Journal bouto 2018 1 7

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BOUTOGRAPHIES le journal du festival


Peter Vass, Arnaud Laroche, Christian Maccotta, Susanne Klein, Marie-Noëlle Diochon, Brigitte Pertoldi, Rachele Ceccarelli, Christopher Sly, Mirela Petcu, Sylvie Suire, Jean-François Malet, Tina Lehmann, des boutographies Emmanuela Cherchi, Emanuele Ceciliato, Marie Applagnat

é q u i p e

Daniela Helou, Laura Mari, Camille Lomuscio

s ta g i a i r e s

crédits

Responsable éditoriale : Brigitte Pertoldi Conception graphique : Mirela Petcu Rédaction : Rachele Ceccarelli, Arnaud Laroche, Christian Maccotta, Laura Mari, Brigitte Pertoldi Traductions : Rachele Ceccarelli, Laura Mari Photo couverture : Camille Gharbi

Le Journal du Festival est publié par l'association Grain d'Image à l’occasion des

18e Boutographies du 5 au 27 mai 2018 Pavillon Populaire

Prix du journal : 3€


éDITO «La curiosité est un vilain défaut» dit-on aux enfants lorsqu’ils ne maîtrisent pas encore les règles de bienséance, tant en geste qu’en parole. Et pourtant ! ne fallait-il pas un brin de curiosité et de fantaisie pour comprendre que l’homme peut voler, que nous sommes cloués au sol par la gravité ou que l’on peut se parler d’un bout à l’autre de la planète avec une sorte de boîte dans la main ? Léonard de Vinci, Isaac Newton et tant d’autres, hommes et femmes, n’ont-ils pas pris un risque en s’aventurant sur des chemins inconnus ? Alors, soyons curieux. Laissons l’imagination des créateurs nous surprendre. C’est fou c’qu’on peut voir tomber Quand on traîne sur le pavé les yeux en l’air La semelle battant la poussière On voit tomber des balcons Des mégots, des pots de fleurs Des chanteurs de charme Des jeunes filles en larmes Et des alpinistes amateurs (...) Jacques Higelin, Tombé du ciel Brigitte Pertoldi, pour l’équipe des Boutographies

sommaire 01 interviews interviews sélection officielle

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02 tisser des liens DEvenir collectionneur

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action éducative

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hors les murs

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01 INTER VIEWS sélection officielle


CéDRIC CALANDRAUD FRANCE 98

Pourquoi avez-vous décidé de récupérer ces images de votre jeunesse ?

Ce projet est très lié à mon histoire. Ce qui m’a interpellé en redécouvrant ces images, c’est qu’on ne photographiait que les moments de célébrations et ce n’était pas du tout les souvenirs que j’avais de cette époque-là. Je me suis dit qu’il serait intéressant de me réapproprier les images en modifiant leur aspect, en isolant des choses, en travaillant directement sur les tirages après les avoir numérisées. C’est exactement ça, c’est une manière de se confronter avec sa propre histoire et de se souvenir, je pense que c’est important. Il y avait vraiment une part qui manquait dans ces photos. Moi je gardais un souvenir plutôt dur de mon enfance qui n’apparaissait pas dans ces images. C’est ce qui restait dans ma tête et, à travers ce projet, j’ai essayé de retrouver la part oubliée de l’histoire de ma famille. Si j’avais gardé ces images telles quelles, ça aurait fait un bel album de famille, mais on aurait pas pu ressentir ce qu’il y avait entre elles. Le travail que j’ai fait, c’est surtout de l’editing parce qu’il y avait des centaines d’images dans ces boîtes. En utilisant le noir et blanc, puis en rayant les images, c’était une manière de retrouver ces moments perdus entre les photos. Comment retravaillez-vous les images ?

On utilisait seulement des appareils jetables et on ne gardait pas les négatifs. Alors je scanne d’abord les images avant de les retravailler. Ensuite je fais ce que je veux avec les photos, mais c’était important de conserver une trace pour ma famille. J’ai l’impression qu’elles ne m’appartiennent pas seulement à moi. Par exemple, le portrait de mon père, dont on a assez peu d’images, c’était important de le garder intact. Je me le suis réapproprié mais c’était important d’avoir au moins un exemplaire de cette image. Le noir est très présent dans vos photos, à l’origine en couleurs. Il crée une atmosphère presque oppressante dans ces moments de célébration.

Propos recueillis par Laura Mari et Rachele Ceccarelli

Ce parcours très personnel de récupération émotionnelle a-t-il eu un effet thérapeutique ?

Je voulais isoler des corps dans l’obscurité, trouver la meilleure lumière, pour tenter de nous faire ressentir ces moments perdus entre les photos. J’utilise plusieurs techniques : je raye, j’obscurcis, je travaille avec le contraste... Toutes ces techniques ont le même but de faire ressentir ces moments perdus entre les images. Je voulais essayer de confronter ce que l’on voit, la scène représentée, avec le souvenir et le ressenti. 5


SANDRINE ELBERG YUKI ONNA

Pouvez-vous nous parler de Yuki Onna ? Yuki Onna («femme des neiges» en japonais) est un fantôme japonais, un Yokaï assez récurrent, qui incarne la dualité de l’hiver, les paysages enneigés et la tempête d’hiver. Après mon premier voyage au Japon, il y a déjà 4 ans, j’avais envie de créer une histoire inspirée par les fantômes japonais et leurs imaginaires. Dans ce travail j’incarne le personnage Yuki Onna, avec un masque de jeune fille du théâtre Nô : il s’agit effectivement d’autoportraits dans ces paysages enneigés. Où ont été prises ces images de paysages ? Le travail est fait en Laponie finlandaise, en Islande et en Norvège ; les paysages de neige et de glaces sont les plus intéressants photographiquement et les plus purs. J’ai mélangé ces images de territoires hostiles avec une histoire de fantôme japonais : j’aime beaucoup créer l’ambiguïté et laisser place à l’imaginaire. Bien sûr, je suis allée plusieurs fois au Japon à diverses saisons, j’ai même été en Hokkaido en hiver, mais c’était trop linéaire. J’ai choisi de voyager dans des pays au nord du cercle polaire, où l’on a l’impression de découvrir un nouveau territoire ou une nouvelle planète. Dans les photographies, le ciel est absent, c’est un blanc infini : une sorte de monde flottant, plus aucun repère, c’est illimité. Ce projet est très différent du précédent travail présenté aux Boutographies en 2011. J’ai passé mon diplôme à l’école des Beaux-Arts en développant un sujet sur ma quête identitaire sur la Russie, puisque mon père est né en Égypte mais ses parents étaient d’origine russe. Ensuite j’ai obtenu une résidence en Russie, le portrait me semblait être une évidence pour construire et évoluer vers ce travail identitaire. Et puis je me suis rendu compte que cette quête identitaire peut prendre un virage plus large et universel. J’ai réussi à finir ce travail très personnel, mais j’étais loin de ce qui m’animait, c’est-à-dire la fabrication des images, donner du rêve et du sens. J’ai beaucoup réfléchi, pendant un an je n’ai pas fait beaucoup d’images. Maintenant ce qui m’anime ce sont des projets plus spirituels et énigmatiques, liés aux nouveaux territoires et à l’imaginaire. On retrouve aussi une certaine matérialité dans votre nouvelle approche photographique. Quand j’ai fait les Beaux-Arts, le médium photographique ne pouvait pas se résumer juste à une simple prise de vue. Il fallait vraiment qu’il y ait de la matière et j’aime la manipulation en laboratoire argentique, ou dans le choix des films, le noir et le blanc, la solarisation... c’est de l’ordre de la fabrication, c’est un peu «ma petite cuisine». Je change aussi les supports d’impression. Aux Boutographies, je présenterai aussi des photographies sur aluminium qui seront associées aux autres images imprimées sur un papier très structuré proche du papier de gravure. Il s’agit bien d’une photographie mais le spectateur pense à une toute autre technique comme la gravure ou le fusain. On retrouve le rapport qu’on avait avec la photographie argentique, une certaine sensualité. Propos recueillis par Laura Mari et Rachele Ceccarelli

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pRIX éCHANGE fOTOLEGGENDO/Boutographies 2017

HAYATI

KARIM el MAKTAFI


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