Prairial - Fructidor 2014
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#08 GRATUIT
le vieux CULTURE
SEMESTRIELLE
L’été, les vieux cons sont à Deau ville, les putes à Saint Tropez, et les autres sont en voiture un peu par tout. Dixit Michel Audiard
l’édito Pour ce huitième numéro, le thème chois
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a pris des allures de grand 8, vrillant constamment
entre projection dans un futur plus ou moins proche et références à une époque qui peut sembler passéiste et révolue. Le poids des années peut s’avérer dur à assumer, voire à porter, et c’est particulièrement pour cette raison qu’il nous paraissait important de rendre hommage aux tempes grisonnantes détentrices de la réputée carte vermeil. Qu’ils soient patriarches, agiles, arthrosés, birbes, ce n’est pas aux vieux singes qu’on apprend à
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beaux, aire
la grimace. Nous n’étions pas prêts à organiser une course de déhambulateurs, mais nous
y avons sérieusement songé, nostalgiques de ne plus voir la « réclame » pour les chips Lays jugée « dégradante et discriminatoire pour les personnes âgées » par la Ministre déléguée en charge du peu. à l’heure où l’industrie pharmaceutique coule des jours paisibles, que les assurances-vies font carton plein et les centres de balnéo affichent complet, « le vieux » s’affirme sans aucun doute, comme une thématique de premier choix. Aujourd’hui, nos vieux
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ettent du temps à devenir grabataires, tellement de temps, qu’on
a créé un nouvel âge : le quatrième. Le secteur du tourisme s’en frotte les mains et propose des voyages à la carte, all inclused, pour qu’ils se fassent dorer la pillule (au sens premier de l’expression : pour enlever l’amertume des cachetons lors du fameux rituel de la prise médicamenteuse), même le rappatriement d’urgence s’il le faut, qu’on se le dise! Le monde, tu exploreras, tes tunes tu dilapideras, convention obsèques tu signeras. Les années passent mais ne se ressemblent pas, seul le pillulier designé années 2000, m
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rque
l’automatisme d’une routine monotone à laquelle, malgré tous leurs efforts, nos vieux
ne coupent pas. Le rappel à l’ordre pour se maintenir en vie, visite de l’infirmière notée en rouge à heure fixe sur l’Almanach clouté au dos de la porte d’entrée. Sur notre relique testamentaire, en toutes lettres, l’idée d’éditer un numéro diffusé
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ratui-
tement dans notre vieille France et quelques contrées mitoyennes. Après une immersion totale dans le monde des octogénaires, nous vous proposons, tout en suçotant un cachou ou autre ricqles, de chausser vos plus belles lunettes pour accèder au contenu de ce cahier culturel que vous pourriez même vous mettre à collectioner. Articles, chroniques, interviews se succèderont, pour un effet aussi bénéfique sur vos neurones qu’une bonne petite cure de jouvence! IF mag est une revue culturelle gratuite, semestrielle et thématique, diffusée à 10 000 ex. Elle est initiée, portée et réalisée par la Brigade A4, de façon entièrement bénévole, accompagnée par sa bande d’esclaves - adoubée en circonstances, pour affronter la dure réalité du monde culturel - sans laquelle elle ne serait pas.
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©BrigadeA4
Jon & Kaolet portent un perfecto/ L’équipée Sauvage / Sauvage ordinaire aka Sylvain Auburgan & Léa Sionneau / 2013 / & transportent un sac brodé / vieux crouton / Mélanie Manchoulas
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MUSIQUE _/
Les digestions sonores de DJ No Breakfast
Quand l’amoureux des vinyles rencontre les amoureuses du papier, ça donne une collaboration forcément intense, frivole, et résolument passionnée. Nous avons choisi DJ no Breakfast pour nous proposer ses coups de cœur musicaux - à moins que ce ne soit l’inverse ? - mais c’est à coup sûr à travers le bout de sa lorgnette que nous découvrirons les pépites dégotées. Véritable archiviste de pistes sonores diverses et variées, il chausse régulièrement ses bottes de sept lieues pour en récolter de nouvelles à travers le globe. Il les collectionne, les fractionne, les assemble, s’en inspire et compose de nouveaux morceaux, qui bien que « transgenresmusiculturels », se distinguent par leurs sonorités singulières, marque d’une signature toute personnelle. L’éclectisme de ses références se fait l’écho de l’étendue de sa créativité. Il répond pour nous, à quelques questions avant de nous délivrer ses derniers frissons musicaux. Ouvrez grands vos écoutilles. Profession DeeJay. Dj no breakfast. Anglais ou continental ? Plutôt « coffee & cigarettes ». Collecter. Ecouter. Chercher, fouiller, s’aventurer pour remixer des sons d’ici et d’ailleurs. Te considères-tu comme un anthropologue des sons ? Oui tout à fait, bien que la musique elle-même m’intéresse beaucoup plus que l’être humain qui l’a composée. J’aime à penser la musique comme une entité indépendante, que je découvre et apprécie justement en dehors de tout contexte culturel, social et bien entendu commercial.
« Dépoussiérant » de vieux morceaux, le lien entre ton travail et notre thématique semble évident . Es-tu un adepte du « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » ? Comme je le dis plus haut, pour moi la musique existe en tant que telle, par-delà les époques et les modes ; le temps n’a donc aucune influence sur son appréciation, c’est justement en cela que réside le pouvoir de la musique. La seule chose qui change c’est la manière de la jouer, de l’enregistrer et la diffuser. Mon boulot en tant que DJ pourrait se schématiser ainsi : 50% de conservation et 50% d’anticipation. Le collectionneur de vinyles en quelques chiffres ? 15 ans de recherches 5 ans de deejaying 5 continents 2500 disques vinyles 200 heures de mixtapes La trousse à outils du parfait dénicheur de sons ? En ce qui concerne les « diggers » (les collectionneurs de disques vinyles), internet a bien évidemment complètement bouleversé le milieu. Soudainement, le champ des découvertes ne se limitait plus seulement aux commandes de mon disquaire. Mais le revers de la médaille est qu’aujourd’hui il devient très rare de dénicher des trésors pour quelques euros dans Les Emmäus, les vide-greniers et autres troc 2000, il en va de même chez les antiquaires et dans les bazars du bout du monde, car ils s’alignent malheureusement tous sur les prix pratiqués par les sites d’échange et de vente comme discogs, CD&LP, Ebay…ou pour les plus connaisseurs : DF Crate Digger, Groove Collector, Popsike, Gemm. En ce qui concerne le .mp3 c’est une autre histoire. En l’an 2000, L’apparition du logiciel de Peer To Peer « soulseek » et la création de blogs comme celui de la radio new yorkaise W.F.M.U., ou encore Generation Bass, PCL Linkdump, EXP.ETC, Ghost Capital, Snap Crackle & Pop, Music For Maniacs … et des centaines d’autres tout aussi bons (même si hélas beaucoup ont fermé aujourd’hui) ont révolutionné l’accès à la musique. Sans oublier les forums, les plateformes comme Soundcloud ou Bandcamp, les netlabels : Ego Twister, Upitup, Cabeza ! par exemple et les sites participatifs comme Free Music Archive, archive.org ou Ubu Web, des sources inépuisables de matériaux extraordinaires et libres de droit. A quel point le numérique a t-il révolutionné ton travail ? Le numérique m’a tout simplement entraîné subitement dans les abysses de la création musicale sous toutes ses formes, grâce à Internet. Internet qui m’a permis de découvrir les trouvailles d’autres passionnés aux quatre coins de la planète qui numérisent méthodiquement leur collection pour la partager ensuite sur le net. Le numérique m’a également permis de partager sim-
ŠNilsBertho
MUSIQUE _/ plement « ma musique » (comprendre « la musique qui me plaît ») via les podcasts avec un public le plus large possible, mais également d’enregistrer facilement moi même des sons, des ambiances sonores et de remixer tout cela grâce à des logiciels (piratés bien sûr). Car la vraie révolution dans tout ça reste quand même la « gratuité » non ? Tu es un afficionados de l’open source. Es-tu ouvert à des collaborations ? il m’arrive assez régulièrement de collaborer avec des musiciens, des dessinateurs, des plasticiens, des vidéastes sous différentes formes. J’ai également participé à l’habillage de nombreuses émissions sur radio FMR, j’ai mis en musique les vernissages de la galerie G.H.P. (R.I.P.) pendant 3 ans en essayant à chaque nouvelle exposition de coller au mieux à l’univers des artistes invités les soirs de vernissages. Toutes ces collaborations sont indispensables à mon épanouissement, elles m’ouvrent de nouvelles perspectives de recherches, me permettent de m’intéresser à de nouvelles manières de travailler et de partager tout ce son accumulé au fil des années. Mes collaborations les plus récentes : « Guachafita » avec Laundrymix nous avons collaboré en 2012 avec le Collectif Indélébile pour le festival Rio Loco, « les délices du palais » remix des archives sonores chinoises du Musée du Quai Branly avec VECT en 2012, « l’Inconnu Me Dévore » résidence à la Galerie Croix-Baragnon avec le collectif WeInsist ! en 2013, « Vive les Vacances ! » avec Romain Quartier et ses films super 8 amateurs trouvés à l’occasion de l’inauguration du festival « Toulouse d’été 2013», plus récemment « Stereoptical Micellaneum » un projet de livre audio avec The Postman Quartet pour le festival Kraft de Nantes.
Tes inspirations viennent du monde entier. Tes platines tournent-elle aussi à l’international ? Invité par l’Alliance Française, j’ai mixé l’an dernier à Oulan Bator, en Mongolie, pour le 2ième international Street Art Festival T.A.T.Y.M. Mais n’ayant aucun agent ni tourneur, j’ai les plus grandes difficultés à me vendre. Je travaille beaucoup grâce au bouche à oreille. Mais je souhaite consacrer plus de temps à la recherche de projets à l’étranger. Je suis en train de travailler avec les Alliances Françaises de Colombie pour une tournée en 2015. Ta prochaine échappée ? La Colombie sur les traces de la cumbia et des musiques populaires caraïbéennes, où la musique s’écoute très très fort sur de gros sound system décorés. Les Picos (cf. soirée du 17 mai au musée des Abattoirs), mais j’aimerais également partir au Moyen Orient, en Egypte, en Iran ou au Liban …
Dernière(s) frivolité(s) musicale(s) ? ahaha ! J’ai un peu honte mais c’est Le ZOUK BASS – un style apparu ou plutôt réapparu il y a à peine deux ans grâce à un mix aujourd’hui mythique des Buraka Som Sistema de Lisbonne lors d’une session Boiler Room. Une musique proche du tarraxo et de la taraxinha ou du Kizomba, des styles de musiques électroniques qu’on pourrait qualifier de « ghetto sexy » qui fait vibrer depuis près de 10 ans les jeunes du Portugal et d’Afrique. Attention rien à voir avec le zouk de Francky Vincent, beaucoup plus proche de la Bass Music et qui se caractérise par un tempo assez lent, un rythme chaloupé et de grosses basses. Dans le même genre j’écoute pas mal d’Electro Chaabi des pays du Maghreb, des rythmes effrénés, du vocoder et de l’autotune à fond sur les voix, amis aussi du Bhangra, la musique éléctronique du Punjab, une région au nord de l’Inde, ou du 3Ball, la techno Mexicaine. Mais je suis également fasciné par les musiques psychédéliques des années 60/70 des pays Arabes et d’Asie : surf pakistanais, psyché Turc, pop Thaïlandaise, bollywood disco. Dans un tout autre registre, j’écoute aussi beaucoup le premier album de Julien Gasc « cerf, biche et faon » sorti il y a quelques mois chez 2000 Records et réédité il y a peu sur l’excellent label parisien Born Bad. Un superbe album pop chanté en français, d’une puissance musicale et d’une finesse exquise dans les textes.
the end.
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Nous avons offert notre vitrine à un collectif artistique installé entre Bordeaux et Toulouse: la Mobylette. Le deal: NOUS, un espace, un thème / agent double. EUX, du talent, plein d’idées et une installation / Find yourself here, exposée 3 mois dans notre atelier. En 2007 le collectif signe l’exposition "coup de boule", et se forme alors le socle reflexif et actif commun. Plasticiens, musiciens, performers, graphistes, écrivains, vidéastes se sont regroupés autour d’un même objectif : la diffusion des pratiques plastiques contemporaines et l’observation, l’expérimentation, la conception, la production artistique pour un public toujours plus varié, plus dense. Pour nous, la Mobylette a revisité le côté bi-facette de la Californie des années 80. Double lecture d’une réalité recolorisée, désuète et dépassée. L’image y est fractionnée, supperposant la désinvolture de façade caractéristique des eightees à la dure réalité qui sent le souffre et s’évanouit dans un coucher de soleil.
FIND YOUR SELF HERE PAR LA MOBYLETTE Que retrouve t-on de l’esprit « la mobylette » dans l’installation « find yourself here », slogan officiel de la Californie ? Tout d’abord le fait de penser et de construire une pièce, un projet de manière collective. Pour concevoir cette pièce avez-vous regardé « Miami Vice » pendant plus de 24 heures d’affilées ? Oui et non. Miami Vice utilise des codes visuels qui nous intéressaient. Mais c’est surtout la Californie des années 80 et ses clichés qui nous ont inspiré, la musique électro-planante et l’écrivain Bret Easton Ellis qui nous fait un état des lieux de la jeunesse dorée, passive et bourgeoise californienne dont le seul centre d’intérêt est le sexe et les drogues. Nous avons aussi pensé à James Bond, bien qu’il soit britannique, pour le côté double jeu. Dans l’histoire des E-U, la Californie revêt un caractère singulier. Elle incarne l’idée d’une terre promise, ruée vers l’or, puis finalement a elle seule, le rêve américain tout entier. La terre promise artistique à l’aune de 2015 selon vous ? Ah, je pense qu’il n’y en a pas. Ou bien plusieurs selon les affections de chacun. Au-delà de l’idée d’une terre promise, comme tu le dis, c’est plutôt le concept abstrait de Californie qui nous a plu, avec ce que cela revêt de vrai et de faux, de décor et d’envers du décor, de merveilleux et de déceptif. Une Californie qu’aucun de nous n’a jamais visité concrètement mais qui fait partie de notre inconscient collectif, grâce ou à cause des productions d’Hollywood notamment.
Dans votre travail, préférez-vous la phase de conception à l’ombre des palmiers ou celle d’exposition sous les sunlights ? Les deux ont un intérêt. La phase d’expérimentation est une période d’échange et de questionnement mais la phase de monstration est aussi une phase indispensable. Votre parti-pris artistique en trois mots clés ? Collectif, expérimentation, convivialité Vous expérimentez, concevez, diffusez et assurez aussi le commisariat d’expositions. La polyvalence est-elle la marque de votre collectif ou est-elle symptomatique du statut d’artiste en 2014 ? Elle est symptomatique du statut d’artiste mais le fait de concevoir un projet de A à Z est aussi notre marque de fabrique. La Mobylette vous conduit-elle vers une destination prédéfinie ? Non, l’important est plutôt le cheminement. Dernière frivolité collective ? Une exposition dans le Château de Monbazillac en Dordogne et une invitation d’Ilka Bree dans les locaux de sa galerie bordelaise.
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par Sylvain Bouyer PRESIDENT/ /
old men ! Je me confie à Henry Cole et sa barbe blanche. L ’Anglais qui au 19ème siècle en donna le nom. J’aimerais faire partie d'un mouvement comme le Bauhaus, enfin, avec du recul. Je propose dans la lignée de l’Autrichien Victor Papanek, une conception responsable sociologiquement, écologiquement et économiquement. Non je ne suis pas historien de l’art, ou nostalgique, je suis « Designer ». J’ai juste un peu de mal à savoir qui je suis, ici et maintenant. En fait je sais bien celui que je suis. Je crois que j’ai fait ce chemin intérieur, ou du moins je sais celui que je veux être. Je sais ce que je veux faire ! Bon, il n’y a pas de mode d’emploi, ni de parcours établi. Il n’y a que mes pieds, mes mains, mes idées et ma capacité à les réaliser. C’est déjà beaucoup ! Mais pas assez. Il me faut une place dans cette société, un statut, que dis-je, un métier ! Pas de bol ! Cole l’a inventé mais personne n’y a vraiment cru. En tant que tel je tiens à préciser. On a pensé en faire un exécuteur de tâches créatives, mais à chaque fois il nous revenait dans les pieds. Comme un empêcheur de tourner en rond, de penser une fois pour toutes les autres. Non, lui il recommence, il pense à chaque fois différemment, il complexifie là où on aimerait bien répéter, reproduire, multiplier. Cela peut être angoissant pour les objectifs de productivité. Mais c’est tellement bon quand le risque paye, encore faut-il le prendre ! Il s’attarde sur des systèmes qu’on a oubliés, tellement ils fonctionnent. Jusqu’à son arrivée ça marche si bien qu’on les a figés. Bon c’est vrai on a quelques petits problèmes à comprendre les besoins. La culture évolue plus vite que nos mécanismes, mais ça va le faire. Les normes, les règles, nos codes, le créatif, le concepteur, doit s’y plier, la société aussi. Le « Designer » n’a qu’à bien s’y tenir, et pourtant pour tenter de l’être un peu plus chaque jour, je me sens obligé. Obligé de mettre les « pieds dans le plat », allant même jusqu'à provoquer des réactions, c'est-à-dire recommencer, réinventer, ré-enchanter. Au risque de moi-même radoter, j’en émets l’idée. Il y a une place pour tous ceux qui veulent exister. En être convaincu n’empêche en rien d’hésiter, de se tromper, en effet « tout est toujours à recommencer », mais pour faire des choix, cela demande parfois de s’engager. Ne vous inquiétez pas, pour moi, j’ai choisi. Ce n’est pas que je me lamente non plus. Je crois tout simplement, que je vieillis.
Poésie _/
Affirmativement vôtre Affirmativement vôtre faussement sénile, inexorablement brillant, le virtuose fébrile s’affranchit constamment ; toujours vivant l’empaffé… la banane rachitique, os de verre, crâne poli, mains tachées, yeux fendus ; il comprend absolument tout, ne laisse rien transparaître… narquois, malin, espiègle, l’avorton est un bougre d’optimiste !
et son esprit hybride, son squelette livide, inocule, sécrète une humeur sourde : l’ivresse du récalcitrant, le sourire de l’indomptable, les variations ulcérées, symphonies incontrôlables, des monstruosités indécentes… ses pommettes fuyantes, son double menton, sa voix aigrelette et ses gestes précieux… oui, invariablement marquis, pince-sans-rire instantané, l’épouvantail aventurier a le singe euphorie !
©Lisa Chabbert
oui, encore et toujours palpite, au-dedans, intense, au plus fort dans son âme volatile, vagabonde un ravissement soudain !
il confesse toutes ses années d’opposition, sa fougue latente… un destin inextinguible ; dénonce les vogues, inexorable bagatelle, le pataquès, frasques des grotesques… oui, vieille peau a encore sous le capot, le coude, de derrière les fagots, un tas d’insolences cinglantes, un tsunami de provocations mordantes, vives, des montagnes de caprices hilarants, de fulgurances... grabataire, frondeur, arrivé au zénith de sa vie… émerveillé, torturé, pâmé, vociférant sans honte, il ne s’interdit plus aucune frivolité, fatuité ; en effet, malgré l’annonce de l’au-delà, à l’article de sa mort, le paria légendaire affirme haut, sonore : « aucune capitulation n’est envisageable ! » Nicolas Savignat
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Mode _/
par Nolwenn DURAND
viva l’armor
*chronique écrite en France, à remplacer par la spécialité du coin, pour une compréhension optimale de ce texte.
Le vieux est un état d’esprit, un esprit qui a connu la guerre et qui sait perfidement me le rapeller au moment de finir ma soupe : « ton grand-père mangeait des feuilles de chataîgner pendant la guerre...» = « bon, je finis ma soupe ». Etat d’esprit anachronique dans les années 80 ( époque où je ne finissais pas ma soupe : ndlr ) qui revient en force, car oui mes amis, c’est la guerre! Une guerre économique, où je suis tentée de remettre en place un système de marché noir avec mamie au vu du prix du kilos de pomme. Une guerre des moeurs et de nos styles de vie, à défaut d’avoir un bon travail, un emprunt à la banque et une voie toute tracée : on a du temps, des amis et un camembert*. Evoluant dans le monde créatif qui contrebalance le manque croissant de moyens par une ingéniosité et un investissement personnel; qui permet notament d’éditer le magazine que vous tenez entre vos mains, la question du faire avec moins ( voir avec rien) se pose. Et c’est là que l’état d’esprit du vieux intervient. Mais quel est-il, me direz-vous? Rationalisme, simplicité, ingeniosité, adaptabilité, durabilité: des mots qui font rêver. Salutaire après notre overdose de course à l’achat de ces dernières decennies qui nous a plongé dans une perte de repères et d’identité. Une crise de foie moins passagère qu’annoncée et qui nous a ouvert les yeux sur notre façon de consommer. A-t-on vraiment envie/besoin de toutes ces choses, produitent de façon obscure à l’autre bout de la planète, dans des conditions que l’on ne souhaiterait pas à un contrôleur des impôts ? Le réveil a été difficile, mais les entreprises qui tirent aujourd’hui leur épingle du jeu, sont celles aussi qui jouent le jeu. Auréolées de valeurs rassurantes et pleines de bon sens; adoubées par le chevalier à la marinière, le dit Messieur Montebourg : les icôniques Armor Lux, K-Jacques, Laffargue... s’en sortent la tête haute et Cocorico, s’exportent. Vous trouverez d’ailleurs une jolie sélection de ces fleurons de créateurs à la française sur le site de l’exception.
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Mode _/
Le nationalisme pointe son nez: levez les drapeaux. Car oui, dans une période où un sous est un sous, acheter français devient un acte citoyen, voire politique (vous n’ arborerez plus un bonnet rouge uniquement par amour pour le commandant Cousteau), un acte de résistance dans une période où le produit doit avoir du sens, une histoire tout en s’ inscrivant dans un univers globalisé ultra-concurrentiel, les vieux gros poissons se faisant bouffer par les petits. Même constat chez les mastodontes : H&M, qui avec la création de sa nouvelle enseigne & Other stories au printemps dernier monte en gamme et propose des produits de qualité, intemporels, faits pour durer ? Une odeur de sainteté plane sur les Suédois, qui vont jusqu’ à produire de façon « éthique et responsable » pour H&M avec la collection Conscious, c’est un peu comme Mc Do qui veut nous faire manger des salades, avec au menu: des cotons biologiques, des textiles recyclés, une meilleure considération pour les ouvriers. Marketing bien sûr, méritant sûrement. Une nouvelle façon de consommer qui fait fleurir les vide-dressings entre copines, les sites de troc sur le net, avec pour les modeuses, VestiaireCollective.fr en tête de file. La seconde main n’est plus honteuse, la bonne affaire est fièrement revendiquée, le tricot maison arboré. Ainsi toute une nouvelle génération de créateurs textile intégrent dès la conception de leur collection le développement durable comme la jeune marque française Monsieur Lacenaire spécialisée dans la maille, qui fait réaliser ses jacquards en France et ses alpagas sur les plateaux du Pérou, Twins for peace qui offre une paire de baskets à un enfant dans le besoin pour toute paire achetée et pour les hommes la bien nommée cuisse de grenouille propose des maillots rétro pour surfeur dandy avec toujours une production européenne. Leur secret, une vision humaniste, une production locale et une ambition internationale. Si vous voulez dépenser du blé, achetez français.
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ART CONTEMPORAIN _/
par Aude FOURNIE
Le dur désir de durer
En relisant quelques uns de mes vieux articles, j’ai constaté que je ne pouvais m’empêcher d’y raconter ma vie, fragmentée en de courtes annecdotes venues illustrer un propos. Un peu comme le font ces vieux réacs qui rabâchent leur existence d’antant, jadis, ce temps dont ils sont nostalgiques, éprouvant le fameux « c’était mieux à mon époque ». Ces p’tits vieux tout ratatinés qui se seraient comme trop éternisés au soleil - ou qui sont juste tellement vieux qu’on ne saurait leur donner d’âge - qu’on rencontre au détour d’un village, sur les bancs publics ou à l’occasion de banquets du 14 juillet, au dessus d’une assiette de munjetado (détail qui sent le vécu). Ces vieux qui, sous les relans de naphtaline et l’haleine pastille vichy, ont du temps à partager, des choses à dire, de l’expérience à revendre, mais dont plus personne ne veut profiter. Ces vieux qui n’ont plus d’oreilles auxquelles se raconter et qui vous asphixient de paroles si vous avez eu le malheur de leur prêter une once d’attention, un petit regard ou pire (erreur extrême) leur renvoyer un sourire timide et poli. Oui, ces vieux là, qui finnissent par devenir attachants au fond. Laurence Faure qui les photographie, nous les conte. Avec son appareil d’abord, et avec son dictaphone pour compléter ce travail « antropographique ». Portraits jumelés de personnes, à l’âge de la jeunesse puis à celui de la suprême raison, accompagnés de leurs voix qui non seulement trahissent leur personnalité mais expriment surtout leurs visions (toujours philosophes) de l’âge canonique sinon agonique (R.Dadoun, du grec agon, combat et jeux). Alberte, Félix, Célestin, Mercedes et les autres, tous « précipités dans la vieillesse », se livrent ou se délivrent du poids de cette décrépitude lente et sournoise, qui les astreint et les limite. « Portraits » fait partie intégrante de « Vieux », projet artistique pas vraiment désuet à l’heure où la part de
Laurence Faure
Clarity Haynes
la population âgée est grandissante. Poètes, photographes, illustrateurs, antropologues se sont réunis autour de cette thématique (www.vieuxlesite.com). L’on y découvre la vie de ceux qui ont un peu quitter la nôtre, placés en établissement spécialisés, ceux qui sont encore actifs et continuent d’exister, et ceux qui ne sont déjà plus eux-mêmes. Vieillir : l’histoire d’un paradoxe qui désigne aussi bien l’idée d’un affinage que celle d’un désavantage. La vieillesse ou la cristalisation de deux concepts antinomiques en une seule acception: la perte et le gain. La perte de la jeunesse, marche longue et périlleuse qui conduit indubitablement vers la fin de vie, pour y gagner la tant convoitée « expérience », apparentée souvent à la sagesse qui se mérite, mise sur piedestal. « Le pire con, c’est le vieux con. On ne peut rien contre l’expérience » (J.Braude) nous raffraîchie illico la mémoire : la vieillesse n’est pas synonyme de tendresse, de gentillesse, ou encore de souplesse. Elles n’ont d’assimilables que leurs 4 dernières lettres. Rappelez-vous Tatie Danièle, acariâtre et excecrable, aussi injuriante que méprisante. Mais à partir de quand atteint-on la date de péremption ? Quand la voix chevrotante, la gestuelle hésitante, la mémoire trébûchante ? quand la peau plissée, ratatinée, tannée ? quand la parole qui chancèle, la tête qui défaille et la crouuuulante silhouette ? quand le pas petit et serré, l’échine courbée, et l’épiderme moucheté ? quand la dent rare et le cheveu clairsemé ? quand la cataracte déclarée, le sonotone enchâssé et le dentier sur machoire édentée ? Quand ? Car oui, c’est bien là, le menu de l’affinage subtil servi à la table de la vieillesse, celle qu’on voit piétiner toute la journée le bitume devant notre atelier. (NDLR : celui-ci jouxte une maison de retraite). Macadam Madame, dont les pieds rippent sur le goudron comme la main du scratcheur sur le vinyle. Et effectivement, bien que musical, le spectacle n’est pas beau à voir, excepté quand il est bien filmé (ex. de Bruce LaBruce et son très poétique Gérontophilia, 2014). Alors oui, on a peur de vieillir, on se prend même à compter ses cheveux blancs et on qualifie de geste militant le fait de les assumer, mais à moins de 30 ans, plutôt facile de dire que le bistouri n’aura pas ma peau. Quoique le travail incisif du duo parisien None Futbol Club a de quoi faire réfléchir à deux fois avant de tenter l’irréparable. Une toile tendu sur châssi par un système visible (très visible) de cordeaux en nylon rivetés. Au milieu de la toile, imprimé, un gros plan de « LIZA » (Minnelli) ou encore de « SILVIO » (Berlusconi). Les tempes, « artistiquement » tirées nous arrachent un sourire forcé, tout aussi tendu que sont distendus les torses peints de Clarity Haines, qui s’exhibent seins nus sur de grands formats. Le top less au trait hyper-réaliste est souligné par un cadrage en gros plan qui étête le sujet mais ne laisse rien de côté. Le moindre détail y est aggrandi comme au microcospe. Un regard quasi médical sur des corps marqués, vieillis, ayant subi les âffres du temps, mais chacun à leur manière. Chacun témoigne de son vécu en nous ramènant à sa propre singularité. Vieillir sans relâche, jour après jour. Laisser mûrir, comme la fleur qui se fane. Voir sa première ride puis mourir! Car oui, comme le disait G.Bachelard au micro de Pierre de Lagarde, dans l’émission « Les vieillards » sur RTF, la vieillesse n’est jamais que le prolongement de la vie, telle qu’on l’a occupé. Qualités et
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None Futbol Club
Chambre 209
Eric Larsson
Art Posthume
Valérie Villieu
défauts s’assument dans la continuité. De la naissance jusqu’à la mort, vous parcourez le chemin de la vieillesse, long et sinueux, parfois torturé, accompagné de troubles séniles ou autres conséquences pathologiques, comme dans l’œuvre de Sophie Calle qui a filmé les dernières heures de vie de sa mère, sur son lit d’hôpital, par peur de n’avoir pu être à ses côtés au moment fatidique du grand au revoir. Partir, après une dernière valse. « Voulez-vous danser grand-mère, tout comme au bon vieux temps. Quand vous aviez vingt ans. Sur un air qui vous rappelle, combien la vie était belle ». Chantal Goya, de 7 à 77 ans ! For ever fan du travail de Sylvain Groud, chorégraphe qui a porté le projet « Chambre 209 », une création en maison de retraite médicalisée, en étroite collaboration avec Clément Révérend vidéaste et Jonathan Loppin, plasticien. Une participation active des passifs de notre société dans l’élaboration de cette œuvre où le corps se reverticalise, où la performance est physique et où se pose la
question de notre rapport au temps et à l’espace partagé, face à un désir de sensualité. Mais avant de pousser la porte du cimetière et de se retrouver allongé aux côtés de tous ses copains de la rubrique nécrologique, autant bien choisir sa tombe, cercueil chêne clair et carton tombal signé Eric Larsson, « as you fade away ». Si possible, une tombe avec vue. Disparaître, et laisser derrière soi une trace de son existence, de sa consistence. Une trace de vie après la mort. Un art posthume. « Il faut être un homme vivant et un artiste posthume », déclare le Manifeste de l’art posthume (Danièle Tedeschi, Artus de Lavilleon, Aleksi Cavaillez). L’art posthume est la décadence abstraite, et ultime (www. artposthume. com). Puis tirer simplement sa révérence. Après moi, l’Eternité. RIP. Le dur désir de durer, Paul Eluard, Ed Gallimard, La Pléiade, 1946. Manifeste pour une vieillesse ardente Roger Dadoun, ed Zulma 1970. Eloge de la vieillesse, Herman Hesse, Ed LGF, 1970.
Valérie Villieu
EN VITRINE _
ALEXANDRE MONTOURCY
Nous avons invité Alexandre Montourcy à investir la vitrine de notre atelier sur la thématique du vieux. Sa réponse, plastique et grinçante, a fait pâlir les passants du quartier. Restée fièrement exposée pendant 2 mois, « Suicide girls » : une corde de pendu. Un cordeau de chanvre soigneusement recouvert de sequins plantés un à un avec des aiguilles. Sans oublier ce nœud, au bout du cordage et à l’estomac. Un nœud qui met mal à l’aise. Suspendu derrière à hauteur d’yeux, un miroir gratté où apparaissent les contours des motifs floraux qui ornaient les murs des habitats de nos grands-mères. La fin est proche, toute proche, et l’heure de la sentence va sonner, dans ce monde où même la mort des célébrités (et autres éminentes personnalités) devient lucrative pour les torchons de la scintillante presse people. Alexandre Montourcy, fraîchement diplômé des Beaux-Arts de Toulouse et des Arts Décoratifs de Limoges, a débuté dans le métier en Espagne, où ses premières expositions ont vu le jour. De retour dans nos contrées, cet artiste légèrement barré, répond à nos questions.
Strass et paillettes. Amour du disco ?
Si tu nous ouvres ta trousse à outils ?
Non, pas du tout. C’est un geste de réappropriation, celui d’un presque rien, d’une surcouche. Je joue avec la poétique d’un langage plastique qui cherche à récréer une sorte de paradis perdu par la prolifération hypnotique et répétitive de ces bijoux de petites filles.
Plume, encre de chine noire, papiers, rideaux de douche, mousse de polyuréthane, cages à oiseaux, figurines en plastique, bois, cartons, épingles, perles, paillettes, corde, miroir…
Suicide girls a choqué bon nombre de passants devant notre vitrine. Quelle est ta part de provocation assumée ?
J’ai aussi moulé les peluches de mon enfance ! J’intègre des ressources formelles, entre l’art et la décoration. Des greffes créant confusion et tension, une version ready-made. Je m’approprie des objets du quotidien pour leur banalité, leur forme, leur texture, ou encore pour leur pouvoir d’évocation qui s’apparente à des indices rencontrant une réalité. Des supports inadaptés, parasites, que je détourne afin de les faire muter en un reflet mental, point de mire pour regarder ailleurs.
La critique du luxe dérisoire et contagieux est peut-être plus obscure que ce qui pourrait 22 s’en déduire par sa provocatrice sinon séductrice apparence. Paillettes et dépendances…
« cages à oiseaux, personnages en plastique, perles et paillettes… ». Victime du syndrome Peter Pan ?
Comment se déclenche le processus créatif ? Il a fallu du temps pour m’y mettre. Dans la création, il y a des périodes de creux où l’on veut créer quelque chose de nouveau. On déambule, on réfléchit, on surfe sur les internets, on fait les magasins comme « los Chinos » en Espagne (cela ressemble à la Foir’fouille ou les magasins de matériaux&bricolage), et en général, les idées arrivent.
Un concours de circonstances. C’était pour une fille et à l’époque, je voulais changer un peu d’air. Ça inspire ! Je me suis tourné vers une Espagne où le réseau artistique était moins fermé, avec plus d’opportunités, de concours régionaux, nationaux, destinés aux jeunes artistes mais souvent contrôlés par les banques… Les années ont passé et la crise a vite noirci le panorama. Mais d’un autre côté, j’ai vraiment eu le temps d’expérimenter et de produire.
©AlexandreMontourcy
Justement, pourquoi ce choix d’avoir commencé ta carrière artistique en Espagne, on a les mêmes magasins chinois en France ?
Cerisier Japonais
Ton lieu d’exposition idéal ? Et pour « produire », quelles sont tes références et inspirations ? (sport ? BD ? cinéma ? opéra ? cueillette de champignons ?…) Dans la cueillette, ce sont les cèpes, mais je n’aime pas les serpents roses ! J’ai commencé à dessiner, inspiré par la BD. Mais mes sources, sont plus dans la musique, le cinéma, le rock psychédélique des années 70 et certaines musiques actuelles. Andreï Tarkovski, Alejandro Jodorowsky ou Stanley Kubrick… Etre artiste en France aujourd’hui : suicide en bande organisée ? J’y ai réfléchi qu’après. Une corde de pendu rose dans la ville rose, dans une vitrine, et en période électorale en plus… C’est peut-être inconscient, une critique du monde de l’art toulousain qui tourne en rond. Il y a plein de bons artistes dans la région qui ne sont pas assez mis en valeur, notamment dans ces festivals qui ne se tournent que vers l’international.
Comme me l’a dit dernièrement un responsable de Centre d´art : mon œuvre installée dans un White Cube. Assez grand pour pouvoir y voir (enfin) l’ensemble de mes séries sculpturales ou dessinées. Et je suis d’accord avec lui, c’est cela qui me manque aujourd’hui. Si on te donnait carte blanche et un budget illimité ? Faire une fontaine géante avec des baignoires blanches. Dernière frivolité ? Baguettes chinoises.
ŠAlexandreMontourcy
En vitrine _/
I.F MAG LOVEs
Je ne sortirai pas vivant de ce corps altéré par la vie.
comme d’un fait inéluctable, jamais je ne quitterai cette cellule au papier-peint jauni.
Un écho sans dialogue, qui ne fait que me renvoyer ma propre solitude. J’en suis conscient
que certains me voient, m’observent même, mais tous mes appels ricochent sur les parois.
Mais personne ne pensera jamais à venir me chercher derrière cette porte rouillée. Je sais
recours possible dans ma situation. Je me suis longtemps dit : et si seulement quelqu’un ?
dont j’apprécie la compagnie. Je vois passer le temps, mais je ne participe plus. Aucun
ment choisir ceux qui m’accompagnent, mais les plus résistants ne sont pas forcément ceux
Les nouveaux, si infimes soient-ils, coulent sur cet horrible papier-peint. Je dois minutieuse-
sance à me libérer. Je fais la liste de mes souvenirs comme on dresse une liste de courses.
projets. Chacune de mes faiblesses est décuplée. Je suis fatigué, assombri par mon impuis-
Et malgré mes calculs, les murs semblent se refermer inéluctablement sur mes plus infimes
Il me faut calculer chaque centimètre à parcourir en fonction de cet espace confiné.
s’allonge. Le moindre effort, le moindre mouvement, tout est altéré par cette exiguïté.
par le temps. À qui dois-je m’adresser pour les réclamations ? La liste de doléances
plus l’encadrer ! Je suis à l’étroit, tellement étriqué entre ces parois grotesques attaquées
commencent à s’effriter. Les murs tombent en poussière. Et ce papier peint jauni, je ne peux
Quelques mois ? Des décennies peut-être. Assez longtemps en somme pour que les surfaces
Impossible de me rappeler depuis combien de temps je suis coincé dans ce fichu réduit.
L’irréductible papier peint.
par Fanny Berquiere/ /
©HélèneBlanc
C H A MO M I X
ŠFlorianDoumerc
©IrisLegendre
AU REVOIR Direction artistique / graphisme & photographie / coordination : Brigade A4 Nolwenn Durand & Aude Fournié / brigadea4@gmail.com
Ont collaboré à ce numéro : claire tonelli, fanny berquière, moÏra huertas, Sylvain Bouyer, dj no breakfast, nicolas savignat, alexandre montourcy, le collectif la mobylette, nina sarradin, lena haeuis, sylvain auburgan, amelie manchoulas & nos deux modèles jon regueiro & kaolet man. illustrateurs & photographies : IRIS LEGENDRE P 32 , nils bertho p 7, lisa chabbert p 14, clémentine laroche PAGE CENTRALE, hélène blanc p 29 & florian doumerc p 31. merci à tous nos collaborateurs : l’imprimerie Relief Doc ,tous nos bénévoles et nos bienfaiteurs.
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