vendredi 28 août 2015
Bourses
Entreprises & marchés
Les Bourses effacent leur lundi noir. Celle de Bruxelles sous-performe ses places voisines.
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«Liege Airport s’est tiré une balle dans le pied en soutenant TNT contre Ethiopian» m’a déjà indiqué que sans les droits de trafic, ils partiront à Maastricht où la compagnie en dispose depuis juillet. Elle les a d’ailleurs obtenus en deux jours!» prévient Arnaud Feist. D’après lui, les opérations d’Ethiopian représentent un volume annuel de 50.000 tonnes de fret pour Brussels Airport. Leur perte ne fera pas un gros trou dans les comptes de la société gestionnaire de l’aéroport belge. Mais en soutenant TNT Airways contre Ethiopian, Arnaud Feist estime que les dirigeants de Liege Airport ont fait un mauvais calcul. «Liège Airport s’est tiré une balle dans le pied. Ses dirigeants jouent avec le feu. Après avoir délocalisé ses activités de Bruxelles à Maastricht ou Amsterdam, rien n’empêche Ethiopian de quitter Liège dans un souci de rationalisation. Ils n’auront pas beaucoup de mal à prendre une telle décision au regard de l’attitude de Liege Airport. Liege Airport a oublié que Ethiopian représente 80.000 tonnes de fret par an sur son tarmac», analyset-il.
LE RÉSUMÉ D’après Arnaud Feist, le CEO de Brussels Airport, sans renouvellement des droits de trafic vers Dubai, Ethiopian délocalisera ses vols vers les Pays-Bas. La compagnie a reçu les autorisations pour 6 mois. Ce départ entraînera la perte de 400 emplois à Brussels Airport. D’après Arnaud Feist, l’attitude de Liege Airport pourrait inciter Ethiopian Airlines à délocaliser son activité de Liège vers l’aéroport de Schiphol ou d’Amsterdam. La compagnie aérienne éthiopienne transporte 80.000 tonnes de fret à Liège.
Dommages irréels chez TNT
Ethiopian Airlines menace de délocaliser ses activités de Bruxelles à Maastricht. Elle pourrait quitter Liège aussi. © EPA
PHILIPPE LAWSON
Selon toute vraisemblance, Ethiopian Airlines ne pourra pas opérer les vols directs que la compagnie espérait réaliser dès le 3 septembre prochain pour le compte de DHL au départ de Brussels Airport. Selon nos confrères du «Soir», la ministre fédérale de la Mobilité, Jacqueline Galant (MR), a décidé de ne pas renouveler les droits de trafic mensuel qu’elle lui avait accordés pour le mois. Les arguments (plutôt les pressions de TNT Airways ainsi que de Liege Airport et de responsables politiques liégeois) ont eu raison de la détermination logique de la ministre libérale. Comme nous laissions entendre dans nos récentes éditions («L’Echo» du 22/8), elle a donc fait marche arrière tout comme l’avait fait Melchior Wathelet, son prédécesseur qui avait pris la même décision en mai 2013 en faveur d’Ethiopian avant de
se raviser devant la mobilisation de TNT et la menace d’une action en justice.
400 emplois menacés à Brussels Airport
La tournure des événements suscite l’incompréhension et la colère d’Arnaud Feist, CEO de Brussels Airport. «Je ne comprends pas la mobilisation des différents acteurs liégeois contre ces droits de trafic. Leurs arguments sont d’autant moins indéfendables que les vols opérés par Ethiopian vers Dubai en direct n’enlèvent rien à TNT Airways. Ces vols sont déjà opérés de jour depuis janvier 2015 au départ de Brussels Airport vers Addis-Abeba par Ethiopian avant leur poursuite vers Dubai. Ils sont opérés pour le compte de DHL qui ne mettra jamais ce trafic sur les avions de TNT Airways», s’emporte Arnaud Feist. Avant de confier ces opérations à Ethiopian au départ de Bruxelles, DHL faisait réa-
«On est en train de créer un monopole au profit d’une seule compagnie pour des vols de fret entre la Belgique et l’Asie.» ARNAUD FEIST CEO DE BRUSSELS AIRPORT
liser ces trafics par KLM au départ d’Amsterdam. La compagnie aérienne néerlandaise transportait le fret de DHL en provenance des Pays-Bas et d’Allemagne. En 2014, les dirigeants de Brussels Airport ont donc convaincu DHL d’utiliser l’aéroport belge pour réaliser ces vols d’autant plus que le groupe express a investi dans de nouvelles infrastructures à Zaventem. D’où le partenariat qu’il a signé avec Ethiopian avec 4 à 6 vols par semaine vers Dubai (avant un prolongement vers Shanghai et Hong Kong) en passant par Addis-Abeba. Mais pour gagner du temps, Ethiopian a donc sollicité des droits de trafic pour des vols directs de Bruxelles vers Dubai, des vols dits de 5e liberté. Ce sont des vols qui ne passent pas par le pays de la compagnie concernée (l’Éthiopie). «Ces opérations réalisées depuis janvier 2015 ont permis de créer 400 emplois à Zaventem. Le patron d’Ethiopian Cargo
Il rappelle qu’en 2013, le même lobbying de TNT et de Liege Airport a forcé Melchior Wathelet à faire marche arrière. «Je me demande pourquoi on les écoute, alors qu’ils ne défendent que des intérêts particuliers contrairement aux centaines d’emplois à Zaventem. On est en train de créer un monopole au profit d’une seule compagnie pour des vols de fret entre la Belgique et l’Asie. Depuis 2 ans, TNT Airways n’a jamais avancé les chiffres des dommages qu’elle pourrait subir. Et depuis janvier 2015, la compagnie n’a rien dit non plus, peste le CEO de Brussels Airport. J’ai rencontré le directeur général de Liège Airport (Luc Partoune, NDLR) en juillet, il ne m’a pratiquement pas parlé du sujet. Si c’était aussi important, on en aurait parlé des heures. Liege Airport n’a qu’à vivre sa vie et ne doit pas venir nous mettre les bâtons dans les roues à Bruxelles. Je peux le faire aussi.» Le cabinet de la ministre Galant confirme qu’elle n’a pas renouvelé les droits à Ethiopian. Il déplore la confusion autour du sujet et précise qu’on parle ici de vols de jour. «Je prends acte de la décision de la ministre Galant. Chacun a fait part de ses arguments. Je dis juste qu’il faut attendre la décision du conseil d’État (suite à l’action initiée par TNT en 2013) et celle de l’Europe (suite au projet de rachat de TNT avec la vente de TNT Airways à la clé)», nous a confié la présidente du Sénat, Christine Defraigne (MR), chef de file des libéraux liégeois. Elle a défendu la position de TNT qui soutenait que les droits de trafic à Ethiopian menaçait des emplois chez elle, à Liège.
La Région wallonne va investir 120 millions à Liege Airport Dans le nouvel accord de 15 ans négocié avec les Aéroports de Paris, la Région wallonne s’engage à réaliser des travaux d’investissement pour 120 millions à Liege Airport. Le gestionnaire du site paiera des redevances. PHILIPPE LAWSON
Les Aéroports de Paris (ADP) ont finalement décidé de rester au capital de Liege Airport, la société gestionnaire de l’aéroport éponyme dont ils détiennent 25,54% du capital. Il a fallu pour ce faire d’ultimes négociations qui se sont déroulées mardi entre les représentants du groupe français et les autorités wallonnes (représentées par le ministre-Président, Paul Magnette et le ministre wallon des Aéroports, Carlo Di Antonio). Une nouvelle convention de
15 ans a été conclue entre les deux partenaires avec des conditions adaptées à la réalité d’aujourd’hui. «Ma priorité était que les Aéroports de Paris restent dans le capital de Liege Airport. C’est un partenaire industriel de taille. J’ai négocié dans l’intérêt de la Région et je dois avouer que le ministrePrésident m’a bien aidé», nous a confié le ministre Carlo Di Antonio. Pour convaincre ADP de rester à bord de Liege Airport (via leur filiale ADPM), la Région wallonne s’est engagée à réaliser les investissements nécessaires pour le développement de la plateforme aéroportuaire liégeoise. Concrètement, elle consacrera 57 millions d’euros aux travaux prioritaires (halls, radar de sécurité, etc.). Une autre enveloppe de 63 millions sera dégagée pour les gros travaux (entretien et rénovation de la piste, électricité, etc.). Soit un total
120 millions€ La Région wallonne financera des travaux pour 120 millions au profit de Liege Airport dans les 15 ans à venir.
de 120 millions que la Région affectera à Liege Airport dans les 15 prochaines années. Les modalités de financement des investissements doivent encore être arrêtées, mais une chose est sûre, la société gestionnaire devra payer des redevances annuelles tenant compte des montants dépensés à son profit. «La révision du fonctionnement des aéroports wallons et de leur financement en tenant compte des règles européennes est mon prochain chantier», sourit le ministre Di Antonio.
Retour des indexations
Dans le cadre de la nouvelle convention, un autre point qui était source de mésentente avec ADP a été réglé. Il s’agit des subventions liées à la sécurité-incendie que la Région a capées (figées) depuis 2007 et qu’elle a décidé de ne plus indexer. Elle a
aussi décidé de les réduire de 15%. C’est surtout ces décisions qui ont irrité les Français et les ont poussés à activer la manette de sortie du cockpit de Liege Airport. La Région revoit sa position. Pour la subvention liée à l’incendie, dès 2018, la subvention «incendie» sera ramenée à son niveau de 2014, soit 6,73 millions avant d’être indexée chaque année à partir de 2019. En ce qui concerne les subsides liés à la sécurité, dès 2016, l’aéroport va récupérer les montants qu’il aurait dû percevoir en tenant compte des indexations qui n’avaient plus été appliquées depuis quelques années, soit 9,6 millions. Dès 2017, ces subsides retrouveront l’indexation normale. Les modalités de sortie ont été revues. Elles sont moins pénalisantes en cas de faute de la Région wal-
lonne. Il ne sera plus question que celle-ci rachète les parts de l’actionnaire français en lui appliquant un multiple de 2,75. Dans la nouvelle convention de 15 ans, les autorités wallonnes devront racheter les parts d’ADP à leur valeur augmentée d’une plus-value de 20%. «Les conditions de sortie sont beaucoup plus souples et réciproques. La Région pourrait décider de se séparer d’ADP à tout moment», précise Carlo Di Antonio. Les autres actionnaires de Liege Airport sont satisfaits du dénouement positif du dossier. «Nous sommes contents qu’il y ait un accord. Il stabilise la société et garantit le maintien des ADP qui sont un partenaire industriel important», a commenté Julien Compère, président du consortium TEB (Tecteo, Ethias, Belfius), actionnaire à 50,36% de Liege Airport.