Bsc news magazine - mars 2016 - n°88

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© RON ENGLISH - DOROTHY CIRCUS GALLERY

BSC NEWS N°88 - MARS 2016

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EDITO

Du Luchini dans le ( mystère du ) texte par Nicolas Vidal

« J’ai pris des risques avec les médias. Que s’est-il passé avec le politiquement correct? Pourquoi ça a été un matériau d’inspiration comme un boulevard qu’on m’a ouvert ? (...). À la télévision, j’ai donc essayé d’emprunter un autre boulevard que celui du politiquement correct.» Une citation de Fabrice Luchini, certes longue, mais tellement révélatrice d’une personnalité qui, à la fois, attire et qui, parfois, dérange. Pourfendeur du politiquement correct qui manie la langue, le comédien Luchini se situe à l’exacte convergence de la brillance d’esprit, de la dérision et de l’obsession des textes. Sûr de sa profondeur littéraire, il excelle dans la formule « à la lueur de Flaubert, j’ai appris ainsi rapidement le cirque immense qu’étaient les médias ». L’infatuation de l’ego telle que la rejette Fabrice Luchini en ce 2

qu’elle pourrait correspondre à l’image qu’elle renvoie de lui, il en revient donc inlassablement aux textes et préfère « témoigner d’auteurs plus grands » pour continuer d’explorer « les mystères de verbe ». Cependant, il y a une chose plus étrange chez Luchini dans son rapport au fait que les gens (allons jusqu’à dire la «société») désertent l’univers de la littérature et du théâtre. « Moi, je ne ressens pas ça du tout. Aucune envie chrétienne. Finalement je n’ai jamais résolu ce truc étrange ». D’où vient donc cette étonnante indifférence au desintérêt de la cité dans le sens grec du terme pour les textes et la littérature ? Pour le comprendre, il faut lire Luchini dans le texte là où tout a débuté... En vous souhaitant une très belle lecture de ce 88 ème numéro du BSC NEWS Magazine.

@nicolasbscnews


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La couverture

RON ENGLISH Bande dessinée

P.6

Les 7 frères

l’interview croisée de Jean-Christophe Camus & d’Hervé Boivin EXPO Musique

P.32

LA SÉLECTION 4


Jazz

Snarky Puppy Musique

Jaimeo Brown Jeunesse

La sĂŠlection du printemps 5


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Bande dessinée

Immersion dans le monde hermétique de la franc-maçonnerie dans une enquête où les 7 frères d’une même loge tentent d’identifier après la guerre celui qui les a vendus à la Gestapo. Une enquête passionnante qui nous est racontée par le dessinateur Hervé Boivin et Jean-Christophe Camus, l’un des scénaristes. 8 2016 - Convard, Camus, Boivin Par Nicolas Vidal - © Éditions Delcourt,


Jean-Christophe Camus, comment s’est articulé votre travail de scénariste avec Didier Convard? Après avoir conçu ensemble le pitch de l’album, nous nous sommes vus régulièrement pour des séances de travail pendant lesquelles nous faisions un découpage détaillé de chaque page. L’un de nous rédigeait ces pages avec un premier jet de dialogues et l’autre reprenait et finalisait. C’était une sorte de Ping pong permanent qui fonctionnait parfaitement. Didier et moi-même nous sommes habitués à travailler à plusieurs sur le scénario. Hervé Boivin, comment avez-vous appréhendé l’univers graphique pour les 7 frères ? Qu’est ce qui vous a plus dans ce projet ? Je sortais de la réalisation de deux albums qui se déroulaient à une période similaire ( la Seconde Guerre mondiale) . Je bénéficiais donc d’une documentation et d’une expérience dans le traitement de cette époque. Pour ce qui est des années 50, j’ai cherché l’inspiration dans des films des années cinquante dont le 9

cinéma français ne manque pas. Mon dessin se situe dans un registre classique et réaliste, mais j’aime particulièrement travailler mes personnages, tenter de leur donner le plus de profondeur possible. C’est d’ailleurs ce qui, entre autre, m’a plu dans ce projet, des personnages peu communs et très bien décrits par les scénaristes. Ajoutons à ça la qualité d’écriture et le challenge de me confronter à un contexte original qu’est la franc-maçonnerie. Jean-Christophe Camus, le travail de recherches pour cette bande dessinée a du être important, d’une part sur l’univers de la franc-maçonnerie et d’autre part concernant le cadre historique du récit. Comment se sont orientées vos recherches ? Concernant la franc-maçonnerie, au vu de son décorum et de ses codes, qu’est ce qui vous a paru important de montrer et de mettre en exergue aux yeux des lecteurs dans ce projet ? Plus que le décorum et ses codes,


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il nous importait de montrer que la franc-maçonnerie et les francs-maçons étaient des cibles privilégiées du régime de Vichy. Les francs-maçons français, mais aussi allemands ont payé un lourd tribu pendant la guerre. C’est d’ailleurs depuis cette période qu’ils sont discrets sur leur appartenance. Nous voulions également montrer que cette fraternité initiatique n’a pas de frontière. Hervé Boivin : Cette enquête est portée par le dynamisme du dessin qui retranscrit parfaitement l’intensité de l’enquête. Quel a été le fil rouge dans votre travail de dessinateur pour coller au plus près du scénario ?

JEAN-CHRISTOPHE CAMUS 11


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HERVÉ BOIVIN

Merci pour le compliment. J’en reviens encore aux personnages, j’ai essayé de les rendre crédibles et vivants, ce qui forcément apporte du dynamisme, mais je pense que les cadrages y sont également pour quelque chose, car j’ai favorisé les contre-plongées et j’ai varié le plus possible les points de vues . J’ai essayé d’avoir une mise en scène cinématographique.

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Jean-Christophe Camus, comment s’est passée l’intégration des 7 frères dans la Collection dirigée par David Chauvel ? Quels étaient les modalités à respecter pour cette insertion dans cette collection? Didier est un ami de longue date et nous avions envie de travailler ensemble. Nous avons proposé ce one shot à David Chauvel qui a accepté avec enthousiasme. La seule contrainte était d’avoir sept personnages principaux, après, nous étions libres de les animer comme nous le souhaitions. La difficulté et le challenge de cette série était de parvenir à installer sept personnages tout en les intégrant dans une intrigue sur un nombre de pages réduits. C’est un exercice très excitant surtout avec Didier ! Hervé Boivin, le dessin a du demander beaucoup de précision pour le découpage de l’histoire. Quel angle avez-vous choisi ? Le découpage m’est proposé par les scénaristes, ce sont donc eux qui choisissent l’angle pour racon-


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Vous avez travaillé à l’aide de couleurs sobres pour la trame et vous avez opté pour un gris noir sur les flashbacks. Est-ce une marque de fabrique de votre travail ou vous adaptez-vous à chaque projet pour vous rapprocher au mieux de l’essence du scénario ? Hervé Boivin : Pour ce qui est des couleurs, le mérite en revient à Delf, la coloriste. Personnellement je ne donne pas énormément d’indications, j’aime laisser le champ libre au coloriste, d’autant plus quand c’est une coloriste en qui on fait entièrement confiance. J’ai déjà travaillé avec elle et je savais que son traitement des couleurs et sa palette serviraient au mieux le dessin, ainsi que l’histoire. Pour le choix des valeurs de gris dans les flashbacks, il fallait qu’on puisse différencier facilement les deux époques, et c’est Delf qui a opté pour le camaïeux de

ter l’histoire. À partir de là, je réalise le «story-board», qui est une interprétation de ce découpage, mais mon objectif principal est d’être le plus fidèle à leur vision, tout en y apportant évidemment ma «patte», comme le suggère une interprétation... Après validation, je passe à la mise au propre, mais l’essentiel est déjà présent dans le story-board. Jean-Christophe Camus, l’histoire a t-elle évoluée de l’idée même de sa conception jusqu’à son achèvement ? Avez-vous abandonné des éléments pour en insérer de nouveaux ? Nous connaissions la fin de l’histoire, mais certains éléments sont venus se greffer au cours de l’écriture. Par contre, le coupable, lui, n’a pas changé !

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gris, ce qui nous a entièrement satisfait. Jean-Christophe Camus & Hervé Boivin, comment avezvous travaillé tous les deux sur le projet ? Avez-vous partagé vos travaux respectifs de façon régulière ou avez-vous privilégié un travail séparé jusqu’à une mise en commun finale pour lisser les 7 frères ? Hervé Boivin : Didier Convard Jean Christophe Camus ont gardé secret le coupable pendant la réalisation d’au moins la moitiée de l’album, afin que dans la 16

création de mes personnages, je n’ai pas d’à priori, et que je ne sois pas influencé par la chute, un challenge très intéressant. Je soumettais donc régulièrement mon travail aux critiques et aux modifications souhaitées part les scénaristes. Je pense que c’est de cette manière-là qu’il est le plus simple de travailler. J.C Camus : Nous avons livré le scénario en plusieurs parties. Nous avons proposé de ne pas donner le nom du coupable à Hervé Boivin afin de ne pas l’influencer dans la composition de ses personnages. Il n’a connu le nom du traite qu’au milieu du scénario. Il a été très surpris car ses doutes se portaient sur un autre protagoniste ! Questions pour les deux : qu’est ce qui est le plus excitant dans vos domaines respectifs concernant la création d’un huis clos comme les 7 frères ? Hervé Boivin : Mettre en scène un huis-clos est quelque chose de très compliqué car plein de contraintes, d’autant plus


quand on a affaire à une tenue de 7 frères Francs-maçons, ou les places des Scénario : Didier Convard personnages doivent être respectées et ne vont pas forcément dans jean-ChristopheCamus le sens d’une mise en scène facile. Dessins:HervéBoivin Personnellement il a parfois fallu Collection Conquistador que je me surpasse pour réussir à Edition Delcourt trouver les angles de vue qui permettaient à la narration de se faire... Mais c’est aussi ce qui a rendu ce projet très intéressant. J.C Camus : C’est de parvenir à donner vie et corps à sept personnages en si peu de pages. Il est essentiel que le lecteur ait de l’empathie pour chacun des sept frères, avec leurs forces et surtout leurs faiblesses.

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&


RON ENGLISH Par Nicolas Vidal - © Photo Jérôme Tripier

Ron English est à la fois singulier, iconoclaste et à contre-courant des valeurs de la société de consommation. Connu pour ses détournements de publicités des grandes marques, nous avons souhaité en savoir plus sur ce transfuge de l’école LowBrow qui inspire depuis près de 20 ans de très nombreux artistes. À l’occasion de son exposition à la Dorothy Circus Gallery de Rome, Ron English a répondu à nos questions. Le propos est incisif, déterminé et artistique bien entendu. Propos recueillis par Nicolas Vidal

18 Visuels ©Ron English & Dorothy Circus Gallery


Est-ce que « Popaganda » est un art de vivre, une façon de penser, une forme de subversion ou les trois à la fois ? Oui, c’est les trois à la fois. Je trouve que cela va bien ensemble car ce n’est pas sain de les séparer. Qu’est ce qui vous a poussé à détourner les affiches publicitaires depuis toutes ces années ? J’ai juste donné plus d’attention aux autres choses que je faisais.

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Qu’est ce qu’apporte pour vous le réalisme dans cette volonté de subversion ? Il y a toujours deux faces dans l’histoire et je sens que j’ai cette responsabilité de raconter l’autre coté. Vous déclarez que vous faites partie des pirates médiatiques. Pouvez-vous nous en dire plus à sujet ? Qu’entendez-vous par là ? C’est dans cette façon d’utiliser les mêmes espaces et les mêmes stratégies qui sont utilisés pour les publi-


cités par les publicitaires afin de raconter une histoire plus ou moins vraie. Souvent pour exister dans le même espace, on doit être un pirate. Dans la plupart des cas, on ne me donnerait pas la permission de faire ce que je fais. Alors je m’arroge le droit de le faire.

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Considérez-vous que votre art est une forme athéisme face à la commercialisation du monde occidental que vous dénoncez ? C’est de l’agnosticisme. Car je regarde tout d’un point de vue critique. Ce que je fais est sans doute pris comme un système de croyance plus engagé que les standards adoptés par un si grand nombre.


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Qu’est ce vous plaît de travailler artistique sur des icônes comme Batman, Elvis Presley, Maryline Monroe ? Qu’est cela doit remettre en cause à votre avis ? Si j’avais vécu 2000 ans environ en arrière, Apollon, Zeus et Aphrodite auraient occupé très certainement une place importante dans mon vocabulaire visuel. Les fondements culturels élargissent la portée et l’acceptation du message. Quelle est la différence artistique entre « l’école LowBrow » et celle des « Culture Jammers » ? L’école Lowbrow est une culture développée en Californie dans les années 50 et 60, largement centrée autour de « hotrods » avec des rayures, des bandes dessinées et des tatouages. 22

C’étaient des formes d’art de la classe inférieure. Plus tard, le mouvement LowBrow a influencé le mouvement Pop Surréalisme. La « Culture Jammers» est plus axé sur l’humour avec le détournement de la culture de la publicité commerciale en tant que méthode critique de la société.

Quelle est selon vous l’oeuvre la plus subversive que vous ayez réalisée ? Très certainement MC Supersized. Il est devenu pratiquement aussi gros que Ronald McDonald. En Chine, les magasins vendent MC dans les Mcdo, laissant croire aux gens que Ronald McDonald est gros. C’est plus difficile de vendre de la nourriture grasse quand la mascotte montre les dommages et les effets néfastes de ce genre de nourriture.


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Ron English & Dorothy Circus Gallery - Rome ( Février 2016 )

De nombreux artistes se sont inspirés de votre art ces dernières années. Comment expliquez-vous cela, Ron English ? J’ai eu la chance de faire partie des trois grands mouvements de l’art à leur création, Pop Surréalisme, Culture Jamming et Street Art . J’ai ouvert la porte à une multitude d’artistes qui sont entrés dans ces espaces au fil des années. La Pop Surréalisme a ouvert un espace 24

pour une nouvelle culture de l’extase visuelle débridée, la culture Jamming a insufflé au discours politique de nouvelles stratégies de diffusion. Enfin le Street Art a fait connaître une nouvelle génération d’artistes au plus grand nombre et il a inspiré des millions de convertis à l’appréciation de l’art.

Vous souhaitez éveiller la conscience populaire avec votre art face à la commer-


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cialisation et à la marchandisation systématique de la société. Quelle place accordez-vous à la responsabilité individuelle de tout un chacun à résister à cette commercialisation massive de la société ? Nous permettons tout. Cela passe par l’engagement infini d’une forme d’acquiescement passif dans un système explosif qui requiert notre respect répété, ce qui signifie aussi que nous sommes confrontés à une multitude de moments où nous pouvons résister. Les gens doivent prendre du plaisir à décider de leur vie à chaque minute.

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RON ENGLISH Le site officiel : www.popaganda.com Ron English expose ses travaux et ses dessins à la Dorothy Circus Gallery de Rome du 20 février au 31 mars 2016 www.dorothycircusgallery.it


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Livre

Fabrice Luchini, l’obsession du texte

et l’enfantement du comédien 30


Recevoir le nouveau livre d’une moderne/petite/grande/ éphémère ou nouvelle célébrité a toujours suscité en moi l’aversion brutale du préjugé. Même en me faisant violence, je ne peux m’empêcher d’y voir plus de promotion que de profondeur littéraire. Mais Fabrice Luchini a bousculé vigoureusement ces préjugés. Et tant mieux. Par Nicolas Vidal/ Crédit Photo Dominique Issermann

Pendant les première minutes, alors même que le livre est encore à moitié enfoui dans l’enveloppe, «Comédie française» n’a pas échappé à ce verdict. Jusqu’à ce que je l’ouvre et que mes yeux filent à toute vitesse au bas de la première page. Le plaisir est donc là, présent, incontournable et goguenard. La verve de Luchini a fait le reste jusqu’à la dernière page du livre qui se termine par «ce serait peut-être même le secret du métier d’acteur ...». Le chapitre sur Guermantes (on notera la référence à la Duchesse du même nom et à sa notion flamboyante de la distinction ) où l’acteur explique son apprentissage 31

de la «langue vivante» adossé à cette délicieuse anecdote du «Tu te dérobes ?» alors qu’il crânait et zonait avec sa bande du quartier des Abbesses. Avec Luchini, on glisse sur les mots tout en se confrontant à des auteurs de son répertoire. On a envie de lire et de relire Céline, plonger dans l’oeuvre de Molière ou parcourir à grandes enjambées la poésie de Rimbaud. C’est à la fois la philosophie du rien qui insuffle la passion du mot, du vers et de la strophe. La malice de Fabrice Luchini (car l’homme est malicieux) déconstruit le mot en retournant le terreau fertile de son imagination pour mieux éclairer


La malice de Fabrice Luchini (car l’homme est malicieux) déconstruit le mot en retournant le terreau fertile de son imagination pour mieux éclairer ces oeuvres. Fabrice Luchini entre dans Barthes avec envie et passion. Il trie le texte pour en extraire la substantifique moelle. Elle est à la fois sucrée et compréhensible. À la lecture, les textes finissent par scintiller si l’on se donne la peine d’y prêter quelques attentions. Il finit par avouer ce trop plein d’obsession qui le hante : Je suis tellement sûr de mes écrivains Céline, Flaubert, La Fontaine, Molière que je suis inébranlable, inconstestable.

ces oeuvres.

Qu’est-ce que ça veut dire « production brève, dans le champ amoureux, d’une contre-image de l’objet aimé ?» Ce qui est exemplaire, chez Barthes, c’est la tentative d’une sur-précision du senti, une formulation de la sensation, qui pourrait frôler la préciosité et qui pourrait provoquer l’irritation, et qui, par le biais du sensible, fait qu’il échappe à ces deux défauts.

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Incontestable. Voilà la force d’un mot qui le campe et définit le comédien au plus près. Il serait malvenu d’omettre que l’une des grandes vérités de cet ouvrage repose aussi sur l’identité du comédien parfait et juste dans son essence la plus pure, le jeu.


Luchini s’affronte en bloc et de toute sa personne au rôle de l’acteur. Le rôle dans ce que cette fonction a de plus profond jusqu’à la transcendance du texte

tout au long du livre et il avance l’exigence du mérite « Mon seul mérite éventuellement : me laisser enfanter. Ça n’a l’air de rien, mais ce n’est pas évident de se laisser enfanter. Ce serait peut-être même le Quand tu joues du Henry Bernstein, secret du métier d’acteur...» tu peux apporter ton casse-croûte, ta psychanalyse, ton Oedipe, car les personnages sont à peine esquissés. C’est l’auberge espagnole ; chacun y ajoute ce qu’il veut, et c’est très bien. Mais quand tu joues Molière, il faut que tu te dégages de tout apport personnel.

Comédie française est un livre passionnant, très drôle et brillant.

Comédie française Ça a débuté comme ça... Fabrice Luchini Tout porte à la pénétration du texte Editions Flammarion chez Luchini. Comment dit-on, 19 euros

comment respire-t-on et quel est le rythme juste pour dire les vers de Molière ou encore la question cruciale qu’il pose sur l’alexandrin ? Il cite plus loin Jouvet «Pour être comédien, il faut se montrer» (...) « pour bien pratiquer ce métier l’important est dans le renoncement de soi pour l’avancement de soi-même.» Enfin Luchini réfléchit aussi de façon poussée à la notion de l’enfantement déroulée comme un fil rouge

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L’homme couvert de fans et la maraudeuse

On n’imaginait pas qu’ils se croisent. Sauf que rien n’est improbable avec Jean d’Ormesson. Et même si elle ne pratique pas l’art d’amadouer, Sophie Pujas est superbement capable de séduire. Par Marc Emile Baronheid 34

Dans son livre précédent (Z.M. Gallimard, 2013), Sophie P. pénétrait l’univers mental du peintre Zoran Music. Celle fois, elle se faufile dans Paris, au hasard des rues et des rencontres. Une déambulation en roue libre, fixant nolens volens un cadastre subjectif qui illustre les acceptions de la maraude. La rencontre permanente d’une infinité de hasards ou de l’infirmité du hasard. Elle avance comme quelqu’un qui aurait projeté une poétique de l’effleurement et se surprend à caresser du rasoir la jugulaire de la douceur. Elle voue un intérêt parti-


culier à ces personnages au rebut que le regard des bonnes gens arrose de javel, quand ce n’est pas de vitriol. « L’insignifiance, c’est une faute » ; ça la révolte. L’imbécilité en est une autre, volontaire, condamnable ; ça la met en rage. Sophie soufflette les crétins en pâmoison devant les cadenas amoncelés aux rambardes du pont des Arts. A tout prendre, elle préfère encore l’odeur acidulée des merguez et de l’oignon qui musarde avenue des Gobelins. Au moins ce n’est pas une mascarade de l’amour. 35

L’amour, ce bel inexorable, ce pourrait être - trouvaille magnifique de Sophie Pujas - « L’aiguille du désir dans la meule de foin des femmes indifférentes ». Le genre d’aimant qui attire la compagnie de Jean d’Ormesson, grand inventeur devant l’Eternel des filons des meules les plus fabuleuses. « Puisque j’ai aimé le monde et la vie, j’ai aussi aimé les femmes/ …/ Ce qu’il faut dire, flambeau du monde, c’est qu’il n’y a rien d’autre que l’amour /…/ J’ai surtout aimé l’amour. Du plus bas au plus haut. Le plaisir, la tendresse, la passion, la folie. Quand l’amour, le vrai amour, se combine à l’amour, il n’y a rien de plus fort, de plus grand, de plus beau ». On pense à un titre de Robert Sabatier : Les années secrètes de la vie d’un homme. Mais ce nouveau d’Ormesson brasse bien d’autres éléments d’une vie dont on découvre la richesse de la palette. L’éditeur a eu la témérité d’agrémenter le récit d’un index des noms de personnes et d’un index des noms de lieux. Rien que les parcourir donne le tournis. L’auteur n’en a cure, qui confie « A chaque fois que j’aborde un nouveau pli


de ce tissu qui fait notre existence, il me semble toucher à l’essentiel ». Peut-être, en se rasant, fredonne-t-il Das ist ein Traum, das ist zu schön um wahr zu sein, avant de repartir à la conquête d’un jour nouveau, cruel ou doux. « Maraudes », Sophie Pujas, L’Arpenteur, 16 euros « Je dirai malgré tout que cette vie fut belle », Jean d’Ormesson, Gallimard. 22,50 euros

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Drieu, archange des désenchantements En 1923, Desnos disait de celui qui s’était battu à Verdun « Sa liberté d’esprit blesse la droite. Son aristocratisme inquiète la gauche. La généralité ses méprend sur ses intentions ». Le temps a-t-il fait son œuvre, dans la juste perception de Drieu ? Rien n’est moins sûr. PAR MARC EMILE BARONHEID

Le récit commence le 5 août 1944. Pierre Drieu la Rochelle assiste à la messe d’enterrement de Ramon Fernandez, frappé d’infamie pour commerce idéologique avec l’ennemi allemand. Drieu l’envie d’être mort à 50 ans, échappant à la décrépitude du vieillard et au châtiment annoncé par les vainqueurs. C’est ce moment que choisitAude Terray pour raconter les derniers mois de Drieu, en lequel elle voit « L’amant, l’intellectuel tiraillé entre la littérature et la politique qui n’approfondit ni l’un (sic) ni l’autre, le paresseux hédoniste qui médite et lit le matin en robe de chambre, l’écrivain qui doute et rêve de succès littéraires, qui se raconte indéfiniment dans ses livres et bâcle ses derniers chapitres, le littérateur d’alcôve parfois décevant pour ces dames et qui dépend de la générosité de ses riches maîtresses, le mondain qui traîne son ennui à la moue boudeuse dans les salons, l’éternel insatisfait de lui-même et des autres, le pes38

simiste désinvolte et grave aux multiples emballements et volte-face ». C’est le morceau de bravoure d’un livre qui oscille du comprendre et ne pas juger cher à Simenon au « Juger, c’est évidemment ne pas comprendre, puisque, si l’on comprenait, on ne pourrait plus juger », cher à Malraux. Un Malraux présent par défaut, au même titre que bien d’autres, convoqués par celle qui a notamment signé une biographie de Madeleine Malraux. Quand il croira entendre sonner l’hallali, Drieu redeviendra l’homme couvert de femmes qui s’ingénieront à le préserver de ses tendances suicidaires et à le soustraire aux génies de l’épuration. Ses errements, ses erreurs, son tortueux cheminement intellectuel sont relatés sans longueurs mais sans approximations. Il a collaboré à remettre en selle, le 1er décembre 1940, avec l’assentiment de l’occupant, la NRF des éditions Gallimard. On le lui a violemment reproché.


Drieu est mort en 1945, dans le mauvais camp. Depuis 2011, il existe à Paris une rue Gaston Gallimard. L’année suivante, Pierre Drieu la Rochelle entrait au catalogue de la Bibliothèque de la Pléiade. De quoi rejoindre l’opinion de François Nourissier, persuadé de la supériorité de la littérature sur tous les avatars politiques. Chardonne a écrit de Drieu qu’il était « un romantique d’une nature singulière ». L’honneur n’est pas une science exacte … 39

« Les derniers jours de Drieu la Rochelle », Aude Terray, Grasset, 18 euros « Romans, récits, nouvelles », Pierre Drieu la Rochelle », Gallimard – Bibliothèque de la Pléiade, 72,50 euros. Ce volume contient Etat civil, La Valise vide, Blèche, Adieu à Gonzague, Le Feu follet, La Comédie de Charleroi, Rêveuse bourgeoisie, Gilles, Mémoires de Dirk Raspe, Récit secret.


Élu, maire Propulsé maire à 23 ans d’une bourgade de la Somme, Friville-Escarbotin, David Lefèvre qui entame son deuxième mandat fait part de son expérience d’élu local dans un livre passionnant de bout en bout. PAR RÉGIS SULLY

Méfiant à l’égard des formations politiques traditionnelles, il porte un regard sans complaisance sur le fonctionnement de la démocratie locale que ce soit à l’échelle communale ou à l’échelle départementale. Ainsi il constate qu’un maire efficace dans son travail aura moins de chance d’être réélu qu’un maire incompétent mais sympathique. L’explication tient au fait que la population locale a des difficultés à se faire une idée de la politique menée à l’échelle communale contrairement à ce qui se passe à l’échelon national où les citoyens sont abreuvés de données fournies par les grands médias nationaux. Autre constat, le peu de poids de l’élu départemental où les décisions sont prises par l’administration et les élus 40


leur enclos des vaches vagabondes à la gestion plus lourde du personnel communal avec cet aveu de taille : « après trois ans d’exercice , il y a certains agents de la collectivité que je n’ai pas vus travailler parce qu’ils sont en arrêt maladie ». Il y a également la confrontation avec les gens du voyage qui s’installent illégalement dans l’enceinte du stade municipal et que les gendarmes et le premier magistrat sont impuissants à repousser. L’épisode savoureux de ce syndicat intercommunal qui a 300 000 euros de recette «D’autres faits auxquels David Lefevre et qui en distribue 25000 est confronté sont relatés, et en général, au titre de sa compétence ils sont assortis d’une réflexion de l’au- le reste passe en frais de fonctionnement, retient teur qui fait que son livre échappe au l’attention. D’autres faits simple réquisitoire contre le fonctionne- auxquels David Lefèvre ment de la démocratie locale.» est confronté sont relatés et en général ils sont asde la majorité en amont des réunions sortis d’une réflexion de l’auteur qui de commissions. Le lecteur plongera fait que son livre échappe au simple dans le quotidien d’un maire d’une réquisitoire contre le fonctionnement commune d’un peu moins de 5000 de la démocratie locale. habitants: cela va de ramener dans 41


De son expérience de Maire, l’auteur en a tiré une réflexion qui dépasse largement le cadre local. Sur le plan politique l’auteur trouve insuffisante la démocratie représentative. On doit s’orienter vers une démocratie participative sans pour autant en éluder les obstacles. Ainsi David Lefèvre pointe l’écueil le plus important à surmonter: parvenir à intéresser ceux qui devraient se sentir concernés. Son expérience de maire permet de mesurer le chemin qui reste à parcourir. En effet sur des sujets importants il parvenait en tant que maire à réunir une trentaine de personnes sur 5000 habitants! S’ensuit une série de propositions de réformes assez audacieuses dont une participation citoyenne obligatoire. L’éducation après le fonctionnement de la démocratie est le deuxième sujet de préoccupation avec ce distinguo entre le savoir-vivre et le savoir-faire. Le troisième sujet pour améliorer notre société est l’environnement avec à l’esprit que nos ressources ne sont pas infinies, ce qui oblige à repenser la croissance et notre organisation 42

économique puisque l’auteur prône d’évaluer nos biens produits pas seulement en terme de coûts financiers mais en terme de coût environnemental. A cela l’Etat doit reprendre la main dans un certain nombre de secteurs d’activité. Au total, un livre sans langue de bois en ce qui concerne les problèmes que doit affronter un maire et une réflexion stimulante à propos des défis que doit relever notre société. La politique m’a tué David Lefèvre Editions du Pays du Vent 16,90 euros


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Par Laurence Biava Le roman Génération H était une véritable invitation à l’évasion, qui ne pouvait laisser indifférents, sur le plan du style ou de la narration en elle-même, les amateurs de la prose de Kerouac ou de Jim Harrison. On y sentait la patte, l’imprégnation, l’influence esthète et métallique des deux auteurs du début à la fin. Une grande part du livre était également consacrée à la musique : lors du prologue, la voix de Morrison résonnait 44

dès le premier quart, enchainait Kurt Cobain, à sa toute fin, après les dédales paroxystiques des héros rencontrés. Ce livre était aventureux, courageux, qui tentait de cerner au plus près l’usage démocratisé du cannabis et son paradoxe, l’illégalité de sa consommation. Certes, on ne pouvait plus nier l’ampleur d’un phénomène de masse, une généralisation sociétale de la consommation


de toutes ces drogues. La réflexion qui était menée méritait d’être hautement considérée sur la génération des ados des années 90 et son ardeur à répandre l’expansion de la consommation de cannabis. Cette fameuse génération H (contrairement aux générations Y et Z au passage) qui n’a pas passé son temps devant des écrans d’ordinateurs et télévision, était empreinte d’une grande soif de vivre, d’où ses voyages en Asie, au Népal, notamment. Ainsi définie, cette Génération H est familière à ceux pour qui le haschich fut bien davantage qu’une substance illicite : elle est moment de vie, mode de communication, elle est une étreinte, un langage, un dialecte, elle fait corps, elle aide à penser, à transmuter… Les fumeurs de hasch de ma génération fument toujours, quinze ou

Cette fameuse génération H (contrairement aux générations Y et Z au passage) qui n’a pas passé son temps devant des écrans d’ordinateurs et télévision, était empreinte d’une grande soif de vivre

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vingt ans plus tard après avoir roulé leurs premiers joints ». Dans cette suite, il est autant question de consommation de cannabis que d’amour de la liberté et naturellement, du refus des conventions : il faut une bonne dose d’impertinence pour dédramatiser ainsi la prise de cannabis et nous dire quelques 23 années plus tard qu’en fumer semble naturel, que cet usage est entré de manière irréversible, et à coups de grosses défonces, dans la culture française. En 1990, on rejetait déjà la société de consommation, aujourd’hui, pour braver le capitalisme, on parle de «décroissance» : à ce niveau-là, seuls les termes ont changé… Ici, Sacha et sa bande symbolisent cette génération de fumeurs d’élites, amatrice de plaisirs interdits et de fêtes inoubliables. De sound système en soirées villas, de festivals en carnavals indépendants, de Barcelone à Amsterdam, ils brûlent leur vie comme un gros spliff de weed. Toujours aussi insoumis qu’en 2013, et rompus au système D, ces débrouillards d’un genre nouveau entament le troisième millénaire à cent à l’heure sur une bande-son démoniaque mêlant cultures urbaines, musiques électroniques, reggae et rock alternatif. Têtes


çon assez complète et cinglante, et auxquels il est précisément difficile d’opposer un jugement moral: la quête épicurienne et hédoniste de l’existence. D’une certaine existence. De ses choix licencieux. Grondeau raconte avec force et panache une jeunesse française emblématique, rebelle, insoumise, explosive, dont la littérature a oublié l’existence depuis 30 ans. Il explique frontalement que la recherche du plaisir devient essentielle, y compris pour ceux qui, en n’ayant jamais fumé de cannabis, sont, malgré eux, empreints de cette culture.. D’où ce coup de cœur. chercheuses d’existence, ils tentent de rester fidèles à l’underground et leurs idéaux qui se fracassent contre les pièges de la prohibition. Toujours autant tribu hédoniste et enfiévrée, voguant de voyages hallucinés en amours sans lendemain, de nutis blanches en aubes radieuses, la Génération H est le reflet de la jeunesse de France qui veut vivre sans entraves et profiter de la vie, ici et maintenant. Et c’est ce que ces livres - le premier et le second - révèlent de fa-

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Génération H – Tome II - La Lune sur le toit - 355 pages Alexandre Grondeau est maître de conférences, géographe, critique musical, et écrivain. Génération H, têtes chercheuses d’existence est son quatrième roman, et la suite de Génération H, publié en janvier 2013.


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Par Laurence Biava - Photo DR Après trois romans récompensés par des prix littéraires, traduits en plusieurs langues et réédités en poche, Ariane Bois revient en cette rentrée d’hiver avec ce livre remarquable. L’histoire nous entraîne sur les traces de Simon Mandel âgé de 16 ans. 48

Nous sommes en 1939. La famille unie et aimante de ce garçon est juive parisienne, parfaitement intégrée et patriote. La communauté juive est dévastée. Et pour cause. Lorsque les allemands envahissent Paris, il sent le danger. Son grand frère va choi-


sir la clandestinité à Londres. Le reste de la famille se réfugie à Toulouse. Simon bascule alors dans la clandestinité. A la fin de la guerre, lui, l’ancien scout, rejoindra les maquis juifs du Tarn, après avoir servi dans les réseaux toulousains. Totalement égaré, Simon se joint alors à ses anciens camarades de combats pour une mission quasiment impossible : retrouver des enfants juifs cachés par leurs proches pendant la guerre et confiés à des inconnus. Il accepte une mission auprès des Dépisteurs afin de rechercher les enfants juifs cachés, dont les parents ont été déportés sans revenir des camps de la mort, enfants qui ont été blessés pendant la guerre. Il faut les sauver, les protéger d’autres dangers.. Pour ce faire, Simon fera équipe avec Léna, une jeune femme juive polonaise miraculeusement rescapée du Ghetto de Varsovie. Pétri d’espoir pour retrouver son frère l’un de ses frères – Elie,10 ans- disparu mystérieusement dans la région toulousaine, ils feront face ensemble à toutes les situations :

Ariane Bois, avec sa finesse et son acuité légendaire a réussi cette grande fresque d’aventure et d’amour, qui dit tout des aventures déchirantes où l’espoir de vivre et le désir de vivre les disputent au courage face à la barbarie

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ils rencontreront des familles aimantes, des paysans bourrus, la maltraitance, des couvents qui se referment et ne veulent pas rendre les enfants, cachés partout dans des familles d’accueil, dans des orphelinats, parfois baptisés. Extrait : « …. A la synagogue de la Victoire, il ne sait où déposer sa peine, ne se rappelle aucune prière en entier, mais vient chercher un apaisement. Dans ce lieu pareil à une cathédrale, profané par une bombe en 1941, il lit les noms des prophètes sur la voûte du chœur. « L’Eternel est ma bannière ». Il voudrait le croire, mais son cœur est empli de colère et d’impuissance. Tués, parce qu’ils étaient juifs. Son père s’est trompé, il croyait qu’être français les protégerait du désastre, qu’avoir tant donné à leur pays depusi plusieurs générations ferait d’eux des citoyens comme les autres. La destruction de sa famille se double de celle d’un mythe sur lequel les Mandel avaient bâti leur prospérité et leurs idéaux, celui s’appartenir pleinement à la communauté » 50

Le roman qui est un livre d’histoire à part entière, flirte souvent avec l’enquête policière. Simon se balade avec des listes, il fait un travail très minutieux. Il rencontre des résistants, des chefs de maquis, le facteur, le cantonnier, les voisins, les instituteurs. On découvre Simon et Léna dans toutes leurs différences, leurs fragilités et leurs forces. Car tout les oppose, ils n’ont pas la même façon de voir les choses, ni le même caractère. Cette aventure, c’est aussi celle du lecteur, qui se promène avec les héros dans le Paris et le sudouest des années 45. Ce récit poignant met en lumière plusieurs épisodes d’une époque particulièrement mal connue en France, celle de la Résistance juive, celle des maquis juifs du sud-ouest, cette mission incroyable restée confidentielle de l’après-guerre, nommée « les Dépisteurs », la difficulté de retrouver les enfants cachés orphelins, mais aussi une certaine idée de la solidarité nationale et la fin des illusions en la France Républicaine..


Ariane Bois, avec sa finesse et son acuité légendaire a réussi cette grande fresque d’aventure et d’amour, qui dit tout des aventures déchirantes où l’espoir de vivre et le désir de vivre les disputent au courage face à la barbarie. Voilà des thèmes qui, en cette époque particulièrement délétère, résonnent forts aujourd’hui. De Paris à Toulouse, d’Israël à New-York, la reconstruction bouleversante de deux jeunes révoltés portés par la force de l’amour et le

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souffle de l’histoire. Le meilleur d’Ariane Bois. Le gardien de nos nuits Editions Belfond 389 pages


Par Laurence Biava - Photo Hermance Triay Ce livre brillant hésite entre science fiction et fable. C’est un texte qui nous interroge sur la responsabilité de l’être humain. C’est un thriller philosophique alternant avec une action menée à cent à l’heure et une méditation aux implications incal52

culables. Le lecteur n’est pas moins accroché aux péripéties de cette lutte pour la survie que sollicité en permanence par une réflexion qui mobilise, dans l’empathie qu’installe le récit, avec tous les grands thèmes qui questionnent l’humanité


Depuis que l’humanité a été soumise par de nouveaux Maîtres, ceux-ci entretiennent avec elle les mêmes rapports de domination qui liaient jadis les hommes aux animaux. Iris n’a pas de papiers. Hospitalisée après un accident de voiture, elle attend pour être opérée que son compagnon, Malo Claeys, trouve un moyen de régulariser sa situation. Mais comment s’y prendre alors que la relation qu’ils entretiennent est interdite ? C’est notre monde, à quelques détails près. Et celui-ci, notamment : nous n’y sommes plus les maîtres et pos-

Vincent Message porte un regard acéré et sans concession sur quelquesuns des travers de nos sociétés contemporaines. sesseurs de la nature. Il y a de nouveaux venus, qui nous ont privés de notre domination sur le vivant et nous font connaître un sort analogue à celui que nous réservions auparavant aux animaux. Pour permettre à Iris d’être opérée, Malo, qui fait partie de l’espèce hégémonique, va devoir se rapprocher des réseaux clandestins de résistance,

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car la jeune femme ne possède pas de papiers et n’a, en conséquence, pas le droit de recevoir les soins élémentaires qui la sauveraient d’une mort certaine. La réflexion centrale du livre est celle de l’humain. Ce qui fonde la spécificité de l’espèce humaine, ce qui fait, peut-être sa force mais ce qui est aussi sa faiblesse. Plusieurs fois il est dit qu’il y a trop d’hommes sur terre, que la nouvelle domination de la planète a été accompagnée d’une « remise à plat de la politique démographique ». C’est là encore une réflexion que le livre mène : la décroissance et l’avenir de la planète, les rapports entre


hommes et animaux, le colonialisme, la définition même de l’homme. Avec ce livre engagé, d’une pertinence et d’une beauté saisissantes, Vincent Message porte un regard acéré et sans concession sur quelques-uns des travers de nos sociétés contemporaines. Le livre est structuré comme un roman classique plus que comme un conte du XVIII siècle. Des chapitres méditatifs, des monologues intérieurs alternent avec des passages d’action plus rapides. Même la partie narrative démarre assez lentement. Le lecteur n’est pas kidnappé, mais intrigué par de minuscules imprécisions, déplacements. Cette espèce dominante est au départ perçue comme supérieure moralement autant que matériellement. Elle asservit l’homme plutôt pour son bien, compte tenu des dégâts qu’il fait sur sa planète. On s’aperçoit ensuite qu’ils ne sont pas meilleurs qu’eux. Les nouveaux maîtres aussi fonctionnent au langage, la discussion d’un projet de loi est le chapitre pivot. Le langage est essentiel ici et détermine le regard posé sur le réel. C’est très incarné, très visuel. 1er extrait : « …Ils venaient vérifier en charognards consciencieux, appliqués, s’il restait quelque chose à prendre. Peut-

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être étaient-ce eux qui, ayant repéré l’atelier, avaient donné les faussaires pour passer ensuite faire un peu de récup. Ils sont restés assez longtemps, à faire coulisser les tiroirs, à sonder les entrailles de cartons, qu’ils ouvraient à coups de cutter. Par intervalles, ils échangeaient quelques mots inaudibles, d’un ton qui paraissait déçu. De petites choses dans leur attitude, que je sentais sans pouvoir les nommer, me renforçaient dans l’idée que c’étaient des gens à vif ; prêts à tout, auxquels seule la rancœur donnait encore une colonne vertébrale ». Or les maîtres et possesseurs de la nature, plus largement, c’est nous. Ce sont les hommes, tels que, les a rêvés Descartes dans le Discours de la méthode. Ce qui amenait cette très belle expression chez Descartes, c’était la volonté d’une philosophie pratique, rompant avec les aspects plus spéculatifs de la philosophie médiévale, et ouvrant la voie à une connaissance scientifique de la nature qui devait permettre d’améliorer le confort des vies humaines. Nous sommes les héritiers de ce projet. Nous l’avons fait, nous continuons à le faire. Mais ce mouvement, parce qu’il a très longtemps reposé sur une vision incroyablement partielle et biaisée de ce que sont les


écosystèmes, se retourne maintenant contre nous. Nous vivons un état d’urgence écologique qui est devenu permanent. Le roman part de ce constat et imagine que nous sommes renversés, dessaisis de nos pouvoirs, par une espèce nomade qui vient d’autres régions de l’espace, qui aspire à trouver un abri sur notre terre. On se rend compte qu’il est impossible d’y cohabiter car les individus qui s’y promènent se comportent de façon tout à fait irresponsable. Ils se voient donc contraints, pour survivre, de devenir les nouveaux maîtres et possesseurs. Au moment où commence le récit, simplement, le narrateur, Malo Claeys, se met à douter que ses congénères se comportent de façon beaucoup plus raisonnable. Il se demande s’ils ne sont pas en train de reproduire beaucoup de nos grandes erreurs.

Le titre opère de son sens profond ainsi à des niveaux multiples, d’un bout à l’autre du livre. Il y a défaite des maîtres et possesseurs, en un sens, partout où l’aveuglement, la cupidité, l’orgueil que l’on met dans une entreprise se trouvent mis en échec ou mènent à un désastre. Vincent Message est écrivain. Défaite des maîtres et possesseurs est son second roman après Les veilleurs paru en 2009. Vincent Message Défaite des maîtres et possesseurs Editions du Seuil 298 pages

Une aventure romanesque,

Imaginée par un rêveur de 95 ans Une autre idée de l’évasion MI MÉLINA Par Roger Dambron - 115 pages - 2,99 euros Disponible au format Kindle & Ebook sur Amazon 55


Par Laurence Biava

Entre hilarité et pathétisme, Mâle en patience explore le désir de paternité et l’infertilité dans le couple. Donnant naissance à une comédie très contemporaine et faussement désinvolte dans laquelle la gravité du sujet se dispute au sens du burlesque. C’est l’histoire somme toute assez banale d’un couple qui fonctionne bien. Elle, épanouie, avocate, heu56

reuse, à qui tout réussit. Lui, la même chose, professeur de français. Leur désir d’enfant ne se situe pas au même niveau. Elle, elle attendrait bien encore un peu parce qu’elle craint que ce projet contrarie trop le rythme régulier et confortable du couple. Elle ne se sent pas prête. Lui, est beaucoup plus motivé. A tel point qu’il n’en dort plus. Les hésitations et le peu de zèle global de sa femme l’obsède. Alors, il déprime, se met à regarder les autres


couples, à les observer. Il regarde les ventres des autres. Et le couple menace d’exploser. Ils ne se parlent plus. Le silence s’installe, jusqu’à la disparition d’un des deux conjoints. S’immisce un autre couple ami dans le scénario, qui, par son aide et son écoute, jouera les intermédiaires et favorisera les retrouvailles avec les protagonistes du roman autobiographique. Finalement, ils se retrouvent, et font ce projet d’enfant. Non sans mal,

Ce livre est un beau récit qui permet de comprendre les aléas de la procréation et les difficultés de ce parcours initiatique qui a tout, il faut bien le dire, du parcours du combattant.son 5ème roman. néanmoins. Le chemin est semé d’embûches et le couple connaîtra d’autres soubresauts d’humeur. Ce livre est un beau récit qui permet de comprendre les aléas de la procréation et les difficultés de ce parcours initiatique qui a tout, il faut bien le dire, du parcours du combattant. Pour bien comprendre que dans cette affaire, il n’y a aucun coupable, il faut lire les pages très détaillées expliquant les 57

contraintes liées aux essais fructueux (FIV) et les échecs qui souvent en découlent.. C’est un livre très bien écrit, intéressant, maîtrisé de bout en bout et sans effets de manches. Tous ceux et celles qui ont vécu ce type d’expériences ne manqueront pas de s’y retrouver et de particulièrement le saluer pour les vérités qu’il énonce et pour ses vertus pédagogiques (aussi). Vincent Knock est enseignant et écrivain. Mâle en patience est son troisième livre. Mâle en patience – Editions Chloé des Lys - 200 pages


Par Laurence Biava L’architecte Marc Sisco est un artiste. Il vient d’être choisi pour construire le nouvel opéra de Venise, c’est le projet T 40, son chef d’œuvre, qui représente un challenge technique et technologique hors normes mais malheureusement contesté par un comité qui lance une pétition... Voici la consécration d’une carrière déjà brillante, la réalisation d’un rêve d’enfant. Mais de retour à Paris, un sentiment de malaise s’empare 58

de lui, il est dépassé par les événements, et ne se sent plus en phase avec ce monde qui l’a consacré. Il roule en Ferrarri, fume des cigares cubains, mais n’a plus envie de rien. Extrait : « …Après le dîner, on s’est réfugiés dans un bar de la rue Saint-Benoît, près de l’immeuble où vécut et mourut Duras. Une plaque le signale. On s’en moque un peu il me semble.


L’essentiel est ailleurs, dans ses livres, sa pensée palpite dans chaque ligne, chaque phrase. Hypnotique Marguerite de mes soirs de solitude. Je crois que je dois beaucoup à la littérature,

C’est un livre rare sur la création, l’imagination, et sur la solitude du travail génial de l’artiste. j’aurai dû être écrivain. Camille et moi avons écouté des morceaux de jazz. Je me laissais dériver comme un bateau sans équipage. Tout m’était égal… Tu sais, lui ai-je dit, mon nom est trop célèbre, il me pèse. Je voudrais qu’il ne reste que mes réalisations. Ma vie n’a aucun intérêt. Il m’a parlé comme si on se connaissait depuis vingt ans, m’a demandé si j’aimais la littérature, en particulier Montaigne… »

Louvrier dessine le labyrinthe intérieur de Sisco, architecte très littéraire et très mélomane, avec beaucoup de finesse, d’habileté et de sensibilité. L’antihéros est un poète maudit : enfermé dans sa tour d’ivoire, il s’as-

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sombrit au fil des pages, ne se reconnaît plus, se perd au fur et à mesure en se décomposant, comprend qu’il n’est pas libre. Des fantômes le guettent, le ouspillent, et se rappellent à lui sans arrêt. Ses maîtres et référents : Nerval, Rimbaud, Baudelaire, Sagan, Hémingway, Mozart, Bach, Charles Trenet, Vivaldi... mais aussi, toute une rive gauche bohème (la Closerie des Lilas, les Deux Magots, la rue Saint Benoît). Les ombres de Jacques Laurent, François Mitterrand plutôt deux fois qu’une, et de Roda-Gil, reviennent chanter leur air littéraire et hantent les lignes de ce récit de très bon goût. Plusieurs pistes de réflexion articulent le récit : il y a celle, imparable, sur la création, sur la mort de l’Art, un peu plus convenue, sur le phénomène de mode, enfin. «La mode, c’est la normalisation de l’espace et des esprits. On copie le concept, on aplatit l’œuvre origniellle, on les rend marketing, C’est 60

le dévoiement du génie.» «Le rôle de l’architecte : être le metteur en scène de notre nostalgie future » Il y a celle sur les ruptures et la mise aux bans : celle, d’avec la vie, par le biais du personnage de la mère malade. Celles d’avec l’amour, toutes les formes d’amour : le filial, l’amour de jeunesse, le charnel…Et il y a cet homme, qui traîne sa mélancolie en bandoulière, qui a dépassé ses limites. Autour de lui, tout se fissure peu à peu, tout part en déréliction. Il est traversé tourmenté par des crises existentielles, se sent au bord du vide, ou plus à sa place. Lui-même est en rupture. Alors qu’il connaissait les coulisses du théâtre du monde. Il y a également une réflexion menée sur l’époque et le terrorisme, qui revient à intervalles réguliers. Le terme «attentats» revient à intervalles réguliers et pas que : «Tu as vu en combien de temps, après l’infamie du 11 septembre, on a redressé la tête ? Vous vous venez d’avoir une vingtaine de morts, vous


parlez d’union nationale et déjà vous vous foutez sur la gueule. Remarque, c’est normal : la nation n’existe plus » (...) « Le 11 septembre, et l’Histoire sur les chapeaux de roue, a redémarré. La guerre sainte a remplacé la guerre froide » . Enfin, le propos global pour dire la vacuité de la célébrité (lors des scènes de la garde à vue et de l’émission de radio) donnent encore plus d’épaisseur à l’ensemble du récit et s’enroulent habilement autour des passages qui louent les réalisations de Mitterrand (la Pyramide du Louvre et la Bibliothèque Nationale de France) L’état du monde selon Sisco est une histoire d’amour qui n’ose l’avouer à l’image de Sisco qui s’en va. Le lecteur est touché par cet homme à qui, contre toute attente, tout file entre les doigts. Il faut saluer le travail de recherche qui fait la part belle à des réalisations récentes et honore une certaine technicité, somme toute méconnue. C’est un livre rare sur 61

la création, l’imagination, et sur la solitude du travail génial de l’artiste. Un roman sensible et nerveux, très rythmé, vivant, et prompt, quelque chose qui dégaine, sur notre besoin de cohérence et de liberté. Pascal Louvrier est biographe. L’état du monde selon Sisco est son second roman. L’état du monde selon Sisco Allary Editions 203 pages


Par Laurence Biava Véracruz est un très beau livre qui réserve de grands moments d’écriture. Voilà une orfèvre littéraire d’où jaillissent des fragments fulgurants de poésie. C’est un texte fort et puissant. Ténu. Où chaque phrase tressaille. Comme chaque fois avec cet auteur rare, qui ne déçoit jamais, il y a un lyrisme fou. A la suite d’une rencontre qui le marque à Véracruz, obésédé par

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l’amour-faucon qu’il vit avec Dariana, soudainement apparue dans sa vie et la perte immense que lui cause sa disparition, le narrateur, en souffrance, perdu et éperdu, arraché à lui-même, imagine que les écrits qu’il reçoit à la suite de cette fugue, proviennent d’elle, ou en tout cas, c’est ce qu’il se plaît à imaginer pour justifier l’inexplicable. Deux récits s’enchâssent alors à


C’est un livre mosaïque, un livre à tiroirs, spirituel, surprenant, qui interroge le fond des sentiments et qui plonge dans l’âme humaine. son 5ème roman. partir du moment où un pli parvint à l’hôtel, expédié par la poste, pli qui ne comprend aucune indication de provenance, aucun mot d’accompagnement. Un pli qui contient d’autres récits, brefs, et aussi terribles que fantasmagoriques. Extrait « …..Chacun (il faut l’espérer) a observé sur soi-même , une fois au moins dans sa vie, le pouvoir magnétique de l’amour, qui attire à soi absolument tout ce qui nous entoure, ce qu’on voit, ce qu’on entend, ce qu’on lit. Comme

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un poids trop grand déforme le support qui le reçoit, l’occupation exclusive de notre esprit par une figure aimée finit par gauchir nos sens, et nous faire apercevoir des figures qui pour le reste du monde n’existent pas. Et cette déformation est plus forte encore lorsque l’être aimé n’est plus là. Tou devient signe, le monde soudain infiniment bavard ne cesse de nous murmurer des messages que nous nous épuisons à essayer d’interpréter.» Les récits sont quatre monologues passionnants. Dont la puissance grandit de page en page. Trois hommes et une femme parlent. C’est un huis clos. Il y a Ignace, Miller, El Griego, Susanna qui se relaient pour cracher des mots comme du feu, vrombissants. C’est assez étrange, on se croirait au théâtre. Le texte est abrasif, plein de violence, c’est sec, et pourtant, quelque chose


plie sous le poids des mots et du verbe dru. Ces quatre récits composent de mystérieux jeux de rôle. S’opère et s’établit insidieusement une hiérarchie, faisant tout à tour apparaître pouvoir et servilité. D’où sortent les sons ? Quelque chose viendrait il d’en haut et du sol ? On est en pleine fantasmagorie. Où est le réel ? Quelle cohérence à l’histoire ? Et puis, finalement, tout s’organise, se lie et se relie, avec la première partie, celle de la rencontre immédiate. C’est un livre mosaïque, un livre à tiroirs, spirituel, surprenant, qui in-

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terroge le fond des sentiments et qui plonge dans l’âme humaine. Olivier Rolin possède un style parfait et une écriture ciselée, grâce à laquelle le lecteur est entraîné, interpellé. Parfois dérouté, cherchant une suite logique aux modulations du récit et aux idées qu’il déplie. Est-on dans l’imaginaire, dans le vécu ? On est dans une configuration intérieure, atypique préposée à élaborer des mouvements, des modulations de ton et de rythme, d’où ce sentiment de prises d’angles différents, comme filmés. Olivier Rolin est écrivain et essayiste. Véracruz est son dernier livre publié.

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Olivier Rolin Véracruz Editions Verdier 121 pages


BILLET

Mes coups de coeur du printemps bière à la grenadine, lisent des livres interdits, chaussent des lunettes de soleil même à l’ombre et enfilent de longues vestes à carreaux. Sous leur apparente désinvolture, ils font de la résistance, déposent une gerbe le 11 novembre sous l’Arc de Triomphe, arborent par solidarité l’Etoile jaune et couvrent Paris du V de la victoire. Traqués par les Par Emmanuelle de Boysson Boches, ils ne veulent pas qu’on « Zazous », de Gérard de Cor- leur confisque leur jeunesse. Gérard de Cortanze raconte leur histanze (Albin Michel) toire de façon romanesque tout en Qui connaît les Zazous ? De drôles restituant l’ambiance de ces joyeux de zigotos ? Une bande d’hurluberlurons, du Paris de l’Occupation, et lus ? Des fous de jazz ? Bien plus de leur musique. Ca zwingue ! Pasque ça : une bande de jeunes gens sionnant ! dans la veine des mouvements bohêmes du XIX e siècle qui décide, sous l’Occupation, de s’en donner « L’oreille d’or », d’Elisabeth à cœur joie. Passionnés de jazz, ils Barillé (éd Grasset). se retrouvent chaque jour au café Elisabeth Barillé est une femme Eva, dansent le zwing, boivent de la rare. Exigeante, elle se fait une 66


haute idées de littérature. Depuis « Corps de jeune fille », à « Un amour à l’aube », elle ne cesse de sonder des figures féminines, de s’interroger sur le pouvoir des mots. Dans ce récit intime, elle avoue n’entendre que d’une oreille. Pour entendre mieux, autre chose, autrement. Elle revient sur ce virus attrapé enfant, à l’origine de cet handicap dont elle a fait une force. Un isolement qui lui a permis de se nourrir de lectures, de développer sa vie intérieure, de rêver, réceptive aux bruits qu’elle perçoit de l’oreille droite. « La surdité est une fidélité définitive, une fidélité à soimême imposée du dedans, comme les aventures dictatoriales du dehors ». Sensible et poignant.

« Les Hors-Venus », de Claire Julliard ( éd. Belfond). Journaliste littéraire à l’Obs, Claire Julliard est auteur de livres pour adolescents et d’une biographie de Boris Vian (Folio). Après « L’Oie sur un lac gelé », recueil de nouvelles paru chez Léo Scheer, « Les Hors-Venus »

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est son premier roman. Mélanie, 15 ans, vient de s’échapper des griffes d’un gourou, au sein d’une secte dans laquelle elle vit avec sa mère depuis l’enfance. Rattrapée par les hommes du gourou, elle se rebelle et se ligue avec un détective infiltré et le gardien de la communauté. Le trio s’échappe. Mais les trois compères devront changer d’identité. Après une longue fuite, ils se réfugient sur une île déserte. Isolés, ils se croient libres, mais Mélanie va découvrir que l’île s’avère une autre forme de prison. Saura-t-elle se libérer, réapprendre l’autonomie, à être heureuse ? Une métaphore de ces sectes qui cherchent à enrôler les jeunes, celles d’ici, celles d’ailleurs. Ecrit au présent, un roman où l’on est au jour le jour avec l’héroïne. Pal- pitant. Edifiant.


« Je mourai une autre fois », d’Isabelle Alonso ( Ed Héloïse d’Ormesson)

Fille de républicains espagnols, Isabelle Alonso est devenue française à l’âge de huit ans par naturalisation. Elle a publié une série d’essais adaptés pour le théâtre et déjà exploré l’histoire de sa famille avec « L’Exil est mon pays », « Fille de rouge » et « Maman ». 1931. Dans la douceur de Madrid, Gelin et ses parents savourent la victoire de la République qui vient de triompher. Malgré la menace du fascisme, la famille continue à espérer que la liberté vaincra. Gelin, 15 ans, va finir va s’engager contre les « fachas », mais la guerre

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est là, terrible, qui n’épargne personne. Une guerre fratricide où les familles sont divisées, les clans s’affrontent. Un grand roman sur l’Espagne, sur le père d’Isabelle, personnage principal, courageux, vaillant et droit dans ses bottes.

« Newland » de Stéphanie Janicot (Albin Michel).

Rien n’est plus difficile que de réussir un roman d’anticipation. Surtout après « Le meilleur des mondes ». C’est sans doute parce qu’elle s’est plongée dans l’histoire avec une récente trilogie que Stéphanie Janicot se tourne vers l’avenir. Que serons-nous dans cent ans ? Deux cent ans ?


Allons-nous tous être connectés en permanence, les objets aussi ? Serons-nous libres ? La culture survivra-t-elle ? Et les livres ? Que seront nos relations humaines, de couples, d’amitié ? A ces questions, Stéphanie nous offre des réponses rassurantes. Nous sommes au 23 e siècle, dans un pays en paix. La société est divisée en trois castes : les Bleus chargés de l’éducation, les Blancs, du gouvernement, les Noirs, des autres métiers. Les enfants sont conçus dans des matrices artificielles. Marian a été adoptée, elle sait que son avenir est tracé. Elle ira chez les Blancs. Lorsqu’on la dirige vers les Noirs, elle se révolte et découvre le se-

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cret de sa naissance. Ce diktat de l’égalité. Ici, tout est écolo, on vit jusqu’à cent ans, jamais malade. Mais que reste-t-il des sentiments, de la contestation dans un monde qui ressemble au nôtre, où nous sommes épiés, où un mot de trop et nous sommes rejetés ?

« Les ailes du désespoir », de Roselyne Durand-Ruel, Albin Michel.

David est juif, Alia, musulmane : ils ont choisi New York pour vivre leur bonheur. Le 11 septembre 2001, Alia meurt : un drame. David décide alors de venger sa femme. Plongée au sein des réseaux terroristes, où politique, grand banditisme et religion se mêlent, ce roman explore les sursauts de notre monde, sa violence, sa haine, son racisme. Par une romancière très documentée qui a vécu au MoyenOrient et en Asie du Sud-Est.


PHILOSOPHIE

Le syndrome du Minotaure PAR SOPHIE SENDRA

Dans la mythologie grecque, le Minotaure fut enfermé par Dédale afin de cacher son existence au reste du monde. Mihomme, mi-taureau il symbolise les pulsions les plus enfouies de notre inconscient, notre côté « animal ». Tué par Thésée, avec le concours d’Ariane, il représente dans la symbolique, la quête de la signification la plus profonde de nos comportements et la maîtrise de notre nature. Tout le monde peut se rappeler que Dédale, connu pour son génie, permit de contrôler et de cacher la « bête » dangereuse en édifiant sa plus belle réussite, un labyrinthe exceptionnel. En enfermant la bête, Minos espérait cacher la naissance du « monstre », cet « objet » de tromperie. En l’empêchant de sortir au grand jour, Minos pensait que sa mémoire l’oublierait et que Poséidon ne s’apercevrait pas de son méfait. Tel Thésée, le monde comme il va cherche, semble-t-il, à comprendre la nature profonde de ce qui le dirige. Nos sociétés pensent avoir tué le Minotaure grâce au fil de la raison, mais il apparait que le phénomène pulsionnel soit toujours là. 70

Le regard est ailleurs

Dédale n’est pas celui qu’on croit. Homme jaloux du talent de son neveu, il le précipita dans le vide afin de conserver aux yeux du monde, et à son propre regard, la haute opinion qu’on avait de lui et qu’il se portait à lui-même. Banni pour son crime, il trouva refuge auprès de Minos qui le prit en pitié. Pour cacher se défiance vis-à-vis de Poséidon, Minos utilisa Dédale pour cacher ses fautes à savoir la convoitise, la tromperie de sa femme avec un taureau et la naissance du Minotaure. Quand on éloigne de sa vue les conséquences de nos actes, ceuxci ne disparaissent pas, nous ne faisons que regarder ailleurs en espérant que la mémoire se désactive.


Les symptômes du monde tels qu’ils nous apparaissent ne peuvent être le résultat d’un hasard, mais l’avènement d’une multiplicité de coïncidences qui ont leurs sens. Que serait-il advenu du Minotaure s’il n’avait été enfermé au cœur d’un labyrinthe dont il ne trouvait pas la sortie ? Il gambaderait sans doute au milieu de deux mondes, passant de l’un à l’autre, sans que plus personne ne fasse attention à lui. En le bannissant, Minos prit la décision, malgré lui, de renforcer sa colère.

les a placés. En pensant éloigner, enfermer, rejeter ceux qui ne semblent pas faire partie d’elles-mêmes, les sociétés pensent se protéger d’un danger qui les menaceraient, d’un monstre rassemblant, en son être le plus profond, toutes les pulsions animales qui leur font tant peur. En se refermant sur elles-mêmes, nos sociétés créent leur propre labyrinthe, devenant à leur tour, un Minotaure rongé par la colère.

De la sociologie du labyrinthe

Forts de leurs constructions, les Dédale du futur, promettent monts et merveilles pour enfermer la bête afin qu’elle ne ressorte jamais. Murs, barbelés, frontières, tout y passe. Dans une lointaine mythologie, il faut se rappeler que Minos, persuadé par Dédale de lui fournir « l’objet » de sa paix intérieure, s’en remet à l’architecte pour concrétiser la construction de l’édifice. A coup de promesses les plus farfelues les unes que les autres, Dédale assure une solution efficace pour contrer les peurs d’un Minos en panique. Le génie n’avait pas prévu la possibilité qu’un Thésée et qu’une Ariane trouvent le Minotaure, le tue et par-là même révèlent son existence et la faille logique du labyrinthe. La seule victime dans tout ça : le Minotaure qui n’avait rien demandé. Jorge Luis Borges évoquait déjà cela en reprenant le fameux mythe dans une nouvelle intitulée La demeure d’Astérion. La nuance à apporter à l’interpréta-

En nous penchant sur cette histoire issue de la mythologie, nous pourrions être tentés de croire qu’il n’y a que la psychanalyse qui est concernée par cette interprétation : quête de l’inconscient, maitrise de pulsions, mais il n’en est rien. A regarder de plus près, les sociétés confrontées aux bannissements multiples et variés, à l’exclusion, à la fracturation sociale, construisent bien malgré elles, un labyrinthe dont elles sont elles-mêmes les victimes. Ca n’est pas le Minotaure qui engendre sa propre colère, c’est le labyrinthe qui engendre la colère du Minotaure. Les sociétés dans lesquelles nous vivons font appel à des Dédale de génies pour construire autour d’elles des kilomètres de voies labyrinthiques, enchevêtrements de voies sans issues, de couloirs interminables afin que les mondes ne se rencontrent jamais et qu’ils ne sortent pas de l’endroit où on 71

Les Dédale du futur


tion de ce mythe est que Thésée et le Minotaure ne sont que les deux faces d’un même personnage, et par extensions, d’une même société, d’un même monde. Nous constatons que des Dédale du futur se font jour, un peu partout, promettant des labyrinthes parfaits, omettant de préciser à qui va ressembler le Minotaure, car il a, pour le moment, plusieurs visages. Afin de savoir à qui ressemblera le Minotaure, il faudra attendre encore quelques mois et regarder comment les Dédale persuaderont les Minos. En revanche, on n’est jamais à l’abri d’être, à notre tour, l’Astérion de l’histoire.

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S’il fallait conclure

Toutes ressemblances avec des personnages existants tels que Donald Trump, Ted Cruz, Marco Rubio dans les rôles des Dédale du futur et Bernie Sanders, Hillary Clinton de ceux de Thésée et Ariane, ne seraient que pures coïncidences.


LE BSC NEWS DANS VOTRE POCHE !

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Musique

JAIMEO BROWN Le projet musical Transcendance de Jaimeo Brown, s’apparente plus à un mouvement qu’à un simple groupe. Preuve en est avec son album « Work Songs » qui mêle l’accoustique avec le digital et lie le jazz avec le blues, le hip-hop, le rock et l’électro. Le batteur a travaillé avec le coproducteur et guitariste Chris Sholar sur ce nouvel opus ambitieux. Entretien avec Jaimeo Brown. Par Nicolas Vidal - photos ©Rebecca Meek 74


Jaimeo Brown, où se situent les racines musicales de Work Songs ? Les racines musicales de notre album « Work Songs » se trouvent dans les chansons et les musiques que nos ancêtres afro-américains ont créé. Nous voulions montrer comment ces chansons étaient connectées au blues, au jazz, au hip-hop, au rock et aux autres styles de musique. Nous souhaitions aussi exprimer l’idée d’une musique universellement plus large qui connecte toutes les cultures à travers le monde. C’est pourquoi nous avons notamment enregistré l’album au Japon. Qu’est ce vous a donné envie de mêler les « Work Songs » des années 1950 avec ce mélange musical ambitieux ? J’ai choisi d’enregistrer des «Work Songs » chantées par des prisonniers des années 50 car j’étais très inspiré par leurs voix. Il n’y a plus beaucoup de personnes qui chantent comme ça aujourd’hui et j’avais besoin de 75

capturer une certaine authenticité dans le son. Il n’y a pas beaucoup de documents de ce genre enregistrés par des Afro-Américains dans ce pays. Alan Lomax était un de ces petits groupes d’activistes qui ont saiso l’importance de documenter la musique. Comment avez-vous pensé cet album au début de sa conception avec Chris Sholar ? Avezvous une idée précise de ce que vous vouliez faire ? C’était très difficile d’obtenir la permission d’utiliser les enregistrements: j’ai donc du beaucoup travailler en amont pour être sûr que nous pouvions utiliser un certain matériel. Chris et moi, nous nous connaissons depuis longtemps. Nous travaillons de façon organique tous les deux. Très tôt, nous avons découvert que nous voulions que chaque chanson soit une réelle scène cinématographique. Nous n’avons pas retenu les idées qui n’avaient pas leur place dans cette scène. Nous avons tous les deux une


il y a beaucoup de choses incroyables que je pourrais dire sur chaque personne de cet album, donc c’est difficile de savoir par où commencer. C’était un immense honneur pour Lester Chambers d’être impliqué dans cet album parce que je le considère comme un héros américain. Il a influencé Miles Davis quand Miles voulait intégrer du rock and Roll dans sa musique. Chaque musicien de cet album représente une voix spécifique dans la transcendance narrative.

grande passion pour les récits et nous avons beaucoup appris auprès de réalisateurs et de scénaristes. Vous avez fait appel à de nombreux artistes pour ce projet. On pense notamment à Jd Allen, Lester Chambers, Big Yuki… Pourquoi avoir fait appel à ces différentes contributions sur « Work Songs » ? 76

Qu’est ce qui vous a plus dans la connexion entre le jazz, le blues, le hip-hop ou encore le rock ? J’aime que nous soyons tous de nature différente, mais nous partageons tous un lien commun que vous pouvez retrouver dans « Afro American Work Songs ». Est-ce que cet album donne un nouveau souffle à Transcendence après la sortie de votre dernier album en 2013 ?


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qui viennent du son. En tant que producteur, je suis toujours à la recherche de nouveaux sons et de textures à utiliser dans la musique. J’enregistre les bruits qui m’entourent parce qu’ils s’adaptent très bien dans le récit de mon album «Work Songs ».

L’album « Work Songs » continue de raconter une histoire, mais beaucoup plus grande cette fois, elle se composera d’au moins neuf autres albums. Cela a été vraiment gratifiant de voir que les gens comprennent et se connectent aux histoires et à la musique. Qu’est ce qui vous plait dans cette recherche de nouveaux sons, Jaimeo Brown ? On lit notamment que vous avez enregistré des bruits de chantiers à côté de chez vous. La raison pour laquelle je joue de la musique, c’ est parce que j’aime découvrir de nouvelles sensations 78

La recherche entamée sur cet album entre le digital et l’acoustique est intéressante. Pourquoi avoir donné cette inclinaison à cet album ? La combinaison digitale et acoustique reflète le temps dans lequel nous vivons. Nous sommes dans une époque de transition où nous passons de l’âge industriel à l’ère numérique. Il est important de saisir ces deux types de textures. Quelle histoire avez-vous voulu raconter dans « Work Songs » ? C’est l’histoire de la musique humaine en plein milieu de la lutte. C’est une histoire qui montre la façon dont nous persévérons, dont nous nous transcendons.


Vous déclariez chez nos confrères de France Musique «Ces chansons donnent une image de la lutte que nous ressentons encore aujourd’hui». Comment se caractérise-t-elle à vos yeux, Jaimeo Brown ? Il y a encore tant de voix qui ont besoin de se faire entendre, il y a beaucoup d’obscurité qui doit être vaincue par la lumière. Le vrai combat et la lutte sont de nature spirituelle.

Avez-vous prévu de venir en Europe et notamment en France pour la promotion de cet album ? Nous avons l’intention de retourner en France dans un futur proche ! Nous aimons beaucoup ce pays, et les gens que nous avons rencontrés là-bas sont extraordinaires. Nous avons hâte de revenir !!! Jaimeo Brown Transcendence

Work Songs

Harmonia Mundi Distribution www.jaimeobrown.com

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Jazz

Snark

Snarky Puppy est un collectif de musiciens originaires de Dallas et de New music et de hip-hop. Créé en 2004 à Denton au Texas, le collectif se com prestigieux. Le groupe a été récompensé en 2014 et en 2016 par deux Gra l’album « Family Dinner Volume One ». Interview avec le leader du group Il nous parle de Family Dinner Volume Two, le nouvel album du groupe. Par Tyfenn Corvellec & Romain Rougé - photos DR 80


ky Puppy

York. Leur musique est un mélange novateur de jazz, de funk, de world mpose de 25 musiciens réguliers qui participent à des projets musicaux ammy Awards : l’un pour leur album « Sylva » et l’autre pour un titre de pe, Michael League, qui est aussi bassiste, compositeur et producteur.

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En quoi Family Dinner - Volume 2 diffère-t-il du Volume 1 ? La démarche créative a-t-elle été la même ? Le nouvel album est similaire à Family Dinner - Volume One dans le sens où il fait appel à différents artistes sur chaque titres, des artistes qui interprètent leurs propres compositions avec nos arrangements. Mais la différence majeure avec le premier volume, autre que les artistes et les chansons, est le fait d’avoir associé chaque chanteur avec un musicien invité. Dans beaucoup de cas, ces unions sont improbables mais au final, elles fonctionnent parfaitement ! Le chanteur malien Salif Keita associé au flutiste Carlos Malta et 82

au maître brésilien du pandeiro Bernard Aguiar, en est l’exemple le plus criant. On peut aussi citer la légendaire Susana Baca en duo avec Charlie Hunter et sa guitare à 8 cordes. Je suis très excité de la sortie de cet album, car tous ensemble nous avons vécu cette semaine de travail comme une utopie. Vous avez collaboré avec un large éventail d’artistes venant d’horizons et de pays différents. Qu’apporte cette diversité à cet album ? Chaque expérience est différente . Elle requiert plusieurs compétences et vous apprend beaucoup. Certains membres de notre groupe ont voyagé et enregistré avec une myriade d’artistes connus de différents horizons. Je pense que c’est une bonne chose pour faire évoluer notre musique. Lors de nos concerts, nous intègrons tout ce qu’on apprend de ces artistes extérieurs pour l’incorporer à Snarky Puppy.


Dans Family Dinner - Volume Two, vous avez notamment collaboré avec Susana Baca et Salif Keita, deux artistes engagés politiquement dans leurs pays respectifs. Cet opus a-t-il une coloration plus politique ? Non, ce n’était pas intentionnel. Mais ma musique préférée dans le monde est celle qui est engagée politiquement : de Stevie Wonder à Marvin Gaye en passant par Radiohead. Je respecte les artistes qui défendent les intérêts de ceux que l’on n’entend pas.

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Ce nouvel album fait la part belle aux femmes. Cette touche féminine était-elle importante pour cet album ? Pour être honnête, ce n’est pas quelque chose à laquelle nous avons pensé. On a juste élaboré une liste d’artistes avec lesquels nous souhaitions travailler, et beaucoup se sont avérés être des femmes. Mais oui, cela constitue un autre élément important de l’album. La diversité est très importante dans notre musique.


Selon vous, la performance live est le principal moyen d’expression de votre groupe. Comment la scène vous permet-elle de délivrer vos messages ? La scène est l’endroit où nous nous sentons le plus à l’aise. Nous avons fait plus de 1200 concerts depuis la naissance du groupe. La scène nous apparaît naturelle pour partager notre musique. Chaque soir, les choses sont différentes, aucun concert ne se ressemble. Il y a un nouveau public, une nouvelle ville, une nouvelle salle... voilà pourquoi nous pouvons créer une expérience unique à chaque fois, si nous restons en contact avec ceux qui nous entourent. Le groupe aime ce concept et y adhère totalement. On sait que vous pouvez être très nombreux sur scène. Comment chaque artiste arrive-t-il à prendre part au projet ? La chose la plus importante à nos yeux, c’est de servir la chanson. Chaque musicien de Snarky Puppy 84

est assez humble pour faire ce qui est le mieux pour la musique, même si cela signifie de ne pas jouer pendant de longues périodes. Il n’y a pas de place pour l’égo, et je suis reconnaissant qu’aucun d’entre nous en ait un de surdimensionné dans la bande. Vous êtes fortement engagés dans la promotion de la musique dans les établissements scolaires du monde entier. Dans un marché musical plus rude que jamais, est-ce le moyen pour vous de garder votre authenticité ?


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Nous croyons fermement au pouvoir de l’éducation musicale. Tous les membres de notre groupe ont soit étudié la musique à l’école, soit eu des enseignants qui ont influés dans leur jeunesse. C’est pourquoi nous ressentons la responsabilité de rendre service à ceux qui souhaitent tirer quelque chose de notre expérience. Mais plus que toute autre

VOIR LE CLIP 86

chose, nous voulons inciter les gens à faire de leurs visions artistiques une réalité. Le monde a besoin de musiques créatives et vaillantes. J’espère que nous pouvons aider et encourager à créer ces dernières.


Vous remontez sur scène en Amérique et en Europe dans les prochaines semaines. Quels sont vos projets suite à cette tournée ? Avec Family Dinner - Volume Two et Culcha Vulcha qui sont sortis, nous sommes en tournée jusqu’à la fin du mois d’août. Après cela, la plupart des musiciens vont travailler sur leurs projets solos ou collaborer avec d’autres artistes. Pour moi, mon attention se déplace vers la production d’albums pour d’autres artistes. Je suis en train de faire construire un studio à Brooklyn qui sera ouvert en septembre. J’ai déjà sept albums prévus avec d’autres artistes, qui commenceront dès que le studio est terminé. Notre label, GroundUP Music, se développe rapidement et il va nécessiter beaucoup d’attention de notre part. Il y a aussi des discussions en cours en ce moment même sur l’éventualité d’une deuxième collaboration avec l’orchestre Metropole. Le seul problème au87

jourd’hui, c’est de trouver le temps de mener à bien toutes les opportunités musicales que nous avons. Mais c’est un problème positif !

Snarky Puppy

Family Dinner - Volume One et Family Dinner - Volume Two Label : Ropeadope www.snarkypuppy.com


LA SÉLECTION MUSIQUE Par Nicolas Vidal

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Suite for Battling Ski

Mauro Gargano

Mauro Gargano se place ce moisci comme l’un de nos coups de coeur avec cet album « Suite for Battling Ski» où il rentre sur le ring avec son sextet. Un hommage au boxeur franco-sénégalais Battling Ski, premier champion du monde africain. L’italie Mauro Gargano lui-même boxeur nous retrace avec grâce et délicatesse cette histoire. Voilà un projet singulier plein de ressources, d’images, d’histoires, de villes à travers le monde et de tendresse. On notera la présence de Bojan Z, Manu Codjia ou encore Jeff Ballard. Bien, bon & beau ! Gaya Music Production

www.maurogargano.net

VOIR LE CLIP

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Les yeux de la foule

Nouvel R

Une belle petite production des hommes de Nouvel R. Un rap fondu dans un beat entêtant qui couvre de ses textes plusieurs thèmes allant de la vie d’adulte, à la société de consommation jusqu’à l’intimité des familles et au chômage. Voilà un flow séduisant même pour celles et ceux qui n’auraient pas de connivences évidentes avec le Rap et ses dérivés. Un brin de curiosité vous fera découvrir ce nouvel album de Nouvel R avec un certain entrain. Label Yotanka

A SON OF PRIDE

BO WEAVIL & BAND A son of pride est le produit de l’expérience et de la passion de Bo Weavil qui après plus de 1500 concerts décide de produire seul ce projet avec des musiciens choisis avec exigence sur la scène nantaise. Quelle belle réussite pour cet album qui se retrouve à la convergence d’un pot pourri réjouissant de styles. On aime et on recommande A son of Pride ! Label Dixie Frog

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Ghostwritten Chronicles

Bears of Legend

Les Bears of Legend nous viennent du Québec et vont faire souffler ce mois-ci sur la France leur atmosphère si particulière entre folk & Rock qui puise ses ressources dans les confins d’un périple maritime. Ce nouvel album, Ghostwritten Chronicles vous emportera sous la houle d’un mystérieux voilier et la vie de son équipage à travers des contes et des histoires bercés dans un unives musical de belle facture et grandiloquent. www.bearsoflegend.com

VOIR LE CLIP 91


Clarinettes urbaines Emilien Véret

Ce qui pourrait parfaitement caractériser cet album d’Emilien Véret, c’est assurément l’audace et la propension à confronter, à échanger, à entrechoquer la clarinetten de la beatbox, la voix à la fois énergique et suave de Nina Attal. Un projet à part entière qui mérite le détour tant ce n’est ni de la musique classique ni de la performance. Emilien Veret à choisi délibéremment de surfer sur la crète de la musique à sa manière. Joli travail ! Lable Le Bruit court

Yerevan State Chamber Choir

Tigran Hamasyan

On aime de fait tout ce qu’entreprend Tigran Hamasyan. Cette fois-ci, le jeune prodige arménien nous revient avec un album pour commémorer le centenaire du génocide arménien entouré pour cela de huit choristes. L’excellence de Tigran Hamasyan réside dans cette capacité incroyable de ne rien s’interdire. Où qu’il soit, il joue, compose, malaxe, creé avec ce talent si précieux et si délicat. «Ce requiem contre l’oubli» en est encore la preuve irréfutable. Label Ecm

www.tigranhamasyan.com

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Balkun Brothers Balkun Brothers Ouawww... un vent de rock énervé arrive du Connecticut avec deux jeunes musiciens qui traînent derrière eux leur album sur les routes ! Produit et poussé par Poppa Chubby on comprend mieux la frénésie qui tient ses jeunes gens de proposer un blues rock puissant et énergique. Les Balkun Brothers composé de Steve et Nick Firley ont ce quelque chose de brut de décoffrage canalisé par le King Popa Chubby en personne pour les amener sur la route du succès. Un duo à découvrir pour celles et ceux qui aiment le bois rèche d’une bonne mélodie Blues-Rock Label Dixie Frog

www.balkunmusic.com

VOIR LE CLIP 93


The acoustic Blues & Roots

Duke Robillard

Duke Robillard revient avec amour vers les pionniers de la musique roots américaines dans cet album qui redonne le sourire. 18 morceaux dont on se délecte entre ragtime, early jazz et country. Comme il est bon qu’un artiste comme Duke Robillard nous mette en mail les racines profondes de la musique américaine avec autant de passion. Un album que l’on recommande toujours chez le label spécialiste du genre : Dixie Frog. Label Dixie Frog

The Stockholm Session J.Asling - Roots & Friends

Le suédois J.Asling vient jusqu’à nos oreilles avec un nouvel album « Roots & Friends» plein de roosty blues et une folle inclinaison à la mélodie. Un projet enregistré en seulement deux jours à Stockholm et qui apparaît déjà comme une belle réussite pour cette apesanteur musicale nordique. On vous recommande le clip Will there peace Tomorrow. À découvrir ! Label Do Record Music

www.jasling.com

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Tomorrow Ira Hill

À seulement 20 ans, Ira Hill nous fait la promesse d’une belle carrière en devenir. Ce jeune californien s’est très tôt exercé au jazz vocal. Dans cet album Tomorrow, il est déjà question de talent et de souplesse dans cette voix qui glisse sur un rythme étonnant et une candeur rare. On prend donc du plaisir à naviguer sur les 10 morceaux proposés par Ira Hill qui, très tôt, a succombé aux sirènes du Jazz. Fondez pour la jeunesse d’Ira Hill. Label Ira Hill Music www.irahill.com

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Michel Bisceglia & Carlo Nardozza Encore un piano et une trompette, encore un duo et encore une réussite. Celle de Michel Bisceglia et de Carlo Nardozza, deux musiciens belges d’originie italienne qui proposent 11. Un album tout en rondeur mélodique à l’équation parfaite de la trompette et du piano. Encore une complicité et une intimité musicale qui s’exprime au mieux dans cet album que l’on vous recommande sans attendre. Label Prova Records

www.biscegliamusic.com

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The Misunderstanding Algo

L’horizon de la pop française s’enrichit d’une nouvelle formation tourangelle avec Algo qui vient de poser sur la table de votre disquaire The Misunderstanding. Une pop rondement menée par Sylvain B qui s’est entouré d’une troupe de musiciens entre cordes et cuivres. Un projet frais, dynamique qui sonne déjà comme une belle promesse musicale. Parfait pour les premières douceurs du printemps...

VOIR LE CLIP

WATT’S

Fred Nardin & Jon Boutellier 4TET Un focus enthousiaste sur ce Watt’s réalisé sous la houlette de Fred Nardin et le Jon Bouteiller 4tet avec la participation de Cécile MClorin Salvant, David Encho et Bastien Ballaz. Voilà un bel objet de réussite qui sonne hardbop sans trop en faire mais gardant toujours la ligne de l’exigence et de la fragance musicale. On vous le recommande tout entier !

www.biscegliamusic.com

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JEUNESSE

LE PETIT BARBARE Album 100 % illustré, Le Petit Barbare de l’auteur brésilien Renato Moriconi nous plonge dans une histoire entre rêve et réalité, à la fois touchante et inattendue. On feuillette, on imagine, on s’évade au gré des dessins homériques. Par Romain Rougé © Visuels Renato Moriconi - Éditions Didier Jeunesse Format original, illustrations soignées et aucun texte : Le Petit Barbare est un vrai coup de coeur. D’abord parce que cette histoire de mini héros livrant d’épiques batailles est empli de mystères : on ne sait rien de ce chevalier, de sa quête et de sa force qui semble herculéenne. Ensuite parce que cet album est doté de magnifiques illustrations à l’aquarelle, qui lui confére cet aspect atypique et onirique. C’est enfin un livre qui laisse laisse libre court à l’imagination des enfants et du conteur : l’absence de texte invite à mettre des mots sur l’histoire, à imaginer son déroulement, à se questionner sur sa finalité. A coup sûr, Le Petit Barbare ravira les plus rêveurs : ceux qui aiment inventer des histoires pour rendre la vie moins monotone, ceux dont l’imagination débordante perce la solitude. Et aucun mot ne sortira pour évoquer la surprenante et belle conclusion. Partir à la conquête du Petit Barbare, c’est prendre le risque de l’apprécier cruellement. Brillant. Le Petit Barbare - Renato Moriconi - Editions Didier Jeunesse - 19,90€ - 48 pages - A partir de 4 ans

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CHEMIN DES SOUVENIRS Poétique et attachante, cette bande dessinée ravira vos enfants… et vous même ! A feuilleter sans modération, le Chemin des souvenirs réveille l’imagination et l’envie d’explorer le monde. Par Tyfenn Corvellec © Visuels Victor Hussenot - Éditions La Joie de Lire

Que ce passe t-il dans la tête d’un petit garçon qui s’ennuie sous un arbre ? Découvrez la merveilleuse aventure qu’un enfant vit grâce à son imagination débordante. Chemin des souvenirs est la suite d’Au pays des lignes, la première bande dessinée de Victor Hussenot. A la fin de ce premier opus, le héros, un petit bonhomme bleu qui chasse les dragons, venaient de raccompagner une petite fille rouge chez ses parents. Il l’avait sauvée des griffes d’un monstre jaune. Cette fois, il traverse les montages et les mers afin de retrouver son amoureuse, qu’il n’arrive pas à oublier. Mais ce n’est pas si simple, et sa quête est semée d’embûches et de rencontres plus ou moins agréables. Cette deuxième BD, dessinée tout simplement au stylo bille, incitera sûrement vos enfants à se poser calmement et à rêver à leur tour d’aventures extraordinaires. Les couleurs pétantes rendent l’histoire encore plus attractive. Un véritable coup de coeur pour cette bande dessinée, où les mots seraient superflus pour l’apprécier.

Chemin des souvenirs - Victor Hussenot Éditions La Joie de Lire - 10€ - 40 pages - Dès 6 ans 99


sélection jeunesse Dès 6 mois

Dès 5 ans

Une souris blanche cherche son hérisson sur chacune des pages, mais pour le retrouver il faut toucher ! Un petit livre tactile et ludique, rempli d’illustrations colorées. Où est mon hérisson ? - Watt Fiona - Éditions Usborne - 7,50€ - 10 pages

Dès 7 ans

Par Tyfenn Corvellec & Romain Rougé

Ce livre très complet sur les familles d’aliments, leur fabrication et leur consommation apparaît comme indispensable. Avec plus de 60 rabats à soulever, les enfants apprennent de manière ludique et ont accès à une multitude d’informations détaillées. L’alimentation - Emily Bone & Benedetta Giaufret - Editions Usborne - 9,95€ - 13 pages

Dès 5 ans

Vous connaissez la grenouille à la grande bouche ? Elle est de retour ! Découvrez l’histoire de deux grenouilles à grande bouche, qui, coincées dans l’arche de Noé, se mettent à changer très fort, et très faux. Un livre parfaitement illustré par des collages et des dessins. Les deux grenouilles à grande bouche - Pierre Delye - Éditions Didier Jeunesse - 12,50€ - 36 pages

Le texte à l’origine de la légende de Mulan est revisité dans cette ballade magnifiquement illustrée. Peu de texte pour raconter cette épopée de douze années, ici prime des thématiques fortes qui font étonnamment écho aux préoccupations contemporaines : l’identité, le genre et la liberté. Un album permettant de découvrir le célèbre récit du IVe siècle chinois, tout en invitant à la réflexion. Dès 2 ans

La Ballade de Mulan - Illustrations de Clémence Pollet - Editions HongFei 19,90€ - 15 pages

Un beau livre proposé dans une édition de luxe avec une reliure en toile rouge. Tous les comptes incontournables s’y trouvent, ainsi que quelques histoires moins connues des petits comme des grands. Les illustrations sortent de l’ordinaire et inciteront vos enfants à laisser libre court à leur imagination. Mes premiers comptes illustrés — Richard Johnson - Éditions Usborne - 17,95€ - 128 pages

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Dès 1 an Sur la banquise, un pingouin pêcheur s’impatiente. Ne voyant aucun poisson mordre à l’hameçon, il va subir les interrogations des ses amis qui se demandent pourquoi ça ne mort pas ? Un scénario des plus plus simples qui fonctionne étrangement bien. On plonge dans une histoire légère et humoristique qui joue avec la patience du héros et du petit lecteur, jusqu’à sa chute finale, savoureuse !

Dès 10 ans

Alors ça mort ? - Jean Gourounas - Editions L’atelier du poisson soluble 15 euros - 36 pages

Sous couvert d’histoire de super-héros - le jeune Aaron devient « Maaron» la nuit venue pour se venger de trois garçons plus âgés qui ont détruit sa cabane - le livre raconte en filigrane le deuil : celui d’un enfant qui vient de perdre son grand-père qu’il adorait. Entre les lignes, un conte d’une grande finesse avec les thématiques de la mort, du temps qui passe et de l’enfance abordées en toute subtilité. Sensible et touchant du début à la fin. Maaron - Håkon Øvreås & Øyvind Torseter - Editions La Joie de Lire - 11,90€ 160 pages

Dès 3 ans

Suivez les histoires de cette vache orange, qui ne veut ressembler à aucune autre ! Ce coffret rassemble les quatre aventures de Marta : Marta et la bicyclette, Marta au pays des montgolfières, Marta et la pieuvre, et Le Retour de Marta. Les aventures de Marta Germano Zullo - Éditions La Joie de Lire - 19,90€ 40 pages

Dès 5 ans

Un livre pour s’initier à l’art de l’origami. Les enfants apprendrons à créer des renards en papiers, des voiliers, ou encore des papillons, grâce à des explications détaillées. Et pour que leurs créations soient encore plus belles, cent pages de papiers aux motifs originaux et colorés sont fournies. L’origami - Lucy Bowman- Édition Usborne - 9,95€ 200 pages 101

Dès 6 ans

Cinquante idées de bricolages qui occuperons les petits avant que les cloches de Pâques ne sonnent. Des recettes, des cartes à offrir ou encore une guirlande, les explications imagées permettent une compréhension optimale des activités. 50 activités pour Pâques - Éditions Usborne - 10,20€ - 104 pages


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le Jazz Club/MUSIQUE

Rédacteur en chef Nicolas Vidal

Nicolas Vidal

DESSINS

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Littérature & culture

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