L’ÉCHANGE
AU CŒUR D’UN PROJET
AGRI-PAYSAGER
POUR UNE
GESTION
COHÉRENTE D’UN ANCIEN PAYS-AU-BOIS Styven Braz Travail Personnel de Fin d’Étude Formation paysagiste D.P.L.G. Novembre 2016 Sous la direction de Bernard Davasse p.1
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Commencer. C’est effrayant et en même temps excitant. Ce travail représente une fin. Mais aussi un début. Il est la conclusion de toutes ces années d’apprentissage à l’école. Il est l’introduction du métier que je construis. Ce travail personnel est l’occasion d’expérimenter, de m’intéresser à des questions qui me tiennent à cœur, pour enfin essayer d’y répondre. Il est l’opportunité parfaite pour tenter d’appliquer ce que j’ai appris durant toutes ces années. Mais pas n’importe où. Non. Ce sera chez moi, mon pays, ma vallée. C’est un travail intime, une envie que j’ai depuis longtemps. L’envie d’apporter ma pierre à l’édifice. J’y suis né, j’y habite, et j’y suis attaché. L’apprentissage paysagiste nous apprend à voir. Ce nouveau regard permet de comprendre le paysage. Mais on apprend aussi à transmettre, à partager, à expliquer. Je veux faire prendre conscience à mes voisins que le paysage que nous aimons est en danger.
Je suis conscient des enjeux. Depuis mon enfance, je vois le paysage se transformer, évoluer. Le paysage agricole est grignoté et disparaît sous la forêt. Les clairières, ces espaces lumineux et pittoresques rétrécissent. Mais jusqu’où cela va aller ? Jusqu’où la forêt va aller ? Et pourquoi les agriculteurs disparaissent-ils ? Pourquoi les fermes ne sont-elles plus en activité ? La disparition des agriculteurs m’inquiète, et je ne suis pas le seul. Je veux travailler avec eux, comprendre ce qui se passe. Mais comment m’y prendre? Comment s’immerger dans qun domaine que je ne connais pas ? Par où commencer ? Que dire et que faire ? Une chose est sûre : ce projet n’est pas que pour moi, il est pour ma famille, mes amis, mes voisins, pour les habitants, tout le monde. Et c’est avec eux que je le construirai.
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So
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Introduction générale
Contexte et situation géographique
Partie 1: Les paysages de la vallée de la Lémance et de ses abords : Une relation évolutive entre agriculture, forêt et industrie. Introduction Chap. 1 : Regards sur les paysages. 1. Des séquences valléennes. 2. Des formations végétales étagées. 3. Ombre et lumière, forêt, clairière et vallée : une diversité paysagère. Chap. 2 : Les évolutions paysagères historiques. 1. Les paysages du système agro-sylvo-pastoral en lien avec l’industrie. 2. Les paysages de la déprise. Le XXème siècle. 3. Aujourd’hui, des paysages spécialisés. Chap 3 : Contexte et enjeux actuels : quel avenir paysager ? 1. Le lien retrouvé entre habitant et forêt ? 2. Continuité du déclin agricole, continuité de l’extension forestière. Conclusion
Partie 2 : L’échange, pour un projet de paysage commun.
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Introduction p.121 Chap. 1 : Du global au local : Se rapprocher pour rencontrer. p.122 1. Du territoire global au local : l’appel de Cuzorn. 2. L’échange comme outil du projet de paysage. Chap. 2 : À la rencontre des agriculteurs. p.130 1. Le contexte agricole cuzornais. 2. L’écoute et la balade commentée comme approche paysagiste. Chap. 3 : Vers une agriculture de conservation ? p.146 1. Qu’est ce que l’agriculture de conservation ? La rencontre avec un modèle. 2. Provoquer une prise de contact entre agriculteurs. 3. Le renouveau du lien entre agriculture et forêt ? Chap. 4 : Rassembler les acteurs autour du projet. p.156 1. À la rencontre de ceux qui font le territoire. 2. Rassembler autour du projet. 3. Le réseau humain autour du projet. p.165 Conclusion
Partie 3 : Vers un projet Agri-paysager. Introduction Les ambitions du projet. Du territoire d’action au territoire laboratoire. La stratégie à l’échelle de la commune : le territoire laboratoire. 1. Vers des fermes «types». 2. Vers la valorisation d’espaces par une gestion agricole. Boîte à outils
Conclusion générale Remerciements Bibliographie
p.166 p.169 p.171 p.172 p.176 p.222 p.225 p.227 p.228
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Introduction générale. La vallée de la Lémance et les plateaux qui la bordent font partie de ces « Pays-au-Bois » (Deffontaines, 1930), autrefois florissants, fortement touchés par la déprise agraire du XXe siècle. La modernisation agricole et la spécialisation forestière qui ont touché l’ensemble du territoire national n’ont pas ménagé ces lieux singuliers où le système socio-économique était, plus qu’ailleurs, fondé sur la complémentarité des ressources. Cette dynamique est à l’origine d’une transformation rapide de paysages où l’importance des espaces forestiers saute aux yeux, tant et si bien qu’elle semble aujourd’hui relever d’une évidence, mais où les espaces agricoles n’en sont pas moins présents, même s’ils dessinent des superficies moindres qu’auparavant. Toutefois, ces espaces agricoles sont souvent absents de la mémoire locale. C’est qu’ici la déprise agraire a surtout engendré un détachement de la population vis-à-vis d’une activité pourtant essentielle pour le devenir des paysages de ce « Pays-au-Bois » et une de ces ressources essentielles. L’essor dès la fin du XIXe siècle d’une industrie sidérurgique moderne y est aussi pour beaucoup. De fait, des pratiques socio-spatiales étroitement liées à des façons de gérer ce territoire sont tombées dans l’oubli, sans être remplacées faute de volonté locale par des actions de gestion innovantes. Acteurs locaux et habitants se sont peu à peu déconnectés
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des réalités de ce territoire spécifique, tant et si bien que ses paysages ne constituent plus aujourd’hui que de simples décors pittoresques. Cette déconnexion est à l’origine de politiques et de pratiques inadaptées qui ont des conséquences importantes sur les paysages. Ainsi, le fort déclin industriel de ces dernières années a amené élus et acteurs locaux à remettre sur le devant de la scène la question forestière. Aujourd’hui, une forme d’exploitation forestière redémarre en lien avec le développement récent du « bois-énergie ». Cette exploitation forestière ouvre dans les boisements quelques clairières mouvantes, éphémères, mais elle en ferme d’autres, en favorisant le reboisement d’anciens espaces agricoles. Quels sont donc les effets de ces pratiques sur les paysages, surtout qu’est le plus souvent privilégiée la conversion de boisements de feuillus en résineux monospécifiques et qu’aucun lien n’est fait entre exploitation forestière et activité agricole ? Parallèlement, l’activité agricole s’intensifie et se spécialise, favorisant les grandes cultures céréalières. Pourquoi donc remplacer un espace agro-forestier diversifié par un espace où sévissent des monocultures peu en phase avec les réalités environnementales et sociales de ce territoire ? Dans un tel contexte, les mutations paysagères sont extrêmement rapides. La mémoire même des lieux est remise en
question sans que leur devenir soit assuré de façon durable. Comment renouer des liens entre acteurs, habitants et territoire ? Comment envisager les paysages de demain en tenant compte des identités des lieux ? Un tel projet de paysage doit être en cohérence avec le système socio-économique local et prendre en compte les enjeux environnementaux et paysagers contemporains. Il ne s’agit pas de « mettre sous cloche » des paysages ou des environnements, mais plutôt d’activer des ressources locales et de proposer des outils de gestion innovants permettant de respecter le tissu socio-économique et les caractéristiques paysagères en place. Tout au long de ce travail, mon objectif a été de proposer une alternative à une agriculture ou une sylviculture productivistes, en ancrant ces activités dans une réalité locale, en faisant en sorte qu’elles deviennent complémentaires et en les rendant, de ce fait, réellement actrices de paysage. Dans le cadre de ce travail, j’ai mis en œuvre une démarche de projet de paysage en plusieurs temps. Je me suis, d’abord attaché à comprendre les paysages de la vallée de la Lémance et de ses abords, à saisir leurs caractères comme leurs dynamiques à différentes échelles de temps (historiques, récents, en cours) . Il me fallait en savoir un maximum sur les différentes composantes paysagères pour ensuite rechercher et analyser les dynamiques et les enjeux identifiés à l’échelle territoriale.
Cela a permis de déterminer des objectifs de travail en matière d’action paysagère. Puis, est venu le temps de la rencontre avec les agriculteurs et les acteurs locaux. Je me suis alors attaché à mettre en relation ce que j’avais compris des paysages et de leurs dynamiques avec ce qu’en comprenait les interlocuteurs rencontrés lorsqu’ils faisaient état de leurs rôles, de leurs pratiques et de leurs projets. Il est ressorti de ces rencontres des matériaux nouveaux faisant état d’une réelle prise de conscience « paysagère et environnementale » de la part de certains agriculteurs du « Pays de la Lémance » qui mettaient en œuvre des pratiques réellement innovantes et qui portaient des projets particulièrement intéressants vis-à-vis du devenir paysager de ce Pays. J’ai alors mis au cœur de ma démarche ces échanges en considérant qu’il s’agissait là d’un dispositif qui allait me permettre d’aboutir à un projet de paysage partagé. J’ai poussé jusqu’au bout cette logique de l’échange en faisant en sorte qu’il s’agisse d’un transfert « fondé sur un principe d’équivalence entre ce qui est donné et ce qui est reçu » (Levy J. et Lussault M., 2013). De cette manière, j’ai cherche à comprendre comment le paysage est vécu non seulement en tant que cadre de vie, mais aussi en tant que cadre de travail. Il s’est agi de fait de s’imprégner d’expériences « habitantes » pour donner une réalité concrète au projet de paysage proposé au final. Ce dernier repose entièrement sur ces expériences qu’il essaient de valoriser et de
faire en sorte qu’elles se diffusent. Par cette démarche, je souhaite me positionner en tant que paysagiste médiateur entre dimension naturelle, historique et sociale d’un lieu, pour tenter d’être le plus en phase possible avec le contexte socio-économique local et de provoquer un mouvement qui soit le plus juste possible en matière de paysage. Ce travail a donc pour ambition première de préserver la flamme allumée dans la conscience des « habitants-agriculteurs » pionniers et de faire naître une étincelle dans celles des autres, d’impulser et de fédérer les acteurs autour d’un devenir paysager commun et d’essayer pour cela d’être en cohérence avec les ressources territoriales et sociales locales. Ainsi, la première partie va porter sur la lecture paysagère de la vallée de la Lémance et ses abords, la seconde se concentrera sur la démarche sociale auprès des «habitants» et la troisième proposera des solutions d’aménagements. Le second volume «Regards agricoles» vient en complément de la démarche sociale. Il s’agit de la synthèse de toutes les informations recueillies auprès des agriculteurs amenant à une proposition d’expérimentation agricole.
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Dordogne Lot-et-Garonne
Fumel
Villeneuve-sur-Lot
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Lot
Vallée de la Lémance
Cahors
Contexte de la vallée de la Lémance. N
0
5 Km
Territoire frontière, entre Aquitaine et Midi-Pyrénées, entre Lot-et-Garonne, Dordogne et Lot. p.11
p.12 Territoire frontière
La vallée de la Lémance.
Prats-du-Périgord Monpazier
Château de Biron
Contexte : Villefranche-du-Périgord
Limites de Fumel Communauté Lacapelle-Biron Blanquefort Sauveterre-la-Lémance
Saint-Front-sur-Lémance
Cuzorn Château de Bonaguil
Pour des raisons d’échelle et politique, je vais surtout vous parler de la partie Lot-et-Garonnaise du territoire, c’est à dire de Villefranche-du-Périgord jusqu’à Monsempron-Libos. Ce territoire correspond à la partie nord de la communauté de communes du fumelois.
Monsempron-Libos Fumel 0
1
Située entre le Haut-Agenais et le Périgord Noir, cette vallée forme une frontière entre trois départements. La Dordogne au nord, le Lot à l’est et enfin le Lot-et-Garonne au sud. La Lémance est un affluent du Lot. Sa source se situe dans les hauteurs de Prats-du-Périgord. Ce cours d’eau, entaille le calcaire dessinant une vallée étroite aux coteaux abrupts, en direction du sud. C’est à Monsempron-Libos que la Lémance rejoint le Lot.
Gavaudun
N
Pierre Deffontaines appelait ce territoire «Pays au Bois de Belvès». Ce nom est révélateur d’informations importantes : le bois et son étendue. Être dans ce territoire, c’est être immergé dans une gigantesque forêt où les activités des hommes dessinent de petits îlots ouverts, cultivés et habités. Ce pays a été divisé sur trois départements.
2 Km
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PArtie - -
1
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LES PAYSAGES DE LA VALLÉE DE LA LÉMANCE ET DE SES ABORDS : UNE RELATION ÉVOLUTIVE ENTRE AGRICULTURE, FORÊT ET INDUSTRIE .
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Introduction : Le territoire est vaste. Mais il faut le comprendre, l’analyser dans son échelle large. Il faut identifier comment il fonctionne, quelles sont ces composantes, et comment elles s’imbriquent. Il y a t’il un ou des paysages ? Le terrain est le moyen de s’imprégner d’un site. On le sent, on le voit, on le touche, on le goûte et on l’écoute. Tous les sens sont impliqués. Le parcourir c’est le revivre et le redécouvrir. La photographie est aussi un outil essentiel. Elle nous permet d’immortaliser un «moment» paysager, de cadrer dans le paysage sur ce qui nous intéresse. Elles sont le reflet de notre regard à un temps donné. Mais elles sont surtout le moyen de montrer et donc de communiquer. Tout comme le croquis.
dynamiques du paysage et de son territoire, qu’elles soient d’origines naturelles ou humaines. Connaître les dynamiques, c’est déterminer les enjeux. Dans cette partie, je vais donc commencer par la lecture des paysages actuels, et ensuite on s’intéressera à l’histoire du territoire pour comprendre leurs formations.
Comprendre l’histoire de la vallée est aussi important. Enrichir l’analyse paysagère par l’histoire, c’est se saisir des pratiques qui ont formé le paysage actuel. De cette façon, on se construit une base de connaissances nécessaire pour pouvoir prétendre identifier précisément les
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« Curieux pays où le ségala est plaqué sur le causse. Deux paysages, habituellement opposés, s’enchevêtrent. Le causse réapparaît à chaque entaille de vallée, et l’on récolte presque côte à côte noix et châtaignes, truffes et cèpes, vignes et pommes à cidre, seigle et blé, pommes de terre et tabac. Mais il est toujours un paysage dominant : le bois. De tous les points élevés du pays, on découvre une vaste fourrure de bois d’où émergent quelques maisons ou hameaux au milieu de clairières cultivées : petites îles de cultures enfouies dans les arbres. » Deffontaines Pierre, Le «Pays au bois» de Belvès, dans Annales de Géographie, 1930, p.150
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Lecture paysagère.
1 - REGARDS SUR LES PAYSAGES.
Face à ce paysage, on ressent une sensation d’homogénéité. Le paysage forestier est omniprésent et compose notre horizon. La forêt délimite les espaces agricoles, elle les dessine. Les clairières sont les seuls endroits où l’on peut avoir la chance d’observer le grand paysage. Si tel est le cas, se révèle alors un paysage forestier au relief prononcé. Une impression de nature sauvage nous gagne. Et pourtant... En parcourant la vallée, des variations dans le relief se font sentir. Le système vallée-coteau-plateau semble se différencier selon des lieux. Ces variations je les appelle des séquences paysagères. Sur ces séquences, un autre système se superpose. Celui des clairières agricoles/forêts. On va voir par la suite que ces deux composantes paysagères révèlent être d’excellentes indicatrices sur la qualité des sols, mais aussi être très diversifiées. C’est en parcourant le territoire que la sensation d’homogénéité s’efface et que des paysages variés s’offrent à nous.
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1.1 > Des séquences valléennes.
Les Gorges de la Lémance
De Villefranche-du-Périgord jusqu’à Monsempron-Libos, 5 séquences valléennes se distinguent. Elles se succèdent les unes aux autres. Ces différences sont dues au relief qui implique et définit une relation vallée/coteau/plateau spécifique à chacune. Elles définissent l’implantation des villages, de l’agriculture mais aussi des pratiques agricoles. À chaque séquence sa spécificité.
Les Terrasses agricoles
Dans les pages suivantes, je vais vous les présenter. La description se fera du nord au sud, en suivant le sens d’écoulement de la rivière, le long de sa vallée. On passera ainsi par les différentes ambiances paysagères qu’offre le territoire.
La Porte du Périgord
Le Cœur de la Vallée
La Vallée Molassique
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Cadrages des blocs diagrammes de chaque séquence.
Les séquences valléennes de la Lémance. Les séquences présentent de grandes différences p.21 dans le relief.
N
Clairière
Bâti agricole
Voie ferrée
D 710
Peupleraie La Lémance
Canal
Falaise calcaire
Arbres fruitiers
Clairière
Arbres ornements
Coupe de principe des gorges. Les espaces ouverts et habités sont en hauteur. Le fort relief complique l’accès aux plateaux.
«Les Gorges de la Lémance»
0 50 100
250
500 m
Point culminant de la séquence : 274 m
Cette partie du territoire me donne la sensation d’être la plus sauvage. Dans la vallée, on ne trouve aucune ferme. Les quelques rares bâtisses sont d’anciennes forges et moulines. Elles ponctuent le cours d’eau, à des distances très grandes. Dans cette séquence, la Lémance serpente. Elle a taillé les coteaux à la quasi verticale, et ils se dressent comme des murs infranchissables. La roche est à nue et elle délimite parfaitement la plaine alluviale par sa couleur grise-blanche. Nos déplacements y sont contraints, forcés. On suit les courbes dessinées à même la roche calcaire.
Les réseaux de circulation, routes et voie ferrée, participent elles aussi à la fragmentation de l’espace. Le long de cellesci, on n’aperçoit pas grand chose. Elles entaillent les reliefs, créent d’autres parois verticales. Le fond de vallée est humide. L’agriculture s’y définit par une alternance de champs de maïs et des prairies grasses pâturées. Voir des vaches et des chevaux me réconforte. Enfin du soleil. L’agriculture ouvre de «grands» espaces, ou du moins suffisamment grand pour que la lumière nous caresse enfin la peau.
Malgré cette impression de nature, la vérité est toute autre. La Lémance est canalisée, et des canaux ont été creusés partout, comme pour assécher cette vallée très sombre et enclavée. Mais ces canaux alimentent aussi les moulines. Le paysage y est en faite très organisé. L’eau délimite les parcelles, divise l’espace. Les ripisylves forment des rideaux de végétaux denses qui accentuent l’étroitesse de la vallée. Ajoutez à cela des peupleraies. Il fait sombre. On se sent enfermé dans un couloir. La vue ne perce jamais loin. La lumière paraît lointaine au dessus de nos têtes. On se sent coincé entre une succession de murs.
Je veux voir le jour. On monte. Les pentes sont raides. Je veux voir du grand paysage. Impossible. De la forêt, voilà ce que l’on voit. Quelques clairières essayent de se rendre visibles à travers les arbres. Mais le soleil est bien là. Le plateau contraste fortement avec la lumière. Les clairières sont grandes. Elles offrent de larges prairies où pâturent des animaux. Je remarque quelques parcelles abandonnées. La forêt reprend ses droits. Des arbres fruitiers ponctuent le paysage, le long des chemins. Et puis les fermes sont là elles aussi. Les habitants se sont réfugiés sur les hauteurs, à la lumière. Ce sont de grandes
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fermes en pierres. Le temps semble s’y s’être arrêté. Dans cette séquence, on remarque vite que le lien entre plateau et vallée est très difficile. Il paraît même inexistant. Et pour cause le fort relief. Depuis la vallée, les plateaux ne sont pas visibles. Depuis les plateaux, la vallée n’est pas visible. Ils se cachent l’un de l’autre à l’aide d’un épais manteau forestier. Ils paraissent être indépendants. Et pourtant ils sont complémentaires. La vallée offre des parcelles propices au maïs et des prairies grasses. Les plateaux servent de refuge aux hommes. La vallée accueille des vestiges proto-industriels et les plateaux sont agricoles.
N Bloc diagramme des gorges.
On remarque la place que prennent les prairies dans le paysage.
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Ferme
Prairie
Muret en pierre et haie
Culture de maïs
Ancienne forge et mouline
Ripisylve de la Lémance Prés humides
Ripisylve d’un canal
Saignée pour le passage des voies
Hameau agricole
Voie ferrée
Peupleraie
D 710
Falaise calcaire
Paysages des gorges, vu du plateau Entre Forêt, prairies, ruines agricoles. Les traces du passÊ y sont très importantes.
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Paysages des gorges, vu de la plaine. Entre roche, eau, agriculture et ruines industrielles. Le regard ne porte jamais loin.
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250
500 m
Arbres fruitiers
Hameau agricole
Clairière
Arbres ornements
Sylviculture résineux
Route
La Lémance Peupleraie
Canal
D 710 et voie ferrée
Bâti agricole
Clairière 0 50 100
Point culminant de la séquence : 254 m
Coupe de principe.
«Le Cœur de la vallée»
Le relief s’adoucit, la plaine s’élargit. La pente en long agit comme un prolongement de la plaine.
On suit la Lémance. Nous arrivons au village médiéval de Sauveterre-la-Lémance, surplombé par son château des «Rois-Ducs». Il s’agit du premier village situé en bord de Lémance. À cet endroit, le Sendroux rejoint la rivière. Le vieux Sauveterre, adossé à son éperon rocheux se protège grâce à cette confluence. Le Sendroux a joint sa force à la Lémance pour creuser plus largement la vallée. Elle est plus ouverte et on y respire. La lumière entre sans difficulté et je m’y sens moins enfermé. Le relief est plus doux que dans les gorges. Les falaises ont laissé place à des coteaux abrupts sur la rive droite, où la roche affleure et où la végétation peine à pousser. Mais face à eux, rive gauche, les versants sont plus doux, et la transition entre vallée et plateau se fait plus en douceur. Le plateau fonctionne comme un prolongement du versant. La vallée est dissymétrique. L’agriculture en profite et elle s’est installée sur les terrasses alluviales. Elle fait le lien entre plateau et vallée. On la voit s’étager et monter au milieu des clairières et des combes. Les cultures sont plus diversifiées. Plus le regard monte, et plus l’élevage
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et ses prairies prennent de l’importance. Les animaux ponctuent les clairières. Et c’est dans ces clairières, à l’abri de la Lémance, que l’on trouve les fermes. La sylviculture prend une place importante. Elle s’étage elle aussi. Les peupleraies profitent de l’humidité de la plaine, alors que les résineux sont plus en hauteur. En se déplaçant, on remarque qu’un bon nombre de parcelles sont plantées. On retrouve une sensation de «fermeture». La lumière nous échappe à nouveau. Les résineux donnent une couleur noire qui contraste énormément avec le reste de la végétation. Parfois, je me crois en montagne. Le lien qui existait entre vallée et plateau s’estompent par ces masses noires. Les questions me viennent alors : Pourquoi toutes ces plantations ? Où sont passées les prairies ? Je continue d’avancer vers le sud. Des vergers apparaissent. Ce sont des noierais. Le verger est lumineux, les arbres espacés et le sol entretenu. Une certaine beauté s’en dégage. L’industrie marque le paysage. Mais je peux lire la différence entre deux industries : Une ancestrale, la proto-industrie, qui se situe le long de la rivière et qui est à l’origine des nombreux canaux et biefs
; et l’autre, contemporaine, située le long des voies de communications. Ces deux industries contrastent par leurs échelles. La proto-industrie est discrète, petite, avec une valeur esthétique, pittoresque grâce à ses moulins, ses fours à la «Catalane» en pierre. L’autre est monumentale, métallique, et elle transforme le paysage par des carrières qui percent les coteaux. Elles sont toutes les deux le signe de la richesse du sous-sol. Mais pour l’une comme pour l’autre, elles sont en déclin. Dans cette séquence, les terrasses alluviales (rive gauche) créent du lien entre le système vallée/coteau/plateau. Les trois paraissent être la suite logique de l’autre en s’étageant. Mais ici, c’est la sylviculture qui rompt cette continuité. Elle se dresse comme une barrière sombre et infranchissable, comme une nouvelle paroi.
N Bloc diagramme du «cœur».
La sylviculture et l’arboriculture prennent une place importante dans ce paysage.
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Ferme Prairie
Peupleraie
Voie ferrée Culture (Maïs la plus répandue)
Jeune peupleraie
Terrasses et muret en pierre
Culture
Sylviculture
Parcelle de jeunes résineux
Ripisylve d’un canal
Ripisylve de la Lémance
Parcelles enfrichées
Forge artisanale
Ancienne forge et mouline
Verger de noyers
D 710
Coteau récemment enfriché
Paysages des plateaux Les plateaux portent les plus vieux témoignages. Le bâti renvoie à l’époque médiévale. L’agriculture y est définie par l’élevage et des vergers.
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Le «Cœur de la vallée», vu de la plaine. Les hommes se sont installés dans la vallée. Leurs activités sont plus présentes dans le paysage. Entre eaux, vergers, sylviculture, industrie et agriculture.
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250
500 m
Clairière
Bosquet
2nd terrasse cultivée
Arbres fruitiers Hameau agricole
Route
1ère terrasse cultivée
Voie ferrée
La Lémance
D 710 Peupleraie
Affleurement rocheux
Hameaux agricole
Clairière 0 50 100
Point culminant de la séquence : 242 m
Coupe de principe.
«Les Terrasses Agricoles»
Les terrasses cultivées ouvrent le paysage et l’agriculture se développe vers le plateau.
On passe le village de Saint-Frontsur-Lémance et son église fortifiée. Un deuxième affluent majeur a rejoint la Lémance. Il s’agit de la Briolance. La vallée change de trajectoire et se dirige maintenant plein sud. On passe ensuite l’usine récemment fermée de Tarkett. La vallée semble s’aplanir encore. Le contraste entre rive droite et rive gauche s’accentue. Les coteaux de la rive droite mettent à nue la roche par un relief accidenté, parfois sur des hauteurs dépassant plus de 100m. La rive gauche s’élargit et s’aplanit encore en de grandes terrasses. Le paysage de la plaine devient très ouvert. Il contraste fortement avec les paysages que j’ai vu auparavant. Les cultures occupent tout l’espace disponible et créent une mosaïque plus (ou presque) de sylviculture. Le paysage agricole domine. Le type de culture s’étage suivant les nécessités en eau et elles remontent jusqu’aux plateaux et ses clairières. Ici, les fermes sont même descendues s’installer le long des terrasses où elles surplombent leurs terres au milieu de la plaine. Les prairies marquent moins le paysage. L’élevage est moins visible. Pour
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voir les animaux, on doit se diriger vers les fermes. Les bêtes sont quasi toutes en stabulation. Le bâti en pierre traditionnel est complété par de nouveaux bâtiments agricoles métalliques qui contrastent par leurs tailles et couleurs. Face à moi, le coteau abrupt de la rive droite. Je décide de monter voir ce qu’il s’y passe. On y accède par une combe sèche. Le paysage change. La forêt qui s’était faite discrète en vallée ressort à nouveau. Le long de la route, des murets en pierre nous guident vers le haut. On monte, la pente est raide. J’arrive tout en haut, et une vue imprenable sur la vallée de la Lémance s’offre à mes yeux. Je distingue même la vallée du Lot. Ce point de vue est rare sur le territoire. D’ici on peut lire facilement le système de clairière. D’ici on comprend à quel point la forêt recouvre le territoire. Elle est partout. En redescendant, je trouve des arbres fruitiers, des péchers de vigne, des figuiers en bord de chemins. Petite pause gustative. On se dirige maintenant vers le plateau opposé. L’activité agricole est ici plus présente. Même le plateau qui est géné-
ralement pâturé est ici cultivé. On suit les champs. On monte doucement. Tout en haut, une autre clairière. Elle est aussi cultivée de maïs. Je sais pourquoi. C’est un ami d’enfance qui a repris l’exploitation familiale. En contrebas, il y a une source. Elle est captée et alimente un lac de rétention. On s’y baignait plus jeune. Sauf quand ses parents irriguaient, à cause des pompes. Cette séquence révèle une présence agricole importante et diversifiée. Le rapport vallée/coteau/plateau est inégal selon la rive, pour cause la dissymétrie de la vallée, provoquant une activité plus intense sur les terrasses et le plateau qui le suit.
N Bloc diagramme de la séquence.
La vallée offre un paysage très ouvert et est tournée vers le plateau à l’Est (rive gauche), grâce à un relief doux.
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Céréales (blé, orge, tournesol)
Parcelle enfrichée
Culture (Maïs la plus répandue)
Prairie
Hameau agricole
Culture Voie ferrée Usine fermée
Coteau et affleurement rocheux
Jeune peupleraie
Ripisylve de la Lémance
Chênes truffiers
Pépinière
D 710
Combe sèche
Parcelles enfrichées
Paysage vu des plateaux Les clairières peuvent offrir de beaux points de vues sur la vallée. On y trouve de nombreux arbres fruitiers qui égayent la balade.
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Le paysage vu de la plaine. L’agriculture est omniprésente. Le paysage y est très exploité et ouvert. Il est dominé par les coteaux calcaires.
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250
500 m
Clairière
Hameau agricole Arbres fruitiers
Clairière
Haie
Route
La Lémance D 710 Falaise Ruine castrale
Bourg du village
Arbres d’ornement
Extension du village Bosquet
Hameaux agricole Clairière 0 50 100
Point culminant de la séquence : 215 m
Coupe de principe.
«La Porte du Périgord»
La falaise domine le village, qui se tourne et s’étend vers le versant opposé.
On continue vers le sud. La vallée, qui s’élargissait auparavant, commence à rétrécir. Elle devient de plus en plus étroite. La route longe la Lémance, qui longe la voie ferrée, qui longe le relief rocheux qui se montre sous la forêt. Le paysage s’obscurcit, la végétation devient dense. La sensation d’enfermement nous regagne, comme dans les gorges. On traverse la Lémance. On arrive à Cuzorn. Mais l’entrée du village est sombre, les abords de la route sont plantés de peupleraies, entre falaise, forêt et Lémance. La sensation de couloir y est à son maximum. On avance encore. La première chose que l’on remarque en entrant, c’est l’église qui surplombe le paysage. Le village possède une identité forte. Il est dominé par une falaise calcaire, où les ruines du château médiéval se dressent. Les coteaux dessinent un théâtre qui encercle le village. C’est un verrou. La Lémance est très présente dans ce village. Elle passe au centre du village et délimite le vieux bourg. Pour rentrer dans les maisons, les habitants doivent traverser des pontons. Les berges de la rivière sont aménagées en jardins ou terrasses. Le village entretient un lien fort avec son cours d’eau.
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La forêt est omniprésente dans le village. Elle recouvre tous les versants visibles. L’ensemble des routes du villages mènent vers les hauteurs de la rive droite, vers les bois. Ici contrairement aux séquences précédentes, c’est le coteau ouest qui est ouvert. Le village s’oriente vers celui-ci. On monte. On retrouve des pavillons récents, signe d’une extension «urbaine». Les maisons sont entourées de bois. Elles forment de petites clairières le long de la route. Arrivé en haut du versant, une clairière s’étend vers la petite vallée du Vignal. C’est à nouveau un paysage agricole qui est juxtaposé au village dans les hauteurs. Je décide de redescendre par la forêt. On longe un ancien chemin connu des habitants. On découvre alors un paysage construit en pierre sèche, sous la forêt. Le relief y est redessiné par des terrasses, on trouve de vieux outils rouillés et abîmés par le temps. Tout est en ruine. Les tempêtes successives ont fait tombé les arbres qui ont tout détruit à leur passage. Le patrimoine s’effondre et le paysage agricole disparaît avec le temps. Retour au village. On fait face à la falaise et ses ruines. On y monte? Quand on ne connait pas le village, l’accès au plateau
semble impossible. C’est un mur. Mais des chemins empierrés font le lien. On monte. Derrière le château, un paysage de clairières agricoles, à une centaine de mètres seulement du Bourg. D’en bas, elles sont invisibles, cachées. Et pourtant elles offrent des paysages variés. Vergers de prunes, pâturages, cultures... Cette séquence a des similitudes avec celle des gorges. La vallée y est étroite. On retrouve des falaises, et une succession de lignes qui fragmentent l’espace dans un espace restreint. Mais contrairement aux gorges, ici la vallée est habitée. Toute l’agriculture se concentre sur les plateaux comme détachée du village.
N Bloc diagramme du verrou.
Le village de Cuzorn représente la séquence. Il se trouve au centre d’un verrou rocheux où la Lémance serpente à nouveau.
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Verger
Pépinière
Céréales (blé, orge)
Hameau agricole Culture (Ici maïs)
Église
Village haut ancien
Bourg Château et falaise
Lémance
Voie ferrée et tunnel Peupleraie
Extension village
D 710
Prairie Ancienne forge et usineww
Jeunes pins (sylviculture)
Le paysage au dessus du verrou. Dans cette séquence, l’agriculture se retrouve sur les hauteurs du village, à l’écart de la vallée.
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Le paysage vu d’en bas. Dans le verrou, le village de Cuzorn s’étend. Le paysage est dominé par l’église, ses ruines castrales et des falaises. La Lémance est intégrée dans le tissu urbain.
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250
500 m
Route
Ferme agricole
Bosquet
Terrasses
D 710
Plaine alluviale
Affluent
La Lémance
Voie ferrée
Étalement urbain
Route
Terrasses
Arbres fruitiers 0 50 100
Point culminant de la séquence : 199 m
Coupe de principe.
«La Vallée Mollassique»
La vallée s’ouvre à son maximum. Le relief est très doux.
On sort du village de Cuzorn, les falaises laissent vite la place à des reliefs plus doux et la vallée s’ouvre à nouveau. Elle s’étire, les terrasses alluviales réapparaissent. La plaine devient très large donnant à ce paysage un aspect presque plat. Cette séquence contraste énormément avec les autres. Mais comme les séquences précédentes, on remarque une différence entre le versant de la rive droite et celui de la rive gauche. C’est donc un tout autre paysage que l’on a en face de nous. Les reliefs sont arrondis, avec des courbes lisses. Sur la rive gauche de la Lémance, on trouve des formations argileuses, les «tucs», qui ponctuent le paysage par leurs formes et leurs végétations. Ce sont les éléments les plus hauts du paysages. Des forêts y sont concentrées. On peut facilement deviner que ces sols doivent être pauvres et ingrats à la culture. C’est pour cela que la forêt s’y trouve. Leurs pentes ne sont pas cultivées. Sur ces tertres, sous les feuilles mortes, le sol se révèle être blanc-rouge et dur comme de la pierre. On se retourne. La vallée s’étend devant nous. Le paysage est différent de ce
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côté. Les monticules argileux ne ressortent pas. Les courbes sont plus lisses. Les boisements présents sur les crêtes marquent l’horizon et descendent vers les pâtures. L’amplitude de la plaine agricole est très importante. L’agriculture est présente partout. Elle domine le paysage. Elle se définit par de la polyculture élevage. On retrouve le même système étagé. Les cultures sont proches de la rivière, et les pâtures sont sur les terrasses alluviales. Les champs sont plus vastes. Je me rends maintenant compte qu’en amont les parcelles sont vraiment petites. Les espaces y sont plus réduits. Ici, on ressent une sensation de grandeur. Le regard va loin. On remarque quelques haies. Elles structurent l’espace et rendent lisible le parcellaire. Mais on voit aussi une succession de ripisylves qui marquent la Lémance et ses affluents. Je veux voir la rivière. La rivière qui était très présente en amont, devient ici plus effacée. Elle est loin des routes et des chemins indiqués. Elle paraît inaccessible. On trouve un chemin agricole. On le suit. Les champs de maïs sont nombreux. Les canaux et fossés sont nombreux. L’eau est omniprésente. On retrouve des traces proto-in-
dustrielles le long de la rivière. On trouve des écluses et des canaux. Mais aussi des moulins. Le plus important est le moulin du Pombié qui a été rénové. Il était le dernier moulin à fermer ses portes dans les années 2000. Plus au sud, la vallée se rétrécit à nouveau. Le bourg perché de Monsempron et son prieuré signe la fin de la vallée de la Lémance. La vallée du Lot est juste la. Elle se jette et se perd dans le Lot, passant au milieu de l’urbanisation de Fumel et Libos. Cette séquence contraste fortement avec les autres. La vallée prend une forte amplitude et les parcelles agricoles deviennent plus étendues. Le paysage semble plus exploité. Le passage de la vallée jusqu’au plateau se fait en douceur, le lien entre le bas et le haut est fort, et ils se partagent les fonctions. Le bas est agricole et cultivé, le haut est habité, pâturé et cultivé.
N Bloc diagramme de «la vallée mollassique.»
L’étagement des cultures est très lisible ici. La plaine cultivée est délimitée par les routes.
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Rétention d’eau
Affluent
Tuc Blanc
Maraîchage
D 710 Ferme
Culture
Moulin du Pombié Ferme
Hameau agricole Culture (Maïs la plus répendue)
Ferme Lémance
Prairie
Voie ferrée
Hameau agricole
Peupleraie
Jeune peupleraie
Extension urbaine
Les paysages de plateaux. Les coteaux se différencient l’un de l’autre par l’importance de la forêt. Ainsi la rive dévoile un paysage plus intime. En face, le paysage est plus ouvert et agricole.
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Le paysage de la plaine mollassique. Les cultures dominent les paysages. Les peupleraies et les différentes ripisylves fragmentent l’espace, elles fabriquent des cloisons. On découvre la plaine par brides.
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On a pu voir que le relief influence l’implantation des activités des hommes. Les pratiques des habitants s’y sont adaptées selon leurs situations. Malgré les différences que l’on a pu voir dans toutes les séquences, qui sont dues au relief, on remarque aussi de nombreuses similitudes, qui donne au territoire son identité. De manière générale, les coteaux et les plateaux concentrent les boisements et contrastent avec la vallée. L’agriculture dessine alors deux formes. En plaine, elle forme un long couloir cultivé plus ou moins large et ouvert selon le relief, la qualité de la terre et les pratiques. En plateau, elle forme des îlots cultivés et pâturés, créant des ouvertures dans le manteau forestier. Ces clairières sont importantes dans le territoire. Ce sont elles qui créent de la diversité paysagère dans ce pays dominé par la masse boisée. Elles représentent l’identité du territoire. Elles sont l’image du système agricole local, basé sur l’agro-sylvo-pastoralisme, où le relief organise et étage ce système, à l’image des pays montagnards, ou presque. Ainsi la vallée est cultivée, les coteaux boisés et/ou pâturés, et sur les
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plateaux les bordures forestières dessinent des clairières qui sont pour la majorité pâturées. Et ce sont ces clairières qui rendent le paysage de la Lémance si particulier.
1.2 > Des formations végétales étagées.
En se promenant, on remarque vite que le paysage végétal change selon où l’on se trouve par rapport au relief. Pour être plus précis, les cortèges floristiques évoluent selon l’altitude et l’érosion. Ils sont étagés, et on passe d’une ambiance à une autre, créant une diversité de paysages boisés. Ces formations se révèlent être de bon indicateurs sur la nature des sols, son humidité, et son climat. On distingue de cette manière trois grands milieux qui se succèdent. Le plus bas est mésophile. Il longe la vallée. Le deuxième, situé sur les coteaux est calcicole. Enfin le dernier, sur les plateaux est acidiphile. Ces trois milieux constituent les grands paysages forestiers du territoire du Pays au Bois.
causse, association végétale semi-ouverte de chêne blanc, de garris en taillis espacés et transparents, gorrissades ou gospolhado ; quelques buissons de genévriers constituent tout le sous-bois, le tapis de petite herbe rousse s’interrompt sous les chênes truffiers, où la terre reste nue et craquelée.»
Pierre Deffontaine notait : «La forêt est variée comme les sols elle est composée d’un mélange de forêts landaises, de forêts limousines, et de forêts caussenardes. Sur les sables sidérolithiques entremêlent les piccadis ou taillis de chêne noir (chêne tauzin) et les taillis de feuillards, châtaigniers enserrés de sous-bois denses et non éclaircis d’ajoncs, de bruyères, et de fougères. C’est le «bois noir», le bois de brugo (bruyère) qui rappelle les bois limousins. Les pentes calcaires ont le «bois de rocher» ou bois de
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La variété des formations végétales s’explique par la géologie des sols. Cette région constituant le Haut-Agenais, le Périgord Noir et la Bourriane ont un sous-sol constitué de calcaires (gréseux du Crétacé supérieur) qui sont mis à nu à chaque entaille de vallée. Le sol est alors rocailleux, drainé et sec comme dans les causses. Au dessus de cette formation calcaire, là où les sol n’ont pas été érodés par les cours d’eaux, des sables, des graviers et des argiles sidérolithique (du Tertiaire) recouvrent la roche mère sur des dizaines de mètres. Ce sol riche en fer, colore la terre et lui donne cette couleur rouge typique du Pays au Bois. Ces sables ferrugineux forment un sol siliceux, acide et pauvre comme dans les ségalas. Le talweg quant à lui est constitué de sédiments arrachés à la roche et aux sables. Cette terre alluvionnaire, rougie par le fer, est riche et plus au moins humide selon sa position par rapport à la rivière. Ces milieux se superposent les uns aux autres dans le paysage, créant ainsi un ensemble. L’exposition et l’eau sont des facteurs qui influencent l’aspect de ces entités végétales. En conséquence, chaque milieu possède différents cortèges.
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500 m
Zone humide en bord de rivière.
100
Zones humides
N L’érosion de la Lémance et ses affluents est à l’origine de la formation de cette diversité.
0
Paysage de Causse
Bloc d’implantation des milieux.
Chaque sol crée un milieu qui lui est associé. Chaque milieu à sa propre végétation.
Coupe des sols.
Paysage de Ségala
Paysage de Causse
Paysage de Ségala
Paysage de Causse
Zones humides
Paysage de Causse
Paysage de Ségala
Sables acides Roche calcaire
Zones humides
Causse
Ségala et pins maritimes
Causse
Ripisylve
Bosquet
Ségala
Ripisylve
Alluvions
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Bruyère callune (Calluna vulgaris)
Fougère aigle (Pteridium aquilinum)
Châtaignier (Castanea sativa)
Pin maritime (Pinus pinaster)
Chêne pédonculé (Quercus robur)
Genêt à balais (Cytisus scoparius)
Charme commun (Carpinus betulus)
Chêne tauzin (Quercus pyrenaica) Chêne rouvre (Quercus petraea)
Le cortège acidiphile. Ajonc d’Europe (Ulex europaeus)
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Sur le haut des plateaux, dans les poches sableuses et acides, les ambiances sont diversifiées. Mais la principale essence végétale est le châtaignier. Les associations végétales diffèrent selon l’exposition au soleil, et donnent des paysages forestiers variées. On trouve ainsi des pinèdes, à dominance de pins, où la lumière est pénétrante, en bonne exposition, et laisse place à une strate buissonante et herbacée. C’est ici que l’on peut retrouver des espèces comme le chêne pédonculé ou le chêne tauzin. Aussi, il existe des paysages à dominante feuillue. Ces boisements sont denses, très sombres et frais. Les sous bois sont généralement très pauvres et nus. Selon l’exposition, les essences varient. Les sites les moins bien exposés sont colonisés par le chêne rouvre, le châtaignier et le charme. La plus grande diversité se découvre lorsque les boisements laissent place à la lumière donnant au paysage un aspect «landais».
Les forêts des sols acides. Les différentes ambiances forestières sont dues aux différents cortèges végétaux qui les composent.
Paysage de landes. La lumière laisse apparaître des faciès paysagers rappelant d’autres régions.
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Cornouiller sanguin (Cornus sanguinea) Genévrier (Juniperus communis)
Chêne pédonculé (Quercus robur)
Alisier torminal (Sorbus torminalis)
Chêne pubescent (Quercus pubescens) Érable de Montpellier (Acer monspessulanum)
Le cortège calcicole.
Aubépine (Crataegus monogyna) Buis (Buxus sempervirens)
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Les versants érodés nous dévoilent un tout autre paysage, plus sec et torturé, où la végétation est dominée par le chêne pubescent : c’est un paysage de causses. Ici les arbres sont moins imposants, aux troncs fins. Ce milieu peut-être extrêmement dense et les strates buissonantes et herbacées sont bien développées. On retrouve deux types d’habitats, si on ne compte pas les espaces agricoles. La chênaie, qui forme la forêt à dominance de chênes pubescents (d’où le nom). Puis les pelouses sèches, en lisière, qui sont des espaces ouverts, très arides, exposés plein sud, où les genévriers ponctuent le paysage. Ces prairies présentent une flore très riche avec des espèces rares et protégées, comme la Céphalanthère rouge (Cephalanthera rubra), la Epipactis à petites feuilles (Epipactis microphylla), l’Orchis Homme-pendu (Orchis anthropophora)... Ici le sol est peu profond, et la roche blanche affleure. Contrairement aux boisements de plateaux, sombres et frais, ces chênaies sont très lumineuses et chaudes.
Prairies calcaires. Elles sont ponctuées par des genévriers et quelques chênes pubescents. Elles évoluent très lentement.
Les chênaies. Ces boisements sont très graphiques et lumineux, avec des arbres aux troncs fins.
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Aulne glutineux (Alnus glutinosa) Saule blanc (Salix alba)
Peuplier tremble (Populus tremula)
Charme commun (Carpinus betulus)
Frêne commun (Fraxinus excelsior) Peuplier noir (Populus nigra)
Le cortège mésophile.. p.50
Le long de la Lémance et de ses affluents, des forêts alluviales se sont parfois formées. Ces boisements se caractérisent par la ripisylve, de manière étroite et linéaire, ou par de véritables forêts, plus ou moins étendues. Ces espaces généralement inondés lors des crues, exposent une végétation dense, avec une strate herbacée très développée, malgré l’obscurité. Ce sont des milieux très riches, humides et frais, où l’eau amène ou reprend sans cesse de nouvelles matières. Ils sont composés d’essences adaptées à la submersion, comme l’aulne glutineux ou le frêne. Ils forment de grands arbres touffus et hauts. La végétation y est très abondante et crée un paysage difficile à traverser, à dominance verte. Le sol est recouvert d’herbacées, représentées par la fougère scolopendre (Asplenium scolopendrium), l’iris jaune (Iris pseudacorus).
Les ripisylves. Ce sont des boisements très variables. Ils peuvent être extrêment denses, comme au contraire très clairsemé. Cela dépend des activités humaines.
Les forêts humides. Ces boisements sont submergés à chaque crue. Ces espaces produisent une fraicheur agréable.
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Ces cortèges végétaux sont d’excellents indicateurs sur la nature du sol. C’est un facteur naturel qui influence chaque ambiance, et nous renseigne sur la géologie. Face au grand paysage, ces «strates» deviennent visibles. Les couleurs changent, de même que les épaisseurs et les hauteurs. De ce fait, le paysage qui semblait homogène se diversifie peu à peu. Cette organisation par étage rappelle étrangement ce que l’on a pu lire avec l’agriculture, et son système de culture en vallée et de prairie en plateau. L’eau et la composition du sol sont donc déterminants à cette organisation agricole. Enfin, cette diversité des sols et des sous-sols est aussi à l’origine de la présence des nombreuses industries qui les exploitaient, ou les exploitent encore aujourd’hui. Fer, pierre, chaux, sables, argiles étaient les ressources recherchées.
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1.3 > Ombre et lumière, forêt, clairière et vallée : Une diversité paysagère.
Explorer ce territoire, c’est s’immerger dans un épais manteau forestier, où les respirations sont possibles grâce aux clairières agricoles et la vallée. Ces espaces cultivés et habités nous offrent chaleur et lumière, tandis que les bois offrent ombre et fraicheur. Ces trois entités produisent de forts contrastes en terme paysager. Mais elles sont indissociables les unes des autres. Elles fonctionnent ensemble. L’évolution de l’une influence les autres.
Afin de les découvrir et les comprendre, on va maintenant s’immerger dans chacune de ces entités.
Malgré ce lien fort, elles semblent être en constante lutte. La forêt qui est majoritaire, s’impose et tente inlassablement de coloniser de nouvelles terres. Dans certains endroits, l’activité des hommes l’en empêche. Les clairières et la vallée cultivée sont la traduction directe de la présence et des pratiques humaines dans le paysage. Elles sont l’expression de l’activité agricole, et ce sont elles qui freinent l’avancé insistante des bois. Néanmoins, la forêt témoigne aussi des activités humaines. Sous son manteau vert se cache une variété de paysage forestier portant des traces d’une exploitation. De ce fait, ces entités sont révélatrices des pratiques des habitants et d’un état paysager. Étudier ces entités, c’est comprendre les dynamiques paysagère du territoire.
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Les clairières. Clairière : «Endroit dégarni d’arbres dans une forêt.» Définition du dictionnaire Larousse
Face à ce paysage, les pratiques sont facilement lisibles dans l’espace. Les clairières abritent l’agriculture et les habitants, alors que la forêt agit comme une clôture tout autour. De cette façon, la lisière est ce qui forme la transition entre ces deux entités. Elle est le lien qui les unit, et qui se définit de façon plus ou moins directe selon les sites. D’un point de vue sensible, la clairière représente un «vide» et la forêt un «plein», dans le sens où les pratiques dans les éclaircies maintiennent le paysage ouvert. La forêt représente alors un plein en terme de volume qui bouche la vue et qui la délimite. De ce fait, la clairière est indissociable de la forêt. Car sans la forêt, il n’y a plus «d’endroit dégarni d’arbres», comme le souligne la définition du Larousse. Les clairières sont très importantes dans ce territoire. Elles ouvrent le paysage forestier et créent une diversité de formes, d’ambiances, d’esthétiques. Ce sont des res-
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pirations où l’on retrouve des repères comme le ciel, du bâti, des fermes et des animaux. Parfois, elles permettent de larges panoramas qui nous offrent des vues globales du territoire et même de ses alentours proches ou lointains. Ainsi, selon une vieille dame rencontrée lors d’une sortie de terrain, lors de temps sec et à partir de certains endroits, il serait possible de voir les Pyrénées. Possible ? Les clairières sont la définition même du rôle primordial de l’agriculture au sein de ce «pays». Celui de garder les espaces ouverts, en limitant la colonisation arbustive, et celui de valoriser un terroir. C’est de cette manière qu’elles mettent en avant le patrimoine bâti et végétal. Par des pratiques agricoles toujours en place. Elles valorisent les vieilles bâtisses aux pierres jaune-orangées, rendues grise par le temps, les gariottes, les murs en pierres sèches, les terrasses... Ainsi que des arbres fruitiers centenaires tel que des châtaigniers, des noyers, des pommiers.
Elles sont l’expression d’un modèle agricole hérité et d’une culture locale.
Traverser les clairières, c’est apercevoir la diversité des pratiques agricoles présentes sur le territoire. Chaque activité produit un paysage qui lui est associé. Ajoutez à cela les séquences paysagères, les effets géologiques sur la flore, puis la diversité agraire et nous avons une palette extrêmement variée de paysages. C’est pourquoi chacune d’elle est unique. Sur cette page sont exposés quelques paysages visibles de ces sites, classés par pratiques. Il ne s’agit que d’un échantillon, et n’est aucunement représentatif de la diversité réelle.
Les prairies de fauches. C’est le paysage le plus répandu. La majorité des parcelles sont enherbées pour la production de fourrage.
Clairière cultivée. Les clairières cultivées restent aujourd’hui peu nombreuses. Elles sont le signe de la présence d’un plan d’eau rendant l’irrigation possible.
Les pâtures. Si l’on compare la surface enherbée à celle pâturées, celle-ci est minime.
Les vergers. Qu’ils soient de prunes, de noix ou de châtaignes. Bon nombre d’entre eux ont disparus durant la fin des années 90, rendant ce paysage rare.
Les panoramas. Avec un peu de chance, une vue comme celle-ci peut s’offrir à vos yeux.
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Ferme réhabilitée. Ces bâtiments sont transformés en demeures
Vieux outils agricoles. Il servent aujourd’hui de décoration rustique.
Gariotte. Ces cabanes de pierres servaient d’abris aux paysans
Murets et terrasses en pierres. On les trouve souvent en lisière ou le long d’un chemin
Auge en pierre. Ces petits éléments sont à destination d’animaux.
Un patrimoine riche. Le patrimoine bâti présent dans les clairières prend diverses formes. Il se traduit par des constructions anciennes en pierres, passant d’un «simple» muret à d’imposants corps de fermes. Généralement, les bâtisses agricoles sont réhabilitées et entretenues car elles sont habitées. Seuls les petits éléments semblent livrés à eux-mêmes. C’est le cas des terrasses, des murs et des gariottes qui ont été pour la plupart délaissés, en ruines ou détruits, dont certains pour permettre la mécanisation des parcelles. Cependant leurs traces sont toujours visibles dans le paysage, et laisse parfois imaginer le paysage d’autrefois. D’autres éléments du patrimoine agricole peuvent être trouvés. Il s’agit de matériel en fer qui servait aux paysans. Aujourd’hui, ils sont utilisés comme ornements de jardins.
Ruines de bergerie.
Ce patrimoine bâti peut aider à la compréhension des pratiques anciennes, qui ont participé à la formation de ce paysage. Si l’on regarde les fonctions des bâtis, on remarque que bon nombre des dépendances ou fermes comprenaient des bergeries, des porcheries, des étables... De même les outils nous renseignent sur leur utilisation. On peut voir que les habitants utilisaient des animaux pour travailler leurs terres. Il s’agissait donc d’un système agro-pastoral.
Ce bâtis faisaient partie d’une exploitation disparue
Corps de ferme. Certaines fermes avaient d’imposants portails
Détail architectural. Ces détails traduisent l’ancienneté du bâti.
Manoirs et dépendances. Ces grandes bâtissent étaient d’importantes exploitations agricoles
Vieux noyer. Le patrimoine est aussi végétal. Il se traduit par de vieux arbres en bordure de fermes.
Abreuvoir. Ce plan d’eau, bordé de pierre, possède une entrée pour les bêtes
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Deux photos, 4 ans écoulés. À 4 ans d’intervalle, la lisière s’épaissit pour faire disparaître la «frontière». Les arbres grignotent peu à peu l’espace et le transforment. À continuer...
Une mutation à venir ? Bon nombre de ces clairières présentent des signes d’abandons et de manque de gestion. La forêt commence doucement à coloniser les parcelles limitrophes, et la strate herbacée fait place à une strate buissonnante puis arbustive. Si on ajoute à cela le phénomène de cloisonnement des propriétés, le paysage de clairière est en pleine mutation. Les résidences se cachent derrière des haies, et l’espace se referme, se divise et se resserre. Cette dynamique renvoie aux mœurs sociales et spatiales contemporaines, qui sont ceux de vouloir se cacher de ses voisins, même s’ils sont inexistants... Quant à la seconde, elle est le signe alarmant d’une déprise agricole. Une autre dynamique visible dans les clairières est la sylviculture. Les essences plantées sont variées : pins, châtaigniers, chênes, douglas... La sylviculture semble se développer, et elle convertit des terres agricoles en terres forestières. Cette pratique, qui est voulue et réfléchie, est celle qui transforme le plus radicalement l’aspect des éclaircies. Pourquoi une telle pratique ? Est-ce un effet causé par la déprise agricole ?
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Regain forestier. Autre exemple d’avancée forestière. L’espace de gestion recule face à l’émergence de ligneux.
La sylviculture dans les clairières. Ces plantations accentuent la reprise forestière. Les pratiques ne sont plus adaptées...
Limites flous
Limites Clairière
Prairie pâturée et clôturée
Ferme réhabilitée
Parcelle délaissée : enfrichement Haie plantée (délimitation de jardin privé)
Arbuste et arbres (colonisation et formation de haies) Terrasse en pierres sèches (plus ou moins effondrée) Arbres fruitiers et ornementals Ferme ou ancien hameau agricole
Sylviculture
Gariotte (abandonnée)
Terrasse enfrichée
Route
Céréales (blé,orge ou tournesol)
Prairie de fauche
Lisière
Coteau boisé
En bref, la clairière...
Bloc d’une clairière type.
Les dynamiques sont multiples et lient agriculture et forêt.
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La forêt. Forêt : «Grande étendue de terrain couverte d’arbres ; ensemble des grands arbres qui occupent, qui couvrent cette étendue. Grande quantité de choses qui s’élèvent en hauteur.»
Les différents faciès forestiers (les plus répandus) : Les chênaies. Elles se situent sur les coteaux calcaires. Ce sont de petits chênes pubescents en futaie, fins et torturés. Ce faciès est très lumineux.
Définition du dictionnaire Larousse
Si l’on regarde la forêt comme une seule et même «étendue», alors le paysage est homogène. Car la forêt est partout. Cette omniprésence des boisements donne une sensation de «nature» au territoire. Cette masse forestière couvre une grande majorité de la surface du pays. Elle domine les plateaux et délimite les clairières, recouvre les coteaux les plus abrupts et les combes les plus étroites. Seule la vallée de la Lémance et les sites agricoles semblent encore préservés de sa conquête. En arpentant les bois, on découvre qu’ils sont composés d’une diversité de faciès qui créent différents paysages. La géologie n’est pas la seule à influencer le bois. Les pratiques des habitants ont créé une palette de paysages forestiers. Certaines parcelles sont déboisées, créant ainsi de nouvelles clairières où la végétation reprend ses droits sans tarder. Le paysage que l’on croyait naturel est en fait exploité, organisé et diversifié dans sa masse.
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La sylviculture. Ses alignements de futaies sont facilement identifiables. Le sol est entretenu, géré et la vue traverse les parcelles. On trouve différentes espèces cultivées, telles que le pin maritime, le châtaignier, des chênes ou le peuplier.
Les cépées. Elles représentent le faciès majoritaire. La forêt est très dense et difficilement pénétrable. Il s’agit généralement de taillis de châtaigniers ou d’un mélange châtaigniers/chênes ou autre. Ce type de boisement traduit une ou des coupe(s) antérieure(s).
Les futaies. Elles sont rares. Elles sont minoritaires. Les traces de coupes n’y sont pas lisibles, peut-être s’agit-il de jeunes peuplements ? Les espèces représentées dans ces peuplements sont des chênes, le châtaignier et le pin.
Les bois humides. Les bois humides se trouvent dans les vallées et les vallons à proximité d’un cours d’eau. L’hiver elles sont inondées et impraticables. Elles rassemblent des peupliers, des aulnes, des frênes...
Les bois abandonnés. Les parcelles abandonnées sont très courantes. Il s’agit du deuxième faciès le plus vu. On y trouve un mélange du futaies et de cépées très âgées. Le volume de bois mort y est impressionnant. Ce faciès donne la sensation que la forêt se meurt. Les essences présentes sont multiples (châtaignier, chênes, pins, charmes...)
Les jeunes taillis. Ils sont le signe d’une coupe récente. Traverser une telle parcelle est impossible. La végétation buissonnante reprend ses droits et le moindre espace est végétalisé. Une telle parcelle agit comme un mur végétal. Le châtaignier y est l’essence principale.
Les clairières éphémères. Elles sont l’indication d’une coupe récente. Elles créent de nouveaux points de vues et sont une belle opportunité de redécouvrir des espaces. Selon les parcelles, les grandes futaies sont laissées intactes et ponctuent le paysage. Il y a peut être la volonté d’un régime en taillis sous futaie.
Les nouvelles plantations sylvicoles. La sylviculture inclue de nouvelles plantations. Ces parcelles dégagent un contraste très fort avec les boisements spontanés. Tout est contrôlé. Les essences plantées sont le pin maritime, le châtaignier, le chêne et dans les sites plus humides on retrouve le peuplier. On les trouve en forêt, en clairière ou en vallée.
Les bois éclaircis. Dans ces parcelles, les arbres sont sélectionnés avant d’être coupés par les propriétaires qui débitent le bois nécessaire pour l’hiver. Ces parcelles sont très lumineuses et le regard les traverse aisément. Cette gestion favorise le plus souvent les futaies.
Les piles de bois. Le long des routes, les rondins de bois se cumulent créant parfois de gigantesques tas. Cette pratique est le témoignage direct d’une coupe à proximité et du bon fonctionnement de l’exploitation forestière.
Le paysage forestier est riche de diversité. Tout ces faciès imbriqués ne fabriquent pas un «pays au bois» mais un «pays aux bois». Tous ces faciès démontrent que la forêt n’est pas du tout naturelle. Elle est plantée, coupée, transformée par les habitants qui l’exploitent. Néanmoins, elle aussi porte majoritairement les stigmates d’un abandon. De très nombreuses parcelles sont délaissées, et les arbres se couchent après chaque tempête.
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La sylviculture. Cette activité reste peu développée à l’échelle territoriale. Elle ponctue le paysage forestier, mais ne le représente pas en majorité. En revanche, ses effets paysagers sont importants. La coupe rase est la pratique qui impacte le plus radicalement le paysage forestier. Elle ouvre l’espace et laisse entrevoir le ciel et la lumière. Le sol est à nu, et la végétation reprend ses droits naturellement. Les micros reliefs se lisent facilement. Ces coupes à blanc reflètent une gestion portée par une industrie ou quelques propriétaires. Le paysage forestier devient un paysage exploité. Elles régénèrent les populations d’arbres et garantissent au territoire une économie durable. La sylviculture facilite l’accès aux boisements. Elle permet l’entretien ou le dessin de nouveaux chemins forestiers, et elle éclaircie les sous-bois, les rendant alors pénétrables et mettant en valeur les sujets plus gros. Si l’on compare deux parcelles, dont l’une est exploitée et l’autre non, on remarque aisément la différence. La première bénéficie d’un «nettoyage», l’autre évolue par elle-même. Les forêts spontanées, aux semis naturels, ne présentent aucunes formes
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d’organisations spatiales et les essences sont mélangées. Les parcelles sont alors composées de feuillus (chênes et châtaigniers dominants) avec parfois quelques pins maritimes qui s’élèvent au dessus. La sylviculture répond à une demande en bois. La transformation du taillis est limitée, et la demande en bois d’œuvre est celle qui rapporte le plus. C’est pourquoi des parcelles sont plantées en futaies d’une seule et même espèce, locale ou non, après une coupe rase. Cette pratique, de régénération artificielle, transforme le paysage forestier. Car ces boisements contrastent fortement par leurs organisations linéaires et leurs densités. En parcourant le territoire, on remarque que ces parcelles plantées sont en plein essors, et de plus en plus nombreuses. Certaines essences marquent fortement le paysage. Les résineux par exemple ne s’intègrent pas dans le paysage, par leurs hauteurs, mais aussi par leurs couleurs. Elles sont inadaptées à ce territoire. La forêt, comme les clairières, reflète une culture locale, où les pratiques agricoles sont juxtaposées aux pratiques forestières. Parfois les deux se rencontrent. Dans les clairières, les piles de bois sont courantes le long des routes, mais aussi
dans les fermes. De ce fait, l’agriculteur est aussi le forestier. Le système agricole n’est alors plus agro-pastoral, mais devient agro-sylvo-pastoral. La question se pose alors : La déprise agricole, qui cause l’enfrichement dans les clairières, ne serait-elle pas aussi la cause de l’abandon de la majorité des parcelles forestières ?
Sur cette page sont présentés des paysages créés par la sylviculture. Ils sont variés, ajoutant encore de la richesse dans la diversité.
La sylviculture comme lisière. Elle transforme le paysage des clairières. Elle le rythme, par ces lignes. La transformation évolue dans le temps avec la pousse des sujets.
Les plants en forêt. En milieu de forêt, on peut parfois rencontrer de jeunes plants d’arbres. Ici par exemple, il s’agit d’une plantation de chênes d’Amérique.
Chemins forestiers L’exploitation crée de nouveaux chemins... qui se referment vite.(4mois !)
Pinède en vallée En vallée, on retrouve aussi la sylviculture. Généralement, il s’agit de peupleraie. Ici ce sont des pins noirs. Ils obscurcissent le paysage, et lui donnent un aspect de couloir.
Les éclaircies éphémères.
Qu’elles reçoivent une gestion ou non, le paysage est tout autre. Un est lumineux et invite au franchissement, et l’autre est impénétrable.
Différences entre parcelles.
Les coupes rases dévoilent les micro-reliefs et metent la forêt en lumière. Elles participent à la vie du paysage. Elle le font revivre, en le faisant bouger.
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Gariotte. Ces abris en pierre ont ici une particularité. Ils intègrent souvent des poutres en bois. Était-ce un abri pour berger, ou une cabane de vigne ?
Ruines de fermes. On en retrouve quelques unes perdues dans les bois. Elles devaient être entourées de leurs terres et les abords sont souvent aménagés.
Outils et aménagements. Aux abords des ruines, de petits éléments peuvent apparaître.
Sous la forêt, des traces du passé. Quand on voit la forêt à partir d’un panorama, il est impossible de s’imaginer ce qui se cache dessous. Et pourtant les sousbois abondent en constructions et ruines. Ces vestiges, font partie intégrante du patrimoine du territoire, et ils témoignent d’une époque où la forêt était beaucoup moins répandue. Ces ruines sont celles de fermes, de gariottes, de murs terrasses, d’abreuvoirs, de canaux en pierres, de sources... Toutes ces constructions de pierres sont gardées sous la forêt comme un secret. Bon nombre de ces sites ne sont pas connus, ni indiqués sur les cartes. Malheureusement, la forêt agit de manière impactante sur ces ruines : les arbres poussent et en tombant, ils arrachent tout, détruisant ainsi ce patrimoine agricole diversifié. Certains sites forestiers révèlent des versants totalement travaillés par l’homme. Le relief est redessiné de façon à permettre et faciliter les cultures sur ces pentes. Les terrasses sont étagées et de gigantesques murs de soutènement se dévoilent sous la couche de mousse. Les chemins sont empierrés bordés de murettes, la circulation de l’eau est tracée par des canaux en lauze, rien n’était laissé au hasard.
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Le patrimoine peut aussi être tout autre. En effet de grands arbres se démarquent dans de tels sites. Ils sont en futaies basses pour la plupart, avec un diamètre impressionnant. Bon nombre d’entre eux sont des châtaigniers, souvent en aligné, qui attestent d’un ancien verger. D’autres sont des chênes plusieurs fois centenaires, en futaie ou en cépée. La sylviculture met parfois à jour ce patrimoine. Il redevient alors visible dans le paysage et on le découvre ou le redécouvre. Mais les parcelles aménagées en terrasses posent le problème de l’accessibilité pour les machines. Quel est alors l’impact de l’exploitation forestière sur ce patrimoine? Est-il respecté ? L’activité sylvicole s’adaptet-elle à ces sites ? Et qu’en est-il du patrimoine végétal ? Fait-il partie des coupes ? Sachant que ces arbres sont extrêmement rares.
Abri sous terrasse. Ces abris sont creusés dans les terrasses, et ont un plafond en grandes dalles de lauze.
Terrasses en pierre. Elles sont relativement fréquentes sur tout le territoire. Elles témoignent d’une déprise agricole survenue dans le passé.
La gestion de l’eau. Des constructions révèlent un soucis de gérer la circulation de l’eau. On retrouve des fossés, des lavoirs ou abreuvoirs, et même des abris de sources.
Des lavandes en alignement... Parfois, on découvre des sites où l’on se demande si on est bien dans le sud-ouest. Témoignent-elles d’une pratique agricole disparue ?
Vieux châtaigniers et chênes Le patrimoine est aussi végétal. Il se traduit par de vieux arbres qui se démarquent de tout le reste. Ce sont des restes de vergers où de haies ?
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Vers un abandon ou une exploitation ? La forêt est un indicateur d’un état paysager. Selon son faciès, on peut comprendre ses usages. Elle prend les marques des pratiques, tout comme les clairières. Elle présente une diversité de paysages qui ne sont visibles qu’à une distance proche. C’est à dire invisible dans le grand paysage. Il est important de rappeler que les pratiques sylvicoles sont rares, comparées à la superficie boisée. Ainsi on a pu remarquer qu’une grande partie de sa surface porte les traces d’une exploitation antérieure, du fait de l’importance des cépées, dont la majorité sont très anciennes, pourrissantes et elles tombent avec le temps. Est-ce le signe d’un abandon à grande échelle ? Ou est-ce le cycle normal des coupes ? Je ne le pense pas... Car quelques parcelles montrent des marques d’éclaircies et de suivis récents. D’une part, elles sont très localisées sur les plateaux acides. Ces gestions se définissent par des dépressages ou des balivages, qui dédensifient les boisements et les rendent plus lumineux et pénétrables. Quant aux coupes rases, elles créent une clairière éphémère qui se referme très rapidement.
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D’autre part, cette localisation traduit des intérêts portés sur des essences spécifiques, et donc leurs milieux, délaissant alors ceux jugés moins intéressants, comme les chênaies pubescentes. Globalement, le forêt présente aujourd’hui plus de symptômes d’abandon que d’exploitation. Tout comme l’agriculture, seules les meilleures parcelles sont encore «cultivées». De plus certains préfèrent convertir des terres agricoles à la sylviculture, plutôt que de gérer les boisements déjà existants. Cette pratique est doublement problématique. Elle accentue la dynamique de fermeture des clairières et des vallées. Mais elle accentue aussi l’abandon de la forêt déjà établie.
Espaces délaissés, espaces de gestions. La présence humaine se lit fortement dans le paysage forestier. Elle agit comme un marqueur, retranscrivant ses pratiques.
Pinède
Chênaie + pelouse calcaire
Sylviculture
Taillis + pins
Taillis
Parcelle coupée
Chênaie pubescente
Terrasses sous boisements
Peupleraie
Verger
Bois humides
En bref, la forêt...
Bloc paysager forestier. Beaucoup de faciès composent le paysage forestier. Certains ne sont visibles qu’une fois immergé en forêt. Sables acides Roche calcaire Alluvions
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La vallée. Vallée : «Dépression allongée, plus ou moins évasée, creusée par un cours d’eau ou par un glacier.» Définition du dictionnaire Larousse
La vallée, comme les clairières, est un endroit ouvert, plus ou moins dégarnie d’arbres. Elle agit dans le territoire comme un couloir cultivé, séparé et lié aux plateaux par des coteaux. Cette entité paraît être moins encline à la pression forestière, du fait de la concentration des pratiques. La forêt y est représentée par les coteaux, les zones humides, les vergers et la sylviculture industrielle. On a pu voir que des séquences créent différents liens entre vallée-coteaux-plateaux. Ils se définissent selon le relief, mais aussi par les pratiques des habitants, donc ces facteurs sont changeant selon où l’on se situe. D’un point de vu général, la vallée sert de voie de communication. Elle accueille les axes majeurs, la D710 et la voie ferrée. Ce sont ces voies de circulations qui sont les plus empruntées, et c’est par elles que la majorité des visiteurs approchent le territoire. Ce sont donc elles qui fabriquent l’image du territoire que se font les passants. L’image d’une vallée encaissée et boisée, aux atmosphères différentes. C’est aussi dans la vallée que l’on retrouve les bourgs des villages. Ils se concentrent à proximité des cours d’eau,
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pour la plupart en contrebas d’une forteresse. On retrouve quelques habitations éparpillées, récentes, aux abords des villages et le long des routes, témoignant d’une dilatation du tissus «urbain». En terme de pratiques, l’agriculture y est prédominante. Elle se définie par des cultures variées (maïs, blé, soja, colza, noyer, peupleraie...), profitant de la présence de l’eau pour l’irrigation. Contrairement aux clairières, dans la plaine, les prairies y sont peu nombreuses. Elle semble être moins dédiée à l’élevage que les plateaux, mais plus à la polyculture. Et c’est ici que se trouvent les plus grandes parcelles. Cependant, elles ne dépassent jamais les 7 hectares, et encore, cette superficie est exceptionnelle. Dans la vallée, on retrouve les vestiges des activités qui rendaient, à une époque, le pays prospère. Il s’agit des industries. Ces proto-industries étaient nombreuses. Leurs ruines ponctuent le cours de la Lémance et de ses affluents. Elles forment des hameaux où d’anciens fours métallurgiques, des moulins battants, des moulines se dressent... Ils témoignent d’une époque où toutes les richesses du territoire étaient
alors exploitées par ses habitants. Le patrimoine rencontré en vallée est donc totalement différent de celui vu sur les plateaux. Ce contraste naît par les fonctions des constructions. En bas, elles étaient industrielles et plus haut (coteaux + plateaux) agricoles. Cette présence atteste d’une culture locale portée sur l’agriculture et l’industrie. Existait-il un lien entre ces deux activités ? Comment cohabitaient-elles ? Certaines industries se sont développées et modernisées. Les échelles des sites sont plus grandes et imposantes. Des carrières entaillent les coteaux et les cicatrices blanches qu’elles forment, sont extrêmement importantes. Malheureusement, aujourd’hui la crise industrielle touche aussi la vallée. Les industries ferment les unes après les autres. L’économie du pays est au ralenti.
La vallée vue de la route. Ces points de vue représentent l’image que se font les passants qui traversent le territoire.
L’agriculture qui côtoie l’industrie. Les deux activités se rencontrent et se touchent.
Des vestiges proto-industriels. Ces constructions sont les derniers restes d’une activité qui avait fait la renommée du territoire.
La vallée vue par l’industrie. Cette carrière est aujourd’hui fermée. Les usines à chaux se placent aux pieds des coteaux.
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Écluse. Elles sont extrêmement nombreuses le long des rivières.
Moulin du Pombié. L’industrie du papier était aussi très répandue.
Scierie ? Les outils de coupe sont nombreux. Était-ce pour préparer le bois à brûler ?
Proto-industries et paysage. On a pu voir que les associations végétales nous informaient sur la nature des sols, et qu’ils étaient variés. Nous savons que les sables sidérolithiques sont abondant en fer, il affleure sur les plateaux. Quant aux coteaux, ils sont encore exploités pour le calcaire. La présence de ces vestiges indique une exploitation ancienne de ces matières. La toponymie nous renseigne énormément sur la fonction que portaient ces ruines. Ainsi, on sait que le fer était exploité grâce aux noms «La Forge», «Lasfargues» ou «Mouline», «Moulinet» ou encore «Le Martinet» qui traduisent cette ancienne activité. Ces anciens ateliers constituent un patrimoine riche. Leurs fours et leurs moulins se situent tous à proximité de l’eau et ont un lien fort avec les rivières. Ils les ont dérivés, canalisés, afin d’exploiter la force hydraulique. Les fours fonctionnaient au bois. La transformation des minerais devaient consommer beaucoup de combustible. Ce peut-il donc que cette nécessité en bois soit à l’origine des vieux taillis présents en forêt ?
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L’étendue de la forêt peut-elle s’expliquer par l’industrie ? Il est clair que ces petits ateliers, tout comme l’agriculture, ont façonné le paysage. Leurs traces sont visibles dans l’ensemble du territoire, sans distinctions.
Bief. Ils accumulaient l’eau afin de créer une chute lors de l’ouverture des écluses.
Ruines d’As Cambou. Situés à Sauveterre, les chaufours ont été recouverts par la végétation. À l’arrière, on voit sa carrière.
Maison de maître. Les maisons de maîtres se situent toujours à proximité des ateliers.
La gestion de l’eau. Les cours d’eau étaient très maîtrisés
Excavations. Ces trous sont présents dans les boisements de plateaux. Ils sont très fréquents. Ils signalent l’ancienne extraction du fer ou de sable.
Haut fourneau. Ils étaient dédiés à la fabrication de la fonte.
Trou d’écoulement. La fonte fondue sortait par ce trou.
Front de taille
Front de taille
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Moitié-moitié, jamais en entier. Ces points de vue lointains font du bien. Mais ils ne vont jamais très loin.
Vallée enclavée vs sylviculture.
Vallée ou plateau ?. La sylviculture en plaine obstrue la vue et resserre l’espace.
La sylviculture est aussi présente en vallée. Selon les séquences, elle prend des proportions plus ou moins importantes et son impact est différent où elle se situe. Cependant la vallée de la Lémance et de ses affluents sont très encaissés et étroites. Les ripisylves fractionnent l’espace, de même que les quelques haies bocagères. Les coteaux surplombent le tout, formant un paysage linéaire. La sylviculture, en plantant des arbres, fabrique un volume végétal qui restreint la perception de l’espace. De ce fait dans certaines situations, les vallées, tout comme les clairières d’ailleurs, qui sont des refuges pour la respiration et la prise de lumière, se voient retirer ce rôle. Elles perdent leur lisibilité. Elles deviennent forestières comme la majorité de la surface du territoire, et perdent leur fonction de couloirs lumineux, ouverts sur l’espace. La vallée devient une continuité de la masse forestière des plateaux.
L’importance de la sylviculture en plaine.
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Près de Sauveterre, toute la séquence «Coeur de la vallée» se retrouve couverte par les arbres.
Couloir de visibilité
Friche
Sylviculture
Route
Verger
Ancienne forge
Cours d’eau et sa ripisylve
Cultures
Cultures
Peupleraie
Ancien moulin Maison
Affleurement rocheux
Coteau boisé
Ancienne carrière
Prairie sèche
En bref, la vallée...
Bloc d’une vallée type.
Industrie, agriculture et sylviculture se côtoient.
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En plus des séquences et des cortèges floristiques, qui sont des facteurs naturels, s’ajoute maintenant le facteur humain. Tout ces éléments imbriqués fabriquent le paysage de la vallée de la Lémance. Les trois entités, vallée-clairière-forêt, fabriquent l’identité du territoire. Elles sont l’expression d’un mode d’anthropisation qui est spécifique à ce territoire. On a pu voir qu’elles étaient liées, et qu’elles fonctionnent ensembles. Parcourir ce «pays», c’est passer de clairières (dans le sens «endroit dégarni d’arbres dans une forêt») en clairières, dans une ambiance mêlant agricultures, forêts et industries. Mais les limites entre deux entités, agriculture et forêt, s’estompent et sont de moins en moins lisibles. La forêt gagne du terrain sur l’agriculture, traduisant une déprise agricole. Car l’avancée de la forêt est une conséquence de la fragilisation agricole. Ces deux unités sont des indicateurs d’un état paysager, qui traduisent aujourd’hui un abandon. Et il transforme le paysage à grande vitesse. En témoigne les photos prises à 4 ans d’écart.
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Vue sur la vallée de la Poulétie.
Point de vue pris depuis la clairière de Tandou, sur les hauteurs de Cuzorn. L’élevage retient la mer forestière qui se trouve au second plan.
Ce premier regard a permis de s’immerger dans le paysage du pays de la Lémance. On a pu voir que sous cet aspect homogène que nous renvoient les vues globales, une véritable richesse de situations se révèle en parcourant le territoire. Qu’elles soient d’origine naturelle ou humaine, elles participent à la construction de ce paysage. Cette lecture du paysage a mis en avant des pratiques qui ont évolué, dans le temps, se sont adaptées et ont transformé le paysage. Leurs traces, parfois anciennes, sont toujours présentes. De ce fait le paysage actuel est un héritage, et nous en sommes aujourd’hui les acteurs. Cependant des dynamiques menacent l’identité paysagère du territoire. L’équilibre entre espace ouvert et espace boisé tend à disparaître. Le système de clairières, qui fait la singularité du pays, se referme. La déprise agricole en est la cause. Le système agro-sylvo-pastoral s’éteint, et les espaces pratiqués diminuent.
On a pu voir que, en plus de l’enfrichement spontané, quelques pratiques accélèrent la dynamique du regain forestier, par la sylviculture en clairière ou en vallée. Cette pratique est-elle liée à la déprise agricole ? L’idée de transformation du paysage dans le temps met en avant une autre notion qui est à réfléchir. Celle de l’accoutumance. Les habitants sont-ils conscients que les clairières se réduisent et tendent à disparaître? Où est-ce que l’accoutumance a changé leurs perceptions du paysage ? En bref, il est temps d’agir ! Les espaces lumineux et ouverts deviennent rares...
Cette dynamique de déprise n’est pas nouvelle. Le paysage démontre qu’elle est présente depuis longtemps. Ce phénomène exprime-t-il un détachement de la population par rapport à son territoire ?
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Par ce regard en arrière, l’objectif est de comprendre les pratiques anciennes qui ont construit le paysage actuel. Il faut donc identifier les activités qui ont construit le paysage, pour mieux se saisir des phénomènes qui expliquent le basculement et le déclin de certaines pratiques. L’histoire du territoire et de ses habitants est une source d’informations riches qui illustrent l’évolution du paysage dans le temps ainsi que l’évolution de la relation entre la population locale, son environnement et ses ressources. Ce travail de recherche est basé sur des archives écrites, qui restent tout de même peu nombreuses, des témoignages d’anciens, et des photos anciennes. La plus grande source d’information émane du travail de l’association Val-Lémance, qui regroupe toutes les connaissances historiques et qui milite pour la sauvegarde du patrimoine de la vallée. C’est de cette manière que l’on peut découvrir trois grandes étapes dans l’évolution des paysages, influencé en partie par le contexte industriel et surtout agricole.
2.1 > Les paysages du système agro-sylvo-pastoral en lien avec l’industrie.
Synthèse du Contexte historique
2 - LES ÉVOLUTIONS PAYSAGÈRES HISTORIQUES.
Durant le premier regard, on a constaté que le paysage forestier porte les traces d’exploitations anciennes, et qu’aujourd’hui, une dynamique d’enfrichement menace les clairières. Le paysage d’aujourd’hui est étroitement lié à l’histoire et à l’utilisation des ressources du territoire. Les besoins des hommes ont transformé les forêts, modifié les reliefs, les cours d’eau, le tout fabriquant le paysage actuel.
La présence de bois et de minerais ajoutés à la bonne qualité de l’eau et à son débit constant, ont permis l’installation d’industries dans la vallée. On le sait, on le voit encore, le cours de la Lémance et de ses affluents sont ponctués par les vestiges d’une industrie ancienne, datant d’avant le XIXème siècle. L’industrie métallurgique, la plus ancienne et la plus répandue, était un des piliers fondamental qui a grandement influencé les pratiques sur le territoire et donc ses paysages. Avec elle, l’agriculture était définie par un système agro-sylvo-pastoral où toutes les ressources naturelles étaient exploitées, pour pallier à la pauvreté des terres. L’histoire des habitants, nous apprend que toutes les activités étaient liées. Agriculture et industrie fonctionnaient ensemble, l’une servant l’autre. Les habitants portaient, jusqu’au XXème, différentes casquettes : celle d’agriculteur, d’éleveur, de forestier et d’ouvrier. Cette polyvalence des habitants était ancrée dans la culture locale. C’est cette histoire qui a construit le territoire. Et le paysage y était tout autre.
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Agro-sylvo-pastoralisme : Une forêt à usage cultural. Aujourd’hui encore, les domaines agricoles sont composés de terres cultivables, mais aussi de terres forestières. Ce fait est à la base de la grande étendue du foncier privé sur ce territoire, mais est aussi un indice d’une ancienne complémentarité entres elles. Avant le XIXème, le système agricole exploitait l’ensemble des terres. Car les sols étant pauvres, les paysans nécessitaient de toute la surface disponible. De cette manière, l’agriculture développait un lien très fort avec la forêt. Elle était un gros atout pour les paysans. Les rôles de la forêt étaient variés. Elle fournissait de l’humus pour enrichir les parcelles cultivées, des prairies sousbois pour les bêtes (libérant ainsi les terres en clairières), des fruits pour les hommes comme pour les animaux (notamment les glands et les châtaignes), du fourrage grâce aux jeunes branches, des champignons... Elle était indispensable aux hommes, en complétant leur régime alimentaire, mais aussi par son rôle agraire. Elle était alors bien plus qu’une
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source de bois de chauffage. Tout ce qu’elle pouvait offrir était exploité. Avec ces pratiques, les essences feuillues à fruits étaient favorisées et les pins, pourtant indigènes et spontanés, se voyaient rejetés de la forêt. Elle montrait alors un autre visage. Les bois étaient investis par les habitants. L’élevage et les cultures maintenaient une relation forte avec elle. Ils se reposaient sur elle. Elle prenait souvent l’allure d’un verger, et plus précisemment de châtaigneraie. La châtaigne était la base alimentaire des habitants. Pierre Deffontaines mentionne des châtaigneraies labourées et cultivées, donc un système agroforestier. D’autres habitants y entretenaient des pâtures, et les bêtes y étaient conduites pour consommer herbes comme fruits, ce qui révèle un système sylvopastoral. L’abondance de châtaignes et de glands dans les pâtures des sous-bois engraissaient le bétail qui résistait mieux aux longs hivers. Au printemps, c’était les jeunes feuilles des chênes qui étaient recherchées. Toutes ces informations nous indiquent que les paysans étaient les gestionnaires de la forêt. Aucunes distinctions n’étaient faites entre elle et la clairière, bien au contraire. Clairières comme forêts étaient
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agricoles. On peut alors imaginer un paysage tout autre. Les sous-bois étaient ouverts et lumineux, cultivés ou pâturés, seulement des arbres feuillus. De même pour les clairières qui étaient beaucoup plus grandes et plantées de vergers, châtaigneraies où le paysan venait labourer et cultiver, des truffières et noyeraies. Les parcelles étaient plus petites, et les petites constructions nombreuses. Tout le paysage était travaillé par l’agriculture qui était extrêmement développée et variée par ces pratiques.
Le lien entre agricultures et industries. Pour fonctionner, les industries avaient besoin de main d’œuvre, mais aussi de combustibles. Et ces besoins trouvaient une réponse locale. Les habitants n’étaient pas «seulement» agriculteurs, éleveurs. Ils se définissaient aussi comme ouvriers, miniers, forestiers et charbonniers. C’est de cette manière qu’un lien fort liait ces deux activités. L’agriculteur paysan fournissaient tout
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5 Les traces de cette époque. Elles sont multiples. Elles sont bâties pour la plupart, mais ont aussi marqué la forêt et l’eau.
le nécessaire aux ateliers. Matière première, combustible, et main d’œuvre. Les sols contenaient du minerai de fer, et il suffisait de se baisser pour ramasser le fer. Encore aujourd’hui, on trouve du minerai à même le sol. Ainsi le travail du sol apporté par l’agriculture remontait sans cesse le minerai à la surface qui était ramassé et vendu aux forges. La forêt aussi contenait ce minerai en petites poches. Le paysan minier creusait alors pour le sortir, ce qui se traduit aujourd’hui par ces gros trous dans le paysage forestier des plateaux. En hiver, le paysan forestier fournissait le bois brut, les stères, et le paysan charbonnier, le charbon en quintaux. Les besoins en bois étaient tels, que le bois du territoire ne suffisait pas. On peut alors sans risque dire que cette forêt était surexploitée. C’est le besoin en combustible des fourneaux qui est à l’origine de la formation du taillis sur le territoire et entraînant la disparition des futaies en dehors des vergers. Ainsi, l’agriculteur-éleveur devenait forestier, charbonnier, mineur, fondeur selon les saisons. Tous ces métiers avait comme lien la forêt. Elle était l’élément central. De ce fait le système agricole et
industriel nourrissait un rapport fort. L’agriculture fournissait tout à l’industrie, et l’industrie achetait tout ce que le paysan lui apportait. C’était un commerce qui permettait aux habitants de vivre sur ces terres pauvres. C’est dans ce contexte que commençait la formation du paysage actuel de la Lémance.
Si on s’intéresse à la carte d’état major de 1866, on voit que la grande majorité des habitations et fermes, ainsi que les terres cultivées se trouvent sur les plateaux. Les prairies pâturées se concentrent dans les vallée sur les terres les plus humides (ce qui est l’inverse aujourd’hui). On remarque aussi que les clairières étaient beaucoup plus étendues et les boisements moins importants comparé au paysage actuel. Des clairières ont totalement disparues (on y reviendra plus en détail). On note aussi que bon nombre des bâtis de vallée sont des industries, qui profitent de la force motrice des cours d’eau.
1. Mine de fer. Ces trous sont l’expression du travail de recherche de minerai. Une poche s’y trouvait.
2. Aménagements de l’eau. Ils prennent diverses formes. Les sources étaient mises en valeur de diverses formes. Les plus importantes sont ceux réalisés sur les rivières (canaux, biefs, écluses...).
3. Ruines de bergerie. Ces ruines sont nombreuses. Elles témoignent de la position d’anciennes fermes disparues. Elles étaient donc plus nombreuses et variées, avec des bâtis dédiés à l’élevage.
4. Gariottes et terrasses. Les versants étaient cultivés et les habitants les ont aménagés. Parfois les murs atteignent les 3 mètres. Les gariottes servaient d’abris aux paysans ou pour leurs outils. On raconte aussi que pour lutter contre les sangliers, ils veillaient les terres la nuit. Toutes ces constructions sont aujourd’hui sous les bois.
5. Fours et moulins. Ils ponctuent les cours d’eau. Les quelques fours restant sont en ruine. Les moulins quant à eux sont nombreux à avoir été réhabilités en habitations.
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N
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Chaufour
Forges et hauts fourneaux
Papeterie
Moulin à farine
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Inconnu
On peut y lire le paysage d’antan. Les industries sont placées d’après la toponymie et les recherches de l’association Val Lémance.
Carte de l’état-major, 1866.
L’héritage paysager de cette époque. Il se définit par des paysages et des pratiques encore existantes dans la vallée.
6. Les jeunes taillis.
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Ce paysage était très répandu par l’intensité des coupes. Peut-être que le bétail y pâturait, faisant la sélection des pousses.
7. Les taillis. Suite logique de la pousse. Les arbres sont en cépées. À noter que les cépées ne devaient pas atteindre la maturité de ceux de la photo.
8. Les arbres fruitiers. Ils sont au bord des chemins et des routes, au milieu des clairières. Ils ponctuent le paysage et offrent de l’ombre.
9. Les vergers.
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Ils complétaient les récoltes, et représentaient une ressource importante pour les habitants. Ils étaient aussi pâturés ou cultivés.
10. Les clairières. Elles représentent les espaces cultivés, où toute l’activité agricole se concentrait grâce à sa proximité avec les boisements.
11. L’élevage. Ovin, bovin et cochon étaient répandus.
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12. Les prairies. Elles sont à destination des animaux. Contrairement à aujourd’hui, elles se situaient en vallée, sur les terres humides.
Si on compare le paysage des photographies à ce que l’on peut lire sur la carte, on remarque qu’aujourd’hui les positions de ces éléments ne concorde pas avec ceux du passé. Il y a eu une reconfiguration du territoire.
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Produit
Légumes
Fumier
Revient à, et Enrichit
Revient à
Céréales
Produit
Paille
Clairière
Définit par
Champs
Fourrages
Revient à et Enrichit
Produit
Prairie
Humus et Litière Vergers Produit
Châtaignes
Fourrages (Feuillages)
Bois de chauffe
Une partie pour
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Apporte
Fumier
Gestion des prairies
Possède
Bétail
Et produit
Gestion et Enrichit
Revient à
Exploitation agricole Définit par
Possède
Châtaignes Produit
Vergers
Produit
Forêt
Produit
Prairies sous couvert
Minerai de fer
Fourrages (Feuillages)
Bois Transformé en Schémas «agro-systémique». Le but de ce schéma est de synthétiser toutes les informations afin de mieux comprendre les interrelations qui existaient à cette époque entre pratiques et paysage. On voit ici que l’agriculture était au centre du système.
Stère
Charbon bois
Vendu à Une partie vendue à
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Proto-industries
Bloc paysager du XIXème siècle
Le paysage y était très ouvert et exploité. Les cultures se positionnaient sur les plateaux, autour des fermes, et les pâtures étaient dans les bois et dans la vallée. Forêt très exploitée et tenue
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Cultures (blé, seigle, froment, pomme de terre...)
Ferme exploitante
Taillis coupé et pâturé
Cultures en terrasses
Pâtures
Lémance
Forge / mouline
Canal
Forge / mouline
Voie ferrée Agen-Périgueux
Vignes cultivées (joualle)
Chênaie pâturée
Verger cultivé (joualle)
Produit agricole Produit à destination industrielle Type d’espace Apport agronomique Domaine d’activité
Mise en situation des usages d’une ferme. Toutes les composantes paysagères ont un rôle défini et «utile». Tout est exploité par les paysans à des fins de productions agricoles ou industrielles.
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Le surnom de «bouffe-rouille» et de «castagnayres» en disent long sur les pratiques des habitants de cette époque. Le système agricole exploitait toutes les ressources végétales disponibles. Tout était utilisé à des fins agricoles et alimentaires. L’association traditionnelle de la forêt et de l’agriculture a permis l’approvisionnement en combustible des industries locales. Elle a été une très grosse consommatrice de bois brut ce qui a conduit à une forte exploitation de la forêt. Le système agricole est à l’origine de l’importance de la forêt, et l’industrie de son exploitation intensive. Les deux réunies vont l’épuiser, et commence alors une période de grande crise. Mais cette agriculture est aussi à l’origine de la formation des clairières, qui sont en réalité les représentantes de ce système agro-sylvo-pastoral.
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Interrelation Symbiose Complémentarité Agro-sylvo-pastoralisme Industrie Polyvalence Forêt agricole / Forêt combustible
2.2 > Les paysages de la déprise. Le XXème siècle.
Le XXème siècle signe un grand bouleversement pour le territoire. Une crise forestière suivie d’un déclin industriel entraînent la disparition successive des ateliers. Ces phénomènes engendrent une importante crise qui va transformer le mode de vie des habitants et leurs pratiques du territoire. La disparition et la modernisation progressive des industries mettent fin à l’activité bois et charbonnière des paysans. Les pratiques agricoles subissent aussi d’importantes transformations. L’apparition des engrais chimiques et l’exode rural sonnent le coup d’arrêt du rôle cultural de la forêt dans l’agriculture. Elles deviennent indépendantes l’une de l’autre. Tout le système est remis en cause et les liens entre entités disparaissent. Chaque activité se spécialise et les habitants avec. De nouvelles pratiques émergent, d’autres disparaissent. Le paysage amorce une transformation considérable.
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1
Une crise totale : la fin des interrelations paysagères. L’agriculteur récoltait l’humus pour enrichir ses champs. Les fruits des arbres étaient mangés par les hommes comme par les animaux. Le forestier et le charbonnier avaient fait disparaître les fûtaies, donc les porte-graines, empêchant le renouvellement des individus. Et surtout, la forêt était coupée sur des temps très courts. Tout ces facteurs ont amené à un même point. Les sols étaient devenus extrêmement pauvres, et les cépées commencèrent à mourir; épuisées. Et pour bien marquer le coup, des maladies cryptogamiques achevèrent le travail. Le bois n’avait plus de valeur, et rien ne poussait plus. Le forestier et le charbonnier ne pouvaient plus travailler, fragilisant les forges. Par la suite, la métallurgie de la vallée connut une récession. La révolution industrielle en Angleterre mit à mal l’artisanat local. La concurrence devenant trop importante, les petites forges fermèrent leurs portes. À Fumel, en 1847 sont construits deux hauts fourneaux à coke. Le bois perdit son rôle de combustible et commença une crise forestière terrible. La population se
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2
détacha alors peu à peu des taillis qui étaient devenus sans aucune valeur et ils ne répondront plus qu’à des besoins domestiques anecdotiques. Le bois, pilier fondamental du territoire s’effondrait. Les forestiers cherchèrent alors une nouvelle ressource. À cette même époque, la région landaise montrait à la France la richesse que représentait le pin maritime. Ici, il était négligé et arraché depuis tout temps, pour favoriser les feuillus et le système agro-sylvo-pastoral. Mais l’opportunité qu’il offrait, gemmage et bois d’œuvre, décida les habitants à le laisser pousser. Ainsi, le pin fit sa grande apparition dans le paysage, donnant naissance aux forêts mixtes actuelles. Certains habitants plantèrent de véritables pinèdes, et le paysage se transforma par la forêt. Toutefois, le gemmage se pratique en été. Les forestiers ne pouvant plus travailler les champs, une partie se spécialisèrent à ces métiers du pins. Le scieur et le gemmeur apparaissent. Ces nouvelles pratiques de la forêt entraînèrent leurs indépendances vis à vis du système agricole. L’agriculture allait aussi connaître de grands changements. Et ils com-
mencèrent par l’apparition des engrais chimiques. Ils rendaient inutile la récolte de l’humus forestier. Par la spécialisation des forestiers et l’exode rural, de nombreuses terres furent transformées en prairies. Le bétail sortit des taillis. L’exode rural entraîna par la même occasion, une chute considérable du nombre d’agriculteurs. Les terres les plus pauvres furent abandonnées, ainsi que celles difficiles d’accès (terrasses, coteaux rocheux...). Cette dynamique s’intensifiera avec l’arrivée de la mécanique. La forêt entrait dans une dynamique d’extension, et des sites agricoles remarquables commencèrent à s’effacer sous les bois. Tous ces phénomènes ont mené à la fin du système agro-sylvo-pastoral. L’agriculture perdit l’usage de la forêt. Les agriculteurs se spécialisèrent à leur tour. La polyvalence des habitants disparaissait peu à peu. Ces dynamiques ont provoqué une mutation du mode de vie des habitants. Une bonne partie de la forêt est transformée par l’arrivée du pin et par les pratiques qui y sont liées. Mais l’autre partie, définie par les taillis de feuillus malades, est délaissée.
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5 Photos d’époques : Avant la grande transformation.
Un regain industriel : Le début de l’ère ouvrière. Dans la vallée, les chaufours remplacèrent lentement les forges. Les villages de Saint-Front et de Sauveterre possédant des sous-sols riches en pierre à chaux, elles devinrent la nouvelle activité des petites entreprises. Et ce secteur se révéla être plus stable que la petite métallurgie. Les carrières virent alors le jour, marquant fortement le paysage. C’est par l’arrivée de cette nouvelle activité, début 1900, que la coupe des taillis reprit, mais cette fois de façon plus rationnelle. Les paysans charbonniers retrouvèrent ainsi leur travail d’hiver en approvisionnant les quelques chaufours. Au cours des années, des industries se développèrent énormément, transformant les habitants en ouvriers à plein temps. Ils quittaient alors les champs pour l’usine (Par exemple, l’usine de Fumel, à son apogée, employait 3000 personnes), pendant que d’autres partaient pour les villes, vidant plus encore l’effectif agricole. D’innombrables terres furent encore abandonnées les laissant en proie à la forêt, qui les reprit.
La modernisation des usines et les nouvelles technologies mirent fin à l’utilisation du charbon de bois comme combustible. Les charbonniers ont disparu pour de bon. Les agriculteurs étant de moins en moins nombreux, ils sélectionnèrent les meilleures terres afin de les cultiver. Les exploitations devenaient alors plus grandes et plus importantes, avec un nombre de prairies élevé.
Elles nous permettent de se rendre compte du changement qu’a subit le paysage. (source : Archives départementales 47, Mairies, Habitants)
1. Sauveterre vue du château. Année n.c On remarque en arrière-plan les carrières. Le paysage dévoile de grandes clairières sur les collines.
2. Blanquefort. Année n.c Les boisements paraissent dessiner des ponctuations dans le paysage. Un signe d’enfrichement récent ?
3. Vue aérienne de Cuzorn. Année n.c Le paysage y est ouvert. Les clairières se lisent aisément dans le paysage.
4. Vue aérienne de l’église de Cuzorn. A. n.c L’arrière plan nous démontre une forte présence du pin maritime dans le paysage, par les tâches sombres.
5. Charbonniers, Lacapelle-Biron. Année n.c Un rare témoignage de cette pratique.
6. Usine à chaux du Martinet. Année n.c La forêt prend une grande place dans le paysage.
7. Vue vers Sauveterre Haut. Année 1913 On y voit encore le versant cultivé en terrasses.
8. Sauveterre. Année n.c Derrière le village, des carrières.
9. Saint-Front. Année 1925 Le coteau en arrière plan semble porter des traces de cultures.
10. Saint-Front, vue sur la vallée. Année n.c La vallée et les coteaux sont très peu arborés. Le paysage paraît très exploité.
11. Blanquefort. Année n.c À gauche, le haut-fourneau éteint. La forêt est extrêmement morcelée.
12. Cuzorn. Année n.c Des terrasses sont visibles sur le versant en face. Le p.89 regard porte loin.
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Vue aérienne, 1950. Il s’agit des premières photographies aériennes assemblées. On remarque la petite taille des parcelles, en bande. Le paysage est au commencement de sa métamorphose.
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Carrière
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Produit
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Légumes
Fumier
Apporte
Bétail Possède
Revient à Gestion et Enrichit
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Exploitation agricole Possède
Produit
Paille
Champs Définit par
Clairière
Produit
Prairie
Fourrages
Produit
Châtaignes
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Produit
Vergers
Schémas «agro-systémique». Les pratiques forestières se détachent de la tutelle agricole, pour constituer une activité à part entière. Elle associe avec elle le paysage de pinède. L’agriculture, quant à elle, sort des bois et se concentre en clairière et en vallée, réduisant son impact paysager.
Et produit
Indépendance Gestion des prairies
Fumier
Revient à
Possède
Exploitation forestière Revient à
Taillis
Définit par
Forêt
Proto-industries Produit...
Bois de chauffe
Bois d’œuvre
Produit
Charbon bois
Revient à
Produit
Produit temporairement
Pinède
Gemmage
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Bloc paysager de la 1ère moitié du XXème siècle
Les versants commencent à être délaissés au profit de la vallée, où les cultures s’installent. L’agriculture se désintéresse peu à peu des forêts et vergers. Les pinèdes se répandent.
p.94 Taillis
Cultures (blé, seigle, froment, pomme de terre...)
Ferme exploitante
Verger
Pinède
Friches
Cultures
Pâtures
Lémance
Canal Chaufour et usine
Carrière exploitée Forge / mouline à l’arrêt
Friches
Voie ferrée Agen-Périgueux
Nouvelle route
Chênaie
Verger cultivé (joualle)
Lien coupé rapidement.
Produit agricole Produit autres Type d’espace Apport agronomique Domaine d’activité
Mise en situation des usages La sélection des meilleures terres entraîne l’enfrichement des plus pauvres. Chaque activité crée son paysage par ses pratiques et besoins.
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Après avoir été très liés à la forêt, les habitants s’éloignent d’elle. Leurs pratiques se sont métamorphosées ou ont simplement disparu. Tout le système où elle était le pilier fondamental s’est écroulé. Les contextes successifs de l’époque (surexploitation, déclin puis regain industriel, exode rural, révolution agricole...) en sont la cause. La nouvelle pratique du bois, le gemmage, fait la richesse des forestiers. Les pins se multiplient dans le paysage. La disparition des charbonniers a pour conséquence l’abandon des taillis. Ils ne valent plus rien et sont laissés à eux même. Le système agricole s’est aussi dissocié de la forêt, et est devenu agro-pastoral. Il se concentre désormais sur les meilleures terres, c’est à dire une partie des clairières et la vallée. Par le développement des industries, les habitants deviennent ouvriers. Ils se déconnectent alors de plus en plus du travail de la terre, et du bois. Ils (la terre et le bois) ne deviennent plus que des substitus économiques. Ce détachement total de la population envers son territoire, va avoir pour conséquence une transformation paysagère considérable. La forêt s’étend librement. Les clairières se réduisent grandement.
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Surexploitation Crise Rupture Exode rural Déprise Réorientation Industrielle Spécialisation Agro-pastoralisme Forestiers Ouvrier Gemmage Modernisation Renouveau Enfrichement «Évolution» sociale
2.3 > Aujourd’hui, des paysages spécialisés.
Les paysages actuels sont la suite logique de la déprise agricole et de l’évolution des méthodes culturales, ainsi que de la progressive disparition des forestiers, au cours du siècle dernier. La spécialisation des ouvriers a conduit à une déconnexion entre la population et son territoire. Les habitants ont abandonné leurs terres en s’adaptant aux nouveaux modes de vie de la société actuelle. En plus de 50 ans, les conséquences sur le paysage ont été considérables. La forêt s’est étendue de manière exponentielle, et elle recouvre aujourd’hui presque 70% de la superficie de certaines communes. Les agriculteurs se font de moins en moins nombreux sur le territoire, mais travaillent un plus grand nombre de terres. Les gemmeurs ont aussi disparu avec le temps, abandonnant à leur tour les bois. On ne trouve plus que 3 scieries sur tout le territoire de la Lémance, dont 2 au nord, sur la partie Dordogne. Leurs effets sur le paysage est moindre. La forêt est abandonnée à elle même et meurt. Mais une autre pratique a vu le jour, changeant encore une fois son rôle. Les industries qui ont permis le développement économique de la vallée s’essoufflent. La plupart ont fermé leurs portes durant ces cinq dernières années. Le territoire est à bout de souffle.
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A
Aujourd’hui, on peut lire des paysages spécialisés. Chaque activité a son paysage associé qui est localisé selon son aire d’influence définie. Ces pratiques ne nourrissent pas forcément de liens entre elles. La sylviculture, les forestiers, sont indépendants. Ils exploitent quelques parcelles forestières revalorisant de ce fait les boisements en place. Ils sont aussi à l’origine de quelques plantations en monoculture de pins essentiellement. Ces acteurs se définissent par les 3 scieries présentes dans la vallée. Ils recherchent du bois d’œuvre relativement peu présent, comparés aux taillis qu’ils exploitent également. Cette pratique se concentre sur les plateaux, et les futaies de pins, les pinèdes, représentent le bois d’œuvre le plus répandu. On les trouve surtout sur les terres les plus acides, où le pin est de meilleur qualité. L’industrie est aussi totalement indépendante. Elle exploite elle-même ses ressources, où elle les fait venir d’ailleurs. Le lien qui pouvait exister auparavant entre elle et la forêt est révolu. Les industriels sont obligés d’importer le bois, ou la sciure (l’usine à chaux du Martinet fonctionne grâce à ce combustible) faute de fournisseurs sur
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le territoire de la vallée. L’impact paysager des carrières est énorme. Elles sont localisées sur les communes de Saint-Front, Sauveterre et Blanquefort, sur les coteaux, donc extrêmement visibles. Cet impact a mené à une rupture entre les habitants et les industriels. Les premiers reprochant aux seconds les détonations, les poussières et l’impact sur le cadre de vie... L’agriculture est aussi belle et bien indépendante et seule. La population semble ne plus se préoccuper de son déclin et des transformations paysagères qui en résultent. Est-ce un effet d’accoutumance due à plus de 60 ans de transformation paysagère et de déclin de cette activité ? Ou est-ce dû à la transformation du mode de vie des habitants, qui aujourd’hui les déconnecte d’une réalité territoriale ? Ou peut-être sont-ils inconscients des dynamiques ? Les hypothèses peuvent être nombreuses mais nous démontrent que l’agriculture s’est isolée de son contexte sociale. Les agriculteurs sont aujourd’hui, comme hier, les principaux gestionnaires du paysage et leur rôle est fondamental. Ce sont eux qui permettent le maintien de cette identité paysagère, que représentent les clairières cultivées. Mais ils sont de moins en
B
moins. Par son activité, l’agriculture est la seule a recouvrir l’ensemble du territoire dans sa globalité. En étageant les usages, elle crée un lien entre plateau et vallée. Ainsi, comme nous l’avons vu dans le premier regard, et contrairement à ce qui se pratiquait dans le passé, les prairies de fauches sont les principales composantes des clairières. En revanche l’élevage extensif se fait de plus en plus rare, la stabulation devenant majoritaire. Les termes agro-pastoral ne sont alors plus adaptés au système agricole actuel. Je préfère parler de polyculture-élevage.
Elle pénalise non-seulement l’agriculture, en convertissant de bonnes terres, mais aussi les habitants, en influençant à long terme leur cadre de vie.
Les paysages de gestion agricole :
A
Paysage de clairière agricole. Entre pâturage et cultures. Des haies se forment et divisent les espaces.
B
Paysage de vallée agricole. Des haies en bordures se développent. Elles fragmenteront bientôt l’espace.
Les habitants sont eux aussi indépendants. Indépendants du territoire, de sa gestion et de ses enjeux. Et nous avons vu pourquoi. Cependant quelques propriétaires de parcelles forestières ont vite pris conscience de l’atout économique que pouvait être la forêt. Des parcelles forestières mais aussi en vallée et en clairières sont plantées en monoculture d’arbres, intensifiant les dynamiques généralisées de fermeture du paysage. Cette pratique qui a pris de l’ampleur ces 5 dernières années, a des conséquences rapides sur le paysage.
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3 Vue aérienne, 2015. Le paysage boisé s’est considérablement étendu sur l’ensemble du territoire, réduisant et morcelant la surface des clairières agricoles.
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Les paysages pastoraux. Les prairies de fauche, les pâtures. Très présents en plateaux.
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Les paysages cultivés. Les champs. Majoritaires en vallée.
Paysage Agricole
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Les paysages plantés. En vallée, en forêt, en clairière.
Les paysages défrichés.
Paysage Forestier
Sur les plateaux.
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Les paysages de carrières . Sur les coteaux et plateaux.
Paysage Industriel Les paysages spécialisés. Ils sont définis par la pratique dominante. Les aires de répartitions diffèrent selon les p.101 activités, ainsi que les échelles et les impacts.
Les boisements se sont très largement étendus. L’étagement agricole s’est inversé et les parcelles ont été agrandies par le remembrement. Les pratiques des habitants tendent vers la plantation d’arbres. Le paysage se ferme à grande vitesse.
Bloc paysager d’aujourd’hui.
p.102 Maïs irrigué
Coupe forestière
Pâtures
Ferme polyculture-élevage
Prairie de fauche
Forêt délaissée
Maïs
Peupleraie
Lémance
Céréales
Canal
Friche industrielle
Carrière abandonnée Vestiges d’une forge / mouline
Friche industrielle
Étalement urbain
Sylviculture
Voie ferrée Agen-Périgueux
D 710
Chênaie
Sylviculture
Comparer les différentes périodes clés du territoire, nous démontre à quel point les pratiques des habitants sont constituantes du paysage. Usages, pratiques et paysages sont liés. Les différentes époques nous illustrent bien que les dynamiques actuelles tendent vers la fermeture des clairières. De même, on voit facilement où les industries se sont développées. Elles marquent le paysage par leurs échelles et leurs impacts, qui contrastent dans le paysage à dominance verte. Le parcellaire agricole s’est énormément transformé après le remembrement. Les petites parcelles fines et linéaires ont été regroupées afin d’être adaptées à la mécanisation et aux techniques contemporaines, s’agrandissant alors. Mais elles restent tout de même de petite taille pour l’agriculture actuelle. Le système agricole agroforestier a lui aussi disparu. Les arbres fruitiers ont été enlevés des parcelles cultivées, voire même du paysage. Aussi, les cultures ont peu à peu disparu des plateaux. Les besoins en eau des cultures et la nécessité de rendements influençant grandement à ce déplacement vers la vallée.
Cependant, de nos jours, une atmosphère de déprise transforme rapidement le paysage. Et les effets sont déjà visibles. Parcelles agricoles enfrichées, boisements abandonnés, sites industriels fermés... Tout ces éléments prennent de plus en plus de place dans le paysage transformant alors l’ambiance générale du territoire.
Spécialisé (paysage et habitant) Indépendance Déprise agricole Déprise industrielle Fermeture du paysage Abandon Plantations d’arbres Polyculture-élevage
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On vient de voir que la spécialisation des activités a causé la répartition de celles-ci sur le territoire. Elles fonctionnent toutes de manière indépendante créant différents paysages qui se côtoient. Elles ne sont plus unies dans un système d’interrelations, où la forêt est utilisée à leurs avantages et à des fins de productions. Elles se sont déconnectées
des enjeux paysagers territoriaux.
Dans un cas contraire, les habitants propriétaires se retrouveraient impliqués dans le processus de production industrielle. Ce qui les pousseraient alors, et cela pour des intérêts économiques, à se (re) mobiliser pour une gestion et une exploitation de la forêt, comme dans le passé.
Mais est-ce encore possible ?
Pour comprendre comment fonctionne aujourd’hui l’agriculture, il faut aller à la rencontre de celle-ci. C’est seulement en dialoguant avec les agriculteurs que je pourrais alors savoir quels liens ils entretiennent avec les paysages.
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La forêt aujourd’hui.
Elle dépérit, et tombe peu à peu. Les bois morts sont nombreux au sol.
Le rapport entre habitants et forêts a évolué dans le temps. La forêt a longtemps été la richesse principale de ce territoire et était largement exploitée. Elle répondait à des besoins agricoles et industriels. Mais la surexploitation bouleversa l’intégralité du système en place. Les innovations agricoles et l’exode rural, initié par le premier déclin industriel, sont la cause de l’accroissement de la superficie forestière. Le regain et l’innovation industrielle puis la révolution agricole sont les causes du détachement des habitants à l’égard de la forêt. Le territoire est alors passé d’une forêt surexploitée, où une gestion agricole est portée sur l’ensemble du territoire, à une forêt délaissée, sous exploitée, où une gestion agricole est portée seulement sur les grandes parcelles, faciles d’accès, fertiles. Le XXème siècle voit les pratiques habitantes disparaître, entraînant une transformation considérable du paysage, et où désormais les activités se spécialisent. Les paysans-forestiers-charbonniers-miniers-ouvriers disparaissent et les interrelations entre l’agriculture, l’industrie et la forêt avec. Les dynamiques initiées à cette période persistent aujourd’hui. Elles continuent à
transformer le paysage. La forêt atteint le seuil des 50% de recouvrement du territoire fumélois, et ce chiffre va encore augmenter dans les années à venir. La déprise agricole continue et le nombre d’agriculteurs présents sur le territoire est à son minimum. Les élus actuels prennent ce problème très au sérieux et montrent leurs inquiétudes. Les enjeux paysagers sont importants. Seule l’exploitation forestière renaît et non sans difficultés grâce à un projet territorial porté par les élus.
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Cependant les coupes ne font que la gestion des individus, mais elles ne permettent pas l’arrêt de l’accroissement forestier ou sa stabilisation. Au contraire, elle peut même accélérer son avancée, avec les nouvelles plantations que l’on rencontre un peu partout. Car la disparition des agriculteurs laisse de nombreuses parcelles agricoles sans aucune gestion, et dans ces conditions, les propriétaires les revalorisent par le bois pour s’assurer des revenus.
3.1 > Le lien retrouvé entre habitant et forêt ?
Contexte actuel et enjeux paysagers.
3 - CONTEXTE ET ENJEUX ACTUELS : QUEL AVENIR PAYSAGER ?
De récentes politiques publiques poussent les propriétaires à exploiter leurs parcelles forestières. Ce fait témoigne de la volonté politique d’instaurer une gestion forestière, afin de mieux pouvoir la contrôler, mais surtout de permettre une revalorisation économique de cette ressource qui paraît être illimitée ici. Avec le contexte mondial actuel, la forêt peut répondre aux problématiques que sont les énergies renouvelables. Les bois se reconstituent.
De nos jours, le profil des propriétaires forestiers a bien changé. Autrefois il s’agissait de paysans locaux, aujourd’hui ce sont leurs héritiers, et/ou les héritiers des héritiers. Certaines de ces personnes n’habitent plus forcément sur le territoire, ou ont perdu le lien affectif qui les reliaient avec ces parcelles, les délaissant alors. D’autres se sont peut-être juste démobilisées face à l’absence de débouchés. À vrai dire, cela reste difficile à dire, et particulier à chaque cas. En revanche, la politique forestière instaurée ces dernières années semble porter ses fruits. Un bon nombre de parcelles forestières ont été défrichées depuis son application, et on redécouvre un paysage qui avait presque disparu : celui d’une forêt exploitée. Grâce à cette mobilisation politique, la situation a évoluée, démontrant que des solutions sont possibles. Une plateforme bois énergie a été inaugurée afin de permettre le transformation du bois de coupe. Le paysage semble reprendre vie petit à petit.
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Fumel Énergie Durable. C’est en 2011 que Fumel Communauté (communauté de commune) en association avec deux exploitants forestiers créent une Société d’Économie Mixte (SEM), nommée Fumel Énergie Durable. Elle a comme objectif la remobilisation des propriétaires, afin de les inciter à exploiter leurs parcelles pour approvisionner la plateforme collective. Une convention a été signé avec la Chambre d’Agriculture pour permettre le recensement des propriétaires forestiers susceptibles de participer à la revitalisation de l’activité, et d’élaborer des diagnostics individuels afin de les informer sur les aides qu’ils peuvent avoir. Le but de la démarche est la revalorisation du potentiel forestier non utilisable par les industries (taillis), en bois énergie (plaquettes bois et sciures), à destination des chaufferies collectives ou de serres agricoles proches. Il s’agissait donc de trouver un débouché solide et local, rendant rentable l’exploitation des taillis. Suite au lancement de la plateforme, certains propriétaires se sont regroupés dans le but de mettre en place des surfaces suffisamment importantes pour être exploitées. C’est donc à la suite de cette engagement politique que le paysage forestier a commencé à reprendre vie. La forêt exploitée réapparaît, rappelant l’origine de sa présence. Elle est renouvelée et est à nouveau placée au centre de l’attention. Par cette démarche, la commu-
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nauté de communes a cherché à relancer une économie durable sur le territoire, en se basant sur une ressource locale et renouvelable. Aujourd’hui le bois représente un grand enjeux économique pour la vallée, notamment suite à la fermeture de plusieurs industries.
Le problème parcellaire. Sur le territoire de la communauté de communes, on recense quelques 3063 propriétaires de parcelles forestières, dont plus de la moitié font moins d’un hectare. Ces petites parcelles causent un fort morcellement et compliquent une large exploitation du manteau arboré. Un travail de regroupement est nécessaire en amont, et cela nécessite du temps. Les parcelles ne sont coupées si et seulement si un certain nombre d’hectares sont rassemblés. L’accès aux boisements est de même un problème, pour cause le relief, mais aussi le manque de structures et de chemins forestiers. Cependant cette exploitation permet le renouveau de chemins disparus et présents sur le cadastre, ou bien la création de nouveaux. Afin de se rendre compte de l’impact de cette politique, j’ai décidé de me balader sur un circuit que je connais bien depuis mon enfance. Le but de cette exercice était de noter toutes les parcelles qui ont été défrichées ou plantées et d’essayer de dater les coupes. Et elles sont pour la majorité très récentes.
Parcours découverte Grands arbres fruitiers Plantations monocultures Coupe datant de - 1 an Coupe datant de + 1 an Coupe datant de + 3 ans Coupe datant de + 5 ans Parcelles entretenues manuellement : Gestion des propriétaires ?
Coupes forestières autour de Cuzorn Par cette expérience, on constate que les parcelles défrichées paraissent s’être multipliées durant l’année passée.
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La plateforme Fumel Énergie Durable. Elle se trouve sur la commune de Blanquefortla-Briolance. C’est ici que le bois est broyé.
Les effets de la politique forestière. On redécouvre un paysage exploité qui se renouvelle dans le temps.
La volonté politique de relancer l’exploitation forestière, comme source économique pour le territoire, fonctionne. Elle intègre les habitants dans le projet comme acteurs du renouveau. La déprise industrielle qui touche toujours aujourd’hui la vallée fait de la ressource bois un avenir prometteur. En revanche, aucune initiative n’a vu le jour pour soutenir l’agriculture, ou pour l’intégrer dans un tel projet de territoire. On vient de voir que les élus ont le pouvoir de changer les choses avec la mise en place de politiques territoriales en faveur d’un projet. Et si on y intégrait les agriculteurs ? En imaginant un projet qui valoriserait leur travail afin de faire prendre conscience de leur importance sur le territoire.
Ce peut être le rôle du paysagiste.
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3.2 > Continuité du déclin agricole, continuité de l’extension forestière.
Il est maintenant clair que les clairières sont en danger face à la forêt. Cet enjeu révèle l’actuelle faiblesse de l’agriculture face à la dynamique forestière, et les deux sont intimement liés. Le déclin agricole permanent depuis plus de 50 ans arrive à un stade critique. Des communes se retrouvent dans une situation les laissant impuissantes face à l’ampleur du phénomène. Comme par exemple la commune de Blanquefort-sur-Briolance, désormais recouverte à 70% de sa surface. Le faible nombre d’agriculteurs en est en grande partie responsable. Et si la situation venait à s’empirer, ce taux augmenterait encore automatiquement. Car de nouvelles friches sont visibles et elles évoluent rapidement. Les élus commencent à montrer leurs inquiétudes face à ce phénomène, et la question du devenir du paysage est posée. Cette mobilisation démontre qu’il est temps d’essayer de trouver des solutions afin d’agir !
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La vallée se referme aussi. Les effets de la déprise se ressentent aussi en vallée, par les plantations d’arbres ou les friches.
L’élevage indispensable au maintien des clairières. Le nombre d’agriculteurs baisse encore. L’agriculture paysanne s’est adaptée aux besoins du marché européen, la forçant à se décontextualiser peu à peu des problématiques du territoire local. Elle y est obligée afin de rester compétitive. C’est une nécessité pour être économiquement viable et pour exister. La disparition de l’élevage en faveur de la céréaliculture est en soi une conséquence directe. L’élevage extensif se fait de plus en plus rare, et désormais les bêtes restent en stabulation. Ce sont les terres non cultivées, pâtures et prairies, qui sont en première ligne pour le regain forestier. Ce sont donc les clairières qui sont les plus menacées. Une autre dynamique est en lien avec le recul agricole. Il s’agit de la reconversion des terres en sylviculture : est-ce l’attrait de la politique forestière ? On sait que ces parcelles sont plantées par faute de revalorisation. Mais est-ce la seule solution ? Car si cette pratique s’amplifie, la perte des clairières sera accélérée et fulgurante. Ce qui est très problématique. Cependant l’agriculture actuelle, qui s’attache encore à son identité pastorale,
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a remplacé les pâturages extensifs par des prairies de fauches, pour la création de fourrages à destination des bêtes. C’est cette pratique qui aujourd’hui empêche la progression forestière et permet la sauvegarde du paysage de clairière. De ce fait, l’élevage est garant de l’identité paysagère du territoire. Il en est le gardien, et cela tant qu’il sera pratiqué sur l’ensemble du territoire. Mais à la vue de ce qui se passe, combien de temps encore cette agriculture va t-elle tenir ? Et si elle venait à disparaître?
Plus de clairières, plus de patrimoine. La reprise forestière engloutit les sites patrimoniaux. Elle cache ce qui se trouve dessous, mais elle le détruit également. La fermeture totale du paysage est la conséquence de la disparition du système agricole culturel et identitaire du pays, représenté par les clairières. Elles sont un patrimoine qu’il faut mettre en valeur et protéger. Car ce sont elles qui permettent par la même occasion, la découverte d’un autre patrimoine qui lui est bâti. Ce sont elles qui le mettent en valeur, par les terres agricoles qui les en-
tourent. Ce sont elles qui permettent l’appréciation générale du territoire, grâce aux points de vues qu’elles offrent. Ce sont elles qui permettent la grande qualité du cadre de vie. Ce sont elles qui permettent d’apprécier les forêts. Et enfin, ce sont elles qui témoignent d’une présence humaine séculaire sur le territoire.
Maïs irrigué
Coupe forestière
Prairie de fauche
Friche
Ferme céréalière
Prairie de fauche
Forêt délaissée
Friche
Maïs
Peupleraie
Lémance
Canal
Céréales
Friche industrielle
Vestiges d’une forge / mouline
Friche industrielle
Sylviculture
Voie ferrée Agen-Périgueux
D 710
Chênaie
Sylviculture
Bloc paysager d’un futur proche. Les plantations se multiplient et réduisent encore les clairières. Les carrières se végétalisent peu à peu. Les prairies et les pâtures disparaissent au profit des céréales. L’étendue de la forêt dépasse les 80% de surface du territoire (Actuellement, à partir de Cuzorn vers le nord, ce chiffre est déjà proche des 70%).
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Un projet territorial, prenant pour base le paysage, pourrait répondre à ces problématiques. Ce pourrait être un projet mêlant l’habitant, l’agriculteur et le forestier, remettant à jour l’interrelation perdue dans le passé. Ainsi, elle pourra prétendre participer à une gestion double: celle des clairières, et des forêts. Comment rattacher l’agricul
ture à la forêt ?
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Haie en formaton = fragmantation de la clairière
Il est urgent de soutenir l’agriculture locale et de trouver des solutions concrètes, pour permettre son maintien, voire son développement. Il faut une agriculture adaptée, gestionnaire du paysage et actrice dans la dynamique territoriale. Qu’elle soit en accord avec la culture locale, et appropriée à son contexte pour pouvoir répondre aux enjeux paysagers du territoire. Il faut imaginer un projet qui mettrait l’agriculture sur le devant de la scène, qui la revaloriserait dans le paysage, afin de faire comprendre aux habitants son importance pour le territoire. Rappeler qu’elle est indispensable. Mais il faut aussi qu’elle soit attractive afin de pouvoir convaincre les agriculteurs actuels de changer leurs pratiques.
Clairière en stade d’enfrichement.
Ici, on peut voir un contraste entre des parcelles recevant une gestion et celles n’en recevant plus. La présence d’ajonc indique que cela fait plus d’une année qu’elle est délaissée.
La détermination des élus a permis à un retour vers la ressource bois, et donc à la reprise généralisée de l’exploitation forestière jusque là mise de côté et réservé aux 3 scieries du territoire. Cette politique a réussi à unir une diversité d’acteurs pour une même cause. Et le lien entre les habitants et la forêt renaît peu à peu. Le paysage de forêt exploitée renaît peu à peu. Mais comme on l’a vu, l’agriculture a été malheureusement placée à l’écart, malgré son déclin. Ce fait laissant en danger le paysage de clairière, identitaire à ce pays. Car sans agriculture, la gestion du paysage à grande échelle disparaît et le paysage se transformera rapidement.
et leurs pratiques. C’est seulement de cette façon que, selon moi, on pourra prétendre amener des réponses cohérentes et adaptées à la particularité de ce territoire. Il s’agit d’aller à la rencontre des habitants afin d’échanger avec eux, pour s’imprégner de manière plus précise des attentes, et d’échanger sur les problématiques paysagères.
La solution se trouve peut-être dans l’intégration de l’agriculture dans un programme qui l’associerait à l’exploitation forestière afin de recréer un lien entre les pratiques. Cette entente la revaloriserait, et permettrait ainsi de la placer au centre des préoccupations. Il s’agit alors de requestionner la place de l’agriculture, de faire prendre conscience de son rôle, d’informer les habitants et de la faire redécouvrir. Mais il s’agit surtout de travailler avec les agriculteurs afin de comprendre leurs difficultés, leurs besoins
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Conclusion : La lecture du paysage et de son histoire ont permis de mieux comprendre sa formation et les causes de ses dynamiques actuelles. Les enjeux paysagers du territoire convergent tous vers un même phénomène. Celui de la déprise agricole. Elle entraîne des dynamiques fortes d’enfrichements ou de plantations, qui transforment le paysage de manière importante. Elles ne sont pas nouvelles, et sont apparues durant le siècle dernier, mais aujourd’hui la sonnette d’alarme est lancée. Les clairières et la vallées sont en danger de «fermeture», et le paysage agricole est le principal affecté, car c’est lui qui gardait les espaces «ouverts». C’est ce paysage qu’il faut préserver, et pour cela il faut comprendre pourquoi et comment il disparaît. Il est primordial de comprendre quelles sont les causes qui poussent les agriculteurs à arrêter leur activité. Il faut comprendre comment fonctionnent les systèmes agricoles actuels pour pouvoir prétendre l’influencer et agir. Pour cela, il faut aller à la rencontre des agriculteurs pour s’imprégner soi-même des problématiques, par le témoignage des acteurs du territoire.
Car il faut bien l’avouer : même en étant habitant du territoire, et vivant dans un bourg, je n’ai que très peu d’informations et de lien avec l’activité agricole. Et après une petite enquête, il se révèle que mes voisins de la bourgade ne savent pas ou très peu quelles sont les pratiques des agriculteurs. Ce qui encore une fois, conforte l’idée du détachement total de la population par rapport au territoire, moi le premier...
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PArtie - -
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L’ÉCHANGE
POUR UN PROJET DE PAYSAGE COMMUN.
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Introduction : Ici, je vais me concentrer sur l’humain, sur l’habitant/exploitant. Je me place en tant que paysagiste médiateur, qui va à la rencontre de la population locale, des élus,des techniciens (...) afin de coconstruire une base de connaissance avec eux, et de cette façon co-construire le projet. L’objectif est de mettre en évidence ce travail d’échange qui a abouti au dessin du projet. Mais aussi de révéler le rapport que les gens ont avec le territoire, par le récit de vécus et d’expériences de vie. De cette façon, je cherche à joindre la réalité territoriale décrite dans la partie précédente, à la réalité humaine et sociale, dont le paysage est la traduction visible. Car les pratiques sont révélatrices des usages, qui définissent le rapport que possède la personne avec le lieu, et cela crée un paysage. Cette méthode de travail nous amène à dépasser notre rôle de paysagiste «concepteur» et à aller vers les gens pour mieux comprendre le territoire et ce qui le compose. Par cette démarche, c’est bien la compréhension d’une réalité sociale qui est recherchée. Cette approche permettra de s’inspirer des réalités habitantes (pratiques,
usages, lien affectif, histoire...) qui orienteront le projet, et d’aller plus loin dans la réflexion. Par l’échange, je recherche aussi l’implication des habitants et des acteurs, dans le but d’initier un mouvement de prise de conscience, et ainsi tenter de changer les choses. Mais par la même occasion, je cherche à former un réseau d’acteurs, à m’entourer.
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Échange.
« Interaction sociale entre au moins deux opérateurs, caractérisée par un transfert d’objets, matériels ou idéels, d’un opérateur à l’autre, dans les deux sens, transfert fondé sur un principe quelconque d’équivalence entre ce qui est donné et ce qui est reçu »
Levy J. et Lussault M., Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Berlin, 2013, p. 307
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Mise en place de la démarche
1 - DU GLOBAL AU LOCAL : Se rapprocher pour rencontrer.
Schéma de principe du jeu d’échelle. Passer du global au local, et du local au global. L’imbrication des petites échelles fabrique cette globalité.
La disparition totale des agriculteurs aurait sur ce territoire des conséquences qui le transformeraient irrémédiablement. Un projet territorial de paysage intégrant l’agriculture dans une politique de gestion, peut être une solution à son maintien. Aller à la rencontre des agriculteurs, c’est se plonger dans un «morceau» de territoire, une dimension réduite, celle de l’exploitation, qui se définit par l’aire d’influence de l’acteur rencontré. Des allers-retours dans les échelles sont alors nécessaires, pour recontextualiser les informations.
blème» mais elle est aussi la solution aux problématiques paysagères. Le projet agricole doit permettre sa revalorisation et sa redynamisation afin de la rendre attractive, mais aussi de la rendre totalement actrice de la gestion paysagère. Mais avant cela, il faut arriver à se saisir de ses besoins, de son fonctionnement pour prétendre essayer d’y répondre.
Le paysage peut être un prétexte pour repenser le rôle de chacun afin de proposer un projet qui redéfinirait un modèle agricole plus dynamique et en harmonie avec son territoire. Des leviers d’actions existent grâce aux politiques publiques pour y prétendre. Car l’agriculture est le «pro-
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1.1 > Du territoire global au local : l’appel de Cuzorn.
Si on compare le nombre d’agriculteurs par commune, Cuzorn est celle où l’on en compte le plus grand nombre. Alors qu’on en dénombre deux voire trois dans certains villages, celui-ci en recense huit. De plus, cette commune s’étend sur trois séquences paysagères. Le bourg du village et son verrou constitue «La porte du Périgord». Au nord, on retrouve la séquence des «Terrasses agricoles», et enfin au sud du village, la «vallée molassique» s’ouvre. Ces trois unités constituent une diversité de situations, aux contextes variés qui vont enrichir la réflexion. Ces paramètres m’ont décidé à débuter mon travail dans ce village. Afin de me saisir des enjeux et des problèmes rencontrés par les agriculteurs locaux, passer de l’échelle territoriale à l’échelle communale me paraissait pertinent. Ce changement de dimension facilitera le travail de compréhension des pratiques et usages sur le territoire. Cuzorn se présente alors comme le moyen de les identifier et les spatialiser dans un espace plus défini et limité. La commune se caractérise alors comme un territoire laboratoire, permettant de rencontrer ses agriculteurs qui ont su perdurer dans le temps et comprendre plus spécifiquement les dynamiques agricoles.
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En travaillant ici, je souhaite m’imprégner des expériences et des témoignages d’acteurs variés, afin d’imaginer un projet adapté et bénéfique à l’ensemble des agriculteurs du territoire. Un projet de paysage pour la sauvegarde de la dynamique agricole, un projet qui s’appuie sur des exploitants à toutes épreuves. À partir d’ici, on quitte la dimension globale du projet pour passer à l’échelle locale. Cuzorn peut être l’épicentre d’une expérimentation de projet, qui influencera l’ensemble du pays, passant alors du local, vers un degré territorial. Il s’agit de cibler pour mieux impacter.
Limites communales
Les Terrasses agricoles
La Porte du Périgord
La vallée Molassique
Les séquences cuzornaises. Cuzorn et ses trois séquences paysagères. Le bourg lui-même correspondent à une unité. 0
1 Km
N
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1.2 > L’échange comme outil de projet.
Par la rencontre, je provoque un dialogue. Ce dialogue se présente comme l’opportunité d’échanger des opinions, une expérience, un vécu ou encore des idées. Elle représente une ressource sociale. Dans le contexte de ce projet, il est primordial, de comprendre les difficultés des agriculteurs pour pouvoir prétendre trouver une solution. Cette méthode de travail permet de s’immerger dans la réalité sociale et de se l’approprier. L’objectif est de comprendre le rôle de chacun, les pratiques, les usages, et les questionner. Des pistes peuvent-être trouvées et réutilisées afin d’imaginer un projet inspiré par des expériences humaines, répondant à une problématique territoriale. La démarche consiste donc à rencontrer, analyser, et projeter. L’échange avec les acteurs est propre à la personne, et met en avant la singularité et la personnalité de l’individu en face. Le dialogue sera différent avec chaque interlocuteur. Il apportera donc une diversité d’approches et d’informations. Ce sont ces témoignages, et ces réalités qui orienteront le projet. De plus, la relation qui se crée entre le paysagiste et l’habitant permet de
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revenir, de discuter, de proposer des idées et de rebondir selon les réponses pour approfondir la réflexion. Plus les rencontres sont variées, plus grande est la richesse des situations et plus forte sera la pertinence du projet. C’est un merveilleux outil qui peut prendre diverses formes. En abordant des personnes différentes, on se crée un réseau autour de soi, où les compétences se croisent et se complètent. Et cela devient encore plus intéressant lorsqu’ils sont réunis dans un même but.
Les rencontres peuvent prendre diverses formes, de l’interview à la discussion devant un café, au téléphone, par mail, lors d’une balade... Peu importe la manière. L’important est d’avoir des réponses et d’aller les chercher chez les gens qui fabriquent le territoire, le travaillent, l’habitent.
Mise en situation de la démarche. Les échanges comme je les ai imaginés. In situ, et dynamiques. Des acteurs enchantés de discuter de leurs quotidiens.
* Traduisez le par «D’accord !! Je comprends !»
*
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Chambre d’agriculture SMAVLot (Syndicat rivière)... Communauté de Communes Associations
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Le dialogue est une démarche participative. Rencontrer différents acteurs (élus, habitants, techniciens, paysans...), c’est collecter des regards différents, «spécialisés» et ainsi aspirer à une richesse dans l’approche du projet. Selon les personnes, les échelles abordées sont différentes. Par exemple avec un élu cuzornais, le dialogue porte sur l’échelle communale. En revanche avec un paysan, l’échelle devient plus fine et prend une dimension plus personnelle, celle de l’exploitation. Au gré des individus, une hiérarchie se dessine dans les échelles, et permet ainsi de traiter des problématiques spatiales différentes.
Maire Élu communal Paysan Habitant
Mise en relation : instaurer un dialogue entre acteurs Schéma des emboîtements d’échelles et d’acteurs. Selon la personne que l’on décide de rencontrer une aire «d’influence» lui est dédiée. Chaque échelle se superpose et s’emboîte. L’exploitation est le seul élément qui peut être à cheval entre deux entités, les terres d’une ferme pouvant se trouver sur deux communes ou plus.
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Outils : Photographies Croquis - Cartographie Enregistrements audio Blocs Diagrammes
Imaginer Étudier Se renseigner Dialoguer SE décider
Outils : Photographies Croquis - Cartographie Blocs Diagrammes
Découvrir Dialoguer Écouter Analyser Questionner Comprendre
S’immerger identifier problématiser
Expérimentation et projection
Session de terrain
Est-ce possible ?, Les détails juridiques, Les recherches de financements, Les outils, La labellisation, Les détails, Les points positifs et négatifs. Travail avec les services de l’État
Tables rondes, faisabilité
Découverte des exploitations, Balades commentées, Interrogation sur le thème de l’agriculture et sa relation au bois, dialogue avec les paysans... Fonctionnement des exploitations forestières et agricoles, Comprendre les débouchés. Rencontres des forestiers.
Entretiens
Immersion paysagère, identification des dynamiques et des enjeux. Compréhension du système paysager actuel, et de la relation entre agriculture et forêt.
Lecture paysagère
21 juin
31 mars
Novembre
24 Mai
15 février
Balades groupées - tables rondes
Questionner Confronter Dialoguer Écouter Débattre Faire rencontrer
Méthodologie de projet fondée sur la rencontre et l’échange. Le projet se veut être construit avec et pour les habitants du territoire. Ils représentent la base du projet.
Méthodologie et projection dans le temps.
Expériences ? Mise en pratique ? Quelle est la conclusion du projet ?
Rédaction du mémoire Dessin du projet
Confrontation des regards de chaque acteur sur le territoire, Débats sur des thèmes donnés, Travail sur le thème de l’agriculture, de la forêt, du terroir, du local (...), Projection de documentaires ? Participation dans une ébauche de projet, dessins ?
Outils : Photographies Enregistrements audio Blocs diagrammes Croquis - Cartographie
Outils : Photographies Blocs diagrammes Croquis Cartographie Échantillons
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Application de la démarche
2 - À LA RENCONTRE DES AGRICULTEURS.
Rencontrer les agriculteurs permet d’échanger. C’est un grand pas vers la compréhension des problématiques agricoles locales. S’immerger dans les fermes laisse entrevoir comment sont travaillés les espaces. On découvre les relations que tissent l’agriculteur avec son exploitation, et comment est vécu le paysage comme cadre de vie, mais aussi comme cadre de travail. Par le dialogue sont révélés des intentions, des difficultés, des attentes, des besoins... De cette manière, je cherche à m’imprégner d’expériences et de vécus pour donner une légitimité au projet. Grâce à l’échange, je cherche à comprendre comment les pratiques agricoles influencent le paysage, et quels effets elles produisent.
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Si l’on regarde l’occupation du sol cuzornais, elle est très représentative des dynamiques présentes sur l’ensemble du territoire. On remarque facilement que la plaine alluviale et ses terrasses concentrent les cultures céréalières, alors que les plateaux sont destinés aux pâtures et prairies, exceptions faites aux clairières ayant une retenue collinaire. Par cette simple constatation, la possibilité d’irrigation, explique cette distinction existante entre plateau et vallée. Cela dit, on connaît tous la richesse des terres alluvionnaires et la pauvreté des terres de boulbènes.
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Cette différenciation des usages provoque une différenciation paysagère entre les terres basses et les terres hautes : ce système agricole de pâturages en hauteur et de cultures en vallée rappelle celui que l’on rencontre en montagne. C’est pour cela que le bétail n’est visible que sur les plateaux, car les terres disponibles en plaine alluviale reçoivent un grand intérêt de la part des paysans et leurs cultures.
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Paysage cultivé, paysage fauché.
La composition des séquences paysagères jouent un rôle sur les usages des terres. On remarque que la séquence formant le verrou, et contenant le bourg de Cuzorn, ne reçoit aucune terre céréalière, faute de place. En revanche, on en retrouve quelques unes sur les hauteurs des plateaux, qui sont irriguées.
3
Chaque usage crée des ambiances spécifiques
2.1 > Le contexte agricole cuzornais.
1
4
La vallée Molassique
On y voit le couloir céréalier que forme la vallée, mais aussi comment le verrou renverse la tendance.
Carte de l’occupation du sol.
1 La Porte du Périgord
Les terrasses agricoles
Limites de séquences Limites communales Forêt mixte
Forêt monospécifique / Sylviculture
Prairies permanentes + temporaires Céréales
4 Labours
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0 100
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N
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Les exploitations se concentrent en vallée sur la rive gauche de la Lémance.
Les fermes dans la commune.
1 2
Positions des fermes. L’implantation de la ferme est déterminante pour le paysage qui lui est associé. Les facteurs naturels définissent le relief, le type de sol et le type de végétation alentour. Mais, les pratiques et les usages des agriculteurs sont aussi lisibles dans le paysage. Le facteur humain est donc aussi un déterminant du paysage de l’exploitation. Cependant ces deux facteurs sont intimement liés, mais le facteur naturel est plus important. Car c’est lui qui détermine les usages agricoles, même si l’agriculture actuelle permet plus ou moins de s’en détacher. Ces faits sont à l’origine de l’étagement des usages agricoles. Les terres les plus riches se trouvent proches de l’eau, offrant de surcroît la possibilité d’irrigation. Ce sont donc des terres céréalières. Les plateaux, quant à eux, révèlent des sols acides très hétérogènes et secs. Ils sont donc destinés aux prairies, comme une majorité des coteaux calcaires.
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4
5
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7 8 0
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N
1: Ferme de Rouby.
5 : Ferme de Lascarcelle.
2 : Ferme de Laborde.
6 : Ferme de Tesquet.
3 : Ferme de Péméja.
7 : Ferme du Pombié.
4 : Verger de Roudigou.
8 : Ferme de Séjournet.
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7
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Cuzorn
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2 5
4
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3 3
Ici (hors champs), dans une clairière ayant une retenue d’eau. Le noyau autour de la ferme est cultivé, et en périphérie se trouvent des prairies.
Position des fermes dans le paysage cuzornais. Elles sont plus nombreuses en plaine, où les parcelles sont plus grandes, plus fertiles et irriguées.
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N
Sur le bloc, on distingue facilement le contraste existant entre les plateaux et la vallée. Celle-ci fonctionne comme un large couloir cultivé et entrecoupé par le verrou du bourg de Cuzorn, tandis que les plateaux fonctionnent comme un système d’îles au milieu d’une «mer» forestière. Les clairières forment des archipels. Ce phénomène éclate les parcelles et les morcèles. Quant aux coteaux, c’est la pente qui définit s’ils sont cultivés ou non. On lit un contraste fort entre la vallée principale et les vallons des affluents qui sont très resserrés, sinueux et boisés, où les cultures sont relativement peu présentes. On remarque que la majorité des exploitations se situent en vallée, aux abords de la plaine alluviale, formant ce paysage de couloir cultivé. Sur les hauteurs de Cuzorn, là où la vallée se referme pour former le verrou, les fermes sont remontées sur les plateaux. Elles forment des clairières cultivées et entrecoupées par des boisements, où les micro-reliefs contraignent les espaces. Les paysages agricoles diffèrent de manière importante selon l’implantation.
Dans les pages suivantes, le paysage de chaque exploitation y est montré. On y voit comment la pratique agricole influe sur l’aspect du paysage, sur de grands espaces. Ce fait, traduit le rôle important des paysans en tant que créateurs et gestionnaires du paysage.
Parcellaire en plaine. De grandes parcelles forment un couloir délimité par le relief, la forêt. Les routes, la voie ferrée et la Lémance découpent les parcelles
Parcellaire en plateau. De petites parcelles regroupées en îlots et délimitées par la forêt qui les entoure. Elles sont entrecoupées par de petites routes et chemins. Des bâtisses les ponctuent.
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1: Ferme de Rouby.
2 : Ferme de Laborde.
3 : Ferme de Péméja.
4 : Verger de Roudigou.
5 : Ferme de Lescarcelles.
6 : Ferme de Tesquet.
7 : Ferme du Pombié.
8 : Ferme de Séjournet. p.138
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La polyculture-élevage est l’activité principale.
Activités des exploitations.
Activités des fermes. Céréales
Élevage bovin / ovin
Forestier
Maraîchage
Verger châtaignes
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Les exploitations agricoles actuelles reflètent la culture paysanne locale et historique, avec des activités tournées vers la polyculture-élevage et le verger. Cette association (culture et élevage) est à l’origine de ces paysages de céréaliculture surplombés de prairies. Malgré l’importance des éleveurs, les pâturages extensifs sont rares. Les bêtes sont en stabulation et paraissent le rester. Le paysage d’élevage n’est pas représenté par la présence des bêtes dans le paysage, mais par l’importance des prairies qui le
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composent. Aussi, il est à noter que les châtaigneraies n’ont pas disparu des exploitations. Elles sont toujours présentes sur le territoire. Et il semblerait même qu’elles soient en expansion.
Verger prunes
Seules trois agricultures sur huit ont la certitude d’être actifs dans les 10 ans à venir.
Devenir des exploitations
États des fermes. Actives pour les 10 ans à venir
Proches de la retraite
Sont en grande difficulté
Relève potentielle
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Cuzorn compte aujourd’hui huit agriculteurs actifs. Mais trois d’entre eux sont proches de la retraite, et deux autres ne sont pas économiquement viable. Si par malheur, ces cinq exploitations mettaient la clef sous la porte, le village se trouverait alors dans une situation tragique où la gestion du paysage deviendrait très problématique. Il est donc urgent de trouver une solution pour promouvoir et soutenir cette agriculture paysanne caractéristique du territoire et de retisser un lien entre les habitants et le paysage.
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Certaines fermes semblent en phase d’expérimentations, et cherchent un second souffle. C’est peut-être la chance à saisir !
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L’approche auprès des paysans s’est faite en plusieurs temps : Tout d’abord, le premier contact a été établi par téléphone. Étant un enfant du pays, ce premier contact est toujours plus facile, la connaissance simplifiant largement la prise de rendez-vous. Ensuite lors des rencontres, la méthode de travail consistait à démarrer le dialogue par une simple question : «Pouvez-vous me parler de votre exploitation ?». Le but était de laisser l’agriculteur s’exprimer sans influence, afin d’ouvrir un maximum le sujet. De cette manière, la personne parle de ce qui l’intéresse de manière spontanée. L’enregistrement de l’entretien donne l’avantage de pouvoir le réécouter, pour ensuite
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pouvoir le décortiquer et revenir sur les informations les plus intéressantes. Durant le discours, l’organisation de l’exploitation, les pratiques, les usages, les visions de l’agriculture, les problèmes rencontrés, les colères, les souhaits (...) étaient dévoilés. Après, j’essayais d’orienter le dialogue, avec des questions improvisées, en lien avec les pratiques agricoles et le paysage et en restant attentif au discours de l’agriculteur. Pour terminer la rencontre, un second rendez-vous était pris. Pour cette fois-ci, une promenade commentée au sein de l’exploitation illustrera les propos de l’agriculteur. La balade commentée permet à l’agriculteur de démontrer par le paysage sa gestion de l’espace et de mieux comprendre la construction du paysage exploité. De cette manière se dessine une carte de la ferme où les espaces prennent des attributions en fonction du temps. Avec cette rencontre à la ferme, l’agriculteur explique ce qui constitue son cadre de vie et son travail ce qui met en avant l’affection qu’il porte au lieu et à son histoire. Ainsi, chaque élément trouve une explication et les enjeux sont rapidement lisibles. La compréhension agronomique, fonctionnelle et spatiale facilite la connaissance globale du territoire.
Ces schémas traduisent les usages et les pratiques dans l’espace et le temps.
Plans dessinés lors des balades.
1.2 > L’écoute et la balade commentée comme approche paysagiste.
L’approche par le dialogue est riche de récits d’expériences. Les usages, les pratiques, les attentes sont alors facilement délivrés. Par l’écoute, nous sont dévoilées avec facilité toutes les informations nécessaires pour la compréhension du site et son interprétation. Comprendre les habitudes des habitants est essentiel, car c’est pour eux que nous, paysagistes, faisons les projets. Par cette démarche, l’objectif est la découverte de pistes qui pourraient être un point de départ pour une réflexion de projet de paysage.
«Voilà en gros, une partie de l’exploitation est irrigable, et l’autre en côteaux est en sec, en prés séchant...» «Moi mon soucis c’est que j’ai un parcellaire très morcelé. Donc si il faut que je commence à faire traverser la route 2-3 fois par jour... Ça va être un peu plus compliqué...» «...C’est faire des rotations, beaucoup de rotations avec des cultures, restituer toute la matière organique, le plus possible, et utiliser le moins possible d’engrais...» «Moi j’ai vu dans les années 80, je me rappelle il y a un papi à Sauveterre, qui avait fait un peu de blé dans un canse de vignes, j’ai jamais vu ça ! Il avait mis que du fumier, et c’était pas grand, juste 20 ares, mais un blé comme j’ai jamais vu, le grain on aurait dit un grain de maïs !! Voilà autrefois c’était comme ça...» «Là en bas c’est des terres argileuses qui sont un peu argilo-calcaire, et tandis que nous les coteaux rouges ici, c’est des boulbènes acides un peu, et très hétérogènes avec beaucoup de mouillères...» «Oui, on a des vaches, un peu de céréales, un peu de bois, un peu de châtaignes... Voilà l’exploitation c’est ça quoi...» «...Bon c’est des trucs qu’on nous donne, on peut en avoir du foin parce que les gens maintenant, comme il y a des terres partout qui sont à l’abandon, les gens sont contents que tu les nettoies, même pour rien, bon le gars qui se débrouille, il peut avoir assez de foin...»
Témoignages de paysans. Le dialogue permet la collecte de récits sur la pratique agricole. Ce sont des témoignages de personnes impliquées dans le paysage.
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Une fois les deux rendez-vous faits, l’analyse de l’entretien et de la balade permet l’élaboration de schémas «agro-systémiques», qui permettent de synthétiser le fonctionnement technique, spatial, voire temporel de l’exploitation. De cette façon, des problématiques et des enjeux peuvent être mis en évidence, de même que des pistes de projet. Par cette démarche, le paysagiste s’imprègne de la réalité sociale et territoriale, qui aide à projeter la réflexion dans le réel et le concret. Sur les 8 exploitations cuzornaises, le dialogue a été créé avec seulement 6 d’entre elles. Il m’a permis de comprendre comment fonctionne l’agriculture locale, comment elle est pratiquée, vers quoi elle tend, mais aussi d’identifier ses difficultés et ses problèmes. Le travail de rencontre auprès des agriculteurs m’a permis la création d’un document qui recense toutes les informations obtenues sur chacune des exploitations de la commune de Cuzorn. Il s’agit du carnet «Regard agricole» rédigé à partir de ce qui m’a été transmis. Il explique les pratiques des agriculteurs, leurs buts, et leurs effets pour arriver à comprendre le fonctionnement du territoire et son aménagement. Par ce sa-
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voir, on éduque notre regard à identifier les pratiques dans les formes paysagères. C’est aller plus loin dans la lecture du paysage car désormais une cause est associée à chaque détail qui constitue le paysage. Ce carnet est composé de «fiches exploitations» qui analyse le fonctionnement de chacune des exploitations visitées. Elles mettent en évidence la richesse des approches agricoles, tout en tentant d’expliquer leurs effets sur le paysage.
Échanger avec les agriculteurs a permis de révéler des pistes de projet intéressantes. Le concept d’agriculture de conservation est revenu de nombreuses fois, et les agriculteurs semblent y porter un grand intérêt. En me renseignant à mon tour, des pistes de projet intéressantes ont été trouvées. Les exploitations cuzornaises correspondent aux 6 premières fiches.
Extrait de «Regard agricole». Exemple de fiches composant le carnet dédié aux fermes cuzornaises et leurs gérants.
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Piste de projet et démarche sociale
3 - VERS UNE AGRICULTURE DE CONSERVATION ? p.146
L’exemple de Cuzorn montre que ce sont de petites exploitations familiales qui composent le territoire. Ce sont des fermes qui se transmettent de génération en génération, ce qui crée un lien affectif très fort entre l’agriculteur, sa famille, son activité agricole et tout ce qu’elle comprend De même, j’ai pu constater qu’il existait une solidarité très forte entre tous les paysans de la commune et même au delà, que ce soit les limites communales comme départementales. Ils communiquent entre eux, s’entraident, se conseillent les uns aux autres. On a vu que le lien entre agriculteurs et forêt n’a pas disparu. Il a évolué. Il est devenu domestique (exclusivement pour le chauffage) mais aussi économique par la vente ou le travail du bois. Mais ces pratiques étant très localisées, elles n’ont pas le même impact sur le paysage. Et ce sont les parcelles abandonnées, majoritaires sur le territoire, qui construisent notre interprétation de la forêt délaissée. Une autre dynamique prend de l’ampleur. Il s’agit de celle des vergers, des châtaigneraies, vers lesquelles quelques agriculteurs s’orientent. L’arboriculture qui était très populaire dans le passé, se développe à nouveau. Cependant cette dynamique est à surveiller, car elle convertit des terres arables en terres forestières,
participant plus encore à la fermeture des clairières. On remarque que l’emplacement des fermes est très important. Il influence énormément les pratiques. Il détermine l’organisation dans l’agencement des fermes. Ainsi on constate que l’irrigation est un facteur fondamental qui détermine la position des cultures dans l’exploitation. L’eau privilégie les cultures, ce qui est facilement compréhensible quand on intègre le facteur climat et les longues périodes de sécheresses estivales. Les fermes étant presque toutes à proximité d’eau, les terres autour des bâtiments sont alors dédiées aux cultures, éloignant les prairies des stabulations et rendant problématique voire impossible dans certain cas le pâturage. C’est de cette façon que l’élevage extensif disparaît peu à peu de nos paysages, au profit de la stabulation et de la fauche mécanique. Mais la stabulation a l’avantage de créer le fumier pour amender les terres. On a appris que l’autonomie est une règle que tous les agriculteurs essaient de respecter. Ils sont auto-suffisants et ils tentent de se défaire des systèmes conventionnels auxquels beaucoup d’entre eux n’ont jamais adhérés. Cette petite agriculture peut facilement être qualifiée de paysanne. Elle
est bien plus qu’une simple activité, elle est un mode de vie. Cette agriculture est composée de personnes soucieuses du devenir du paysage qui s’impliquent au maximum à sa bonne gestion. Elles n’hésitent pas à aller au delà de leurs exploitations afin de pratiquer la fauche des prairies en friche. Des accords sont trouvés entre agriculteurs et propriétaires pour leur permettre de faucher les parcelles. L’agriculteur peut recevoir une petite somme, ou repartir avec le fourrage suivant sa qualité, mais parfois, le fauchage est réalisé sans aucune contrepartie pour le paysan. Ils préfèrent voir un «paysage entretenu plutôt que des parcelles en friches», les attristant sur la réalité d’un territoire en déprise. On a découvert que la majorité des agriculteurs expérimentent une agriculture «nouvelle». Il s’intéressent à l’agriculture dite de conservation des sols. Ils l’ont tous mentionné et plus ou moins expliqué son fonctionnement. Petit à petit, ils essaient et se construisent une expérience qui leur permet de corriger les erreurs d’année en année. Cette technique culturale a de nombreux avantages. Elle multiplie les productions, notamment fourragères, tout en régénérant les sols. Elle rend les terres plus productives et plus vivantes, et augmente la
qualité des récoltes mais aussi les rendements. Peut-être peut-elle rendre des terres pauvres plus attractives ? L’agriculture de conservation des sols, aussi appelée sous-couvert, représente un gros potentiel pour les exploitations agricoles. Mais comment fonctionne-t-elle vraiment ? Je vais maintenant vous présenter une ferme pilote pratiquant cette technique depuis une quinzaine d’années. Elle intègre dans ses cultures une matière inattendue. La curiosité actuelle des agriculteurs, et le contexte d’expérimentation constitue l’occasion d’insuffler des pratiques agricoles en lien avec la forêt, permettant sa redynamisation.
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La ferme de Stéphane Gatti, Le Pech à Laplume, Lot-et-Garonne.
En plus de l’agriculture de conservation, 28 ha ont été convertis en agrocforesterie.
Des alignements d’arbres.
La définition de l’agriculture de conservation selon Stéphane Gatti. Tout d’abord, il est important de souligner qu’il existe plusieurs types d’agricultures de conservation des sols. Mais toutes sont définies par l’arrêt du labour. Pour lui, cette agriculture se définit par une culture sous couvert végétal en semis direct, où les rotations sont longues avec des cycles de 5-6 ans. Car comme il me l’expliquait , avec une rotation de 2 cultures, avec la même culture qui revient tous les 2 ans, on peut arriver à avoir 225 adventices
Les matières organiques utilisées prennent diverses formes, passant de la paille au BRF et à la biofibre.
Par l’abandon du travail du sol, l’objectif est de limiter les perturbations de l’activité biologique, pour favoriser la porosité verticale naturelle du sol. La couverture du sol implique un maintien de résidus de cultures ou autre en surface, mais aussi l’implantation de couverts végétaux durant les intercultures. Ce couvert végétal a des fonctions multiples comme la structuration du sol grâce au réseau racinaire, le recyclage des éléments minéraux ou encore le développement de la biodiversité. Les rotations et la diversification des cultures permettent la réduction des maladies grâce à une complémentarité entre les espèces.
C’est lors d’un entretien avec Sylvie Rabot, technicienne chargée du développement territorial pour la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, que ce nom a été évoqué. Alors que l’on échangeait sur les expérimentations des agriculteurs de la vallée, elle m’a vivement conseillé de le contacter afin de le rencontrer. Ainsi après un entretien téléphonique, un rendez-vous a été fixé à la ferme, pour pouvoir échanger in-situ, face au paysage. De cette manière, il m’expliqua sa pratique agricole, comment il travaille, et quelles en sont les bénéfices. Il s’inscrit dans le mouvement de l’agriculture de conservation des sols, où son exploitation est une ferme pilote du programme Agr’eau, un programme de développement de la couverture végétale des sols en Adour-Garonne, mais également dans l’utilisation d’une matière organique originale qu’il nomme la «biofibre».
Les matières organiques.
3.1 > Qu’est ce que l’agriculture de conservation ? La rencontre avec un modèle. p.148
L’agriculture de conservation des sols est définie par la FAO ( Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture ) comme une agriculture reposant sur trois grands principes qui, pour bien fonctionner, doivent être rigoureusement appliqués simultanément. Il s’agit de l’abandon du labour, une couverture permanente des sols et des successions culturales diversifiées. La préservation du sol permet de créer un équilibre, qui maîtrise et diminue le nombre d’adventices. C’est un système de production agro-écologique où le sol en est le cœur. Si idéalement un agroécosystème est obtenu, des régulations écologiques permettent de diminuer l’artificialisation du milieu, par l’apport d’intrants et le travail du sol.
au m2. En revanche si on a une rotation de 4 cultures, cette densité tombe à 7 au m2. De ce fait, si la chose est bien gérée, on arrive peu à peu à s’affranchir de la chimie, augmentant la marge et limitant les coûts de production. De même par l’arrêt du travail du sol et des épandages, on économise du combustible. Le rôle du couvert végétal est de remplacer les 7 adventices, tout en apportant de l’azote et de la matière organique au sol. Ainsi, le sol étant constamment couvert, les «mauvaises herbes» sont limitées diminuant la concurrence pour les cultures, tout en les nourrissant. Un autre des nombreux avantages de cette agriculture est par rapport aux molécules chimiques. La chimie est tout de même utilisée par Stéphane Gatti, notamment le glyphosate (il insiste sur la petite dose) pour calmer les couverts végétaux durant les cultures. Mais du fait de la forte activité biologique dans le sol et de la matière sèche en surface qui piège le carbone, les molécules se retrouvent piégées, et toute l’activité biologique les dégrade et les consomme jusqu’à les faire disparaître. Contrairement à une agriculture «classique» où la molécule reste telle qu’elle est, la pluie et ses gouttes d’eau s’imbibent des molécules qui, une fois chargées de substances, glissent sur le sol. Au contraire, par la couverture des sols, la qualité de l’eau n’est pas affectée. L’activité biologique agit comme un filtre. De plus, la porosité du sol créée par les réseaux racinaires et les laboureurs que sont les vers de terre, l’eau s’infiltre dans
le sol en profondeur où elle est stockée, limitant les ruissellements. Avec un sol travaillé normalement, l’eau va être dans un premier temps absorbée rapidement. Mais à partir d’une certaine quantité, le sol devient saturé et commence alors l’écoulement et le lessivage. Les éléments du sols sont alors déplacés soit en surface, soit en profondeur au niveau de la «semelle». Ainsi, cette technique permet l’amélioration de la qualité des eaux, mais aussi une réduction de l’arrosage. Car en augmentant le taux de matières organiques, on augmente les réserves utilisables par les plantes. Elle offre la possibilité de produire avec beaucoup moins d’eau.
Pour plus de détails sur la pratique de Stéphane Gatti, je vous invite à regarder la fiche exploitation du carnet «Regard agricole» consacrée à son activité. Tout le fonctionnement de la ferme y est explicité, de la rotation jusqu’à la création de la «biofibre», matière qui se révèle être une riche opportunité pour le territoire de la Lémance.
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La ferme de Stéphane Gatti se révèle être un modèle. Ses pratiques riches d’enseignements permettent d’améliorer les conditions de culture, mais aussi l’autonomie de l’exploitation. Elles nous ont montré qu’un sol régénéré et vivant est capable d’offrir de meilleurs rendements et cela sans forcément avoir accès à l’irrigation. Elles nous ont prouvé que par le végétal vivant ou mort, le sol peut être nourri par un apport régulier de matières organiques. Ces matières vont l’enrichir et y apporter de la vie, le tout augmentant significativement sa fertilité. De même, grâce aux couverts végétaux, le sol devient plus résistant face aux érosions. Il devient poreux et l’eau s’y infiltre plus facilement en profondeur. Les écoulements sont réduits et les éléments du sol ne se déplacent plus. Il n’y a donc plus de pertes par lessivage. Le sol est «fixé». De cette manière, une telle agriculture peut impacter de manière positive la Lémance, en influençant sur la qualité des eaux. Ainsi le couvert végétal permet des bienfaits à l’échelle de la parcelle pour l’agriculteur, comme à l’échelle de la vallée pour les habitants, la faune et la flore. Aussi grâce à l’alternance entre cultures et intercultures, les récoltes se multiplient et de plus en plus de matière est créée sur la même surface. Dans le contexte
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de la vallée de la Lémance, cette technique peut être un énorme avantage pour la polyculture-élevage. Les intercultures de légumineuses serviraient à enrichir les sols mais aussi à nourrir les bêtes grâce aux fourrages, ou bien directement par le pâturage des parcelles de production, permettant ainsi aux bêtes de sortir de la stabulation tout en assurant un maximum de rentabilité. L’agroforesterie telle qu’appliquée à la ferme du Pech est inappropriée pour le territoire de la Lémance, puisqu’elle participerait d’autant plus à la fermeture du paysage. Mais ce système peut être adapté pour prétendre aux mêmes avantages agronomiques, s’ils ne sont pas déjà existants aujourd’hui. Car la proximité des boisements autour des cultures définissent déjà, à mon sens, une agroforesterie circonférentielle. Les arbres ne sont pas dans la parcelle, mais autour de celle-ci. Quant à la biofibre, elle offre de nombreuses possibilités pour le territoire de la Lémance, notamment dans un objectif de revalorisation des boisements pour une régénération des sols. Néanmoins, il est nécessaire de rappeler la difficulté d’une reconversion.
Elle demande des années de préparations des sols et de nombreux apprentissages pour former l’agriculteur. Il faut arriver à comprendre les besoins des sols, et ce qu’il faut faire pour le régénérer. Un suivi des agriculteurs est souhaitable. Car le manque de connaissances et de conseils peuvent vite amener à des problèmes, décourageant toute la démarche suivie jusqu’alors. Comme le dit Stéphane Gatti, «il vaut mieux demander de l’aide à un agriculteur qui a de l’expérience dans le domaine, plutôt que de refaire les mêmes erreurs».
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Morte Matière végétale Vivante
Matière organique Décomposition
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Surface
Vie dans le sol / Porosité Matière organique
Dégradation et transformation
Nutriments
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Déplacement des matières par les racines
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Couvert végétal
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S’infiltre en plus grande quantité
Décomposition des matières par le sol
EAU de pluie
Minéraux Schéma du cycle virtueux instauré. Cycle instaurée par l’agriculture de conservation. La matière organique est consommée par les cultures et restituée au sol.
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3.2 > Provoquer une prise de contact entre agriculteurs. p.152
C’est après plusieurs visites à la ferme de Laplume qu’une idée est apparue. Pourquoi ne pas amener les agriculteurs cuzornais à la ferme du Pech pour qu’ils rencontrent Stéphane Gatti ? De cette manière, ils seront face à un exemple concret et réel d’agriculture de conservation et ils pourront profiter des expériences d’un agriculteur expérimenté, pour lui poser des questions. Le but était d’essayer de créer un échange, une prise de contact entre agriculteurs (de Cuzorn et Mr Gatti), mais aussi d’offrir l’opportunité aux agriculteurs présents de découvrir toutes les possibilités qu’apporte l’agriculture de conservation des sols, à laquelle ils s’intéressent. En proposant l’idée à Stéphane, il me fixa une date qui correspondait à la journée «De ferme en ferme», organisée par la CIVAM ((Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et Milieu rural), où les fermes partenaires ouvrent leurs portes et reçoivent du public. Commença alors une démarche auprès des 3 agriculteurs de Cuzorn intéressés par l’agriculture de conservation, afin de les convaincre de venir découvrir la ferme du Pech. Le jour venu, un agriculteur sur trois était au rendez-vous. Nicolas Barras, exploitant à Laborde, a répondu à l’invitation et nous nous sommes rendus à Laplume.
Arrivés sur place, le contact entre les deux agriculteurs (Nicolas et Stéphane) a été très chaleureux et un véritable dialogue s’est mis en place entre eux. Explications, conseils, démonstrations, rotations de cultures, les problèmes rencontrés, les peurs, la couverture végétal, la biofibre, le matériel, les arbres... Tout a été abordé et soigneusement expliqué, documents à l’appui, le tout suivi par une visite commentée. Cette expérience a été très positive et Nicolas Barras était extrêmement content de la rencontre. Elle a permis de conforter sa décision de reconversion vers l’agriculture de conservation des sols. Ce que j’en retiens est cette phrase : «C’est exactement ce que je veux faire, merci !». Le soir venu, le téléphone sonne. Mr Cayssillé qui n’a malheureusement pas pu se libérer pour la visite, mais souhaite avoir des retours sur le déroulement de la journée découverte. Cet acte témoigne de l’intérêt que cet évènement a suscité pour les agriculteurs. D’autant plus que le lendemain, les deux agriculteurs se sont rencontrés pour discuter sur le sujet.
Agriculteur expérimenté et pédagogue pratiquant l’agriculture de conservation.
Stéphane Gatti
Agriculteur cuzornais en phase d’expérimentation de l’agriculture de conservation
Nicolas Barras
Prise de contact
Explication documents à l’appui.
Visite commentée.
Des panneaux explicatifs étaient préparées pour l’évènement «De ferme en ferme».
Après les explications, la démonstration.
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Ce sont ces types de branchages qui peuvent donner lieu à la création de BRF, ou biofibre.
Les déchets de coupes.
3.3 > Le renouveau du lien entre agriculture et forêt ? p.154
Les pratiques de la ferme du Pech ont mis en avant la possibilité d’utilisation de biofibre ou de BRF (Bois Raméal Fragmenté) comme matière végétale dans les cultures. Ces deux matières sont obtenues à partir de branches d’arbres et de haies aux diamètres inférieurs à 7 cm. Sur le territoire de la Lémance, par l’abondance de la forêt et l’industrie forestière qui l’exploite, cette matière première est foisonnante et disponible en quantité. Les déchets de coupes sont nombreux sur les parcelles défrichées. La biofibre et le BRF se voient comme le meilleur moyen de les valoriser. Mais ils représentent surtout un moyen de recréer un lien fort entre exploitation forestière et agriculture, où la forêt serait à nouveau un appui agronomique pour l’agriculture.
a été très intéressant et instructif.
La SEM (Société d’Économie Mixte) «Fumel Énergie Durable» située sur la commune de Blanquefort, est aujourd’hui conduite par Bernard Marès, exploitant forestier et gestionnaire de forêts privées ainsi que Philippe Castagné, gérant de la scierie Briolance Bois, et la communauté de commune qui possède la plus grande part de l’affaire. Suivant le conseil de Mr Caminade, Maire de Cuzorn, j’ai contacté Bernard Marès pour un entretien, avec qui l’échange
Un partenariat entre les exploitations agricoles et la plate-forme peut-être créé afin que le produit issu de cette transformation soit totalement à l’avantage des agriculteurs pour qu’il soit utilisé. De plus, non loin de la plate forme (500m), se trouve la déchetterie de la vallée, propriété intercommunale, où de grandes quantités de déchets verts sont déversés chaque année. À l’image de l’association «Cultivons une Terre Vivante» de Stéphane Gatti, ces déchets
La plate forme exploite aujourd’hui environ 400ha de forêt par an pour la création d’environ 5000 tonnes de bois énergie, sachant qu’elle a été construite pour atteindre les 20 000 tonnes par an. Actuellement, les forestiers ne laissent sur place que les branches d’un diamètre inférieur à 5 cm. Tout le reste de l’arbre est utilisé pour le bois énergie. Mais selon Mr Marès, ces déchets de branches peuvent-être facilement transformés et transportés mais seulement si la demande existe. Et le problème se pose alors sur la question des financements de la transformation, mais surtout sur le prix du produit final pour les agriculteurs. Car pour être utilisé dans les cultures, les prix doivent être avantageux et raisonnables.
peuvent être recyclés de la même manière, sur cette plateforme, dont le propriétaire est en majorité la communauté de communes. De cette façon l’argent injecté auparavant dans la transformation des déchets verts (pour le centre de compostage : 32€ la tonne à Laplume) peut être réorienté à destination de cette opération de revalorisation de toute cette matière organique à des fins agricoles. Le bois énergie prend la forme de plaquettes de 30 à 50mm. Il existe des élevages où ces plaquettes sont utilisées comme paillage, afin de pouvoir conserver la paille comme matière organique dans les cultures et nourrir le sol. Par l’activité des animaux et leurs excréments, ces plaquettes vont commencer un processus de transformation extrêmement riche et avantageux pour une utilisation comme un fumier classique. Ainsi, la paille reste au sol et le nourri par sa matière organique, et par dessus on vient ajouter un mélange plaquette bois riche en lignine et autres composants, pour surenchérir les sols. La biofibre et le BRF se doivent d’être des matières offertes à bon prix aux agriculteurs pour encourager à leur utilisation. Trois tonnes sont nécessaires à l’hectare pour nourrir convenablement le sol. Et si on ajoute à cela l’utilisation des plaquettes
comme paillage, on peut alors imaginer l’ampleur qu’une telle pratique peut avoir sur la gestion forestière. L’agriculture peut devenir une grande consommatrice de produits issus de la forêt et ainsi aider à la pérennité de son exploitation. La seule question est : À quel prix pour l’agriculteur ?
Bernard Marès. Il est forestier depuis toujours, et a une grande connaissance sur ce domaine. Il m’a raconté son expérience et a une explication intéressante sur la cause du détachement de la population par rapport aux bois : Pour lui, la perte du lien entre agriculture et forêt s’est opéré durant les années 90, lorsque les agriculteurs ont commencé à acheter des terres agricoles agrandissant ainsi leurs exploitations. Les exploitations devenant grandes et morcelées, ils n’avaient plus de temps pour s’occuper de la forêt. Mais encore à cette époque, le bois était exploité par les agriculteurs qui fournissaient 80% du bois utilisé par les parqueteries et les scieries. Actuellement, ce chiffre est tombé à un peu moins de 10%, et est représenté par des exploitants ayant une double activité agricole. De ce fait aujourd’hui, ce sont des exploitants forestiers qui achètent le bois aux propriétaires pour pouvoir l’exploiter. Ce qui est un grand changement. Auparavant le travail étant fait par les habitants eux-mêmes et ils n’intégraient pas la valeur du travail dans la somme perçue. Par exemple, sur 50 000 francs de bois, 45 000 représentait le prix du travail. Actuellement, avec un exploitant forestier, qui paie des bucherons, le propriétaire ne se retrouve plus qu’avec 5000 francs. De ce fait, il y eu un temps où les propriétaires ne voyaient plus le bois comme un bénéfice et ils s’en sont déconnectés, le laissant sans gestion.
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En plus d’être extrêmement avantageuse pour les agriculteurs, l’agriculture de conservation se présente comme une solution pour le renouveau de l’interrelation entre l’agriculture et la forêt grâce à l’utilisation de la biofibre et du BRF. L’exploitation forestière se voit alors complémentaire à l’agriculture dans un but agronomique. Elle lui apporte de la matière organique pour enrichir et reconstituer les sols, renforçant les liens existants entre l’agriculture et la forêt. Agriculteurs et forestiers n’écartent pas la possibilité de créer et d’utiliser ces matières.
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Démarche sociale et concertation.
4 - RASSEMBLER LES ACTEURS AUTOUR DU PROJET.
Aller à la rencontre des élus et des techniciens acteurs du territoire permet de discuter sur la possibilité d’un projet de paysage basé sur les pratiques agricoles. En les sensibilisant sur la question de la déprise agricole et les conséquences qu’elle entraîne sur le paysage, je cherche à proposer des pistes de projets afin de recevoir des retours critiques, pour pouvoir en améliorer le dessin. Grâce à toutes ces rencontres, peu à peu se construit un réseau autour de moi qui, motivé par les idées du projet, s’engage à communiquer sur la démarche, et à se rassembler autour de cette problématique de déprise agricole. Chacune de ces rencontres est enrichissante, et permettent toutes de faire avancer la démarche de projet et la réflexion. J’ai par leurs biais pu rencontrer d’autres interlocuteurs, me permettant d’acquérir davantages d’informations ou encore d’organiser des réunions plus importantes. Toutes ces personnes sont toujours restées critiques face aux dessins et aux propositions présentés. C’est justement ce qui a permis au projet de rebondir et d’évoluer à chaque étapes.
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4.1 > À la rencontre de ceux qui font le territoire. p.158
Sylvain Chaumeron Il a été mon principal contact avec le SMAVLot.
Le SMAVLot :
Sylvie Rabot-Vaccari Technicienne en charge du développement territorial pour la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne.
La chambre d’agriculture : Sylvie Rabot-Vaccari a été la première technicienne rencontrée au cours de la démarche. Nous avons eu un long échange sur la question de la déprise agricole et ses causes, sur les circuits courts mais aussi sur l’utilisation du BRF en agriculture. Elle m’a donné de nombreux contacts de forestiers et d’agriculteurs aux pratiques «originales» avec qui elle travaille. Grâce à son aide précieuse, j’ai pu rencontrer de nouvelles personnes qui ont su nourrir la réflexion du projet.
Le SMAVLot, ou Syndicat Mixte pour l’Aménagement de la Vallée du Lot, est un syndicat d’étude et de concertation. Il négocie des contrats de projets avec différents financeurs (Région, État, Europe...). Il aide les collectivités locales mais aussi les associations, des privés à monter les projets concernés par les différents contrats portés par le Pays de la vallée du Lot en Lot-et-Garonne. Il est chargé de nombreuses missions en lien avec le tourisme, l’entretien des rivières mais aussi le développement local. C’est un peu par hasard, en faisant des recherches sur les financements LEADER que j’ai eu connaissance de l’existence de ce syndicat. Et leur champ d’actions m’ont paru très intéressant pour alimenter ma réflexion. Après un appel téléphonique et des mails échangés, j’ai eu l’opportunité de présenter les prémices du travail effectué lors d’un entretien face à plusieurs membres de cette administration (Sylvain Chaumeron, chargé de mission développement local,
Damien Crabanat Technicien rivière en charge de la vallée de la Lémance.
Avril Cantin, animatrice contrat de rivière LotAval, Damien Crabanat, Technicien rivière et Philippe Delmas, technicien rivière). La démarche était déjà définie, le travail avec les agriculteurs en cours et l’objectif de projet clairement explicité. L’idée du projet les a vraiment séduit, et un échange très enrichissant s’est mis en place. Un partenariat a été proposé pour pouvoir m’accompagner au cours de ma démarche. Avec cette équipe, une deuxième rencontre a été organisée sur le terrain, la commune de Cuzorn, afin de leur présenter à même le paysage, les dynamiques et leurs effets, ainsi que des sites potentiels de projets. Ils m’ont alors fait part de leurs conseils, de pistes de procédures, d’actions, et d’informations sur le fonctionnement des contrats Feader, Leader... Un réel dialogue existe avec ce syndicat, qui se révèle être un allié de poids pour la mise en place du projet.
Didier Caminade Maire de Cuzorn et président de la communauté de communes. Il a été un éminent soutien dans la démarche envers les élus.
Mr le Maire de Cuzorn :
Sébastien Ribeiro Il a été une aide précieuse pour l’obtention de documents.
Sébastien Ribeiro : Responsable du pôle urbanisme et aménagement de la communauté de commune, Sébastien a été mon principal contact avec la collectivité territoriale. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois afin d’échanger sur le sujet de l’aménagement du territoire, et me permettre d’obtenir des documents cartographiques.
Toute la démarche de projet se concentrant sur cette commune, c’est tout naturellement que je suis allé à la rencontre de Didier Caminade, le maire. Il était informé de l’avancée du projet et on se rencontrait régulièrement, témoignage de son soutien sans faille. L’idée du projet l’intéresse et il montre une réelle volonté d’essayer de changer les choses. Mais il dévoila aussi la nécessité de communiquer cette démarche à l’ensemble des élus de la vallée de la Lémance, pour les impliquer dans le processus et avoir leur soutien. Il proposa l’organisation d’une réunion où différents élus, responsables (forestiers, agricoles) de la «Com Com», agriculteurs, techniciens seraient invités afin de pouvoir débattre de sa faisabilité. Cette réunion eut lieu le 12 Octobre à la mairie de Saint-Front.
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4.2 > Rassembler autour du projet.
Élus de la vallée de la Lémance, agriculteurs et techniciens du SMAVLot ont été conviés à cette réunion. Grâce à l’appui de Mr Caminade, maire de Cuzorn, tous les élus ont répondu présents. Cette réunion représente le point culminant de la démarche de projet. Celui de présenter l’ensemble du travail et les résultats obtenus, pour débattre sur une possible application du projet dans le territoire. Cette réunion a été pour moi l’occasion de projeter ce travail dans une dimension quasi-professionnelle, et de tester dans un contexte réel la véracité de mes propos. Ce travail surpassait alors la dimension du mémoire, en devenant une proposition d’action devant les personnes qui ont un pouvoir décisionnel sur le territoire. Le travail a beaucoup fait parler. Des idées ont plus, d’autres moins. Mais dans l’ensemble, l’accueil a été positif. Certains élus et techniciens ont montré un grand intérêt au travail. La volonté de reconduire l’expérience a été prononcée. Durant cette réunion, un dialogue a été instauré entre les différents acteurs qui étaient présents pour échanger sur un même sujet: la revalorisation agricole par un projet de paysage. Cette rencontre a été l’occasion pour chacun d’exprimer son point de vue.
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Les agriculteurs ont lancé un appel quant à leur besoin de soutien. La proposition de reconversion agricole a majoritairement séduit. Les propositions d’actions sur le paysage ont quant à elles été plus ou moins critiquées, notamment sur les coûts qu’elles peuvent représenter. Réaction qui était attendue de ma part. Pour moi, l’objectif a été atteint. Un mouvement est lancé sur la problématique de la déprise agricole. Et un dialogue se mets doucement en place entre différents acteurs, qui ne refusent pas l’idée de travailler ensemble. Une synergie s’est créée. Néanmoins, j’ai un regret, celui de ne pas avoir pu rencontrer les élus de la partie périgourdine de la vallée, contactée par le biais du SMAVLot. Mais ce n’est que partie remise.
1
2
3
Mr. Barras Agriculteur et forestier - Commune de Saint-Front
Wiliam Cayssillé Agriculteur et forestier - Commune de Cuzorn
4
Maire de la Commune de Saint-Front
5
1
2
8
Didier Caminade
9
Damien Crabanat
Responsable du nouveau pôle agricole de Fumel Communauté
Jean-Pierre Calmel
Agriculteur et forestier - Commune de Cuzorn
Maire de la Commune de Sauveterre
3
4
Christian SAINT-BEAT Maire de la Commune de Lacapelle-Biron
Didier Balsac
6
Didier Cayssillé
7
Paul Faval
Maire de Cuzorn et vice-président de Fumel Communauté.
Absent sur la photo - Technicien rivière SMAVLot
5
6
7
8
9
Les acteurs locaux présents pour la réunion Photographie prise lors de la présentation de projet face aux élus, techniciens et agriculteurs.
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Cham bre
Forestier
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Sylvie Rabot-Vaccari Chargée du développement territoriale du secteur de la Lémance.
C
Suite à tout ce travail de rencontre et d’échange, un réseau d’acteurs a été créé autour du projet. Les échanges ont été suivis ou ponctuels selon les personnes. Entre eux, des liens existent également. Certains acteurs font appel à d’autres institutions jusque là non rencontrées, et agrandissent de ce fait le réseau. Mais tous se rassemblent dans un même objectif.
Didier Balsac Responsable du nouveau pôle agricole de Fumel Communauté
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Didier Caminade Maire de Cuzorn Vice-Président de Fumel Communauté
Sébastien Ribeiro Pôle urbanisme et aménagement
Personnes rencontrées sans intermédiaires. p ca
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Christian Saint-Beat Maire de LacapelleBiron
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Paul Faval Maire de Saint-Frontsur-Lémance
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Jean-Pierre Calmel Maire de Sauveterre-laLémance
Commune
Sa
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Personnes rencontrées avec intermédiaire. Personnes appelées par les intermédiaires.
Co m m u
p.162
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4.3 > Le réseau humain autour du projet.
Bernard Marès Exploitant forestier et gestionnaire de forêts privées Responsable de Fumel Énergie Durable
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Sylvain Chaumeron Chargé de mission développement local
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Damien Crabanat Technicien rivière
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p.163
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Conclusion : Dialoguer et échanger avec les habitants a permis au projet de se nourrir de leurs réalités, afin d’être le plus juste possible dans la réflexion qui a suivi. Cet échange a constitué une base d’informations, les fiches exploitations, faisant ressortir des pistes amenant à une agriculture innovante et répondant aux enjeux paysagers du territoire. À la suite du travail mené avec les agriculteurs, une proposition de projet a été établie. J’ai alors remobilisé les acteurs pour tester la pertinence du projet. Leurs regards critiques ont conforté l’idée de la reconversion agricole afin de dynamiser l’agriculture locale. En revanche, des questions ont été soulevées sur les coûts éventuels de proposition d’actions ciblées pour des aménagements paysagers. Grâce à la dernière réunion, j’ai compris que le discours, accompagnant les propositions, est extrêmement important. Il est nécessaire d’être précis dans les propos tenus et de les appuyer sur des bases solides ou des exemples concrets. Lors d’une prochaine réunion, il me faudra prendre en compte ces observations pour être plus clair durant la présentation du projet.
Grâce à la démarche basée sur l’échange, j’ai pu impulser un mouvement en faveur du paysage. Les acteurs commencent à se réunir et à dialoguer ensemble sur une problématique commune : le rôle de l’agriculture dans la gestion du paysage.
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PArtie - -
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VERS UN PROJET AGRI-PAYSAGER
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Introduction : À partir d’ici, je continue à me placer en tant que paysagiste médiateur tout en proposant des pistes de projet. L’objectif est de réveiller l’envie chez les acteurs de changer les dynamiques actuelles, mais aussi de démontrer que des solutions existent, au travers d’une démarche collective. Le projet agri-paysager vise à dynamiser l’agriculture du territoire. Il s’agit de faire de l’agriculture le principal outil de gestion et de création de paysage. Le projet met en avant l’importance des échelles. Des allers-retours sont nécessaire entre le territoire, la commune et les sites ciblés. Les propositions d’actions sont idéales et utopiques, avec des images exagérées pour interpeller et amener matière à discussions. L’objectif est de donner envie, mais aussi de créer un débat sur ce qui peut être réalisé. Le projet s’inscrit dans la suite logique de la démarche précédente. Les propositions d’actions sont réfléchies pour être construites collectivement. Elles invitent à dépasser des pensées individuelles pour créer un mouvement collectif en faveur du paysage.
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Les ambitions du projet territorial: • Intégrer l’agriculture dans un projet territorial qui rassemble l’habitant, l’agriculteur et le forestier. Faire en sorte que l’agriculture et la forêt soient complémentaires et travaillent ensemble pour la gestion du paysage. Retrouver une interrelation entre les pratiques et en finir avec le schéma actuel d’individualisation des domaines. Ré-imaginer un système agroforestier pour rendre l’agriculture plus attractive et dynamique, répondant à des problématiques territoriales. • Faire prendre conscience aux habitants du rôle des agriculteurs et de son extrême importance pour le territoire en repensant le lien social et paysager. Impliquer les habitants et les élus dans un projet agricole collectif. Mettre en valeur l’agriculture par un projet agri-paysager pour la faire redécouvrir. La placer au centre de la dynamique territoriale. L’agriculteur, soutenu par les habitants, devient l’acteur principal de la gestion du paysage en le remobilisant. Les politiques publiques sont intégrées dans ce projet pour permettre la mise en place et la pérennité. • Encourager l’élevage extensif pour permettre la vie dans les paysages : trouver des partenariats avec des éleveurs extérieurs ? Utiliser la ressource présente sur place ? L’élevage est un outils à la gestion agricole du paysage. • Proposer un modèle agricole intégré dans un programme de découverte du paysage et de son patrimoine. Réimplanter des activités agricoles dans des parcelles forestières, les réhabiliter, les mettre en valeur. Permettre la découvertes de paysages ancestraux par la pratique agricole, par sa réhabilitation et la restauration du patrimoine. Créer des paysages agricoles attractifs et permettre leurs découvertes. • Faire de ce projet l’occasion de rassembler tout les acteurs du paysage, pour construire un échange afin de réfléchir et d’agir collectivement sur ces problématiques paysagères. Travailler avec les agriculteurs pour adapter leurs pratiques et répondre aux problématiques territoriales.
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Du territoire d’action au territoire laboratoire. Le territoire de la Lémance possède des ressources paysagères indéniables et un patrimoine historique riche et diversifié. Cependant, le contexte actuel de déprise du territoire empêche une mise en valeur de toutes ces qualités paysagères identitaires qui s’effacent peu à peu sous la forêt. Travailler sur la redynamisation de l’agriculture va permettre de valoriser le paysage agricole dans une échelle globale. L’agriculture peut être pensée comme un outil de gestion cohérent, offrant la possibilité de mettre en valeur des sites ciblés : par exemples des zones humides, et les paysages des gorges totalement fermés aujourd’hui. Descendre dans les échelles a été le moyen de comprendre l’agriculture grâce aux rencontres réalisées avec les agriculteurs, donnant ainsi naissance à tous le travail de participation sur la commune de Cuzorm. Celui-ci, m’a permis de rassembler un réseau d’acteurs autour de la démarche de projet. Ce groupe d’acteurs en synergie démontrent une volonté et un intérêt quant à l’application de propositions d’actions. Ainsi ils offrent la possibilité d’expérimenter, au sein de la commune, des pistes concrètes
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valorisant l’agriculture. En cela Cuzorm se définit alors comme un territoire laboratoire dans un territoire d’action. De ce fait la stratégie est : proposer pour expérimenter, prendre du recul pour mieux diffuser. L’expérimentation va identifier ce qui fonctionne de ce qui ne fonctionne pas, pour mettre en place une stratégie plus juste et plus efficace, dans l’optique de la diffuser à grande échelle. Ainsi la diffusion, serait en mesure d’impulser de grands changements dans le paysage du territoire, et inviterait les acteurs à se rassembler pour rectifier des dynamiques actuelles négatives.
Propager / Influencer
Site paysager majeur
Sites patrimoniaux repérés
Source de la Lémance
Prats-du-Périgord Monpazier
Zone humide et ses moulins Ancien site industriel ( gare, forge, moulin, maison de maitre)
Villefranche-duPérigord
Bastide
Projet de revalorisation des gorges Paysage de Gorges
Village et son château, forge
Blanquefort-laBriolance
Lacapelle-Biron
Réhabilitation carrière
Village et son château
Sauveterre-laLémance
Ancien site industriel (forge et bâtiments)
Village ecclésial
St-Front-surLémance Ancien site agricole (terrasse, drainage...)
Cuzorn
Village et son château
Projet agri-paysager et son influence
Le Lot Fumel Monsempron Libos
Stratégie territoriale. Cuzorn se définit comme un territoire laboratoire, où émergerait le mouvement en faveur de la valorisation des paysages.
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Influence de la synergie des acteurs autour du projets. Compte tenu de l’échelle du projet, la démarche participative est un outil adapté qui permet aux acteurs territoriaux et locaux de travailler en concertation. Cette démarche doit aider les acteurs à former une synergie autour du projet. Selon leur statut et leur activité, ces acteurs ont des aires d’influence différentes, allant de l’échelle de l’exploitation jusqu’à une échelle plus globale. Le SMAVLot, parce qu’il agit au niveau interdépartemental, bénéficie d’un rayon d’action et d’une d’influence qui dépasse les limites du département du Lot-et-Garonne. Il représente donc un atout important pour une mise en relation des différentes collectivités, fuméloise et périgourdine. Ce potentiel pouvoir fédérateur est essentiel dans l’optique d’un projet de cohésion territorial car, malheureusement, peu de contacts existent entre ces deux administrations. Au cours de la démarche de projet, une prise de contact avec la Communauté de Commune du Périgord a été tentée avec l’appui du SMAVLot. L’objectif était l’organisation d’une réunion rassemblant les différentes institutions de l’ensemble de la vallée (élus de Fumel Communauté et élus de Villefranche-du-Périgord et Syndicats Rivière Nord Lémance), afin d’amorcer un dialogue sur la thématique du projet. Malheureusement les emplois du temps n’ont pas pu être accordés et cette tentative n’a pas aboutit.
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Néanmoins, selon les membres de SMAVLot, de nombreux acteurs périgourdins sont en recherche de solutions contre l’enfrichement des vallées et des milieux humides. Cette information conforte alors l’idée d’un possible dialogue et d’échanges entre les deux Communauté de Communes de la vallée de la Lémance, dans le cadre d’un projet commun de paysage.
La solidarité paysanne, un grand atout. La solidarité paysanne représente un énorme atout dans l’idée d’une transmission d’expériences. Nous avons vu qu’une forte solidarité existe entre les exploitants du territoire et qu’elle dépasse les limites administratives. Le dialogue et la transmission de conseils sont des fondamentaux dans la relation entre exploitants. Ainsi, les agriculteurs volontaires pour l’expérimentation diffuseraient les informations sur les pratiques instaurées. Si les retours d’expériences sont positifs, on peut alors imaginer que d’autres agriculteurs rejoignent le mouvement et s’inscrivent dans la même démarche. A travers ces deux exemples, on comprend qu’aussi bien les acteurs territoriaux que locaux, peuvent participer à la mise en place d’une stratégie d’action commune et concerté, ce qui permettrait une diffusion plus large et un impact plus fort pour une éventuelle action sur le territoire.
Diffusion par la solidarité paysanne Commune de Cuzorn Aire intercommunale Aire d’action du SMAVLot Limites départementales Villages et villes
Prats-du-Périgord Monpazier
Dordogne Lot-et-Garonne
Villefranche-duPérigord
Blanquefort-laBriolance
Lacapelle-Biron
Sauveterre-laLémance St-Front-surLémance
Lot Cuzorn
Aires d’influences des institutions.
Fumel Monsempron Libos
Les différentes institutions rencontrées ont des aires d’influences qui peuvent dépasser les «frontières».
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La stratégie à l’échelle de la commune : le territoire laboratoire. Dans notre territoire laboratoire, la stratégie d’action se définit par 4 opérations qui sont : - Une reconversion agricole orientée vers une agriculture de conservation des sols avec l’utilisation de couverts végétaux. Elle passe par un appui des collectivités territoriales et des élus en faveur des démarches entreprises par les agriculteurs. L’accent est porté sur la complémentarité entre agriculture et forêt, pour rassembler ces deux activités, et rendre la gestion du paysage à grande échelle plus cohérente. - Une revalorisation d’espaces délaissés a pour objectif d’expliciter le rôle de l’élevage sur des sites ciblés et proche des habitants. Le but est de renforcer le lien social entre agriculteurs et habitants. Cette opération nécessite obligatoirement les habitants dans la démarche de projet. Ils représentent les acteurs indispensable pour l’application de cette piste de projet. Il s’agit d’utiliser l’élevage pour l’entretien d’espaces clefs par le pâturage extensif.
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- Une sauvegarde et la protection des clairières visant à mettre en valeur les espaces agricoles remarquables. Il s’agit de révéler la qualité de ces espaces par la non-action et de reconnaître le travail des agriculteurs. Il est tout de même nécessaire de réglementer les plantations d’arbres, afin de les protéger du reboisement. - Un parcours découverte permettant de traverser et découvrir les paysages agricoles serait à envisager. Il deviendrait alors le système qui lierait l’ensemble des actions menées sur le territoire. Ce parcours s’inscrit dans chaque opération et s’intègre dans les éventuels aménagements. Parmi les différentes opérations de travail développées dans cette stratégie, l’accent sera mis sur le premier axe (reconversion agricole) car la démarche participative engagée auprès des acteurs locaux (agriculteurs, forestiers et élus) a été concrétisé par des rencontres et des réunions. Cette opération a permis d’amorcer des propositions d’actions et des débats effectifs. La seconde opération, parce qu’elle implique la création d’un outil nécessitant de mobiliser
les habitants du territoire (outil foncier favorisant le regroupement parcellaire), nécessite un temps long pour être mise en œuvre. Il s’agit en effet de travailler en concertation avec les habitants afin de faire accepter l’idée d’une gestion collective des parcelles sollicitées. Le troisième axe, quant à lui, concerne des aspects plus réglementaires pour être mis en œuvre. Il doit consister en un travail de planification et doit faire intervenir les politiques publiques pour pouvoir être effectif. Il constitue donc une étape Cet aspect nécessite au préalable d’enquête auprès des habitants et des acteur locaux, dans l’objectif d’être adapté aux réalités locales. Cette opération doit constituer une étape ultérieure de la démarche de projet territoriale. Ces deux dernières opérations ne sont pas abouties en raison de la nécessité d’inscrire la démarche sur un temps long. Pour illustrer les possibilités offertes par ces deux opérations, je m’attacherai à développer deux axes principaux : - L’identification des sites - La mise en évidence d’un échantillon de propositions d’actions et des effets potentielles qu’elle peut amener sur le paysage.
Propositions d’un agrosystème Mise en relation des différents acteurs
Reconversion agricole pour la redynamisation de l’agriculture par des pratiques innovantes.
Expérimentation de l’agrosystème
Suivi des agriculteurs
Concertation habitante
Parcours découvertes des paysages agricoles
Projet agri-paysager
Revalorisation des espaces délaissés par l’insertion pastorale
Création d’une AFP
Actions et aménagements Mise en pâture et gestion
La stratégie dans le laboratoire Elle se compose de 4 opérations qui répondent à des enjeux ciblés.
Sauvegarde et protection des clairières agricoles.
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1 > Vers des fermes types.
Cette proposition représente le résultat de l’ensemble de la démarche engagée auprès des agriculteurs. Elle se nourrit de toutes les connaissances acquises auprès des paysans pour proposer une agriculture «renouvelée». Il s’agit de comprendre, par le biais d’une ferme type, les effets que peut avoir cette «nouvelle» agriculture sur le paysage. Elle s’inspire des pratiques innovantes des paysans et de leurs projets, qui ont constitué des matériaux sur lequels s’appuie cette démarche agricole et paysagère.
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Complémentarité agricole et forestière. Tout le travail mené auprès des agriculteurs a permis de mettre en avant des pistes innovantes qui ont comme objectif la dynamisation de l’agriculture sur le territoire. Ces pistes nous ont mené vers une agriculture de conservation qui a la particularité de régénérer les sols par des couverts végétaux, vivants ou morts. La rencontre avec Stéphane Gatti a révélé la possibilité d’utiliser des matières végétales issues de la transformation de branchages et de déchets de coupes pour amender les sols. Cette pratique représente une alternative formidable pour l’agriculture de la vallée de la Lémance. Elle offre l’opportunité de lier exploitation forestière et agriculture par l’utilisation de produits issus de la forêt. Par la complémentarité agraire et forestière, le cloisonnement des deux activités majeures du territoire s’atténue et un dialogue s’instaure entre elles. Un échange entre exploitation forestière et activité agricole se met en place et des intérêts communs bénéfiques à chacune d’elle naissent. Grâce à la sensibilisation des forestiers aux problématiques agricoles, les pratiques
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de reboisement des espaces de clairières peuvent être reconsidérées et s’arrêter. Ensemble, ces deux activités deviennent actrices du paysage et répondent aux problématiques locales : la déprise agricole et l’essor forestier. Ces deux domaines favorisent la gestion des paysages forestiers ; l’agriculture étant dynamisée grâce à une pratique innovante, respectueuse du territoire. Les intérêts collectifs deviennent plus forts et la gestion du paysage évolue. Cette complémentarité met en place un nouvel agrosystème qui doit être expérimenté à l’aide d’agriculteurs volontaires, pour démontrer son efficacité et son mode de fonctionnement. Le soutien par les collectivités locales est indispensable à la mise en place de cette agriculture nouvelle, si l’on veut aboutir à un projet effectif et opérant.
A
rs lteu u c gri
Gestion paysagère cohérente
Forest ier
Christian Rabot
Complémentarité
Bernard Marès
Nicolas Barras
Didier et Wiliam Cayssillé
Les acteurs potentiels. Ces agriculteurs sont en pleine reconversion vers l’agriculture de conservation. Ce forestier n’a pas écarté la possibilité d’interagir avec eux.
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Application des pratiques innovantes pour un système agro-forestier : la ferme type. L’agriculture de conservation permet d’instaurer des rotations de cultures basées sur une alternance entre cultures et intercultures, qui se définissent par des couverts végétaux. Ces dernières ont l’avantage de protéger le sol, tout en le nourrissant. Dans le cadre d’un système agricole de polyculture-élevage, les couverts sont envisagés comme des atouts forts. En plus d’être bénéfique pour le sol, la matière végétale créée peut être fauchée et utilisée pour l’alimentation des bêtes. La parcelle devient ainsi doublement productive tout en garantissant la bonne santé des sols. Désormais, elle produit sur une courte durée céréales, fourrage de légumineuses et matière organique. Par ce double «emploi» de la parcelle (céréalier et fourrager), le paysage agricole tend à se diversifier. Les espaces cultivés de céréales ne sont alors plus spécialisés mais ils alternent avec un paysage d’élevage où les «prairies» sont représentées par les couverts végétaux. Des apports en matière végétale peuvent être fait en complément des cou-
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verts végétaux vivants. Par cet ajout régulier de «paillage», l’objectif est d’intensifier l’apport en matière organique dans le sol. C’est dans ce contexte que la complémentarité avec l’exploitation forestière démontre toute son importance. Les coupes de parcelles forestières produisent des «déchets». Elles génèrent de petits branchages inutilisables pour une revalorisation en «bois énergie». Cependant, ces éléments constituent une excellente ressource pour la création de «biofibre» ou de BRF, utilisable par les agriculteurs. Mais un autre produit forestier se montre avantageux pour les agriculteurs-éleveurs. Il s’agit des plaquettes bois. Utilisées comme paillage, elles permettent une économie de 70% de paille. Ce paillage bois a un pouvoir absorbant plus fort et plus long, améliorant de ce fait la propreté des animaux, tout en réduisant la charge de travail de l’agriculteur. Avec une couche d’une dizaine ce centimètres, le paillage reste «propre» durant 2 à 3 semaines. Cependant, la paille est toujours nécessaire pour améliorer le confort des bêtes, avec un apport réduit mais régulier. Les plaquettes bois facilitent le curage, grâce à la texture plus évoluée du fumier. Pour un épandage, il faut néanmoins prévoir un temps de compostage, pour accélérer la dé-
composition des plaquettes. Par l’économie de paille, elle peut être revalorisée dans la couverture des sols des champs, améliorant encore le sol.
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La «biofibre». De sa création à son utilisation.
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Le couvert végétal. Fourrage et enrichissement des sols.
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Paillage bois. Ce paillage permet des économies de temps et une meilleure hygiène des bêtes.
La paille comme couvert. Les plaquettes bois permettent une autre utilisation de la paille. Source : http://tnla-2015-irreductiblegrisealutece.blogspot. fr/2015/01/produisons-autrement-produisons-du-bois.html
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Enrichit
Légumes
Produit
Enrichit
Fumier + Plaquettes
Bétail
Gestion des prairies
Possède
Ensilage
Produit
Revient à
Apporte
Céréales
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Exploitation agricole
Champs
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Forêt
Clairière
Produit
Paille
Se définit par
Produit
Possède
Couverture végétale
Produit
Déchets végétaux Prairie
Fourrages
Produit
Châtaignes Prunes Noix
Vergers
Agro-système de la ferme type. Exploitation forestière et agricole se voient liées grâce des produits permettant l’enrichissement des parcelles ou le paillage.
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Prairies sous couvert
Bois de chauffe
Enrichit
Exploitation forestière Possède
Enrichit
Et produit
Fumier Forêt Gestion et Enrichit Se définit par
Se définit par
Taillis
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Produit
Prairies sous couvert
Produit
Bio-fibres
Déchets végétaux
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Bois d’œuvre
Produit
Bois d’œuvre
Plaquette bois
Paillage Produit
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Sylviculture
Produit
Planche
Produit
Revient à
Bois de chauffe
Déchets végétaux
Déchetterie
Piquet
Bois d’oeuvre
Revient à
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Toutes les parcelles produisent du fourrage grâce aux couverts végétaux.
Les pratiques dans le paysage.
p.186 Bois exploité selon les demandes. Taillis mixte avec quelques futaies
Sous-bois pâturé en hiver, en lien avec les prairies d’hiver.
Couverture des sols et mise en pâturage hivernale
Couverture des sols pour la création de fourrage. Cultures céréalières d’hiver. Paille laissée sur place. Apport en «biofibre».
Pâtures artificielles composées de mélange. Fauche régulière et mise en pâture.
Couverture des sols pour la création de fourrage. Cultures céréalières d’été et d’hiver. Paille laissée sur place. Apport en «biofibre».
Prairies naturelles extérieures à l’exploitation, fauchées avec l’accord du propriétaire. Gestion des clairières contre l’enfrichement.
Application de l’agrosystème pour une ferme type avec l’exemple de la ferme de Lascarcelle.
Parcours bétail Irrigation Produits agricoles Produits autres
Produit
Types d’espaces
Biofibre
Biofibre
Apports agronomiques
Produit
Gestion de prairies extérieures
Gestion des surfaces
N Paysage et «agro-système». Le système agro-sylvo-pastoral. Tout le paysage est intégré dans la pratique agricole.
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Des pratiques culturales innovantes bénéfiques à la gestion du paysage. Ces exemples de rotations démontrent comment les cultures principales peuvent être alternées avec des cultures intermédiaires variées. Leurs rôles est multiple. Les couverts végétaux peuvent être soit fauchés pour la création de fourrages, soit pâturés. De cette manière ces cultures intermédiaires se révèlent être un atout pour l’élevage et permettent de nourrir le bétail. Grâce à cet apport, la ferme devient plus autonome pour l’alimentation des bêtes. Cela permet à l’exploitation de faire des économies en l’inscrivant dans un système économiquement viable et durable. Ainsi l’élevage sur le territoire se pérennise, assurant la gestion des clairières et la fauche des prairies qui les composent. La gestion du paysage d’élevage est donc assurée. Dans un second temps, les intercultures de légumineuses permettent un accroissement de la fertilité des terres, par l’apport de matière organique au sol. Grâce à un sol vivant et régulièrement nourrit, les rendements des cultures sont en hausse.
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Les surplus de récoltes destinés à la vente, sont amplifiés, augmentant alors les gains, favorisant une économie viable, et donc pérennisant l’exploitation. De ce fait, l’activité de la ferme est assurée, de même que la gestion paysagère qu’elle implique. Par cet apport constant de matière, on peut prétendre rendre des terres pauvres plus fertiles. Ainsi, l’agriculteur peut accroître la superficie des terrains cultivés, inversant la dynamique de la déprise agricole. Le paysage s’en verra donc modifié durablement. En supplément des intercultures, un apport en matières issues des forêts peut être fait. Dans ces systèmes de rotations de cultures, l’apport en matière extérieure vient compléter les bienfaits du couvert végétal. Cette matière est issue de l’exploitation forestière (BRF et «biofibre»). À long terme, les effets des couverts ajoutés à celui du paillage permettent de remplacer les engrais chimiques ; rendant le système agricole autofertilisant, plus respectueux des sols et de son territoire. La biofibre et le BRF entraînent une recherche en biomasse valorisant les ressources locales (ripisylves, haies, forêts...). De cette façon, l’agriculture s’implique dans une dynamique de gestion
de ces composantes paysagères et vient appuyer l’exploitation forestière avec une demande constante en matières végétales. Par conséquent, l’agriculture est garante d’une gestion des paysages boisés par ses besoins en biomasse. L’agriculture étant redynamisée par ces pratiques culturales innovantes, elle devient plus active dans le paysage. Elle valorise la parcelle, le paysage agricole et forestier et donc le territoire.
Année N Été Maïs
Apport en fumier
Année N+3 Hiver Féverole Destruction
Broyage paille
Irrigation
Année N+1 Hiver Orge ou Blé
Broyage paille
Année N+2
Luzerne, trèfle, vesce Fauchage
Année N+3 Hiver
Année N+2 Été Soja
Exemples de rotations de cultures.
Orge ou Blé
Année N+2 Automne
Apport en biofibre
Année N Hiver
Grâce aux couverts végétaux, les rotations permettent la création de fourrages et la production de céréales, tout en enrichissant le sol.
Blé ou orge
Broyage paille
Année N+1 Automne
Luzerne, trèfle, vesce Fauchage/pâturage
Apport en fumier
Année N+1 Automne
Année N
Apport en biofibre
Luzerne, trèfle, vesce
Fauchage/Pâturage
Année N+1 Printemps Tournesol
Année N+1 Hiver
Féverole, vesces, pois... Récolte et/ou destruction
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À retenir de la ferme «Type» : - Arrêt du travail du sol. - Complémentarité avec l’exploitation forestière - Régénération des sols par l’apport de matière végétale. - Récupération et transformation de déchets végétaux. - Utilisation de plaquettes bois comme paillage. - Épandage de fumier. - Épandage de «biofibre». - Couverts végétaux pour protéger le sol. - Destruction, fauchage ou pâturage des couverts végétaux. - Semis-direct. - Vers l’abandon de l’irrigation. - Vers l’abandon de la chimie. - Rotation alternant cultures et intercultures. - Disparition de l’érosion du sol. - Sol vivant et habité. - Rendements augmentés. - Agriculture actrice de la gestion du «grand» paysage. - Utilisation des ressources boisées locales. - Paysage mouvant et alternant entre cultures et «prairies». - Diminution de la charge de travail. - Parcelles valorisées... En résumé, c’est une agriculture dynamique, mise en valeur, qui répond à des enjeux paysagers locaux et actrice dans la dynamique territoriale par les pratiques qu’elle initie.
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Bilan : La démarche engagée auprès des agriculteurs locaux a révélé une prise de conscience quant aux phénomènes qui transforment les paysages. J’ai pu voir leurs inquiétudes pour l’avenir du métier d’agriculteur sur le territoire. Tous essaient de s’adapter et de trouver des solutions pour faire perdurer leur exploitation et leur activité dans le temps. Dans cette logique, plusieurs projets se sont révélés extrêmement pertinents, prenant en compte les faiblesses du territoire. Ces projets fondés sur une reconversion agricole, via des pratiques innovantes, prennent en considération la pauvreté des sols et visent à les enrichir par l’utilisation de couverts, de matières végétales et de produits issus de la forêt. Par cette complémentarité, l’agriculture joue un rôle dans l’exploitation forestière : elle l’influence par une demande constante en matières végétales. Les impacts sont bénéfiques non seulement pour les parcelles agricoles, mais aussi pour l’ensemble du territoire. Des portes s’ouvrent pour intégrer l’agriculture dans une dynamique paysagère de grande
ampleur (entretien des ripisylves, des haies, des bords de voiries ou encore des forêts à part entière). L’agriculture devient l’outil principal de revalorisation des ressources locales par la recherche en biomasse. Le projet de créer une complémentarité plus cohérente entre agriculteurs et forestiers avait pour objectif d’aboutir à un projet agricole partagé, qui, pensé en lien avec le paysage, donne des outils pour la gestion à une échelle territorialisée. Cette proposition vise à dynamiser l’agriculture pour la rendre plus attractive et pérenne, tout en amplifiant son rôle dans la gestion du paysage. La rendre plus forte pour impulser une prise de conscience collective quant à son rôle primordial dans le paysage. Il est important de souligner la nécessité d’inscrire un tel projet dans une dynamique collective ; agriculteurs, forestiers, élus, et habitants doivent travailler ensemble. Les agriculteurs doivent être soutenus dans leurs démarches. Le cloisonnement des activités doit prendre fin.
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2 > Vers la valorisation d’espaces par une gestion agricole.
Dans le cadre de la nécessité de revaloriser les espaces délaissés, il est important d’expliquer aux populations locales, le rôle potentiel joué par l’élevage dans la gestion des paysages. C’est dans cette optique que la deuxième opération doit être développée. Elle repose entièrement sur la création d’une AFP (Association Foncière Pastorale), initiative qui vise à mettre en place une coopération entre habitants et habitants-propriétaires, mais aussi habitants-propriétaires et agriculteurs-éleveurs. La finalité est de sensibiliser les habitants aux problématiques paysagères, agricoles et pastorale et de les impliquer dans une dynamique de soutien à la pratique agraire du territoire. Il s’agit de les impliquer dans le maintien du paysage et de créer un lien social entre les différents acteurs locaux.
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L’Association Foncière Pastorale (AFP) comme outil principal pour la valorisation des espaces. L’AFP est un regroupement de propriétaires de terrains privés ou publics à destination agricole ou pastorale. Ses objectifs sont de favoriser le regroupement, l’aménagement et l’entretien de ces terres, et aussi de contribuer au maintien et au développement de la vie rurale. L’AFP, quelle soit libre, autorisée ou forcée, a pour objectif principal d’assurer collectivement la mise en valeur des terrains agricoles ou pastoraux, ainsi que des terrains boisés qui ne pourraient l’être de façon individuelle. Elle permet de substituer une gestion collective à des gestions individuelles. L’AFP a la particularité de pouvoir regrouper de petites parcelles afin de créer un espace plus grand, géré collectivement, sans porter atteinte au droit de propriété. Par son action, elle contribue à limiter l’impact de la déprise agricole tout en intégrant de multiples usages sur ces espaces. Mais, parce qu’elles touchent à l’usage et à la gestion de la propriété individuelle, sa mise en œuvre peut s’avérer délicate. La concertation est essentielle pour pallier aux inquiétudes des propriétaires
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et répondre à leurs questions. Les avantages sont réels pour les propriétaires qui participent à l’AFP. Ils restent propriétaires de leurs parcelles, peuvent vendre n’importe quand et se retirer de l’AFP selon certaines conditions. Les parcelles peuvent être mises en location et par cette action, sont réhabilitées puis entretenues. Le propriétaire conserve le droit d’exploiter les ressources de la parcelle s’il le désire. De plus, en terme financier, les travaux de réaménagement de l’espace sont totalement pris en charge par les subventions du Conseil Régional et Général ainsi que par les éleveurs à qui va être confiée la gestion des terres pastorales. Les propriétaires via l’AFP et son assemblée générale se voient confier la maîtrise d’ouvrage des travaux, en accord avec tous les usagers des parcelles. D’une façon générale, l’AFP contribue à sauvegarder la vie rurale par le maintien de diverses activités et à entretenir le cadre de vie par le pastoralisme et l’agriculture. L’objectif de cette démarche est multiple : - créer un regain agricole - mettre en valeur des sites au potentiel paysager - réintégrer le patrimoine dans une dyna-
mique actuelle par une réhabilitation - rendre acteurs les habitants dans le devenir du territoire.
Créent
Habitants propriétaires
Habitants
Élus
Association Foncière Pastorale
La synergie autour de l’AFP
Agriculteurs Éleveurs
Rassemble et met à disposition
Rassembler les acteurs par le biais de l’AFP, outil collectif de création de paysage.
Parcelles pâturées
Effets paysagers
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L’AFP implique une gestion par le pâturage. Un inventaire du potentiel animal de la commune a été réalisé dans le cadre de la création potentielle d’un troupeau collectif. Il se compose d’animaux variés (vaches, chevaux, moutons, ...) appartenant à des propriétaires privés.
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On peut imaginer une association des propriétaires avec l’AFP, qui permettrait de mettre le cheptel au service de la gestion paysagère, agrandissant ainsi le cercle d’acteurs impliqués dans la démarche collective.
Bovins
Les figurés rouges représentent les animaux appartenant aux agriculteurs rencontrés.
Équidés
Ovins
Des sites et des approches différentes. À chaque site corresponds des actions spécifiques.
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Saint-Front
Cuzorn
Tesquet
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Saint-Front Cinq sites, deux démarches Dans le cadre de l’AFP, trois sites (1,2,3) ont été identifiés en tant que remarquables pour leur qualité paysagère et patrimoniale, et constituent des espaces potentiels pour la mise en application d’actions de valorisation. Les sites A et B, correspondent à des espaces agricoles ayant des qualités paysagères remarquables et nécessitant une réglementation passant, par des politiques publiques, en faveur de leur protection.
3 B
2
Cuzorn
A 1
Tesquet
Les sites à redécouvrir :
1
Les berges de la Lémance
2
La vallée de la Pouletie
3
La clairière de Mélis.
Les sites agricoles à protéger :
A
Les « Hauts de Cuzorn »
B
Les terrasses alluviales
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Site d’action 1 : Les berges de la Lémance.
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Focus sur les berges de la Lémance. État des lieux. Les berges de la Lémance se composent de différentes ambiances, passant de la friche à la plaine agricole.
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Prairies Cultures Arboriculture Sylviculture Forêt
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Friches Sites d’enjeux
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Le parc des berges : Problème de berges et de lien entre la pépinière et la Lémance. Zone humide non mise en valeur.
3
2
Les entrées nord et sud : Fermeture du paysage, enfrichement, cloisonnement des espaces, effet couloir. Perte de la lisibilité de l’espace.
3
Carte d’état des lieux État des lieux. Les berges de la Lémance se composent de différentes ambiances, passant de la friche à la plaine agricole.
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Rideaux végétaux Relief arboré Ouvertures Fermetures Routes Chemins
Carte des perceptions de l’espace. La traversée de l’espace révèle un paysage à dominante cloisonnée, alternant entre portes étroites, goulets et légères ouvertures. Des rideaux visuels successifs, accentués par l’épaisseur de la végétation, obstruent les perceptions et rendent difficile la lecture du paysage.
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Prairies Cultures Arboriculture Sylviculture Forêt Zonage AFP
Carte de préconisation du zonage AFP Les parcelles choisies sont les plus enfrichées et s’implantent sur des espaces délaissés et non entretenus. Elle contribuent donc à la fermeture de l’espace. Les zones AfP requalifient des espaces en friche et boisés. Les boisement subissent un dépressage et les friches sont remises en pâture.
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Dépressage Travail des lisières Séquences Transitions Routes Chemins Mise en valeur de la roche Mise en valeur architecture
Carte prospectives des perceptions visuelles L’action de l’AFP doit favoriser un élargissement des perceptions visuelles par l’ouverture de l’espace. La finalité est d’améliorer la porosité des différentes séquences pour avoir une meilleure connexion visuelles et physique entre les éléments structurants du paysage. Ainsi l’effet de couloir s’estompe et les reliefs sont révélés. La singularité de la morphologie valléenne est rendue lisible et mise en valeur
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Prairies Cultures Arboriculture Sylviculture Forêt Zonage AFP Routes Chemins mis en valeur
Carte de préconisation du zonage AFP Afin de favoriser le lien entre le bourg et son environnement, il s’agit de réfléchir à la mise en place de voies circulation douces. Pour ce faire, des nouveaux cheminements sont crées et d’anciens chemins communaux sont réhabilités.
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Etat paysager existant
Etat paysager projetĂŠ Cette photo-comparaison rend compte du changement paysager induit par la gestion AFP.
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tue ac at Ét
Entrée nord de Cuzorn : Les différentes temps du projet - Temps 1 : Dépressage, (éclaircissement des boisements par sélection des sujets). - Temps 2 : Aménagement et cloturage des parcelles. Réutilisation des matériaux locaux pour une meilleure intégration de l’aménagement et une réduction des coûts. Implantation de troupeaux pour le l’entretien et le maintien des parcelles réouvertes.
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Te m + c ps T lôt +2 ur : A ag m pâ e e éna tur t m ge e. ise m en ent
Temps
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A l’heure actuelle, la gestion intensive inadaptée des berges, entraîne un phénomène d’érosion. Cette gestion se fait de façon conflictuelle entre la pépinière et l’espace humide. L’intervention entend donc rétablir un équilibre entre la zone humide et la pépinière par la réhabilitation des berges et la mise en pâture de la zone humide. L’objectif sera ainsi de mettre en valeur les berges, la zone humide et la pépinière en les rendant accessibles au piéton.
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Te de mp la s T zo + ne 1: hu dép mi re de ss , d ag eb e ois
T ps Te m l: tue ac at Ét
Le parc des berges
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Te mi mp mi se s T n p en + iét pâ 3 : on tur En nie e e he r d t c rbe e d réa be éc tio me ou n d nt ve e , rte ch e-
T la emp re res s T qu so +2 ali ur : fic ce Ut ati bo ilis on is at de po ion s b ur de er la ge s
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Focus sur la vallée de la Pouletie. L’ensemble de cette vallée est en friche. Des parcelles ont récemment été converties en peupleraies. Ce paysage montre tout les signes d’une déprise agricole.
Site d’action 2 : La vallée de la Pouletie.
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Focus sur la vallée de la Pouletie. En remontant vers la source du ruisseau, des zones boisés humides et submersibles composent l’espace. Plus en hauteur, un site patrimonial remarquable est dissimulé sous les boisements. Gariottes, murets en pierres, terrasse, canalisation en lauzes forment cet ancien paysage agraire qui rappelle l’utilisation passée de l’espace.
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Prairies
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Cultures Arboriculture Sylviculture Forêt Friches
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Carte d’état des lieux. Différentes ambiances paysagères composent cette vallée. On passe d’une vallée ouverte récemment enfrichée et plantée à un espace boisé plein de surprises.
1
La vallée ouverte enfrichée: La friche domine malheureusement ce site. De rares parcelles de culture ponctuent cet ensemble enfriché.
2
La zone humide : Site marqué par une forte qualité paysagère car sa caractéristique d’espace submersible permet le développement végétation hydrophile.
3
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Les anciennes terrasses de cultures : Cette partie est dominée par un patrimoine de structures agraires remarquable. Ce patrimoine est aujourd’hui en grande majorité reconquit par la forêt, favorisant un processus rapide de dégradation.
3
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Rideau végétal
2
3
Relief arboré Ouvertures Fermetures Routes Chemins Ouvertures visuelles Dépressage Travail des lisières Construction patrimoniale
2
Carte de perception des espaces.
3
Carte de préconisation du zonage AFP
4
Carte de préconisation du zonage AFP
L’entrée de la vallée est relativement ouverte grâce à l’agriculture, puis plus on avance dans la vallée, plus le paysage se referme. L’étroitesse de la vallée est accentuée par des haies, des plantations de peupleraie très présentes en pied de versants et en bord de ruisseau. Enfin la Pouletie trouve sa source dans un paysage totalement fermé par les boisements.
Le zonage cible en priorité les espaces boisés de fond de vallée à proximité du cours d’eau. Il s’agit aussi de proposer des suggestions d’utilisations des anciennes terrasses de cultures avec l’implantation d’activités agricoles telles que le maraîchage et l’arboriculture. Ces deux activités semblent en effet les plus adaptées à ce type de structures agraires.
L’objectif est d’ouvrir de nouvelles perspectives, en décloisonnant l’espace de fond de vallée afin de percevoir les paysages prairiaux et de révéler et réhabiliter les structures agraires patrimoniales. Le but est ainsi non seulement de restaurer et de s’approprier un paysage caractéristique de l’identité du territoire mais aussi de le valoriser en l’incluant dans une logique d’utilisation actuelle (à travers l’utilisation de sentiers pédestre pour sa découverte).
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Chemin forestier
0
Chemin le long du ruisseau
Vallée pâturée
N 100m
Pâtures
Terrasses réhabilitées
Maraîchage ou jardins partagés
Vergers pâturés
Terrasses cultivées
Sous bois humide pâturé
Etat paysager projeté Cette projection des actions préconisées sur ce site montre : - Un paysage plus ouvert - Décloisonnement du paysage et réouverture des vues - Diversification paysagère sur les terrasse de cultures. - Mise en lumière des paysages rivulaires, révélation du rôle structurant de l’eau dans le paysage. - Révélation de la diversité des paysages de la vallée de la Pouletie. - Diversification des pratiques agricoles en lien avec le patrimoine. Stimulation du tourisme.
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Bilan : Ces différents échantillons illustrent les différentes actions qui peuvent être mises en place par le biais de l’AFP, et les conséquences positives qu’elles entraînent sur la qualité des paysages de la Lémance et de la Pouletie. À travers ces exemples ciblés, on peut voir que la mise en place d’une coopération entre les acteurs locaux (habitants, agriculteurs-éleveurs et élus ...) permet une réappropriation collective des espaces délaissés et, à travers la réintroduction de pratiques pastorales, la (re)création d’un paysage identitaire qui s’harmonise avec les enjeux territoriaux actuels. L’expérimentation théoriques de l’AFP par des exemples et sur des sites précis, montre que cet outil semble particulièrement adapté à une revalorisation des paysages de la vallée. Néanmoins, un travail important de concertation doit être mené auprès des habitants afin de les sensibiliser aux questions paysagères, et de tenter de changer les regards actuels portés sur les paysages de la vallée de la Lémance. Faire accepter aux habitants l’idée qu’une action conjointe et concertée sur le paysage ne peut être que bénéfique doit leur permettre de ne plus subir le paysage vécu, mais d’en être des acteurs à part entière. Ce type de projet demande au paysagiste de se positionner en tant que média-
teur et conseiller. Formaliser et dessiner un tel projet dans le détail est donc difficilement envisageable dans la mesure où il doit être réfléchi avec les acteurs locaux. Cette étape ultime constitue la suite logique de la démarche amorcée à travers ces propositions.
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Boîte à outils : SAFER
Région Aquitaine
Conseil départemental PDRR feader
Communauté de communes
Communes
Déchetterie matière végétal
financement
industrie forestière
broyage Habitant
bio-fibre AFP
Gestion de Parcelles
Aménagement Défrichage Pâturage Location p.222
SmAVLot
Chambre de l’agriculture
leader
Conseils
Giee
financement
Afaf
Association d’agriculteurs
Conseils
financement Boîte à outils évolutive.
agricultEURS
Schéma constituant une illustration des différents outils et acteurs mobilisables dans le cadre d’un projet de revalorisation du territoire de la Lémance par le biais de l’agriculture. Il montre le rôle et les apports de chaque acteur dans une possible mise en application du projet agro-paysager. À chaque étape de la démarche des acteurs se greffent et apportent leurs compétences.
nouvelles pratiques Achat
Gestion du paysage p.223
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Conclusion générale : Je pensais bien connaître le territoire de la vallée de la Lémance. J’étais loin du compte. Par ce travail de diplôme de fin d’études, j’ai revisité une nouvelle fois ce territoire, ses paysages et surtout ses habitants-agriculteurs. Ce sont ces derniers qui m’ont permis de (re)découvrir ce «Pays au Bois» dans lequel j’ai grandi. Ce mémoire a été pour moi l’occasion d’expérimenter une approche paysagiste originale dans un domaine relevant de la participation « habitante » auquel j’attache beaucoup d’importance. Rencontrer les agriculteurs, interagir et échanger avec eux m’a permis une immersion dans une autre réalité que je ne soupçonnais pas ou très peu : la leur. L’échange m’a conduit sur le terrain et m’a fait découvrir ce monde agricole si humain, si divers et riche d’expériences. Il m’a également fait prendre conscience du malaise de ce monde souvent réduit à un archétype caricatural, du manque aussi de reconnaissance de leurs pratiques dont ils souffrent et de l’absence de valorisation de leur action dans le domaine du paysage et de l’environnement. Par cette approche participative, j’ai appris à voir les paysage d’un nouvel
œil. Cette approche a éduqué mon regard, a nourri une réflexion sur le projet de paysage et a abouti à des propositions visant à mobiliser tout le potentiel du « déjà là » et des expériences locales. J’ai compris toute la difficulté et la complexité du métier d’agriculteur, mais aussi les effets paysagers induits, définis par des pratiques et les projets mis en œuvre. J’ai pris conscience de leur importance pour le paysage. Ils sont bien plus que des agriculteurs ou des paysans. Ce sont des paysagistes à part entière : ils aménagent notre cadre de vie et font vivre nos paysages. J’ai également été amené à réviser mon positionnement initial. Je pensais que le lien entre l’agricole et le forestier était aujourd’hui quasi-inexistant chez les agriculteurs. Or, j’ai appris auprès d’eux que leurs pratiques et leurs projets étaient encore aujourd’hui fondés sur une dynamique agro-forestière. Le lien que je pensais disparu est toujours présent. Il a simplement évolué. Et c’est parce qu’ils sont trop peu nombreux que leur action ne permet pas un effet conséquent sur les paysages du « Pays de la Lémance ». Ce ne sont pas les agriculteur, mais d’autres d’habitants, souvent grands propriétaires, qui se sont détachés du territoire. Et l’institution « Fumel Bois
Énergie » peut prétendre rassembler ces propriétaires afin de les impliquer dans une gestion forestière innovante qui prendrait en compte les espaces ouverts agricoles. C’est d’ailleurs la voie qu’elle semble prendre. Retisser le lien entre l’agricole et le forestier sur la base de pratiques innovantes semble être une réponse pour redynamiser deux activités qui mériteraient de fonctionner à nouveau ensembles. En (re)devenant complémentaire, elles pourraient être des actrices importantes du développement local du « Pays de la Lémance » et des atouts majeurs pour la qualité paysagère et environnementale des lieux. En mettant en œuvre une démarche participative, fondée sur l’échange, j’ai réussi à impliquer des agriculteurs, des élus et des acteurs locaux en faisant en sorte qu’ils discutent ensemble. Au cours des rencontres, le cercle s’est agrandi et un intérêt réel envers mon travail et le projet de paysage proposé s’est fait sentir. J’ai eu la chance de pouvoir présenter ce travail à l’ensemble des élus et techniciens : ils ont montré une réelle attention à ce que la démarche soit poursuivie.
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Remerciements : Ahhhh quel bonheur ! J’ai tant attendu ce moment. C’est fou ce que ça fait du bien de simplement dire... ...MERCI. Avant tout, je veux remercier ma famille, mes parents et mes frères. Merci pour votre soutien sans faille. Merci de croire en moi. Un grand cimer à tous mes amis qui m’ont soutenu. Je pense particulièrement à Kev-1, mon acolyte de charrette et grand ami, à Ptit Lu, à Lucygy (merci pour le bout de pain de mie), à Mowmow, Le Gui, Le Lenny, Kiki, Thomas et Alexis. Vous m’avez montré ce qu’est l’amitié. Je vous en doit une belle ! Merci mes amis, merci.
Merci à Stéphane Gatti d’avoir pris le temps de me recevoir afin de m’expliquer ses pratiques innovantes. Merci pour votre engagement. Merci à Didier Caminade pour votre confiance et votre aide précieuse. Un grand merci aux membres du SMAVLot pour leur gentillesse. Merci de croire en ce travail. Merci à Sebastien Ribeiro pour les documents cartographiques. Merci à Bernard Marès d’avoir pris le temps de m’expliquer comment fonctionnait la forêt locale. Bref, un grand merci à tous ceux que j’oublie, pendant que j’écris ses lignes.
Merci à Bernard Davasse, mon directeur d’étude, pour vos conseils précieux et votre suivi attentif tout au long de l’élaboration de ce mémoire. Merci d’avoir été présent. Merci aux membres du jury : Régis Ambroise, Dominique Henry, Victor Miramand et Didier Caminade d’avoir accepté de juger ce travail. Un énorme merci à tous les agriculteurs de la commune de Cuzorn pour leur gentillesse et leur pédagogie. Ce travail leur est dédié.
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Biliographie : Revues/Articles Claire Planchat-Héry, « Les outils graphiques paysagers, révélateurs des enjeux agricoles, dans un Plan Local d’Urbanisme », Norois [En ligne], 209 | 2008/4, mis en ligne le 01 mars 2011. Herbin C., Rochard J. Projet Apport : des outils pour des projets de développement durable des territoires et de gestion des paysages agricoles. Innovations Agronomiques 17 (2011), 149-161. M. Hébert et B. Breton. Recyclage agricole des cendres de bois au Québec - Etat de la situation, impacts et bonnes pratiques agro-environnementales. Agrosolutions, décembre 2008. Vol. 19, N°2. Ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et de la Forêt. L’agriculture de conservation. Centre d’études et de prospective. Analyse N° 61 - Septembre 2013. Guy Gaudreau. Le rapport agriculture-forêt au Québec : note historiographique. Revue d’histoire de l’Amérique française, Volume 33, numéro 1, juin 1979, p. 67-78. Deffontaines Pierre. Le «Pays au bois» de Belvès. In: Annales de Géographie. 1930, t. 39, n°218. pp. 147-158. Hervé Davodeau et Camila Gomes Sant’Anna, « La participation du public et ses incidences sur l’évolution des théories et pratiques du projet des paysagistes », Territoire en mouvement (En ligne), 2011 Rémy Kulagowski, Florian Carlet, Guy Giraud. Essai de l’utilisation du BRF (Bois Raméal Fragmenté) en Grandes Cultures : Impacts environnementaux et agronomiques. Agricultures et territoires chambre d’agriculture Alpes de Haute-Provence. Dominique Henry. Les éleveurs, l’herbe et la montagne : un paysage de la pratique pastorale ? Éléments d’ethnogéographie paysagiste en Pyrénées centrales. Publié le 18/07/2010, sur projet de Paysage. Centre Provincial de l’agriculture et de la ruralité. L’analyse des fourrages de ferme. Brabant wallon. La jeune Province. Septembre 2006.
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p.229
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Ce territoire, majoritairement forestier (70% de la surface), profite d’une agriculture paysanne basée sur la polyculture-élevage ayant un lien fort avec la forêt. Historiquement, le système agricole en place était agro-sylvo-pastoral. Mais la déprise agricole, présente sur l’ensemble du territoire national, touche aussi fortement ce territoire et des villages se retrouvent sans agriculteurs. De ce fait, le paysage de clairières agricoles est en grande mutation, et les pratiques agricoles tendent depuis de nombreuses années à se détacher du contexte territoriale. Les conséquences sont l’abandon de la forêt par les paysans, et le vieillissement de la forêt qui se couche après chaque tempête ; la fermeture des clairières au profit de la forêt et de la sylviculture ; la disparition des élevages et du paysage pastorale…
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Le projet a pour objectif de revaloriser le rôle de l’agriculture dans la gestion du paysage, c’est-à-dire faire de l’agriculture, le principal outil de gestion, en la plaçant au centre de problématiques paysagères. Car l’agriculture est créatrice et garante du paysage. L’objectif est d’imaginer un système basé sur le paysage pour redynamiser l’agriculture, la rendre plus attractive socialement, faire prendre conscience aux habitants de son importance, et la réconcilier avec son allié de toujours, la forêt. Ma démarche de travail s’est voulue participative, et c’est à travers le regard des habitants-exploitants que ce travail à été élaboré. Mots clés : Paysage / Territoire / Agriculture / Démarche participative / Projet agro-paysager