REGARDS AGRICOLES Styven Braz Travail Personnel de Fin d’Étude Formation paysagiste D.P.L.G. Novembre 2016 Sous la direction de Bernard Davasse
C A R N E T D ’ E X P L O I TAT I O N S
p.1
p.2
So
mm
- Introduction : Identifier et comprendre
p.5
1 - Fiches exploitations : Focus sur Cuzorn
p.6
Ai
RE
Introduction Fiche 1 :
Ferme de Rouby-Bas
Fiche 2 :
Ferme de Laborde
Fiche 3 :
Ferme de Péméja
Fiche 4 :
Ferme de Roudigou
Fiche 5 :
Ferme de Lascarcelle
Fiche 6 :
p.6 p.9 p.27 p.41 p.53 p.65
Ferme de Pombié
p.79
Bilan :
p.91
2 - La Ferme du Pech : La rencontre d’un modèle
p.93
- Conclusion
p.119
- Remerciements aux agriculteurs
p.120
p.3
p.4
Identifier et comprendre pour proposer. Ce livret complète le mémoire. Il peut être lu en lien avec lui ou bien de manière séparée. Il rassemble et synthétise toute la démarche réalisée auprès des agriculteurs. C’est un recueil où leur travail est mis en valeur et expliqué à l’échelle de l’exploitation voire plus. Il a été rédigé grâce aux témoignages des agriculteurs rencontrés. L’objectif de ce document est de montrer comment est pratiquée l’agriculture afin de comprendre le paysage agricole et ses dynamiques. Il est question de renseigner, de construire une connaissance pour sensibiliser le regard. Par ce travail, des pratiques, des projets seront identifiés et mis en avant, et deviendront une base pour l’élaboration d’un projet de paysage. S’inspirer des pratiques des agriculteurs, pour élaborer un projet de paysage, donne au projet une légitimité. Il prend comme point de départ des exemples concrets et existants, transmis par les habitants-exploitants. Par le biais de ce document, je souhaite montrer la richesse et la variété des approches agricoles présentes sur le territoire de Cuzorn. Ces différentes pratiques
entretiennent divers paysages à des échelles locales. L’imbrication de tous ces usages, et de toutes ces pratiques fabriquent finalement le paysage cuzornais, à une échelle globale. Ce travail est surtout un outil de médiation qui permet de montrer aux élus ou aux habitants l’importance des agriculteurs dans l’entretien et la création des paysages actuels et à venir. Ils sont les aménageurs du «monde» rural, les paysagistes de notre cadre de vie. Ces témoignages expriment l’attachement des paysans pour leurs terres. Dans un contexte de déprise agricole, ils remettent en question leurs pratiques. Ils cherchent à s’adapter, à pérenniser leurs activités, pour faire perdurer leurs exploitations, mais également pour assurer une vie agricole sur le territoire. Ce dossier se décompose en trois parties. La première porte sur les exploitations cuzornaises, les pratiques et les projets de chaque agriculteur. La seconde explique l’activité d’une ferme ayant des pratiques vers lesquelles tendent les agriculteurs locaux. Enfin, la dernière partie est une proposition basée sur les projets des paysans locaux et met en avant une possibilité de complémentarité entre activité agricole et exploitation forestière pour une meilleure gestion des paysages.
p.5
1 > Fiches exploitations : Focus sur Cuzorn. p.6
Tout d’abord, il est important de souligner que certaines exploitations sont extrêmement morcelées. Certains agriculteurs peuvent faire plus d’une quinzaine de kilomètres entre deux îlots. De ce fait, les fiches sont basées sur les terres situées au plus proche de la ferme. Le but est de comprendre comment fonctionnent les fermes, comment elles utilisent l’espace, mais aussi d’identifier des pratiques originales afin de repérer celles qui pourront être réutilisées, pour l’élaboration d’un projet agri-paysager, dans une échelle territorialisée. Les fiches sont composées de trois parties : La première montre le paysage de l’exploitation et son contexte. La deuxième partie est dédiée au portrait de l’exploitant et de son activité. Il s’agit de la synthèse des entretiens avec les agriculteurs, qui décrivent leurs pratiques, leurs usages dans l’espace, leurs visions de l’agriculture... La troisième partie est consacrée à la mise en espace des informations dans le paysage, à la compréhension et la schématisation des systèmes agricoles. Chaque ferme est numérotée. Ce chiffre désigne la fiche qui correspond à l’exploitation.
De cette manière, l’exploitation peut être située dans la vallée et dans sa séquence, grâce à son code couleur, afin de connaître le contexte paysager dans lequel elle s’inscrit. Sur les 8 agriculteurs de la commune, 6 ont été rencontrés donnant lieu à un entretien. Mais un échange a vraiment été initié avec 4 d’entre eux. De cette façon, les fiches des exploitations 6 et 8 sont manquantes, en raison de l’absence totale d’informations. Les fiches des fermes n°3 et 7 seront quant à elle, moins complètes. Cependant, avec les sorties de terrain, j’ai essayé d’identifier au mieux les pratiques afin de les retranscrire.
Échange et dialogue réel. Fiches complètes Dialogue sans suite. Fiches incomplètes
Échange inexistant.
Positions des fermes.
1.1 2
3
Les terrasses agricoles
Ă€ chaque ferme correspond une fiche.
La Porte du PĂŠrigord
1.2 4
La vallĂŠe Molassique
5
6
0
250
500m
N
p.7
p.8
Les terrasses agricoles 1.2 - Tandou La Porte du Périgord
Fiche 1 - Ferme de Rouby - Frères Fabre : Polyculture élevage et arboriculture.
1.1- Rouby-Bas
Positions des îlots Cette exploitation possède deux grands îlots sur la commune. Leurs contextes sont très différents.
0
250
500m
N
p.9
1.2
Contexte paysager. Une ferme, deux ĂŽlots, deux contextes, entre plaine et plateaux.
p.10
N
1.1
Les parcelles se définissent par des terres arables, des prairies et des boisements. Cette variété est héritée du système agro-sylvopastoral.
Zoom sur le site
1.1 N
1.2
Toutes les terres sont cultivées et exploitées, boisements inclus.
100 200 m
Zoom sur le site
0
0
100
200m
N
Cette exploitation a la particularité d’être composée de deux îlots majeurs sur la commune de Cuzorn, ayant des sols, des environnements et des contextes totalement différents. Le premier (1.1) regroupe le siège de l’exploitation et des terres riches en plaine et sur les terrasses alluviales. Le second se situe sur les hauteurs du village, en clairière, entouré par la forêt où les sols sont sableux et acides. Les paysages y sont donc très différents. Pourtant, on y trouve les mêmes cultures. L’étagement classique (culture en vallée et prairie en plateaux) semble ne pas être appliqué ici. Les prairies n’y sont que très peu représentées et on a du mal à lire un paysage d’élevage. Cependant, ces îlots représentent une petite partie de l’ensemble de l’exploitation. On remarque aussi sur l’îlot de Tandou que la parcelle forestière a été coupée. Il y a donc un lien évident entre l’agriculteur et la forêt.
p.11
1.1 Rouby Bas - Séquence : «Terrasses agricoles.» - Terres en plaine alluviale
N
Paysage de Rouby-Bas
Entre routes, voie ferrée et industrie. Un paysage de céréaliculture.
p.12
1.1 6 4 3 2 1 5
7
La Briolance Bourg de Saint-Front
Ravin de Péchabot Friche
Champs cultivés
Chênaie de coteaux
Champs cultivés
Prairie
Voie ferrée
Peupleraie
Croisement routier
Ferme de Rouby Bas
Ferme de Laborde
Usine désaffectée
La Lémance
La Riverette
D 710
Mélis
6 5
7
Potager sous verger d’un ancien paysan Les enclos sont ouverts sur le paysage, une fenêtre vers les prairies permanentes.
4 Elles sont pâturées au début du printemps lorsque que l’herbe est fraiche.
3
Le paysage se caractérise par des parcelles cultivées bordées en hauteur par les bois.
Stabulation et vaches laitières.
2
Prairie permanente.
Le paysage de plaine = Différentes parcelles pour différentes cultures.
Contexte de la ferme.
1
Céréaliculture.
Ces infrastructures sont accolées à la ferme contraignant les pratiques agricoles.
Entre paysage agricole et industriel.
Je suis ici
p.13
1.2
Tandou - Séquence : «Porte du Périgord.» - Terres de plateau
N
Paysage de Tandou
Une clairière cultivée et irriguée.
p.14
1.2 2 1 3 5 4 6
7
Pâtures pour chevaux Plan d’eau pour irrigation Verger de pruniers (Roudigou)
Ancienne feme de Tandou Parcelle forestière exploitée
Champs cultivés
La Pouletie
Champs cultivés
Jeune châtaigneraie Ferme de Lascarcelle
Église
La Lémance
Falaise + ruines du château
Bourg de Cuzorn
Tunnel
Voie ferrée
6 La forêt comme limite. La succession de plan : prairie - cultures forêt - ciel. Le vieux bâti
7
Les pâtures de cette clairière sont destinées au chevaux des habitants. Ils enrichissent le paysage de monoculture.
4
Pâturages privés et cultures juxtaposées.
Les haies dessinent des fenêtres invitant à découvrir ce qui se cache derrière.
Les cadrages dans la végétation.
L’agriculteur reconvertit ses terres en vergers. Ici 60 ares plantées en bord de clairière.
.Jeune châtaigneraie.
2
Elle a été vendue afin d’être reconvertie en habitations.
Ancienne ferme agricole.
C’est un paysage de clairière cultivée. La présence de maïs indique qu’elle est irriguée.
Contexte de l’îlot.
1
3
5
p.15
Les frères Fabre. Le chef d’exploitation, Daniel (à droite) et son frère, Didier, qui lui prête main forte.
Présentation : - Exploitation en polyculture élevage (laitier). - Chef d’exploitation : Daniel Fabre - Reprise de la ferme familiale en 1989 (construction du bâtiment d’élevage et salle de traite) - 100 hectares (environ 2/3 loués) et 65 vaches laitières. - Proche de la retraite, actuellement sans repreneur. « Ici l’inconvénient c’est que ce sont de petites parcelles, en situation coteaux sec... Morcelées !» «Ce qui me sauve à moi, c’est que je peux irriguer une partie...» «On a un handicap comparé à certaines régions qui ont 50 hectares tout autour du bâtiment.» «Les sols sont hétérogènes. Sur des parcelles, en 100 mètres, le sol peut changer 3-4 fois. C’est pfff... Ça c’est un handicap ça, on peut pas le nier.»
L’exploitation de Daniel Fabre se trouve en fond de vallée. Cette position a ses avantages, comme ses inconvénients. Commençons par les inconvénients. Tout d’abord, la ferme se trouve coincée entre la voie ferrée Agen-Périgueux et des routes communales. Les voies de communications découpent l’ensemble de l’exploitation, contraignant les déplacements mais aussi son activité, et en particulier l’élevage. Ensuite, inconvénient comme avantage, les terres entourant les bâtiments sont les meilleures de l’exploitation, et elles profitent de l’irrigation grâce à la présence de la Lémance. De ce fait, elles sont logiquement cultivées, laissant peu de place aux pâtures, qui se retrouvent éloignées des stabulations. Pour cette raison, seules deux parcelles de petites tailles composent le parc
p.16
pâturé, et permettent la sortie des bêtes 2 mois par an, au printemps. Lorsque l’herbe vient à manquer, elles retournent en étable. Cette contrainte implique de nourrir les bêtes avec du «stock» (ensilage maïs, ensilage d’herbes, enrubannés foins...) issu des cultures. «Toutes les cultures sont à destination des animaux.» La production alimentaire pour les bêtes est la priorité de l’agriculteur, car elle lui permet l’autonomie, donc des économies. Tout est revalorisé, et le surplus est vendu. Mais la stabulation a un avantage : la récolte et le recyclage du fumier. Cette matière permet à l’agriculteur d’enrichir ses terres. Elle a un grand intérêt agronomique, et les apports sont faits régulièrement sur les parcelles proches. Le fumier est d’abord stocké en tas, pour être épandu avant le travail de la terre, ou du semis.
Les prairies de fauches. Ils travaillent plusieurs types de prairies : temporaires (entre deux cultures), permanentes artificielles (durée de 4 ans) qui sont semées, ou encore les prairies permanentes naturelles. Elles permettent la récolte de fourrage, 2 à 4 fois par an selon les conditions climatiques. Les prairies naturelles se définissent souvent par des parcelles abandonnées par leurs propriétaires. Un accord verbal est alors passé pour que les frères puissent faucher et ainsi faire la gestion de la parcelle. «Fourrage ou pas, c’est simplement pour éviter que ça devienne trop en friche». Cette pratique est révélatrice d’une certaine sensibilité de l’agriculteur face à la dynamique d’enfrichement, qui l’incite à agir,
Croquis de la ferme. Au premier plan, les praires permanentes pâturées, au second plan le bâtiment d’élevage et sa vielle ferme, et derrière, l’ex usine Tarket (ancien leader mondial de parquet).
et cela dans son intérêt ou non. Les récoltes sont alors enrubannées, stockées et données aux bêtes. Aucune précision n’a été apportée sur la composition des prairies
outils permettant son entretien exige des sols non caillouteux, définissant encore plus finement sa répartition.
Les cultures.
Pour les frères Fabre, le travail n’est pas primordial. Le labour est pratiqué seulement dans certaines conditions. «Après la céréale, je ne laboure pas en principe (...). Mais il est fait après le maïs ensilé ou suivant la météo et la repousse des adventices», ou bien après l’épandage du fumier. Seules les terres argileuses sont travaillées continuellement. «Dans l’argile, je laboure. Il faut le labour d’automne, faut pas faire le labour un mois avant le semis, ça ne marche pas! (...) On sait quelles parcelles labourer avant l’hiver, on les connaît les parcelles». Elles représenteraient 20% des terres de l’exploitation.
Les cultures sont adaptées selon les sols et la possibilité d’irrigation. L’accès à l’eau représente un énorme avantage qui permet d’assurer de bons rendements, mais aussi la culture de plantes plus exigeantes. De ce fait, les rotations sont définies surtout selon cette donnée. Ainsi, on peut faire la différence entre les parcelles irriguées, en vallée grâce à la Lémance et en plateau grâce à des retenues d’eau, et les autres non irrigables, par les cultures présentes. Le maïs étant obligatoirement irrigué. Toutes les cultures étant à destination des animaux, pour assurer l’autonomie alimentaire, elles se définissent surtout par des céréales à foin (blé, orge, tritical), du maïs (grain ou fourrage/ensilage) et parfois pour «casser» les cycles de maïs, avec du soja car il a la particularité de fixer l’azote. Soja et maïs sont ici rendus complémentaires. La particularité du soja est que les
Le travail du sol.
Les contraintes liées au territoire. Pour Daniel, la plus grande contrainte du territoire est le morcellement des parcelles. Elles peuvent être très éloignées les unes des autres, et parfois 8 à 10 kilomètres sont parcourus entre elles. De plus elles sont de petites tailles et de formes biscornues, compliquant aussi les
manœuvres avec les engins. À cela, s’ajoute l’importance des boisements, qui encerclent les parcelles, et abritent de nombreuses «sauvagines». «Ça c’est une plaie !» dit-il. Elles détruisent toujours une partie des récoltes. Puis il y a l’effet des bordures avec les ombres portées. «Les parcelles sont entourées de bois, les effets de bordures sont terribles», car elles bloquent la lumière aux cultures qui se retrouvent fragilisées. En revanche l’effet est inverse quand la lisière est exposée plein sud.
Se diversifier pour subsister. Pour ces agriculteurs, agrandir les surfaces exploitées permet d’être plus viables. Mais l’arbre est aussi une source de revenu sûr. Récemment, des parcelles boisées ont été coupées pour la vente de bille de châtaignier et de bois de chauffe. Les bois représentent une source de revenu périodique, un réservoir économique. Puis, en 2015, le cours de la châtaigne est en hausse. L’exploitation se diversifie alors peu à peu, et il planta des vergers.
p.17
Synthèse schématique du système agricole :
1
4 Produit
Enrichit
Fumier
Bétail Possède
Ensilage
Apporte
Céréales
Et produit
Gestion des prairies
Gestion et Enrichit
Produit
Revient à
3 2
Exploitation agricole Possède
5 Produit
Prairie
Fourrages
Produit
Châtaignes
Schéma «agro-systémique» de l’exploitation.
p.18
Clairière
Forêt Revient à
Champs
Produit
Paille
Définit par
Produit
6
Bois de chauffe Vergers
1 Stock de maïs ensilé. Il permet de nourir les bêtes durant toute une année.
2 Stabulation. C’est l’heure de manger mesdemoiselles. Le bâtiment est ouvert vers les prairies. Fumier
3
Vache laitière. Ce sont elles qui définissent les pratiques de l’agriculteur.
4
Ramassage du fumier enrichi. Le paillage est constitué de paille. Il est stocké puis épandu sur les parcelles.
5
La prairie. En été, sans pluie, les prairies sont extrêmement sèches.
6 Piles de bois. Elles ponctuent le paysage agricole de la ferme. Elles traduisent l’activité sylvicole de l’agriculteur.
p.19
1.1 Rouby Bas - Séquence : «Terrasses agricoles.» - Terres en plaine alluviale
L’irrigation et la qualité des terres ont déterminé les pratiques sur cet îlot.
Localisation des pratiques.
p.20 Prairies naturelles extérieures à l’exploitation fauchées avec l’accord du propriétaire. Gestion des clairières contre l’enfrichement.
Terres forestières en coteau calcaire. Chênaie pubescente pour bois de chauffe. Gestion forestière.
Terre caillouteuse, peu profonde, drainante. Sans irrigation. Dédiée aux céréales à pailles. Cultures d’hiver pour profiter de l’eau des pluies.
Terre plus grossière, caillouteuse, moins profonde avec irrigation. Dédiée au maïs, blé, orge, triticale. Alternance entre culture d’été et culture d’hiver
Terre fraîche et profonde avec irrigation. Aptes à toutes cultures : maïs, soja, blé, orge, triticale. Mais grosse préférence pour le maïs (fourrage ou grain) ou soja pour alterner. Le maïs y est cultivé des années de suite.
La Lémance, source d’eau pour les cultures. Les cultures en dépendent
Prairies permanentes sémées en ray-grass ou autre. Plusieurs fauches avant d’être mise en pâture au mois d’avril.
Spatialisation schématique du système agricole :
N
Parcours bétail Irrigation
Gestion de prairies extérieures
Produits agricoles
Types d’espaces Apports agronomiques
Enrichit
Produits autres
Gestion des surfaces
N
Paysage et «agro-système». Chaque composante a son rôle et sa part de production de ressources.
p.21
1.2
Tandou - Séquence : «Porte du Périgord.» - Terres de plateau
N
C’est l’irrigation qui a permis l’implantation des cultures dans cette clairière
Localisation des pratiques.
p.22 Rétention d’eau le long de La Poulétie. Ce lac permet l’irrigation des cultures du plateau.
Terre forestière en coteau exploitée pour son bois.
Terre sableuse, hétérogène et acide. Avec irrigation. Alternance maïs et cultures d’hiver à paille.
Prairies permanentes artificielles ou naturelles
Jeune châtaigneraie. Le contexte difficile actuel entraîne les agriculteurs à se diversifier. Parcelle désherbée et irriguée.
Enrichit
Irrigation Produits agricoles Produits autres Types d’espaces Apports agronomiques Gestion des surfaces
Jeune châtaigneraie
N
Paysage et «agro-système». Chaque composante a son rôle et sa part de production de ressources.
p.23
Année N Été Maïs
Apport en fumier + travail du sol
Année N+? Été Soja
N
Les rotations à Rouby-Bas
Irrigation
Apport en fumier + travail du sol
1.1
Elles sont trois, et se définissent selon les sols et l’irrigation.
Année N+2 Été Blé Terres de vallée irriguées Terres de plateaux irriguées Terres de terrasses alluviales irriguées Terres séchantes de coteaux
N
Les rotations à Tandou Les sols sont hétérogènes sur l’ensemble de la clairière.
p.24
1.2
Année N Hiver Blé
Apport en fumier + travail du sol
Apport en fumier Travail du sol selon conditions
?
?
Apport en fumier Travail du sol selon conditions
Année N+1 Été Maïs Année N+2 Hiver Triticale
Apport en fumier + travail du sol
Année N+1 Hiver Orge
? Apport en fumier Travail du sol selon conditions
Année N Été Maïs
Schémas retranscrivant les rotations selon les informations recueillies.
Travail du sol selon conditions
Année N+3 Hiver Triticale ou Blé
Rotation de cultures selon les terres.
Apport en fumier + travail du sol
Irrigation
Apport en fumier + travail du sol
Année N+1 Hiver Blé ou Orge
Travail du sol selon conditions
Le fumier a une place importante dans les rotations de cultures. Il permet un apport en matière organique dans les sols. Cependant les fréquences de son épandage sont à déterminer. On sait que le sol est enrichi après une récolte de maïs, mais qu’en est-il pour les terres ne recevant pas le maïs ? Une chose est sûre, c’est que seules les terres trop éloignées ne reçoivent pas de fumier.
Année N+2 Été Maïs
p.25
p.26
0
250
500m
Les terrasses agricoles
Fiches 2 - Ferme de Laborde - Famille Baras : Polyculture céréalière.
2 - Laborde
N
p.27
2
Contexte paysager. La ferme est situĂŠe au milieu des terrasses alluviales. Elle domine la vallĂŠe.
p.28
N
L’îlot mêle terres de plaine, de coteaux et de plateau. Ce n’est qu’une petite partie de l’exploitation.
Zoom sur le site
2 2
0
100 200 m
N
La ferme de Laborde est le fief de la famille Barras. Aujourd’hui, ce sont deux cousins qui partagent le même espace, mais ne travaillent pas ensemble. Ils ont chacun leurs parcelles. Ayant chacun un emploi, cette activité agricole reste pour l’instant de second plan. Pour cette raison, l’élevage a été abandonné par Nicolas, dès qu’il a pris les commandes d’une partie de l’exploitation, le bétail demandant un présence permanente à laquelle il ne peut répondre pour l’instant. Et son cousin va suivre le même exemple. Il s’agit donc d’une exploitation céréalière. Cette fiche sera dédiée uniquement à l’activité de Nicolas, qui se révèle être très particulière et intéressante par ses pratiques originales. Elle se définit par une agriculture «novatrice», où l’agriculteur expérimente une nouvelle technique culturale: celle dite de «conservation des sols» ou «sous-couvert».
p.29
2
Laborde - Séquence : «Terrasses agricoles.» - Terres en plaine alluviale et plateau
N
Paysage de Laborde et de Laborderie.
Les cultures s’étendent jusque sur le plateau, grâce aux terrasses alluviales.
p.30 2 1 6 3 5 4
Champs cultivés
Laborderie
Bois exploités
Pâture pour chevaux
Prairie de fauche
Ferme de Laborde
Route communale
Chênaie pubescente
Champs cultivés
La Pouletie
Chênes truffiers
Pépinière Rigal
La Lémance
Voie ferrée
D 710
La parcelle de gauche au précédent de blé profite déjà de sa couverture de féverole.
6
Il s’agit ici de luzerne, qui en plus de protéger le sol de l’érosion, fixe l’azote dans le sol.
4 Cette clairière agit comme un promontoire sur la vallée, où les champs subliment les pentes.
Parcelles à forte pente.
2
Parcelles couvertes / parcelles nues
C’est un paysage agricole très ouvert où le regard porte loin. Le relief y est mis en valeur.
Contexte de la ferme.
1
Couvert végétal.
Rétention d’eau asséchée Le long de la route, des fenêtres s’ouvrent et cadrent le paysage.
Fenêtre végétale.
Je suis ici
3
5
p.31
Nicolas Barras.
2
Laborde - Séquence : «Terrasses agricoles.» - Terres en plaine alluviale et plateau
Jeune et fraîchement installé, il s’intéresse aux agricultures nouvelles.
Présentation : - Exploitation en polyculture (agriculteur céréalier). - Reprise de la ferme familiale en 2015 (arrêt de l’activité élevage) - +/- 60 hectares dont 45 hectares de terres arables. - Reconversion en polyculture sur sol vivant. « J’essaie d’aller vers ça (agriculture de conservation). Moins de travail du sol, moins d’intrants. Voilà j’essaie de diversifier les rotations et aussi peut-être, j’ai pensé un moment, aller vers l’agroforesterie.» « L’idée elle est là aujourd’hui, c’est d’avoir une couverture permanente des sols». «J’ai des terres qui malheureusement dès qu’il pleut un peu, tout s’en va, toute la bonne terre ruisselle. Surtout l’hiver quand tu laisses la terre nue... C’est pour ça que je pars vers les couverts.»
Ce jeune agriculteur a repris l’exploitation de son père durant l’année 2015. Étant saisonnier agricole dans une autre exploitation céréalière, il ne pouvait pas prétendre à l’élevage, manque de temps. De l’activité laitière connaissant de nos jours une crise sans précédent, il n’y voyait plus d’avenir. Mais il n’exclut pas l’idée d’un jour, quand il arrêtera son activité saisonnière, de reprendre l’élevage avec des blondes d’Aquitaine. Seul le temps nous le dira.
Du constat à l’expérimentation. Ce qui nous intéresse ici, c’est son envie d’expérimenter. Elle serait apparue avec le constat de l’effet de ruissellement qui «vidait» ses parcelles de coteaux et plateaux de la bonne terre. Et cet effet était largement
p.32
accentué en hiver lorsque les terres sont à nues. Puis un autre constat, lié cette fois-ci aux lisières avec la forêt où les sols sont plus vivants, fertiles et où les cultures poussent mieux, en comparaison au reste de la parcelle. Il parle bien sûr des lisières exposées plein sud, car l’effet est inversé en exposition nord, où l’ombre empêche toute croissance. C’est donc de cette façon que sa curiosité l’a encouragé à se renseigner sur des pratiques agricoles non conventionnelles et innovantes. Dans un premier temps, il s’est intéressé à l’agroforesterie. Mais comme il le dit lui même, il y a déjà beaucoup de forêt, et sur les parcelles étant de petites surfaces ; planter des arbres ne laisserait alors plus aucun espace pour les cultures. Il a alors opté pour la technique de
la conservation des sols, vers laquelle il tente aujourd’hui de s’orienter. Il est en plein essai de reconversion.
Des pratiques de régénération des sols. Il s’est fixé des objectifs : - Réduire le travail du sol, vers l’abandon du labour et en privilégiant des travaux superficiels. - Réduire la consommation d’intrants. - Diversifier les rotations pour produire plus. - Avoir une couverture permanente du sol. Par le constat d’érosion des sols, et des bienfaits de la proximité des bois, tout un système innovant se construit peu à peu. Ainsi, il espère arrêter les ruissellements mais surtout, il vise la régénération des sols
Croquis de la ferme. Elle forme un hameau agricole important, avec de nombreuses bâtisses.
pour qu’ils soient plus fertiles, et de ce fait augmenter ses rendements. Tout cela en limitant l’utilisation de la chimie. Son premier test s’est porté sur le semis d’un couvert d’hiver mélangeant féverole, lentille et sarrasin, associé au colza, sur les terres de plaines et de terrasses. En temps normal, le gel d’hiver détruit le couvert qui vient nourrir le sol et laisse le colza se développer avec un sol alimenté en matière organique végétale. Mais pour cette année, les gels n’ont pas été au rendez-vous, forçant alors l’utilisation de désherbant chimique pour corriger. Malgré cela, le résultat a été très positif, et la récolte très bonne. La même expérience a été faite avec le tournesol en plateau, en culture d’été, dont je n’ai pas eu de nouvelles. Pour le blé, il est associé avec de la luzerne qui a le même rôle que la féverole, celui d’enrichir le sol et de créer de la matière. Certaines parcelles sont dédiées au couvert de luzernes. Il la fauche et récolte, ou alors éparpille la coupe afin d’alimenter les sols. Son intention est de la
laisser deux années afin de pouvoir par la suite enchaîner avec du blé puis du maïs. Régénérer pour préparer les parcelles et produire plus. Pour finir, il retire de ses cultures fourrages et pailles. Il procède alors à un échange avec des éleveurs: paille contre fumier. Ce qui lui permet encore d’apporter de la matière. Et si le fumier vient à manquer, la paille est alors broyée.
de se réinventer. Un autre avantage que cette technique amène est la multiplication des productions qui peuvent rendre l’exploitation plus dynamique et viable, si on prend en compte l’économie de temps et de produits utilisés.
Des avantages certains. Par ces expérimentations, les premiers effets positifs se sont vite fait ressentir. D’une part la limitation de l’usage de la chimie lui a permis des économies. L’arrêt du travail de la terre économise du gasoil et du temps. La couverture permanente freine les effets de ruissellement. Les sols sont constamment nourris... Cette pratique agricole est extrêmement intéressante. Le paysage est sans cesse en évolution, au rythme des rotations. Les couvertures des sols donnent de la vie à la terre mais aussi au paysage qui ne cesse
p.33
Exploitation agricole Péméja
Enrichit
Fumier
Enrichit
1
Couverture végétale Revient à
Revient à
Produit
Échange avec
Céréales
2
Exploitation agricole
Champs
Produit
Fourrages
Clairière
Forêt Produit
Paille
Définit par
Possède
Prairie
Bois de chauffe
Schéma «agro-systémique» de l’exploitation. Il est basé sur les couverts végétaux
p.34
1
Couverture en pleine formation Féverole et sarrasin sur la photo de gauche, et luzerne sur celle de droite. De même, on remarque la différence entre les sols.
2
Colza associé Avant / après.
p.35
2
Laborde - Séquence : «Terrasses agricoles.» - Terres en plaine alluviale et plateau
N
Positions des cultures dans le paysage.
Pour la 1ère année, l’irrigation ne semble pas avoir influencé le choix des positions de chaque culture. Il s’agirait ici plutôt du type de sol
p.36 Couverture des sols par un mélange féverole, lentille et sarrasin. Sur tout type de sol.
Parcelles boisées utilisées pour le bois de chauffe.
Prairies artificielles pour la création de fourrage sur terres peu profondes et calcaires.
La Lémance, source d’eau pour les cultures.
Couverture des sols par la luzerne. Sur tout type de sol.
Échange avec
Irrigation Produits agricoles Produits autres Types d’espaces Apports agronomiques
Enrichit
Gestion des surfaces
N
Plantation et destruction de légumineuses avant mise en culture
Paysage et «agro-système». Il y a une recherche d’équilibre entre production et régénération des sols.
p.37
Colza
Blé
Année 1 Hiver Mélange de féverole, lentille, sarrasin + Colza
Les rotations à Laborde Elles sont différenciées par rapport à la première culture. Il s’agit ici plus d’une question d’assolement.
Les rotations sont en cours de réflexion, et cela demande du temps mais aussi de l’expérience. Comme l’installation de Nicolas Barras est toute récente, il ne sait pas encore tout à fait quelles rotations il suivra. Comme il a déjà été dit, il expérimente, il essaie. Mais on peut déjà rendre compte de trois débuts de rotations qui se poursuivent encore aujourd’hui, mais aussi avec les informations données sur ses prévisions.
2
Laborde - Séquence : «Terrasses agricoles.» - Terres en plaine alluviale et plateau
Tournesol
p.38
Année 2 Hiver Semis d’orge dans la destruction du colza
Possibilité d’irrigation
Année 1 Automne Des rejets de Colza prennent le dessus. Couverture du sol. Fauchage et destruction au rouleau ou produits chimiques
Année 1 Été Luzerne
Année 1 Hiver Mélange de féverole, lentille, sarrasin Destruction au rouleau ou produits chimiques
Année 1 Printemps Semis de tournesol
Année 1 Printemps Récolte du colza
Année 2 Hiver Mélange de féverole, lentille, sarrasin + Colza
Année 1 Été Luzerne
Destruction par le gel ou produits chimiques
Apport en fumier
Schémas retranscrivant les rotations selon les informations recueillies.
Apport en fumier
Destruction par le gel ou produits chimiques
Année 1 Printemps Récolte du colza
Rotation de cultures
Fauchage et destruction au rouleau ou produits chimiques Année 1 Hiver Blé
Année 5 Été Maïs
Possibilité d’irrigation
Apport en fumier Année 2 Été Luzerne
Année 4 Été Luzerne
Année 3 Été Luzerne
Préparation des sols p.39
p.40
Fiches 3 incomplète - Ferme de Péméja - Famille Caillou : Polyculture élevage.
0
250
500m
Les terrasses agricoles
3 - Péméja
N
p.41
Ici (hors champs), dans une clairière.
3
Contexte paysager. La ferme marque par sa clairière le passage à la commune de Saint-Front
p.42
N
Cette clairière est aussi cultivée. Elle dispose d’une rétention d’eau qui lui permettra d’irriguer ses parcelles.
Zoom sur le site 100 200 m
3
0
N
Péméja, anciennement Pech Méja, est une clairière cultivée perchée à 200m d’altitude. Cette ferme appartient à la famille Caillou, où tout le monde apporte son aide. L’exploitation est un GAEC dont les gérants sont le fils aîné, Sébastien et la mère de famille, Liliane. Cette exploitation compte un peu plus de 100 hectares, qui sont répartis sur plus de 6 communes, dont les départements voisins du Lot et de Dordogne. On imagine alors l’importance du morcellement de cette exploitation et les distances parcourues. Cet îlot, autour de la ferme, ne représente alors qu’une infime partie de l’exploitation. Malheureusement, le dialogue avec les exploitants n’a pas pu avoir de suite à cause de leur emploi du temps très chargé. Ainsi, toutes les informations ont été recueillies sur place, par la lecture du paysage et les dires des autres agriculteurs.
p.43
3
Péméja - Séquence : «Terrasses agricoles.» - Terres de plateau
N
3
Les cultures entourent le lac de rétention. Elles en sont dépendantes.
Paysage de Péméja.
p.44
2
1
4
6
5
7
Champs cultivés
Bâtiments en rénovation
Pâtures pour moutons (cheptel du voisin non agriculteur)
Rétention d’eau
Ancienne ferme de Péméja
Lapouletie
Ferme de Péméja (nouveaux bâtiments)
Champs cultivés Friche
Combe
Prairie artificielle
Ferme en ruines
Route communale
6 La diversité des cultures et des pratiques permet la lecture du parcellaire.
Le parcellaire.
4
Des cultures que l’on retrouve normalement en vallée sont ici présentes.
Culture de maïs en plateau.
7
Une grande partie de la clairière est en pâture. Mais elles ne font pas partie de l’exploitation.
5
C’est lui qui permet à l’agriculteur de cultiver ses parcelles en plateau.
L’activité agricole se juxtapose aux jardins privés. Ici le champs fonctionne comme un prolongement du jardin.
Limite entre parcelles.
2
Des pâtures
Le paysage mêle prairies, pâtures et Champs cultivés.
Contexte de la ferme.
Je suis ici
Le lac de rétention d’eau.
Une haie a été plantée en bord de route et va contribuer à la fermeture du paysage.
Implantation de haie.
1
3
p.45
Sébastien Caillou. Jeune gérant du GAEC.
Péméja - Séquence : «Terrasses agricoles.» - Terres de plateau
Présentation : - Activité polyculture-élevage (laitier) - Formation du GAEC en 2000 avec sa mère. - +/- 150 hectares, nombre de vaches laitières inconnu (+ de 60 selon moi) - Elle est la plus grosse exploitation agricole de la commune.
J’ai rencontré Sébastien une fois. L’échange a été court mais j’ai pu quand même relever quelques informations importantes. Mais la majorité des arguments avancés sont des déductions.
Un regroupement de cultures.
3
Tout d’abord, regrouper les cultures dans un endroit permet des économies en gas-oil conséquentes, surtout lorsque les parcelles sont extrêmement éloignées comme ici. Pour cela, l’ensemble des parcelles présentes autour de la ferme sont cultivées, et cela grâce à une rétention d’eau, qui offre la possibilité d’irriguer les cultures, même les plus exigeantes. Ce lac collinaire est alimenté par le biais d’un autre lac de vallée captant une source. Tout comme à Rouby-bas, les
p.46
cultures ont entraîné l’éloignement des prairies, empêchant alors la possibilité de faire pâturer les bêtes. Elles restent donc en stabulation durant toute l’année, et sont nourries avec du «stock», c’est à dire avec la production des cultures. De cette manière, les vaches fournissent aussi du fumier qui est revalorisé dans les terres, créant un certain avantage. De plus, le fumier est recherché par les céréaliers, comme par exemple Nicolas Barras de Laborde, avec qui le GAEC l’échange contre de la paille. Il y a donc des relations, des corrélations entre les exploitations.
Les cultures. Elles sont destinées à l’alimentation des bêtes. Ce sont donc des cultures adaptées à la création de paille, de fourrage, d’ensilage comme le maïs (grain ou ensi-
Croquis de la ferme. Elle contient de grands batiments agricoles modernes.
lage), le blé, le triticale, le tournesol, l’orge, la luzerne, le ray-grass... Par ailleurs, les cultures de maïs, de blés et de luzernes sont facilement lisibles dans la clairière. Quelques prairies de fauche sont présentes, mais elles occupent les parcelles de petites tailles ou de formes complexes. Les cultures doivent être adaptées aux parcelles, selon la possibilité d’irrigation. Les maïs sont implantés où l’eau est accessible, et dans le cas contraire, le tournesol le remplace. Puis comme l’ensemble des exploitations rencontrées jusqu’ici, le fumier est utilisé pour amender les sols avant les cultures.
Vers une diversification des pratiques liées au verger. Ces dernières années ont été difficiles pour l’exploitation, notamment avec le contexte de l’activité laitière actuelle. Pour cela, les gérants ont décidé de diversifier les activités de la ferme. Quatre hectares de châtaigniers ont été plantés, le but étant d’arriver à sept hectares de verger.
Le bois fait aussi partie des activités de la ferme. On trouve de nombreuses piles le long des bâtiments et des champs. Des parcelles forestières autour de l’exploitation révèlent une gestion faite de manière sélective, c’est-à-dire que sont coupées seulement quelques arbres sélectionnés. Je pense que cette exploitation a un fonctionnement classique de polyculture-élevage, qui produit les aliments nécessaires aux bêtes. Les rotations de cultures doivent être définies par une alternance entre maïs fourrage, et céréales à paille, avec un apport en fumier pour amender les sols. Il doit aussi y avoir un lien économique et domestique avec les bois, peut-être par la vente de bois de chauffe, traduisant une gestion des agriculteurs portée sur la forêt.
p.47
Exploitation agricole Laborde
3
4 Produit
Enrichit
Fumier
4
2
Exploitation agricole Possède
Champs
2
1 Produit
Prairie
Fourrages
Produit
Châtaignes
Schéma «agro-systémique» de l’exploitation. Réalisé d’après les éléments vus sur le terrain mais aussi grâce aux connaissances acquises le long de projet.
Clairière
Forêt Revient à
Paille
Se définit par
Produit
Produit
Céréales
p.48
Bétail Possède
Ensilage
Produit
Revient à
Revient à
Échange avec
Paille
5
Bois de chauffe Vergers
1
Prairies de fauche. Elles sont de petites tailles et souvent artificielles.
2 3 Le stock alimentaire. Ce sont les réserves générées par les récoltes. (2. Paille et foin - 3. Ensilage maïs ou tournesol)
4
Indices de maïs fourrage. Même après la récolte, les types de cultures sont facilement lisibles.
5
Bois éclairci. Il témoigne de la gestion portée par les agriculteurs sur la parcelle.
p.49
3
Péméja - Séquence : «Terrasses agricoles.» - Terres de plateau
N
Déterminées à partir de la lecture paysagère.
Positions des cultures dans le paysage.
p.50 Gestion de la forêt par sélection d’arbres. Éclaircissement des parcelles
Terres irriguées grâce au lac de rétention. Culture céréalière et fourragère (paille, ensilage) à préférence de maïs
Lac de rétention permettant l’irrigation des cultures
Chemin de l’eau pompée vers le lac de rétention
Prairies artificielles ou naturelles pour la création de fourrage (parcelle de petite taille)
Terres non-irriguées, cultures dépendantes des pluies. Culture céréalière et fourragère (paille, ensilage) préférence aux cultures d’hiver ? (Pluies plus abondantes)
Irrigation Produits agricoles
Types d’espaces Apports agronomiques
Enrichit
Produits autres
Gestion des surfaces
Stabulation permanente
N
Paysage et «agro-système». L’irrigation détermine les rotations sur les parcelles.
p.51
p.52
Fiches 4 - Vergers de Roudigou - Famille Berna - Vergers de prune et noix.
0
250
500m
La Porte du PĂŠrigord
4 - Roudigou
N
p.53
4
Contexte paysager. C’est une clairière verger qui forme le point culminant du verrou.
p.54
N
La clairière est dominée par le manoir de Roudigou qui se trouve au milieu du verger.
Zoom sur le site
100 200 m
4
0
N
Roudigou est un site chargé d’histoires liées au village de Cuzorn et à son château. Le manoir culmine au point le plus élevé du verrou, à une altitude de 200 mètres. Il se dit que c’est un site dans lequel s’est implanté un micro-climat où il ne gèle jamais. C’est peut-être cette particularité qui est à l’origine de l’implantation du verger, composé de pruniers (production de pruneaux) et de noyers. Récemment installé, Stéphane Berna veut produire des fruits plus «sains». Il expérimente, tout en faisant attention à ne pas bouleverser ce vieux verger. Des pratiques se révèlent être très intéressantes par leur lien avec l’arbre et la forêt. De même, cet agriculteur démontre une certaine curiosité envers les techniques de cultures dites alternatives, utilisant les animaux et revalorisant les déchets végétaux.
p.55
4
Roudigou - Séquence : «Porte du Périgord» - Terres de plateau
N
C’est un paysage d’arboriculture et d’élevage, par la présence de pâtures.
Paysage de Roudigou.
p.56
5
3
6 4
8
7
2 1
Pinède
Verger de noyers
Verger de pruniers
Manoir de Roudigou
Taillis mixte
Pâture
Vallon
Pépinière
7
La couleur du couvert change selon la gestion apportée.
5
La différence est flagrante entre les deux parcelles.
Il est bâti sur le point culminant de la clairière. On voit aussi l’effet de la fauche.
L’exploitation s’agrandit. Les ruches ont une grande utilité dans l’arboriculture.
Les bois de cette exploitation sont composés de taillis mais aussi de futaies.
6 Jeune noyeraie et ruches
4
Bois d’œuvre
2 ils pâturent le verger de noyer, enrichissant de ce fait le sol.
Les chevaux sous les noyers.
Pruniers (droite) et noyers (gauche)
Le manoir dominant le verger
3
Contexte de la ferme.
1
8
p.57
Stéphane Berna. Néo-rural, comme ses aïeux, il souhaitait revenir au travail de la terre.
4
Roudigou - Séquence : «Porte du Périgord» - Terres de plateau
Présentation : - Activité fruitière (pruneaux et noix) et forestière. - Rachat de l’exploitation et installation en 2012. - +/- 45 hectares, 9 ha de pruniers, 4 ha de noix, le reste en bois. - Pratiques qui tendent à aller vers une culture raisonnée. «Alors nous, je dirais que c’est plutôt de culture traditionnelle, où j’essaie de me rapprocher de la culture raisonnée tout simplement.» «J’irrigue pas, de toute façon l’installation était devenue obsolète et c’est une grosse dépense pour tout remettre en place, mais je pense surtout que ce n’est pas justifié si on compare à la rentabilité que j’aurais en plus.» «Je ne mets plus de round-up. Alors j’ai appris qu’on arrivait à en trouver dans les pruneaux...du glyphosate. Et après si je fais une confiture, je me dis que sur ma tartine, il y a du round up !»
Stéphane Berna a découvert la région un peu par hasard. Et il en est tombé amoureux. Il recherchait un meilleur cadre de vie et souhaitait, depuis un certain temps, revenir au travail de la terre, tout en gardant une certaine liberté de vie. L’arboriculture s’est révélée être la meilleure option. Arrivant de la ville, il lui a fallu tout apprendre. C’est en lisant qu’il apprit le métier, mais aussi grâce à la solidarité de quelques locaux, dont des pruniculteurs des environs et d’un conseiller agricole qui a passé énormément de temps avec lui sur l’exploitation.
Une volonté d’une culture raisonnée. Ce qui est né est une volonté de tendre vers une culture raisonnée, différente des approches classiques. Comme il le dit lui
p.58
même, il essaie de «faire les choses bien». Ainsi il a décidé d’arrêter l’utilisation du Round-up après une prise de conscience sur la qualité du produit, et les traces qu’il laisse dans le fruit lui-même. Comme il le dit, il préfère produire un peu moins mais «sain». Les traitements ont eux aussi été réduits et les engrais biologiques sont préférés, notamment le guanumus, d’origine marine. L’irrigation a aussi été arrêtée, jugée, par Mr Berna, inutile mais surtout inappropriée. Elle était branchée au réseau d’eau domestique... L’arrêt du désherbage chimique implique un changement de méthode. Il a opté pour un désherbage mécanique. Il a conçu lui même un outil qui est spécifique à cette tâche. C’est une sorte de petite herse qui permet le travail des contours d’arbres.
Et apparemment, il fonctionne très bien. Il nettoie tout en aérant les pieds des arbres, permettant une meilleure infiltration des eaux de pluies, et limitant le ruissellement, par rapport aux méthodes classiques. De plus, la couverture herbeuse qui reste en place sert d’isolant thermique, et le verger présente une meilleure résistance aux longues sécheresses d’été. L’arrêt de l’irrigation a permit le retrait de tout le système de tuyaux qui était installé, contraignant le passage du broyeur. Aujourd’hui, broyer se fait plus rapidement et dans «les deux sens». Tout passe au broyeur. L’herbe comme les déchets de taille des arbres, créant une couche de matière à même la terre qui se décompose et retourne au sol.
Croquis de la ferme. Le manoir surplombe son verger formant un paysage pittoresque.
Des prairies pâturées sous les vergers et en sous-bois : vers un système sylvo-pastoral ? L’agriculteur possède quelques bêtes. Des chevaux et des ânes. Les prairies étant peu nombreuses dans cette exploitation, les animaux sont placés sous les vergers, et permet par la même occasion la gestion des prairies, mais aussi son enrichissement. L’expérience étant concluante et plutôt bénéfique, il les plaça sous les pruniers. Pour une durée très courte ! Les chevaux attaquant le branchage des arbres. Il acheta alors quelques moutons pour les placer sous les pruniers. Malheureusement, des chiens attaquèrent le petit troupeau. Cependant, cette idée est toujours actuelle et il veut revenir à cette technique. Les sous-bois sont aussi destinés aux animaux qui le nettoient et permettent un entretien efficace durant l’hiver.
composent le domaine, offrant l’opportunité de répondre à toutes les demandes en bois.
Diversité de produit. L’exploitation propose une large gamme de produits transformés à la ferme : pruneaux cuits, mi-cuits, à l’eau de vie ; noix en vrac, en huile... Mais la forêt permet aussi la cueillette de champignons. Les bêtes nettoyant les sous-bois, la cueillette est plus facile. Les champignons sont conditionnés et vendus. Pour permettre un meilleure pollinisation des arbres fruitiers, des ruches ont été installées. Le miel est aussi vendu. Toutes les productions sont revalorisées et vendues en direct.
La sylviculture. La sylviculture représente la plus grosse superficie de l’exploitation. Pinèdes, monoculture de chênes américains, taillis
p.59
Gestion et Enrichit
3 Apporte
Et produit
Fumier
Bétail Possède
Gestion des prairies
Gestion et Enrichit
Revient à
1
Exploitation agricole
Définit par
Produit
Forêt
Profite à
Prairies sous couvert
Sylviculture
Vergers Définit par
Prunes Noix
Clairière
Produit
Prairie
Définit par
Possède
2
Bois de chauffe Revient à
Bois d’œuvre Prairies sous couvert
Schéma «agro-systémique» de l’exploitation. La sylviculture prend une place importante.
p.60
1
La prairie sous verger. On remarque que des branchages constituent le futur sol. Rien n’est ramassé, tout est laissé.
2
Le bois d’oeuvre. Les parcelles forestières sont composées de futaies et de taillis, permattant une plus grande offre.
3
Les animaux sous les vergers. Il s’agit ici des chevaux. Ils ne s’en prennent pas aux noyers.
p.61
4
Roudigou - Séquence : «Porte du Périgord» - Terres de plateau
Les pratiques sont toutes en liens avec l’arbre.
Positions des pratiques dans le paysage.
p.62
N Monoculture de pins pour le bois d’œuvre
Verger de noix et prairies pâturées. Arrêt de l’irrigation et du désherbage chimique. Désherbage mécanique au pied des arbres. Pour les chevaux
Verger de prunes et prairies pâturées. Arrêt de l’irrigation et du désherbage chimique. Désherbage mécanique au pied des arbres. Pour les moutons
Sous-bois pâturés. Coupe de bois et cueillette de champignons
Pâtures à destination des animaux
Produits agricoles Produits autres Types d’espaces Apports agronomiques Gestion des surfaces
Utilisation de ruches pour la pollinisation Vergers
Pâtures sous vergers
Paysage et «agro-système». Chevaux sous noyers
N Moutons sous pruniers
L’animal prend une place importante dans ce système.
p.63
p.64
Fiches 5 - Ferme de Lascarcelle - Famille Cayssille - Polyculture ĂŠlevage.
0
250
500m
La Porte du PĂŠrigord
5 - Lascarcelle
N
p.65
5
Contexte paysager. Cette exploitation se situe sur les hauteurs du village de Cuzorn entre les ruines du château et l’église.
p.66
N
Cet îlot se compose de pâtures et de boisements. Il est représentatif de l’activité de la ferme.
Zoom sur le site
5
Lascarcelle est la ferme de la famille Caysillé. Actuellement, la ferme regroupe le père, Didier, qui est en fin d’activité et va bientôt se retirer de l’exploitation, et le fils Wiliam, dont la décision de reprendre l’activité n’est pas encore prise. L’avenir de cette ferme est donc incertain.
0
100 200 m
N
Cette exploitation se démarque des autres par son fonctionnement. Elle est polyvalente et tournée autant vers l’agriculture que vers le bois. Les Cayssillé, père et fils, sont des agriculteurs-éleveurs-forestiers, qui alternent constamment entre les deux activités. Ils sont en quelque sorte les héritiers de la culture agricole locale, avec un système clairement agro-sylvo-pastoral, où l’animal a une place centrale.
p.67
5
Lascarcelle - Séquence : «Porte du Périgord» - Terres de plateau
N
Les pâtures entourent la ferme. C’est un paysage d’élevage.
Paysage de Lascarcelle.
p.68
5 2
1
3 4
7
8 6
9
Vallée de la Pouletie
Verger de prunes de Roudigou
Hameau de Tandou
Champs cultivés
Haie éclaircie
Pâture
Champs cultivéss
Ferme de Lascarcelle
Église
Falaise et ruines castrales
Bourg de Cuzorn
Lémance
Tunnel et voie ferrée
Des blondes d’Aquitaine Les vaches sont en extérieur durant toute l’année.
4 5
6 7
8
9 Le taureau
Il se porte plutôt bien !
La lisière forestière.
Les boisements autours des prairies sont très éclaircis et lumineux.
Les clôtures sont créées avec le bois local. Elles donnent une esthétique au lieu.
Ces prairies sont semées avec du Ray-grass.
Prairies artificielles.
3
Des clôtures en châtaignier.
Une scierie et des pâtures. Cette photo est représentative de l’activité de la ferme.
2
Les bois sont inclus dans les pâtures des bêtes. Elles y sont durant l’hiver.
Pâtures de sous-bois
Cette photo est assez représentative de l’activité de la ferme.
Une sciere et des pâtures.
1
p.69
Didier et son fils Wiliam. Pour l’instant, père et fils travaillent ensemble.
5
Lascarcelle - Séquence : «Porte du Périgord» - Terres de plateau
Présentation : - Activité polyculture-élevage (viande) et forestière. - Reprise de l’exploitation familiale en 1991. - +/- 40 hectares, 20 blondes d’Aquitaine - Petite exploitation très polyvalente. «L’agronomie c’est quoi ? C’est faire des rotations, beaucoup de rotations avec des cultures, restituer toute la matière organique, le plus possible, et utiliser le moins possible d’engrais». « On peut en avoir du foin parce que les gens maintenant, comme il y a des terres partout qui sont à l’abandon, les gens sont contents que tu les nettoies, même pour rien». « Je pense faire une culture qui apporte de l’azote et après tu fais de la céréale, même à petite échelle. (...) La féverole, on y met pas d’engrais. On laisse faire. Et c’est vrai que c’est venu ! Bon après il a fait une sale année, l’année dernière (2015). Un printemps très sec. Si ça avait été un printemps normal ! Et ça tu le moissonnes, bon tu sors un peu du truc. Déjà ça retombe donc ça se ressème, tu travailles superficiellement le sol et tu plantes une céréale... Je suis sûr qu’il y a un créneau formidable! Le problème c’est que là-bas, admettons la sodépac (coopérative agricole), ils ne veulent pas l’acheter parce qu’ils ne savent pas quoi en faire».
La ferme de Lascarcelle est définie selon Didier Cayssillé, comme une petite structure au système agricole traditionnel. Et dans un pays au bois, la «tradition» est un élevage extensif et le travail du bois. Cette exploitation compte aujourd’hui 20 blondes d’aquitaine. Mais le troupeau va bientôt être réduit à 15, pour être plus adapté à la surface pâturée disponible et située tout autour du bâti. Mais aussi pour une question de tranquillité et de double activité. Ici, les vaches sont toujours à l’extérieur. C’est une règle. Elles passent de parcelle en parcelle selon les saisons et la quantité d’herbe au sol. Généralement, au printemps, lorsque l’herbe pousse bien et est en abondance, ce sont les petites prairies qui
p.70
sont pâturées. Plus tard en été lorsque c’est la saison sèche, ce sont les grandes parcelles qui sont pâturées, pour plus d’espace. En hiver, les bêtes profitent des pâtures ouvertes sur les sous-bois. Les parcelles les plus proches sont pâturées et les plus éloignées sont cultivées. En comparant aux autres fermes, il s’agit ici de la seule à avoir cette configuration. Grâce à un nombre peu élevé de bêtes, un hectare d’orge ou de blé suffit à nourrir les bêtes, ce qui représente 40 à 50 quintaux. Les céréales sont stockées, ou transformées en farine pour engraisser les bêtes. De ce fait, tout le reste de la production céréalière est vendue, à des coopératives comme à des particuliers, ce
qui assure de petits revenus. La culture céréalière permet entre autre la récolte de paille, destinée aux bêtes. Des prairies artificielles sont semées et permettent l’approvisionnement en fourrage. Ray-grass et luzerne sont les deux favorites. Mais autour de la ferme, lorsque les vaches pâturent les sous-bois, les pâturages artificiels servent à la récolte de fourrage. Et elles sont mises en pâture après deux fauches. Pour compléter, comme le constate Didier Cayssillé, de nombreuses terres sont à l’abandon. Des arrangements sont alors trouvés entre lui et les propriétaires. Il fauche et repart avec le foin, ou bien il le laisse sur place selon l’accord. De cette façon il participe à la ges-
Croquis de la ferme. Le hameau agricole est composé de constructions très âgées en pierre avec des toits en lauze et en tuiles.
tion du paysage à une échelle plus importante encore que celle de son exploitation. Il veut éviter l’enfrichement des terres. Et il est conscient du rôle de «jardinier de l’espace» qu’ont les agriculteurs. Ce qui révèle une affection forte portée sur l’aspect du paysage, mais aussi une prise de conscience sur la dynamique actuelle et du pouvoir que peuvent avoir les pratiques agricoles dans le paysage. De cette manière, l’exploitation est auto-suffisante et autonome, exceptée la question des semences.
Le double emploi : forestier. L’activité relative au bois représente un complément économique. C’est un double emploi qui permet des bénéfices sûrs. La ferme possède sa propre scierie et transforme le bois sur place. Ainsi, bois de chauffe, piquet, planche, bille, bois d’œuvre sont travaillés selon la demande. Ils répondent aussi présents lorsqu’un propriétaire veut défricher sa parcelle. Père et fils endossent donc le rôle de forestier, parfois même celui d’élagueur. Selon Mr Cayssillé, c’est la seule solution pour être viable.
Les pratiques culturales en expérimentation. Quand on lui pose la question sur ses pratiques culturales, il répond par «production de matière organique». Pour être plus précis, il ne pratique plus le labour, sauf après un maïs, où il est apparemment nécessaire. L’abandon du labour a pour but de favoriser la vie dans le sol, tout en y laissant de la matière végétale, comme la paille, pour régénérer les sols. N’ayant pas du fumier, c’est la paille qui le remplace, en étant broyée. Et après une culture, il sème des couverts végétaux qu’il détruira par la suite pour enrichir plus encore en matière organique. Pour lui, enrichir les sols est très important. Mais il utilise aussi des rotations plus classiques de 3 ans où il laisse reposer la terre, en jachère. Le but étant de la laisser reposer 4 ans afin qu’elle produise de la matière organique seule, tout en garantissant du fourrage.
Ils sont allés à la rencontre d’agriculteurs qui pratiquent cette technique depuis plus de 15 ans, avec qui ils ont beaucoup échangé. Et pour Didier, le père, pas de doutes, cette technique représente l’avenir. «C’est un créneau formidable.» Cela fait plusieurs années qu’ils expérimentent des associations de cultures, comme la féverole et le blé qui n’a pas été concluante la première fois, ou encore l’association pois et blé où l’expérience a été un succès. Ils sont conscients qu’il va leur falloir du temps pour bien intégrer cette pratique originale. Car Didier voudrait parfaire cette technique avec son fils, avant de se retirer de l’exploitation. Mais la question de la reprise reste encore en suspens.
Une expérimentation en cours. Avec son fils, ils se sont intéressés de près à la technique de conservation des sols, grâce aux couverts végétaux. Leur but est de devenir indépendants de tout engrais.
p.71
Enrichit
Apporte
Couverture végétale
Bétail
Gestion des prairies
Possède
Revient à
Et produit
Produit
Céréales
Gestion et Enrichit
Exploitation agricole
Champs
2
Se définit par
Forêt
Clairière
Produit
Paille
Se définit par
Possède
Produit
Fourrages
Prairie
4
Bois de chauffe Taillis
3
Bois d’œuvre Revient à
Schéma «agro-systémique» de l’exploitation. C’est un système triple où l’animal participe à la gestion des composantes paysagères.
p.72
3 La ferme est bien équipée. Ils sont autant agriculteurs que forestiers.
Le bois d’œuvre.
Les sous-bois pâturés. Les bêtes se nourrissent de tout ce qui se présente.
On y voit les emplacements des bouses de l’année précédant le semi.
1 Les pâturages artificiels.
2
Les taillis sont revalorisés de plusieurs manières.
Fumier
Valorisation des taillis.
1
Prairies sous couvert
4
p.73
5
Lascarcelle - Séquence : «Porte du Périgord» - Terres de plateau
N
Le noyau de la ferme est dédié à la production de fourrage et aux pâtures. Une céréale est semée sur la parcelle la plus plane.
Les pratiques dans le paysage.
p.74 Bois exploité selon les demandes. Taillis mixte avec quelques futaies
Sous-bois pâturé en hiver, en lien avec les prairies d’hiver.
Pâturage d’hiver en lien avec le sous-bois. Présence d’un abri pour les bêtes.
Couverture des sols par la féverole, le pois ou le ray-grass. Apport en paille. Tout type de sol. Irrigation inexistante. Culture d’hiver.
Pâtures artificielles semées en ray-grass ou en luzerne. Elles sont fauchées 2 à 3 fois avant d’être mises en pâture.
Couverture des sols par la féverole, le pois ou ray-grass. Apport en paille sur tout type de sol. Possibilité d’irrigation. Culture d’été.
La Lémance, source d’eau pour les cultures.
Prairies naturelles extérieures à l’exploitation, fauchées avec l’accord du propriétaire. Gestion des clairières contre l’enfrichement.
Parcours bétail Irrigation Produits agricoles Produits autres Types d’espaces Apports agronomiques
Produit
Gestion de prairies extérieures
Gestion des surfaces
N Paysage et «agro-système». Le système agro-sylvo-pastoral. Tout le paysage est intégré dans la pratique agricole.
p.75
Sans irrigation Avec irrigation
Année N, N+1, N+2 Jachère
Les rotations à Lascarcelle Elles se différencient par rapport à la possibilité d’irrigation.
L’élevage extensif ne permet pas la création de fumier. Il faut donc le remplacer. Auparavant, Mr Cayssillé utilisait de l’engrais. Mais l’augmentation des prix et sa conscience écologique l’ont poussé à changer ses pratiques pour réduire au maximum l’usage de ces substances. Et c’est donc le couvert végétal, l’agriculture de conservation des sols vers laquelle il s’oriente.
Année N+4 Hiver Blé
Travail du sol superficiel
Année N+3 Printemps Tournesol
p.76
Année N+3 Hiver Blé ou Orge
Année N Été Maïs Labour Broyage paille
Année N+1 Hiver Triticale ou Blé
Année N+1 Hiver Luzerne ou ray-grass, récolte et/ou destruction
Irrigation
Année N Hiver Féverole ou pois, récolte et/ou destruction
Année N Hiver Blé ou Orge
Broyage paille Rotation de cultures selon les terres.
Labour
Schémas retranscrivant les rotations selon les informations recueillies.
Année N+1 Été Maïs
Année N+1 Hiver Féverole ou ray-grass, récolte et/ou destruction
Année N Hiver Blé ou orge
Travail du sol superficiel
Année N+1 Printemps Tournesol
Broyage paille
p.77
p.78
Fiches 6 incomplète - Ferme du Pombié - Famille Rabot - Polyculture élevage et maraîchage.
0
La vallée Molassique
6 - Pombié
250
500m
N
p.79
6
0
100 200 m
N
Contexte paysager. La ferme du Pombié est située sur la séquence de la «vallée mollassique», où la plaine est très large et plane.
p.80
N
La ferme est située dans un contexte de grandes cultures. Elle est positionnée entre la rivière de la Lémance et la D710 qui devient 4 voies.
Zoom sur le site
6 0
100 200 m
N
La ferme du Pombié est gérée par la famille Rabot. Elle réunit le couple Christian et Sabine, qui ont divisé l’activité en deux parties. Elle s’occupe de la partie maraîchère, et lui, de l’élevage laitier. La vente directe à la ferme, de lait de vache frais (non conditionné) et de légumes, a été développée par les agriculteurs, ainsi qu’un stand de vente sur la commune de Cuzorn. Ils sont également membres d’une association de producteurs locaux proposant la vente d’une large gamme de produits fermiers. Aujourd’hui, le contexte laitier met à mal cette petite exploitation dont l’avenir est aujourd’hui incertain, selon l’exploitant. La question d’une reconversion est posée mais l’orientation est encore à définir. Il s’agit d’une exploitation en pleine remise en question, où le domaine du bio semble intéresser, tout autant que la technique de conservation des sols.
p.81
6
Pombié - Séquence : «La vallée mollassique» - Terres de plaine alluviale
N
La ferme est juxtaposée au moulin papetier du même nom. Elle se situe dans un contexte particulier, bloquée entre différents réseaux.
Paysage de Pombié.
p.82
4
6
5
1
3
2
Champs cultivés
Prairies sèches
Tuc Blanc
D 710 (4 voies)
Prairie permanente
Lémance
Champs cultivés
Pâture
Ferme du Pombier
Moulin du Pombié
D 162
Tesquet
Ferme de Tesquet
La ferme domine la plaine alluviale
Position dominante.
Les prairies de fauches sont entourées par des haies arborées. La ripisylve dessinent le fond de la parcelle.
5
6
Les serres maraîchères composent le paysage de la ferme.
4
Serre de culture.
3
Elles étaient semées de maïs ensilage.
2
Terres arables
Paysage de bocage.
Le long des parcelles de la ferme, la départementale se transforme en voie rapide.
La D710.
Cette prairie se trouve en plaine alluviale, au bord de la Lémance. Est-ce une jachère ?
Prairie de fauches.
1
p.83
Christian Rabot. Agriculteur depuis 1984.
Présentation : - Activité polyculture-élevage (laitier) et maraîchage. - Reprise de l’exploitation familiale en 1990. Rejoint par sa femme en 2011. - 50 hectares, 35 vaches laitières. - Remise en question de l’exploitation. Reconversion en réflexion.
Pombié - Séquence : «La vallée mollassique» - Terres de plaine alluviale
«Voilà en gros, une partie de l’exploitation est irrigable, et l’autre en coteaux est en sec, en prés séchant...» «Moi mon soucis c’est que j’ai un parcellaire très morcelé. Donc si il faut que je commence à faire traverser la route 2-3 fois par jour... Ça va être un peu plus compliqué...» «Après bon là je suis en train de m’intéresser à un nouveau... enfin nouveau non c’est pas nouveau du tout, c’est tout ce qui est agriculture de conservation.»
Cette petite exploitation subit de plein fouet la crise laitière. Alors que Sabine, la femme de Christian, a démarré une activité maraîchère en vente directe, la question d’une reconversion se pose. Comment valoriser les productions de la ferme ? C’est la question à laquelle le couple essaie de trouver un solution. La crise étant laitière, c’est l’élevage qui est pointé du doigt. Mais pas question de l’arrêter. Changer de bétail ? Pourquoi pas. Passer en bio ? «Je m’y intéresse». Depuis 3 ans maintenant, il s’essaie à l’agriculture de conservation.
Les limites imposées par les routes.
6
L’exploitation est divisée en plusieurs îlots où les parcelles sont morcelées. Celui autour de la ferme est irrigable et ce sont de bonnes terres. Elles sont donc
p.84
cultivées. Les autres se définissent par des près séchants dépendants de la pluie. Mais ces îlots sont séparés par des routes, et notamment la D710, et faire traverser les bêtes semble impossible. Il essaie de faire sortir les bêtes au maximum, mais autour de la ferme, les surfaces pâturées ne sont pas suffisantes. Hors comme il le dit, «faire sortir les bêtes est avantageux car ce qu’elles trouvent dehors, n’a plus besoin d’être mis dedans», réduisant le travail.
Être auto-suffisant. Pour l’alimentation des bêtes, il produit presque tout ce qu’il lui faut. Les bêtes sont nourries avec du stock issu de ses récoltes. Mais quelques fois, il lui arrive d’acheter du tourteau de soja pour un apport en protéines. C’est ce qui lui manque le plus. Il en est de même avec les engrais
Croquis de la ferme. Vue depuis la cour intérieure.
et les matières azotées. Il épand ses cultures avec le fumier récolté, mais il préfère ajouter en plus du guano, pour stimuler l’activité microbienne des sols. Il sème ses prairies avec des légumineuses, trèfles et luzernes, afin de récolter du fourrage. De cette manière, il enrichit aussi ses terres afin de les récolter.
Les jachères «artificielles». Dans ces rotations, il intègre toujours une prairie, pour une durée de 3 à 4 ans. Il y sème des légumineuses afin d’enrichir le sol et produire du fourrage. Ensuite, il sème du maïs ensilage, suivi d’une autre céréale à paille puis il revient à la prairie. De cette manière, même les terres de vallée servent à la production d’herbe.
technique permet d’activer la vie microbienne par l’apport de matière organique que produisent les couverts végétaux. Il s’y essaie depuis 3 ans. Il a commencé par simplifier ses cultures et arrêter le labour, bien qu’il travaille tout de même le sol. Il y intègre des couverts végétaux comme les pois entre les cultures qu’il fauche et détruit par la suite. La première année a été une réussite mais depuis, il a quelques problèmes avec certaines adventices. Mais il était conscient que les 3 à 4 premières années seraient une catastrophe.
L’agriculture de conservation des sols. Pour Christian Rabot, elle représente l’avenir de l’agriculture. Pour lui, cette
p.85
Enrichit
Couverture végétale
Légumes
Produit
Enrichit
Fumier
Bétail Possède
Ensilage
Et produit
Gestion des prairies
Gestion et Enrichit
Produit
Revient à
Apporte
Céréales
Exploitation agricole
Produit
Fourrages
Clairière
Forêt
Prairie
Bois de chauffe
Schéma «agro-systémique» de l’exploitation. Retranscrit d’après le discours de l’agriculteur.
p.86
Revient à
Champs
Produit
Paille
Définit par
Possède
Année N, N+1, N+2 Jachère Prairie de légumineuse
Année N+3 Été Maïs fourrage
Année N+4 Hiver Céréale à paille
Fumier
Année N Été Maïs
Rotation de cultures selon les terres. Schémas retranscrivant les rotations selon les informations recueillies.
Travail du sol Apport en fumier
Année N+1, N+2 Jachère Prairie de légumineuse
Année N Hiver Féverole ou pois, récolte et/ou destruction
Irrigation
Année N Hiver Blé ou Orge
Apport en fumier Travail du sol Année N+1 Été Maïs
p.87
6
Pombié - Séquence : «La vallée mollassique» - Terres de plaine alluviale
N
Les parcelles sont toutes accolées à des routes.
Les pratiques dans le paysage.
p.88 Prairies humides de fauches ou pâturées. Aucune information concernant leurs types (artificielle ou naturelle)
Maraîchage sous-serre et en extérieur. Production de légumes de saison.
La Lémance, source d’eau pour les cultures.
Terres cultivées avec rotation et mise en repos. Intercultures de légumineuses comme couvert et fourrage.
Enrichit
Parcours bétail Irrigation Produits agricoles Produits autres Types d’espaces Apports agronomiques Gestion des surfaces
N Paysage et «agro-système». Le système recherche un équilibre entre tout ce qui est pris à la terre et ce qui lui revient.
p.89
> Bilan des fiches exploitations de la commune de Cuzorn.
À retenir fiche 1 : Ferme de Rouby-Bas - Autonomie alimentaire. - Cultures adaptées selon les parcelles - Prairies artificielles pour la création de fourrages - Accord verbal avec les propriétaires pour le gestion de prairies extérieures, pour limiter l’enfrichement. Selon la qualité de l’herbage, collecte pour fourrage. - Diversification de l’activité vers un retour au verger. Mais cette pratique participe à l’augmentation de la surface boisée sur le territoire, car les vergers sont plantés au cœur des clairières. - Revalorisation du fumier pour enrichir les terres - Lien économique avec la forêt.
À retenir fiche 2 : Ferme de Laborde - Expérimentation d’une agriculture originale : Agriculture de conservation des sols. - Volonté de rendre le sol vivant - Régénération et couverture des sols - Couvertures et prairies artificielles pour la création de fourrages - Mise en place des rotations de cultures - Échange de paille contre fumier avec Péméja, pour enrichir les terres - La paille comme monnaie d’échange - Lien économique avec la forêt.
À retenir fiche 3 (incomplète, rencontre très soudaine sans suivi) : Ferme de Péméja - Échange entre agriculteurs - Fumier comme engrais et monnaie d’échange contre de la paille - La possibilité d’irrigation influence les pratiques - Morcellement extrêmement important. - Diversification de l’activité - Gestion des boisements
p.90
À retenir fiche 4: Vergers de Roudigou - Utilisation d’animaux pour la gestion des prairies et des sous-bois. - Abandon du désherbage chimique. - Abandon de l’irrigation. - Volonté d’assainir ses produits pour les valoriser. - Curiosité et expérimentation. - Broyage de tous les déchets sur place. - Fort lien avec la forêt : production de bois et de nourriture issu des cueillettes. - Vente directe et circuits courts.
À retenir fiche 5: Ferme de Lascarcelle - Pâturage extensif, système agro-sylvo-pastoral - Revalorisation de la forêt par la production de bois - Gestion des haies et des lisières. - Intégration de la forêt dans le système pastoral - Orientation vers l’agriculture de conservation des sols - Expérimentations culturales : intercultures - Tentative d’apport constant de matière organique - Tentative d’indépendance face aux engrais chimiques - Petite exploitation PAYSANNE
À retenir fiche 6 (incomplète, balade commentée non effectuée) : Ferme du Pombié - Exploitation en pleine remise en question : réorientation imminente - Diversification des activités (maraîchage) - Expérimentations culturales vers l’agriculture de conservation des sols - Intercultures légumineuses - Intégration des jachères dans les rotations. Vous pouvez maintenant reprendre la lecture du mémoire là où vous l’aviez laissée, afin d’avancer dans la démarche de projet (page 146).
p.91
p.92
Sa rencontre a été très enrichissante pour la démarche de projet. Les échanges ont été riches, pédagogiques et suivis.
Stéphane Gatti.
2 > La Ferme du Pech : La rencontre d’un modèle.
Présentation : - Activité : Polyculture. - Reprise de l’exploitation familiale en 1995. - 117 hectares dont 28 en agroforesterie. - Agroforesterie et conservation des sols. Nourrir le sol par le végétal. C’est en 1999 que débuta sa reconversion. Il commença par les Techniques Culturales Simplifiées, consistant à réduire le travail du sol. Mais c’est en 2001 que les premiers couverts végétaux ont été semés sur les 28 ha autour de sa ferme afin d’expérimenter et parfaire la technique. En 2011, il crée l’association «Cultivons une Terre Vivante» qui a pour objectif la valorisation des déchets verts à des fins agricoles (maraîchages, champs...). Et c’est en 2012 qu’il décide, dans un premier temps, de planter 17 ha en agroforesterie avec l’appui de «Arbre et Agriculture en Aquitaine», auxquels il ajouta, en 2015, 11 ha supplémentaires. Son but étant d’atteindre les 40ha de parcelles agro-forestières. Par ces pratiques, il cherche à garantir un rendement élevé, tout en
supprimant l’utilisation des insecticides, des apports en phosphore et potassium et en diminuant les fongicides. De même, par l’apport constant de compost, de biofibres et de BRF, il souhaite s’affranchir totalement de la chimie. Son objectif est d’avoir un sol vivant, toujours couvert et jamais travaillé. Ainsi, ses rotations culturales essaient de créer un équilibre entre les cultures d’hiver et de printemps, et de minimiser les semis de couvert d’été en période sèche. Par la présence d’arbres sur les parcelles, il cherche à réduire l’impact des aléas climatiques, tout en étant un régulateur d’eau. Allons voir de plus près son exploitation et ses pratiques.
p.93
Garon
ne
Agen
Vallée de la Garonne
Laplume
Localisation de Laplume. Laplume est une petite commune rurale située au Sud-Ouest d’Agen, à quelques kilomètres du Gers
p.94 N
Lot-et-Garonne Gers
Le Pech
Laplume
La ferme du Pech, à Laplume. Les parcelles de la ferme se démarquent des autres par des bandes de cultures.
N
L’îlot de Le Pech. On va s’intéresser aux parcelles tout autour de la ferme.
p.95 N
N
C’est un paysage de grandes cultures variées sur des collines douces mollassiques.
Paysage du Pech.
p.96
2
3
5
6
4
1
Cultures sous couverts
D 208
Chemin d’accès
Lac collinaire
Plate-forme de broyage
Ferme du Pech
Parcelles agroforestières + cultures sous couverts
D 15
6 On retrouve 4 à 5 cultures différentes sur la parcelle au Nord-Ouest. (2.Orge, 3.Sorgho, 5.Luzerne)
Cultures en bandes.
5
7 Après la récolte, la luzerne reprend spontanément, et se développe jusqu’à la prochaine culture.
4 Sol avec couvert spontané.
3
Légumineuses et adventices. La parcelle sera fauchée et broyée pour redonner la matière au sol.
L’été, il évite de semer un couvert pour économiser de l’eau. Il favorise les rejets spontanés.
Sol sans couvert.
2
Colonisation d’adventices.
Les essences d’arbres sont très diversifiées et correspondent à celles que l’on retrouve localement.
Une variété d’arbres.
On remarque facilement les alignements d’arbres dans les parcelles agroforestières.
Panorama sur l’îlot.
1
p.97
Panorama sur l’exploitation.
Face à ce paysage, la première chose qui m’a frappé fut la couleur de la terre. Elle possède un ton foncé, noirâtre qui se démarque fortement des parcelles alentours. Puis, lorsque l’on regarde de plus près, on remarque d’innombrables terricules (les rejets des vers de terre visibles à la surface du sol), avec des morceaux de branchages, de tiges, bref une multitude de déchets végétaux. «Il faut faire comprendre aux personnes, comment il faut faire pour régénérer les sols» est une des premières phrases qu’il m’ait dite. Et c’est la mission qu’il s’est donné à mes côtés.
Fonctionnement du système cultural. Tout commence avec un colza associé à une luzerne et un trèfle. Afin de favoriser les cultures le colza et permettre son bon développement, la chimie est utilisée afin de limiter la croissance du couvert végétal et de le maintenir bas. C’est après la récolte du colza, que la luzerne et le trèfle sont libres de repousser durant l’été. De cette manière, le couvert végétal est déjà présent et n’a pas besoin d’être semé, ce qui représente pour l’agriculteur un gain de temps, mais aussi une diminution des contraintes dues à la saison. Si durant l’été,
p.98
des adventices viennent à pousser à travers le couvert, il est alors obligatoirement broyé et laissé sur place pour étouffer les «mauvaises herbes», mais aussi pour restituer au sol la matière consommée par celles-ci. Durant l’automne, un blé tendre est semé dans le couvert de trèfles et de luzernes, qui a reçu préalablement (environ 4 jours avant) du glyphosate (désherbant chimique) pour le fragiliser. Le semis terminé, le couvert végétal est broyé sur place pour libérer les éléments qu’il contient, qui profiteront directement au blé. Pendant la croissance du blé, la luzerne reprend peu à peu et est régulée à l’aide de la chimie, pour éviter qu’elle ne monte trop haut. C’est une fois la récolte de blé terminée que Stéphane Gatti laisse la luzerne exploser de nouveau durant un second été (il est important de savoir que la luzerne est une culture pérenne qui peut durer plus de 5 ans, même après avoir été fauchée, ce qui peut être un avantage certain pour l’élevage). S’ensuit à l’automne suivant un triticale (une autre céréale à paille issue d’un croisement entre le blé et l’orge) toujours associé à ce même couvert de luzerne. Après la récolte du triticale, une première féverole est semée dans la luzerne, pour préparer le semis de maïs ou de sorgho à venir. Ainsi durant l’hiver, la féverole qui se
développe bien, calme la luzerne. Au printemps, le maïs, ou le sorgho, est semé dans la féverole vivante qui est ensuite écrasée au rouleau, en vue de la plaquer au sol. Le but est que le maïs n’ait pas à s’épuiser à chercher la lumière durant son développement. De plus, en détruisant la féverole de cette manière, elle devient noire, et face aux rayons du soleil elle transmet la chaleur au sol, favorisant d’autant plus le semis en place. Puis en septembre-octobre, le maïs, ou le sorgho, est récolté. Ensuite, une seconde féverole est semée afin de préparer une nouvelle culture de printemps, définie par du tournesol ou du soja. La même technique est utilisée : semer puis détruire pour favoriser la culture suivante. Après la récolte de la culture de printemps en septembre, une troisième et dernière féverole est semée, mais cette fois, en tant que culture, et non plus comme couverture végétale. Une fois celle-ci récoltée, la rotation a été entièrement effectuée. 6 cultures ont été faites en 5 ans (colza, blé, triticale, maïs ou sorgho, tournesol ou soja, féverole), et tout cela, sans aucun travail du sol. Tout ce temps, le paysage n’a cessé de se transformer au rythme des cultures et des couverts. Le paysage agricole est dynamique
et varié, il ne prend jamais de pause et évolue constamment.
L’agroforesterie. À partir de 2012, 28 ha ont été transformés en agroforesterie, avec une densité de 50 arbres à l’hectare. Les arbres sont représentés par 19 essences locales, se trouvant dans les haies et les forêts environnantes. Avec ces arbres, il souhaite augmenter hygrométrie et l’évapotranspiration tout en diminuant l’impact du vent. De même, grâce aux arbres, les éléments qui ne peuvent pas être atteints par les cultures et les couverts sont remontés à la surface par les feuilles qui retournent au sol, mais aussi par la création de BRF. Il s’agit alors de rendre disponible la matière et d’optimiser toute la profondeur du sol.
Les apports en «biofibres». En 2011, Stéphane Gatti crée l’association «Cultivons une Terre Vivante» (CTV). En 2012, par ce biais, il tente de signer une convention avec l’intercommunalité du Plateau de Laplume dans le but de récupérer les déchets verts pour créer de la matière organique à des fins agricoles ou autres. Au départ, les élus n’étaient pas
convaincus de son projet. Mais le traitement des déchets verts au centre de compostage s’élevant à 32€ la tonne, lui proposait le moyen de traiter la même tonne pour seulement 15€. La convention fut signée. C’est de cette façon que 800 tonnes de déchets verts par an sont broyés et utilisés dans les cultures, jardin, maraîchage... Il nomme cette matière «biofibre». Il s’agit de branches plus ou moins grossières avec des déchets de tontes et de feuillages (...) qui sont entreposés et stockés, durant une année, avant d’être transformés. La «biofibre» est à un stade avancé de compostage contrairement au BRF qui lui est «frais». Si on regarde la biofibre de plus près, sa couleur noire rappelle un compost. Elle contient des éléments fins comme des éléments plus gros. Mr Gatti épand environ 2 à 3 tonnes de «biofibre» à l’hectare pour alimenter le sol en matière organique. Mais elle doit être épandue en automne sur les parcelles ayant des couverts de légumineuses, pour compenser la perte d’azote engendrée par la dégradation de cette matière. Son gros avantage est l’apport de mycorhizes et de bactéries qui sont extrêmement bénéfiques pour la vie du sol et des cultures. Selon Stéphane, si la matière est épandue en octobre, en février, elle n’est plus visible sur la parcelle.
L’irrigation ? Grâce aux couverts végétaux, à la «biofibre» et à toute la matière organique apportée, le sol est poreux et grouille de vie. De cette manière, sa capacité de stockage en eau est plus élevée, de même que les réserves pour les plantes. De plus, les matières recouvrant le sol se gorgent d’eau gardant l’humidité à même le sol. Ainsi, bon nombre de cultures n’ont plus la nécessité d’être irriguées, tout en offrant de meilleurs rendements. Donc en adaptant les cultures, on peut arriver à se passer de l’irrigation.
p.99
Produits agricoles Produits autres Types d’espaces
Revient à Apports agronomiques Gestion des surfaces
Produit
Céréales
1 Définit par
Exploitation agricole
Produit
Enrichit
Paille
Champs
2 Enrichit
Agroforesterie
4
Produit
Couverture végétale
3
5 Produit
BRF
Bio-fibres Enrichit
«Agro-systéme» . Beaucoup d’apports sont faits aux parcelles.
p.100
Déchets végétaux
Déchetterie
1
2
Les couverts végétaux morts.
Les couverts végétaux vivants.
Ce sont des déchets de cultures précédentes ou d’intercultures.
En saison sèche comme ici, il s’agit de repousses d’anciennes intercultures.
3
4
La «biofibre».
Le BRF.
Elle fait partie des déchets végétaux morts, mais sa décomposition est plus lente.
Il n’est pas encore produit grâce aux arbres agroforestiers.
5
Déchets végétaux et «biofibre». La matière avant et après transformation.
p.101
Année N Colza associé Luzerne + Trèfle + Lentille...
Luzerne / lentilles: destruction Année N+5 Féverole Année N+1 Blé + Luzerne
+ Apport en BIOFIBRE BRF...
Année N+4 Tournesol ou Soja
Féverole : destruction
Année N+2 Triticale ou Orge + Luzerne
Année N+3 Maïs ou Sorgho
Luzerne et féverole: destruction Rotation de cultures. Elle se conduit sur une durée de 5 ans, et est variée. Chaque élément qui la compose a son rôle défini.
p.102
Luzerne : destruction
1 Photographies de Stéphane Gatti issues du site internet de l’association Cultivons une Terre Vivante. http://cultivonsuneterrevivante.e-monsite.com
1. Colza, féverole et triticale.
Évolution paysagères
On remarque trois cultures différentes côte à côte, durant la fin de l’hiver.
Le temps d’une année, le paysage évolue constamment. Cette pratique agricole rend vivant le paysage.
2. Semis direct et destruction
2
Au printemps, le couvert végétal de féverole est détruit et le maïs est introduit en semi-direct.
3. Germination. Les féveroles ont noirci et se sont dégradées nourrissant le sol. Le maïs a germé. Au premier plan, on remarque la présence de la luzerne sous le colza, qui reprend.
4. Colza, maïs et triticale. Le maïs commence sa croissance et le colza comme le triticale sont près pour la récolte.
3
4
5. ....
Avec une telle rotation, on donne au sol ce qu’on lui prend. On multiplie les cultures dont une est destinée à régénérer le sol et à nourrir en partie la suivante. De cette manière le paysage évolue sans cesse, il est toujours en mutation et cela en toute saison. Car à chaque rencontre à la ferme était visible un paysage différent. Les alternances entre cultures et intercultures le rendent vivant comme son sol.
p.103
À retenir de la ferme du Pech : - Arrêt du travail du sol. - Agroforesterie. - Régénération des sols par l’apport de matière végétale. - Récupération et transformation de déchets végétaux. - Épandage de biofibre. - Couverts végétaux pour protéger le sol. - Destruction des couverts sur place. - Semis-direct. - Vers l’abandon de l’irrigation. - Vers l’abandon de la chimie. - Rotation longue alternant culture et interculture. - Disparition de l’érosion du sol. - Sol vivant et habité. - Rendements augmentés. - Diminution de la charge de travail. - Parcelles valorisées... Vous pouvez maintenant reprendre la lecture du mémoire là où vous l’aviez laissée, afin d’avancer dans la démarche de projet (page 150).
p.104
p.105
p.106
Conclusion : Par ce travail, j’ai compris que les agriculteurs recherchent des solutions, face aux difficultés contemporaines. En effet la peur de l’avenir les poussent à développer des projets innovants requestionnant leurs pratiques de l’agriculture. De plus, l’élevage, identité forte du territoire, est largement remise en question face au contexte économique peu favorable à cette activité. Si elle venait à disparaître, les conséquences sur le paysage seraient dramatiques, entraînant un enfrichement des prairies. Comment valoriser l’élevage sur le territoire? Dans leurs recherches d’alternatives pour rendre leurs activités économiquement viables, les agriculteurs diversifient leurs pratiques, ou bien se reconvertissent dans une agriculture «nouvelle». C’est de cette manière que certains agriculteurs plantent des vergers de châtaigneraies. Cette culture ancestrale, qui fut fortement réduite durant les 20 dernières années, fait aujourd’hui son retour. Cependant, cette pratique convertit des parcelles agricoles en vergers qui à terme participeront à la fermeture du paysage. N’existe-t-il pas
une solution alternative pour une plantation d’arbres cohérente avec le paysage actuel ? Comment réglementer les plantations dans les clairières ? Comment préserver ces espaces agricoles d’un reboisement déraisonnable ? Les pistes explorées pour une reconversion amènent toutes à une même agriculture : celle de la conservation des sols par la mise en place de couverts végétaux. Ils permettent d’enrichir les sols et d’améliorer sa fertilité. Grâce à cette technique, des parcelles dites «pauvres» deviennent potentiellement intéressantes, laissant alors envisager la mise en culture de terres jusqu’alors non valorisées. À travers ce procédé, des avantages certains favorisent autant l’exploitation agricole que le paysage. Cette démarche, selon certains agriculteurs, représente «l’avenir de l’agriculture».
principales activités du territoire. Cette complémentarité permet l’utilisation de produits forestier (BRF et «biofibre») en suppléments des couverts végétaux, impliquant l’agriculture dans une démarche de valorisation des ressources locales. En parallèle, une conscience écologique émerge chez les agriculteurs. Une majorité ont formulé le souhait de s’inscrire dans une démarche d’une agriculture plus propre et respectueuse du territoire. Enfin, j’ai pu constater une grande solidarité et entraide entre les paysans. Ils se rencontrent, se connaissent et échangent ensemble sur le devenir de l’agriculture. Comment mettre à profit cette «fraternité» pour construire le paysage de demain ?
Le lien que je pensais disparu entre agriculteur et forêt est toujours présent, à l’échelle de l’exploitation. Néanmoins, à celle du territoire, ce lien n’existe plus. Le cloisonnement entre activité agricole et exploitation forestière en est le témoignage. À l’image des pratiques de Stéphane Gatti, l’agriculture de conservation offre la possibilité de rassembler ces deux
p.107
Merci... Je dédicace ce travail aux agriculteurs de Cuzorn, à Christian Rabot, Sébastien Caillou, Stéphane Berna, Nicolas Barras, Daniel Fabre et Didier Cayssillé. Un grand merci à vous, pour votre patience et votre accueil dans les fermes. Merci d’avoir accepté de discuter de votre quotidien, de votre travail. Merci de m’avoir tant appris. Sans vous, ce travail n’existerait pas comme tel. Je tiens à remercier particulièrement Mr Cayssillé pour son implication dans le suivi de cette démarche. Vous avez été une aide précieuse. Je tiens à remercier par la même occasion Stéphane Gatti, pour sa patience et sa pédagogie. Il a été un interlocuteur clé dans l’aboutissement de ce travail. Merci encore.
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