Ă©DITO
philippe delaigue
N°2 janvier 2010
N°2
JOURNAL Ă PARUTION ALĂATOIRE
le journal
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#2
La FĂ©dĂ©ration se veut un rassemblement informel dâartistes et de thĂ©Ăątres qui tentent dâinventer ensemble raisons et façons de crĂ©er du thĂ©Ăątre. Certains de ces thĂ©Ăątres sont des amis fidĂšles et dĂ©terminĂ©s, dâautres observent avec bienveillance ce qui est Ă lâĆuvre et se cherchent une place, dâautres enfin ouvrent occasionnellement des pistes gĂ©nĂ©reuses. Rien ne nous engage, mais beaucoup nous lie. Mettre en commun nos raisons et nos façons de faire du thĂ©Ăątre se fonde sur un prĂ©supposĂ© simple : nous avons des raisons et des façons de faire du thĂ©Ăątre. Seulement voilĂ : qui sait aujourdâhui âsimplementâ ce qui le conduit Ă fabriquer du thĂ©Ăątre, et de cette maniĂšre plutĂŽt que dâune autre ?
Notre premiĂšre tĂąche est de parvenir doucement Ă ce constat commun quâil est difficile, peut-ĂȘtre mĂȘme de plus en plus difficile, de donner sens Ă nos buts et nos pratiques. Dâaccepter les doutes, les questionnements. De ne pas savoir : Quel thĂ©Ăątre faire aujourdâhui ? Avec qui ? OĂč ? Quels sont les thĂ©Ăątres dont nous avons aujourdâhui besoin : des grandes salles, des petites ? Grandes comment ? Petites comment ? La rue ? Des lieux de la vraie vie ? La campagne ? Un thĂ©Ăątre itinĂ©rant ? Un thĂ©Ăątre sĂ©dentaire qui investit des lieux diffĂ©rents chaque saison ? Un thĂ©Ăątre sĂ©dentaire pour de longues sĂ©ries de reprĂ©sentations ? Pour qui ces reprĂ©sentations ? Comment aller Ă la rencontre de nouveaux publics ? Qui sont-ils ? Devons-nous crĂ©er pour eux ? Comment lutter contre lâinexorable vieillissement des publics de thĂ©Ăątre ? Les artistes de thĂ©Ăątre doivent-ils ĂȘtre comptables dâun rapport au public ? Et si oui, de quel type ? Ne doivent-ils ĂȘtre que les auxiliaires dâune action culturelle et dâun imaginaire âlien socialâ ou
doivent-ils ĂȘtre associĂ©s voire portĂ©s Ă la direction des lieux ? Pourquoi ne pardonne-t-on rien au thĂ©Ăątre (quand on pardonne tant au cinĂ©ma) ? Quelle est la nature de ce risque que lâon prend en venant au thĂ©Ăątre ? Quây attend-on ? Quây espĂšre-t-on ? Pourquoi ces attentes et ces espoirs sont-ils si souvent déçus ? Et Ă quelles fins reprĂ©sente-t-on ? Les thĂ©Ăątres sontils toujours des thĂ©Ăątres ou sont-ils devenus des salles de spectacles ? Le spectateur du rang K est-il venu voir du thĂ©Ăątre ou un spectacle ? Lâacteur sur scĂšne fait-il du thĂ©Ăątre ou joue-t-il dans un spectacle ? La distance entre celui-ci et celui-lĂ doit-elle sâabolir ou sâaccuser ? Pourquoi est-on subventionnĂ© ? Pour faire du thĂ©Ăątre ou des spectacles ? Pour partager lâamour dâune Ćuvre ou travailler dâarrachepied Ă la promotion de soi-mĂȘme ? Pour partager un propos, des questions ou pour le simple pouvoir dâen tenir un (de propos) et dâen poser (des questions) ? Quelle place pour les Ă©critures dâaujourdâhui ? Que signifie commander un texte Ă un auteur ? Quel type de âcontratâ cette dĂ©marche
implique-t-elle ? La mise en scĂšne est-elle un art ? Un artisanat fĂ©dĂ©rateur ? Une scandaleuse appropriation des moyens de production ? Un mal nĂ©cessaire ? Une Ă©criture singuliĂšre et profonde ou une exploitation Ă©hontĂ©e du talent des autres ? Peut-on se passer des metteurs en scĂšne ? Doit-on se passer dâeux et explorer dâautres maniĂšres de faire ? Comment repenser pour le thĂ©Ăątre une Ă©conomie juste ? Quâest-ce quâune Ă©conomie juste pour le thĂ©Ăątre ? Une Ă©conomie lĂ©gĂšre ? Quâest-ce qui coĂ»te cher au thĂ©Ăątre ? Doit-on continuer Ă considĂ©rer comme seulement anormal quâun spectacle ne tourne pas ou peu ? Doit-on continuer Ă sanctionner les compagnies qui ne tournent pas ou peu et laisser Ă volontĂ© (et discrĂ©tion) cette possibilitĂ© aux directeurs de centres dramatiques ? Doit-on continuer Ă laisser les thĂ©Ăątres (subventionnĂ©s par des rĂ©gions, des dĂ©partements et un ministĂšre) ne pas accueillir un nombre raisonnable de reprĂ©sentations de compagnies (subventionnĂ©es par les mĂȘmes rĂ©gions, dĂ©partements et ministĂšre) ?
L A F Ă© D Ă© R A T I O N [ T H Ă© Ăą T R E ] â 5 m ont Ă© e S aint B arth Ă© le m y â F 6 9 0 0 5 L y on â t Ă© l + 3 3 ( 0 ) 4 7 2 0 7 6 4 0 8