Vibrations Totemiques

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A R T

A C T U E L

&

E T H N O G R A P H I E







VIBRATIONS TOTEMIQUES AR T ACTUEL & ETHNOGRAPHIE

Objets de la collection d’Art Ethnographique de Pascal Lacombe et la participation des artistes contemporains : ANDRE CERVERA GUY FERRER BALBINO GINER YVES HAYAT KRM LIONEL LAUSSEDAT JEAN LLOVERAS PATRICK LOSTE ARIEL MOSCOVICI ALEXANDRE NICOLAS PIERRE RIBA SYLVIE RIVILLON MICHEL SOUBEYRAND JEAN SUZANNE Commissaire d’exposition Roger Castang Textes Jean Michel Collet Patricia Tardy

C O N S E I L G E N E R A L D E S P Y R E N E E S O R I E N TA L E S

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Le totem et l’homme ont la même destinée. Tous les deux se dressent vers le ciel...


TROIS LIEUX D ’ EXPOSITION DANS LES PYRENEES ORIENTALES

CastanGalerie Perpignan

Maison de la Catalanité Perpignan

Château Royal Collioure

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Remerciements Hermeline Malherbe Présidente du Conseil Général des Pyrénées Orientales Michel Moly Vice Président du Conseil Général des Pyrénées Orientales Maire de Collioure Robert Garrabé Président de la Commission Culture Conseil Général des Pyrénées Orientales Marcel Mateu Président de la Commission Patrimoine et Catalanité Conseil Général des Pyrénées Orientales Jean-Louis Chambon Conseiller Général du Canton de Saint Jacques Nicole Mas Directrice Générale Adjointe des Services Conseil Général des Pyrénées Orientales Le personnel du Pôle Animations Festivités Le personnel de la Maison de la Catalanité Le personnel du Château Royal de Collioure

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Parler d'Art Actuel et dévoiler au regard des œuvres contemporaines n'est pas chose facile, c'est pourtant ce que le Conseil Général essaye de faire depuis de nombreuses années en mettant en situation dans des lieux historiques de notre patrimoine le travail d'artistes d'aujourd'hui. Cette année la Maison de la Catalanité et le Château Royal de Collioure sont les écrins de l'exposition Vibrations Totémiques. Une résonance entre l'art ethnographique et le travail d'artistes reconnus ayant réfléchi sur le thème du totem. Une quinzaine d'artistes sont présentées à un public que je sais exigeant et curieux de découvertes. Le Conseil Général a une nouvelle fois fait confiance à Roger Castang pour monter cette exposition et en gérer la scénographie et je ne doute pas qu'il nous transporte dans son univers.

Hermeline Malherbe Présidente du Conseil Général des Pyrénéés Orientales

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Vibrations Totémiques Un titre qui évoque une sensation et une forme, une exposition qui met en scène des objets et des œuvres desquels émanent des vibrations ésotériques s'adressants peut être à un monde parallèle. Formes révélatrices de mondes inconnus, dans lequel le futur devient antérieur et le passé un demain où l'on peut se promener en fermant les yeux. Un travail qui n'a pas besoin de mots. Un univers qui apprivoise le spectateur et lui insuffle une pensée profonde, spirituelle, méditative telle celle provoquée par toute chose sacrée. Les œuvres ne sont plus "objets" elles deviennent "pensées".

Roger Castang Commissaire de l'exposition

PAGES SUIVANTES

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Pierre Riba, Reine de la nuit et little black, carton, résine graphite, 205 x 60 x 30 cm, 55 x 60 x 30 cm. Pierre Riba, Le chevelu et mascarillas, bois et fer, h 185 cm.

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A propos de vibrations totémiques En demandant aux artistes de travailler sur le thème des Vibrations totémiques, Roger Castang leurs a offert un vaste champ de création. Certes. Mais il impose aussi des concepts purement subjectifs, du domaine du ressenti et qui plus est, ont l’impérieuse obligation d’être partagés par d’autres. Alors que l’art contemporain n’a eu de cesse de s’émanciper de l’image et de la représentation, les voilà embarquer dans une aventure qui concerne autant les plus radicaux de l’abstraction que les plus fervent figuratifs. Certains murmureront-ils quelque message tandis que d’autres aborderont le religieux ? On peut même se demander si cette “consigne” ne conduit pas les artistes à reprendre leur quête de toujours. Que leur œuvre soit authentique, vraie et qu’elle apporte une émotion à l’autre, que le spectateur ne se contente pas d’un plaisir esthétique mais s’interroge sur ce qu’elle évoque, sur son sens.

La vibration Tant de choses doivent nous faire vibrer, nous les consuméristes. Les invitations, les sollicitations, les injonctions à vibrer nous assaillent. On rencontre même des addictes de la vibration. Collective dans les stades, les salles de spectacles, les messes domicales sûrement. Solitaire dans la solitude. Et puis, il n’y a pas deux vibrations identiques. Il y a les goûts et les couleurs, les idées acquises, la connaissance, la sensibilité, l’émotivité. Frémissement dans la sublimation, trépidation chez les exaltés, tremblement pour les possédés, à chacun son amplitude. Mais tout cela n’est possible que dans une forme de partage, de communauté d’esprit, d’expérience collective. D’autant plus qu’en matière d’art, la spéculation a tendance à créer des consensus, des sortes d’évidences qui ne se discutent même plus. Cependant, l’esthétique, la forme, le propos ou le concept nourrissent de magnifiques divergences de réaction, d’appréciation, de sentiment. La vibration que propose Roger Castang est de celles sur lesquelles se fracasse la raison. Elle est culturelle avant d’être émotionnelle ou bien est-ce l’inverse ? On peut penser que l’émotion nous a occupé l’esprit bien avant la culture, mais pour ce qui est d’apprécier, de juger, de hiérarchiser, de référencer, le culturel est forcément entré en jeu. Alors, est-ce l’enfantine chair de poule, le viril poil du bras au garde-à-vous, l’œil humide ou l’évanescence du rationnel qui doivent nous alerter ? Car il y a une petite onde qui se faufilent parmi d’autres, la lumière, la couleur, le son, rien que pour nous. Et bien, là aussi, les attentes, les sensibilités font que nous ne ressentons pas les mêmes choses et certainement pas pour d’identiques raisons.

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Le totem Totem vient d’un terme ojibwé, d’une langue née du côté des Grands lacs d’Amérique du Nord. Une origine plongée dans la nature sauvage d’un autre monde. Mais le totem existe chez bien des sociétés humaines, pour ne pas dire toutes. Notre imaginaire nourri de westerns américains dresse de ces troncs sculptés et peints dans des prairies habitées de bisons laineux, des objets de culte servis par des liturgies dansantes. Il nous dessine des aires où rôdent les intermédiaires avec un au-delà, des ancêtres, des divinités et des animaux fabuleux. Bref, un animisme comme un autre. Le totem est surtout le lien d’un clan, d’une tribu. Elément de l’explication du monde et organisation d’une communauté. Les artistes veulent-ils faire de leurs œuvres des totems ? Ne le sont-elles pas déjà, par nature, par culture ? Le deviennent-elles par notre volonté ou portent-elles en elles une transcendance ? Quand le travail devient œuvre, il endosse alors la condition de totem et en adopte les attributs. Admettre cette idée, c’est accepter qu’il y a une part d’inexplicable dans ce qui fait une œuvre d’art. Part communément admise lorsqu’on parle d’art sacré. Et s’il est question de sacré, on y rencontre aussi des laïcs, des agnostiques et autres pragmatiques. Ils n’ont d’ailleurs pas toujours tort, l’idolâtrie rôde, accompagnée d’une cohorte de simulacres. Ça crée l’art ? L’art sacré ! Après tout, nous prenons part aux rites et aux grandes messes de l’art. Ses temples, ses palais et ses chapelles, ses dogmes, ses règles nous rassemblent et nous divisent. Dans le secret de petites sectes “souterraines” ou avec la foule des fidèles moutonniers, la cérémonie a bien lieu, tissant des liens, validant des esthétiques, édifiant des panthéons. Relique, fétiche, idole, non ! Totem des temps modernes. Bien moins archaïque et pourtant originel. Sophistiqué et néanmoins irrationnel. Objet rituel, sculpté, façonné, peint, Il est le symbole de la part incontrôlable et mystérieuse de la création, de ce dialogue, de cette onde aux intensités changeantes, de cette émotion intime que peut instaurer une œuvre.

Les vibrations totémiques Voilà deux mots qui, lorsqu’ils sont associés, développent une belle énergie aux résonnances telluriques, évocateurs de paganisme et de naturisme. Ils pourraient aussi inspirer un tableau surréaliste, Ceci n’est pas une vibration totémique.

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La proposition de Roger Castang place les artistes face à des enjeux qui remontent certainement à de farouches époques où la survie et l’immensité d’insondables mystères occupaient toute entière l’humanité. Elle induit aussi que l’autre éprouve “une” vibration, celle qu’il attend de la confrontation, non pas l’explication, mais la révélation de l’existence d’un mystère, de quelque chose d’indicible. C’est la moindre des choses qu’un totem inspire des vibrations. On pourrait même penser qu’il suffit de créer un “totem” et que le tour est joué. Il se peut aussi que le clan désigne le totem et nous somme de l’adopter. N’empêche qu’à un moment, la petite vibration est bien là. N’est-on pas touché par une œuvre ? L’onde ne fait pas qu’effleurer, elle pénètre, s’insinue, elle peut même être envahissante. Les artistes s’en moquent, en débattent, sont indifférents. Ou alors ils ne se prononcent pas, ne revendiquent rien. Il est possible qu’ils y croient et qu’ils en fassent des tonnes même. Certains peuvent être de grands “gourous” entourés d’adorateurs fidèles et dispendieux. Mais ceux qui ont relevé le défi, ouvertement, délibérément, se sont trouvés face à la plus exigeante des configurations, mais aussi la plus essentielle : une fenêtre de tir vaste comme le monde et une cible microscopique. D’ailleurs, certains ont-ils refusé de s’y atteler, par crainte ou par dédain ? D’autres ont pu faire valoir la dérision, l’humour, le détournement ou l’outrance. Peu importe les raisons, intellectuelles ou charnelles, les vibrations totémiques seront au rendez-vous pour ceux venus à leur rencontre. Les moins perméables, les sceptiques, les athées seront-ils touchés ?

Jean-Michel Collet

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Objets de la collection d’Art Ethnographique de Pascal Lacombe

Toute œuvre d’art est la projection matérielle d’un concept, d’une préoccupation, d’une pensée de son auteur. Elle est faite pour s’offrir au regard des autres. Ces créations, des plus anciennes aux plus contemporaines, ont cette même origine et cette même destinée. Quoi de plus normal, donc, qu’elles puissent entrer en résonance et dialoguer en harmonie. Pascal Lacombe, Collectionneur d’art ethnographique et contemporain

Masque Dan, Côte d’Ivoire, h 43 cm Effigie Mentawaï, Ile de Siberut, sud Sumatra, h 103 cm Masque Mambila, Nigeria, h 32 cm Effigie du rituel Kifwébé, Songye, Zaire, h 42 cm Fétiche Mambila, Nigeria, h 75 cm Représentation d’ancêtre Léti, Isles de la Sonde, h 77 cm


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Un objet ethnographique n’est pas une simple œuvre d’art, il n’a d’ailleurs pas été conçu dans cette optique. On peut le définir comme répondant à un certain nombre de critères, lesquels doivent tous être réunis pour que l’objet soit considéré comme authentique : - L’objet, qu’il soit masque, effigie ou fétiche, doit avoir été fabriqué au sein d’une culture traditionnelle dont les membres occupent un territoire ancestral. - Il doit avoir été conçu par un représentant de cette culture qui soit fin connaisseur des croyances et traditions locales. - Il a été conçu pour répondre à un besoin rituel ou votif spécifique. - Il doit avoir été utilisé dans le cadre rituel. En outre, le talent du sculpteur, l’ancienneté de l’objet, sa patine liée à l’usage et au temps, son originalité ou sa pureté par rapport aux canons stylistiques de sa culture d’origine ajoutent aux qualités esthétiques de l’objet. Les objets ethnographiques sont des réponses formelles à des concepts liés aux grands questionnements spirituels que se posent tout homme et toutes sociétés. Ils sont des liens, des moyens, des méthodes, pour entrer en relation avec les origines, les ancêtres, le divin, les esprits, le sacré. En ce sens on peut les voir comme un vocabulaire capable d’illustrer l’indicible et le mystère. Dans les sociétés animistes ces objets peuvent alors prendre des fonctions variées : tantôt creusets à sortilèges ou tabernacles habités d’esprits mythiques, tantôt étendards symboliques d’un groupe d’initiés ou résidences sacrées de l’esprit des défunts, parfois totems liant les membres d’un clan etc… Ainsi chaque culture traditionnelle apporte ses réponses plastiques particulaires à des questionnements universels, chacune proposant un abécédaire créatif définissant un style unique qui illustre l’originalité des traditions et enrichi le patrimoine artistique universel. C’est dans ce splendide et immense corpus d’objets ethnographiques que je me plais à voyager depuis de nombreuses années. Les subtiles variations dans un style, les inventions plastiques surprenantes, les parentés formelles entre deux cultures éloignées, la force ou la douceur dégagées, la puissance évocatrice rendue… sont tant d’aspects de ces objets qui ne cessent de me ravir et de nourrir mon imagination. Il m’a fallu, par goût et par nécessité, me limiter à certaines cultures, mais dans ces cultures choisies, je m’efforce de réunir des ensembles conséquents propres à illustrer à la fois la cohérence d’un groupe stylistique et l’originalité de chaque objet.

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ANDRE CERVERA « Aujourd’hui en Chine, hier en Inde, avant-hier en Afrique et parfois autour du Bassin de Thau, André Cervera ne voyage pas. Il s’en va, ici ou très loin, se fondre dans l’univers des uns et des autres et – drôle de prédateur – s’emparer de tout ce qui ressemble à une réponse aux questions universelles sur la vie, la mort, l’humain, l’au-delà… »

Totem, bronze, 160 x 40 x 30 cm, édition de 8 exemplaires L’enlèvement de l’homme, acrylique et technique mixte sur toile de lin, 180 x 210 cm D’un totem, l’autre, acrylique et technique mixte sur toile de lin, 210 x 180 cm Sans titre, acrylique et technique mixte sur toile de lin, 180 x 210 cm


Les marques du destin La scène se déroule, autour d’un petit homme, vieux et rabougri. Il est mort. Cervera l’a peint en blanc. En Asie et dans une partie de l'Afrique, le blanc est la couleur de la mort et du deuil. Au pays Dogon, quand un personnage important meurt, un Hogon (chef spirituel de village), les masques viennent le chercher. Il est tiré par des mains qui l’agrippent et l’enlèvent. D’où le titre du tableau : L’enlèvement de l’homme. Le défunt va rejoindre le peuple des ancêtres. Il va entrer dans le monde des esprits. Face aux deux masques, de l’autre côté de la table, deux frères défendent la dépouille de leur père. À droite, l’aîné avec une arme en bois, un fusil factice, se bat contre eux. À gauche de l’aîné, un autre frère, avec le bonnet dogon sur la tête, défend également le corps pour essayer d’empêcher les masques de l’emporter. Les masques avancent, les fils reculent. Les fils avancent, les masques reculent. Mais tous les gestes de cette lutte, perdue d’avance, ne sont que simulacre. Les masques vont prendre le corps pour aller l’enterrer dans la falaise, avec un objet rappelant sa vie “réelle”. La table damier autour de laquelle s’agitent les quatre protagonistes occupe une position centrale dans L’enlèvement de l’homme. En dessous, une autre forme rectangulaire tient un rôle encore plus important. C’est la “table” du renard, instrument de divination que le chaman a délimité dans le sable, à l'écart du village. On y voit des empreintes de graines. Le devin s’est rendu sur les lieux et a lancé quelques cacahuètes sur le sol de la “table”. Pour prédire l'avenir, il interprète les traces laissées par le renard, venu manger les graines durant la nuit. On voit aussi les empreintes des pattes du renard. Comme l’animal légendaire des Dogons, André Cervera est vif, léger, rapide, pâle, maigre, précis, discret, aux aguets. Il a laissé sur sa toile, les traces de sa peur, de son combat, les marques du destin.

Pierre Tilman juin 2012

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GUY FERRER « J’ai annoncé sans les comprendre des merveilles qui me dépassent ». Ce psaume que mon ami Gérard Barrière a cité un jour résume assez bien je crois la fonction de l’artiste, étrange capteur encombré par le sensible, réflecteur de son temps oscillant entre intuitions et révélations.

Luna, bronze, 190 x 147 x 120 cm édition de 4 ex. numérotés de 1/4 à 4/4 Petit Totem en Fleur, bronze, 75 x 10 x 10 cm édition de 4 ex. numérotés de 1/4 à 4/4 Sol, huile sur toile, 200 x 200 cm Etamine, huile et acrylique sur toile, 250 x 200 cm




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BALBINO GINER Balbino Giner s’en est allé vérifier si les couleurs de l’au-delà sont aussi lumineuses qu’ici bas. Le 9 mai 2012

Logos totem, détail, installation de 32 toiles 60 x 60 cm, acrylique sur toile, 480 x 240 cm Sans titre, acrylique sur toile, 162 x 130 cm Sans titre, acrylique sur toile, 162 x 130 cm


Un peintre des mots, toujours et encore Le souvenir du malheur se métamorphose en rires ou en œuvre d’art. Le mardi 8 mai, Balbino me dit « Roger Castang m’a demandé un texte autour du thème de la prochaine expo : le Totem … en ce moment je n’ai vraiment pas la tête à ça, je n’arrive pas à me concentrer ; tu as vu les toiles, si le thème t’inspire, tu m’aiderais bien si tu me faisais un texte ? ». J’accepte, et Balbino me remets quelques feuillets rassemblées en hâte : notes, mots, pensées, bribes, bouts de phrases, un croquis de l’ensemble de la composition totémique (un long pan de mur couvert par 32 toiles carrées de 60 x 60 (15 figures) soit 8 colonnes [Totems ?] de 4 toiles, soit une fresque modulable de 240 de hauteur sur 480 de longueur. « Il n’y a pas urgence ». Nous nous sommes quittés pour nous revoir le lendemain, sans y revenir, sans échéance… Le jeudi 10 au matin, Balbino mourrait. En feuilletant, lisant relisant ses notes, annotations griffonnées (quelques unes italiques reprises ici), aussi diverses que désordonnées, brusquement émerge du puzzle l’idée bien nette « oui, Balbino est bien et plus que jamais un peintre des mots ! Du sens et des sons des mots ». Totem le confirme. Balbino décortique le mot, le concept, sémantiquement, phonétiquement, il en explore les sonorités, les assonances qui font rêver, culturellement, affectivement, les idées et sentiments induits, les associations qui font basculer, qui déconstruisent nos évidences ; il cherche l’angle d’attaque le plus efficace pour la déconstruction (ce peut être le sexe, dans sa crudité la plus franche, comme la joie, les couleurs et les thèmes de l’enfance ou le rire (voir son « Je pète sur la mort ») puis une fois le tout déconstruit par tous les bouts (sérieux, vulgarité, incongruité, rire, formellement et intellectuellement), alors les outils pratiques, le savoir faire de l’homme d’image, du coloriste hors pair, de l’artiste, entre en jeu et peut prendre forme la composition (formes, couleurs, signifiant visuel, symbolisation, représentation, abstraction, schématisation,…) apportant une réponse chaque jour renouvelée au « pourquoi je peins : produire… et m’amuser ; écrire la vie dans sa réalité rêvée et non la “ décrire ” dans son réel » Pour créer en inventant de nombreux interdits sont à abattre ou à contourner (sens et forme). C’est le cas du Totem à la fois symbole de re-groupement sous un signe quelconque (en somme copier: le ciel en haut avec ou sans nuages et la terre en bas avec ou sans arbres)/ Contradiction : Ou le totem communautaire, symbolise le monothéisme/ La vie se paye, la peinture aussi, la vie est un art de vivre la peinture est un acte de vie/ J’ai accepté ce « thème » afin de déconstruire ce symbole monothéiste, toujours obéir plutôt qu’acquérir du savoir, ainsi le totem théocratique (critique) (nous en rire) ou Totem domination, la marque, l’appartenance clanique, le tatouage… le clan/ Les totems sont des symboles qui ont une loi à respecter/ Totem : domination, loi règles Tout est TOTEM planté dans la loi/ Totem : ancêtre et protecteur d’une TRIBU = représentation de cet animal/

Voilà une expression plastique et onirique du Totem (non-totem, anti-totem) par un révolutionnaire qui n’a (ne s’est) jamais trahi : toujours en guerre contre les évidences, les contingences, les suffisances, les dominances, les obligeances, les arrogances et toutes les gouvernances du Monde tel qu’il est ; un révolutionnaire de ceux qui, ayant fait depuis longtemps la « critique des armes » n’utiliserait quant à lui, comme « arme de la critique » que les outils inépuisables de la joie, de la gaité, la dérision, le rire pétillant de l’enfant qui – vraiment ou faussement – innocent déclare « Mais, le roi est nu ! » Un vieil enfant capable d’écrire ses sésames personnels, des abracadabra intimes, comme - comprenne qui pourra ! - Quand le cobalt bleu arrive sur l’idée première « Tot’aime la vie… » Dirait dans un éclat de rire celui qui s’en est allé… en rêvant

Clément Riot, 29 mai 2012.

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YVES HAYAT Un torse d'homme transformé en objet sculptural, coloré et tatoué à la manière d'une divinité africaine, sans membre tel une statue hellénique, suspendu comme un Christ en croix. Un torse d'homme tout à la fois masque, bouclier, cuirasse et totem, tantôt force, désir et violence, tantôt solitude, sérénité et protection magique contre les mauvais esprits. Un torse de plexiglas, transparent, pour tenter d’entrevoir l'ambivalence de l'homme.

Afrikakorps 1, tirages jet d’encre sur plexiglass transparent et découpé, 150 x 100 cm Afrikakorps 2, tirages jet d’encre sur plexiglass transparent et découpé, 150 x 100 cm Afrikakorps 3, tirages jet d’encre sur plexiglass transparent et découpé, 150 x 100 cm Afrikakorps 4, tirages jet d’encre sur plexiglass transparent et découpé, 150 x 100 cm


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KRM Le totémique dans l’esprit du mur L’homme a toujours eu besoin de croire à une force supérieure qui pouvait se manifester sous forme animale ou végétale. Avec la venue des trois religions monothéistes ces croyances ont commencé à disparaître. Dans notre société contemporaine la culture Totémique et le fétichisme ont pris un autre visage : idolâtrie pour les stars, pour les grandes marques etc... L’esprit du surf, la culture du hip hop, du rap et des gangs se traduisent par des signes d’appartenances que nous pouvons lire sur les murs de nos grandes villes. Souvent ces codes d’identification s’expriment sous forme de représentation totemique.

Tote, technique mixte sur bois, 160 x 122 cm Le bouc, technique mixte sur bois, 122 x 90 cm Le faune, technique mixte sur bois, 200 x 110 cm Ixit, technique mixte sur bois, 200 x 110 cm


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LIONEL LAUSSEDAT Pour le sculpteur, la vraie confrontation est l'espace public, car elle sous-entend l'adhésion du plus grand nombre et rejoint en cela la fonction originelle du Totem.

Grande Totem, acier corten, 250 x 70 cm Les pirogues, acier patiné, la verticale 260 x 70 cm, l’horizontale 250 x 70 cm





JEAN LLOVERAS Toutes les civilisations et les cultures ont représenté le serpent. Figure mythologique à la fois adorée et rejetée, animal apode, il rampe, glisse, caché, discret, il flirte avec un monde souterrain, opaque ; terreau de nos phantasmes, peurs et angoisses primaires.

Sans titre 2, fer, 274 x 37 cm Sans titre 3, fer, 240 x 300 cm Serpent, fer, 525 x 140 cm diamètre 18 cm







Collection Pascal Lacombe, Masque TsokwĂŠ, Angola / Zaire, h 30 cm.

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Objet - Totem Que représentent pour nous occidentaux, les objets ethnographiques, masques et statuaires africains, amérindiens, aborigènes… des documents relatifs à des groupes humains définis selon leur appartenance génétique, leur culture, et réunis sous un vocable primitif sur les étagères d’un musée poussiéreux ? Ne serait ce qu’en regard de la datation souvent récente de ces objets et de la difficulté de leur contextualisation, leur classification comme leur regroupement a longtemps posé problème aux ethnologues et anthropologues qui les ont étudiés. Finalement on les a rangés dans les arts ethnographiques, une catégorie à part associant l’art et les sciences humaines. Il y a vraisemblablement toujours eu deux façons de “voir” ces objets : celle du scientifique et celle du spectateur plus axée sur leurs qualités plastiques. Ceci a été récemment institutionnalisé avec l’ouverture du Musée des Arts et Civilisations ou Musée du quai Branly. Par une muséographie ou scénographie sensationnelle ou évènementielle, privilégiant souvent plus le fait ou faire artistique que celui anthropologique, ces objets sont devenus autre chose que des objets usuels, rituels ou magiques assujettis au contexte d’origine. Ils sont de plus en plus estimés pour des qualités plastiques telles que nous les percevons aujourd’hui en fonction de notre propre contexte socio-historique. Les objets ethnographiques sont-ils des objets de culte ou de culture, des objets ou des œuvres d’art sacrés ou profanes ? Le débat demeure ouvert. L’homme primitif issu de cultures traditionnelles possède une relation intime et privilégiée avec le monde naturel qui l’entoure et elle lui permet de trouver sa propre vérité face à la réalité de l’univers. Dans son questionnement sur ce monde non intelligible et sur sa condition de mortel, le primitif a recours au tabou, à la magie, aux mythes ou à la religion et puise des éléments formels ou des solutions plastiques justement dans cette nature qui l’entoure. Les matériaux sont issus du minéral, du végétal et de l’animal : fibres végétales, suint, poils ou peau d’animal, plumes, os, carapaces, coquillages, pigments, métaux… animés par l’eau, le feu, le souffle. Deux formes ou mouvements élémentaires semblent récurrents : une dans tout ce qui pourrait être érectile, vertical, dans laquelle nous reconnaissons l’arbre, l’homme, le serpent, l’oiseau, ou un symbole axial comme le totem ; l’autre circulaire comme une planète, un ventre, une tête, une face… une forme semblant séparer et réunir à la fois contenant et contenu, cacher et révéler comme un masque. Masque et Totem sont tous deux intercesseurs entre le monde visible et celui invisible des énergies spirituelles.

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Mais qu’est-ce qu’un totem ? Le totem amérindien, celui des indiens algonquins qui effrayait les cow-boys dans leur conquête des grands espaces et a auréolé de sa magie nos jeux de rôles enfantins, est un animal ou une plante, choisi ou révélé par une vision comme puissance tutélaire d’un individu ou d’un clan. Plus généralement, dans toute société animiste, des êtres ou des forces spirituelles animent des animaux, des plantes ou des objets et sont la cause des événements qui se produisent. Le totem, celui des indiens, des primitifs animistes, est donc le symbole d’un lien individuel ou collectif à une puissance extra humaine. Cette alliance de l’homme au surnaturel ne peut être qu’inaccessible, hors du monde connu et rationnel, objet de dévotion et de frayeur, chose sacrée. Mais le sacré n’est pas propre aux sociétés archaïques, il est constitutif de la condition humaine. Il entre dans la composition de son essence, celle de son identité ontologique, d’Etre. Finalement le totem n’est il pas autre chose que la manifestation de ce désir d’appartenance et d’identification, de justification de ce qu’on est à ce qui nous entoure ? Certainement parce que ce désir là est universel et que nous partageons, au delà de nos différences culturelles ou cultuelles, ce même besoin de justification de notre présence au monde sommes nous saisis par une émotion brutale, une réaction presque épidermique devant ces objets. Ce qui se passe alors dépasse toute perception raisonnée ou sentiment raisonnable et nous sommes souvent incapables de définir le malaise qui nous envahi et pourquoi ces œuvres si éloignées de notre univers provoquent en nous un tel écho ou chaos. Quelles forces transparaissent derrière la face parfois effrayante d’un masque rituel ? Quelles énergies spirituelles nous parviennent encore de pierres dressées vers le ciel, et d’autres entassées puis enlevées telles ces empreintes d’animaux géants vus du ciel, les géoglyphes de Nazca ? Calendrier astronomique ou chemin qu’emprunte le fil continu de la trame d’un linceul, il s’agit toujours d’un chemin qui relie le vivant au mort, l’homme aux éléments naturels. Cependant nous avons peut être éprouvé ce trouble indéfinissable devant les totems ou l’araignée Maman de Louise Bourgeois, devant un chien géant de Jeff Koons ou d’autres œuvres contemporaines semblant vibrer d’énergies similaires. Elles pourraient bien animer la Spiral Jetty de Robert Smithson ou d’autres expériences in situ ou en corrélation avec la nature, tels les “emballages” de Christo et Jeanne Claude ou les environnements de James Turrell. L’expérience d’un au delà du naturel et de l’humain implique de se détacher de notre perception du sensible. Les artistes contemporains, à l’heure

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d’internet et de la dématérialisation des informations, de l’immatérialité des choses, réinventent ce rapport à l’espace et à la matière. Ils sondent l’impalpable, le hors - limite et font voler en éclats nos repères. Qu’est-ce qui rapproche un totem primitif d’œuvres d’artistes contemporains parfois complétement déconnectés de la nature : retour aux sources, transposition, imitation, transgression ? Quels que soient les procédés, ne s’inscrivent-ils pas dans un même désir d’identification et dans un questionnement universel sur les origines et l’invisible. Notre regard sur l’objet ethnographique a définitivement changé comme a changé celui que nous portons sur l’art contemporain. En conciliant culture, art et esthétique, l’objet peut se concevoir indépendamment de son contexte d’origine et en dehors des institutions et scénographies qui lui étaient jusque là dévolues et s’exposer même au côté d’œuvres modernes ou actuelles. Le rapprochement ou la rencontre entre art primitif et art occidental a débuté avec les surréalistes, les fauves et les cubistes qui ont puisé ou intégré certaines solutions plastiques dans leur art. Plus près de nous des expositions comme celle du Musée des Beaux Arts de Lyon a proposé en 2011, avec l’exposition de la collection d’Antoine de Galbert Ainsi soit-il, le croisement des regards sur l’art brut, l’art primitif et l’art contemporain. Aujourd’hui l’exposition Vibrations Totémiques mise en scène par Roger Castang élargit encore un peu plus notre perception de l’art en proposant en marge d’une collection privée d’art ethnographique, le travail peint ou sculpté de 14 artistes actuels, sur le thème du totem. Ce n’est pas tant de déterminer si les objets présentés sont des totems qui importe ici ni de mettre en corrélation totems primitifs et totems d’artistes contemporains aux pratiques et problématiques aussi diverses que personnelles mais d’apprécier ce que chacun peut nous révéler de nous. Plus encore ce qui est intéressant est de voir quelles formes et quels matériaux empruntent les totems actuels et de ressentir quelles vibrations peuvent bien résonner d’un serpent d’écailles, d’un minotaure, de Cerbères - loups en bronze à crinière et queue de serpent, de poissons volants migrateurs, d’urnes anthropomorphes au contenu morcelé, de masques de carton, d’hommes d’acier, de bois, de feuilles, de tatouages, du signum, totem de la rue, urbain, individuel et collectif, signe d’un art mineur, art du tunnel, de la grotte, métissé, tissé en trame reliant les différentes faces du soi et de l’autre, du masque. Et qui mieux qu’un chien méchant, aussi réel que factice pourrait garder l’entrée de cette confrontation ?

Patricia Tardy

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Guy Ferrer, Alma, huile et acrylique sur toile, 220 x 200 cm.

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PATRICK LOSTE Ancêtre et protectrice, cariatide et pulsion de vie. La femme. La femme est un totem. Le Totem. L’homme. Armé. Noir. Arc-bouté. Vulnérable. Narcisse et Minotaure dans le labyrinthe. Où est la sortie ? Le cheval.Animal ? On dit « robe »,on dit « bouche »,on dit « jambes ». Il élève l’homme partout où l’homme l’élève. Centaure es tu là ?

Minotaure I, pigments et encres sur toile libre, 197 x 160 cm Minotaure II, pigments et encres sur toile libre, 197 x 160 cm Totem III, pigments et encres sur toile libre, 260 x 90 cm Totem IV, pigments et encres sur toile libre, 260 x 90 cm Totem V, pigments et encres sur toile libre, 260 x 90 cm Totem VI, pigments et encres sur toile libre, 260 x 90 cm


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ARIEL MOSCOVICI La définition classique d’une forme verticale érigée, taillée dans le bois, animal avec ses symboles représentant l’esprit du groupe ou clan, est présente dans toutes les civilisations du monde. Pour moi le totem est plus généralement la forme debout, c'est-à-dire l’être humain et les constructions résultant de sa pensée, architectures de l’esprit, axe entre terre et ciel, connexion entre le sous-terre et le céleste, entre matière et esprit. C’est le moment ou la gueule devient visage et les pattes se libèrent pour devenir des mains, le début de la création et aussi une forme de résistance contre l’inévitable.

Entre terre et ciel III, acier inox, 153 x 32 x 32 cm Entre terre et ciel IV, acier inox, 147 x 55 x 40 cm Entre deux ponts, acier corten, 180 x 60 x 60 cm En-tête, acier corten, 180 x 60 x 60 cm


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ALEXANDRE NICOLAS L’artiste propose aussi une installation monumentale Totem Icarus comme un nouveau défi au soleil. Elle illustre l’ascension du Chaman qui comme dans une prière mongole monte « au ciel au-dessus du ciel blanc, au-delà des nuages blancs, au-dessus du ciel bleu, au-delà des nuages bleus… » Fils de Dédale, si nous sommes tourmentés devant l’œuvre, c'est à cause des recherches de l’artiste dont l’excellence visionnaire nous trouble dans ces requiem cristallins pleins de poésie qui renvoient aussi aux sacrifices. Sortis du monde de Darwin, ces totems anthropomorphiques inédits, sarcophages de quartz pur avec les bras grands ouverts, les os nus, nous invitent dans leur transparence, comme après le sillage d'un vol de faucons à suivre leurs traces pour regarder le soleil droit dans les yeux.

Totem trinity, inclusions résine, 200 x 35 x 35 cm


Totems de cristal Les sculptures d’Alexandre Nicolas provoquent des vibrations nouvelles et étranges. Devant ses crânes de primates embaumés dans du cristal de synthèse, on pense à la morale des trois singes : l’un se cache les yeux, l’autre se bouche les oreilles, le dernier se couvre les lèvres : tous trois ne veulent pas voir le mal, l’expérimenter, le vivre. A l’opposé ici, ce totem d’un nouveau genre s’inscrit dans la réalité, parle de l’évolution des espèces et nous fait prendre conscience de notre éphémère condition d’homme.

Renaud Faroux

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PIERRE RIBA Vers l'essentiel... Les Vibrations Totémiques... Dans mon travail, le matériau n'est pas seulement un moyen au service d'une pensée, il participe aussi à la formation de l'idée... Le travail a parfois un aspect brut ,presque primitif, parfois il est plus sophistiqué... J'affectionne les formes simples, épurées. Je tends à me libérer de l'anecdote, à décanter la réalité de ses scories, de ses pesanteurs. Je m'intéresse au minimalisme qui met en évidence les "vibrations" transmises par les cannelures du carton, à l'art Africain, à celui des cyclades, à l'art néolitique. Mes œuvres sont parcourues d'images qui viennent de loin... et sont pourtant de notre temps. Le Totem fait ausssi parti de ces formes intemporelles, spirituelles, parfois même ésotériques capables de nous effrayer ou de nous faire rêver. Peut-être que devant mes totems et mes masques vous allez ressentir le "Silence".

Icones blanches, carton, résine sur support de fer, h 185 cm Les anonymes, carton, résine, graphite, 175 x 35 x 15 cm El conquistador, carton, résine, graphite, 85 x 30 x 15 cm Monseigneur, carton, résine, graphite, 85 x 35 x 15 cm


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SYLVIE RIVILLON L'homme-boite ancêtre mythique de son clan, objet rituel de sa fratrie d'origine, gardien protecteur d'un lieu, hermès sanctifiant et marquant les limites et pourquoi pas des limites culturelles, éthiques, mythiques. Un gardien originaire du mythe totémique lui-même et en face d'eux Les Veilleurs tels des jeungseng coréens, des agathoi demones, posés souvent aux bords des lieux protégés de nos pensées les plus intimes, dieux tutélaires de nos rêves les plus secrets.

Homme boîte 1, bois peint, 190 x 35 x 35 cm Homme boîte 2, bois peint, 190 x 35 x 35 cm Homme boîte 3, bois peint, 190 x 35 x 35 cm Homme boîte 3, détail


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MICHEL SOUBEYRAND Y a t-il encore une limite entre l'art urbain et les arts premiers ? J'explore l'Animal , je scrute l'Animalité, Notre Animalité au travers de mes fétiches urbains. J'aime raconter des histoires qui fouillent avec humour notre inconscient, nos fantasmes et délires. Hommes et Femmes se transforment en personnages extravagants de contes, de légendes et d'histoires mythologiques. Parviendront ils à faire sortir en vous la “Chienneté” de notre époque ? Matière Fantasque et Fantasmagorique, Laissons l'ancien combat, et conquerons le plaisir sans tabou ni vulgarité.

Killer Dog, résine polyester, laque époxy, h 250 cm Urban Dog, résine polyester, poska, vernis satin, h 250 cm





JEAN SUZANNE Conscient, dès les temps reculés, de sa verticalité dans le monde animal, l'homme érige des monolithes à son image. Menhirs bruts, taillés ou anthropomorphes, totems néolithiques dont le sens n'est pas clairement établi, la sculpture totem du temps présent ne peut échapper à cette symbolique et à ces questionnements.

Fractale sinueuse, acier corten, acier inoxydable, 204 x 73 x 43 cm Srebrenica, acier-acier, acier inoxydable-mécanique, 150 x 130 x 35 cm Inclusion cristalline 6, acier corten, acier inoxydable, 195 x 86 x 48 cm Cristal fractale 3, acier corten, acier inoxydable, 1 pivot central, 200 x 45 x 24 cm



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Vibrations Totémiques A une époque déboussolée où plus personne ne sait vers quel horizon regarder, tant sur les plans spirituel que social, à une époque où tout semble remis en question car plus personne ne sait annoncer ce qui nous attend, à une époque où même l’art, le plus beau et sans doute le plus absurdement essentiel des gestes humains pour comprendre le monde, se cherche et patine, eh bien là, exactement là, Roger Castang nous offre un thème géant pour se réunir, vibrer ensemble et réfléchir. Car le thème de cette exposition pourrait être le leitmotiv de toute une vie d’artiste. N’est-ce pas en effet à l’artiste, “chaman des temps modernes”, qu’échoit aujourd’hui ce rôle sensible d’intercesseur ? Alors que les dieux vacillent ou se rigidifient, alors qu’en leurs noms les hommes se déchirent pour quelques dérisoires pseudo vérités, tel un passeur l’artiste survole et fond son esprit dans le grand courant mystérieux qui irradie le monde, invoque et se fait tambour pour que résonnent l’énergie de la terre et la lumière du ciel. Résonner. Invoquer. De la terre des hommes aux forces du ciel. Parmi toutes les raisons qu’un artiste peut avoir pour justifier de consacrer sa vie à l’art, et au-delà du désir d’être aimé ou de se laisser emporter sur ses terres intérieures inexplorées, il s’agit pour lui de trouver l’endroit rare où se mêlent l’ego et l’universel. Il n’est pas de civilisation, passée ou présente, “évoluée” ou “primitive” qui n’ait tenté de se concilier l’Esprit, afin de tenter de comprendre le chemin et le but, les raisons d’espérer, d’accepter les fatalités, remercier et rendre hommage à la vie. Pas une qui n’ait créé quelque modeste effigie ou glorieux monument pour contenir sa foi, transmettre ses prières. Car une œuvre peut dire la beauté du monde, interroger le divin mystérieux et apporter quelques pistes à suivre pour appréhender la vie.

Guy Ferrer 10/05/2012

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Présentation de Castangalerie En 1996 Roger Castang crée au n°4 de la rue Manuel une galerie MODE D’EXPRESSIONS spécialisée dans les peintres non conformistes des pays de l'est et dans la photographie plasticienne d'avant garde. La dénomination Art contemporain devenu à ses yeux obsolète il parle dés 1999 d'Art Actuel qu'il définit dans un espace temps comme l'art du 3ème millénaire et décide d'ouvrir en 2001 un autre lieu CASTANGALERIE qui ne présente que des œuvres postérieures à 2000 d'artistes vivants. La galerie organise 4 expositions par an dans ses murs, participe à de nombreuses foires, mais ce qui intéresse le plus Roger Castang c'est d'investir régulièrement des lieux du patrimoine pour des mises en situation d'œuvres de ses artistes. La démarche actuelle de la galerie est de se faire plaisir en découvrant des artistes encore inconus ou en devenir et de les faire accepter par les collectionneurs.

Les Artistes de la Galerie JACQUES BOSSER BOBBY CARGOL ANDRE CERVERA THIERRY EVRARD GUY FERRER JOHANA FLATAU BALBINO GINER YVES HAYAT CLAUDIO ISGRO KRM LIONEL LAUSSEDAT PATRICK LOSTE PHIL MONK ARIEL MOSCOVICI 2NYSS ALEXANDRE NICOLAS FRANCOIS NUSSBAUMER PATRICE PALACIO ANDREJ PIRRWITZ ANATOLY POUTILINE LES PRITCHARD'S PIERRE RIBA SYLVIE RIVILLON TONY SOULIE JEAN SUZANNE

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Je remercie : Pascal Lacombe d'avoir accepté de montrer une partie de sa collection d'art ethnographique ; André Cervera, Guy Ferrer, Balbino Giner, Yves Hayat, Chérif et Geza, Lionnel Laussedat, Jean Lloveras, Patrick Loste, Ariel Moscovici, Alexandre Nicolas, Pierre Riba, Sylvie Rivillon, Michel Soubeyrand, Jean Suzanne d'avoir consacré du temps et de l'énergie pour que l'exposition Vibrations Totémiques soit une réussite. Jean Michel Collet et Patricia Tardy pour avoir très justement compris ce que j'attendais d'eux. Je remercie aussi Clément Riot d'avoir accepté par fidélité à la mémoire de l'artiste de terminer le texte sur le Totem que Balbino avait laissé dans ses brouillons, et Laurent Coll pour sa présence de tous les instants.

Roger Castang

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Commissaire d’exposition Roger Castang

Textes Jean Michel Collet Patricia Tardy Crédits photographiques Michel Castillo (p. 6) Philippe Péron (p. 26, 27, 28, 29) Frédéric Jaulmes (p. 10, 11, 90, 91, 92, 93) Michel Soubeyrand (p. 102, 103) Béatriz Garrigo (p. 72, 73, 74, 75) Nadia El Hafidi-Riot (p. 39, 40, 41) Jacques Florsch (couverture, p. 18, 19, 20, 21, 22, 23, 68) Yves Hayat (p. 44, 45, 46, 47) Lionnel Laussedat (p. 56, 57) JC Milhet (p. 60, 61, 62) Juan Pablo Lozano (p. 86, 87) Sylvie Rivillon (p. 96, 97, 98) Jean Suzanne (p. 106, 107, 108, 109) Géza Zerdoumi (p. 50, 51, 52, 53) Maquette et impression stellarte@me.com © 2012, CastanGalerie,

tous droits réservés. CastanGalerie Place Gambetta, 66000 Perpignan rogercastang@orange.fr

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...plonger dans le primitif et le relier au classique... c'est ainsi que tout art est absolument contemporain...

Cy Twombly

C O N S E I L

G E N E R A L

D E S

P Y R E N E E S

O R I E N T A L E S


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