année, il tourne sous la direction de la réalisatrice indocanadienne Deepa Mehta pour le drame Earth. Il y est Dil Navaz, un vendeur de sucreries charmeur en pleine année 1947, durant laquelle les oppositions entre communautés religieuses font rage.

1999 Il est le flic anti-terroriste de Sarfarosh pour ensuite camper l’amant entier de Mann, version indienne du film hollywoodien Elle et Lui.

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2000 Il incarne un acteur de théâtre dans Mela, avec Twinkle Khanna.

2001 Il signe un projet dans lequel personne ne croit : Lagaan. Après avoir été rejeté par Shahrukh Khan et Abhishek Bachchan, le rôle de Bhuvan sera ainsi finalement campé par Aamir, qui produira également l’œuvre. Le tournage fut éprouvant pour l’acteur, qui devra se passer de son confort habituel. Il prendra plus d’une année, Aamir s’impliquant également dans les aspects techniques de l’œuvre. Ce film au budget colossal souffrira d’abord de la concurrence de Gadar : Ek Prem Katha lors de sa sortie avant de bénéficier des retours positifs de la presse internationale. Aamir recevra son second Filmfare Award du Meilleur Acteur. Surtout, Lagaan sera nommé aux Oscars dans la catégorie du Meilleur Film Étranger.

Il devient de plus en plus minutieux dans les rôles qu’il sélectionne, soucieux qu’ils recouvrent un enjeu artistique fort en plus de porter un message intelligible. Avec la romance chorale Dil Chahta Hai, il illustre les difficultés de gérer les sentiments amoureux et de les comprendre. Il faut ensuite attendre 2005 avant de le retrouver à l’écran dans Mangal Pandey : The Rising, aux côtés de Rani Mukerji et Ameesha Patel. Il prend les traits de Pandey, qui a mené la révolte des cipayes de 1857 contre l’armée britannique. Dans la peau de ce héros national mort en martyr, Aamir Khan est littéralement exceptionnel et prouve surtout sa capacité à porter des personnages bouleversants sans jamais tomber dans le misérabilisme.


2006 Il porte le message des héros de l’indépendance dans un film brillant : Rang De Basanti. En jeune ingrat qui ne se soucie pas de la situation de son pays, il excelle sans jamais être ridicule malgré ses 41 ans. Il prend également les traits du héros historique Chandra Shekhar Azad pour ce métrage, où son personnage réalise le rôle de ces figures emblématiques de l’Histoire indienne à travers la perte de leur propre ami soldat. Aamir remportera le prix du jury aux Filmfare Awards et Rang De Basanti sera pressenti pour le BAFTA Award du Meilleur Film Étranger. La même année, il prouve qu’il n’a rien perdu de son charme d’indian lover dans un rôle aux multiples facettes. Il donne la réplique à Kajol dans le drame romantique Fanaa, réalisé par Kunal Kohli. En antihéros troublant, Aamir est aussi séduisant que rebutant. En insurgé du Cachemire, il livre un discours influent plus tard développé par le film Haider et démontre qu’il peut s’imposer en ‘entertainer’ sans pour autant mettre de côté le sens et la pertinence de ses œuvres.

2007 Aamir Khan se dépasse à tous les niveaux avec un projet : Taare Zameen Par. Amole Gupte dirigera l’œuvre durant les premiers jours de tournage, mais le résultat ne conviendra pas à Aamir, qui produit également le métrage. Soucieux de mener le projet jusqu’à son terme, Amole proposera la casquette de cinéaste à Aamir Khan afin qu’il puisse restituer sa vision de l’intrigue avec justesse. Cette tendre histoire portant sur un enfant dyslexique doutant de ses capacités touchera l’Inde entière, allant jusqu’à remettre en question l’éducation spécialisée du pays dans son fonctionnement alors précaire. Aamir remportera le Filmfare Award du Meilleur Réalisateur ainsi qu’un prix aux National Awards en tant que producteur. Rien ne semble arrêter ce bourreau de travail, passionné par le cinéma aussi bien lorsqu’il s’agit de jouer la comédie, d’écrire un scénario que de chanter sur une bandeoriginale. BOLLY&CO MAGAZINE

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2008 Il trouble profondément dans Ghajini, avec la jeune Asin Thottumkal. Remake du film tamoul du même nom, ce pendant hindi tente de gommer les aspérités de l’original. L’acteur du premier film, Surya, encouragera d’ailleurs Aamir à reprendre le rôle de Sanjay. Il campe ainsi un riche homme d’affaires souffrant d’amnésie antérograde suite à l’assassinat de sa compagne, incarnée par Asin. Ghajini est violent, choquant parfois mais a le souci d’être authentique et réaliste, là où la majorité des masala se basent sur une mise en scène grossière et immodérée. Avec ce film, Aamir n’aura jamais été aussi généreux. Il n’a également jamais été aussi marqué physiquement par son personnage. On voit en lui la perdition, la rage et la douleur de Sanjay pour regarder encore plus nettement son amour pour Kalpana. Surtout, Ghajini impose Aamir en véritable héros populaire, le film devenant le métrage le plus rentable de l’histoire du cinéma hindi peu de temps après sa sortie.

Et ce n’est que le début d’une belle histoire entre Aamir Khan et son public, en capacité d’apprécier ses films en en faisant d’incontestables blockbusters. Pourtant, l’acteur admet ne pas se soucier des records d’entrées mais accorder de la valeur sur le plan artistique à ses différents projets.


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2009 Avec 3 Idiots, il frappe un grand coup dans cette comédie dramatique de Rajkumar Hirani. Le film caracolera au sommet du box-office et restera le film le plus rentable de l’industrie pendant 4 ans, avant d’être battu par le film d’action Dhoom 3, avec Aamir lui-même.

Aamir Khan n’a pas de concurrent, qu’il soit direct ou indirect. Il est sa propre compétition, tentant de surpasser les attentes de ses précédents films avec ses nouveaux rôles. Il ne craint pas de s’enlaidir, de suivre un régime drastique ou de subir un entraînement soutenu pour les besoins d’un rôle.

2014 Il enfonce le clou avec PK, qui dépasse les recettes de Dhoom 3 et devient à son tour le film le plus rentable de Bollywood. Lorsqu’il se lance dans un projet, il le fait avec cœur. Il choisit ce qui le touche, ce qui l’émeut au point qu’il ait le souhait d’y contribuer. Son seul souci est de permettre à ses métrages de remplir leurs coûts de production, mais les records ne l’intéressent guère. Engagé, Aamir Khan a le souci de faire évoluer son pays, mais pas seulement à travers son cinéma. En effet, il présente depuis 2012 l’émission Satyamev Jayate, qui fait état de problématiques sociales en Inde comme les infanticides de filles, les abus sexuels sur mineurs, les crimes d’honneur et le système de castes.

Dans son choix de vie également, il suit ce que lui dicte son cœur. Issu d’une famille musulmane, il épouse contre l’avis de ses proches l’hindoue Reena Dutta en 1986, à seulement 21 ans. Ils auront deux enfants : Junaid et Ira. En fin d’année 2002, le couple divorce en bons termes. Dans l’intervalle, il se lie d’amitié avec l’une des assistantes d’Ashutosh Gowariker, Kiran Rao, rencontrée sur le tournage de Lagaan. Ils tombent progressivement amoureux pour se marier en 2005.

2011 Ils deviennent parents d’un petit Azad, né par mère porteuse.

2015 Il devient végétarien, inspiré par son épouse. S’il n’est pas croyant, il dit avoir une spiritualité profonde et respecter toutes les religions du fait de son parcours. Il a d’ailleurs accompagné sa mère Zeenat lors de son pèlerinage à la Mecque.

Au même titre que le personnage qu’il campe dans PK, Aamir Khan est un ovni. C’est une personnalité à part entière, nullement formatée par l’univers factice et superficiel de Bollywood. Sa sincérité est rafraîchissante, même si elle peut égratigner certaines susceptibilités. Il fait clairement office de monument, au même titre que les grands maîtres du septième art indien Guru Dutt et Satyajit Ray. Bref, Aamir Khan est une légende vivante.

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films incontournables de l’acteur PAR ASMAE

Sélectionner 5 films marquants de la filmographie d’Aamir Khan, c’est comme choisir entre un rubis et un saphir: S’ils ont chacun leur beauté, on ne peut dévaluer l’un en faveur de l’autre. La carrière d’Aamir est à elle seule représentative de l’évolution de l’industrie hindi, en diversification perpétuelle et de plus en plus audacieuse. Aamir est une figure emblématique du cinéma indien d’hier et d’aujourd’hui, faisant office de modèle pour de nombreux acteurs de la nouvelle génération. Là où l’aura de Shahrukh et le pouvoir fédérateur de Salman impressionnent, c’est la polyvalence d’Aamir qui inspire le respect du public d’Inde et d’ailleurs. Bolly & Co vous offre ainsi une sélection, bien évidemment non exhaustive et forcément réductrice, des 5 films de l’acteur qui nous ont le plus impressionné...

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Q AYA M AT S E Q AYA M AT TA K Sorti en 1988 Réalisé par Mansoor Khan Avec Juhi Chawla

S’il existe un pendant indien de l’œuvre Shakespearienne Roméo et Juliette, c’est bien QSQT. Ce film lance d’ailleurs les carrières d’Aamir et Juhi, tous deux lauréats par la suite du Filmfare Award du Meilleur Espoir. Le film voit éclore deux stars en puissance ainsi qu’un duo absolument charmant. Aamir remportera d’ailleurs une mention spéciale aux National Awards pour sa prestation. Mais en quoi QSQT sort-il du lot ? Parce qu’il a chamboulé les codes du cinéma hindi des années 1980. Ce drame romantique a rencontré un succès considérable au box-office, marquant la fin des œuvres violentes et criardes de cette décennie. Dans sa musique composée par le duo Anand-Milind, QSQT impose les complaintes et ballades comme les nouvelles tendances à suivre, réduisant les chansons disco au rang des kitcheries oubliées. Surtout, avec QSQT, Aamir Khan s’impose comme le nouveau fantasme des indiennes. Il est jeune et met au tapis Amitabh Bachchan et Mithun Chakraborty. Ses yeux clairs et son dynamisme en font un véritable sex-symbol, et il devient très vite le héros romantique par excellence.

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Sorti en 1990 Réalisé par Indra Kumar Avec Madhuri Dixit C’est la décennie durant laquelle Indra Kumar est le cinéaste le plus productif de Bollywood. Ses collaboration avec Aamir Khan résulteront régulièrement en succès commerciaux et d’estime, comme Ishq (sorti en 1997 avec Juhi Chawla et Kajol) et Mann (avec Manisha Koirala et Sharmila Tagore). En 1990, ils travaillent ensemble sur un film dont la trame ressemble à s’y méprendre à celle de Qayamat Se Qayamat Tak : Dil. Pourtant, ce drame romantique possède sa propre identité. Là où le film de Mansoor Khan se voulait délicat et poétique, celui d’Indra Kumar est bien plus vif et intensif. Le personnage de Raja, campé par Aamir, passe par différentes phases : l’immaturité lorsqu’il taquine Madhu, la prise de responsabilité lorsqu’il l’épouse malgré l’opposition de leurs familles et qu’il travaille sur un chantier pour subvenir à ses besoins, la désolation lorsqu’elle l’abandonne à son sort et qu’il plonge dans l’alcool pour noyer sa souffrance... Les protagonistes sont ici poussés à bout, à coups de retournements de situation et de chantages odieux. On y évoque les relations inter-castes à travers l’histoire de Raja et Madhu, avec une psychologie des héros bien plus travaillée que dans l’œuvre plutôt sage et fidèle de Mansoor Khan. Si Dil ne vaudra aucun trophée à Aamir, il demeure un de ses films les plus populaires auprès de l’audience.

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R A J A H I N D U S TA N I Sorti en 1996 Réalisé par Dharmesh Darshan Avec Karisma Kapoor

Aamir Khan fait partie de ces acteurs à vouloir incarner des personnages auxquels le peuple pourra s’identifier. A travers le rôle de Raja dans Raja Hindustani, il leur vend du rêve dans cette romance entre un chauffeur de taxi orphelin et une riche héritière, campée par Karisma Kapoor. Mais pourquoi ce film fait selon nous partie des œuvres incontournables de la carrière d’Aamir Khan ? Parce que Raja Hindustani est un de ces films qui ont marqué une transition dans la façon de faire du cinéma. En effet, la scène du baiser entre Aamir et Karisma a d’abord provoqué l’indignation des puritains locaux, avant de devenir un véritable argument marketing de l’oeuvre. Aussi, on a droit avec ce film à un personnage de femme forte et déterminée, qui tombe amoureuse d’un homme indépendamment de son statut social. Lorsqu’elle décide d’épouser Raja, elle ne le fait pas en catimini. Le personnage de Raja est également intéressant : il se refuse à rentrer dans le moule que tente de lui imposer sa belle-famille et demeure fidèle à lui-même, à celui dont sa femme s’est éprise. Ce film est un hymne à l’amour pur et véritable, une ode aux relations sincères qui pourraient être polluées par le pouvoir d’une société trop manichéenne, qui a tendance à vouloir placer les êtres dans des cases. Raja Hindustani n’est pas qu’une romance de Bollywood, c’est un film fascinant sur les liens qui unissent les hommes les uns aux autres et la force de ceux-ci. Aamir et Karisma remporteront respectivement les Filmfare Awards du Meilleur Acteur et de la Meilleure Actrice pour leurs prestations de haut vol. 054

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RANG DE BASANTI Sorti en 2006 Réalisé par Rakeysh Omprakash Mehra Avec Siddharth, Sharman Joshi, Alice Patten, Kunal Kapoor, Soha Ali Khan, Atul Kulkarni et R. Madhavan

Ce qui est admirable avec Rang De Basanti, c’est qu’il est à la fois divertissant et travaillé. C’est une œuvre qui nous fait réfléchir sur le monde qui nous entoure, sur ses petites joies et ses grandes peines, ses humbles victoires et ses profondes injustices. On ressort du visionnage de ce film transformé, avec un œil tout neuf sur notre environnement. Le cinéma de Rakeysh Omprakash Mehra a ce pouvoir là. Il peut parfois être inégal, mais il ne se contente pas de nous distraire durant deux heures de bobine. Il tend à muer en nous quelques certitudes établies pour nous pousser à voir le monde différemment, avec plus de devoir et de conscience. Avec Rang De Basanti, il offre à Aamir Khan un rôle de composition : celui d’un homme en pleine vingtaine qui, par immaturité, ne perçoit pas la situation de son pays. Aamir a 40 ans au moment du tournage, et est entouré d’acteurs plus jeunes que lui. Pourtant, on voit DJ en lui et on ne remet jamais en cause l’incarnation du comédien, saisissante de réalisme. Nommé aux BAFTA Awards pour le trophée du Meilleur Film Étranger, cette œuvre contestataire mais jamais larmoyante constitue un de ces films d’Aamir à ne surtout pas manquer pour sa fraîcheur, son audace et son efficacité. L’acteur remportera d’ailleurs un prix du jury lors des Filmfare Awards pour ce qui restera un de ses meilleurs rôles.

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3 IDIOTS Sorti en 2009 Réalisé par Rajkumar Hirani Avec Kareena Kapoor, Sharman Joshi, R.Madhavan, Boman Irani et Omi Vaidya On a là LE film indien le plus rentable de l’histoire. Nombreux sont les films à avoir tenté de battre son record, en vain... Bon, si, Dhoom 3 a fini par y arriver, mais c’est un film d’Aamir, n’est-ce pas ? Ce qui est unique concernant 3 Idiots, c’est que ce n’est pas un film commercial, une œuvre de masse comme peuvent l’être les grosses productions de Salman ou de Shahrukh. Le phénomène 3 Idiots est tel qu’un remake chinois a été annoncé, avec des rumeurs concernant une version tournée à Hollywood. Aamir Khan y campe un étudiant geek aux côtés de Sharman Joshi et R. Madhavan. 3 Idiots fait partie de ces films qui vous touchent au plus profond de votre âme, qui vous font autant rire que pleurer, aussi bien danser que penser. 3 Idiots est un film transgénérationnel, qui parle aux grands et aux petits, aux riches et aux pauvres, aux simplets et aux intellectuels. C’est probablement ce qui explique ses recettes hallucinantes et son statut d’œuvre culte, 5 ans à peine après sa sortie. 3 Idiots remportera 6 Filmfare Awards dont celui du Meilleur Film, avec une nomination pour la récompense du Meilleur Acteur pour Aamir.

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chansons pour illustrer sa carrière

PAR ASMAE Lorsqu’il débute sa carrière en 1988, on découvre en Aamir un jeune homme plutôt frêle physiquement, mais à la présence déjà palpable : on le perçoit alors comme la parfaite incarnation de l’indian lover. Pourtant, il cédera vite cette casquette à ses collègues Shahrukh et Salman pour devenir devenir l’un des acteurs les plus polyvalents de l’industrie hindi. Entre drame et thriller, en passant par la comédie et le film de sport ; rien n’arrête Aamir. Et celui qu’on surnomme le Perfectionniste a prouvé sa minutie dans tous les éléments de ses œuvres. Il tient à contribuer à l’écriture de ses personnages, au montage de l’œuvre et apporte sa touche jusque dans les démarches promotionnelles de ses projets. On ressent ainsi la patte « Aamir Khan » jusque dans la musique. C’est pourquoi, chez Bolly & Co, nous vous proposons 4 chansons, ni plus ni moins, qui sont selon nous représentatives de la créativité de l’acteur... 058

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2 1 4 3 « Pehla Nasha »

de Jo Jeeta Wohi Sikandar (1992)

Cette chanson composée par le duo JatinLalit est incontournable à bien des égards. C’est d’abord le premier film de Bollywood à exploiter le ralenti dans une de ses séquences chantées, une technique qui sera depuis réutilisée régulièrement dans les productions hindi. Chantée en duo par Udit Narayan et Sadhana Sargam, cette scène musicale propulsera surtout Aamir au rang de star grâce à ce morceau devenu un hymne à l’amour, au même titre que peut l’être « Tum Hi Ho » aujourd’hui.

« Mitwa »

de Lagaan (2001)

Lagaan est un film culte. Déjà, c’est l’un des rares films indiens à avoir été nommé aux Oscars. Ensuite, il s’agit du projet le plus ambitieux de la carrière d’Aamir Khan. C’est également sur le tournage de ce film qu’il a rencontré son épouse, Kiran Rao. Oscillant entre œuvre historique et divertissement de sport, Lagaan est une pépite du cinéma indien. La musique de A.R. Rahman respecte l’atmosphère unique de ce film d’Ashutosh Gowariker. On retiendra « Mitwa » qui vaudra à son interprète Udit Narayan le trophée du Meilleur Chanteur, à juste titre. Aamir Khan raflera quant à lui le Filmfare Award du Meilleur Acteur. Surtout, avec Lagaan, Aamir se fait plus rare, il choisit ses projets avec plus de minutie avec le souci de ne jamais se répéter. Il sera absent des écrans pendant 4 ans avant de revenir en 2005 avec Mangal Pandey : The Rising.

« Aati Kya Khandala » de Ghulam (1998)

Dans Ghulam, Aamir donne la réplique à une jeune actrice méconnue à l’époque : Rani Mukerji, qui deviendra une star quelques mois plus tard avec Kuch Kuch Hota Hai. Si Ghulam ne rencontre qu’un succès modéré au box-office, il affirme la volonté d’Aamir de se renouveler dans des styles variés et inattendus. Il surprend jusqu’à poser sa voix sur ce titre, qui lui vaudra une nomination pour le Filmfare Award du Meilleur Chanteur, face à des pointures en la matière comme Kumar Sanu et Udit Narayan. Composé par JatinLalit, le titre fera l’objet d’une référence dans un film que vous connaissez tous : La Famille Indienne.

« Guzaarish » de Ghajini (2008)

Cette année-là, Aamir Khan a 43 ans. Après l’œuvre minimaliste Taare Zameen Par qu’il a réalisé, on le retrouve dans un masala populaire. Un choix qui surprend, mais que l’on comprend vite après le visionnage : Ghajini est un thriller psychologique de haute volée, loin des pompes à fric auxquelles on peut s’attendre dans un genre pareil. Pour ce rôle, il a suivi un entraînement intensif et a surtout investi son personnage avec conviction. Ghajini fait partie de ces films qui bouleversent, son histoire comme sa musique. Composée par A.R. Rahman, on a droit avec « Guzaarish » à un morceau aussi intense que romantique. Un film qui consolide le mythe d’Aamir Khan, qui deviendra le plus gros succès de l’histoire lors de sa sortie, pour ensuite voir son record battu par trois autres films de l’acteur : 3 Idiots et Dhoom 3 et PK.

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Plagiat ou Inspiration? PAR FATIMA ZAHRA Qu’on appelle ceci de l’inspiration ou du simple plagiat, ce n’est un secret pour personne que l’industrie cinématographique hindi, dit Bollywood, trouve souvent (et un peu trop) son inspiration de films, romans et même séries télévisées venus d’ailleurs. Que ce soit dans le style, quelques éléments de fond, ou même les poses, plusieurs affiches de films indiens frappent le public par leur manque d’originalité. Bolly&Co vous en a concocté quelques exemples, plus ou moins connus, et c’est à vous de juger !

▲ Rowdy Rathore / The Replacement Killers : Sorti en 2012, le film d’Akshay Kumar et Sonakshi Sinha fut un véritable succès en Inde. Mais bien avant sa sortie, ce masala signé Prabhu Deva n’a pas cessé de faire parler de lui pour le manque d’originalité dont a fait preuve son first look. Le premier poster du film était une copie crachée de l’affiche du film The Remplacement Killers, sorti en 1998.

◄ Mausam / Titanic : L’histoire d’amour de Rose et Jack Dawson dans le film Titanic est si classique qu’il est presque impossible de la recréer dans un autre film. Même si le but du film Mausam, avec Shahid Kapoor et Sonam Kapoor dans les rôles principaux, n’était pas d’essayer de le faire, les affiches des deux films sont étroitement similaires. En effet, le style et la pose qu’arborent Sonam et Shahid pour le poster de leur film rappellent facilement le look que James Cameron a choisi pour l’affiche de Titanic. 060

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◄ Ghajini / Hulk : PK n’est pas le premier film d’Aamir Khan accusé de plagiat. En effet, en 2008, quand la première affiche du film Ghajini est sortie, elle a fait la une du fait de sa ressemblance frappante avec l’affiche du film Hulk, avec Edward Norton.

▼ Kites / N’oublie jamais

▲ Anjaana ► Ek Villain Anjaani / Une / Sexy Dance éducation BOLLY&CO MAGAZINE

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▲ Happy New Year / Cash : Parfois, il suffit de piocher dans les affiches d’anciens films indiens sans avoir à chercher son inspiration plus loin. C’est bien ce que la réalisatrice Farah Khan a fait pour son dernier film Happy New Year. Le premier poster réalisé il y a plusieurs mois n’a pas fait parler de lui parce que le film réunissait enfin Farah et son héros préféré Shahrukh Khan. Non, le sujet de discussion des fans était surtout la similarité foudroyante entre cette affiche et celle du film Cash, sorti en 2007 avec Ajay Devgan et un groupe d’autres acteurs. Le principe étant le même, la boîte de production Red Chillies n’a fait que jouer un peu plus sur les couleurs !

▲ Aashiq Banaya Aapne / 3-Iron :

▲ Ra.One / Batman Begins : 062

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L’affiche de la comédie romantique Aashiq Banaya Aapne sortie en 2005 est considérée comme la copie stricto sensu de l’affiche du film coréen 3-Iron sorti à peine une année plus tôt, 2004.


▼ Murder 2 / Antichrist et Bad Guy : Le film Murder 2 avec Emraan Hashmi et Jacqueline Fernandez n’a pas été accusé de plagier une affiche de film, mais deux, et de deux films différents ! Le premier était Antichrist, un film Danois sorti en 2009, et le second le film coréen Bad Guy.

▲ Creature 3D / Jeepers Creepers Le film de Bipasha Basu, bien que prometteur, n’a pas pu attirer énormément d’attention depuis son annonce il y a quelques années. Cependant, à l’instant où son poster est sorti, toutes les langues n’ont pas cessé de parler des points communs qu’avait cette affiche avec celle du film d’horreur de 2001, Jeepers Creepers.

◄ Hulchul / Mariage à la Grecque BOLLY&CO MAGAZINE

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▼ O Teri / Very Bad Cops

▲ Hisss / King Arthur ▲ Heroine / Les Derniers Flamants de Bombay Le film de Kareena Kapoor a non seulement été accusé de reprendre le shoot de la chanteuse américaine Mariah Carey, mais aussi la couverture du roman Les Derniers Flamants de Bombay de l’écrivain Siddharth Dhanvant, sorti en 2009

Les industries du sud n’échappent pas à cette situation, car il se trouve que de plus en plus d’affiches de films issues des autres industries cinématographiques indiennes s’inspirent profondément de sources internationales.

◄ Kaththi / 3 Days to Kill 064

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▼ Gangster (de Mammoothy) / Pizza 2-Villa

▲ Kaththi / the words

▲ Peruchazi / Publicité : Wallstreet English :

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Richa Chadda Swara Bhaskar

PAR ASMAE


Voilà deux visages que vous connaissez très probablement, mais dont les noms vous échappent encore... Pourtant, elles incarnent toutes les deux le Bollywood contemporain, loin du faste et du surréaliste du cinéma ‘mainstream’ de Yash Raj Films ou Dharma Productions. L’une est devenue la muse d’Anurag Kashyap, l’autre la mascotte d’Anand L. Rai. Richa Chadda et Swara Bhaskar ont, depuis leurs débuts, pris le parti de surprendre et d’oser. Car malgré la suprématie médiatique de Deepika Padukone et Priyanka Chopra, l’industrie hindi s’appuie principalement sur ces actrices émergentes qui, par leur audace, s’orientent vers des œuvres plus engagées et marquées de messages forts. Ceux sont elles qui ont ouvert la voie à des films comme Kahaani, Queen et Piku ; en permettant à des actrices ‘bankable’ de jouer des rôles plus intelligibles. Bolly & Co’ vous propose de revenir sur les parcours respectifs de Richa Chadda et Swara Bhaskar... ►

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Richa Chadda Après une carrière de mannequin, Richa Chadda fait ses premières armes en tant qu’actrice au théâtre. Elle jouera dans plusieurs pièces en Inde et au Pakistan avant de suivre une formation en arts dramatiques auprès du renommé Barry John, qui a enseigné à de grands noms comme Shahrukh Khan, Manoj Bajpai et Freida Pinto. En 2008, elle fait ses débuts au cinéma dans un rôle secondaire pour la comédie Oye Lucky Lucky Oye, avec Abhay Deol et Paresh Rawal. Dans cette réalisation de Dibakar Banerjee, elle fait déjà preuve d’une aisance remarquable face à la caméra. Il faut ensuite attendre 2010 pour la retrouver dans la comédie satirique Benny Aur Babloo avec Kay Kay Menon et Rajpal Yadav, dans laquelle sa prestation reçoit un accueil positif. Mais sa rencontre artistique avec le cinéaste Anurag Kashyap sonne comme le tournant de sa carrière. En effet, il lui offre l’un des rôles principaux de son diptyque Gangs of Wasseypur, sorti en 2012. Le métrage sera projeté au Festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs et donnera à Richa une plus grande visibilité sur son travail d’interprète. Nommée pour le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin, elle reçoit à cette occasion le trophée de la Meilleure Actrice selon la critique. Le prix lui est remis par son partenaire à l’écran Manoj Bajpai, qui la présente comme « celle qui deviendra l’une des plus grandes actrices du pays d’ici les 20 prochaines années ». Forte de son succès, elle signe de nombreux projets et prouve ainsi sa polyvalence. En 2013, elle incarne une femme gangster dans la comédie Fukrey, qui lui permet de remporter le Screen Award de la Meilleure Prestation dans un rôle comique. La même année, elle campe Rasila, la belle-sœur veuve de Leela dans la réalisation de Sanjay Leela Bhansali, Goliyon Ki Raasleela – Ram Leela. Elle prouve ainsi qu’elle peut exceller même dans un rôle plus discret et sans nécessairement être en tête d’affiche. Elle sera pressentie pour la récompense du Meilleur Second Rôle Féminin aux Screen Awards, IIFA Awards et Star Guild Awards. En 2014, elle campe une sulfureuse criminelle dans Tamanchey, avec Nikhil Dwivedi. Elle joue ensuite sous la direction de Mira Nair dans le film d’anthologie Words of Gods, projeté au Festival International du Film de Venise. Elle donnait aussi la réplique à Anil Kapoor dans la série indienne 24, diffusée sur Colors TV.

CELLE QUI PORTE Cette année, elle a ébloui Cannes dans le film dramatique Masaan, une co-production franco-indienne de Neeraj Ghaywan. Présenté dans la catégorie Un Certain regard, le métrage offre à Richa une couverture médiatique internationale. Elle fera la promotion de l’œuvre sur le plateau du Grand Journal et sera également interviewée par le magasine Elle France. Ainsi, Richa s’impose comme le nouveau visage d’un cinéma indien plus tellurique, moins aseptisé qu’à l’accoutumée. BOLLY&CO MAGAZINE

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Swara Bhaskar Swara a également débuté la comédie au théâtre, au sein de la troupe de N.K. Sharma ‘Act One’. Elle fait ensuite ses débuts au cinéma dans Madholal Keep Walking, une œuvre noire dirigée par Jai Tank. En 2010, elle tient un second rôle dans le film de Sanjay Leela Bhansali, Guzaarish, avec Hrithik Roshan et Aishwarya Rai Bachchan. Elle est par la suite à l’affiche de The Untitled Kartik Krishnan Project, où l’histoire d’un apprenti réalisateur qui voit fiction et réalité s’entremêler. En 2011, Swara attire pourtant réellement l’attention des spectateurs avec la comédie romantique Tanu Weds Manu de Anand L. Rai, dans laquelle elle campe Payal, la meilleure amie raisonnable de l’impulsive Tanu, incarnée par Kangana Ranaut. Elle reçoit une nomination pour le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin et remporte le Zee Cine Award dans cette même catégorie. Elle tient ensuite un petit rôle dans le film pour enfants Chillar Party, produit par Salman Khan. En 2013, elle est l’héroïne de l’intéressant Listen... Amaya. Elle y incarne la fille de Leela, ayant du mal à accepter sa relation avec Jayant. Dans un rôle sensible, la jeune femme excelle et donne la réplique sans sourciller aux légendes Deepti Naval et Farooq Shaikh. Elle est ensuite à l’affiche de Aurangzeb, un thriller haletant produit par Aditya Chopra avec Arjun Kapoor. Elle prend ici les traits de Suman, l’épouse du flic campé par Prithviraj. Elle retrouve ensuite le cinéaste qui l’a révélée au grand jour pour Raanjhanaa, un drame romantique avec Dhanush et Sonam Kapoor. Dans la peau de Bindiya, l’amie d’enfance du héros, elle excelle et reçoit une seconde nomination pour le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin. Dans cette catégorie, elle est la lauréate de son deuxième Zee Cine Award, mais également d’un Screen Award. Dans Machhil Jal Ki Rani Hai, elle est cette épouse heureuse à l’origine d’un accident mortel qui la hante. En 2015, elle reprend le rôle qui a fait sa gloire dans Tanu Weds Manu Returns, devenu l’un des succès surprise de l’année.

CELLE QUI SUPPORTE Depuis ses débuts, Swara a pris le parti de miser sur la qualité. Elle hérite effectivement souvent de rôles de second plan, mais ceux-ci lui offrent des personnages originaux et différents. Swara Bhaskar fait partie de cette nouvelle génération d’actrices secondaires qui marquent bien plus que les ‘héroïnes de masse’. A l’image de Supriya Pathak, Swara Bhaskar sait que sans rôles secondaires, tout scénario s’effondre. BOLLY&CO MAGAZINE

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PA R I N E E T I CHOPRA l’incontestée

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s on t -e l l e s ? PAR ASMAE

Depuis leurs débuts, où en sont Parineeti Chopra et Alia Bhatt ?

Si elles appartiennent à la même génération d’acteurs, tout semblait opposer ces deux jeunes femmes. La première, cousine de la star Priyanka Chopra, fait ses débuts dans une romcom plutôt modeste où elle ne tient qu’un second rôle : Ladies V/S Ricky Bahl. La seconde, fille du cinéaste Mahesh Bhatt, est lancée en grandes pompes dans la réalisation de l’incontournable Karan Johar : Student of The Year. Pourtant, c’est Parineeti qui fait forte impression alors qu’Alia reçoit un accueil plus mitigé. Mais depuis, les deux vedettes ont enchaîné les projets et ont évolué sous les yeux des spectateurs d’Inde et d’ailleurs. Chez Bolly & Co’, nous vous proposons d’analyser leurs carrières respectives pour mieux déterminer leur transformation artistique...

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Née à Ambala le 22 octobre 1988 au sein d’une famille punjabi, Parineeti nourrit l’ambition de devenir banquière. A 17 ans, elle part pour Londres afin d’y poursuivre des études d’économie. Très proche de sa cousine Priyanka, cette dernière profite d’une visite des studios Yash Raj en 2009 pour présenter Parineeti au service des relations publiques de la bannière. Quelques temps plus tard, Parineeti y devient consultante. Et alors qu’elle accompagne le cinéaste Maneesh Sharma dans les campagnes promotionnelles de son film Band Baaja Baaraat, la jeune femme voue un intérêt grandissant au métier d’acteur et décide de quitter son emploi pour intégrer une école de comédie. Convaincu par son potentiel, Maneesh Sharma lui demandera de jouer la comédie « pour le fun », avant de montrer les images à Aditya Chopra. Charmé par la comédienne, il lui propose un contrat de trois films au sein de la maison de production Yash Raj. C’est ainsi qu’on retrouve Parineeti dans la seconde réalisation de Maneesh, Ladies V/S Ricky Bahl. Sorti en 2011, le métrage met clairement en vedette Ranveer Singh et Anushka Sharma, tandis que Parineeti y tient un rôle de second plan. Pourtant, c’est elle qui attire tous les regards. Elle fera sensation jusqu’à la cérémonie des Filmfare Awards, durant laquelle elle reçoit le prix du Meilleur Espoir Féminin ainsi qu’une nomination dans la catégorie ‘Meilleur Second Rôle’.


Sa carrière est lancée, Parineeti devient la nouvelle ‘Golden Girl’ de Bollywood. En 2012, elle enfonce le clou avec probablement l’un des drames romantiques les plus réussis de ces dernières années en Inde : Ishaqzaade, dans lequel elle donne la réplique au jeune Arjun Kapoor. Leur alchimie est électrique, la musique d’Amit Trivedi est mémorable, la réalisation d’Habib Faisal est précise et le jeu de Parineeti est absolument exceptionnel. Nommée pour le Filmfare Award de la Meilleure Actrice, la consécration arrive lors des National Awards, qui lui délivrent une mention spéciale pour sa prestation de haut vol. Un an plus tard, c’est avec Shuddh Desi Romance qu’elle s’impose, en recevant sa seconde nomination pour la récompense de la Meilleure Actrice aux Filmfare Awards. Surtout, elle consolide son statut d’espoir solide de Bollywood. En 2014, elle était à l’affiche de trois films très attendus : Hasee Toh Phasee, Daawat-E-Ishq et Kill Dil. Cependant, ses prestations ont un effet plus discret sur le public car cette année-là, Parineeti Chopra est éclipsée des projecteurs par une autre comédienne..

ALIA B H AT T la décriée Née le 15 mars 1993 du cinéaste Mahesh Bhatt et de l’actrice Soni Razdan, Alia Bhatt est ce qu’on appelle une enfant de la balle. En 1999, elle a juste 6 ans lorsqu’elle incarne le rôle de Preity Zinta enfant dans Sangharsh. Alia veut devenir actrice, elle le sait depuis toujours. Elle rêve de faire carrière en accompagnant son père sur les plateaux de tournage et en regardant les films de sa mère. En 2010, c’est une Alia potelée qui passe l’audition pour Student of the Year. Elle danse sur la chanson « Bahara » du film I Hate Luv Storys. Karan Johar est séduit, car il a vu en Alia sa Shanaya, l’héroïne de Student of the Year. Elle perd du poids pour mieux s’imprégner du rôle, et

accessoirement mieux porter le bikini jaune qu’on lui imposera dans le film. Sorti en 2012, l’œuvre fait un tabac au box-office. Cependant, Alia ne sort pas gagnante de cette expérience. Shanaya n’a en effet que peu d’espace à tenir dans le métrage et l’actrice ne convainc pas dans la peau de cette fille sophistiquée et sûre d’elle. Trop enfantine, pas assez solide, Alia ne marque pas les esprits. Si elle ne sort aucun film en 2013, elle écorne malgré elle son image en apparaissant dans le talk-show Koffee With Karan. Lors du quiz de l’émission, ses erreurs en font la risée du net, qui la moque sans ménagement. On ne voit plus en Alia qu’une cruche écervelée, en occultant le fait qu’elle soit avant tout comédienne. Pourtant, la jeune femme se jouera volontiers de cette image, notamment à travers la vidéo Genius of the Year, qui fera un véritable buzz. Alia prouve ainsi qu’elle a l’intelligence des plus grands, capable de rire d’elle-même en toute humilité et de se remettre en question pour mieux rebondir. Elle tient sa revanche en 2014 avec un film unique en son genre : Highway. Réalisé par Imtiaz Ali, le métrage illustre Alia dans un univers à l’opposé de sa première expérience au cinéma. Car Highway lui permet de se libérer, d’être enfin naturelle face à la caméra, sans être encombrée par des décors imposants, des tenues de créateurs et des chansons tapageuses. Highway lui donne l’espace d’exprimer tout son potentiel, refoulé pour le commercial Student of the Year. On y découvre une Alia forte, investie et sincère, certes maladroite mais tellement touchante. Elle ne délivre pas une prestation maîtrisée, et ce n’est pas ce qu’on lui demande. Elle laisse parler sa vulnérabilité et bouleverse jusqu’à la grande Shabana Azmi. Nommée pour le Filmfare Award de la Meilleure Actrice, elle remporte le prix du jury lors de la prestigieuse cérémonie, sous les yeux de sa maman et de son mentor, Karan Johar. La même année, elle est à l’affiche de deux productions de Karan : 2 States avec Arjun Kapoor, adaptation du livre du même nom écrit par Chetan Bhagat et Humpty Sharma Ki Dulhania face à Varun Dhawan, comédie romantique de Shashank Khaitan. Dans ►

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ces deux films, elle incarne la femme indienne dans toute sa splendeur, aussi glamour que gracieuse, aussi douce que battante. En 2014, Alia démontre également de sa polyvalence, notamment en posant sa voix sur deux titres tirés de ses films : « Sooha Saa » de Highway et « Samjhawan » de Humpty Sharma Ki Dulhania. Actrice reconnue et chanteuse appréciée, Alia Bhatt promet de conquérir un peu plus Bollywood avec ses prochains projets. Après la sortie de Shaandaar, elle retrouvera Shahid Kapoor dans le très attendu Udta Punjab, avec également Kareena Kapoor Khan et Diljit Dosanjh.

EN CONCLUSION Si Parineeti a clairement démarré sa carrière sur les chapeaux de roue en devenant la chouchoute du public de ses débuts à 2013, l’année 2014 était celle d’Alia Bhatt qui est parvenue à inverser la tendance en charmant toute l’industrie qui la moquait.

Chacune à leur façon, chacune avec leur style et leur identité, elles ont réussi à marquer les indiens et semblent devenir peu à peu les nouveaux visages du Bollywood actuel. Ainsi, Bolly & Co’ vous propose d’explorer les films de ces deux étoiles à travers leurs critiques. ▲

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C CRITIQUE

D A AWAT- E - I S H Q PAR ASMAE

En septembre 2014, la nouvelle égérie de Yash Raj Parineeti Chopra sort un nouveau film avec la bannière qui l’a révélé : Daawat-E-Ishq. Réalisé par Habib Faisal à qui l’on doit notamment le formidable Ishaqzaade, ce film était des plus attendus du fait des précédentes œuvres de son cinéaste. Avec Daawat-E-Ishq, il nous promet une romance savoureuse au sens propre comme au sens figuré. On s’attend à une comédie sentimentale plutôt légère, loin de l’intense et poignant Ishaqzaade. Surtout, Daawat-E-Ishq semble revenir aux fondamentaux de la boîte de production Yash Raj ; à coups de décors colorés, de tenues chatoyantes et de musiques folkloriques. Pourtant, l’œuvre délivre un véritable message de fond en passant par une romance à la construction clairement commerciale.

Mais la mayonnaise prend-t-elle ? Daawat-E-Ishq se déguste-il aussi facilement que les plats qu’il met en valeur ? Ou le résultat final est-il en réalité plutôt indigeste ?

Gulrez Qadir (Parineeti Chopra) est employée dans une boutique de chaussures et rêve de devenir designer. Elle vit seule avec son père Abdul Qadir (Anupam Kher). Si une loi prohibe la dot, il n’en demeure pas moins qu’elle est toujours exigée par les familles de prétendants potentiels. Si Gulrez a des rêves plein la tête, son père est beaucoup plus pessimiste quant à l’avenir de sa fille. En effet, du fait de ses faibles revenus, il ne peut assurer une dot suffisante afin de lui garantir un bon mariage. Résignée, elle songe à mener une vie de célibat suite à un énième rejet. C’est alors que le sympathique Tariq Haider (Aditya Roy Kapur) entre en jeu pour mieux chambouler les certitudes de Gulrez. Réaliser une comédie romantique en se basant sur la question controversée de la dot, c’est un pari risqué ! Habib Faisal nous a cependant prouvé par le passé qu’il n’aimait pas la facilité. Avec l’histoire pourtant classique de son précédent métrage Ishaqzaade, il utilisait des sentiers narratifs plutôt inattendus pour nous raconter cette tragédie romantique à la Roméo et Juliette. Pour Daawat-E-Ishq, il retrouve la talentueuse Parineeti Chopra et travaille ►

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avec le prometteur Aditya Roy Kapur. Ils font tous les deux partie des grands espoirs de l’industrie hindi et se donnent la réplique pour la première fois. Force est de constater qu’Aditya s’est métamorphosé pour entrer dans la peau de Tariq. Il est loin, le rockeur mélancolique d’Aashiqui 2 !

Il incarne ici un rôle léger et souriant et s’éloigne ainsi de l’image sombre de ses précédents personnages. Il s’en sort sans faillir mais sans non plus nous éblouir. Il hérite en effet d’un protagoniste plutôt conventionnel, celui de l’amant entier et naïf. On voit en lui le parfait ‘indian lover’, le garçon peu éduqué mais au grand cœur. Si le schéma est déjà vu, on apprécie tout de même le message de l’œuvre à travers Tariq : ce n’est pas le niveau d’études, la culture et le salaire de la personne qui font sa valeur. Tariq incarne le héros indien dans toute sa splendeur : valeureux et droit, qui s’insurge contre la tradition tout en étant respectueux de ses aînés. On lui ajoute une pointe de fantaisie avec ses tenues bariolées et son anglais approximatif, ce qui contribue à donner un vrai charme à Tariq. Mais malheureusement pour Aditya, la vraie star du film, c’est Parineeti Chopra. En effet, la jeune cousine de Priyanka hérite d’un rôle fort, même si on a parfois une impression de réchauffé. Dans la lignée de nombre de ses précédents personnages, Gulrez est une jeune fille au caractère bien trempé, naturelle, indépendante et déterminée. On a déjà vu cela en Parineeti dans les films Ishaqzaade, Shuddh Desi Romance et Hasee Toh Phasee. On peut ainsi regretter que l’actrice commence à s’enliser dans un genre bien défini, là où elle a le potentiel de tenir des rôles très différents. Mais vu qu’elle est à l’aise, elle ne déçoit pas dans Daawat-E-Ishq. C’est un registre confortable pour elle, elle sait comment interpréter Gulrez et avec quelle justesse le faire. Parineeti ne prend pas de risques et

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cela suffit. Cette fille a une présence incroyable et, même dans un rôle caricatural, elle parviendrait à émouvoir le spectateur. Ainsi, Gulrez est aussi têtue qu’attachante. Cependant, elle aurait pu devenir une véritable tête-à-claques. Grâce à la fraîcheur de Parineeti, on échappe à la catastrophe et on accompagne de bon cœur les aventures de cette jeune fille malheureuse en amour qui décide de ne plus laisser des traditions archaïques régenter son avenir. Anupam Kher est particulièrement touchant en gentil papa de Gulrez. Il tient une place majeure dans l’intrigue, à la fois soutien et conscience de l’héroïne. Anupam ne sort pas de son registre habituel, on a affaire à un expert en matière de paternel doux et chaleureux. Ce qui touche chez Abdul Qadir, c’est sa peur. Il ne s’épanouit jamais par peur. Peur du regard que la société portera sur lui. Peur pour l’avenir de sa fille. Peur de se perdre. Peur d’être heureux... Il partage une relation attendrissante avec sa fille : ils s’apportent mutuellement l’un l’autre et se soutiennent dans toutes les étapes de leur vie. Gulrez est le roc de son père quand ce dernier a toujours tout fait pour lui assurer un futur solide.

La relation qui lie ce père et sa fille constitue l’un des atouts principaux de l’intrigue de Daawat-E-Ishq. C’est une relation saine dans laquelle Gulrez aime et respecte profondément son père sans jamais le craindre. Anupam Kher prouve ainsi qu’il est clairement l’incarnation du papa au grand cœur dans toute sa splendeur. Avec Daawat-E-Ishq, l’acteur de télévision Karan Wahi fait ses débuts au cinéma. Il tient là un rôle plutôt mineur : celui du petitami sympathique mais tristement lâche. Il est mignon, incarne son personnage avec conviction mais n’a guère d’espace pour démontrer d’un réel potentiel. C’est regrettable car ce jeune homme est une véritable bête de scène : acteur, danseur et animateur ; il s’est forgé ►


C CRITIQUE


une popularité notable sur le petit écran et aurait mérité des débuts plus marquants à Bollywood. Dans Daawat-E-Ishq, on l’oublie vite avant de le retrouver, non sans plaisir, à la fin de l’œuvre comme pour donner une lueur d’espoir sur la nature de son personnage. Mais en tant que fan du jeune homme, je n’ai pu qu’être déçue par l’insignifiance du rôle attribué à Karan. Il réunit une base d’admirateurs importante, et s’il avait tenu une plus grande place aussi bien dans l’intrigue que dans la promotion de l’œuvre, nul doute que Daawat-E-Ishq aurait rencontré un véritable succès. La mise en scène est plutôt convenue, on s’éloigne clairement du souci de réalisme d’Habib Faisal dans ses œuvres précédentes : Daawat-E-Ishq entre clairement dans les codes de la romcom Yash Raj. C’est vif, stimulant visuellement, musical et quelque peu doucereux, et on ne va pas s’en plaindre ! On peut cependant regretter de ne pas reconnaître le cinéaste derrière ce film à la fabrication plus classique, là où Habib Faisal pouvait s’imprégner dans ses prises de vue de la monotonie dans Do Dooni Chaar et d’une brutalité à l’atmosphère tellurique dans Ishaqzaade. On a le sentiment qu’il s’oublie un peu pour faire plaisir à son producteur. Si le résultat est plutôt agréable, il ne ressemble guère au travail de coutume plus fini du cinéaste. La fabrication de cette œuvre est plutôt classique et exploite des détours narratifs bien connus.

Mais cela n’enlève rien à la qualité de ce film en définitive réussi. Dans une interview datant de novembre 2014, Parineeti Chopra déclarait que Daawat-E-Ishq aurait trouvé son public avec un autre casting. Selon elle, l’audience attendait le duo qu’elle formait avec Aditya Roy Kapur dans une romance plus moderne et dynamique. Je dois dire que, sur ce point, je ne suis pas d’accord avec elle. En effet, une distribution jeune doitelle être cantonnée aux films dits « modernes », à coups de micro-shorts, de chansons électro’ et de bisous langoureux ?

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La force de Daawat-E-Ishq, c’est d’être à la fois engagé et vertueux. C’est un film ancré dans son époque, une œuvre aussi colorée et divertissante que mature et intelligente. Alors effectivement, peut-être que le public indien des multiplexes a été déstabilisé par ce film à mi-chemin entre le conservatisme des œuvres des années 1990 et le culot de notre ère dans sa thématique. Mais Daawat-E-Ishq est une bonne illustration de ce que le cinéma indien devrait être : le miroir d’une Inde vive et cosmopolite, avec ses atouts comme ses fragilités tout en demeurant une œuvre artistique et divertissante. Pourquoi les jeunes acteurs devraient nécessairement faire des films pour les jeunes ? Après tout, Shahrukh jouait les jeunots dans Om Shanti Om alors qu’il avait déjà 42 ans au moment du tournage. Et Anupam Kher campait un sexagénaire dans Saaransh, du haut de ses 28 ans. La capacité d’un acteur, c’est justement d’aller exactement là où on ne l’attend pas.


De paraître jeune même s’il est déjà vieux. De s’occidentaliser quand il est clairement typé. De jouer un danseur quand il ne sait pas mettre un pied devant l’autre. Ce qui me fait vibrer au cinéma, c’est l’effet de surprise. Découvrir un acteur que j’admire dans un registre inédit, dans un rôle différent et éloigné de sa personne... Là est la véritable magie du cinéma : nous vendre l’improbable. C’est selon moi un tort de la part de Parineeti de croire qu’elle aurait dû choisir un projet plus convenu, là où Daawat-E-Ishq lui offrait un joli métrage qui ressort du reste de sa filmographie. S’il a ses défauts, c’est un film qui m’a marqué par son aplomb et son dynamisme. Pourtant, on a tout de même une impression d’incomplétude après avoir vu Daawat-E-Ishq. Un goût d’inachevé, comme si le cinéaste ne savait pas comment conclure son intrigue.

Si la narration tient la route durant une bonne partie du film, sa conclusion est plus expédiée, presque baclée comparée au reste de l’œuvre. On a le sentiment au final qu’Habib Faisal a souhaité terminer rapidement son histoire sur un ‘happy end’ sans vraiment réfléchir à sa cohérence. Peut-être que cette partie du métrage aurait mérité plus de réflexion et de travail. On a le sentiment que les choses vont soudainement trop vite pour nous. Pour ma part, c’est clairement le véritable défaut de Daawat-E-Ishq. Alors que le film avait une véritable finesse dans son propos, il la perd à l’aune de son dénouement avec une scène conclusive forcée, manquant d’âme et de saveur là où le reste de l’œuvre n’en manquait pas. On peut en tout cas saluer le travail d’Himman Dhamija dans la photographie, saisissante d’éclat et de vitalité. L’image discerne aussi bien les couleurs du quartier populaire de Lucknow que les saveurs des plats délectables concoctés par Tariq. Dans Daawat-E-Ishq, la nourriture tient d’ailleurs une place importance. Elle est le fil conducteur de la relation entre Tariq et Gulrez, le jeune homme joue d’ailleurs de son don pour la

cuisine afin de séduire sa belle. C’est leur intérêt commun pour les bons petits plats qui lie les deux jeunes gens et qui fait oublier à Gulrez ses réticences initiales. La cuisine de Tariq est à son image : franche, surprenante et généreuse. S’il comble d’abord l’estomac de Gulrez, il finit par conquérir son cœur. En tant que femme, c’est particulièrement jouissif de voir un homme s’atteler avec autant d’affection aux fourneaux pour satisfaire sa bien-aimée ! Un élément essentiel d’un bon film indien populaire : sa musique. Pour Daawat-E-Ishq, Habib Faisal fait appel au duo Sajid-Wajid. Avec cet album, ils nous offrent une musique dans l’atmosphère du long-métrage : typique et mélodieuse. Pourtant, les sons semblent plutôt fades sur CD, et prennent tout leur sens et tout leur relief lorsqu’ils s’accompagnent des prises de vue d’Habib Faisal. Il existe une vraie connexion entre la bandeoriginale et le film duquel elle est issue. Le morceau fort de l’album est la chanson titre interprétée par Javed Ali et Sunidhi Chauhan. La ballade « Mannat » nous permet quant à elle de retrouver le désormais trop rare Sonu Nigam, avec Shreya Ghoshal. Cette dernière participe également à la chanson conclusive « Rangreli » en duo avec Wajid. Si « Jaadu Tone Waaliyan » apporte une dose d’intensité à la BO, « Shayarana » constitue la touche moderne de la bande-son avec la voix de Shalmali Kholgade.

en conclusion Daawat-E-Ishq ne fait pas partie de ces films qui vous combleront si vous êtes un lover de première. Ce n’est pas le romantisme qui domine dans cette production Yash Raj. ► BOLLY&CO MAGAZINE

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en conclusion Mais malgré sa fin hâtive, Daawat-E-Ishq demeure un divertissement de qualité, aussi vif que soucieux de faire réfléchir. Si vous venez rechercher un Band Baaja Baaraat ou un I Hate Luv Storys, fuyez tant qu’il en est encore temps ! Daawat-E-Ishq est plutôt de la trempe de Shuddh Desi Romance, même s’il possède plus de souffle et d’optimisme que ce dernier. L’objectif est ici de délivrer un message et d’animer les consciences des spectateurs, et tant pis si les papillons dans le ventre ne sont pas au rendez-vous comme devant Dilwale Dulhania Le Jayenge. Le cinéma indien a aussi besoin de films comme Daawat-E-Ishq, là où des œuvres plus commerciales et esquissées comme Kick ou Chennai Express font un tabac au box-office. Il faut regarder ce film pour les bonnes raisons.

En effet, si vous visionnez cette œuvre en espérant une romcom jeune et bon enfant, vous vous êtes trompé de route. Mais ne vous blâmez pas, car il est clair que la maison Yash Raj a fait de vraies erreurs de communication avec ce film, en nous vendant ce à quoi ils nous ont habitué : de la comédie

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sentimentale pure et dure avec la seule vocation de nous faire rêver. L’équipe aurait dû être plus transparente dans sa démarche, en nous vendant ce qu’est Daawat-E-Ishq. En voulant amadouer le spectateur, elle a fini par le perdre puisque le dernier né d’Habib Faisal a fait un bide hélas immérité au box-office. Pourtant, je ne peux que vous encourager à découvrir cette histoire d’amour et d’argent vraiment charmante.

Daawat-E-Ishq vous réconciliera avec le cinéma hindi des années 2000, pudique et musical, tout en rendant compte d’une triste réalité de l’Inde moderne : la dot comme clé de voûte du mariage, alors qu’elle est rendue illégale par la loi indienne. ▲


PA R I N E E T I

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sont-elles ?

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C CRITIQUE

SHUDDH DESI ROMANCE PAR ASMAE

Saviez-vous que le héros de Shuddh Desi Romance devait être Shahid Kapoor ? C’est effectivement lui qui avait initialement signé le projet de Maneesh Sharma, réalisateur du cultissime Band Baaja Baaraat.

Pour les fans de Shahid comme pour les autres, vous allez rapidement comprendre qu’il n’a rien raté. Mais alors VRAIMENT rien raté ! Pourquoi un avis si tranché sur ce qui s’annonçait comme une romcom vive et ancrée dans son folklore ?

Mais alors, que s’est-il passé ? Et bien, il se trouve que le cinéaste a dû décaler à de nombreuses reprises le début du tournage, notamment à cause d’une opération du dos qui lui imposait une longue convalescence. L’acteur, ayant pris d’autres engagements, ne pouvait se libérer pour les dates ultérieures proposées par Maneesh. C’est alors que le jeune Sushant Singh Rajput, révélé en début d’année 2013 avec le brillant Kai Po Che, l’a remplacé au pied levé pour camper le rôle titre de cette « pure romance indienne » comme l’indique son titre. Il y donne la réplique à la ‘Yash Raj Girl’ en chef, la talentueuse Parineeti Chopra. Enfin, Shuddh Desi Romance lance la carrière de la jeune Vaani Kapoor.

Raghu (Sushant Singh Rajput) s’apprête à épouser de manière arrangée Tara (Vaani Kapoor). Après tout, elle est très belle, comment un garçon comme lui aurait pu refuser d’être le mari d’une si jolie fille ? Pourtant, il ne le sait pas encore, mais Raghu est un phobique de l’engagement. Durant toutes les festivités qui précèdent la célébration du mariage, il fait la rencontre de Gayatri (Parineeti Chopra), une jeune femme indépendante et ouverte d’esprit, qui mène sa vie comme elle l’entend sans se soucier des conventions...

Une romance traditionnelle ? Produite par Yash Raj ? Avec la pétillante Parineeti ? Réalisée par Maneesh Sharma ? Mais comment Shahid a-t-il pu passer à côté d’une telle opportunité ? 082

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Sachez-le, le titre de Shuddh Desi Romance est clairement antithétique ! Car SDR n’a rien d’une « pure romance indienne », c’est au contraire une œuvre assez avant-gardiste dans le traitement de son histoire d’amour. Ce qui est réconfortant, c’est qu’on évite l’éternel brouillamini du triangle sentimental sans aucune profondeur. Pourtant, Maneesh Sharma passe à côté du message qu’il veut délivrer : la sacralisation excessive du mariage. En Inde (comme dans beaucoup de pays, d’ailleurs), seul le mariage accrédite une relation entre deux êtres. Le cinéaste ►


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souhaitait prouver que tous les couples ne se soudaient pas dans le mariage. Que cette instance n’était pas nécessaire pour donner de la valeur au lien entre deux personnes qui s’aiment et qui souhaitent passer leur vie ensemble. Il tente de démontrer que le mariage n’est qu’un rite de passage imposé par la religion et surexploité par la tradition afin de contrôler les interactions entre les sexes. Là où, en France, on peut concevoir une relation sans engagement dans le mariage, c’est une notion difficilement envisageable dans un pays comme l’Inde. En témoigne la quête perpétuelle des médias pour fixer le mariage de stars vieillissantes et encore célibataires. Combien de fois a-t-on demandé à Salman Khan quand il comptait se caser ? Cela vaut également pour les stars qui se sont longtemps fréquentées avant de passer le cap du mariage. Kareena Kapoor et Saif Ali Khan n’ont-ils pas vu leur date de mariage annoncée régulièrement par les médias de façon erronée ? Idem pour Rani Mukerji et Aditya Chopra ? Le mariage est culturellement et religieusement considéré comme un passage obligé pour tout un chacun. La société indienne n’y coupe pas et accorde à cette institution une importance colossale, au point de condamner les naissances hors-mariage et les couples en concubinage.

L’intention de Maneesh Sharma est donc d’incriminer ce phénomène: pourquoi le mariage devraitil être un rite de passage imposé par la société ? En quoi aimer quelqu’un et partager sa vie doit-il être formalisé par le mariage ? Mais surtout, en quoi le mariage légitime-t-il et donne-t-il de la valeur à une relation ? On a parfois le sentiment que l’amour ne prend de sens que lorsqu’il est accompagné du mariage. Je vais éviter le débat sur l’importance que l’on accorde à cette instance puisque, de par nos appartenances ethniques, sociales et religieuses ; nous avons tous un avis divergent sur la question. De toute façon, ce n’est pas l’enjeu. J’ai ici uniquement

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le souci de comprendre le message que cherche à véhiculer Maneesh Sharma à travers son métrage. Le fait est que le mariage représente un engagement, et si ce n’est au regard de Dieu, au moins aux yeux de la société et des familles des personnes concernées. On ne se contente plus de partager la compagnie, l’amour et la confiance de l’autre, mais on la lie à nous de manière officielle et pérenne. C’est un pas qui demande du temps, et même de la préparation pour certains.

Se dire que l’on s’engage à rester fidèle et à aimer une seule et même personne pour le restant de ses jours... ça peut faire flipper ! Pourtant, les mariages en Inde s’opèrent comme des transactions commerciales : on lie les individus les uns aux autres en comparant leurs horoscopes, en leur permettant parfois de se parler brièvement pour en conclure qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Les familles préfèrent généralement laisser le reste entre les mains de Dieu, sauf que ça ne marche pas toujours ! Mais être marié, c’est surtout avoir le sentiment d’être coincé, de ne plus avoir le choix ou l’opportunité de se désister. Et c’est ce sentiment qui envahit Raghu tout au long du film : après le mariage, il ne pourra plus s’enfuir ! J’aurais pu complètement adhérer à ce concept, comme je l’avais fait avec un film culte comme 4 mariages et un enterrement (avec Hugh Grant et Andie MacDowell), mais hélas je n’ai pas été charmée par Shuddh Desi Romance. Je sais ce que vous devez vous dire... Que je suis trop puritaine ? Que je souhaitais intérieurement que l’œuvre suive un schéma plus classique, avec une union sacrée en épilogue ? Détrompez-vous, j’aime être surprise, bousculée dans mes convictions et baladée dans des sentiers narratifs inédits. Je n’attends pas systématiquement de scène de mariage, ou même de promesse d’épousailles en conclusion d’une romance. Des films comme Aashiqui 2 et Highway ont su me satisfaire pleinement sur le plan romantique et


émotionnel sans avoir besoin d’y inclure la question du mariage. Ce n’est pas en cela qu’une comédie sentimentale est réussie. C’est dans sa capacité à irradier une certaine magie, même dans un contexte très grave ou terre-à-terre. Je l’ai ressenti dans des métrages sombres comme The Lunchbox et Lootera, des films pourtant très éloignés du doucereux d’œuvres plus traditionalistes telles que Vivah et Kuch Kuch Hota Hai. Le problème de Shuddh Desi Romance ne réside pas dans ce parti pris. En soi, il est louable et appréciable au sein d’une industrie qui a parfois tendance à se répéter. Mais le problème, c’est son traitement à l’écran. La réalisation de Maneesh Sharma manque terriblement de souffle et d’âme. L’artisan de Band Baaja Baaraat semble ne pas avoir su comment mener à bien ce film, et cela se ressent dans son scénario brouillon et ses personnages confus. Maneesh Sharma a réalisé l’une de mes comédies romantiques préférées, à savoir Band Baaja Baaraat. Un an plus tard, il dirigeait une comédie d’arnaque plus classique, Ladies V/S Ricky Bahl, mais qui demeurait au final assez sympathique. Shuddh Desi Romance promettait d’aller plus loin, de bousculer les consciences et de dénoncer l’hypocrisie de la société indienne, friande de modernité dans ses vitrines ou sur ses écrans mais qui y reste hermétique lorsqu’il s’agit de remettre en cause des traditions et croyances archaïques. Le tout était de trouver le bon équilibre entre romance et satire sociale, pour que le résultat soit aussi intelligible que divertissant. Mais le cinéaste n’y parviendra jamais. Car Shuddh Desi Romance semble s’être égaré, perdu entre deux voies : le chemin vers le cinéma ‘mainstream’ et celui des œuvres plus engagées. Le métrage titube entre les genres et les atmosphères pour finalement se casser la figure. Sans ossature stylistique, il propose au spectateur une expérience floue et peu aboutie. Car on ne sait jamais quelle est la vocation de Shuddh Desi Romance. Je peux bien déplorer le fait qu’il ne s’agisse pas, selon moi, d’une comédie romantique du fait de son manque de féerie. Je peux aussi regretter son manque de précision dans sa dimension dénonciatrice.

Mais concrètement, où Maneesh voulait-il en venir ? Quelle était sa démarche ? Dans quel but a-t-il réalisé Shuddh Desi Romance ? Du coup, le problème, c’est qu’en tant que spectateur, on ignore sous quel angle visionner ce film. Et de mon côté, je ne sais pas non plus comment aborder cette critique puisque le genre du film est difficilement définissable. Lorsque j’ai vu les vidéos promotionnelles, j’espérais une comédie romantique. Pour approfondir mon analyse, je vais donc adopter cette perspective. Du coup, le questionnement devient : Shuddh Desi Romance est-il une bonne comédie romantique ? Et même, en estil une réellement ? Il me semble avoir partiellement répondu à cette interrogation précédemment. Si l’on s’attarde sur la nature purement romanesque de l’œuvre, SDR ne remplit pas son contrat. Même dans un contexte réaliste (je pense à des œuvres classiques telles que Qayamat Se Qayamat Tak et Akele Hum Akele Tum ou plus récemment Ishaqzaade et Highway), une romance doit être imbibée de magie et nourrie par l’osmose entre ses deux héros. C’est le principal défaut de ce film, qui manque cruellement de l’un comme de l’autre. Pourtant, ce n’est pas dans son souci de réalisme que Shuddh Desi Romance perd de son charme, mais dans la construction des situations de ses personnages, toutes plus fades les unes que les autres. D’ailleurs, ce n’est pas le fond, le problème, mais la forme.

La mise en scène et l’écriture manquent de souffle, de rythme et de fraîcheur. Le résultat est terriblement terne et soporifique, on ne s’attache à aucun des protagonistes dont les défauts comme les qualités nous agacent plus qu’autre chose. Et vu que le film manque de sens, il manque également d’intention. Là où il tente de ►

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mettre en avant une pratique peu connue mais coutumière en Inde, celle des ‘hired wedding guests’, il rate le coche en nous faisant passer à côté de son propos. Je vous vois venir... c’est quoi, les ‘hired wedding guests’ ? Concrètement, il s’agit d’inviter des inconnus à votre mariage pour lui donner plus de cachet et de prestige, car plus il y a de monde, plus on songera que les époux et leurs familles sont importants. Shuddh Desi Romance traite de ce phénomène particulièrement récurrent au Rajasthan, mais le fait de façon trop esquissée pour qu’il y ait un réel impact sur le spectateur.

Et ce sentiment d’inachevé, d’incomplétude ne nous quitte jamais durant le visionnage. Tout est survolé, des ‘hired wedding guests’ aux personnages eux-mêmes, en passant par les situations et leur contexte. Je me suis régulièrement sentie perdue par l’imprécision de l’œuvre, comme si son écriture en était restée au stade embryonnaire. Il en va de même pour la direction d’acteurs. Une bonne partie de la distribution semble se débattre pour tenter de donner un tant soit peu de souffle à cette histoire, hélas sans grand succès. Parineeti Chopra, d’habitude si lumineuse, peine à faire bonne impression dans ce rôle caricatural de fille libre et indépendante. En effet, Gayatri affirme se refuser au mariage car elle ne veut pas céder aux stigmates de la société qui font de cette tradition l’instance légitimant une relation de couple. Mais au final, il s’avère que la jeune femme est terrorisée par l’engagement, par l’idée de ne plus avoir le contrôle et la maîtrise de ses sentiments. Elle, la jeune femme émancipée et affranchie. Car aimer, c’est bien sympathique. Au début, on tente de ne pas trop se livrer tout en faisant en sorte que l’autre le fasse, comme pour garder la main sur la relation. On se cherche, on se tourne autour, on se teste, avec la conviction que l’on ne cédera pas, tout en attendant de son partenaire qu’il ne suive pas notre exemple. On souhaiterait un compagnon qui nous aime et qui ne s’en cache pas. Mais on se refuse,

par fierté ou par peur du rejet, à dévoiler nos propres émotions. Gayatri s’est enfermée dans ce besoin de mener la barque lorsqu’elle est en couple. Lorsque Raghu se décide à l’épouser, elle sent la situation lui échapper et préfère prendre la fuite plutôt que de perdre le pouvoir. Pourtant, jusqu’au bout, le réalisateur nous la vend comme la femme forte et sûre d’elle qu’elle prétend être au départ, sans chercher à la faire cheminer. J’aurais aimé voir cette vulnérabilité bien plus exploitée chez Gayatri, qui réside en chacun de nous. C’est principalement en cela que le personnage est mal écrit, parce qu’il s’attarde sur la façade de Gayatri au lieu d’explorer son être profond. Tara, incarnée par Vaani Kapoor, constitue le troisième côté cliché du triangle amoureux au cinéma. Effectivement, on a déjà donné à Bollywood en la matière, avec plus ou moins de finesse à travers des œuvres comme Dil To Pagal Hai, Kuch Kuch Hota Hai, Mujhse Dosti Karoge et plus récemment Jab Tak Hai Jaan. Le souci avec Tara, c’est qu’il s’agit d’un hybride entre le panache de Nisha (Karisma Kapoor dans Dil To Pagal Hai), le second degré d’Akira (Anushka Sharma dans Jab Tak Hai Jaan) et le grand cœur d’Anjali (Kajol dans Kuch Kuch Hota Hai). Maneesh Sharma nous concocte un personnage bancal dans sa psychologie, qui prend avec philosophie le fait d’avoir été éconduite mais qui souhaite tout de même s’en venger. Vaani Kapoor fait ce qu’elle peut mais ne parvient pas à marquer le spectateur, étriquée dans un rôle qui ne lui laissait de toute façon aucune place.

La plus grande déception réside dans la prestation de Sushant Singh Rajput, qui avait pourtant une belle prestance dans son premier film, Kai Po Che. Ici, j’ai eu l’impression de voir une version low-cost de Ranveer Singh ; la générosité, le charisme et la personnalité en moins (oui, ça fait beaucoup de moins...). Il hérite du rôle qui devait être initialement campé par Shahid Kapoor. Et bien, vous ne pouvez pas savoir ► BOLLY&CO MAGAZINE

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à quel point je suis heureuse et soulagée que Shahid n’ait finalement pas pu faire ce film ! Le personnage de Raghu est plat, velléitaire, atonique. C’est une énième incarnation du phobique de l’engagement, comme on l’a déjà vu au cinéma de nombreuses fois, sans originalité ni recherche. Surtout, le jeu du comédien manque cruellement de verve, probablement pas aidé par le caractère mollasson de son protagoniste. Shahid aurait certainement eu du mal à s’extirper de ce rôle avec un semblant de présence, portant surtout un costume bien trop petit pour lui. Rishi Kapoor est Goyal, l’organisateur de mariage pour lequel Raghu et Gayatri travaillent, et qui fait surtout office de Cupidon dans l’histoire. L’acteur est comme à son habitude impeccable dans un rôle de second plan qui ne permet pourtant pas d’épargner le spectateur de la déception. En ce qui me concerne, j’ai sincèrement regretté la fin franchement facile de l’œuvre. Je ne dis pas nécessairement qu’il aurait fallu marier Raghu et Gayatri pour me satisfaire. Ça, non ! Mais ce que j’aurais souhaité, c’est que cette conclusion recouvre une explication et une analyse véritables. Ici, la chute est pressée et ne nous donne pas l’occasion de comprendre le choix de Raghu et Gayatri. Deux heures de film pour ça ? On en est au même point ? Ils s’aiment mais ne veulent pas s’engager... Pourquoi ? Je ne trouverai jamais ma réponse... Sur le plan musical, c’est la première fois que Yash Raj sollicite le duo de compositeurs Sachin-Jigar. L’album est à l’image de l’œuvre : décevant. S’il y a quelques bonnes surprises, l’ensemble demeure très brouillon et clairement oubliable. Parmi les points positifs, il y a « Tere Mere Beech Mein », chanté par Sunidhi Chauhan et Mohit Chauhan. Les deux artistes insufflent une vraie fraîcheur à cette savoureuse ballade. Le titre « Gulabi » de Jigar et Priya Saraiya rend superbement hommage à la cité rose Jaipur. Avec « Chanchal Mann Ati Random », on peut au moins apprécier la voix unique de

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Divya Kumar. La chanson titre, portée par par Benny Dayal et Shalmali Kholgade, est sympathique sans pour autant rester en mémoire après le visionnage. Si les influences de la musique folk rajasthani sont présentes, elles ne le sont pas suffisamment pour nous interpeller, comme avait pu le faire l’album de Dor, sorti en 2006 avec Ayesha Takia et Gul Panag.

en conclusion Shuddh Desi Romance manque cruellement de congruence, de cohérence et de dynamisme pour servir son ambitieux propos: dénoncer la fermeture de la société indienne quant aux relations hors-mariage et, au passage, dévoiler les enjeux économiques et sociaux de la célébration des mariages, au delà de ses dimensions religieuse et sentimentale. A côté de cela, SDR n’arrive pas non plus à être une comédie romantique de qualité, la magie ambiante et l’alchimie entre ses acteurs lui faisant atrocement défaut. On retiendra surtout la photographie de Manu Anand, qui met joliment en valeur Jaipur et le Rajasthan sans trop en faire. Pourtant, le souci est bien là : Maneesh Sharma a probablement eu le souci de réaliser un film minimaliste et loin de la grandiloquence légendaire de sa boite de production. Mais il se restreint bien plus sur le plan scénaristique et émotionnel que sur le plan visuel. Je n’ai pas aimé Shuddh Desi Romance car je ne l’ai pas compris. J’ai eu l’impression d’être baladée entre deux genres sans vraiment pouvoir en détecter un concrètement. Parineeti Chopra a reçu une nomination pour le Filmfare Award de la Meilleure Actrice et Vaani Kapoor a remporté celui du Meilleur Espoir Féminin. J’admets ne pas avoir saisi en quoi l’œuvre méritait de telles distinctions. Peut-être que l’Inde a considéré SDR comme un bien grand pas dans les consciences collectives, en témoigne son succès honorable au box-office. Et si je reste coite face au résultat sur bobine, saluons quand même le dessein de Maneesh Sharma et de son équipe...▲


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C CRITIQUE

H I G H WAY PAR ASMAE

Avant 2014, Alia Bhatt était pour moi l’incarnation de la platitude au cinéma. Inexpressive, creuse et de surcroît pistonnée ; je n’attendais rien de cette jeune fille qui n’avait selon moi aucun atout pour faire carrière. J’avais trouvé d’autant plus affligeant qu’elle cherche à s’imposer comme une figure glamour alors qu’elle tient plutôt physiquement de la ‘girl next door’. Lorsqu’Imtiaz Ali annonce que la jeune femme jouera dans son prochain film, je me dis que Bollywood va mal ! Cependant, je tempère mon avis négatif, me souvenant que j’avais ressenti la même aberration quand il avait intégré Deepika Padukone (que je trouvais alors plus que moyenne après l’avoir vu dans Bachna Ae Haseeno) au casting de Love Aaj Kal... Mais il n’empêche, je ne crois absolument pas en ce projet, intitulé Highway. En effet, ce métrage est en fait tiré d’un téléfilm tourné par Imtiaz lui-même pour la chaîne Zee TV en 1999. J’ai eu l’occasion de voir un autre téléfilm inspiré de cette histoire pour le programme d’anthologie Yeh Hai Aashiqui, avec Neha Sargam et Mayank Gandhi. Si j’avais été séduite par la complicité du couple principal, je me demandais comment on

pouvait décemment développer une histoire d’amour entre une jeune fille et son ravisseur. Pourtant, Highway est une vraie surprise, dont la véritable force n’est autre qu’Alia Bhatt. Oui, la cruche transparente dont je vous parlais quelques lignes plus haut !

Mais en quoi ce film représente-t-il un tournant dans sa carrière ? Et surtout, qu’est-ce qui fait de Highway un film si spécial ?

Veera Tripathi (Alia Bhatt) vient d’une famille influente. A l’aube de son mariage, elle cherche à respirer, à s’évader de l’atmosphère étouffante de son imposant foyer. Elle veut de l’air pur, juste quelques minutes d’air pur et d’un semblant d’indépendance... Mais sa demande lui coûtera cher. Sur l’autoroute de la liberté, elle est kidnappée par Mahabir Bhati (Randeep Hooda), qui ignore sa prestigieuse ascendance. Et alors qu’elle devrait vivre sa captivité comme un traumatisme, Veera l’investit comme une délivrance... ►

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Imtiaz Ali revient à l’authenticité avec ce film, loin des budgets énormes et des prises de vue clinquantes de ses Love Aaj Kal et Rockstar. J’ai aimé l’intelligence visuelle de Highway, qui a utilisé sa caméra pour mettre en valeur ses personnages au lieu de ses stars. Ce qui me dérange avec certains films de notre ère, c’est cette tendance à vouloir vendre un acteur, une franchise plutôt qu’une histoire. Lorsqu’on va voir un film, on ne cherche plus à découvrir une trame avec des protagonistes et des rebondissements. On vient voir un acteur, un couple ou le produit d’une bannière. Mais l’enjeu d’un film n’est pas de promouvoir les acteurs qui y figurent, il est de missionner des comédiens qui sauront faire oublier leur image publique pour s’imprégner d’un rôle et l’intégrer à fond. Et ce qui m’a plu dans Highway, c’est que je n’ai pas vu Alia une seule fois... Je n’ai suivi que le passionnant voyage de Veera.

La star du film, c’est son intrigue. Les acteurs incarnent leurs rôles avec assez d’humilité pour ne pas desservir le récit qu’ils nous narrent. Je n’ai pas eu le sentiment de voir un film avec une grosse distribution, bien au contraire. Pourtant, la réputation du brillant Randeep Hooda n’est plus à faire, et Alia Bhatt a une notoriété impressionnante pour son jeune âge. Mais ici, ils se mettent au service de Mahabir et Veera pour mieux les incarner. En lisant le pitch de Highway, j’avais pourtant peur des similitudes avec Jab We Met, l’œuvre culte du même du même réalisateur sortie en 2007 avec Shahid Kapoor et Kareena Kapoor. Effectivement, on peut émettre des liens entre ces deux road-movies, qui racontent à leur façon le cheminement identitaire de ces couples que tout oppose et qui, au contact l’un de l’autre, vont se révéler pour finalement se trouver. Mais Jab We Met est, par essence, une comédie romantique ; ce qui n’est pas le cas de Highway. C’est en cela que le métrage se distingue du reste de la filmographie du cinéaste. En voyant Highway, j’ai eu le sentiment de découvrir une relecture de la Belle et la Bête,

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aussi étrange que fascinante. L’ouvrage de Madame de Villeneuve, lui-même tiré du folklore italien, semble avoir servi de base à l’écriture de Highway. La Belle, riche mais au cœur pur, se voit sacrifiée à la Bête. Au quotidien, elle le découvre doux et vulnérable, et en manque cruel d’amour. C’est exactement de cette manière que l’on peut définir le lien qui unit Veera à Mahabir.

La jeune femme est pleine de vie, naïve et loquace ; quand son ravisseur est rustre et taciturne. Pourtant, elle s’attache à cette « bête » et voit en lui le prince qu’elle n’a jamais trouvé dans son environnement de luxe et d’apparat. Veera a toujours vécu dans cette ambiance artificielle. Là d’où elle vient, la jeune fille était esclave des apparences et du « qu’en dira-t-on ». Elle suffoque au sein d’une famille où le regard des autres prime sur le bonheur. Elle apprend à taire ses désirs, ses souhaits et ses tourments pour assurer l’image de sa famille. Dans sa tour d’ivoire, on ne lui permet pas d’être, mais juste de paraître... Et avec le sourire, s’il vous plaît ! Au contact de Mahabir, elle se laisse aller à sa spontanéité. Elle s’exprime, pense tout haut et tient tête à la brute qu’est en apparence son ravisseur. Dans le conte traditionnel, la Bête attend l’amour sincère d’une princesse pour être libéré de son sortilège. Dans Highway, la tendresse de Veera est émancipatrice pour Mahabir. En la kidnappant ; il s’est ouvert à elle, ce petit bout de femme que rien n’arrête. Veera voit en lui un sauveur, celui qui lui a fait découvrir le vrai sens de la vie. Et elle devient pour ce dernier le déclencheur de sa remise en question. S’il ne comprend pas les sentiments qui l’habitent, si ceux-ci lui font peur ; il ne peut se résoudre à s’en défaire. Il rejette d’abord Veera, souhaitant ne voir en elle qu’un instrument de son plan de malfrat. Mais il finit par s’attacher à elle, par être bouleversé par l’importance qu’elle lui accorde et la confiance qu’elle lui confère. Cet être solitaire découvre avec Veera ce que cela ►


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fait que de compter pour quelqu’un. Cependant, on ne peut pas parler d’histoire d’amour, comme on aurait pu s’y attendre. C’est d’ailleurs un écueil scénaristique qui aurait pu coûter au film toute sa crédibilité. C’est une profonde amitié, un attachement viscéral et une sincérité sans faille qui lient Veera et Mahabir. Ils s’aiment, c’est certain. Mais ici, on ne nous vend pas de romantisme. Si le film avait duré deux heures de plus, la relation entre les deux héros aurait pu prendre cette tournure. Mais Highway prend son temps. Le lien entre Veera et Mahabir évolue au rythme de leur périple. Tantôt à grande vitesse, tantôt au point mort... Et c’est tant mieux car c’est comme ça dans la vraie vie !

Le film porte le nom du personnage principal de l’œuvre : la route. Car c’est le trajet de Veera et Mahabir qui est au centre de l’intrigue. C’est dans ce voyage qu’ils se trouvent, s’affirment et s’attachent l’un à l’autre. Leur course-poursuite pour échapper aux forces de police se transforme en expédition initiatique ; durant laquelle l’une apprend de la vie, l’autre des relations humaines. Pendant tout le film, Veera et Mahabir se cherchent, s’apprivoisent et se tournent autour. Ils s’accomplissent dans leur complicité, aussi évidente qu’improbable, et souhaitent la prolonger. On ne parle ni de sentiment amoureux, ni de mariage. Veera et Mahabir opèrent un effet salvateur l’un sur l’autre, ils se comprennent et pansent ensemble leurs blessures. Leur relation fonctionne comme une cure qui soigne les plaies de leurs enfances troublées. Car Highway ne se contente pas d’être un conte sur la valeur de l’existence. Il met en exergue la difficulté de se construire lorsqu’on a vécu un traumatisme dans l’enfance. Veera et Mahabir ont été témoins ou ont subi des événements terribles lorsqu’ils étaient petits, d’où leur fragilité à l’âge adulte. C’est dans la douleur qu’ils se sont unis l’un à l’autre et se sont délivrés de leur mal-être.

Alia Bhatt est exceptionnelle dans le rôle de Veera ! Je peine à réaliser que c’est uniquement son second film. Elle est loin, la fille pourrie-gâtée et superficielle de Student of the Year. Alia nous livre une prestation mesurée, mais également pleine de vie. Elle s’approprie Veera sans faillir, et lui donne toute sa jeunesse et tout son dynamisme. Imtiaz Ali avouait qu’il souhaitait à l’origine engager une actrice plus âgée pour incarner Veera. Je pense que ça aurait été une erreur de sa part. La jeunesse et l’innocence de Veera font partie intégrante du personnage. Ceux sont d’ailleurs ces traits de son caractère qui ont un effet salutaire sur Mahabir. Veera est comme une enfant qui a refusé de grandir et qui découvre le monde avec son regard gamin et naïf aux côtés de Mahabir. La jeune actrice impressionne par son naturel et son aplomb. Elle est lumineuse dans un rôle aux parts sombres, sans jamais tomber dans le mélodrame excessif. Highway a eu pour Alia le même effet que Lootera pour Sonakshi Sinha : il nous a permis de découvrir une interprète en nous faisant oublier le produit médiatique de producteurs influents (Karan Johar, si tu me lis...). La grande Shabana Azmi a également été impressionnée par la performance de la fille de Mahesh Bhatt et n’a pas hésité à la désigner comme sa digne descendante.

Pour lui donner la réplique, Imtiaz Ali a fait appel à un acteur de Bollywood des plus sous-employés : Randeep Hooda. Le comédien de 38 ans livre une prestation mature et toute en retenue. Il campe un Mahabir secret et belliqueux, à l’opposé de la solaire Veera. Avec ce film, il prouve définitivement que l’industrie hindi fait un horrible gâchis de son talent sans limite. Toujours en 2014, il était notamment réduit à un rôle mineur dans le blockbuster Kick. En espérant que sa prestation poignante dans Highway lui permette de signer d’autres ►

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premiers rôles, car il le mérite. La vraie surprise réside dans l’alchimie qui lie les deux acteurs. Malgré leurs 17 années de différence, une tendre complicité se tisse entre eux, la maturité de Randeep mettant merveilleusement en lumière la candide énergie d’Alia. Ce qui est particulièrement appréciable, c’est que le couple se passe volontiers de baisers langoureux et de scènes de sexe provocantes pour témoigner de cette osmose. Highway est un film propre qui ne tombe jamais dans une vulgarité qui aurait été superflue et clairement pas à propos.

La bande-originale d’A.R. Rahman accompagne savamment les puissantes images d’Imtiaz Ali, photographiées par Anil Mehta et montées par Aarti Bajaj. Si elle ne brille pas sur CD, elle prend tout son sens lorsqu’elle est associée à la caméra du cinéaste. « Patakha Guddi » existe en deux versions, mais celle interprétée par les sœurs Sultana et Jyoti Nooran sort du lot et met formidablement en musique le circuit de Veera et Mahabir. On doit l’émouvante « Kahaan Hoon Main » à Jonita Gandhi, qui sert une très belle séquence de Highway. Mais en terme d’émotions, c’est « Heera » qui bat tous les records, en illustrant un instant fort qui vous fera couler les larmes des yeux en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. La voix surannée de Shweta Pandit donne encore plus de dimension à ce titre poignant. Sunidhi Chauhan pose son timbre sur « Tu Kuja », morceau sublimé par la scène magnifique qu’elle accompagne. La douce « Sooha Saaha » au parfum de l’enfance amère de Mahabir est interprétée par Zeb Bangash et Alia Bhatt elle-même, qui excelle également derrière un micro. L’une porte la voix de la mère sacrificielle quand l’autre incarne celle de l’amie vivante. « Maahi Ve », chantée par le compositeur lui-même, est également une réussite dans le contexte de l’œuvre.

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en conclusion Highway va au-delà de la romance tournant autour des syndromes de Stockholm et de Lima. Car l’attachement entre les deux héros transcende l’amitié ou la romance :

Highway est une ode à l’humanité dans son immense splendeur, portée par son duo d’acteurs grandioses. J’ai été happée par ce film aussi sobre qu’éclatant. Ancrée dans son terroir, l’œuvre d’Imtiaz Ali nous fait voyager entre le Cachemire et l’Himachal Pradesh, en passant par le Punjab et le Rajasthan. Dans Highway, il n’y a pas de gentils ou de méchants, l’antagonisme entre Veera et Mahabir justifie a contrario la force de leur relation. On peut être issu d’un milieu social donné, ne rien connaître d’autre ; pour finalement avoir le sentiment de renaître au contact d’une personne qui ne partage rien de commun avec nos habitudes, mais qui nous apporte du souffle et de la liberté. On ne se sent bien qu’auprès des gens qui nous permettent d’être nous-mêmes, vrais et sans calcul. Alors Highway n’est pas à inscrire dans la lignée des autres films d’Imtiaz Ali, parce qu’il n’entre pas dans le registre de la romance. Mais cela n’enlève rien à sa qualité, bien au contraire. C’est un film remuant qui vous touchera autant qu’il vous questionnera. Enfin, ce film m’a permis de (re) découvrir Alia Bhatt pour mieux l’apprécier à sa juste valeur, là où Student of the Year ne lui donnait aucun espace d’expression. Ce métrage l’a consacré comme l’un des grands espoirs de l’industrie hindi, en donnant le ton du reste de son année 2014, suivie des succès populaires et critiques de 2 States et Humpty Sharma Ki Dulhania. Concrètement, s’il vous faut une seule raison pour vous convaincre de visionner Highway, c’est le travail impeccable d’Alia Bhatt... ▲


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HASEE TOH PHASEE PAR ASMAE

Hasee Toh Phasee est une de ces romcom à avoir charmé l’audience indienne en 2014. Ce film est produit par Karan Johar (Kuch Kuch Hota Hai, La Famille Indienne), Vikas Bahl (Queen, Shaandaar), Vikramaditya Motwane (Udaan, Lootera) et Anurag Kashyap (Dev D, Gangs of Wasseypur). Avec une telle brochette de réalisateurs pour le financer, on peut s’attendre à un métrage solide avec Hasee Toh Phasee. Au casting, Parineeti Chopra signe son premier projet hors de la bannière Yash Raj et donne la réplique au poulain de Karan Johar : l’ancien mannequin Sidharth Malhotra. Après des débuts mitigés dans Student of The Year, l’acteur de 30 ans a tout à prouver avec ce film, en particulier face à l’une des actrices les plus populaires du moment. Très honnêtement, je ne savais pas à quoi m’attendre avec ce film. Parineeti qui joue les effrontées, Sidharth en gamin lisse... Ça ne m’enchantait pas des masses ! Pourtant, il y a quand même de bonnes raisons d’espérer le meilleur : le cinéaste débutant Vinil Mathew est parvenu à convaincre parmi les plus éminents producteurs de Bollywood avec son projet écrit par Harshavardhan Kulkarni.

Mais, à propos d’histoire, de quoi peut bien parler Hasee Toh Phasee ? En 2006, la jeune Meeta (Parineeti Chopra), doctorante en Ingénierie Chimique, s’enfuit de chez elle en plein mariage familial après avoir volé l’argent de son propre père. En quittant le foyer, elle tombe sur Nikhil (Sidharth Malhotra), invité au mariage. Sur un coup de tête, elle lui propose de l’accompagner dans sa course folle, mais il refuse. Sept ans plus tard, Nikhil est sur le point d’épouser Karishma (Adah Sharma). Elle est actrice alors que lui se cherche professionnellement. Il aimerait financer une affaire qui lui permettra de trouver grâce aux yeux de son beau-père (Manoj Joshi). Une semaine avant le mariage, Karishma demande à son fiancé de s’occuper d’une invitée toute particulière... sa petite sœur légèrement dérangée, Meeta ! J’adore les personnages délurés, empreints d’une folie et d’un dynamisme communicatifs. C’est tout bête, mais je m’identifie plus facilement à une Geet (Jab We Met) qu’à une Poonam (Vivah). Les héroïnes qui baissent les yeux en signe d’approbation, qui susurrent timidement leurs répliques et courbent ►

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l’échine au moindre affrontement, trop peu pour moi ! J’aime les protagonistes féminins forts, avec de la personnalité et de la vie. C’est probablement pour cela que j’ai toujours admiré Parineeti Chopra, qui s’illustre régulièrement dans ce registre. A travers ses rôles, elle incarne la femme dans son entièreté. En ce qui me concerne, les actrices comme Deepika ou Katrina me filent des boutons. Elles sont grandes, minces, belles, toujours tirées à quatre épingles... Je suis beaucoup plus touchée par des personnalités plus naturelles et accessibles, comme Parineeti Chopra et Alia Bhatt. Parce qu’on a beau être des femmes, on n’a pas vocation à être glamour 24 heures sur 24 ! Parfois, on se lève le matin avec une sale tête ! On se ronge les ongles à sang quand on est stressées ! Certains jours, on ne se maquille pas et on se fiche pas mal de notre look ! Les vraies femmes ne ressemblent pas à Deepika, Priyanka ou Aishwarya. Elles se rapprochent beaucoup plus de Parineeti, et en l’occurrence de Meeta. Ce qui est formidable chez cette dernière, c’est qu’elle est simplement elle-même. J’ai été touchée par sa grande détresse, éloignée des siens par la honte. J’ai été saisie par sa personnalité électrique, ses TOCS et ses plans foireux. Elle est brillante mais ne tombe jamais dans le cliché de l’intellectuelle inhibée. C’est une femme comme il en existe peu au cinéma et pourtant tellement dans la vie ! Naturelle, vive mais aussi gauche et insouciante... J’ai aimé cette authenticité chez Meeta ; cette force aussi, qui fait cruellement défaut aux héroïnes taciturnes qui baissent timidement le regard... C’est pourtant le portrait de femmes décoratives, romantiques à l’extrême et plaintives qu’on nous vend dans de nombreux films de masse ! Mais l’œuvre de Vinil Mathew se démarque dans ce sens.

Car Hasee Toh Phasee tourne autour de Meeta, de son cheminement et de sa rencontre avec Nikhil. Elle est audacieuse et insensée là où le jeune homme est bien plus passif et clairement

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dépassé par la situation. C’est cette opposition entre deux personnalités antithétiques qui se joue dans Hasee Toh Phasee. Nikhil tente tout d’abord d’opérer comme un pansement, qui étouffera la plaie pour éviter l’hémorragie. Il a pour mission d’éloigner Meeta du reste de la famille, avec laquelle elle est en froid. Mais il découvre rapidement une femme blessée par la situation, et tente d’investir une posture de chevalier servant, de sauveur qui soigne la plaie plutôt que de la cacher. Il encourage Meeta à revenir vers les siens, à se faire pardonner de ses méfaits passés. Il veut la rendre meilleure, pour mieux évoluer lui-même. Mais elle l’embarque dans ses tourments, ses missions calamiteuses et ses délires. Et à peine a-t-il eu le temps de dire ‘ouf’ qu’il était déjà trop impliqué pour reculer. Le titre du film serait traduisible par « Si elle sourit, elle est prise au piège ». Pourtant, c’est bien Nikhil qui fond pour la belle ingénieure au rythme de leurs péripéties. A ses côtés, il ne joue pas le rôle du fiancé idéal et ne se préoccupe pas des attentes de sa famille, de sa future femme et de son beau-père.

Avec Meeta, il est lui-même : transparent et sincère, mais aussi complètement largué ! Dans beaucoup d’histoires d’amour, notamment celles que l’on nous narre au cinéma, les héros entrent dans un jeu de séduction, souhaitent se montrer sous leur meilleur jour, se valoriser au maximum quitte à parfois truquer la réalité pour faire craquer l’autre. C’est normal. Mais avec le temps, les êtres dévoilent leur véritable nature, et c’est durant cette période que le couple prend conscience de sa solidité. Mais d’autres, au risque de perdre l’être aimé, perpétuent cette pratique qui consiste à occulter son vrai caractère pour continuer à plaire. Nikhil est entré dans ce mécanisme avec Karishma. Sept ans auparavant, il l’a séduite à coup de danse endiablée tel le paon qui fait sa parade nuptiale pour courtiser la femelle. Depuis, il est resté coincé dans ce rôle de charmeur sans jamais pouvoir s’en libérer. Elle est belle,


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célèbre ; et peut se permettre d’être exigeante. Il s’implique pour ainsi devenir l’homme qu’elle souhaite épouser, sans jamais laisser d’espace à sa vraie personnalité. Concrètement, Nikhil s’applique à jouer un personnage à la perfection depuis 7 ans, et semble ne s’en défaire qu’au contact de Meeta. Il souhaite d’abord en faire l’instrument de sa légitimation dans le rôle du futur époux exemplaire, pour ensuite réaliser que ses objectifs passés n’étaient basés que sur des sentiments factices, joués et feints pour maintenir Karishma à ses côtés.

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Parineeti Chopra est un aimant. Elle se saisit de l’attention du spectateur qui, captivé par son incroyable présence, ne peut détacher son regard de la comédienne. Déjà coutumière des rôles de femmes indépendantes (Ishaqzaade, Shuddh Desi Romance, Daawat-E-Ishq), elle compose ici une Meeta déjantée, à la folie plus concentrée et à la soif de liberté plus marquée. Là où ses précédents films lui offraient des personnages vifs mais raisonnés, Meeta est totalement dénuée de nuance. Elle est folle alliée et c’est ce qui nous fait craquer ! De ses tics à ses attitudes, de son look à sa moue de petite fille boudeuse, de son innocence à son regard plein de détresse ; tout ce qui fait Meeta est absolument irrésistible, formidablement porté par le talent et l’aura de Parineeti Chopra.

Face à elle, Sidharth Malhotra campe un personnage plus chancelant et moins assuré. Le jeune homme, qui m’avait laissé coite face à sa prestation dans Student of the Year, s’en tire bien mieux, mais il se fait littéralement dévorer par sa lumineuse partenaire. La faute à un rôle plus lisse ou à une interprétation manquant de relief, le jeune homme est charmant mais peine à exister face à Parineeti, qui crève l’écran comme à son habitude.

Cependant, il me semble que s’être effacé de la sorte (que ce soit délibéré ou non) est au final plutôt intelligent, l’aidant même à être plus crédible dans la peau de Nikhil. Sa complicité avec Parineeti en est d’autant plus forte, puisque l’existence forte de l’une contraste avec la grande discrétion de l’autre, leur alchimie résidant dans ce bel équilibre entre les deux acteurs. Adah Sharma est ici Karishma Solanki, la fiancée de Nikhil et la sœur aînée de Meeta. La jeune femme révélée en 2008 dans le film 1920 campe cette actrice intransigeante avec justesse, mais ne possède guère de place pour émerger parmi le reste de la ►

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distribution. Pour l’apprécier dans un rôle d’envergure, je vous conseille de découvrir la mini-série Pukaar ainsi que son film télougou Heart Attack, aux côtés de Nithiin. Manoj Joshi incarne sans fausse note Devesh Solanki, le gentil papa de Meeta et Karishma. Sharat Saxena compose quant à lui impeccablement le rôle du policier rigide dans la peau du père de Nikhil.

en conclusion

Sur le plan musical, c’est le duo VishalShekhar qui s’y colle. Les compositeurs nous concoctent avec Hasee Toh Phasee un album typique de la maison Dharma, moderne et sympathique.

Hasee Toh Phasee narre surtout le parcours de Meeta, ses folles aspirations, ses envolées lyriques et ses blessures profondes.

La bande-originale s’ouvre sur la dansante « Punjabi Wedding Song », qui bénéficie des timbres incontournables de Sunidhi Chauhan et Benny Dayal. « Shake It Like Shammi » sonne comme un hommage aux musiques hindi des années 1960 en citant l’un des plus grands noms du cinéma de l’époque : Shammi Kapoor. Ce titre entêtant qui vous donnera envie de danser le twist repose sur le talent de ses chanteurs Vishal Dadlani et Benny Dayal. Mais le tube du film, c’est « Drama Queen », que l’on doit à Shreya Ghoshal et Vishal Dadlani. Du côté des ballades, on compte notamment l’agréable « Zehnaseeb » de Chinmayi et Shekhar Ravjiani. Si « Ishq Bulaava » est également une réussite grâce aux grains remarquables de ses interprètes Sanam Puri et Shipra Goyal, c’est la complainte « Manchala » qui sort du lot grâce au mariage des voix de Nupur Pant et Shafqat Amanat Ali.

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Voilà un métrage tout à fait savoureux ! Pourtant, son intérêt ne réside pas tant dans sa nature romantique, malgré la tendre complicité qui lie son couple vedette.

Nikhil n’est qu’un élément (important, certes !) déclencheur qui pousse Meeta à se remettre en question, à retrouver son père pour se faire pardonner. J’ai été touchée par le lien fragile, quelque peu étrange mais tellement pur qui se tisse entre Nikhil et Meeta, un lien rare souvent grossi à Bollywood, comme pour surenchérir le côté idyllique d’une histoire d’amour. Mais Hasee Toh Phasee parvient à irradier une magie certaine en toute simplicité, en nous montrant ses héros tels qu’ils sont, sans ventilateur ni maquillage excessif, sans tenue de créateur ni ralenti vaporeux. Hasee Toh Phasee est en somme une romance délurée mais proche de ses spectateurs, et c’est ce qui la rend si appréciable. ▲



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HUMPTY SHARMA KI DULHANIA Les productions de Karan Johar de ces dernières années sont à double-tranchant : parfois brillantes comme The Lunchbox et Yeh Jawaani Hai Deewani, parfois douteuses telles que Gori Tere Pyaar Mein et Student of the Year. Réalisateur horspair, lorsqu’il s’agit de financer des longmétrages, KJo a le don de partir dans tous les sens. En effet, Agneepath (sorti en 2012) n’a rien à voir avec Hasee Toh Phasee, qui lui-même est totalement différent de 2 States (tous deux à l’affiche en 2014). Pourtant, il existe bien une patte Dharma, qui a fait les beaux jours de I Hate Luv Storys et les mauvais de Ek Main Aur Ekk Tu. Les films de la bannière ont le souci de plaire à la jeunesse urbaine indienne, mettant en scène des héros stylés et sexuellement libérés, loin du conservatisme des œuvres d’antan. Chez Dharma, tout est ‘larger than life’ : le héros issu d’une famille modeste portera tout de même des chaussures Gucci et une tenue Armani, les mariées de village seront vêtues par le designer de luxe Manish Malhotra... Beaucoup de ces œuvres résident dans le paraître et dans un esthétisme séduisant, bien qu’irréaliste.

Mais depuis quelques années, Karan Johar nous gratifie également de métrages plus proches de ses spectateurs, où les décors grandiloquents cèdent la place aux demeures plus authentiques, où les tenues hors de prix de créateurs sont remplacées par des vêtements locaux et accessibles. Avec Humpty Sharma Ki Dulhania, le cinéaste Shashank Khaitan trouve son équilibre entre ces deux univers en nous proposant une romcom pétillante, commerciale mais avec du cœur. Analyse du dernier film de Varun Dhawan et Alia Bhatt...

L’histoire : Humpty Sharma (Varun Dhawan) est un glandeur de première ! Mais lorsqu’il rencontre la belle Kavya (Alia Bhatt), il tombe sous le charme. Pourtant, il la sait promise à Angad (Siddharth Shukla) un docteur américain bien sous tous rapports. Kavya souhaite donc nouer des liens uniquement amicaux avec Humpty, mais quand l’amour s’en mêle, il chamboule tous les plans raisonnés de la jeune femme...

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Vous l’aurez compris à son titre, Humpty Sharma Ki Dulhania a l’audace de vouloir rendre hommage à l’une des romances les plus populaires de l’histoire du 7ème art indien : Dilwale Dulhania Le Jayenge. C’est un pari suicidaire quant on connaît le consensus que réunit ce film devenu incontournable. C’est d’autant plus inquiétant lorsqu’on visionne la première chanson du film qui a servi d’appât promotionnel : la futuriste (et complètement ridicule) « Saturday Saturday ». Je vais être honnête : lorsque j’ai vu la bande-annonce de Humpty Sharma Ki Dulhania, j’ai crié au scandale. Comment Karan Johar (le producteur) osait-il pomper le pitch de mon film préféré pour en faire une espèce de bouillie pseudo-romantique à coups de morceaux de boîte de nuit et de scènes de sexe impromptues ? Si KJo voulait financer de la daube, c’était son problème, mais de quel droit touchait-il à un de ces rares films indiens à encore avoir du souffle et du romantisme pur jus ? En plus, tout ça pour mettre en valeur ses deux pistonnés de protégés, à savoir Varun Dhawan (fils du réalisateur David Dhawan) et Alia Bhatt (fille du réalisateur Mahesh Bhatt) ! En effet, ce n’est pas la rédactrice en chef qui parle. C’est juste le cri du cœur d’une fan de cinéma indien qui voit peu à peu l’industrie qu’elle chérit tant se noyer dans les vagues de la luxure occidentale.

La globalisation a changé le cinéma indien, et en soi, ce n’est pas une mauvaise chose. Mais Bollywood perd son identité en faisant des films exportables, qui répondent de plus en plus aux standards internationaux et qui occultent leur culture pour devenir finalement le miroir de l’Occident. Face à Humpty Sharma Ki Dulhania, j’avais clairement peur qu’on nous offre une version occidentalisée de DDLJ, une relecture plus cheap avec ses dialogues en anglais et ses abdos à gogo. Car oui, Varun peut avoir un corps de rêve, mais est-il en capacité d’égaler Shahrukh Khan dans l’exercice de l’indian lover entier et déterminé ? Malgré ses débuts prometteurs, j’ai vite déchanté.

Varun commence à s’enfermer dans des rôles de brute épaisse en suivant le sillage d’un certain Salman Khan. Sauf qu’avant de devenir le ‘mass hero’ par excellence, Salman s’est essayé à tous les styles : de la romance traditionaliste avec Hum Aapke Hain Koun au drame familial avec Khamoshi The Musical, en passant par la comédie avec Andaz Apna Apna et le film d’action avec Karan Arjun. Varun a quant à lui beaucoup à prouver, mais semble se diriger vers un style bien défini... Là où il avait selon moi plus de potentiel que Sidharth Malhotra, c’est finalement ce dernier qui surprend avec des rôles assez diversifiés. Bref, Varun en Raj Malhotra version 2014, ça craint du boudin ! Et comme pour remuer le couteau dans la plaie déjà vivace de la fan qui crie au massacre de son œuvre de référence, on remplace l’incroyable Kajol par la fade Alia Bhatt... Mais que se passe-t-il ?! Elle était inutile dans Student of the Year, tentant de singer Kareena Kapoor qui, il faut le dire, est bien plus convaincante qu’elle en peste écervelée. Qui se souvient de l’abrutissante mais attachante Poo de La Famille Indienne ? Vous êtes nombreux, n’est-ce pas ? Et qui se souvient de la bombe de St Teresa Shanaya dans Student of the Year ? Pas grand monde ? Voilà, voilà... Non mais vraiment, j’ai eu peur de l’attentat artistique. J’ai ignoré toutes les vidéos promotionnelles, toutes les interviews des acteurs principaux dans le but de ne pas souffrir davantage. Je ne voulais pas voir ce classique s’effondrer en lambeaux devant mes yeux, tout ça parce qu’un producteur cupide a voulu se faire du fric sur le dos d’un des plus grands films indiens de tous les temps ! Mon cardiologue m’a prescrit une bonne dose de Shahid Kapoor trois fois par jour, une cuillère à soupe de Salim-Suleiman et deux scènes de Kuch Kuch Hota Hai (devinez lesquelles!) afin de prévenir un éventuel choc pendant le visionnage de Humpty Sharma Ki Dulhania. Le long-métrage commence, précédé de trois prières afin que je survive à ce film et puisse témoigner du drame cinématographique que je suis sur le point de vivre. Mes attentes sont au plus bas, j’en espérais probablement plus en regardant Housefull, c’est dire ! Mais si le choc aura bien lieu, il sera au final plutôt positif. ►


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En fait, je me rends compte que le meilleur moyen d’apprécier un film à sa juste valeur, c’est de croire qu’on va devoir supporter un navet ! Car Humpty Sharma Ki Dulhania se regarde vraiment bien, il est plein de tendresse et d’humour et, à ma grande surprise, le casting fait son travail avec conviction. Ainsi, j’ai compris une chose concernant ce film : il n’a nullement l’intention de rivaliser avec DDLJ, merci mon Dieu ! L’œuvre d’Aditya Chopra est grandement référencée, mais lorsqu’on en reste au stade du clin d’œil, c’est plutôt appréciable. Si la trame de HSKD (on va l’écrire comme ça, ce sera plus confortable!) présente certains points communs avec DDLJ, elle prend assez de détours scénaristiques pour ne pas relever du remake. On échappe ainsi au cataclysme, grâce au ciel ! J’ai donc regardé HSKD comme une simple comédie sentimentale, au même titre que n’importe quel autre film du genre. J’ai essayé d’enlever un peu de DDLJ de mon cerveau et y ait ajouté un peu plus de tolérance. Car oui, à la surprise générale, j’annonce solennellement que j’ai aimé HSKD ! Je suis partie de loin avec mes a priori et mes craintes, mais j’ai réussi à passer un moment très agréable face à cette romance vraiment sympathique.

Mais au juste, qu’est-ce qui fonctionne dans cette œuvre ? En introduction, je disais que Karan Johar était capable de produire deux types d’œuvres : les productions grandiloquentes et commerciales et les films plus humbles et surtout plus précis. Avec HSKD, on est plutôt dans la première catégorie, le côté opulent en moins. En effet, le film de Shashank Khaitan possède une vraie simplicité dans sa mise en scène. Les décors sont naturels, même la chanson de boîte de nuit est filmée avec sobriété (si on oublie le passage où Varun danse sur un mur d’escalade, mais on lui pardonne ce léger excès).

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HSKD n’est clairement pas une œuvre prétentieuse et « m’as-tu-vu ». C’est au contraire un petit film qui, par sa modestie, est bourré de charme et de bons sentiments. Le montage de Manan Sagar est efficace, soutenu et engageant. La photographie de Neha Parti Matiyani est quant à elle parfaitement dosée, visuellement accrocheuse sans être orgueilleuse. Du côté de la distribution, Varun Dhawan est une vraie surprise. Loin d’incarner un « Monsieur Muscles », il campe Humpty Sharma avec charme et sensibilité.

Le corps d’athlète laisse place à l’acteur, et Varun n’hésite pas à baisser sa garde pour illustrer un héros plus vulnérable et atteint qu’à l’accoutumée. Durant l’une des dernières scènes du film, il vous tirera probablement les larmes des yeux en amant désemparé. Humpty a un point commun avec le Raj de DDLJ : son sens des valeurs. Il aurait pu fuir avec sa dulcinée, en cachette. Mais il est fier de l’amour qu’il lui porte et souhaite l’assumer. Alors effectivement, cela n’a rien de bien original : un valeureux garçon qui tombe amoureux d’une jolie jeune fille et qui doit faire face au refus paternel. Mais on ne boude pas son plaisir devant la verve de ce charmant Humpty qui, avec tout son cœur, tente de convaincre le père de celle qu’il aime. Varun démontre d’un véritable potentiel dramatique. Il incarnait déjà un fils rebelle avec justesse dans Student of the Year mais avait déçu depuis avec sa prestation faiblarde dans Main Tera Hero. Alors que je craignais clairement que le jeune homme manque d’engagement dans sa performance, il m’a agréablement surprise dans la peau de Humpty, drôle et vif mais aussi sensible et délicat. Surtout, il partage une très belle complicité avec sa partenaire à l’écran, Alia Bhatt.


En ce qui la concerne, j’étais encore plus pessimiste. En effet, contrairement à son collègue, elle m’avait laissé un souvenir exécrable dans SOTY, dans lequel elle singeait vainement la Poo de La Famille Indienne. Ce n’est qu’après avoir vu HSKD que j’ai pu visionner Highway, dans lequel la jeune femme est absolument exceptionnelle. Avec HSKD, elle signe dans un registre plus classique mais qui lui va bien. Si on essaye de lui coller des rôles de bombe atomique (il faut dire que c’est particulièrement tendance à Bollywood, il n’y a qu’à regarder Deepika Padukone, Priyanka Chopra et Katrina Kaif !), je trouve que ceux sont les personnages de ‘girl next door’ qui lui vont le mieux. Elle possède cette jeunesse et cette candeur qui font défaut à nombre d’actrices de la nouvelle génération, trop formatées pour posséder le charme suffisant afin de camper un tel personnage. Pour le coup, elle m’a vraiment fait penser à Kajol dans DDLJ, mi-droite mi-impertinente.

Cette actrice a vraiment de la substance dans son jeu, et l’a prouvé avec les succès de ses films de 2014. Elle possède ce côté à la fois sincère et désintéressé qui rappelle la Queen de Bollywood : en somme, on a là une comédienne qui joue avec conviction sans trop se prendre au sérieux. J’ai clairement revu à la hausse l’opinion que j’avais d’elle en 2012, découvrant une jeune fille pleine de bonne volonté, qui n’hésitait pas à se moquer de son image de fille simple d’esprit et qui, en toute humilité, admettait être terrifiée par l’immense talent de ses concurrentes directes (à savoir Parineeti Chopra). Donc concrètement, si vous trouviez Alia transparente, scolaire et injustement pistonnée ; je dirais que HSKD vous fera de toute manière oublier Alia tant vous ne verrez que Kavya. Entre elle et Varun, le courant passe à merveille, j’ai d’ailleurs regretté que cette osmose ne soit finalement pas exploitée dans leur premier film commun. Mais il faut dire que leurs personnages sont ici bien plus

authentiques et attachants que dans l’aseptisé SOTY. Ils forment un jeune duo dynamique et investi et sont au sommet de leur art lorsqu’ils sont réunis. L’acteur de télévision Siddharth Shukla, star de la série Anandi, fait ici ses débuts au cinéma. Il campe Angad, le fiancé idéal de Kavya et le cauchemar d’Humpty. Et là, c’est un véritable virage à 180° qui est fait par rapport à DDLJ : là où Kuljeet Singh apparaissait nettement comme un homme rustre, volage et dénué de valeurs, Angad est absolument irréprochable. C’est un brillant médecin, il est athlétique, tolérant, cordon bleu et délicat. Dans ce rôle de gendre parfait, Siddharth est fidèle à son rôle dans Anandi et ne prend pas vraiment de risque. Le problème, c’est qu’il est tellement dénué de défauts qu’il provoque plus l’agacement que l’attachement chez le spectateur. On se projette bien plus facilement en Humpty qui, malgré son caractère impulsif et son manque de réflexion, est carrément plus attendrissant. J’ai été déçue par la prestation de Sid, qui campe ce mec parfait sans vraiment d’âme. Il ne dégage pas grand chose et semble se contenter du minimum syndical. C’est peut-être aussi une des exigences de ce rôle, qui finit par devenir tête-à-claques, et ce probablement pour mieux mettre en valeur la personnalité imparfaite mais sincère d’Humpty. Ashutosh Rana est quant à lui une belle surprise dans le rôle de l’intransigeant père de Kavya. Ce qui est intéressant, c’est qu’on ne peut nullement le comparer à l’illustre Amrish Puri tant leurs personnages sont différents. Là où c’est l’honneur et le sens du devoir qui justifiaient le refus du père de Simran, celui de Kavya avance des intentions tout à fait autres. Il veut éviter à sa cadette de vivre la situation de sa sœur Swati qui, après un mariage d’amour, a vécu un divorce douloureux. On ressent une profonde sympathie pour ce père, alors que le papa de Simran nous inspirait plus de peur qu’autre chose. C’est une autre distinction qu’il est important de soulever. Voici d’ailleurs la force de HSKD : on a droit à des personnages humains et originaux, et c’est bien pour cela que le rôle d’Angad fait tâche dans le paysage. ►

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C

CRITIQUE


Mahnaz Damania incarne Swati, la sœur divorcée de Kavya. Si elle est plutôt discrète à l’écran, son personnage a un énorme impact dans l’intrigue puisque c’est son expérience malheureuse qui refrène son père à l’idée de laisser Kavya épouser l’homme qu’elle a choisi. L’actrice dégage une fragilité poignante dans ce rôle difficile, sans pour autant tomber dans le misérabilisme. A l’image de Swati, elle reste digne et nuancée dans sa prestation. Gaurav Pandey et Sahil Vaid campent respectivement Shonty et Poplu, les meilleurs amis d’Humpty. Ils constituent un soutien sans faille dans sa quête pour épouser sa belle, et tiennent également une place importante dans la trame. Les deux acteurs s’en sortent à merveille, particulièrement Sahil Vaid qui donne de sa personne en tentant notamment de séduire Angad dans une séquence hilarante, qui fait allègrement référence à un autre cru Dharma : Dostana, sorti en 2008.

La vraie morale de ce film, c’est de nous faire comprendre qu’on ne doit pas courir après une personne parfaite en tous points. Il s’agit a contrario de trouver un être avec ses qualités et ses défauts, mais avec laquelle la relation sera idéale. Idéale ne signifie pas sans nuages, mais c’est une relation dans laquelle on aura le sens du compromis, le souci de satisfaire l’autre sans s’aliéner et se frustrer. Et là est clairement la nature de l’amour qui lie Humpty à Kavya. Il ne gagne pas beaucoup d’argent, il n’est pas le mec le plus fin du monde et manque cruellement de nuance dans sa façon d’agir. Mais il aime cette jeune fille et investira cette relation de telle sorte qu’elle s’y épanouira. Avec Angad, elle aura effectivement un toit plutôt confortable sur la tête, le prestige de vivre aux USA et d’être l’épouse d’un médecin ; mais elle n’aura pas l’amour d’un mari éperdument épris d’elle, qui entreprendra tout ce qu’il pourra pour la rendre heureuse. Ce n’est pas l’argent, la situation ou le standing qui donnent de la valeur à un mariage. C’est l’osmose qui se créé entre deux êtres qui, de fait, deviennent indissociables l’un de l’autre.

Dans le film, il y a une scène qui explique parfaitement ce besoin de complétude dans les relations amoureuses : Kavya fait goûter sa cuisine à Humpty, et alors qu’elle note ne pas l’avoir grandement réussi, il lui explique qu’il ne mangera que ses plats et que cela suffira à faire son bonheur. Il conclura en disant qu’il prendra tout ce qu’elle lui donnera. En bref, je trouve que cette scène résume assez bien la complémentarité entre Humpty et Kavya, un équilibre qu’elle ne pourra nullement retrouver dans sa relation avec l’impeccable Angad.

L’autre point fort de ce film, c’est sa musique. En effet, deux duos de compositeurs officient sur cet album : Sachin-Jigar et Sharib-Toshi. Commençons par la soupe de la BO, clairement créée pour attirer les spectateurs des multiplexes : « Saturday Saturday » chantée par Badshah et Akriti Kakkar. Ce morceau électro’ sonne d’autant plus faux lorsqu’il s’accompagne de sa mise en scène « futuriste » (et surtout cheap). Fort heureusement, cette séquence musicale n’est pas intégrée à la narration et sert seulement d’accompagnement au générique final. Le reste de la musique est plutôt réussi. « Samjhawan » est une reprise d’un titre de Jawad Ahmed, ré-instrumentalisée avec la voix d’Arijit Singh. Mais c’est la version plus intimiste d’Alia Bhatt qui fait son effet, grâce au timbre doux et mesuré de la comédienne. Varun Dhawan s’essaye quant à lui au rap, non sans humour, sur l’entêtante « Lucky Tu Lucky Me », avec également les voix des talentueux Benny Dayal et Anushka Manchanda. On a également droit à un morceau familial avec « Daingad Daingad » durant lequel chacun raconte son histoire d’amour avec gaieté et bonne humeur. Avec « D Se Dance », on reste dans la continuité de cet album hybride, mêlant à la fois sons modernes et instruments traditionnels. Les voix si atypiques de Vishal Dadlani et Shalmali Kholgade ajoutent du cachet à ce morceau dansant. Enfin, la sympathique « Emotional Fool » sert surtout à introduire nos chers héros. BOLLY&CO MAGAZINE

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en conclusion On peut dire qu’HSKD fait partie de mes belles surprises de l’année 2014. Ce n’est pas un film qui sort des sentiers battus. Au contraire, il respecte les codes de la romance indienne tout en en modernisant certains éléments. On a ainsi l’impression agréable d’être à la fois en terrain connu, à l’aise avec le genre ; sans avoir pour autant une sensation de réchauffé.

Le film a su réinventer sa trame pour nous faire oublier le comparatif initial avec Dilwale Dulhania Le Jayenge tout en nous faisant renouer avec la romance indienne plus conventionnelle. J’ai passé un moment de cinéma revigorant devant ce HSKD, et j’ai surtout redécouvert Varun et Alia, qui n’ont jamais été aussi beaux et convaincants qu’ensemble. Ainsi, je lance un appel à tous les cinéastes et producteurs indiens qui auraient l’idée brillante de les réunir : foncez les mecs ! Et surtout à vous, amateurs de romances fraîches et attachantes, je vous invite vivement à découvrir cette jolie production de Karan Johar qui, une fois n’est pas coutume, fait plutôt dans la sobriété. C’est la preuve que le cinéma indien n’est pas que visuel, mais qu’il est surtout émotionnel. Et j’ai été touchée par cette histoire d’amour plutôt simple mais emplie d’âme. ▲

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VA R U N D H AWA N le survolté

QUI A SU

s’ i m p o s e r ? PAR ASMAE

Depuis leurs débuts communs, où en sont Varun Dhawan et Sidharth Malhotra ? Volontiers comparés l’un à l’autre par les médias, les deux bellâtres ont tous les deux été lancés par le trublion Karan Johar dans le film Student of the Year, en 2012. Pourtant, ils semblent depuis avoir suivi des sillages différents. L’un est devenu la version 2.0 du héros populaire omnipotent et dynamique quand l’autre s’oriente vers des performances plus nuancées et discrètes. A l’image de leurs personnalités contrastées, Varun Dhawan et Sidharth Malhotra semblent avoir trouvé leur rythme de croisière et surtout la trajectoire qu’ils souhaitent poursuivre vers les sommets de la gloire. Chez Bolly & Co’, nous vous proposons de revenir sur leurs parcours respectifs pour rendre compte de leur évolution...

Né le 24 avril 1987 du réalisateur David Dhawan, Varun a grandi au sein d’une famille du cinéma. Si son père est devenu l’un des réalisateurs de comédie les plus populaires de Bollywood avec des films comme Bol Radha Bol, Coolie No.1, Judwaa et Mujhse Shaadi Karogi ; son frère aîné est également devenu cinéaste avec le métrage Desi Boyz, en 2011. Après des études de management à l’université de Nottingham en Angleterre, Varun prend des cours de comédie avec un certain Arjun Kapoor. Ils tourneront d’ailleurs ensemble un projet de fin d’études, un courtmétrage intitulé White Mountain. Il officie également sur le tournage de My Name is Khan en tant qu’assistant-réalisateur, en compagnie d’un certain Sidharth Malhotra. Deux ans plus tard, Karan Johar lui propose l’un des rôles principaux de son film Student of the Year. Il y campe Rohan Nanda, le fils d’un puissant homme d’affaires qui souhaite s’émanciper et devenir chanteur. Dans la peau de ce gosse rebelle, il marque les esprits, sa prestation demeurant la plus marquante du métrage. Mais le travail de Varun est évincé par celui d’autres débutants comme Arjun Kapoor pour Ishaqzaade et Ayushmann Khurrana pour Vicky Donor. C’est d’ailleurs ce dernier qui raflera le Filmfare Award du Meilleur Espoir Masculin pour lequel Varun était pressenti. Il faut ensuite attendre 2014 pour le retrouver dans deux projets très attendus. Il est d’abord dirigé par son père dans la comédie Main Tera Hero, avec Ileana D’Cruz et Nargis Fakhri.

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Remake du succès télougou Kandireega, le métrage trouve son public tout en permettant à Varun de s’illustrer dans un rôle volubile et énergique. Il incarne le héros de masala surpuissant, drôle et charmeur dans un costume que de grands noms comme Salman Khan et Akshay Kumar ont l’habitude de porter. Sa prestation fait pourtant l’unanimité et le jeune homme reçoit les IIFA Award et Star Guild Award dans la catégorie du Meilleur Acteur dans un rôle comique.

honorable parcours pour lui rendre justice à l’écran. Remo D’Souza, le réalisateur, avouera avoir choisi Varun non seulement pour ses talents d’acteur mais également pour son aisance en danse. En effet, le jeune homme fait probablement partie des danseurs les plus dynamiques de l’industrie. Il l’a déjà prouvé avec les chorégraphies de titres comme « Lucky Tu Lucky Me » de Humpty Sharma Ki Dulhania ou « The Disco Song » de Student of the Year.

Il est ensuite à l’affiche de Humpty Sharma Ki Dulhania, romance produite par Karan Johar et dans laquelle il retrouve Alia Bhatt, sa partenaire de Student of the Year. Dans ce film, il est Humpty, un adorable glandeur qui tombe sous le charme de la belle Kavya, pourtant promise à un autre. Ce métrage aux faux airs de Dilwale Dulhania Le Jayenge fait un tabac au box-office et permet de révéler la formidable complicité entre Varun et Alia. L’acteur recevra également le Stardust Award de la Meilleure Performance dans un rôle romantique pour son jeu authentique.

Parmi ses projets à venir, Varun sera le frère cadet de Shahrukh Khan dans le très attendu Dilwale, avec également Kajol et Kriti Sanon. Le jeune homme sera aussi dirigé par son frère Rohit dans Dishoom, avec John Abraham et Jacqueline Fernandez. Il a surtout signé Shuddhi avec Alia Bhatt, projet pour lequel il s’est saisi du rôle initialement proposé à des pointures comme Salman Khan et Hrithik Roshan.

En 2015, il fait un virage à 180° avec le thriller Badlapur. Réalisé par Sriram Raghavan, ce film offre à Varun un rôle bouleversant et complètement surprenant. Il y prend les traits d’un père de famille qui tente de venger la mort de sa femme et de leur fils. Loin de ses précédentes prestations dans des univers légers, Varun prouve tout son potentiel dramatique avec ce métrage, entouré d’un casting indépendant de qualité : Yami Gautam, Huma Qureshi, Divya Dutta et Nawazuddin Siddiqui. Là où le jeu du comédien était souvent cabotin, il a appris avec ce film à laisser parler les silences, faisant preuve d’une impressionnante abnégation. La même année, il démontre sa polyvalence avec le film de danse ABCD 2, face à Shraddha Kapoor. Il y incarne Suresh, un danseur du quartier pauvre de Nala Sopara qui souhaite participer aux championnats du monde de Hip Hop à Las Vegas. Plus qu’un simple divertissement, Varun a rencontré le véritable Suresh, celui qui a inspiré son personnage, et s’est imprégné de son

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SIDHARTH MALHOTRA le réservé Né le 16 janvier 1985 à Delhi, son père Sunil Malhotra est un ancien employé de la Marine Marchande. Après une carrière de mannequin qui ne l’intéresse guère, Sidharth Malhotra réussit l’audition pour une réalisation d’Anubhav Sinha qui ne se fera finalement jamais. Cela ne l’empêche pas de participer au tournage de My Name Is Khan pour lequel il est l’un des assistants, avec Varun Dhawan notamment. Le réalisateur de l’œuvre, Karan Johar, lui offre Student of the Year, qui sortira en salles en 2012. Dans ce film, il est Abhimanyu Singh, un homme de condition modeste prêt à tout pour concrétiser ses ambitions. Sa performance est accueillie positivement mais ne permet pas à Sidharth Malhotra de briller, quelque peu éclipsé par la prestation de son partenaire dans le film : Varun Dhawan.


En 2014, il donne d’abord la réplique à Parineeti Chopra dans la comédie romantique Hasee Toh Phasee. Cette production de Karan Johar, Vikas Bahl, Anurag Kashyap et Vikramaditya Motwane raconte la relation entre une scientifique délurée et un jeune entrepreneur peu sûr de lui. Dans le rôle de Nikhil, il livre une prestation à l’image de son personnage : discrète et enlevée. Son duo avec Parineeti fonctionne à merveille, permettant au métrage de rencontrer un succès à la fois populaire et critique. Plus tard dans l’année, il est le héros de Ek Villain, réalisé par Mohit Suri. Il partage l’affiche de ce thriller romantique avec Shraddha Kapoor et Riteish Deshmukh. A travers ce projet, Sidharth tente de mettre son costume de garçon lisse à la poubelle dans la peau d’un tueur sur la voie de la rédemption. Pourtant, le jeune homme peine à exploser en mari vengeur et manque encore de maturité dans son jeu. L’œuvre marque surtout pour la belle alchimie qui le lie à Shraddha Kapoor ainsi que pour sa superbe bande-originale. Ek Villain deviendra l’un des plus gros plébiscites de l’année 2014. En 2015, Sidharth était à l’affiche d’un film qui change la donne : le drame Brothers, remake hindi du succès américain Warriors. Il y incarne un boxeur face à Akshay Kumar et Jacqueline Fernandez. Il sera ensuite le héros du prochain projet de Shakun Batra Kapoor and Sons, avec Alia Bhatt et Fawad Khan. On le retrouvera enfin aux côtés de Katrina Kaif dans Baar Baar Dekho. Ces trois métrages sont produits par son mentor, Karan Johar.

EN CONCLUSION Si Varun a signé des projets plutôt conventionnels en 2014, il a su rebondir avec un vrai rôle fort en début d’année 2015 grâce à Badlapur. Dans un registre similaire, Sidharth n’a que partiellement rempli son pari avec Ek Villain. Sidharth signe des projets intéressants mais semble rester très lié à Karan Johar, qui a produit la plupart de ses films. Quant à Varun, on sent plus de liberté dans ses choix, certes pas toujours pertinents, mais qui ont le mérite d’être diversifiés. Varun est un ‘entertainer’, une boule d’énergie qui doit gagner en nuance et en maturité. Son jeu rythmé est en tout cas communicatif. Quant à Sidharth, il apparaît à l’écran plus en retenue et dans ses instants de lumière, il peut faire penser à l’excellent Arjun Rampal.

S’ils ont tous deux le temps de progresser et de s’imposer comme des valeurs sûres, Varun Dhawan et Sidharth Malhotra sont quoiqu’il en soit parvenus à rassembler par leur charisme et leur détermination. C’est pourquoi Bolly&Co’ vous propose de revenir sur les films de ces deux stars en devenir à travers leurs critiques.

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SIDHARTH

MALHOTRA

QUI A SU

s ’i m pos e r ?

VA R U N

D H A WA N


C CRITIQUE

EK VILLAIN PAR ASMAE

Lorsque le premier teaser de Ek Villain est lancé le 4 avril 2014, le film créé le buzz. En effet, depuis le carton plein de son drame musical Aashiqui 2, les travaux du cinéaste Mohit Suri sont des plus anticipés, expliquant ainsi les attentes autour de Ek Villain. L’album du film sort quant à lui le 28 mai 2014. De son histoire à sa musique en passant par son casting, tout ce qui a fait le succès d’Aashiqui 2 est passé à la moulinette pour évaluer si Ek Villain sera à la hauteur de son prédécesseur. Les fans comme les critiques attendaient donc ce thriller romantique au tournant. Pourtant, il n’y a pas de quoi en faire des caisses ! Effectivement, Mohit Suri s’est déjà essayé au thriller par le passé, même s’il était plus érotique que romantique. Il a dirigé Emraan Hashmi, le spécialiste du genre, dans Awarapan, Raaz et Murder 2. Il ne vend rien de grandement avantgarde, mais des suspenses de bonne facture à l’aune d’une industrie hindi où ceux sont les romcom et les masala qui font fureur. Mohit Suri est à l’image de la boîte de production Vishesh Films : le vilain petit canard de Bollywood. Leurs films ne sont que très rarement nommés lors de cérémonies de récompense et reçoivent un accueil froid de la part des critiques, qui considèrent ces œuvres comme des productions de seconde zone.

Mais le public répond régulièrement présent dans les salles qui diffusent leurs travaux, faisant au passage des protégés de la bannière Emraan Hashmi, Bipasha Basu et Kangana Ranaut de véritables stars. Mais le succès inattendu de Aashiqui 2 a remis les pendules à l’heure, révélant les talents jusque-là ignorés d’Aditya Roy Kapur et Shraddha Kapoor, et permettant à Mohit Suri de faire partie des réalisateurs les plus convoités de Bollywood.

Avec Ek Villain, il doit confirmer l’impression laissée par son blockbuster de l’an 2013. L’enjeu est énorme pour sa carrière, mais pas seulement. Le cinéaste a en effet décidé de miser sur un casting plutôt inattendu pour le genre : le lisse Sidharth Malhotra et le sympathique Riteish Deshmukh joueront les « méchants » de cette love story. Sidharth a effectivement campé des personnages très proprets pour ses films Student Of The Year et Hasee Toh Phasee. Quant à Riteish, c’est surtout dans la comédie qu’il s’est illustré. Ainsi, au lieu d’être impatients, il y a là toutes les raisons d’être anxieux à la perspective de ce film qui se base sur les frêles épaules de ses acteurs inexpérimentés . Alors, Ek Villain est-il vraiment le film espéré ? Le suspense annoncé dans les différentes bandesannonces est-il au rendez-vous ? Sidharth et Riteish parviennent-ils à habiter ces personnages si éloignés de leurs registres respectifs ? ►

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Tenter de vous résumer l’intrigue de ce film aurait toutes les chances de vous ruiner le semblant de mystère qui y réside. En visionnant les vidéos promotionnelles du film, la comparaison avec un autre thriller peut allègrement se faire : le brillant Ghajini, avec Aamir Khan et Asin Thottumkal ou l’histoire d’un homme meurtri qui tente de venger la mort de sa fiancée. C’est tout à fait ce qui se dégage de la bande-annonce de Ek Villain, un Guru (Sidharth Malhotra) enragé par le décès de sa bien-aimée Aisha (Shraddha Kapoor), dont on peut soupçonner Rakesh (Riteish Deshmukh) d’en être l’assassin. Mais les apparences sont parfois trompeuses, et Guru semble aussi mauvais que celui qui a tué sa belle.

Alors, qui est le veritable méchant de cette histoire ? Je vous rassure (ou pas !), le suspense ne dure pas bien longtemps et on est au contraire rapidement fixé sur la nature de chacun des protagonistes de Ek Villain. On a bien un méchant, mais il y a également un héros qui est en réalité un méchant révolu. Nous avons droit à une belle héroïne pour couronner le tout. Le schéma est finalement moins innovant que prévu. Malgré ce qu’on nous promet, il n’y a pas là deux âmes mauvaises qui s’affrontent, mais deux incarnations respectives du Bien et du Mal racontées de la façon la plus classique qui soit. La narration se fait sous le même format que pour Ghajini, par le biais de flashbacks en exploitant la liste de vœux d’Aisha comme fil conducteur là où c’était le journal de Sanjay qui permettait de situer l’histoire dans le succès de A.R. Murugadoss. Le rôle d’Aisha est cependant plus mélodramatique que celui de Kalpana. Toutes deux sont pleines de vie, serviables et généreuses ; mais (ATTENTION SPOILER) on ajoute à Aisha un cancer et une grossesse pour hyperboliser la tournure misérabiliste de son sort. (FIN DU SPOILER) C’est dommage car Shraddha Kapoor insuffle une véritable fraîcheur à ce personnage hélas vu et revu. Contrairement à Aashiqui 2 où elle incarnait un rôle de femme-enfant vulnérable devenue battante sur le tard, elle capte ici l’attention du spectateur dès ses premières secondes d’apparition par sa vivacité. Elle est 118

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lumineuse et charismatique malgré un rôle plutôt cliché, au final. Elle possède cette exubérance et ce jeu énergique, presque cabotin, caractéristique de grandes actrices des années 1990 telles que Kajol, Juhi Chawla et Karisma Kapoor. Si elle joue avec justesse son rôle, Aisha n’est qu’un personnage secondaire du film. En effet, l’enjeu tourne autour de la confrontation entre Guru et Rakesh, et c’est en cela que Ek Villain tire tout son intérêt. Dans la plupart des films, le méchant n’est jamais réduit qu’à sa fonction négative. Il est là pour semer la terreur, kidnapper l’héroïne, se battre pendant les 20 dernières minutes du film avec le héros avant de mourir ou d’être saisi par les autorités. Mais dans Ek Villain, il a une vraie place à tenir. Rakesh est aussi mis en valeur et dévoilé que Guru. On découvre ses vices, mais également son quotidien et ses profondes pensées. Il n’est pas mauvais par essence mais par circonstances. Il devient l’incarnation du Mal face au Bien que devient Guru. Rakesh est certes l’antagoniste de l’intrigue, mais il est assez développé pour ne pas se limiter au personnage de genre réducteur que constituent de coutume les méchants au cinéma.

Ek Villain explique ainsi de façon assez fascinante la capacité de chaque être humain à changer et à muer soit en une meilleure version de lui-même ou, a contrario, à en devenir l’avatar le plus négatif. Guru a toujours laissé sa rage prendre le dessus. Lorsqu’il rencontre Aisha, il se découvre submergé par un autre sentiment dont il ne soupçonnait pas le pouvoir jusqu’alors : l’amour. Chez Rakesh, c’est l’amour à sens unique qu’il porte à son épouse qui le dévore, le frustre pour finalement qu’il éclate au visage de ses victimes de la façon la plus violente qui soit. On a donc deux perceptions de l’amour : l’amour réparateur et l’amour destructeur. Guru et Rakesh incarnent respectivement ces deux visions. ►



Sidharth Malhotra prend un véritable risque avec ce film, loin de ses rôles d’indian lover sans relief. On peut saluer sa prise d’initiative et admettre qu’il est absolument irrésistible avec ce look de mauvais garçon. Pourtant, au sortir du visionnage, on garde un goût assez amer de sa prestation. En effet, il lui manque quelque chose pour tout à fait convaincre dans ce rôle de composition : plus d’implication ? Plus de démonstration ? On a parfois le sentiment que Sidharth a une palette d’expressions assez limitée. Si le personnage de Guru est, par essence, très inexpressif ; il est assez étonnant de constater que, même dans les séquences de bagarre ou d’émotions intenses, l’acteur ne semble pas se donner à 100%. Il se contente de crier de façon assez machinale, le tout manquant cruellement de spontanéité. S’il a du potentiel, peut-être que ce rôle est venu trop tôt dans la carrière du comédien. De surcroît, son alchimie avec Shraddha est plutôt fragile. On a le sentiment que la jeune femme est la seule à s’impliquer, alors que son partenaire marche à reculons. Durant tout le film, on se demande ce qu’aurait donné cette œuvre avec Aditya Roy Kapur dans la peau de Guru. La complicité qu’il partageait avec Shraddha était indéniable, et le comédien est connu pour sa grande générosité à l’écran. En outre, les rôles d’écorchés vifs lui vont à merveille, et nul doute qu’il aurait fait des étincelles dans Ek Villain.

Mais la véritable révélation du film et sa vraie star, c’est Riteish Deshmukh. Le tendre époux de Genelia D’Souza fait un virage à 180° avec ce rôle de tueur sans pitié. Force est de constater qu’il est littéralement flippant en Rakesh, exceptionnel dans cette performance à contre emploi. Il prouve ainsi qu’il mérite beaucoup plus que les personnages comiques dont il écope depuis des années. Il interprète Rakesh avec une ferveur inégalée. Il crève l’écran à tel point qu’on s’attache à son personnage. Riteish explose dans ce thriller et donne à voir un antagoniste nuancé ; tantôt sans vergogne, tantôt vulnérable. Si vous voulez une seule bonne raison de voir Ek Villain, elle réside dans le travail impeccable du comédien.

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La force du film, c’est son efficacité et sa capacité à saisir le spectateur de la première à la dernière minute, malgré ses quelques faiblesses. La ravissante Aamna Shariff, star de la télévision ayant fait ses débuts à Bollywood dans Aloo Chaat en 2011 ; signe ici une performance des plus complexes. Elle campe Sulochana, la femme-bourreau de Rakesh. Contrairement à Aisha, Sulochana n’est ni douce, ni altruiste, ni joviale. Aamna doit ainsi composer un rôle de femme aigrie, plaintive et désagréable. Et elle relève le défi avec succès, incarnant ce personnage risqué avec justesse. On regrettera juste l’écriture bancale de ce protagoniste pourtant essentiel, dont la bipolarité n’est pas assez nette pour le spectateur afin d’en faire un réel élément de l’intrigue. La réalisation de Mohit Suri ne surprend guère. Elle reprend dans sa narration la mécanique de Ghajini, sorti 6 ans plus tôt, avec une histoire similaire. Comme avec Aashiqui 2, la photographie de Vishnu Rao est très consensuelle, probablement pour ne pas déstabiliser le spectateur. Mais le tout demeure visuellement assez pauvre, si l’on exclut certaines séquences musicales plus travaillées dans leur mise en image. Néanmoins, le récit est haletant et dynamique. La force du film, c’est son efficacité et sa capacité à saisir le spectateur de la première à la dernière minute, malgré quelques faiblesses. Cette œuvre puise également un de ses plus grands atouts dans sa bande-originale. A l’instar d’Aashiqui 2, on a droit à un album romantique, oscillant entre ballades et complaintes. Le tube « Galliyan » est une réussite absolue, grâce à la voix rugueuse et la mélodie surannée d’Ankit Tiwari. L’autre version de ce titre, interprétée en duo avec Shraddha Kapoor, est tout à fait envoûtante. La voix délicate de la jeune actrice sublime ce morceau déjà riche. La ballade « Banjaara » chantée et


C

CRITIQUE

en conclusion Ek Villain n’est peutêtre pas le thriller le plus novateur de l’industrie hindi, mais demeure un excellent divertissement, qui vous tirera les larmes des yeux plus vite qu’il ne faut de temps pour l’écrire.

composée par Mithoon est également savoureuse. Ce dernier officie également sur les instrumentaux de la poignante « Zaroorat », interprétée par Mustafa Zahid ainsi que sur la magnifique « Hamdard » qui bénéficie du grain de voix unique d’Arijit Singh. Mais la vraie surprise de la BO de Ek Villain, c’est « Awari ». Item number lancinant pour la jolie Prachi Desai, c’est le groupe Soch qui compose et partage cette chanson avec Momina Mustehsan. En résumé, cet album aux influences pop-rock est clairement l’un des chartbusters de l’année 2014.

Si Sidharth Malhotra est un petit peu en dessous du reste de la distribution, qui dans l’ensemble ne fait aucune fausse note, mentions spéciales à Riteish Deshmukh et Shraddha Kapoor qui donnent le meilleur d’eux-mêmes dans ce film rythmé et bouleversant. La musique, la prestation surprise d’Aamna Shariff et l’émotion qui se dégage de ce métrage vous feront probablement adhérer à l’histoire de Guru, Aisha et Rakesh. Ainsi, même s’il est clairement perfectible, on vous invite à découvrir Ek Villain pour sa sincérité et son impact. ▲ BOLLY&CO MAGAZINE

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SIDHARTH

MALHOTRA

QUI A SU

s ’i m pos e r ?

VA R U N

D H A WA N


C CRITIQUE

MAIN TERA HERO PAR ASMAE

Fils du cinéaste comique David Dhawan, Varun se devait inévitablement de travailler avec son père. Dès son second métrage, il joue sous sa direction pour Main Tera Hero, une comédie potache produite par Ekta Kapoor. Dès son premier film, on recense chez Varun une profonde qualité d’entertainer, cette capacité à se saisir de l’attention du spectateur aussi bien en vif fanfaron qu’en amant brisé. Avec Main Tera Hero, il tente de montrer au public son potentiel comique.

Pourtant, l’oeuvre est loin de briller par son efficacité... Seenu (Varun Dhawan) enlève la fille (Gurneet Singh) de son professeur (Raju Kher) en espérant qu’il lui valide son diplôme... Vous l’aurez deviné, Seenu n’a pas inventé l’eau tiède ! Sermonné par sa famille, il part finalement pour Bangalore afin de terminer ses études. Sur place, il tombe sous le charme de la jolie Sunaina (Ileana D’Cruz), déjà convoitée par le gangster du coin, Angad (Arunoday Singh). Seenu a quant à lui tapé dans l’œil de Ayesha (Nargis Fakhri), dont le terrible papa (Anupam Kher) va tout entreprendre pour les réunir...

L’histoire vous dit vaguement quelque chose ? Vous avez le sentiment d’avoir déjà lu ce pitch dans les pages de Bolly&Co’ ? C’est normal ! En effet, Main Tera Hero est le remake officiel du succès télougou Kandireega, dont nous vous proposions la critique dans notre précédent numéro. Dans cette version Bollywood, on sent en revanche que l’atmosphère a été clairement modifiée. Là où avec Kandireega, on avait droit à un masala familial et fédérateur, Main Tera Hero tend plutôt vers la sex-comedy lourdingue mais dynamique. Ici, David Dhawan nous fait un peu trop profiter de la plastique de ses comédiens, Varun se baladant régulièrement torse-nu tandis que ses partenaires semblent fans du bikini en guise de tenue de ville ! On y ajoute des baisers et une chanson dans la piscine pour qu’une comédie tous publics se transforme en une quotidienne de Secret Story ! Le seul argument tangible pour vous encourager à voir ce film réside clairement dans la présence de Varun au casting. Il est effectivement tordant, charmeur et taquin à souhait dans un film qui frôle régulièrement la vulgarité. C’est lui qui rend une bonne partie du film supportable par son charisme et son implication. L’acteur se donne et sa générosité est communicative. Le jeune homme remportera d’ailleurs par deux fois le prix du Meilleur Acteur Comique pour sa prestation à l’occasion des Star Guild Awards et IIFA Awards 2015. ►

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C CRITIQUE

Pour lui servir de faire-valoir, deux plantes vertes de compétition : Ileana D’Cruz et Nargis Fakhri. La première est une spécialiste du genre dans le sud du pays, où elle est devenue la cruche décorative par excellence au cinéma dravidien. Après avoir lancé sa carrière nordiste avec l’original Barfi !, on était en droit d’attendre d’elle des rôles plus recherchés et inattendus... Que nenni ! Ileana préfère manifestement s’enliser dans les sables mouvants de la facilité pour finalement tutoyer la médiocrité. A côté, la seconde semble tout droit sortie du cours Florent ! Nargis Fakhri signe ici son troisième film après le drame romantique Rockstar et le thriller politique Madras Cafe. Elle a au moins le mérite de se diversifier dans ses choix, avec ce souci de faire oublier au public ses débuts ratés dans Rockstar. Pour autant, son jeu reste très pauvre malgré de bonnes intentions. Soulignons tout de même que Nargis a doublé sa propre voix pour ce film, elle qui ne parle pas un mot de hindi. C’est un exercice que Katrina Kaif a mis plusieurs années à mettre en œuvre, attendant 2007 et la sortie de Namastey London pour prêter son timbre à l’un de ses personnages. Anupam Kher est excellent dans le rôle du père impitoyable de Ayesha. Dans un rôle complètement loufoque, agrémenté d’une perruque et d’échos pour souligner ses répliques, l’acteur est géant et prouve qu’il n’a nullement besoin d’un grand scénario pour briller. Evelyn Sharma incarne sa jeune épouse et se joue volontiers de son image de beauté écervelée dans le film. Arunoday Singh campe Angad, le truand qui s’accapare l’amour de la belle Sunaina. Il est benêt à souhait mais apparaît beaucoup moins cruel et effrayant que Sonu Sood dans la version originale. Le personnage de Saurabh Shukla fait ici l’objet d’un traitement


particulièrement abominable pour assurer son silence, rendu tétraplégique et muet par le héros du film. C’est un travers scénaristique qui aurait clairement pu être évité et qui plombe nettement la tonalité humoristique du film. Kavish Majmudar tient également un petit rôle dans le métrage. Si son nom ne vous dit rien, son visage vous sera en revanche probablement familier puisqu’il jouait le rôle de Hrithik Roshan enfant dans le classique La Famille Indienne.

A propos de Kandireega, j’écrivais dans ma critique qu’il s’agit d’un film qui « célèbre le cinéma populaire, le cinéma des masses, celui qui rassemble, qui distrait, fait rire et fait surtout oublier les problèmes. » Ce n’est pas avec ce regard qu’il faut visionner Main Tera Hero, qui s’adresse plutôt au public jeune et branché des multiplexes, qui saura être réceptif à l’ambiance plus libérée du métrage de David Dhawan. Le public a pu s’amuser de quelques références au septième art, l’une à Barfi lorsque Seenu fait la cour

EN CONCLUSION Si Varun Dhawan porte le film sur ses épaules, l’œuvre en elle-même manque cruellement de subtilité et de légèreté pour vraiment marquer les esprits.

à Sunaina, l’autre à Yeh Jawaani Hai Deewani lors d’une scène hilarante de prière hindoue. Le duo de compositeurs Sajid-Wajid se devait donc de respecter le ton de l’œuvre avec un album sexy, moderne et accrocheur. Pari réussi pour les directeurs musicaux, qui nous concoctent ici une bande-son catchy qui reste en mémoire bien après la première écoute. L’atout principal de l’album réside d’ailleurs dans la participation de l’excellent Arijit Singh à deux morceaux de la bandeoriginale. Il pose d’abord sa voix sur le tube de l’œuvre, « Palat », dont le refrain n’est pas sans rappeler celui de « Jahan Teri Yeh Nazar Hai », titre du film de 1981 Kaalia avec Amitabh Bachchan.Il partage également avec Shalmali Kholgade l’énergique « Shanivaar Raati », morceau dansant qui permet aussi de mettre en avant les talents en danse de l’acteur principal. « Besharmi Ki Height » avec Benny Dayal et Shalmali Kholgade remplace la traditionnelle ballade pour signifier le coup de foudre des deux héros et annonce dans une ambiance de boite de nuit la naissance de l’amour entre Seenu et Sunaina. Javed Ali et Neeti Mohan chantent enfin sur « Galat Baat Hai », qui s’écoute bien sur CD sans posséder la connotation sexy que lui donne la mise en scène de David Dhawan.

On sent que la seule préoccupation du cinéaste était de mettre en valeur son fils sous tous les angles, en dégageant son physique d’Apollon, ses capacités en danse et son indéniable charisme. Le reste de la distribution reste sur le bas-côté de la route et, si l’on omet Anupam Kher qui a su exister malgré un rôle secondaire plutôt limité, les autres comédiens peinent à trouver leur place dans cette comédie qui ne nous fait rire qu’épisodiquement. Main Tera Hero se regarde si vous êtes fans de Varun Dhawan. Autrement, tournez-vous vers le métrage original en langue télougoue avec Ram Pothineni... ▲

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ILEANA D’CRUZ :

mais qu’est-ce qu’elle fabrique ?! PAR ASMAE

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PHOTOGRAPHIE : NOBLESSE INDIA


Soyons clairs, je n’étais absolument pas fan d’Ileana D’Cruz lorsqu’elle officiait dans le sud du pays. Elle avait beau être jolie, je la trouvais assez insipide à l’écran. Ma rencontre désastreuse avec Ileana a eu lieu avec Devadasu. Tombée amoureuse de l’acteur télougou Ram Pothineni après l’avoir découvert dans Ganesh, sorti en 2009, je m’étais saisie de Devadasu comme d’une nouvelle occasion de l’apprécier dans une romance pur jus. «

Chouette ! Mon Ramchou dans un film directement inspiré (pompé) de Devdas ! Je sens que mon cœur de guimauve va se régaler ! » Grand mal me prit d’espérer tant de ce film ! Ileana faisait ses débuts d’actrice avec ce projet, dans la peau d’une étudiante en musique classique issue d’une famille aisée. « Elle est mignonne, cette fille mais

c’est quand, qu’elle commence à incarner son personnage plutôt que d’enchaîner les moues de mannequin en mini-short ? » J’ai attendu plus de deux heures... en vain ! Pourtant, l’Inde dravidienne ne partagera pas mon avis et lui remettra le South Filmfare Award du Meilleur Espoir Féminin... J’avais donc entrepris de prendre un billet d’avion pour l’Inde et, après un sérieux régime et une rhinoplastie, de faire la cruche dans un film bourrin pour finalement remporter, moi aussi, mon prix d’interprétation ! Parce que Ileana dans Devadasu, c’est clairement pas Meryl Streep dans Out of Africa, mais plutôt Ayem Nour dans Hollywood Girls ! Bref, je m’égare...

J’ai ainsi pris le soin de boycotter une bonne partie de la filmographie d’Ileana, sans toutefois pouvoir échapper au culte Pokiri avec Mahesh Babu qui, oh surprise, ne lui donnait aucune place... « Mais dis-moi, Ileana, t’as

donné des cours à Sonakshi dans l’art de ne servir à rien au cinéma ?! » J’ai également eu le malheur de visionner Aata, dans ma fièvre passionnée pour Siddharth Narayan... Dans ce métrage, Ileana atteint des sommets de médiocrité et frise à de multiples reprises la vulgarité, franchement pas aidée par l’écriture artificielle de son personnage. Plus tard, j’ai pu la voir dans Jalsa, avec Pawan Kalyan. Elle y incarne la prétendante du

héros surpuissant... Sans déconner ?! Encore ?! Et oui... Pourtant, le jury des South Filmfare Awards trouve sa prestation convaincante et la nomme pour le prix de la Meilleure Actrice. « Sanjay, il est fort, il

a une belle moustache et il vient juste de mettre un râteau à ma meilleure pote... Et si je le draguais ? » J’ai vu plus intéressant et attachant comme personnage...

En 2010, elle persiste et signe avec Kick. Car Ileana aime les hommes à moustache qui ont deux fois son âge ! Ici, elle court allègrement après Ravi Teja dans ce masala au suspense TRES relatif ! Elle est jolie, elle tombe amoureuse, fait quelques pas de danse et se fout un peu de glycérine dans les yeux histoire de verser quelques larmes de crocodile... Contrat rempli ! Au blockbuster bourrin suivant ! Deux ans plus tard, elle ambitionne de reprendre la place de Kareena Kapoor dans la version tamoule de 3 Idiots. Dans un rôle initialement écrit pour Tamannaah, Ileana demeure cependant sous-exploitée dans ce Nanban, qui met surtout en valeur l’excellent Vijay. Ici, elle a tout de même le mérite de changer de registre et insuffle une véritable fraîcheur à Ria. Avec ce métrage, je découvre une Ileana lumineuse et surtout en capacité de se saisir de toutes les dimensions du protagoniste qu’elle incarne, laissant derrière elle la façade superficielle de demoiselle en détresse sexy qui a cependant fait sa gloire. La même année, Anurag Basu la caste dans Barfi ! dans un rôle dont personne ne veut. A la base signé par Katrina Kaif, elle quittera finalement le projet après que Priyanka Chopra ait intégré la distribution. Les actrices en vogue fuient ce rôle de narratrice comme la peste, conscientes de la puissance du personnage campé par Priyanka. Mais Ileana, pourtant abonnée aux soupes commerciales, a clairement eu du flair sur ce coup-là ! Dans la peau d’une jolie bengalie ayant abandonné son premier amour, elle étincelle et démontre d’un jeu absolument impeccable. Loin d’être mise en avant, la jeune femme fait preuve d’une présence captivante à l’écran et dégage une élégance digne des actrices des années 1970 comme Hema Malini et Mumtaz. Nommée ►

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ILEANA D’CRUZ :

mais qu’est-ce qu’elle fabrique ?! pour le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle, elle est la lauréate du prix du Meilleur Espoir Féminin, le deuxième de sa carrière... « Adieu,

les années de vaches maigres, de bouses cinématographiques et assimilés ! Elle a vu la lumière, la petite ! Celle du cinéma de qualité ! » J’aurais mieux fait de me taire...

Parce qu’après avoir marqué le cinéma dravidien par son inconsistance, Ileana a décidé de récidiver à Bollywood ! Elle a d’abord signé Phata Poster Nikla Hero, aux côtés de Shahid Kapoor. Pour cette comédie de Rajkumar Santoshi, elle semble jouer le rôle d’une assistante sociale... Une assistante sociale dont la seule mission inscrite sur la fiche de poste est d’aller râler chez les flics ! Il est beau, le travail social ! Mais ai-je réellement besoin de vous dire que son rôle est anecdotique là où je vous l’avais déjà si bien expliqué dans la critique de l’œuvre, présente dans le précédent numéro de Bolly&Co’ ? Et bien, non ! Pourquoi ? Parce que j’ai la flemme ! Une flemme dont est également atteinte Ileana dans l’art de choisir ses projets. « Oh, un faux flic mignon !

Et si j’allais l’interpeller au moindre problème comme s’il était le seul poulet dans tout Mumbai ? »

Mais le pire est à venir avec Main Tera Hero, sorti en 2014 avec Varun Dhawan et Nargis Fakhri. Remake du film télougou Kandireega, Ileana signait là un énième masala machiste... Et pourtant, elle battra tous les records de platitude dans ce métrage. Et là, un questionnement m’habitât, inspirant le titre de cet article : « Mais qu’est-ce qu’elle

fabrique ?! Elle a eu la chance de démarrer sa carrière à Bollywood avec un film magnifique et auréolé de succès, comme pour signer un

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nouveau départ avec des prestations fortes en perspective... Alors pourquoi est-ce qu’elle retombe dans ses vieux travers ?! » J’avoue être dans une réelle incompréhension face à la tournure que prend la carrière d’Ileana lorsque je vois les vidéos promotionnelles de Main Tera Hero, voyant la jeune femme se dandiner en bikini en se frottant contre Varun Dhawan qui en a d’ailleurs profité pour tomber la chemise... On dirait que je vous décris le début d’un film graveleux ? Et pourtant, Main Tera Hero a la vocation d’être un divertissement familial. Pour la distinction et l’élégance, on repassera... Un éclair de génie est survenu en fin d’année 2014 avec la sortie de Happy Ending, une comédie romantique avec Saif Ali Khan et Kalki Koechlin. Dans ce métrage, elle est Aanchal, une auteure de livres romanesques qui ruine la carrière de Yudi, incarné par Saif. On la retrouve dans un rôle pétillant de femme indépendante et lucide sur les relations humaines, un vrai bonheur ! Pourtant, Happy Ending fera un bide au box-office malgré une prestation notable de la jeune comédienne.

« Bon, si je fais le bilan de la carrière d’Ileana, j’ai quand même le sentiment qu’elle est guidée par les rôles accessoires, avec quelques jolies prestations. Je retiendrai surtout son jeu sensible dans Barfi, qui misait pourtant sur le duo Ranbir/Priyanka. Malgré cela, elle est parvenue à marquer les esprits avec ce métrage. Pour autant, elle semble se laisser aller à la facilité, en s’orientant vers des personnages que le public lui connaît déjà et dans lesquels elle n’aura pas à se casser grandement la tête... C’est dommage ! » ▲


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M MUSIQUE

La musique indienne occupe une place primordiale dans le cinéma indien et constitue une composante essentielle du succès d’un film. La musique a évolué, au même titre que le cinéma lui-même ; et incarne à elle seule le syncrétisme culturel dû à la globalisation. Cependant, l’Inde reste l’un des rares pays à avoir su sauvegarder son folklore, phénomène remarquable à travers la musique notamment. Par le biais de cette rubrique exclusivement musicale, vous découvrirez les grands artisans de la musique indienne d’hier et d’aujourd’hui ; chanteurs, paroliers et compositeurs ; les classiques comme les jeunes révélations.

LUMIÈRE SUR

Arijit Singh

PAR ASMAE

Depuis deux ans domine un nouveau souverain au royaume de la musique filmi. Il s’agit du talentueux Arijit Singh. S’il officie depuis 2005 à Bollywood, ce n’est qu’en 2013 que son talent a pu éclore aux oreilles des indiens, devenant ainsi l’un des artistes musicaux les plus populaires et prolifiques de sa génération. Car Arijit revient de loin et a mis du temps avant de devenir la star qu’il est aujourd’hui... Né d’un père punjabi et une mère bengalie, Arijit Singh apprend la musique de sa grand-mère et de sa tante, initiées à la musique classique indienne. Sa mère lui enseigne quant à elle les bases du tabla, dans lequel il se spécialise sous la houlette du musicien Dhirendra Prasad Hazari. Sa sensibilité pour la musique le pousse à participer en 2005 à l’émission Fame Gurukul, version indienne de la Star Academy. Encouragé par ses enseignants, il avoue avoir participé au programme principalement parce ► 130

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que le compositeur et chanteur Shankar Mahadevan faisait partie du jury. Il arrive en finale et prend part dans la foulée à un autre programme : 10 Ke 10 Le Gaye Dil qui oppose les candidats de Fame Gurukul à ceux de Indian Idol. Il en sortira vainqueur, ce qui lui permettra de travailler en tant que programmateur musical pour Shankar-EhsaanLoy, Vishal-Shekhar ou encore Mithoon. Satisfait de son métier de programmateur, il refuse plusieurs opportunités de chanter. Il n’est pas à l’aise avec son timbre écaillé, loin des voix veloutées de Kumar Sanu et Sonu Nigam.

Pourtant, sa rencontre avec Pritam va chanter la donne. Ils collaborent sur les bandes-originales Golmaal 3, Crook et Action Replayy, mais Pritam souhaite qu’il pose sa voix sur ses prochaines compositions. Après avoir lourdement insisté, il finit par convaincre Arijit d’enregistrer en 2009 « Phir Mohabbat » pour le métrage Murder 2, qui sortira finalement en 2011. L’année suivante, il cède de nouveau à Pritam qui lui offre la ballade « Raabta » de Agent Vinod. Le public apprécie la voix douce et aérienne du chanteur, qui n’est pas sans rappeler sur ce morceau un certain Ash King (à qui l’on doit des chansons comme « Dil Gira Dafatan » de Delhi-6 et « Te Amo » de Dum Maaro Dum). Plus tard dans l’année, Arijit participe aux musiques des films Barfi !, Players et Cocktail, avec plus d’identité. Si son aventure de chanteur de play-back commence ici, c’est en 2013 que sa carrière va prendre une nouvelle dimension avec UN album : le score de Aashiqui 2, sur lequel il enregistre pas moins de 6 titres. L’album fait un carton et élève Arijit au rang de nouvel espoir musical, au même titre que Shalmali Kholgade et Monali Thakur. Pour la ballade incontournable « Tum Hi Ho », il reçoit le Filmfare Award du Meilleur Chanteur. Il remporte cette distinction la même année lors des Filmfare Awards East pour le titre bengali « Mon Majh Re ». Cette année-là, il excelle également sur « Kabira » de Yeh Jawaani Hai Deewani et « Kashmir Main Tu Kanyakumari » de Chennai Express.

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En 2014, il est des plus actifs suite au plébiscite d’Aashiqui 2 et nous gratifie de nombreuses chansons à succès. On le retrouve ainsi sur les bandes-sons de productions telles que Heartless, Ek Villain, Happy New Year et Happy Ending. Il sera surtout pressenti pour le trophée du Meilleur Chanteur pour les ballades « Mast Magan » de 2 States et « Suno Na Sangemarmar » de Youngistaan. Au fil des morceaux, il a su imposer son style unique et faire de sa voix rugueuse sa marque de fabrique. Le morceau « Milne Hai Mujhse Aayi » lui donne l’occasion de chanter un titre aussi fort que mélancolique. On y découvre un timbre vif et marqué, qui deviendra immensément populaire par la suite. Plus tard dans l’année, il excelle sur une chanson des plus énergiques : « Dilliwali Girlfriend » de Yeh Jawaani Hai Deewani. Il prouve sa polyvalence en s’illustrant dans des registres différents, notamment avec le titre classique « Laal Ishq », un son enivrant de la bande-originale du film Goliyon Ki Raasleela – Ram Leela. S’il cite régulièrement « Kabhi Jo Badal Barse » de Jackpot comme l’un des titres qu’il a préféré enregistrer, il évoque la ballade « Tose Naina » de Mickey Virus comme un morceau spécial à ses yeux, un air plus posé, moins calibré pour caracoler en tête des charts mais qui constitue un instant de grande musicalité. Avec « Palat » de Main Tera Hero, Arijit officie sur une chanson décalée et plus commerciale, preuve qu’il sait s’adapter à tous les univers et tous les publics. On le retrouve sur le son électro « Raat Bhar » de Heropanti, avant qu’il prouve quel artiste d’exception il est avec la bouleversante « Muskurane » de CityLights. Avec « Mareeze-Ishq » de Zid, « O Soniye » de Titoo MBA, « Tu Har Lamha » de Khamoshiyan ou encore « Janib » de Dilliwali Zaalim Girlfriend ;

il s’impose définitivement comme le nouveau roi de la chanson romantique indienne.


PHOTOGRAPHIE : FILMFAIRE AVRIL 2015

M MUSIQUE

La texture vocale d’Arijit Singh est désormais reconnaissable parmi les centaines d’autres qui exercent pour le cinéma indien. En à peine quelques années d’activité, il est devenu à force de travail le chouchou du public et des critiques, qui saluent sa capacité à chanter tous les genres, toujours avec la même subtilité et la même rigueur. Assurément, Arijit Singh est la voix du Bollywood actuel, ayant prêté son timbre si particulier aux plus grands acteurs de l’industrie, de Shahrukh Khan à Ranbir Kapoor, en passant par Saif Ali Khan et Shahid Kapoor. ▲

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P L AY L I S T N O R D Spéciale Arijit Singh


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« Tum Hi Ho » de Aashiqui 2 Chanté par Arijit Singh

Cette ballade romantique composée par Mithoon est devenue l’hymne de ce film à succès sorti en 2013. Dans Aashiqui 2, « Tum Hi Ho » illustre l’idylle naissante entre Rahul, chanteur populaire mais accro’ à l’alcool et Arohi, jeune marathi qui rêve de faire carrière dans la musique. Ce titre fait désormais office de classique de la chanson romanesque hindi.

MUSIQUE

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« Kabhi Jo Baadal Barse » de Jackpot Chanté par Arijit Singh

Sorti en 2013, le film est rapidement tombé aux oubliettes. Pourtant, sa chanson « Kabhi Jo Badal Barse » est devenue un chartbuster. Le chanteur confessait lui-même qu’il s’agissait d’un de ses titres préférés. La composition du duo Sharib-Toshi est d’une grande beauté, assez simpliste mais fortement efficace.

« Main Dhoondne Ko Zamaane Mein »

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de Heartless Chanté par Arijit Singh

Composée par Gaurav Dagaonkar, « Main Dhoondne Ko Zamaane Mein » est un pur bijou. Cette complainte met merveilleusement en valeur la voix du chanteur, à la fois rugueuse et puissante. Sa mélodie allie piano et cordes avec brio, sans jamais étouffer le timbre de son artiste. Si le film de Shekhar Suman est passé complètement inaperçu lors de sa sortie en 2014, on ne peut pas en dire autant de sa musique, qui constitue probablement l’un des meilleurs albums de l’année. Et ce son y a grandement contribué.

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« Tere Hoke Rahenge » de Raja Natwarlal Chanté par Arijit Singh

Qui dit Emraan Hashmi dit tubes en puissance! Et l’album de Raja Natwarlal ne déroge pas à la règle. Le vrai joyau de cette bande-originale réussie, c’est « Tere Hoke Rahenge ». Ce morceau vacille entre la ballade indienne et la complainte pop. La voix d’Arijit Singh se marie formidablement avec l’instrumental composé par le tamoul de talent Yuvan Shankar Raja. Le titre est aussi riche dans sa construction puisqu’il use à la fois de la guitare basse, de beats électro’, du piano et du violon.

« Dilliwaali Girlfriend »

de Yeh Jawaani Hai Deewani Chanté par Arijit Singh et Sunidhi Chauhan On retrouve, une fois n’est pas coutume, le chanteur sur un morceau rythmé et festif. On découvre ainsi qu’en plus de sa vulnérabilité, la voix de l’artiste peut aussi être toute en puissance. Arijit Singh a du coffre et du dynamisme et le prouve sur cette musique signée par Pritam. En duo avec l’énergique Sunidhi Chauhan, ce titre est un des points forts de la BO de la romcom avec Ranbir Kapoor et Deepika Padukone.

« Hamdard »

de Ek Villain Chanté par Arijit Singh Pour le thriller de Mohit Suri, Mithoon compose la surannée « Hamdard », que le chanteur interprète en solo. Il est ici en terrain connu : celui de la chanson romantique lancinante et délicate. S’il ne prend aucun risque avec ce morceau, il vit à fond « Hamdard » et le résultat est des plus opérants. BOLLY&CO MAGAZINE

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M MUSIQUE

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« Uska Hi Banana » de 1920 : Evil Returns Chanté par Arijit Singh

Le musicien Chirantan Bhatt lui offre l’énigmatique « Uska Hi Banana » pour le film d’horreur 1920 : Evil Returns. Avec cette chanson, il prouve qu’il peut également illustrer des titres autres que romantiques, en créant ici une ambiance mystérieuse et violente. Pourtant, il ne s’agit pas d’un titre criard. La mélodie est composée en toute sobriété, et c’est ce qui fait la spécificité de « Uska Hi Banana ». Enfin, c’est l’un des premiers sons d’Arijit, qui deviendra une star un an plus tard avec l’album de Aashiqui 2.

« Khalbali »

de 3G Chanté par Arijit Singh, Shilpa Rao et Tochi Raina Les collaborations entre le chanteur et le compositeur Mithoon sont toujours gages de pépites musicales. L’air à la guitare de ce titre donne à l’artiste un trio évanescent, presque onirique. Au cœur du thriller qu’est 3G, « Khalbali » est une rêverie mélodieuse, notamment grâce à la voix de la géniale Shilpa Rao.

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« Duaa »

« Sajde »

de Shanghai Chanté par Arijit Singh, Shekhar Ravjiani et Nandini Srikar

L’intense « Sajde » est composée par les acclamés Shankar-Ehsaan-Loy. Titre sensuel et fort, la voix d’Arijit prend une dimension plus charnelle qu’à l’accoutumée, magnifiée par le timbre plus cristallin de Nihira Joshi sur la mélodie tonitruante du trio de musiciens.

Dans le thriller noir Shanghai, la musique du duo Vishal-Shekhar est une vraie perle. Parmi les morceaux telluriques et rudes composés pour le film, on trouve la complainte « Duaa », aussi enivrante que poignante. Si c’est la chanteuse Nandini Srikar qui mène le morceau, Arijit y apporte un supplément d’âme qui sublime ce titre bouleversant.

de Kill Dil Chanté par Arijit Singh et Nihira Joshi

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FA N A A

PAR ASMAE

Lorsque j’ai entamé ma découverte du cinéma indien en 2008, je n’avais d’yeux que pour Shahrukh Khan. Il était mon acteur préféré, mon héros, l’incarnation de l’indian lover et de la magie que véhiculaient les films de Bollywood. J’aimais Shahrukh Khan si fort que, par lien de corrélation, je détestais tous ceux qui lui vouaient une quelconque aversion. C’est ainsi que je me suis mise à boycotter tous les films d’un certain Aamir Khan, dont j’avais lu à maintes reprises qu’il ne portait pas mon bien-aimé Shahrukh dans son cœur. Dans l’intervalle, j’ai commencé à vouer une admiration sans faille (qui vaut encore aujourd’hui) pour la magnifique Kajol, me promettant de visionner l’intégralité de sa filmographie. Sauf que dans le lot, il y avait Fanaa... avec Aamir Khan ! Cruel dilemme ! J’allais devoir supporter de voir mon actrice préférée flirter avec l’ennemi juré de mon cher Shahrukh ! De toute manière, il était clair que le duo Kajol-Aamir ne pourrait nullement prétendre à égaler la splendeur du couple Kajol-Shahrukh. C’était pourtant avec regret que j’émettais ce constat prévisionnel, puisque Fanaa est réalisé par l’un de mes cinéastes préférés : Kunal Kohli, qui a dirigé le brillant Hum Tum et l’attendrissant Mujhse Dosti Karoge. C’est alors que je me suis lancée dans le visionnage de Fanaa, partagée entre mon admiration pour Kajol et mon désamour pour Aamir Khan. Et pourtant, c’est ce film qui m’a ouvert au cinéma indien. Si Shahrukh m’a introduite à cette industrie, c’est avec Fanaa que j’ai oublié mes a priori pour mieux me laisser porter par la magie et la diversité de Bollywood...

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l’ h istoire Zooni Ali Beg (Kajol) est une jeune fille du Cachemire qui souffre de cécité. Elle prend part à un voyage à Delhi dans le cadre d’un spectacle commémoratif. C’est alors qu’elle rencontre un séduisant guide touristique, Rehan Khan (Aamir Khan), dont elle tombe très vite amoureuse. Mais les intentions de Rehan sont toutes autres. Lui ne croit pas en l’amour et ne pense qu’à satisfaire ses besoins. Pourtant, il commence à être séduit à son tour par le cœur pur de Zooni...


Comment vous dire ? Comment vous expliquer que ce film n’a pas été une simple claque, c’était un match de boxe que j’ai perdu par K.O. dès le premier round ?! Fanaa m’a fait comprendre une chose toute simple mais que j’avais du mal à intégrer à l’époque : le cinéma hindi ne se résume pas à Shahrukh Khan. Il n’est pas le seul acteur à nous vendre de la magie et du rêve, même s’il faut avouer qu’il le fait particulièrement bien. J’ai découvert Aamir Khan l’acteur et ai laissé de côté mes préjugés antérieurs pour mieux être charmée par cet artiste envoûtant. Bêtement, c’est avec Fanaa que je me suis mise à regarder d’autres genres de films hindi : des drames, des films sociaux, des œuvres historiques... ; là où je me limitais alors à la romance. Car oui, les romances indiennes sont magnifiques, et j’en suis une véritable fan. Mais j’ai appris que Bollywood, au même titre que les autres industries cinématographiques, regorgeait de films divers aux histoires plus intéressantes les unes que les autres, éloignées de l’éternel imbroglio amoureux auquel j’ai été habituée (et qui me convenait, entendons-nous bien!). Fanaa et plus généralement le cinéma d’Aamir Khan m’ont ouvert au monde, je me suis par la suite intéressée aux œuvres dravidiennes, à la littérature et au cinéma américain de l’Âge d’Or notamment grâce à son travail. C’est après avoir vu Dil Hai Ki Manta Nahin que j’ai découvert New York-Miami avec Clark Gable et Claudette Colbert, qui est depuis devenu un de mes films préférés. C’est après le visionnage de Ghajini que j’ai souhaité visionner sa version tamoule, pour ensuite m’intéresser à toute l’industrie de Kollywood. C’est grâce à Qayamat Se Qayamat Tak que je me suis prise d’une passion dévorante pour le théâtre de William Shakespeare. Bref, si j’aime Bollywood grâce à Shahrukh Khan, c’est à travers le travail d’Aamir Khan, en perpétuel renouveau, que j’ai appris à être plus curieuse et fascinée par le monde qui m’entoure. On peut dire que Fanaa a représenté un tournant dans ma façon de voir la vie de manière générale. C’est fou ce qu’un simple film peut changer à votre destinée ! Cela peut sembler mélodramatique, mais c’est une réalité : je suis celle que je suis grâce à Aamir.

Lorsque j’ai découvert Bollywood, j’étais une adolescente peu sûre de moi, sans réelle identité. Je me cherchais dans les styles et les caractères des autres, sans jamais me satisfaire de ce que je renvoyais. Le cinéma indien m’a donné une passion, mais surtout une façon de voir la vie qui correspondait à mes attentes, mes aspirations et mes valeurs. Finie la jeune fille terriblement mal dans sa peau ! J’ai décidé d’être moi-même et qu’importe si cela ne plaît pas à tout le monde ! Kajol peut bien avoir un mono-sourcil, et personne ne lui en tient rigueur! C’est même une femme superbe et une actrice formidable ! Shahrukh Khan peut avoir un nez imposant et cette tendance à bouger la tête comme un moineau, ça ne l’a pas empêché de faire craquer la moitié des filles de la planète (et des garçons, c’est l’amour pour tous, les amis !)! Aamir Khan peut bien être plus petit que moi et avoir des oreilles imposantes, ça ne l’empêche pas d’avoir un talent et un charisme tels qu’on en oublie ces détails. Et bien, ce sera pareil pour moi : être loquace et vive, constamment en train de me marrer pour rien sera un accélérateur de vie et non un handicap ! Et pour cette leçon, je tenais à remercier Aamir : merci de m’avoir permis de me découvrir, de m’accepter et de m’affirmer telle que je suis et telle que je souhaite être. Sur ce, j’ai tenu à écrire sur Fanaa, qui a été l’élément déclencheur de mon cheminement identitaire. Oui, ce film tout con sur une histoire d’amour impossible comme il en existe tant, en particulier en Inde ! Ce film en apparence franchement insignifiant, et pourtant si spécial... Fanaa occupe une place exclusive dans mon cœur. C’est généralement le film que j’utilise pour faire découvrir à mes amies le cinéma hindi, pour contredire le sempiternel cliché selon lequel « les films de Bollywood se finissent toujours bien même quand c’est improbable ».

Car Fanaa se termine mal. Très mal même. J’avais déjà vu Devdas, au final tragique. Mais avec Fanaa, c’est la première fois que j’ai été aussi bouleversée par la chute négative d’un

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métrage. Avec Devdas, même si ça nous bouleverse, on le sent venir. La mort de Devdas lui pend au nez, on espère juste que sa mort sera douce et qu’il pourra retrouver sa Paro dans son dernier souffle... Dans Fanaa, c’est beaucoup plus brutal et bien plus cruel. Et pour un film d’amour, c’est assez surprenant.

C’est d’ailleurs la véritable force de Fanaa : nous surprendre ! Car quand on le découvre pour la première fois comme nombre de mes amies, on s’attend à ce qu’on est en droit d’espérer d’un film indien : de la romance, des chansons, de la pudeur extrême et un happy end ! Le film s’annonce d’ailleurs ainsi durant son prélude : Zooni rencontre Rehan, Rehan courtise Zooni, Zooni tombe amoureuse de Rehan et inversement... Pourtant ; le film exploite un chemin narratif bien plus inattendu, et c’est en cela que Fanaa est une réussite : il utilise les codes du cinéma hindi sans jamais en dépendre. Les chansons et les scènes de flirt sont mises au service d’une histoire d’amour plus profonde et complexe, brillamment portée à l’écran par Kunal Kohli, dont c’est sans nul doute le film le plus précis. Fanaa est surtout servi par une distribution de première classe. Kajol, qu’on n’avait pas vu dans un rôle titre depuis La Famille Indienne en 2001, fait son grand retour au cinéma avec cette œuvre magistrale. Elle a refusé Kabhi Alvida Naa Kehna, le film de son ami Karan Johar, afin de pouvoir tourner Fanaa. A 31 ans, elle est lumineuse et dégage une présence incroyable. Il s’agit sans aucun doute de son rôle le plus risqué, celui d’une aveugle discrète et inhibée, aux antipodes de son tempérament drôle et exubérant. Face à elle, Aamir est bluffant en anti-héros. Les intentions de Rehan sont troubles, on ne sait jamais s’il est bon ou mauvais, s’il est vertueux ou malveillant. Dans la peau de ce séducteur énigmatique, l’acteur est impérial ! Il n’y a pas d’autre mot. Me faire tomber amoureuse du Raj de DDLJ ou du Rahul de KKHH, ce n’est pas difficile. Ils sont foncièrement bons et attachants.

Mais Rehan est un homme complexe, à la personnalité ambivalente, si bien qu’on ne le cerne jamais totalement. Mais je l’avoue, j’ai craqué ! Aamir a le don de contredire toutes mes certitudes, moi, la nana hermétique aux ‘bad boys’ ! Dans la peau de Rehan, il dégage un charme indescriptible. J’ai surtout fondu pour l’osmose fantastique entre les deux stars, à laquelle je ne m’attendais clairement pas. Alors oui, ce n’est pas la même chose que Shahrukh et Kajol ou Aamir et Juhi. Pourtant, Kajol et Aamir partagent une complicité magnifique, tellement différente de celle qu’on leur connaît avec leurs partenaires fétiches qu’il serait ridicule d’émettre une quelconque comparaison.

La magie de Fanaa, c’est qu’il m’étonne toujours ! Après l’avoir vu une bonne trentaine de fois, le temps a passé et mon intérêt pour la culture indienne s’est amplifié. Je me suis prise d’une passion immense pour les séries indiennes, dont une en particulier : Iss Pyaar Ko Kya Naam Doon. Ni une ni deux, je suis devenue une fan absolue de l’actrice Sanaya Irani, à tel point que j’ai entamé la traduction d’un autre de ses dramas pour Bolly & Co’ : Rang Rasiya. Pourtant, il m’a fallu revoir Fanaa une énième fois pour me rendre compte que Sanaya y avait fait ses débuts à Bollywood. En effet, elle y incarne Mehbooba, l’amie rêveuse de Zooni. Si son rôle est purement décoratif, il a confirmé pour moi la dimension culte de Fanaa. Non seulement ma comédienne de Bollywood préférée y faisait son come-back, mais en plus mon actrice de télévision favorite lui donnait la réplique ! Ça m’a fait le même effet que lorsque j’ai appris que Miguel Angel Muñoz (un acteur espagnol que j’adore depuis le collège) allait participer à Danse avec les Stars (mon divertissement préféré du PAF). Oui, cette sensation de double satisfaction qu’on éprouve lorsqu’une association aussi idéale qu’inespérée se concrétise ! Et comme si cela ne suffisait pas, Kunal Kohli a missionné Tabu pour une ‘friendly appearance’ (comprenez un petit rôle qu’elle a accepté à titre amical mais ►

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qui occupe une place effective dans l’intrigue)... Tabu !! Avec Kajol, cette femme est pour moi un monument ! Alors imaginez mon bonheur lorsque je les ai vu partager une scène commune (oui, une seule et unique scène, mais c’est déjà fabuleux!). Comme lorsque Aishwarya Rai et Madhuri Dixit partageaient l’affiche de Devdas, on a droit à une rencontre au sommet entre deux légendes vivantes de Bollywood, un moment de pure magie cinématographique... hélas trop court !

Fanaa est également devenu un classique grâce à sa musique.

Kirron Kher nous gratifie d’une petite apparition touchante en mère aimante et poétesse. Son couple avec Rishi Kapoor fonctionne à merveille. Ce dernier, en père protecteur puis en amant alcoolique, est tout à fait juste. Cet acteur est d’une polyvalence impressionnante. Même dans ses rôles de père, il ne choisit jamais la facilité et se lance dans des prestations audacieuses. Déjà dans Hum Tum, il était le père volage de Saif Ali Khan. Ici, il incarne avec intensité cet homme follement épris de sa défunte femme, qui surprotège sa fille aveugle. Shiney Ahuja et Lara Dutta font également des cameos remarqués ; en particulier cette dernière, envoûtante dans la peau de Zeenat, une ancienne conquête de Rehan.

La bande-originale de Fanaa est absolument remarquable.

La photographie aussi est saisissante. Le travail de Ravi K. Chandran est impeccable, il a capturé des images du Cachemire enneigé avec brio (bon, en fait, c’est la Pologne, mais chut!). On a également l’occasion de découvrir les grands lieux historiques de Delhi, superbement filmés par le cinématographe.

en conclusion Fanaa fait partie de ces films qui vous marquent au fer rouge. Mes amies non initiées au cinéma indien auxquelles j’ai fait découvrir ce métrage se sont toutes mises d’accord pour me dire à quel point elles ne s’attendaient pas à un tel film. Car Fanaa est une expérience électrochoc !

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Il s’agit de la dernière composition du duo JatinLalit, qui se séparera juste après à cause de différends artistiques irréconciliables. Ils nous ont offert des albums cultes comme ceux de Dilwale Dulhania Le Jayenge et La Famille Indienne.

L’album s’ouvre sur la magnifique « Chand Sifarish » qui vaudra à son interprète Shaan le Filmfare Award du Meilleur Chanteur. La voix de Kailash Kher vient sublimer ce titre enivrant. La ballade « Mere Haath Mein » est divine grâce aux contributions des chanteurs Sonu Nigam et Sunidhi Chauhan. Aamir Khan et Kajol y ont également récité de très beaux poèmes, qui font partie intégrante de l’histoire de Fanaa. Avec « Des Rangeela », on a droit à une musique festive en l’honneur de l’Inde, avec le timbre cristallin de Mahalakshmi Iyer. La chanson romantique « Dekho Na » est une ode à l’amour naissant, surannée grâce à ses artistes Sonu Nigam et Sunidhi Chauhan dont c’est la seconde collaboration sur cette BO. La joviale « Chanda Chamke » est en fait une reprise de « Yaara Yaara », un titre composé pour l’album de Hum Tum. « Yaara Yaara » est donc devenu un joli morceau saupoudré de poésie et de figures de style, avec notamment les voix de ses acteurs principaux.

C’est une leçon d’humilité, une œuvre qui vous apprend à revoir vos jugements et vos convictions. C’est aussi un film coup de poing, qui vous achève aussi bien par sa beauté que par sa dureté. Car Fanaa n’a pas vocation à vendre du rêve, du Bollywood sirupeux à la Sooraj Barjatya, avec son lot de regards lancinants et de timides déclarations. Fanaa est une œuvre remuante, qui vous blesse autant


qu’elle vous comble. C’est surtout un film qui ne tombe jamais dans la facilité, là où son intrigue aurait pu prendre une tournure plutôt prévisible pour ne pas heurter le spectateur.

C’est un film qui chamboule vos repères et donne à voir un drame amoureux aussi crevant que criant de vérité. Kunal Kohli nous offre un film abouti, il ne tente jamais de nous épargner la brutalité de la situation de Rehan et Zooni. Il fournit un métrage honnête et plein de surprises, à l’image de ses acteurs vedettes. Le génie de Fanaa, c’est d’exploiter tous les codes du film de Bollywood sans pour autant tomber dans le cliché du genre. Sa vraie prouesse, c’est d’utiliser ces caractéristiques pour qu’elles servent son histoire, et non l’inverse. Il ne tente pas de faire entrer Fanaa dans la case du film Bollywood au sens le plus réducteur qui soit. Il n’essaye pas non plus de faire porter à Aamir Khan le costume du héros romantique classique (qui serait de toute manière trop petit pour cet acteur gigantesque !). La liberté de ton de Fanaa contraste avec le cinéma hindi romantique auquel j’ai été habituée. Et c’est en cela qu’il occupe une telle place dans mon cœur :

Fanaa possède sa propre identité et une atmosphère qui lui est propre, qu’aucun autre film n’est parvenu à reproduire de près ou de loin. Le seul métrage auquel j’oserais comparer Fanaa par sa magnificence, c’est l’éclatant Lootera (dont j’avais rédigé la critique dans le précédent numéro de Bolly & Co’, avec Sridevi en couverture). Pour terminer, je dirai donc que Fanaa est une œuvre qui vous bousculera, dont l’effet ne se distillera qu’avec le temps et d’autres expériences cinématographiques assez vives pour vous faire avaler cette bombe de film (sans mauvais jeu de mots!). ▲


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HUM HAIN R A H I P YA R K E PAR ASMAE Il y a certains films qu’on regarde et qu’on n’oublie pas. On peut ne pas les visionner pendant des mois, voire des années ; mais on retrouve le même plaisir en les revoyant. En ce qui me concerne, j’ai un goût particulier pour les vieux films. Je leur trouve un charme désuet absolument irrésistible. Du côté kitch des œuvres des années 1990 au cinéma intense des années 1950, je dévore les classiques d’antan avec un plaisir non dissimulé. Parmi ces nombreux films, il y a Hum Hain Rahi Pyar Ke, un métrage de 1993 dans lequel joue un de mes couples préférés à l’écran : Aamir Khan et Juhi Chawla. La photographie est clairement datée, les tenues assez dépassées et les chansons regorgent d’instruments locaux tels que les sitars et les dhol. Lorsqu’on pense au cinéma des années 1990, on a également en tête la grandiloquence de ses histoires et de sa mise en scène. Pourtant, c’est là que Hum Hain Rahi Pyar Ke se démarque. En effet, ses images sont au contraire assez minimalistes et sa caméra filme plutôt humblement son histoire. Mais cela n’enlève rien à la qualité de cette œuvre qui constitue pour moi un des petits bijoux du cinéma des 1990’s. Alors, au delà de considérations purement sentimentales qui n’engagent que moi, qu’est-ce qui fait la qualité de HHRPK ?

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L’H IS TOIR E Lors du décès de sa sœur et de son beau-frère, Rahul (Aamir Khan) hérite de la petite usine de textile en faillite du couple. Mais surtout, il détient la garde de leurs trois enfants : Vicky (Sharock Bharucha), Munni (Baby Ashrafa) et Sunny (Kunal Khemu). Il ne sait guère s’y prendre avec eux et est également dépassé par l’entreprise qu’il doit nouvellement gérer. Et alors que les enfants rejettent successivement toutes les nourrices que Rahul tente d’employer pour s’occuper d’eux, ils adoptent directement Vyjayanti (Juhi Chawla), une jeune tamoule en fuite. Elle crèche d’abord en cachette chez eux pour ensuite devenir la nounou de la famille, et peut-être plus encore...


Tout d’abord, l’atout principal de ce film, c’est Juhi Chawla. Elle est l’âme de HHRPK. Cette actrice est solaire, lumineuse et revigorante ! Alors effectivement, elle tend vers le cabotinage, comme nombre de ses consœurs (Karisma Kapoor, Kajol pour ne citer qu’elles...). Mais elle dégage à la fois un charisme et une sensibilité qui bouleversent. Elle crève l’écran et vole clairement la vedette à Aamir Khan, plus sobre et sérieux dans ce rôle d’oncle perdu mais responsable. On ne voit qu’elle du début à la fin, aussi bien lorsqu’elle fait le clown à la fête foraine que lorsqu’elle pleure son amour perdu. Elle incarne de façon irréprochable l’immature au cœur tendre qu’est Vyjayanti. D’ailleurs, soulignons le tamoul impeccable de l’actrice dans les séquences avec son intransigeant paternel. Juhi s’est investie corps et âme dans ce rôle aussi poignant que divertissant. Elle représente d’ailleurs ce qu’était le cinéma hindi des années 1990 : capable de provoquer en vous toutes les émotions possibles, de la joie à la peine, du désarroi à l’allégresse, de l’effroi à la plénitude... Aujourd’hui, seuls les masala remplissent cette fonction sous la coupe d’un héros sempiternellement masculin, bourrin et épris d’une cruche nécessairement transparente. Dans les divertissements actuels, les femmes ne tiennent plus aucune place, la part belle est cédée aux hommes. Que dis-je, à l’homme avec un grand H, bodybuildé et omnipotent ! Récemment, seule Deepika Padukone partageait avec Shahrukh Khan la charge du masala Chennai Express, et cela parce que la romance y tenait une place prépondérante.

C’est un constat particulièrement triste mais, en effet, les actrices ne sont plus polyvalentes. En effet, elles peuvent jouer dans des films différents qui n’existaient presque pas à l’époque de Juhi ou de Sridevi (on voit fleurir à Bollywood des thrillers psychologiques, des films d’art et d’essai, des biopic, des drames sociaux, des œuvres de science-fiction...).

Mais sont-elles capables de tenir un rôle aux multiples facettes et aux différents enjeux dans un seul et même film ? D’être tantôt le clown et l’amoureuse, la bagarreuse comme la tragédienne ? Juhi Chawla savait le faire ! Mais les cinéastes n’écrivent plus ce genre de personnages féminins, et c’est probablement la raison pour laquelle il n’y a plus de place à Bollywood pour des actrices telles qu’elle. Ça me fend le cœur de faire un tel constat, d’autant que Juhi est une de mes comédiennes préférées. D’où l’intérêt de savourer avec résolution ce cru de 1993 qui la met merveilleusement en valeur ! Mais vous n’avez pas besoin d’être fan de Juhi pour apprécier HHRPK. Aamir Khan, s’il est plus discret à l’écran, s’est également beaucoup investi sur ce projet. Il en a effectivement coécrit le scénario et aurait grandement réalisé l’œuvre, du fait des absences fréquentes du cinéaste d’origine, Mahesh Bhatt. Face à la caméra, il est Rahul, un jeune homme qui, du jour au lendemain, se retrouve à la charge d’une fratrie de trois enfants et à la tête d’une petite usine de textile en faillite. Il campe ce rôle avec une vulnérabilité certaine, et nous émeut par sa maladresse et son sentiment d’impuissance face à ses nouvelles responsabilités. Il investit rapidement la vive Vyjayanti comme une ressource pour surmonter les obstacles auxquels il est confronté, elle devient en effet son moteur dans tous ses nouveaux projets. C’est elle qui voit en lui le père de famille qu’il ne se pensait pas capable de devenir. C’est à son contact qu’il intègre son poste de chef d’entreprise avec vigueur et fermeté, sans jamais manquer de cœur. S’ils tombent effectivement amoureux l’un de l’autre, là n’est pas l’enjeu du film. Toute la magie de HHRPK, mais également toute sa singularité, c’est justement de ne pas tomber dans le « Bollywood », dans l’effet romanesque rose bonbon et quelque peu surfait. ►

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Si ce style a clairement son charme, la particularité du film d’Aamir et Juhi est de posséder sa propre identité. Ici, les enfants tiennent une place centrale dans l’intrigue et ne sont pas uniquement les faire-valoir des adultes. Ils sont au cœur des préoccupations des héros, et c’est leur bien-être qui prime sur les états d’âme de Rahul et Vyjayanti. On peut donc ici parler de comédie familiale plutôt que d’œuvre purement romantique. Si Rahul aime Vyjayanti, elle est surtout source d’équilibre pour ses neveux. Ils ont tissé une relation privilégiée avec elle, saine et réparatrice. Ce n’est donc pas à la naissance d’une simple idylle à laquelle on assiste devant HHRPK, mais à la construction d’une véritable famille.

Cependant, le métrage se refuse à tomber dans le misérabilisme. On y évoque à peine la question du deuil, car ce n’est pas l’objectif. HHRPK se veut une œuvre joviale, à la bonne humeur communicative. C’est un film pour les enfants comme pour les parents, qui parle d’amour (qu’il soit fraternel, parental ou romantique) en toute sincérité. J’ai été particulièrement touchée par l’authenticité des personnages. Ils sont tous écrits avec une justesse et une sobriété saisissantes. De Rahul à Vyjayanti, des enfants au père tamoul de la jeune femme, en passant par l’ami de la famille Mishraji... On a affaire à de vrais gens, des personnes ordinaires dont le destin l’est un peu moins. On s’attache donc d’autant plus facilement à eux, et on suit leurs aventures avec délectation. Dalip Tahil et Navneet Nishan

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campent les rôles les plus théâtraux : ils sont les antagonistes manipulateurs de l’histoire. Et vu que c’est une œuvre familiale, ils sont réduits à néant à coups d’œufs et de tomates balancés en pleine figure ! C’est assez représentatif de l’atmosphère d’HHRPK : un métrage bon enfant et positif qui nous fait partager l’histoire de ces êtres désorientés. On peut sans difficulté s’identifier aux héros de ce film, car ils sont écrits sans prétention aucune. On pourrait facilement devenir le confident de Rahul ou la copine de délires de Vyjayanti. On pourrait nous aussi rire avec Vicky, Munni et Sunny et aider Rahul à maintenir à flot son entreprise. Loin du Bollywood flamboyant et ‘larger than life’, Hum Hain Rahi Pyar Ke constitue une œuvre proche de ses spectateurs, honnête et vérace. Sharock Bharucha incarne le jeune Vicky, à l’aune de l’adolescence, avec une verve remarquable. La maturité de son jeu est clairement impressionnante. Baby Ashrafa est plus discrète dans la peau de la douce Munni. Mais surtout, HHRPK est l’un des premiers films de Kunal Khemu, à croquer dans le rôle de Sunny. Quelques années plus tard, il deviendra l’un des acteurs les plus prometteurs de sa génération avec des films comme Traffic Signal, Golmaal 3 et Go Goa Gone. La musique du duo Nadeem-Shravan est également une vraie réussite. Typique des sons des années 1990, elle est truffée de perles mélodiques. On commence par ma chanson préférée de l’album : « Mujhse Mohabbat Ka Izhar » interprétée magistralement par Kumar Sanu et Alka Yagnik. Mais le reste de la bandeoriginale est également superbe. La loufoque « Bambai Se Gayi Poona » chantée par Alka Yagnik est un distributeur de bonne humeur, l’intense « Ghunghat Ki Aad Se Dilbar Ka » nous permet de savourer la magie perpétuelle qui se dégage des collaborations entre Alka Yagnik et Kumar Sanu. La bouleversante « Woh Mere Need Mera Chain Mujhe » sublimée par le grain unique de Sadhana Sargam vous fera pleurer des larmes de tristesse et évoque avec savoir-faire la perte du grand amour. Cependant, la joviale « Yunhi Kat Jaayega Safar Saath » vous redonnera très vite le sourire au même titre que l’improbable « Chikni Soorat Tu Kahan Tha ».

en conclusion Ce film est à ne pas manquer ! Lorsque nous avons conclu avec l’équipe de consacrer notre prochaine parution à Aamir Khan, je désirais à tout prix parler de Hum Hain Rahi Pyar Ke, œuvre aussi brillante que méconnue. D’abord, pour son investissement total à la fois devant et derrière la caméra. Ensuite, pour son alchimie unique avec Juhi Chawla. Enfin, pour la sensibilité incroyable qui émane de ce film.

Hum Hain Rahi Pyar Ke appartient à une ère révolue : celle d’un cinéma à la fois vif et intelligible, aussi distrayant que réflexif. Moi, j’ai été happée par Hum Hain Rahi Pyar Ke qui reste un de mes films préférés. Et vous, quand allez-vous vous laisser porter par la magie de Hum Hain Rahi Pyar Ke ? BOLLY&CO MAGAZINE

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CHORI CHORI PAR ASMAE

Chori Chori fait partie des quelques films à réunir à l’écran l’un des couples les plus appréciés de l’industrie cinématographique hindi : Raj Kapoor et Nargis. Après avoir vu Barsaat et Awaara, je souhaitais absolument revoir un film de ce jodi mythique. Disons-le de suite : je n’ai pas été déçue par ce film tout à fait charmant. Cependant, quelque chose m’a immédiatement interpellé : sa frappante ressemblance avec l’un de mes films américains préférés. En effet, avant de poursuivre cette critique, il va me falloir vous poser une question : avez-vous déjà visionné New-York Miami, œuvre culte de 1934 avec Clark Gable et Claudette Colbert ? Si tel est le cas, passez votre chemin, car Chori Chori en est la copie stricto-sensu. Le réalisateur Anant Thakur ne s’est effectivement pas grandement cassé la tête et a plagié nombre de scènes du métrage original de Frank Capra, pour certaines plan par plan. Pour autant, je suis tout de même parvenue à prendre un réel plaisir à redécouvrir cette histoire sous les traits de Raj Kapoor et Nargis. En effet, il fait partie des rares acteurs de sa génération à pouvoir prétendre emprunter le costume du grand Clark Gable. Nargis, qui reste l’une des plus grandes actrices de l’histoire de Bollywood,

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avait quant à elle toute la légitimité de reprendre le rôle initialement tenu par la brillante Claudette Colbert. Je suis une grande fan du cinéma américain de l’Âge d’Or et New-York Miami constitue l’un de mes films préférés. Avec Chori Chori, j’ai trouvé mon pendant indien de ce road-movie romanesque sans avoir rien à y redire. Car si Chori Chori n’est pas parfait, il a le mérite d’être sincère. Il ne cherche nullement à innover la trame proposée par Frank Capra, mais s’en saisit pour toucher l’audience indienne. En ce qui me concerne, Chori Chori demeure un de mes films indiens favoris de l’époque dorée avec Barsaat, Aarti ou encore Saheb Biwi aur Ghulam. J’aime les films en noir et blanc, qui parlent au delà des images. On est ainsi transporté dans un cinéma qui dépasse l’attrait purement visuel et qui laisse la part belle aux comédiens. Si vous n’aimez Bollywood que pour sa photographie colorée, vous risquez de vous endormir devant Chori Chori. En ce qui me concerne, c’est la générosité émotionnelle de ce cinéma qui me touche. Et c’est en cela que le film d’Anant Thakur m’a tellement plu. Ainsi, il convient de se pencher sur l’intrigue de Chori Chori pour mieux en saisir la beauté... ►


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Kammo (Nargis) vit une existence faste et opulente auprès de son père multimillionnaire. Mais contre son avis, elle s’éprend d’un pilote qui collectionne les conquêtes, Sumankumar (Pran). Elle fuit le domicile paternel et entreprend un périple pour le rejoindre. Son père propose une imposante récompense pour la retrouver. Sur le chemin, elle rencontre Sagar (Raj Kapoor), un jeune journaliste qui la reconnaît immédiatement. Il ambitionne de rédiger un article la concernant après l’avoir mené auprès de l’homme qu’elle aime. Mais cette rencontre va changer leur vie à tout jamais... C’est romantique et sirupeux à souhait, l’atmosphère est marquée par le style bourgeois des années 1950, la bande-son savoureuse nous rappelle d’ailleurs à quel point la musique indienne était belle lorsqu’elle était authentique. Il ne faut pas s’attendre à beaucoup de recherche, mais uniquement se laisser porter par ce film absolument suranné.

Raj Kapoor est d’une classe folle, il dégage une présence presque hypnotique à l’écran. Je ne vous cache pas que je suis régulièrement estomaquée lorsqu’on ose comparer Ranbir Kapoor à la grandeur de son grand-père. S’il a un net potentiel, Ranbir a encore du mal à exister lorsque le script de son métrage n’est pas solide, là où Raj Kapoor illuminait chaque film auquel il prenait part, qu’il fut bon ou mauvais. Dans Chori Chori, son charisme est magnétique, il incarne Sagar avec autant d’élégance que de bagout. Pour lui donner la réplique, il retrouve sa partenaire la plus appréciée du public : l’iconique Nargis. Nul n’est censé ignorer qu’une idylle naquit entre Nargis et Raj Kapoor sur le tournage de Barsaat, en 1949. Leurs nombreuses collaborations seront le théâtre de leur liaison, malgré le mariage de Raj avec sa cousine Krishna. Chori Chori sera leur dernière collaboration, suite à laquelle Nargis quittera Raj pour épouser Sunit Dutt.

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Dans la peau de Kammo, l’actrice étincelle en enfant capricieuse qui mue en amante sincère. Par bien des côtés, elle m’a fait penser à Katharine Hepburn, à la fois aventureuse et audacieuse mais également innocente et délicate. Nulle autre actrice que Nargis n’aurait pu prendre la relève de Claudette Colbert dans ce rôle vif et engageant. Comme beaucoup de films hindi plus tard comme Dilwale Dulhania Le Jayenge et Jab We Met, le voyage des deux héros sonne comme un parcours initiatique, où le chemin est plus réflexif et identitaire que purement géographique. Il s’agit pour Sagar et Kammo de se découvrir l’un l’autre pour ainsi comprendre ce qu’ils veulent réellement. Leurs aspirations initiales en deviennent de fait secondaires et prennent une dimension au final plutôt dérisoire. Pour accompagner Sagar et Kammo dans leur virée, le duo de compositeurs ShankarJaikishan a constitué un album de haute qualité qui leur vaudra d’ailleurs le Filmfare Award de la Meilleure Bande-Originale. Commençons par ma chanson préférée : « Aaja Sanam », portée par les voix de Manna Dey et Lata Mangeshkar, qui constitue en soi un voyage dans les songes de nos protagonistes. La sympathique « All Line Clear » interprétée par Mohammed Rafi illustre le personnage campé par Johnny Walker avec sa femme et leurs 10 enfants. La poignante « Rasik Balma » de Lata Mangeshkar nous emporte dans le chagrin de Kammo. Nous voilà ensuite de nouveau embarqués dans les tumultes de sentiments entre les deux amants grâce à la magnifique « Yeh Raat Bheegi Bheegi ». Avec « Jahan Main Jaati Hoon », Nargis et Raj Kapoor reconstituent un spectacle de marionnettes grandeur nature. Puis on a le plaisir de retrouver Lata Mangeshkar en duo avec sa sœur Asha Bhosle sur l’excellente « Man Bhavan Ke Ghar Jaye ». « Is Paar Sajan » sert quant à elle de mélodie introductive pour présenter l’espiègle Kammo. Dans « Panchhi Bannon Urti Phiroon », l’héroïne se compare à un oiseau devenu libre après avoir fui sa tour d’ivoire.


en conclusion Chori Chori est une œuvre délicieuse, portée par la magnificence de son couple vedette. Mais si vous avez déjà vu l’œuvre originale et à moins de ne pas être fan des acteurs de la version indienne, découvrir Chori Chori ne constitue pas une nécessité. Mais en tant qu’aficionada, j’ai vécu le visionnage de ce remake comme une vraie satisfaction, comme un retour aux sources de l’industrie que j’aime tant, comme si j’en découvrais les origines pour mieux en comprendre le sens. Ainsi, n’hésitez pas à découvrir Chori Chori pour sa musique enivrante et pour son casting de première classe... BOLLY&CO MAGAZINE

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PAR ASMAE

Shahid Kapoor est mon acteur préféré ! C’est dit ! Je le trouve immensément talentueux, à la fois excellent danseur et acteur polyvalent. Il est capable d’alterner romance (Vivah) et comédie (Phata Poster Nikhla Hero), thriller (Fida) et suspense (Kaminey), film pour enfants (Vaah ! Life Ho Toh Aisi) et teenage movie (Ishq Vishk). Non, ceci n’est pas un cri du cœur sorti de nulle part. Je tenais juste à clarifier mon amour sans borne pour ce comédien formidable avant d’entreprendre la critique de son dernier film de 2013, R... Rajkumar. En effet, l’un des seuls genres cinématographiques auquel Sasha ne s’était pas encore frotté, c’était le masala. Vous savez, ces films bourrins mêlant action, romance et comédie avec plus ou moins de savoir-faire ?! Mais oui ! Ces films dont Salman Khan est devenu l’ambassadeur au nord de l’Inde, avec son lot de bagarres improbables et de chansons entêtantes ?! Vous y êtes ! C’est dans ces mêmes films que la fille n’a pour rôle que d’être jolie, de savoir danser et pleurnicher.

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Si vous avez ces critères en tête, vous savez où vous mettez les pieds en vous lançant dans le visionnage de R... Rajkumar. C’est un secret de polichinelle que Shahid Kapoor enchaîne les bides commerciaux depuis 2009. S’il est régulièrement encensé par les critiques pour ses prestations (dans Teri Meri Kahaani ou Mausam, par exemple), ses œuvres ne séduisent pourtant pas l’audience. Ainsi, c’est clair : Shahid a terriblement besoin d’un hit au box-office ! Et c’est là que R... Rajkumar tombe à pique ! Après l’énième flop de sa carrière avec Phata Poster Nikhla Hero sorti plus tôt en 2013, ce masala réalisé par le tamoul Prabhu Deva sonne comme l’ultime opportunité pour l’acteur de plaire aux indiens. En effet, depuis quelques années, les masala ont le vent en poupe et caracolent au sommet du box-office parmi les œuvres les plus rentables de l’histoire (Ready, Dabangg, Kick, Chennai Express pour ne citer qu’eux). Le meilleur moyen pour Shahid d’envisager le succès était donc de signer un film de cette envergure. ►


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et le résultat est là : R... Rajkumar a été grandement plébiscité par l’audience lors de sa sortie en décembre 2013 et Shahid peut enfin se satisfaire d’un nouveau hit à sa filmographie. Finies, les années de galère ! La fan que je suis jubile donc face à ce succès retrouvé pour un acteur dont je trouvais les échecs plus qu’injustifiés. Pourtant, d’un point de vue qualitatif, j’ai de quoi être inquiète : un masala abrutissant avec Sonakshi Sinha (qui a décidément pris un abonnement aux films de masse avec un forfait ‘cruche qui ne sert à rien’), des critiques massacrantes pour toute l’équipe du film, un pitch qui tient sur un post-it... Si le box-office a donné sa chance au long-métrage, cela n’est pourtant pas annonciateur d’une réussite cinématographique, bien au contraire. Des films commerciaux comme Kick et Chennai Express battent des records d’entrées quand des œuvres fines comme Lootera et Shanghai sont boycottées par l’audience. Au moment d’entrer mon DVD dans le lecteur, j’ai peur : qu’est-ce qui m’attend ? Vais-je adhérer à ce film si éloigné de l’univers de Shahid ? J’aime beaucoup les films dravidiens, qui possèdent leur propre identité, mais Shahid sera-t-il crédible dans ce style si particulier ? Avant lui, ceux sont des pointures comme Salman Khan ou Ajay Devgan qui se sont frottées au masala, le costume du héros surpuissant n’est-il pas trop grand pour Shahid ? Alors que je m’inquiète du devenir de mon acteur favori, le film commence : c’est parti, mon kiki !

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l’histoire Romeo Rajkumar (Shahid Kapoor) est une frappe des bas fonds, petit par la taille mais grand par l’impact. Il arrive à Dhartipur où il travaille pour le trafiquant de drogue Shivraj (Sonu Sood). Mais tout bascule lorsqu’il tombe follement amoureux de la (re) belle Chanda (Sonakshi Sinha), dont il ignore qu’elle est la nièce de Manik Parmar (Ashish Vidyarthi), l’ennemi juré de Shivraj...


Le Romeo de Prabhu Deva n’a rien à voir avec celui de Shakespeare. En effet, c’est l’archétype du héros de masala dravidiens. R... Rajkumar sonne d’ailleurs comme un hommage à ces films tamouls et télougous populaires dont Prabhu Deva est coutumier. Il a effectivement réalisé précédemment des films d’action à succès tels que Pokkiri et Vellu avant d’imposer son style en hindi avec les œuvres du genre Wanted et Rowdy Rathore. Mais avec R... Rajkumar, Prabhu Deva signe une de ses rares histoires originales. En effet, nombre de ses réalisations sont en réalité des remakes auxquels il apporte sa touche personnelle : des décors luxuriants, des danses travaillées et des chansons entêtantes. Ainsi, on peut clairement dire qu’il existe une patte Prabhu Deva constituée de ces éléments caractéristiques du cinéaste, également chorégraphe de génie. Pourtant, ce n’est pas pour l’intellect de ses films que le Michael Jackson tamoul est reconnu. L’histoire est d’ailleurs la dernière de ses préoccupations, sa prérogative résidant dans l’efficacité de sa mise en scène. C’est le mariage entre les prises de vue, la musique et le montage final qui est prépondérant dans le travail de Prabhu Deva. Il se fiche bien de savoir si son intrigue a du sens. Il offre un spectacle avant tout, au même titre qu’une comédie musicale le fera sur les planches de Broadway. On sent là l’influence de son passé de danseur, attaché au rythme de ses œuvres sans vraiment accorder d’importance à la cohérence du tout. R... Rajkumar est donc à visionner comme une représentation théâtrale ou un musical : une œuvre en mouvement perpétuel mais dont le déroulement des événements est des plus improbables. Ne cherchez pas la moindre vraisemblance dans ce long-métrage, pour cela il y a Anurag Kashyap ! Prabhu Deva fait du divertissement, et rien d’autre. C’est pourquoi ceux qui rechercheraient le semblant d’une trame dans le pot pourri de danses, de bagarres et de punch lines qu’est R... Rajkumar seront déçus. C’est certainement la plus grande faiblesse de l’œuvre : l’absence d’un fil conducteur solide. En ce qui me concerne, je savais dans quelle galère je m’embarquais puisque j’ai déjà eu l’occasion d’explorer une bonne partie de la filmographie de Prabhu Deva.

Les héros du cinéaste sont pour beaucoup des mâles dominants, qui ont pour eux des muscles de partout et des ‘punch lines’ cheesy. Shahid Kapoor, le ‘chocolate boy’ par excellence, allait-il être à la hauteur de ces personnages rustres et omnipotents ?

Avec R... Rajkumar, Prabhu Deva signe une de ses rares histoires originales. Il est absolument indéniable que le jeune acteur de 34 ans surprend dans ce rôle de composition. Loin de son image de gentil garçon, il campe avec verve Romeo Rajkumar, ce gosse des rues incontrôlable et surpuissant. Il signe avec R... Rajkumar son premier rôle d’entertainer, alliant avec savoir-faire les séquences de combat, de danse, de comédie et de romance. Le héros de masala doit être polyvalent et surtout efficace : des répliques qui frappent fort, une belle héroïne de laquelle s’amouracher, une item girl sexy avec laquelle danser, des méchants hideux à qui mettre une raclée monumentale, des chansons entêtantes... Voici la panoplie du parfait petit héros de masala. Prabhu Deva n’a omis là aucun détail. On retrouve chacun de ces ingrédients dans R... Rajkumar , qui constitue de fait un masala des plus conventionnels. De quoi se faire du mouron... Je ne cache pas le fait que je sois partie avec un a priori clairement négatif à la perspective de ce film, même s’il a permis de rebooster la carrière de Shahid. Un hit, oui, mais à quel prix ? Je ne voulais pas voir Shahid tomber dans les méandres de la daube cinématographique uniquement pour faire de l’argent. C’est un acteur qui s’est toujours préoccupé de choisir des films qui lui plaisaient et qui le stimulaient. Il a accepté R... Rajkumar dans cette optique. Il voulait se surpasser et tenter quelque chose d’inédit. En tant que fan, je n’ai pu que me réjouir de cette réussite et de son impact positif sur la carrière de Shahid. Mais en tant que cinéphile, j’avais toutes les raisons d’être préoccupée par ce métrage purement commercial. Shahid m’a surpris dans sa capacité à jongler entre les registres, là où d’autres acteurs affichent un jeu plus mécanique face à la multitude d’ambiances que contient le masala. J’ai été charmée par ► BOLLY&CO MAGAZINE

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sa faculté à passer du dragueur au fighter, tout en étant danseur et entertainer. Dans chaque facette de son personnage, il se donne à fond ; tantôt loufoque, tantôt enragé. Prabhu Deva semble avoir pris un véritable plaisir à diriger le jeune homme. En effet, le roi de la danse a pu concocter des chorégraphies à la hauteur du jeune prodige révélé par Ishq Vishk en 2003. Excellent danseur, Shahid a pris de véritables risques en sortant de son style plutôt urbain. Il s’est effectivement essayé avec succès au dappankuthu sur « Gandi Baat », danse agrémentée de figures au sol complexes que Shahid est parvenu à exécuter avec brio. Il danse également de façon complètement décalée sur « Mat Maari » et « Saree Ke Fall Sa » aux côtés de Sonakshi Sinha. Je le disais, le point faible de Prabhu Deva, c’est sa propension à négliger sa trame au profit de sa mise en scène. Alors forcément, le pitch de R... Rajkumar, qui constitue le premier scénario original du cinéaste en hindi, manque cruellement de souffle. On a droit ici à du réchauffé de masala dravidiens : un mec omnipotent qui tombe amoureux d’une jolie nana mais qui se fera alpaguer par des méchants gangsters. Mais le talent de Prabhu Deva, c’est sa capacité à créer de véritables divertissements, rythmés et enlevés. Il n’y manque pas avec son cru de l’an 2013, exploitant tous les volets du potentiel de Shahid pour servir ce film destiné à toute la famille. Shahid est un acteur tous terrains, et Prabhu Deva l’a bien compris en le débauchant. Il est mis à contribution et fait clairement vivre le film. C’est incontestable : R... Rajkumar n’aurait jamais pu tenir la route sans sa vedette masculine. On sent une réelle implication dans son jeu. C’est cet investissement sans faille qui plaît et qui engage le spectateur.

R... Rajkumar n’aurait jamais pu tenir la route sans sa vedette masculine. Vous l’aurez compris, j’ai trouvé Shahid impeccable. C’est revigorant de le voir dans un rôle aussi risqué. Il est comme un employé

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enchaînant parfaitement quatre mi-temps : Il a su trouver son équilibre pour être impliqué sur ses quatre fonctions : il est à la fois le comique, le bagarreur, le charmeur et le danseur. On ne sent aucune faiblesse dans l’accomplissement de ses scènes. Il est généreux et donne tout ce qu’il a en lui, alors que d’autres comédiens se contenteraient du minimum syndical. Shahid est un acteur et, avec R... Rajkumar, il démontre qu’il peut porter un film de masse sur ses seules épaules et avec aisance. La fan qui sommeille en moi est conquise et la cinéphile rassurée. On s’attaque au reste... Sonakshi Sinha signe ici son second film avec Prabhu Deva, après Rowdy Rathore. Mais c’est surtout là son énième masala. J’aime bien Sonakshi, c’est une actrice fraîche et dynamique. Elle me fait penser aux grandes divas des années 1970 comme Hema Malini, Mumtaz et Zeenat Aman. Pourtant, j’admets être quelque peu épuisée par ses choix de films répétitifs. Pourquoi diable ne signe-t-elle que des films commerciaux qui, de plus, ne lui laissent aucune place ? Elle a en plus cette fâcheuse tendance à tourner avec des acteurs bien plus âgés qu’elles. Plus expérimentés, ils dégagent une aura qui la dépasse. Ces choix ne la mettent nullement en valeur, ils la desservent même. Pourtant, Sonakshi a un vrai talent, une fragilité dans son jeu absolument bouleversante qu’on a pu découvrir dans Lootera. R... Rajkumar est le premier masala pour lequel elle collabore avec un acteur de sa génération. Car soyons clair, la seule utilité de Sonakshi dans ce film, c’est de donner une vie affective au héros incarné par Shahid. Fort heureusement, ils partagent une très belle complicité. Tous deux forment un couple efficace, même si Sonakshi est complètement ombragée par son partenaire. Elle joue Chanda, une jeune femme qui se revendique rebelle mais qui préfère laisser les hommes se battre pour elle plutôt que de se défendre seule. Le discours est clairement machiste, et ce n’est pas Sonakshi qui véhiculera de beaux messages en faveur de la


cause féminine. Mais au final, Sonakshi ne retient que très peu l’attention. Elle est là pour divertir et respecte à la lettre le cahier des charges de l’héroïne de masala, qu’elle connaît désormais par cœur. Elle nous offre là un mélange de ses prestations dans Dabangg, Rowdy Rathore et Son of Sardaar. Le problème n’est pas tant que Sonakshi tourne dans ces films commerciaux. Beaucoup d’autres actrices s’essayent régulièrement à l’exercice : Asin Thottumkal, Tamannaah Bhatia, Deepika Padukone... Mais le problème, c’est qu’elle ne fait rien d’autre ! C’est clairement agaçant d’autant plus que Sonakshi a le potentiel de nous proposer d’autres choses. Elle pourrait aisément devenir une des valeurs sûres de l’industrie hindi. Mais j’ai le sentiment qu’elle choisit la facilité, et c’est fatigant.

A force de se répéter, elle s’essoufle et surtout, elle lasse. Réveille-toi, Sonakshi ! Signe un film avec Anurag Kashyap, Mahesh Bhatt, Rajkumar Hirani, Aditya Chopra ou Vishal Bhardwaj ! N’importe quoi mais fais quelque chose qui nous surprenne et nous rappelle à quel point tu étais formidable dans Lootera ! Parce que moi, je t’aime bien, et si je te dis tout ça, c’est pour que tu progresses et que tu mettes une raclée à Deepika, Sonam et Katrina ! Tu peux le faire ! Je crois en toi ! Sinon, dans le film, il y a Sonu Sood. Ah, Sonu Sood... Dans une autre vie, il était probablement le fils d’Amitabh Bachchan : la même voix, la même tête, la même carrure... Comment ne pas craquer ? Pourtant, Sonu Sood est surtout le méchant par excellence. On l’a vu exceller dans cet exercice notamment pour les films Dabangg, Arundhati (qui lui vaudra le South Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Masculin en télougou), Kandireega, Julayi et Vishnuvardhana. C’est un acteur dont les gens peinent encore à retenir le nom mais dont le visage est devenu familier. Sonu Sood campe ici Shivraj, le méchant trafiquant pour lequel Romeo travaille. Il est absolument ignoble, ce qui est de circonstance quand on joue un rôle pareil. Ici, il réitère ses excellentes prestations en tant qu’antagoniste. On soulignera d’ailleurs le fait que le méchant soit ici aussi beau que le héros, ce qui n’est pas pour ►

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me déplaire... Ashish Vidyarthi interprète l’oncle impitoyable de Chanda et l’ennemi juré de Shivraj. En homme aussi mauvais que lâche, il remplit parfaitement son contrat et campe dans R... Rajkumar une impeccable tête-à-claque. Le regretté Srihari y tient quant à lui un rôle aux multiples facettes et ne fait aucune fausse note. L’acteur est décédé pendant le tournage de ce film, et avait déjà travaillé avec Prabhu Deva par le passé, qui lui avait offert un de ses plus beaux rôles dans Nuvvostanante Nennodantana en 2005 (pour lequel il recevra le prix du Meilleur Acteur Secondaire en télougou aux South Filmfare Awards). Mukul Dev est irréprochable dans un second rôle dont on ne découvre l’importance qu’au dénouement, convaincant en ami fidèle de Romeo. Côté musique, c’est Pritam qui s’y colle (collant surtout aux bask’ de Shahid depuis plusieurs années).

L’album de R... Rajkumar est de très bonne qualité, dont les influences du sud du pays sont palpables. « Gandi Baat » existe en deux versions : l’une chantée par Mika Singh (nettement ma favorite) l’autre par Nakkash Aziz. Le titre est mis en image sur les pas endiablés de Shahid Kapoor et Prabhu Deva, qui en profite pour faire une petite apparition aux côtés de l’item girl Charmee Kaur (star du cinéma télougou). Nakkash Aziz pose son timbre sur ma chanson préférée de l’album « Saree Ke Fall Sa », qu’il partage avec Antara Mitra. « Mat Maari » donne l’occasion d’écouter le timbre du trop rare Kunal Ganjawala et de la talentueuse Sundhi Chauhan. Avec « Dhokha Dhadi », c’est Arijit Singh et Palak Muchhal qui nous offrent une superbe ballade illustrée par les rêveries exotiques de Romeo et Chanda. Enfin, « Kaddu Katega » fait surtout office d’item number pour Scarlett Mellish Wilson et l’actrice kannada Ragini Dwivedi.

en conclusion Quand le film était terminé, j’ai eu du mal à retirer mon DVD. J’avais envie de savourer de nouveaux toutes les séquences musicales du métrage, impeccablement mises en scène par Prabhu Deva. J’avais également envie de revoir les séquences comiques et d’apprendre les répliques phares de Shahid Kapoor, qui m’a bluffé par son efficacité dans ce film si éloigné de son univers. R... Rajkumar n’est certainement pas mon film préféré de l’acteur, loin de là. Mais R... Rajkumar est une vraie bonne surprise si l’on se prépare à regarder un film de l’acabit de ce que Salman Khan peut nous proposer. J’ai d’ailleurs trouvé Shahid plus investi et convaincant que ses aînés, mais là, c’est mon cœur de fan qui parle. Mais je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’être fan de Shahid pour aimer ce film. Il suffit d’aimer les masala, de vouloir passer un bon moment devant un film assez faible sur le plan scénaristique mais clairement jubilatoire. Pourtant, contrairement à Phata Poster Nikhla Hero, R... Rajkumar se prend au sérieux et joue à fond la carte du premier degré. Mais il ne néglige pas l’humour et la légèreté, c’est d’ailleurs en cela que le mélange fonctionne. J’ai décidé d’écrire cette critique à la première personne car, en tant que fan, j’avais peur de manquer d’objectivité dans l’analyse de ce film. J’ai voulu vous faire part de mon sentiment face à ce long-métrage de la façon la plus sincère possible. Mais au final, cela n’a pas altéré ma capacité à voir les failles de R... Rajkumar. Car c’est effectivement un film bourré de défauts et d’incohérences, de bouffonneries et de raccourcis assez bêtes. J’ai surtout voulu éviter de vous faire la promotion déguisée d’un film qui, malgré ses bonnes intentions, est loin d’être irréprochable. Par bien des côtés, il est d’ailleurs peu recommandable. Mais je pense qu’il mérite qu’on lui accorde une chance : pour sa musique, pour le travail visuel de son cinéaste et chorégraphe, pour l’alchimie qui lie son couple vedette et surtout, pour Shahid Kapoor... ▲

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SHAADI KE SIDE/EFFECTS PAR FATIMA ZAHRA Shaadi Ke Side/Effects débute comme plusieurs autres comédies romantiques de Bollywood débutent : une chanson captivante mettant en avant les deux personnages principaux du film de la façon la plus sexy mais aussi classy qui soit, et une scène très inspirée d’un film Hollywoodien (Four Christmases, avec Reese Witherspoon et Vince Vaughn). Cependant ce que le film a à offrir après ses deux heures de visualisation a une signification bien plus importante que le simple fait de faire rire. SKSE reprend l’histoire de Sid et Trisha qui sont maintenant mari et femme et interprétés par Farhan Akhtar et Vidya Balan. Tout va bien entre les deux jeunes amoureux jusqu’à ce que Trisha tombe enceinte. Elle décide d’abandonner sa carrière pour ainsi prendre soin de son bébé tandis que Sid fait son possible pour faire bonne figure et être le mari et père de famille idéal. Le film, au-delà de ses blagues et sa nature fun et rigolote, traite en réalité d’un sujet sensible dans lequel une grande majorité peut se reconnaître. Grâce aux

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talents d’écrivain et de réalisation de Saket, il arrive à dessiner une image réelle, basée sur des éléments de la vie de tous les jours, le tout dans un cadre humoristique et amusant qui fait que le film, bien que lent par moments, n’arrête pas de vous faire sourire, et même parfois franchement rire. Etant donné que l’histoire est vue de la perspective de Sid, le script prend par conséquent un rythme monotone et prévisible durant quelques scènes du film : pauvre jeune homme qui perd sa liberté, pauvre jeune homme qui est du jour au lendemain frappé par de grandes responsabilités, et pauvre jeune homme qui ne goûte plus au succès ni dans sa carrière, ni avec sa femme et sa famille ! Par contre, avec la brillante performance de Farhan et son parfait timing comique, l’acteur arrive à donner avec aise une profondeur au personnage de Sidharth, à tel point qu’on arrive toujours à sympathiser avec lui. Il en va de même pour Vidya qui joue à la perfection le rôle de la femme râleuse qui cache en réalité une frustration sans égale, et qui se retrouve, en quelque sorte, seule dans un tourbillon de responsabilités. ►




L’alchimie entre les deux acteurs représente également un des points les plus forts du film. Ils sont beaux ensemble mais surtout réels, et avec les talents prouvés des deux acteurs, on arrive facilement à ressentir tous les sentiments que Sid et Trisha ont l’un pour l’autre. Les autres membres du casting ne sont pas moins bons, bien au contraire ! Avec un Ram Kapoor entièrement convaincant, et un Vir Das très rigolo, le tableau dessiné par Sid et Trisha tout au long du film ne fait qu’être plus complet quand le beau-frère (interprété par Ram) et le colocataire et éternel célibataire (joué par Vir) s’ajoutent au lot. La deuxième partie du film peut quant à elle paraître moins drôle que la précédente. Je ne suis pas entièrement sûre que ce soit une mauvaise chose car l’histoire devient tout simplement plus sérieuse à mesure que l’on s’approche de la fin du film. Cependant, le film a l’avantage de garder une avancée plus ou moins similaire du début à la fin, et bien qu’il offre l’enchaînement classique des comédies romantiques (c’est drôle, gros problème, dénouement du problème) chacun de ses éléments a tout juste la période de temps qui lui est nécessaire, sans que ce soit trop court ou trop long. Les dialogues drôles et les performances de ses acteurs principaux font de Shaadi Ke Side/Effects un film à voir absolument, et plus encore, une belle leçon aux couples modernes, et ce malgré ses quelques points faibles. C’est entièrement grâce à Vidya que Trisha est une femme sincère et bouleversée, même si le film est vu du point de vue de Sid, chose qui fait du personnage féminin une caricature de la femme râleuse. Mais pas un moment on ne ressent ceci vis-à-vis de Trisha grâce à la performance impeccable de Vidya Balan, car elle ajoute une touche émotionnelle au personnage qu’une actrice moins douée aurait été incapable de donner. Farhan Akhtar remporte quant à lui la plus grande part du

gâteau. Après une performance splendide dans Bhaag Milkha Bhaag, l’acteurréalisateur-producteur-musicien arrive à se réinventer une nouvelle fois dans un contexte entièrement opposé au rôle dramatique sérieux de Milkha Singh. Farhan et Vidya sont deux des meilleurs acteurs présents à Bollywood aujourd’hui et Shaadi Ke Side/ Effects en est une autre preuve.

Si vous regardez Shaadi Ke Side/Effects dans le simple but de passer un bon moment devant une comédie romantique, vous serez servis ! Mais si vous regardez le film avec un esprit plus ouvert, vous risquez d’en sortir agréablement surpris par le génie de Saket Chaudhary. Et maintenant, avant de vous laisser avec mon verdict final du film,

voici les 10 leçon s précieu ses à reten ir de S h aadi Ke S ide/Eff ect : (attention, spoilers !) Leçon 1 : Ne jamais, jamais, prendre une décision pour des raisons purement égoïstes, surtout si les conséquences de cette décision risquent de changer votre vie et celle de votre partenaire à jamais. (Sid qui décide de changer d’avis et de garder le bébé uniquement pour ne pas se retrouver dans un pire état plus tard... ÉGOÏSTE !) ►

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v o i c i l e s 10 l e ç o n s p r é c i e us e s à r e t e n i r d e Sha a d i K e S i d e / E ff e c t : (attention, spoilers !) Leçon 2 : un futur papa qui cherche des conseils sur la façon de s’y prendre c’est bien. Un futur papa qui cherche des conseils sur la manière de s’y prendre en demandant à des personnes qui ne savent RIEN sur les enfants ou n’en ont jamais eu, ce n’est pas bien. Leçon 3 : une mère qui se sent frustrée avec l’arrivée de son tout premier bébé c’est normal. Mais une mère qui garde cette frustration pour elle ça ne l’est pas ! Avoir un enfant est une aventure que deux personnes devraient traverser ensemble, ne pas communiquer risque d’avoir plus de mauvais côtés que de bons. Leçon 4 : porter toute son attention sur un nouveau-né c’est tout ce qu’il y a de normal pour une jeune maman. Mais en négliger le mari et oublier qu’après tout, lui aussi est un gros bébé : erreur ! Leçon 5 : peu importe les raisons, on ne devrait jamais se perdre au sein d’une relation. Tout le monde change, certes, et rien n’est jamais pareil au bout d’un moment mais, se couper du reste du monde et couper les liens avec tous ses anciens amis sous prétexte qu’on a une nouvelle famille maintenant, ce n’est pas bon. (Pauvre petite Trisha...) Leçon 6 : communiquer c’est important ! Partir sur les demi-vérités et s’attendre à ce que le partenaire arrive à tout comprendre de lui-même, c’est idiot. Quelque part, on cherche tous cette relation fusionnelle dans laquelle deux parts n’en font qu’une, mais ça reste une utopie.

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Leçon 7 : personne ne peut te comprendre mieux que toi et personne ne peut comprendre ton partenaire mieux que toi. Demander l’avis de quelqu’un d’autre sur TA relation, et appliquer leurs dires à la lettre risque d’aggraver les choses ! Peu importe si cette personne est la mère, le beau-frère ou même la bonne !

« Quand tu accordes une part d’attention, que tu devrais à la base accorder à ta femme, à quelqu’un d’autre, c’est une trahison ! Que ce soit ton patron, ta petite-amie ou toi-même... » Leçon 8 :

Leçon 9 : « Devoir ? Je suis censée être ton bonheur et non ton devoir... » Leçon 10 : Parfois, l’homme n’est pas le seul égoïste dans l’histoire, et parfois il faudrait apprendre des erreurs des autres et non seulement des nôtres. (T’as entendu ça, Trisha ? wink, wink).

en conclusion Shaadi Ke Side/Effects est l’une des meilleures comédies romantiques réalisées à Bollywood, et probablement la meilleure comédie romantique faite au cours des cinq dernières années. Plus qu’un simple moment de détente, le film a un message important à faire passer. Je donne au film une note de 3.5 sur 5. ▲


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CRITIQUE

K H O O B S U R AT PAR ASMAE

Qu an d j’ ai f in i le vision n age de Kh oobsu rat, J’avoue avoir été un peu chamboulée : mais qu’est-ce que c’est que ce film ?! En effet, on nous a vendu un remake du film du même nom, classique du cinéma hindi sorti en 1980 avec la lumineuse Rekha. Avec cette version 2014, les producteurs papa Anil et sœurette Rhea tentent d’offrir un rôle d’envergure la star de la famille Sonam Kapoor. Du coup, je me demande ce qui m’attend, et si Sonam sera capable d’arborer plus de deux expressions durant toute la durée du métrage ! Alors disons-le tout de suite : ce Khoobsurat n’a absolument rien à voir avec la version originale ! C’est uniquement un argument marketing pour vendre le film. Là où le film de Hrishikesh Mukherjee traitait du conflit de génération entre une jeune femme vive et indépendante et une mère de famille rigide et austère, on a droit cette fois à une romcom des plus classiques. L’histoire d’amour entre une fille spontanée et un prince coincé ? On a déjà vu ça chez Disney, et ça tombe bien car le film est distribué par la célèbre compagnie de production. ►

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Qua nd j ’a i f i n i l e vi s i o nna g e d e K ho o b s ur a t , J’ai eu un sentiment assez partagé : entre le bonheur de voir une agréable comédie romantique sans vulgarité ni modernité outrancière et le sentiment qu’on s’était quand même bien foutu de ma gueule... Je ne comprends vraiment pas en quoi on parle de remake pour ce Khoobsurat ! En effet, ça ressemblait plus à Le Prince et moi ou à Princesse malgré elle qu’au Khubsoorat original. On est loin de la finesse et de la sobriété de l’œuvre qui a valu à Rekha le Filmfare Award de la Meilleure Actrice. On a ici droit à une comédie sentimentale de grande consommation, à la fois ancrée dans son folklore indien mais possédant des codes et un schéma narratif assez occidentaux.

Khoobsurat est en quelque sorte un film bâtard : On a l’impression qu’il essaye de mélanger des ingrédients pour tenter de satisfaire un maximum de consommateurs, sauf que ces éléments ne se marient pas toujours correctement. Vous êtes largués ? Et moi donc... Pour rédiger cette critique, je décide donc de mettre de l’ordre dans mes idées et de commencer par le commencement : la trame.

l’histoire : Mrinalini Chakravarty, dite Milli (Sonam Kapoor), est kinésithérapeute. Elle est engagée par la Reine de Sambhalgarh Nirmila Singh Rathore (Ratna Pathak Shah) pour s’occuper de son mari handicapé, le Roi Shekhar (Aamir Raza Hussain). Sur place, elle fait la connaissance du fils de la famille, Vikram (Fawad Afzal Khan), qui est à l’opposé de son tempérament direct et enthousiaste... Je vous le donne en mille : Vikram et Milli répondent à la célèbre maxime « les opposés s’attirent ». Pas de surprise, ils tombent amoureux après s’être voués une brève

aversion. Mais ce qui est dérangeant, c’est qu’on passe trop allègrement de l’indifférence à l’amour. Durant la même scène, Vikram est d’abord exaspéré par l’inconscience de Milli pour ensuite en tomber amoureux... Où est le sens commun dans tout cela ? C’est une vraie faiblesse narrative : ne pas laisser le temps aux personnages de s’attacher l’un à l’autre et de se découvrir. On a le sentiment qu’on veut très rapidement les faire craquer l’un pour l’autre, et ce même si les circonstances de ce coup de foudre sont assez douteuses. C’est dommage car le sel d’une comédie romantique réussie, ceux sont les séquences durant lesquelles les héros s’attachent l’un à l’autre ; s’apprivoisent pour mieux se dompter, se comprennent pour mieux s’accrocher l’un à l’autre et finalement s’aimer éperdument. Même si cela peut prendre uniquement 20 minutes sur la bobine, ces 20 minutes doivent être racontées et mises en image avec savoir-faire et minutie. C’est essentiel pour que le spectateur s’attache aux protagonistes et ait envie de suivre leurs aventures. Ici, on est perdus parce qu’on a l’impression de ne pas avoir vu ce coup de foudre venir, et on a surtout le sentiment amer qu’il est arrivé beaucoup trop rapidement. Cette période de latence où les amants se cherchent et se séduisent de façon plus ou moins déguisée a été amputée, certainement pour servir un autre propos :

l’amour suffit-il dans un couple au sein duquel on a le sentiment de ne rien partager de commun ? Quand j’ai fini le visionnage de Khoobsurat, j’étais également mitigée vis-à-vis de Sonam Kapoor. En effet, son jeu est très irrégulier dans ce film pourtant taillé pour elle par sa chère famille. Elle en a de la chance, Sonam ! Papa Anil vient toujours à sa rescousse quand ses tentatives de chopper ce trophée de la Meilleure Actrice tombent à l’eau. Elle n’avait jamais été aussi proche de l’avoir qu’en 2013, en étant nommée pour l’intéressant Raanjhanaa. Mais depuis, elle a joué dans le décevant Bewakoofiyaan, où son seul défi était de porter un bikini et de rouler des pelles à Ayushmann ►



Khurrana. Avec Khoobsurat, elle espère sans doute une nomination, qu’elle obtiendra finalement suite aux avis positifs qu’a reçu le métrage. Pourtant, en ce qui me concerne, je n’ai été qu’à moitié convaincue. Dans les séquences vives où Milli montre toute sa verve et toute sa maladresse, Sonam est clairement irréprochable. Elle s’investit à fond et est tout à fait charmante dans la peau de cette nana aussi gauche que sincère. On décèle ainsi un vrai potentiel comique chez la jeune femme. Pourtant, lorsqu’il s’agit de scènes plus émouvantes, durant lesquelles on découvre une Milli vulnérable, perdue et blessée ; Sonam retrouve son regard d’huître et ne dégage absolument rien ! La glycérine a dû l’aider à verser quelques larmes de crocodile, mais vraiment, en terme d’émotion, c’était le néant ! C’est bien la preuve de la limite de cette jeune star :

Il ne surjoue jamais et interprète son personnage avec force et sobriété.

Elle ne peut jouer que ce qui lui ressemble.

Ratna Pathak Shah est impeccable en Nirmala, la mère intransigeante et froide de Vikram. Si elle est parfois dure avec Milli, son rôle est bien inférieur à celui de sa défunte mère Dina Pathak dans la version de 1980. Ici, le conflit entre Nirmala et Milli est secondaire et n’a guère de place à tenir dans le récit. Tout l’enjeu tourne autour de la prise de conscience de Vikram quant aux sentiments qu’il éprouve à l’égard de cette dernière. Aamir Raza Hussain campe quant à lui le père meurtri de Vikram avec une finesse irréprochable. Il est tout à fait touchant et tient une place centrale dans le bouleversement des mœurs de la famille royale après l’arrivée de Milli. Kirron Kher est Manju, la mère excentrique de Milli. Elle est fidèle à elle-même dans ce rôle de ‘filmi maa’ cabotine et nous livre une prestation fort sympathique. Simran Jehani est Divya, la petite sœur rêveuse de Vikram. La jeune comédienne est attendrissante dans ce rôle d’adolescente en manque de repères et étouffée par le poids des traditions. On peut cependant regretter que sa complicité avec Milli n’ait pas été plus développée. Cyrus Sahukar et Aditi Rao Hydari nous gratifient quant à eux d’apparitions spéciales oubliables et sans grand impact. ►

Dès lors qu’elle doit se sortir de sa zone de confort, elle se perd (et perd le spectateur par la même occasion). Elle a pourtant hérité d’un rôle solaire, qui aurait vraiment pu la mettre en valeur. Mais on constate hélas que Sonam n’est pas encore une actrice. Elle apprend encore son métier, et il n’y a guère que dans Delhi-6 où je l’ai vraiment trouvé convaincante du début à la fin, et dans un rôle assez mineur, au demeurant. Par contre, elle est sublime à regarder. Elle a un style incroyable et pourrait porter un sac à patates avec une classe certaine. C’est important de le souligner, elle m’a fait rêver avec sa garde-robe colorée et personnelle. A ses côtés, un acteur pakistanais de 34 ans qui fait ses débuts à Bollywood avec ce film : Fawad Afzal Khan. S’il y a bien un grand gagnant dans cette œuvre, c’est bien lui. Dans un rôle plutôt convenu, il est juste irrésistible. Et mettons de côté le fait qu’il soit très bel homme. Fawad possède une présence indescriptible ! Il est charismatique, à la fois vivant et pondéré.

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On n’a nullement l’impression d’avoir affaire à un débutant : Fawad possède une maturité palpable dans son jeu, qui met d’autant plus en lumière les lacunes de sa partenaire. Si Khoobsurat tourne autour du personnage de Milli, c’est grâce à Fawad que cette histoire assez bancale prend tout son sens. On a envie d’apprécier cet acteur dans son entièreté et c’est pour cela qu’on regarde le film jusqu’à la fin. Et puis, il a une élégance folle ! Là où les acteurs de la jeune génération misent sur des films clinquants et sur un physique d’Apollon, Fawad prouve que son talent se suffit à lui-même. Dans une production instable et un rôle déjà-vu, il est éblouissant et on ne retient de l’œuvre que sa prestation.


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Qua nd j ’a i f i n i l e v i s i o nna g e d e K ho o b s ur a t , J’ai aussi été perdue face à l’identité de ce film : était-ce un remake assumé ? Un film Disney dans sa fabrication ? Une production indienne d’Anil Kapoor dans sa démarche ? Comme je le disais précédemment, oubliez tout lien de corrélation avec le Khubsoorat sorti en 1980. Je me suis donc rabattue sur le fait que l’œuvre était distribuée par Walt Disney Pictures. Pourtant, on est loin des films de la bannière. En effet, et ce à mon grand regret, les chansons tiennent une place très restreinte dans la narration, là où Disney et Bollywood savent user de la musique comme de véritables éléments d’une intrigue. La bande-originale est clairement sous-employée alors qu’elle aurait pu apporter une vraie singularité à l’œuvre de Shashanka Ghosh. Il manque cette folie et cette magie qui correspondent respectivement à la personnalité de Milli et à l’ambiance royale du longmétrage. La mise en scène est trop sage et la cinématographie manque d’audace. Le métrage ne rentre ni dans les codes du film Disney, ni dans les habitudes du film Bollywood. On aurait pu saluer ce parti pris si cela avait donné du caractère au film, mais on a l’impression d’avoir surtout une œuvre floue, qui se cherche sans jamais vraiment se trouver.

Est-ce une romcom ? Une comédie familiale ? Le film vacille entre les genres sans jamais parvenir à se définir concrètement. De plus, le contexte royal est ici sous-exploité et, du coup, on passe à côté de l’atmosphère surannée et magique du genre. Où sont passées les tenues de princesse, les couronnes et les parades ? Où sont passés les conflits pour le pouvoir, les dilemmes entre l’amour et les responsabilités ? Si Khoobsurat voulait jouer la

carte du conte de fée en mettant en scène une romance entre une kinésithérapeute et un prince, il l’a fait bien discrètement, trop pour me faire rêver en tout cas ! On nous tisse un royaume bien modeste, timide même et auquel surtout le merveilleux fait cruellement défaut. Khoobsurat est donc loin du conte onirique mais n’est pas non plus à classer dans la catégorie des comédies sentimentales plus matures. C’est en cela que le film manque de repère et de sens.

Qu an d j’ ai f in i le v ision n age de Kh oobsu rat, Je suis aussi restée coite face à la musique. En effet, l’album composé conjointement par Sneha Khanwalkar, Badshah et Amaal Malik est assez inégal. Le titre « Engine Ki Seeti », reprise d’une chanson folk rajasthani, est interprété par Sunidhi Chauhan et Resmi Sateesh. Ce morceau est plutôt agréable bien qu’il s’oublie très vite. Une bonne partie de la bande-originale passe d’ailleurs à la trappe dans le montage final. On n’entend ainsi à peine l’énergique « Maa Ka Phone » et l’originale « Baal Khade ». Le titre électro’ « Abhi Toh Party Shuru Hui Hai » sert de générique de fin avec panache. Les deux réussites de la bande-son sont clairement la poignante « Preet » et la romanesque « Naina ». La première est chantée par Jasleen Royal et irradie une mélancolie bouleversante. La seconde, composée in extremis par Amaal Malik à la demande de la productrice Rhea Kapoor, nous donne l’opportunité d’apprécier les voix si particulières de Sona Mohapatra et Armaan Malik sur cette ballade enivrante. La musique de Khoobsurat est donc à l’image du film lui-même :

Chancelante et mal assurée, mais pourtant pourvue de quelques instants de poésie pure. Quand j’ai fini le visionnage de Khoobsurat, je me demandais comment j’allais aborder la rédaction de sa critique. Ce qui était clair, c’était que je voulais ►

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écrire sur ce film qui m’avait grandement interpellé. J’ai pour habitude de souvent nuancer mes opinions négatives et de majorer mes avis positifs. Lorsque j’aime un film de tout mon cœur, malgré ses défauts, je vais tenter d’utiliser ma plume pour vous convaincre.

Lorsque j’ai trouvé le film décevant, je vais pourtant vous inviter à le découvrir afin de vous forger votre propre vision, car une critique n’engage que son rédacteur. Mais j’avoue que pour Khoobsurat, j’ignore comment conclure. Parce que franchement, je mentirais si je disais que je me suis ennuyée devant cette oeuvre. J’ai passé au contraire un joli moment de cinéma. C’est un film qu’on visionne d’une traite sans trop se poser de questions. Le souci, c’est la sensation que le film nous procure a posteriori. Il a effectivement l’atout majeur d’être opérant, on ne se pose aucune question pendant 172

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l’œuvre. C’est après coup qu’on réalise dans quelle arnaque on s’est empêtré. En ce qui me concerne, c’est le lendemain que j’ai pris conscience des faiblesses de Khoobsurat. De l’incapacité de Sonam à porter ce film sur ses épaules, de la trame instable et de la musique inégale... On ne prend conscience de tout cela qu’avec le recul.

Alors peut-être que c’est cela, la force de Khoobsurat : noyer ses défauts dans un océan de rythme et de bons sentiments. Ainsi, c’est à vous de voir : attendez-vous de Khoobsurat une romance oubliable mais instantanément sympathique ? Ou plutôt un vrai métrage digne de l’œuvre de 1980 ? Si vos attentes correspondent plutôt à la première option, vous pouvez foncer tête baissée ! Si elles ressemblent plutôt la seconde proposition, la seule raison qui justifiera que vous voyez ce film réside dans la présence de Fawad Khan. A vous de trancher ! ▲


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BANG BANG! PAR ASMAE

Bang Bang ! est l’un des films les plus rentables de l’année 2014. Il compte à son casting deux valeurs sûres de Bollywood : Hrithik Roshan et Katrina Kaif. Remake du succès américain Knight and Day avec Tom Cruise et Cameron Diaz, ce film d’action est pourtant réalisé par un cinéaste spécialiste des romances : Siddharth Anand, à qui l’on doit notamment Salaam Namaste et Bachna Ae Haseeno. Le film avait d’abord été proposé à Shahid Kapoor, qui le refusera pour éviter toute comparaison avec Tom Cruise, son idole. Ironie du sort, Bang Bang ! sort le même jour que LE grand film de Shahid : Haider. Bang Bang ! fera un tabac au box-office alors que Haider recevra les éloges de la critique. J’ai regardé Bang Bang ! sans grandes expectatives, avec au moins l’espoir de passer un moment sympathique devant un film d’action rythmé... C’était décidément déjà trop !

l’histoire : Jai (Hrithik Roshan) a volé le ‘Koh-i Nor’, diamant monté sur la couronne de la famille royale britannique. C’est un ‘badass’ ! Avec ce joyau convoité, il nargue les méchants et leur éclate la tronche en deux temps, trois mouvements ! En tentant d’échapper à certains malfrats, il se fait passer pour le rendez-vous galant de la belle Harleen (Katrina Kaif), qui ignore l’apparence de son prétendant rencontré sur un site de rencontre. Car dans sa course, il a eu le temps de lui faire la cour et de lui concocter une petite danse, Harleen est sous le charme de Jai. Sans blague ! En même temps, il est bâti comme un athlète, il a de beaux yeux clairs et sait baratiner aux cruches romanesques comme elle... C’était couru d’avance !

Cette critique sera courte, directe et incisive, alors que Bang Bang ! ne l’est absolument pas ! J’avais bien aimé Dhoom

2. En effet, c’est du cinéma tapageur à la visée purement lucrative. En effet, c’est creux sur le plan scénaristique et côté originalité, on repassera ! Mais c’était un divertissement sympathique qui ne se prenait pas au sérieux. L’œuvre ne manquait ni d’humour ni de bonhomie. J’adorais les chansons, le caractère bougon de Jai, la loufoquerie d’Ali et l’alchimie entre Aryan et Sunehri. Surtout, l’intégralité du casting se donnait à fond et a campé ses ►

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personnages avec implication, même si j’ai trouvé Aishwarya un peu moins convaincante que d’habitude. Dhoom 2 faisait office pour moi de film d’action bourrin plutôt réussi. Il utilisait tous les codes du genre (les ralentis, les torses huilés, les scènes d’action improbables, les gadgets...) avec intention mais aussi avec second degré. Et c’est là que le bas blesse dans Bang Bang ! : pas une seule fois je n’ai ri, souri ou ai été amusée d’une situation. Le film de Siddharth Anand se prend prétentieusement pour ce qu’il n’est pas : un film d’action pointu et bien ficelé. Car on est loin d’un Don, suspense hindi de 2006 formidablement dirigé et écrit par Farhan Akhtar. On ne s’approche pas non plus d’un Dhoom 2, la drôlerie et le dynamisme manquant cruellement à l’appel.

Bang Bang ! constitue une expérience cinématographique aberrante de médiocrité, d’autant plus exaspérante du fait de son énorme budget. Pour passer un agréable moment de cinéma, je n’ai pas forcément besoin d’un scénario très recherché, ni d’acteurs au jeu transcendant. Mais j’aime être stimulée sur le plan visuel, musical et émotionnel. L’histoire la plus simple qui soit pourra me transpercer le cœur grâce à l’investissement de sa distribution, la qualité de sa musique et la beauté de ses images. J’ai aimé Dhoom 2 pour tout cela, je me suis prise au jeu sans me poser de questions car même si le film constituait un amalgame de tous les métrages d’actions Hollywoodiens de ces deux dernières décennies, la fabrication de l’œuvre était irréprochable. Dhoom 2 était un film soigné, jamais brouillon ni dans son écriture, ni dans sa démarche. Surtout, Dhoom 2 était honnête dans ce qu’il nous vendait. Il ne cherchait jamais à tromper le spectateur, mais il voulait uniquement le divertir. Avec Bang Bang !, impossible de s’y retrouver : est-ce un suspense ? Un film d’action de masse ? Une romance rythmée ? Tandis que l’œuvre tente avec orgueil d’être tout cela à la fois, il n’en est rien. Le film de Siddharth Anand ne parvient jamais à être ni surprenant, ni amusant et encore moins romantique ! On a le sentiment que le cinéaste a

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voulu constituer un pot pourri de ce qui marche au box-office. Sur le plan financier, il a réussi son pari car Bang Bang ! a cartonné lors de sa sortie en Inde. Mais à quel prix ? Se décrédibiliser ? J’aime beaucoup Siddharth Anand, il fait incontestablement partie de mes cinéastes préférés, moi, la fan de comédies romantiques. On lui doit l’excellent Salaam Namaste ainsi que les sympathiques Tara Rum Pum, Bachna Ae Haseeno et Anjaana Anjaani. Si tous ses films ne sont pas mémorables, ils ont le mérite d’être sincères et enlevés, jamais longuets ou bêcheurs. Lorsqu’il s’embarque dans le projet Bang Bang !, je me dis qu’il saura apporter cette légèreté et cette fantaisie qui font généralement défaut aux films d’action américains. Mais Bang Bang ! est au final un métrage excessif, tape-à-l’oeil et bourratif. Il fait probablement partie de ces films qui vieilliront tellement mal que l’on moquera leur style tapageur et leur esthétisme prétentieux dans quelques années.

La vraie déception du film s’appelle Hrithik Roshan. Lauréat de 6 Filmfare Awards et nommé à 9 autres reprises, j’attendais plus d’engagement et de verve de la part de cet acteur talentueux et polyvalent. Il sera également pressenti dans la catégorie du Meilleur Acteur pour Bang Bang !... Très franchement, je n’ai pas compris en quoi Duggu avait sa place parmi les heureux nominés, niché entre Shahid Kapoor (sélectionné pour Haider) et Aamir Khan (nommé pour PK). Car la prestation de Duggu n’a rien de mémorable ! Il semble donner le minimum de son potentiel dans ce film, pour lequel il a pourtant perçu un cachet record de 30 crore de roupies (plus de 4 millions d’euros). Je suis restée coite face à sa performance plate et désintéressée. Il se singe et semble réchauffer au micro-ondes ses mimiques datant du tournage de Dhoom 2. Sauf que depuis 2006, le vent a tourné et le cinéma tend désormais vers plus de subtilité et d’originalité. Dans Bang Bang !, je n’ai pas reconnu le Hrithik brillant de Koi Mil Gaya, Guzaarish et Agneepath. Au risque de vous surprendre, la seule raison acceptable de regarder le film, c’est Katrina Kaif. La comédienne britannique a souvent subi les ►


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moqueries et les remarques désobligeantes de l’industrie. Ses lacunes en hindi, sa proximité avec Salman Khan et ses difficultés de jeu initiales en ont fait une des actrices les plus décriées de Bollywood. Pourtant, Katrina a du mérite et a su s’imposer parmi les comédiennes les plus ‘bankable’ de l’Inde entière, avec des succès commerciaux tels que Ek Tha Tiger et Dhoom 3.

Elle est le soleil de Bang Bang! Pimpante et rigolote, Katrina irradie dans ce film qui ne la met pourtant pas grandement en valeur. Et c’est en cela que l’on reconnaît un grand acteur : il parviendra toujours à exister, aussi bien dans un rôle principal ou secondaire, dans un film d’auteur ou dans une production commerciale, dans une œuvre intelligible ou dans un navet bourrin... Si Bang Bang ! est loin d’être son projet le plus réussi, il permet de mettre les progrès de la jeune femme en exergue, en prouvant qu’elle est capable d’évincer un acteur du calibre de Hrithik Roshan, pour qu’on ne retienne plus qu’elle. La musique est ici signée par le duo VishalShekhar. La chanson « Tu Meri » est très énergique mais ne reste pas spécialement en mémoire. La ballade « Meherbaan » chantée par Ash King, Shilpa Rao et Shekhar Ravjiani s’écoute sans déplaisir mais manque terriblement de relief. La vraie surprise vient de « Uff », qui bénéficie du timbre suranné de Harshdeep Kaur, en duo avec l’excellent Benny Dayal. Ce titre constitue une jolie expérience musicale, sublimée par la voix de sa chanteuse. Le morceau titre est également très agréable, et met surtout en scène les talents de danse de Hrithik Roshan, qui profite de ce son pour rendre hommage au Roi de la Pop : Michael Jackson.

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en conclusion Je ne suis pas parvenue à accrocher à Bang Bang ! Au sortir du visionnage, j’ai surtout eu l’impression d’avoir perdu mon temps, les seuls aspects positifs en mémoire étant la prestation de Katrina Kaif et la bande-originale du métrage. Siddharth Anand nous a habitué à bien mieux et avec beaucoup moins de budget. La preuve que l’argent ne fait pas le bonheur (du cinéphile).▲


French SRK Revolution Site de référence professionnel et webradio, FRENCH SRK REVOLUTION se veut différent et novateur en posant sa “french touch” dans la manière d’aborder l’actualité et l’univers de l’acteur indien Shah Rukh Khan.

en conclusion ► www.shahrukhkhan.fr À AJOUTER À VOS FAVORIS



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HAPPY NEW YEAR PAR ASMAE La dernière fois que j’ai regardé un film de Farah Khan, j’en ai presque saigné du nez ! Sincèrement, qu’est-ce que c’était que cette blague ? Tees Maar Khan, de la même réalisatrice que Main Hoon Na et Om Shanti Om ? Le cinéma indien se perd... 4 ans plus tard, elle sort un projet qu’elle avait initié en 2005 : Happy New Year. A l’affiche lors de la fête de Diwali 2014, HNY compte une distribution grand format : Shahrukh Khan, Deepika Padukone, Abhishek Bachchan, Boman Irani, Sonu Sood, Vivaan Shah et Jackie Shroff. Pour cette production coûteuse, l’équipe du film a grandement tourné à Dubaï, nouvelle capitale du luxe et de la démesure. Mais après le bide de Tees Maar Khan, que peut bien valoir HNY ? Charlie (Shahrukh Khan) est un pur beau gosse : il a des tablettes de chocolat de fou, il se bat comme personne et est diplômé des plus grandes écoles... Trop swag ! Mais il n’a qu’une seule idée en tête : venger l’incarcération injustifiée de son père Manohar (Anupam Kher) causée par le calculateur Charan Grover (Jackie Shroff). Pour ce faire, il veut organiser le casse du siècle : voler les diamants de Grover pour mieux l’en accabler ensuite ! C’est ainsi qu’il missionne une équipe de super-casseurs pour cette mission exclusive : Tammy (Boman Irani), spécialiste des coffres-forts ; Jag (Sonu Sood), un pro’ des explosifs ; Rohan (Vivaan Shah), hacker en puissance ; et Nandu (Abhishek Bachchan), sosie officiel de... On ne vous le dira pas ! (Faut bien maintenir le semblant suspense du film...) Mais pour mener à bien leur plan, ces joyeux lurons vont devoir s’embarquer dans une grande compétition de danse... Je vous laisse rigoler, parce qu’il y a de quoi ! Du coup, après avoir fait fuir entre autres Prabhu Deva et Saroj Khan (qui est en fait Kiku Sharda), ils font appel à une danseuse de bar, Mohini Joshi (Deepika Padukone) qui ignore tout de leurs intentions... ►

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Lorsque j’ai découvert le (long !) pitch de HNY, j’avais l’impression que Farah Khan nous avait foutu dans le mixer ses précédentes réalisations Om Shanti Om et Tees Maar Khan. En effet, le coup du « j’intègre une compétition de danse pour braquer des diamants » ne vous rappelle pas le vol de lingots déguisé en tournage de film dans Tees Maar Khan ? On peut émettre également un lien avec l’histoire de Om Shanti Om dans l’usage du sosie comme appât ou subterfuge. Donc voilà, Farah Khan fait du recyclage ! C’est bien pour la planète, mais du point de vue cinématographique, il y a de quoi craindre le pire ! Et vous ne vous y trompez pas : HNY est un film bancal, bourré d’incohérences et de raccourcis narratifs ridicules ! L’humour y est souvent de bas étage, sans recherche ni finesse.

Shahrukh Khan fait le minimum syndical et déçoit en chef de bande. On le vend comme la star de l’œuvre, à coup de scènes torse nu, de bagarres de haut vol (au sens figuré comme au sens propre!) et de flirts avec la belle plante qui fait office d’héroïne ! Sauf que ça ne prend pas : alors que je l’avais trouvé vraiment attachant dans Chennai Express, je ne suis pas du tout convaincue par sa prestation dans HNY. Peutêtre parce que l’authenticité n’est pas au rendezvous, là où Chennai Express n’en manquait pas. Alors oui, Shahrukh reste Shahrukh ! C’est un grand acteur que j’admire et dont on peut dire que je suis fan. Mais lorsque Shahrukh ne fait que s’auto-caricaturer, je ne le suis plus ! Et ce n’est pas son âge le problème. Il a prouvé avec des divertissements comme Om Shanti Om ou Chennai Express qu’il était parfaitement capable de tenir la distance dans un film rythmé et catchy. Mais avec HNY, on a le sentiment que l’acteur ne se donne pas, qu’il fait ce qu’on lui demande de façon très scolaire, comme s’il révisait en diagonale une leçon apprise scrupuleusement pour les besoins de ses précédents rôles. En gros « fais comme dans Om Shanti Om, et ça fera l’affaire... ». Sauf que ça ne suffit pas ! Ça ne suffit plus. Donc, Shahrukh, si tu me lis (y’a peu de chances, mais si un traducteur passe dans le coin, on a le droit d’espérer!), je t’en supplie, arrête de vouloir concurrencer Salman et les petits jeunots de Varun Dhawan et Arjun Kapoor. Ce n’est pas ce que ton public attend de toi. Nous, on veut voir Shahrukh l’interprète, l’acteur audacieux 180

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et polyvalent. A défaut, on souhaiterait retrouver Shahrukh la bête de scène, celle qui, malgré le ridicule notable de certains de ses films, mouille la chemise pour sauver la mise ! Il est passé où, ce Shahrukh-là ? Dans HNY, j’ai eu l’impression de ne voir que son ombre... Pourtant, il a la chance de bénéficier d’un rôle particulièrement mis en valeur : il est le meneur, le sauveur, le fighteur, l’amant... Charlie est la star du film, du moins c’est ce que Farah voulait nous faire comprendre. Parce que la vraie star de HNY, c’est Abhishek Bachchan. Pourtant, il hérite d’un personnage lourdaud et mal dégrossi qui aurait pu rebuter à côté du sex-appeal surenchéri de Charlie. Mais j’ai trouvé Abhishek absolument hilarant dans un rôle néanmoins très mal écrit. Il incarne Nandu, fêtard aux problèmes vomitifs récurrents (je vous avais dit que c’était stupide!). Si les blagues manquent clairement d’élégance, Abhishek les porte avec bravoure et assurance. Ce qui est appréciable chez Nandu, c’est qu’il n’entre pas dans la caricature du héros valeureux. Au contraire, il est franchement idiot, trouillard et entêté. C’est probablement lui qui écope des scènes les plus ridicules du longmétrage, et paradoxalement, c’est lui qui s’en sort le mieux. Et ce que j’aime chez Abhishek, c’est qu’il n’a peur de rien. Il a conscience de son potentiel comique et il n’hésite jamais à l’exploiter à fond. Son implication est d’autant plus remarquable à côté d’un Shahrukh presque amorphe et apathique. J’adore également chez Abhishek sa grande humilité. Il a conscience de n’être qu’un second couteau dans HNY, et il ne chercher jamais à tirer la couverture à lui. Le personnage central de l’œuvre, c’est Charlie. Pourtant, Lil’B a tellement de talent qu’on finit par ne retenir que sa prestation.

Deepika Padukone signe quant à elle le rôle qui aurait dû lancer sa carrière. En effet, Farah Khan l’avait auditionné pour ce film avant de geler le projet, pour mieux la rappeler afin qu’elle ne joue dans Om Shanti Om. C’est également son troisième film avec Shahrukh Khan après OSO et Chennai Express. Dans un rôle caricatural de provinciale limitée, j’ai trouvé que Deepika s’en sortait avec les honneurs. En danseuse au grand cœur, on s’attache vite à elle sans grande difficulté. Elle est belle, danse bien et s’investit sans sourciller. Face à Shahrukh, on a le sentiment


qu’elle rame de toutes ses forces vers lui, alors que lui navigue à contre-courant. Si leur alchimie était sympathique dans Chennai Express, on ressent cette fois Deepika beaucoup plus impliquée que son partenaire. Même s’il y a de la redite dans l’écriture du personnage de Mohini (indienne du Maharashtra qui parle avec un fort accent, qui n’est pas sans rappeler la tamoule de CE), Deepika incarne avec autant de force que de vulnérabilité cette marathi drôle et sympathique. L’actrice est généreuse dans son jeu et ne nous déçoit pas. Elle a également fait de gros progrès en danse, particulièrement notables dans la séquence de danse finale, au moment de son solo. Mais quelque chose m’a particulièrement dérangé dans HNY : c’est le mépris que voue Charlie à Mohini. Il lui manque régulièrement de respect, la rabaisse plus bas que terre et l’exclut volontairement du reste du groupe. J’ai été chiffonnée et peinée par ce parti pris de la part de Farah Khan, qui a cette fâcheuse tendance à tendre vers le machisme dans la construction de ses personnages et de ses situations. C’est quand même un comble que l’une des rares réalisatrices femmes d’Inde à être aussi populaire auprès de l’audience nous livre un cinéma aussi masculin, à la limite du sexisme !

Mohini est ici utilisée, manipulée, insultée et diminuée perpétuellement par les hommes qui l’entourent, Charlie en tête. Et on devrait s’émouvoir du fait qu’il tombe sous son charme après l’avoir traité comme une moins que rien ? C’est moi où Farah ne connaît pas la définition du mot « romantisme » ? Pourtant, Mohini a du caractère, elle apprivoise d’une main de maître cette bande de bras cassés pour en faire des danseurs. Elle les valorise et les respecte, mais n’a pas droit au même traitement en retour. Pourquoi ? Je ne comprends pas la réalisatrice : elle a l’opportunité d’utiliser le biais du divertissement pour mettre en valeur les femmes dans toute leur splendeur, leur courage et leur détermination. Au lieu de ça, elle transforme Mohini en danseuse niaise qui craque pour un mec qui ne sait même pas lui parler dignement ! Où est la cohérence ? Quoiqu’il en soit, la lauréate du prix de la Meilleure Actrice pour RamLeela a nettement gagné en naturel et en maturité dans son ‘acting’, et rivaliserait presque avec

Abhishek sur le plan comique si son rôle n’avait pas été aussi réducteur.

Pour compléter cette fine équipe, Farah Khan a fait appel à trois acteurs très différents. Elle retrouve d’abord Boman Irani, qui avait déjà participé à sa réalisation Main Hoon Na en 2004. Surtout, elle lui donnait la réplique dans la tendre romance Shirin Farhad Ki Toh Nikal Padi, sortie en 2012. Dans la peau de Tammy, le célibataire endurci de la bande ; l’acteur parsi est attendrissant comme jamais, même s’il faut avouer que la description de son personnage tient sur un post-it. Boman a en lui cette capacité à insuffler une bonhomie incroyable à tous les rôles qu’il incarne, que ce soit dans un registre négatif (Don), comique (Main Hoon Na) ou romantique (Shirin Farhad Ki Toh Nikal Padi). A ses côtés, on retrouve le charmant Sonu Sood, connu à Bollywood pour ses prestations dans des films comme Aashiq Banaya Aapne, Jodhaa Akbar et Dabangg. Acteur touche-à-tout, il pouvait tantôt être le méchant de service (Arundhati, R... Rajkumar), tantôt le frère protecteur (Ramaiya Vastavaiya), et tantôt l’amant bienveillant (Ek Vivaah Aisa Bhi). Il reprend dans HNY un rôle écrit à l’origine pour John Abraham. Il est ici Jag, un spécialiste des explosifs devenu sourd d’une oreille et qui déteste qu’on parle en mal de sa mère. C’est la brute épaisse, le tas de muscles de la bande. Pourtant, il peut également être l’oreille attentive (la seule qu’il lui reste en tout cas... j’ai compris, je sors!) de ceux qui comptent pour lui. On retiendra une jolie scène entre Jag et Mohini, durant laquelle cette dernière lui évoque sa quête d’amour et de respect.Pour compléter l’équipe, il y a le jeune Vivaan Shah. Le fils des acteurs renommés Naseeruddin Shah et Ratna Pathak revient ici au cinéma après ses débuts dans Saath Khoon Maaf en 2011, avec Priyanka Chopra. Il est ici le cadet de la bande, hacker de son état. S’il dégage une douceur notable dans la peau de Rohan, c’est son personnage qui est le plus effacé durant une bonne partie de l’œuvre. Cependant, le jeune homme timide se manifeste finalement lors des grandes remises en question et impulse le sentiment de solidarité du groupe qui donnera lieu à la séquence musicale la plus émouvante de HNY. Jackie Shroff campe quant à lui Charan Grover, le businessman manipulateur duquel Charlie souhaite se venger. Après plusieurs années de désert artistique, HNY a représenté un retour en force ► BOLLY&CO MAGAZINE

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pour Jackie dans un rôle négatif opérant. La marque de fabrique de Farah Khan, ceux sont les références au cinéma et les cameos. Si l’on peut apercevoir plusieurs visages connus et reconnus de l’industrie hindi dans HNY, il n’y a rien de comparable aux 57 apparitions spéciales de Om Shanti Om. On appréciera cependant la présence de plusieurs personnalités comme Malaika Arora Khan, Sajid Khan, Sarah-Jane Dias, Dino Morea, Vishal Malhotra et Geeta Kapoor. L’un des instants les plus hilarants du film tient par ailleurs dans les prestations de Vishal Dadlani et Anurag Kashyap, à hurler de rire en juges sadiques. J’ai trouvé formidable qu’un cinéaste indépendant de la carrure d’Anurag Kashyap, qui a souvent dénoncé le cinéma de masse ; accepte de jouer le jeu et de prendre part à un film aussi commercial. C’est une belle preuve de maturité et d’ouverture de la part d’un des réalisateurs les plus ambitieux et novateurs de l’industrie hindi. Anupam Kher tient également un rôle poignant. Si on le voit peu, il est pourtant au cœur de l’intrigue de HNY : c’est lui, le père victime des dissimulations de Charan Grover. Du côté des clins d’œil, j’ai notamment dénombré une référence à Om Shanti Om avec la musique de « Ajab Si » ainsi que l’usage régulier du score de Mission Impossible pour accompagner la préparation du plan de nos 4 compères.

Happy New Year dure 3 heures. Pourtant, on aurait facilement pu lui amputer au moins 45 minutes. Ce qui est peinant avec ce film, c’est qu’il est très inégal. Il est truffé de scènes superflues, de séquences pâteuses qui en font un métrage longuet et poussif, là où il aurait pu gagner en légèreté sans jamais perdre son dynamisme. Le film semble s’égarer au milieu de toutes ces scènes plutôt dispensables. L’introduction des personnages accapare la première heure de la production là où 20 à 30 minutes auraient été suffisantes. On a droit à des temps complètement inutiles sur le plan narratif, comme la scène de combat entre Charlie et l’un des danseurs de l’équipe de Corée, non seulement incongrue mais aussi grotesque dans sa mise en scène. A côté de cela, l’intrigue nous tend certaines perches concernant le passé et les aspirations de certains protagonistes pour finalement ne pas s’en 182

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saisir jusqu’au bout. En effet, Nandu nous parle notamment de sa mère souffrante, qui nécessite une opération onéreuse. Pourtant, au milieu du capharnaüm cinématographique qu’est HNY, on a le sentiment que Nandu a un peu zappé sa chère maman ! De plus, la conclusion est expédiée et trop facile. En fait, l’écriture de Farah Khan manque de justesse et de concision. Elle tombe dans l’étalage et m’a laissé pantoise durant une bonne partie du visionnage.

Pourtant, dans son épilogue, HNY nous transporte dans un torrent de bons sentiments, d’allégresse et de tendresse. Ainsi, je n’ai pas pu rester insensible face au pouvoir émotionnel de ce film, qui nous touche en exploitant un art universel : la danse. Je me souviens avoir écrit dans ma critique de ABCD que « si la danse est prépondérante dans les films indiens, ce n’est pas par sa technique qu’elle a brillé, mais par son âme et sa sincérité ». C’est dans le cadre du concours que les protagonistes se découvrent et s’apprécient. Ces quatre garçons venus uniquement pour commettre le casse du siècle sont bouleversés par la détermination de Mohini et par la foi qu’elle a en eux, là où la moitié de la planète se moque de leur style très gauche. Dans HNY, Farah Khan joue sur les talents de danseurs franchement douteux de ses acteurs pour en faire un argument comique. Mais au final, je me suis retrouvée, comme un idiote, à pleurer devant le « World Dance Medley » sur les paroles de Charlie en hommage à sa terre natale.

D’ailleurs, la musique du film est une jolie surprise. Ce n’est absolument pas la meilleure bande-originale du duo Vishal-Shekhar, bien qu’elle demeure cependant de bonne facture. Mais d’abord, je tenais à parler de « Dance Like A Chammiya », qui était ma chanson


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CRITIQUE


préférée de l’album. Je considérais ce titre comme le digne successeur de « Sheila Ki Jawaani » au panthéon des item number catchy. Avec la voix de l’énergique Sunidhi Chauhan, j’espérais que ce titre serait illustré par Deepika Padukone avec une chorégraphie soutenue et une mise en scène colorée comme Farah Khan en a le secret. Mais en voyant le film, quelle désillusion ! « Dance Like A Chammiya » n’est PAS un item number ! Alors oui, ça m’a fait sourire de voir Charlie, Nandu, Tammy, Rohan et Jag se planter en public sur cette chanson ; mais j’en attendais tellement plus ! Pour moi, ça s’apparente à un vrai gâchis artistique. Il en va de même pour la très belle « Manwa Laage », dont le clip manque vraiment de romantisme et d’exotisme. Oui, Mohini et Charlie sont dépassés par le feu de l’amour qui embrase leurs cœurs épris... mais on ne pouvait pas en rester au stade de la métaphore ? Pour montrer que Mohini est amoureuse de Charlie, était-il nécessaire que cette dernière lui mette le feu aux fesses ? Littéralement ?! Je ne le crois pas, non... Dommage car musicalement, cette chanson profite des voix aussi douces qu’harmonieuses de Shreya Ghoshal et Arijit Singh. Si « Dance Like A Chammiya » n’en est pas un, il y a cependant bien un item song dans HNY ! Il s’agit de « Lovely », interprété par Kanika Kapoor. Ce titre aux sonorités orientales est franchement dansant mais s’essouffle du fait de sa composition plutôt linéaire. « Satakli » est un joyeux morceau, convivial et entraînant, qui bénéficie de la voix unique de l’excellent Sukhwinder Singh. « Nonsense Ki Night » de Mika Singh sert à illustrer une des danses du film, avec efficacité et non sans humour. Mais l’hymne de HNY, c’est « India Waale » ! Il réunit les chanteurs Vishal Dadlani, Shankar Mahadevan, KK et Neeti Mohan. Cette chanson patriotique aux influences électro’ vante la bravoure des indiens et leur détermination dans l’adversité. Enfin, je n’étais pas forcément fan de « Sharabi » à la première écoute, mais j’ai changé d’avis. Pourquoi ? Il y a quelque chose que j’aime beaucoup chez Farah Khan : c’est ce rituel qu’elle a instauré à la fin de chacun de ses films pour mettre en valeur ses équipes techniques ; des maquilleurs aux chauffeurs, des décorateurs aux ingénieurs son et lumière. « Sharabi » nous fait donc découvrir les artisans peu connus des films indiens, ceux qui travaillent dans l’ombre pour nous offrir des œuvres qu’on salue et qu’on chérit.

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en conclusion J’ai parfois été émue, parfois blasée. Je n’ai pas envie de vous déconseiller Happy New Year, ce serait hypocrite de ma part, car j’en écoute encore la BO et j’en apprécie certaines des séquences encore aujourd’hui. Mais je ne peux décemment pas vous le vendre non plus comme un film qualitatif, car ce n’est pas le cas.

J’ai été déçue par Shahrukh Khan, l’humour souvent grossier et l’imprécision du scénario. Mais j’ai aimé les chansons, les prestations d’Abhishek et Deepika et les scènes avec Anurag Kashyap. Il y a du bon et du mauvais dans ce film. Si vous le voyez, il va falloir trier dans ces trois longues heures de grand n’importe quoi pour savourer les quelques réussites de cette œuvre qui, malgré ses bonnes intentions, manque vraiment de consistance. ▲


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HAIDER PAR ASMAE

Haider fait partie de ces films hindi à avoir marqué le sous-continent ces dernières années. Sorti en 2014, cette énième réalisation de Vishal Bhardwaj a ému une industrie en pénurie artistique depuis quelques années, perdue entre les masala fédérateurs comme Chennai Express et Kick et les films indépendants reniés comme Peepli Live et Dhobi Ghat. Haider incarne ce cinéma intermédiaire, à la fois engagé et distrayant, capable de rassembler grâce à de prestigieuses têtes d’affiche tout en offrant des prestations de qualité avec des acteurs bouleversants.

L’équipe Bolly & Co’ s’est proposée d’analyser par trois fois l’un des films les plus audacieux des carrières de Shahid Kapoor, Tabu et Shraddha Kapoor...

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Je viens de voir Haider... Il y a à peine 5 minutes. D’habitude, j’aime prendre du recul sur un film, le revoir parfois ultérieurement, analyser ses scènes et réécouter ses chansons pour ensuite en rédiger la critique plusieurs jours voire plusieurs mois après. Mais avec Haider, je me suis ruée sur mon ordinateur à 2 heures du matin pour écrire à son sujet. Parce que l’état de choc post-traumatique dans lequel je suis actuellement m’aidera probablement à trouver les mots pour exprimer ce que ce film a provoqué en moi. Il faut le savoir, j’en attendais énormément. Vishal Bhardwaj est l’un de mes réalisateurs préférés, et il avait déjà offert à Shahid Kapoor un de ses meilleurs rôles en 2009 avec le thriller d’action Kaminey. En dirigeant Haider, il complète sa trilogie shakespearienne après les acclamés Maqbool (sorti en 2003) et Omkara (sorti en 2006). Il retrouve ainsi Shahid mais également Tabu et Irrfan Khan, qui avaient travaillé avec lui sur l’œuvre de 2003. Mais pourquoi ai-je décidé de ne pas m’accorder cette période de latence, pour vous proposer une analyse plus pointue et pondérée de Haider ? Tout simplement parce que mon impression à chaud est celle qui, me semble-t-il, renverra au mieux mon sentiment face à ce film.

Car Haider est un film passionné, entier et jusqu’auboutiste. Et mon avis, sans filtre ni réflexion poussive, le sera tout autant. Le moins que je puisse faire pour ce métrage, c’est de rédiger un article qui lui fasse justice. Et le meilleur moyen d’y parvenir, c’était d’écrire dans le même état de transe et de ferveur que Haider lui-même... Vous avez lu Hamlet ? Mais si, voyons ! Shakespeare ! « Être ou ne pas être, telle est la question... ». C’est cette question qui résonne dans la tête de Haider (Shahid Kapoor). Qu’estil réellement, au juste ? Un gosse innocent ? Un affabulateur ? Un schizophrène ? Un héros romantique ? Dans ce film disjoncté, c’est sa quête identitaire que l’on suit avec folie, au cœur d’un Cachemire qui s’embrase...

Vishal Bhardwaj est un des réalisateurs les plus consciencieux de Bollywood. Lorsqu’il décide de s’approprier du Shakespeare, il ne passe jamais par un sillage aisé. Il s’approprie tellement ces trames qu’elles deviennent siennes, si bien qu’on en oublie qu’il s’agit d’une adaptation. Il y a une patte, une identité Bhardwaj absolument unique et fortement marquée. C’est lui qui a influencé le cinéma indien semi-commercial, le courant émergeant de réalisateurs comme Vikramaditya Motwane, Anurag Kashyap, Tigmanshu Dhulia et Shoojit Sircar. Un cinéma aussi violent, ancré dans le réel que voué à sa fonction divertissante. Dès que je vois un film de Bhardwaj, je ne vois pas le temps passer. Mais à la fois, il a le don de me torturer le cerveau. Car on ne regarde pas Haider comme on visionnerait Bang Bang !, sorti le même jour (faites-moi rire...). Ça, non !

Parce que Haider ne se contente pas d’être une simple relecture ou un pauvre remake. Il a été réalisé avec un petit budget mais de grandes ambitions, là où le seul but d’un Bang Bang ! est d’amasser du pognon. A la place d’un Hrithik bodybuildé au torse huilé au soleil, on a un Shahid barbu au crâne rasé ; de surcroît bien couvert en plein hiver. Au lieu d’une Katrina en bikini qui danse sur du Vishal-Shekhar, on a une Shraddha voilée qui chantonne en kashmiri... Je précise que, dans le cadre de la rédaction de cette critique, je n’ai pris aucune substance, licite ou illicite, qui aurait été susceptible d’altérer mon comportement. Le seul stimulant que j’ai pris, c’est Haider. Parce que je suis encore sous le choc, le véritable défi pour moi va être de vous faire des phrases construites et sensées. Pour la forme, on repassera. Pour ça, vous lirez ma critique fleurie de Bang Bang ! La première chose à retenir de Haider, c’est son casting. Quand vous réunissez deux jeunes stars commerciales comme Shahid Kapoor et Shraddha Kapoor dans un même film, vous êtes en droit de vous attendre à tout, sauf à ça ! Parce que Haider n’a pas été créé pour vendre. C’est une œuvre expérimentale, qui cherche à se détacher de la pièce qu’elle a adaptée tout en lui faisant ►

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honneur. C’est après cet équilibre entre fidélité et indépendance que court le film. Et il y parvient de la première à la dernière scène. De plus, quand vous les faites jouer aux côtés de grands acteurs indépendants comme Tabu, Kay Kay Menon et Irrfan Khan, vous vous demandez à quelle sauce vont être mangés ces pauvres petits. Je n’ai personnellement jamais douté du potentiel de Shahid, mais j’avais peur qu’il se fasse bouffer par le talent monumental de Tabu, particulièrement mémorable dans ce film. Quant à Shraddha, c’est son premier film ‘social’, et je craignais qu’elle n’ait aucune place à tenir au milieu de cette distribution titanesque. Pour une jeune femme qui n’avait tourné que dans 5 productions jusqu’alors, c’est une véritable prouesse d’avoir su exister dans un film tellement gigantesque et au cœur d’une équipe aussi expérimentée.

J’aime autant vous le dire tout de suite : cet écrit va être dithyrambique ! D’abord, parce que mon acteur préféré y délivre la meilleure prestation de sa carrière. Ensuite, parce que Haider est parvenu à me surprendre, que dis-je, à m’estomaquer malgré mes immenses expectatives de départ et ma connaissance de l’œuvre originale. Enfin, parce qu’il a transcendé tout ce que je pouvais envisager dans cette réadaptation indienne en créant un univers, en s’imprégnant d’un contexte et en construisant des personnages si forts qu’il nous fait oublier qu’il s’agit à l’origine du Hamlet indien. Haider est au final Haider, et rien d’autre. Et c’est en cela qu’il est si réussi : Bhardwaj est parvenu à imbiber Hamlet de son macrocosme artistique. Il l’a moulé, taillé, laissé reposer et fait mûrir pour qu’il devienne Haider à part entière. Il ne s’est pas contenté de faire porter des tenues kashmiri à Hamlet et un voile à Gertrude et Ophélie. Car les héros de Haider sont originaux. Ils prennent racine dans la pièce de Shakespeare mais puisent leur plus grande inspiration dans l’esprit de Bhardwaj. Le cinéaste veut donner du sens à Hamlet pour le public indien. C’est ainsi qu’il plonge sa trame en plein conflit séparatiste au Cachemire. Le Roi Hamlet devient ainsi Hilaal Meer, un médecin prospère. Gertrude devient Ghazala, son infidèle épouse.

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Claudius devient Khurram Meer, le frère d’Hilaal devenu politicien véreux pour les beaux yeux de sa belle-sœur. Ophélie devient la journaliste Arshia. Et le Prince Hamlet devient Haider, un étudiant en poésie engagée à la recherche de son père, mystérieusement disparu.

Parlons d’abord de la star du film, celui qui mériterait un National Award pour sa prestation de haute volée : Shahid Kapoor. Oubliez son précédent métrage, le sympathique mais bourrin R... Rajkumar. Nous avons droit avec Haider à une véritable performance d’acteur. Dans l’œuvre, le héros feint la folie pour venger l’assassinat de son père sans éveiller les soupçons. Shahid y est aussi inquiétant que délirant. Durant les 2 heures et 41 minutes du film, on voit Haider passer du statut de jeune homme naïf à celui de fils vengeur. Sa mutation est fascinante, et Shahid donne vie à chaque réplique, chaque souffle de Haider avec une intelligence folle. Car Shahid Kapoor est dans Haider ce que tous les acteurs devraient être à l’écran : aussi réfléchi que passionné. Chaque geste, chaque silence et chaque regard a un sens. Pourtant, c’est avec un naturel désarmant que Shahid devient Haider. Alors effectivement, il s’est rasé le crâne pour le rôle, mais c’est finalement un détail. La prestation du comédien de 33 ans est bluffante et absolument irréprochable. Ainsi, il prouve qu’il a la carrure des plus grands. S’il n’obtient pas le Filmfare Award du Meilleur Acteur pour ce métrage (en sachant qu’il lui est déjà passé sous le nez injustement en 2009 pour Kaminey), je vous jure que je vous ponds un article complet sur l’art d’ouvrir bêtement sa chemise à Bollywood ! Et je n’ai qu’une parole !*

Face à lui, Tabu est fidèle à elle-même : royale ! Elle campe une Ghazala ambivalente, que l’on ne cerne pas jusqu’à l’épilogue. On s’interroge sur ses intentions, même si elle n’occulte jamais son attachement pour Khurram. A-t-elle calculé ►



avec lui la disparition de son mari ? Tabu incarne une Ghazala aboulique, qui titube entre son inévitable attirance pour son beau-frère et son amour inconditionnel pour son fils. Elle est la source de la folie ambiante dans Haider. C’est en elle que Haider a appris l’art de la manipulation et de la dissimulation. On la découvre tragédienne, puis aveugle pour finalement prendre conscience qu’elle n’est qu’une femme tiraillée entre deux hommes. Avec Haider, on assiste à un triangle amoureux d’un nouveau genre, aussi ambigu qu’audacieux.

Tabu est remarquable dans ce rôle aux multiples aspects. Elle aurait pu perdre le cap face aux contradictions qui animent Ghazala, mais elle mène ce personnage avec une force hallucinante. Cette grande dame s’impose sans pour autant faire suffoquer le reste du casting. Elle trouve sa place dans le tableau chaotique de la famille Meer tout en laissant le talent de Shahid éclater au grand jour. Lorsqu’ils sont réunis dans leurs scènes communes, c’est à un affrontement magistral auquel on assiste ! On peut d’ailleurs émettre une analyse intéressante de la relation entre Haider et Ghazala. Elle est des plus complexes puisqu’on est en incapacité de la définir nettement dès le début de l’œuvre. C’est après que l’on réalise que Haider souffre en fait d’un complexe d’Œdipe. S’il se sent trahi par sa mère, par le choix qu’elle a fait d’épouser Khurram, il l’est d’autant plus qu’il lui vouait un amour sans limite. On découvre, au fur et à mesure, que la vengeance qui lui a été commandée par Roohdaar est en totale contradiction avec ses propres sentiments, et avec son être. Déjà petit, Haider s’immisçait dans la relation entre son père et sa mère, repoussant le premier pour mieux se rapprocher de la deuxième. Si tout cela est inconscient pour le spectateur comme pour Haider lui-même, on découvre la véritable nature de ses sentiments dans une scène du film qui vous intriguera probablement. Dans cette séquence, Ghazala confirme que son seul et véritable amour n’est autre que son fils. La trahison de cette dernière est le moteur de Haider, en particulier lorsque son père lui demande de tuer Khurram d’une balle

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entre les deux yeux, « ces yeux qui ont pris (sa) mère au piège ». D’ailleurs, on se rend compte que, si Haider ne cautionne pas la relation entre Ghazala et Khurram, ce n’est pas uniquement parce qu’elle corrobore leur trahison envers Hilaal. C’est aussi pour ne pas légitimer le lien incestueux entre sa mère et son oncle, là où celui qui le lie lui-même à sa mère n’est pas acceptable. C’est sa propre inclination pour sa mère qu’il rejette dans son acte de vengeance, plus encore que la trahison de Khurram. Il fait ainsi un transfert de l’amour scandaleux qu’il voue à celle qui l’a mis au monde sur celui de Khurram. Mais dans Haider, tout est suggéré et subtil. Car c’est dans l’acte de vengeance commandé par son père que Haider va se trouver.Lorsqu’il revient de ses études, Haider est velléitaire et inhibé, quoiqu’un brin provocateur. Quand il découvre la relation entre sa mère Ghazala et son oncle Khurram, et ce alors que son propre père est porté disparu ; ceux sont toutes ses certitudes qui s’effondrent. Il avait trouvé un certain confort dans le mariage bancal de ses parents, sa mère lui accordant toute son attention et son affection. Il se sent donc trahi quand il découvre qu’un autre homme occupe le cœur de Ghazala. C’est alors qu’il investit l’arrestation de son père pour manifester son désaccord. En voulant le retrouver, il souhaite rétablir son équilibre familial. C’est ainsi qu’il sombre dans la folie. Si on la croit feinte, on réalise rapidement que Haider plonge progressivement dans la déraison et perturbe le spectateur dans son jeu de miroir, entre tromperie et réalité. Pour ceux qui, comme moi, ont adoré la pièce ; Vishal Bhardwaj nous bouscule dans nos attentes. Si on sait pertinemment que les accusations d’Hamlet à l’encontre de Claudius sont fondées ; on en vient à douter des affirmations de Haider. Bhardwaj joue avec la psyché troublée de Haider pour mieux chambarder la nôtre. Il nous déstabilise dans notre vision de ce héros détraqué. Lorsqu’on commence à peine à adopter la vision de Khurram, le cinéaste nous bouleverse une nouvelle fois !

Ce qui est captivant dans Haider, c’est sa capacité à nous balader d’un point de vue à un autre.


Si le film tourne autour de Haider, il n’est jamais le seul dont on perçoit les profondes pensées, les dilemmes intérieurs et les grands questionnements. Tous les protagonistes sont passés au crible, c’est assez rare au cinéma pour être souligné. Le travail d’écriture de Bhardwaj et du journaliste kashmiri Basharat Peer est méticuleux et abouti, ils n’esquissent jamais aucun personnage sans l’affiner.

Kay Kay Menon est une machine de guerre dans ce film. Il m’a autant séduite que débectée ! Dans la peau de Khurram, on le découvre vicieux et machiavélique ; mais également entier en amour. Son inclination pour Ghazala explique sa traîtrise envers son frère. Afin de la séduire, il élimine Hilaal du tableau et se glorifie à ses yeux en s’investissant en politique. Pourtant, il est rapidement défié par le seul homme qui compte vraiment pour sa dulcinée : Haider. C’est un jeu d’esprits qui s’établit entre Khurram et Haider, à qui saura manipuler l’autre au mieux. Mais leur folie pour Ghazala les perdra tous les deux. Dans le rôle d’Arshia, on retrouve la jeune Shraddha Kapoor. Si elle tient une place plus limitée dans l’intrigue, l’actrice impressionne par sa spontanéité. Elle m’a fait penser à Kareena Kapoor dans Refugee, avec cette même insouciance et cette même verve dans le regard. Arshia est le personnage le plus modéré de tous, même si son amour pour Haider reste démesuré. Elle l’aime à en contrarier sa famille. Elle l’aime à en écouter ses théories sur Khurram. Elle l’aime à ne pas savoir le lui dire en anglais. Arshia est aussi dévouée que transparente. Lorsque son frère veut l’empêcher de fréquenter Haider, elle verbalise ouvertement sa désapprobation. Arshia est le seul personnage sur lequel on ne se pose aucune question. On est juste charmé par sa sincérité et sa personnalité lumineuse, qui contraste avec la froideur de l’atmosphère dans Haider, aussi bien sur le plan climatique qu’émotionnel. Elle est moins accessoire que la Ophélie d’Hamlet, elle tient une vraie place dans la (dé)construction de Haider et dans sa descente aux enfers. Elle en est une spectatrice privilégiée et devient surtout un substitut affectif pour lui.

Irrfan Khan fait ici une apparition spéciale en tant que Roohdaar, le compagnon de cellule immortel de Hilaal. Il est surtout son messager, celui qui délivrera à Haider son ultime désir de vengeance. Il est inquiétant dans ce rôle énigmatique, dont on questionne les intentions durant une bonne partie du film. Roohdaar existe-t-il vraiment ? A-t-il été instrumentalisé par Khurram pour manipuler Haider ? Ou est-il le fruit de l’imagination de ce dernier, devenu fragile ? Un vent de mystère entoure ce personnage. Narendra Jha est quant à lui Hilaal Meer, le père de Haider et le commanditaire du meurtre de Khurram. Il apparaît comme un spectre, un fantôme venu hanter Haider et qui ne trouvera la paix que dans la concrétisation de son dernier souhait : voir son frère mourir. L’acteur est d’un aplomb émouvant, apaisant même dans ses commandes les plus fatales. Il incarne la stabilité qui fait désormais défaut au foyer Meer. Il n’y a pas de seconds rôles dans Haider, tous les personnages ont une place fondamentale dans la narration. Sumit Kaul et Rajat Bhagat sont les deux Salman, amis de Haider. Ils correspondent respectivement à Rosencrantz et Guildenstern, les proches d’Hamlet que Claudius retourne contre lui. Les deux Salman sont d’ailleurs fans de l’illustre acteur du même nom. Salman Khan joue également dans Haider, à travers ses anciens films projetés au Faraz Cinema, lieu funeste pour Hilaal et Roohdaar. Lui qui incarne le cinéma de masse dans toute sa splendeur trouve sa place dans une œuvre aussi indépendante que Haider. Les deux Salman tentent d’ailleurs de l’imiter dans une scène hilarante de l’œuvre. Une séquence constitue quant à elle le tournant du film : la chanson « Bismil ». En plus d’être une réussite purement musicale grâce à la voix écailleuse de Sukhwinder Singh, cette scène est le théâtre des méfaits de Khurram. Haider y explique, à mots couverts, les circonstances du mariage entre sa mère et son oncle. La chorégraphie de Sudesh Adhana est saisissante, contextualisée dans le cadre d’une scène de théâtre kashmiri. Sur le plan technique, il a poussé Shahid dans ses retranchements et a su mettre à profit ses talents de danseur. Ce chorégraphe de Norvège a sûrement un bel ►

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avenir à Bollywood, si ses prochains travaux possèdent la même intensité et la même justesse de ton que « Bismil ». Le montage de Aarif Sheikh est haletant, rythmé et efficace. Les liens et transitions entre chaque scène sont toujours effectués avec pertinence et savoir-faire. Tout est à sa place. Il se marie d’ailleurs avec élégance à la photographie de Pankaj Kumar, qui avait déjà officié sur le brillant Ship of Theseus. Le cinématographe a su absorber la beauté froide du Cachemire enneigé, aussi onirique qu’angoissante. D’ailleurs, le Cachemire est un personnage à part entière de Haider. La situation politique locale ne sert pas uniquement de toile de fond comme dans des films tels que Fanaa ou Mission Kashmir. Le véritable Hamlet de Bhardwaj n’est pas Haider: c’est le Cachemire. Le Cachemire qui ignore s’il doit être ou ne pas être. Si oui, où doit-il être ? En Inde ou au Pakistan ? Doit-il être quelque part ou imposer sa propre place ? C’est ce choix cornélien qu’expose Haider dans son étincelant monologue. On connaissait tous celui d’Hamlet, qui y déployait son questionnement identitaire tout en dramaturgie. Mais avec Haider, le réalisateur va plus loin. Non sans humour, Haider s’interroge sur son identité nationale : estil kashmiri ? Indien ? Pakistanais? Dans sa tirade, Haider nous parle d’un concept qui régit le film : chutzpah. Il s’agit d’un mot d’hébreu qui désigne une forme d’audace et de culot. A travers le ‘chutzpah’, Haider dénonce les incohérences de l’AFSPA (Armed Forces Special Powers Act). Cet acte signé en 1958 autorise les forces armées à intervenir dans les zones dites « à risque ». Pourtant, il suscite l’indignation de ceux qui en font les frais, puisque nombre d’officiers indiens en font l’usage à outrance et au détriment de civils innocents. Haider explique que les agents utilisant l’AFSPA pour justifier de leurs actions ont occulté les droits fondamentaux des kashmiris. De l’art de mettre en œuvre un acte supposé protéger la population mais qui, dans sa mise en œuvre, ne fait que l’enfoncer.

Quel ‘chutzpah’ ! Ce mot correspond bien à Haider,

car le monologue constitue probablement l’une des séquences les plus audacieuses, politiquement engagées et dénonciatrices que le cinéma hindi ait jamais illustré.

Vishal Bhardwaj incarne le vrai ‘chutzpah’, qu’il porte à travers l’interprétation sans faille de Shahid Kapoor. Le cinéaste a tenu à tourner son long-métrage au Cachemire, là où d’autres réalisateurs comme Kunal Kohli ont préféré la sécurité en se rendant en Pologne. Dans une note conclusive, il explique que le tournage de Haider s’est bien passé et qu’il a été touché par l’accueil du peuple kashmiri. Enfin, la bande-originale de Haider composée par son cinéaste emblématique est également une pure merveille ! L’album s’ouvre sur la tonitruante « Aao Na », vociférée par Vishal Dadlani. S’en suit le titre clé de l’œuvre : « Bismil », qui bénéficie du timbre unique du chanteur de qawwali Sukhwinder Singh. Arijit Singh contribue de son côté à deux morceaux : la tendre « Khul Kabhi » qui illustre la romance entre Haider et Arshia, et « Gulon Mein Rang Bhare » originalement composée par le défunt Mehdi Hassan. Avec « Jhelum », Vishal Bhardwaj pose sa voix pour évoquer la rivière pakistanaise qui a scellé le destin de Haider. « So Jao » reprend l’air de « Aao Na » au rythme des bruits de pelles creusant les tombes en pleine neige. Ce morceau a une dimension plus sombre que sa version rock, quant à elle plus frontale. « Do Jahaan » est chanté par Suresh Wadkar et Shraddha Kapoor. L’actrice interprète a cappella ce titre kashmiri poignant durant une scène culminante de l’œuvre, qu’elle partage avec Tabu. « Aaj Ke Naam », porté par Rekha Bhardwaj, sert de générique de fin à l’œuvre et nous apporte une sorte de paix intérieure après une chute explosive. ►

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en conclusion La question « être ou ne pas être » a plusieurs dimensions dans Haider. Être ou ne pas être le seul et unique amour de sa mère ? Être ou ne pas être orphelin de père ? Être ou ne pas être le vengeur de ce dernier ? Être ou ne pas être indien ? Être ou ne pas être militant ? Être ou ne pas être soi-même ? C’est le questionnement perpétuel menant Haider à la folie qui se dégage de ce film délirant. Cette frivolité ambiante devient communicative, à tel point que je me trouve là, à 5 heures du matin ; à rédiger un article sur ce film alors que je devrais actuellement être en communion avec mon lit ! Oui ! Ça fait 3 heures que je tape sans m’arrêter en écoutant en boucle « Ek Aur Bismil » pour éviter de m’assoupir. Tout ce qui m’a frappé, choqué et bouleversé dans Haider a été restitué dans cette critique, qui constitue plutôt un hommage à ce qui est sans aucun doute le meilleur film de l’année 2014. S’il le faut, regardez-le plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités, tous les messages subliminaux et toutes les dénonciations déguisées. Je suis admirative devant ce film profond, qui tente de bousculer les conventions et les injustices de la manière la plus artistique qui soit. Je suis fière de voir l’acteur démentiel qu’est devenu Shahid Kapoor, lui qu’on accusait de singer Shahrukh Khan et de vouloir vainement concurrencer Ranbir Kapoor. Les amis, il n’a pas besoin de ça !

J’ai été particulièrement émue en voyant Haider lorsque j’ai repensé à Maqbool, le premier film de la trilogie shakespearienne de Vishal Bhardwaj. Dans cette œuvre, il travaillait avec le grand Pankaj Kapur, le père de Shahid qui remportera par ailleurs un National Award pour sa prestation. J’ai eu le sentiment que, indirectement, Pankaj avait passé le flambeau à son fils. Shahid terminait la trilogie là où il l’avait commencé. Pour finir, Haider m’a donné un bel espoir pour le cinéma hindi. L’espoir de voir des films plus engagés et contestataires, portés par de grands comédiens. L’espoir de voir de jeunes pousses éclore aux yeux du public dans des rôles risqués. L’espoir de voir d’illustres interprètes accepter de jouer ensemble pour s’investir dans un même projet, en oubliant leur ego. Haider est un film à la fois ambitieux et modeste. Modeste dans son budget, dans sa fabrication et ses espoirs financiers. Mais ambitieux dans le message qu’il souhaite véhiculer et les anomalies qu’il veut mettre en exergue. Je n’aurais jamais cru dire cela d’un film, car j’ai toujours cru que chaque œuvre était perfectible et représentait la vision unique d’un réalisateur. Pourtant, j’ose le dire : Haider est parfait ! Parfait ! Tous les superlatifs que j’ai pu employer dans cet article ne sauraient exprimer la qualité suprême de ce film indescriptible. J’ai humblement essayé de vous apporter mon analyse et de vous témoigner de mon ressenti. Mais Haider est une expérience à vivre. Un moment de cinéma comme il en existe très peu. En d’autres mots, c’est un chef-d’œuvre !

*CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ LE 3 JANVIER 2015 ET A ÉTÉ LAISSÉ COMME TEL. HÉLAS, VOUS N’AUREZ PAS DROIT À MON ARTICLE SUR LES MEILLEURS DÉBOUTONNAGES DE CHEMISES À BOLLYWOOD, CAR SHAHID KAPOOR A REMPORTÉ CE FOUTU FILMFARE (ET LÀ, VOTRE RÉDAC’ CHEF DANSE LA SAMBA AU MILIEU DE SON SALON...) !

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CRITIQUE

HAIDER PAR FATIMA ZAHRA

« La Tragique Histoire d’Hamlet, prince de Danemark. » est selon une grande majorité de littéraires et amoureux de la tragédie, la meilleure œuvre que William Shakespeare. Alors, quand Vishal Bhardwaj décide d’en faire sa troisième adaptation après MacBeth, devenu Maqbool en 2003, et « Othello le Maure de Venise », devenu Omkara en 2006, nous nous attendons tous à ce que Haider soit LE film de Vishal Bhardwaj, et par la même occasion, le rôle jalon de la carrière de Shahid Kapoor.

Est-ce vraiment le cas ? La réponse est oui... et non. Avant de m’étaler sur la critique du film, je tiens tout de même à rappeler brièvement l’histoire à ceux qui ne la connaissent pas, ou qui aimeraient en relire le très bref résumé une nouvelle fois. L’histoire est celle de Haider (Shahid Kapoor), jeune étudiant qui revient subitement chez lui en apprenant une bien triste nouvelle : son père, Hilaal Meer (Narendra Jha), est porté disparu depuis qu’il a été capturé par l’armée. Mais ce n’est pas tout, une nouvelle bien plus bouleversante l’attend à la maison ; sa mère Ghazala (Tabu) s’apprêtait à déjà tourner la page avec son beau-frère Khurram (Kay Kay Menon). Déterminé à retrouver son père, Haider s’embarque dans une mission qui déterminera donc toute sa vie... pour le mauvais, et pour le pire.

S’il y a bien un réalisateur capable de traduire la tension et la complexité de cette œuvre sur grand-écran, pour une audience comme le public indien, c’est bien Vishal Bhardwaj, et jusqu’à un certain niveau, il le fait merveilleusement bien. Il ne se limite pas uniquement à la retranscription des lignes de cette tragédie telles qu’elles le sont, mais y ajoute un fond, des couleurs qui s’assombrissent et un contexte qui donne un sens à l’ensemble. Bhardwaj et son coscénariste Basharat Peer arrivent également à donner un goût qui leur est propre aux différents personnages et ce en les manipulant pour coller du mieux possible à la chronologie du film, qui s’approche énormément de la réalité des années 90 au Cachemire.

Haider reste jusqu’à ce jour la meilleure performance de Shahid Kapoor. Si vous pensiez qu’il était fait pour Kaminey, attendez de le voir dans cette deuxième collaboration avec Bhardwaj, et je vous promets qu’à la fin du film, vous serez incapable d’imaginer un autre acteur interpréter ce rôle à sa place ! Bien entendu, il n’est pas le seul à exceller. Et probablement s’il a brillé autant durant sa performance ce n’est pas uniquement grâce à ses capacités d’acteur (et Dieu sait qu’il en a) mais aussi grâce aux deux autres étoiles qui brillaient ►

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face à lui : Tabu dans le rôle de Ghazala et Kay Kay Menon dans le rôle de Khurram. Haider est un film qui est énormément basé sur l’alchimie des acteurs, aussi bien affective que haineuse, et sans le support que les trois acteurs ont eu l’un pour l’autre, le film ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Malheureusement, et loin derrière eux se trouve une Shraddha Kapoor qui -certes était très expressive et bien meilleure dans cette prestation que ce qu’elle a pu présenter dans son film précédent Ek Villain- était quelque peu transparente dans le lot.

Sous un angle moins positif, Haider peut s’avérer être extrêmement lent et plus long qu’il ne l’est réellement. Le défaut majeur du film est sans le moindre doute sa première partie ! L’histoire est tellement condensée qu’à un moment, les scénaristes se sont mis à introduire des éléments qui sont peu utiles à l’histoire principale ou qui ne seront plus réutilisés par la suite. Par exemple, ce qui est arrivé au beau-père de Ghazala que nous avons pu voir durant une courte scène, et qui est tout de même à l’origine d’un dialogue clé du film « La vengeance n’apporte que de la vengeance. ». On ne le revoit plus et on n’entend plus parler de lui, ni durant les funérailles de son premier fils, ou le mariage de son second... Quelques autres éléments de ce genre balancés à droite et à gauche et qui au bout du film n’ont pas la moindre importance peuvent porter à confusion et déconcentrer. A ces quelques imperfections qui peuvent être surmontées au bout d’une heure du film, Haider reste un des meilleurs films de Vishal Bhardwaj (le second après Omkara qui reste à ce jour incontournable à mes yeux) et probablement le meilleur film de l’année 2014. Les performances de la majorité des acteurs ainsi que la seconde partie du film font de Haider une tentative plus que réussie de proposer une version indienne de Hamlet, par contre une très lente première partie

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et certains éléments qui prennent beaucoup de temps à s’assembler peuvent être plus durs à supporter que prévu, et comme c’est le genre du film qui nécessite un très grand niveau de concentration, pour pouvoir s’accrocher aux personnages et vivre l’histoire avec eux, je vous conseille de le voir quand vous n’avez rien d’autre qui vous préoccupe l’esprit. Ainsi vous serez capable de très bien l’assimiler et de lui donner la chance et l’attention qu’il mérite !

Ma note pour Haider est un joli 3.5/5, et je salue grandement le courage de Tabu, qui a su jouer de la manière la plus convaincante qui soit la mère d’un acteur qui a seulement dix ans de moins qu’elle.


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CRITIQUE

HAIDER PAR ELODIE

Ce qui manquait à l’industrie du cinéma indien ces derniers temps, c’était de l’imagination. Et même si Haider est une adaptation indienne et colorée du célèbre ‘Hamlet’ de Shakespeare, il n’en reste pas moins unique en son genre. On retrouve dans la réalisation de Vishal Bhardwaj ce qui a fait d’Hamlet une œuvre si puissante : de la passion, de la violence et de la vengeance. En continuité parfaite avec ses deux œuvres précédentes, Maqbool et Omkara, Haider clôture la trilogie avec brio. ►

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C’est à l’aube de 1995, alors que le Kashmir est en proie à de multiples conflits, qu’on nous raconte l’histoire d’Haider, un fils livré à ses doutes concernant la mort de son père. Des doutes qui se confirment et qui transforment sa tristesse en une colère violente. Et tout ce que l’on retient du long-métrage, outre un message fort sur la vengeance et la liberté, c’est Haider. C’est Shahid Kapoor. C’est cette puissance de jeu, cette capacité à pouvoir interpréter un personnage aussi complexe qu’extraordinaire. Mais rassurez-vous, le film ne tient pas seulement sur ses épaules (de génie). En réalité, tout a été pensé, de la narration à la réalisation, en passant par les rôles secondaires, le long-métrage se devait d’être convainquant et réaliste.

Le déroulement de l’histoire nous permet un véritable plongeon, à la fois troublant et saisissant, dans cette version bollywoodienne de Shakespeare. On a le temps de rencontrer les personnages, de découvrir qui ils sont, de comprendre ce qu’ils deviennent. Malgré la longueur du film, on ne perd pas une miette de l’histoire. Il n’y a pas de place pour des items numbers de folie ou pour des séquences dream romantiques. Non. Par contre, il y avait sans doute pour le réalisateur de la place pour des scènes mineures, des petits détails en trop qui au fond ne dérangent qu’une fraction de seconde avant de vite être oubliés. C’est sans doute-là le seul défaut du film. La passion et les idées, ça monte parfois à la tête. On veut essayer de faire bien, de ne rien oublier, de ne rien laisser au hasard pour au final se retrouver avec des choses en trop qu’on ne remarque plus forcément à l’édition. (Je n’imagine même pas la version longue...) L’adaptation n’est pas décevante. Haider est juste, subtil. Il est facile de replacer les personnages avec ceux de l’œuvre original, tout comme il est facile de les oublier. Le film s’éloigne avec finesse de manière à nous faire oublier que sous ses musiques traditionnelles du Kashmir on nous raconte une histoire écrite au 16ème siècle en Angleterre. 198

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La superposition est fascinante, inattendue, pour ceux qui n’auraient pas vu les précédents films du réalisateur. Si Shahid Kapoor ressort clairement du film par son interprétation, on ne peut pas passer à côté du jeu impeccable de celle qui interprète la mère d’Haider, la divine Tabu. Tout comme on s’attache facilement à la belle Arshee, campée par la douce Shraddha Kapoor. L’alchimie qu’elle partage avec Shahid est présente et tendre. On comprend très vite leurs histoires, leurs sentiments. Kay Kay Menon est absolument magnifique en traitre fou d’amour pour celle qui ne lui appartient pas. Et la liste est longue. Il n’y a véritablement aucun défaut parmi les choix des acteurs, parmi les personnages du récit. On a presque envie d’applaudir à chaque fin de scène.

L’amour est le fil conducteur de l’histoire. L’amour pour un pays, pour la liberté, pour Dieu, pour sa famille, pour une fille. L’amour qui nous pousse à aller le plus loin possible pour quelqu’un, l’amour qui nous détruit complètement quand on le perd. L’amour complexe, ambigu, passionné, partagé, inconditionnel et plus encore. Même l’amour qui vient de l’admiration, aussi brutal qu’étrange, représenté par les deux Salman. Nous avons sous les yeux une représentation à l’infini de tout ce que l’amour peut être. Haider nous retourne le cerveau, il ne nous raconte pas seulement une histoire pour nous raconter une histoire. On veut clairement en faire plus, aller plus loin. On veut nous toucher, nous parler et le pari est réussi. Impossible de se sortir le film de la tête une fois celui-ci terminé. On repasse en revue certaines scènes dans son esprit, cherchant à savoir ce qui aurait pu être fait différemment, mais (mal)heureusement, rien. Et quand on se rend compte qu’il n’y a rien à changer, c’est bien là la preuve que le film est réussi. Des performances sans faille, une réalisation à la fois violente et poétique, de la musique qui ne fait pas défaut et qui arrive au bon moment... Non, clairement, Haider est un chef d’œuvre comme on en voit rarement. Haider est à partager sans modération, à voir absolument. Ou à revoir pour ceux qui voudraient chercher, encore et encore, les erreurs qu’on aurait pas remarqué au premier visionnage, mais pour cela il n’y a qu’une chose à dire : bonne chance. ▲


Zindagi

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CRITIQUE


H E R O PA N T I PAR ASMAE

Lorsque Sabbir Khan, réalisateur malheureux du bide colossal Kambakkht Ishq, annonce son nouveau projet Heropanti, on a toutes les raisons de s’en faire ! Sorti en mai 2014, ce masala romantique compte à sa distribution deux jeunes acteurs dont c’est le premier film en hindi : Tiger Shroff (fils du célèbre Jackie) et Kriti Sanon (qu’on a déjà pu apercevoir dans le film télougou 1 Nenokkadine). La bande-annonce donne le ton : nous voilà face à un film d’action sur fond de romance contrariée. On a ainsi droit au sempiternel imbroglio de l’amour impossible, du héros omnipotent qui tombe facilement la chemise à l’héroïne belle et pleurnicharde, sans oublier le père réfractaire et sa bande de malfrats. Et comme si cela ne suffisait pas, le pitch de Heropanti est directement pompé sur celui du succès de Tollywood Parugu, sorti en 2008 avec Allu Arjun et Sheela dans les rôles principaux. Mais alors, que peut-on réellement attendre de ce film ? Heropanti vaut-il le coup d’être vu ?

L’HISTOIRE Chowdhary (Prakash Raj) est sur le point de marier en grandes pompes sa fille aînée Renu (Sandeepa Dhar) quand celle-ci s’enfuit avec son petitami Rakesh (Devanshu Sharma). Fou de rage, il se lance à la poursuite du couple et fait prisonnier les amis du jeune homme, dont le valeureux Bablu (Tiger Shroff), déterminé à éloigner le père enragé des deux amoureux. Et parce qu’il faut une belle plante pour agrémenter l’histoire, Bablu craque au passage pour Dimpy (Kriti Sanon), la cadette de Chowdhary... Heropanti s’inscrit dans la lignée de films tels que Ready, Boss et R... Rajkumar. C’est assez réjouissant de voir un jeune acteur camper le rôle titre d’un de ces masala d’action bourrés de testostérones, plutôt qu’un quadragénaire de moins en moins crédible du type de Salman Khan ou d’Akshay Kumar, pourtant grands spécialistes du genre. ►

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Tiger Shroff a tout juste 24 ans et il s’agit-là de son premier rôle au cinéma. Ce qu’on remarque de Tiger en premier lieu, c’est sa plastique de rêve. En effet, le jeune homme s’est sculpté un corps d’Apollon en vue de ses débuts sur grand écran. Mais l’ironie dans l’histoire, c’est que c’est également tout ce que l’on retient en sortant du visionnage de Heropanti. A part ses muscles et ses talents indéniables en danse, Tiger n’offre pas grand chose de nouveau sur le plan cinématographique. Il est inexpressif, affiche un jeu artificiel et désinvesti. De plus, malgré ses abdos et ses bagarres de haut vol, il manque probablement un semblant de virilité et de maturité à ce garçon pourtant charmant. Il est bel homme certes, mais un élément essentiel à la réussite d’un acteur lui fait cruellement défaut : le charisme.

Le personnage de Dimpy est aussi creux que celui de Bablu, au moins ont-ils l’avantage de faire la paire ! Néanmoins, Kriti laisse un plutôt bon souvenir. La jeune femme possède un vrai dynamisme dans son jeu dans toute la première partie du film, qu’elle perd hélas dès lors qu’on approche du dénouement, la faute à un rôle qui s’essouffle au fur et à mesure que l’histoire avance. Mais il est fort à parier que Kriti Sanon ira loin à Bollywood si elle écope à l’avenir de personnages plus vifs et inattendus.

Cependant, il faut souligner l’aisance du fils Shroff dans les séquences de danse et de combat,

Tiger et Kriti partagent une belle alchimie à l’écran, probablement due au fait qu’ils aient le même âge et que ce long-métrage soit le premier de leur carrière à Bollywood. Si leur romance est franchement bancale, elle ne s’effondre pas grâce à l’osmose qu’ils sont parvenus à créer entre leurs personnages.

qui a réalisé ses cascades lui-même. Mais s’il veut durer, Tiger doit immédiatement se sortir de son physique de « fighter » et s’essayer à des rôles différents. Ainsi, il parviendra peutêtre à surprendre l’audience à la manière d’Alia Bhatt. Cette dernière avait effectivement fait forte impression dans Highway en 2014 après ses débuts chaotiques dans Student Of The Year. Pourtant, le problème ne vient pas uniquement du comédien. Le personnage de Bablu est tout bonnement caricatural. Ce n’est qu’un tas de muscles qui jette son dévolu sur une belle plante. Difficile donc de laisser un sentiment de fraîcheur et de renouveau à travers ce rôle cramoisi de mec surpuissant. Pour donner la réplique à Tiger, il y a Kriti Sanon. Tout comme bon nombre de ses consœurs (Deepika Padukone, Bipasha Basu, Anushka Sharma...), la jeune femme a d’abord effectué une carrière de mannequin avant de se lancer au cinéma.

Ici, elle n’a pas grand chose à faire, à part être belle et avoir la larme facile.

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Ce qu’on ne peut pas reprocher à Heropanti, c’est la complicité qui lie son couple vedette.

Prakash Raj est à l’aise dans la peau de ce patriarche ainsi meurtri qu’intransigeant. Il faut dire qu’il a déjà donné dans ce rôle pour la version originale du film en télougou, mais également pour des œuvres comme Bommarillu, Konchem Ishtam Konchem Kashtam et Solo. C’est également un plaisir de retrouver Sandeepa Dhar au cinéma depuis son premier film Isi Life Mein et sa petite apparition dans Dabangg 2. On la voit peu mais son rôle est crucial puisqu’il est l’élément déclencheur de l’intrigue. Elle incarne avec verve la jeune Renu, tiraillée entre l’amour qu’elle porte à son père et celui qu’elle voue à son mari. Sabbir Khan n’a dirigé qu’un seul film avant celui-ci : l’audacieux mais finalement foireux Kambakkht Ishq. Cette première réalisation a coûté très cher à ses producteurs et a représenté l’occasion de voir figurer des personnalités internationales telles que Denise Richards, Sylvester Stallone et Brandon Routh.


Réunissant les énormes stars indiennes Akshay Kumar et Kareena Kapoor, les attentes autour de ce projet étaient telles que le résultat final fut catastrophique, malgré des scores au box-office plutôt décents. Kambakkht Ishq aurait pu détruire la carrière de Sabbir Khan, qui a été forcé d’annuler son projet suivant Heer and Ranjha, pour lequel Shahid Kapoor et Deepika Padukone étaient pressentis. Par le biais de Heropanti, il revoit ses ambitions à la baisse et ne vend rien d’autre qu’un masala populaire. Contrairement à Kambakkht Ishq, on ne nous promet rien de grandiloquent et de tape-à-l’oeil, mais un divertissement familial qui respecte les codes du genre sans réellement les faire évoluer.

C’est en cela que Heropanti est un film moins prétentieux que son prédécesseur. Déjà, il mise sur deux débutants au lieu de mettre en porte-àfaux deux stars reconnues. Pour assurer ses arrières, il exploite d’ailleurs un scénario qui a fait ses preuves dans le sud de l’Inde, ayant d’ailleurs valu à Allu Arjun le South Filmfare Award du Meilleur Acteur en langue télougoue. Le cinéaste ne prend donc pas trop de risques avec ce métrage censé lui permettre de regagner la confiance du public. Pourtant, il rate le coche justement à cause de son manque d’audace. Si le film a plutôt bien fonctionné en ►

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salles, il n’en demeure pas moins qu’il a laissé de marbre les critiques, déçus de ne voir en Heropanti qu’une version low-cost des films de masse de Salman Khan. Heropanti se contente de suivre la recette bien connue des long-métrages d’action commerciaux, sans chercher à en innover certains des ingrédients. Mais Heropanti a aussi ses qualités, et sa musique en fait partie. Clairement un des chartbusters de l’année, l’album du film est une vraie mine à tubes. Composée par le duo Sajid-Wajid avec la participation de Manj Musik, la bande-son de l’œuvre marque les esprits par son savant mélange de morceaux énergiques et de ballades romantiques. Le titre « Whistle Baja » est extrêmement efficace, ponctué par les pas de danse précis du rejeton débutant. Ce son rend par ailleurs hommage au film Hero dans lequel le papa de Tiger, Jackie Shroff, faisait ses débuts en 1983. Le crooner indien Mohit Chauhan pose sa voix sur deux morceaux : la tendre « Rabba » et la mélancolique « Tabah ». Le titre électro’ « Raat Baar » ne manque pas de romantisme grâce au timbre caractéristique d’Arijit Singh. Mustafa Zahid nous gratifie de l’émouvante « Tere Binaa », qu’il a également co-écrit et composé avec Bilal Saeed. Enfin, le film se clôture sur l’entêtante et énergique « Pappi Song ».

EN CON CLU SION

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Au rayon des nouveautés de 2014, Heropanti fait partie des produits de base à la fabrication classique, sans grande nouveauté ni originalité. Pourtant, il n’est pas non plus à classer dans la catégorie des nanars et autres bouses cinématographiques, car malgré ses défauts, il reste de bonne facture. Alors effectivement, Tiger Shroff a des progrès à faire et devrait prendre quelques cours de comédie en vue de son prochain film. La trame n’a rien de différent, de même pour la photographie et l’écriture des personnages. Mais au final, le résultat est loin d’être indigeste et malgré des fautes de goût certaines,

Heropanti se regarde d’une traite sans que l’on ne s’ennuie un seul instant. Le montage est rythmé et ne laisse aucun moment de latence dans la narration, maintenant le spectateur attentif aux aventures de Bablu et Dimpy et ce bien qu’elles soient des plus prévisibles. Ainsi, ce dernier cru de Sabbir Khan constitue le parfait film du dimanche soir, un masala ni vraiment réussi ni totalement raté, qui se visionne sans déplaisir mais qui ne vous laissera probablement pas un souvenir indélébile. ▲


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Les différentes danses indiennes illustrées au cinéma... PAR ASMAE

La danse fait partie intégrante de la culture indienne, et donc a fortiori de ses industries cinématographiques. Les films du sous-continent sont rythmés par des chorégraphies endiablées et très techniques. Si aujourd’hui, le modern jazz et le hip hop se sont incrustés dans nos danses cultes, les chorégraphies des films prennent racine dans les danses locales, qu’elles soient classiques ou folkloriques. Bolly & Co’ vous propose ainsi de découvrir, à travers des extraits de films, les différentes danses de l’Inde...

L E B H A R ATA N AT YA M

« Mahamayee »

du film malayalam Mahamayee avec Shobana.

Danse du sud du pays, le bharatanatyam est plus précisément originaire du Tamil Nadu. Le bharatanatyam est exploité pour narrer les récits des dieux dans le cadre de théâtres mythologiques. Ceux sont les mains qui racontent l’histoire, tandis que les pieds maintiennent le rythme.

L E K AT H A K A L I

Le kathakali vient du Kerala, au cœur de l’Inde dravidienne. Exploité afin de mettre en scène des textes religieux, il est généralement pratiqué par des hommes. Les danseurs de kathakali se caractérisent par leurs robes opulentes et leur maquillage coloré représentant des masques.

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« Oododi Poaraen »

de Kanden Kadhalai, avec Tamannaah


L’ O D I S S I

« Mere Dholna Sun »

de Bhool Bhulaiyaa, avec Vidya Balan

L’odissi vient de l’Inde de l’est, dans l’État de l’Orissa. Il s’agit de reproduire par la danse les poses des statues de divinités. L’odissi serait d’ailleurs la danse classique indienne la plus ancienne. Très expressive, cette danse est pratiquée généralement par les femmes et incarne une certaine forme d’élégance.

L E K AT H A K

Danse du nord de l’Inde, le kathak est la danse de l’amour. Aussi bien pratiquée par les hommes que par les femmes, le kathak provient des kathakas, des compteurs d’histoires qui alliaient le chant, la danse et le récit. Les pieds donnent le ton de la danse, accentué par le port de grelots au chevilles.

« Kaahe Chhed Mohe » de Devdas, avec Madhuri Dixit

LE BHANGRA

« Gabroo Jawan »

Danse folk du Punjab, le bhangra est pratiqué par les hommes comme par les femmes. Énergique et festif, le bhangra exige une grande souplesse dans les bras et dans les épaules et impose un rythme soutenu jalonné de sauts.

de Dil Apna Punjabi, avec Harbhajan Mann & Neeru Bajwa

L E D A P PA N K U T H U Principalement pratiqué au Tamil Nadu et au Karnataka, le dappankuthu ne possède pas de structuration particulière et constitue surtout l’expression d’un sentiment emphatique. Rythmé par des sons de tambourin, le dappankuthu se caractérise par le port régulier du lungi, un long tissu enroulé autour de la taille.

« Local Boys »

de Ethir Neechal, avec Dhanush, Sivakarthikeyan et Nayanthara

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LES 5 NEWS D R AV I D I E N N E S

À N E PA S R AT E R ! PAR ASMAE

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Fahadh Faasil et Parvathy Menon dans Virgin Les deux acteurs se sont déjà donnés la réplique en 2014 dans le succès Bangalore Days. Ils se retrouveront dans le premier film de Mahesh Narayanan, monteur renommé de Mollywood. Le tournage devrait débuter l’année prochaine. Et alors que Parvathy a récemment remporté le South Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin pour sa prestation dans Bangalore Days, Fahadh est actuellement en plein tournage de Naale, Ayaal Njanalla et Maheshinte Prathikaram.

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Bahubali à Hollywood ! Bahubali est devenu dès sa sortie le film télougou le plus rentable de l’histoire. Sa version doublée en hindi est d’ailleurs distribuée par Dharma Productions, la bannière de Karan Johar. Le succès de l’œuvre aurait visiblement inspiré les occidentaux puisque le réalisateur S.S. Rajamouli aurait reçu une offre pour vendre les droits de Bahubali dans le cadre d’un remake en langue anglaise. Pour autant, rien n’a été officialisé, une suite du métrage étant déjà attendue pour 2016. Bahubali compte à son casting Prabhas, Anushka Shetty, Rana Daggubati et Tamannaah Bhatia.


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Vijay dans le prochain film de S.J. Suryah ? Ils avaient travaillé ensemble pour le succès Kushi, en 2000. Il semblerait que les deux compères collaborent pour un second projet commun. Il s’agirait ainsi du 60ème film de la star Vijay. Alors que le très attendu Puli vient de sortir avec Sridevi et Shruti Haasan, Vijay est actuellement en plein tournage pour la réalisation d’Atlee.

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Mahesh Babu se lance à Kollywood ! La star télougoue Mahesh Babu fera ses débuts en langue tamoule avec Bramhotsavam, qui sera également tourné pour Tollywood. Il s’agira d’un drame familial avec Sathyaraj et Revathy. L’acteur se paiera surtout le luxe de donner la réplique à trois jeunes actrices : Samantha Ruth Prabhu, Kajal Aggarwal et Praneetha Subhash.

Ram Pothineni dans la peau de Nivin Pauly En effet, la ‘energetic star’ de Tollywood Ram Pothineni serait fortement pressentie pour reprendre le rôle initialement incarné par Nivin Pauly dans la version télougoue de Premam, succès malayalam de l’année 2015. Le tournage devrait démarrer en janvier 2016.

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RACE GURRAM PAR ASMAE

J’adore le cinéma télougou ! Lorsque je regarde une œuvre de Tollywood, je suis assurée de passer un agréable moment devant un film divertissant, rythmé et coloré. Les compositeurs locaux sont souvent des faiseurs de tubes et les acteurs peuvent porter un métrage sur leurs seules épaules. Les grands succès de cette industrie résident principalement dans des masala bien montés, à la musique entraînante et au casting dynamique. Des vedettes comme Ram Charan Teja et Ram Pothineni ont fait leurs armes dans ce genre de films, toujours avec le même succès. Mais le prince du masala à Tollywood est indéniablement Allu Arjun, star de 32 ans active au sein de l’industrie depuis 2003. Avec des films comme Desamuduru et Julayi, il a su s’imposer comme une véritable figure populaire en Andhra Pradesh. Pour autant, il a également démontré de son jeu impeccable avec des prestations sensibles dans Arya 2 et Vedam entre autres. Lauréat par deux fois du South Filmfare Award du Meilleur Acteur, celui que le public surnomme Bunny est désormais l’une des personnalités les plus appréciées de l’industrie télougoue. En 2014, il est à l’affiche de Race Gurram, un énième masala avec également Shruti Haasan, Shaam et Brahmanandam. Potpourri de romance, de danse, d’action et de

politique ; cette réalisation de Surender Reddy (à qui l’on doit notamment le blockbuster Kick, avec Ravi Teja et Ileana D’Cruz) a fait un tabac lors de sa sortie en salles, devenant le film télougou le plus rentable de l’année. A la perspective de ce film, j’avoue avoir été très excitée. Je me réjouissais de retrouver Allu Arjun dans son costume d’action man, taillé sur mesure pour lui. Pour lui donner la réplique était missionnée l’une des actrices les plus ‘bankable’ du sud du pays : Shruti Haasan qui a officié dans de nombreux succès du genre comme Gabbar Singh et Balupu.

Pourtant, j’ai clairement été désappointée par ce film. Je ne suis franchement pas difficile face à un masala, j’ai réussi à passer un bon moment devant des films comme Dabangg, Ready et Kandireega. Mais cette fois, je n’ai pas été saisie. Mais en quoi Race Gurram a loupé le coche là où d’autres films télougous du même calibre ont réussi à me convaincre ? Revenons d’abord sur la trame de cette œuvre... ►

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Ram (Shaam) et Lucky (Allu Arjun) sont deux frères que tout oppose. L’un est un officier de police respecté, droit et pondéré. L’autre est un joyeux flemmard, qui cherche juste à mettre les voiles vers les USA pour mener à bien sa vie de bohème. Ils ne s’entendent sur rien, Ram reprochant Lucky son oisiveté tandis que ce dernier regrette le manque de fantaisie de son aîné. Dans le même temps, Lucky courtise l’inexpressive Spandana (Shruti Haasan) une jeune fille qui intériorise ses émotions à outrance. Et comme si cela ne suffisait pas, le gangster Shiva Reddy (Ravi Kishan) s’investit en politique tout en poursuivant ses activités frauduleuses. Mais c’était sans compter sur l’honnête Ram qui va tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur les réelles intentions du malfrat, et ce tandis que son frère va tout tenter pour le décrédibiliser...

Comme vous pouvez le constater, le pitch de Race Gurram part dans tous les sens. On a droit tantôt à une histoire familiale, tantôt à une romance, en passant par un film d’action à caractère politique. Mais le problème, c’est qu’aucun de ces aspects n’est traité avec attention. Tout est survolé, esquissé à tel point qu’on peine à suivre ces histoires sans aucun lien les unes avec les autres. Le fragile fil conducteur réside dans le personnage de Lucky, qui titube cependant trop entre chaque affaire pour capter l’attention du spectateur. Le conflit fraternel m’a d’ailleurs semblé tout droit pompé du film tamoul Vettai, avec R. Madhavan et Arya. En effet, ce métrage narre la relation compliquée entre un honnête flic et son frère devenu truand. Ce n’est pas le seul élément à avoir été inspiré d’autres métrages. En effet, sans trop vous en dévoiler, le film empreinte également le concept du classique de Kollywood Mudhalvan dans le cadre de son épilogue. Il fait enfin une petite référence au métrage hindi Dabangg à travers le nom d’un des protagonistes.

Le problème majeur de Race Gurram réside dans son scénario émietté, manquant de consistance et surtout de solidité. La narration et le montage ne parviennent d’ailleurs pas à sauver cette énorme carence. On a le sentiment que Surender Reddy a voulu condenser plusieurs scripts pour former un seul et même long-métrage sans pour autant parvenir à créer un lien ferme entre eux. Les différents éléments du scénario sont restitués à l’écran de façon trop parcellaire et perdent ainsi de leur sens. Allu Arjun se donne pourtant à fond dans un rôle bancal et franchement déjà-vu. Il était déjà ce glandeur exubérant dans Julayi et Iddarammayilatho et porte avec aisance un personnage pourtant peu inspiré. Cet acteur possède une présence incroyable à l’écran et parvient à assurer un film sur la base de son seul talent. Avec Race Gurram plus que jamais, il prouve sa qualité exceptionnelle d’entertainer dans ce film au demeurant très décevant. Un comédien moins charismatique aurait fait plonger l’œuvre dans les abysses de la kitscherie. Ici, Allu Arjun nous rend Race Gurram moins pénible et nous fait même apprécier certaines séquences plus enlevées. Il sera d’ailleurs sacré Meilleur Acteur aux South Filmfare Awards 2015 pour la troisième fois de sa carrière. Shaam, acteur tamoul sous-valorisé, fait depuis quelques années ses armes à Tollywood dans des rôles de second plan. Il incarne ici le frère aîné de Lucky, Ram. Il s’agit du premier film de Shaam que j’ai pu voir, et j’admets ne pas comprendre ses échecs. Cet acteur est bourré de charme et démontre d’une réelle justesse dans son jeu. Il a su se saisir de l’opposition entre les tempéraments de Ram et Lucky sans jamais tomber dans le cliché du frère tortionnaire. ►

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Ram et Lucky ont leurs défauts comme leurs qualités. Leur véritable limite réside dans leur incapacité à communiquer. Chaque prise de contact se fait avec agressivité et chacun met tout en œuvre pour démontrer de sa supériorité vis-à-vis de l’autre. Au fond, le modéré Ram comme le fantasque Lucky sont restés petits garçons. Shaam est brillant dans un rôle hélas plutôt réducteur, qui ne lui permet pas de faire l’étalage de son potentiel.

Parlons désormais du cas de Shruti Haasan. Artiste polyvalente, la jeune femme est à la fois actrice, chanteuse et compositrice. Elle a su alterner différents univers en incarnant à la fois la fille traditionnelle (Ramaiya Vastavaiya), la prostituée écorchée (D-Day), l’amie inconditionnelle (Oh My Friend), la princesse féerique (Anaganaga Oka Dheerudu), l’étudiante en biologie génétique (7aum Arivu) et l’épouse dévouée (3). Pour autant, Shruti a accepté de jouer dans Race Gurram. Pourquoi pas, si un rôle intéressant lui était proposé... Mais malheureusement, il n’en est rien ! Shruti incarne ici une jolie plante verte qui n’a strictement aucune incidence sur le récit. Elle est là pour séduire le héros, applaudir ses performances et partager avec lui les séquences musicales. Je me suis carrément demandée quel était le cachet de la jeune femme pour qu’elle accepte de tenir un rôle aussi insignifiant. Le fait est que la présence de Spandana ne recouvre aucun enjeu, si bien qu’elle aurait tout bonnement pu être supprimée de l’intrigue. Pour revenir aux quelques aspects positifs de Race Gurram, le comique Brahmanandam y campe Kill Bill Pandey, un officier de la brigade spéciale mise en œuvre pour débouter Shiva Reddy. Récurrent dans des rôles de clown de service, l’acteur de genre est ici au sommet de son art en caricaturant les héros omnipotents du cinéma de masse. J’ai aussi apprécié que son personnage soit mis en avant comme

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l’instrument de la mission à l’encontre de Shiva Reddy, au contraire de Lucky qui officie comme le cerveau de ces actions. Dans Race Gurram, Brahmanandam est absolument tordant et sauve la dernière demi-heure de l’œuvre par sa verve et sa mobilisation. Ravi Kishan prend ici les traits du politicien véreux Shiva Reddy et se montre particulièrement exécrable dans ce rôle de méchant tout à fait jouissif. Prakash Raj tient un rôle accessoire et campe le père exigeant de Spandana. Enfin, Saloni Aswani est Shwetha, l’amour de jeunesse de Ram qu’a fait fuir Lucky par le passé. Mais le point fort principal de Race Gurram, c’est sa musique. La bande-originale composée par S. Thaman est une réussite absolue, alternant avec savoir-faire ballade romantique, dappa dynamique et morceau électro’. L’album s’ouvre sur l’entêtante « Boochade Boochade », un score aux sonorités orientales. Ce titre est excellent grâce notamment à la contribution de Shreya Ghoshal, qui change littéralement de registre avec cet item number sexy. Pour la ballade « Sweety », c’est Siddharth Mahadevan qui surprend sur cette chanson mêlant influences électroniques et violon romantique. Le dappankuthu « Cinema Choopista Mava » interprété par Simha et Varikuppala Yadagiri fonctionne à merveille grâce à l’utilisation de basses et de guitares électriques dans son instrumentalisation. L’onirique « Gala Gala » incarne également le mélange des genres avec la voix presque synthétique de Dinesh Kanagaratnam en duo avec Megha. L’énergique « Down Down Duppa » bénéficie des grains de voix de son compositeur S. Thaman et de son actrice principale Shruti Haasan. Enfin, l’album se clôture sur la chanson titre « Race Gurram », interprétée par la grande dame du jazz Usha Uthup. Avec ce morceau, elle fait un virage à 180° dans un genre plus folklorique et soutenu.


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en conclusion Race Gurram peut se vanter de sa musique, qui constitue une réussite totale. Une grande partie de sa distribution sauve également le métrage du naufrage. Mais le rôle tenu par Shruti Haasan déçoit clairement, d’autant plus quand on connaît le parcours jusqu’ici honorable de l’actrice. Je n’ai d’ailleurs pas compris en quoi elle méritait le South Filmfare Award de la Meilleure Actrice, qu’elle recevra pour cette œuvre en juin 2015. Dans sa construction également, le film manque de cohérence et de rythme. Ainsi, si vous souhaitez tout de même tenter l’expérience, basez vos expectatives sur la qualité du casting et sur la bande-son de haute qualité, sans rien en attendre d’autre... ▲


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GUNDE JAARI G A L L A N T H AY Y I N D E PAR ASMAE

Lorsqu’un film télougou ne se base pas sur un héros omnipotent qui enchaîne les scènes de combat surréalistes à 1 contre 100, on peut déjà se réjouir ! Lorsque ce même film met en valeur le personnage féminin au-delà de sa fonction habituelle de danseuse et pleurnicheuse en chef, c’est encore mieux ! Lorsqu’enfin, ce film représente l’occasion de réunir les acteurs Nitin et Nithya Menon après le succès de Ishq en 2012, il y a de quoi organiser une grosse teuf ! C’est donc presque hystérique que je me lance dans le visionnage de Gunde Jaari Gallanthayyinde, sorti en 2013 et dirigé par Vijay Kumar Konda, dont c’est la première réalisation. Avant d’en savoir plus sur la valeur

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de cette comédie romantique devenue l’un des plus gros succès de l’année, plongeons-nous dans son intrigue... Karthik (Nitin) aime tout contrôler ! C’est le genre de mecs qui veut décider de tout, de la chemise qu’il va porter au job qu’il va exercer. Il déteste que les choses lui soient imposées, encore moins l’idée de les subir. C’est ainsi que, lorsqu’il croise le chemin de la belle Sruthi (Isha Talwar) au mariage d’un ami, il décide de l’aimer et entame une cour assidue pour la conquérir. Il obtient son numéro de téléphone et entretient une relation par ce biais pendant quelques temps... jusqu’à découvrir qu’il s’adresse en réalité à Sravani (Nithya Menon) !

On a ici un classique du genre : un homme persuadé que l’amour est un sentiment qui se contrôle et qui se planifie. Mon pauvre Karthik n’a donc rien compris au concept de la comédie sentimentale, où les héros ne s’attendent JAMAIS à tomber amoureux l’un de l’autre. On a ainsi donc droit à un anti-héros parfait : celui qui défie toute la logique de la romance au cinéma.►



Karthik estime qu’il ne peut aimer Sravani dans la mesure où il imaginait qu’il parlait à Sruthi... Vous pensez qu’il mérite une bonne gifle ? Vous n’êtes pas seuls, rassurez-vous ! Nitin incarne la parfaite tête-à-claque dans ce film. Là où il était nettement le héros de Ishq, son personnage est beaucoup plus réducteur dans cette nouvelle production. Il est benêt, obstiné et indélicat. C’est typiquement le genre de mecs à briser le cœur d’une fille gratuitement juste pour une question de mentalité !

Heureusement, le film met en valeur un très beau rôle féminin. Nithya Menon est absolument formidable dans la peau de Sravani. Durant toute la durée du long-métrage, c’est elle qui happe l’attention du spectateur. De jeune amoureuse entière et valeureuse, elle mue en femme impitoyable pleine de ressentiment sans jamais perdre la bonté et la fraîcheur qui la caractérisent. On suit son cheminement avec plaisir. Son rôle dépasse l’écriture maigrichonne des héroïnes classiques, innocentes ou machiavéliques mais jamais les deux en même temps. Sravani est humaine dans sa capacité à ressentir des émotions positives comme négatives. Elle est à la fois généreuse et rancunière, vulnérable et fière, blessée et galvanisée. L’actrice prouve une fois de plus qu’elle fait partie des meilleures comédiennes dravidiennes de sa génération, et remportera d’ailleurs le South Filmfare Award de la Meilleure Actrice en langue télougoue pour ce film. Isha Talwar, révélée en 2012 dans la romance malayalam Thattathin Marayathu, tient ici un rôle secondaire pour son premier projet à Tollywood. J’espérais qu’il permettrait de mettre son potentiel en valeur, elle qui possédait une indéniable présence dans un rôle pourtant timide pour son premier métrage. Ici, elle est pourtant sous-employée dans la peau d’une amoureuse indécise après laquelle Karthik s’amuse à courir avec acharnement. Elle sert de faire-valoir à l’histoire qui se noue entre Karthik et Sravani. L’actrice n’a guère

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l’espace de prouver quoique ce soit, mais peut se vanter d’avoir fait des débuts en télougou dans un film à succès.

J’avoue avoir été déçue par Gunde Jaari Gallanthayyinde. Je m’attendais probablement à plus de souffle, de dynamisme et de légèreté dans ce film qui se prend, selon moi, trop au sérieux. Nithya est le soleil du film, qu’elle sauve du naufrage. Pour autant, je ne reverrai pas Gunde Jaari Gallanthayyinde. Je me suis ennuyée comme rarement devant un film. J’ai surtout eu le sentiment que le métrage était un prétexte pour réunir Nitin et Nithya Menon et s’assurer ainsi un nouveau coup commercial. Le scénario manque de travail et de justesse, seul le personnage de Sravani semble avoir pris du temps dans son écriture. Moi qui suis pourtant une grande romantique, j’ai regretté que la trame manque de ces tendres instants qui caractérisent pourtant le genre, d’autant plus que les acteurs principaux auraient pu nettement porter de telles séquences de par leur superbe alchimie. La musique d’Anoop Rubens manque également d’inspiration. Seule la chanson titre interprétée par le compositeur lui-même et la chanteuse Shravani reste en mémoire. La ballade « Thu Hi Rey » permet à l’actrice Nithya Menon de poser sa voix sur ce morceau en duo avec Nikhil D’Souza. « Neeve Neeve » s’oublie vite malgré la présence de l’excellent Adnan Sami sur la bande. Nitin chante quant à lui sur le dappa électro’ « Ding Ding Ding », sur lequel il danse également avec la championne de badminton Jwala Gutta. « Yemaindho Yemo Ee Vela » est une reprise du film Tholi Prema, avec la star Pawan Kalyan. C’est surtout un plagiat monstrueux du chartbuster « Maria » de l’artiste porto-ricain Ricky Martin.


en conclusion Si vous souhaitez entamer ou poursuivre votre périple initiatique au sein des industries dravidiennes, Gunde Jaari Gallanthayyinde est à éviter pour sa relative médiocrité et son net manque d’inspiration.

Il constitue un potpourri de ce qui a fait le succès de films comme Ishq et Tholi Prema. Pour apprécier la complicité entre Nithin et Nithya Menon, restez-en à leur premier film commun, Ishq, dont nous vous avions rédigé la critique dans notre précédent numéro de Bolly&Co’. ▲


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et si on comparait les remakes

VS

E T S I C ’ É TA I T V R A I ENDHUKANTE PREMANTHA

L’Inde a pour habitude de miser sur les remakes, qu’ils soient régionaux ou internationaux. En effet ; réadapter une œuvre aux coutumes nationales voire régionales fait office de véritable tendance dans les industries indiennes, à Bollywood comme dans les capitales dravidiennes. En Andhra Pradesh, le cinéaste A. Karukaran (à qui l’on doit les succès Tholi Prema et Darling) réalise Endhukante Premantha, une romance tournée entre l’Inde et la Suisse, ainsi qu’en France durant quelques jours. Malgré de grandes espérances autour de ce projet, l’œuvre recevra un accueil mitigé lors de sa sortie. Et pour cause : il s’agit du remake non-officiel de Et si c’était vrai..., romance américaine avec Reese Witherspoon et Mark Ruffalo. Il s’agit surtout de l’adaptation de l’ouvrage de Marc Levy du même nom, sorti en 1999. Endhukante Premantha constitue-t-il une adaptation ratée ? Quels sont les atouts de cette version ‘made in Tolly’ ? FILM : Et si c’était vrai... RÉALISÉ PAR : Mark Waters INDUSTRIE : Hollywood ANNÉE : 2005 DISTRIBUTION : Reese Witherspoon, Mark Ruffalo... MUSIQUE : Rolfe Kant

FILM : Endhukante Premantha RÉALISÉ PAR : A. Karunakaran INDUSTRIE : Tollywood ANNÉE : 2012 DISTRIBUTION : Ram Pothineni, Tamannaah Bhatia... MUSIQUE : G.V. Prakash

Elizabeth / Sravanthi (Reese Witherspoon / Tamannaah Bhatia) apparaît soudainement dans la vie de David / Ram (Mark Ruffalo / Ram Pothineni). Très vite, le jeune homme se rend compte qu’il est le seul à voir la jeune femme, pour ensuite découvrir qu’elle a été victime d’un terrible accident et que c’est son âme qui vient lui parler...

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1. Une romcom américaine comme on les aime :

A l’image de Rachel McAdams et Katherine Heigl, Reese Witherspoon est l’une des grandes spécialistes de la comédie romantique aux Etats-Unis. Dans ce film, elle est lumineuse et excelle dans un registre qu’elle connaît par cœur. Son rythme soutenu, sa photographie fraîche et son efficacité en font l’une des romances les plus appréciées des années 2000.

2. L’élégance de Mark Ruffalo :

et si c’était vrai

en 3 points...

Bien avant de reprendre le costume de Hulk initialement porté par Edward Norton, Mark Ruffalo s’est imposé comme l’un des acteurs romantiques les plus populaires de sa génération. Charme flegmatique à la Colin Firth, le comédien irradie ici dans la peau de David Abbot, un veuf troublé par l’étrange présence d’Elizabeth. Nul doute que le film n’aurait pas la même dimension sans le charisme indescriptible de son acteur vedette.

3. Fidèle à l’ouvrage :

S’il a pris quelques détours scénaristiques, Et si c’était vrai demeure une adaptation fidèle à son ouvrage de référence, retraçant avec justesse le sillage émotionnel de David et Elizabeth. Les acteurs principaux donnent corps et vie aux personnages écrits par Marc Levy avec finesse et intelligence, en leur apportant assez de personnalité pour surprendre ceux qui avaient lu le livre. BOLLY&CO MAGAZINE

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Endhukante Premantha

en 3 points...

1. Une œuvre inspirée :

Avec Endhukante Premantha, A. Karunakaran ne s’est pas contenté de pomper l’ouvrage de Marc Levy, mais s’en est inspiré afin de construire sa propre histoire. Avec ce film, il plonge nos héros dans une histoire de réincarnation et de vengeance. Endhukante Premantha possède sa propre identité et a su s’adapter aux expectatives de l’audience indienne sans enlever ce qui fait le sel de son intrigue : la romance.

2. Ram Pothineni en héros romantique :

Véritable star du cinéma télougou, Ram Pothineni est surtout un habitué du masala poussif. Surnommé ‘Energetic Star’, ses pas de danse endiablés et ses scènes de bagarre en ont fait une vedette locale. Pourtant, il effectue un virage à 180° avec Endhukante Premantha, où on le retrouve en amoureux entier et déterminé, loin de son image de bad boy surpuissant. On découvre ainsi le potentiel romantique et le charme du comédien, qui cabotine beaucoup moins qu’à l’accoutumée et laisse transparaître une profonde sensibilité dans son jeu.

3. La complicité du couple vedette :

Après s’être brièvement donnés la réplique dans le succès Ready, Tamannaah Bhatia et Ram Pothineni partagent pour la première fois l’affiche d’un projet commun avec Endhukante Premantha. Force est de constater qu’ils sont absolument irrésistibles lorsqu’ils sont réunis, leur alchimie constituant la pierre angulaire du métrage. Ils sont jeunes, dynamiques et incroyablement beaux ensemble. La puissance d’Endhukante Premantha réside dans l’osmose entre ses acteurs, retranscrivant ainsi à la perfection le lien unique qui lie Ram à Sravanthi.

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EN CONCLUSION Et si c’était vrai comme Endhukante Premantha sont à découvrir, car chacun a su trouver son style et le ton avec lequel il voulait aborder cette histoire. Le charme de Mark Ruffalo d’un côté, la luminosité de Tamannaah Bhatia de l’autre ; ces deux métrages possèdent de véritables atouts qu’il serait dommage d’occulter du fait de leur histoire commune. Chaque cinéaste a su la narrer à sa façon et à chaque fois avec du souffle et une véritable authenticité.

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Nazriya Nazim est devenue en deux ans à peine un véritable phénomène dans le sud du pays. Issue d’une famille musulmane, elle a d’abord fait ses armes à la télévision et dans des rôles de ‘child artists’ avant de s’imposer comme la nouvelle coqueluche des industries dravidiennes. Pourtant, elle se dissocie des autres actrices, loin des gravures de mode et très proche de ses spectateurs. Bolly&Co’ vous propose de découvrir le parcours fulgurant de la jolie Nazriya Nazim...

N A Z R I YA N A Z I M la surprise du cinéma dravidien PAR ASMAE Née le 20 décembre 1994, Nazriya débute sa carrière à la télévision en tant qu’animatrice dans l’émission Punyamaasathiloode. En 2006, elle a 12 ans lorsqu’elle incarne la fille de Mammootty dans Palunku. Elle présentera ensuite le télé-crochet pour enfants Munch Star Singer, sur la chaîne Asianet. En 2010, elle tient un rôle secondaire dans Pramani pour ensuite incarner la fille de Sreenivasan dans Oru Naal Varum la même année, avec Mohanlal. En 2012, le public a l’occasion de la redécouvrir face à un certain Nivin Pauly dans le clip de la chanson « Nenjodu Cherthu » de Aalap Raju. La vidéo est dirigée par Alphonse Putharen, qui détectera un vrai potentiel chez ces deux stars en herbe. Leur alchimie y est d’ailleurs déjà palpable. Mais à l’époque, Nivin et Nazriya sont loin d’être des figures populaires. L’un comme l’autre peinent à rassembler et Nivin devra attendre le mois de juillet de cette année-là pour rencontrer le succès avec Thattathin Marayathu. Quant à Nazriya, l’année 2013 sera celle de la révélation de son talent au public du sud de l’Inde, et ce bien au delà des frontières du Kerala... Elle joue d’abord dans Maad Dad avec Lal, qui ne marque hélas pas les esprits. Plus tard dans l’année, c’est avec le film bilingue

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Neram qu’elle explose. Première réalisation au cinéma d’Alphonse Putharen, il sollicite le duo Nazriya-Nivin qui a fait des merveilles dans le clip vidéo précité pour ce thriller haletant. Tourné en malayalam et en tamoul, le métrage fait un carton au box-office et permet surtout de mettre en lumière le potentiel de Nazriya, âgée de seulement 19 ans. L’œuvre signant ses débuts à Kollywood, Nazriya recevra le South Filmfare Award du Meilleur Espoir Féminin. Surtout, ce projet impulse sa carrière dans l’industrie tamoule, au sein de laquelle elle sera très productive en 2013. En effet, on la retrouve dans la romance de Atlee Raja Rani, avec Arya et Nayanthara. Elle y campe Keerthana, le premier amour de John, le personnage campé par Arya. Dans un second rôle magnifique, elle happe l’attention du spectateur sans trop en faire et reçoit une nomination pour le South Filmfare Award de la Meilleure Actrice Secondaire. Ensuite, elle joue avec Dhanush dans Naiyaandi, dans lequel elle est une dentiste tombée amoureuse d’un commerçant. Pourtant, la jeune femme ne fera pas la promotion du film, affirmant qu’une doublure a été employée à son insu pour tourner certaines scènes osées.



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Issue d’une famille musulmane conservatrice, Nazriya aurait refusé de tourner ces séquences et a donc déposé plainte contre l’équipe de l’œuvre. Finalement, Naiyaandi se soldera par un bide retentissant au boxoffice. En 2014, elle donne la réplique à l’un des jeunes premiers les plus populaires du cinéma malayalam : Dulquer Salmaan. Ils partagent ensemble l’affiche de la romcom Salalah Mobiles. Si le film ne trouve pas son public, il permet de mettre en exergue la tendre complicité qui lie Dulquer à Nazriya. Mais surtout, il révèle les talents de chanteuse de cette dernière. En effet, elle pose sa voix sur le morceau « La La Lasa » tiré de la bande-originale du métrage, composée par Gopi Sunder. Plus tard, elle excelle dans l’intéressant Ohm Shanthi Oshaana, pour lequel elle retrouve Nivin Pauly.

C’est elle, l’héroïne de cette comédie romantique centrée sur le personnage féminin. Elle y prend les traits d’une étudiante en médecine qui croit dur comme fer en son premier amour. Sa prestation séduit et lui vaut d’être nommée pour le South Filmfare Award de la Meilleure Actrice en langue malayalam, face à des grandes dames de Mollywood comme Manju Warrier et Asha Sarath. Elle tourne ensuite sous la direction de Balaji Mohan, artisan du succès Kadhalil Sodhappuvadhu Yeppadi, pour la romance bilingue Vaayai Moodi Pesavum (en tamoul) / Samsaaram Aarogyathinu Haanikaram (en malayalam). Elle y retrouve Dulquer

Depuis son mariage, Nazriya a fait une pause dans le rythme effréné de ses tournages et prend le temps de poursuivre ses études supérieures. A seulement 21 ans, la jeune femme n’hésite cependant pas à accompagner son époux sur les plateaux de ses propres films. D’ailleurs, ce dernier a récemment annoncé que Nazriya ferait

Salmaan et étincelle dans la peau d’une doctoresse taciturne. Le film trouve son public et permet à Nazriya de revenir en grâce sur la scène tamoule après le mini-scandale de Naiyaandi. Dans Bangalore Days, elle retrouve Nivin Pauly et Dulquer Salmaan en plus de pousser la chansonnette sur la magnifique « Ente Kannil Ninakkai » pour l’album du film. Dans cette réalisation d’Anjali Menon, ils incarnent trois cousins qui rêvent d’une vie meilleure en quittant leur ville natale pour la cité de Bangalore. Nazriya y interprète Divya, une jeune étudiante qui épouse de façon arrangée Das (joué par Fahadh Faasil), un homme froid et mystérieux.

Bangalore Days devient un phénomène et demeure l’un des rôles les plus fins du parcours de la jeune femme. Surtout, elle joue avec Fahadh Faasil, l’un des acteurs malayalam les plus talentueux de l’industrie. Et quand la réalité dépasse la fiction, leurs familles respectives arrangent leurs épousailles. Nazriya et Fahadh se marieront en août 2014 en grandes pompes et en présence du gratin du cinéma dravidien: Kavya Madhavan, Arya, Priyadarshan, Meera Nandan et Dulquer Salmaan. Enfin, Nazriya conclut son année avec la romance tamoule Thirumanam Enum Nikkah, aux côtés de Jai. Dans ce métrage sous-valorisé, elle joue une jeune hindoue qui se fait passer pour une musulmane auprès de l’homme qu’elle aime. Le métrage met ainsi habilement en scène l’influence des conflits religieux dans les relations humaines.

prochainement son grand retour au cinéma, confirmant au passage qu’il était tout à fait favorable à ce qu’elle continue sa carrière d’actrice. En seulement deux années

de carrière, Nazriya est devenue l’une des actrices les plus naturelles et impliquées de sa génération. ▲ BOLLY&CO MAGAZINE

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OHM SHANTHI OSHAANA Ohm Shanthi Oshaana, ou l’histoire d’une nana qui court après le même mec pendant 2h09... C’est tout ? Non, je vous rassure, ce film a d’autres atouts pour lui, à commencer par son casting, composé de Nazriya Nazim et Nivin Pauly. Pour ce film, on va la faire courte : Nazriya est l’incarnation de l’amante entière qui croit en son premier amour. C’est elle qui porte le film du début à la fin. C’est avec ses yeux qu’on suit sa quête. Nazriya incarne une Pooja innocente mais déterminée, qui s’accroche au moindre signe de l’être aimé pour continuer à croire qu’elle parviendra à le conquérir... Concrètement, toutes les filles secrètement amoureuses pourront se projeter en Pooja. Oui, vous, les filles qui regardez l’heure 5 fois d’affilée pour ne finalement retenir que le fait qu’il ne vous a pas envoyé de texto ! Oui, vous, les filles qui prenez la mouche dès qu’il ose adresser la parole à une autre nana. Oui, vous, les filles qui tentez par tous les moyens d’attirer son attention et de l’impressionner en vous pomponnant, en lui montrant à quel point vous êtes élégante, cultivée, généreuse... Ce film s’adresse à vous ! Posons donc le contexte de cette charmante romance de Mollywood...

Pooja Mathew (Nazriya Nazim) voit le jour en 1983 dans une famille de médecins. Longtemps garçon manqué, elle se révèle en tant que femme lorsqu’elle tombe amoureuse de Giri (Nivin Pauly), un mystérieux inconnu venu la secourir lors d’une agression. Pourtant, le jeune homme lui est totalement indifférent et, des années durant, elle va mener une lutte sans merci pour faire valoir ses sentiments...

On a peur, au début. On se demande ce qu’il y a de romantique dans le fait de voir une nana galérer pendant deux heures pour obtenir une parcelle d’attention de la part d’un mec rustre et rigide ! Absolument rien, je vous l’accorde ! Pourtant, on se prend à vite craquer pour le beau Giri, avec son allure de ‘bad boy’ et sa barbe de trois jours. Pour le rôle, Nivin Pauly sort de son image de gentil garçon pour camper un personnage plus rugueux et discret que le romanesque Vinod de Thattathin Marayathu ou le traditionaliste Kuttan de Bangalore Days. S’il est clairement irrésistible, il est vite éclipsé par la solaire Nazriya Nazim, qui crève l’écran dans ce film qui tourne autour d’elle. Naturelle, authentique et lumineuse, cette actrice a tout pour plaire. Si elle ne ►

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ressemble en rien aux bombes du cinéma hindi comme Deepika Padukone ou Priyanka Chopra, elle n’a rien à leur envier en terme de jeu, bien au contraire. Nazriya possède en elle un talent incroyable pour saisir l’attention du spectateur, le toucher en plein cœur et happer toute son âme. Elle s’empare de Pooja comme personne et incarne cette héroïne entreprenante avec panache. On ne voit qu’elle, comme on ne voyait que Kajol dans Kuch Kuch Hota Hai et Kareena Kapoor dans Jab We Met. Dans Ohm Shanthi Oshaana, elle tient un vrai rôle féminin, solide et construit. C’est revigorant de visionner un film dans lequel la dite héroïne n’est pas réduite à sa plus simple fonction : pleurnicher, danser et crier à l’aide ! C’est aussi une des raisons qui confirme mon attachement au cinéma malayalam : l’écriture de ses protagonistes, toujours pointue et intelligible.

Ce qui est bien avec Ohm Shanthi Oshaana, c’est qu’il ne nous prend jamais pour des imbéciles. Malgré une histoire vraiment sommaire, le réalisateur Jude Anthany Joseph s’est attaché à mettre en scène une Pooja authentique, pleine de vie mais aussi pleine de doutes. C’est l’introspection amoureuse de Pooja à laquelle on assiste avec ce métrage solaire. Le film part d’elle pour mieux parler d’elle. Face à elle, on retrouve le charmant Nivin Pauly. J’avais littéralement craqué pour cet acteur en visionnant son drame romantique Thattathin Marayathu, sorti en 2012 avec Isha Talwar. Il est pour moi l’incarnation du bellâtre dravidien, à la peau tannée et au sourire ravageur. Ici, les rôles s’inversent car c’est Pooja qui fait une cour assidue à Giri, et non le contraire. Giri est très secret, inhibé mais aussi rustre dans son comportement, à l’opposé de la lumineuse Pooja. S’il est toujours aussi impeccable, Nivin n’a pourtant pas l’occasion de prouver pleinement sa valeur à travers ce rôle plus mineur. Il demeure dans l’ombre de Nazriya pendant toute la durée du film. D’ailleurs, tout oppose Pooja et Giri : elle est jeune et positive, lui est plus âgé et quelque peu fataliste. Lorsqu’elle lui dit qu’elle l’aime ; lui voit

que l’âge, la religion et la société les séparent. Si elle se laisse porter par ses sentiments, lui s’aliène dans ses appréhensions. Il n’y a ici guère d’élément extérieur qui pourrait mettre à mal la relation de Giri et Pooja. Le principal obstacle entre Pooja et Giri, c’est Giri luimême. Brisé par l’échec de sa précédente idylle, il se refuse à céder au charme de Pooja, trop préoccupé par les conséquences d’un tel amour, et par la perspective de son échec. Giri a peur là où Pooja ne craint rien. Après tout, mieux vaut essayer d’aimer que de craindre l’amour toute sa vie... C’est avec cette philosophie que Pooja aborde les relations amoureuses, et plus particulièrement l’amour qu’elle voue à Giri. Pooja ne craint pas le rejet, ni la souffrance, elle entrevoit l’amour qu’elle porte à Giri avec optimisme, en en envisageant que le meilleur. Si Pooja est plus jeune que Giri, c’est lui qui mûrit à son contact. Il apprend l’art du lâcher-prise, il se libère pour mieux chérir l’essentiel. En aimant Giri, Pooja apprend quant à elle la patience, la tolérance et l’altruisme. Elle apprend aussi à taire ses maux en pansant ceux de Giri. Pourtant, on ne nous vend pas une Pooja sacrificielle et désintéressée. Si elle se lie d’amitié avec Giri, elle est au clair sur le dessein romantique de cette relation. Au fond, elle nourrit toujours l’espoir de voir naître en lui les sentiments qu’elle lui loue. En cela également, on peut aussi facilement s’identifier à elle.

En effet, qui n’a jamais aimé quelqu’un avec une certaine distance ? Qui n’a jamais espéré, qu’un jour, cette personne se tourne vers nous pour nous avouer qu’elle nous aime aussi ? Pooja est une battante, une acharnée qui garde toujours la foi dans l’amour qu’elle voue à Giri. Sa persévérance est admirable, et l’on se voit en Pooja dans nombre de ses pensées, de ses attitudes et de ses songes. Car elle a beau être médecin, Pooja reste une fille amoureuse au cœur de guimauve, avec les comportements souvent niais qui en découlent... BOLLY&CO MAGAZINE

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« Il est trop beau, faut que je prenne une photo de lui en scred... Et merde, il m’a vu ! » Je me suis souvent vue en Pooja. C’est aussi probablement pour cela qu’elle m’a tant touché. J’ai aussi été émue par la profonde amitié qu’elle partage avec le Dr Prasad, campé par Vineeth Sreenivasan. Cet artiste polyvalent est d’ailleurs l’artisan de mon coup de foudre pour Mollywood, car c’est lui qui a réalisé Thattathin Marayathu (Je vais vraiment devenir lourde avec ce film... Mais j’y peux rien, il est extra!). Ici, il ôte sa casquette de cinéaste pour incarner le meilleur ami de Pooja avec justesse. D’ailleurs, il officie également sur l’excellente bande-originale du film, composée par Shaan Rahman (qui avait déjà travaillé sur l’album de... *roulement de tambours*... Thattatthin Marayathu! Ok, j’arrête...). En effet, Vineeth pose son grain de voix suranné sur la magnifique « Kattu Mooliyo ». Pour le titre positif « Mandaarame », le compositeur Shaan Rahman chante en duo avec Job Kurien. La mélancolique « Ee Mazha Megham » bénéficie du superbe timbre de Remya Nambeesan. Et si la brillante « Mounam Chorum Neram » vous comblera, la véritable perle de l’album réside dans sa version alternative « Sneham Chorum Neram », sublimée par ses interprètes Rinu Razak et Hisham. Ce titre accompagne d’ailleurs la scène finale de l’œuvre, un instant de pure beauté cinématographique. 232

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en conclusion Ohm Shanthi Oshaana est un film qui prend son temps, qui donne l’espace nécessaire à Giri pour qu’il puisse répondre aux sentiments de Pooja. C’est un film ancré dans la réalité, qui respecte ses personnages et les dépeint avec éthique et humanité. On n’a pas droit au cliché réducteur de la fille érudite qui s’entiche du pauvre paysan. Car si Pooja est pleine de qualités, il en va de même pour Giri, qui enseigne les arts martiaux sur son temps libre tout en aidant sa mère aux champs. Ohm Shanthi Oshaana est surtout un beau portrait de femme. Durant les 2 heures de pellicule, on voit Pooja grandir et maturer pour passer de l’adolescente naïve au médecin modéré, sans jamais perdre son enthousiasme. Ainsi, je vous recommande Ohm Shanthi Oshaana si vous voulez savoir comment le/la conquérir... (Je ne vous garantis pas de résultat immédiat en revanche, la patience étant l’une des vertus de l’amour durable !).▲


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À AJOUTER À VOS FAVORIS


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BANGALORE D AY S

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PAR ASMAE L’un des premiers films en langue malayalam que j’ai vu, c’était Thattathin Marayathu, avec Nivin Pauly et Isha Talwar. J’ai eu un coup de foudre littéral pour ce film, comme je vous le disais dans la critique du métrage (que vous pouvez retrouver dans le précédent numéro de Bolly&Co, avec Sridevi en couverture). Comme beaucoup avant moi, je suis tombée amoureuse de Nivin Pauly (Sérieusement, ce mec a un sourire à faire fondre la calotte glacière !) et de son alchimie avec Isha, jeune fille du nord du pays qui faisait ses débuts d’actrice avec cette œuvre. Entre temps, j’ai découvert une actrice formidable de l’industrie de Mollywood dans un film tamoul déjà culte : Raja Rani. Il s’agit de la jeune Nazriya Nazim, qui est depuis clairement devenue mon actrice malayali préférée. Alors, quand on annonce que cette bande de joyeux lurons font un film ensemble, avec en plus le talentueux Dulquer Salmaan (révélé par l’excellent Ustad Hotel) et l’attachant Fahadh Faasil (qui épousera dans la foulée Nazriya), cela ne vous étonnera guère si je vous dis que j’ai couru en faisant des tours et des bonds dans mon salon comme si je concourais pour l’épreuve du 100 mètres haies aux Jeux Olympiques ! Nazriya, Nivin et Isha dans un même film ? Une comédie romantique en prime ? C’est Noël avant l’heure ou quoi ? Sérieusement, je me demande comment j’ai pu faire pour négliger le cinéma malayalam durant toutes ces années. Parmi les fans de cinéma indien francophones, il y a ce qu’on appelle le ‘diktat pro-Bollywood’ (Oui, c’est un concept que je viens d’inventer... Et alors?). Lorsqu’on vous parle d’Inde, les plus ignorants vous parleront de Slumdog Millionaire, de Coup ►

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de Foudre à Bollywood ou de la pub’ Schweppes avec Nicole Kidman (Et aussi Arjun Rampal ! Mais ça, ils s’en fichent !). Ceux qui seront un peu plus érudits ne vous évoqueront que Shahrukh Khan, Aishwarya Rai et Rani Mukherjee. Sauf que, comme l’indique le slogan de notre magazine, l’Inde ne se résume pas à Bollywood, les amis ! L’industrie tamoule est pleine de films magnifiques et le cinéma télougou est extrêmement divertissant. Mais au panthéon des « films qui te marquent au fer rouge comme l’a fait DDLJ ou Jab We Met », les œuvres de Mollywood occupent une place particulière dans mon cœur de fanatique.

A toi, fan de Bollywood averti, qui sait faire la différence entre le hindi et le punjabi, qui sait ce que « dil » ou « deewana » veut dire et qui sait que tous les Kapoor de l’industrie ne sont pas frères et sœurs ; écoute-moi bien ! Toi que j’ai souvent vu regretter l’époque d’un cinéma hindi plus pudique et valeureux, plus romantique et sincère... Toi qui en a marre de voir Katrina Kaif en bikini et Deepika Padukone rouler des pelles à toutes ses co-stars ! Toi qui voudrait ressentir en ton fort intérieur la magie que te procurait un Kuch Kuch Hota Hai ou un Kal Ho Naa Ho ! A toi, fan de Bollywood averti mais meurtri, je te le dis, tu trouveras ton bonheur ailleurs ! Car oui, toi, fan de Bollywood averti mais de moins en moins conquis, tu veux du love ? Tu veux de la romance sans les bisous ? Tu veux de la pluie ? Tu veux du folklore ? Tu veux des salwar kameez et des saris ? Tu veux du naturel et pas des gravures de mode anorexiques qui font 20 centimètres de plus et ont 20 ans de moins que leur partenaire ? Et bien, toi, écoute-moi bien (bon, lis-moi bien, plutôt !) ! Visionne des films de Mollywood ! Et pour commencer, si tu le peux (ou si tu le veux, je ne force personne...), attarde toi sur UN film en particulier : Bangalore Days...

l’histoire : Divya (Nazriya Nazim), Kuttan (Nivin Pauly) et Arjun (Dulquer Salmaan) partagent une relation fraternelle fusionnelle. Ils vivent tout ensemble, et à l’aube du mariage de Divya arrangé avec Das (Fahadh Faasil), ils se questionnent sur le véritable sens qu’ils donnent à la sempiternelle quête du grand amour. Kuttan, attaché à sa culture et aux valeurs qui en découlent, souhaite épouser une indienne traditionnelle, qu’il croit trouver en Meenakshi (Isha Talwar). Arjun est plus aventureux. L’amour, ce n’est pas son truc ! Du moins, c’est ce qu’il pense jusqu’à sa rencontre avec Sarah (Parvathy Menon)... Bon, je vous le donne en mille : j’ai ri et pleuré tout au long du film ! Bangalore Days est pourtant très minimaliste dans sa construction. On suit trois cousins en quête de l’amour véritable. Voilà. C’est tout. Et ça suffit vraiment à faire un bon film ? Non, car Bangalore Days n’est pas qu’un « bon film », c’est une pépite cinématographique, un bijou du 7ème art indien comme on n’en fait plus à Bollywood.

C’est là que le cinéma malayalam devrait être une inspiration pour les producteurs hindi, qui ne jurent que par les gros budgets et les mises en scène grandiloquentes. Avec un budget 14 fois inférieur à celui de Happy New Year, la réalisatrice Anjali Menon nous offre un film plein d’âme et d’intelligence en misant sur le talent de son casting, sur l’accessibilité de son histoire et la beauté de sa musique. Elle donne ici une belle leçon d’humilité à ses homologues hindi en nous touchant en plein cœur avec ce ‘petit film’ qui n’est ni plus ni moins qu’un chef-d’œuvre ! Et le public la récompensera en faisant de Bangalore Days un des plus gros succès commerciaux de l’année au Kerala. Surtout, les droits ont été cédés pour en produire les remakes tamoul, télougou et hindi ! ►

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Commençons par la distribution de haute volée de ce film absolument formidable. La jeune génération du cinéma malayalam est ici représentée. Ceux sont eux qui mènent actuellement la danse à Mollywood face aux géants Mammoothy et Mohanlal. Nazriya Nazim est divine dans la peau de Divya. Dans un rôle parfaitement écrit par Anjali Menon, elle illustre le parcours de cette jeune femme avec autant de subtilité que de conviction. On voit Divya mûrir sous nos yeux ébahis, découvrir la vie et sa dureté pour mieux en savourer les rares instants de beauté. Nazriya nous tisse tout d’abord le portrait d’une enfant idéaliste, pour ensuite éclore aux yeux du spectateur en une jeune femme droite et pondérée. Elle est le souffle de Bangalore Days comme elle devient celui de Das, cet homme meurtri qu’elle a épousé. Elle lui communique sa joie de vivre, quitte à la recevoir plus violemment en retour. Son histoire avec Das est bouleversante. Pour lui donner la réplique, Anjali Menon a missionné le sensible Fahadh Faasil. On pouvait craindre que le film exploiterait à outrance l’histoire d’amour de l’acteur avec Nazriya à la ville, mais il n’en est rien.

On ne voit jamais que Divya et Das. L’alchimie est au rendez-vous, et si elle n’est pas intense, elle est mesurée et graduelle au fil de l’histoire. Fahadh incarne donc Das, un jeune homme détruit par son lourd passé. Un vrai mystère entoure son personnage, et c’est avec intérêt que l’on suit la quête de Divya pour découvrir ce qui fait tant souffrir son mari. On s’attache à cet homme et cette femme qui peinent à se trouver. La gaieté de Divya est d’ailleurs communicative, elle nous asperge de sa bonne humeur, qui éclate au visage de Das sans vraiment qu’il ne s’en rende compte. Fahadh est l’élément le plus mature de la distribution. Son jeu est distillé et savamment dosé, là où Nazriya fait preuve de plus de largeur et de générosité. Il existe un véritable équilibre entre les deux acteurs, une bonne répartition des émotions qui fait que le tout fonctionne à merveille. A travers eux, on évoque le deuil et la capacité à aimer de nouveau après un douloureux échec.

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C’est clairement le couple à l’histoire la plus complexe du film, et il en devient de fait mémorable. Mais rassurez-vous, les autres acteurs ne sont pas en reste. On retrouve avec plaisir le duo Nivin PaulyIsha Talwar, qui a fait les beaux jours du film Thattathin Marayathu (On en reparle de ce film génial ? Non, je vais éviter de vous refaire une crise d’hystérie !).

Hélas, si vous vous attendez à une romance qui soit à la hauteur de leur précédente collaboration, vous risquez d’être fort déçus. En effet, Isha ne tient qu’un rôle anecdotique dans ce film, celui d’une jeune femme moderne qui tente de faire du traditionnel Kuttan son alter ego masculin. Si on peut apprécier leur complicité le temps d’une chanson, il est clair qu’Isha Talwar est le faire-valoir de son partenaire. Bangalore Days trace le chemin réflexif de Kuttan quant à ses représentations sur son idéal féminin. Il a des attentes figées auxquelles il se refuse à déroger. Mais ses présupposés vont l’amener à s’attacher à Meenakshi, une fille qui se révèle à l’opposé de ses expectatives de départ. Avec Kuttan, on apprend qu’on n’aime pas une personne parce qu’elle remplit une liste de pré-requis. On l’aime justement pour ce qu’elle nous apporte de nouveau et d’inattendu, parfois même sans vraiment pouvoir se l’expliquer. Nivin Pauly est absolument adorable dans ce rôle plutôt convenu. Il n’a pourtant qu’un espace d’expression étroit et limité, mais s’en sort avec les honneurs. C’est surtout dans la relation fraternelle qui lie Kuttan à ses cousins que Nivin se révèle, pour notre plus grand bonheur. Dulquer Salmaan, fils de la star malayali Mammootty, est ici Arjun le biker aventureux et l’électron libre de la bande. Il donne la réplique à Parvathy Menon, qui campe quant à elle Sarah, une animatrice radio en situation de handicap. Ce qui est d’ailleurs intéressant, c’est que son invalidité ne fait pas l’objet d’une analyse dans le film. Sarah est un ►


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personnage comme les autres, auquel on s’attache sans vraiment faire attention à son fauteuil roulant. Ce n’est qu’un détail, aussi bien pour Arjun que pour le spectateur. Bangalore Days ne tombe pas dans le mélodrame lacrymal et se refuse à prendre en pitié une Sarah à la personnalité tellement lumineuse que l’on ne songe même pas à son handicap comme étant un ressort narratif. On découvre ici le lien qui se tisse entre deux êtres aux aspirations divergentes, où Arjun le cancre ne se sent pas digne de la belle et brillante Sarah. Et c’est en cela que le film puise toute son intelligence. On évite le cliché indécent du héros chevaleresque qui, dans sa grandeur d’âme, s’éprend de la jeune fille handicapée. Ici, Sarah est une princesse, une héroïne digne et indépendante. Elle n’a nullement besoin de la considération d’Arjun pour exister, mais elle recherche uniquement son amour. Leur relation est certainement la plus pure qui soit narrée dans Bangalore Days. C’est pourtant la plus simple et la plus classique dans son écriture, mais c’est également celle qui touche le plus par son efficacité. Nithya Menon nous gratifie d’une courte apparition dans le rôle de Natasha, le premier amour de Das. La française Paris Laxmi y tient également un petit rôle. Cette danseuse de kathakali a suivi une formation initiale à Aixen-Provence avant d’épouser le danseur indien Pallipuram Sunil et de s’installer au Kerala à ses côtés. Son rôle est plutôt accessoire mais demeure clairement sympathique.

Un des autres atouts du film d’Anjali Menon, c’est sa musique. Composée par Gopi Sunder, elle nous offre un album franchement solaire. « Maangalyam » interprétée par Vijay Yesudas, Sachin Warrier et Divya S. Menon est une chanson de mariage survitaminée à l’énergie démonstrative. « Nam Ooru Bengaluru » de Gopi Sunder est un morceau agréable, même si on sent qu’il a été grandement pompé sur le tube de Bryan Adams « Summer of ‘69’ ». La douce « Ethu Kari Raavilum » nous permet d’apprécier la voix de l’excellent Haricharan.

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Avec « Thumbi Penne », on savoure le timbre du chanteur Siddharth Menon sur cette mélodie entraînante. Enfin, la perle de la bande-originale est « Ente Kannil Ninakkai » pour laquelle Nazriya Nazim chante merveilleusement, en duo avec Gopi Sunder. Son grain de voix délicat est absolument enivrant sur cette ballade à la guitare qui ferait pâlir de jalousie Alia Bhatt et Shraddha Kapoor.

en conclusion Qu’est-ce qui vous retient encore de regarder Bangalore Days ? En ce qui me concerne, je ne peux que vous le conseiller. Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce film que j’ai trouvé drôle, léger, touchant et onirique. On est pourtant loin des moyens colossaux des productions hindi, Bangalore Days est une œuvre plutôt sobre dans sa fabrication. Cependant, il fait partie de ces films moins naïfs, plus construits sans pour autant avoir besoin d’extravagance visuelle ou scénaristique. Au fil des critiques, mon goût pour la romance s’est toujours affirmé. Mais je pense sincèrement que Bangalore Days ne peut être réduit à ce genre. C’est un film universel, susceptible de parler à tous, que vous soyez romanesque dans l’âme ou au contraire totalement hermétique au côté niais du genre. Alors foncez, découvrez ce métrage brillant sans plus attendre ! ▲


Anirudh Ravichander, c’est l’énorme phénomène de la musique tamoule depuis 2011 ! Fils de l’acteur Ravi Raghavendra et de la danseuse Lakshmi, Anirudh Ravichander est également le neveu de Latha Rangachari, qui n’est autre que l’épouse de la star Rajinikanth. C’est d’ailleurs grâce à sa cousine Aishwarya qu’il devient populaire. En effet, c’est UNE chanson qui fera la lumière sur son talent à échelle mondiale...

ANIRUDH

R AV I C H A N D E R

PAR ASMAE

En 2011, Aishwarya ambitionne de réaliser son premier film, 3, avec son mari Dhanush en tête d’affiche. Elle sollicite alors son cousin pour en diriger la bande-originale après qu’il lui ait composé quelques scores convaincants pour les précédents courts-métrages de la jeune femme. L’équipe travaille ainsi sur la musique dans l’ombre, pour finalement sortir en novembre 2011 la vidéo promotionnelle du titre « Why This Kolaveri Di », dappa en tanglish (mélange de tamoul et d’anglais) composé par Anirudh en 10 minutes et interprété par Dhanush. Ce morceau aussi touchant que léger fait un carton monumental et atteint les 10 millions de vues sur YouTube en seulement un mois, un record pour une chanson tamoule. Le titre devient un phénomène dont les médias étrangers se saisissent, des versions alternatives émanant de toutes parts aussi bien en anglais qu’en punjabi, en passant par le turc. Le buzz constitue surtout une publicité formidable pour le film, qui sortira finalement le 30 mars 2012. La musique d’Anirudh y rencontre au passage un franc succès, avec des titres comme « Poo Nee Poo », chanté par Mohit Chauhan et « Kannazhaga », porté par les voix des acteurs principaux Dhanush et Shruti Haasan. Son travail sur la musique du film lui vaudra une nomination pour le South Filmfare Award de la Meilleure BandeOriginale. ►

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En 2012 sort la musique de sa seconde contribution à un film : Ethir Neechal. Avec ce nouvel album, il prouve ainsi que son premier succès n’était en rien dû à la chance et corrobore son statut de nouvel espoir de la musique tamoule. En 2013, il compose la bande-son de Vanakkam Chennai et signe un nouveau plébiscite. Il sera doublement nommé aux South Filmfare Awards pour ces deux albums dans la catégorie de la Meilleure Musique. Un an plus tard, il retrouve Dhanush sur la bande-originale de Velaiyilla Pattathari, dont les titres deviennent des chartbusters. La musique de Maan Karate à laquelle il contribue fait aussi un tabac. Avec les chansons de Kaththi qu’il compose en milieu d’année, il persiste et signe avec de nouveaux tubes.

En 2015, c’est la consécration : pour ces bandes-originales, il est triplement nommé pour le prix de la Meilleure Musique aux South Filmfare Awards et le remporte finalement pour Velaiyilla Pattathari. Dès son premier album, l’univers musical d’Anirudh s’affirme, niché entre dappa endiablés et ballades folk. Il sait utiliser les tambourins traditionnels comme les platines électro’ au service de ses sons. Il fait surtout découvrir à travers ses compositions un style éclectique, bien que demeurant très fidèle à ses racines dravidiennes. Il excelle particulièrement dans l’exercice du dappankuthu avec des titres comme « Local Boys » de Ethir Neechal, « Open The Tasmac » de Maan Karate, « What A Karavaad » de Velaiyilla Pattathari et « Maari Thara Local » de Maari. Régulièrement, ses collaborations avec Dhanush dans ce registre font de véritables merveilles. Dans le style de la ballade romantique, il est également formidable et l’a démontré avec des morceaux tels que « Idhazhin Oram » de 3 aux

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tonalités synthétiques, « Un Paarvayil » de Ethir Neechal aux sonorités folkloriques et « Oh Penne » de Vanakkam Chennai à l’atmosphère onirique. Les titres à la guitare lui réussissent également, comme le prouvent les chansons « Boomi Enna Suthude » de Ethir Neechal ainsi que « Hey » et « Ailasa Ailasa » de Vanakkam Chennai. Anirudh démontre sa polyvalence avec des chansons festives comme « Selfie Pulla » de Kaththi, des titres punchy comme « Ethir Neechal » du film éponyme et des complaintes poignantes comme « Amma Amma » de Velaiyilla Pattathari.

En plus de composer, Anirudh chante sur la plupart des titres qu’il dirige. Sa voix rugueuse en a séduit plus d’un, à tel point que d’autres compositeurs de renom le sollicitent pour leurs propres albums. C’est ainsi qu’Anirudh a entre autres posé son timbre si particulier sur les chansons « Mersalaayitten » de I que l’on doit à A.R. Rahman, « Dandanakka » de Romeo Juliet composé par D. Imman et « Vaada Vaa Mochi » de Demonte Colony dirigé par Keba Jeremiah. Il chante également pour la première fois en langue malayalam pour le film événement Premam sur le son « Rockankuthu ».

En somme, en seulement 4 ans de carrière et à désormais 25 ans, Anirudh Ravichander s’est imposé comme le nouveau génie musical de l’industrie de Kollywood. S’il est devenu très productif depuis ses débuts en 2011, il n’a jamais laissé la quantité de ses productions mettre à mal leur qualité. Désormais, le paysage musical indien devra compter avec Anirudh... ▲


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M MUSIQUE

P L AY L I S T S U D Spéciale Dappankuthu PAR ASMAE


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« What A Karavaad » de VIP (tamoul) Chanté par Dhanush et Anirudh Ravichander

Autant vous avertir tout de suite, ces deux artistes seront très présents sur cette playlist ! En effet, l’acteur Dhanush et le compositeur Anirudh Ravichander ont officié sur de nombreux albums communément, en délivrant d’innombrables tubes au Tamil Nadu. Avec l’album de Velaiyilla Pattathari (VIP), ils officient notamment sur ce dappa tonitruant. Ainsi, Dhanush prouve qu’il est aussi bon chanteur que comédien en illustrant le titre à l’écran.

« Open the Tasmac »

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de Maan Karate (tamoul) Chanté par Deva et Anirudh Ravichander Anirudh s’impose à Kollywood comme la nouvelle référence musicale, faisant partie des compositeurs les plus convoités de l’industrie tamoule. On lui doit l’album de Maan Karate, film avec Sivakarthikeyan et Hansika Motwani. Comme dans de nombreux films tamouls, on a droit à la fameuse séquence dansée du héros quelque peu éméché. Ici, le protagoniste danse sur l’efficace « Open the Tasmac », qui bénéficie d’une apparition du musicien.

« Ada Boss Boss »

de Boss Engira Bhaskaran (tamoul) Chanté par Sathyan Composé par Yuvan Shankar Raja, ce titre sert d’introduction au personnage de Bhaskaran, campé par Arya. Ce dappa cool illustre surtout le Tamil Nadu, sa danse et son folklore dans toute sa splendeur. Ce titre est surtout à l’image du métrage produit par son acteur vedette : frais, ancré dans sa localité et empli de bonne humeur.

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« Cinema Choopistha Mama »

de Race Gurram (télougou) Chanté par Simha et Varikuppala Yadagiri Ce dappa aux accents rock met surtout en lumière le solaire Allu Arjun, formidable danseur, et sa partenaire à l’écran Shruti Haasan. La composition saccadée de S. Thaman en a fait l’un des chartbusters de l’année 2014 à Tollywood, où Race Gurram a battu des records d’entrées.

« Nagara Nagara »

de Baava (télougou) Chanté par Chakri et Geetha Madhuri Grâce à la musique dynamique de Chakri et à la musique colorée de Ram Babu, « Nagara Nagara » constitue le dappa télougou dans toute sa splendeur. Mieux que les ballades romantiques dans les déserts, à Tollywood, on déclame son amour en dansant et en sautillant ! Sur ce morceau, ceux sont les acteurs Siddharth et Praneetha Subhash qui déploient leur énergie afin de communiquer leurs sentiments dans cette séquence des plus vives.

« Why This Kolaveri Di » de 3 (tamoul) Chanté par Dhanush

Il s’agit probablement du dappa le plus écouté dans le monde ! Ce titre entêtant et franchement addictif a fait un tabac sur Internet, permettant de mettre en lumière les talents de compositeur du jeune Anirudh Ravichander et la voix du formidable Dhanush. La vidéo du morceau fait le buzz, ses paroles mêlant le tamoul à l’anglais étant faciles à retenir. Dans le contexte du film, « Why This Kolaveri Di » traite des déboires amoureux de Ram, incarné par Dhanush. La star recevra deux South Filmfare Awards pour ce film : celui du Meilleur Acteur et celui du Meilleur Chanteur pour « Why This Kolaveri Di ». BOLLY&CO MAGAZINE

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« Local boys »

de Ethir Neechal (tamoul) Chanté par Dhanush et Velmurugan Dans Ethir Neechal, Dhanush fait une apparition en musique aux côtés de Sivakarthikeyan dans ce métrage qu’il produit. Derrière ce dappa électrique, on retrouve le prolifique Anirudh Ravichander, qui ne manque aucune occasion de nous faire danser. Il s’agit là de son dappa le plus contagieux, le plus cadencé aussi. Son rythme soutenu et sa chorégraphie audacieuse en font un titre du genre des plus réussis.

« Nakka Mukka »

de Kadhalil Vizhunthen (tamoul) Chanté par Vijay Anthony Voici un dappa incontournable, devenu un classique en la matière. Composé et interprété par Vijay Anthony, le succès du son est tel qu’il contribue grandement au plébiscite du film, avec Nakul et Sunaina. Shahrukh Khan dansera sur ce titre lors d’un événement. Surtout « Nakka Mukka » sera réutilisé pour l’un des films hindi les plus populaires de l’année 2011, The Dirty Picture, avec Vidya Balan.

« Ava Enna »

de Vaaranam Aayiram (tamoul) Chanté par Karthik et Prasanna Dappa poignant aux influences folk, cette composition de Harris Jayaraj illustre Surya en âme en peine, dévasté par la perte de son amour, campé par Sameera Reddy. Sur ce dappa, on n’a nullement envie de danser, mais l’on est transporté par la détresse de Surya, par son jeu impeccable et la tristesse qu’il nous témoigne.

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« Chinnadho »

de Brindavaanam (télougou) Chanté par Sukhwinder Singh, B. Vasantha, Geetha Madhuri et Baba Sehgal Le véritable plaisir de ce dappa, c’est de découvrir la polyvalence de l’artiste de qawwali Sukhwinder Singh, coutumier de titres aux couleurs musicales complètements différentes. Avec « Chinnadho », il excelle dans un registre qui lui est inédit. Ce morceau donne également l’occasion de voir l’acteur NTR Jr se déhancher comme jamais, en formidable danseur qu’il est.


Une série indienne en cours de traduction. Prêt pour l’épisode 61 ?

saraswatichandra W W W . W A T. T V / B O L L Y A N D C O


IN INTERVIEW

Richard Sajahaan A l’heure où les grandes marques perdent de leur authenticité à cause de la mondialisation et des besoins financiers, Richard Sajahaan fait son apparition avec simplicité et humilité. Entre Chennai et Genève, ses deux villes d’origine, la marque ne cherche pas à s’imposer dans les vitrines du jour au lendemain. Le créateur suit un chemin inhabituel, mais prometteur : il use de sa passion et de son désir de rester humain pour faire avancer sa marque, s’alliant ainsi à des partenaires qui comprennent sa vision des choses et qui vont écrire avec lui l’histoire de Richard Sajahaan. Avant de vendre quoi que ce soit, il préfère poser les décors de son univers pour être certain que tout le monde saisisse la mission qu’il s’est donné.

Aujourd’hui, Bolly&Co a l’occasion de discuter avec l’homme derrière la marque afin d’en savoir plus sur ce qui rend Richard Sajahaan si spécial... 248

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COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE DE CRÉER CETTE MARQUE ?

C’est un leitmotiv de longue date mais avant tout une aventure que je veux mienne et dans laquelle je prends beaucoup de plaisir sans contrainte ni obligation. Je n’attends aucune retombée financière et je travaille en toute simplicité pour le plaisir. Ce projet que je pilote seul me permet également d’exploiter et de développer mes capacités artistiques et d’entrepreneur.

POURQUOI AVOIR CHOISI « RICHARD SAJAHAAN » COMME NOM POUR LA MARQUE ?

Le choix s’est imposé rapidement comme un tour de magie : jeter un pont entre Inde et Occident et instiller le mystère. On pourrait imaginer qu’il s’agit du nom du créateur mais ce n’est pas le cas. Donc, beaucoup de questions se posent lorsque les gens entendent parler de la marque. On associe “Richard” à l’élégance et “Sajahaan” à l’amour inconditionnel, à la passion (référence à Shah Jahan, créateur du Taj Mahal). ► BOLLY&CO MAGAZINE

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C’EST ASSEZ POÉTIQUE COMME NOM POUR UNE MARQUE. QU’ESTCE QUI VOUS A POUSSÉ À CRÉER CE PONT ENTRE CES DEUX CULTURES DIFFÉRENTES ?

Aujourd’hui, on identifie une marque à un lieu spécifique: c’est le “one brand, one origin” . Richard Sajahaan affiche clairement une double filiation, suisse et indienne. Vous l’avez joliment mentionné, c’est un pont entre deux cultures. Mais je ne dirai pas “opposées”, plutôt en quête de complémentarité. Je confirme d’ores et déjà que Richard Sajahaan ciblera un large public qui cherche sobriété, élégance et qualité suisse.

D’OÙ PROVIENT CETTE PASSION ?

Je suis issu d’une famille de rêveurs. Mon père, lapidaire, vit sa passion des pierres précieuses et crée à l’infini. En 2001, quand j’étais étudiant, j’ai sorti un album musical en autoproduction vendu en Suisse et en France et accompagné de show case et concerts. Grâce aux cachets accumulés de mes jobs d’étudiant, j’ai pu réaliser mon rêve. Comme vous pouvez le constater, je vis à travers mes rêves et je tiens coûte que coûte à les réaliser.Aujourd’hui avec une situation stable financièrement, je suis prêt à développer ma marque “en toute patience”. Je suis nouvellement papa de triplés et je serais fier de leur raconter cette histoire en espérant qu’un jour ils puissent reprendre le flambeau.

VOUS ÊTES DONC LA PREUVE QU’IL EST POSSIBLE DE RÉALISER SES RÊVES TOUT EN SUIVANT SES PASSIONS. SI VOUS AVIEZ UN MOT À DIRE POUR CEUX ET CELLES QUI N’OSENT PAS ENCORE SE LANCER, QUE DIRIEZ-VOUS ?

Vivez et réalisez vos rêves, tout simplement! Qu’ils aboutissent à la réussite ou non. L’essentiel est de les “vivre”. Dans tous les cas vous serez fier (ère) de votre parcours. Laissez-vous emporter par votre imagination et repoussez vos limites. Rien n’est figé que ce qu’on veut bien se laisser croire: soyez le héros ou l’héroïne de VOTRE histoire.

PARLEZ-NOUS UN PEU DE L’ASSOCIATION CARITATIVE EN INDE QUE VOUS PARRAINEZ.

Bien que je me rende régulièrement à Chennai, je me retrouve souvent face à des propositions d’associations suspectes. Je dois trouver des ONG transparentes et honnêtes. Pour cela, j’ai mandaté des membres de ma famille afin de trouver la collaboration adéquate sur du long terme.

VOUS AVEZ COMMENCÉ À FAIRE PARLER DE LA MARQUE EN 2013. OÙ EN ÊTES-VOUS AUJOURD’HUI ?

Je continue à diffuser ma marque à travers diverses associations, sponsoring et partenariats. La collection sera disponible d’ici une année aussi tôt que j’aurai finalisé la collaboration avec mon producteur suisse. En effet, chaque article de ma collection sera entièrement fabriqué en Suisse. ▲

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n o i t c e l l o c Noucvheallienement ! pro BEING HUMAN CLOTHING EUROPE Being Human, la Fondation de Salman Khan a été créée en 2007 afin de permettre aux plus démunis l’accès à l’éducation et aux soins en Inde. La Fondation ne fait pas d’appel aux dons, ses fonds proviennent principalement des revenus de Salman Khan (films, publicités) et de la marque de vêtements éthique et solidaire qu’il a créée :Being Human Clothing. Chaque vêtement contribue ainsi à améliorer et sauver la vie de centaines d’enfants à travers l’éducation et la santé. ► www.beinghumanclothing.eu À AJOUTER À VOS FAVORIS


LES TENUES INDIENNES, LA BASE DES TENUES MASCULINES.

PAR ELODIE

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F FASHION

La mode indienne est vaste, somptueuse et riche en tradition. Elle n’est pas limitée à un style de vêtements, il faut donc pouvoir reconnaître les différentes tenues. Les vêtements en Inde varient en fonction des régions, de la géographie, du climat, des traditions et de la religion. Chaque recoin de l’Inde a ses motifs, a ses architectures et son histoire. Partie de simples pagnes, l’Inde a su élaborer des costumes non seulement pour la vie quotidienne, mais aussi pour les occasions particulières comme les festivités, les rituels ou les danses. Pour les hommes, la plupart des vêtements sont limités à une mode occidentale. On retrouve ainsi rapidement - et le plus souvent - des chemises, des pantalons et des costumes. Les acteurs le prouvent bien, lorsqu’ils sont de sortie, ils optent rarement pour du traditionnel hors festivités. Pourtant, Arjun Rampal a un jour expliqué qu’il était plus difficile de porter des vêtements occidentaux, puisqu’ils n’étaient pas forcément adaptés au climat du pays. Malheureusement, il faut attendre les fêtes pour que l’on voit apparaître toute l’étendue de la mode masculine, souvent limitée au Dhoti Kurta. ►


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LE DHOTI

DHANUSH INSTAGRAM

◄ Dans le sud, le Dhoti est porté comme un Lungi et on retrouve souvent une bordure dorée que l’on appelle Zari.

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Pour un meilleur confort, les hommes plient parfois celuici jusqu’aux genoux lorsqu’ils travaillent. ►

VIDEO : WHAT EXACTLY IS A DHOTI OR A MUNDU ?

ABHISHEK BACHCHAN DANS KHELEIN HUM JEE JAAN SEY

Vêtement indien masculin par excellence, le dhoti est un tissu d’environ 5 mètres, en coton ou en soie, que l’on enroule autour de la taille et entre les jambes. A la base en blanc ou en couleur crème, il est aujourd’hui possible de le trouver sous toutes les couleurs. Idéal en été, le dhoti existe depuis l’antiquité. De nos jours, il existe plusieurs dérivés selon la région. Au Bengale, c’est un Dhuti, un Veshti en Tamoul et un Pancha en Télougou.


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L E K U R TA

VARUN DHAWAN LORS DE LA SOIRÉE DE DIWALI ORGANISÉE PAR EKTA KAPOOR

▲ Au Bengale, le dhoti est plié de manière plus noble. En effet, c’est exactement de cette façon que le portaient les aristocrates durant la colonisation britannique. Le dhoti signifiait que vous étiez un homme riche et éduqué. Descendant jusqu’au cheville, il remonte jusqu’au bas du dos. S’il est bien fait, certains hommes peuvent en tenir l’une des extrémités dans la main droite.

SHARMAN JOSHI DURANT UNE PROJECTION PRIVÉE DE 3 IDIOTS

ANJU MODI A/H 2014 “MANIKARNIKA” COLLECTION

Le Kurta est une chemise traditionnellement sans col. Ample, il descend jusqu’aux genoux et parfois jusqu’à la mi-cuisse. Porté aussi bien par les hommes que par les femmes, le Kurta est une pièce relativement simple et facile à porter. Ses ornements cependant peuvent varier selon le prix et le besoin. En été, les Kurtas sont en soie fine ou en coton alors qu’en Hiver, les vêtements sont fait de laine ou de soie Khadi (plus épais que la soie normale). Le kurta se porte couramment avec deux bas. Soit le Salwar, soit le Dhoti. Cependant, avec la mode occidentale, les hommes l’associent souvent avec un jean.

Le Salwar est un pantalon ample qui se resserre le plus souvent à la cheville. Cette tenue est généralement l’équivalent masculin du Salwar Kameez (voir Bolly&Co #7 – Les tenues féminines). Elle se porte aussi bien en journée qu’en soirée. Avec le Dhoti, c’est plus traditionnel et festif. Les jeunes mariés le préfèrent lors de la cérémonie. Durant les Fashion Week, c’est aussi une pièce souvent mise en avant, puisque c’est généralement ce que choisissent les hommes pour les festivités. BOLLY&CO MAGAZINE

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BANDHGALA JODHPURI S H E RWA N I

ZAYED KHAN DÉFILANT POUR MANISH MALHOTRA P/E 2014 256

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RANVEER SINGH LORS DE L’ÉMISSION ‘COMEDY NIGHTS’ WITH KAPIL SHARMA

Pour pallier à la mode occidentale, les indiens ont leur propre costume de soirée. Plus minimaliste, ce costume est un parfait entre-deux entre les tenues de tous les jours et la classe d’un costume trois pièces anglais. Traditionnellement, la veste et le pantalon sont parfaitement assortis. Aujourd’hui, de plus en plus de stylistes préfèrent créer un contraste, jouant avec des couleurs plus fortes. Entièrement fait-main, c’est une pièce de choix que l’on garde pour les grands événements. Le costume Jodhpuri se décline de trois façons.

◄ Généralement sans manche, cette veste se porte sur une chemise ou un kurta. Elle possède un col Nehru (qui fait la particularité de ce costume) et s’ajuste parfaitement à son porteur. C’est une pièce très séduisante, légèrement courte, qui donne une certaine élégance.

▲ Les pantalons Jodhpur sont assez courants, bien que souvent laissés de côté pour quelque chose de plus lisse. Ils sont larges à la taille pour se resserrer rapidement à la mi-cuisse. Il existe de nombreuses déclinaisons plus softs de ce pantalon en Occident.


JAYAM RAVI ET HANSIKA MOTWANI POUR LE FILM TAMOUL ROMEO JULIET

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SHAHRUKH KHAN LORS DU LANCEMENT DE LA BANDE-ANNONCE DU FILM HAPPY NEW YEAR.

LE LUNGI

C’est une pièce de tissu cousue en continu et portée autour de la taille. Outre l’Inde, les lungi sont très populaires à travers l’Asie comme au Bangladesh, au Pakistan ou encore au Sri Lanka. Le modèle le plus commun est fait de rayures. C’est un vêtement très confortable, à l’image du Dhoti, dans les régions où les conditions rendent impossible et inconfortable le port continuel du pantalon.

▲ Un peu plus long, le costume se porte avec une veste à manches longues qui parfois descend jusqu’à la mi-cuisse. A cette longueur, c’est le plus souvent un Sherwani. C’est le mouchoir dans la poche du haut qui fait toute la différence, ajoutant une touche de couleur forte.

PHOTO DU SITE DRAWINGCROQUIS. BLOGSPOT.FR > ARTICLE : COSTUME OF PUNJAB

◄ Au Pendjab, le Lungi est appelé Tehmat. Fait de façon extravagante et à partir de soie, il est disponible dans une variété impressionnante de teintes. Il se noue autour de la taille de façon à ce que les plis se voient à l’avant. Le Tehmat se porte généralement sous un long Kurta et une veste brodée.

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F FASHION

PAR ELODIE

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Les plus grands noms de la mode indienne Lors du précédent numéro, nous vous avions listé les légendes de la hautecouture indienne. Ceux qui, depuis de nombreuses années maintenant, n’ont plus à faire leurs preuves à l’image de Sabyasachi Mukherjee ou de Manish Malhotra. Ces créateurs de nouvelles tendances laissent depuis peu la place à des créateurs tout aussi talentueux, jonglant entre vêtements occidentaux et traditionnels. Ceux sont les parfaits « entre-deux ». Ils ont eu besoin de temps avant de se faire remarquer. Chacun avec un univers qui lui est propre, ils ont dû se battre pour se faire une place entre les stylistes de légende et les jeunes nouveaux aux vêtements futuristes et originaux. Aujourd’hui, ils arrivent à un stade où leurs noms sont retenus, acclamés et respectés. De nombreuses stars ne se lassent plus de leurs créations, chacun ayant trouvé son domaine principal. Voici la seconde partie des plus grands noms de la mode indienne...

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KANGANA RANAUT LORS DU DÉFILÉ D’ANJU MODI A LA FASHION WEEK DE 2013

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anju modi Créant sa marque en 1990 sans la moindre expérience dans le domaine, Anju Modi voulait promouvoir le savoir-faire du textile indien. Il faudra attendre 2006 avant qu’elle ne fasse sensation avec ses collections dans le monde entier comme à Paris ou encore à Miami. Madhuri Dixit en est devenue la première égérie avant de céder sa place à la jeune Shraddha Kapoor en 2011 puis à Tabu en 2013. La créatrice marquera surtout les esprits en s’occupant des costumes du film Ram Leela, qui lui vaudra de nombreux prix.

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BIPASHA BASU LORS DES IIFA AWARDS 2014

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Ce qui caractérise Rocky S, c’est la « séduction ». Aucun de ses ensembles n’est là pour impressionner ou pour se démarquer des autres créateurs. Lui, il voit ça comme un moyen, un outil. On retrouve ainsi énormément de noir dans les tenues féminines et masculines du créateur qui officie depuis 2005. Contrairement aux autres, il commence sa carrière à Bollywood en s’occupant d’Akshay Kumar avant de s’aventurer dans de nombreux projets à Bollywood.

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NIMRAT KAUR AUX GQ BEST DRESSED MEN

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rohit gandhi a& rahul khann Voilà 18 ans que les deux créateurs sont ensemble et cela en vaut la peine. Ils ont reçu à de nombreuses reprises le titre de la « meilleure collection », renforçant leur notoriété à travers le pays. Se focalisant sur les silhouettes et les détails, leurs créations sont linéaires et géométriques. Ils sont également connus à l’international, participant parfois aux Fashion Week de New York et Paris. Hommes ou femmes, les stars s’arrachent leurs tenues qui ne cessent de surprendre en originalité et en élégance. BOLLY&CO MAGAZINE

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DIA MIRZA LORS DES FEMINA AWARDS 2014

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Elle fait partie de l’industrie depuis une bonne décennie maintenant et a même participé à la création de films iconiques comme Devdas. Mais Neeta Lulla ne rencontre pas de succès uniquement dans le traditionalisme, puisque c’est généralement ses vêtements modernes que les actrices arborent le plus souvent.

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EVELYN SHARMA POUR LES PRODUITS GEHNA LIMITED

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satya paul Créée en 1985, la marque de la créatrice Satya Paul ne fait que dans le traditionnel. Ses créations sont toutes centrées sur un objectif : mettre en valeur la femme indienne en respectant ses racines et ses coutumes. En 2001, c’est son fils Puneet Nanda, déjà co-fondateur de la marque, qui prendra les commandes en tant que directeur artistique avant de partir en 2010 et de laisser la place à sa mère. En 2015, Satya Paul créé l’événement en invitant Gauri Khan à participer à ses collections.

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DEEPIKAPADUKONE POUR TAARAK MEHTAKAULTACHASMA

varun bahl Il lance sa marque en 2001, juste après avoir été diplômé d’une prestigieuse école de New Delhi. Il profite du travail de sa famille pour s’investir à l’international et ainsi collaborer avec Armani, Kenzo ou encore Christian Lacroix. En 2003, il lance sa première collection internationale en Italie, remportant le prix de la meilleure collection de la saison, alors qu’il était en compétition avec 20 créateurs internationaux. Varun Bahl a l’œil pour mixer de véritables looks vintage avec des lignes et coupes récentes. Se focalisant aussi sur l’ornementation, le style de Varun est chic et original.

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VIDYA BALAN POUR LA COLLECTE DE FOND DE SWADES

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vikram phadnis D’abord chorégraphe, personne ne fait réellement attention à lui en tant que créateur avant qu’il ne se fasse vraiment remarquer dans le domaine de la mode. Incarnant le parcours du combattant, Vikram n’a jamais abandonné ses rêves et a aujourd’hui réussi à marquer les esprits. Après 25 ans d’expérience, le créateur a une passion pour créer ses propres tendances, suivant toujours ses envies personnelles.

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◄ En 2012, la jeune Amy Jackson choisit un top cropped lors du Festival de Sunburn. Malheureusement assorti à un short taille basse, le look n’a pas forcément plu à grand monde, trop « léger ».

tendan ce LE TOP CROPÉ PAR ELODIE Depuis deux/trois ans maintenant, on voit apparaître dans les boutiques ce qu’on appelle le top cropped ou cropé. Peu importe le style du vêtement, à partir du moment où sa longueur se termine au-dessus de votre nombril c’est que c’est un top cropped. Cela nous vient directement de la tendance années 90 qui prend possession de toute fashionista qui se respecte. Le problème : comme toute tendance, il faut la réinventer. L’Inde n’a jamais vraiment échappé au top cropped grâce à son traditionnel sari. On a ainsi toujours vu le nombril de ces dames lors de certaines mondanités. Cependant, elles ont toujours fait un minimum attention à ne pas trop s’exposer. En 2010, la révolution commence. Alors qu’elle était en pleine promotion pour son film Aisha, Sonam Kapoor aborde un bustier cropé, légèrement camouflé sous une longue veste. Il faudra presque attendre un an avant que Nisha Singh s’y essaye lors de la Fashion Week – avant de baisser les bras face à cet échec.

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► C’est plutôt le look de Sameera Reddy lors d’une cérémonie de récompense en 2012 qui va remonter le niveau. Avec son haut de la marque italienne Marni, elle fait sensation. Mais Sameera n’est pas Katrina (Kaif) ou Kareena (Kapoor). Elle ne peut pas lancer une tendance aussi facilement que les « reines » du moment.


◄ 2013 marquera cependant un tournant. Les couturiers indiens essayent d’élargir les horizons de leurs collections et Sonam Kapoor, après trois ans, retentera l’expérience dans un ensemble Nishka Lulla. ▼ ► Evelyn Sharma en profitera aussi avant d’essayer avec les créateurs Shika & Vinita.

◄ Sophie Choudhry elle, porta du Masaba et la liste n’en finit plus...

► Dernière en date ? Kriti Sanon dans un top cropped brodé Andrew GN.

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le top cropped par

D E E P I K A PA D U K O N E Et aujourd’hui alors ? En 2015, le top cropped n’a rien perdu de son charme. Il devient un must-have à décliner à l’infini. Les stars l’essayent, en bien comme en mal. En effet, il n’est pas toujours simple de porter un top cropped. Exemple avec les différents looks de Deepika Padukone qui s’est lancée en 2013...

2013 ▲ La première fois que Deepika opte pour un top cropped, c’est en choisissant un ensemble Naeem Khan pour les IIFA awards 2013.

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◄ Fière du succès de sa tenue, elle retentera l’expérience lors des Star Guild Awards 2014 avec un ensemble indien. La même année, elle se dévoilera sexy lors du lancement du magazine Filmfare.


2014 ► Elle délaisse ensuite la tendance pour ne l’utiliser que de façon casual lors d’avant-première et de projections spéciales. Deepika préfère porter des tops cropped de façon légère sans jamais tomber dans le vulgaire. ▼ En 2015, elle en fait son atout principal lors des promotions du film Piku, qui fera un succès cette année-là. Alors que toutes les actrices s’arrachent les ensembles de créateur, Deepika reste sur quelque chose qu’elle aime : la simplicité.

2015


FASHION REVIEW la vie en couleur Par Freida Pinto PAR ELODIE

Révélée en 2008 dans le film Slumdog Millionaire de Danny Boyle, L’Oréal n’attendra qu’un an avant de la choisir comme égérie. Depuis, on a pu l’apercevoir en 2011 dans La Planète des Singes : Les origines ou encore dans la tragédie Trishna. Discrète, elle se concentre uniquement sur des projets qui lui plaisent comme en 2014 avec le documentaire Unity. En attendant, elle sera à l’affiche de deux films en 2015 et tourne actuellement Le Livre de la jungle : Les origines avec Christian Bale, Benedict Cumberbatch et Cate Blanchett.

« Je n’ai pas besoin de porter un sari pour promouvoir l’Inde. Un sari n’est pas plus indien que mon âme. » Freida Pinto à Vogue India. La première critique que fait la presse face au style de Freida Pinto, c’est le manque certain de vêtements plus traditionnels en lien avec ses origines. Il est ainsi presque impossible de la trouver sur le tapis rouge dans un sari. Pourtant, cela ne change pas le fait que Freida possède cet amour unique des couleurs, typique des indiennes. A l’inverse des autres actrices hollywoodiennes, Freida n’hésite jamais à mettre en avant des couleurs pop, entre robe tape à l’œil, rouge à lèvres rose ou contour des yeux verts. Le plus étonnant, c’est qu’elle n’est jamais dans l’excès. Elle arrive à maintenir le tout avec élégance sans jamais se pencher du côté de la vulgarité. 270

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PHOTOGRAPHIE : YAHOO STYLE JUIN 2015.


2008 Elle apparaît pour la première fois et elle s’affirme déjà comme une modeuse qui aime essayer différentes choses pour se trouver. Sa première apparition est aussi l’unique moment où elle portera un sari. ►



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2009

Elle commence l’année en douceur, avec des tenues simples à couleur unique. Comme beaucoup, elle préfère laisser la robe parler d’elle-même et cela lui réussit plutôt bien ! Lors de cérémonies de récompenses, elle sort le grand-jeu avec de longues robes, type princesse. Freida vit un conte de fée et elle veut le partager. 2009 sera l’année durant laquelle elle sera le plus active, en partie dû à son nouveau travail en tant qu’égérie L’Oréal. Invitée à de nombreux défilés, on sent que fin 2009 marquera un retour à quelques expériences, parfois légèrement ratées. ►



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2010

En 2010, Freida jongle entre petites robes simples et extravagantes. Hors tapis rouge, on la voit développer un style fin et classe. Elle n’a pas peur d’essayer des tenues aux styles opposés entre ses différentes apparitions, ce qui lui permet d’explorer de nombreux éléments. De garder ce qui va et d’oublier ce qui ne va pas. Avec L’Oréal, elle joue enfin un peu plus avec ses cheveux et son make-up. Elle reste dans le détail, sachant qu’un visage frais et léger est ce qui lui va de mieux. ►



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L’une des grandes passions de Freida, ce sont les chaussures. L’actrice en a tellement qu’elle a arrêté de compter depuis bien longtemps ! En 2011, elle impose son style qu’elle décide chic sur tous les points. Elle ne se limitera jamais, changeant de robe comme de chaussures. Ce qui est impressionnant, c’est qu’aucune robe ne se ressemble. Freida arrive à changer sans pour autant s’éloigner de sa zone de confort. ►



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2012

C’est l’année du tailleur masculin et Freida n’y échappe pas. Loin de le porter noir, elle affirme son goût pour les couleurs avec un rouge légèrement rosé. C’est aussi sa première fois à Cannes, où elle fascine en faisant un sans-faute durant ses différentes apparitions. Elle reste fidèle à elle-même, ce qui plait. Elle s’impose aussi en pantalon, mettant un terme au diktat de la robe pour les événements promotionnels. ►



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2013

Après quatre ans, Freida n’a rien perdu de son goût en matière de robe. Si on a parfois une légère impression de « déjà vu » c’est simplement parce que l’actrice a ses couleurs fétiches. Il n’y a qu’une couleur qu’elle utilise lorsqu’elle veut être « sexy » : c’est le noir ! Vers la fin de l’année, l’actrice se lâche un peu avec des tenues plus légères, loin des robes qu’elle portait habituellement. ►



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2014

Si entre Freida et Dev Patel c’est fini, cela n’empêchera pas l’actrice d’être au top de sa forme. Elle disparaîtra pendant un moment après son apparition au Festival de Cannes pour revenir avec une nouvelle coupe de cheveux en Novembre, lors d’une soirée organisée par le magazine Glamour à New York. Elle se présente sexy, prête à conquérir les cœurs en tant que nouvelle célibataire. ►



F FASHION

2015

Radieuse durant chaque apparition, Freida n’a jamais été aussi stylée et aussi belle qu’aujourd’hui ! Elle n’a besoin de personne pour se mettre en valeur et sait choisir ses robes avec minutie. Elle se dévoile en femme indépendante, entreprend sa carrière avec attention et n’a pas peur de mettre les choses au clair avec la presse. Elle nous aura manqué à Cannes cette année, mais on se doute qu’elle continuera à surprendre et plaire lors de ses prochaines apparitions. ▲


Sonam Kapoor

LA DERNIÈRE MINUTE MODE

PAR ELODIE

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À CANNES,

Pourquoi a-t-elle échoué en 2015 ? Après ses débuts excentriques à Cannes, Sonam Kapoor semblait s’être calmée et vouloir montrer une image plus élégante d’elle-même. L’actrice marquera surtout les esprits en portant des saris Anamika Khanna en 2013 et 2014, prouvant qu’elle est bien là pour représenter L’Oréal et son pays. Sonam avait trouvé son style pour Cannes : elle jonglait parfaitement entre haute couture internationale et haute couture indienne. Mais en 2015, elle veut changer les choses...

Ralph & Russo :

Elie Saab :

Pourquoi ça marche ? ► Tout était gagné d’avance avec la couleur de la robe et on ne peut pas négliger que les collections Ralph & Russo ont conquis le cœur de nombreuses actrices durant le tapis rouge à Cannes. Le look pin-up n’était pas une mauvaise idée pour contrer ce parfait copier/coller du look présenté par les créateurs lors de la Fashion Week de 2014. Pourquoi ça ne marche pas ? ► Sur certaines photos, on peut clairement voir que le make-up de l’actrice ne camoufle pas sa fatigue. Pire, le blush orange, confondu avec le contouring affine trop son visage. En tant qu’égérie pour une marque de cosmétiques, c’est clairement un faux pas à éviter ! Et si à première vue, les chaussures sont simples, ne les regardez surtout pas de dos...

Pourquoi ça marche ? ► Regardez-là ! Souriante et fraîche, le make-up de Sonam est parfait, loin de sa première apparition un peu ratée. Et c’est bien là, la seule chose positive sur ce look – si on ne compte pas les boucles d’oreilles signée Chopard. Pourquoi ça ne marche pas ? C’est une robe de collection plus adaptée pour les photoshoots de magazine. Lors d’un défilé, cela fonctionne. Mais sur le tapis rouge, c’est clairement un mauvais choix. Elie Saab ou non, cette robe est à oublier dans ce genre de situation. Pour éviter un parfait copier/coller (encore une fois) Sonam a attaché ses cheveux... de façon basique. En effet, c’est un chignon bas classique qui n’a rien de différent ! Elle aurait pu jouer avec un peu de volume, car en chignon, les idées ne manquent pas !

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A L I A B H AT T VS ILEANA D’CRUZ.

Il n’est pas inhabituel de voir deux actrices choisir le même vêtement à des intervalles différents. C’est ainsi qu’Alia Bhatt et Ileana D’Cruz se sont retrouvées avec le même top cropped noir, qu’elles ont toutes les deux assorties avec un bas imprimé et coloré.

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► Si la tenue d’Alia n’est pas si « mauvaise », c’est bien parce que son short imprimé est relativement long – ce qui permet au vêtement d’être confondu avec une jupe. Le gros bémol dans cet ensemble, ceux sont les chaussures : des baskets montantes noires et brutes, assorties à un chapeau melon qui veut sans doute donner à Alia un look preppy : raté. ► A côté, Ileana a joué la carte de l’élégance avec sa longue jupe taille haute qui descend jusqu’aux genoux. L’imprimé moins « fort » que le short d’Alia donne plus de légèreté au look auquel elle ajoute des bottines ouvertes noires pour se donner de la hauteur. Point bonus pour la coupe de cheveux qui permet de ne pas alourdir l’ensemble.

fashion F A U X

PA S

PAS POUR TOI

HELP ME

Portant un lehenga Manish Malhotra, on sent qu’Alia aurait pu mieux faire !

Visiblement, Sonam ne sait plus quoi mettre. Ici, rien ne fonctionne.

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C’EST FINI PLUS JAMAIS ! Notre instinct nous dit qu’Aishwarya s’est trompée d’époque.

On ne peut plus rien faire pour Ranveer. Il a reçu le prix de “l’homme le plus stylé” dans cette tenue.

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SHRADDHA KAPOOR ET SA MÈRE

SHAHID KAPOOR ET SON PETITFRÈRE ISHAAN KHATTAR.

JOHN ABRAHAM ET SON FRÈRE ALAN ABRAHAM.

MALAIKA ARORA KHAN ET SON FILS ARHAAN ET LE FILS DE SOHAIL KHAN, NIRVAAN.

IMRAN KHAN, SA FILLE IMARA ET LE FILS D’AAMIR KHAN, AZAD.

moments instagram

S P E C I A L FA M I L L E


moments instagram

VIVEK OBEROI ET SA FEMME PRIYANKA ALVA AVEC LEUR FILS VIVAAN VEER ET LEUR FILLE AMEYAA NIRVANA !

S P E C I A L FA M I L L E

ALIA BHATT ET SA SOEUR SHAHEEN

KAREENA KAPOOR KHAN ET SA SOEUR KARISMA KAPOOR

RITESH DESHMUKH ET SON FILS RIAAN


the meeting place Bolly&Co’ est certes un magazine d’informations sur le cinéma indien et son univers, mais nous avons également une imagination débordante. A la suite d’une conversation groupée durant laquelle nous déplorions de ne pas voir nos acteurs favoris réunis dans un seul et même projet, nous en sommes venues à l’écriture de ‘The Meeting Place’, thriller d’action avec ce qu’il faut de rebondissements et de drames pour vous divertir. Alors, lorsque l’équipe rédactionnelle de Bolly&Co’ se la joue scénariste, ça donne ça...

SHAHID KAPOOR... ARAAV SENGUPTA EMRAAN HASHMI... RAJA SHARMA AKSHAY KUMAR... PARESH/PAGLU TIWARI FARHAN AKHTAR... KISHORE/KISHU TALWAR VIDYA BALAN... PARINEETA/PARI SUBRAMANIAM RANI MUKHERJEE... AMALA SENGUPTA IMRAN KHAN... IMRAN KAPUR SURESH OBEROI... ANAND SUBRAMANIAM GENELIA DESHMUKH... KALYANI/KAALI TALWAR

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chapitre 3 Un coup de feu retentit. S’en suit un insoutenable silence, comme si le tout Ramapuram s’était arrêté de respirer. Au cœur du baraquement, un homme est à terre. Il gémit après avoir été touché à la jambe. Devant lui se tient fermement Paglu avec une arme à la main. Pari le regarde, effarée par son geste. « Paglu ? Comment... Comment as-tu fait ça ?! » C’est vrai qu’elle l’a toujours pris pour un simplet, incapable de faire le moindre mal à une mouche. « J’en ai ras le cul de jouer les attardés pour garder un œil sur toi. Barrons-nous d’ici. » Paglu va pour sortir du lieu mais se retrouve face à Pari, immobile et les yeux écarquillés. « Tu te fiches de moi ? Tu veux dire que... tu es parfaitement normal ? » Paglu lui sourit « Non, je passais juste un casting pour le prochain Dabangg... » Pari le gifle, choquée d’avoir été bernée. « Qui que tu sois, je te conseille de partir tout de suite, où je pourrais devenir encore plus dangereuse que tu ne l’imagines. » Paglu éclate de rire, avant de lui lancer « T’es gentille Cruella, mais t’arrêtes de jouer les chieuses de service. Tu ferais bien de me suivre. Sérieusement, ça vaut mieux pour toi. » Pari s’oppose à lui et rétorque : « Tu te fous de ma gueule ! Je ne bougerai pas d’ici, et encore moins pour suivre un enfoiré de simulateur ! » C’est alors que Paglu la saisit par le cou en la plaquant contre le mur « J’en ai plein le cul de tes caprices à la con ! Tu vas me suivre parce que je suis la seule personne ici à vouloir te protéger. Tu peux choisir de me faire confiance et de te permettre de mener à bien ta vengeance. Ou tu peux continuer à faire l’idiote et dans ce cas, je t’étrangle sur le champ en te laissant agonisant comme ce flic en carton. » Pari lève sa main droite, comme pour signifier qu’elle a saisi ses propos. Paglu la lâche. « Et qu’estce qui m’indique que je peux te faire confiance ? » Paglu se dirige vers la sortie, tourne la tête vers elle et lui sourit « Tu demanderas à ta sœur, c’est elle qui m’envoie. »


Araav et Amala arrivent dans le baraquement et retrouvent Raja au sol. Pari vient de leur échapper. « Bordel de merde ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’est-ce que tu fous là, toi ? » Araav sort son téléphone et le tend à Amala, qui ne réagit pas. « Qu’est-ce que tu attends ? Appelle une ambulance ! » Araav se saisit du pan du saree de sa femme pour en déchirer une partie et fait un garrot à la jambe de Raja, qui a déjà perdu beaucoup de sang. « Raja, qu’est-ce que t’as foutu ?! » lui hurle-t-il tout en lui saisissant le visage, comme pour le maintenir éveillé. Raja susurre, à moitié endormi « Je voulais la chopper, cette salope. Je voulais l’attraper et que t’arrêtes de me traiter comme un moins que rien. » Araav reste muet face aux propos de son poulain, puis se tourne vers Amala. « Ça suffit, Amala ! Cette pétasse a failli tuer mon coéquipier ! Tu vas me dire où elle se cache, maintenant ! Ou alors, je vais te faire coffrer pour ses crimes. » Amala lui tend les poignets, en l’invitant d’un geste de la tête à la menotter « Je suis désolée, Araav. Je ne peux pas faire ça. Arrête-moi si tu le souhaites. Ce que je t’ai fait est intolérable. Mais ce le serait d’autant plus d’avoir fait tout cela pour finalement la livrer à la police. Tu es mon époux et je ferai ce qu’il faut pour te protéger. Mais elle, c’est ma sœur. »

De mon côté, je me suis réveillé ce matin sans réellement savoir ce qui m’attendait. Alors que je m’étais endormi aux côtés de Kaali, je me lève seul. J’entends alors « Kabira » retentir dans la pièce voisine, émanant probablement de la radio. Je me dirige vers la salle de bain et m’humidifie le visage. J’entre ensuite dans la pièce à vivre, de laquelle provient la musique. Sur la grande table centrale, je reconnais la silhouette de Kaali, assise de dos face à table. Lorsque je l’apostrophe, elle ne répond pas. Je fais donc le tour de la table en espérant croiser son regard. C’est alors que j’aperçois tous les éléments de mes recherches : mes notes, les articles de journaux que j’ai conservé et les photographies que j’ai prises, celle de Kishore bien mise en évidence au centre. Et le regard de Kaali, rempli de larmes... Elle avait tout découvert. J’avais beau chercher quelque chose à dire, qui puisse la rassurer, je ne trouvais rien. Je l’avais instrumentalisé dans le cadre de mon enquête. Je l’ai utilisé. Je restais silencieux, recherchant dans son regard un signe, une approbation qui m’autorise à lui adresser la parole. C’est alors qu’elle se décida à parler, essuyant ses larmes et affichant une posture ferme et déterminée : « Je pense que tu as des choses à me dire. »


BOLLY&CO RÉDACTRICE EN CHEF : Asmae RÉDACTRICE EN CHEF MODE : Elodie. RÉDACTRICE EN CHEF SUD : Asmae. RÉDACTICE EN CHEF ACTUS CINÉMA ET PEOPLE : Fatima Zahra. TRADUCTRICE EN CHEF : Asmae (revue de presse). DIRECTRICE DE PUBLICATION : Elodie. DIRECTRICE DE LA PUBLICATION ADJOINTE : Asmae. DIRECTRICE ARTISTIQUE : Elodie.


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