Jean Pierre Schneider
Jean Pierre Schneider
G A L E R I E
B E R T H E T - A I T T O U A R Ăˆ S
P A R I S
Entre chien et loup Corps de pierre voués A l’abandon des regards, jetés A la gueule du temps
Les planches courbes Eveil des corps en leur souvenir Vigilance des barques lucides Une vérité continuée
Le funambule D’un fil passer la mort côtoyée Compagne fiévreuse A corps ouvert rejouant le sidérant miracle
Les pierres noires Pierre hors les murs Sans butée et pour le pas seul De désir et d’inexactitude crevant la toile de ses choix Escouade migratrice fuyant l’exil De toute flèche créant un monde hors l’espoir Aléa d’un geste
Blandine Jeannest
Š Michel Dieuzaide
Peu de chose. Un carton ouvert. Ou entrouvert. Au bord de la toile. Ou au centre. Un corps allongé, déployé en zigzag, plis et replis. Ou une chaîne de montagnes transformée en nuage, un rocher qui devient une tache. Des planches courbes. Ou une barque qui vogue ? Une trace qui traverse la toile. Une ligne d’horizon ? Quelques pierres au bord de l’eau… Aucune liaison apparente ne s’établit clairement d’un thème à l’autre. Ici, la narration est congédiée, l'événement est exclu. Rien n’est nommé, situé, raconté. A plus forte raison, rien n’est expliqué. Les œuvres, qui refusent le pathos et le trop plein, nous parlent à voix basse comme pour préserver un secret. Mais c’est peut être pour cette raison que le regard tente de percer ce qui se cache derrière ces formes simples mais étrangement efficaces. Derrière, car cette peinture en retrait semble se retenir et ne laisse apercevoir que les traces imprimées des objets disparus. Dans ces toiles, les figures sont comme émises par la surface, délestées de leur poids, laissant apparaître un fond foncé ou blanc. Les éléments figuratifs sont réduits en signes fluctuants, images mentales et images réelles se superposent, et pourtant, la représentation, même épurée, reste préservée. Libre de tout vestige illusionniste, elle garde un attachement profond à la poésie de la suggestion. On le sait, depuis des années Jean Pierre Schneider fait un retour sur la figuration. Une figuration qui aurait intégré la leçon de l’abstraction : plus tournée vers l'apparaître des choses que vers leur apparence. Dans cet univers aucun sujet ne se résume à une seule image, aucun tableau n'est jamais clos sur lui-même ; il est ou il advient ce qu'il est dans la proximité aux autres. Il procède ainsi par séries ouvertes, polyvalentes, dont les contraintes, loin d’être arrêtées une fois pour toutes, sont susceptibles d’être modifiées en cours de route. Ou plutôt, au système sériel de l’évolution progressive, basé sur un rapport mimétique ; l’artiste substitue les variations qui ne renvoient pas aux formes précises, mais à un principe unificateur omniprésent et néanmoins discret.
Cette structure rayonnante aux liens ténus, plus signifiés que perçus, échappe à toute prédestination, à toute formule définitive. En d’autres termes, l’artiste fournit le thème, l’œuvre propose ses aléas. Répéter les mêmes expériences à une altération près, représenter inlassablement le même motif est ainsi pour Jean Pierre Schneider un moyen de mieux saisir le monde et de le récréer. Recréer, car dans cette œuvre les figures et les objets ne touchent pas terre. Configurations transparentes, elles se situent dans un espace indéterminé, sans profondeur. Dans le passé, c’est le milieu aquatique qui était privilégié. Ainsi, les nageurs bidimensionnels se déplaçaient avec légèreté sur la surface de l’eau, comme dans une traversée d’une extrême fluidité. Avec les œuvres plus récentes cette fluidité se généralise et s’accentue, devient la caractéristique générale de tous les thèmes figurés par l’artiste. Pierres, cartons ou barques, ils échappent à toute lourdeur, à toute contingence matérielle. Ainsi, les boîtes, tantôt opaques, tantôt transparentes, sans contenu, sont des fragments d’un ensemble absurde et sans fin. Ou encore, les pierres ou les barques, masses en apesanteur, comme en suspension au-dessus du vide, semblent faire partie d’un décor théâtral immatériel. Dans ce cadre, la figure humaine se fait rare ou se résume à une allusion. Avec Le Funambule, il n’en reste qu’un trait, cette corde sur laquelle marche l’acrobate. Suspendue à l'horizontal, légèrement courbée, elle est aussi une passerelle, une traversée, une “médiation” entre deux coordonnées dans l'espace. Cet “agent de passage” dévoile toute la fragilité, dans son équilibre précaire et momentané, de la performance du saltimbanque. Mais aussi et surtout celui de l’acte de création de ce jongleur qu’est l’artiste. Ailleurs, on est Entre Chien et Loup. Un corps emmailloté qui lévite ou un lieu non déterminé, détaché du sol et irradié par la lumière. Paysage à la figure énigmatique ; espace de “l'entre-deux” - le visible et l'enfoui, le lisible et le suggéré. Il suffit d'un rien pour inventer une géométrie tremblante et irradiante. Il suffit d'introduire des éclairs dans les intervalles entre les figures pour éviter toute rigidité. Il suffit de caresser la couleur pour qu'elle dégage une vibration de sensualité discrète. Peu de chose. Un carton ouvert, un corps allongé, des planches courbes, quelques pierres au bord de l’eau… Ces « choses » n’ont rien en commun si ce n’est d’avoir cessé de servir, d’avoir perdu leur fonction utilitaire et d’être offertes à tout usage poétique. C’est encore le réel mais c’est déjà ailleurs. Itzhak Golberg
Pour attaquer le minotaure, il faut ĂŞtre aveugle, sinon on est trop triste
Henri Bauchau l’enfant bleu
Pour attaquer le minotaure... Le carton du 31 X 04 195 x 130 cm
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Le carton du 27 XI 03 27,5 x 46,5 cm
Le carton du 24 II 04 97 x 130 cm
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Le carton du II XI 03 97 x 130 cm
Le carton du 19 X 04 150 x 150 cm
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Le blanc du sommeil rêvé
du sommeil sali
du sommeil inacceptable
Note d’atelier 22 I 08
Entre chien et loup le 7 09 07 97 x 130 cm
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Entre chien et loup le 7 XII 07 130 x 97 cm
Entre chien et loup le 28 XII 07 200 x 250 cm
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Entre chien et loup le 7 X 07 130 x 97 cm
Entre chien et loup le 11 09 07 130 x 97 cm
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Entre chien et loup le 6 X 07 97 x 130 cm
Entre chien et loup le 8 09 07 97 x 130 cm
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Entre chien et loup le 17 I 08 195 x 130 cm
Personne ne peut exiger de la mer qu’elle porte tous les bateaux
Stig Dagerman
Les planches courbes du 26 08 06 97 x 130 cm
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Les planches courbes du 26 XI 07 130 x 162 cm
Les planches courbes du 19 XI 07 130 x 162 cm
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Les planches courbes du 28 VI 07 130 x 195 cm
Les planches courbes du 19 03 07 130 x 195 cm
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Les planches courbes du 6 3 07 130 x 195 cm
Les planches courbes du 30 II 07 130 x 162 cm
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Plus rien ne te rattachant au sol, tu pourras danser sans tomber
Jean Genet le funambule
Le funambule du 8 V 08 130 x 89 cm
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Le funambule du 15 II 08 130 x 97 cm 32
Le funambule du 19 II 08 195 x 130 cm
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Le funambule du 17 VI 08 58 x 58 cm
Le funambule du 29 III 08 130 x 97 cm
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La frange humide de l’estran un regard qui descend et toujours le pas inégal
Note d’atelier 24 VI 08
Les pierres noires du 2 6 08 130 x 195 cm
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Les pierres noires du 6 VI 08 162 x 130 cm
Les pierres noires du 20 VI 08 130 x 195 cm
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Les oiseaux libres ne souffrent pas qu’on les regarde (René Char)
Le gué du 23 1 05 97 x 130 cm
A l’ordre d’un jour du 18 XI 04 97 x 130 cm
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Falkenau du 25 1 05 60 x 74 cm
Falkenau du 15 XI 05 97 x 130 cm
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Š Josseline Minet
Formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Lille, Jean Pierre Schneider a longtemps exploré la peinture abstraite ou « sans sujet » comme il préfère le dire. Sa rencontre avec Pierre Tal Coat, décisive, confirme son engagement. De Stael, Rothko, Twombly nourrissent sa réflexion. Riche de l’expérience et des acquis de l’art abstrait, depuis une quinzaine d’années, il renoue avec le sujet, élément qui « met en mouvement la peinture » sans prendre le dessus, sa préoccupation principale restant avant tout et toujours « le territoire de la peinture ». Là, va apparaître le mot. Il le capture et s’en empare comme parti pris de l’œuvre. Ainsi la série des Funambules nomme Jean Genet : «...Plus rien ne te rattachant au sol tu peux danser sans tomber...». Ces bribes de littérature entrent dans la peinture, ainsi que la date qui s’y inscrit, et contribuent à l’élaboration du tableau. En même temps, il intervient dans le domaine de la danse et du théâtre. Ainsi, réalise-t-il la scénographie d’une vingtaine de spectacles (en particulier au théâtre national de Chaillot). Fidèle aux galeristes avec lesquels il lie des liens d’amitié, il expose, régulièrement, à partir de 1992 chez Lise et Henri de Menthon à Paris, puis chez Sabine Puget à Paris et à Fox Amphoux, chez Agnès Schneider à Paris et chez Pome Jacques-Turbil à Thonon-les-Bains. En 2007 commence l’aventure avec la galerie Berthet-Aittouarès.
Nous remercions pour leur aide précieuse Blandine Jeannest Josseline Minet Ithzak Goldberg Claudia et Guy d’Auriol et
Sabine Puget et Michel Dieuzaide Grâce auxquels cette exposition a pu se réaliser.
Autres publications de la galerie Berthet-Aittouarès
Tal Coat, c’est le vivant qui importe – peintures et dessins, en co-édition avec la Galerie Aittouarès, 1997. Jean-Pierre Corne, Les bornes du silence, textes de Jean-Claude Schneider et Jean-Jacques Lévêque, en co-édition avec la Galerie Aittouarès, 1998. Henri Michaux, histoires d’encre, texte de Jean-Louis Schefer, en co-édition avec Pagine d’Arte, 1999. Mario Giacomelli, Vintages 1954-1965, texte de Jean-Louis Schefer, 2001. Pierre Tal Coat, Terres levées en ciel, texte d’Yves Peyré, en co-édition avec Pagine d’Arte, 2002. Pierre Bonnard, l’œil du chasseur, texte de Guy Goffette, en co-édition avec la Galerie Aittouarès, 2002. John Craven, 200 millions d’Américains ou l’Amérique des années 60 – photographies, textes d’Edmonde Charles-Roux et Iliana Kasarska, 2002. Slimane – peintures et dessins, textes de Jean Lacouture, Pierre Amrouche, Rabah Belamri, Fellag et René Souchaud, 2003. Petit inventaire à l’usage des amateurs – dessins, en co-édition avec la Galerie Aittouarès, 2003. Daniel Frasnay – photographies, textes d’Hervé Le Goff et Iliana Kasarska, 2003. Mario Giacomelli, l’ermite de Senigallia – photographies, textes de Jean Dieuzaide et Véronique Bouruet-Aubertot, 2004. Petit inventaire à l’usage des amateurs – dessins, en co-édition avec la Galerie Aittouarès, 2005. Pierre Bonnard, La volupté du trait – dessins, texte de Guy Goffette, en co-édition avec la Galerie Aittouarès, 2005. John Craven, La beauté terrible, textes de François Nourissier et Christine Mattioli, 2005. Hans Hartung, Hors champ, les années 1970, textes d’Alain Madeleine-Perdrillat et Jean-François Aittouarès, en co-édition avec la Galerie Aittouarès, 2006. Jean Dieuzaide, Corps et Âmes, texte de Guy Goffette et Hervé Le Goff, 2006. Etienne Viard, Sculptures, texte de Laurent Boudier, 2007. Alexandre Trauner, 50 ans de peinture pour l’histoire du cinéma, préface de Bertrand Tavernier, 2008.
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Blandine Jeannest Josseline Minet Michel Dieuzaide Itzhak Golberg Antoine Schneck Galerie Berthet-Aittouarès
Achevé d’imprimer sur les presses de Stella Arti Grafiche, Italie, en septembre 2008. Contact Paris : 01 40 59 83 27
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