BOLLY&CO - NUMÉRO 11

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VOTRE MAGAZINE SUR L'UNIVERS DU CINÉMA INDIEN, DEPUIS 2010 !

GRATUIT

TABU

l'' 'evanescente SUD

PRESSE

Ritu Varma, la nouvelle étoile

Kajol en 25 ans de carrière

NEW FACE

MODE

Yami Gautam, par surprise

CRITIQUE Les sorties du premier semestre passées en revue. NE PE U T Ê TR E V E N D U FANZ INE GRAT U I T

Priyanka Chopra, l'art d'oser

ET PLUS ENCORE ... M ONTAGE PHOTO DE TABU DURANT LES PROM OT IONS DE DRISHYAM


P HOTOG RAP HIE DU COMP TE INSTAGRAM DE L'ACTR ICE

@TAB UTIFU L


édito Bolly&Co fait sa rentrée ! Cette nouvelle parution est le résultat de trois mois de travail sur ce qui a dernièrement marqué le cinéma indien. Du bide de Shahrukh Khan avec Jab Harry Met Sejal au National Award d'Akshay Kumar, qui a enchaîné deux succès cette année avec Jolly LLB 2 et Toilet – Ek Prem Katha, le public de films hindi tend à privilégier les œuvres substantielles aux divertissements vides de sens. Dans les industries dravidiennes, notre précédent cover boy Nivin Pauly a fait l'unanimité en raflant le South Filmfare Award du Meilleur Acteur pour Action Hero Biju tandis que Baahubali 2 a de nouveau battu tous les records d'entrées. La mégastar télougoue Chiranjeevi a fait son grand retour sur grand écran avec le masala à succès Khaidi No. 150. Quant à la pétillante Sai Pallavi, révélée deux ans plus tôt dans le métrage malayalam Premam, elle revient au cinéma avec la romance de Tollywood Fidaa, qui fait un carton depuis sa sortie en juillet dernier.

Notamment attendu dans le thriller Missing (avec Manoj Bajpayee) et la comédie Golmaal Again (avec Ajay Devgan), le parcours de la comédienne méritait que nous prenions le temps de nous y attarder, pour mieux illustrer son incommensurable talent. Dans les pages de ce nouveau numéro vous seront servies à point les critiques des films bollywoodiens de ce début d'année, accompagnées des actualités fraîches de Fatima Zahra ainsi que des articles mode et tendance d'Elodie, sans oublier la touche d'exotisme avec notre rubrique sud parfumée, tout cela au rythme des chansons proposées dans le cadre de nos diverses playlists. L'AVE NTURE BO L LY&CO PRE ND UNE TO URNURE ABSO LUME NT J O UISSIVE TA NT VO US Ê TES DE PLUS E N P LUS NO MBRE UX À NO US SUIVRE , E T NO US VO US E N RE ME RC IO NS IN FINIME NT.

Il y en a une qui ne déçoit jamais et qui, en toutes circonstances, surprend avec ses choix artistiques : c'est Tabu.

Vous êtes la raison pour laquelle ce projet se matérialise à travers les nombreuses expériences que nous vivons, de festivals en partenariats. Car comme vous, nous sommes des fans avant tout, et c'est avec ce regard que nous appréhendons chacune de nos opportunités. Parce que Bolly&Co est avant tout un magazine pour des fans, par des fans.

En couverture cette nouvelle édition, l'actrice de 46 ans n'a de cesse de nous étonner, en témoignent ses récentes prestations dans Talvar et Fitoor.

Nous vous souhaitons une excellente lecture, en espérant que vous savouriez cette édition inédite au même titre que les précédentes.

ASMAE , RÉ DACTRIC E E N C H E F


s

apéro

m o

ire a m

Un peu de lecture (006) Private Talkies (008) Kajol : 25 ans de cinéma (011)

the new face Yami Gautam (016) Junooniyat (024)

pop corn Movie Talkies (032) A LA DÉCOUVERTE DE... Nach Baliye (036) BILAN Anushka Sharma (039) DOSSIER SPÉCIAL La culture du whitewashing (050) FILM VS LIVRE Noor VS Karachi You're, Killing Me (056) PLAYLIST Ces chansons cultes des sixties (061)

bolly&co en action

numé

INTERVIEW Pradip Kurbah (064)

ro

on the cover

11

Tabu - Retour sur son parcours (068) Tabu en 6 personnages (078) Tabu, son évolution en 5 chansons (082)

une tasse de thé FLASHBACK (084) Cheeni Kum


CRITIQUES (090) Running Shaadi (096) Dangal (100) Begum Jaan (102) Badrinath Ki Dulhania (108) Jolly LLB 2

un parfum du sud (116) Les Immanquables des News Dravidiennes (118) Ritu Varma : la nouvelle étoile... CRITIQUES (122) Kandukondain Kandukondain (129) Jomonte Suvisheshangal (134) Mister (140) Magadheera REMAKES (146) Nuvvostanante Nenoddantana VS Ramaiya Vastavaiya MUSIQUE (151) Lumière sur S.S. Thaman PLAYLIST (155) Un an de romance...

tabu

parlons mode (158) Priyanka Chopra, l'art d'oser INSPIRATION (166) Shyra dans Befikre TENDANCE (172) Tendance discrète, le velours. DERNIÈRE MINUTE MODE (175) Best of Cannes

la cerise sur le gâteau INSTAGRAM (180) Arjun Kapoor (182) The Meeting Place : sixième chapitre. CRÉDITS

es g a p 0 9 1


L

L ECT U RE

UN PEU DE

lecture M OT S PA R AS M A E

1.

Une passion indienne DE JAVIER MORO Anita Delgado est danseuse de flamenco quand, en 1908, le maharaja de Kapurthala décide de l'épouser. Elle arrive en Inde et découvre que son mari a déjà plusieurs épouses, selon la tradition ancestrale. Si elle tient une place particulière de par ses origines espagnoles, la jeune maharani sera vite confrontée au tempérament de son époux qui, peu à peu, se désintéresse d'elle. Anita s'éprendra de son beau-fils et vivra avec lui une histoire passionnée qui secouera le trône. Ce roman de Javier Moro se base sur la vie véritable d'Anita Delgado. Et bien que les dialogues aient été imaginés ainsi que la tournure de certaines situations, la ligne directive de l'ouvrage respecte le parcours de cette danseuse devenue reine. Une passion indienne est surtout un témoignage captivant sur l'Inde des maharajas et l'extravagance de cette époque, depuis révolue. 006

ANITA DE LG ADO DE VE NUE L A MAH ARANI DE KAPURTH AL A


2. Grand-père avait un éléphant DE VAIKOM MUHAMMAD BASHEER Kounnioupattoumma a 20 ans et est en âge de se marier. Elle vient d'une famille musulmane riche du Kerala et si les prétendants se bousculent au portion, aucun ne semble assez bien pour la mère de la jeune fille. Mais quand sa famille perd l'intégralité de sa fortune, Kounnioupattoumma doit tout apprendre de la vie. Si elle a bon cœur, elle ne sait ni lire, ni écrire et encore moins comprendre le monde qui l'entoure. Ce revers de fortune va l'amener à mûrir, à saisir l'amour, la tolérance et la foi. Grand-père avait un éléphant est écrit comme un conte, Kounnioupattoumma y étant illustrée comme une innocente princesse en quête d'identité. Un livre enchanteresse qui se savoure d'une traite !

3. La fille de nos rêves DE BUDDHADEVA BOSE Coincés dans le même compartiment d'un train, quatre hommes d'un certain âge tuent le temps en se laissant aller aux confidences. Chacun à leur tour, ils racontent leur rencontre avec la femme de leur vie, celle qu'ils ont aimé plus que tout... Ce roman subtil donne à voir l'Inde pittoresque des années 1940 à travers les récits de ces quatre hommes. La narration est fluide et le style léger, de quoi dévorer cet ouvrage sans s'arrêter ! 007


P

PRI VAT E TA L KI ES

private talkies

M OT S PA R AS M A E

C'est l'amour ! Les acteurs Ali Fazal et Richa Chadda sont en couple ! En effet, les deux acteurs sont amis depuis 4 ans et leur rencontre sur le tournage de la comédie Fukrey. Et alors que Richa s'est séparée du réalisateur et comédien français Franck Gastambide l'année dernière, elle s'est fortement rapprochée d'Ali peu après. Si de multiples rumeurs planaient sur leur idylle présumée depuis quelques temps déjà, les intéressés ne se cachent désormais plus ! Richa a effectivement accompagné Ali lors de la première de Confident Royal, projet international dans lequel l'acteur tient le rôle principal face à la grande Judi Dench. La belle n'a pas hésité à venir jusqu'à Venise pour assister à cette projection exclusive lors du célèbre Festival du Film de la ville. Les tourtereaux ont partagé de multiples clichés ensemble lors de l’événement, avant qu'Ali ne confirme officiellement sa relation avec la vedette de Masaan. 008

Le comédien de télévision Vishal Singh filerait le parfait amour depuis quelques mois avec l'actrice indonésienne Jessica Iskandar. Ils se sont rencontrés lors d'une émission de télévision en Indonésie, sur le plateau de laquelle ils ont craqué l'un pour l'autre. De clichés complices sur les réseaux sociaux en événements, les tourtereaux s'affichent sans détour, malgré l'absence d'une annonce publique. Jessica élève seule son fils de trois ans, né d'une précédente union. Vishal a d'ailleurs assisté à la fête d'anniversaire du petit garçon.


Shruti Haasan serait amoureuse ! Elle passe effectivement de plus en plus de temps avec un certain Michael Corsale, un anglais avec lequel elle a été aperçue à plusieurs reprises. Aucune officialisation du côté de la belle, qui a toujours mis un point d'honneur à ne jamais s'étaler sur sa vie affective devant les médias.

Les acteurs et vedettes de télé-réalité Ashmit Patel (accessoirement petit frère de l'actrice Ameesha Patel) et Maheck Chahal sont plus heureux que jamais ! Ashmit a effectivement demandé la main de sa belle à Marbella, et elle lui a répondu par l'affirmative. Toutes nos félicitations au couple !

La star du petit écran Naman Shaw va épouser sa meilleure amie Nehaa Mishra le 23 novembre prochain ! Connu pour son rôle dans le programme Tashan-E-Ishq, l'acteur explique avoir attendu 8 ans avant de comprendre qu'il ne pouvait concevoir sa vie sans Nehaa, comparant son idylle à celle de Rahul et Anjali dans le classique Kuch Kuch Hota Hai !

en présence de stars comme Bhavana et Adil Ibrahim. Le couple s'était rencontré lors d'un match de cricket et avait eu le coup de foudre l'un pour l'autre. Félicitations à eux !

Le joueur de cricket Zaheer Khan et l'actrice Sagarika Ghatge ont annoncé la date de leur mariage, qui se tiendra effectivement le 27 novembre prochain ! Les amoureux s'étaient fiancés le 25 mai dernier.

Riya Sen s'est quant à elle unie à son petit-ami de longue date Shivam Tewari le 23 août lors d'une cérémonie traditionnelle bengalie. L'acteur Anas Rashid a épousé Heena Iqbal le 9 septembre dernier lors d'une cérémonie musulmane traditionnelle qui s'est tenue au Pendjab. Le couple s'était fiancé en avril dernier, une union qui a été arrangée par leurs familles. Popularisé par la série Diya Aur Baati Hum, le comédien de 37 ans est de 13 ans l'aîné de sa compagne, âgée de 24 ans. Tous nos vœux de bonheur !

L'actrice dravidienne Priyamani a épousé son petit-ami Mustafa C a r n e t r o s e . . . Raj le 23 août dernier lors d'une cérémonie intime. La chanteuse Sunidhi Chauhan attend son premier enfant ! > Une réception s'est tenue le lendemain, 009


Mariée au compositeur Hitesh Sonik, la jeune femme a annoncé qu'elle était enceinte de 5 mois le jour de son anniversaire, le 14 août dernier.

L'acteur de télévision Sourabh Raaj, rendu célèbre par la série Mahabharat, est devenu le père de faux jumeaux récemment. Alors qu'il était en plein tournage de sa série Mahakali, le comédien a quitté le plateau en catastrophe pour épauler son épouse pendant l'accouchement. Félicitations !

La comédienne Sunny Leone et son mari Daniel Weber viennent d'adopter une petite fille du nom de Nisha Kaur Weber, âgée de 2 ans. La petite-fille a d'abord été rejetée par 11 autres familles avant d'être adoptée par Sunny et Daniel. Le couple avoue n'avoir accordé aucune importance à la couleur de peau de Nisha ni à son état de santé, là où les parents adoptants ont souvent tendance à afficher des critères d'extrême exigence. Félicitations aux jeunes parents et à leur petite puce !

Fardeen Khan et sa femme Natasha ont accueilli leur deuxième enfant en date du 11 août. Il s'agit d'un petit garçon du nom de Azarius. L'humoriste Krushna Abhishek et son épouse Kashmira Shah sont devenus les parents de jumeaux, nouvelle qu'ils ont révélée en juin dernier. Les bébés sont nés par mère porteuse. SUDE E P, SA FE MME P RIYA E T L E UR FIL L E SANVI

Happy ending. L'acteur kannada Sudeep et sa femme Priya avaient engagé une procédure de divorce en 2015 après 14 ans de vie commune pour ce qu'ils qualifiaient de « différends irréconciliables ».

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S U N N Y L EO N E , S O N M A RI DA N IE L W E B E R ET L E U R F IL L E N IS HA K AU R W E B E R

Pourtant, le couple a récemment mis un terme à la démarche précitée et ont décidé de donner une nouvelle chance à leur histoire, pour le plus grand bonheur de leur fille Sanvi.


P

P R ES S E

Kajol2 5 Devgan

ANS DE CINÉMA

KAJOL, HARPER'S BAZAAR MAI 2017 ARTICLE ÉCRIT PAR PREETIKA MATHEW SAHAY TRADUIT PAR ELODIE PHOTOGRAPHIE PAR PRASAD NAIK

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« Ça m'a l'air mauvais, » me dit Kajol, alors qu'elle s'assied, un verre de café noir à la main. Elle y ajoute un rire imposant et contagieux, qui – et je m'en suis rendue compte après avoir discuté avec elle – a tendance à ponctuer chacune de ses réponses. « 25 ans, en effet, un quart de siècle, quoi ! » ajoute-t-elle.

Je venais justement de lui demander si elle avait l'impression que 25 ans étaient passés depuis ses débuts à Bollywood. Elle a sans aucun doute atteint une étape importante, mais elle ne réalise vraiment qu'au moment où je lui fais la remarque. Nous sommes assises dans son salon à Juhu, implanté dans le quartier des stars. « Quand je pense à mes enfants, à

mon mariage et à mon travail, d'un coup je comprends mieux. Il m'aura en effet fallu 25 ans pour accomplir tout cela. » Comme elle est l'une des

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Elle m'explique qu'elle ne voulait pas faire carrière au cinéma surtout après avoir vu sa mère (l'actrice Tanuja) travailler si dur. Elle ne désirait qu'un petit travail de fonctionnaire. Mais l'opportunité de jouer dans Bekhudi (1992) du réalisateur Rahul Rawail s'est présentée à elle alors qu'elle était encore au lycée. « J'avais 16 ans, » dit-elle en levant les mains. Puisqu'elle n'avait rien à faire d'autre durant ses vacances d'été, elle a signé. Elle a appris à jouer sur le tas et c'est devenu naturel pour elle.

C'est l'une des autres qualités de Kajol. Elle ne prétend pas être ce qu'elle n'est pas, avouant qu'elle n'a pas 'galéré' au début de sa carrière. Elle sourit en se souvenant de la façon dont Shahrukh Khan l'avait traité d'idiote sur le tournage de Baazigar (1993), son second film. « Il m'a dit : tu dois apprendre

à jouer la comédie et moi j'étais en mode 'Ok, c'est quoi ton problème ? Je continuerai de faire sans tant que ça marche.' Et c'est là qu'il m'a dit que je risquais le burnout un jour si je continuais d'agir comme ça. »

actrices les plus appréciées de l'industrie du cinéma, c'est sans doute difficile pour ses fans d'accepter que toutes ces années se sont déjà écoulées. A l'écran, elle parait inchangée. Cette énergie que l'on avait aperçu dans Yeh Dillagi (1994) dans la peau de Sapna ou encore dans celle de l'incroyable Anjali dans Kuch Kuch Hota Hai (1998) l'a amené suffisamment loin pour interpréter Meera de Dilwale (2015). Elle fait partie de ces rares acteurs à avoir gardé cette même présence et en même temps une fraîcheur nouvelle avec chacun des personnages qu'elle campe.

ce moment-là que j'ai commencé à apprendre, parce que jusqu'ici je ne croyais pas en ce que je faisais. J'ai alors commencé à développer mes compétences en travaillant sur les différents aspects du jeu d'acteur. »

Je la regarde s'asseoir devant moi avec son top jaune et son pantalon blanc. Elle n'est pas maquillée et ses cheveux sont attachés. Dès les premières secondes, je peux sentir son enthousiasme. Elle écoute mes questions attentivement et y répond sans faute tout en gardant un œil sur son fils de 6 ans,Yug, qui est assis un peu plus loin.

Elle a bossé dur, remplaçant la nonchalance par l'ambition. A tel point qu'entre 1996 et 2011, Kajol a gagné 6 Filmfare Awards et a reçu le prix d'honneur du Padma Shri. Elle a interprété différents personnages à la fois comiques, romantiques et négatifs. Certains films ont fonctionné, d'autres non, mais chaque projet lui a enseigné quelque chose. >

Et c'est ce qui s'est passé. Après l'intense Udhaar Ki Zindagi (1994), Kajol réalise qu'elle a besoin d'une pause. « C'est à



« C'est rare de trouver une actrice qui a les qualités de Kajol. » avoue Sridevi. « A chaque fois que je l'observe à l'écran, je suis impressionné par cette façon qu'elle a d'être si réelle devant la caméra. Chacune de ses performances est naturelle et spontanée. Ses yeux expressifs, son sourire charmeur, sa beauté intérieure lui permettent de séduire à l'écran. Elle est vive et originale et illumine chaque pièce dans laquelle elle entre. C'est pour ça que c'est si facile de tomber amoureux d'elle. » Voilà ce qu'en dit Shahrukh Khan, qui forme aux côtés de Kajol l'un des jodis les plus populaires du cinéma indien.

« Kajol est l'une des actrices les plus douées avec lesquelles j'ai travaillé et c'est une grande amie. Tous mes Rahul et mes Raj la remercient pour avoir fait d'eux des personnages si beaux. J'espère avoir beaucoup d'autres rôles qui seront accompagnés des siens. »

A travers ces expériences, elle a aussi mise en oeuvre cette présence lumineuse qui a conquis son public chaque fois un peu plus.

Mais Kajol n'a jamais été du genre à se laisser définir par le cinéma et la célébrité. Voilà pourquoi au moment où beaucoup d'acteurs à sa place auraient tout fait pour continuer d'avancer, elle, a plutôt décider de prendre du recul. Au sommet de sa carrière en 2001, elle décide de se limiter et de ne faire qu'un film tous les deux/trois ans. « Je

travaillais depuis l'âge de 16 ans et je ne voulais pas tomber dans la routine. J'ai décidé de ne faire que des films que j'appréciais et cela m'a fait du bien de prendre mon temps entre chaque tournage. Je suis peutêtre l'actrice qui travaille le moins dans toute l'industrie ! »


Et voilà son secret. Comment elle choisit d'utiliser son temps au lieu de passer une vie dictée par les calendriers de tournage. Elle préfère passer ces moments avec sa famille. Après 4 ans de mariage, sa fille Nysa est née – et Kajol admet que c'est à partir de là qu'elle est devenue une magnifique maman paranoïaque. 7 ans plus tard, c'est la naissance de Yug. Mais qu'est-ce que la maternité lui a enseigné ? « Mes enfants sont ma priorité et ensuite il y a le monde du travail. Ils m'apprennent tellement de choses chaque jour. Mais surtout, ils m'ont appris la tolérance. Pour ça, il suffit que je vois les gens de la manière dont eux les voient. Mon jugement a été embrumé de différentes façons avec le temps, pas le leur. » C'est en devenant maman qu'elle a aussi décidé de s'associer à Lifebuoy's Help A Child 5, une campagne pour améliorer l'hygiène de vie des enfants. Depuis 2013, elle est engagée avec les Nations Unies et s'est exprimée lors du forum World Economic. « Vous n'avez aucune idée du

monde qui s'est moqué de nous et de la difficulté que c'est de simplement se faire entendre et de dire aux gens qu'ils doivent se laver les mains alors que d'autres affirment que le sida et le cancer sont des problèmes plus graves. Le problème c'est qu'il n'y a pas de remède pour ça, alors que l'hygiène est une chose que l'on peut gérer. » Son mari Ajay Devgn affirme que ce sont ses multitudes de rôles qui la définissent aujourd'hui. « C'est une personne

formidable et je ne suis pas capable de ne choisir qu'une chose en elle.

L'une des choses que j'aime chez elle, c'est qu'elle ne sait pas si elle est meilleure en tant que mère, actrice ou femme. Quelque part, elle a réussi à parfaitement gérer les trois en 25 ans et je ne pouvais pas être plus fier. » Voilà où elle en est aujourd'hui. Jonglant confortablement entre ce qu'elle aime le plus au monde. Elle a su maintenir ses relations avec le cinéma, elle passe du temps avec ses enfants et a décidé de ne pas briser sa règle d'un film tous les deux ans. Le dernier en date, c'est VIP 2 de Soundarya Rajnikanth avec Dhanush qui est sorti en juillet. « Je n'ai pas parlé tamoul depuis 20

ans, mais heureusement Dhanush et Soundarya ont décidé de me rassurer et de me noter quelques remarques de prononciation. Je n'ai pas encore vu le résultat, mais je pense que ce sera génial. » Et pourquoi ça ne le serait pas ?

015


N

N EW FAC E

The New Face

YAMI GAUTAM M OT S PA R AS M A E P H OTO G RA PH I E D U COM PT E T W I T T E R D E L'ACT R I CE @YA M I G AUTAM

YAMI GAU TA M A 2 8 A N S . E L L E EST J OL I E COM M E U N CŒ U R. E T MON ÉCR I T P OU R RA IT P RES Q U E S'AR R ÊT ER L À TA N T C E Q U I CA P T E D 'ABOR D Q UAND O N VO IT L A COM ÉDI E NNE , C' EST SA B E AU T É À COU P ER L E S OU FF L E . Mais il serait tout de même réducteur de ne pas aller plus loin puisque le parcours de la jeune femme est des plus surprenants. Clairement, le public a commencé à s'intéresser à Yami Gautam lorsqu'elle a fait ses débuts en 2012 dans Vicky Donor. Mais la même année, elle se fait voler la vedette 016

par d'autres débutantes, de Huma Qureshi pour Gangs of Wasseypur à Ileana D'Cruz pour Barfi. De fait, Yami Gautam ne s'est jamais réellement imposée comme une figure populaire. Ce n'est pas Deepika Padukone ni Alia Bhatt. Les médias lui donnent donc moins d'espace, ce qui n'est finalement pas plus mal puisque c'est ainsi que son talent seul parle pour elle. Faute d'exposition, il y a donc des chances que vous ignoriez des tas de choses sur elle.


Naissance et enfance Mukesh Gautam est un célèbre réalisateur de films punjabi. On lui doit les métrages Akhiyaan Udhikiyaan sorti en 2009 et Ek Noor, sorti en 2011. Depuis, il est devenu le vice-président du réseau PTC Punjabi.

Sa fille Yami voit le jour le 28 novembre 1988 à Bilaspur, dans le Nord de l'Inde. Mais elle vit toute son enfance à Chandigarh, où elle est une élève modèle : « J'étais

studieuse, introvertie et j'avais un appareil dentaire. » Mais surtout, avant

de devenir la comédienne assurée que l'on connaît, Yami a d'abord dû faire face à son extrême timidité. « Une fois, je devais

réciter un poème sur scène, lorsque j'étais à l'école. J'étais paralysée. J'ai balbutié quelque chose et me suis enfuie. »

Ve d e t t e de la télévision Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ce n'est pas son père qui a lancé la carrière de Yami. Son oncle voit en elle un potentiel certain et envoie des clichés de la jeune fille à des producteurs de télévision. Elle a 20 ans lorsqu'elle met les pieds à Mumbai pour la première fois, après avoir décroché le premier rôle d'une série. Pour ce faire, elle fait son baptême de l'air en prenant l'avion pour la première fois de sa vie. Le choc est total, elle qui a grandi dans l'atmosphère très familiale de la ville de Chandigarh. « A Chandigarh, les gentilles filles

étaient rentrées à la maison à 17h, et je faisais partie de ces filles. »

YAMI G AUTAM DANS L A SÉ RIE C H AND KE PAAR C H ALO.

Le public la découvre donc pour la première fois sur petit écran dans Chand Ke Paar Chalo, dont la trame semble être un croisement entre le classique hollywoodien Sabrina et la série Ugly Betty. Le programme narre le parcours d'Anisa, une musulmane de classe moyenne qui se retrouve catapultée dans le monde glamour et guindé de la mode en devenant l'assistante du séducteur Rahul à la demande de l'aîné de ce dernier Arjun, persuadé que cette provinciale au look modeste ne lui plaira pas.

Yami Gautam tient l'un des rôles principaux du soap durant l'année 2008. Plus tard dans l'année, elle est l'héroïne > 017


de Raajkumar Aaryyan, série fantastique diffusée sur NDTV. Mais la jeune femme quitte rapidement le programme pour être remplacée par Avika Gor. Elle anticipe le bide du show qui sera finalement déprogrammé après seulement quelques mois de diffusion.

En décembre de l'année suivante, elle fait une ultime tentative à la télévision avec la série Yeh Pyar Na Hoga Kam. Elle y incarne Leher, une jeune fille de basse caste tombée amoureuse d'un fils de famille brahmane. Ce sera son programme le plus populaire malgré seulement 9 mois à l'antenne. Yami tire la leçon de ces échecs et décide de donner une nouvelle trajectoire à sa carrière, quitte à faire preuve de patience. « Ma carrière à la télévision

ne durera pas longtemps. Je n'étais pas satisfaite des rôles que l'on me proposait et j'ai donc décidé de tout reprendre à zéro. »

Essais pour le cinéma régional L'AN 2 0 0 9 S I GNE U N P R E M IE R TOU R NANT DANS L E PA RCO U R S D E L'ACT R I C E . C'est d'abord cette année-là qu'elle lance sa carrière sur grand écran avec le film en langue kannada Ullasa Utsaha, dans lequel elle donne la réplique à la star locale Ganesh. Remake de la comédie romantique télougoue Ullasamga Utsahamga, le métrage ne rencontre qu'un succès populaire mitigé mais donne l'occasion à Yami de faire ses preuves dans un film destiné au grand public. Il faut ensuite attendre 2011 pour que la jeune femme 018

revienne à son public avec d'autres productions. Elle tient d'abord un rôle mineur dans le film punjabi Ek Noor, réalisé par son père Mukesh. Plus tard, elle joue dans son premier projet en télougou, Nuvvila, une romance chorale avec notamment Remya Nambeesan. Elle y campe Archana, qui apprend sa grossesse juste après le décès de son petit-ami. Son ami Anand, secrètement amoureux d'elle, la soutiendra face au jugement d'une société indienne conservatrice qui condamne les enfants hors-mariage.

YAMI G AUTAM DANS L E FIL M UL L ASA UTSAH A


AYUSH M A NN K H U R RA N A ET YAMI GAU TA M DA N S L E F I L M VI C K Y D O N O R

Il faut ensuite attendre 2015 pour que sorte son ultime projet dravidien. En effet, elle est l'héroïne du film de Premsai, tourné en tamoul et en télougou. Produit par Gautham Menon, la post-production des deux métrages prendra un certain temps. La version télougoue, intitulée Courier Boy Kalyan, sort en 2015 avec l'acteur Nithiin pour lui donner la réplique. Le versant tamoul, portant le titre de Tamilselvanum Thaniyar Anjalum, sera disponible dans les salles obscures l'année suivante, avec Jai comme tête d'affiche masculine. Les résultats des deux œuvres au box-office seront honorables, sans pour autant générer de réel impact chez les spectateurs.

Le film de la révélation Mais ce sont ses nombreux spots publicitaires qui vont lui permettre de taper dans l'œil d'un certain Shoojit Sircar. Elle auditionne pour le cinéaste, qui doit diriger une comédie qui sera produite par John Abraham. Et lorsqu'elle finit par signer ce premier projet cinématographique en hindi, elle ne s'attend pas à tomber sur un artiste qu'elle connaît. « Au moment

où je l'ai vu, j'ai dit quelque chose comme « Arrey, toi ? ». Ayushmann (Khurrana, ndlr) était aussi surpris que moi. » Car Yami et Ayushmann sont

amis, et la jeune femme connaît le travail du jeune homme en tant qu'animateur pour la télévision. Ils fréquentent les mêmes cercles et se sont connus à Chandigarh, Yami étant également une amie de Tahira, l'épouse > 019


d'Ayushmann. Si le projet l'intéresse, la jeune comédienne appréhende la réaction de sa famille. « J'ai donné le script à

ma maman, mais elle m'a d'abord demandé quel était le sujet du film. Quand je le lui ai dit, elle était tranquille. Mais j'étais mal à l'aise à l'idée d'en parler à mon père, donc je lui ai donné le script et lui ai demandé de le lire dans son bureau. A mon grand soulagement, il a aussi aimé le script. »

Le tournage n'est d'ailleurs pas de tout repos pour Yami. Le premier jour de tournage est d'ailleurs laborieux, elle qui a été habituée à une façon différente d'appréhender la comédie dans ses projets télévisuels. « Je me

souviens du premier jour de tournage de Vicky Donor, je pensais me donner à 100% et satisfaire mon réalisateur. Mais il m'a dit 'Qu'est-ce que tu fais ? On n'est pas dans une série télé.' ela m'a blessé et je lui ai répondu 'Monsieur, je ne sais pas jouer la comédie'. J'étais emplie d'émotions, je suis retournée dans ma loge et j'ai fondu en larmes. Je n'ai d'ailleurs pas dormi cette nuit-là. Le lendemain matin, il est venu vers moi, m'a pris dans ses bras et m'a montré la vidéo de mon audition, pour me dire que c'est ce qu'il attendait de moi, que j'étais la meilleure quand je restais naturelle, sans chercher à jouer. A partir de ce moment-là, j'ai compris ce qu'il voyait en moi. » Vicky Donor sortira finalement en avril 2012, sous les acclamations de l'audience et de la critique. Produit par John Abraham, le métrage vaut à Yami 4 trophées sur un total de 13 nominations, dont le prestigieux Zee Cine Award du Meilleur Espoir Féminin 020

YAMI G AUTAM DANS L E FIL M G O URAVAM

qu'elle partage avec Ileana D'Cruz. 2 0 12 SIG NE ÉG AL E ME NT SES D ÉBUTS AU C INÉ MA MAL AYAL AM AV EC L E FIL M D'ACTIO N H E RO, D U QUE L E L L E PARTAG E L'AFFIC H E AV EC PRITH VIRAJ. Elle séduit en jouant une actrice qui s'éprend d'un cascadeur. L'année suivante, elle est la partenaire du débutant Allu Sirish (frère cadet de la star de Tollywood Allu Arjun) dans la production bilingue Gouravam, tournée en tamoul et en télougou. Elle tourne ensuite à Tollywood aux côtés de Tarun et du regretté Srihari dans Yuddham.


A Bollywood, elle prend le temps de signer un projet intéressant et est absente des écrans pendant près de deux ans. « Je vais être honnête. J'ai choisi mon deuxième film avec la même exigence que mon premier. Il s'agit de déterminer à quel point je crois en un projet. J'ai cru en Vicky Donor tout comme j'ai cru en Aman Ki Asha (titre de travail de Total Siyapaa, ndlr). J'aurais pu enchaîner les métrages, mais ce n'est pas ce que je voulais. » Total Siyapaa l'oppose à Ali

Zafar en jeune indienne tombée amoureuse d'un musicien pakistanais. Lorsqu'elle présente son bien-aimé à sa famille punjabi quelque peu délurée, c'est la catastrophe, transformant ce dîner de rencontre en véritable cauchemar. Le métrage est une comédie pure et dure, qui permet à la jeune artiste de travailler avec le cinéaste Eeshwar Nivas, auquel on doit notamment le film culte Shool, avec Manoj Bajpayee. Et si le succès populaire n'est pas au rendezvous, le métrage permet à la belle de se faire rappeler aux bons souvenirs des producteurs, qui ne manquent pas de faire de nouveau appel à elle.

Des projets à la pelle Après Total Siyapaa, elle est à l'affiche d'un second métrage en langue hindi des plus attendus du fait de l'équipe dont il se compose. En effet, Yami Gautam est l'une des partenaires d'Ajay Devgan dans le masala Action Jackson, dirigé par le prolifique Prabhu Deva. « Quand j'ai

l'opportunité de travailler avec quelqu'un comme Prabhu Deva si tôt dans ma carrière, pourquoi est-ce que

je dirais non ? » La comédienne se saisit donc de cette opportunité pour élargir son public et démontrer qu'elle est en mesure de toucher à un univers cinématographique plus commercial. M AIS C 'EST E N 2015 QUE YAMI S U RPRE ND DANS UN REG ISTRE QUI LU I EST INÉ DIT. Avec Badlapur, elle signe ce qui doit théoriquement constituer un rôle bref et anecdotique. Mais le cinéaste donnera suffisamment de corps à son personnage pour que l'audience s'en souvienne. « Badlapur devait constituer un

cameo, et c'est devenu bien plus que cela, grâce au réalisateur et à toute son équipe. Je voulais travailler avec Sriram. Comme je l'ai toujours dit, je choisirai un projet soit pour le rôle en lui-même, soit pour l'histoire ou bien pour l'occasion de collaborer avec un cinéaste en particulier, même le temps d'une courte apparition. J'espère qu'il m'offrira un jour un rôle principal dans un de ses prochains métrages. Ce n'est que le début, j'ai encore beaucoup de travail en attendant. » Elle y campe Misha, épouse de Raghu qui se fait sauvagement assassiner avec son fils Robin. Ce thriller psychologique retrace la soif de vengeance de ce père de famille détruit par la perte des siens. Le naturel de la comédienne fait de nouveau son effet, et sa complicité avec Varun Dhawan séduit les fans. Surtout, Badlapur contribue à en faire une figure populaire. 2016 est une année particulière pour la star en devenir puisqu'elle signe deux collaborations avec un acteur auquel elle sera également associée par les tabloïds. > 021


H R I T H I K R OSHA N E T YA M I GAU TA M DA N S L E F I L M K A A B IL

Les films romantiques Sanam Re et Junooniyat l'opposent effectivement à Pulkit Samrat, que les rumeurs citent comme son amant alors qu'il était marié à Shweta Rohira. Si les deux œuvres ne trouvent pas leur public, elles viennent alimenter les ragots et iront jusqu'à susciter la colère de Shweta, qui accusera par médias interposés Yami d'avoir détruit son mariage. Mais la belle a réagi de la plus noble des manières en ne répondant pas à ces attaques. Car Yami veut qu'on parle d'elle pour son travail, et non pour sa présumée vie affective. 022

C ETTE ANNÉ E , YAMI A SIG NÉ UN V É RITABL E TO URNANT DANS SO N PARCO URS E N DE VE NANT L A CO STAR D'UN DES ACTE URS L ES P LUS R ENO MMÉS DU SO US-CO NTINE NT : HRITH IK RO SH AN. Elle lui donne la réplique dans le thriller Kaabil, pour lequel elle incarne une jeune femme atteinte de cécité. Le projet lui offre un personnage poignant face à Duggu. Il s'agit probablement de son rôle le plus audacieux en date, et l'expérience s'est révélée aussi difficile que formatrice pour l'actrice. « Tout était difficile,

mais je pense que danser était très très difficile puisque Hrithik est le meilleur dans ce domaine. » Plus tard,

elle est choisie par le cinéaste Ram Gopal Varma pour figurer dans le troisième volet de la saga Sarkar. La jeune femme n'a pas occulté son étonnement lorsqu'elle s'est vue offrir ce projet. « J'étais évidemment

très surprise. J'étais excitée et, en même temps, quelque peu intriguée par ma présence au


casting de ce film ! Quand Ram Gopal Varma m'a dit que mon personnage possédait des touches négatives en lui, je lui ai demandé : pourquoi moi ? »

Le film lui donne surtout l'occasion de travailler avec une légende du cinéma hindi : Amitabh Bachchan. « Travailler avec Amit Ji était une expérience remarquable. Subhash Nagre est un personnage culte. J'ai vu le premier volet de la franchise quand j'étais à l'université. Le film porte en lui beaucoup de nostalgie. Je ressens tant de fierté ! Je me disais toujours que le jour où je le rencontrerais, j'énumérerais la liste de ses films que j'ai vu pour lui montrer à quel point je suis fan. Mais quand c'est finalement arrivé, je n'ai pas su dire quoique ce soit ! »

C'est quoi, la suite ? Si aucun projet de la belle n'a été officialisé, de multiples rumeurs évoquent la jeune femme pour des métrages prestigieux. En effet, on cite le nom de l'actrice au casting de Krrish 4, pour lequel elle retrouverait potentiellement Hrithik Roshan. La relance de la production Agra Ka Daabra est également évoquée, métrage que la jeune femme a signé juste après le succès de Vicky Donor et pour lequel elle travaillerait de nouveau avec Ayushmann Khurrana. Ce qui est sûr, c'est que Yami Gautam sait ce qu'elle vaut et ce à quoi elle aspire. La comédienne cherche avant tout à se surpasser dans des films qui donnent à la voir dans des registres éloignés de sa zone

de confort. Fraîche et pétillante, Yami semble davantage s'orienter vers des personnages sombres et torturés, comme elle l'a prouvé récemment avec ses prestations acclamées dans Kaabil et Sarkar 3. CAR YAMI NE CO URT PAS APRÈS L ES G R O SSES BANNIÈ RES. Elle est dans une quête avant tout artistique, qui ne compte pas l'amplitude horaire de ses rôles à l'écran mais leur consistance émotionnelle. « Je suis ambitieuse mais

pas désespérée à l'idée d'être une héroïne Yash Raj ou Dharma. [...] En tant qu'actrice, j'accepterai avec joie leurs films si le scénario et le rôle sont assez bons et stimulants pour moi. » La jeune femme s'appuie sur

sa famille, véritable pilier de son ascension. « Mes parents sont ouverts d'esprit,

tels des amis et ont une vision de la vie contemporaine. Leur demander leur avis revient à consulter des amis. C'est la relation que je partage avec eux. [...] Je suis très fière de là d'où je viens et de l'éducation que j'ai reçue. Ne pas venir d'une grande dynastie de Bollywood n'a pas d'importance. » Yami Gautam n'est ni une Khan, ne sort pas un fils Kapoor et n'est pas non plus soutenue par un producteur influent. Elle n'a pu compter que sur son talent et sa persévérance pour exister au cinéma. Si elle n'a pas le potentiel commercial d'une Alia Bhatt ou d'une Shraddha Kapoor, la jeune femme peut se vanter de gravir petit à petit la montagne qui la mènera probablement à la réussite à Bollywood. Surtout, la jeune femme s'applique à être actrice plutôt qu'une starlette, consciente qu'au final, les couvertures de magazines passent mais le travail sur pellicule reste. 023


C

CRITIQUE

Junooniyat MOTS PAR ASMAE

Avant d’entreprendre l’analyse de Junooniyat, il faut savoir que j’ai vécu le visionnage de Sanam Re comme une véritable torture ! La bande-originale magistrale du métrage ne m’a hélas pas fait oublier le fait que le scénario était d’une nullité absolument affligeante, avec une direction d’acteurs inexistante. Pourquoi je vous parle de ça ? Tout simplement parce que le couple vedette de Sanam Re est le même que celui de Junooniyat. En effet, Pulkit Samrat et Yami Gautam se donnent la réplique dans ces deux romances, sorties en 2016 à quelques mois d’intervalle. Si Sanam Re est d’un goût douteux, qu’en est-il de Junooniyat ? 024

J’avoue que je n’étais pas rassurée, même si je trouve les deux comédiens absolument adorables lorsqu’ils sont réunis, ils n’ont malheureusement pas bénéficié d’histoires qui soient susceptibles de mettre en valeur leur tendre complicité. Toutefois Elodie, notre directrice de publication, m’a invité à donner sa chance au métrage, le présentant comme une petite romance sympathique, certes doucereuse mais sincère. Je me suis ainsi retrouvée face à mon écran de télévision, sur le point de presser la touche ‘play’ de ma télécommande. J’admets que je suis dubitative par avance tant j’ai le souvenir d’avoir été médusée par la médiocrité de Sanam Re. Allais-je être emballée par cette seconde tentative de réunir Pulkit Samrat et Yami Gautam ? Ce métrage allait-il satisfaire la romantique invétérée que je suis ?


« Oui, ça va, tu nous as déjà fait le coup ! Tu vas dire que t’as été surprise et que t’as kiffé, c’est ça ? » Bon, n’ergote pas ! C’est vrai que je me fais souvent avoir par mes présupposés et qu’après avoir accablé assez allègrement un film sur la base de ce que peut nous en présenter la bande-annonce, je me laisse finalement séduire. Pour autant, il est important de restituer l’état d’esprit dans lequel j’étais avant d’entamer le visionnage, puisque les expectatives que l’on fonde sur un film influencent l’expérience que l’on en fait. Concrètement, moins j’attends une œuvre, plus j’ai de chance de l’apprécier à sa juste valeur. A contrario, si j’ai très envie de découvrir un métrage, je prends davantage le risque d’être déçue puisque je m’autorise à imaginer ce qu’il peut donner.

« Mais du coup, t’as aimé ou pas ? » C’est difficile à dire. Mais je vais y venir progressivement... La première chose à soulever, c’est que je ne me suis pas ennuyée ! Bien sûr, l’appréciation d’un film est également dépendante du contexte dans lequel on le voit. Sans entrer dans les détails, j’ai regardé Junooniyat à une période difficile que ma famille et moi traversions l’année dernière. Et franchement, ce film représentait tout ce dont j’avais besoin à ce moment-là ! Je suis parvenue à laisser mes problèmes de côté pendant les deux heures de la pellicule, j’ai ri et chanté sans regarder une seule fois ma montre ou mon téléphone... Et c’est un signe qui ne trompe pas, du moins en ce qui me concerne.

Junooniyat possède une fabrication assez désuète, qui m’a fait penser aux films romantiques des années 1990.

La trame est un peu facile et la restitution du récit à l’écran est clairement kitsch ! Il y a tout de même des séquences d’anthologie en terme de comique involontaire ! Pour autant, si le métrage est risible à bien des niveaux, il n’en demeure pas moins efficace dans sa dimension romanesque. Justement, le premier degré est poussé à l’extrême, à tel point que parfois, on est obligé d’esquisser un sourire. Mais le casting se donne à fond, et plonge la tête la première dans ce cliché géant de l’histoire d’amour pas si impossible que ça.

Car il faut déjà saluer Pulkit Samrat et Yami Gautam. J’avais plutôt une vision ‘so cute’ de leur alchimie, sans toutefois la trouver particulièrement transcendante. Je doutais donc qu’une romance intense et dramatique leur corresponde. J’admets qu’à ce niveaulà, j’étais complètement à côté de la plaque tant les deux acteurs se complètent merveilleusement. Bien sûr, ils auraient mérité un script à l’écriture plus aboutie et des personnages moins caricaturaux. Mais justement, ils se débrouillent formidablement et parviennent à nous faire adhérer à l’idylle entre Jahan et Suhani sans réserve aucune. Pulkit est charmant dans la peau du soldat Jahan, bien que ce dernier semble tout droit sorti d’un soap opera indien. On a effectivement droit à la sempiternelle opposition entre le héros impassible et l’héroïne délurée. Et dans cet exercice, Yami Gautam tire nettement son épingle du jeu. La jeune femme est solaire, absolument délicieuse dans le rôle de la pétillante Suhani. On sent l’expérience de la jeune femme qui parle, elle qui a travaillé à la télévision hindi pendant de multiples années avant de lancer sa carrière à Bollywood en 2012 dans Vicky Donor. > 025


Vive et généreuse, elle capte l’attention du spectateur par sa fraîcheur et son panache. En écrivant ces lignes, je ne peux d’ailleurs m’empêcher de penser à Brice, l’un de nos chers lecteurs et accessoirement amoureux transi de la belle Yami. En ce sens que nous n’avions pas encore évoqué sa douce dans les pages de notre magazine, je tiens à saluer son soutien sans faille à notre travail en y mettant la comédienne à l’honneur. En visionnant Junooniyat, j’ai eu le sentiment de regarder une version raccourcie d’une série indienne tant le métrage exploite les ficelles qui font le sel de ces programmes. En sachant que, sans généraliser, la télévision hindi a tout de même cette propension à faire preuve d’un manque d’originalité assez questionnant.

Une partie conséquente des soaps s’appuie soit sur une histoire d’amour entre deux êtres que tout oppose, soit sur un conflit entre une bellemère abusive et une bru en quête d’émancipation. Même si le support télévisuel s’impose petit à petit comme un nouveau format propice à la nouveauté, les séries qui fonctionnent et qui durent s’inscrivent dans les mêmes schémas narratifs. Pour ma part, je trouve cela particulièrement frustrant de voir que les scénaristes de ces programmes ne prennent pas la peine d’être audacieux tant ils sont en mesure de toucher à un public monumental, beaucoup plus large que celui des films. Les trames suivent les mêmes sillages et se perdent dans une surenchère de dramaturgie qui frise parfois le ridicule. La scénographie et le montage insistent sur les réactions des 75 membres de la famille, évidemment tous présents lors d’une scène d’altercation de laquelle ils sont par ailleurs totalement passifs. 026

De fait, je ne pense pas que ce soit une bonne chose que Junooniyat m’évoque ces séries. On sent que le réalisateur, Vivek Agnihotri, a été associé à de nombreux programmes télévisés par le passé lorsqu’on s’attarde sur la fabrication de son dernier métrage. Les zooms sur les parents des héros dans l’expectative d’une réaction, la trame somme toute assez cliché, la direction d’acteurs qui ne laisse aucune place à la folie... Tout est millimétré et les comportements des protagonistes sont hélas relativement attendus.

« Mince, j’ai entendu un bout de conversation et j’en tire des conclusions drastiques plutôt que de réagir comme une personne cohérente l’aurait fait : en parler avec le principal intéressé ? Non mais vous comprenez, c’est nul ! Et ça pète tout le suspense, qui n’en est plus un d’ailleurs tant on a vu ces scènes d’aveux avortés des milliers de fois à l’écran. » Oui, je suis bipolaire sur cet article. Et la voix stridente qui officie dans mon cerveau a parfaitement soulevé le défaut majeur de Junooniyat : son écriture. Les personnages sont caricaturaux au possible, les situations sont plus téléphonées que dans un épisode des Feux de l’Amour et les répliques semblent sorties d’un roman à l’eau de rose des éditions Arlequin !

« Tu es mon sang, tu es mon souffle... Bla bla bla. » Vivek Agnihotri est crédité comme le réalisateur de l’œuvre, mais il est aussi à l’origine de la « poésie » qu’il a voulu >


027


instaurer dans Junooniyat. Hélas, le tout manque cruellement de fraîcheur et l’impression est donnée d’avoir affaire à un mauvais amalgame entre Fanaa et Veer-Zaara. Là où les deux films précités constituent des drames romantiques solides, qui s’appuient sur la relation forte et profonde de ses héros, Junooniyat est de son côté un ‘musical’ sans véritable élan.

Mais alors, pourquoi je me suis prise d’un plaisir certain face à ce métrage franchement pas terrible ? Comme je l’ai dit précédemment, le couple principal m’a cueilli. Pulkit et Yami sont magnifiques ensemble et parviennent à amener l’intensité qui manque au scénario rien qu’à travers leurs échanges, et ce qu’ils soient verbaux ou pas. Mais la distribution secondaire ne démérite pas. J’ai d’abord été ravie de constater que Hrishitaa Bhatt faisait partie du projet, elle qui se fait discrète depuis plusieurs années. La jeune femme est lumineuse mais sous-valorisée dans la

Yami est solaire, absolument délicieuse dans le rôle de la pétillante Suhani. 028

peau de la veuve qui sert d’exemple au père de l’héroïne pour justifier son opposition à son union avec l’homme qu’elle aime... Vous ne me suivez pas ?

« En gros, Jahan est un soldat. Et comme par hasard, le mari de Mishti (campée par Hrishitaa) était aussi soldat. Et comme il faut s’y attendre, il est mort au front. Du coup, tu comprends que Papa, bah il veut pas que sa fille soit malheureuse si son amoureux meurt sur un champ de bataille. Du coup, c’est mieux qu’elle soit malheureuse tout de suite, et bien frustrée au passage, sans avoir même pu donner une chance à cette relation, hein... Bah oui, logique ! Il est un peu con, Papa, non ? »


Vous avez saisi ? J’avoue que j’ai inévitablement pensé à Humpty Sharma Ki Dulhania, dans lequel le père de Kavya refuse qu’elle épouse l’homme dont elle est amoureuse puisque sa grande sœur a vécu un mariage d’amour qui s’est terminé en douloureux divorce. On a droit au sempiternel père surprotecteur qui veut éviter à sa fifille de se casser les dents en investissant une relation qu’il estime, de façon très subjective, comme vouée à l’échec... Le père de Suhani n’a ici aucun argument tangible pour justifier son refus.

« Bah non, je veux pas que tu conduises... Tu comprends, mon frère a eu un accident de voiture... Et ça fait mal... Aïe... Bobo. » C’est effectivement un peu léger comme justification et pourtant, toute la famille plonge et se soumet à la décision paternelle, aussi incongrue soit-elle. C’est dommage parce que les acteurs livrent des prestations honnêtes et pleines d’envie. On sent qu’ils souhaitent donner du relief à un scénario qui en est totalement dépourvu. Et c’est probablement ce qui m’a motivé. Je pense que je dois avoir une sensibilité particulièrement développée au talent des acteurs puisque, à de nombreuses reprises, ils sont presque parvenus à me faire oublier la médiocrité des histoires qu’ils servent !

Et c’est exactement ce qui s’est passé pour Junooniyat. J’admets volontiers que je me suis mise à rire à quelques occasions, notamment face à la niaiserie de la scène conclusive...

« Alors, moi j’suis là. Toi, tu vas te marier avec un autre mec. Et je suis invité. C’est con, ça.Ça fait 10 jours que je te calcule pas. Genre je m’en ballec de ta tronche... Et là, j’ai décidé de faire quoi le jour de ton mariage ? Je vais te chanter une chanson. Devant tout le monde. Ton mari y compris. Qui se trouve être mon pote... Et c’est pas tout ! J’ai pas choisi de pousser la chansonnette sur « Mon truc en plumes » ou « En rouge et noir »... Tu penses, trop consensuel ! Non, je vais chanter une compo’ dans laquelle je raconte toute notre rencontre, histoire de bien foutre la merde à ta p’tite fête de famille... Je sais, je suis l’homme idéal. » > 029


Oui, Jahan est un blaireau doublé d’un abruti fini. Et pourtant, j’achète. Je suis là, comme une idiote à espérer que Suhani voudra de lui, à quasiment prier pour que le Papa de cette dernière donne son assentiment à leur union... Au passage, et pour en finir avec les acteurs, j’ai trouvé Gulshan Devaiah formidable en futur mari au grand cœur. Il est tendre, gentil, compréhensif et humble... Au final, l’homme idéal de l’histoire, c’est lui ! La bande-originale est signée conjointement par Meet Bros, Jeet Ganguly et Ankit Tiwari. Si l’album se compose de 6 morceaux, j’en ai retenu trois en particulier. D’abord, j’admets que je me suis passée en boucle le titre électro’ « Nachange Saari Raat », même si ce n’est pas la mélodie la plus recherchée du métrage. C’est ainsi que je vous recommanderais plutôt la superbe « Mujhko Barsaat Bana Lo », ballade romantique portée par la voix délicate d’Armaan Mallik. Il s’agit sans conteste du morceau fort de la bande-son, qui vient au passage sublimer l’osmose entre les deux acteurs principaux. Enfin, la chanson qui sert de séquence finale « Tu Junooniyat » est des plus entraînantes, surtout grâce au joli timbre de Shrey Singhal qui n’est pas sans rappeler celui d’un certain Atif Aslam.

En conclusion Junooniyat n’est pas brillant. Techniquement, on frise la catastrophe puisque ni la photographie, ni le montage ne sont maîtrisés. L’écriture laisse à désirer et les dialogues manquent cruellement d’inspiration. Mais comme je le disais, j’ai regardé Junooniyat à une période compliquée. Je n’étais pas en grande forme et tout ce dont j’avais besoin, c’était de me détendre pendant deux heures devant un film enlevé et positif. A ce niveau, le métrage a totalement répondu à mes attentes. Je pense d’ailleurs que ce sont ses défauts qui m’ont fait adhérer au film. Puisque sans ces failles, j’aurais probablement pris Junooniyat trop au sérieux. Et j’aurais sombré.

Heureusement pour moi, Junooniyat est passé à côté de son intention, à savoir être une histoire d’amour intensément dramatique. Ses aspérités font respirer un récit qui aurait pu être plombant s’il avait été plus assuré. AU FINAL , C ’ EST UNE BO NNE C H O SE Q U E L E C INÉ ASTE SE SO IT PL ANTÉ . CAR J ’AI RI, J ’AI C H ANTÉ E T J ’AI É TÉ SAISIE PAR L E CO UP L E VE DE TTE . Q U E DE MANDE L E PE UPL E ?

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J UDWAA 2 , E N FRANC E A PARTIR DU 2 9 SE P TE MBRE . �

Nig ht ED Fil ms LE VRAI CINÉMA INDIEN EN FRANCE ! Night ED Films, c'est aussi des articles dans de grands quotidiens français (le Monde), des interviews télévisées (France 2, Canal+, Télésud), des partenariats avec de grandes radios (OUI FM), des avant-premières avec les artistes, la venue de grandes stars en France, la promotion du cinéma indien à un autre public, par le biais des Prix Henri Langlois, à Paris, et bien d'autres surprises !

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M M OVI E TA L KI ES

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M OT S PA R FAT I M A Z A HRA

FARHAN AKHTAR ET ADITYA ROY KAPUR REUNIS POUR LE PROCHAIN DE MOHIT SURI. Ces derniers mois, les noms de Farhan Akhtar et d’Aditya Roy Kapur ont souvent été associés pour de mauvaises raisons. En effet, une rumeur de querelle au sujet de Shraddha Kapoor circulait, sans qu'elle ne soit fondée. Il semblerait au contraire que les deux comédiens s'apprêtent à travailler ensemble sur un film. Selon certaines sources, Farhan y interprétait un boxeur, également père célibataire. Son histoire serait illustrée parallèlement à celle du personnage d'Aditya, pour ne se rejoindre qu'à la fin du récit. Les deux hommes auraient par ailleurs déjà commencé à se préparer pour cette production. I NI T I A L E M E NT, I L É TA IT D IT Q U E LE RÔL E F É M I NI N R E V IE N D RA IT À S H RADDH A K AP O O R , M A IS CET T E DE R NI È R E A N IÉ L ES FA IT S , AS S U RA NT Q U ' EL L E N 'AVA IT PAS É T É APPR OC H ÉE PAR M O HIT S U RI P O U R UN TEL P R OJ ET. 032

CL IC H É P UBL IÉ PAR FARH AN AKH TAR SUR SO N CO MP TE TW ITTE R

UN REMAKE DU FILM CULTE ARTH. En 1982 sortait l’un des films les plus appréciés de son temps, composé d’un casting de qualité et qui a valu à Shabana Azmi plusieurs récompenses ainsi qu’une grande reconnaissance : Arth, dirigé par Mahesh Bhatt. Après un remake tamoul sorti en 1993, Marupadiyum, aujourd’hui encore, le métrage se prépare à être renouvelé. Récemment, Mahesh Bhatt a vendu les droits de son film aux réalisateurs Sharat Chandra et Pravesh Bhardwaj. L’actrice et réalisatrice Revathy a également rejoint le projet. Elle avait pourtant exprimé ses doutes à l'idée de reprendre une œuvre


qu'elle estimait « parfaite », avant d'être convaincue par le réalisateur d'origine Mahesh Bhatt. Cependant, aucun acteur n'a pour l'heure été annoncé pour ce remake, car les créateurs attendent de boucler leur script avant de donner davantage de détails.

TAAPSEE PANNU ET DILJIT DOSANJH DANS LE PROCHAIN FILM DE SHAAD ALI. Depuis la sortie d’Udta Punjab, Diljit Dosanjh est devenu 'the flavour of the season'. Il enchaîne les projets en langue hindi et devrait bientôt partager l’affiche d’un métrage avec la talentueuse Taapsee Pannu. Après OK Jaanu, Shaad Ali se prépare à lancer son nouveau projet, qui constituera une histoire d’amour entre un sportif et sa dulcinée. Même si le héros sera inspiré par une personne réelle – à savoir Sandeep Singh, joueur de hockey – le réalisateur précise toutefois qu’il ne s’agira pas d’un biopic. Le film sera co-produit par Chitrangada Singh et Sneha Rajani. Sandeep Singh s’est fait tirer dessus en 2006 et a été grièvement blessé alors qu’il était en route pour rejoindre l’équipe nationale. Le joueur est resté dans une chaise roulante pendant deux ans et c’est grâce à une de ses amies, une autre joueuse de hockey, qu'il a repris sa vie en main. Pour les rôles, Diljit et Taapsee devraient commencer des entraînements prochainement, et c’est Sandeep lui-même qui se chargera de mettre en forme Diljit.

FANNEY KHAN : CASTING BOUCLE. Après plusieurs rumeurs, le casting du film Fanney Khan est finalisé. En effet, l’acteur Rajkummar Rao a annoncé récemment

qu'il ferait partie de l’aventure, initiée par le réalisateur débutant Atul Manjrekar, et qui l'illustrera face à l’actrice Aishwarya Rai Bachchan. « Je suis très excité

à l'idée de travailler avec elle (Aishwarya, ndlr). Je commence à me préparer pour Fanney Khan dès que le tournage de mon film Subhas Chandra Bose sera bouclé. », a déclaré le jeune acteur, qui a également confirmé que ses préparations le pousseront également à jouer sur son apparence physique pour paraître plus âgé.

JACKKY BHAGNANI REMPLACERA-T-IL RAJKUMMAR RAO ? Dans la série interminable des remakes et autres suites de films en Inde vient s’ajouter un nouveau projet : Anandwa, un hommage au film culte Anand (1971) où on voyait Rajesh Khanna et Amitabh Bachchan partager l’écran. Réalisé par Adir, le rôle principal devait initialement être interprété par Saqib Saleem. Par la suite, le réalisateur s’est tourné vers le formidable Rajkummar Rao. Cependant, si les dernières rumeurs s’avèrent réelles, ce serait à Jackky Bhagnani que reviendrait ce rôle. Selon une source de BollywoodHungama, « Adir a parlé du film à Rajkummar

Rao quand ses négociations avec Saqib Saleem n’ont pas abouti. Raj a adoré le rôle et était prêt à faire le film. Même si Anandwa n’est pas un remake, c'est une inspiration claire, et le rôle est orienté vers une performance d'acteur plus qu’autre chose. C’est en cherchant une maison de production pour le métrage que Rajkummar a appris qu’Adir avait également proposé le rôle à Jackky. Cela n’a pas plu à Raj qui en a parlé avec quelques-uns de ses amis. > 033


Généralement, quand un projet t’est offert, après avoir été proposé à un autre acteur, il faut l'en avertir. C’est une question d’éthique. Dans ce casci, ni Adir ni Jackky n’ont informé Rajkummar et ce dernier l’a appris d’une source externe. ». Quant à Jackky Bhagnani, il dit « Je n’avais aucune idée que Rajkummar allait faire le film. Rien n’est encore finalisé de toute manière. Oui, je suis en discussion avec le réalisateur, et si jamais je le fais, je ne le produirai pas. J’ai décidé de ne plus jouer dans des films que je produis moi-même. »

Affaire à suivre.

SUSHANT SINGH RAJPUT ET BHUMI PEDNEKAR DANS CHUMBAL. L’actrice Bhumi Pednekar se prépare à son nouveau projet en compagnie de Sushant Singh Rajput, Chumbal, et réalisé par Abhishek Chaubey. Cette fois encore, le métrage du réalisateur aura un thème qui tourne autour du crime, et dans lequel Bhumi et Sushant joueront les rôles de bandits armés. Si l’actrice aura amplement le temps de s’y préparer d’ici le début du tournage en janvier 2018, Sushant aura quant à lui plus de difficultés, car il a encore deux autres métrages en cours, à savoir Chanda Mama Door Ke et Kedarnath.

PRIYANKA OUT, AISHWARYA IN. Pressentie pour le rôle de l’auteur Amrita Pritam dans le biopic retraçant l’histoire qui l'a lié au poète Sahir Ludhianvi, Priyanka Chopra sera finalement remplacée par Aishwarya Rai Bachchan. Pour ce projet produit par Sanjay Leela Bhansali, ce 034

dernier n’a pas perdu de temps avant de se tourner vers Aishwarya pour lui proposer le film qui l’opposera une énième fois à son mari, Abhishek Bachchan. Si le couple ne s’est pas encore prononcé sur le sujet, il semblerait que tout soit finalisé et que le tournage débute au premier trimestre de 2018.

UN NOUVEAU REMAKE POUR AKSHAY KUMAR. Souvent associé aux remakes des films du sud, Akshay Kumar semblerait prêt à reprendre le rôle principal de Veeram, initialement tenu par Ajith. Aucun titre officiel n’est encore annoncé, mais actuellement, le métrage s’appelle Land Of Lungi, en référence à la tenue lungi qu’Akki devrait porter tout au long du film. L’histoire tourne autour de 4 frères, dont Akshay Kumar camperait l'aîné qui refuse l’idée de se marier. Ses 3 frères décident de suivre son mode de vie, mais les choses changent quand les plus jeunes tombent amoureux, et essayent ainsi de pousser leur grand frère à tomber amoureux également. Pour l’heure, l’acteur préfère se concentrer sur ses projets entamés, à savoir PadMan, Robot 2.0, Gold, Mogul et Kesar.


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D ÉCO U VE RT E

L'ACTRIC E DIVYANKA TRIPATH I E T SO N É P O UX VIVE K DAH IYA, L ES G AG NANTS DE L A H UITIÈ ME SAISO N.

A la découverte de...

Nach Baliye M OT S PA R AS M A E

L'Inde ne se résume pas à Bollywood... Tel est notre leitmotiv depuis le lancement du e-magazine Bolly&Co, en 2010.

Parce que c'est un véritable spectacle.

C'est ainsi que nous y parlons également de littérature, de mode tout en mettant en avant les cinémas dravidiens à travers notre Rubrique Sud. Mais l'Inde est si riche, si complexe que nous passons tout de même à côté de nombre d'acteurs, de chanteurs, de métrages et d'autres œuvres qui ne relèvent ni de Bollywood ni des cinémas du sud du pays. En ce sens, nous vous proposerons désormais de partir à la découverte de ces artisans indiens quelque peu différents, et ce qu'il s'agisse de cinéma, de musique, de danse ou de télévision...

Le concept est simple : des couples de stars s'affrontent dans une compétition de danse. Dérivé de Danse Avec les Stars, Nach Baliye en est déjà à sa huitième saison et continue de séduire les fans. De la danse, du romantisme et un jury de vedettes, Nach Baliye est un pur divertissement. Et si le montage laisse à désirer, l'émission reste un plaisir à regarder.

Nach Baliye, qu'est-ce que c'est ? Pourquoi vous y intéresser ?

Pour voir nos stars préférées du petit écran se trémousser.

Vo i c i 5 b o n n e s raisons de devenir complètement fan du programme ! 036

1.

2.

Car cette année, le casting du programme est particulièrement intéressant : Sanaya Irani, Divyanka Tripathi, Bharti Singh et Dipika Kakar bougeront sur scène aux côtés de leurs chéris respectifs. Ces grandes vedettes de la télévision ont accepté de s'essayer à l'exercice, pour le plus grand bonheur de leurs fans.


3.

Pour faire des découvertes ! Nach Baliye donne effectivement à voir des personnalités d'autres industries indiennes. Cette année, l'acteur marathi Siddharth Jadhav participe à l'émission, de même que la comédienne de cinéma bhojpuri Mona Lisa avec son mari Vikrant Singh Rajpoot. Le programme offre ainsi un espace d'exposition sur une plateforme nationale à ces artistes issus d'industries régionales hélas méconnues.

4.

Parce que c'est romantique au possible. Le leitmotiv de Nach Baliye, c'est 'romance wala dance'. Et si vous êtes un peu loveur sur

les bords, c'est l'émission idéale ! Le show donne l'occasion de découvrir ses stars sous un autre angle et d'en savoir davantage sur leurs amours. Les participants se livrent, racontent leurs histoires, entre humour et émotion. Jouissif !.

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Pour l'imagination des chorégraphes ! Il faut le dire, les danses sont assez insolites, qu'il s'agisse du thème, des costumes ou même des pas en eux-mêmes. Nach Baliye est un spectacle bariolé franchement kitch, et les chorégraphies sont souvent très inventives, parfois un petit peu trop ! Mais c'est ce qui fait le charme de Nach Baliye : sa générosité. 037



B B I L AN

Anushka Sharma

MOTS PAR ASMAE

Vole comme un papillon, pique comme une abeille. Anushka Sharma, c'est la nana que personne n'a vraiment vu venir. La nana qui peut se sortir de n’importe quel échec, de n’importe quelle polémique avec une facilité insolente. C’est la nana qu’on a d’abord essayé de faire entrer dans un moule : celui de l’héroïne Yash Raj. Enfant chérie de la bannière, on a cru à l’overdose lorsque la jeune femme y a enchaîné les projets. Mais elle prendra vite un sillage qui lui sera propre, sans être dépendante d’un quelconque mentor... >

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Anushka me fait penser à une boxeuse. Alternant les coups vifs et les esquives, elle sait aussi se relever des attaques qu’elle reçoit pour finalement remporter par KO la majorité de ses combats

d’excellents scores au box-office, malgré la concurrence du blockbuster de l’année 2008 Ghajini, en salles le même mois. Presque dans la foulée, je découvre le film, et là... COUP DE FOUDRE ! Ce joyau d’Aditya Chopra est au romantisme ce que la maison Ladurée est aux macarons : du grand art ! (Non, je n’ai pas écrit cet article en plein de mois de Ramadan, non...)

Doucement mais sûrement, elle fait son chemin et tente d’amener le cinéma hindi à donner aux femmes des rôles plus vifs et audacieux. Anushka Sharma se bonifie avec le temps, comme le bon vin.

« Mais c’est trop beau ! Il voit Dieu en elle ! Sérieux, c’est pas le plus beau compliment qu’on puisse faire à quelqu’un, ça ?! #loveusepieuse Je vais appeler le PDG de Kleenex parce qu’à ce rythme-là, je vais assurer son chiffre d’affaire pour l’année ! »

Pourtant, quand elle fait ses débuts au cinéma en 2008 dans Rab Ne Bana Di Jodi, je suis mitigée. Parce que ce film l’oppose à Shahrukh Khan, qui dégage une aura telle qu’il est difficile pour une débutante (et même pour qui que ce soit dépourvu d’un tant soit peu de talent) de parvenir à exister face à lui.

« La pauvre nenette ! Elle va se faire bouffer par King Kong... euh... Khan ! » Aussi, Shahrukh Khan, comme nombre de ses confrères quadragénaires, a cette fâcheuse tendance à flirtouiller à l’écran avec des jeunes filles qui ont la moitié de son âge ! Au moment de la sortie de Rab Ne Bana Di Jodi, Shahrukh a 43 ans, Anushka en a 20. Mais ce qui est génial, c’est qu’une foi n’est pas coutume, on nous épargne la fille à Papa qui l’a tuyauté pour qu’elle fasse la starlette à l’écran. Anushka vient d’une famille modeste de Bangalore, son père est officier dans l’armée indienne et n’a aucun lien avec le monde du cinéma. Lors de sa sortie, Rab Ne Bana Di Jodi réalise 040

RA B N E BANA DI J O DI


Pourtant, Anushka est éclipsée par une autre débutante : Asin Thottumkal, qui rafle tous les trophées de Meilleur Espoir Féminin. Elle avouera dans une interview qu’elle pensait avoir une chance de remporter ces prix, estimant qu’Asin n’était pas concernée par cette catégorie dans la mesure où elle travaillait au cinéma dravidien depuis 2001... Mais la jeune femme peut se satisfaire d’avoir également été nommée pour le Filmfare Award de la Meilleure Actrice pour ce premier film, face à des stars confirmées comme Kajol, Priyanka Chopra et Aishwarya Rai Bachchan. Encore mieux, la légende Amitabh Bachchan la félicitera en personne pour sa prestation dans Rab Ne Bana Di Jodi, autant dire un moment de reconnaissance qui vaut toutes les récompenses du monde...

Anushka a signé un contrat de trois films avec la bannière Yash Raj, qui l’a lancé.

Il semblerait ainsi qu’ils aient vu en elle la digne descendante de Rani Mukerji, ancienne muse de la boîte de prod’ qui se fait désormais plus rare. De quoi faire plaisir à la jeune comédienne puisque Rani est son actrice préférée... Si la comparaison est flatteuse, elle est aussi dangereuse tant Rani Mukerji s’est imposée comme une véritable référence à Bollywood. Difficile pour Anushka de faire aussi bien... Qu’à cela ne tienne, elle fera différemment.

C’est ainsi qu’on la retrouve en mai 2010 dans la production Yash Raj Badmaash Company, qu’on a depuis tous oublié... Ca s’appelle la mémoire sélective !

Pourtant, j'avais de quoi me réjouir puisque cette comédie d'arnaque compte également à son casting celui que j'aime de tout mon cœur et que je vends, à qui veut bien le croire, comme le meilleur acteur de la Terre (je vous ai déjà dit que j'étais du genre emphatique, comme meuf ?!). Oui, je parle de Shahid Kapoor. #monbébé

Dans ce métrage, la jeune actrice tente de faire oublier son image de 'girl next door' en campant une mannequin sexy et totalement désinhibée. Anushka y est chosifiée au possible, on la fout en maillot de bain et en mini-short comme pour bien nous rappeler qu'elle est là pour décorer... Mais c'était mal la connaître ! Parce que dans la peau d'un personnage aussi limité que caricatural, Anushka s'en sort formidablement ! Pêchue, naturelle et charismatique, la comédienne compte bien prouver qu'elle n'a pas l'intention de jouer les plantes vertes !

« Ah ouais, donc même dans un film naze, elle est juste ? Est-ce qu'on tient ENFIN une actrice potentiellement à la hauteur des vedettes féminines des années 1990 ?! Kajol, avoue tout, c'est ta p'tite sœur, celle-là ! » Et l'année n'est pas terminée... puisqu'en décembre 2010, soit presque deux ans jour pour jour après ses débuts, Anushka Sharma est l'héroïne de Band Baaja Baaraat, une comédie romantique dans laquelle elle fait face à un débutant, répondant au nom de Ranveer Singh... La bande-annonce est prometteuse, deux jeunes indiens s'improvisent organisateurs de mariages. La musique, les costumes et la photographie m'inspiraient le meilleur. > 041


BA N D BAAJA BAARAAT Et je ne m'y tromperai pas puisque Band Baaja Baaraat est une réussite en tous points, en grande partie grâce à la performance impeccable d'Anushka, qui passe de la businesswoman assurée à l'amoureuse brisée. Nommée une nouvelle fois pour le prix de la Meilleure Actrice, elle prouve qu'elle n'a rien à envier à ses aînées, et ce du haut de ses 22 ans.

« Donc la meuf, elle est là depuis deux ans et en trois films, elle est pressentie deux fois pour un prix d'interprétation ? Deepika, sors. Sonam, suis le mouvement. La relève, c'est elle ! » L'année 2011 est plus mitigée avec deux sorties qui ne remportent pas les faveurs du public, ce qui n'empêche pas l'actrice d'y être irréprochable. Elle est d'abord à l'affiche de Patiala House, un drame familial dans lequel elle joue les seconds couteaux face à Akshay Kumar. Elle y incarne Simran, une indo-britannique à la réputation sulfureuse qui a la garde d'un jeune garçon. La belle signe avec ce film un rôle mature et assuré, loin des jeunes filles en fleur naïves et innocentes. Mais le métrage n'a pas de réel impact sur sa carrière et tombe vite dans l'oubli. Ce qui ne m'empêche pas d'être de plus en plus emballée par la comédienne.

« Tiens, contrairement à ses collègues (cf Deepika et Sonam), elle n'a pas signé de comédie lourdingue face à Akki, mais un vrai film dans lequel sa présence recouvre de véritables enjeux... Anushka, câliiiiiiiiin ! » 042

Elle retrouve ensuite Ranveer dans Ladies V/S Ricky Bahl, une comédie d'arnaque dans laquelle on tente de nouveau de nous la vendre en objet sexuel réducteur. Anushka y campe une tentatrice redoutable, qui a pour rôle de manipuler un malfaiteur en jouant de ses charmes... Parce qu'évidemment, une femme ne peut piéger un homme qu'en utilisant sa plastique... #mysogyniequandtunoustiens

« Mais ils l'aiment pas, chez Yash Raj ou quoi ?! C'est un peu schizophrène sur les bords, le délire ! Ils la propulsent avec un film magnifique pour ensuite lui refourguer un rôle


secondaire, elle parvient non seulement à exister mais aussi à faire oublier le reste de la distribution par sa seule présence. Et PAF, Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin !

complètement naze dont personne ne veut ! Ils seraient pas légèrement sadiques, quand même ? » L'année suivante, devinez quel grand réalisateur la choisit pour son dernier métrage... Yash Chopra ! Le cinéaste de renom a pris Anushka sous son aile lorsqu'il a financé nombre de ses précédentes œuvres. C'est donc sans surprise qu'il fait appel à elle pour ce qui constitue son ultime film en tant que réalisateur. Intitulé Jab Tak Hai Jaan, le projet lui permet de retrouver son premier partenaire à l'écran, Shahrukh Khan. Dans la peau de l'apprenti reporter téméraire et déterminée Akira, Anushka est solaire et démontre qu'avec un personnage

« La meuf, c'est un soleil, en gros. Elle est là, elle a une seule chanson et est supposée jouer le faire-valoir de SRK et Katrina Kaif. Anushka, ou comment transformer un rôle de second plan en l'unique protagoniste intéressant d'un métrage... Un génie, je vous dis. » En 2013, elle signe Matru Ki Bijlee Ka Mandola, dirigé par l'excellent Vishal Bhardwaj. En pleine promotion de l'œuvre, le visage de la jeune femme interpelle. Joues gonflées, lèvres pulpeuses, l'actrice est physiquement transformée ! On l'accuse d'être passée sur le billard et les médias semblent accorder davantage d'importance à sa nouvelle apparence qu'à son talent > 043


M AT RU K I B IJL E E K A MANDO L A


d'actrice. J'admets avoir pu entrer dans un jugement allègre lorsque je l'ai découverte dans l'émission de Koffee With Karan avec ce physique différent.

« Mais pourquoi elle a fait ça ?! Non, la vraie question c'est : qui est le charlatan qui lui a fait ça ? Pitié, Anushka, ne te transforme pas en statue de cire ! » L'actrice affirmera alors ne jamais avoir eu recours à de quelconques injections, des déclarations qui me laissent perplexe... Du coup, j'avoue que je perds un peu le fil durant toute cette période où les tabloïds évoquent davantage les lèvres ou les amours d'Anushka que son travail d'artiste. Et ce qui n'aide pas, c'est qu'elle ne sort aucun projet entre février 2013 et novembre 2014. Anushka est absente du box-office pendant près de deux ans. Elle laissera donc tout l'espace nécessaire à une certaine Deepika Padukone qui profitera de ce champ libre pour enchaîner les sorties fructueuses. Dans l'inconscient collectif, Anushka se fait oublier, et je pense à ce moment-là que sa carrière est en train d'agoniser...

« Purée, mais elle est hyper talentueuse ! Pourquoi on ne la voit plus ?! Vous allez pas me faire croire qu'elle a moins de potentiel qu'une Sonam ou qu'une Katrina, voyons ? » J'ai le sentiment qu'Anushka a été achevée médiatiquement à cause de ces lèvres qui ont fait tant de bruit... Mais encore une fois, je la sous-estimais ! En décembre 2014, elle incarne une journaliste dans PK, métrage

évènement de Rajkumar Hirani avec Aamir Khan, qui devient à l'époque le film indien le plus rentable de l'histoire...

«ET BIIIIIIIIIIIM ! Alors, c'est qui, l'impératrice du box-office ?!» En un seul métrage, Anushka réalise les mêmes scores que trois des films de Deepika les plus rentables de 2013 (à savoir Race 2, Yeh Jawaani Hai Deewani et Chennai Express) ! Pour autant, je ne me réjouis qu'à moitié puisque PK s'appuie principalement sur la popularité d'Aamir Khan. Le retour d'Anushka n'est donc qu'à moitié gagnant.

Il faut dire que le projet sur lequel la belle mise tout, celui pour lequel elle a investi son temps, son énergie et grâce auquel elle est susceptible de réellement revenir en force, c'est Bombay Velvet.

Métrage ambitieux dirigé par Anurag Kashyap, la comédienne y campe une chanteuse de jazz dans les années 1960, aux côtés de l'enfant choyé de Bollywood : Ranbir Kapoor.

« Oh non, pas lui. » Oui, car contrairement à la majeure partie des fans de cinéma hindi, j'ai beaucoup de mal à adhérer à ce que Ranbir dégage... L'association me semble donc malheureuse, mais le fait de retrouver Anurag à la réalisation me permet de garder espoir. Sauf que la sortie du produit fini se fait attendre, avec ce paradoxe d'attiser davantage la > 045


B O M BAY VE LVE T

« Jouer les princesses Disney chez Bhansali ? Trop peu pour moi ! Passe-moi le pied de biche, je vais démonter la tronche de violeurs en pleine forêt. » Chuck Norris, c'est du pipi de chat, à côté. Elle est par ailleurs la seule à être sortie indemne du bide de Bombay Velvet, là où le métrage a plombé la crédibilité d'Anurag Kashyap et, peut-être encore plus, de Ranbir Kapoor. Car Anushka est intelligente. Elle a surtout retenu la leçon et sait qu'il ne faut jamais s'éloigner trop longtemps des salles obscures, d'autant plus si c'est pour partir sur un flop commercial. C'est ainsi qu'on la retrouve rapidement dans Dil Dhadakne Do, drame familial de Zoya Akhtar dans lequel elle retrouve Ranveer Singh. curiosité des fans tout en les agaçant face au suspens qui leur est imposé. Anushka sait qu'elle ne doit pas attendre que le projet Bombay Velvet soit enfin sorti du placard et doit jouer une nouvelle carte pour éviter de tomber dans l'oubli. Ni une ni deux, elle sort de son chapeau un film que personne n'a anticipé : NH10. Cette œuvre signe un tournant pour Anushka puisqu'elle lui permet d'ouvrir sa bannière de production Clean Slate Films, qu'elle tient avec son frère Karnesh. NH10 sortira avant Bombay Velvet et permettra à Anushka d'assurer ses arrières en laissant au public une impression positive. Dans ce thriller psychologique haletant, la jeune femme fait littéralement oublier son apanage de fiancée de l'Inde, qu'elle a préféré céder à Deepika Padukone. Car Anushka est une badass, et elle le prouve avec ce film rugueux et violent ! Et PAM, nomination pour le Filmfare Award de la Meilleure Actrice ! C'est qui, la patronne ?! 046

Elle y campe une danseuse de cabaret de laquelle s'entiche un fils à papa indécis... Ça craint, non ?! Anushka, pot de fleur reloaded ?! Fort heureusement, non. Il est clair que la belle y tient un rôle de second plan. Mais elle le porte avec une telle conviction qu'elle parvient à se faire une vraie place dans ce film au casting écrasant : Ranveer Singh (oui, je l'ai déjà dit, mais je fais ce que je veux, c'est mon article), Priyanka Chopra, Anil Kapoor, Shefali Shah, Farhan Akhtar, Vikrant Massey, Rahul Bose... Anushka aurait pu se noyer (d'autant que le métrage se déroule en pleine croisière, haha ! *Silence de mort* Ok, je sors...). Mais que nenni ! Et BOUM, nomination pour le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin !

En 2016, elle prouve que plus rien ne l'arrête.


Elle est annoncée comme actrice principale de Sultan, prochain métrage d'Ali Abbas Zafar avec Salman Khan en vedette. Et ma réaction m'a étonné. Car soyons honnêtes, les rôles féminins dans les derniers métrages de l'acteur sont assez réducteurs. Sauf que j'ai désormais toute confiance en Anushka. Et si elle a accepté ce projet, c'est probablement parce qu'il lui offrait un personnage différent et consistant... Dans le mille ! La comédienne y interprète une jeune femme championne de lutte, qui n'hésite pas à affronter les hommes sur le tapis de combat.

« Alors comme ça, t'as voulu défoncer ma carrière, frère ?! Tu t'es cru dans Le Parrain, wesh ?! PAF, crochet du droit ! Et maintenant, tu reviens avec ton script comme si on était potes ?! POUM, uppercut dans le foie ! C'est qui, la boooooss ?! » >

« Non mais vraiment, les princesses guerrières de chez Disney/Bhansali, je vous les laisse, les filles. Il est où, The Great Khali, histoire que je le mette par terre ? Non sérieux, j'ai pas le temps, j'ai un boxoffice à chambouler ! Allez, hop hop hop, viens par ici Dalip ! » Jean-Claude, tu peux prendre ta retraite. Plus tard dans l'année, elle est à l'affiche de Ae Dil Hai Mushkil, dernière réalisation de Karan Johar... C'est assez rigolo (enfin, si on veut) puisqu'il y a quelques années, le cinéaste a tout fait pour saboter la carrière de l'actrice (je vous l'avais bien dit... LOL... MDR... XPTDR... *grumpy face*). Il a effectivement avoué en 2011 qu'il avait vivement déconseillé à Aditya Chopra, producteur de Band Baaja Baaraat (et accessoirement cousin du réalisateur/gossip boy en chef précité), de choisir Anushka Sharma (et Ranveer Singh) pour ce film... Vous connaissez l'expression 'la roue tourne' ?J'ai bien envie d'imaginer la réaction d'Anushka lorsque le projet Ae Dil Hai Mushkil lui est revenu... AE DIL H AI MUSH KIL


Cela va sans dire mais... PIF, nomination pour le Filmfare Award de la Meilleure Actrice ! Cette année, Anushka signe sa seconde production avec la comédie Phillauri, dans laquelle elle incarne un fantôme aux actes inachevés. Oui, je sais ce que vous pensez, mais non ! Ce n'est pas le remake de Casper ! Si le succès est plus mitigé, ce projet démontre que la comédienne est en mesure de s'adapter à tous les genres cinématographiques. LA S ORT I E DE JA B HA RRY M E T SEJA L S I GNE SA T RO IS IÈ M E COL L ABORAT I ON AV EC S HA HRU K H KHA N E T DONNE L'O CCAS IO N À LA BEL L E D' Ê T R E D IRIG É E PA R L E CINÉAST E I M T I A Z A L I. Cette romcom fait un bide monumental lors de sa sortie en août dernier. On reproche à Imtiaz de se répéter et à Shahrukh de se perdre. La critique est assassine envers le projet et ses acteurs... sauf Anushka. Car une fois de plus, la jeune femme fait son travail avec conviction malgré la faiblesse du projet lui-même. Mais Jab Harry Met Sejal n'a en rien plombé sa carrière puisque l'actrice est attendue dans nombre de productions plus différentes les unes des autres, du film d'horreur Pari à la comédie Kaneda, en passant par le biopic Dutt et la comédie dramatique Sui Dhaaga.

A seulement 29 ans, Anushka Sharma peut se vanter d'avoir travaillé avec les plus grands, devant comme derrière la caméra : Yash Chopra, Karan Johar, Shahrukh Khan, Aditya Chopra, Rajkumar Hirani, Aamir Khan, Anurag Kashyap, Salman Khan, Vishal Bhardwaj... 048

Anushka s'est faite seule sans pour autant s'opposer nécessairement aux gros poissons de l'industrie. Au contraire, elle a su utiliser ces opportunités de travailler avec eux à son avantage, tirant profit de l'impact de ces collaborations pour faire valoir son talent.

« Donc pour résumer, Anushka Sharma a une filmographie de dingue, des rôles complexes en veux-tu, en voilà, une maison de production grâce à laquelle elle met en lumière des jeunes talents, une liste de nominations et de prix plus longue que les cheveux d'Aishwarya Rai dans Devdas... Et pourtant, les médias n'en parlent pas plus que ça ! Pourquoi ? Sûrement parce qu'Anushka ne fait pas de mystère. Elle est claire sur sa situation amoureuse, heureuse en couple avec le joueur de cricket Virat Kohli et n'en joue jamais pour faire parler d'elle. Du coup, une actrice qui n'est connue que pour son travail n'est pas intéressante pour les journalistes et autres tabloïds. Mais finalement, ce n'est peut-être pas plus mal. Car Anushka ne joue pas au jeu des ambigüités sentimentales ou des phrases malheureuses. Elle laisse parler son art pour elle. »


Col lec tif B O L LY C I N É BOLLYCINÉ est une association nationale dont la mission depuis 2012 est de promouvoir, démocratiser et développer la diffusion des films indiens et plus spécifiquement Bollywood dans nos cinémas français par tous les moyens à sa disposition. Bollyciné, c'est 25 films soutenus sur le terrain, 35 équipes à travers la France et 30 cinémas partenaires. Depuis 2 ans, l'association est suivie par l'acteur indien Salman KHAN et ses proches.

www.bollycine.fr

LE FILM H I NDI M E DIU M B IE N TÔT À N A N T ES , ANGER S , L E HAV R E E T B ESA N ÇO N


D DO S S I E R S P ÉC I AL

LA CULTURE DU WHITEWASHING MOTS PAR FATIMA ZAH RA

Malgré le fait que de plus en plus de gens dans le monde s'engagent davantage contre l'idée reçue du « plus c'est clair, mieux c'est », nul ne peut nier que le concept du whitewashing continue d'exister et de se propager, préconisant ainsi que tout ce qui est blanc et clair est synonyme d'une beauté internationale ; une peau claire, des yeux clairs, des cheveux clairs...

Dans l'industrie cinématographique indienne - et pour ne pas mentir, dans toutes les industries cinématographiques du monde, même à Hollywood - avoir une peau blanche comme neige, ou qui s'en approche, est encore considéré comme un des éléments de succès essentiels, en particulier pour une actrice. Divers produits, soutenant intentionnellement ou non ce principe, ont fait surface, et ont eu droit à des superstars comme égérie, et ce même avec toutes les critiques négatives reçues à cause de la manière dont leurs publicités sont tournées. A T I T R E D' E X E M P L E , L E M ES SAG E TRANS M I S PAR TO U T ES L ES PUB L I C I T ÉS DE C RÈ M ES B LANCH I S SANT ES EST L E M Ê M E , À SAVOI R : P OU R R É U S S IR DA N S L A V I E, I L FAU T AVO IR U N E P E AU P LU S CLA I R E . 050

Pour obtenir le travail de ses rêves, il faut avoir une peau plus claire. Pour gagner le cœur de l'être aimé, il faut attirer son regard en ayant une peau plus claire. Ce qui semble choquer plus que les messages en eux-mêmes, c'est le fait de voir des célébrités du calibre de Shahrukh Khan accepter fièrement le rôle d'ambassadeur de ces marques, alors que sa complexion naturelle est la clé de son charme, selon plusieurs de ses fans. Pire encore, ces mêmes acteurs ne manquent


pas de dénigrer le whitewashing durant leurs interviews, incitant leur large public à s'accepter comme ils sont. Cette hypocrisie voire schizophrénie ne manque pas d'enflammer les réseaux sociaux à chaque fois qu'un de ces cas se présente. Le whitewashing est un sujet extrêmement sensible au point où, aujourd'hui, certains acteurs le dénoncent également, et restent en opposition contre leur confrères qui soutiennent implicitement l'image subliminale du « plus c'est blanc, mieux c'est » qu'ils renvoient à travers leurs publicités.

« Il existe une multitude de campagnes publicitaires qui vendent, subtilement ou non, l'idée qu'une peau blanche est meilleure qu'une peau plus foncée. Personne ne vous dira que c'est rabaissant, faux, ou raciste. Vous devez le comprendre par vous-même. Vous devez arrêter de croire à l'idée qu'une derme est meilleure que les autres. Malheureusement, si vous vous penchez plus sur nos publicités de mariage, vous verrez que cette idée est incrustée au profond de nos croyances. Nous utilisons même le mot « dusk » (en anglais, cela peut signifier l'obscurité de la nuit, ou le crépuscule) pour décrire la couleur de peau de quelqu'un ! Si un individu ne peut pas changer cette attitude dans sa communauté, il ou elle peut néanmoins commencer avec sa famille. »

L'un des exemples les plus récents est Abhay Deol, qui a utilisé son compte Facebook pour se prononcer contre ce genre de campagnes publicitaires.

Dans ses mots, Abhay relève un point très important. Cette obsession pour la blancheur tient ses origines de l'histoire humaine. > 051


En Inde, la colonisation par une culture caucasienne a graduellement introduit ces principes dans le mode de pensée de ses disciples, laissant un impact qui continue de faire son écho encore aujourd'hui, plusieurs décennies après le retrait de l'ennemi colonial sur les terres arrachées.

A l'époque, une peau pale pouvait symboliser le haut statut, l'immense richesse et la grande beauté.

Si aujourd'hui, la population mondiale semble de plus en plus accepter qu'être noir ou blanc n'est pas ce qui définit une personne, quand il s'agit de devenir une actrice et de partager l'affiche d'un succès commercial, il semblerait qu'une peau claire soit tout de même requise.

Pourtant, me diriez-vous, beaucoup d'héroïnes de films indiens ont acquis une certaine popularité en ayant une peau naturellement sombre. La première à laquelle penser est Kajol. Si dans ses premières années à Bollywood elle semblait relativement accepter ce qu'elle considérait comme des défauts (l'actrice a avoué à plusieurs reprises dans ses interviews penser qu'elle n'avait rien d'une grande beauté), elle a finalement succombé en suivant la tendance de la blancheur, notamment avec sa pub pour Olay ou ses apparitions dans ses films récents, comme Dilwale. Le concept de la beauté est en réalité un ensemble d'idées et de standard factorisé et réinventé à tout bout de champ par les médias. C'est bien pour cette raison que la présence constante du whitewashing mène à l'apparition directe d'un marché poussant à la consommation de ces produits blanchissants, ou mettant en avant les opérations de cures blanchissantes.

La culture des médias détermine malheureusement ce qui doit être beau, acceptable ou à la mode. KA J OL DA NS L E F IL M D ILWA L E D ULHA NI A L E JAY E N G E ( 1 9 9 5 ) P U IS DANS D ILWA L E ( 2 01 5 ) 052

Pour un temps, l'association établie entre la beauté et la minceur extrême, dite le size zero, a causé la propagation de troubles


alimentaires comme l'anorexie et la boulimie. Si dénigrer indirectement les peaux plus foncées au profit des teints plus clairs n'a pour le moment qu'un effet psychique, rien ne garantit dans les années à venir que des troubles sérieux liés à ce phénomène ne se propagent à leur tour. Après tout, ces crèmes et produits sont avant toute chose des produits chimiques qui auront incontestablement un effet négatif sur la peau de ceux qui les utilisent, surtout si ces personnes ne font que suivre la mode, en appliquant sur leur visage tout et n'importe quoi, sans réellement connaître l'efficacité de ces produits, ou leur effets secondaires. Au bout du compte, je ne peux pas m'en prendre aux marques, car ce n'est ni Fair & Lovely ou Pond's qui ont créé ces idées. Mais ces enseignes ne font que refléter l'image de perfection qui circule déjà dans nos sociétés. Ce qui m'interpelle toutefois,

AISHWARYA RA I BAC HC HA N P OU R E L L E E N 2 01 0

c'est de voir des personnalités aussi importantes se laisser entraîner sur ce terrain au nom d'un gros cachet. Certains arrivent à long terme à réaliser les conséquences de leurs actes et à adresser à leur public des lettres d'excuses, d'autres ignorent entièrement la problématique et continuent tout de même à amasser de l'argent pour ce genre de publicités qui peuvent facilement être décrites de racistes, parfois même de sexistes. L E W H ITE WASH ING À BO L LYWO O D N E S'ARRÊ TE MAL H E URE USE ME NT PAS AUX FIL MS E T AUX PUBL IC ITÉS. C'est dans tous les aspects de cette industrie que cette idée s'est immiscée. Pour ne citer que quelques exemples, les magazines de mode les plus populaires ne sortent plus aucune édition sans retoucher au maximum la célébrité choisie pour leurs couvertures >

DE E P IKA PADUKO NE PO UR FE MINA E N 2016


De l'autre côté du mur se tiennent quelques célébrités qui ont accepté d'admettre que le whitewashing était une réalité tout comme le racisme qu'il pouvait véhiculer. L'exemple le plus notable de ces dernières années est Nandita Das. Actrice et réalisatrice indienne, Nandita est connue pour sa forte personnalité et son admirable franchise.

Elle était parmi les premières personnes à apporter son soutien à la campagne « Dark Is Beautiful », mouvement médiatique qui cherche à combattre le whitewashing et la discrimination fondée sur la couleur de la peau (appelée colourism en anglais). L'actrice raconte qu'en grandissant, ses parents l'avaient toujours poussé à être la meilleure version possible d'elle-même, et que son teint de peau ne lui a jamais posé de problème.

Ce n'est qu'en entamant une carrière d'actrice qu'elle a réalisé que les cinéastes et les producteurs ne lui proposeraient que des rôles de second plan si elle ne songeait pas à éclaircir son teint. L E MO UVE ME NT « DARK IS B E AUTIFUL » A ÉG AL E ME NT RE MIS AU G O ÛT DU J O UR L E DÉ BAT L ANC É E T O UBL IÉ QUE LQUES ANNÉ ES AUPARAVANT SUR UNE P UB TRÈS CONNUE DE L A C RÈ ME P O ND'S, M ETTANT E N SC È NE L ES ACTE URS P R IYANKA C H O P RA E T SAIF AL I K HAN. Si à l'époque les fans des deux célébrités étaient excités à l'idée de les voir ensemble, l'anticipation a bien vite tourné au chaos quand l'ex Miss Monde s'est retrouvée au cœur d'un scandale, remettant en cause tous ses encouragements verbaux de self-confidence, et lui rappelant que sa complexion faisait partie intégrante de sa beauté. 054


L'histoire de la publicité - qui portait le nom de Kabhi Kabhi Pyar Mein - est la suivante :

L A SÉ RIE PUBL IC ITAIRE " KABH I KABH I PYAR ME IN" DE P O ND'S

Saif et Priyanka s'aiment, et pour des raisons non expliquées, Saif doit quitter le pays en laissant derrière lui sa bien-aimée, avec l'espoir d'un jour la retrouver. Trois ans plus tard, leurs chemins se croisent par pur hasard au milieu de la rue, où Priyanka remarque qu'au bras de son cher était accrochée la main d'une Neha Dhupia, plus claire et radieuse qu'elle. Attristée, Priyanka passe quelques minutes à fixer une vitre sur laquelle est projetée une publicité de Pond's White Beauty Cream, qui semble lui apporter la solution à son problème. Après un moment d'hésitation, la jeune femme décide d'utiliser le produit, et au bout de quelques semaines le résultat est indéniable : sa peau est de plus en plus claire.

La conclusion éventuelle de cette publicité ridicule est évidente : au bout de quelques temps, Saif décide de plaquer Neha et de revenir aux côtés de Priyanka. Et dire que cette publicité en cinq parties contenant tous les clichés d'une mauvaise romcom en est arrivée à cette conclusion ahurissante...

Le triste constat auquel j'arrive c'est que, dans l'état actuel des choses ; Bollywood, l'Inde comme le reste du monde ont encore un long chemin à parcourir avant de parvenir à mettre un terme à cette absurdité qu'est le whitewashing,

en acceptant que le fait qu'être un artiste ou une figure publique se mérite au travers de ce que la personne a à offrir à son public, et non sur la base de son apparence physique. Malheureusement, ce n'est pas prêt d'arriver si les principaux concernés sont plus soucieux de faire de ce message un gagnepain...

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F FILM VS L I V RE

NOOR KARACHI YOU'RE KILLING ME MOTS PAR E LODIE

Les films racontent une histoire, tout comme les livres. Cela n'a rien de nouveau, que ce soit en Inde ou dans n'importe quelle autre industrie cinématographique, beaucoup de scripts sont basés sur des histoires déjà écrites par des auteurs littéraires. Mais que se passe-t-il quand ces histoires se transforment visuellement ? Comment l'adaptation se fait-elle ? Où les cinéastes ont-ils échoué ou, au contraire, réussi leur pari ?

Bolly&Co a décidé de se pencher sur ces projets officiellement inspirés d'ouvrages... 056


L' H I S T O I R E G É N É R A L E Karachi, you're killing me ! ÉCRIT PAR SABA IMTIAZ EN 2014. Ayesha Khan est une jeune chroniqueuse pour un journal local à Karachi. Elle peine franchement à « réussir » dans le domaine malgré sa motivation. Ambitieuse mais maladroite, elle essaye de faire de son mieux pour être plus positive et trouver l'histoire qui fera d'elle une journaliste internationale. Comme toutes les autres femmes, elle espère aussi trouver l'amour de sa vie... Pas facile avec son métier !

Karachi se transforme en Mumbai et alors qu'Ayesha exprime clairement son envie de quitter cet enfer, Noor, elle, semble être au départ assez attachée à Mumbai. La particularité du livre, c'est que Saba Imtiaz y raconte ce qui se passe à l'intérieur de sa ville sans édulcorer ses mauvais côtés. Ayesha connait les lieux par cœur, elle a d'ailleurs des contacts un peu partout. Elle ne veut plus y vivre parce qu'elle ne s'y sent jamais complètement libre, mais elle n'oublie pas que c'est là où elle a grandi et qu'il y a des endroits absolument magnifiques. Malgré sa négativité, le livre se termine sur une note positive où la colère de la journaliste pour sa ville s'atténue. Dans Noor, c'est l'inverse. Elle qui semblait

Noor RÉALISÉ PAR SUNHIL SIPPY EN 2017. Noor Roy Chaudhary est une journaliste télévisée à Mumbai. Elle veut travailler pour la CNN et quitter sa ville pour travailler à l'étranger. Un peu trop négative sur la vie, elle décide de prendre les choses en main et de réussir dans tous les domaines. Elle veut reprendre le contrôle de sa vie et prouver qu'elle est capable de plus.

Dans la globalité, l'histoire semble identique à deux exceptions près : la ville et le métier.

satisfaite de Mumbai, finit par haïr la ville. Elle part plus dans un esprit de changement que d'acceptation. E N TANT QUE J O URNAL ISTE P O UR L A PRESSE LO CAL E , AYESH A EST DANS L'ÉC RITURE . Elle se fiche en permanence de son look, parce qu'elle se concentre davantage sur les mots. Passionnée, elle accumule les heures supplémentaires et les articles de dernière minute. Elle est douée ! Aucun doute là-dessus, mais elle n'arrive pas à saisir d'opportunité pour se révéler. Dans Noor, la jeune femme travaille pour la télévision et pourtant, le réalisateur a tenu à garder son look de « flemmarde ». Malheureusement, durant tout le film, il ne nous convainc pas de la passion de Noor et on a même l'impression qu'elle n'est pas forcément douée dans ce qu'elle fait... > 057


LES PERSONNAGES

Ayesha/Noor Sonakshi Sinha est parfaite en Noor. Sur de nombreux points, Ayesha et Noor sont identiques. A la sortie du livre, de multiples comparaisons ont été émises entre Noor et Bridget Jones. Noor est indépendante, ambitieuse, libre. Elle fume, boit, a des problèmes comme les autres. Elle peut être parfois égoïste, parfois trop sensible.

Saad et Zara L'UN E DES FOR CES D U L IV R E RÉS ID E DANS L ES P E R S O N N AG ES D ES D E U X AM I S D'AY ES H A : SA A D E T Z A RA . Le film ne les a pas changé, conservant ce qui fait leur essence et les positionnant en soutiens sur lesquels Ayesha/Noor s'appuie. Pourtant, Zara n'est à l'origine pas DJ comme dans le film, mais journaliste TV ! Elle a fait des études similaires à celles de Noor et les deux amies se comprennent parfaitement dans leurs vies rythmées. Shibani Dandekar est attachante et drôle. Elle est prête à tout pour son amie, la connaissant d'ailleurs par cœur. Elle est là pour aider Ayesha/Noor à aller de l'avant. Saad est l'ami d'enfance, le meilleur ami depuis toujours. Si le film a gardé le fait qu'il accumule les conquêtes, il a changé Saad en cuisinier londonien au lieu du businessman de Dubai qu'il est à la base. S'il y avait une superbe dynamique entre Saad et Ayesha dans le livre, le personnage restait

tout de même limité là où le film lui donne un peu plus de place et de profondeur (même si ce n'est pas flagrant) et le comédien Kanan Gill s'en sort plutôt bien pour ce qui constitue son premier rôle au cinéma ! Ce qu'il faut savoir, c'est que Zara et Saad ont réussi, là où Ayesha/Noor se sent toujours à l'écart, loin d'avoir réalisé ses objectifs.

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N O O R E T SAAD


Jaime/Ayan C 'EST SANS DO UTE L'UN DES P ERSO NNAG ES QUI AFFIC H E L E PLUS D E DIFFÉ RE NC ES E NTRE L'O UVRAG E E T L E MÉ TRAG E , E T E NCO RE . . .

AYAN E T NOOR

Shekhar LE PAT R ON DE AYES HA /N O O R TI ENT U NE GRA N D E P L AC E DA N S L'HISTOI R E ! Mais le Shekhar du livre est complètement différent du Shekhar du film. C'est simple, dans le livre, Shekhar est le patron d'un journal papier qui fait de son mieux pour maintenir son entreprise à flot. Concentré sur son but, il est tyrannique, un peu égoïste et n'a pas le temps de publier les récits d'Ayesha parce que personne n'a envie de les lire. Dans le film, il est un modèle pour

Jaime est un journaliste/photographe qu'Ayesha rencontre lors d'un festival. Américain et visiblement charmant, elle tombe sous son charme. Dans le film, c'est Purab Kohli qui interprète Ayan, dont l'histoire est relativement différente. Le personnage d'Ayan est cependant un peu plus travaillé, plus approfondi et permet presque d'ajouter une dose de drame dans l'histoire de Noor, là ou l'histoire de Jaime est assez superficielle. L'acteur est formidable. Je ne peux pas en dire plus au risque de spoiler, tant il a une part importante dans la vie d'Ayesha/Noor. Il est celui qui va lui permettre d'ouvrir les yeux sur son travail, mais aussi celui qui va la pousser à grandir.

Ayesha ! Leur relation semble plus intime et Shekhar semble partager un lien assez fort avec elle. Je ne pense pas que c'était nécessaire. En étant véritablement un patron « horrible », Shekhar poussait Ayesha à se dépasser. En ayant une relation plus personnelle avec lui, Noor est parfois odieuse et irrespectueuse envers cet homme qui semble l'aider à grandir dans le domaine du journalisme.

Et ce point fait qu'on a tendance à trouver Noor hors de propos et parfois même injuste. > 059


L'A M B I A N C E G L O B A L E

Dans le livre, Ayesha sait toujours de quoi elle parle. Le roman est alimenté de faits et d'anecdotes réelles liées à Karachi. C'est une vraie plongée dans l'histoire de la ville. Son travail fait qu'elle est incollable et que sa culture générale est au top. Ayesha est intelligente et futée. Elle sait aussi comment faire pour dénicher les informations dont elle a besoin afin de nourrir ses articles.

L'ambiance globale du livre est légère et honnête. C'est un peu prévisible, mais sa force réside dans sa ville et dans la narration fun d'Ayesha. Le film a échoué dans la mise en avant de Mumbai et quand Noor raconte son histoire, elle semble plus pessimiste qu'optimiste. Elle semble se plaindre constamment sans vraiment chercher des solutions.

C'est un aspect qui manque à Noor.

Tout lui tombe dessus sans qu'elle ne fasse rien. L'histoire qu'elle trouve (et qui est liée à sa femme de ménage, inexistante dans le livre) est complètement inventée par l'équipe du film pour qu'elle touche Noor plus directement. Le métrage se focalise alors plus sur cette affaire que sur le personnage et génère un vide considérable dans la narration. La trame ne peut pas commencer avec des ambiances légères et 'feel good' pour se perdre ensuite dans le drame surdosé. L'histoire que trouve Ayesha est liée à une rencontre faite trois ans plus tôt ! C'est sa passion qui l'amène à creuser et à faire son maximum pour en savoir plus sur la nature des événements. . LE FI L M A TOTA L E M E N T ÉC HO U É DAN S L A R ÉÉCR IT U RE D E C E T T E PART I E DU L I VR E , S IM P L E M E N T POU R L'A DA P T E R À M U M BA I. Mais le manque de crédibilité de Noor dans son travail est loin de nous convaincre de ce qu'elle fait et la seconde partie du film perd de son rythme et de son charme. 060

La note d'adaptation

4/10 Si les personnages sont fidèles à ceux du livre, l'histoire finit par nous donner l'impression qu'il manque un fil conducteur. Le tout est parsemé de scènes copiées puis collées de l'histoire écrite par Saba Imtiaz et semble en totale incohérence avec ce que le film souhaitait raconter. Même si certains légers changements sont intéressants, le simple fait de ne pas avoir fait plus de recherches sur Mumbai donne l'impression d'avoir bâclé le film sur le côté « journalisme ». Et autant le dire tout de suite, c'est quand même l'un des points les plus importants de l'oeuvre...


P

P L AY L I ST

playlist CES CHANSONS CULTES DES SIXTIES. MOTS PAR E LODIE P HOTOG RAP HIE : MADH UBALA DANS L E FIL M MUG HAL-E-AZAM

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1 . P y a r K i y a To

4. Chahe Koi Mujhe

Darna Kya

Junglee Kahe

DE MUGH AL- E-AZA M (1 9 60) COMP O SÉ PAR NAU S HAD I N TERP RÉTÉ PAR LATA M ANGES HKAR

DE J U N G LE E ( 19 6 1) CO MP O S É S H A N K A R JA I K I S H A N IN T E R P RÉ T É PA R M O H A M M E D RA F I

C'est pour cette chanson emblématique que le prince Salim tombe sous le charme de la belle courtisane Anarkali. Brillamment écrite par Shakeel Badayuni, elle met en avant la voix incontournable de Lata Mangeshkar.

Cette chanson complètement démente a généré le mythe du fameux “Yahoo”, hurlé dans les montagnes du Cachemire par le puissant Shammi Kapoor. Il marque aussi le moment ultime durant lequel Shekhar décide de vivre au jour le jour.

2. Ajeeb Dastan H a i Ye h DE D IL AP NA AUR PR E E T PARAI (1 9 60) COMP O SÉ PAR SH ANKAR JAIKIS HAN I N TERP RÉTÉ PAR LATA M ANGES HKAR

Cette chanson aux inspirations hawaïennes représente l'état d'esprit de la belle Karuna, jouée par Meena Kumari. Shankar Jaikishan remportera le Filmfare Award du Meilleur Compositeur, battant Naushad nommé la même année pour Mughal-E-Azam.

3. Abhi Na Jao Chhodkar

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5. Baar Baar Dekho DE C H I N A TOW N ( 19 6 2 ) CO MP O S É RAV I IN T E RP R É T É PA R M O H A M M E D RA F I

Si l'album de métrage n'a pas fait mouche, ce titre est pourtant devenu un véritable classique. Avec ses influences jazzy, cette chanson permet à Shammi Kapoor de danser joyeusement tout en utilisant ces expressions qui le caractérisent tant.

6 . Ye h C h a n d S a Roshan Chehra

DE H UM D ONO (1 961 ) COMP O SÉ PAR JAIDE V I N TERP RÉTÉ PAR M O HAM M E D RAFI & AS HA BH OSLE

DE K AS H M I R K I K A LI ( 19 6 4 ) CO MP O S É PA R O. P. N AY YA R IN T E RP R É T É PA R M O H A M M E D RA F I

Légendaire chanson d'amour portée par les voix de Mohammed Rafi et Asha Bhosle, ce duo met en avant Dev Anand et l'actrice Sadhana Shivdasani dans une légère séquence de romance où le Capitaine Anand tente de conquérir le cœur de Meeta.

On retrouve Shammi Kapoor et la voix du formidable Mohammed Rafi pour cette sérénade à destination de l'unique Sharmila Tagore, dont il s'est épris dès le premier regard. Les paroles de S.H. Bihari sont absolument mémorables.


4. Lag Ja Gale

RA JES H K HANNA E T S HA R MIL A TAG O R E DA NS L E F IL M A RA D H ANA

DE WOH KAUN TH I (1 9 64 ) COMP O SÉ PAR MADAN M O HAN I N TERP RÉTÉ PAR LATA M ANGES HKAR

Ce métrage aux airs de thriller puise sa force dans sa musique parfaitement utilisée tout au long de son histoire. Mais la chanson la plus emblématique reste cette douce ballade avec la puissante voix de Lata Mangeshkar associée au charisme de l'incroyable Sandhya .

8. Mere Mehboob Qayamat Hogi DE MR X IN IND IA (1 9 64 ) COMP O SÉ PAR LAXM IKANT- PYAR E L AL I N TERP RÉTÉ PAR K IS HO R E KU M AR

Acteur et chanteur, Kishore Kumar n'a jamais hésité à poser sa voix pour les bandes-originales de ses films, apportant des merveilles pleines d'émotion. Dans ce film de science-fiction, il est le poète romantique au cœur brisé qui se retrouve invisible...

9.

Dil Jo Na

Keha Saka DE BH E EGI RAAT (1 9 65) COMP O SÉ PAR R OSHAN I N TERP RÉTÉ PAR LATA M ANGES HKAR

Il y a une version masculine de cette chanson avec l'excellent Mohammed Rafi, concluant le film dramatiquement. Mais c'est surtout la version féminine avec Meena Kumari qui marque par ses paroles douces et passionnées.

10.

Aaja Aaja Mein

H o o n P y a r Te r a DE T E ES R I M A N ZI L ( 19 6 6 ) CO MP O S É PA R RA H U L D E V B U R M A N IN T E R P RÉ T É PA R M O H A M M E D RA F I E T AS H A B H O S LE

Cette chanson rock 'n' roll permet de retrouver le fantastique duo formé par Mohammed Rafi et Asha Bhosle. Le rythme prenant et la bonne humeur de cette séquence musicale nous permettent de retrouver l'excellent Shammi Kapoor et son langage corporel unique.

11.

Mere Sapno

Ki Rani DE A RA D H A N A ( 19 6 9 ) CO MP O S É PA R S . D. B U R M A N IN T E R P RÉ T É PA R K I S H O R E K U M A R

Chanson d'introduction du film Aradhana, elle permet de présenter le héros du film : Arun (Rajesh Khanna), qui se demande quand la fille de ses rêves arrivera dans sa vie... Alors que la belle Vandana (Sharmila Tagore) le remarque chanter et tombe sous son charme... 063


A

BO L LY& CO E N ACT I O N

INTERVIEW

PRADIP KURBAH MOTS PAR E LODIE

En avril dernier, j'ai eu la chance d'être présente lors du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, qui fêtait d'ailleurs ses 5 ans. Dans une ambiance riche en découvertes, j'ai assisté à la quasi-totalité des projections et j'ai même voté à la fin des séances pour le prix du public. Absente lors de la cérémonie de clôture, j'ai tout de même été ravie d'apprendre le résultat loin sur mon île (j'étais en voyage en Crête) : les films Vaagai Sooda Vaa et Onaatah: Of the Earth ont fini ex-aequo pour le titre de métrage favori des spectateurs.

Ces deux œuvres positives et pleines de poésie constituaient en effet mes coups de cœur du festival. Pour ce 11ème numéro, j'ai donc décidé de partager avec vous l'interview de Pradip Kurbah, réalisateur d'Onaatah: Of the Earth, présent à Toulouse lors du festival et plus qu'heureux d'échanger avec le public français sur son travail.

Onaatah est votre second film en tant que réalisateur, pour lequel vous avez également écrit le script. De quoi parle-t-il ? Pradip Kurbah : Onaatah : Of the Earth raconte le périple d'une survivante de viol. Que faites-vous quand la vie atteint ses limites ? Abandonner est une option, mais pas forcément le meilleur des choix. Onaatah, blessée de l'intérieur et par l'étroitesse de la société, en prend conscience. Quand une nuit en particulier continue de l'effrayer après des années, que la cour de justice et la société n'ont 064

de cesse de la blesser, elle se sent brisée. M AIS IL Y A UN AUTRE MO NDE , U N E AUTRE SO C IÉ TÉ QUI EST C H AL E URE USE E T P RÊ TE À LUI T E NDRE L A MAIN PO UR L'AIDE R À SE RE L E VE R. Onaatah décide d'entreprendre ce voyage qui changera sa vie. Et puis, il y a Duh, un garçon qui n'a aucun problème avec la vie et qui pourtant en connait davantage le sens. Est-ce qu'Onaatah comprendra les sentiments profonds de Duh ? Sera-t-elle capable de l'aimer en retour après tout ce qu'elle a vécu ?


Votre film est en langue khasi. Il y a tant d'industries en Inde comme les métrages khasi qui ne bénéficient pas de sortie en dehors de l'Inde. A votre avis, pourquoi les distributeurs ne donnent-ils pas une chance aux films khasi ou encore à ceux en langues bhojpuri ou assamaise ? PK : C'est tout un business et la plupart des réalisateurs ne penseront même pas à donner une chance à ce type de films. Mais nous ne pouvons pas leur en vouloir : pourquoi quelqu'un irait voir un film khasi s'il peut voir un film Hollywoodien ou Bollywoodien ? C'est une langue moins pratiquée. Mais si vous voulez vraiment raconter une histoire, la langue comme la distribution ne font aucune différence.

Vous avez reçu un National Award pour ce projet. Comment avez-vous réagi quand vous l'avez appris ? PK : Quand j'ai commencé ce projet, il était important pour moi de raconter cette histoire. Cependant, recevoir ce prix était incroyable pour moi. J'étais très excité quand j'ai entendu la nouvelle.

Merlvin Mukhim et Sweety Pala sont les acteurs principaux du film. Ils ont déjà joué ensemble dans plusieurs projets et leur alchimie est très appréciée. Pourquoi les avoir choisi pour votre film ? PK : Ils ont travaillé avec moi dans deux de mes métrages et j'apprécie énormément la connexion qu'il y a entre eux. D'ailleurs, en écrivant le script, j'avais Sweety en tête. >


Qu'est-ce qui est le plus difficile : écrire un bon script ou en faire un bon film en tant que réalisateur ? PK : Quand vous écrivez un script ou pendant le tournage, c'est difficile de savoir si vous faites bien ou non parce qu'à la fin de la journée, c'est surtout l'audience qui va décider. Je crois simplement à l'approche honnête de mon travail.

Vous avez fait tout le chemin jusqu'à Toulouse pour présenter Onaatah à un public français habitué à un cinéma indien mainstream. C'est formidable de pouvoir montrer que le cinéma indien ne se résume pas à Bollywood uniquement, qu'il y a des cinéastes qui font des films saisissants avec un budget moins conséquent. Qu'en pensez-vous ? PK : Si le contenu du film est bon, le budget ou la promotion du film n'ont pas

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d'importance. Vous racontez une histoire quoi qu'il arrive.

Avec Onaatah j'ai aussi appris que si on a une histoire qui se connecte à l'audience, la langue ou la région ne sont plus une barrière. D'ailleurs, grâce aux réseaux sociaux, les gens parlent du cinéma d'une toute nouvelle façon. L ES FIL MS SO NT DE P LUS E N P LUS A PP RÉC IÉS E T C É L É BRÉS.

Avez-vous des futurs projets sur lesquels vous travaillez en ce moment, soit en tant que réalisateur ou producteur ? PK : Mon prochain film s'appelle Iewduh. Iewduh est le plus vieux et le plus grand marché de Shillong et c'est également le plus animé du nord de l'Inde. A part ça, ça tourne autour de relations inhabituelles.

FRÉ DÉ RIQUE BIANC H I, P RO G RAMMATRIC E DU FESTIVAL , E T PRADIP KURBAH LO RS DE L A SO IRÉ E DE C LÔTURE .


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T TA B U

TABU Retour sur son parcours P HOTOG RAP HIE PAR JATIN K A MPANI PO UR F EMINA MOTS PAR ASMAE

TA B U EST U N E IN STITUTIO N. VO IL À . M E RC I D E VOT R E ATTE NTIO N.

Je plaisante !

La carrière de l'actrice est tellement riche qu'un article biographique risque de couvrir l'intégralité du magazine. C'est d'ailleurs ce qui fait la spécificité de Tabu : sa productivité, qui n'a pour autant jamais mis en péril la fraîcheur de ses rôles. Contrairement à nombre d'actrices de sa génération, elle ne s'est pas éloignée des plateaux de tournage pour se marier et pouponner. Rien ne l'arrête. Ainsi, Bolly&Co vous propose de vous attarder sur les dates qui ont marqué le parcours de Tabu.

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DE V ANAND E T TABU DANS L E FIL M H UM NAUJAWAN

4 novembre 1971 Tabassum Fatima Hashmi voit le jour à Hyderabad au sein d'une famille musulmane du Telangana (anciennement Andhra Pradesh). Ses parents divorcent quand elle est encore très jeune, Tabassum vivra alors auprès de sa mère Rizwana Azmi, enseignante. « Ma mère a été mon ancre

émotionnelle tout au long de ma vie. Elle m'a rendu tout cela tellement facile. » Rizwana est d'ailleurs la sœur d'une grande actrice : Shabana Azmi.

1985 Tabassum et sa grande sœur Farah viennent régulièrement en vacances à Mumbai chez leur oncle Ishan, alors directeur de la photographie pour le cinéma hindi. Durant ces séjours, elle attire l'attention sur elle et fait sa première apparition à l'écran en 1982 dans Bazaar. Elle capte notamment

le regard de Sushma Anand, belle-soeur de l'acteur Dev Anand. C'est ainsi que Tabu signe son premier rôle consistant avec Hum Naujawan, dirigé par Dev et dans lequel il est également le héros.

Tabu y incarne sa fille violée puis assassinée. Alors âgée de 14 ans, l'adolescente est bouleversante dans la peau de ce personnage bref mais à l'influence majeure sur l'histoire. Ce rôle noir est le premier d'une longue liste pour la comédienne, qui fera des personnages torturés son fer de lance. « C'était une excitation nerveuse étrange et emplie d'anxiété. J'étais encore scolarisée quand j'ai été choisie pour le rôle. Du coup, je leur ai dit que je n'allais pas quitter l'école pour faire du cinéma. Quand je venais pour les vacances, nous pouvions tourner. » > 069


Sur le plateau de tournage, Farah vient la voir régulièrement et est recommandée personnellement par Dev Anand au réalisateur Yash Chopra, qui décide de l'intégrer au casting de son film Faasle. En 1983, Farah décide donc d'emménager à Mumbai avec sa mère afin de poursuivre une carrière d'actrice. Mais Tabu souhaite rester à Hyderabad auprès de sa grandmère, de laquelle elle est très proche. « Pendant trois ans, je suis restée à Hyderabad, je venais à Mumbai pendant les vacances d'été et d'hiver. Et ma sœur avait signé genre 2000 films à l'époque, pendant ces deuxtrois années. Donc à chaque fois que j'étais en vacances et qu'elle avait un tournage en extérieur, je l'accompagnais. Comme le Cachemire, je me souviens y être allée en 1986, quand j'étais en Terminale. Ensuite Goa... Ah, je suis allée dans de si beaux endroits où elle tournait. Et après avoir terminé l'école secondaire, je suis enfin venue à Mumbai. » Elle acceptera de les rejoindre définitivement en 1986 et poursuivra ses études d'arts à l'université St Xavier. « Je n'ai jamais eu envie

de devenir actrice. Je n'y ai jamais pensé, je n'ai jamais aimé ça et je ne regardais jamais de films. J'ai toujours fui cette voie. »

Décembre 1987 Le producteur Boney Kapoor lui déroule le tapis rouge et la caste face à Sanjay Kapoor dans le film Prem, dirigé par le grand Shekhar Kapur. C'est le cinéaste luimême qui la démarche, une proposition qui effrayera la jeune fille de 16 ans à l'époque. « Je lui ai dit 'Non, oncle Shekhar, ne

fais pas ça, je viens de m'inscrire à l'université.' Et il m'a répondu 'juste 070

un film et je te promets que je t'enverrai en Amérique pour tes études, quoique que tu veuilles faire, dis-le moi'.

Ce projet est ainsi le premier rôle principal que Tabu signe officiellement. Mais le réalisateur est éclipsé du projet au profit de Satish Kaushik. Surtout, le tournage puis la post-production de Prem traînent en longueur, menant à une sortie en 1995 dans l'indifférence générale.

12 juin 1991 Son premier film en tant qu'actrice vedette sort en salles. Il s'agit du métrage télougou Coolie No. 1, avec Venkatesh pour lui donner la réplique. Rien d'étonnant à voir Tabu se lancer à Tollywood puisque la jeune femme est originaire d'Andhra Pradesh. Coolie No. 1 résultera en hit au box-office local, mais Tabu sait que rien ne presse. Ainsi, elle s'absente des écrans pendant 3 ans.

1995 40ème cérémonie des Filmfare Awards, qui récompense le meilleur du cinéma hindi de 1994. Cette année-là, Tabu est à l'affiche de deux projets à Bollywood. Le premier, Pehla Pehla Pyar, constitue une copie strictosensu du classique américain Vacances Romaines et l'oppose à Rishi Kapoor. Le métrage fera un bide retentissant au boxoffice. Pour le second, elle remplace au pied levé la regrettée Divya Bharti, décédée en 1993, pour le projet Vijaypath. Face à Ajay Devgan, la jeune femme séduit et signe son premier succès commercial en langue hindi. Elle sera sacrée Meilleur Espoir Féminin lors de cette cérémonie. « J'éprouve de la

fierté en repensant à Vijaypath. >


TABU DANS LE FILM VIJAYPATH

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TABU ET CHANDRACHUR SINGH DANS LE FILM MAACHIS

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C'est mon plus gros succès. Cela fait 15 ans (l'interview date de 2007, ndlr) et personne n'a oublié 'Ruk Ruk Ruk'... Après mon précédent film Prem, ma carrière ne me menait à rien. Personne ne voulait travailler avec moi. [...] J'ai adoré travailler avec le chorégraphe Chinni Prakash. Il a rendu le tournage amusant et m'a permis de croire en mes capacités. »

Ce projet lui permet surtout de taper dans l'œil d'un certain Gulzar...

1996 Cette année est particulièrement faste pour l'actrice qui surfe sur le succès de Vijaypath pour être des plus productives. Elle fait d'abord ses débuts à Kollywood avec Kadhal Desam, qui fera un tabac lors de sa sortie. Plus tard, elle livre une prestation remarquée dans le film d'action Jeet pour lequel sa prestation est créditée d'apparition spéciale. Tabu sera nommée pour le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin grâce à ce métrage. Elle signe ensuite son premier projet en langue malayalam, devenu depuis un classique à Mollywood : Kaalapani, un drame historique pour lequel elle joue face à la légende Mohanlal. Tabu est ensuite du succès populaire Saajan Chale Sasural, avec Govinda et Karisma Kapoor. Elle revient au cinéma télougou dans la romance Ninne Pelladata, dont elle partage l'affiche avec Nagarjuna. Le plébiscite est monumental et la complicité entre les deux interprètes est telle que des rumeurs de liaison émergeront, vivement niées par les intéressés. Qu'à cela ne tienne, Tabu marque surtout par son jeu impeccable, qui lui vaut le South Filmfare Award de la Meilleure Actrice en langue télougoue. Mais plus que tout, 1996 est l'année de la consécration avec l'un

des projets les plus marquants de sa carrière : Maachis, réalisé par Gulzar. « Je

ne pouvais pas croire qu'il puisse me proposer un film pareil en ayant vu ces vidéos promotionnelles (pour le film Vijaypath, ndlr). Je me demande ce qu'il a bien pu y voir. Mais comme je le dis toujours, un film est un film, il n'y a pas de bon ou de mauvais film en soi. »

Juillet 1997 Elle y incarne une jeune punjabi en pleine insurrection de la communauté Sikh et livre une prestation poignante dans ce drame qui lui permet de voir son nom annoncé parmi les noms des lauréats aux National Awards, le 6 mai 1997. C'est officiel : elle remporte le National Award de la Meilleure Actrice pour Maachis, à seulement 25 ans. La cérémonie se tient en juillet de la même année, et Tabu rejoint sa tante Shabana Azmi sur la liste prestigieuse des actrices sacrées par le gouvernement indien.

31 janvier 1998 Tabu est de nouveau distinguée pour sa performance dans Virasat et reçoit ce jour-là le Filmfare Award de la Meilleure Actrice selon la critique. Elle sera également nommée dans la catégorie de la Meilleure Actrice pour ce métrage.

1999 Elle figure d'abord dans les deux films les plus lucratifs de l'an : Biwi No. 1 (avec Salman Khan et Karisma Kapoor) et Hum Saath Saath Hain (avec Salman Khan et Sonali Bendre). Preuve que Tabu est aussi en mesure de rassembler dans des registres fédérateurs et destinés au grand public. Mais c'est également en 1999 qu'elle est la > 073


star de Hu Tu Tu, pour lequel elle retrouve le réalisateur Gulzar. Elle y campe la fille d'une politicienne qui, suite à son rapt, prend conscience des manigances de sa famille pour accéder au pouvoir. Une fois de plus, Tabu est encensée, recevant pour ce film son second Filmfare Award de la Meilleure Actrice attribué par la critique.

6 octobre 2000 Ce jour sort en salles le projet bilingue Astitva, tourné en hindi et en marathi. Tabu y campe une mère de famille qui reçoit un mystérieux héritage venant soulever de multiples questionnements sur son mariage, ses amitiés et même sa relation avec son fils. Astitva vient interroger la place de l'épouse dans la société indienne au travers de l'histoire d'Aditi, brillamment campée par Tabu. A juste titre, elle est la lauréate de son troisième prix de la Meilleure Actrice aux Filmfare Awards, toujours délivré par la critique.

En ce jour est dévoilé au public le résultat d'une rencontre artistique entre Tabu et le réalisateur Vishal Bhardwaj. Il la dirige pour le métrage Maqbool, premier volet de sa trilogie shakespearienne qui s'étalera sur 10 ans. Avec ce métrage, il offre à l'actrice l'un de ses personnages les plus fascinants de complexité, forgeant le statut d'icône dramatique de la comédienne. Pourtant, cette image la dépasse, comme elle a pu l'exprimer lors d'une interview. « J'ignore

pourquoi j'ai cette image sérieuse. Je ne suis pas comme ça. Vous ne pouvez pas vous faire une idée sur quelqu'un uniquement en vous basant sur son travail. Je ne me suis jamais présentée comme quelqu'un d'intellectuel mais au fond, je dois l'être si tout le monde continue à me poser de telles questions. Je suis intelligente mais il y a tant de gens qui le sont bien plus que moi. »

23 février 2003

28 mars 2007

Elle reçoit son second National Award de la Meilleure Actrice pour un rôle puissant et inédit. En effet, dans Chandni Bar, Tabu incarne le périple d'une danseuse de bar qui, une fois devenue mère, tente d'assurer un avenir meilleur pour ses enfants. Le portrait n'est jamais misérabiliste et donne surtout à voir la résilience de cette femme confrontée à la violence ordinaire des quartiers malfamés de Mumbai. Le réalisateur de l'œuvre, Madhur Bhandarkar, se souvient.

Tabu est à l'affiche de son premier projet international, Un Nom pour un Autre, qui sort en France à cette date. Ce métrage recouvre une saveur particulière pour la comédienne, elle qui a adoré l'ouvrage duquel il s'inspire, écrit par Jhumpa Lahiri. « Quand j'ai lu

« Une

fois que vous l'avez briefé, elle se saisit du personnage entièrement. Elle gâte le réalisateur par son interprétation et sa nuance. C'est l'actrice d'une seule prise. » 074

30 janvier 2004

le livre, j'ai pensé qu'il ferait un film fabuleux parce qu'il parle de 4 êtres, c'est poétique, c'est beau. »

2008 C'est d'abord en 2008 qu'elle reçoit son quatrième Filmfare Award de la Meilleure Actrice selon la critique, qui lui est remis pour la comédie romantique Cheeni Kum. Elle y donne la réplique à Amitabh Bachchan dans ce film de R. Balki où elle >


TABU ET IRRFAN KHAN DANS LE FILM MAQBOOL

075


LES ACT E U R S DU FIL M GOLMA A L AGA I N AV EC L E R ÉAL I SAT E U R R OH I T S H E T T Y

est Nina, une critique culinaire de laquelle le personnage campé par Big B tombe amoureux. La comédienne admet s'être beaucoup retrouvée dans ce personnage. « Elle est vulnérable mais en même

temps très forte avec une personnalité affirmée. On peut dire que je possède également ces caractéristiques. » C'est aussi l'année durant laquelle on la retrouve à Tollywood avec Pandurangadu, qui lui vaudra une nomination pour le South Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin en langue télougoue.

2011 Tabu reçoit le Padma Shri, qui constitue la quatrième plus haute distinction attribuée par le gouvernement indien. L'actrice est sacrée pour sa contribution aux 076

arts du sous-continent. Habituée des récompenses, l'actrice connaît la valeur de cette reconnaissance. « Ce prix ne m'est pas remis pour un seul film ou pour une unique prestation. C'est pour l'entièreté de ma contribution. [...] C'est un honneur que je reçois pour ce que je suis. »

19 décembre 2012 C'est à cette date que la France la (re) découvre dans L'Odyssée de Pi, film d'aventure américain réalisé par Ang Lee. Elle y incarne Gita Patel, mère du héros qui se retrouve coincé sur une barque avec un tigre. Véritable expérience visuelle et émotionnelle, ce projet permet à Tabu de bénéficier d'une exposition internationale majeure. L'Odyssée de Pi sera nommé pour 11 oscars et remportera notamment celui du Meilleur Réalisateur.


2015 Elle retrouve Vishal Bhardwaj dans l'ultime projet de la trilogie shakespearienne du cinéaste. Pour Haider, elle incarne Ghazala, la mère énigmatique du protagoniste campé par Shahid Kapoor. Tabu est exceptionnelle dans la peau de cette femme envoûtante, également amante déchirée. C'est en 2015 qu'elle remportera le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin, en toute logique. Plus tard dans l'année, on la retrouve dans Drishyam, un thriller où elle joue un intraitable inspecteur de police face à Ajay Devgan. Une fois de plus, Tabu fait l'unanimité et se voit pressentie pour le Filmfare Award du Meilleur Second Rôle Féminin. « Bollywood m'a appris beaucoup et a influencé ce que je suis devenue. L'amour, l'admiration et le soutien que j'ai reçus de la part de tant de gens n'auraient pu émerger si ce n'était dans le cadre de cette profession, c'est un de ses merveilleux aspects. »

Devenue une véritable référence, la carrière de Tabu est loin d'en être à son épilogue. Bien au contraire, la séduisante quadragénaire a le souci d'explorer de nouveaux pans de son potentiel. Car Tabu a faim de comédie. Elle s'y est déjà essayée avec les succès de Saajan Chale Sasural, Biwi No. 1 et Hera Pheri, mais les cinéastes et producteurs ont depuis eu tendance à lui proposer davantage de métrages graves et intenses. « Je prends plus de plaisir dans les rôles comiques, » a-t-elle d'ailleurs pu affirmer. C'est ainsi qu'on la retrouvera cette année dans Golmaal Again, quatrième volet de la franchise comique de Rohit Shetty avec notamment Ajay Devgan

et Parineeti Chopra à sa distribution.

Elle s'inscrit dans la veine d'actrices comme Rekha, Smita Patil ou encore sa tante Shabana Azmi. Cette dernière admire le parcours de Tabu qui, à 45 ans, n'a de cesse de surprendre. « Les succès comme les échecs n'affecteront en rien la carrière de Tabu. C'est une personnalité à part et elle sera toujours le premier choix des réalisateurs pour des rôles forts correspondant à son âge. Elle est belle de manière unique. Ce n'est pas un produit de grande consommation, c'est une actrice polyvalente. » Tabu est envoûtante. Mystérieuse et atypique. Au-delà de son travail artistique, son célibat interpelle également. Lorsqu'on lui demande pourquoi elle est toujours célibataire, sa réponse est sans appel. « (rires) Sempiternelle question.

Tout le monde veut le savoir. Mes voisins me le demandent aussi. Je ne sais pas... Je ne pense pas que cette question puisse être résolue allègrement. Ce n'est pas comme lorsqu'on s'interroge sur le bide d'un de ses films. Vous ne pouvez pas répondre de cela aussi facilement. Il y a trop de facteurs qui entrent en ligne de compte. Ce n'est pas seulement à propos de moi mais aussi de l'autre personne, du timing et d'autres choses. » U N E C H O SE EST SÛRE , TABU EST U N E PE RSO NNAL ITÉ SING UL IÈ RE . Étrangement séduisante. Pas conventionnelle pour un sou. Impertinente. Douce. Forte et fragile à la fois. Bref, Tabu dans toute sa splendeur. 077


T TA B U

TA B U E N 6 P E R S O N N AG E S

L'héroïne dramatique

par excellence M OT S PA R AS M A E

Tabu est devenue une référence dans le registre du drame. Un genre qu'elle a exploré à différents niveaux, entre rôles convenus et véritables défis artistiques. Même dans des œuvres plutôt destinées au grand public, l'actrice tente de pousser les personnages qu'elle incarne dans leurs retranchements et révèle sa sensibilité palpable dans chacun de ses métrages.

Bolly&Co vous propose de revenir sur ces 6 rôles dramatiques de la star qui représentent sa polyvalence et son goût du risque, prouvant au passage que le drame n'est en rien un genre réducteur... 078

1.

L'amoureuse brisée

NINNE P E L L ADATA (19 9 6) Mahalakshmi rêve de devenir pilote de ligne et arrive à Hyderabad dans ce sens. La jeune fille se lie d'amitié avec ses voisins, notamment Seenu (Nagarjuna) duquel elle va rapidement tomber amoureuse. La famille de ce dernier est témoin de l'idylle naissante entre les deux amants. Mais les parents de Mahalakshmi s'opposent à leur amour, à coups de chantage affectif et de menaces. La belle est contrainte de renoncer à l'homme de sa vie. On voit ainsi Mahalakshmi se détruire de l'intérieur, impuissante face au refus des siens mais aussi face aux tentatives de Seenu de les convaincre. La comédienne de 25 ans à l'époque est enchanteresse dans ce film avant tout familial qui l'illustre dans un registre relativement populaire.


3.

La courtisane au grand cœur C HANDNI BAR (2001)

2.

L'épouse en quête d'identité ASTI T VA (2 0 0 0)

Véritable force de la nature, Mumtaz perd toute sa famille dans une tuerie au sein de son village. Elle arrive à Mumbai avec son oncle, qui devient sa seule famille. Ce dernier lui demande de travailler dans un bar en tant que danseuse, lui assurant que sa requête est temporaire. Mais il ne tiendra pas sa promesse et Mumtaz vivra de multiples traumatismes. Entre la mort des siens, le viol qu'elle subira et sa condition de prostituée, la jeune femme voit dans sa rencontre avec le gangster Pottya (Atul Kulkarni) le moyen de se sortir de sa situation. Lorsqu'elle devient mère, Mumtaz tente d'assurer un avenir meilleur à ses enfants et n'hésite pas à reprendre ses anciennes activités quand, face à de multiples dettes, elle doit gagner de l'argent rapidement. Tabu est impressionnante dans la peau de Mumtaz, entre force de la nature et fragilité profonde.

Aditi reçoit un important héritage qui va venir soulever de lourds secrets. L'histoire revient sur la stérilité de son mari Srikanth (Sachin Khedekar), sur la solitude qu'elle éprouve lorsque celui-ci s'absente pour son travail, lui interdisant d'exercer sa propre activité professionnelle. Aditi se réfugie alors dans la musique et entretient une liaison avec son professeur, Malhar (Mohnish Behl). Cette infidélité fait d'Aditi une paria aux yeux de son mari et de son fils, là où Srikanth a également pu entretenir des relations extra-conjugales. Aditi soulèvera l'injustice de cette société qui juge allègrement les femmes pour leur moindre pêché, là où ceux des hommes sont étrangement passés sous silence. L'actrice est magistrale dans ce rôle initialement écrit pour Madhuri Dixit. 079


4.

La tragédienne torturée HAIDE R (2 0 1 4 )

Femme trouble et chancelante, Ghazala est une séductrice qui s'ignore, qui exploite ses charmes pour manipuler les hommes de sa vie. Elle obtient ainsi de Khurram (Kay Kay Menon) qu'il supprime son mari et qu'il devienne ce qu'elle attend de lui : un homme de pouvoir. Elle entretient une relation ambigüe avec son fils Haider (Shahid Kapoor). Lorsqu'il s'oppose à elle, elle tente de le séduire également, comme si ce mode de communication était le seul qu'elle maîtrisait réellement. Ghazala est énigmatique, et même dans la scène conclusive du métrage, il est difficile de la cerner. Elle manifeste une souffrance profonde et un esprit écorché, sur lesquels elle peine à poser des mots. Ghazala est ambivalente et imprévisible. Elle constitue le véritable mystère de Haider, incarné avec grâce et sensibilité par Tabu.

5.

L'imperturbable inspectrice D R ISH YAM (2015 )

Meera enquête sur la disparition de son fils Sameer, ses principaux suspects étant Vijay (Ajay Devgan) et sa famille. Impitoyable, Meera ne recule devant rien pour découvrir ce qu'il est advenu de son fils, sans se douter que ce dernier n'est pas tout à fait innocent. On voit cette femme se perdre entre son rôle d'inspecteur et celui de mère, réagissant comme une louve tentant de protéger son petit lorsqu'elle est face à son suspect. Meera est une femme coriace et ne se laisse impressionner par personne. Le seul moment où elle perd pied, c'est quand son fils disparaît. Sa posture professionnelle est de plus en plus floue car dans cette affaire, c'est la mère qui enquête. Tabu est une fois de plus brillante dans un rôle à double-tranchant, vacillant entre dureté et vulnérabilité. 080


6.

La mère névrosée FITOOR (2 0 1 6 )

Begum Hazrat Jaan noie son chagrin dans le narguilé. Comme si cette épaisse fumée allait camoufler sa tristesse. De loin, elle semble impénétrable. Begum incarne pourtant l'amour dans ce qu'il y a de plus destructeur. Elle a aimé, elle a été détruite et abhorre ce sentiment amoureux qui l'a anéantie. Lorsque sa fille Firdaus (Katrina Kaif) s'éprend du jeune Noor (Aditya Roy Kapur) issu d'un rang social inférieur, elle fait tout pour mettre fin à cette idylle. Car Begum est dans la projection de sa propre histoire. Elle aussi a aimé à la folie. Elle a aimé sans se soucier du statut, de l'argent ou de la société. Cet amour, elle l'a investi et elle a voulu y croire. Mais cet échec l'a transformé. Begum est devenue impassible. Elle ne communiquera plus cet amour qui l'a réduite en miettes. Sa fille en fait les frais, elle qui doit faire face à cette mère que rien ne semble ébranler. Alors qu'au fond, Begum reste cette jeune fille brisée, qui a aimé de tout son être cet homme qui l'a utilisé. Si Tabu a remplacé Rekha au pied levé pour ce rôle, il faut savoir qu'elle a été la première à se voir proposer Fitoor, qu'elle a dû refuser par manque de disponibilité. Ce personnage était, semble-t-il, fait pour elle, et elle est la véritable héroïne de Fitoor, extrême et tourmentée. 081


T TA B U

TA B U

Son évolution en 4 chansons M OT S PA R AS M A E

La carrière de Tabu est jalonnée de plébiscites populaires et de succès d'estime, avec surtout cette propension à l'originalité chez la comédienne. C'EST P OU R QU OI B O L LY& CO VOU S P R OP OS E D E RE V E N IR S U R 4 M OR CEAU X QU I IL LU ST R E N T L A T RAJ ECTOI R E ET L A S E N S IB IL IT É DE C ET T E ACT R I C E U N IQ U E E N S O N GENR E... 082

TABU DANS L E FIL M C H E E NI KUM


1.

« Ruk Ruk Ruk »

DE VI JAY PAT H (1 9 9 4) I NT ER P R ÉT É PAR A L IS HA C HIN OY COMP OS É PA R AN U M A L IK Dans ce masala commercial, Tabu est clairement lancée au cinéma. Mais déjà à l'époque, elle incarne une femme impitoyable et déterminée. Avec ce titre, c'est Mohini, le personnage qu'elle incarne, qui fait une cour assidue à Karan, campé par Ajay Devgan. Tabu danse comme jamais dans cette chanson qui reste en tête, devenue un véritable classique de la musique filmi des années 1990.

2.

« Rang De »

DE T H A K S H A K (1 9 9 9 ) I NT ER P R ÉT É PAR AS HA B HO S L E ET A .R . RAH M AN COMP OS É PA R A. R . RA HM A N Morceau incontournable du métrage, « Rang De » illustre la belle Suman, une femme forte qui tente de libérer l'homme qu'elle aime de la violence et de l'illégalité dans lesquelles il a toujours baigné. Suman est bien plus que la classique amoureuse, elle vient questionner l'existence aux frontières de la loi du héros et l'amène à concevoir son avenir différemment. La voix pure d'Asha Bhosle affronte l'instrumental tonitruant d'A.R. Rahman, incarnant la lutte entre le monde de Ishaan et celui de Suman.

3.

« Rone Do »

D E MAQBO O L (2004) IN TE RP RÉ TÉ PAR RE KH A BH ARDWAJ COMPO SÉ PAR VISH AL BH ARDWAJ Maqbool constitue l'un des films les plus captivants de la filmographie de Tabu. Dans « Rone Do », on découvre Nimmi, une femme aux multiples facettes, tantôt à fleur de peau tantôt manipulatrice. C'est elle qui mène la danse et qui amènera Maqbool, incarné par Irrfan Khan, à commettre l'irréparable. Entre rires et larmes, ce titre souligne la complexité du personnage de Nimmi tout comme l'évidente tendresse qu'elle éprouve pour Maqbool.

4.

« Baatein Hawa »

D E C H E E NI KUM (2007 ) IN TE RP RÉ TÉ PAR SH RE YA G H O SH AL E T AMITABH BAC H C H AN COMPO SÉ PAR IL AIYARAAJA Reprise d'une chanson tamoule de 1986, « Baatein Hawa » donne à voir Tabu dans le rôle de Nina, une trentenaire exigeante qui tombe amoureuse d'un homme de 64 ans, joué par Amitabh Bachchan. Dans cette séquence musicale, elle tente d'impressionner avec douceur le rustre Buddhadev, une délicatesse portée par la comédienne ainsi que par le timbre de la chanteuse Shreya Ghoshal. 083


F

F L AS H BAC K

Cheeni Kum MOTS PAR ASMAE

Tabu fait partie de ces actrices auxquelles il est difficile de trouver des coquilles dans la filmographie. Cheeni Kum ne déroge pas à la règle et offre à la comédienne l'un de ces rôles sensibles qui ont fait sa gloire. Elle y donne la réplique à la légende Amitabh Bachchan dans une comédie romantique pétillante et intelligente, loin des grosses ficelles qui incombent d'habitude au genre. En effet, Cheeni Kum vient illustrer la société de l'âge dans laquelle vit le héros, au sein de laquelle l'âge d'une personne doit viscéralement définir ce qu'elle doit être, de son caractère à ses objectifs. Buddhadev, incarné par Big B, voit son célibat remis en cause sur la seule base de ses 64 ans, puisque la société tend à réglementer nos existences en fonction de nos âges. Un homme mûr devra avoir accompli davantage de choses qu'un homme jeune, comme si ce nombre représentait le degré d'attente de la société. Surtout, l'âge est hélas trop souvent affilié à notre personnalité et à notre maturité, là où en réalité, il n'est ni représentatif de ce qu'on est, ni de notre propension à être responsable. EN CE S ENS , C H E E N I K U M EST V IF E T PLEIN D' ES P R I T P U IS Q U 'IL D É PAS S E LA S I M P L E COM É D IE S E N T IM E N TA L E . Ce qui est délicat avec Cheeni Kum, c'est qu'il fait quelque peu office d'ovni à Bollywood. On ne le qualifiera pas de classique à la manière d'un Kuch Kuch Hota Hai, d'un Mughal-E-Azam ou encore d'un 084

Hum Tum. Vous êtes encore nombreux à ne pas l'avoir vu, probablement parce que Cheeni Kum est une œuvre discrète de la filmographie du titanesque Amitabh Bachchan, là où trônent les Sholay, Deewar et autres Coolie. Mais c'est justement ce qui fait la singularité de ce métrage, dans lequel le grand Big B s'adapte à l'univers plus nuancé de la sublime Tabu, et non l'inverse.

Cheeni Kum n'est pas une ode à l'aura d'Amitabh. C'est une romance distillée qui est venue rappeler qu'Amitabh Bachchan est avant tout un interprète d'exception, absolument intemporel. Son duo avec Tabu ne sonne jamais faux, leur complicité est délicate, pleine de tendresse. Leurs individualités se complètent, bien qu'elles se confrontent parfois. R. Balki ne tend jamais à étouffer les personnalités des uns et des autres. Chaque protagoniste tient une place majeure, aussi


bien ceux en tête d'affiche que les seconds rôles, brillamment portés par l'attendrissante Zohra Sehgal et le désopilant Paresh Rawal... Mention spéciale à la délicieuse Swini Khara, bouleversante dans la peau de la 'Sexy', petite fille malade devenue la meilleure amie du héros.

Sagar Cheeni Kum représente pour moi un film qui brise les stéréotypes et montre que l'amour n'a pas d'âge. Et peu importe l'âge qu'on a, il est toujours difficile de convaincre nos parents.

Brice Cheeni Kum c'est une œuvre avant-gardiste qui a remis Amitabh Bachchan au goût du jour et qui a permis a Tabu de briller ne serait-ce qu'un peu plus, un casting impeccable comptant aussi les grands noms que sont Zohra Sehgal et Paresh Rawal... L'histoire d'amour entre un homme de 64 ans et une femme de 30 ans sa cadette, ce n'est pas banal. Et il y a 10 ans, c'était encore assez sensible comme sujet. Pourtant, le film marche merveilleusement bien, sans doute grâce aux performances majestueuses des acteurs principaux. Un film à voir absolument pour l'amour des sentiments, l'amour des relations sincères et avant toute chose pour l'amour de la vie.

Fatima Zahra Cheeni Kum est un film comme il en existe peu : une comédie romantique tournée avec tact et gérée avec une grande maturité et un réalisme étonnant. Au lieu d'offrir

Comme je le disais donc, vous êtes nombreux à ne pas avoir vu Cheeni Kum. J'ai donc profité de cette occasion pour récolter les avis des quelques personnes ayant visionné le métrage, certains pour les besoins de cet article. Voici donc ce que nos lecteurs ont retenu de ce film magnifique...

l'histoire classique du jeune homme insouciant qui ne donne un sens à sa vie qu'en rencontrant "la" femme, le premier bébé de R. Balki a comme personnage principal un homme accompli, chef dans son propre restaurant londonien, qui voit sa vie changer pour le meilleur (ou le pire) quand ses sentiments se manifestent pour une femme de 30 ans sa cadette. L ES P O INTS FO RTS DU MÉ TRAG E S O NT SA SIMP L IC ITÉ , SO N SC RIPT E T L ES PE RFO RMANC ES DE SES ACTE URS. >


Amitabh Bachchan représente à la perfection le vieil homme amer et sarcastique, tandis que Tabu est en face de lui un véritable rayon de soleil, pétillante et rayonnante. L'histoire est tenue par son simple réalisme et ses dialogues sarcastiques : en d'autres mots, l'humour idéal pour moi !

Je ne rate pas l'occasion de le revoir quand il passe à la télévision, même si la dernière fois remonte à quelques années, maintenant. Raison de plus pour moi de le revoir, et pour vous de le découvrir !

Rani Reena JE C L ASSE RAI TO UT D'ABO RD C E F IL M DANS L A CASE DE L A RO MANC E IN TE RG É NÉ RATIO NNE L L E , C E QUE JE N'AVAIS, J E PE NSE , JAMAIS E U L'OCCASIO N DE VO IR AUPARAVANT, D U MO INS PAS AVEC UN AUSSI G RAND ÉCART D'ÂG E . C'est une romance comme je les aime, du type 'old school', c'est-à-dire dans le respect, un film à voir en famille comme Kabhi Khushi Kabhie Gham, Baghban etc... (petit clin d'oeil à Amitabh). Pour reprendre, Cheeni Kum est l'histoire de Buddhaji, un homme de 64 ans égocentrique, chef d'un restaurant indien de prestige dans le centre de Londres qui


vit avec sa mère. Durant un service, d'une manière assez spontanée, il fait la rencontre d'une jeune femme en visite à Londres : Nina, âgée de 34 ans. Ce film reprend les différentes étapes d'une romance assez atypique, la rencontre, l'amitié puis les sentiments qui apparaissent accompagnés de nombreuses disputes et enfin l'acceptation de leur couple par euxmêmes puis par leurs familles, en particulier par le père de Nina (joué par Paresh Rawal), qui est par ailleurs plus jeune que Buddhaji. D'un point de vue critique, cette romance ne m'a pas particulièrement choqué, bien que Nina ait l'âge d'être sa fille ! Mais pour le coup, leur idylle coulait de source, deux grand acteurs qui se complètent l'un l'autre sans pour autant tomber dans quelque chose de rebutant. Cheeni Kum n'est pas un film impressionnant en soi, mais le scénario et la manière dont il est tourné le sont. Et les acteurs choisis rendent le film brillant. Dans ce métrage, ce que j'ai le plus apprécié, c'est la relation entre Bhuddhaji et sa voisine (une enfant de neuf ans atteinte d'un cancer du sang) avec laquelle il a créé un lien amical très fort voire paternel, une confidente qui l'a accompagné tout au long de cette romance.Je pense que cette relation a nettement pris le dessus sur la romance entre Buddhaji et Nina.

Tabu est une actrice tellement talentueuse que ça ne m'étonne plus, son acting glisse comme une histoire vraie. Une prestation excellente, une Nina pleine de douceur (« meetha, so sweet »), avec un Bhuddaji très épicé (« tikha, spicy » comme son restaurant Spicy 6)... Ainsi, j'ai eu un grand plaisir à revoir Zohra Sehgal, une maman très drôle et protectrice envers son fils. Une fin mêlant joie et tristesse.

Donc tout cela pour dire que pour toutes ces personnes en recherche de films à l'ancienne illustrant l'amour avec un grand A sans ébats amoureux, ce film est pour vous. Un film familial mené par un humour sarcastique de Monsieur Bachchan avec un côté très touchant, un film plein d'émotion à voir au moins une fois.

Sakina Quand Asmae m'a gracieusement proposé de donner mon avis concernant Cheeni Kum, j'étais à la fois honorée et intriguée par ce titre. À mes yeux, le film était inconnu au bataillon. Je me rends chez mon ami Google, en couverture, le grand monsieur Bachchan et la captivante Tabu. Même si j'ai passé plus d'une décennie à m'ingurgiter des films indiens à outrance, j'ai honte de dire que je n'ai pas exploré leurs filmographies respectives. #shameonme Honnêtement, la composition du casting m'avait surprise mais pas vraiment intéressée. Et bien figurezvous que je n'ai absolument pas regretté mon visionnage. Alors si comme moi, tu es à l'étape 'hésitation', je te propose 5 raisons de voir Cheeni Kum. > 087


1. C'est évident : le casting et les performances qui vont avec ! On a une des grandes figures du cinéma indien, Big B ! J'ai envie de dire qu'Amitabh Bachchan se bonifie avec le temps, tout comme le vin, il dégage un acting des plus fins et raffinés. Ici, il campe un homme orgueilleux plein de sarcasme et d'arrogance. Il est chef d'un des plus grands restaurants, que dis-je, DU plus grand restaurant indien de Londres. Malgré ses 64 ans, c'est une véritable boule de nerfs. A Bollywood, ce genre de personnages a tendance à être exagéré au point de ne pas nous atteindre davantage. Bachchan vient nous prouver le contraire avec un jeu des plus convaincants. Tabu... Ô Tabu, son visage me parle à des kilomètres, elle a un regard qui ensorcelle la personne visée. Encore une fois, le personnage est écrit avec le plus grand des soins. Elle joue le rôle de Nina Verma, cette femme qui parait au premier abord très ordinaire. Néanmoins, on comprend vite que derrière son tempérament des plus calmes et posés, on a affaire à une vraie leader d'esprit . Buddhadev n'est pas tombé sur le genre de femmes à cacher la moitié de son visage derrière son dupatta juste parce que ce dernier lui a soupiré qu'elle était belle.

En un mot, elle est juste épatante. Oui oui, je valide le jodi comme on dit dans le jargon ! Malgré leur différence d'âge assez importante, ils partagent à l'écran une superbe alchimie. Les personnages secondaires ont délivré, eux aussi, un travail fantastique. Zohra Sehgal qui se présente comme la mère de Buddhadev est la mignonnerie personnifiée, elle vous fera rire et sourire sans le moindre effort. Swini Khara qui joue le rôle de Sexy, voisine de Buddhadev, dispose quant à elle d'une assurance qui vous surprendra. Cette fillette m'a mis une claque .Je ne t'en dis pas plus, il faut découvrir le personnage et la manière dont elle le fait vivre pour le comprendre.

2. Cheeni Kum est une romance oui... avec beaucoup de scènes d'humour criant le sarcasme. Si on me demandait quelle est ma langue maternelle, je dirais volontiers... le sarcasme. C'est très rare de voir ce genre d'humour encore une fois à Bollywood. Comme beaucoup de #Bollypotes m'ont dit, l'humour indien (dans les films) est parfois trop lourd, parfois j'aimerais tellement skipper ces images qui durent parfois plus de 10 minutes .#ausecours Toujours dans la catégorie Humour, quand j'ai vu Alex O'Nell, j'étais aux anges. Si tu as lu ma critique de Mubarakan (sur la page Facebook de la BollyTeam), tu sauras qu'il a réussi à me faire rire. Même effet dans Cheeni Kum. Ce comédien mérite plus de reconnaissance.

La personnalité de Nina est très intéressante dans la mesure où elle va contre les diktats de la société indienne, sans forcément hausser la voix et montrer les J'ai toujours pensé que ce sont crocs à chaque fois qu'elle les détails qui sont la différence. croise un conservateur. Ici, ce genre de rôles étoffe cette œuvre avec pertinence. > Après ce film, j'irai fouiner davantage dans les films de cette beauté sans nom. 088


3. Cheeni Kum fait rire, certes, mais il nous pousse à réfléchir également. Un homme célibataire de 64 ans amoureux d'une femme qui pourrait techniquement être sa fille. Certains indiens diraient « tchi, quelle horreur ! » C'est une chose presque impensable en Inde et pourtant ! Vous verrez comment ces deux tourtereaux hors du commun réussiront OU PAS à s'affirmer dans une communauté où les mentalités n'évoluent pas aussi vite qu'on le voudrait.

Utiliser le septième art pour dénoncer certaines réalités a toujours été quelque chose qui m'a tenu à cœur. C'est tout simplement allier l'utile à l'agréable. L'amour n'a pas d'âge et Cheeni Kum en parle avec une intelligence et une légèreté qui te plaira, j'en suis sûre !

4. Un film Bollywood sans musique ? Il en existe certes mais pas ici, et c'est tant mieux pour nous car la bande-son donne du relief à cette romance hors catégorie. Ilaiyaraaja nous sert sur un plateau d'argent une ribambelle de jolies ballades romantiques à écouter sans modération. C'EST L A TAL E NT U E U S E S HRE YA GHOS H AL QU I P R Ê T E SA VO IX À L A PLUPART DES T I T RES . La question est : qui n'aime pas cette chanteuse ? Sérieusement ? Qui ? Elle a un timbre aigu sans être strident. Nos oreilles nous remercieront pour ça !

5. P. C. Sreeram nous fait voyager de Londres à Delhi avec sa photographie certes imparfaite car j'ai effectivement vu mieux, mais qui a le mérite d'être au plus proche des protagonistes et de leurs mouvements. Les paysages sont capturés de manière à nous sentir proches d'eux. Pas de vue panoramique impressionnante, juste des jolies rues londoniennes, des parcs, des parapluies... et puis Delhi et son charme incomparable. C'est un point qu'il ne faut pas négliger.

Convaincu(e)? Alors bon film!


C

CRITIQUE

running shaadi Running Shaadi, c’est un projet qui a longtemps traîné en longueur. Initié peu de temps après les sorties de Kai Po Che et Chashme Buddoor en 2013, le métrage misait sur deux acteurs issus des distributions de ces films : Amit Sadh et Taapsee Pannu. Produit par Shoojit Sircar (auquel on doit Vicky Donor, Madras Café et Piku), cette œuvre a hélas été longtemps gelée durant sa phase de postproduction, pour finalement revoir le jour à l’occasion d’une sortie en salles en février 2017, surfant sur la notoriété nouvelle de Taapsee suite au succès d’estime de Pink. Mais la communication autour du métrage restera discrète, et les résultats au box-office s’en ressentiront. MOTS PAR ASMAE 090


En ce qui me concerne, cela fait plusieurs années que je m’intéresse au travail de Taapsee. J’avais d’ailleurs rédigé un article la concernant alors qu’elle démarrait sa carrière dans le sud du pays (disponible dans la rubrique sud de notre sixième numéro, avec Vidya Balan et Emraan Hashmi en couverture). Si ses débuts à Bollywood dans Chashme Buddoor sont passés relativement inaperçus, la jeune femme a su revenir en force avec des projets audacieux et pertinents, d’abord avec Baby (sorti en 2015 avec Akshay Kumar) puis avec Pink (sorti en 2016 avec Amitabh Bachchan). J’avais donc très envie de voir Running Shaadi, d’abord pour elle mais encore plus pour le genre dans lequel le film s’inscrit : la romance.

Je l’ai suffisamment exprimé dans nombre de mes écrits pour que vous sachiez que je suis une incorrigible romantique ! J’aime quand ce genre se renouvelle pour nous proposer des histoires d’amour inédites et authentiques. Car j’ai la conviction qu’il n’y a pas qu’une seule façon de parler d’amour au cinéma.Au contraire, il n’y a rien de plus complexe que le sentiment amoureux ! Ainsi, les cinéastes et scénaristes potentiels ont de quoi être inspirés par l’art d’aimer. Personnellement, je ne me lasserai jamais de regarder des gens tomber amoureux à l’écran, encore plus quand leur histoire est originale et surprenante. J’estime également qu’Amit Sadh ne s’est pas vu offrir suffisamment de beaux rôles principaux et j’espérais de fait que ce métrage lui permettrait de faire la différence. L’acteur, qui a d’abord démarré sa carrière à la télévision, a surtout joué les seconds couteaux à Bollywood.

Il fait partie de cette génération de comédiens talentueux mais sous-évalués, dans la lignée de Vicky Kaushal, Arjun Mathur et Rajkummar Rao.

Mais de quoi parle Running Shaadi ? Pourquoi porter ma critique sur ce film qui n’a semble-t-il marqué personne en Inde ? Bharose (Amit Sadh) travaille dans la boutique du père de Nimmi (Taapsee Pannu). Un jour qu’il se dispute avec son patron, le jeune homme est renvoyé. Pour gagner sa vie, il décide de créer un service en ligne avec son ami Cyberjeet (Arsh Bajwa) afin de permettre à des couples de s’enfuir pour se marier...

Avant toute chose, il faut savoir que la pellicule finale a été grandement mise à mal lors de son passage devant le comité de censure indien. Point de scènes de baiser torride ni de séquence à la violence extrême qui, quant à eux, passent au montage comme une lettre à la poste... Non. Une semaine avant sa sortie, le projet était intitulé Runningshaadi.com, en référence au site créé par les protagonistes de l’œuvre. Mais l’agence matrimoniale en ligne Shaadi.com a menacé les producteurs de les poursuivre en justice, les accusant d’entacher l’image de leur enseigne. C’est ainsi que Runningshaadi.com est devenu Running Shaadi. Sauf qu’au-delà de > 091


son titre, toutes les mentions des protagonistes à la particule ‘’.com’’ devaient disparaître du film. Ainsi, à chaque fois que l’un des héros prononce ‘’.com’’, il est systématiquement bipé comme s’il venait de sortir une injure... C’est non seulement très énervant mais surtout, cela rend le visionnage assez pénible. Sans cela, l’expérience aurait été beaucoup plus fluide. Mais cet aspect purement technique ne m’a pas empêché de cerner les atouts de Running Shaadi. Et le premier, c’est son casting.

Le métrage est inscrit dans une atmosphère réaliste et authentique, en plein quartier populaire d’Amritsar. Ce qui m’a interpellé, c’est la psychologie travaillée des personnages. Bharose est originaire du Bihar et arrive à Amritsar sans 092

ressource. Issu d’une caste inférieure à celle de Nimmi, il sait se montre ouvert et tolérant à l’égard de la vision de la vie plus libérale de cette dernière. Par ailleurs, l’héroïne de l’œuvre est également rafraîchissante tant elle assume ce qu’elle est sans chercher à s’en excuser. Bharose et Nimmi sont aussi vrais qu’ils sont imparfaits, et c’est probablement ce qui les rend aussi justes. J’ai aimé cette honnêteté dans leur écriture, comme si le scénariste s’était tout simplement imaginé à leur place pour les faire réagir de la façon la plus sincère possible.

L’opposition entre Bharose et Nimmi est aussi des plus intéressantes, puisque c’est la jeune femme qui prend l’ascendant dans leur relation et non l’inverse.


Les deux amants se chamaillent, se piquent l’un l’autre pour se tester et finalement s’aimer. Pour autant, on n’est pas dans la configuration habituelle de l’aversion initiale transformée en amour démentiel, ni dans le déni absolu du sentiment amoureux. Bharose et Nimmi s’aiment, puis ils grandissent et se perdent. Dès le début, une affection profonde se tisse entre eux. Bharose la protège, Nimmi le soutient. A leur façon un peu abrupte, ils expriment leurs sentiments au travers de leurs actes, de leurs gestes, de leurs regards... La formulation de cet amour est plus suggérée, généralement non-verbale. Mais l’un comme l’autre n’ont aucun doute sur ce qu’ils éprouvent.

Ce n’est donc pas avec ce film que vous aurez droit à des tirades romanesques ou à des poèmes passionnés. Le romantisme de Running Shaadi se veut plus distillé et plus subtil, ce qui ne le rend pas moins efficace. La complicité entre les deux protagonistes est à la fois affectueuse, emplie de bienveillance et de tendresse, mais aussi amère, nourrie de regrets et de décisions irréfléchies. Amit Sadh est attachant comme jamais dans la peau de Bharose, ce garçon en galère qui a du mal à extérioriser ce qu’il ressent. Il est celui qui perçoit le changement de Nimmi tout comme leur différence de caste, sans toutefois cesser de l’aimer. Celle-ci, fille d’un commerçant punjabi, est l’archétype de l’enfant gâtée qui s’oublie lorsqu’elle devient étudiante. Mais Nimmi ne peut être réduite à cette image de jeune fille privilégiée et capricieuse. Car si sa nouvelle vie l’a changé à bien des niveaux, elle n’en a jamais oublié Bharose et continue de l’investir comme son seul ami véritable.

Je trouve cela particulièrement appréciable de voir au cinéma des couples auxquels il est facile de s’identifier et même de croire tout simplement, sans paillettes ni paysages exotiques pour nous vendre leur histoire. Ceci étant dit, mon ressenti face à Running Shaadi reste en demi-teinte. La première partie de l’œuvre est littéralement excellente ! L’humour enlevé y est omniprésent et le sujet y est maîtrisé sans aucune fausse note. Les situations sont cocasses sans jamais devenir excessives, > 093


avec ce souci de véracité qui donne au film sa saveur. On rit de bon cœur tout en s’attachant aux personnages, pour leurs qualités et peut-être encore plus pour leurs défauts.

Hélas, le scénario s’éparpille dans sa seconde partie, suivant un sillage trop convenu pour rester en accord avec son démarrage. Après l’intermission, Running Shaadi se transforme en séquelle à moindres frais de Mere Brother Ki Dulhan. Les situations sont plus grossières et perdent le souffle de la première partie. Pourtant, les héros restent fidèles à eux-mêmes et ne changent pas de trajectoire dans leur état d’esprit. La narration est donc plutôt en cause ici. Car le film partait d’une idée originelle absolument fabuleuse. Mais on a le sentiment que les scénaristes ont fait le tour (quelque peu expéditif, tout de même !) du potentiel à en tirer dès la première moitié de la bobine. La seconde suit de fait des sentiers narratifs beaucoup plus attendus et malheureusement bien moins inspirés.

C’est regrettable qu’ils n’aient pas cherché à creuser davantage leur propos, en interrogeant l’institution du mariage en Inde et le phénomène grandissant de ces couples qui fuient leurs familles pour s’unir. Qu’est-ce qui dysfonctionne dans la société ? Comment se fait-il qu’en 2017, les mariages inter-religieux ou inter-castes ne soient toujours pas tolérés ? J’aurais souhaité que le métrage aille dans cette direction. Shoojit Sircar, producteur de l’œuvre, était précédemment parvenu 094

à délivrer un message fort sur la stérilité et le don de sperme dans son premier métrage en tant que cinéaste Vicky Donor. Ici, on a l’impression frustrante qu’Amit Roy, le réalisateur, est resté en surface dans le traitement de son sujet, comme s’il voulait privilégier l’aspect divertissant de son film plutôt que de s’attarder sur un fond qui aurait pu faire fuir le grand public. Sauf que le cinéma indien a prouvé à de maintes reprises que ces deux notions n’étaient pas incompatibles, bien au contraire ! Mais de fait, Running Shaadi perd de son rythme après l’entracte et tombe dans une triste facilité pour tendre laborieusement vers sa conclusion. Malgré cela, Amit comme Taapsee se défendent bien, si ce n’est encore mieux dans cette seconde partie plus fragile. Ils donnent l’impression que le défi est plus intéressant pour eux, la platitude de l’écriture donnant probablement davantage d’espace à leur jeu. C’est sans nul doute ce qui donne au métrage une dimension assez captivante, au final : la capacité de ses comédiens à amener, par leur seule présence, le relief qui fait défaut à l’histoire. Au niveau musical, on doit la bandeoriginale de Running Shaadi à Anupam Roy, au duo Abhishek-Akshay et à Zeb. Il s’agit pour ma part du premier album de film auquel j’ai adhéré dans son intégralité en 2017. Les sonorités sont dynamiques, folkloriques et entêtantes. Je vous recommande tout d’abord la mélodie enjouée « Mannerless Majnu » qui m’a fait découvrir la superbe voix de Sukanya Purkayastha. Mais les entraînantes « Dimpi De Naal Bhaage Bunty » et « Pyaar Ka Test » restent également en tête bien après le visionnage. La bande-son de Running Shaadi fait nettement partie de ses forces, là où elle est sortie dans l’ignorance générale. Je vous invite donc à la découvrir et à vous laisser porter par son ambiance aussi légère qu’originale.


En conclusion Running Shaadi a été fortement abîmé par la censure dont il a fait l’objet. Mais il serait injuste d’incomber l’unique responsabilité des faiblesses du métrage à cette question assez mécanique. Car si le démarrage de l’œuvre est impeccable, sa seconde partie s’essouffle à cause du manque d’inspiration de ses scénaristes. Pour autant, cette petite comédie romantique se regarde sans déplaisir tant elle est portée par sa distribution, mettant un peu plus en exergue les potentialités sous-exploitées de Taapsee Pannu et Amit Sadh.


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CRITIQUE

Dangal MOTS PAR FATIMA ZAH RA

A l'exception de quelques métrages que nous pouvons énumérer sur le bout des doigts, la formule "Bollywood" + "Sport" est loin d'être la plus efficace pour éblouir l'audience et les critiques, et ça l'est encore moins quand un troisième critère y est additionné : celui du "Biopic". C'est donc en toute connaissance de cause qu'Aamir Khan s'est lancé dans une énième aventure, acceptant de porter sur ses épaules un projet tel que Dangal, accompagné d'un casting majoritairement 096

frais et nouveau. Ce film est décrit aujourd'hui comme étant le meilleur film indien de l'année 2016, et l'une des plus belles prestations de M. Perfectionnist. Généralement, la clé pour éviter une immense déception en visionnant un film, c'est de faire abstraction des éloges dont il fait l'objet. Une petite règle d'or fort sympathique qui m'a souvent évité d'avoir une vision fort glorifiée d'une œuvre qui ne l'est finalement pas.

Avec le dernier bébé d'Aamir Khan, j'ai essayé de suivre cette même philosophie, et heureusement...


Si le défi d'offrir au public un film sportif congruent est en grande partie réussi avec Dangal, il ne l'est malheureusement pas jusqu'au bout. Le métrage est basé sur l'histoire vraie de Mahavir Singh Phogat, un lutteur amateur indien connu pour avoir entraîné ses filles et nièces, qui sont parmi les premières femmes en Inde à avoir remporté des médailles d'or dans des compétitions internationales. Dans le film, Mahavir Singh Phogat (Aamir Khan) est un ex-lutteur et champion national d'un village de l'Haryana qui a abandonné ce sport plus jeune, forcé par son père à trouver un travail susceptible de subvenir aux besoins financiers de la famille. Le fait de n'avoir jamais pu gagner une médaille d'or pour son pays lui a laissé un goût amer qui ne l'a jamais quitté de sa vie. Père de quatre filles, ce n'est que quand deux d'entre elles, Geeta (Fatima Sana Shaikh) et Babita (Sanya Malhotra), tabassent des enfants du village que Mahavir réalise leur potentiel, et décide de les entraîner pour qu'elles puissent réaliser son rêve. Classé dans le top 3 des meilleurs acteurs que l'Inde ait connu, Aamir Khan est effectivement l'un des plus formidables talents de ce pays (et du monde) par sa capacité à choisir intelligemment ses rôles et en tenant à ce que ses projets contiennent de la substance en plus d'une haute valeur commerciale (l'exception des temps récents étant Dhoom 3 qui, bien que riche commercialement, manque cruellement d'âme). Il était donc tout à fait naturel pour Dangal de battre tous les records d'entrées établis par les films précédents d'Aamir aussi bien en Inde qu'ailleurs. Avec toute son expérience, il est sans grande surprise l'élément phare du dernier

né de Nitesh Tiwari, et sa prestation est l'une des meilleures de l'année dernière.

Même avec un personnage qui n'aime pas s'étaler sur ses émotions, l'acteur arrive à matérialiser tous les ressentis de Mahavir à travers son simple regard et ses mimiques qui capturent avec une grande aise ses troubles et ses émois. Bien que sa transformation physique tout au long du métrage inspire le respect, je trouve que son implication émotionnelle reste de loin la plus frappante, et c'est bien dommage que tout ce que les médias > 097


semblent avoir retenu du travail de l'acteur se limite à l'aspect physique. Nul doute qu'Aamir n'a plus rien à prouver quand il s'agit de ses talents d'acteur, mais l'obsession générale qu'ont les journalistes avec l'apparence physique des acteurs ne laisse pas le métrage en paix. Certains se diront que c'est normal, étant donné que les films avec ce thème sportif précis sont nouveaux et à la mode, et que le tapage médiatique était semblable quand Farhan Akhtar a décidé de suivre un régime strict pour se glisser dans les chaussures de Milkha Singh quelques années plus tôt. Mais ce sujet a tout de même pris énormément d'espace, ne laissant ainsi plus les gens se focaliser sur les valeurs que Dangal tente de véhiculer.

Mahavir est une figure parentale très dominante, qui à un moment donné a utilisé ses filles pour atteindre ses propres buts. Le message patriotique de sa démarche n'efface en rien son égoïsme. Mon principal problème avec le film est là. La façon dont le réalisateur Nitesh Tiwari a choisi de présenter son histoire n'a absolument rien d'éblouissant, de frais ou de concluant. Si Dangal a dans ses méandres tous les éléments pour séduire, ils étaient utilisés de manière plutôt douteuse à mon avis. Tout au long du film, j'avais cette impression que le réalisateur la jouait "safe", se contentant de façonner l'apparence globale sans essayer de gratter la surface ou creuser plus loin. Une des scènes qui m'a le plus marqué était celle où Mahavir décide de couper les cheveux de Geeta et Babita, comme s'il leur avait arraché leur identité sans le moindre scrupule. La résonance de cet acte fut terriblement courte et à l'exception des larmes des fillettes, nous n'en avons plus entendu parler. 098

Quelques détails supplémentaires arrachent davantage la magie du film au fil des minutes. En effet, si durant la majeure première partie du film nous comprenons que les sœurs Phogat s'aventurent sur un terrain jamais conquis par les femmes en Inde, elles se retrouvent rapidement dans une équipe constituée de jeunes femmes lutteuses. A première vue cela n'a rien de choquant, mais j'ai compris à un instant du métrage qu'elles étaient peut-être les seules à pratiquer ce sport, au point où elles allaient devoir se battre contre des garçons par manque de compétition féminine. Voir toute une équipe de demoiselles sortir de nulle part a simplement rendu la grandeur de leur exploit plus minime à mes yeux. J'imagine qu'au fil du temps, la lutte a trouvé un peu de place et d'autres femmes en Inde ont commencé à s'y intéresser. Cependant, l'expliquer un minimum aux spectateurs aurait fortement contribué à renforcer le côté "Women Power" de Dangal.

Les prestations de Fatima et Sanya sont justes, et les deux jeunes femmes sont de vraies révélations. J'ai tout de même une préférence pour Fatima, vu que son rôle était le plus dominant et lui a laissé plus de marge pour briller en comparaison avec le reste du casting face à Aamir Khan. Cela dit, Sanya Malhotra a également un grand potentiel, en espérant que d'autres cinéastes décident d'investir ces jeunes femmes dans le futur. Mon plus grand regret quant au casting est la sous-utilisation de Sakshi Tanwar, car si elle a fait toutes ses preuves à la télévision indienne, les réalisateurs et producteurs de films sont plus réticents.


En conclusion DA NS SA GLOBA L IT É , DA N G A L REST E U N BON F IL M M A LG RÉ S ES DÉFAU T S . Mais dans son fond, ce n'est pas un film sur les femmes mais sur l'homme qui laisse son ego diriger ses femmes, comme l'a écrit le critique Amit Varma. Seulement, vu les moyens engagés et le potentiel de son casting, je ne cache pas une partie de ma déception sur le résultat final.

C'est un film à voir pour Aamir Khan, pour Fatima et Sanya, et pour les quelques scènes émotionnelles engageantes.


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CRITIQUE

Begum Jaan M OTS PA R FAT I M A Z AHRA

LES R EM AK ES DE F IL M S À S U CC ÈS IS S U S DE TOU T ES L ES IN D U ST RIES D U MONDE S ONT D E V E N U S MONNAI E COU RA N T E À B O L LY WO O D, AV EC U N NOM BRE Q U I AU G M E N T E D 'UN E ANNÉ E À L'AU T R E . Cependant, quand le cerveau et les mains derrière un premier succès s'engagent à le reproduire dans une langue différente, un casting différent et une tournure différente, l'audience s'attend à un résultat fidèle à ce que le premier métrage a pu leur offrir.

C'est ainsi donc que Srijit Mukherji s'est lancé avec son premier métrage hindi, Begum Jaan, remake officiel de son projet bengali Rajkahini. Et si le sujet abordé par Srijit est des plus sensibles, le rendu final est finement mené, bien que décevant à certains moments... 100

Tout se déroule à l'époque de la partition où, après le retrait des troupes britanniques et l'indépendance du peuple indien, une décision a été prise pour partager les terres entre l'Inde et le Pakistan. Begum Jaan (Vidya Balan), tenancière d'un bordel, tient tête quand divers politiciens et hommes de loi lui annoncent qu'elle doit quitter les lieux car le 'Radcliffe line' doit passer par sa maison close. Avec sa bande de prostituées, Begum est déterminée comme jamais à éloigner toutes les menaces et à se battre jusqu'à son dernier souffle pour ce qu'elle considère comme son royaume.


De ce que j'ai pu constater au fil des années c'est que, aujourd'hui encore, le thème de la partition indo-pakistanaise continue d'être un sujet délicat que peu d'artistes osent traiter. Si j'étais particulièrement intriguée par le concept quand le projet du film a été annoncé, le métrage en lui-même m'a laissé un peu confuse, à m'en demander s'il n'était pas mieux pour Srijit d'aborder avec plus d'élaboration et de précision cette problématique. Même si je conçois que le but était plutôt de se focaliser sur ces différentes femmes et renvoyer à travers elles de puissants messages féministes, ajouter une plume supplémentaire à l'ensemble lui aurait fait le plus grand bien. A la place, le réalisateur a préféré se contenter d'aborder le sujet en surface sans aller plus loin. LE PO I NT FORT DE B EG U M JA A N EST SON P E R S ONNAGE P RIN C IPA L . Sans grande surprise, Vidya Balan délivre une superbe prestation et porte l'intégralité du film sur ses épaules comme elle y est habituée. Même si Begum a un caractère très sarcastique et piquant, le jeu d'actrice de Vidya arrive à lui donner une profondeur douce et subtile, se cachant sous sa carapace de pure vulgarité. Cependant, si elle est le premier élément positif, elle en est également le premier négatif... En effet, le réalisateur était très focalisé sur elle, au point où il en a oublié ses autres héroïnes. Normal, pour ce genre de film, me diriez-vous... Après tout, tout tourne autour de Begum. Mais le concept des films 'multistarrer' avec une dizaine d'acteurs où aucun n'est convenablement utilisé me dépasse encore aujourd'hui, et la dernière production des Bhatt ne fait pas exception.

Si deviner la bravoure de ces filles est évident, j'aurais préféré en savoir un peu plus de leur vie avant d'atterrir dans ce bordel, et avant d'arriver à la triste conclusion de leur sort. Un personnage que je ne connais pas ou peu, n'est d'habitude pas un personnage que je retiens et auquel je m'attache. Bien que chacune des filles ait eu droit à un flashback, le grand nombre de personnages secondaires a imposé aux créateurs du film de suivre un rythme bâclé, pour montrer le plus de détails possible, le plus rapidement possible, dans un enchaînement parfois accéléré qui rendait le film difficile à digérer. Or, malgré tous ses défauts, les valeurs qui peuvent être retenues de Begum Jaan sont nombreuses et diverses, en commençant par la force d'une femme tenant tête aux gens qui la menacent, ou qui constituent un danger pour ce qu'elle chérit le plus.

La plus agréable surprise de Begum Jaan reste toutefois Chunky Pandey. Acteur plus connu pour son comique irritant et ses mimiques inutiles, il délivre cette fois une prestation forte et frappante. Dans la peau de Kabir, le mercenaire chargé d'affronter les femmes et de les faire sortir à tout prix de leur demeure, Chunky excelle même si son rôle reste néanmoins réduit.

En conclusion Begum Jaan n'est pas un film facile à suivre, et je sais que l'avis des personnes a de grande chance de différer, comme de nombreux critiques à la sortie du métrage en avril, tout simplement parce que chacun d'entre nous sera intéressé et frappé par quelque chose de différent. A voir pour Vidya Balan principalement et pour ses scènes renforçant l'image de ces femmes toutespuissantes. 101


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CRITIQUE

Badrinath Ki Dulhania MOTS PAR ASMAE

J'ai adoré Humpty Sharma Ki Dulhania ! En 2015, j'avais d'ailleurs rédigé une critique des plus laudatives sur ce métrage, que je concluais de la façon suivante :

J'ai passé un moment de cinéma revigorant devant ce Humpty Sharma Ki Dulhania, et j'ai surtout redécouvert Varun et Alia, qui n'ont jamais été aussi beaux et convaincants qu'ensemble. Ainsi, je lance un appel à tous les cinéastes et producteurs indiens qui auraient l'idée brillante de les réunir : foncez les mecs ! »

«

Moi qui avais tant aimé Humpty Sharma Ki Dulhania, je m'attendais à un massacre avec Badrinath Ki Dulhania, puisque nombre de suites à Bollywood se révèlent faibles voire complètement ratées. 102


J'ai surtout eu l'impression de retrouver Karan - pompe à fric - Johar qui voyait en Varun et Alia l'occasion d'amasser un max de pognon ! Oui parce que Humpty Sharma Ki Dulhania a réalisé d'excellents scores au box-office lors de sa sortie en 2014. Le producteur a donc décidé de réunir la même équipe, toujours avec Shashank Khaitan à la réalisation, pour ce nouveau projet qui n'est ni une suite, ni un remake. Badrinath Bansal (Varun Dhawan) voit Vaidehi Trivedi (Alia Bhatt) à un mariage et décide qu'il l'épousera. Sans vraiment lui demander son avis. Il lui fait une cour assidue, sûr de lui et de son irrésistible charme. Non, point d'ironie. Mais, ô surprise, Vaidehi l'envoie royalement bouler et lui signifie clairement qu'elle n'est intéressée ni par lui, ni par le mariage. Mais Badrinath a la tête dure (et un peu vide), ne comprenant pas qu'une fille ne se réjouisse pas d'être sollicitée par le beau gosse qu'il est. Je sais, on n'est pas sortis de l'auberge avec un héros pareil. Il entreprend une opération séduction d'un goût douteux qui ressemble à s'y méprendre à du harcèlement sexuel, espérant avoir raison de la réticence de la belle (oui, car c'est tout ce qui l'intéresse chez elle) Vaidehi...

On ne dirait pas à la lecture de ce pitch, mais Badrinath Ki Dulhania est avant tout une comédie romantique et respecte le ton donné par le premier volet de la franchise. En effet, il existe un schéma correspondant à cette saga qui s'appuie avant tout sur la personnalité du héros. Humpty et Badri pourraient être jumeaux tant leurs attitudes sont semblables. Il semble que le héros soit une constante entre les deux métrages, ce qui ne laisse pas vraiment d'espace à son

interprète, Varun Dhawan, pour nous surprendre. L'acteur est clairement limité par le protagoniste qu'il campe. Et s'il est tout à fait convaincant, l'écriture de son personnage ne lui permet pas de se renouveler. Le comédien est hélas étriqué dans cette redite de sa romance de 2014 et joue même ici le second couteau de sa partenaire, véritable héros du métrage.

Il aurait donc été beaucoup plus logique d'intituler le métrage Vaidehi Ka Dulha. Mais c'est assez révélateur de la démarche au final plutôt hypocrite de Shashank Khaitan et de son producteur Karan Johar.

« Karan : C'est la mode des films féministes, bla bla bla... Alors on va faire un film sur une meuf qui veut s'accomplir, et patati et patata... En plus, je veux que mon bébé Alia gagne un troisième Filmfare ! Shashank : Oui, et on donne son nom au film ! Karan : Mais non, surtout pas ! Parce que sinon, les mecs misogynes qui constituent 80% de notre public, et bah ils viendront pas ! Donc on met un titre de mec, des chansons électro' et un héros bodybuildé pour les amadouer... C'est qui, le patron ?! Shashank : C'est toi, tonton ! » Soyons clairs sur un point : Badrinath est un abruti. Il n'est pas foncièrement mauvais et ses intentions sont à l'origine plutôt nobles. Mais sa façon d'atteindre ses objectifs est par contre très questionnante. Il harcèle littéralement Vaidehi, la suit et insiste lourdement pour obtenir d'elle qu'elle > 103


l'épouse, et ce alors que la jeune femme a déjà verbalisé son désaccord à de multiples reprises. Aussi, quand elle décide de s'en aller, il part à sa recherche et l'enlève de force, allant jusqu'à l'enfermer dans le coffre de sa voiture !

Mais le pire, c'est que le film tente de nous vendre l'attitude de Badri de manière nuancée, minimisant ses passages à l'acte en les présentant pour certains comme des élans de romantisme et d'autres comme les réactions légitimes d'un homme blessé... A D'AUTRES ! Et je suis d'autant plus en colère de m'être faite avoir, là où je suis de coutume très sensible à ces questions et intransigeante face à l'insensibilité de certains cinéastes. Au début du métrage, le personnage de Badri est des plus antipathiques. C'est l'archétype de l'abruti imbu de sa personne, qui estime qu'une femme doit s'estimer heureuse de recevoir une demande en mariage de sa part, au prétexte qu'il vient d'une famille friquée...

« Oui, je suis pas très intelligent, ni très progressiste comme gars, mais ma famille pèse un max... Alors elle se prend pour qui, cette meuf, pour me dire non ? » Car « non » n'est pas une réponse pour Badri. Comme pour nombre d'hommes qui prennent les femmes pour des acquisitions. Et j'ai eu le sentiment que le film venait légitimer ces comportements, les justifiant même par la problématique de la dot... Pas très malin, Shashank ! Aussi, Badri n'a pas de réel objectif de vie, si ce n'est de se marier. Durant tout le métrage, tout tourne autour du fait qu'il ait été éconduit par Vaidehi, et s'il 104

apprend à l'écouter et à la soutenir, il n'en devient pas pour autant conscient de la nécessité d'exister par lui-même et pour luimême.

Au sortir du premier visionnage, j'étais pourtant très enthousiaste et j'avais envie de recommander ce métrage à tout le monde ! Depuis le visionnage et l'écriture de cet article se sont écoulés près de 2 mois. Et pendant ce temps-là, j'ai pris du recul. J'ai aussi revu Badrinath Ki Dulhania. Et si je ne remets en doute aucun des éléments qui m'ont fait adhérer au métrage, j'ai en revanche dégagé plusieurs points qui me font nuancer ma première impression très positive. >



Le principal atout de Badrinath Ki Dulhania réside à mes yeux dans le personnage principal féminin. En effet, je me suis complètement vue en Vaidehi, dans les questionnements qui l'animent et la bousculent, dans sa quête d'amour mais encore plus d'amour propre. Car Vaidehi vient soulever une interrogation très intéressante : l'amour suffitil à un mariage heureux ? Vaidehi y répond clairement par la négative, puisque la jeune femme verbalise son besoin d'être aussi entendue, respectée et soutenue dans ce qu'elle est et ce qu'elle aspire à être. VAIDE H I A U N P R OJE T PROFES S I ONNE L C L A IR , D E L'AMB I T I ON ET DES R Ê V ES Q U I L'AMÈ NENT À BOU S C U L E R L ES M URS É T R OI T S DE SA P E T IT E V IL L E ET D E L A S OC I ÉT É É T R IQ U É E DA N S LAQU E L L E E L L E É VO LU E . Si elle aime Badri, elle a su également cerner le fait qu'il ne serait pas en mesure de vraiment la comprendre et donc encore moins de s'adapter au style de vie qu'elle veut réellement. Badrinath Ki Dulhania parle d'abord d'une femme qui cherche à s'accomplir au-delà du mariage. Puisque la société, notamment indienne, présente le mariage comme l'unique curseur de réussite et d'accomplissement d'une personne. Si Vaidehi obtient un bon poste avec un excellent salaire, si elle s'assume par ellemême sans dépendre de qui que ce soit, sa famille ne retiendra qu'une seule chose : le fait qu'elle ne se soit pas mariée.

Vaidehi représente tout ce en quoi je crois : la nécessité pour une femme d'exister au-delà 106

d'une quelconque filiation. Elle veut être autre chose qu'une fille, une sœur ou une épouse. Le film met l'accent sur la pression que subissent les jeunes filles pour se marier, en particulier à cause du sempiternel problème de la dot, interdite par la loi indienne mais toujours mise en pratique par nombre de familles. Les parents de Vaidehi ne peuvent assurer une dot conséquente à leur fille qui, par défaut et face à l'insistance de Badri, accepte de l'épouser. On croit alors qu'on aura droit au même pitch, où la jeune fille tombe amoureuse de son époux après leur union. Mais non ! Car Vaidehi reste fidèle à elle-même et a bien conscience que ce mariage va surtout réduire à néant ses rêves et ses aspirations. Vaidehi est la colonne vertébrale de Badrinath Ki Dulhania, c'est son personnage qui recouvre les principaux enjeux de cette histoire.Et si le métrage vient illustrer la prise de conscience et la maturation de Badri, c'est à travers la soif de réussite de Vaidehi que l'œuvre prend tout son sens. Une séquence m'a mise particulièrement mal à l'aise. Il s'agit d'une scène durant laquelle Badri se fait harceler sexuellement par plusieurs hommes, provoquant nul autre que l'hilarité de ses amis... J'ai eu beau revoir la séquence en question, je ne comprends toujours pas ce qu'il y a de drôle. Si les blagues de très mauvais goût sur les viols des femmes ont fait l'objet de remarques acerbes de la part du public, il semble que les viols subis par les hommes soient encore sujets à rire. Sauf que ça n'a rien de risible. C'est au contraire une terrible réalité, et présenter un homme qui se fait agresser sexuellement comme un homme faible est tout bonnement inacceptable. >


CE QU I EST DOM M AG E , C 'EST QUE L A P R EM I È R E PA RT IE S E REGA R DE D' U NE TRA IT E , E N T R E QUEST I ONNE M E N T S IN T É RIE U RS D E L'HÉR OÏ NE E T S ÉQ U E N C ES E N L E V É ES FRANC H EM ENT TO R DA N T ES . Le rythme est soutenu, à tel point qu'on passe allègrement à côté des énormités précitées. Sauf que l'après-extracte est plus indigeste, tant on essaye de nous faire avaler des horreurs sans nom ! Alia Bhatt est la star de Badrinath Ki Dulhania, bien plus que sa co-star masculine. L'actrice hérite du seul personnage consistant du métrage, auquel je me suis totalement identifiée tant ce qu'elle porte fait écho à mes valeurs. Vaidehi est l'âme du métrage et est rafraîchissante d'authenticité.

La comédienne est formidable, lumineuse et sincère dans le rôle de Vaidehi, et dépasse l'aura de Varun là où, dans le premier volet, elle lui servait plutôt de faire-valoir. Non, elle ne se laissera pas attendrir par le chantage affectif de son père ni par l'insistance lourdingue de Badri. Vaidehi sait ce qu'elle veut. Elle a beau venir d'une petite ville, elle voit la vie en grand, bien au-delà du cadre rigide de son étroite localité. Il faut aussi souligner la prestation discrète mais intéressante de Shweta Basu Prasad. Elle incarne Urmila, la belle-sœur de Badri, qui a dû renoncer à une brillante carrière pour se soumettre à son statut d'épouse. Si son mari a conscience de son potentiel, il n'en a cure et estime presque que ce gâchis est normal. Urmila ne voit personne défendre sa cause, sauf durant la scène conclusive, où Badri utilise son exemple au profit de Vaidehi. Shweta est impeccable dans ce rôle très limité. D'ailleurs, les apparitions

brèves de Gauhar Khan et d'Aparshakti Khurrana (accessoirement frère du célèbre Ayushmann) marquent les esprits malgré des personnages mineurs. La distribution est de qualité, probablement trop pour cette histoire qui laisse clairement à désirer. De son côté, la bande-son de Badrinath Ki Dulhania est à l'image du film qu'elle sert : manquant terriblement de congruence. Certains morceaux sont très efficaces, d'autres totalement dispensables. Si la promotion s'est appuyée sur la reprise de « Tamma Tamma » du film Thanedaar, j'ai personnellement une nette préférence pour la chanson titre, à l'énergie communicative.

En conclusion BA DRINATH KI DUL H ANIA TE NTE DE FA IRE UN C INÉ MA « À MESSAG E » TOUT E N E XP LO ITANT L ES CO DES DES B LO C KBUSTE RS CO MME RC IAUX. A la manière d'un film comme Bajrangi Bhaijaan, le métrage utilise les séquences musicales et une photographie aseptisée au possible pour se rendre plus accessible tout en tentant d'évoquer la condition féminine. Mais hélas, le style dessert ici le propos tant le cinéaste semble s'être noyé dans la forme de son métrage. Le fond est négligé à tel point qu'on est confronté à de multiples incohérences. Badrinath Ki Dulhania est donc un divertissement pur jus, ne traitant hélas de la condition de la femme qu'en toile de fond. Alia Bhatt est la star de cette romcom ratée, malgré un personnage féminin fort et de beaux décors. Le duo que l'actrice forme avec Varun est toujours aussi efficace, d'autant qu'on nous épargne les scènes superflues de baiser ou de sexe. Mais cela ne suffit pas à faire de Badrinath Ki Dulhania un film cohérent, que ce soit dans le registre de la romance que dans l'univers de l'œuvre dénonciatrice. Le métrage titube entre les genres mais ne se trouve jamais réellement. 107


C

CRITIQUE

Jolly LLB 2 Jolly LLB 2 fait partie des sorties événement du premier trimestre de 2017 à Bollywood. Avec un Akshay Kumar au sommet de son art associé à la lumineuse Huma Qureshi, le métrage a vite fait d'attirer l'attention de notre équipe rédactionnelle, faisant l'objet de notre incontournable triple critique. C'est pourquoi nous vous proposons trois avis, trois visions et trois lectures de Jolly LLB 2, succès d'estime de ce début d'année...

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1. M OT S PA R AS M A E

J OLLY L L B 2 FAI T PA RT IE D ES PREMI E R S S U CC ÈS D 'EST IM E D E L'A N 2017. I L CONS OLID E ÉG A L E M E N T L E STATU T DE F I GU R E CO M M E RC IA L E D 'UN AK S H AY K U M A R AU TO P D E SA FOR M E , QU I S É D U IT L E GRA ND P U BL I C AV EC D ES ŒU V RES EN GAGÉ ES ET AT Y P IQ U ES . IL EST LOIN, L E H É R OS S U R P U IS SA N T E T IM PR OBABL E DE ROW DY RAT HO RE . . . AKK I EST DE VEN U U N IN T E RP RÈ T E D 'EXCEP T I ON ET E N FO N C E L E C LO U AV EC CE M ÉT RAG E E N T RA ÎN A N T. Jolly Mishra (Akshay Kumar) est avocat de formation mais travaille en tant qu'assistant pour l'un des avocats les plus connus de Lucknow, Rizvi Sahab (Ram Gopal Bajaj), pour lequel son père (VM Badola) a travaillé en tant que secrétaire pendant 30 ans. Il attend l'affaire qui lancera sa carrière au barreau, quand Hina Siddiqui (Sayani Gupta) se présente à lui pour demander que Rivzi Sahab prenne en charge son dossier. Elle est enceinte et son mari a été tué dans de mystérieuses circonstances par un agent de police...

Si j'ai beaucoup apprécié Jolly LLB 2, je regrette tout de même qu'Arshad Warsi n'ait pas été associé à ce projet, ne seraitce que par le biais d'une brève apparition. Car en effet, il est celui qui a porté le premier Jolly LLB, à l'époque où personne n'en attendait rien. Le film deviendra l'un des

succès surprise de l'année 2013, résultant en une suite qui n'en est pas une. Car telle est la tendance à Bollywood : reprendre le nom d'un film original qui a fait ses preuves au box-office, reprendre le concept de départ pour que persiste un fil conducteur et initier un nouveau projet, avec un casting totalement différent et une histoire qui n'a rien de commun avec l'œuvre de base. Pour Jolly LLB 2, a été éclipsé un Arshad Warsi pas suffisamment 'bankable' au profit d'un Akshay Kumar au pouvoir fédérateur incontestable. De quoi escompter un résultat des plus douteux...

Et pourtant, Jolly LLB 2 est non seulement une réussite, mais surtout un bel hommage au film original tant il s'applique à respecter le ton donné par le métrage de 2013. La réalisation de Subhash Kapoor est intelligente et modérée, nous faisant complètement oublier la notoriété de la star Akshay Kumar pour ne garder de lui que son talent d'acteur. Akki est effectivement exceptionnel dans la peau de Jolly, cet avocat raté et désespérément prêt à tout pour enfin réussir dans sa vie professionnelle. Le jeu du comédien est empreint de vulnérabilité et de relief, on ne nous vend jamais le personnage de Jolly comme un héros. Il est avant tout humain et fait des erreurs. Pour autant, le réalisateur fait preuve de bienveillance envers son protagoniste et met en lumière sa remise en question et son évolution vers la rédemption. On voit Jolly cheminer de son obsession pour la réussite à une profonde quête de vérité, n'hésitant pas à mettre son intégrité professionnelle en péril au service de l'affaire qu'il défend. > 109


Akshay Kumar vient confirmer qu'il est un acteur entier, qui n'a pas peur des rôles de petites gens. Le personnage qu'il incarne est ordinaire, sans bagarre surfaite ni punchline cheesy. Car le Jolly de ce second volet est moins charismatique et théâtral que celui d'Arshad Warsi, mais il n'en demeure pas moins pertinent. Annu Kapoor est saisissant dans la peau de l'infect avocat de la défense. Il nous fait totalement oublier le rôle léger et attachant qui l'a révélé dans Vicky Donor. L'acteur change radicalement de registre et pousse son personnage aux pires manipulations pour gagner son procès. Mais au même titre que Jolly, Pramod Mathur n'est jamais positionné en antagoniste de l'histoire. Subhash Kapoor le présente surtout comme un homme passionné par son travail et déterminé à remporter chacune de ses affaires, quitte à manquer d'éthique. VM Badola est le père de Jolly, homme respectable qui a été l'assistant de Rizvi pendant plus de 30 ans. S'il n'est jamais parvenu à évoluer professionnellement, l'homme a toujours souhaité que son fils fasse mieux que lui. L'acteur est juste poignant en père idéaliste, qui projette en son fils les espoirs d'une vie qui n'a pu être la sienne. VM Badola, acteur de théâtre reconnu, brille dans ce rôle bref mais terriblement touchant.

De son côté, Saurabh Shukla démontre qu'il est probablement parmi les acteurs les plus sousvalorisés du cinéma hindi. La dernière fois que je me souviens l'avoir 110

vu dans un rôle aussi fort et impactant, c'était au service du métrage Barfi, sorti en 2012.

Mais la révélation du métrage s'appelle Sayani Gupta. Formidable dans Margarita with a Straw puis remarquée dans des rôles plus oubliables pour les productions populaires Fan et Baar Baar Dekho, la jeune femme est ici exceptionnelle dans la peau de Hina, une veuve qui tente de faire la lumière sur la disparition de son époux. Si son rôle n'apparaît que brièvement sur la pellicule, elle marque les esprits par sa présence solaire et la force de son interprétation. Car Sayani Gupta est un caméléon, capable d'incarner tour à tour une jeune aveugle (Margarita with a Straw), une femme enceinte et veuve désemparée (ici dans Jolly LLB 2) puis une adolescente de 14 ans (Jagga Jasoos).


LA DÉC E P T I ON D E L A D IST R IB U T IO N RÉSIDE DA NS L E R Ô L E D 'HU M A QUR ES H I . L'actrice nous a habitués à de véritables prises de risque avec ses choix artistiques, de ses débuts dans Gangs of Wasseypur à ses prestations dans Ek Thi Daayan, D-Day et Dedh Ishqiya. Hélas, elle est ici largement sous-employée dans la peau de Pushpa, épouse et fidèle soutien de Jolly. Elle apparaît brièvement et ne bénéficie d'aucun espace conséquent dans la narration. Et si la comédienne est impeccable, il est fâcheux qu'elle n'ait pas bénéficié d'un personnage plus impactant.

corruption est une triste réalité en Inde, à tel point que les violences policières comme les pots-de-vin sont totalement banalisés, notamment par le cinéma indien. Les joutes oratoires sont dialoguées avec ferveur, les manipulations de témoins bien exécutées, avec cette fébrilité qui donne au procès sa dimension réaliste. La bande-originale de Jolly LLB 2 est plutôt inégale, avec tout de même deux morceaux qui restent en mémoire pour leur douceur et leur poésie : « Bawara Mann » et « O Re Rangreza ». La dynamique « Go Pagal » est également efficace mais tombe comme un cheveu sur la soupe dans la narration.

Mais il faut tout de même souligner quelques détails autour de Pushpa. Elle est l'épouse de Jolly mais ne porte pas son nom, présentée comme étant Pushpa Pandey et non Mishra. Lorsque Jolly se fait agresser, c'est elle qui vient à son secours, sans que la séquence ne tombe dans l'exagération. Le métrage illustre également Jolly en train de cuisiner pour sa femme et leur fils, et non l'inverse. Cela peut sembler anecdotique, mais ceux sont des détails qui, subtilement, viennent resituer la place de la femme.

Jolly LLB 2 traite d'un système judiciaire local aux multiples failles, mais encore plus de la protection des civils incarnée par des forces de l'ordre qui sont tout sauf protectrices. Ou comment la population se sent insécurisée face à des agents de police qui entrent dans une attitude de toutepuissance, et ce en toute impunité. La

En conclusion JO L LY L L B 2 EST UN DRAME JUDIC IAIRE SANS FIO RITURE NI E XC ÈS DE Z È L E . Avec ce projet, Akshay Kumar met sa popularité au service de films sociaux et engagés, comme il l'a fait plus récemment avec la sortie de Toilet – Ek Prem Katha en août dernier. Jolly LLB 2 tire surtout sa force de son casting secondaire, brillant à tous les niveaux, et ce qu'il s'agisse d'Annu Kapoor, de Saurabh Shukla ou de Sayani Gupta.

Jolly LLB 2 fait partie de ces métrages qui nous font aussi bien rire et pleurer que réfléchir. Et le cinéma indien populaire a cruellement besoin de films comme ça... 111


C

CRITIQUE

2. M OT S PA R E LO D I E

AVANT DE R EGAR D E R JO L LY L L B 2, IL FAU T SAVOI R Q U E JE N 'AVA IS PAS VU L E P R EM I E R VO L E T, AV EC L'EXCEL L ENT A R SHA D WA R S I. Du coup, j'ai repoussé le visionnage du film à son maximum tant je ne savais pas dans quoi je m'embarquais. Je ne me souvenais que très vaguement de la bande-annonce aux airs de comédie/drame autour d'un avocat pas comme les autres. Par chance, ce second volet n'a aucun lien direct avec le premier et se regarde sans crainte d'avoir loupé quelque chose. 112

C'est une toute autre histoire, avec pour l'occasion un acteur tout aussi génial : Akshay Kumar. L'histoire de base, c'est celle d'un avocat complètement négligé qui cherche simplement à prouver sa valeur. Mais jusqu'où est-il prêt à aller pour accomplir ses rêves et ses ambitions ? Car c'est dans sa quête de reconnaissance que Jagdishwar Mishra (alias Jolly) se retrouve dans une situation des plus délicates. Et pour se faire pardonner ses erreurs, il va tenter d'arranger les choses et faisant valoir ses compétences...


Vous l'aurez compris, je reste vague pour ne pas vous gâcher le fait que Jolly LLB 2 réserve des surprises. Dans une trame de base plutôt classique, l'histoire prend un tournant décisif dès les 30 premières minutes du film pour ensuite nous faire voyager dans la recherche de justice qui anime notre avocat. Pourtant, ce récit n'est pas parfait dans sa totalité et peu parfois partir dans tous les sens. Par chance, le jeu des acteurs nous accroche et nous permet de suivre le film jusqu'à son épilogue.

Mon seul problème étant cette fine ligne entre la comédie et le drame. D'ailleurs, je n'ai pas vu le film comme étant une comédie tant ce qu'on me présentait était sérieux. Je ne l'ai pas non plus vu comme une satire de la société indienne bourrée de corruption et d'injustice. Je n'ai donc pas trouvé drôles certains passages, étant même plutôt perturbée par cette dose d'humour entre deux scènes dramatiques. J 'AVA I S L' I M P R ES S IO N D 'Ê T RE DA N S D ES M ONTAGNES RU S S ES , TA N T M A CONC E NT RAT I ON É TA IT T EST É E . Je n'ai jamais douté d'Akshay Kumar car je le trouve toujours excellent dans ses interprétations. Dans le rôle de Jolly, il prouve encore qu'il est fait pour ce métier. Il ne lui aura fallu que 30 jours de tournage et il est absolument impeccable. Mais il n'est pas seul dans le film et son personnage se retrouve à faire face à des individus tout à fait à la hauteur. D'abord, Annu Kapoor se démarque complètement tant il est détestable. On en vient à se demander s'il est vraiment Pramod Mathur, l'avocat de l'inspecteur Suryaveer Singh, lui-même

franchement odieux. Kumud Mishra est d'ailleurs formidable dans ce rôle, capable de rentrer dans la peau des personnages qu'on lui offre sans le moindre mal. Le reste du casting est tout à fait correct et ne met pas en difficulté le visionnage du film. A noter que Sayani Gupta marquera par sa présence avec un rôle qui vous brisera le cœur. Il y a dans son jeu une justesse qui me donne envie d'aller taper à la porte des réalisateurs indiens. L'actrice mériterait plus d'espace à l'écran ! Tellement plus ! Huma Qureshi s'en sort relativement bien dans un rôle qui, soyons honnêtes, n'est pas très plaisant. Pendant une bonne partie du film, j'avais l'impression qu'elle était l'homme de la maison qui ne fait rien de sa journée et qui laisse sa femme tout gérer. Jolly cuisine pour Pushpa, il travaille et tente de répondre à ses besoins. Elle est choyée par son époux. Et c'est tout. La seule chose qu'elle a à faire, c'est d'être jolie dans sa robe Gucci. Alors forcément, (petit spoiler) quand elle se jette sur les malfrats qui tirent sur son mari, la crédibilité du personnage est équivalente à zéro.

Je vais être honnête, je n'ai pas réussi à apprécier le film dans son entièreté. Si les émotions étaient le plus souvent fortes, j'ai quand même était rapidement ennuyée tant ma concentration m'a fait défaut. Je n'ai pas réussi à complètement entrer dans le film, alors j'ai fini par le regarder sans m'y impliquer vraiment. J'en ai peut-être apprécié une grande partie, mais j'ai l'impression qu'il manquait un jene-sais-quoi au métrage. Quelque chose qui m'aurait entièrement captivé et fait adhérer à son histoire. Je ne regrette pas le visionnage de Jolly LLB 2, mais je n'ai pas eu la sensation de l'avoir savouré à sa juste valeur. 113


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CRITIQUE

3. M OT S PA R FAT I M A Z AHRA

En jugeant la qualité des films de ce début d'année 2017, beaucoup semblent être d'accord sur le fait que le mérite de nombre de ces métrages laisse à désirer, sachant que les deux premiers trimestres ont tout de même connu une multitude de sorties. Les avis semblent également s'accorder sur le fait que le meilleur ouvrage cinématographique de cette période est Jolly LLB 2, suite de l'excellent Jolly LLB avec Arshad Warsi et Boman Irani, qui est cette fois-ci porté par Akshay Kumar.

Est-ce que le contenu du film reflète réellement la qualité de son prédécesseur ? Ou estce simplement un de ces cas où une séquelle fonctionne parce qu'elle porte le numéro « 2 » dans son titre, ainsi qu'un acteur de la A-List de Bollywood ? Jagdishwar Mishra (Akshay Kumar), surnommé Jolly, est un ambitieux avocat qui commence son chemin dans le monde 114

de la justice comme assistant d'un des plus importants avocats de Lucknow. Son chemin croise celui de Hina (Sayani Gupta), jeune veuve qui a perdu son mari, et que le héros du film utilise pour obtenir une somme d'argent, l'arnaquant sans scrupule pour arriver à ses fins et ouvrir son propre cabinet. A l'instant où la jeune femme réalise que Jolly l'a usurpé, elle se suicide, perdant tout espoir qu'un jour justice soit faite à son défunt époux. Dévoré par sa culpabilité, Jolly décide ainsi de faire tout ce qui est en son pouvoir pour résoudre cette affaire. COMME RC IAL ISÉ DÈS SES TO UTES P R E MIÈ RES IMAG ES CO MME É TANT U N FIL M « À L A AKSH AY KUMAR », IL EST TO UT NATURE L DO NC QUE C E D ERNIE R SO IT UN PARFAIT DÉ L IC E . Le rôle est parfaitement taillé pour lui coller littéralement à la peau. L'acteur arrive à passer de l'avocat sournois à un homme qui ne jure que par la justice avec une grande aise, et ses scènes, qu'elles soient dramatiques ou comiques, génèrent chez le spectateur une joie totale.


Malheureusement, là encore, Jolly LLB 2 est un film qui tombe dans le même défaut que tous les autres de son genre : à trop se focaliser sur un personnage, les autres sont parfois entièrement effacés, à commencer par la gâchée Huma En conclusion Qureshi. Elle est tellement sous-utilisée que la seule chose que je retiens de son personnage est son amour considérable pour le whisky. C'est une situation à laquelle il fallait s'attendre en voyant la bande-annonce et toutes les vidéos promotionnelles. Mais cela n'empêche pas le sentiment de déception quand une actrice aussi douée qu'elle est réduite, encore une fois, au rôle de la gentille épouse.

Derrière le produit final se tient en réalité un seul homme, qui s'est chargé de tout conduire : l'histoire, la réalisation et le script. Si Subhash Kapoor a créé une histoire bien ficelée, après avoir mené des années de recherches sur le système juridique indien, c'est à sa réalisation que je trouve quelques défauts. La première partie du film est engageante et tient sur une trame accrocheuse. Par contre, le réalisateur a préféré instaurer une ambiance hautement mélodramatique dans la seconde partie, ce qui m'a vite donné l'impression de revoir une série télévisée à la sauce d'Ekta Kapoor. En d'autres mots, cela a débouché sur des scènes irritantes par moments, et peu convaincantes par d'autres.

Si Jolly LLB 2 a de bons moments à proposer, si je devais choisir entre les deux volets, j'opterais personnellement pour le premier.

Dénué de tout facteur commercial, Jolly LLB était à mes yeux l'un des meilleurs films de 2013, et une surprise très inattendue. Là où je trouve que son successeur est bourré de plusieurs éléments qui n'ont qu'un seul but, et c'est de rajouter une touche commerciale très inutile au métrage, comme les chansons, certes agréables, mais qui collent moins à l'ambiance que le réalisateur tente de mettre en place. D'autant plus que cela n'a fait que rallonger le métrage, et avec une fin qui m'a donné l'impression de durer éternellement, j'aurais préféré que Subhash soit plus succinct dans sa scène conclusive, pour un résultat plus digeste et efficient. DA NS SA G LO BAL ITÉ , L E PRE MIE R F ILM D'AKSH AY KUMAR DE C E TTE A N NÉ E RESTE UNE AG RÉ ABL E E X P É RIE NC E , E T S'AJ O UTE À L A L ISTE DES QUE LQUES FIL MS Q UI TE NTE NT TO UT DE MÊ ME D E RE NVOYE R UN MESSAG E , DE M ANIÈ RE SATIRIQUE , À L E UR AU DIE NC E . 115


N NE WS

Les Immanquables des News Dravidiennes MOTS PAR ASMAE

VAR U N T E J DA NS L E F IL M FIDA A

1.

Varun Tej, nouveau roi de la romance ? Fort du succès populaire de Fidaa avec Sai Pallavi, Varun Tej s'illustrera une nouvelle fois dans le registre romantique avec le prochain métrage de Venky Atluri, temporairement intitulé Feel My Love. Pour lui donner la réplique, l'acteur travaillera pour la première fois avec la prolifique Raashi Khanna.

2.

116

Anupama face à Nani Révélée en 2015 par le désormais incontournable Premam, Anupama Parameswarawan s'impose doucement mais sûrement au cinéma dravidien. Prochainement, elle donnera la réplique à l'acteur télougou Nani dans une romance où elle incarnera une fille moderne et sophistiquée.

3.

Dulquer Salmaan à Bollywood En effet, le jeune phénomène de Mollywood fera ses débuts au cinéma hindi dans la première réalisation d'Akarsh Khurana produite par Ronnie Screwvala. Il y donnera la réplique à Irrfan Khan ainsi qu'à la jeune Mithila Palkar, révélée par la web-série Girl in the City.


SAY Y ES HA A SA IG A L DANS L E F IL M A K HIL - T H E P OW E R O F JUA

4.

Sayyeshaa Saigal signe un nouveau projet Lancée au cinéma en 2015 avec le masala télougou Akhil – The Power Of Jua, la jeune comédienne de 20 ans sera l'héroïne de Junga, un thriller d'action tamoul avec Vijay Sethupathi, qui campera un gangster dans ce projet dirigé par Gokul. La majeure partie du tournage se déroulera à Paris.

ANU PA M A PA RA M ESWA RA N , RA M POT H I NE M I ET M EG HA A K AS H LO RS DE L A CEL EBRAT IO N D U TO U RN AG E DE VU NNA D I O K K AT E Z IN DAG I, E N JU IL L E T 2 017

5.

Megha Akash remplacée par Lavanya Tripathi En effet, Megha avait signé la romcom télougoue Vunnadi Okkate Zindagi, face à Ram Pothineni. Mais la jeune femme a dû renoncer au projet par manque de disponibilité et a été remplacée au pied levé par la non moins prolifique Lavanya Tripathi, récemment à l'affiche du plébiscite populaire Mister. Vunnadi Okkate Zindagi signe au passage la seconde collaboration entre Ram et le réalisateur Kishore Tirumala, qui l'a précédemment dirigé dans le succès d'estime Nenu Sailaja.

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R

R ITU VA RM A

RITU VARMA la nouvelle étoile... MOTS PAR ASMAE

Ritu Varma est le phénomène imprévisible du cinéma télougou. Depuis 3 ans, des actrices comme Keerthy Suresh, Rakul Preet Singh ou encore Raashi Khanna sont de tous les blockbusters à Tollywood. Ritu suit un sillage différent, moins convenu et tourné vers des vraies performances d'acteur. 118


Née le 10 mars 1990 à Hyderabad, elle y vit depuis toujours avec ses parents. Pour autant, sa famille est issue de la communauté rajput. « On parle le hindi à la maison, » explique la jeune femme qui a donc grandi en regardant des films télougous tout en maintenant un lien très fort avec ses racines du nord de l'Inde.

Ritu étudie l'ingénierie dans sa ville natale et mène son cursus à son terme. Très impliquée dans sa scolarité, Ritu n'ambitionne nullement de faire carrière au cinéma. Ceux sont ses cousins qui l'encouragent à se lancer dans une carrière de mannequin après l'obtention de son diplôme. «

Après mes études, j'ai participé à un concours de beauté local. J'ai terminé première dauphine pour ensuite commencer le mannequinat à Hyderabad pendant 4 ou 5 mois. C'est à ce moment-là que Tharun Bhascker m'a contacté pour son court-métrage Anukokunda. J'étais hésitante au départ parce qu'à cette époque, j'étais mannequin et même si j'étais à l'aise face à l'objectif, jouer la comédie est totalement différent.Pour autant, il a su me convaincre et dans la mesure où nous étions amis de longue date, j'ai pensé le faire juste pour profiter de l'expérience. » Dans Anukokunda, elle incarne une jeune femme qui, à l'aube de son mariage arrangé, tente de vivre une ultime aventure. Sa prestation est saluée au même titre que l'œuvre elle-même. Présenté lors de la 48-Hour Filmmaking Competition de la ville d'Hyderabad, Anukokunda remportera le prix du Meilleur Film tandis que Ritu sera sacrée 'Meilleure Actrice' lors de l'événement. Anukokunda sera également

projeté lors du prestigieux Festival de Cannes, dans le cadre de sa sélection de courts-métrages pendant son édition de 2013. L A MÊ ME ANNÉ E , E L L E SIG NE SO N P R E MIE R RÔ L E AU C INÉ MA AVEC L E B LO C KBUSTE R BAADSH AH , FAC E À N TR J R E T KAJAL AG G ARWAL , O Ù E L L E CAMP E L A SŒ UR DE C E TTE D ERNIÈ RE . Dans un rôle accessoire, la jeune femme ne parvient pas à réitérer le succès de son court-métrage. Plus tard dans l'année, elle est l'une des héroïnes de Prema Ishq Kaadhal, avec notamment un certain Harshvardhan Rane. 2014 est plus calme pour la jeune femme, qui ne sort qu'un seul métrage qui passera relativement inaperçu : Naa Raakumarudu, une romance qu'il l'oppose à Naveen Chandra. En 2015, sa prestation secondaire dans la comédie dramatique Yevade Subramanyam lui vaut les éloges des médias ainsi qu'une nomination pour l'IIFA Utsavam Award du Meilleur Second Rôle Féminin.

Doucement mais sûrement, Ritu s'impose dans nombre de projets prestigieux, sans nécessairement en être la vedette. Mais le film qui va changer la donne pour elle sort en 2016. Le réalisateur Tharun Bhascker la sollicite de nouveau pour un nouveau projet, son premier long-métrage. Ayant dirigé Ritu par le passé avec le courtmétrage acclamé Anukokunda, il n'hésite pas une seconde quant au choix de son héroïne pour cette comédie romantique intitulée Pelli Choopulu, dans laquelle la jeune femme incarne une entrepreneuse responsable et motivée. « Il m'avait

à l'esprit pour le rôle de Chitra. D'ailleurs, j'adore >

119


travailler avec Tharun parce que je sais qu'à chaque fois, il se présente avec un concept unique. J'avais totalement confiance en sa capacité de faire un film différent. » Véritable bouffée d'air frais pour le cinéma télougou, son personnage dénote des protagonistes féminins habituels des productions populaires locales. Ritu incarne effectivement Chitra, une femme sûre de ce qu'elle veut et de ce qu'elle vaut, qui ne se jette pas au cou des hommes et qui s'investit plutôt pour son avenir. Ce métrage lui permet également de retrouver l'acteur Vijay Deverakonda, avec lequel elle avait précédemment travaillé pour Yevade Subramanyam.

Les retours sont dithyrambiques et voient Ritu Varma élevée au même niveau que les plus grands. Elle sera effectivement nommée aux South Filmfare Awards pour le prix de la Meilleure Actrice en télougou face à l'une des grandes vedettes de cette industrie : Samantha Ruth Prabhu. Ritu remportera d'ailleurs lors de cette cérémonie le trophée de la Meilleure Actrice attribué par la critique, une belle consécration pour celle qui signait l'un de ses premiers rôles d'envergure avec Pelli Choopulu.

R ITU VARMA E T L'ACTE UR VIJAY D E VE RAKO NDA DANS L E FIL M P E L L I CH O O P ULU


En 2017, Keshava s'inscrit dans la volonté de la comédienne de proposer des œuvres atypiques au cinéma télougou grand public. Ce thriller noir sans séquence musicale dénote des films populaires de Tollywood et prouve que Ritu n'a pas l'intention de copier ses collègues féminines. Face à la tête d'affiche Nikhil Siddharth, la jeune femme présente son personnage : « Je

joue une étudiante en droit [...]. Mon personnage est une fille simple venue d'une petite ville qui s'interroge sur la soif de vengeance du héros campé par Nikhil. » Elle effectue ensuite une apparition dans ce qui constitue son premier film à Kollywood : Velaiilla Pattadhari 2, drame avec Dhanush et Kajol. Aussi, la sortie du film China qui doit l'opposer à l'acteur Kalaiyarasan (révélé en 2014 dans Madras) se fait attendre. Ritu sera prochainement à l'affiche d'un métrage des plus prometteurs : Dhruva Natchathiram, thriller d'espionnage en langue tamoule dans lequel elle donnera la réplique au grand Vikram. Surtout, elle a l'opportunité avec ce film de travailler sous la direction de l'inclassable Gautham Menon, auquel on doit notamment les incontournables Vaaranam Aayiram (avec Surya) et Vinnaithaandi Varuvayaa (avec Simbhu).

Ritu n'était pas le premier choix du réalisateur, qui s'était d'abord intéressé à l'actrice malayalam Anu Emmanuel. Mais après le départ d'Anu du projet, le cinéaste s'attarde sur le cas de Ritu. « Après la sortie de Pelli Choopulu,

j'ai reçu un appel du bureau de Gautham (Menon, ndlr) à Chennai. Quand je suis arrivée sur place, on m'a demandé de passer des essais. [...] Suite à cela, Gautham s'est présenté en personne pour me proposer le rôle. »

RITU E T SO N SO UTH FIL MFARE AWARD DE L A ME IL L E URE ACTRIC E SE LO N L A C RITIQUE P O UR PE L L I C H O O P ULU.

RITU VARMA FAIT FIG URE D 'E XC E PTIO N PARMI L A J E UNE G É NÉ RATIO N D'ACTRIC ES À TOL LYWO O D. Et la jeune femme de 27 ans a appris à faire les bons choix, sans se précipiter sur des métrages qui pourraient décevoir son public. « Beaucoup de scripts m'ont été

proposés dernièrement, mais j'avoue être sélective. Je veux être bien plus qu'un joli minois afin de m'engager pour des rôles consistants. Je suis heureuse de tenir des rôles qui m'illustrent en femme indépendante, car c'est ce que je suis dans la vie. »

En 5 années d'activité, l'actrice peut se vanter d'avoir tourné dans un film lauréat d'un National Award et d'avoir déjà remporté un prix d'interprétation si tôt dans sa carrière.Nul doute que la jeune femme confirmera l'essai avec ses productions à venir... 121


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CRITIQUE

Kandukondain Kandukondain MOTS PAR ASMAE

J E ME S U I S L ANC É E DA N S L E V I S I ONNAGE DE K A N D U KO N DA IN KAN DU KONDAI N P O U R U N E RA IS O N B I EN P R ÉCI S E . En fan inconditionnelle de l'auteure britannique Jane Austen, je me suis promis de voir toutes adaptations de ses ouvrages, que ce soit au cinéma ou à la télévision. De fait, j'ai regardé toutes les versions possibles et imaginables d'Orgueil et Préjugés ; me suis délectée devant les adaptations fidèles et relectures libres d'Emma, Mansfield Park ou encore Persuasion. 122

C'est ainsi que j'ai découvert Kandukondain Kandukondain il y a de cela 6 ans, version revisitée de Raison et Sentiments, qui constituait au passage l'une de mes premiers films de Kollywood. Mais ce qui fait la singularité de cette œuvre, c'est son casting. Pour cette réalisation tamoule, on retrouve Aishwarya Rai, Ajith Kumar, Mammootty et Tabu... Vous comprenez donc désormais ce qui m'a mené à rédiger cette critique, alors que Kandukondain Kandukondain est sorti en 2000, il y a 17 ans. Tabu fait partie de ces nombreuses actrices à avoir travaillé aussi


bien dans le nord et dans le sud du pays. Mais elle est l'une des rares à s'y être littéralement imposée.

Parce que Tabu est parvenue, en plus de 25 ans de carrière, à s'illustrer dans de multiples industries cinématographiques indiennes tout en gardant ce qui fait son identité : le contenu de ses histoires. Avec Kandukondain Kandukondain, elle ne déroge pas à la règle et prouve que la langue n'est une barrière ni à son talent, ni à son goût pour le risque. Bien au contraire... Sowmya (Tabu) et Meenakshi (Aishwarya Rai) vivent avec leur mère Pathma (Srividya), leur jeune sœur Kamala (Shamili) et leur grand-père Chandrasekhar (Unnikrishnan Namboothiri) à Karaikudi, au Tamil Nadu. Lorsque ce dernier décède, la famille apprend qu'il a cédé leur maison à son fils, Swaminathan (Nizhagal Ravi), forçant la famille à quitter les lieux. Elles emménagent donc à Chennai et doivent se battre pour s'en sortir. Et tandis que l'aspirant cinéaste Manohar (Ajith Kumar) fait une cour assidue à la discrète Sowmya, l'impétueuse Meenakshi tombe sous le charme de Srikanth (Abbas), sans se rendre compte qu'un autre homme la contemple avec amour : Bala (Mammootty)...

Pourquoi je vous recommande ce métrage ? Parce que, audelà de la présence de Tabu à sa distribution, Kandukondain Kandukondain est un film culte. Je ne suis pas objective, me direz-vous, puisque j'aime Tabu et l'univers de Jane Austen. Mais la réalisation de Rajiv

Menon est impeccable, Kandukondain Kandukondain constituant une adaptation vivante et inspirée de Raison et Sentiments. Cette relecture est une réussite tant elle sait tirer le meilleur de l'histoire originale tout en proposant des personnages différents de son ouvrage de référence. Le parallèle avec Raison et Sentiments n'est pas limpide puisque le scénariste a su réinventer cette trame en l'inscrivant dans le contexte du Tamil Nadu du début des années 2000, et en positionnant ses héroïnes en véritables 'working girls' qui veulent aimer sans en ressentir le besoin. En effet, le cinéma en général (notamment celui de l'Inde) a cette fâcheuse tendance à présenter la dépendance émotionnelle en la traduisant en sentiment amoureux.

Au cinéma, aimer quelqu'un revient à dépendre de lui et à ne plus être en mesure de s'accomplir s'il ne nous prodigue pas l'affection et l'attention nécessaires. Or, le sentiment amoureux au sens véritable est justement réparateur et générateur d'émotions positives. L'amour ne doit pas remettre en cause l'estime que l'on a de soi mais juste questionner notre capacité à nous investir dans le rapport qu'on a à l'autre. Dans Kandukondain Kandukondain, Soumya et Meenakshi ne laissent pas leurs échecs sentimentaux les briser, encore moins leur donner l'impression qu'elles ne sont bonnes à rien. A contrario, c'est lorsqu'elles sont blessées par les hommes qu'elles investissent leur travail comme un moyen de remonter la pente. Car elles n'ont pas besoin d'être aimées par un homme pour se sentir compétentes et talentueuses. Elles le savent déjà et la douleur qu'elles éprouvent les galvanise. Soumya gravit les échelons dans son entreprise tandis que Meenakshi devient une vedette de la chanson. > 123


Elles ont réussi sans l'amour d'un homme. Kandukondain Kandukondain met donc parfaitement en valeur le fait que le sentiment amoureux sain ne soit jamais extrême et ne vienne pas empiéter sur les autres pans de la vie de la personne. En ce qui me concerne, j'ai adoré la complicité qui lie Meenakshi à Sowmya, formidablement restituée à l'écran par Aishwarya et Tabu. Kandukondain Kandukondain permet d'apprécier la collaboration entre ces deux grandes dames, qui marquent chacune par leur présence sans jamais chercher à prendre le dessus sur l'autre. Les deux comédiennes se complètent prodigieusement, créant une superbe harmonie entre l'énergie de l'une et la retenue de l'autre. Elles font d'ailleurs partie de cette génération de comédiennes qui ne craignaient pas les projets 'multistarrer' et qui acceptaient volontiers de partager l'affiche d'un métrage avec une autre grande vedette féminine, sans se sentir menacée ou ombragée par celleci. La mentalité a changé désormais, et il est difficile d'imaginer que Katrina Kaif et Deepika Padukone se donnent un jour la réplique dans un film dont elles seraient les deux héroïnes, par exemple. Dommage...

Tabu est formidable en jeune femme qui intériorise ses émotions pour incarner le pilier de sa famille. Sowmya ne s'autorise pas à exprimer ce qu'elle ressent et garde sa souffrance pour elle. Elle se saisit de chaque épreuve pour la transformer en une force qui la transcende dans ses objectifs de réussite. C'est lorsqu'elle pense avoir perdu Manohar que sa carrière prend un nouveau tournant. Aussi, la jeune femme se sent responsable de sa famille et ne voit pas sa propre réussite comme un atout pour elle-même. 124

Telle un homme, elle porte sur elle la charge de son foyer et tend même à croire qu'elle a causé la précarité des siens. Dans une société phallocrate qui accorde plus de droits aux hommes, Sowmya estime qu'elle aurait pu éviter à sa famille d'être à la rue si elle était née garçon. Elle est confortée dans cette idée puisque son grand-père, dont elle s'est toujours occupée et qui vivra auprès d'elle jusqu'à sa mort, cèdera l'ensemble de ses biens à son fils, au seul prétexte que Pathma se soit mariée avec un homme qu'il n'avait pas choisi.

En tant qu'aînée de la fratrie, elle tente de devenir l'homme qui sauvegardera sa mère et ses sœurs de la misère. Dans ses relations humaines, Sowmya fonctionne de la même façon. Elle priorise le bien-être de l'autre et pense à s'écarter de l'être aimé lorsqu'elle croit ne pas en être digne. Toujours avec la réserve qui la caractérise, elle laisse partir l'homme de sa vie, pensant qu'il sera en mesure de trouver le bonheur ailleurs. La scène conclusive est saisissante tant l'héroïne se lâche enfin, éclatant en sanglots, comme submergée par la multitude d'émotions qu'elle éprouve, entre soulagement, surprise et bonheur. Ainsi, on comprend que Sowmya ne s'est jamais donnée le droit d'être heureuse. Lorsqu'elle retrouve Manohar, ce sentiment fort la terrifie tant elle n'en a jamais fait l'expérience. Quand Sowmya explose, c'est pour laisser parler ce sentiment de bonheur qu'elle éprouve pour la première fois.

De son côté, Aishwarya est lumineuse en fille romantique devenue amoureuse brisée. Car Meenakshi est le contraire de Sowmya. Elle extériorise librement ses émotions,


quitte à les extrapoler. Chez elle, tout est passionné et rien n'est mesuré. Lorsqu'elle rencontre Srikanth, elle voit immédiatement en lui son unique grand amour. Et quand cette relation se termine, la jeune femme est détruite de l'intérieur et peine d'abord à se mobiliser pour remonter la pente. La musique vient la sauver et l'aider à exprimer de façon plus juste ses ressentis et ses tourments.

Sowmya comme Meenakshi incarnent les femmes dans leur entièreté ; tantôt fortes, tantôt vulnérables Le scénario de l'écrivain tamoul Sujatha dépeint ses héroïnes avec justesse et sensibilité. Il amène d'ailleurs une réflexion supplémentaire dans le parcours de ses protagonistes en tant qu'indiennes et soulève des questionnements quant à leur place dans cette société. Kandukondain Kandukondain met en exergue la difficulté de toute une génération à trouver son équilibre entre l'héritage d'une certaine tradition et une vive projection dans la modernité qu'offre l'Occident. L'Inde y est restituée dans sa richesse et sa complexité, entre identités multiples et profonds paradoxes. Le métrage vient enrichir le propos du livre dont il s'inspire grâce à cette contextualisation au cœur du Tamil Nadu des années 2000. L'influence de la globalisation est présente mais de manière à aussi dégager l'attachement de la nouvelle génération à sa culture et son histoire. Sowmya et Meenakshi aspirent donc à réussir par elles-mêmes, l'une envisage même de partir à l'étranger afin d'obtenir le poste de ses rêves. Aucune opposition ne se manifeste dans leur entourage et les jeunes femmes ont toute la liberté de s'investir dans leurs ambitions professionnelles. >

Kandukondain Kandukondain ne joue pas la carte certes réelle mais aussi quelque peu réductrice d'une société indienne répressive pour les femmes. L'œuvre préfère s'appuyer sur une restitution optimiste du grand Chennai, capitale où tout est possible pour ses héroïnes et qui signe le tournant de leur destinée. 125


Contrairement à nombre de films indiens populaires, Kandukondain Kandukondain voit ses personnages masculins relégués au second plan, servant presque de faire-valoir aux vedettes féminines. Si leurs apparitions sont plus limitées, elles recouvrent néanmoins une importance capitale dans l'évolution des protagonistes principaux du métrage. Ajith Kumar campe Manohar, un jeune homme qui rêve de devenir cinéaste. Lorsqu'il rencontre Sowmya, il est sur le point de concrétiser son objectif et est confronté à un choix : investir davantage sa vocation ou l'amour naissant qu'il voue à la jeune femme. Finalement, il réalise que sa réussite ne prend de sens que lorsqu'elle est vécue aux côtés de celle qu'il aime.

Manohar incarne la difficulté de trouver le bon équilibre entre amour et ambition, sans avoir nécessairement besoin de choisir. 126

Abbas est Srikanth, l'homme dont Meenakshi s'entiche. Romantique et idéaliste, la jeune femme accorde plus de crédit à une belle tirade de son cher et tendre qu'à de véritables actes d'amour. Elle passe ainsi complètement à côté des sentiments de Bala, ancien soldat ayant perdu sa jambe au front. La légende Mammootty, grand monsieur du cinéma malayalam, signe l'un de ses rares projets en langue tamoule avec ce film.

L'acteur y tient un rôle secondaire bouleversant, en ancien officier de l'armée qui aime Meenakshi à sa manière un peu rustre, sans mièvreries ni envolées lyriques. Il l'aime à en accepter qu'elle en épouse un autre. Il l'aime en la soutenant dans ses rêves de carrière. Il l'aime à la sauver lorsque celle-ci touche le fond, et sans jamais rien espérer en retour. Son amour est pur et désintéressé.


Bala incarne le héros romantique réel de Kandukondain Kandukondain, celui que Meenakshi n'a pas été en mesure de voir tant elle a été bercée par sa vision romancée du prince charmant, jeune et beau parleur. Mammootty est exceptionnel et livre la prestation masculine la plus entière de l'œuvre. Il touche en soldat estropié qui perd sa fierté à cause de son handicap. L'amour qu'il porte à Meenakshi le révèle également et lui permet de redevenir l'être digne qu'il fût lorsqu'il était dans l'armée. Kandukondain Kandukondain voit sa bandeoriginale composée par l'incontournable

A.R. Rahman. Si elle se compose de 8 titres, deux morceaux sortent du lot. Le premier, « Kanamoochi », est interprété par K.S. Chithra et narre la naissance du sentiment amoureux entre Manohar et Sowmya. Le second, « Enna Solla Pogirai » est porté par le timbre de Shankar Mahadevan, qui prête sa voix à Ajith, déclamant son amour à travers cette séquence musicale. Ce son vaudra d'ailleurs à Shankar le National Award du Meilleur Chanteur.

En conclusion K A NDUKO NDAIN KANDUKO NDAIN EST UN FIL M À L A FO IS DÉ L ICAT E T HABIL E . Avec son travail, Rajiv Menon semble amener au Tamil Nadu ce qui fait le sel du cinéma de Mollywood : l'authenticité. Rien n'est excessif dans sa réalisation, avec au contraire une attention toute particulière portée au réalisme des situations de ses héroïnes. Le cinéaste nous livre un film de femmes, mais pas une œuvre féministe. Car Kandukondain Kandukondain dépasse la question de la condition féminine et vient plutôt narrer le parcours de deux sœurs qui se mobilisent dans l'adversité. Sowmya et Meenakshi ne s'émancipent pas à travers le mariage ou le lien qu'elles tissent avec un homme. L'homme est ici compagnon, ami et soutien, mais il n'occupe pas ce rôle de libérateur qu'on lui confère dans de nombreux films indiens. Les femmes de Kandukondain Kandukondain sont fortes et indépendantes tout en ayant une foi profonde en l'amour. Les choses sont remises à leur juste place dans ce métrage, et c'est ce qui le rend absolument incontournable. 127


Bci nem a LE CINÉMA INDIEN C O M M E V O U S L'A I M E Z ! Fondé en 2013, Bcinema est un groupe de jeunes passionnés du cinéma indien chargé de la promotion des films indiens sortant en France, en partenariat officiel avec l'ensemble des distributeurs, cinémas et divers prestataires. Actif et accueilli massivement au sein des réseaux sociaux, la vocation principale de ce groupe reste avant tout de partager sa passion pour le cinéma indien.

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L E FIL M ME RSAL PRO C H AINE ME NT E N FRANC E


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CRITIQUE

Jomonte Suvisheshangal MOTS PAR ASMAE

Dans chacune de nos rubriques sud, nous avons pour règle d'évoquer au moins un film en langues tamoule, télougoue et malayalam. Pour ce dernier, j'ai choisi l'une des premières sorties de l'année : Jomonte Suvisheshangal. Dulquer Salmaan, à l'affiche de ce métrage, a été d'ailleurs très productif durant le premier semestre de 2017 avec ce film ainsi que le projet Comrade in America, en salles en mai dernier. Après les plébiscites de ses précédents films Bangalore Days, Charlie ou encore Kali, qu'en est-il de Jomonte Suvisheshangal ?

Confirme-t-il l'incroyable ascension de l'acteur, récemment sacré aux South Filmfare Awards par la critique ? Jomon (Dulquer Salmaan) est l'archétype du tire-au-flanc. Il profite de l'importante fortune de son père Vincent (Mukesh) sans rien faire, n'investissant ni ses études ni les affaires familiales. Mais lorsque Vincent fait un mauvais placement financier, la famille est ruinée et Jomon n'aura pas d'autre choix que de se confronter à la réalité... J OM ONT E S U VI SHES HA N G A L M E T UN TEM P S FOU À D É M A R R E R. L A PREMI È R E PART IE D U M É T RAG E EST INT E R M I NA BL E.

Pourtant, je suis consciente que les films malayalam prennent leur temps et possèdent un rythme plutôt tranquille. Mais le problème ici réside dans l'écriture plutôt que dans la narration. Pendant plus d'une heure, on voit Jomon se comporter en enfant sans aucune maturation ni remise en question. Il flirte, ne prend rien au sérieux et agit comme un adolescent. Jomon est centré sur sa personne et ne s'imagine pas la somme de travail que représente la fortune de son père, qu'il s'engage à dépenser vigoureusement. > 129


Rien n'est mis en œuvre pour nous rendre ce personnage agréable, d'autant que l'histoire se perd dans la vie insipide de Jomon, qui s'éprend au passage de la belle Catherine. Campé par Anupama Parameswaran, ce personnage est complètement accessoire et ne constitue qu'une passade dans le parcours de Jomon.

La seconde partie du métrage est beaucoup plus intéressante et engageante puisqu'elle s'attache à la reconstruction de la relation entre un père et son fils. Jomon reste auprès de Vincent et apprend au passage à se responsabiliser. Aussi, il fait l'expérience de la précarité par laquelle est passé son père avant de devenir un éminent businessman. J OM ON M Û R I T DU JE U N E IN S O L E N T QUI NE P E NS E QU 'À JO U IR D ES PLAI S I R S DE L A V IE P O U R T E N D RE V ER S L'A DU LT E R ES P O N SA B L E QUI T RAVAI L L E À L'AT T E IN T E D U B ON H E U R VÉR I TA B L E . L'évolution de sa vie affective en témoigne également. En effet, il rencontre Catherine et décide d'être avec elle sans réellement se poser la question de savoir si elle est réellement susceptible de le rendre heureux. Jomon est dans l'acquisition perpétuelle, dans le fait d'avoir plutôt que d'être. Aussi, avec Catherine, ils ne partagent que des moments joyeux. Au premier obstacle, Jomon perd pied et jette l'éponge. A contrario, sa rencontre avec Vaidehi se fait dans des conditions beaucoup plus compliquées. Elle lui témoigne d'abord son antipathie prouvant qu'elle n'est pas accessible. Car Vaidehi ne sera pas une acquisition, comme a pu l'être 130

Catherine par le passé. Jomon découvre la vraie valeur de cette jeune femme avec laquelle il n'a pourtant rien de commun. C'est au travers de sa relation naissante avec Vaidehi qu'on entrevoit réellement le gain de maturité du héros. Puisqu'ils n'ont rien à s'offrir sur le plan matériel et que leur lien est nourri par l'affection qu'ils se portent plutôt que par la vie qu'ils mènent.

En voyant Jomonte Suvisheshangal, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à un


autre métrage de Mollywood : Jacobinte Swargarajyam, avec Nivin Pauly au casting. J'avais parlé de ce film dans une critique figurant dans notre précédent numéro, encensant grandement sa sensibilité. Jomonte Suvisheshangal part d'un pitch semblable : celui d'un père de famille ruiné qui doit s'appuyer sur son fils pour se sortir de sa situation. Moins d'un an sépare les deux projets et clairement, Jacobinte Swargarajyam est plus convaincant.

Il faut dire qu'il est tiré d'une histoire vraie et qu'il présent une précision et un soin du détail qu'on ne retrouve pas dans Jomonte Suvisheshangal, à l'écriture plus grossière. Ce dernier est prévisible et tombe hélas dans le pathos, là où son prédécesseur jouait la carte de l'authenticité et du réalisme sans sombrer dans le mélodrame poussif et lacrymal.

Dans Jomonte Suvisheshangal, on voit les rôles s'inverser, Vincent devenant presque dépendant de son fils sur tous les plans, là où c'était toujours le contraire. Les séquences manquent hélas de vérité et sont téléphonées au possible. Au contraire, Jacobinte Swargarajyam abordait une question similaire avec une approche beaucoup plus pertinente et moins filmesque. L E PRO BL È ME DE J O MO NTE S UVISH ESH ANG AL RÉSIDE P R INC IPAL E ME NT DANS SO N ÉC RITURE , QUI S'INSC RIT DANS L E C LIC H É G É ANT DU DRAME FAMIL IAL P LUTÔT QUE DE RE L ATE R AVEC S E NSIBIL ITÉ E T P RO FO NDE UR L E PARCO URS DE C E TTE FAMIL L E R U INÉ E E T DE C E FIL S QUI DE VIE NT A DULTE DANS L'ADVE RSITÉ . La distribution est généreuse mais ne peut pas sauver ce film au scénario bancal et mal assuré. Il manque également de cet élan de solidarité ou de ces marasmes profonds qui font le sel des drames familiaux. Dans Jacobinte Swargarajyam, on voyait les individualités se révéler, se déchirer face à la crise pour finalement s'unir afin d'en sortir. Ici, on voit Vincent et Jomon, complètement livrés à eux-mêmes et lâchés par le reste > 131


de la famille, tentant de solutionner seuls la situation. Le métrage est davantage axé sur la relation père/fils, mais j'avoue avoir été interloquée par la criante absence du reste de la fratrie, qui ne se manifeste que timidement durant la période compliquée que traverse leur père.

La différence majeure entre Jacobinte Swargarajyam et Jomonte Suvisheshangal tient dans son épilogue. En effet, si le premier illustrait la lutte d'une famille pour récupérer ce qu'elle a perdu, le second revient plutôt sur la remise en question d'un homme sur la vie faste et opulente qu'il mène, de l'art de retourner à l'essentiel. Dulquer Salmaan s'inscrit dans le rôle du garçon immature qui préfère adopter une posture d'évitement plutôt que de conflictualiser pour solutionner. Il doit se confronter à une situation extrême pour changer de comportement et devenir responsable. Une évolution qui se fait de manière trop allègre pour être crédible, malgré l'indéniable charisme de l'acteur. Le personnage de Vincent est d'abord présenté comme un homme d'affaire audacieux, avide et obsédé par l'argent. Difficile de nous le rendre sympathique. Ce n'est qu'en perdant tout qu'il se redécouvre, pour mieux revenir aux valeurs qui l'animaient à ses débuts. Ainsi, Vincent apprend sur lui-même pour mieux guider son fils.

Mukesh impressionne de justesse et parvient à amener son personnage plus loin que ce que son écriture initiale augurait. 132

Aishwarya Rajesh est quant à elle le vent d'air frais de Jomonte Suvisheshangal. En valeureuse 'working girl' d'origine tamoule, l'actrice est prodigieuse dans son premier rôle à Mollywood et prouve qu'elle fait partie de cette génération d'actrices à s'orienter vers des rôles sensibles, loin des blockbusters dravidiens dans lesquels, malheureusement, les rôles féminins sont souvent réducteurs. La musique de Jomonte Suvisheshangal est une réussite, s'appuyant sur trois titres forts : « Nokki Nokki », « Ponkattey » et « Neelakasham », composés par le talentueux Vidyasagar. Pour autant, l'album manque de richesse, et ces compositions se noient quelque peu dans une narration brouillonne et éparpillée.

En conclusion Jomonte Suvisheshangal enfile des pantoufles et ne les quitte plus. Le film ne fonctionne pas quand il s'agit de poser des enjeux dramatiques et s'enferme dans un schéma narratif confortable qui ne creuse pas suffisamment les émois de ses protagonistes pour nous embarquer. L A PRE MIÈ RE PARTIE É VO LUE P ÉNIBL E ME NT TANDIS QUE L A S ECO NDE EST RE H AUSSÉ E PAR Q U E LQUES SC È NES TE NDRES QUI V IE NNE NT É VE IL L E R UN SC É NARIO M OU E T SANS RÉ E L L E SURP RISE . Mais le duo formé par Dulquer Salmaan et Mukesh donne au film une belle énergie qui empêche le métrage de totalement sombrer.


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CRITIQUE

Mister MOTS PAR ASMAE

« Tous les héros de films télougous sont-ils voués à se faire justice eux-mêmes ? Sont-ils tous nés avec des prédispositions à exécuter des figures de karaté complètement improbables ? Existe-t-il un cahier des charges pour être le parfait antagoniste d'un masala de Tollywood ? D'ailleurs, que fait la police pendant tout ce temps ? » Voici quelques-unes des questions que je me suis posées pendant le visionnage de Mister, sortie Tollywood de 2017 avec l'un de mes récents coups de cœur : Varun Tej. Le métrage m'a également donné l'occasion de 134

découvrir deux comédiennes : Hebah Patel et Lavanya Tripathi.

Chai (Varun Tej) vit en Espagne avec sa famille. Il doit aller chercher une jeune femme à l'aéroport et pense qu'il s'agit de Meera (Hebah Patel) lorsqu'il l'y croise. S'il se rend rapidement compte de sa méprise, il met tout en œuvre pour que la belle passe son court séjour en sa compagnie. Tombé sous son charme, il apprend que Meera en aime un autre et la laisse repartir pour l'Inde, le cœur brisé. Quelques temps plus tard, Meera le recontacte et lui demande de l'aider à épouser son petit-ami. Chai embarque pour l'Inde et, sur sa route, il rencontre l'énigmatique Chandramukhi (Lavanya Tripathi), qui va venir bousculer sa destinée...


Un énième film qui mélange les genres sans savoir en doser intelligemment les ingrédients... Difficile de tirer une analyse quelconque d'un métrage aussi creux, qui semble suivre le même schéma narratif que 80% des productions populaires de Tollywood de ces 5 dernières années... Alors pourquoi vous en parler ? Parce qu'il y a du bon à tirer de ce projet, on sent que le réalisateur avait certaines intentions bien qu'il ne les aient pas suivi jusqu'au bout. Et parce que je suis amoureuse de Varun Tej, irrévocablement.

Tout d'abord, une mise en abyme intéressante est proposée dans Mister. Un réalisateur, incarné par Prudhviraj, participe au périple des héros et les accompagne tout au long de l'histoire, allant jusqu'à l'influencer à certains niveaux. Plus ou moins sciemment, je me dis que le véritable cinéaste, celui qui dirige Mister, a voulu justifier la trajectoire convenue de son histoire par la présence d'un réalisateur fictif qui, par ses remarques, vient mener les personnages à suivre un sillage narratif attendu.

C'est assez intelligent puisqu'on a ainsi presque l'impression que Srinu Vaitla se moque du manque d'inspiration des masala commerciaux télougous en exploitant ce faux réalisateur à l'écran. Pour autant, il fait lui-même l'usage de ces grosses ficelles au premier degré et seul le personnage précité porte à croire à une lecture parodique de l'histoire. C'est dommage que Srinu Vaitla n'ait pas eu le

courage d'aller au bout de sa démarche car, de fait, le cinéaste fictif perd de son intérêt et, surtout, de sa pertinence, s'ajoutant à la liste des rôles comiques sans grand intérêt ni beaucoup d'efficacité.

Une fois n'est pas coutume, j'ai aimé les deux personnages féminins. Pourtant, on n'échappe pas au schéma habituel des films télougous, avec deux héroïnes diamétralement différentes. Mais pour une fois, on ne cherche pas à les opposer, en valorisant l'une au détriment de l'autre. Meera comme Chandramukhi ont leurs qualités et des identités très fortes. Et si dans le schéma narratif qui nous est proposé, elles ne disposent pas de l'espace qu'elles mériteraient, j'ai trouvé intéressant de nous proposer deux protagonistes féminins aussi vifs et attachants. Meera est une fille indépendante, qui se lie sincèrement d'amitié avec un homme sans nécessairement s'en amouracher. Car hélas, le cinéma indien a souvent tendance à illustrer les femmes comme de vrais cœurs d'artichaut. D'où l'antipathie du public à l'égard du personnage d'Alizeh dans le film Ae Dil Hai Mushkil qui, ô sacrilège, refuse l'amour d'un homme qui semble être follement épris d'elle.

« FLASH INFO ! Et non, il ne suffit pas qu'un garçon soit gentil avec nous pour que nous en tombions amoureuses ! » Mais malheureusement, le réalisateur (le vrai à travers celui qui est fictif) vient remettre Meera dans ce qu'il estime être le 'droit chemin' et lui faire 'prendre conscience' que Chai est celui qu'elle aime parce que lui, c'est un BONHOMME ! > 135


Définition du nom commun « bonhomme » selon le petit Tollywood illustré : Homme de type masculin (parce que c'est très important d'insister), souvent velu, aux accès de violence capables de tuer plusieurs dizaines de personnes en même temps (car le bonhomme est partout à la fois) tout en gardant sa chevelure soyeuse impeccable et brillante (et pour ça, il utilise Head & Shoulders). Le mâle, le vrai, exprime sa masculinité en castagnant lui-même ses ennemis plutôt qu'en s'en remettant à la justice.

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enclavée pendant 12 ans, décision paternelle à laquelle elle s'est soumise sans broncher avant de fuir un mariage forcé et de sortir enfin de sa tour d'ivoire.

Chandramukhi est un peu comme la princesse Raiponce de Disney : elle s'émancipe et mûrit à travers sa fugue.

La femme, en revanche, n'est souvent destinée qu'à tomber amoureuse de l'homme, sa fonction se limitant à de la dépendance émotionnelle pure et simple.

Elle ne prend pourtant pas Chai pour son prince charmant mais s'appuie sur le soutien qu'il lui apporte. Lavanya Tripathi est formidable dans la peau de cette jeune femme innocente et altruiste, elle semble ne jamais jouer mais plutôt être réellement Chandramukhi. Elle ne cherche pas l'esthétisme dans ses expressions ou ses émotions, mais l'honnêteté.

CAR U NE F E M M E DA N S U N M ASA L A DAN S E, C H ANT E , A P P E L L E À L'A ID E ET S'E NT I C H E DU P RE M IE R M Â L E QUI LU I ACCOR DE D E L'AT T E N T IO N . . .

J'ai développé un béguin assez incompréhensible pour Varun Tej.

Réjouissant, n'est-ce pas ? Ça va faire plaisir aux féministes, tiens ! Ceci étant dit, j'ai apprécié la prestation d'Hebah Patel dans la peau de Meera, jeune femme moderne sans jamais entrer dans le cliché de la vamp dépourvue de valeurs. Au contraire, elle est profondément attachée à la famille et s'implique également en amitié. De l'autre côté, il y a Chandramukhi, campée par Lavanya Tripathi. Cette héroïne semble sortir de nulle part, comme si elle venait d'un autre temps, d'une autre ère ou d'une réalité parallèle. Chandramukhi est en théorie un cliché gigantesque de l'héroïne niaise et simplette, mais elle tire son intérêt du mystère qu'elle recouvre. Pendant une bonne partie de la pellicule, on s'interroge sur l'identité et l'histoire de cette jeune femme dont on ne sait rien, qui ne sait même pas ce qu'est un téléphone portable. On découvre ensuite qu'elle a vécu

J'avoue qu'en le découvrant dans Kanche, j'ai vu en lui l'avenir du cinéma télougou tant il m'a semblé que ce comédien tentait de suivre une trajectoire plus intelligible que celle des héros populaires de cette industrie. Dans un article lui étant consacré dans le précédent numéro de Bolly&Co (avec Nivin Pauly en couverture), je vantais son goût du risque et son incroyable potentiel. Mais j'avoue qu'en découvrant Mister, j'ai été déçue et quelque peu désappointée. Si vous avez lu l'écrit qui lui était consacré dans notre dixième édition, vous savez que Varun Tej est issu d'une des dynasties les plus puissantes du cinéma télougou. Entre autres, ses cousins Allu Arjun et Ram Charan Teja sont de grandes vedettes en Andhra Pradesh et au Telangana. Ces derniers sont plutôt coutumiers des masala dopés à la testostérone sans aucun élan ni même une once de réflexion. >



d'une jeune femme au bout de quelques jours, la qualifiant dans l'immédiat de grand amour de sa vie. Le mec se croit irrésistible au possible (bon, c'est vrai qu'il est pas dégueu, mais un peu d'humilité, cousin !) et conclut que si la fille qu'il convoite évoque un homme dont elle est éprise, il s'agit forcément de lui ! Du coup, Monsieur a déjà bloqué la date du mariage, réservé la salle des fêtes et appelé le traiteur... Sauf que, ô surprise, elle n'est pas amoureuse de lui ! Il a l'air con, Chai... Du coup, pour se donner de la contenance (mais aussi parce que le héros est toujours noble), il décide d'aider la femme qu'il aime à épouser cet autre homme qu'elle a choisi. Aïe. Ça fait mal aux fesses.

AI NS I , J E L ES I M AG IN E TO U S LES T R OI S S E R E T R O U VA N T L E D I M ANCH E A P R ÈS - M ID I C HE Z MAM I E , À COM PA R E R L E U R V IRIL IT É .

Bon, Chai est schizophrène. Sauf que Mister n'est pas un thriller psychologique.

« Allu Arjun : Bah moi, je dégomme des dizaines de méchants dans Race Gurram. Ram Charan Teja : Et moi, j'en démonte une centaine dans Magadheera ! Varun Tej : Et bah moi... Je fais des films sensibles ? »

Varun Tej déçoit. Il est certes indéniablement charismatique, mais ne fait preuve d'aucune fantaisie ni d'aucune recherche dans sa prestation. Et sa voix ressemblant déjà fortement à celle de son illustre cousin Allu Arjun, l'absence de caractère dans son interprétation passe presque pour une mauvaise copie du travail de son aîné. Mister n'est en tout cas pas le projet qui va venir confirmer son statut de nouvel espoir.

Dans Mister, l'acteur tient le rôle de Chai, jeune homme qui tombe amoureux fou

Le film est une grande compétition, chaque personnage se livrant au jeu du « qui a le plus grand cœur ? ». Pendant plus de deux heures, on voit Chai baver devant Meera

Fou rire moqueur d'Arjun et Ram. Varun se sent émasculé. Il signe Mister. Fin du game.

138

Chai est totalement inconstant, tantôt nounours qu'on a envie de câliner, tantôt kéké des plages qui se prend pour Patrick Swayze à l'apogée de sa carrière, tantôt détraqué à la violence extrême...


pour que, à 5 minutes de l'épilogue, il sorte de son chapeau son amour insoupçonné pour Chandramukhi...

« Tu comprends, c'est elle qui a gagné ! C'est elle qui a sacrifié davantage, donc je l'aime plus que toi. »

J. Meyer ne propose rien de concrètement rafraîchissant, même si les chansons restent efficaces sur le moment, elles s'oublient très vite. Je me souviens avoir adoré ses travaux sur les BO de films comme Happy Days, Ganesh ou encore Maro Charitra.

Mais clairement, le résultat n'est ici pas à la hauteur de ce que d'autres directeurs musicaux Traduisible par : télougous ont été en mesure de « Tu comprends, c'est elle qui a proposer ces dernières années, gagné ! C'est elle qui m'a donné qu'il s'agisse de S.S. Thaman ou le plus de Schokobons, donc je de Devi Sri Prasad. l'aime plus que toi. » Chai, 8 ans, départageant ses diverses amoureuses pendant la récréation. Mais les gars, c'est pas comme ça que ça marche ! Justement, il est bien connu qu'en amour, tout est déraisonné. On peut se retrouver face à l'homme idéal et ne rien éprouver pour lui. A contrario, un goujat de première catégorie peut tout à fait nous faire succomber. PARC E QU E L'A M O U R, C E N 'EST PAS S'ABA NDONNER O U S 'O U B L IE R P O U R L'ÊT R E A I M É. C' EST AU CO N T RA IR E PARV E NI R À E X I ST E R DA N S U N E RELAT I ON SAI NE E T VA LO R ISA N T E , OÙ L'AU T R E SAI T N O U S D O N N E R L'ESPAC E P OU R Ê T RE D E FAÇO N TOTA L EM ENT AU TO N O M E . Cette lecture de l'amour me dérange profondément tant elle semble ancrée dans les consciences, encouragée par la restitution de ces cinéastes peu scrupuleux qui illustrent des relations centrées sur l'homme, où la femme s'aliène à travers les sentiments qu'elle éprouve. Sur le plan musical, la bande-son de Mickey

En conclusion Mister est une déception tant sa distribution promettait beaucoup. Je n'ai pas saisi ce choix somme tout franchement fade de Varun Tej, qui semble vouloir prouver qu'il a la carrure d'un acteur populaire. Mais ce que le comédien ne semble pas avoir compris, c'est que ce sont ses projets moins conventionnels et son goût pour les rôles atypiques qui font sa singularité. Il ne doit surtout pas tenter d'entrer dans le moule de ce que font ses cousins. Au contraire, il a l'opportunité d'amener le cinéma télougou vers des genres plus riches et différents, qu'il en profite ! Je veux retrouver le Varun qui m'avait bluffé dans Kanche, en espérant que son projet suivant, Fidaa, soit celui de la prise de conscience. 139


C

CRITIQUE

Magadheera M OT S PA R AS M A E

LE P H ÉNOM È NE BA A HU BA L I N 'EST PLUS À P R ÉS E NT E R . Ce métrage télougou a battu tous les records d'entrées au box-office indien en 2015, mettant fin à la suprématie desœuvres de Bollywood en termes de recettes. Sa suite, Baahubali 2, est sortie en cette année 2017 sous les acclamations de l'audience, forgeant la légende de ce diptyque mythologique du réalisateur S.S. Rajamouli. L'univers de Baahubali a séduit, son esthétique également. La prestation de Prabhas en valeureux guerrier a fait l'unanimité, étalant sa 'fanbase' bien au-delà des frontières du Telangana et de l'Andhra Pradesh. L'inventivité de Rajamouli et sa vision de l'histoire de Baahubali ont quant à elles valu au cinéaste des retours dithyrambiques tant il est parvenu à créer une atmosphère singulière à travers son métrage. Sauf qu'à y regarder de plus près, Baahubali n'est pas la première œuvre du genre que signe Rajamouli. En effet, le réalisateur nous proposait déjà en 2009 un film à l'ambiance semblable : Magadheera. De l'histoire du guerrier maudit à celle de la réincarnation, Magadheera semble être le brouillon de Baahubali, ou au moins un premier essai dans le genre de la fresque fantastique pour Rajamouli. 140

Avant de visionner le film, j'avais pris connaissance de la critique du site français Fantastikindia qui, il faut le dire, se moquait brillamment des aspérités de cette production télougoue. Si l'écrit de la rédactrice Kendra a eu le mérite de me faire beaucoup rire, il augurait surtout le pire tant Magadheera y était présenté comme un navet inqualifiable. En Inde, l'accueil est bien plus laudatif, puisque Magadheera battra tous les records d'entrées de l'époque et vaudra à Rajamouli les South Filmfare Awards du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur. Le phénomène Magadheera prendra une telle ampleur qu'un remake hindi sera longtemps annoncé, d'abord avec Shahid Kapoor dans le rôle principal puis avec Ranveer Singh comme potentielle tête d'affiche. Mais le projet ne se matérialisera jamais et très vite, l'engouement autour du film sera étouffé par la tornade Baahubali...


POU R M A PA RT, J'A I V U M AGA DH EERA P O U R L A P RE M IÈ RE FOI S P E NDA NT MA D ÉCO U V E RT E ENF L AM M É E DU C IN É M A D RAV ID IE N , EN 2 0 1 0 .

tableau... « Mais si, cocotte, regardele ! C'est le même réalisateur que Baahubali et c'est dans le même genre, tu vas kiffer ! » Il y a des jours

comme ça où je ferais mieux de la boucler.

Je venais de terminer la filmographie de mon chouchou de l'époque, Siddharth Narayan, et étais en quête de nouvelles pépites cinématographiques à visionner. Je ne connaissais ni le réalisateur ni la distribution. Alors rédiger la critique du film 7 ans après l'avoir vu, c'est un peu délicat. Cependant, je me souviens avoir adoré Magadheera. La bande-originale composée par M.M. Keeravani passait alors en boucle dans mon MP3, et je trouvais l'image magnifique, maladroite par bien des côtés mais très poétique, avec une esthétique qui me faisait penser aux arts d'Asie de l'Est.

Non, parce que quand je l'ai revu quelques jours plus tard, j'avais honte. Je me suis d'abord demandée ce qui avait bien pu m'envoûter dans ce qui ressemble plus à un dessin raté d'enfant de CP qu'à une fresque visuelle digne de ce nom. Et ensuite, je me suis dit que Sana avait dû me prendre pour une idiote dépourvue de goût en le visionnant.

Magadheera a été mon Veer-Zaara du sud (oui, j'ose le dire !) puisqu'il fait partie de ces films qui m'ont fait vibrer mais que je n'ai jamais réellement eu envie de revoir, tant les émotions y étaient fortes.

Harsha (Ram Charan Teja) est un jeune insolent. Un jour, il touche la main d'une jeune femme dont il ignore l'identité. Suite à ce contact lui apparaissent des images de sa vie antérieure et de l'amour qu'il avait alors perdu. Sans trop s'interroger, il affirme qu'il n'aimera que cette jeune femme et entreprend tout ce qu'il peut pour la retrouver. Il tombe ainsi sur Indu (Kajal Aggarwal) qui propose de l'aider à retrouver sa bien-aimée, sans savoir que c'est d'elle qu'il s'agit... Vous suivez tout ? On va s'arrêter là, bien que le suspense ne soit pas au rendez-vous.

Bien entendu, les deux films n'ont rien de commun et le comparatif s'arrête à l'émotion que j'ai ressentie en voyant ces deux productions.

Pour rédiger cet écrit de façon circonstanciée et surtout proposer une analyse qui ne se limite pas à mes lointains souvenirs, j'ai donc revu Magadheera. C'était il y a deux semaines. Juste après l'avoir vivement recommandé à Sana, notre Bollypote de la page Bollyfrance. J'étais toute contente de le lui conseiller, elle qui s'est prise d'une curiosité sans limite pour le cinéma télougou après avoir justement regardé Baahubali. Je vous laisse imaginer le

L'histoire de Magadheera est vieille comme le monde, en particulier pour le peuple indien.

Alors entendons-nous bien, Magadheera n'est pas un mauvais film à proprement parler. Au contraire, c'est un vrai divertissement qui se consomme d'une traite. Les chansons sont efficaces et suffisamment bien distillées dans la narration pour nous faire oublier les faiblesses du récit en lui-même. > 141


« Non mais attends, pourquoi lui, il se souvient de leur vie antérieure en la touchant et pas elle ? Ca n'a pas de sens, c'est pas... Ohhh, une chanson ! Elle est choueeeeeeeeeeeeette !!!! » C'est très astucieux et ça a permis d'endormir la majeure partie de l'audience télougoue qui fera de Magadheera un blockbuster ! C'est dangereux, ce truc, n'empêche... D'autant plus que l'argument du divertissement, je le sors à tous les coups. « Mais c'est du show, on s'en fiche que ce soit mal écrit, mal interprété et que certains messages frôlent la misogynie ! C'est pour déconner ! » Et là, je me suis souvenue de Cyril Hanouna... Et j'ai encore eu honte. Ceci étant, je ne peux pas nier que j'aime les masala un peu bourrins et les comédies abrutissantes. Elles me font du bien et après une longue journée de travail, je préfère regarder un Dostana ou un Andaz Apna Apna plutôt qu'un Tere Naam ou un Ghajini. Mais cela ne fait pas de moi quelqu'un d'idiot et encore moins de misogyne... N'est-ce pas ? Ou alors est-ce que je dois réinterroger mes goûts cinématographiques qui, en quelque sorte, définiraient ce que je suis et la nature de mes convictions ?

Parce que clairement, avec Magadheera, mes deux impressions diamétralement opposées me questionnent sur la spectatrice que j'étais alors et, plus encore, sur celle que je suis devenue. Etais-je facilement impressionnable à l'époque ? Ou bien suis-je désormais devenue exigeante à l'excès ? Bien entendu, je pense avoir forcément vu évoluer mes 142

sensibilités en 7 années de visionnages intempestifs de films, et ce qu'ils soient d'Inde ou d'ailleurs. Je n'avais pas tout à fait les mêmes expectatives face à un métrage. En 2010, chaque film représentait à mes yeux une porte ouverte vers un nouveau monde avec une culture, des rites et des coutumes dans lesquels je m'apprêtais à plonger. J'aimais l'idée de découvrir et d'apprendre. Magadheera est la première œuvre du genre historico-mythologique que je voyais, avec une ambiance tellurique très particulière qui n'a rien à voir avec des œuvres plus soignées visuellement telles que Jodhaa Akbar ou Bajirao Mastani. S'en suivront par la suite les visionnages d'Asoka, Urumi, Arundhati et Rudhramadevi.

Aujourd'hui, j'ai un regard plus critique sur les films, sur les performances des acteurs, l'écriture des histoires, les techniques employées ainsi que sur l'alliage de tous ces éléments. Attention, un film n'a pas besoin d'être brillant en tous points pour me saisir, loin de là ! Mais il doit exister un équilibre entre tous les aspects d'un métrage, que l'aspect visuel soit en adéquation avec la trame, qui soit, elle, justement restituée par son casting. Mais c'est difficile de donner un avis purement objectif tant l'expérience qu'on se fait d'un film est inhérente au contexte dans lequel on le voit, à l'état d'esprit dans lequel on se trouve ainsi qu'aux attentes que l'on en a. Ajoutons à cela le facteur découverte, qui peut rendre l'expérience plus fluide car l'attention est focalisée sur la trame générale, et non sur les détails qui font généralement le sel d'une œuvre artistique. Parce que revoir pour la seconde fois un film que l'on a aimé recouvre toujours un enjeu


TO UT D'ABO RD, PARLO NS DU CASTING . Déjà, il faut savoir que je ne suis pas ce qu'on appelle une grande fan de Ram Charan Teja, que je trouve inexpressif au possible. Aussi, il incarnait tout ce que j'abhorrais dans les industries indiennes : le népotisme. Fils de la mégastar Chiranjeevi, il a eu droit à des débuts de rêve sans avoir réellement eu à faire ses preuves. Du coup, je partais avec un a priori très négatif lorsque j'ai vu le film la première fois. L'acteur m'avait finalement convaincu en guerrier courageux qui part en quête de son amour perdu. Je le trouvais généreux, assez gauche mais terriblement sincère dans la peau de Harsha et anciennement Bhairava.

Magadheera vaudra à celui que ses fans surnomment Cherry le South Filmfare Award du Meilleur Acteur en langue télougoue.

périlleux. Puisqu'effectivement, il s'agit soit de corroborer l'impression positive de la première fois, soit de s'apercevoir des failles et incohérences de l'œuvre à côté desquelles on est passées lors du visionnage initial. Et c'est d'autant plus risqué quand 7 ans s'écoulent entre le premier visionnage et le second, avec de fait un regard totalement différent sur ce que représente un bon film pour le spectateur.

Du coup, je prends quelques précautions avant de vous restituer mon avis sur Magadheera tant je crains de ne pas être juste dans ce que je vais pouvoir y exprimer.

En revoyant le métrage, j'ai soulevé davantage de faiblesse dans son jeu, avec cette malheureuse tendance à afficher des expressions faciales de manière répétitive et, par conséquent, assez mécanique. Mais l'acteur n'est foncièrement pas à blâmer dans cette seconde expérience plus mitigée que j'ai pu faire de Magadheera. Il se débrouille bien et a le mérite de prendre un vrai risque avec ce double-rôle audacieux. Pour lui donner la réplique, il y a Kajal Aggarwal. Alors clairement, on n'a pas affaire à Sridevi et pour voir une grande prestation d'actrice, on repassera. Kajal est encore jeune et son jeu est fébrile. Ceci dit, elle est pleine de bonne volonté et sa beauté comme son énergie ont fait tout le reste. Ce film m'avait réconcilié avec la comédienne, que j'avais trouvée particulièrement agaçante dans Ganesh (avec Ram > 143


Pothineni) puis Arya 2 (avec Allu Arjun). Ici, son personnage tient une place forte dans la narration, forçant l'actrice à pousser son interprétation plus profondément. La jeune femme âgée de 24 ans à l'époque est lumineuse bien que bancale dans son jeu. Elle est attendrissante dans la peau de Indu, jeune fille taquine et amoureuse. Mais elle n'est pas convaincante dans la peau de la princesse Mithravinda, femme guerrière déterminée. Il manque à Kajal cette vivacité et cette poigne qui caractérisaient Tamannaah et Anushka Shetty, elles qui tenaient des rôles similaires dans Baahubali.

Mais le couple fonctionne à merveille, probablement 144

parce que les deux acteurs parviennent à combler ensemble leurs faiblesses respectives. Kajal amène à Ram le naturel qui peut lui faire défaut tandis que Cherry insuffle une certaine pugnacité à sa frêle partenaire. L'image de Magadheera m'avait captivé en 2010, plus précisément la séquence musicale « Dheera Dheera » que je trouvais absolument splendide. Les tableaux qui illustrent les émois amoureux entre Bhairava et Mithravinda sont à couper le souffle et restent à mes yeux superbes visuellement. C'est un point sur lequel je n'ai pas changé d'avis puisque si la photographie du métrage n'est pas maîtrisée à bien des niveaux, les scènes dansées sont de véritables réussites


et prennent le pas sur des effets spéciaux qui peuvent faire sourire par leur relatif amateurisme. En revanche, certains décors ne sont pas à la hauteur, avec cet effet 'carton pâte' franchement frustrant, d'autant plus quand on émet le comparatif avec Baahubali qui, de ce côté-là, est irréprochable.

expérimenter, et Baahubali est le résultat de ses efforts et de ses précédentes tentatives d'amener un cinéma divertissant et profondément lié à l'aspect visuel.

Le travail de réalisation de Rajamouli est intéressant et surtout annonciateur du bien plus abouti Baahubali.

La direction musicale de M.M. Keeravani est brillante, mêlant ballades enchanteresses et dappa vitaminés. L'album est homogène tout en étant très riche en termes de sonorités. En ce qui me concerne, ma chanson favorite reste « Dheera Dheera », avis probablement subjectivé par la chorégraphie du titre que j'adore. Les toniques « Panchadara Bomma » et « Naakosam Nuvvu » me sont également restées en mémoire tandis que j'ai aussi beaucoup apprécié les morceaux dansants « Anaganaga » et « Jorsey ». Ce dernier titre sert au passage d'item number à Kim Sharma, connue pour avoir tenu le rôle de Sanjana dans le classique hindi Mohabbatein.

Le tournage de Magadheera lui prendra près de deux années, avec ce désir de proposer un film télougou ambitieux et visuellement appliqué. L'intention est louable tant Magadheera a signé un tournant dans la manière de faire du cinéma à Tollywood. Les films fantastiques sont devenus une vraie tendance au sein de cette industrie, et les acteurs populaires ont tous voulu s'essayer à l'exercice, avec moins de succès et de pertinence ceci dit. Allu Arjun tentera sa chance avec Badrinath, Venkatesh avec Magavalli, Siddharth Narayan avec Anaganaga Oka Dheerudu et NTR Jr avec Shakti. Depuis, seul Rajamouli lui-même est parvenu à réitérer le plébiscite de Magadheera, en le dépassant d'ailleurs largement. Rajamouli est un visionnaire maladroit mais rêveur, qui ne laisse pas ses lacunes l'empêcher de faire preuve d'audace. Après Magadheera, il réalisera notamment Eega, thriller fantastique dans lequel il vient narrer l'histoire d'un jeune homme réincarné... en mouche ! Si sur le papier, cette trame semble complètement improbable, le résultat à l'écran est de nouveau impressionnant, avec une technique et une direction artistique plus affûtées. Rajamouli fait partie de ces cinéastes dravidiens à oser et à

La musique de Magadheera fait partie de ses atouts majeurs.

En conclusion Magadheera a de vraies faiblesses et n'est clairement pas comparable à Baahubali en terme d'exigence. Ceci étant, c'est un divertissement honnête qui se regarde sans déplaisir. Il ne faut pas le voir comme le prédécesseur de Baahubali, au risque d'être sérieusement déçu. En revanche, apprécier Magadheera en tant qu'œuvre unique peut résulter en une expérience fort agréable. Si le second visionnage a dégagé les fêlures de l'œuvre, elle n'en demeure pas moins sympathique. Il faut le voir comme un masala ambitieux et pas comme une fresque ratée. 145


R R E M AK ES


vs

Nuvvostanante Nenoddantana Ramaiya Vastavaiya MOTS PAR ASMAE

L'Inde a pour habitude de miser sur les remakes, qu'ils soient régionaux ou internationaux. En effet, réadapter une œuvre aux coutumes nationales voire régionales fait office de véritable tendance dans les industries indiennes, à Bollywood comme dans les capitales dravidiennes. En 2013, le réalisateur Prabhu Deva dirige Ramaiya Vastavaiya, une romance avec Girish Kumar et Shruti Haasan dans les rôles principaux. Si le métrage a reçu un accueil mitigé lors de sa sortie, il est depuis devenu très apprécié par les amateurs de romances pur jus, de plus en plus rares à Bollywood. Prabhu Deva a utilisé une trame qu'il connaît bien puisqu'il s'agit du remake officiel du film culte télougou Nuvvostanante Nenoddantana, sorti en 2005 avec Siddharth Narayan et Trisha Krishnan. Prabhu Deva en était déjà le cinéaste.

Ramaiya Vastavaiya constitue-t-il une adaptation ratée ? Quels sont les atouts de cette version 'made in Bolly' N U V VO STA N A N T E N E N O D DA N TA N A

Réalisé par : Prabhu Deva Industrie : Tollywood Année : 2005 Distribution : Siddharth Narayan, Trisha Krishnan, Srihari Musique : Devi Sri Prasad

RA MAIYA VASTAVAIYA

Réalisé par : Prabhu Deva Industrie : Bollywood Année : 2013 Distribution : Girish Kumar, Shruti Haasan, Sonu Sood Musique : Sachin-Jigar

Santosh/Ram (Siddharth Narayan/Girish Kumar) est un citadin issu d'une famille riche et influente. Il arrive en Inde pour assister au mariage de sa cousine et y tombe sous le charme de la belle Siri/Sona (Trisha Krishnan/Shruti Haasan), jeune villageoise qui vit avec son frère aîné Sivaramakrishna/Raghuveer (Srihari/ Sonu Sood). Mais lorsque la famille de Santosh/Ram prend connaissance de cette idylle, elle chasse la belle et manque de respect à son frère, qui jure qu'il n'accordera jamais à leur fils la main de sa sœur. C'est alors une opération séduction qui commence pour Santosh/Ram, qui vient travailler dans la ferme familiale de Siri/Sona pour montrer à son grand frère la sincérité de son amour... 147


Nuvvostanante Nenoddantana en 3 points 1. Un acteur principal charismatique En effet, Siddharth Narayan est absolument irrésistible dans la peau de Santosh, cet immigré bourreau des cœurs qui tombe amoureux d'une douce villageoise. Il est clairement l'atout principal de Nuvvostanante Nenoddantana tant il porte l'oeuvre sur ses épaules. Sa complicité avec sa partenaire est remarquable, et ce film signe surtout le début de nombreux projets romantiques pour l'acteur, devenu l'incarnation de l'Indian Lover à Tollywood.

2. La réalisation de Prabhu Deva On est loin de ce qui fait désormais la marque de fabrique du chorégraphe et cinéaste tamoul. Ici, point de masala testostéroné dont le réalisateur est devenu le port-étendard au fil de ses projets. Car Nuvvostanante Nenoddantana est une pure romance, pleine de tendresse et de bons sentiments. Prabhu Deva s'est parfaitement imprégné de l'atmosphère rurale dans laquelle est contextualisée sa trame, filmant de magnifiques paysages sans l'emphase qu'on lui connaît aujourd'hui. Ainsi, Nuvvostanante Nenoddantana est probablement son œuvre la plus authentique.

3. Un tournant pour le cinéma télougou Nuvvostanante Nenoddantana est venu 148

redéfinir Tollywood car, à travers son succès, il a vu naître nombre de romcoms au sein de cette industrie qui misait alors davantage sur les masala et les drames familiaux. Avec ce métrage, des films comme Bommarillu, Happy ou plus récemment Kotha Bangaru Lokam et Pelli Choopulu ont vu le jour.


Ramaiya Va s t a v a i y a en 3 points 1. Un scénario pompé sur l'original En même temps, c'est le même cinéaste qui est aux commandes, me direz-vous... Mais il est regrettable que Prabhu Deva n'ait pas fait preuve de plus d'audace en reprenant l'histoire de Nuvvostanante Nenoddantana, dont Ramaiya Vastavaiya est la copie strico-senso sur le plan narratif. Rien n'a été réellement réévalué, et ce alors que 8 ans séparent les deux métrages.

2. Un Girish Kumar décevant On sent que ce remake a été initié pour lancer le fils Taurani, Girish Kumar n'étant autre que le rejeton du producteur Kumar S. Taurani. Sauf que le comédien débutant n'est pas à la hauteur de son prédécesseur. Girish est certes touchant mais se laisse facilement aller au cabotinage, là où le jeu de Siddharth était beaucoup plus nuancé et naturel.

3. Une bande-originale magistrale Contrairement à de multiples aspects du métrage, la musique de Ramaiya Vastavaiya est totalement originale. Composé par le duo Sachin-Jigar, l'album du film est porté par des morceaux aussi forts que variés, entre sons dynamiques tels que « Hip Hop Pammi » et « Jadoo Ki Jhappi » et ballades romanesques comme « Jeene Laga Hoon » et « Rang Jo Lagyo ».

En conclusion si Nuvvostanante Nenoddantana est devenu un classique du cinéma télougou, Ramaiya Vastavaiya est également un film agréable et solaire. L'original puise sa richesse dans son casting, de la prestation mémorable du héros Siddharth aux interprétations solides des seconds couteaux, en particulier du regretté Srihari. Le remake est aussi sympathique grâce à sa musique et aux performances de Shruti Haasan et Sonu Sood, dont la complicité est des plus attendrissantes. 149


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M MUSIQUE

La musique indienne occupe une place primordiale dans le cinéma indien et constitue une composante essentielle du succès d'un film. La musique a évolué, au même titre que le cinéma lui-même, et incarne à elle seule le syncrétisme culturel dû à la globalisation. Cependant, l'Inde reste l'un des rares pays à avoir su sauvegarder son folklore, phénomène remarquable à travers la musique notamment. Par le biais de cette rubrique musicale, vous découvrirez les grands artisans de la musique indienne d'hier et d'aujourd'hui. Chanteurs, paroliers et compositeurs, les classiques comme les jeunes révélations...

lumière sur S.S. Thaman MOTS PAR ASMAE

Petit-fils du cinéaste et producteur Ghantasala Balaramayya, Sai Srinivas Thaman Siva Kumar a surtout évolué dans une famille de musiciens. En effet, son père était batteur et sa mère chanteuse. A l'âge de 9 ans, il travaille notamment avec le chanteur reconnu S.P. Balasubrahmanyam en tant que batteur. 4 ans plus tard, il perd son père et interrompt sa scolarité pour subvenir aux besoins des siens. C'est ainsi qu'il exerce sous la houlette de grands compositeurs dravidiens, du duo Raj-Koti au renommé M.M. Keeravani, en passant par Chakri et Devi Sri Prasad. Mais il

tire son expérience la plus conséquente de son association avec le directeur musical Mani Sharma, avec lequel il travaille pendant plus de 6 ans sur pas moins de 80 bandes-originales. En 2003, il s'essaye à la comédie et tient l'un des rôles principaux de la comédie tamoule culte Boys, avec également Siddharth, Bharath et Genelia D'Souza. Le cinéaste Shankar, qui dirige alors l'oeuvre, cherche un batteur pour le rôle et est impressionné par la maturité artistique de Thaman. Et si l'expérience d'acteur du jeune homme s'arrête, le projet lui permet plus tard de faire ses premières armes en tant que directeur musical puisque Shankar le sollicitera pour créer la musique de sa > 151


S .S TH AM A N LOR S D U L A N C E M E N T D E L A BAN DE- OR I GI NA L E D U F IL M G O U T HA M N A N DA


production tamoule Eeram, sortie en 2009. La même année, on lui doit l'album du film Kick, devenu un chartbuster et lançant officiellement le compositeur sur la scène dravidienne.

2011 représente un tournant dans son parcours tant cette année lui a permis d'être reconnu pour son travail, là où il signait jusque-là des succès populaires sans pour autant que ses compositions soient valorisées par la critique. Dookudu lui vaudra effectivement le South Filmfare Award du Meilleur Directeur Musical en langue télougoue. L'année suivante, les South Filmfare Awards le nomment pour la musique de Business Man, mais l'artiste s'incline face à l'indétrônable Devi Sri Prasad. En 2014, il reçoit une nouvelle nomination lors de cette cérémonie pour la bande-son de Race Gurram, devenue un chartbuster lors de sa sortie. L'acteur Allu Arjun semble d'ailleurs être sa mascotte puisque S.S. Thaman est de nouveau pressenti en 2016 pour la musique de Sarrainodu. Le travail de S.S. Thaman est avant tout efficace. Il compose des morceaux frais, vivants et qui restent en mémoire. Il joue avec différentes sonorités, ses compositions sont empreintes d'influences multiples, entre musique orientale et dappankuthu survolté. Mais quel que soit le genre de la chanson ou ses interprètes, il réside une constante dans la musique de S.S. Thaman, qui constitue presque sa marque de fabrique : une touche électro' qui caractérise chacun de ses morceaux. Et c'est là, la prouesse du musicien : parvenir à créer un style qui lui soit propre, tout en s'adaptant

aux films pour lesquels il compose. Ainsi, même si les sonorités synthétiques sont omniprésentes dans ses travaux, l'artiste sait également créer des sons romantiques ou plus folkloriques sans que le résultat ne soit décevant. Il l'a prouvé avec des ballades comme « Telusaa Telusaa » de Sarrainodu (2016), « Ninthalli Nillalaare » de Chakravyuha (2016), « Azhaipaya Azhaipaya » de Kadhalil Sodhappuvadhu Yeppadi (2012), « Mazhaiye Mazhaiye » de Eeram (2009), « Aathadi Aathadi » de Ayyanar (2010) et « Premaney Peray » de Maro Charitra (2010). Dans le même registre, il sait aussi proposer des morceaux plus dansants comme « Sweety » de Race Gurram (2014), « Sitara » de Winner (2017), « Yenaithu » de Chakravyuha (2016), « Padessavae » de Akhil – The Power of Jua (2015), « Champakamala » de Kandireega (2011) et « Dethadi Dethadi » de Dookudu (2011).

De plus, le compositeur excelle dans le sacro-saint exercice du dappankuthu, incontournable dans les bandes-originales de films dravidiens commerciaux. Il s'est ainsi illustré avec par exemple « Bruce Lee » du film du même nom (2015), « Cinema Choopista Mava » de Race Gurram (2014), « Na B C Centarlu » de Winner (2017), « Chinnadho » de Brindavanam (2010), « Bodyguard » du film télougou du même nom (2012) et « Nenkudithey » de Kandireega (2011). Le compositeur sait également proposer des sons dance purs et durs et l'a démontré avec « Private Party » de Sarrainodu (2016), « Down Down » de Race Gurram (2015) ou encore « Poovai Poovai » de Dookudu (2011). > 153


Ceci étant dit, son fer de lance reste véritablement l'item song, comme le prouvent les tubes : « Boochade Boochade » de Race Gurram (2014), « Blockbuster » de Sarrainodu (2016), « Junction Lo » de Aagadu (2014), « Sampige » de Jaguar (2016), « Welcome Kanakam » de Baadshah (2013) et « Kalasala Kalasala » de Osthe (2011). Également chanteur, S.S. Thaman a posé sa voix sur plusieurs de ses compositions telles que « Sir Osthara » de Businessman (2012), « Ela Ela » de Veedevadu, « Ye Pilla Pilla » de Pandaga Chesko et « Le Chalo » de Bruce Lee (2015). C'est probablement son expérience en la matière qui lui permet de tirer le meilleur des artistes avec lesquels il collabore. Et ce qui fait la particularité de S.S. Thaman, c'est sa propension à créer des alliages surprenants au service de sa musique. C'est ainsi qu'il exploite la voix cristalline de Shreya Ghoshal pour des item number sensuels, le timbre puissant de Siddharth Mahadevan pour des titres romantiques 'peppy', celui très 'rock' de Vishal Dadlani au service de sons folkloriques pour également solliciter les voix de Daler Mehndi (spécialiste de la musique punjabi) et de Sukhwinder Singh (virtuose du qawwali) sur des dappa survoltés comme « Banthi Poola Janaki » de Baadshah (2012) et « Chinnadho » de Brindavanam (2010) respectivement.

Il a surtout le don de révéler des voix originales et peu connues, de celle de Megha sur « Ninthalle Nillalaare » à celle de M.M. Manasi sur « Padessavae ». 154

C'est ainsi qu'il lance des défis aux acteurs des films pour lesquels il compose en les faisant chanter sur ses sons. On a ainsi pu entendre Kajal Aggarwal sur le son « Yenaithu » de Chakravyuha (2016), NTR Jr sur « Geleya Geleya » du même film et Puneeth Rajkumar sur le premier morceau cité ainsi que sur « Guruvara » de Power (2014).

S.S. Thaman est devenu une référence de la musique populaire dans le sud de l'Inde. Le tout Tollywood se l'arrache et sa carrière prend également de l'ampleur dans les industries tamoule et kannada. Il s'apprête à composer sa première bande-son en hindi pour le blockbuster en perspective Golmaal Again, réalisé par Rohit Shetty et avec Ajay Devgan, Parineeti Chopra et Tabu au casting.

Ce qu'il faut retenir de l'artiste, c'est sa propension à initier de véritables hits, qui restent en tête, tantôt oniriques, tantôt dansants mais avec cette teinte moderne qui donne toute la fraîcheur à son travail.


P

P L AY L I ST

playlist UN AN DE ROMANCE... MOTS PAR ASMAE P HOTOG RAP HIE : P RITHVI RAJ ET VEDH IKA DANS L E FIL M JAMES AND ALICE

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1. Mazhaye Mazhaye

4. Sitara

DE JAMES AND ALIC E (M A L AYA L A M ) SORTI EN 2016 COMP O SÉ PAR GOP I S U NDE R I N TERP RÉTÉ PAR K ART HIK E T AB HAYA HI RANMAYI

DE W I N N E R ( T É LO UG O U) S ORT I E N 2 0 17 CO MP O S É PA R S . S . T H A M A N IN T E R P RÉ T É PA R YA ZI N N I ZA R E T SAN JA N A

Cette chanson permet de retrouver Karthik, véritable star des morceaux romantiques tamouls des années 2010. Avec ce son, il prouve que sa voix n'a rien perdu de son charme pour mettre en valeur la magnifique histoire d'amour portée par Prithviraj et Vedhika à l'écran.

Le principal atout de cette chanson réside dans sa composition originale, entre onirisme et dynamisme. Puisque « Sitara » est une ballade romantique qui donne aussi envie de danser, sublimée par la belle complicité entre Sai Dharam Tej et Rakul Preet Singh dans le clip vidéo du titre.

2 . Ye d h o M a a y a m Saeigirai DE WAGAH ( TAMO UL ) SORTI EN 2016 COMP O SÉ PAR D. IM M AN I N TERP RÉTÉ PAR V IKRAM PRAB HU ET J I T H AN RAJ

Ce titre bénéficie du timbre délicat de Vikram Prabhu, également acteur principal du métrage qu'il sert. Cette ballade donne à savourer la voix magnifique et méconnu de sa vedette sur une musique efficace de D. Imman.

3. Ninthalli Nillalaare

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5 . Te l u s a a Te l u s a a DE SA R RA I N O D U ( T É LO UG O U) S ORT I E N 2 0 1 6 CO MP O S É PA R S . S . T H A M A N IN T E R P RÉ T É PAT R J U B I N N AU T I YA L & SAM E E RA B H A RA DWA J

Rakul Preet Singh figure également dans la séquence filmée de ce morceau, qui nous fait découvrir le grain magistral de la talentueuse Sameera Bharadwaj tout en révélant celui de Jubin Nautiyal bien avant qu'il s'illustre à Bollywood avec des titres comme « Kaabil Hoon » et « Bawara Mann ».

6. Senthoora

DE CH AKRAVYUH A (KA N N A DA ) SORTI EN 2016 COMP O SÉ PAR S.S. T HAM AN I N TERP RÉTÉ PAR M EGHA

DE B O G A N ( TA MO UL) S ORT I E N 2 0 17 CO MP O S É PA R D. I M M A N IN T E R P RÉ T É PA R LU K S I M I S IVA N ESWA RA LI N G A M

Si l'instrumental de ce morceau n'est pas sans rappeler celui de « Sweety » du film télougou Race Gurram, c'est parce qu'on doit ces deux sons au directeur musical S.S. Thaman, qui mise cette fois sur la voix angélique de Megha, qui a jusque-là plutôt officié pour le cinéma tamoul.

La voix forte de Luksimi accompagne formidablement cette chanson romantique tonitruante exclusivement féminine. Une réussite pour cette ballade pop qui reste longuement en mémoire grâce à la puissance vocale, presque lyrique, de son interprète.


7. Ye m m a Ye a A l a g a m m a DE VANAMAGAN ( TA M OU L ) SORTI EN 201 7 COMP O SÉ PAR H AR R IS JAYARAJ I N TERP RÉTÉ PAR BO M BAY JAYAS HR E E ET HA RICH ARAN

Ce titre est l'occasion de réentendre l'unique timbre de Bombay Jayashree, dont les précédentes associations avec le musicien Harris Jayaraj ont fait des étincelles. Une fois de plus, le résultat est irréprochable pour ce titre tellurique et sensuel, chorégraphié avec brio pour mettre en valeur les talents de danseuse de la jeune comédienne Sayyeshaa Saigal, héroïne du métrage.

8. Mei Nigara DE 24 (TAMO UL) SORTI EN 2016 COMP O SÉ PAR A.R. RAHM AN I N TERP RÉTÉ PAR SID S R IRAM , J O NITA G A ND H I ET SANAH M O IDU T T Y

La force de cette chanson, c'est la contribution de l'irrésistible Sid Sriram, qui avait déjà déployé sa texture vocale unique sur la poignante « Ennodhu Nee Irundhaal ». Avec « Mei Nigara », le chanteur s'essaye à un registre plus enlevé pour cette ballade fun et décalée dans laquelle il excelle.

9. Ei Suzhali DE KOD I ( TAMO UL) SORTI EN 2016 COMP O SÉ PAR SANT HO S H NARAYANAN I N TERP RÉTÉ PAR V IJAY NARAIN

Son tamoul typique, la voix de Vijaynarain n'est pas sans rappeler celle, tout aussi rugueuse et naturelle, de Dhanush qui est d'ailleurs l'acteur pivot de Kodi. Dappa romantique par excellence, « Ei Suzhali » s'appuie sur la mélodie maîtrisée de

Santhosh Narayanan qui se marie à merveille avec le timbre de son chanteur.

10. Thalli Pogathey DE AC H C H A M Y E N BA D H U M A DA M A I YA DA ( TA MO UL) SO RT I E N 2 0 1 6 CO MP O S É PA R A . R . RA H M A N IN T E RP R É T É PA R S I D S R I RA M , D I N ES H KAN AG A RAT N A M ET A PA R N A N A RAYA N A N

Une fois de plus, Sid Sriram signe un morceau enivrant grâce à cette nouvelle collaboration avec le maître A.R. Rahman sur une composition aux variations saisissantes. 157


P HOTOGRAP HI E PA R MI C H A EL LO CC ISANO

FAS H I O N

F


P R I YA N K A CHOPRA l’art d’oser MOTS PAR E LODIE

Une chose est sûre, Priyanka Chopra a su se démarquer dès ses premières apparitions américaines, dévoilant un style prononcé, glamour et sexy. Moderne, l’actrice n’a pour l’instant jamais exploité sa culture pour faire la différence en matière de looks. Avec Quantico, elle est devenue un visage et un nom reconnaissables et aujourd’hui, en plus de sa série, elle a fait ses premiers pas au cinéma hollywoodien sans pour autant en oublier l’Inde. Véritable touche-à-tout, Priyanka Chopra n’a jamais joué la carte de la sécurité face à des critiques prêts à la démonter au moindre faux pas. Jusqu’aux Oscars de 2016, Sophia Banks était sa styliste. C’est elle qui a permis à l’actrice de débuter en plaçant la barre haute sur les nouveautés et les apparitions osées. Aujourd’hui, Priyanka est entre les mains de Cristina Ehrlich. Celle-ci s’occupe de stars comme Anna Kendrik, Brie Larson ou encore Mindy Kaling et persiste dans le style de départ, en y ajoutant une touche d’élégance indéniable qui fait de Priyanka Chopra la nouvelle chouchoute des tapis rouges.

Re t o u r su r c e s d e r n i è re s années où P riyanka a c o n q u i s l a m o d e américaine...

159


2016

2017

Black Temptation Priyanka porte toujours des robes atypiques. Son mot d’ordre est de surprendre en essayant des robes aux coupes modernes. Ce qui est intéressant, c’est qu’elle ne reprend jamais complètement le même look, et lorsqu’elle le fait, elle passe à un cran supérieur.


2015 2016

Forever Blue C’est sa couleur. Depuis ses premiers pas, les tenues choisies pour Priyanka sont souvent des robes jonglant entre un bleu pop surprenant et un bleu foncé pour un ensemble plus classique. Les modèles sont variés mais surtout rarement accordés d’accessoires. L’actrice laisse parler les robes d’elles-mêmes sans y ajouter le moindre élément superflu.


2016 2017

Precious Diva Il y a ces moments où Priyanka porte des tons neutres, des robes aux apparences simples auxquelles elle amène un je-ne-sais-quoi. Passant du blanc au nude, avec parfois du gris et du gold, l’actrice sait garder sa signature de femme fatale avec des ensembles plus romantiques et légers.


2015 2017

Colorful life Tout semble aller à l’actrice, notamment les couleurs chaudes et solaires, hommage à son propre caractère. Elle n’hésite pas non plus à porter des motifs et des tissus originaux. La garde-robe de l’actrice est riche et lui permet de trouver les tenues idéales en fonction de chacune de ses apparitions.


2016 2017

Being Different Priyanka n’a peur de rien. Elle tente tout et le porte avec une facilité déconcertante. Elle sait surprendre, modifiant les tendances à sa guise. Elle sait comment porter les pièces les plus déjantées et avec une aura qui nous fait approuver immédiatement ses choix.


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I

IN SP I RAT I O N


Shyra DANS BEFIKRE MOTS PAR E LODIE

Dans un film, le rôle des stylistes est de trouver l’univers vestimentaire adapté aux personnages. Les vêtements qui vont apparaître sur nos écrans doivent refléter la personnalité du protagoniste, tout cela dans un but bien précis : nous convaincre que ce que nous voyons est réel. Pour Befikre, c’est la française Natalie Yuksel qui s’est chargée de Vaani Kapoor. Elle a ainsi divisé sa garde-robe en trois styles différents qui sont à l’image de l’état d’esprit de Shyra. Cette indienne qui se dit parisienne est le personnage qui évolue le plus dans le métrage et ses tenues témoignent de la manière dont la jeune Shyra grandit au fil des années. Le travail impeccable et parfois surprenant de Natalie Yuksel permet de comprendre parfaitement ce personnage plein d’assurance et sans limite.

Retour sur les goûts d’une fille plus complexe qu’il n’y parait... > 167


L’insouciante. Shyra est jeune et pleine de vie. Elle suit son instinct et se fait plaisir dès qu’elle le peut. Elle semble n’avoir peur de rien, ne pas craindre l’avis des autres.

Elle fait ce qu’elle a envie de faire sans se limiter.

Elle est presque dans la provocation avec un look aux airs punk-rock. Elle porte beaucoup de noir et beaucoup de tee-shirts à motif qu’elle arrange de façon à montrer son nombril. Elle aime également les bijoux, ses doigts affichant toujours des bagues. Ses bas sont souvent en cuir, ce qui donne l’impression que Shyra domine parfaitement les détails de sa vie.

Mais surtout, ses vêtements sont simples et confortables. Entre bottines noires imposantes et simples baskets blanches, Shyra ne se torture pas l’esprit au niveau mode et porte ce qui lui convient. Quitte à être un peu décalée, un peu différente, elle assume. 168


La sage. Avec un saut dans le temps d’un an, le look de Shyra se transforme complètement pour aller à l’opposé de ce qu’elle était.

En effet, elle semble avoir changé, avoir pris conscience de l’image qu’elle donnait et s’est décidée à modifier cela.

Outre une veste en cuir qui rappelle ce qu’elle était autrefois, Shyra a désormais une garde en robe remplie de jupes en jean ou en daim, qu’elle associe à des tops simples et sérieux. Plus de nombril à l’air, plus de chaussures too much.

La jeune femme se veut plus posée et plus réfléchie. Comme si Shyra voulait qu’on la prenne au sérieux. Elle semble même ne plus vouloir être sous les feux des projecteurs. Elle a grandi et mûri et cela se remarque dans ses choix vestimentaires. Pourtant, il reste encore une once d’étincelle en elle, qui se remarque lorsqu’elle est près de Dharam. 169


L’affirmée. Il y a une coupure nette avec tous ses précédents looks lorsque Shyra décide qu’en amour, elle veut se poser avec le bon.

Celui avec lequel elle fera sa vie.

Les baskets disparaissent pour laisser place à des looks totalement féminins. Longues robes, tops plus travaillés et davantage à l’image de la femme qu’elle souhaite être, talons aiguilles...

Shyra est une femme affirmée, fière et élégante. Mais parait aussi très loin de ce qu’elle était au début, au point où on se demande si cette Shyra-là est réelle. Clairement, lorsque son look a complètement changé en passant de l’insouciante à la sage, c’est parce qu’elle était blessée par les propos de Dharam* et qu’elle voulait ne plus être jugée de la mauvaise façon. Mais maintenant, elle semble se transformer pour devenir ce que son fiancé souhaite qu’elle soit... * E N EFFE T, LOR S DE LE UR RUPTURE, D H A RA M R E PR OCHE À S HYRA D ’AVO I R COUCHÉ AV EC LA MOITIÉ DES H O M M ES DE LA V I LLE . 170


Bol lyD iam ond s C U LT I V O N S E T P A R T A G E O N S DANS LE RESPECT ET L'A M O U R N O S P A S S I O N S Une page Bollywoodienne comme tant d'autres, avec l'amour, le partage et le respect comme valeurs fondamentales.

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T

T E NDANC E

Tendance discrète,

le velours. M OT S PA R E LO D I E

Le velours en impose. Et s'il y a bien des gens qui souhaitent plus que tout attirer sur eux les feux des projecteurs sur le tapis rouge, c'est bien les stars. Les tenues chatoyantes deviennent alors un choix adéquat à chacune de leurs sorties. Pourtant, c'est une texture à manier avec précaution si on veut éviter d'être trop décalé voire vieux-jeu. Car oui, qui dit velours, dit année seventies et pendant une bonne période, les fashionistas du monde ont regardé cette matière avec circonspection. AUJOU R D' H U I , C 'EST U N E RÉVOLU T I ON DO U C E E T D IS C R È T E QUI P E R M ET AU X T E N U ES L ES P LU S SIM P L ES ET PA RFO IS S E N S U E L L ES D E S E VOI R H ABI L L É ES D 'U N E TEXT U R E BR I L L A N T E . 172

Les couturiers du monde entier ont décidé de créer un grand retour pour apporter cette nouvelle tendance qui, petit à petit, s'empare des gardes-robes indiennes. Mais la règle est simple : le velours ne se porte qu'en de rares occasions puis se fait rapidement oublier. Comme dit le dicton : il ne faut pas abuser des bonnes choses. Inutile donc de remplir son placard de tops et costumes en tous genres, une pièce fera l'affaire. Assurez-vous aussi de ne pas en porter tous les deux jours au risque d'agresser le regard des passants (Non, on ne plaisante pas). Ce n'est pas parce qu'il fait son grand retour dans la haute-couture que son image ringarde a complètement disparu. La preuve avec Anushka Sharma. Six mois séparent ces deux apparitions du total look en velours.



BEI NG HUM AN CLO THI NG EUR OPE Being Human, la fondation de Salman Khan a été créée en 2007 afin de permettre aux plus démunis l'accès à l'éducation et aux soins en Inde. La fondation ne fait pas d'appel aux dons, ses fonds proviennent principalement des revenus de Salman Khan (films, publicités) et de la marque de vêtements éthique et solidaire qu'il a créée : Being Human Clothing. Chaque vêtement contribue ainsi à améliorer et sauver la vie de centaines d'enfants à travers l'éducation et la santé.

www.beinghumanclothing.eu P HOTOG RAP HIE B E ING HU MAN CLOTH ING


D

D E R NI È R E M I NU T E

be󰈻󰉄 󰈡f ca󰈝󰈞󰈩s !

Cette année, lors du 70ème Festival de Cannes, ce n'est pas deux mais trois égéries l'Oréal qui sont apparues sur le tapis rouge sur pas moins de six jours ! Photoshoots, interviews et apparitions glamour, les actrices ont ainsi représenté l'Inde qui n'avait aucun métrage en compétition officielle. Si, pour Aishwarya Rai Bachchan la croisette n'a rien de nouveau après 16 ans à fouler ses marches, c'était un grand retour pour Deepika Padukone, invitée en 2010.

Retour sur le meilleur et le pire de ces ambassadrices présentes pour illuminer le tapis rouge. MOTS PAR E LODIE 175


1

La meilleure robe L'objectif d'Aishwarya lors de ses apparitions est de s'imposer. Depuis quelques années, elle fait sensation dans des robes puissantes à paillettes et cette année, elle n'a pas dérogé à sa règle avec une véritable robe de Cendrillon créant le buzz sur la toile. L'actrice est resplendissante et conserve ainsi sa réputation d'icône pour sa 16ème année sur le tapis.

La pire robe Première apparition de Deepika ratée avec une robe qui finalement ne la mettait pas en valeur. Ce qu'elle aurait dû faire : Profiter de la possibilité de faire des retouches (elle a essayé sa robe le soir du MET) pour ajouter du volume et du coup des couches pour camoufler un peu plus la transparence. Mettre ses cheveux en arrière pour mettre en avant le buste, mais aussi les boucles d'oreilles.

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2

La meilleure mise en beauté A Bollywood, Sonam est une princesse. Ce titre est complètement brisé avec cette tenue de véritable reine courageuse et sans merci. Pour l'occasion, le make-up est complètement réussi et sans faute. Si on met de côté sa fatigue visible, Sonam est sublime. On est amoureuses de cet effet gold et foncé sur ses paupières.

La pire mise en beauté Le chignon trop serré et trop net n'ajoute rien à la robe et est en paradoxe total avec le make-up osé et bold qu'elle porte. Il aurait fallu trouver un équilibre entre les deux et permettre ainsi à l'ensemble de mieux respirer. Un chignon bas et un peu rebelle aurait été plus élégant et glamour et aurait amené un peu de fraîcheur.

177


3

Le plus bel accessoire Si la deuxième apparition de Deepika était un échec pour nous (encore une robe one-shoulder, les mêmes chaussures...) il n'en reste pas moins que ses boucles d'oreilles ont tout de suite attiré notre attention ! Un parfait clin d'oeil au festival à coup de diamants brillants et quand on parle de diamants, on est toutes conquises.

Le moins bel accessoire Bien que conçu par sa sœur Rhea exceptionnellement pour ce tapis rouge, les bijoux de mains de Sonam sont beaucoup trop volumineux et s'il y a bien une chose à ne pas faire avec une robe Elie Saab, c'est bien de porter des bijoux trop lourds. Les boucles d'oreilles auraient suffi, en parfait accord avec son make-up.

178


4

Le plus beau look hors tapis rouge Les apparitions hors tapis rouges sont aussi sponsorisées par L'Oréal. Alors les looks peuvent être parfois décalés, mais ça n'empêche pas les exceptions ! Car la jeune créatrice Masaba (cf numéro 9 de Bolly&Co) a offert à Sonam une combinaison mixée avec un sari qu'on aimerait toutes avoir dans son placard ! Avec ce look un peu bohème chic, on ne peut qu'approuver.

Le pire look hors tapis rouge La signature d'Aishwarya Rai Bachchan lors du festival, ce sont les grandes robes à la fois volumineuses et travaillées. Que ce soit sur le tapis rouge ou non, cela ne fait aucune différence. (ce qui donne parfois un effet répétitif, malheureusement) Par chance, elle n'a pas porté cette robe-là lors d'une soirée !

179


I

IN STAGRA M

Instagram, c'est le réseau social qui permet de jeter un œil sur la vie aussi bien professionnelle que privée de nos stars favorites. Outre les démarches de promotion de leurs projets, elles en profitent aussi pour publier des photos plus personnelles qui nous permettent ainsi d'en savoir un peu plus sur qui elles sont hors caméra. Plongeons ainsi dans l'Instagram de...

a rj un k a p o o r

M OT S PAR E LODIE - P HOTOG RAP HIES DE L' INSTAGRAM DE L’ACTEUR

www.instagram.com/arjunkapoor/


Type de profil :

Le tombeur de ces dames. Arjun Kapoor c’est ce beau gosse qui le montre et qui est toujours bien accompagné sur ses photos. Il semble vivre sa vie à 200 à l’heure sans perdre son énergie. Passionné, drôle et unique en son genre, Arjun vit son rêve et le partage à travers son compte.

Ce qu’il veut :

Il adore :

Faire comprendre à ses fans qu’il est heureux !

Poster des selfies.

Qu’il aime la tournure qu’a pris sa vie depuis qu’il est acteur et qu’il en profite à 100%. Alors Arjun publie tout, même le plus improbable, et n’hésite pas à rappeler à quel point le cinéma, c’est toute sa vie. Surtout, il est très attaché à sa famille et il n’est pas étonnant de le voir balancer quelques vieilles photos...

Oui, oui. Arjun Kapoor s’aime et il prend la peine de le montrer sur son compte, quitte à publier six fois la même pose en moins d’un mois. Il en fait partout, même lorsqu’il est seul chez lui dans sa salle de bain et qu’il n’a rien à faire. D’ailleurs, il n’hésite jamais à faire la grimace, ne se prenant pas trop au sérieux. Un moyen comme un autre de dire « hello » à ses fans. 181


The meeting place MOTS PAR ASMAE P HOTOG RAP HE INCONNU

Bolly&Co est certes un magazine d'information sur le cinéma indien et son univers, mais nous avons également une imagination débordante. A la suite d'une conversation groupée durant laquelle nous déplorions de ne pas voir nos acteurs favoris réunis dans un seul et même projet, nous en sommes venues à l'écriture de 'The Meeting Place ', thriller d'action avec ce qu'il faut de rebondissements et de drames pour vous divertir. Alors, lorsque l'équipe rédactionnelle de Bolly&Co se la joue scénariste, ça donne ça... VIDYA BALAN ... PARINEETA/PARI SUBRAMANIAM SHAHID KAPOOR ... ARAAV SENGUPTA EMRAAN HASHMI ... RAJA SHARMA AKSHAY KUMAR ... PARESH/PAGLU TIWARI FARHAN AKHTAR ... KISHORE/KISHU TALWAR RANI MUKERJI ... AMALA SENGUPTA IMRAN KHAN ... IMRAN KAPUR SURESH OBEROI ... ANAND SUBRAMANIAM GENELIA DESHMUKH ... KALYANI/KAALI TALWAR NAZRIYA NAZIM ... REVATHI NAG 182



Sixième chapitre Quartier huppé de Cooke Town, à Bangalore. Pari se retrouve sur un terrain qu'elle ne maîtrise plus. Elle n'a pas d'autre choix que de faire aveuglément confiance à Paresh. Et s'il était de mèche avec Kishore ? Et si quelqu'un d'encore plus dangereux, d'encore plus impitoyable que Kishore l'attendait à Bangalore dans le but de la supprimer ? Pour la première fois, elle ignorait ce qui l'attendait. Paresh sort des clés de sa poche pour ouvrir la porte d'un appartement luxueux, très opulent pour un repaire. Pari lance alors un regard interrogatif à Paresh, comment pour lui demander comment il est parvenu à se procurer un loft de cette valeur. « J'ai de très bons contacts à Bangalore. Un, en particulier... » lui répondit-il, comme s'il l'avait compris en un clin d'œil. Le logement est vide, si on omet la présence d'un grand fauteuil, qui ferait presque office de trône. Pari n'en manque pas une et s'installe immédiatement sur le siège en question et interroge Paresh, qui est quant à lui en train d'installer le courant en trafiquant quelques fils, car personne ne doit savoir que cette maison est habitée. « Du coup, c'est quoi le plan ? Comment tu comptes m'aider en m'éloignant de ma proie ? » Paresh rit face au terme employé par la jeune femme. « On va rester sagement à Bangalore et se faire oublier. T'as les flics aux fesses, ta sœur est au trou, 184

l'étau se resserre. On doit réfléchir à chacun de nos déplacements. Quant à ta "proie", c'est simple, on va l'attirer à nous plutôt que de lui courir après. » Pari est perplexe. Il fallait être discret et taire leur présence à Bangalore tout en y faisant venir l'un des barons de la drogue les plus puissants de Chennai. Comment cela allait-il être possible ? « C'est simple. Je pense que t'as fait du bon boulot, il est obsédé par toi, ce mec ! Tu lui vends du rêve, un peu de sexe et il courra comme un chien galeux. » Et étrangement, Pari était vexée. Avait-elle pour unique pouvoir celui de faire usage de son corps ? Mais en y réfléchissant, il est vrai que c'est la seule arme dont elle avait fait l'usage jusqu'ici, donnant raison au plan imaginé par Paresh. Et si elle n'avait pas adopté la bonne méthode ? Et si elle pouvait tenir Kishore autrement, en employant un moyen de pression bien plus efficace ? « J'ai une autre idée. Il y a quelque chose qui compte davantage pour ce bâtard. Ou plutôt quelqu'un. » Paresh interrompt ce qu'il est en train de faire. « Où tu veux en venir ? » Pari adopte une posture de conquérante, comme si elle venait de retrouver sa confiance perdue. Elle pose ses mains sur les accoudoirs du fauteuil, s'y enfonce pour signifier qu'il lui appartient et croise les jambes avant de dire : « Je veux en venir au fait qu'on a un meilleur appât que le sexe... Kishore a une sœur, Kaali. »


Elle ignorait tout des enjeux qu'elle était sur le point de recouvrir. Elle marchait furieusement vers Ramapuram sans se douter des risques qu'elle encourait. Elle était devenue, malgré elle, actrice de cet imbroglio criminel sur fond de vengeance. Elle était juste poussée par une verve, une sorte de fièvre qui l'animait et la poussait à découvrir la vérité. Elle n'a jamais aussi bien porté son nom tant elle me faisait penser à la déesse Kali, incarnation de la colère et de la destruction dans l'hindouisme. Moimême, je ne me doutais pas à quel point elle pouvait courir un grand danger. Je l'avais perçu comme un instrument, qui allait me permettre d'obtenir les informations que je souhaitais. Je pensais tout savoir, tout maîtriser mais je me suis finalement confronté à mon impuissance. Car j'avais beau détenir des informations, qu'en avaisje fait ? Pour l'instant, je n'étais parvenu qu'à blesser Kaali, sans pour autant révéler au grand jour la culpabilité de son frère. D ÉF I NI T I VE M E NT, C E T T E A F FA IR E ÉTAI T E N T RAI N D E RE D É F IN IR C E QUE J E VOYA I S DA N S M O N M É T IE R D E JOU R NA L I ST E . Je me complaisais dans mon rôle confortable d'informateur, travesti parfois en dénonciateur. Mais ce heurt avec Kaali m'avait permis de réaliser qu'il était indispensable que je prenne une autre place dans cette histoire. Grâce aux éléments dont je disposais, j'avais peut-être le pouvoir de changer les choses. Je me devais donc d'intervenir pour amener Kaali à me refaire confiance, pour que nous puissions, ensemble, rétablir la vérité sur les activités de Kishore ainsi que celles de Parineeta... Raja est quant à lui alité dans sa chambre d'hôpital. Araav est à son chevet, mi-agacé mi-inquiet. En effet, il se demande comment Raja a pu envisager de faire cavalier seul. Raja se réveille, mais Araav ne lui laisse

aucun répit. « Sérieusement, comment t'as pu faire ça ? » Raja reste silencieux, pour ensuite formuler timidement : « Je voulais te montrer que j'étais capable de.., » avant d'être interrompu par son supérieur. « De quoi ?! Capable de quoi ?! De te prendre une balle dans la jambe comme un bleu ?! T'es complètement inconscient, ma parole ! Tu peux pas te pointer comme une fleur et espérer arrêter quelqu'un d'aussi dangereux en étant seul ! C'est tout à fait irresponsable, et ça me fait reconsidérer ton intégration définitive à mon équipe... » Araav poursuivit. « Raja, sors de ta tanière, on n'est pas au cinéma ! Tu peux pas te permettre d'arriver sur le lieu d'une intervention sans supervision, sans préparation et sans interpeller une patrouille pour t'épauler ! Tu peux pas fonctionner comme tu l'entends de façon impulsive ! » Désemparé, Raja tente vaguement de s'expliquer. « J'ai toujours le sentiment que tu me prends pour un idiot. Et oui, j'ai sûrement pris la mauvaise décision, mais tu peux pas m'en vouloir d'avoir trouvé avant toi où était notre suspect, en essayant de l'interpeller comme je le pouvais. » Araav se mit à rire, attendri par la naïveté de son poulain. « Tu crois vraiment que je ne savais pas où elle était ? Tu vis vraiment sur une autre planète, mon pauvre... La différence entre toi et moi, c'est que je sais quel est le bon moment pour intervenir. » Araav s'approche soudainement de Raja, lui tient fermement le visage pour ensuite faire cette déclaration qui risque de perturber l'apprenti policier. « Ecoute-moi bien, gamin. Je te conseille vivement de rester à ta place. Tu t'imagines même pas dans quel merdier tu mets les pieds alors si tu tiens à ta vie, suis mes directives et reste tranquille. » Dans sa cellule, Amala songeait à ce > 185



qu'elle était devenue. A ce qu'elle était autrefois et à ce qu'elle voulait être à une certaine époque. Elle qui croyait au prince charmant, pourquoi en est-elle venue à feindre l'amour ? Amala se souvint de ce jour où elle avait été confrontée pour la première fois à l'inspecteur Sengupta... QUE LQU ES T E M P S A P R ÈS L E D ÉC ÈS D E S ON P ÈR E , L A TA N T E AS HA É TA IT V ENU E S ' I NSTA L L E R À L A M A IS O N POU R S OU T E NI R L ES F IL L ES . Parineeta était toujours en errance, quittant le domicile très tôt le matin pour ne rentrer que tard dans la nuit. Lorsqu'Amala l'interrogeait sur ses sorties, sa cadette lui donnait toujours la même réponse : « J'avais des trucs à régler ». Un jour, alors qu'Asha et Amala étaient seules, elles entendirent taper vivement à la porte. Amala se trouvait dans la cuisine alors que sa tante dirigeait vers l'entrée. L'individu ne prit pas la peine de se présenter et s'introduisit de force dans la pièce à vivre. « Monsieur, qu'est-ce que vous faites ? Je peux savoir qui vous êtes ? » Il ne lui formulera aucune réponse. Il se mit à fouiller frénétiquement les armoires et autres rangements de la pièce. « Où sont-elles ? » Face au silence d'Asha, qui traduisait son incompréhension, il insista : « Les filles Subramaniam ? Elles sont où ?! – Pourquoi vous les cherchez, Monsieur ? – Un notable de la ville de Chennai a été assassiné, et j'ai eu l'information officielle que l'une des filles d'Anand Subramaniam est mêlée à cette histoire... » Amala était sous le choc. Elle ne pouvait pas penser sa sœur capable de commettre de tels actes. Aussi, elle se savait en danger dans la mesure où cet homme la cherchait également. « Alors ?! Dites-moi où elles se trouvent, bordel !! »

sans jamais apercevoir son visage, car dans sa course, Amala s'appliquait à ne pas se retourner. Dans une ruelle étroite, elle profita du passage d'un imposant camion pour le semer. Celui qui la traquait ignorait alors que, quelques mois plus tard, il partagerait le lit conjugal avec son ancienne fugitive. Plongée dans ses souvenirs, Amala en ressortit lorsque la barrière de sa cellule s'entrouvrit, pour laisser passer une jeune femme à l'allure assurée et au visage réconfortant. L'officier de police qui l'accompagnait se prononça : « Madame Sengupta, vous êtes libre pour la durée de l'enquête, je vous présente votre avocate, Maître Revathi Nag. »

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Amala se précipita par une fenêtre pour échapper à l'homme... Il poursuivit cette silhouette à la longue chevelure brune 187


BOLLY&CO RÉDACTRICE EN CHEF : ASMAE RÉDACTRICE EN CHEF MODE : ELODIE RÉDACTRICE EN CHEF SUD : ASMAE RÉDACTRICE EN CHEF ACTUALITÉ, CINÉMA ET PEOPLE : FATIMA ZAHRA TRADUCTRICE EN CHEF : ELODIE (REVUE DE PRESSE) DIRECTRICE DE PUBLICATION : ELODIE DIRECTRICE DE PUBLICATION ADJOINTE : ASMAE DIRECTRICE ARTISTIQUE : ELODIE


A S AV O I R Un candid est une image prise par un paparazzi lors d'événements importants (cérémonies de récompenses, promotions de films, inaugurations etc...). Il en existe des milliers sur le web. Il nous est donc impossible de retrouver les noms des photographes. Les sites qui diffusent sur le web le plus de candids sont crédités à la fin, c'est généralement là que nous piochons nos images. Si nous avons oublié de préciser votre nom ou votre site dans le magazine, contactez-nous par email (bollyandcomagazine@gmail. com ). Nous trouvons souvent les photos sans le nom du photographe ou sans information supplémentaire.

N OUS RAPP E LO NS QU'IL EST FO RME L L E ME NT INTE RDIT D E PRE NDRE L ES TE XTES E T IMAG ES SANS L'ACCO RD DE L E URS AUTE URS RESPECTIFS DANS L E CADRE DU MAG AZ INE B O L LY&CO. Les photographies des films qui se trouvent dans le magazine Bolly&Co sont des images libres de droit à but commercial mises à disposition par les producteurs afin de mettre en avant leurs oeuvres. Pour cette raison, la grande majorité de nos images sont des stills de métrages et ne sont pas créditées dans notre liste. Seules les photographies professionnelles et licenciées figurent dans nos crédits.


COUVERTURE : Photographie de Tabu lors des promotions du film Drishyam, éditée par Bolly&Co EDITO : Instagram de Tabu (@Tabutiful) UN PEU DE LECTURE : Photographie d'Anita Delgado, www. noblesseetroyautes.com PRIVATE TALKIES : Ali Fazal et Richa Chadda lors du Festival International du Film de Venise. Photographe inconnu. KAJOL : Photographies par Prasad Naik pour Harper's Bazaar, mai 2017. YAMI GAUTAM: Twitter de Yami Gautam (@YamiGautam) Propos recueillis sur les sites de Filmfare, Rediff, Fashionablyfoody, Magnamags, Timesofindia, Koimoi, Bollywoodlife et Femina. MOVIE TALKIES : Twitter de Farhan Akhtar (@FarOutAkhtar) NACH BALIYE : Photographie promotionnelle de l'émission Nach Baliye ANUSHKA SHARMA : Illustration par Elodie Hamidovic PRADIP KURBAH : Photographie de la cérémonie de clôture du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse. TABU : Photographie de Jatin Kampani pour Femina (mai 2016) Propos recueillis sur les sites de Tribune India, Verve, Ndtv, Forbes India, Quartz India, Filmfare, LES IMMANQUABLES DES NEWS DRAVIDIENNES: Anupama Parameswaran, Ram Pothinemi et Megha Akash lors de la célébration du tournage de Vunnadi Okkate Zindagi en juillet 2017. (candid - voir la liste ci-dessous)

RITU VARMA : Instagram de Ritu Varma (@RituVarma) Propos recueillis sur les sites de Idlebrain, Cinebucketk, 123Telugu et Deccan Chronicle. S.S THAMAN : Photographie de S.S Thaman lors du lancement de la bandeoriginale du film Goutham Nanda (candid - voir la liste ci-dessous) PRIYANKA CHOPRA : Photographie d'introduction par Michael Loccisano (Getty Images) Toutes les autres photographies sont des candids du site Zimbio. TENDANCE : Anushka Sharma en ensemble noir (Vogue india), Kriti Sanon (compte Instagram de sa styliste : @ sukritigrover), Sridevi (lehren.com), Radhika Apte (GQ india), Anushka Sharma en ensemble rouge (India.com), Athiya Shetty (photographie par Thomas Whiteside pour Vogue India) et Neha Dhupia (photographie par Bikramjit Bose pour Grazia India) BEST OF CANNES : Photographies des comptes Twitter et Instagram de L'Oréal Paris et Inde. (@LorealParis / @ LorealParisIn) ARJUN KAPOOR : Instagram d'Arjun Kapoor (@ArjunKapoor) THE MEETING PLACE : Photographe inconnu pour l'image d'Emraan Hashmi. Photographie de Vidya Balan par Ishaan Nair pour le magazine Filmfare (décembre 2016)

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