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BOUTOGRAPHIES JOURNAL DU FESTIVAL Christian Lutz Alvaro Deprit Mario Brand Emanuele Brutti Cyril Costilhes Birte Kaufmann Michel Le Belhomme Olivier Lovey André Lützen Romain Mader et Nadja Kilchhofer Heiko Tiemann Laurence Rasti INTERVIEWS RENCONTRES LIVRES HORS LES MURS PRIX PROJECTIONS


éDITO

Évoluer sans trahir son identité : équilibre fragile que l’équipe des Boutographies - Rencontres Photographiques de Montpellier essaie de préserver au fil des années, en innovant, en étoffant son offre tout en restant fidèle à des principes et des convictions professionnelles et humaines fortes. À l’occasion du changement de lieu d’exposition cette année, du Pavillon Populaire vers La Panacée, la Feuille du Festival (quotidienne) devient le Journal du Festival regroupant davantage d’articles en une seule édition. En complément du catalogue plus spécifiquement dédié aux artistes, vous y trouverez des informations comme les entretiens avec les photographes sélectionnés et invités, des focus sur les autres acteurs de la programmation, partenaires directs ou associés, mais aussi sur les activités tout au long de l’année de l’association Grain d’Image organisatrice des Boutographies. C’est bien la nature de notre engagement que nous souhaitons partager : maintenir le cap d’une exigence esthétique au service de la création photographique contemporaine et des photographes, en les accompagnant autant que nous le pouvons dans leurs démarches artistiques et en créant des occasions de présentation de leurs travaux, en France et en Europe. Le temps du festival, temps fort s’il en est pour nous et comme nous l’espérons pour vous, visiteurs d’un jour ou fidèles depuis les débuts, s’accompagne d’un hors-temps du festival. Nous avons choisi de vous le faire connaître davantage dans ces pages. C’est en effet tout au long de l’année que nous poursuivons notre action en direction des publics et des acteurs de la photographie : cours, interventions auprès des photo clubs, marchés photo, programmation dans les territoires ruraux, échanges avec d’autres structures, lectures de portfolios et prospection des nouveaux talents dans les festivals ponctuent l’année de Grain d’Image, au-delà de la veille autour des photographes que nous défendons en sélection officielle. Avant, pendant et après les Boutographies - Rencontres Photographiques de Montpellier sont ainsi activées nombre d’initiatives qui complètent notre projet de faire de la photographie un lieu d’expression et de fréquentation du champ artistique pour tous, avec pour chacun ses propres modes d’investissement et chemins de création. L’équipe des Boutographies

Peter Vass, Arnaud Laroche, Christian Maccotta, Nathalie Belayche, Susanne Klein, Brigitte Pertoldi, Sylvie Suire, Lucie Anton, Christopher Sly, Tina Lehmann, Rachele Ceccarelli, ainsi que Diana Mizrahi, Mélanie Baudin, Lamia Boukrouh, Maud Rochegüe, Camille Morrelli, Marine Labaud, Marie Havel & Clément Philippe des boutographies

é q u i p e

crédits

Responsable éditoriale : Brigitte Pertoldi / Conception graphique : Nathalie Belayche, Mélanie Baudin / Réalisation maquette : Mélanie Baudin, Diana Mizrahi / Rédaction : Lamia Boukrouh, Diana Mizrahi, Camille Morrelli, Lucie Anton, Nathalie Belayche, Brigitte Pertoldi / Photo couverture : Louis de Belle

Le Journal du Festival est publié par l’association Grain d’Image à l’occasion des 15ᵉ Boutographies du 4 au 26 avril 2015, acueillies à La Panacée - Centre de Culture Contemporaine de la Ville de Montpellier 14, rue de l’École de Pharmacie - Montpellier Prix : 2 euros Ce journal est imprimé en 500 exemplaires sur papier Cyclus offset par Tomoé, 169 rue Georges Auric 34070 Montpellier 2


Texte: Image:

SOMMAIRE 2

éDITO 4

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photographes exposés

alvaro deprit

interviews

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prix échange Fotoleggendo

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christian lutz

ACCOMPAGNER LA CRéATION

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photographe invité

la mission des boutographies

Kiosk

projections

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26

action éducative

vILLAGEs EN PHOTOGRAPHIE

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hors les murs

au-delà ,du festival

expositions

interview d,arnaud laroche

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infos pratiques

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Mario Brand

Storyteller

Né en 1973, vit à Bielefeld (Allemagne)

Pouvez-vous vous présenter ? J’ai été projectionniste pendant 15 ans dans un Multiplexe. J’ai étudié la photographie à l’Université des Sciences Appliquées, et suis toujours étudiant. Je tente de vivre en tant que photographe indépendant, et à côté j’entreprends des projets personnels pas forcément rentables. Ma photographie se classe plutôt dans un style documentaire. Il y a un paradoxe entre le titre Storyteller et vos images si minimalistes et conceptuelles. Comment expliquer cela ? C’est un jeu de mot, Teller signifiant en allemand « plaque photographique ». J’ai photographié en argentique les 24 bobines de la série, et elles sont toutes différentes les unes des autres à cause des mains qui les ont manipulées au fil des ans. C’est d’ailleurs certainement moi qui suis à l’origine de la majorité des rayures sur les bobines. J’espère que des histoires naîtront dans l’esprit des gens quand ils réaliseront l’origine des patines et des égratignures. Pour rendre compte des détails, et faciliter la 4

distinction entre les bobines, j’ai imprimé les images en grand format, et les ai disposées en installation fixe, contemplative. Votre série est-elle née d’un sentiment de nostalgie ? Ces images sont celles de la transition entre le cinéma argentique et le cinéma digital. L’argentique est une surface sensible, on peut le toucher, le voir, jauger le poids des petites images... Avec le digital, on ne peut rien sentir. La nostalgie est donc un des moteurs de ce projet, même si, photographiées ainsi, les bobines ne seront pas perdues. Moi-même, je travaille autant sur le numérique que l’argentique, pourvu que le résultat y soit. Ce que je trouve dommage, c’est que tous ces projectionnistes aient perdu leur emploi. Que gagne-t-on avec la numérisation du cinéma ? Le numérique est une victoire pour le cinéma, à cause du prix plus faible des copies, qui fait que les films sont plus facilement distribués dans des petites salles. À l’ère

du digital, nous sommes confrontés à tant d’images et celles qui resteront dans les mémoires sont celles aux idées les plus fortes. Un professeur m’a un jour dit : « Dans le futur, la technique sera effectuée par des machines, son apprentissage sera donc peut-être obsolète. Ce qui est nécessaire, c’est l’intention et l’idée derrière les images. Les machines ne peuvent penser ». Dans un sens, cela me rassure face à un avenir photographique incertain, parce que les images seront toujours issues des individus. Avez-vous des projets ? Je travaille en ce moment en Allemagne, sur un hôtel intéressant, qui a été reconstruit maintes fois au fil des ans, et façonné par les différents styles d’architecture. Les clichés tentent de capturer ses innombrables strates, qui figurent le passage du temps comme avec les bobines de cinéma. C’est encore un travail conceptuel et documentaire, dans l’espoir de garder une trace du monde dans lequel on vit.


Emanuele Brutti

just another boxer

Né en 1984, vit à Vérone (Italie)

Pouvez-vous vous présenter, et expliquer les raisons de votre projet ? J’ai commencé la photographie il y a environ 3 ans. J’ai toujours voulu découvrir le monde, et raconter des histoires, mais l’écriture n’était pas faite pour moi, et j’ai découvert que la photographie m’offrait d’autres possibilités. C’est pendant mes études à Milan que j’ai commencé à raconter cette histoire sur les boxeurs. J’ai moi-même pratiqué la boxe pendant des années et je voulais montrer les conditions de sa pratique dans les petites villes provinciales du nord de l’Italie. Dans une petite ville où tout le monde se connaît, c’est facile d’être catégorisé comme le « boxeur », et mon intention, en plus de montrer comment ces garçons se formaient avec la boxe, c’était de décortiquer et partager les raisons qui m’avaient amené à pratiquer ce sport. Après tout, même boxeur, nous restons des personnes comme tant d’autres, d’où le titre de cette série, qui démystifie les préjugés sur ces sportifs. Vous avez laissé le combat hors champ, pourquoi cette décision ? Le combat en lui-même est moins important dans mon travail que les émotions ressenties. Mon but était d’abord de démonter les clichés sur la boxe, et de montrer qu’il existe une autre lutte menée audelà du match en soi. Je voulais montrer comment ce sport aide à mûrir, dans la solitude du ring, et à l’intérieur du gymnase, avec les autres combattants. Là-bas se produit un échange, et se tissent des liens d’amitié. Vous avez pris des portraits des boxeurs avant et après le combat. Leur relation avec l’objectif estelle différente entre les deux ? Dans cette série, je montre surtout des images d’avant le combat. C’est à ce moment précis que l’on peut voir sur leur visage toutes leurs émotions. Ils sont présent physiquement, mais leurs pensées sont ailleurs. Beaucoup de sentiments contradictoires bouillonnent alors : la peur, l’excitation avant de monter sur le ring… Et tous sont authentiques. Ce que j’apprécie, c’est qu’en me laissant prendre ces images, ces jeunes m’ont offert un aperçu de leur ressenti sincère. Dans vos images nous percevons un souci d’immédiateté, des clichés précis et fulgurants, tels des uppercuts. Pourquoi ce choix technique ? Je ne voulais pas d’une série pareille à ce qui se fait tant dans la photographie sur la boxe : les expositions longues, en noir et blanc, etc… Au contraire, j’ai beaucoup usé du flash pour figer le mouvement et saisir les émotions. Je voulais obtenir une image claire et nette de ce que ces jeunes communiquaient dans leurs mouvements.

Propos recueillis par Lamia Boukrouh et Diana Mizrahi 5


CYRIL COSTILHES

granD circle diego

Né en 1977, vit à Saint-Raphaël (France)

Pouvez-vous résumer votre parcours ? Je suis né à Saint-Raphaël. Après l’armée, je me suis cherché en voyageant. Je ne suis qu’au début de ma carrière photographique. C’est un médium qui m’attirait, mais qui ne s’est imposé comme une évidence qu’après l’accident de mon père. Je me suis formé en autodidacte, et en 2009, j’ai fait un workshop avec Antoine D’Agata. Vous utilisez l’expression d’« exorcisme photographique ». Pouvez-vous expliquer ? Ce projet était une façon d’exorciser mes démons sur le lieu responsable de la démence de mon père. Transcender la tragédie plutôt que la subir. Je voulais savoir pourquoi mon père nous avait quittés pour Diego, saisir son dernier fantasme. Le but était de faire un livre sacré, preuve d’une quête personnelle, silencieuse et nerveuse. Mais cela ne m’a pas guéri pour autant. Mon père, toujours en vie, est enfermé, et moi aussi d’une certaine manière. Mais il fallait donner un sens à son accident, et maintenant que le livre existe, que je vous parle, que des gens s’y intéressent, je le vois comme un puzzle que je devais résoudre, et qui me révèlerait. Ça m’aura pris 10 ans. Je dois tout à mon père. Sans son accident, je ne serais rien aujourd’hui. Votre regard n’est pas tendre envers ce Diego vénéneux, aux relents de sexe et de sang. Qu’éprouvezvous pour cette île ? J’ai avancé à Diego avec l’énergie de la rancœur, immunisé contre la culpabilité du blanc colonialiste qui exploite un des pays les plus pauvres au monde. Cette terre brute, sans sentiment, était coupable de mon malheur et de celui de ma famille. Mais j’ai aujourd’hui un regard plus tendre, Diego commence même à me manquer. Des liens se sont tissés sans que je m’en rende compte, et je rêve maintenant d’explorer le reste de l’île. Vous faites référence au risque de vous perdre… Le risque était de tomber amoureux de cette île et d’être emprisonné dans cette toile d’araignée, comme mon père. C’était aussi le risque que le projet soit un échec. Ne pas rendre honneur à mon père m’aurait anéanti. Je ne voulais pas devenir un « Vazha tsara tsambo », l’homme blanc qui a loupé le dernier bateau de retour, et qui, perdu, erre sans but sur l’île. Parlez-nous du traitement particulier et brut des couleurs dans cette série J’ai utilisé la couleur pour peindre une ombre noire. La couleur me semblait plus vicieuse et viscérale que le noir et blanc. La plupart ont été prises au flash, avec des Leds malgaches achetés au marché. Le flash dégage cette sensation d’agression et d’urgence qui m’intéresse beaucoup. Avez-vous des projets à venir ? Après le chaos de Grand Circle Diego, j’ai besoin de calme. Je vis dans une ville de retraités, où les gens viennent finir leur vie. J’ai commencé un travail sur cette terre de mon enfance. Je veux aussi continuer à photographier pour gérer les drames familiaux, le deuil des personnes chères, la rudesse de la vie. La photographie est un outil puissant, magique et sacré, qu’il est nécessaire d’utiliser avec respect et humilité. 6


Propos recueillis par Lamia Boukrouh et Diana Mizrahi 7


Birte kaufmann

the travellers

Née en 1981, vit à Cologne (Allemagne)

Comment avez-vous découvert les Travellers et qu’est-ce qui vous attire chez eux ? Je les ai découverts sur les routes d’Irlande à l’occasion d’un voyage. J’ai une fascination pour les mondes parallèles, nomades. Tout le monde me parlait d’eux avec beaucoup de préjugés, et j’ai voulu aller directement à leurs campements, simplement vivre avec eux et découvrir leur quotidien. Personne ne croyait à mon projet, parce que les migrants sont réputés très fermés sur euxmêmes. Il m’a en effet fallu beaucoup de temps pour gagner leur confiance. Je venais tous les jours durant des semaines. Ils étaient sympathiques, mais me mettaient dehors à la fin. Au fil du temps, ils ont compris ma curiosité désintéressée 8

pour eux. J’ai d’abord reçu la confiance des femmes, et lorsqu’ils m’ont appris leur langue, il est devenu beaucoup plus simple de travailler avec eux. Qui sont ces Travellers ? Comment expliquer leur progressive disparition ? Ils sont la minorité la plus vaste et la plus discriminée d’Irlande. Leurs origines ne sont pas totalement claires. Depuis le Moyen Âge, ils exercent en tant que travailleurs migrants, éleveurs de chevaux. Ils ont aujourd’hui perdu leur position dans la société, le monde moderne n’ayant plus besoin des activités qu’ils pratiquent. Il faut savoir qu’ils ne peuvent s’arrêter plus de 24 heures au même endroit en Irlande, et qu’ils doivent vivre dans des camps spéciaux hors des villes,

placés sous caméras de surveillance. Le gouvernement souhaite les intégrer à une société qui conserve encore beaucoup de préjugés envers eux, et souhaite les voir renier leur appartenance à leur groupe ethnique, dont ils tirent pourtant une très grande fierté. Ces laissés-pourcompte sont par ailleurs encore plus exclus du fait de leur analphabétisme très répandu. Pour représenter ces migrants, quel angle avez-vous choisi d’adopter dans cette série ? J’ai fait des études de sociologie avant de faire de la photographie et je pense qu’il m’en reste une certaine méthode de travail. Avant d’aller voir les migrants, j’ai entrepris un travail de documen-


tation. Mais ensuite, je voulais voir de mes propres yeux leur mode de vie, sans les juger ou essayer de les changer. C’est leur vie ordinaire de tous les jours que je veux rapporter, même si pour les grandes célébrations, ils se préparent des semaines à l’avance. Je veux garder trace d’un mode de vie en voie de disparition. On me demande souvent si je fais de la photographie documentaire, journalistique, ou artistique. Mais ces catégorisations ne m’intéressent pas, je suis juste une conteuse visuelle qui souhaite partager sa perception de cette communauté. Pour la suite, je désire ardemment faire une exposition en Irlande et y inviter les migrants, parce que je pense qu’ils doivent faire partie de ce projet. Propos recueillis par Lamia Boukrouh et Diana Mizrahi 9


Michel Le belhomme

les deux labyrinthes

Né en 1973, vit à Rennes (France)

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Je me présente comme un photographe analytique, un chercheur. Je ne suis pas dans la représentation en tant que telle, j’en ressors une contradiction, et l’offre ensuite au regard du spectateur. Il ne s’agit pas de donner des solutions, mais de provoquer des questionnements. J’ai toujours aimé l’expérimentation, le jeu, les notions de réalité et de fiction. On est dans une ère multimédia et postmoderne où tout se mélange, se contredit, s’associe… je suis le fruit de cette époque. Aux Beaux-Arts, je me suis tourné vers la manipulation informatique. Je ressens le besoin de toujours m’aventurer vers des espaces étrangers, et lorsque j’ai ressenti

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la frustration de ne plus être surpris par mon travail, j’ai arrêté la photographie. C’est avec le travail La Bête Aveugle que j’y suis revenu, avec le but de faire de ma maison un lieu étranger, singulier, ­inquiétant. Mes photos fonctionnent en rhizome. J’ai besoin de confrontation dans mon travail, qu’une image contredise la précédente, c’est pour cela que je n’utilise pas le mot « série ». Avec Les Deux Labyrinthes, je suis allé vers le paysage, avec ce même processus de reconstruction, de réappropriation iconologique, afin de produire des images ironiques,

absurdes, en trompe-l’œil… Les paysages reconstruits en occupent la première partie, pour la suite, j’envisage d’intervenir sur les paysages mêmes, in situ. On peut regarder quelque chose dans sa totalité, ou en le décortiquant. Moi je le fais composant par composant. J’essaye de questionner notre rapport au visible, entre l’espace regardé et son appréhension cognitive. Le paysage, c’est l’espace contemplatif absolu. Et il n’y a rien qui me fasse plus peur que le contemplatif, l’acquis, le stable, parce que le risque est de se retrouver ancré dans l’habitude, l’ennui, la lassitude de ne plus être surpris.


Texte: Image:

J’aime le sentiment du regard en route, et c’est pour cela que je montre des paysages qui sont dans la transformation. La photographie n’est pas montrer quelque chose, mais l’idée de quelque chose. L’appropriation des images a pour résultat une hybridation, un espace visuel de structure identifiable, mais qui a l’absurdité de l’impossible : On voit un paysage qui n’en est pas un, l’image d’une image. J’ai la volonté de bousculer le regardeur dans ses certitudes visuelles, de perturber sa plénitude contemplative. De lui montrer que les choses ne sont pas pérennes,

l’amener au doute de la réalité, de l’image, lui dire qu’elle n’est que fiction, et que la différence entre beauté et laideur, entre tragédie et comédie n’est faite que de petites digressions. Faire des images n’est pas faire de la photographie. Cette dernière n’est jamais innocente. Une photo peut être un acte instinctif, mais on est dans un autre rapport, qui va au-delà de la simple mémorisation, ou de la starification iconographique. Je n’ai pas encore trouvé la définition précise, le minotaure de mon labyrinthe, et c’est pour cela que je continue à prendre des photos…

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Propos recueillis par Lamia Boukrouh et Diana Mizrahi 11


olivier lovey

puissance foudre

Né en 1981, vit à Martigny (Suisse)

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Dans toutes mes séries, j’aime utiliser l’appareil photo pour transformer une réalité banale, mais je ne suis pas pour autant un photographe avec une unité formelle. À chaque nouveau travail, j’adapte les outils et les choix esthétiques en fonction du thème (cadrage, argentique, numérique, etc…). J’ai commencé par la photo de mode parce que pour moi, la photographie est d’abord esthétique. Mais avec les années je commence à remettre cette notion en question. Je me suis rapproché de l’électricien Jacques Emery, le protagoniste de ma série, mais ce qui m’intéressait, c’était ses machines, son sous-sol, faire des photos… bien plus que le personnage en lui-même. Il est important qu’Emery ne soit pas inventé de toutes pièces, même si la fic-

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tion occupe une grande place dans la série. Jacques est un électricien d’environ 50 ans, qui passe beaucoup de temps à faire des expériences dans sa cave. Je voulais faire un portrait de lui sans m’en moquer ou le présenter comme un original, même si son activité le coupe un peu du monde. Sa relation démiurgique avec un instrument divin me faisait penser au mythe de Prométhée. Il y a deux aspects dans sa création : d’un côté, il recrée à l’identique des machines d’électricité historiques, et de l’autre, il expérimente et invente des nouveaux modèles. Un jour, il m’a dit : « Je passe du temps à travailler sur une machine censée recréer le mouvement perpétuel, même si je sais qu’il est impossible de l’atteindre ». J’ai trouvé poétiques ces tentatives de parvenir à

quelque chose d’impossible à réaliser, ça me semble représentatif de l’art et de la condition humaine. On est là, on sait que l’on va mourir, mais on continue à faire ce qu’on a à faire. Je trouve qu‘il est rare que la physionomie d’une personne soit intéressante en soi. C’est pour cela que dans mes travaux, le visage se dérobe souvent, et que dans cette série-portrait de Jacques Emery, ce dernier est plutôt représenté sous forme de silhouette. Lui-même affirme que son bureau et ses murs reflètent ce qu’il est. Je ne sais pas si c’est vrai, mais je pense qu’on en apprend plus sur quelqu’un en montrant son espace de vie. Représenter Jacques comme une ombre permet aussi au spectateur de se projeter dans cet


univers. Mais je ne veux pas d’une fiction totale, quand Emery apparait physiquement sur certaines images, j’ai besoin de le représenter comme un individu ordinaire. Quant au noir et blanc, je me disais qu’il faisait plus rêver, que les machines avaient un côté rétro-futuriste qui faisait penser à de vieux films de science-fiction. J’ai beaucoup de projets, dont un très important pour moi sur l’association Exit, en Suisse, qui aide les gens à mettre fin à leurs jours dans des situations où ne subsiste aucun espoir de guérison. J’ai envie de faire des portraits frontaux très simples, sans retouches, de ces gens qui savent qu’ils vont bientôt mourir. Plus j’avance, plus mon envie d’avoir une accroche au réel est forte. Propos recueillis par Lamia Boukrouh et Diana Mizrahi

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ANDRÉ LÜTZEN

zhili byli

Né en 1963, vit à Hambourg (Allemagne)

Pouvez-vous décrire votre parcours ? Mes domaines de prédilection sont la photographie narrative et documentaire. J’ai étudié à l’école d’Art d’Hambourg, puis à l’International Center of Photography de New York. J’ai commencé à travailler sur différents projets, fait plusieurs workshops à l’étranger et j’ai enseigné la photographie en Allemagne. En ce qui concerne Zhili Byli (« Il était une fois »), c’est en fait une partie de Living Conditions, un projet plus large commencé au Vietnam, et qui traite des conditions de vie dans plusieurs pays, suivant le climat. À Hanoi, en été, la température est très élevée, les habitants ouvrent portes et fenêtres, et déploient leur espace de vie jusque dans les rues, le dehors devenant alors une part d’intérieur. À chaque fois, je réunis trois points de vue, les portraits, les intérieurs et extérieurs, dans une forme narrative classique et riche en détails, car c’est un élément crucial pour un langage visuel efficace.

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Comment avez-vous découvert la ville glaciale d’Arkhangelsk ?

Comment avez-vous établi une relation de confiance et pris des images si intimes ?

Je l’ai découverte dans le cadre d’un programme d’échange allemand, invité à y faire une résidence. Les images qui ont résulté ont pris tant de force que j’ai décidé de les intégrer au grand projet sur les conditions de vie. Je m’intéresse à la façon dont les peuples de différentes cultures s’adaptent au climat, et veux comprendre comment des gens vivant des hivers de six mois modifient leurs intérieurs, où ils restent toute l’année.

Je travaillais avec un traducteur, et l’avantage était d’avoir une longueur d’avance dans la conversation. Je pouvais anticiper les nouvelles questions, appréhender l’espace, et penser aux prochaines images. Je souhaitais créer un contact visuel avec les personnes. Je ne parle pas leur langue, mais lorsque je les photographie, m’efforçant d’être discret, et qu’ils sachent et acceptent que je sois là, un lien de confiance s’établit, et c’est cette relation que je veux montrer dans mon travail. Quand vous passez du temps avec des gens et que vous vous ouvrez à eux, ils s’ouvrent également à vous.

En quoi le climat affecte-t-il la vie des habitants ? Le froid est intéressant en cela qu’il a cette connotation de solitude, d’abattement, alors qu’il rapproche en fait les gens entre eux. J’ai découvert en Russie une hospitalité qui n’existe pas dans d’autres pays européens, parce que l’hiver n’est pas aussi extrême chez eux. Si vous êtes dans le besoin, ces gens vous ouvriront leur porte. Je pense que le froid est un fondement de la culture russe, teintée de mélancolie, et que de manière générale, le climat forme de façon essentielle l’identité des cultures.

Vos projets à venir ? Je prévois de publier cette année mon livre sur l’Inde qui est la troisième partie de Living Conditions, et de continuer la quatrième partie au Soudan. Ces deux choses m’occuperont suffisamment pour cette année, et nous verrons pour la suivante.


romain mader et NADJA KILCHHOFER

aliona

Nés en 1988, vivent à Berne (Suisse)

Est-ce que vous pouvez présenter votre binôme de travail ? RM : Nous étions dans la même classe à l’ECAL, en spécialité Photographie. Nous sommes en couple, du coup il est devenu naturel pour nous de travailler en binôme. Aliona est une histoire qui s’étend sur plusieurs supports : des vidéos, des publicités, site internet etc... Cette série est le premier chapitre d’un grand projet, dans lequel nous avions envie de travailler sur l’idée que « l’herbe est toujours plus verte ailleurs ». Nous sommes intéressés par les concepts de perfection, de beauté, la recherche de bonheur, la célébrité... Il ne s’agit pas d’une critique, mais d’observation et de réflexion. On utilise l’humour et la parodie de façon naturelle dans notre travail. Qu’est-ce qu’Aliona ? NK : Un pays de l’Est de l’Europe prépare une mission spatiale vers la planète utopique Aliona, où ils espèrent trouver de nouvelles matières premières. Une campagne a été lancée pour inciter le maximum de personnes à s’engager (il y a une pilule pour que les femmes de-

viennent plus belles, des publicités d’appartements). Une fois qu’ils arrivent sur Aliona, ils découvrent qu’en fait les ressources n’existent pas. Comme le temps de retour sur terre est trop long, les gens restent finalement y vivre. L’histoire d’Aliona évolue à chaque fois qu’on la raconte. Votre travail mélange photographie et arts plastiques. À l’aide de quelles ­techniques avez-vous conçu ce monde futuriste ? Les bâtiments sont en trois dimensions sur l’ordinateur, les sculptures sont des miniatures de bois, terre cuite, et même de légumes… Nous avons pris des photos de nos visages et nous les avons incrustés sur des statues et monuments existant en réalité, une en Ukraine et une autre en hommage aux combattants français morts pendant la seconde Guerre Mondiale. Pouvez-vous préciser vos sources d’inspiration ? RM : Nous nous sommes inspirés d’affiches et d’archives de propagande de

l’armée américaine, mais aussi de l’esthétique des pays de l’Est, que nous adorons. L’inspiration est partout et comme des éponges, nous prenons tout : une campagne pour une mission sur Mars en 2025, une image sur Facebook, les faits divers, les personnes qui gagnent les The Darwin Awards pour les morts les plus stupides… Comment a eu lieu votre collaboration avec François Burland, dont les œuvres apparaissent dans votre travail ? RM : François Burland m’a demandé de documenter son travail. Il fait de l’art brut, de la gravure, sculpte de petits personnages. On a passé deux mois dans sa ferme à Toulouse, où sont entreposés ses travaux. NK : Notre conception de l’art est complètement différente de la sienne, mais en entrant dans son univers, en s’inspirant de ses travaux, on a pu démarrer notre projet. Normalement on passe beaucoup de temps à créer le décor, mais là, presque tout était déjà prêt : des fusées, un sous-marin, une bombe atomique… Propos recueillis par Lamia Boukrouh et Diana Mizrahi 15


laurence rasti

, , il n,y a pas d,homosexuels en iran

Née en 1990, vit à Genève (Suisse)

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Je suis née en Suisse, entre deux cultures, l’une occidentale et l’autre iranienne, héritée de mes parents, que j’ai découverte au fil des voyages. Un séjour m’a marqué plus que les autres, notamment sur la différence du statut de la femme entre ces deux pays. J’ai voulu me tourner vers le droit, travailler dans une ONG en faveur du droit des femmes en Iran, mais sans succès. J’ai alors été admise à l’ECAL en photographie, et mes travaux se sont concentrés sur mes origines, le genre, et les codes de beauté. C’est ce qui me fascinait le plus. Si je ne pouvais parler de ces thématiques à travers le droit, je voulais le faire au moyen de l’art. Pour mon Bachelor, j’ai abouti à ce travail sur les réfugiés homosexuels iraniens en Turquie. Qu’est-ce qui vous a amené vers ce sujet ? Le thème des genres m’intéresse énormément, et en parallèle, planaient mes origines iraniennes. C’est la synthèse des deux qui a abouti à cette série. Aujourd’hui, la notion de genre évolue, le 16

troisème sexe commence à être accepté, alors qu’en Iran, l’homosexualité est toujours illégale. Ce contraste radical m’a interpellé, et m’a poussé à travailler dessus. La photographie quant à elle, permet de partager mon regard sur ce qui me touche, de sensibiliser les gens ici ou en Iran, car on fait des images pour soi, mais aussi pour qu’elles soient vues. Dans ce sens, j’ai conçu un livre sur ce travail, dans une édition écrite en français et en persan, contenant plus d’images et des interviews, au graphisme rappelant la culture persane. Je n’ai pas la prétention de faire changer les mentalités, mais si une personne est touchée par mon travail, c’est déjà bien.

Le sujet est dur, pourtant, votre manière de l’aborder reste joviale. Pourquoi ?

Pourquoi la ville de Denizli ?

Quels sont vos projets futurs ?

C’est la ville turque accueillant le plus de réfugiés homosexuels iraniens, une organisation en aide aux homosexuels iraniens intervient là-bas. Il leur est plus facile de s’y rencontrer, de se connaître entre parenthèses dans l’attente d’un visa vers un troisième pays. Je voulais montrer leur situation : une période de pause et de latence, en attendant la fin de l’anonymat et de la répression identitaire.

Je souhaite rajouter des images de femmes qui manquent à cette série. Et pour la suite, je ne pense pas me détacher des thèmes de genre, des codes de beauté et d’identités que cette série englobe.

Il était important de montrer que l’espoir les anime, même s’ils ont tous vécu des évènements difficiles. J’ai donc créé un paradoxe avec le titre de la série pour leur rendre une visibilité niée. Certains modèles n’ont pas désiré dévoiler leur visage, de peur que leurs familles apprennent leur homosexualité, mais petit à petit j’ai gagné leur confiance et j’ai pu construire ces images avec des éléments relatifs à leurs histoires. Beaucoup sont maintenant devenus mes amis, et certains ont reçu leur visa pour le Canada, les États-Unis et d’autres pays.


heiko tiemann

infliction

Né en 1968, vit à Düsseldorf (Allemagne)

En quoi la photographie vous paraît-elle être le moyen d’expression idéal ? Je suis fasciné par l’habileté de la photographie à préserver une trace de réalité sur la pellicule. Le sentiment est similaire à celui d’un roman de Proust : l’éternelle réminiscence du passé à travers le photogramme, qui concentre le désir et la mélancolie. C’est peut-être une des raisons pour lesquelles je ne me suis jamais attaché à la photographie numérique, qui ne laisse aucune empreinte physique derrière elle. Qu’est-ce qui vous a amené à ce projet ? Ma curiosité vient de ma propre enfance. C’était un temps de magie et de fragilité, mais aussi d’incertitude et d’incompréhension, dont les souvenirs sont parfois ravivés par une odeur ténue, une lumière particulière. Je veux montrer la jeunesse dans toute son ouverture et sa vulnérabilité, surtout si elle est très tôt confrontée à des circonstances difficiles. J’ai travaillé deux ans dans un hôpital psychiatrique durant mes études. Durant cette période, j’ai entrepris mon premier travail sérieux, qui m’a ouvert des horizons déterminants pour la suite. En 2012, j’ai rencontré une professeure d’art qui m’a introduit à cette école spécialisée. Intégré dans des classes avec les enfants, il fallait être respectueux et ouvert, parce que les enfants perçoivent le manque d’investissement ou de confiance en soi. Ils viennent de milieux difficiles, habituellement personne ne leur accorde d’importance en société, et ils sont conscients de cela. Comment avez-vous mené vos prises de vue, construit vos mises en scène ? Les postures sont celles des modèles. Souvent, les enfants jouent avec les rideaux, et regardent par la fenêtre, éléments frontières entre l’extérieur et l’intérieur, fascinants en cela qu’ils dévoilent et camouflent en même temps. Je prends mon temps pour faire une image, car je laisse une marge d’imprévisibilité, en gardant cependant un équilibre avec la volonté de créer une image signifiante. Je passe aussi beaucoup de temps pour trouver la lumière idéale des portraits. Avez-vous des influences photographiques ou autres ? Les portraits de Francis Bacon, surtout ses triptyques, qui semblent totalement déformés en surface, mais qui dévoilent des facettes insoupçonnées du modèle. En photographie, les travaux d’Helga Paris et Sibylle Bergemann ont une sensibilité et une simplicité que je trouve touchantes, car elles sont un reflet de la condition humaine et de l’existence. Enfin, Proust et Kafka ont beaucoup influencé ma vision du monde. Qu’est-ce qui relie toutes vos séries ? Mes séries précédentes sont toutes interconnectées, je ne peux dissocier mes travaux de ma vie, les idées surgiront toujours de moi-même, ma personnalité. À chaque instant, je prends des photos jamais matérialisées, du fait que je les prenne avec mes yeux. C’est une fascination sans fin pour la réalité, que j’observe avec des yeux encore enfantins, me demandant constamment comment seraient les choses si elles étaient photographiées.

Propos recueillis par Lamia Boukrouh et Diana Mizrahi

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ALVARO DEPRIT

pRIX éCHANGE fOTOLEGGENDO

AL ÁNDALUS

Né en Espagne en 1977, vit à Milan

Le point de départ de votre série est une photo de famille qui vous accompagne depuis que vous êtes enfant. Pour quelle raison ? Cette photo est la plus représentative d’un ensemble d’images familiales et elle évoque l’imaginaire qu’on a de cette partie de l’Espagne. Mes parents et grandsparents sont originaires d’Andalousie, mais nous avons vécu à Madrid. Jusqu’à il y a 5 ans, je n’ai connu l’Andalousie qu’à travers les photos et les histoires de mes grands-parents qui parlaient des rivières aux couleurs de vin rouge (Rio Tinto). Je rêvais d’un territoire idyllique, un lieu ancré dans le passé, avec tous les stéréotypes de la culture espagnole. Vous avez travaillé pendant trois ans sur cette série, aviez-vous une méthode précise ? Quand j’arrive dans un lieu, je suis très méthodique : je me renseigne, je rencontre les journalistes locaux. Après, au moment de la prise de vue, je suis

très instinctif, je prends des photos sans chercher de raison. Le travail postérieur d’editing est, pour moi, le plus important, et se base aussi sur l’intuition. J’élabore un vocabulaire correspondant aux idées que j’ai en tête et j’essaie de choisir parmi les photos que j’ai prises celles qui traduisent le mieux ces mots en images.

mique. Mais au fil du temps, un état de suspension lié à la crise émanait du territoire et a pris une place grandissante dans mes images. J’ai l’impression que les andalous sont devenus plus effacés, le territoire ravagé, que les tensions entre les valeurs traditionnelles et le monde moderne se sont accentuées…

Le fait d’avoir réalisé cette série a-t-il changé votre vision de l’Andalousie ? Et de votre héritage familial ?

Comment s’insère cette dernière série dans l’ensemble de votre travail ?

Ce travail a aidé à rajouter de la mémoire, maintenant j’ai exploré le lieu, et j’ai des amis et des souvenirs propres. J’ai pu mieux connaitre mon histoire et celle de ma famille, j’ai compris le comportement de mes grands-parents, pourquoi ils disaient certaines choses. Comment la situation actuelle de ce territoire est présente dans votre travail ? Mon idée était de refléter mes sensations personnelles par rapport à l’Andalousie et non pas de travailler sur sa réalité écono-

J’essaie d’enquêter sur des choses que j’ai en tête et elles renvoient toujours à mon histoire personnelle. J’aime aborder des thématiques différentes et pour chacune j’utilise le langage qui lui est le plus approprié. Je cherche à transmettre une sensation bien plus que de donner des explications. Je suis autodidacte, et c’est quand j’ai rejoint l’agence OnOff Pictures, en Italie, que j’ai clarifié les projets que j’aimerais faire, et qui sont principalement introspectifs. Je fais une sorte de documentaire avec une interprétation très personnelle. Le fil rouge de mon travail, c’est moi.

Propos recueillis par Lamia Boukrouh et Diana Mizrahi

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v

Prix Échange Boutographies-FotoLeggendo Dans le cadre d’un partenariat entre les festivals Boutographies et FotoLeggendo à Rome, l’équipe de Montpellier a sélectionné l’exposition Al-Ándalus du photographe Alvaro Deprit présentée lors de l’édition FotoLeggendo 2014. En échange, l’équipe de FotoLeggendo choisit une exposition programmée dans l’Édition 2015 des Boutographies. Le travail du lauréat du Prix Échange sera exposé à Rome en juin 2015. Le photographe lauréat bénéficie de la prise en charge complète de son exposition et de son voyage pour participer au festival partenaire. > soirée de remise du prix Échange FotoLeggendo le 4 avril à 19h à l’auditorium de La Panacée

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© In Jesus’ Name

CHRISTIAN LUTZ

,

trilogie Protokoll Tropical Gift In Jesus Name

Photographe invité

Né en Suisse en 1973, vit à Genève. Il est représenté par l’Agence VU’

En novembre 2012, suite à la sortie de

votre ouvrage In Jesus’ Name, 21 plaintes sont déposées contre vous et votre éditeur pour atteinte au droit à l’image. Le tribunal civil de Zurich prononce alors une mesure provisionnelle d’interdiction de diffusion dudit ouvrage. Pour des raisons financières, vous ne contestez pas cette décision mais contre toute attente l’affaire est relancée par l’avocat des plaignants en avril 2013. Ce dernier réclame la destruction de l’ensemble du matériel photographique produit sur lesquels les plaignants figurent, dans et hors livres. Vous décidez de vous y opposer, le procès débute donc en septembre 2014 et débouche finalement sur un retrait des plaintes. En droit français, la notion de droit à l’image constitue un droit de la personnalité et prend racine à l’article 9 du Code Civil, relatif au respect de la vie privée. C’est une extension du droit au respect de la vie privée. Notion assez large, elle est le fruit d’une construction jurisprudentielle et peut constituer un rempart à la liberté de création, au droit d’informer et plus largement à la liberté d’expression. Votre affaire en témoigne aujourd’hui. 20

Que vous évoque la notion juridique de droit à l’image ? Rien de bon, je dois dire. Nous vivons une époque de panique morale et de confusion, où le droit à l’image est souvent invoqué pour pallier des discussions de fond qui n’ont malheureusement pas lieu. En droit suisse, pour ne citer que celui auquel j’ai eu affaire, il y aurait de nombreux points à inscrire, pour le bien de la démocratie. Dans quelle mesure pensez-vous qu’elle doive interférer avec un travail de création artistique, journalistique ou documentaire ? L’artiste, le créateur doit-il prendre en compte cette dimension juridique ou au contraire l’ignorer complètement dans son champ de création ? Si les artistes la prennent en compte, alors il faut que ce soit pour la détourner ou en faire un objet artistique. Il y a trop de cas où le juridique vient interférer sur le terrain de l’art. Aujourd’hui, l’urgence est d’apprendre à regarder, à lire, à analyser les œuvres qu’elles soient littéraires, photographiques ou autres. Toute idée, toute

production artistique doit pouvoir être pensée et débattue, sans jamais faire intervenir l’interdiction ou la censure. À la censure d’ailleurs, une autre menace s’ajoute, pire encore, celle de l’autocensure qui est très dangereuse pour la santé mentale des individus et, a fortiori, d’une collectivité. Il existe un courant pour lequel le droit à l’image n’existe pas. Marie-José Mondzain, philosophe et spécialiste de l’art et des images, considère que chacun donne et abandonne son image : « Une image ne se prend pas, elle est produite, elle est créée, elle n’a aucune substance tirée de son modèle, elle n’a pas d’être, elle attend de ceux qui la produisent et de ceux qui la regardent, la construction du regard qui lui donnera son sens. L’image de la personne est dissociée de la personne, elle en est une simple émanation, ainsi, je ne pourrai opposer à cette image quelconques revendications. » Qu’en pensez-vous ? Faire le tour de sa propre personnalité est déjà une sacrée aventure. Je crois que nous ne sommes jamais qu’une interpréta-


tion pour nous-mêmes et pour les autres. Parfois, ça crée des malentendus, parfois ça permet de mieux cerner son identité ou tout du moins un fragment de celle-ci. Dans la constitution d’une personnalité, on le sait, le regard de l’autre est un élément fondamental. Laisser l’autre me regarder, m’interpréter est aussi une manière d’accepter l’existence d’un point de vue différent que le mien. À travers votre affaire, on observe une volonté de contrôle de l’image par la personne. Ce contrôle de l’image par le biais de l’exercice du droit à l’image constitue une menace pour la liberté de création et d’expression dans la mesure où il ferait

obstacle à la diffusion libre de l’image. La liberté de création et d’expression peutelle et doit-elle être sans limite ? La liberté d’expression, c’est une discipline qui se travaille tous les jours, avec rigueur, avec conscience ; c’est une forme d’athlétisme physique et moral, elle est étroitement liée à un système de valeurs, à une éthique. On veut souvent mettre tout et n’importe quoi dans ce mot. La Liberté est un des grands enjeux de nos sociétés démocratiques, et peut-être aussi l’un des plus beaux et des plus stimulants. Il existe des différences entre les systèmes juridiques en la matière. Par exemple, re-

grettez-vous qu’en Suisse, à la différence du droit civil français, ce ne soit pas au plaignant de prouver son préjudice, mais bien au contraire à l’auteur de prouver qu’il détient un accord explicite ou de démontrer l’intérêt prépondérant de son travail ? (article 28 alinéa 2 Code Suisse.) Pensezvous que cette inversion de la charge de la preuve vous soit défavorable ? Oui, mais comme dit précédemment, c’est un détail parmi tant d’autres dans l’idée d’une nouvelle juridiction qui devrait et pourrait être menée en la matière, tant il y a d’abus en tout genre en Suisse et ­ailleurs… Propos recueillis par Camille Morrelli

Exposition Trilogie de Christian Lutz > du 4 au 26 avril 2015 La Panacée - Centre de Culture Contemporaine

Rencontre/débat « Christian Lutz et le procès fait à In Jesus’ Name : image photographique et croyance » En présence de Christian Lutz, photographe, Marie-Christine Sordino, professeur à la faculté de Droit et Science Politique de Montpellier, Christian Maccotta, directeur artistique des Boutographies. En partenariat avec l’Université de Montpellier

> Mercredi 8 avril 2015, 17h, Amphithéâtre 001, Faculté de Droit, batîment 2, RDC, 14 rue du Cardinal de Cabrières, Montpellier

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ACCOMPAGNER LA CRéATION photographique CONTEMPORAINE Le festival est l’aboutissement d’un long processus. Il commence pour l’équipe des Boutographies dès la fin de la session précédente, les idées fusent en tous sens avec comme point de mire encore et toujours, l’amélioration de notre travail en faveur de la photographie contemporaine. L’appel à projet est lancé très rapidement et court jusqu’à l’automne. Une pré-sélection parmi les centaines de dossiers envoyés de toute l’Europe est effectuée par l’équipe. Puis le jury officiel du festival composé de personnalités européennes du monde de la photographie contemporaine se réunit en décembre à Montpellier pour faire la sélection finale des photographes qui seront exposés, ainsi que de ceux qui seront projetés. Une fois ce choix fait, la mise en œuvre du festival à proprement parler commence. Exposition officielle, projections, réalisation d’un programme, d’un catalogue, d’un journal et de supports de communication, organisation logistique des espaces en lien avec la structure d’accueil, planification de la venue des photographes et de leurs œuvres, relations avec les différents partenaires à reconduire ou à créer... Beaucoup à faire !

ils commencent à être vraiment nombreux puisque nous dépasserons les deux cents pour la seule sélection officielle cette année, qui ont fait partie de notre sélection depuis 15 ans. Cette année, les acteurs de la chaîne du livre (photographes, auteurs,

Ce sont des liens qui fructifient et aboutissent souvent à plus ou moins long terme à des partenariats et des projets d’exposition, ou d’autres modes de valorisation. L’équipe des Boutographies essaie autant qu’elle le peut de provoquer et d’accompagner toutes ces rencontres, de stimuler les échanges et les projets pour que la participation à notre festival soit plus qu’une occasion d’exposition. Les prix décernés aux participants sont un autre aspect de notre action avec des partenaires comme la ville de Montpellier, le festival italien FotoLeggendo, Arte Actions culturelles, le magazine Réponses Photo ou encore l’enseigne iTribu... Des partenaires galeristes tels que Le Lac gelé (Nîmes), ou Focale à Nyon (Suisse) exposent également des photographes issus de nos sélections, après le festival, tandis que nous invitons dans notre local des photographes qu’ils ont défendus.

Mais l’idée du festival ne s’arrête pas à notre sens à cette préparation de l’exposition phare et nous cultivons plusieurs autres actions en faveur des photographes et de leurs travaux. Ce sont ces actions que nous souhaitons présenter plus précisément maintenant dans la seconde partie du Journal du Festival. Elles se déroulent pendant le festival et même au-delà, tout au long de l’année.

graphistes, éditeurs) seront davantage présents avec une sélection de revues et d’ouvrages en édition limitée, des signatures avec les photographes exposés et des rencontres.

Les lectures de portfolios ouvertes à tous sur inscription pendant le festival offrent aux sélectionnés une occasion très concrète de pouvoir exposer dans d’autres structures nationales et européennes, de se faire repérer pour pouvoir bénéficier de résidences d’artistes, ou encore de se faire publier par un éditeur présent. Toute l’année, l’équipe des Boutographies poursuit cet accompagnement de proximité des artistes, pour leur procurer autant que faire se peut des occasions de mise en valeur de leurs démarches, une visibilité. Le site permet de relayer également toutes les informations concernant tous ceux, et

Pendant les trois semaines du festival, vont aussi se succéder les échanges entre les photographes et le public, à La Panacée ou dans des structures culturelles partenaires de Montpellier, les liens vont se renforcer et se créer, entre eux et tous les professionnels qui nous font le plaisir de participer à notre programmation. Ces professionnels, membres du jury, intervenants lors des lectures de portfolios, mais aussi structures artistiques locales qui participent à la programmation du Hors les Murs sont tous des relais potentiels des travaux et des personnalités dont ils ont fait connaissance à l’occasion du festival.

De plus, notre action s’inscrit sur la durée également en faveur de la pédagogie. Plusieurs projets irriguent le festival de créations réalisées dans des écoles ou des lycées de Montpellier, suite à des ateliers menés par des photographes professionnels. Et nous avons à cœur également de présenter chaque année en projection continue, les travaux de jeunes artistes issus d’une école européenne de photographie invitée. Pour leur donner une possibilité de faire connaître leurs réalisations, initier des canaux de diffusion de ces travaux, encourager, valoriser, encore et encore et peut-être donner des idées au jeune public des Boutographies ? Tout au long de l’année, l’association Grain d’Image, organisatrice des Boutographies, continue à s’investir en créant ou en participant à d’autres manifestations comme les Balade(s) photographiques, un Marché Photo avec vente de tirages d’artistes, le projet Villages en Photographie, des expositions dans son local le Mur Rouge mais aussi tout un programme de cours photos à destination de tout public désireux de se perfectionner, de préparer des concours d’entrée en école d’art, ou encore de monter des projets d’exposition ou d’édition. Brigitte Pertoldi

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Les projections

> Projection en continu du 4 au 26 avril à La Panacée

Pour refléter la qualité et la diversité des projets soumis à l’appréciation du Jury 2015, les travaux de 24 photographes venant d’Allemagne, d’Italie, de France, d’Espagne, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de Slovaquie et de Lettonie sont présentés en projection à La Panacée durant toute la durée du festival, dans le cadre de la sélection officielle de la 15ᵉ édition des Boutographies. Le Prix « Coup de Cœur Arte Actions culturelles » Parmi les travaux de photographes européens participant à la projection, notre partenaire Arte Actions culturelles désigne un « coup de cœur » remis lors de la soirée de clôture du festival le samedi 25 avril 2015. Le photographe lauréat du prix Arte Actions culturelles est récompensé par l’acquisition d’un tirage photographique d’une valeur de 1000 euros.

Photographes participants : Louis de Belle (Italie) / Nigel Bennet (Royaume-uni) / Laurent Cipriani (France) Giovanni Cocco (Italie) / Boris Eldagsen (Allemagne) Cathleen Falckenhayn (Allemagne) Bérangère Fromont (France) Julia Fullerton-Batten (Royaume-uni) Françoise Galeron (France) / Florian Bong-Kill Grosse (Allemagne) Corinna Kern
 (Allemagne) / Stefano Marchionini (Italie) / Sandra Mehl (France) Melissa Moore (Royaume-uni) / Leslie Moquin (France) / Constance Proux (France) Alnis Stakle (Lettonie) / Dana Stölzgen (Allemagne) / Manuel de Teresa (Espagne) Jeanne Tullen
(Suisse) / Laetitia Vancon (France) / Tomáš Werner (Slovaquie) Yana Wernicke (Allemagne) / Raimond Wouda (Pays-Bas)

photos de haut en bas, gauche à droite : B. Fromont, A. Stakle, F. Bong-Kill Grosse, J. Fullerton-Batten, S. Mehl, L. de Belle, B. Eldagsen , T. Werner, D. Stölgzen, M. Moore, C. Kern, S. Marchionini, R. Wouda

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> Exposition du 4 au 26 avril au centre de ressources de La Panacée

Dreaming Leone Alvaro Deprit Autoédition 750 exemplaires

Akkar Constance Proux Autoédition 50 exemplaires

KIOSk

, autour du livre de photographie et de l édition En écho au dynamisme, à la créativité et au renouveau de l’objet livre dans le travail des photographes aujourd’hui, le projet KIOSK propose de découvrir une sélection de livres d’artistes autour de deux types de rendez-vous : une installation d’ouvrages et de revues de photographie contemporaine à consulter sur place dans la salle des ressources de La Panacée, des rencontres avec ceux qui font les livres (photographes, auteurs, graphistes, éditeurs) au Café de La Panacée. Pendant le week-end d’ouverture des Boutographies, KIOSK s’installe au Café de La Panacée avec une sélection de livres en édition limitées, propose des rencontressignatures avec les photographes exposés, et présente The Eyes, une revue de photographie en réalité augmentée dédiée à l’Europe d’aujourd’hui. KIOSK vous donne aussi rendez-vous tous les jeudis de 18h à 20h pour les Apéros Photo&Tapas avec le Café de La Panacée : jeudi 9 avril avec Loïc Thisse, éditeur de la revue de photographie contemporaine Selektor, le 16 avril avec le collectif Transit et les éditions de l’Appartement, et un(e) invité(e) surprise le 23 avril. Tapas spécial photo selon l’inspiration du chef ! Projet KIOSK coordonné par Nathalie Belayche avec La Panacée

My Disguise Dana Stölzgen dienacht Publishing 50 exemplaires 24

Maquette du livre Infliction Heiko Tiemann Exemplaire unique

Grand Circle Diego Cyril Costilhes Akina Books 800 exemplaires


VillageS en photographie Le projet Villages en Photographie, développé par l’association Grain d’image en collaboration avec les ateliers photo des communes de l’agglomération de Montpellier, propose un accès à la photographie pour tous. Lors de deux soirées de projection, Villages en Photographie présentera le résultat des travaux réalisés sur plusieurs mois par les membres des ateliers photo de Clapiers et de Saint-Drézéry, autour du thème L’Homme dans son environnement professionnel et dans ses loisirs.

Projections >10 avril à 19h30 salle Georges Brassens, rue de la Liberté, 34160 Saint-Drézéry >15 avril à 19h30 salle de cinéma Jean Malige, l’Ostau, place Max Leenhardt, 34830 Clapiers

« Lorsque j’ai intégré l’association Grain d’Image en 2010, Arnaud Laroche, le directeur de l’association, m’a proposé de diriger ce projet et j’ai immédiatement accepté. J’aime les rapports d’échanges avec les ateliers photo, en particulier sur cette thématique. La vision personnelle des membres permet de redécouvrir leur environnement, d’aller à la rencontre d’un voisin, d’un commerçant, d’un visage connu. Cette exigence de repenser l’habitude, le quotidien, est une expérience intéressante et enrichissante pour tous. Les réunions mensuelles organisées avec Arnaud nous permettent d’accompagner les photographes dans leur cheminement pour les pousser au plus loin de leur raisonnement, de leur questionnement sur leur sujet. C’est un véritable challenge : permettre la mise en place d’un projet de bout en bout, de l’idée jusqu’à la projection avec les photographes. » Lucie Anton, responsable du projet

LA : Que vous apporte l’atelier Villages en Photographie ? « L’idée de construire un projet sur plusieurs années autour de mon village, dans lequel j’ai le plaisir d’habiter, et où je suis très impliquée dans la vie associative. » Héléna, Clapiers « J’ai appris à écouter les conseils et me suis mise au travail. Cela m’a appris à réfléchir avant d’appuyer sur le déclencheur ! Après de nombreuses déceptions, et parfois l’envie de tout abandonner, j’ai réfléchi au projet, y ai intégré les conseils qui m’ont été donnés. Au final, je mesure mes progrès et suis même contente des résultat obtenus. » Marie-Noëlle, Clapiers « Exercice enrichissant et contraignant, parce qu’il oblige à une approche personnelle en direction d’un lieu, d’un personnage, d’une institution... que l’on connait plus ou moins, mais qu’il faut apprivoiser, voir différemment avec les contraintes imposées. » Yves, Clapiers © Frédéric Montandon / Atelier de Saint-Drézéry

« Villages en Photographie m’offre un regard extérieur et professionnel sur ma manière de travailler sur un projet qui s’étale sur plusieurs mois et m’amène à un réel questionnement sur ce que je photographie, comment je le photographie et pourquoi je le photographie. La plus grosse difficulté reste à déceler ce que je veux réellement dire et comment le dire à travers une série cohérente de quelques photos. » Catherine, Clapiers « C’est d’abord un apprentissage, un moteur et une réflexion. Également un échange et une ouverture sur la photo en général. » Marie-Nathalie, Saint-Drézéry « Apprentissage du travail sur une série, pour un diaporama, sur un thème donné. Faire et refaire, sur quelques mois. Cela permet des échanges avec les autres membres du groupe sur nos projets respectifs. » Luc, Saint-Drézéry

© Julien Berthaud / Atelier de Clapiers

« Ce projet m’a obligé à prendre sur moi pour dépasser ma timidité, pas facile de faire comprendre aux personnes photographiées ce que l’on attend d’elles et surtout se rendre invisible afin de se fondre dans le décor. » Laurence, Saint-Drézéry « C’est un défi de travailler autrement qu’à mon habitude, une opportunité d’être accompagnée pour mieux comprendre les atouts de la photo et avoir une démarche de travail d’auteur. » Terry, Saint-Drézéry « Définir un projet et en dessiner les contours, confronter son intention à la perception du groupe dans un premier temps, du public dans l’avenir. Ce retour d’appréciation évite l’enfermement sur sa propre pensée. Repousser, dépasser ses limites pour la mise en œuvre de son projet et casser son ronron habituel. » Daniel, Saint-Drézéry

© Terry Fabre / Atelier de Saint-Drézéry

« S’approcher de la frontière du professionnalisme. En sachant qu’avec un bel investissement de sa part et l’aide de Villages en Photographie, son reportage ira probablement à son terme et sera de qualité. Dernière satisfaction, le résultat de son travail a déjà son support d’exposition qui l’attend. » Frédéric, Saint-Drézéry Propos recueillis par Lucie Anton 25


action éducative

> Exposition du 4 au 26 avril à La Panacée

Chaque année, l’équipe des Boutographies développe diverses actions en direction des publics de jeunes, de lycéens et d’étudiants. Notre programmation, éclectique et exigeante, offre aux enseignants et à leurs classes la possibilité de rencontrer en situation les grands courants de la photographie contemporaine. Pour les plus grands, la présentation annuelle d’une grande école de photographie permet de se renseigner sur les possibilités d’études supérieures dans ce domaine. Les classes sont accueillies par l’équipe de médiation de La Panacée ou par un membre de l’équipe des Boutographies, sur demande.

les ateliers scolaires

Photo : Projet Ecole Simenon-Lise Chevalier, 2015

« Portrait de paysage » PERCEVOIR, SENTIR, IMAGINER, CRÉER Les élèves de la classe de CM1 de l’école Georges Simenon (quartier Mas Drevon) exposent leurs photographies à La Panacée dans le cadre des Boutographies. Lors de l’atelier, ils ont d’abord parcouru l’histoire de la photographie et découvert les tous premiers studios de prise de vue. À cette époque, le photographe utilisait une illusion d’optique très simple pour faire le portrait de ses

clients : il accrochait une peinture en fond, devant laquelle posaient les personnages munis d’accessoires et le tour était joué : portraits à la campagne, en montgolfière dans le ciel, dans une barque sur un lac… En s’inspirant de ces anciens studios photographiques, chacun des élèves invente son paysage et le peint sur un grand format qui servira de fond à sa propre mise en scène. La classe travaille ensuite sur les fondamentaux de la photographie : cadre, lumière, composition, techniques d’utilisation de l’appareil (en comparant des modèles argentiques et numériques). Dans un monde entouré d’images et de technologies liées à la prise de vue, les enfants découvrent qu’une photographie se doit d’être cadrée, sensible, réfléchie pour nous raconter une histoire. Ils posent devant les fonds en inventant des postures qui créent une narration, ils jouent le modèle et le photographe. Étonnés d’apprendre que la photographie des débuts n’était pas en couleur, les élèves choisissent de mêler images en noir et blanc et images en couleur. En écho à l’atelier, Lise Chevalier présente son propre travail de photographe plasticienne. Chaque élève écrit sur l’une de ses images. Les œuvres de l’artiste seront exposées dans l’école même, dans une salle ouverte aux autres classes et écoles du quartier. Les élèves des classes concernées par les ateliers bénéficient d’un accompagnement sur les expositions des Boutographies à La Panacée.

« Des citations à l’œuvre » Atelier artistique du Lycée Léonard de Vinci Riche d’expériences photographiques, le lycée des Métiers Léonard de Vinci s’est engagé de nouveau dans un projet artistique ambitieux. Le thème choisi s’appuyait cette année sur une problématique d’actualité : l’engagement citoyen et ses valeurs morales. L’équipe enseignante s’est associée à Hélène Jayet, photographe du ­Collectif Transit, pour amener les élèves à découvrir les enjeux d’une photographie engagée c’est-à-dire pensée, construite et mise en scène, pour mieux délivrer un message. Le travail a commencé par une recherche de citations sur diverses thématiques telles que l’écologie, la diversité ethnique, l’égalité face à la différence, la religion, la solidarité, etc. S’en est suivi une analyse du travail de photographes engagés présentés par Hélène Jayet tel que Toscani, Olivier Jobard ou encore des artistes comme Barthélémy, Togo ou ­Banksy. Ayant choisi son thème, chaque groupe d’élèves a ensuite sélectionné une citation à illustrer. Puis ils ont fait une recherche conceptuelle basée sur des références visuelles, des prises de notes et des croquis de composition pour concrétiser leur future photographie. Ils ont ensuite décidé de leur scénographie. Hélène Jayet était là pour les appuyer techniquement dans leurs recherches mais en les laissant libres de leur création, de leurs décisions, et de leur message. Nous avons fait le choix de ne pas imposer de technique photographique. L’interprétation de la citation en fonction de la sensibilité de chaque groupe d’élèves a conduit à différents essais de techniques (photos en extérieur, en studio, en ombre chinoise, en photomontage). Le large panel de techniques utilisées a permis de s’initier à la diversité de cette pratique artistique, de comparer les résultats obtenus en développant l’esprit critique afin de choisir la meilleure production. Les élèves ont eu une attitude positive et inventive pour s’entraider humainement et matériellement afin de mener à bien le projet. Ils sont fiers d’avoir relevé le défi et de vous présenter leurs photographies dans un lieu culturel et artistique. 26

Partenaires du projet des écoles : Centre de Ressources (DSDEN - Ville de Montpellier) et Atelier Canopé.


école européenne invitée Depuis 2010, les Boutographies donnent un espace de visibilité aux grandes écoles européennes de photographie. Cette action a vocation à créer des liens à double sens entre ces artistes en devenir et l’encouragement à la création photographique que défendent le festival et l’association Grain d’Image qui l’organise. Être à l’écoute des talents émergents consiste là à inventer des canaux de diffusion pour ces travaux d’étudiants, car c’est en se confrontant à la réalité de la présentation à un public que le photographe construit son projet artistique et avance. Ce sont de véritables partenariats à long terme qui se créent avec ces écoles, puisque les équipes pédagogiques proposent souvent aux étudiants de postuler pour participer au festival. Une projection en continu leur est dédiée dans l’une des salles de La Panacée. Après l’ECAL de Lausanne (Suisse), le 75 de Bruxelles (Belgique), l’Université de Newport (Pays de Galles), l’Institut de Photographie Créative de l’Université d’Opava (République Tchèque), fotoK Institut de Photographie de Vienne (Autriche) est la cinquième école invitée. Hélène Jayet, photographe du Collectif Transit, est intervenue dans la classe Terminale Bac pro EEEC du Lycée Léonard de Vinci en collaboration avec les enseignants Pierre Million, Jean-Claude Sallet (électrotechnique) et Émilie Crouzet (arts appliqués). Projet réalisé avec le soutien de : Rectorat de l’Académie de Montpellier – DSDEN de l’Hérault, DRAC Languedoc Roussillon, Région Languedoc Roussillon

fotoK a été fondée en 2004 pour promouvoir la photographie en Autriche. Son activité repose sur plusieurs niveaux d’interventions tels que l’enseignement, un programme d’exposition dans ses locaux et un soutien à la création pour la réalisation de projets artistiques. Depuis 10 ans, fotoK travaille en étroite collaboration avec l’Académie de Vienne, où récemment une nouvelle classe de Photographie Appliquée a été créée.

fotoK Zentrum für Fotografie Wien www.fotok.at > Projection permanente du 4 au 26 avril 2015. La Panacée - Centre de Culture Contemporaine

les ateliers de la panacée Workshops

Gratuits sur réservation à mediation@lapanacee.org In Situ - Workshop adulte avec le photographe Émile Loreaux Le service médiation de La Panacée invite le photographe Émile Loreaux pour un workshop de deux jours. Durant cet atelier, chaque participant investira La Panacée, ses espaces intérieurs, extérieurs mais aussi le quartier alentour pour venir questionner ou raconter ce lieu culturel. Né en 1974 à Chalon-sur-Saône, Émile Loreaux vit à Paris. Il est diplômé de Gobelins, l’École de l’Image. Photographe indépendant, il est membre de l’agence coopérative Picturetank depuis 2007. Il collabore régulièrement avec la presse, notamment pour Le Monde, avec un travail de mise en scène de lui-même.

In Situ >Rencontre vendredi 24 à 18h autour d’un verre >Samedi 25 et dimanche 26 avril de 10h à 17h (comprenant une pause pour le déjeuner) Appareil photo reflex, compact ou téléphone portable recommandé mais pas indispensable

Panholidays de printemps Pendant les vacances scolaires, La Panacée propose des ateliers de pratique en lien avec les expositions pour les enfants à partir de 6 ans et les adolescents avec la photographe Camille Sonnaly.

Panholidays de printemps >15, 16 et 17 avril de 15h à 17h stage à partir de 11 ans >22, 23 et 24 avril de 15h à 17h stage à partir de 6 ans

participez aux boutographies

Panarama - Tirez le portrait de La Panacée, un dispositif participatif pour tous Pendant toute la durée du festival, le service médiation de La Panacée propose aux visiteurs de raconter La Panacée en 5 photographies. Toutes les images seront réunies dans un diaporama vidéoprojeté à La Panacée et seront visibles sur un compte Flickr créé pour l’occasion. Chaque semaine, votez pour vos images préférées, la sélection de photographies choisie par les internautes sera présentée au café de La Panacée.

Participez à Panarama envoyez vos photos (5M maxi) >monpanarama@gmail.com 27


au delà du festival Entretien avec Arnaud Laroche, directeur de l’association Grain d’Image

phérie des grandes villes doivent pouvoir y participer. La culture me paraît être un bon moyen pour cela : c’est une façon de s’évader du traintrain quotidien et de s’enrichir en découvrant de nouvelles choses. L’idée de fédérer des gens et des villages autour d’un même projet permet de garder ce dynamisme. Y a t-il un lien direct avec le travail de sélection et d’accompagnement effectué pour le festival ?

© Kleio Obergfell

Le festival, moment fort pour l’association Grain d’Image, n’est pourtant pas sa seule activité ? Malgré le travail que nous demande la mise en place des Boutographies, on a décidé de défricher un peu plus les possibilités de présenter la photographie. Le projet Balade(s) - Parcours Photographique est l’exemple type de ce que nous aimerions faire : faire sortir les expositions des grandes villes pour les amener dans les villages ; aller vers les gens, échanger, faire réagir. C’est un projet très intéressant mais très peu suivi par les politiques, c’est dommage. Quant aux autres actions, cela demande aussi beaucoup de temps, les cours photo ou le Marché Photo demandent de la stabilité, un lieu régulier, des dates identiques d’année en année. Il ne faut pas trop déstabiliser le public. Pour les cours, nous en donnons de plus en plus. C’est passionnant. Y a t-il une démarche globale pour ces actions ? L’idée, depuis la création de notre association, est de promouvoir la jeune photographie. Chacune de nos actions a pour base la photographie émergente que ce soit le Marché Photo, le festival ou les Balade(s). C’est pour cela aussi que nous avons mis en place, il y a cinq ans, un atelier. Ils ne sont que trois clubs photo de Montpellier et de sa métropole aujourd’hui à y participer, mais c’est déjà beaucoup de travail. Ce « hors-du-temps » du festival est-il important pour Montpellier et ses environs ? Montpellier est une grande ville. Heureusement, elle a une image jeune et dynamique. Il faut qu’elle le reste, c’est pour cela qu’il faut entretenir une certaine effervescence. Les villes à la péri28

Oui et non. Pour les Balade(s), nous refaisons un appel à candidatures qui est plus local (le sud de la France). Et nous travaillons avec Marie Poitevin de la galerie Le Neuf qui choisit dans la sélection des Boutographies trois ou quatre expositions qu’elle présente ensuite à Lodève. Du coup, c’est un mix entre accompagner les photographes de la sélection et découvrir d’autres nouveaux travaux. Ensuite, nous avons d’autres échanges avec la galerie Le Lac Gelé à Nîmes pour le Prix du Jury et la galerie Focale de Nyon (Suisse), qui choisit quelqu’un de la sélection. Il y a aussi notre lien avec le festival italien FotoLeggendo (Rome) qui, grâce au Prix Échange, permet d’échanger une exposition entre nos deux festivals. Les lauréats se voyant offrir une visibilité supplémentaire ainsi que le voyage et le séjour dans le festival partenaire. Ce prix existe depuis 2007 et a été le premier attribué aux Boutographies. Des travaux sélectionnés pour le festival sont également présentés dans les villages lors des soirées avec les clubs photo. Toutes ces actions nous permettent de jouer un rôle de parrain, et chacune peut en susciter une autre. C’est vrai qu’on aime cela. Le festival est très court. On crée des contacts et puis pfff… les photographes s’en vont. Sur notre site, nous avons une rubrique qui s’appelle « L’actualité de nos photographes ». On continue à les suivre après qu’ils soient passés par le festival et on diffuse leurs infos auprès de notre fichier. Il y a là trois démarches bien différentes ? Je dirais même quatre, car aux cours photo que nous donnons à notre local on peut associer le travail effectué auprès des clubs photo, que l’on nomme Villages en Photographie. On peut parler d’accompagnement, d’enseignement mais aussi de médiation. Un projet photo est à réaliser dans l’année sur un thème : actuellement c’est L’homme dans son environnement de loisir et de travail. L’idée est de faire une sorte de cartographie des villages autour de Montpellier et qui font partie de la métropole. On les rencontre une fois par mois. Ils présentent leurs travaux et ce qu’ils ont produit. Puis on discute, on cherche ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.


Travailler en groupe, c’est très intéressant car les critiques faites sur un travail peuvent s’appliquer à d’autres. La médiation, on la retrouve aussi dans Balade(s) - Parcours Photographique. Là, on présente des travaux finis prêts à être exposés. On invite les auteurs à rencontrer le public. Ils viennent expliquer leurs démarches ou leurs techniques. Et tout cela dans des villages qui ont parfois moins de cent habitants. Pour le Marché Photo, c’est tout autre chose. Si on continue à présenter des talents émergents, on cherche surtout à familiariser le public avec l’achat d’œuvres. Le but n’est pas forcément de démocratiser la vente (même si on peut acheter une œuvre pour 150 euros) car les tarifs peuvent dépasser les 1500 euros. Le Marché Photo, c’est comme une finalité à nos actions. On propose un accès à la photo, on cherche de jeunes talents pour les exposer, enfin on essaye de créer un vivier d’acheteurs et de collectionneurs. Quel a été votre plus grand plaisir ces dernières années ? Sans aucun doute le travail avec les clubs photo car les résultats sont pratiquement instantanés et puis surtout parce qu’ils s’investissent beaucoup. Ils ont envie de bien faire et en même temps de nous faire plaisir. Lorsqu’on a commencé, c’était difficile mais on a insisté et aujourd’hui on commence à récolter le fruit de nos efforts. C’est toujours un accompagnement/encouragement à long terme des photographes sauf que là on se situe en amont, à un autre échelon. La photographie comme tous les arts n’est pas réservée à une élite, elle vit chez les gens et meurt dans les musées. On doit continuer à partager ce que l’on aime pour que les autres partagent à nouveau et ainsi de suite.

© Kleio Obergfell

Les projets ? L’association doit avant tout renforcer ses actions avant de vouloir se lancer dans autre chose. Le festival a déjà 15 ans mais c’est très jeune encore. Il y a deux ans, il y avait un tiers de participants étrangers et deux tiers de participants français. Aujourd’hui, ils sont presque à part égale. Nous pensons que le festival prendra un vrai envol lorsque nous aurons plus de dossiers provenant de l’étranger que de France. L’envers du décor, c’est que cela coûte de plus en plus cher en transports d’exposition. C’est pour cela qu’on a fait une demande pour pouvoir bénéficier de mécénat car cela peut susciter de nouveaux financements. Propos recueillis par Brigitte Pertoldi

© Kleio Obergfell

Exposition Territoire de Kleio Obergfell en partenariat avec la galerie suisse Focale > du 4 au 26 avril 2015 de 10h à 19h (Samedi 4 avril de 14h à 19h) Espace le Mur Rouge 29


expositions Hors les murs

> Voir plan p. 31

Les Boutographies fédèrent un réseau d’acteurs locaux réunis dans une programmation Hors les Murs. Pendant le temps fort du festival, au mois d’avril, ces lieux culturels et ces galeries partenaires de Montpellier proposent des expositions de photographies. Les galeries Annie Gabrielli, AL/MA, Linette, le collectif Transit, l’espace À la Barak, le centre d’art La Fenêtre, le Lieu Multiple Montpellier, l’espace le Mur Rouge, le centre culturel allemand Maison de Heidelberg et pour la première fois cette année agnès b. (en partenariat avec le magazine Grizette) y participent. Shanghai Cosmetic, Leslie Moquin agnès b. 4

3ZKB, Cathleen Falckenhayn 7 Maison de Heidelberg

Le Japon, Nicolas Bouvier Centre d’Art La Fenêtre 10

Territoire, Kleio Obergfell 1 Espace le Mur Rouge

Transit Casablanca, Résidence Collectif Transit 6 Espace Transit

Inbetween is always better, Alexandre Bena et Stéfane Despax 2 Le Lieu Multiple

La transparence des possibles, Olivier Rebufa Galerie Annie Gabrielli 3

Alors qu’un certain nombre de choses avaient disparu, Grégoire Edouard et Bastien Mignot 5 Galerie Linette

30

Filographies, François Lagarde Galerie AL/MA 9

Enfances volées, Virginie Plauchut Galerie À la Barak 8


/ sélection officielle, remises de prix & projections dans l’auditorium 14 Rue de l’École de Pharmacie, Montpellier Tél. 04 34 88 79 79 coRuM Ouvert du mercredi au samedi de 12 h à 20 h, LIGNES 1,2 & 4 le dimanche de 10h à 18h

louis blanc

4 bouTiQuE agnès b. / lieu Hors les Murs

LIGNES 1 & 4

14 Rue Foch, Montpellier Tél. 04 67 57 80 94 Ouvert le lundi de 14h à 19h, du mardi au samedi de 10h à 19h

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1

T

Depuis Tram Comédie : 700 m, soit 9’ à pied Depuis Tram Corum : 400 m, soit 7’ à pied Depuis Tram Louis Blanc : 350 m, soit 6’ à pied Depuis le Pavillon Populaire : 500 m, soit 8’ à pied

b a

P Neul Chap ve elle

5 GalERiE linETTE / lieu Hors les Murs 5 Rue Sainte-Anne, Montpellier Tél. 09 81 05 39 75 Ouvert le jeudi/vendredi de 11h à 12h30 et de 14h à 18h, le samedi de 11h à 19h

a coRuM - salon Du bElVÉDÈRE

Pl m aux flaerché urs

6 EsPacE TRansiT

4

/ lieu Hors les Murs 3 Rue Ranchin, Montpellier Tél. 04 67 60 85 81 Ouvert le lundi/mercredi/vendredi de 14h à 19h, les samedis 4, 11 et 18 avril de 14h à 18h

EsPlanaD

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/ lectures de portfolios Esplanade Charles de Gaulle, (Accès par les terrasses du Corum) Montpellier Tél. 06 19 29 17 84

Préfecture

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Ja Jea ur n ès

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b FaculTÉ DE DRoiT

PAVILLON POPULAIRE

/ conférence 39 Rue de l’Université, Montpellier Tél. 04 67 61 54 00

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8 GalERiE À la baRaK / lieu Hors les Murs

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E ÉDi 1 & 2 coMIGNES

10 Rue de la Petite Loge (au fond de la cour), Montpellier Tél. 04 67 86 98 21 Ouvert du mardi au samedi de10h30 à 12h30 et de 14h30 à18h

7 Maison DE HEiDElbERG / lieu Hors les Murs 4 Rue des Trésoriers de la Bourse, Montpellier Tél. 04 67 60 48 11 Ouvert le lundi de 9h à11h et de14h à18h, du mardi au vendredi de 9h à12h et de 14h à18h

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LIGNES 1 & 4

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2 LE LIEU MULTIPLE / lieu Hors les Murs 3 Rue de Moissac, Montpellier Tél. 06 07 40 10 16 Ouvert du 4 au 18 avril, du mercredi au dimanche de15h30 à19h, et du 19 au 25 avril sur rendez-vous.

/ lieu Hors les Murs 9 Rue Joachim Colbert (Tram Albert 1er), Montpellier Tél. 09 54 48 07 46 Ouvert le samedi 4 avril de 14h à 19h du 5 au 26 avril de 10h à 19h

10 CENTrE D’arT La FENÊTrE

/ lieu Hors les Murs 27 Rue Frédéric Peyson, Montpellier Tél. 04 67 60 85 81 Ouvert du mercredi au dimanche de 15h à 19h

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/ lieu Hors les Murs 33 Avenue F. Delmas (Avenue de Nîmes), Montpellier Tél. 06 71 28 53 24 Ouvert du mercredi au dimanche de15h à19h

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9 GaLErIE aL/Ma

/ lieu Hors les Murs 14 Rue Aristide Ollivier, Montpellier Tél. 09 51 30 27 01 Ouverture du mardi au samedi de15h à 19h, le dimanche de 15h à 18h

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31


agenda du festival

4 > 26 avril 2015

Jeudi 2 avril

Vendredi 10 avril

18h30 - Vernissage Transit (Hors les Murs) 18h30 - Vernissage Galerie Linette (Hors les Murs) Vendredi 3 avril

18h - Vernissage agnès b. en partenariat avec le magazine Grizette (Hors les Murs) 18h - Vernissage Galerie AL/MA (Hors les Murs) 19h30 - Soirée de projection Atelier Photo Numérique à Saint-Drézéry

18h/20h30 - Vernissage Galerie Annie Gabrielli (Hors les Murs)

Samedi 11 avril

Samedi 4 avril

17h - Vernissage Centre d’Art La Fenêtre (Hors les Murs) 18h30 - Vernissage À La Barak (Hors les Murs)

10h - Inauguration officielle du Festival Boutographies 2015 à La Panacée 13h - Signature des livres en présence des photographes à La Panacée 15h - Présentation The Eyes Magazine à La Panacée 16h - Rencontres débat/projection à l’auditorium de La Panacée (Italien/ Allemand/Français) présentées par l’association I Dilettanti et la Maison de Heidelberg autour des travaux d’Emanuele Brutti et Heiko Tiemann 19h - Soirée de remise des prix du Jury, Échange et Coup de cœur Réponses Photo à La Panacée

Mercredi 15 avril 19h30 - Soirée projection Atelier Photo à Clapiers Jeudi 16 avril 18h/20h - Apéro Photo&Tapas au Café de La Panacée, rencontre avec artistes & invités au Café de La Panacée

Dimanche 5 avril

Mercredi 22 avril

14h30/19h - Lectures de Portfolios (sur inscription) au Salon du Belvédère, Corum 19h - Vernissage Espace le Mur Rouge Montpellier

18h30 - Rencontre Pro/Table Ronde par le Pôle Auteurs Illusion & Macadam: « Photographe : comment présenter son portfolio pour exposition, presse, publicité ? » à l’espace de ressources, La Panacée

Lundi 6 avril

Jeudi 23 avril

14h30/19h - Lectures de Portfolios (sur inscription) au Salon du Belvédère, Corum 18h30 - Vernissage Maison de Heidelberg Montpellier (Hors les Murs)

18h/20h - Apéro Photo&Tapas au Café de La Panacée, rencontre avec artistes & invités au Café de La Panacée 20h - Conférence/projection « L’euphorie Kodak : apothéose d’un modèle idéologique et commercial » à l’auditorium de La Panacée. Avec François Cheval et Gilles Mora, commissaires de l’exposition La vie en Kodak actuellement au Pavillon Populaire.

Mercredi 8 avril

Samedi 25 avril

17h - Rencontre/débat à la Faculté de Droit avec Christian Lutz : « Christian Lutz et le procès fait à In Jesus’ Name : image photographique et croyance »

10h/18h - Workshop In Situ avec le photographe Émile Loreaux (gratuit) inscriptions : mediation@lapanacee.org

Mardi 7 avril

Jeudi 9 avril 18h - Vernissage Lieu Multiple (Hors les Murs) 18h/20h - Apéro Photo&Tapas, rencontre avec artistes & invités au Café de La Panacée

19h - Soirée de clôture / remise du Prix du Public 2015 en partenariat avec Direct Matin et iTribu / remise du Coup de cœur Arte Actions culturelles, à La Panacée DIManche 26 avril 10h/18h - Workshop In Situ avec le photographe Émile Loreaux (gratuit) inscriptions mediation@lapanacee.org

Les rendez-vous du service médiation de La Panacée pour les Boutographies (voir aussi ateliers et workshops p. 27) : La visite Visite informelle et conviviale des expositions Tous les mercredis et samedis à 15 h La visite se décline pour les groupes sur réservation à mediation@lapanacee.org

La visite en Langue des Signes Française Le samedi 11 avril à 15h Tout public Gratuit sur inscription à mediation@lapanacee.org

www.boutographies.com 14, rue de l’École de Pharmacie www.lapanacee.org

Suivez-nous sur: /boutographies @boutographies

Partenaires des Boutographies Avec le soutien de

Société Helvétique de Montpellier-Languedoc-Roussillon


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