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RÉCIT D’ANNÉEVERSAIRE
mission de patrimoine intégré » dans les 15 et 16 e arrondissements de Marseille. Oui, elle allait re-commencer mais voilà que le paradoxe re-commence par l’impossible ! Si vous « re » c’est que vous êtes avant commencer, donc, vous ne commencez pas. Alors elle fit de l’histoire, passa à l’oral et récita la dernière page écrite en 2013, celle de référence, elle la savais par cœur :
Le cairos
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Imaginons maintenant que l’hospitalité soit cristallisée en votre propre corps.
Vous re-connaissez en vous les résurgences du musée des vainqueurs, si bien incorporé qu’il peut vous faire fuir votre présence là, sous prétexte de voyeurisme ou d’exotisme.
C’est ainsi que les quartiers de Marseille ont été abandonnés.
Nous sommes pourtant là. Quelles autres formes viennent à naître de cette présence là ? Quand l’hospitalité et la marche sont devenues un même exercice temporel, se découvre le cairos.
Voici un nom commun qui vient de naître de la rencontre avec un jeune dieu de l’antiquité grecque...
Tout en marchant vous avez croisé et laissé Chronos, figure du temps linéaire, vous avez oublié Aïon, figure de la destinée, et vous avez trouvé Kaïros.
Kaïros dessine le temps opportun, qui ramène au port.
Kaïros est l’épaisseur des temps dans l’instant vertical et l’instant décisif du basculement, celui des situations et de l’occasion unique.
Kaïros marche en tenant sa balance sur le fil du rasoir, il a des ailes dans le dos comme les anges et des ailes aux pieds comme Mercure.
- Instant de grâceJubilation
Après bien des discussions et argumentations avec Martine Derain, l’artiste éditrice de ce livre en train de se refermer, apparut une image du dieu antique. Mais pour ne pas en faire un unique, pour protéger ce mot commun, actif tout simplement, l’éditrice en a fait une lettrine finale : une application immédiate du cairos, mot réactif s’il en est. ( Petits Fronts de Guerre Sociale, Récits d’Hospitalité N°7, Commune, 2014). Dans quelques pages précédentes vous avez lu : « Imaginez que vous ayez volontairement disparu au Désert de votre savoir ». Vous avez dit : « on ne comprend rien à ce qui est écrit ! ». Alors vous vous êtes mis à mâcher les mots du philosophe Walter Benjamin : « efface tes traces ». Vous avez fait pareil avec les mots du « Désert » des ermites du 4 e siècle chrétien et du 7 e siècle musulman. Les mots dits par les ermites perdus dans les grottes de tuf ici à Marseille ou en Mer Rouge, juste avant l’écriture. Tout cela continue de tisser la tradition littéraire et lui donne corps à rebrousse poil.
Et nous nous sommes ainsi retrouvés le 5 février 2023 au bord du fleuve côtier Caravelle.
Venu d’âges différents. Vous êtes nombreuses et nombreux vous savez ! Nombreuses et nombreux à vous être retournéEs, l’année du renversement. Le re-tournement qui peut arriver lentement ou bien en fulgurant. Le re-tournement capable de nous réveiller ailleurs, en une nuit, comme dit Bruno Latour.
Il est une forme du cairos qui nous sert maintenant.
- À suivre -
Christine Breton Pour l’anniversaire du GR2013