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Étude stylistique

4.1 INTRODUCTION DE L’ÉTUDE STYLISTIQUE

4.1.1 | Une historiographie déjà fournie, une attribution encore incertaine

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La quatrième partie est consacrée à l’étude stylistique afin de préciser la date de réalisation des peintures de SaintBonnet, de cerner la personnalité artistique de l’artiste et d’envisager son itinéraire. L’essentiel de la littérature s’accorde sur une datation du début du xve siècle et admet pour le cycle entier une homogénéité de style, à l’exception d’Yves Bonnefoy 369. On y observe des inspirations méridionales et septentrionales, l’accent sur les unes ou les autres variant selon les auteurs.

Pour Lucien Bégule, le peintre est un Italien peut-être formé à l’école de Simone Martini 370. James Condamin et François Langlois, moins catégoriques, trouvent une analogie avec des miniatures françaises, mais admettent que le peintre a pu étudier l’art italien pour en faire son miel 371. Paul Durrieu observe des liens avec des miniatures produites dans le milieu artistique autour du duc de Berry, notamment pour la composition du Couronnement de la Vierge 372

Après la découverte du nom de « Louis Vobis » 373, un peintre signalé entre 1416 et 1420 à Saint-Bonnet, Joseph Déchelette rapproche ce nouveau venu de « Guillelmus Bartholomei, alias Nobis, pictor » actif en Avignon en 1377, relevant l’homonymie mais sans rien conclure 374. Plus tard, Grete Ring élargit l’horizon et compare les peintures de SaintBonnet avec les panneaux du Martyre de saint Georges conservés au musée du Louvre (vers 1435) (fig. 19) attribués à Bernat Martorell, peintre de l’école espagnole 375

François Enaud propose que Guillaume Bartolomé Vobis soit le père de Ludovicus Vobis, qui serait parti d’Avignon pour échapper aux querelles et péripéties guerrières accompagnant la fin du schisme. Il trouve dans les peintures de Saint-Bonnet les traditions italienne et espagnole via l’école d’Avignon et un écho de la tradition bourguignonne par le biais de la cour des Bourbons. Il loue aussi le talent de l’artiste capable de transposer dans l’art monumental des motifs dont les modèles appartenaient au domaine de la miniature 376

L’étude de Georg Troescher, en 1966, souligne le fort lien avec des œuvres du cercle du duc de Berry au niveau de la composition et des motifs. Il conclut que le peintre de Saint-Bonnet est un personnage ayant longtemps travaillé comme compagnon d’un grand maître et qu’il y apprit l’usage des couleurs lumineuses et des schémas iconographiques, qu’il en hérita le métier et qu’il se frotta à la beauté idéalisée d’André Beauneveu et au réalisme de Jacquemart de Hesdin 377 .

Enfin, Frédéric Elsig propose l’attribution des miniatures d’un livre d’heures de l’usage à Paris, daté vers 1410 et 1420 378, conservé actuellement à Cologne, au Maître de Saint-Bonnet 379. Il définit son style comme un style « maniériste » relevant du gothique international, influencé par le Maître des Initiales de Bruxelles. Un autre rapprochement est fait entre les Anges musiciens de Saint-Bonnet et ceux de la chapelle des Macchabées de Genève, œuvre de Giacomo Jaquerio, peintre au service d’Amédée VIII.

4.1.2 | Problématique : un artiste gyrovague,

mais pour quel parcours ?

Nos observations iconographiques nous ont révélé dans les peintures de Saint-Bonnet beaucoup d’« italianismes », les uns généraux, adoptés par l’iconographie chrétienne de longue date ; les autres plus spécifiques et contemporains, témoignant d’une connaissance des expériences italiennes et d’une porosité à leur égard. Mais on a vu aussi des motifs communs aux œuvres produites dans l’entourage du duc de Berry qui peuvent conforter certaines des hypothèses proposées dans la littérature. Ces résultats nous permettent d’envisager l’itinéraire du peintre avant qu’il n’arrive à Saint-Bonnet déjà formé. L’artiste pourrait en effet être « Louis Vobis », probablement né en Avignon comme fils de « Guillelmus Bartholomei, alias Nobis, pictor » attesté dans la cité papale en 1377 380. Partant, il aurait été formé tout d’abord en Avignon dans un lieu cosmopolite influencé par l’art espagnol et italien et surtout par des peintres siennois

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