Rénovation du DIORAMA

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LOUIS DAGUERRE Né à Cormeilles-en-Parisis en 1787 et décédé à Bry-sur-Marne en 1851 LES DEUX INVENTIONS DE DAGUERRE : LE DIORAMA ET LE DAGUERREOTYPE Co-inventeur de la photographie avec Nicéphore Niépce en 1839, il a donné son nom à la première image photographique commercialisée, le daguerréotype.

M. et Mme Jactard - daguerréotype de Daguerre, coll. musée de Bry

Chambre daguerrienne, coll. musée de Bry

Le daguerréotype est une photographie unique sur plaque de cuivre argentée, sensibilisée aux vapeurs d’iode, développée aux vapeurs de mercure après exposition dans une chambre noire. Peintre, décorateur et entrepreneur de spectacles, c’est à lui que l’on doit en 1822, l’invention des spectacles d’« illusion réaliste », les dioramas, présentés dans son théâtre parisien le « Diorama ».

Vue du théâtre-Diorama de Daguerre à Paris en 1822, coll. musée de Bry

Système d’éclairage du Diorama de Paris, coll. musée de Bry

prospectus spectacle la Messe de Minuit, Diorama de Paris, coll. musée de Bry

Mont-Blanc, vue de Suisse, Daguerre, peinture préparatoire d’un diorama, coll. musée de Bry

Qu’est-ce qu’un diorama ? Le principe du diorama est de montrer une transformation dans un tableau monumental (pouvant mesurer 17m de long sur 14m de haut), par le déplacement progressif de la lumière naturelle, de façon à passer, par exemple, d’un effet de jour à un effet de nuit. « Tout est peint sur la même toile, en effet de jour sur la face et en effet de nuit sur le revers de la toile, la lumière naturelle qui éclaire le tableau est seule mobile…» (Daguerre) « Le système de cette peinture est basée sur la différence qu’éprouvent les couleurs lorsque la lumière qui éclaire est transmise par réflexion ou réfraction et cette lumière est elle-même diversement colorée » (Daguerre)

Le théâtre-Diorama de Paris et tous ses tableaux à effets sont détruits dans un incendie en 1839. Le diorama est l’un des précurseurs du cinéma et de la 3D.


LOUIS daguerre à bry-sur-marne (1839-1851) Le diorama de l’Eglise Saint Gervais - Saint Protais En 1839, avec la rente accordée par l’Etat pour ses deux inventions, le daguerréotype et le diorama, Louis Daguerre quitte Paris et s’installe à Bry-sur-Marne, dans une propriété de 21 000m² en bord de Marne, face à l’église paroissiale. Devenu conseiller municipal, il est sollicité par les Bryards pour réaliser un diorama dans l’église de Bry. En 1842, à la demande de la châtelaine de Bry, Daguerre réalise, en l’espace de six mois, in situ, dans la petite église paroissiale aménagée et décorée à cet effet, son dernier diorama. Il fait casser le mur du fond du chevet et fait construire un petit bâtiment dans le prolongement du chœur pour abriter le diorama.

diorama dans l’église en 1954 église de Bry en 1850

diorama de Bry-sur-Marne gravure du diorama de Bry en 1842 (l’Illustration)

tracé de Daguerre à la mine de plomb

signature de Daguerre

Le diorama de Bry représente une perspective d’architecture gothique, un trompe-l’œil destiné à faire croire au visiteur que le fond de la modeste église dans laquelle il est entré, est prolongé par un chœur gothique beaucoup plus vaste. Le spectacle était le plus illusionniste possible et donnait au spectateur la sensation de se trouver dans une cathédrale. La toile du diorama, était tendue sur une traverse incurvée. Sa base était maintenue par un système de contrepoids sous le plancher. Les boiseries du chœur peintes en faux marbre gris, rose et vert se prolongeaient en trompel’œil dans la peinture, créant l’illusion de continuité avec le bâtiment. Le diorama était éclairé soit par devant, soit par derrière, par une verrière zénithale en fonction de l’orientation du soleil. Daguerre couvrait d’une colle de peau le support de toile de lin et préparait sa toile avec une céruse appelée blanc de Clichy. Puis, il réalisait son dessin préparatoire à la mine de plomb. Sa peinture composée de pigments broyés à l’huile et dilués à l’essence était étalée sur la toile avec la technique de l’aquarelle afin de lui laisser une certaine transparence. Daguerre a peint seul, son dernier diorama dans l’église de Bry et l’a offert à sa commune.

Le diorama peint par Louis Daguerre en 1842 dans l’église de Bry est une œuvre picturale monumentale de 5 m 35 sur 6 m 20. Il a été classé au titre des monuments historiques en 1913.


PREMIERES RESTAURATIONS du diorama 1870 : pendant la guerre de 1870, un soldat prussien taillade la peinture sur le côté gauche. La toile est restaurée en 1873 par M. Gimat.

signature du restaurateur sur la peinture de Daguerre

toile restaurée par M. Gimat en 1873

1941/1950 : « La partie haute de ce diorama est en très mauvais état, la toile oxydée par l’air et la lumière tombe en lambeaux… »,… « l’œuvre exécutée à l’huile sur une toile de coton flexible dont l’envers est également peint sera décapée à l’envers de la toile, et rentoilée sur toile de lin forte… » Le vieillissement des matériaux d’origine et les restaurations antérieures malheureuses sont à l’origine du mauvais état de conservation actuel du diorama et de sa constante dégradation. L’œuvre a été rentoilée et cette opération a non seulement occulté sa fonction de diorama, mais a fortement altéré son aspect général. plis pincés

plis pincés

détail bande kraft collée sur la toile

plis sur la toile

2001 : Après le constat alarmant de l’étude réalisée par M. Martin et G. Ten Kate, la verrière zénithale est occultée. Diorama de Bry restauré

diorama dans l’église avant restauration

2004 : « l’étude de faisabilité d’une intervention sur le support du diorama par Alain Roche et Dominique Dollé » confirme qu’il est possible de désentoiler le diorama sans altérer l’œuvre. 2007 : la dernière restauration commence ; les objectifs à atteindre consistent à démonter le diorama de l’église de Bry et à l’installer dans l’atelier de restauration conçu à cet effet. Il s’agit ensuite de désentoiler l’œuvre, de retrouver la transparence et de restaurer la couche picturale sur les deux faces avec un éclairage de jour.


RESTAURATIONS du diorama aujourd’hui Le diorama de Daguerre, propriété de la commune de Bry-sur-Marne est en cours de restauration depuis 2007

atelier de restauration

Une équipe de douze restaurateurs (six pour le support et six pour la couche picturale), sous la direction de Dominique Dollé, travaille dans un atelier de 100 m² sur une hauteur 6,5 m construit à cet effet. Les travaux de restauration devraient être achevés fin 2012, une fois la toile reposée dans l’église. Le but de cette restauration globale est de présenter l’œuvre dans la forme et dans le décor voulu par Daguerre en 1842. Cette peinture reprendra sa place dans l‘extension du chevet de l’église Saint Gervais - Saint Protais dès la fin des travaux dans l’église. Mars 2007 : démontage du diorama dans l’église de Bry-sur-Marne et transport dans l’atelier construit et aménagé suivant les plans des restaurateurs.

2007/2008 : nettoyage minutieux au « coton tige » de la couche picturale du diorama dans l’atelier de restauration. démontage du diorama dans l’église désentoilage

nettoyage de la toile

2008 : désentoilage, millimètre par millimètre, de la toile peinte. On découvre que certaines zones ont été imprégnées d’huile par Daguerre pour renforcer la transparence initiale. La partie centrale du diorama était animée en transparence par des contrastes plus ou moins affirmés entre des gris plus ou moins clairs, de tons plus ou moins chauds appliqués par Daguerre en épaisseur variable. La toile a retrouvé une transparence et la planéité de sa surface. La transparence de la toile avait pour but de renforcer l’effet de trompe-l’œil en « dématérialisant » la peinture. planéitude retrouvée 2009/2010 : restauration de la couche picturale sur sa face.

nettoyage de la toile

restauration de la face en 2010

essai de lumière sur le lé central

« La transparence retrouvée oblige à considérer un paramètre supplémentaire. La correction des altérations doit en effet fonctionner avec les différents types d’éclairages, par la face et par le revers ». (D. Dollé) La restauration finale ne pourra se faire qu’une fois la toile reposée dans l’église comme l’avait conçue Daguerre. La restauration du diorama a été réalisée grâce au concours financiers de la commune de Brysur-Marne, du Conseil Général du Val-de-Marne, du Ministère de la Culture, de la Fondation Getty (USA), de la Fondation du Patrimoine, de l’association Daguerre, le magicien de l’Image et de dons privés.


Projet de rénovation de l’église pour la remise EN PLACE DU DIORAMA > à PARTIR DE 2011 DE DAGUERRE Le projet de rénovation de l’église a été confié à M. Jacques Moulin, Architecte en chef des monuments historiques. La rénovation de l’église comporte trois objectifs :

• remettre en place le diorama de Daguerre dans les conditions les plus proches de ses dispositions d’origine ;

• permettre la découverte du diorama par le public, dans une présentation au plus proche de celle voulue par Daguerre ;

• permettre un exercice du culte adapté aux souhaits des paroissiens.

Les travaux de rénovation de l’église seront effectués en trois étapes :

• restauration du chœur de l’église ; • restauration de la nef ; • restauration des façades extérieures.

église Saint Gervais-Saint Protais

projet coupe transversale de l’église

intérieur actuel de l’église

La réalisation de ce projet ambitieux sera rendue possible grâce aux soutiens financiers de la Commune de Bry-surMarne, de la Région Ile-de-France, de l’Etat et de la Fondation du Patrimoine.

projet vue du chœur avec diorama

plan de l’extension avec verrière zénithale


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